Introduction - École française de Rome
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1. Scheid Romulus p 326 333 maines videmment non Il s agit de tombes post rieures d un demi si cle aux textes en question et d un milieu plus humble Ensuite le terme de sacrifice recouvre toute une gamme de possibilit s qui sont souvent qui valentes La libation par encens et le vin constitue l ouverture traditionnelle d un sacri fice Cette salutation qualifiante des divinit s en cause que la libation par l encens et le vin exprime est si minente qu elle quivaut un sacrifice C est pour cela que de nombreux bas reliefs montrent cet acte Par cons quent si l on d couvre des traces et des indices de liba tions cela signifie que le sacrifice fun raire a bien t c l br mais selon des modalit s qui ne sont pas celles dont parlent les textes C est peut tre dans des tombes riches que l on peut s attendre des sacrifices animaux L exploration pr cise et compl te d une n cropole comme celles de Classe de Pomp i ou de telle autre n cropole provinciale qui r v le le quotidien du culte fun raire des couches moyennes et inf rieures de la population de l I talie romaine a donc une double importance pour celui qui tudie les sources crites D une part elle l oblige relativiser ses conclusions de l autre elle ajoute aux connaissances des pratiques dont les auteurs issus de l lite so ciale ne parlent pas l arch ologue ce d bat entre les sources crites et2. les donn es de la fouille offre un mode d emploi des affirma tions de Cic ron et d autres auteurs sur les rites fun raires En retour la fouille compa rative de n cropoles contemporaines par les quipes pluridisciplinaires qui ont r volution n l arch ologie peut poser des questions qui tout en d passant le t moignage explicite de notre poign e de textes ouvriront des perspec tives nouvelles dans la compr hension des rites fun raires John SCHEID
3. un partage alimentaire dont les hommes prennent l initiative Cette d finition suscite imm diatement des questions comment fonctionnait ce banquet sacrificiel Tout en si gnalant sa complexit les textes n y r pondent pas de mani re satisfaisante et l historien du sacrifice se tourne donc vers les arch ologues pour en savoir davantage Il d sire savoir com ment se d roulait la d coupe des victimes leur partage des gestes qui peuvent avoir une im portance dans l interpr tation du sacrifice Les r gles d crites par les documents crits pour les sacrifices publics c est dire de l tat valent elles aussi pour les sacrifices des cit s d Italie ou des provinces ou bien Rome m me les comportements sacrificiels sont ils les m mes sur le plan familial Ce questionne ment peut stimuler les arch ologues Le sp cialiste de la religion romaine peut par exemple leur signaler qu en Gaule le remplace ment de la fosse d offrande dans laquelle se d composaient les victimes offertes par un autel o les offrandes sacrificielles taient br l es constitue un t moignage int ressant des muta tions religieuses Sur le plan des rites fun raires les textes permettent de formuler un premier lot de questions pour les arch ologues L examen de toutes les sources crites un tant soit peu pr cises m a sembl aboutir un sc nario rituel relativement coh rent Lors des fun railles l cole des hautes t
4. JOHN SCHEID EN GUISE DE PROLOGUE DE L UTILISATION CORRECTE DES SOURCES CRITES DANS L TUDE DES RITES FUN RAIRES Dans un recueil d articles consacr s aux nouvelles perspectives de l arch ologie j ai plaid nagu re en faveur de l arch ologie du rite qui me paraissait avoir le plus progress au cours des derni res d cennies notamment en raison du d veloppement spectaculaire de l arch ozoologie de l anthropologie biologique et de la palynologie J exprimais les espoirs d un historien des religions de l Antiquit devant les r ponses que m apportaient les ar ch ozoologues les anthropologues et les arch ologues Je pouvais citer l poque quel ques fouilles et colloques dont les respon sables participent au pr sent livre Quel tait l int r t de ce type de fouilles pour un histo rien de la religion romaine Au d but des ann es soixante les histo riens des religions op raient encore majori tairement une s lection entre les documents et privil giaient presque exclusivement les sources litt raires L int r t se focalisait en Gr ce sur le mythe sur les tragiques sur les myst res Rome sur le phantasme moderne des cultes dits orientaux et sur les sp culations philosophiques Et dans le domaine fun raire la question de l immortalit de l me mobili sait beaucoup de chercheurs Or ma g n ra tion a appris de Georges Dum zil et de Jean 1 Pour une arch ologie du rite dans A
5. d but de l Empire m ont r v l Ces fouilles rel vent avec une pr cision toujours croissante les s quences d v nements qui se sont d roul es pr s de la tombe pendant les fun railles et apr s Elles signalent la pr sence de v g taux et d animaux vari s sur les b chers dans les tombes et sur le sol des n cropoles et engagent ainsi repenser les rites fun raires En lui of frant les d tails qui clairent la signification lit t rale des rites les fouilles de n cropoles per mettent l historien des religions de d passer les sources dont il se sert traditionnellement Les nouvelles donn es offrent la mati re qui doit permettre d approfondir l interpr tation des coutumes fun raires chez les Romains Rome en Italie et dans les provinces N anmoins la mise en relation des sources crites et des donn es du terrain impose une double pr caution La premi re pr caution concerne les sources crites Celles ci doivent tre elles m mes pr par es pour servir dans l exploi tation des r sultats arch ologiques Aucune source antique n est assez pr cise ou per tinente pour pouvoir co ncider imm diate ment avec un fait r v l par les fouilles Pre nons le cas des sacrifices c l br s sur les tombes Pour reconstituer les sacrifices fun raires et les comprendre il faut d abord effec tuer ce travail pour le sacrifice romain en g n ral Or ce n est que r cemment que les che
6. es d crivent Car il serait absurde et d ailleurs impossible de vouloir retrouver dans leur int gralit les rites d crits par Cic ron et les autres auteurs du d but de notre re dans toutes les n cropoles dans toutes les ci t s d Italie et des provinces et pendant toute la p riode de l Empire Que faire alors du t moignage des sources crites Ont elles une quelconque importance pour l arch ologue s il ne peut ni ne doit les ap pliquer telles quelles aux contextes d couverts par les fouilles Elles doivent servir dans une comparaison contrastive entre les donn es ex traites des textes et celles qui sont r v l es par l enqu te sur le terrain Cette comparaison ne doit pas viser d couvrir tout ce que Cic ron et d autres ont crit mais elle est destin e susci ter des questions et des probl mes qui chappent peut tre l arch ologue d aujour d hui influenc qu il est par ses propres id es sur la religion les fun railles et la mort L exp rience de Classe m a ainsi r v l tout de suite une s rie de diff rences avec le corpus des rites extraits des sources crites Prenons un exemple Les auteurs du d but de notre re crivent qu l incin ration les Romains sacri fiaient une truie Cic ron Les lois 2 57 Rien de tel n est apparu jusqu pr sent dans les tombes du d but de notre re Classe Cela si gnifie t il que ces fun railles ne sont pas ro 5J
7. nnales His toire Sciences sociales 55 3 2000 615 622 Pierre Vernant que le rite est l l ment central des religions grecque et romaine le mythe ou les sp culations de toute nature ne forment pas la th ologie ou la doctrine du rite mais sont de simples interpr tations de celui ci Conform ment la tendance de l poque j avais moi m me tudi les textes litt raires qui d crivent des rites Mais malgr une r colte assez riche cette approche a rapidement abouti dans une impasse Les sources litt raires pigraphiques et papyrologiques sont pr cises certes mais pas assez pour livrer tous les aspects des rites Ceux ci sont toujours abord s incidemment ou comme point de d part d une interpr tation et m me dans les textes les plus pr cis les protocoles de c l bra tions par exemple le chercheur reste sur sa faim En outre les sources crites ne concernent qu une partie r duite des commu naut s religieuses existantes elles concernent g n ralement des f tes et des rites anciens et solennels mais ne s occupent pas du pr sent et de la banalit quotidienne Autrement dit alors m me que limpor tance centrale du rite dans la religion romaine tait patente le manque de sources pr cises et vari es se faisait cruellement sentir Or c est un gisement de sources capables de combler cette 6 JOHN SCHEID lacune que les publications de mes coll gues protohistoriens et sp cialistes du
8. onsabilit des enterrements des siens et du culte fun raire qui les concernait Il est vident que mal gr des traditions fun raires r gionales chaque famille poss dait ses propres rites Il n y avait pas d autres autorit en mati re de fu n railles que les familles L tat imposait uni quement l obligation d enterrer les morts dans les lieux pr vus cet effet et interdisait par ailleurs l incin ration l int rieur de la ville Dans l tendue de l Italie les rites fun raires devaient donc varier beaucoup Dans la me sure o l ordonnance des c r monies fun raires d pendait aux yeux des Romains des familles il est vident que rien n emp chait le d veloppement de variantes r gionales inspi r es par des traditions non romaines L ar ch ologie fun raire ne peut tre plac e que sous le signe de la vari t M me si les monu ments fun raires se ressemblent rien ne per 8 JOHN SCHEID met de dire sinon la fouille que les rites taient les m mes Dans une religion dont le sens repose en derni re analyse sur les s quences rituelles ces variations sont normales et n cessaires et font le bonheur de ceux qui les analysent Les sources crites conseillent donc l arch o logue d observer avec la plus grande minutie les traces des gestes et des s quences rituelles qui sont indispensables pour caract riser la coutume observ e par rapport celle que les sources crit
9. r cheurs se sont int ress s au sacrifice Une sorte de th orie g n rale du sacrifice grec et romain a t formul e Certains pourront y lire une absence de th orie est ce un d faut mais c est pr cis ment l impossibilit d une th orie g n rale transculturelle et transhisto rique du sacrifice qui constitue la principale conclusion th orique de ces recherches Les participants ces projets ont jug qu il tait 2Voir M Detienne J P Vernant La cuisine du sacri fice en pays grec Paris 1979 J Scheid Romulus et ses fr res Le coll ge des fr res arvales mod le du culte public dans la Rome des empereurs Rome 1990 Biblioth que des coles fran aises d Ath nes et de Rome vol 275 p 506 676 St Georgoudi R Koch Piettre Fr Schmidt d Sa crifice animal et offrande v g tale dans les soci t s de la M diterran e ancienne sous presse dans la Biblioth que de plus important de reconstituer les actes princi paux du sacrifice en pays grec et Rome De cette mani re il a t possible d avancer quel ques conclusions sur les interpr tations que les Anciens faisaient du sacrifice des inter pr tations litt rales ou sp culatives qui soient d gag e des pesanteurs de notre h ritage chr tien Par exemple le r le premier du sacrifice romain tel qu il se pr sente dans les sources crites est d noncer et de r aliser une hi rar chie entre les dieux et les humains au cours d
10. s I IT s ap J C et pour l lite sociale pour les grands enterrements ceux des s nateurs des chevaliers et des lites municipales Les sources crites nous ap prennent peu de chose sur les pratiques fun raires des familles plus humbles Tout au plus pouvons nous supposer d apr s quelques anecdotes que les fun railles des pauvres consistaient dans une variante plus simple et plus conomique des enterrements de l lite D autre part comme le rite majeur de cette p riode est celui de l incin ration les textes ne nous informent pratiquement pas sur les rites observ s lors des inhumations taient ce les m mes moins les rites propres li s l incin ra tion Et plus g n ralement qu arrivait il apr s la d position des cendres ou du corps la tombe restait elle ouverte pendant huit jours avant le deuxi me sacrifice Les sources crites ne peuvent pas r pondre ces questions Les coutumes livr es par les sources crites ne peuvent pas non plus tre tendues toutes les poques et toutes les r gions Ces cou tumes n taient pas d finies r gies et dict es aux familles et aux communaut s romaines par un clerg appliquant les r gles d une reli gion centralis e Dans la religion romaine les pr tres en tant que tels taient exclus des en terrements et des rites fun raires D autre part il n existait pas de rite fun raire unifi des Ro mains chaque famille avait la resp
11. udes sciences religieuses Paris J Scheid Quand faire c est croire Les rites sacrificiels des Romains Paris 2005 Scheid 2005 F Prescendi D crire et comprendre le sacrifice Les r flexions des Romains sur leur propre religion partir de la litt rature antique Stuttgart 2007 3 Scheid 2005 p 213 254 4 Scheid 2005 p 161 209 EN GUISE DE PROLOGUE 7 les Romains auraient c l br deux sacrifices fun raires Le premier pr s du b cher et de la tombe avant la d position Ce sacrifice d une truie semble avoir t partag entre la d esse C r s entre la famille endeuill e et le d funt ce dernier n tait donc pas encore consid r comme un mort ce moment l puisqu il pouvait inclure une d esse participant au sa crifice en compagnie de sa famille Les rites du banquet sacrificiel pr sentaient le d funt comme d tach de la famille il participait au m me sacrifice que ses parents mais il consommait ses parts sur le b cher et non sur une table comme les vivants La s paration avec les vivants commence par un rite sacrifi ciel dont l une des caract ristiques tait d noncer le statut respectif des participants Au paravant le d funt faisait encore pleinement partie de la famille apr s le banquet sacrifi ciel il en est s par Un deuxi me rituel pour suit la diff renciation Apr s l incin ration du d funt les textes disponibles consid rent ce mode de s pult
12. ure ses restes sont enterr s d s cet instant la tombe du d funt poss de une existence l gale en droit sacr Le d funt a donc trouv sa future demeure Apr s les fun railles un troisi me rite consacre l volution amorc e lors de l inhumation un nouveau sa crifice est c l br le neuvi me jour Cette fois ci le sacrifice s adresse aux M nes du d funt le sacrifice lui m me est un holocauste dont la famille est exclue Ce sacrifice reconna t le nouveau statut du mort qui est d sormais de venu une partie de la divinit collective des Dieux M nes des dieux d en bas avec lesquels les vivants ne peuvent pas communier et donc l offrande est enti rement br l e Cette re construction offre aux arch ologues un sc na rio de base et des gestes dont ils peuvent re chercher les traces dans les n cropoles de Rome d Italie ou du monde romain Le probl me qui se pose toutefois est celui du lien entre l arch ologie et les sources crites Une deuxi me pr caution soulign e par les tudes de ce volume s impose donc M me s ils ont t pr par s avec soin pour une comparai son les l ments des rites fun raires que l ana lyse des textes permet de d gager ne peuvent pas devenir la vulgate pour l interpr tation des rites fun raires Il convient d abord de contex tualiser les sources crites La proc dure d crite ci dessus vaut pour Rome et l Italie ro maine du I av et de
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