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Cahiers de critique communiste Mondialisation et - Hussonet

1. 1 La crise du dollar Apr s la Seconde Guerre mondiale l conomie des Etats Unis dominait celle de la plan te mais l Europe et le Japon taient engag s dans un processus de rattrapage permis par l exportation des capitaux am ricains et la conduite de politiques de d veloppement sp cifiques A la fin des ann es 1960 les Etats Unis enregistr rent les premiers d ficits de leur balance commerciale et demand rent leurs concurrents de r valuer Face au refus ils suspendirent la convertibilit du dollar Se mettaient ainsi en place deux l ments clefs de l ordre n olib ral 1 la flexibilit des taux de change 2 la libre mobilit des capitaux Les Etats des diff rents pays perdaient une grande partie de leur capacit d agir sur leur conomie et leur soci t 2 La crise structurelle des ann es 1970 A partir de la fin des ann es 1960 et jusqu au milieu des ann es 1980 le taux de profit diminua la suite d une d t rioration des conditions du changement technique La crise se manifesta dans un ralentissement consid rable de l accumulation responsable de la hausse du ch mage L inflation s emballa suscitant le changement de politique Le n olib ralisme n a pas caus la crise mais en a profit pour s affirmer Il en a prolong les effets car la ponction des profits des entreprises par les classes dominantes perp tua le ralentissement de l accumulation 3 Les revenus des classes dominantes La crise aj
2. mythe ou r alit Le cas des pays de la p riph rie Le Triangle infernal Crise mondialisation financiarisation Dumenil G rard et Levy Dominique dir Actuel Marx Confrontation PUF 1999 Valadez Carmen L ALENA et les travailleuses de la sous traitance industrielle maquiladoras Alternatives Sud Rapports de genre et mondialisation des march s CETRI L Harmattan 1998 vol 5 n 4 Venou Fabienne Nouvelles configurations conomiques et hi rarchiques Journal des anthropologues n 77 78 1999 reproduit sous le titre Le mariage l preuve du travail en usine ouvri res de l industrie de la chaussure en Inde du Sud Cahiers genre et d veloppement n 2 Paris Gen ve 2001 Verschuur Christine L association des travailleuses ind pendantes SEWA et les travailleuses domiciles adaptation du texte Readers Kit on Gender Poverty an Employment Gen ve 2000 OIT Cahiers genre et d veloppement n 2 Paris Gen ve 2001 1 Voir ce sujet Engels et l mancipation des femmes analyse par Josette Trat 1997 de l ouvrage de Engels L origine de la famille de la propri t priv e et de l Etat et les d bats ce sujet a Groupe d tude sur la division sociale et sexuelle du travail laboratoire du CNRS 3 Exploitation communautaire des terres datant de la r volution et remise en cause par la r forme de l article 27 de la Constitution qui au d but de la d cennie
3. une r affirmation de l h g monie des Etats Unis etc Comment dater de tels changements La d sagr gation au cours des ann es 1970 de l ordre financier et mon taire international d fini apr s la Seconde Guerre mondiale et la mont e du mon tarisme marqu rent une premi re tape A la fin de la d cennie on peut localiser un v nement bien d fini dans le temps la d cision de la banque centrale des Etats Unis la R serve F d rale en 1979 de hausser les taux d int r t Nous l appelons e coup de 1979 au sens ou l on parle d un coup d tat car il s agit d un processus politique soudain et d lib r Environ vingt ans plus tard beaucoup voient dans la chute des cours boursiers au terme d une folle envol e culminant au d but de 2000 et dans l entr e de l conomie des Etats Unis dans une r cession les signes d une nouvelle tape Ces perturbations viennent se combiner la multiplication des crises de la p riph rie Le choc de 2000 marquera t il une rupture comparable au coup de 1979 Est il le signe avant coureur d une crise majeure comme celle de 1929 Marquera t il une m tamorphose du n olib ralisme voire le commencement de sa fin Economie d un coup de force politique S il faut bien voir dans l affirmation du n olib ralisme une reconfiguration des pouvoirs entre classes et fractions de classes ces mouvements ne peuvent tre saisis qu une fois replac s dans un ensemble de m canismes conomiques
4. Circa Nathan Robert Went r c p m went uva nl conomiste Universit d Amsterdam The Enigma of Globalization Routledge 2002 La mondialisation nouvel horizon du capitalisme Michel Husson LA MONDIALISATION EST CAPITALISTE Dans les pages du Capital consacr es la gen se du capitalisme Marx montre comment l extension du commerce mondial a contribu h ter le d clin du f odalisme et modifier les rapports entre commerce et industrie On peut donc dire que la mondialisation est constitutive du capitalisme et que la base du mode de production capitaliste est constitu e par le march mondial lui m me Plus pr s de nous certains comme Paul Bairoch ont avanc l id e que le degr d internationalisation des conomies d fini par la part du commerce mondial dans la production nationale n est pas plus lev qu certaines p riodes de l histoire du capitalisme Si l on consid re les trois grands p les de l conomie mondiale Etats Unis Europe et Japon on constate qu ils constituent des ensembles relativement ferm s o la part du commerce mondial est comprise entre 10 12 De la m me fa on le poids de la finance internationale a manifestement augment depuis le d but des ann es 80 mais il s inscrit dans une alternance de phases du capitalisme o le financement du capital passe plut t par le cr dit les banques ou la finance la Bourse Une autre mani re de relativiser le ph no
5. assistanat migration massive une politique d tablissement dans l agriculture l industrie le tourisme les administrations Ils ont t transform s en soci t s improductives coup es de leur environnements r gionaux g oculturels R guli rement toutefois en Nouvelle Cal donie dans les Antilles en Guyane les luttes viennent rappeler le caract re toujours actuel de la situation coloniale La coop ration joue globalement un r le majeur dans l extension du capitalisme dans les pays du Sud dans le soutien aux r gimes les plus contestables dans le maintien et la reproduction de l influence fran aise Le r le de la France dans les organisations internationales lui donne des responsabilit s crasantes par exemple au FMI et la Banque mondiale Pendant quatorze ans le directeur du FMI a t par deux fois l ancien directeur du Tr sor en France On ne peut pas dire qu il tait contraint d appliquer cette politique contre son gr la France a donc d fendu soutenu mis en place des politiques ultra lib rales Elle continue jouer un r le qui va au del en influence de son poids financier dans ces institutions directement et travers l Europe qui est l actionnaire principal du FMI La perspective mondiale et europ enne n annule pas la sp cificit de l imp rialisme fran ais Le capitalisme fran ais joue sa carte propre mais tente aussi de passer par le capitalisme europ en pour organiser le capitali
6. l heure actuelle II en va sans doute de m me pour le point 4 bien que la r duction tendancielle des d penses publiques notamment pour l ducation et le transport aura plus 24 long terme des cons quences n gatives sur la qualification des emplois les infrastructures et le d veloppement technologique En ce qui concerne les points 1 et 2 l internationalisation du capital depuis le d but des ann es 80 lui a globalement permis de renforcer ses positions Cependant le m contentement croissant l gard de la globalisation qui s est traduit par l impossibilit de mettre en uvre l Accord Multilat ral sur l Investissement AMI et par les critiques croissantes l OMC montrent que ce rapport de forces peut tre contest et qu il n a rien d irr versible Les points 3 et 7 posent de s rieux probl mes comme le montrent les d bats r currents sur le r le et le fonctionnement du FMI et les tensions et conflits d int r t entre les Etats Unis l Union europ enne et le Japon propos de la coordination des politiques mon taires et macro conomiques ou de l absence d une telle coordination L observation de Murray selon laquelle le processus d internationalisation tend accro tre l instabilit conomique potentielle de l conomie mondiale en m me temps qu elle r duit la capacit des gouvernements nationaux contr ler l activit conomique m me l int rieur de leurs propres fronti res semble en
7. une concentration industrielle et une liaison encore plus troite des groupes de l armement avec le capital financier une hausse du budget militaire engag e par Clinton en 1999 et consid rablement amplifi e par Bush et une pr sence renforc e sur les technologies de l information et de la communication TIC Ces technologies ont b n fici de l Initiative de D fense Strat gique de Reagan la guerre des toiles elles jouent un r le d terminant dans la domination informationnelle et la guerre centr e sur les r seaux qui sont les th mes favoris des strat ges du Pentagone dans les ann es quatre vingt dix La supr matie militaire et le contr le s curitaire permettent aux groupes de l armement am ricains de conqu rir une position centrale dans le d veloppement des TIC domin dans les ann es quatre vingt dix par les firmes civiles la pr tendue nouvelle conomie et son cort ge de start ups Les groupes de l armement doivent galement d velopper de nouveaux syst mes d armes pour les arm es de terre La pr paration de guerres urbaines c est l expression employ e par les experts du Pentagone conduites par des soldats quip s d armes hyper sophistiqu es relayant au sol l action de l aviation occupe une place importante dans les budgets militaires Il s agit de conduire des guerres contre les populations des immenses agglom rations des pays du Sud celles d Am rique du Sud obs den
8. 1990 remet ces terres sur le march C est l id e r currente qu on trouve dans toutes les th ories du refus du d veloppement Latouche 2001 41 42 La discipline de la dette Eric Toussaint Quand a clat en 1982 la crise de la dette au Mexique puis dans d autres pays d Am rique latine les cr anciers se sont rendu compte de l impasse dans laquelle ils se trouvaient et le syst me financier mondial a vacill Les nombreux pr ts consentis par les banques du Nord les mettaient en danger Le FMI est intervenu par d cision des gouvernements des pays capitalistes les plus industrialis s il a pr t pour permettre aux pays en crise de faire face aux remboursements Tr s vite les pays riches emmen s par les Etats Unis ont pris galement une s rie d initiatives pour emp cher la cr ation d un front des pays endett s la pire de leurs craintes En pr alable toute discussion ils ont impos que les n gociations avec les pays endett s se fassent au cas par cas pour isoler chaque pays d biteur et rester en position de force Du c t des cr anciers c tait l union sacr e A la Banque mondiale et au FMI r gne un syst me o les droits de vote sont proportionnels la quote part financi re apport e par chaque pays ce qui revient 1 1 voix les pays riches y ont donc eu une majorit confortable pour imposer leurs vues Les Etats cr anciers sont galement regroup s au sein du Club de Pari
9. Centrale Europ enne BCE ind pendante des gouvernements et des autres institutions europ ennes a la charge de la politique mon taire pour les 12 pays de la zone euro La politique mon taire mise en uvre est fondamentalement restrictive L objectif prioritaire de la BCE est la stabilit des prix et non pas comme la Banque de r serve f d rale am ricaine de favoriser la reprise et la lutte contre la d flation en baissant massivement le taux de l int r t Une autre raison de cette politique de hauts taux de l int r t est la n cessit d une forte appr ciation de l euro pour lui donner la l gitimit dont il a besoin la fois sur les march s financiers et vis vis des populations de l UE Le capitalisme europ en ne pourra exister que s il peut d montrer qu il est capable de concurrencer le dollar qui demeure la monnaie dominante L euro ne repr sente que 13 des r serves constitu es par les banques centrales de la plan te le dollar 68 et le yen 5 Seuls 40 50 des changes commerciaux des pays de la zone euro sont libell s en euro La politique budg taire est elle aussi soumise des contraintes europ ennes La Commission europ enne s est rig e en censeur des gouvernements Elle a tanc la France et l Italie pour d passement des 3 de d ficits publics par rapport au PIB faisant ainsi respecter le trait de Maastricht et le Pacte de Stabilit sign en 1997 Elle a reproch l Allemagne aussi
10. Elf en Afrique ne devait pas tre abord est proprement scandaleux El ments probl matiques Les pr l vements imp rialistes servent compenser les effets tendanciels de la baisse des taux de profit et diminuer la pression des affrontements sociaux sur le partage de la plus value lls servent financer des alliances de classes lls se traduisent par des arbitrages entre les fractions de la bourgeoisie par le financement de compensations pour les classes moyennes et une partie des couches populaires Il n est pas facile d appr cier ces pr l vements Le Cedetim estimait qu en 1977 les surprofits imp rialistes repr sentaient pour la France environ 20 de l accumulation annuelle de capital productif Ils ont jou un r le d terminant dans la paix sociale pendant la p riode des trente glorieuses pour financer l Etat providence la fran aise Ces surprofits sont aujourd hui socialis s dans le capitalisme mondial La part qu en retire le capitalisme fran ais reste tr s importante m me si elle a relativement baiss par rapport aux autres capitalismes am ricains japonais allemands et m me aux capitalismes mergents du Sud Les sources de surprofits m ritent d tre pr cis es La premi re est la sous estimation des importations particuli rement celle des mati res premi res elle provient des conditions de reproduction de la main d uvre dans les pays bas revenus et du contr le des ressources pa
11. Etats Unis am ricaine constituaient un lot de prosp rit dans l oc an des d vastations mondiales produites par la domination du capital financier la nouvelle conomie Les contradictions conomiques sont amplifi es et non r duites par la mise en uvre des programmes budg taires d cid s apr s le 11 septembre 2001 et pour lequel le terme de guerre de classes a t utilis Dans ce contexte la guerre sans limites engag e par l Administration Bush est mettre en relation avec la trajectoire du capitalisme depuis vingt ans Cette politique exprime les int r ts d une oligarchie financi re dont les bases mat rielles reposent sur le pillage des ressources naturelles au premier rang desquelles figure bien sur le p trole et sur le paiement de la dette perp tuelle fut ce au prix de la mise en danger physique et m me de l existence de classes sociales et de populations les plus vuln rables Le contr le que les Etats Unis et les autres pays dominants la communaut internationale sont en train d exercer travers des formes de gestion directe de mandat ou de protectorat a encore moins que les conqu tes coloniales des imp rialismes du d but du vingti me si cle la pr tention et la possibilit de stimuler le d veloppement conomique des pays domin s L heure est plut t comme le continent africain en donne l exemple tragique depuis vingt ans au d membrement des Etats des
12. analyses empruntent d autres travaux des auteurs notamment Dum nil et L vy 2000 et Dum nil et L vy 2003 Une version longue de cet article se trouve sur notre site internet http www cepremap ens fr levy Communication personnelle des donn es par Edward Wolff 1996 Hayek 1980 d crivit le contr le des mouvements des capitaux comme une avanc e d cisive sur la route du totalitarisme Voir la remarquable d monstration de Helleiner 1994 gt Actuel Marx 2000 Serfati 2001 19 20 Le r le du capital financier dans l imp rialisme Fran ois Chesnais Situer la place et le r le du capital financier dans l imp rialisme c est centrer l attention sur les m canismes assurant la centralisation vers les march s financiers des pays imp rialistes et partir de ceux ci vers les couches sociales b n ficiaires de revenus financiers int r t et dividendes de segments de valeur et de plus value produits au sein de pays dans lesquels rien n est fait et souvent ne peut tre fait pour emp cher la ponction Aux m canismes d appropriation de valeur par la fiscalit et le remboursement des emprunts d Etat d gag s par Rosa Luxembourg et tudi s ensuite par les historiens s en ajoutent aujourd hui bien d autres captation de valeur par les soci t s transnationales STN au d pens d entreprises locales plac es en situation de subordination flux de rentes transitant par les pr ts internationaux
13. aujourd hui Elle d finit a phase imp rialiste de l accumulation comme phase de la concurrence mondiale du capital qui a le monde entier pour th tre Ici les m thodes employ es sont la politique coloniale le syst me des emprunts internationaux la politique de la sph re d int r ts la guerre La violence l escroquerie le pillage se d ploient ouvertement sans masque Contrairement la th orie lib rale bourgeoise qui s pare le domaine conomique du capital de l autre aspect celui des coups de force consid r s comme des incidents plus ou moins fortuits de la politique ext rieure gt Rosa Luxembourg souligne de mani re tr s actuelle que la violence politique est elle aussi l instrument et le v hicule du processus conomique la dualit des aspects de l accumulation recouvre un m me ph nom ne organique issu des conditions de la reproduction capitaliste soulign par moi Dans sa pol mique contre D hring Engels analyse les relations entre le militarisme et le d veloppement technologique du capitalisme L histoire montre que la conduite des guerres repose sur la production d armes qui d pend elle m me de l tat de l conomie plus pr cis ment du d veloppement industriel et technologique car l industrie reste l industrie qu elle s oriente vers la production ou la destruction d objets Engels note les changements radicaux qui surviennent lorsque le capitalisme est devenu dominant
14. bien son niveau de d ficit public que sa d cision d augmenter les imp ts pour r pondre la baisse de la croissance et l augmentation des d penses Elle a ainsi outrepass ses comp tences sans r action des gouvernements qui invoquent ces recommandations pour justifier leurs politiques lib rales Le gouvernement d experts nouvelle modalit d laboration des r gles communes On voit se mettre en place un gouvernement d experts par opposition aux gouvernements d mocratiquement lus Cette nouvelle gouvernance remet en cause les droits d mocratiques et les droits sociaux les droits tout court pour imposer ces attaques pour les faire reconna tre comme in luctables Elle se structure aussi sur le terrain national La construction de l Europe des R gions d centralis e r pond ce m me imp ratif Les collectivit s territoriales en France par exemple seront de moins en moins compos es d lus La loi recule au profit de la contractualisation nouvelle forme d architecture des liens sociaux Ainsi cet vanouissement du pouvoir de l Etat central s effectue la fois vers l Europe et vers le local pour s attaquer l ensemble des acquis sociaux et faire surgir de nouveaux lieux d accumulation avec la privatisation des services publics Les pouvoirs des citoyennes et des citoyens les droits le principe d galit li aux services publics se trouvent totalement bafou s La naissance d un Etat supra
15. capital argent du capital industriel ou productif de s parer le rentier qui ne vit que du revenu qu il tire du capital argent de l industriel La s paration se fait l chelle de pays entiers Ainsi c est au sens le plus troit d Etat rentier d Etat usurier dont la bourgeoisie vit de plus en plus de l exportation des capitaux et de la tonte des coupons que la France dont le capital industriel est tr s faible mais dont la Banque et la Bourse sont fortes et un degr moindre l Angleterre 20 dont l industrie est peu concentr e au regard de celle des Etats Unis et de l Allemagne et d clinent face aux leurs mais dont la City est alors le premier centre d accumulation financi re autonome au monde s int grent dans la domination imp rialiste mondiale du d but du 20 si cle Les investisseurs institutionnels pine dorsale du capital financier contemporain Le capital financier dans ses deux sens compl mentaires est de nouveau au c ur de la domination imp rialiste Depuis la fin des ann es 1970 on a vu la r apparition apr s une longue clipse de capitaux concentr s cherchant se valoriser par la voie courte A A au moyen de placements On a donc assist aussi la r surgence de march s secondaires de titres qui offrent ce capital le grand pouvoir conomique et social associ s la liquidit Les grands groupes industriels y ont contribu en destinant
16. d finie par les accords de Yalta Dans le camp occidental les Etats Unis ont subordonn les capitalismes allemand et japonais secondaris les britanniques et marginalis les autres L imp rialisme fran ais est confront aux luttes de lib ration au Vietnam au Maghreb en Afrique et Madagascar L essentiel de la classe politique dont la majeure partie de la social d mocratie confront e une crise sociale majeure perd son honneur la tra ne de la bourgeoisie coloniale et de sa fraction militaire Apr s 1962 l industrialisation prioritaire et la modernisation sociale n excluent pas le recours massif une main d uvre immigr e La soci t coloniale sans dispara tre a volu fonctionnaires et militaires se sont mu s en coop rants Une nouvelle forme d alliance avec des bourgeoisies locales en formation conna t des succ s divers L imp rialisme fran ais prend des formes d exploitation indirecte mettant l accent sur des m canismes financiers et des institutions financi res Le conflit majeur entre les fractions archa ques li es la domination directe bureaucratie coloniale soci t s commerciales plantations et les fractions modernistes grande industrie banques entreprises mini res et p troli res tourne l avantage de ces derni res La bourgeoisie fran aise tente de combiner une strat gie europ enne et une strat gie n ocoloniale Mais les int r ts anciens restent pesants les rentes coloniale
17. dans le monde Le navire de guerre est non seulement un produit mais en m me temps un sp cimen de la grande industrie moderne une usine flottante Pour lui le militarisme domine et d vore l Europe et cette formule trouvera une tragique confirmation dans la guerre que les imp rialismes europ ens se livreront partir de 1914 La production d armes n est plus seulement une branche de l industrie moderne elle s est trouv e depuis la seconde guerre mondiale au c ur de trajectoires technologiques essentielles au mode de production a ronautique et espace lectronique nucl aire Les d penses militaires des Etats Unis mais aussi celles des autres pays imp rialistes sont rest es au cours des cinq d cennies suivantes des niveaux extraordinairement lev s au nom de la menace constitu e par l URSS Dans ce pays les sommes gigantesques consacr es la d fense ont consolid la caste dirigeante et son existence parasitaire en m me temps qu elles ont contribu la saign e des ressources productives et financi res Le fait saillant depuis la seconde guerre mondiale est un enracinement du syst me militaro industriel dans l conomie et la soci t des Etats Unis qui n a nullement t affaibli par la disparition de l URSS et aborde au contraire en ce d but de si cle une nouvelle tape de 28 consolidation Ce renforcement du syst me militaro industriel repose sur une conjonction de facteurs
18. de n gociation multilat rale Cette absence d institutions solides peut son tour tre expliqu e par la pr sence d Etats gangren s par la corruption Blundo 2000 d Etats rentiers ou par l impact des politiques d ajustement structurel sur les moyens d action de l Etat Nous n aurions plus affaire qu des bourgeoisies compradores c est dire des courroies de transmission de la domination du capital transnational de la triade Amin 2002 Si l existence de ces bourgeoisies compradores dans les pays du Sud est l une des explications de l absence d institutions solides dans ces pays d autres hypoth ses ont pu tre avanc es La 51 52 premi re est que les peuples du Sud seraient incapables de fonder solidement leurs propres institutions Cette incapacit justifierait leur mise sous tutelle directe au temps de la colonisation ou indirecte aujourd hui par l interm diaire du FMI et de la Banque mondiale Cette th se irrecevable est subtilement entretenue par les mass media des pays du Nord Dans le traitement de la crise argentine par exemple ils ont mis l accent sur les lourdes erreurs des gouvernements successifs en minorant voire en ignorant la responsabilit du FMI dont les recommandations suivies la lettre ont largement contribu l entr e en crise Une autre raison pour laquelle il est difficile aux peuples du Sud de se doter d institutions solides est la domination politique conomique et sociale q
19. de la chute de la bourse est tr s d licat et peu compatible avec le maintien de taux d int r t r els forts une des bases du n olib ralisme le retour des taux d investissement lev s moyennant un financement national et non international impliquerait que les profits cessent d tre distribu s dans leur quasi totalit aux actionnaires Par ailleurs l accroissement presque in luctable des difficult s conomiques de la p riph rie fait peser un risque de contagion sur les conomies du centre 3 Les bases du compromis n olib ral aux Etats Unis sont min es Les deux volets du compromis n olib ral au sommet de la pyramide gestionnaire et vis vis des classes moyennes ne r sisteront pas la chute des cours de bourse et la baisse des taux d int r t pour des raisons videntes 4 Le d veloppement des luttes et r sistances Le cours du n olib ralisme suscite n cessairement des r sistances de la part de ceux qui en ont le plus souffert Les luttes et manifestations lectorales d humeurs antin olib rales dans la p riph rie rejoignent les mouvements r clamant une autre mondialisation ou luttant contre la guerre Ces luttes cr ent un nouvel espoir mais auront beaucoup de mal surmonter leur clectisme Face elles la finance n est videmment pas d sarm e Outre les cr dits en devises elle contr le l information et la propagande Elle dispose de la force directe subversive et militaire 5 La tr
20. de produits venant du Nord et ainsi leur trouver un d bouch Ce recyclage des p tro dollars a tr s rapidement d bouch sur une mont e incontr l e de la dette d clench e par une augmentation brutale des taux d int r t au tout d but des ann es 80 les pays du Sud sont brusquement mis en demeure de verser jusqu 17 ou 18 d int r ts sur des emprunts souscrits 6 ou 7 Ils doivent s endetter pour le faire et s enclenche alors un mouvement infernal de croissance de la dette cet pisode qui rel ve de la piraterie internationale pure et simple vient s ajouter le choc en retour de la r cession des ann es quatre vingt C est partir de la crise mexicaine de 1982 que sont impos es aux pays endett s les recettes du FMI pour assainir leurs conomies les fameux plans d ajustement structurel Le r sultat en est un blocage conomique que l on a appel la d cennie perdue en Am rique latine Mais c est au c ur m me des pays les plus riches que s affirme la pr dominance du capital financier Elle caract rise une phase nouvelle du capitalisme o les profits des entreprises augmentent gr ce la g n ralisation de l aust rit salariale sans que cela d bouche sur une reprise des investissements faute de d bouch s suffisants La plus value non accumul e doit tre recycl e aupr s d autres couches sociales que le salariat et la financiarisation permet d assurer grande chelle ce
21. des institutions internationales que r side leur fonctionnalit L OMC par exemple na pas vocation traiter directement des normes salariales m me si ses d cisions p sent sur les politiques salariales Les tenants de la mondialisation n olib rale n ont pas pour autant int r t ni vocation tendre les comp tences de l OMC ou de la BCE Banque Centrale Europ enne pour constituer pas pas un Etat national Cette logique a pu tre celle d un Delors qui disait peu pr s faisons l euro et le reste savoir la dimension sociale et les institutions d mocratiques nous sera donn de surcro t Il y a l une esp ce d optimisme par d faut qui s est r v l une v ritable illusion et une fausse piste dommageable Cette combinaison h t roclite d institutions pr sente en effet 12 l immense avantage d chapper tout contr le d mocratique direct Les contradictions inter imp rialistes La mondialisation s accompagne d une tendance en partie contradictoire qui est la mise en place d une structure de domination imp rialiste tripolaire assortie de profonds d s quilibres entre les Etats Unis l Europe et le Japon Il y a une dizaine d ann es dominait une vision polycentriste la Triade de la structuration de l conomie mondiale qui avait un sens quand le Japon et l Europe paraissaient capables d quilibrer la supr matie des Etats Unis alors remise en cause sur les terrains de l conomie et
22. entr e en vigueur de l ALENA le Mexique a ainsi vu dispara tre des pans entiers de son industrie domestique et de son agriculture traditionnelle notamment sa production de ma s aliment de base de la population qui n a pas r sist la concurrence de l industrie agro alimentaire tats unienne Les cons quences sociales de l effet d viction sont tr s lourdes on estime que 43 des Mexicains vivent aujourd hui en dessous du seuil de pauvret Favre 2000 L effet d viction limite fortement les possibilit s de d veloppement conomique car comment d velopper des activit s productives directement concurrenc es par les produits du Nord La comp titivit dont on parle ici n est d ailleurs pas la notion galvaud e du discours dominant qui en fait un concept micro conomique comme si elle d pendait exclusivement de facteurs internes l entreprise En r alit c est l efficacit d ensemble des appareils productifs nationaux qui procure leur capacit comp titive aux entreprises Construire un appareil productif national efficace n est ni facile ni la port e de tous les pays du Sud Dans ces conditions la concurrence des pays du Nord rendra encore plus difficile le d veloppement du Sud Les accords de l OMC L OMC est l h riti re des accords du GATT qui reconnaissaient diff rents principes en faveur des pays du Sud principe de discrimination positive ou de non r ciprocit un pays du Nord pouvait acc
23. expansion Tr s t t le syst me des restrictions aux mouvements de capitaux permis par les accords de Bretton Woods s effrita L Europe bascula rapidement Restaient le Japon et la p riph rie mais la partie tait gagn e pour la finance 5 Domination et compromis dans le n olib ralisme le r le de l Etat Dans le capitalisme n olib ral l exploitation est criante tant au centre qu la p riph rie notamment la nouvelle d termination drainer les ressources des pays moins avanc s N anmoins ce syst me ne peut survivre sans compromis En premier lieu la finance a achet la fraction sup rieure des gestionnaires par d normes r mun rations salaires et stock options En second lieu elle a tabli un lien avec les classes moyennes en leur donnant l impression d tre associ es la prosp rit capitaliste travers la d tention de titres notamment aux Etats Unis gr ce aux fonds de pension L Etat demeure l agent du pouvoir des classes dominantes et le lieu o se cristallisent les configurations de pouvoir l Etat est entendu au sens large y compris la banque centrale et les institutions financi res internationales embryons d un Etat supranational La finance n est pas contre l Etat mais contre l Etat keyn sien La mont e du n olib ralisme s est faite sous la conduite de l Etat aux Etats Unis comme le sugg re toute l histoire de l apr s guerre 6 L h g monie am ricaine et le militarisme Dans ce
24. ficits provoqu s par la lib ralisation commerciale et financi re ou des perspectives de r cession Mais elles sont aussi le r sultat de d cisions de prises de b n fice S agissant des pays mergents il importe de r cuser la notion d conomie de casino Dans la majorit des cas les investisseurs ne subissent aucune perte lors des crises et empochent leurs profits financiers et plus values boursi res Lorsque les capitaux plac s l ont t sous forme de pr ts bancaires ils b n ficient de l appui du FMI et des principaux pays du G8 pour assurer que la s curit des placements sera respect e En revanche dans les pays touch s les crises financi res d clenchent des m canismes compl mentaires et cumulatifs de crise conomique qui conduisent la r cession et m me la d pression proprement dite Indon sie Argentine Le plus important m canisme proprement financier est l effondrement des structures du cr dit La capacit des banques locales d offrir du cr dit repose sur des refinancements que les banques internationales peuvent comme en 1997 refuser d accorder Mais la perte de liquidit brutale des banques la suite de l effondrement des taux de change et des march s financiers locaux r sultent aussi m caniquement de l accroissement de leur endettement et de l effondrement de la valeur des titres dans leurs bilans La contraction du cr dit propage la crise tr s vite vers l ensemble de l conomie L
25. gulation des flux de capitaux et d changes Or encore une fois la fonction essentielle de l OMC est de mettre hors la loi internationale ce type de mesures Cette mani re de d signer les opprim s du bout du monde remplit videmment une fonction id ologique bien pr cise En d non ant un bouc missaire lointain et difficilement accessible on cherche dissuader les travailleurs d entreprendre une lutte commune au niveau europ en Le choix du Tiers Monde comme cause de tous les maux entre en r sonance avec les discours x nophobes et d magogiques dans lair du temps suscitant la peur de l tranger sous toutes ses formes l immigration nous envahit comme les produits bas prix du Tiers Monde l tranger nous vole notre travail ici et l bas On paie ici l incapacit ou le refus des directions syndicales organiser des luttes communes entre travailleurs fran ais britanniques allemands etc Face la crise elles ont pr f r le compromis et par crainte du mouvement social et conservatisme elles se sont refus es adopter les formes de lutte radicales contre le ch mage et les gouvernements en place A la recherche du moindre mal elles ont finalement laiss passer les principales attaques contre les acquis sociaux en Europe LES HABITS NEUFS DE L IMPERAILISME Les Etats et la mondialisation Avec la mondialisation les strat gies des grandes firmes multinationales se transforment elles rais
26. incontr l des march s financiers qui s exerce travers ces institutions Pourtant un tel point de vue peut tr s bien cr er une sorte de d faitisme voire un sentiment d impuissance par rapport des objectifs tellement loign s de l action quotidienne qu il y aurait une sorte de vanit vouloir d gager au niveau national des marges de man uvre sans qu on voit quel autre niveau il serait possible de d placer la question Le processus de constitution d un tel gouvernement mondial est bien loin d tre achev Que ce soit au niveau europ en ou mondial on voit se mettre en place des structures tatiques qui sont par construction des structures incompl tes A mi chemin entre le syndicat d Etats nations conservant une large autonomie et la r gulation mondialis e directement assur e par un gouvernement mondial de fait il existe des combinaisons instables et contradictoires Au niveau europ en les analyses d inspiration f d raliste postulent que la nature institutionnelle aurait horreur du vide le d s quilibre cr par l existence d une Banque centrale en l absence de budget commun serait forc ment combl Or cette rationalit des institutions n existe pas et c est plut t un syst me ad hoc d appareils d Etat sp cialis s qui se met en place y compris au niveau mondial Cette absence de coh rence est sans doute fonctionnelle On peut m me penser que c est dans l incompl tude des structures tatiques et
27. instincts enfouis la convoitise la violence la haine raciale au relativisme moral et montrer le progr s lent mais s r de l ensauvagement du continent Aim CESAIRE Discours sur le colonialisme 1955 L imp rialisme fran ais se d finit dans la recherche d une strat gie internationale propre du capitalisme fran ais Il faut donc s interroger sur l volution du capitalisme fran ais sur le r le dans cette volution de la dimension internationale Quelle est la place du capitalisme fran ais dans la mondialisation dans le capitalisme mondial directement ou travers le capitalisme europ en Il faut aussi appr cier l volution de la mondialisation en tant que syst me de domination et s interroger sur la place de la France dans le syst me de domination mondiale Quelle est la place de l imp rialisme fran ais par rapport au syst me mondial l Union Europ enne l unilat ralisme tats unien Dans son volution comment caract riser l imp rialisme fran ais comme maillon faible ou comme un simple suppl tif de la cha ne imp rialiste mondiale El ments historiques Nous proposerons ici une p riodisation qui s organise autour d une hypoth se nous vivons une crise structurelle de l imp rialisme qui s inscrit dans la s rie des trois derni res grandes crises celles de 1815 40 de 1850 70 1914 18 Le colonialisme primitif caract rise la premi re phase de l imp rialisme fran ais Il
28. instrument de r partition au plus offrant des droits d usage de l environnement alors qu il conviendrait de l organiser sur des bases politiques au moment o les pays mergents connaissent une d gradation consid rable de leur environnement La r duction de la nature une dimension mon taire La rationalit sous jacente au raisonnement lib ral est simple il vaut mieux lutter contre la pollution l o cela co te le moins cher l change de permis d mission se d roulant jusqu ce que le co t marginal d un droit polluer galise celui des mesures de d pollution ou bien jusqu ce que le co t marginal de la pollution pour le pollu galise le profit marginal du pollueur s il s agit d un change entre la victime et l auteur de la pollution Tel est le principe du th or me de Coase sans que personne ne s interroge un instant sur l existence ou non des bases d un calcul de co t Il n est pas possible de donner une valuation mon taire aux l ments naturels qui ne sont pas produits Seuls peuvent tre calcul s le co t de production occasionn par leur exploitation conomique et le co t de production entra n par la restauration apr s d g ts La nature n a donc pas de valeur conomique intrins que Sa valeur rel ve d un autre registre que l conomique Harribey 1997 1998 2002 L une des raisons principales de l incommensurabilit des biens naturels et des biens conomiques t
29. la condition sine qua non permanente de la soutenabilit Ent rinant cette conception la plupart des documents des institutions internationales parlent indiff remment de d veloppement durable ou de croissance durable Banque mondiale 2002 On pourrait s insurger contre cet amalgame Mais plus r aliste est de voir dans ce glissement la cons quence d une erreur m thodologique pr sente au c ur des th ories du d veloppement depuis leur origine quelle que soit leur orientation id ologique La distinction classique entre croissance et d veloppement est sans objet si d une part la premi re a besoin pour se perp tuer des l ments qualitatifs il lui faut des individus alphab tis s en bonne sant etc qui d finissent le second et si d autre part elle contribue long terme les am liorer D s 34 lors progr s et d g ts sont indissociables de la croissance d veloppement ces deux derniers concepts tant eux m mes indiscernables Il faut comprendre l insistance des partisans du d veloppement durable au sein des institutions et des grandes entreprises faire la promotion d une croissance durable comme une profession de foi en faveur de la base de l accumulation du capital qui ne peut se passer d elle Une strat gie anticapitaliste devra donc d construire le d veloppement et la croissance qui lui est inextricablement li e pour le reconstruire sur des bases radicalement diff rentes s orienter vers
30. les bouleversements dus la mondialisation sont intervenus la suite de strat gies de d veloppement qui dans les ann es 1950 1970 ignoraient totalement la place des femmes notamment dans l agriculture o les projets de formation ou les r formes agraires ne s adressaient qu aux chefs de famille Ces volutions contribuent galement d stabiliser des structures sociales qui loin de repr senter un tat originel des soci t s dans la mesure o elles avaient t largement transform es par la colonisation et refa onn es par le capitalisme n en utilisaient pas moins l argument de la tradition pour justifier diff rentes formes de maintien de la subordination des femmes dans la famille la communaut etc Presque partout on constate une augmentation du taux d activit des femmes depuis trente ans y compris dans des r gions du Tiers Monde o il tait traditionnellement faible comme l Afrique du Nord Talahite 1998 Cette croissance du taux d activit aussi bien dans le salariat que dans le secteur informel suit assez largement les flux d investissements directs trangers orient s vers les industries d exportation Treillet 1999 Plusieurs tudes notamment celle r alis e par le Gedisst sur les paradoxes de la mondialisation ont pu constater une augmentation des opportunit s d emplois salari s industriels qualifi s pour les femmes dans certains pays d Asie ou d Am rique latine Hirata
31. les situations de crise conomique et sociale ainsi une tude des cons quences de la crise asiatique de 1997 98 aux Philippines Lim 2000 montre que celle ci s est traduite par un appauvrissement g n ral de la population un alourdissement des heures de travail pay et non pay des femmes sup rieur celui des hommes et une augmentation du nombre de femmes travaillant dans le secteur informel mais galement une augmentation du ch mage des hommes plus rapide que celui des femmes en raison m me de la s gr gation sur le march du travail qui sur repr sente les femmes dans le secteur informel et les emplois de service ou de commerce moins touch s par la crise 39 40 Parfois au contraire les femmes sont les premi res subir dans leurs emplois un retournement de la croissance L industrie de la confection aux Philippines a ainsi subi les cons quences de la suppression des quotas d importation par l OMC Dans bien des cas l volution des industries d exportations notamment lectroniques conduit une viction des femmes les unit s de production deviennent plus intensives en capital et en technologie et commencent embaucher de pr f rence des hommes Enfin il arrive que le capital transnational tire parti des traditions c est ce qu on observe avec la croissance tr s importante ces derni res ann es de la sous traitance qui d veloppe le travail domicile ce qui est cens permettre aux femmes d assu
32. n anmoins diff rent Le terme sert d signer la forme de capital concentr qui s est constitu e partir de la derni re d cennie du 19 si cle du fait de l interconnexion troite il est m me parl de fusion entre les grandes banques et la grande industrie Hilferding pr sente la forme sp cifiquement allemande de cette fusion gt comme si celle ci tait commune toutes les grandes conomies capitalistes Aux Etats Unis les Carnegie et les Rockfeller ont t les pionniers de formes organisationnelles o pour garder son autonomie face aux banquiers les industriels ont invent la forme du groupe industriel la corporation o ils restent ma tres de l interp n tration Le grand groupe mondialis am ricain ou STN qui a servi de mod le la plupart des autres pays imp rialistes poss de un march des capitaux interne au groupe transnationalis et place ses fonds liquides sur les march s financiers notamment de changes Dans L imp rialisme stade supr me du capitalisme L nine tout en ne citant que Hilferding prend fortement appui sur la d finition marxienne Ainsi dans les derni res pages du chapitre III comme dans le chapitre suivant portant sur l exportation des capitaux dont la forme principale est ici encore l emprunt d Etat L nine rappelle que le propre du capitalisme est de s parer la propri t du capital de son application la production de s parer le
33. niveau institutionnel cette tendance la mise en place d une p r quation mondiale du profit Les caract ristiques de la mondialisation Pour une analyse plus concr te de la mondialisation on peut partir des quatre caract ristiques donn es par Boyer 1 l accroissement des mouvements d changes et surtout des mouvements d investissements 2 la globalisation de la production autrement dit l mergence de firmes qui r glent leur production mais aussi leurs d bouch s l chelle d un march mondial 3 la mondialisation financi re qui assure la fluidit des capitaux et tend homog n iser les crit res de rentabilit l chelle mondiale 4 la perte relative d autonomie des Etats nations La mondialisation est d abord un formidable d veloppement de l internationalisation et un mouvement de concentration du capital et des changes Le nombre de firmes multinationales est pass de 7000 en 1970 37000 aujourd hui elles emploient 273 millions de salari s directs dont 40 dans d autres pays que celui d origine Enfin plus des deux tiers des exportations des pays du Sud vers le Nord sont r alis es par les soci t s transnationales et leurs filiales Cette internationalisation acc l r e a r pondu plusieurs logiques successives Au d but de la crise elle correspondait la recherche de nouveaux d bouch s Ensuite l internationalisation a r pond la n cessit d tre pr sent dans un pays
34. o risquent de germer les formes les plus barbares de perp tuation d un syst me conomique et social aujourd hui d pass Il serait possible aujourd hui et pour les d cennies venir d assurer l ensemble de la population mondiale un acc s la satisfaction des besoins l mentaires les potentialit s conomiques existent y compris en tenant compte 13 des contraintes cologiques Il est de plus en plus clair que ce sont les exigences irrationnelles du syst me capitaliste qui font obstacle aux aspirations de l humanit c est dans cette contradiction de plus en plus flagrante que r side la possibilit de fonder un anti capitalisme contemporain C est pour cette raison aussi que tout anti imp rialisme cons quent doit aujourd hui tre un anticapitalisme mettant en uvre une double rupture articul e avec le march mondial videmment mais aussi l int rieur avec la loi du profit et les in galit s On conna t les principaux l ments d un programme de d veloppement il faut donner la priorit la satisfaction des besoins du plus grand nombre d noncer la dette organiser la r forme agraire r orienter les ressources vers le march int rieur et contr ler le commerce ext rieur r partir les revenus de mani re plus galitaire mettre en uvre une r forme fiscale Sur chacun de ces points on voit qu un tel programme s oppose aux int r ts des bourgeoisies locales 1 Le Capital Editions So
35. ou des institutions financi res de diverses r gions du monde en mesure de 25 26 d placer leurs capitaux d une soci t l autre ou d un pays l autre On peut discuter de savoir jusqu quel point c est vrai mais tr s de peu de chercheurs nierait de nos jours qu il existe une tendance qui va dans cette direction en d pit des obstacles qu elle peut rencontrer Burbach et Robinson vont encore plus loin en soutenant qu une classe capitaliste transnationale est en train d merger Robinson et Harris 2000 poussent jusqu au bout cette logique en affirmant que des institutions telles que le FMI la Banque Mondiale l OMC le G7 et l OCDE constituent l bauche d un appareil d Etat transnational en formation Dans la mesure o ils soulignent le r le dominant du capital financier leur perspective voque tout fait celle de l ultra imp rialisme savoir une configuration o l interp n tration internationale des capitaux est avanc e au point o les divergences d int r ts d cisives de nature conomique entre propri taires de capitaux de diverses nationalit s ont compl tement disparu Mandel 1972 Ces auteurs raisonnent sur des tendances et soulignent les nombreuses contradictions et conflits d int r t qui peuvent s y opposer Mais ils restent convaincus que la trajectoire de l conomie mondiale conduit exclure d autres configurations mondiales possibles Il est p
36. pays notamment l Argentine puis le Br sil et le Mexique de mettre en place un mod le dit de substitution d importations et de jeter ainsi les bases d une industrialisation Comme on le voit cette lecture s inscrit dans une tradition marxiste renouvel e par les th oriciens de l imp rialisme puis par ceux de la d pendance Elle permet d viter le chass crois qui semble condamner les th ories non dialectiques tre syst matiquement contretemps Il est en effet frappant de constater que dans les ann es soixante les th orisations tiers mondistes d claraient le d veloppement impossible alors m me qu il se d roulait dans de nombreux pays Vingt ans plus tard les lib raux feignent de croire que les pays du Tiers Monde vont enfin pouvoir s engager tous dans la voie de la modernisation capitaliste alors m me qu ils s enfoncent globalement dans la r cession Le concept de domination imp rialiste reste donc d actualit et la notion un peu floue de Tiers Monde conserve son sens si ce terme d signe l ensemble des pays domin s Cela n emp che pas videmment d normes diff renciations de s op rer l int rieur des pays en cause La Cor e du Sud et Ta wan ont ainsi suivi une trajectoire propre qui leur a permis de s extraire en partie de la cat gorie de pays d pendant Ils se sont bien gard s de suivre le mod le pr conis par la Banque mondiale et se sont au contraire appuy s sur une r forme fonci re sur la
37. permet d acqu rir vil prix et souvent par la force des produits locaux agricoles et artisanaux revendus tr s cher en France et de vendre au dessus de leur valeur des produits manufactur s fran ais Le pacte colonial pr cise que les colonies ne doivent rien produire pas m me un clou L expansion coloniale fran aise est plus le fait d une caste militaire et d une bureaucratie d Etat qui en ont besoin pour compenser par des op rations de prestige leurs d faites europ ennes Les profits substantiels du capitalisme colonial seront retir s par les marchands alli s aux militaires qui garantissent un domaine r serv les investisseurs coloniaux joueront un r le marginal limit quelques secteurs coton caoutchouc huile navigation maritime et certaines r gions L imp rialisme fran ais se pr sente comme un imp rialisme politico militaire mercantile rentier et usurier peu capable de rivaliser avec les puissances dominantes britannique et nord am ricaine Le colonialisme fran ais encourage les tendances au sous d veloppement de 53 54 l conomie fran aise et masque l affaiblissement de l Etat fran ais Le taux de profit des entreprises coloniales et les monopoles commerciaux favorisent les secteurs marginaux de l conomie permettant de diff rer l adaptation la concurrence internationale et de pr f rer la distribution des profits aux investissements productifs Les concurrences inter imp riali
38. pour acc der directement son march et contourner les obstacles protectionnistes qui pouvaient encore exister l poque tout en rapprochant les lieux de production et ceux de vente Cette multinationalisation a pris diverses formes filiales partenariat co entreprise avec une entreprise locale acquisition sous traitance pour certains segments de la production On a vu alors merger un nouveau type d entreprises transnationales qui ne sont pas sp cialis es sur un seul produit mais int grent diverses activit s dans un ensemble vari pour un profit maximum Ces entreprises sont de moins en moins li es leur base nationale d origine quand elles ne reposent pas sur des bases nationales multiples ce qui a de surcro t l avantage de rendre difficile l organisation de salari s dont les niveaux de protection sociale et de revenu peuvent tre tr s diff rents d un pays l autre La lib ralisation totale de la circulation des capitaux et le poids du capital financier repr sentent le second volet de la mondialisation Au milieu des ann es soixante dix les capitalistes des pays du G7 n taient pas seulement confront s un probl me de d bouch s pour leurs produits Ils se trouvaient aussi la t te de capitaux disponibles notamment ceux que les monarchies p troli res avaient plac s dans les banques des pays du G7 La solution va alors de pr ter cet argent aux pays du Sud pour r activer leurs achats
39. protection des industries naissantes et sur une politique industrielle coordonn e par l Etat Les performances tr s contrast es des diff rents pays du Sud et de l Est n emp chent pas que l on puisse examiner en tant que telle leur situation d ensemble Une tendance absolument frappante est en effet le choix quasi universel d un mode de croissance tir par les exportations Cette convergence n est pas due au hasard puisque ces politiques sont dans une large mesure impos es aux pays concern s par des institutions internationales comme le FMI ou la Banque mondiale D s lors la logique d organisation de l conomie mondiale repose sur la mise en concurrence de ces pays sur la base de bas salaires ou d autres avantages sp cifiques face des investissements tr s volatils ou des march s tr s instables Ce sch ma conduit une forme nouvelle de d veloppement d pendant qui dessine ce que l on pourrait appeler un n o imp rialisme Une mondialisation centr e sur les pays du Nord Contrairement aux id es re ues l essentiel des investissements l tranger des multinationales se fait au sein des pays imp rialistes L int r t des d localisations vers les pays bas salaires du Tiers Monde trouve ses limites car l argument des salaires n est en effet pas le seul d terminer la localisation de l investissement sinon on devrait enregistrer des investissements normes vers l Ethiopie le Burkina Faso ou Ha ti En r ali
40. sur les fusions acquisitions et la part repr sent e par les privatisations 7 C est un chiffre analogue qu on trouve pour leur part de la capitalisation boursi re Paris 8 Voir Fran ois Chesnais La mondialisation du capital Editions Syros 1997 chapitres 4 6 Les secousses sur le march du cuivre au London Metal Exchange en juin 1996 la suite de p rip ties sp culatives qui ont mis aux prises le groupe Sumitomo et certains fonds sp culatifs haut risque hedge funds engag s dans ce march en ont donn une illustration parlante 23 24 Globalisation vers l ultra imp rialisme Robert Went Partout dans le monde la rentabilit des firmes a commenc baisser nettement partir du milieu des ann es 60 ce qui a conduit un recul de l investissement et un s v re ralentissement de la croissance L internationalisation croissante des conomies qui s en est suivie s appuie sur un processus sans pr c dent historique de globalisation qui concerne chacun des trois circuits de capital Il s incarne en cette trinit in dite qui r unit le libre march le march mondial la libre circulation des capitaux e casino global et la globalisation de la production l usine globale Cette internationalisation croissante de capital n a pas t accompagn e ou seulement de mani re tr s timide par une globalisation parall le des r gulations et des modes de gouvernance car il n existe aucune sym t
41. une soci t plus respectueuse des tres humains plus conome des ressources naturelles plus frugale peut tre et donc moins grosse ou ob se de PIB mais plus riche en temps lib r Mais il ne s agit plus seulement d conomie puisque celle ci est repens e dans le cadre de rapports sociaux qui auraient d pass ceux du capitalisme Plus encore la soci t s ins rerait elle m me dans la biosph re Pour un d veloppement conomique non durable Comme l a montr Georgescu Roegen 1995 un d veloppement infini est impossible dans un monde fini De ce fait doit s imposer nous le principe de responsabilit Jonas 1979 Contre ce pessimisme Passet 1996 estime que dans la mesure o la Terre est un syst me ouvert sur l nergie solaire un processus de destruction cr ation complexification peut nous loigner de l entropie Selon lui la croissance conomique n exigerait plus autant de ressources naturelles parce qu elle serait majoritairement compos e de services Certes la production de services augmente relativement aux productions agricole et industrielle mais ces derni res continuent de cro tre absolument faisant plus que compenser la baisse de l intensit d une unit de produit en ressources On ne peut se satisfaire du consensus mou qui entoure le concept de d veloppement durable Soit celui ci n est possible que pour une minorit de plus en plus restreinte soit il n est possible pou
42. voir dans ces externalit s le signe d une incompl tude radicale du march les id ologues du syst me sugg rent une fuite en avant internaliser par le march les externalit s du march r duire l utilit des ressources naturelles et de l environnement une dimension mon taire et parier sur la possibilit de toujours substituer des artefacts aux ressources puis es gr ce au progr s technique lls croient ainsi pouvoir donner une assise un d veloppement qui durerait perp tuellement L internalisation Deux proc dures d internalisation peuvent tre utilis es La premi re est la tarification on ajoute au prix de march une cotaxe correspondant au co t de la d gradation laiss la charge de la collectivit en cas de laisser faire Le double avantage de l cotaxe est d inciter au respect de l environnement et de d gager des ressources fiscales Mais ses d fauts sont multiples Elle suppose calculable le co t r el de la pollution pour la collectivit Elle suppose que soit connu le seuil de pollution ne pas d passer L cotaxe n intervient en tant que p nalit mon taire qu une fois le seuil d auto puration des cosyst mes franchi ne parvenant pas emp cher le rabaissement inexorable de ce seuil Aussi le principe du pollueur payeur risque de se transformer en son inverse payeur pollueur c est dire le payeur ayant le droit de polluer La deuxi me proc dure possible d intern
43. Cahiers de critique communiste Mondialisation et imp rialisme Table des mati res Michel Husson La mondialisation nouvel horizon du capitalisme G rard Dum nil et Dominique L vy Le coup de 1979 Le choc de 2000 Fran ois Chesnais Le r le du capital financier dans l imp rialisme Robert Went Mondialisation vers un ultra imp rialisme Claude Serfati Militarisme et imp rialisme l actualit du XXI me si cle Jean Marie Harribey Mondialisation et cologie de l impasse louverture St phanie Treillet L oppression des femmes dans la mondialisation Eric Toussaint La discipline de la dette Nicolas Beni s L Union Europ enne dans le processus de mondialisation Odile Castel Des institutions au service des puissances imp rialistes Gustave Massiah L imp rialisme fran ais maillon faible ou suppl tif de l imp rialisme mondial Quatri me de couverture La mondialisation capitaliste prend d sormais des formes imp rialistes de plus en plus d testables Ces Cahiers de Critique communiste s adressent celles et ceux qui refusent ce monde l tout entier plac sous la botte du profit Heureusement et contrairement aux discours des dominants il y a des alternatives au r gne global de la marchandise Mais pour pouvoir les promouvoir et ainsi contribuer la transformation du monde il faut savoir l interpr ter Il faut en particulier comprendre que les d g ts sociaux culturels et environnementaux de la mo
44. FA Pour r cup rer 100 FF il fallait du jour au lendemain vendre le double de produits Le pouvoir d achat des populations des pays de la zone CFA a donc fortement baiss d autant plus que les salaires taient bloqu s Dans le m me temps la dette de ces pays libell e en monnaie trang re s est retrouv e de fait multipli e par 2 puisqu il fallait deux fois plus d argent en monnaie locale pour obtenir les devises trang res n cessaires pour rembourser la dette Tous les citoyens de ces pays n ont pas t touch s de la m me mani re par cette mesure Les pauvres ont vu leur pouvoir d achat baisser automatiquement tandis que les riches qui avaient pu placer leurs avoirs l tranger sous formes de devises ont pu apr s la d valuation acqu rir le double de FCFA avec la m me quantit de devises Les classes dominantes locales savaient que la d valuation se pr parait et avaient pris la pr caution de changer leurs FCFA en devises C est pourquoi cette d valuation fut qualifi e de d valuation tam tam Des taux d int r t lev s pour attirer les capitaux trangers avec une r mun ration lev e Le probl me est que comme le pays est en crise ou bien les capitaux trangers ne viennent pas ou bien ils viennent en vue d une sp culation court terme ce qui n est pas int ressant pour l conomie locale voire nuisible car cela peut provoquer par exemple une augmentation du prix des terrains et des logement
45. Le Doar 1998 Mais cette nouvelle r alit est contradictoire m me dans les emplois li s aux nouvelles technologies informatique lectronique et qui ne se limitent pas aux activit s d assemblage les femmes se voient confier les pires services de l entretien gt La lib ralisation commerciale dans diff rents pays notamment en Am rique latine a provoqu la faillite de nombreuses industries qui taient auparavant prot g es par les barri res douani res et qui employaient surtout des hommes alors m me que les industries de main d uvre pour l exportation ont d abord embauch des femmes Les salari es dans ces industries cumulent tous les aspects de la pire surexploitation absence de droit du travail et de libert syndicale horaires tr s lourds et flexibles conditions de travail insalubres et souvent dangereuses sans compter les violences sexistes le harc lement les contr les exerc s sur leur vie priv e On observe aussi des effets contradictoires de l extension des droits de propri t individuelle pour la terre en Afrique au Mexique avec r forme de l ejido Katz 1999 En effet cette volution dont on a vu plus haut les cons quences globalement n gatives remet parfois en cause certains droits propres des femmes qui taient garantis par la coutume mais toujours subordonn s au bon vouloir des hommes ou des autorit s communautaires masculines On retrouve le m me aspect contradictoire dans
46. Le renforcement du pouvoir de monopole et de monopsone exerc collectivement par les groupes industriels des pays centraux a entra n en conjonction avec les changements dans les rapports politiques mondiaux la mort des organismes r gulateurs des prix des grands produits de base tablis par les pays producteurs dans les ann es 1940 et 1950 L OPEP dont on conna t les difficult s de fonctionnement est le dernier organisme survivant de cette poque Le d mant lement des organismes de stabilisation des cours au profit de march s soumis la pure sp culation a fortement aggrav la situation des pays exportateurs C est sous les rubriques investissements de portefeuille et pr ts bancaires que les statistiques rangent les m canismes internationaux de valorisation de capitaux selon le cycle A A Depuis vingt ans les pr ts ont fortement recul au b n fice des flux d investissements de portefeuille c est dire des placements court ou tr s court terme sur les march s financiers locaux de pays qui ont lib ralis leurs syst mes financiers La n gociation par les gouvernements d emprunts syndiqu s avec des groupes de banques a c d tr s largement la place l mission au prix du march de titres de la dette qui sont ensuite achet s par les investisseurs institutionnels et chang s sur les march s obligataires Les titres mis ont souvent une maturit courte ou tr s courte et les investisseu
47. Pour le mouvement citoyen et plus particuli rement en France une strat gie d mancipation doit s engager dans trois directions soutenir les forces sociales et citoyennes qui remettent en cause les rapports de domination dans leurs soci t s remettre en cause les m canismes qui dans le syst me mondial reproduisent les rapports de domination lutter contre tout ce qui dans la soci t fran aise conforte la domination ext rieure et s appuie sur ces m canismes de domination pour renforcer les in galit s les discriminations les exploitations dans la soci t fran aise Nous n oublions pas qu un peuple qui en opprime un autre n est pas un peuple libre c est le fondement de la solidarit internationale 1 Cedetim L Imp rialisme fran ais Editions Maspero 1980 on trouvera dans ce livre les principales r f rences au d bat sur l imp rialisme fran ais des travaux d actualisation sont en cours au sein du CEDETIM Samir Amin Alexandre Faire Gustave Massiah Mahmoud Hussein La Crise de l Imp rialisme Editions de Minuit 1979 3 C LI C AN Les trafics d armes de la France Editions Maspero 1977 57
48. The Enigma of Globalization A journey to a new stage of capitalism London amp New York Routledge 2002 1 Pour une analyse approfondie voir Went 2002 Voir Held et alii 1999 Ruigrok et van Tulder 1995 3 Voir aussi Van der Pijl 1999 Et juste titre de mon point de vue Voir Chesnais 1997a 1997b Robinson et Harris 2000 insistent notamment sur ce point essentiel aucune classe dirigeante mergente ne peut tablir un nouvel ordre stable si elle ne dispose pas de m canismes de l gitimation et d une base sociale 27 28 Militarisme et imp rialisme l actualit du vingt et uni me si cle Claude Serfati Les relations entre le militarisme la guerre et le capitalisme retrouvent une nouvelle actualit en ce d but de vingt et uni me si cle La guerre sans limites nouveau programme politique lanc par l Administration Bush marque un changement d chelle dans le militarisme du capitalisme am ricain et rappelle plus que jamais la mondialisation du capital et le militarisme apparaissent comme deux aspects de la domination imp rialiste Militarisme capital et technologie Rosa Luxembourg rappelle que le militarisme a une fonction d termin e dans l histoire du capital II accompagne toutes les phases historiques de l accumulation Ses analyses font ressortir ce qu on appellerait aujourd hui l historicit de la relation du militarisme au capital et conservent leur pertinence
49. a g opolitique la g o conomie in Jacquet Pierre et de Monibrial Thierry dir RAMSES 95 Paris Dunod IFRI Petras James et Velmeyer Henry La face cach e de la mondialisation l Imp rialisme au XXIe si cle Paris Parangon 2002 Ziegler Jean Les nouveaux ma tres du monde et ceux qui leur r sistent Paris Fayard 2002 1 Canada Etats Unis Mexique Chili Tha lande Malaisie Singapour Indon sie Brunei Philippines Vietnam Cor e du Sud Japon Chine Russie Australie Nouvelle Z lande Papouasie Nouvelle Guin e 52 L imp rialisme fran ais maillon faible ou suppl tif de l imp rialisme mondial Gustave Massiah Une civilisation qui s av re incapable de r soudre les probl mes que suscite son fonctionnement est une civilisation d cadente Une civilisation qui choisit de fermer les yeux ses probl mes les plus cruciaux est une civilisation atteinte Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde Le fait est que la civilisation dite europ enne la civilisation occidentale telle que lont fa onn e deux si cles de r gime bourgeois est incapable de r soudre les deux probl mes majeurs auxquels son existence a donn naissance le probl me du prol tariat et le probl me colonial il faudrait d abord tudier comment la colonisation travaille d civiliser le colonisateur l abrutir au sens propre du mot le d grader le r veiller aux
50. ager une lutte r solue pour contrer l offensive d un Etat bourgeois donn et lui imposer d autres crit res et en particulier une nouvelle r gulation du march du travail garantissant les int r ts des travailleurs Mais cette lutte sera d autant plus puissante qu elle pourra tre tendue un cadre plus large que l Etat nation au moins europ en voire mondial Un gouvernement mondial Avec la mondialisation on a vu s accro tre le champ de pouvoir des institutions internationales Ainsi le FMI et la Banque Mondiale fonctionnent comme organismes de tutelle des pays endett s Leurs cr dits sont conditionn s l acceptation de plans de redressement que les missaires du FMI tablissent souvent eux m mes De cette mani re ces institutions ont acquis un r el pouvoir de d cision conomique et politique Cette tendance est g n rale et on peut en donner de nombreux exemples Ainsi c est 11 l OCDE qui supervise directement les nouveaux syst mes d imp ts mis en place dans les pays de l Est Le FMI intervient directement dans les politiques conomiques par ses injonctions par exemple en expliquant au gouvernement fran ais que le SMIC trop lev est un facteur de ch mage La Banque Mondiale a r alis un rapport sur les retraites qui est le mode d emploi de toutes les politiques visant remplacer les r gimes par r partition par des assurances priv es Le Tribunal international de La Haye co
51. ales L int gration commerciale depuis la fin des ann es 1960 pour les six pays fondateurs et progressivement pour les autres est une r alit tangible y compris pour la Grande Bretagne Mais cette construction s est uniquement conjugu e sur le terrain conomique et lib ral contre les droits pour la flexibilit du travail et la baisse du co t du travail Aucun mod le social et pour cause ma t discut pour prendre la place des mod les sociaux nationaux qui ont disparu engloutis dans les politiques d inspiration lib rale qui se sont mise en place au niveau national La vieille opposition due Michel Albert dans Capitalisme contre capitalisme entre le capitalisme rh nan et le capitalisme anglo saxon n a plus lieu d tre Le lib ralisme s est impos en ma tre dans l ensemble des pays Le lancement de l euro comme monnaie fiduciaire en janvier 2002 a repr sent un nouveau pas en avant dans la volont consciente de constituer l Union Europ enne UE comme un ensemble imp rialiste visant concurrencer le super imp rialisme des Etats Unis et dans une moindre mesure le Japon Plus g n ralement l UE se pose la question de comment mener la concurrence avec les Etats Unis qui ne respectent rien m me pas les d cisions de l OMC en pratiquant le protectionnisme La d cision de George W Bush d augmenter de 48 milliards de dollars le budget de la d fense militaire n cessiterait une r ponse com
52. alisation est pr cis ment l instauration de droits de polluer Cette fois ci la d faillance du march est contourn e par l attribution de droits de propri t sur l environnement pour une dur e d termin e C est ce m canisme que pr voit de mettre en uvre le protocole de Kyoto sign en 1997 et ent rin Marrakech en 2001 pour r duire de 5 2 les missions de gaz effet de serre en 2012 par rapport au niveau de 1990 Ce protocole pose trois s ries de probl mes 1 plusieurs pays gros pollueurs dont les Etats Unis mettant 25 de la totalit des gaz effet de serre dans le monde refusent encore de ratifier ce protocole 2 m me si l objectif fix Kyoto tait atteint cela ne repr senterait que 3 des efforts accomplir pour viter le r chauffement climatique On situe le seuil critique d mission d quivalent carbone 500 kg par habitant et par an Or tous les pays d velopp s se situent bien au del Etats Unis en t te avec 5500 kg 3 le mode d attribution initiale des permis d mission en fonction des pollutions rejet es ou en fonction de la population n est pas d cid Cette lacune t moigne de l absurdit de la notion de march propos des droits de polluer M me si un change de permis 33 34 d missions s installe dans l avenir il ne pourra pas exister sans autorit internationale charg e de r guler et sanctionner son d roulement De plus ce pseudo march sera un
53. alisation est un anti d veloppement Si le discours sur les d localisations tait conforme la r alit on devrait retrouver la contrepartie du ch mage au Nord sous forme d emplois cr s au Sud Or le sous emploi continue y dominer Cet apparent paradoxe s explique ainsi pour exporter plus ce qui est l objectif imm diat des plans d ajustement structurel les pays du Sud doivent ouvrir largement leurs fronti res et reproduire leurs avantages comparatifs en termes de bas salaires Pour ces deux raisons il y a blocage de l emploi local Le maintien de bas salaires ou la non diffusion l ensemble de l conomie des gains de salaires du secteur exportateur plus toutes les autres mesures d ajustement ont pour effet de casser la croissance du march int rieur d autant plus que les riches consomment beaucoup de produits import s et donc de r duire les cr ations d emplois En sens inverse il y a viction des producteurs locaux moins rentables sont mis brutalement en concurrence avec les plus performants du march mondial et sont donc vinc s autrement dit disparaissent comme producteurs Exemple typique les producteurs de ma s au Mexique mais aussi les industries traditionnelles Ce cercle vicieux ne pourrait tre rompu que par un d veloppement autocentr et en l tat actuel des choses l approfondissement du libre commerce ne peut qu aggraver le d ficit d emplois d autant plus qu il est souvent sen
54. aner et de l gitimer les d cisions auxquelles il contribue au nom de la soumission des lois ou des processus de mondialisation face auxquels on n aurait pas d autre choix que de s adapter Ce qui est d noncer c est plut t que les institutions europ ennes ne rendent compte qu aux gouvernants et fonctionnent en l absence de toute transparence d mocratique comme un syndic des bourgeoisies europ ennes Cette pr cision est essentielle par rapport la tentation souverainiste qui comme son nom l indique voudrait d montrer que c est la mondialisation qui viderait la souverainet nationale de toute substance en lui substituant les politiques des grands groupes internationaux En r alit le ver tait dans le fruit et cest le tournant n olib ral qui a pr c d la mondialisation en la pr parant par des politiques de d r glementation tr s interventionnistes Le refus de la mondialisation capitaliste est certes la condition pour rompre avec le n olib ralisme mais c est une condition n cessaire et non suffisante Les programmes protectionnistes de repli national ne sont pas des programmes de transformation sociale mais des projets r actionnaires dont il est essentiel de se d marquer en assurant la pr minence de la question sociale sur la question de la souverainet L une des t ches prioritaires du mouvement ouvrier est d int grer cette dimension internationale nouvelle Il n est pas hors de sa port e d eng
55. ansformation ou le d passement du n olib ralisme Il faut distinguer entre l ajustement des m canismes conomiques l int rieur de l ordre n olib ral repr sentant des pouvoirs et 18 compromis de classe inchang s et une transformation impliquant la d finition de nouveaux compromis Abstraction faite du pouvoir vocateur id ologique du mot n olib ralisme seule la venue au monde d une nouvelle configuration de pouvoir signalerait un d passement de l ordre actuel Dans le cas contraire il faudrait seulement parler d une nouvelle phase qui pourrait inclure une intervention accrue de l Etat contredisant seulement l id ologie n olib rale R f rences Actuel Marx L h g monie am ricaine dossier pr par par Gilbert Achcar Vol 27 2000 Dum nil G rard et L vy Dominique Crise et sortie de crise Ordre et d sordres n olib raux Presses Universitaires de France Paris 2000 Dum nil G rard et L vy Dominique Economie marxiste du capitalisme La D couverte coll Rep res Paris 2003 Hayek Friedrich A The Road to Serfdom 1944 The University of Chicago Press Chicago 1980 Helleiner Eric States and the Reemergence of Global Finance From Bretton Woods to the 1990s Cornell University Press Ithaca Londres 1994 Serfati Claude La mondialisation arm e Le d s quilibre de la terreur Editions Textuel Paris 2001 Wolff Edward N Top Heavy The New Press New York 1996 1 Ces
56. au niveau mondial Ensuite depuis le milieu des ann es 1980 c est dans un contexte macro conomique et institutionnel fa onn de plus en plus par le tribut exig par le capital argent rentier que se d roule la lutte des classes Un m canisme particuli rement saillant est la dette publique Elle est le vecteur des r formes dans les pays o la classe ouvri re avait conquis des acquis sociaux des privatisations dont les investisseurs institutionnels ont t les artisans et les b n ficiaires partout dans le monde du pillage acc l r des ressources naturelles pour exporter et payer la dette Les canaux de captation et de centralisation de la valeur vers les march s financiers Les flux financiers internationaux qui servent de canaux d appropriation de la valeur produite dans les pays ext rieurs l OCDE sont class s par les organismes conomiques en quatre rubriques investissements directs investissements de portefeuille pr ts bancaires et aide publique au d veloppement il est entendu qu il s agit d une aide li e gt dont le pays donataire doit b n ficier en retour L examen sur plus de dix ans de la composition de ces flux montre la pr dominance ainsi que le degr plus lev de stabilit des flux comptabilis s sous la rubrique investissement direct Pourquoi les guillemets Parce que l examen attentif de cette rubrique montre que les op rations d achat d entreprises exis
57. autre m canisme financier est boursier Il concerne la contagion d une place financi re l autre des peurs des investisseurs financiers relatifs la p rennit du capital fictif d tenu en actions ou en obligations locales Les march s financiers mergents subissent alors les effets souvent destructeurs de la propagation de la suspicion du capital de placement du pays foyer vers tous les autres Depuis la lib ralisation financi re les pays subordonn s sont suspendus en permanence la menace de retrait des capitaux flottants C est l autre discipline proprement financi re de leur soumission au capital financier imp rialiste Rosa Luxembourg L accumulation du capital Editions Fran ois Maspero Paris 1967 chapitres 27 30 s Rudolf Hilferding Le capital financier 1910 Editions de minuit 1970 3 Les citations viennent du Capital livre III chap XXIII On notera que lorsque Marx utilise le terme autonome il n emploie pas les guillemets que nous tendons utiliser aujourd hui Voir Andr Orl an Le pouvoir de la finance Paris Odile Jacob 1999 ainsi que ma recension de ce livre dans L Ann e de la r gulation 2000 Editions La D couverte 2000 cOn trouvera les derniers chiffres dans World Bank World Development Finance 2002 Washington D C Voir World Investment Report 2002 United Nations Gen ve figure 1 7 Les ditions 1998 1999 et 2000 du rapport ontiennent les donn es
58. aux syst mes bancaires locaux enfin depuis la lib ralisation financi re des pays rebaptis s march s mergents flux transitant par leurs march s financiers lib ralis s Recourir simultan ment Marx et Hilferding Afin de saisir ces m canismes dans leur ampleur et leur diversit il est n cessaire de faire appel aux d finitions donn es tant par Marx que par Hilferding du capitaliste financier et du capital financier Lorsque Marx utilise le terme capitaliste financier il se r f re ceux les banquiers d affaires et autres chevaliers de la finance qui vivent de revenus provenant d op rations qui ont pour th tre la Banque et la Bourse Il nomme le capital de placement capital porteur d int r t ou encore forme moderne du capital argent gt Celle ci na t dit il lorsque une partie du profit brut se cristallise et devient autonome sous forme d int r t Alors le capital financier se pr sente comme une sorte de capital autonome et l int r t comme la forme ind pendante de la plus value qui correspond ce capital sp cifique Du point de vue qualitatif soulign dans l original l int r t est de la plus value obtenue par la simple possession du capital bien que son possesseur reste en dehors du proc s de production l int r t est donc produit par du capital retranch de son proc s Chez Hilferding le capital financier a un sens voisin mais
59. canisme fondamental en durcissant les formes de la concurrence au sein des pays imp rialistes Elle a pouss les entreprises fran aises restructurer et augmenter leur productivit par l automatisation la flexibilit de la main d uvre et les d graissages afin de baisser les prix autant pour r pondre un effondrement de la demande que pour am liorer la comp titivit sur les march s trangers Ces formes exacerb es de concurrence ont encore renforc le poids du ch mage selon une logique facile comprendre Chaque pays imp rialiste entend gagner contre le voisin coup d aust rit salariale Or comme tous en font autant et que les salaires des uns sont les d bouch s des autres on assiste un effondrement de la demande et un touffement de la croissance Telle est en particulier l origine de la r cession du d but des ann es quatre vingt dix qu il est videmment impossible d imputer la concurrence des pays du Sud En sens inverse les 10 millions d emplois cr s en Europe entre 1997 et 2001 ne sont videmment pas des emplois rapatri s du Sud L asym trie entre Nord et Sud fait que l exploitation des pays du Tiers Monde est un facteur assez secondaire dans la dynamique des pays capitalistes d velopp s Les raisons des succ s et des checs du capitalisme au centre ne d pendent pas principalement des ressources qu il peut tirer du Tiers Monde Cela n emp che videmment pas en sens inve
60. ciales Livre Ill tome VI p 341 Paul Bairoch Mythes et paradoxes de l histoire conomique La D couverte 1994 3 Edouard Bourcieu et Fran ois Benaroya Les grands groupes fran ais face la mondialisation Les Notes Bleues de Bercy n 196 et n 197 d cembre 2000 Thomas Coutrot et Michel Husson Les destins du Tiers Monde Nathan 1993 5 Cit par Gerard Greenfield The Success of Being Dangerous Resisting Free Trade amp Investment Regimes International Viewpoint n 326 2000 Robert Boyer Les mots et les r alit s in Mondialisation au del des mythes La D couverte 1997 pour un survol de ces th ories voir Christian Barsoc Les rouages du capitalisme La Br che 1994 http hussonet free fr rouages padf Pierre Bourdieu et Lo c Wacquant La nouvelle vulgate plan taire Le Monde diplomatique mai 2000 Michael Hardt et Antonio Negri Empire Exils 2000 14 Le coup de 1979 le choc de 2000 G rard Dum nil et Dominique L vy Un nouveau cours du capitalisme s est affirm depuis environ deux d cennies que l on d signe par le terme n olib ralisme Il se combine un autre processus ancien celui de la mondialisation dont il a d fini de nouvelles formes Mais le n olib ralisme renvoie bien d autres transformations une nouvelle discipline impos e aux travailleurs et aux gestionnaires de nouveaux flux financiers en faveur des institutions financi res et des classes dominantes
61. core plus vraie aujourd hui Finalement c est l absence de l gitimit le point 5 du fonctionnement actuel de l conomie globale qui repr sente l une de ses principales faiblesses Il y a trente ans Mandel 1970 se r f rait la loi du d veloppement in gal et combin pour montrer que l imp rialisme bien qu il unifie l conomie mondiale en un march mondial unique il ne constitue pas la soci t mondiale en un environnement capitaliste homog ne II conserve et renforce l extr me les diff rences entre soci t s C est encore plus vrai aujourd hui A peu pr s personne ne se risquerait nier que les diff renciations sociales ont augment entre pays et presque sans exception l int rieur des pays Dans la mesure o cette divergence croissante d ment le pronostic des avocats de la mondialisation on voit que le consensus social que le capitalisme appelle de ses v ux est hors de sa port e Ainsi mesure que le capital s internationalise des fonctions tatiques essentielles ne sont aujourd hui plus remplies ni par des Etats nations ni par des institutions internationales ou par la coop ration entre Etats La perspective la plus plausible est celle d une p riode prolong e de t tonnements visant redistribuer les responsabilit s et les t ches entre les diff rents niveaux national et international et par cons quent assortie de conflits entre int r ts divergents L issue d un
62. crimination syst matique qui p se sur elles dans l acc s aux moyens de production agricoles terre cr dit formation Le recul des cultures vivri res face aux cultures d exportation repr sente pour les femmes une catastrophe menace pour la s curit alimentaire pour l acc s la terre elles sont repouss es par les hommes vers des terres toujours moins fertiles alourdissement cons cutif de leur charge de travail la fois sur les terres dont elles ont l usufruit et parfois sur celles de leurs maris notamment en Afrique subsaharienne Bisilliat 1998 D une mani re plus g n rale dans toutes les r gions rurales du Tiers Monde leur position subordonn e dans la division sociale du travail agricole fait que la modernisation capitaliste de l agriculture se traduit par une d gradation de leur situation que se soit en terme d acc s la terre ou l emploi de revenu de charge de travail et de ma trise sur celui ci Agarwal 1985 Enfin l extension l chelle mondiale des rapports marchands renforce le syst me 38 prostitutionnel et les trafics d tres humains nouvelles formes d esclavage dont les femmes sont bien s r les premi res victimes Des volutions contradictoires Le caract re contradictoire des relations entre mondialisation et oppression des femmes appara t plus nettement dans les conomies du Tiers Monde En effet au del de la diversit des soci t s et des situations on peut noter que
63. d pas caduque la relation tablie entre la guerre et l imp rialisme par le marxisme du d but du vingti me si cle Il suffit par exemple de penser ce qui se passerait si la transformation capitaliste de la Chine sous le contr le de la bureaucratie du PC chinois au lieu d acc l rer les tendances centrifuges l uvre dans ce pays en venait menacer les Etats Unis sur le terrain de l conomie L ultra imp rialisme qui permettrait au capital de d passer ses contradictions tel qu il tait imagin par Kautsky n est s rement pas l ordre du jour La guerre conserve et accro t son r le dans la phase actuelle de mondialisation du capital Mondialisation du capital et militarisme La mondialisation du capital n entra ne pas une expansion du capitalisme d finie comme un largissement de la reproduction de la valeur l chelle plan taire Elle conduit plut t un accroissement des pr dations op r es par le capital dont les droits de propri t sur des actifs financiers lui permettent de percevoir des revenus financiers aussi bien que de s approprier les processus du vivant On ne produit pas trop de subsistance proportionnellement la population existante On en produit trop peu pour satisfaire d cemment et humainement la masse de la population C est cette contradiction que la mondialisation du capital a port un niveau in gal crasant la plupart des pays d Afrique et emportant au cours de
64. de commencent s organiser faire reconna tre leurs droits comme femmes travailleuses Ainsi alors m me que les firmes multinationales comptent sur l extension de la sous traitance et du travail domicile pour intensifier la surexploitation des travailleuses en Inde depuis le d but des ann es 1970 l Association des travailleuses ind pendantes SEWA s efforce de les organiser et de leur faire reconna tre le statut de salari es Verschuur 2000 Dans les maquiladoras mexicaines les salari es participent la lutte pour un syndicalisme ind pendant Valadez 1998 Deux cueils sont donc viter pour appr hender l volution de l oppression des femmes dans la mondialisation d un c t y voir une sorte de progr s lin aire et inconditionnel pour les femmes c est ce que fait la Banque mondiale qui instrumentalise la perspective de genre dans une optique lib rale la mondialisation offrant davantage d opportunit s l individu tout en continuant compter sur le travail gratuit des femmes pour adoucir les effets les plus brutaux de l ajustement structurel D un autre c t au nom de la lutte contre l imp rialisme et la marchandisation du monde envisager avec nostalgie des soci t s traditionnelles mythifi es en occultant leur dimension fondamentalement oppressive pour les femmes Pour sortir de ce dilemme il faut envisager les luttes des femmes comme partie prenante tous les niveaux des luttes contre la mon
65. de conqu rir d importantes parts de march dans des secteurs conomiques nombreux de provoquer la disparition des producteurs locaux et une fois en situation de monopole d augmenter les prix des produits import s Sur place inflation et augmentation du ch mage font alors des ravages sur les classes populaires Avec cette ouverture les productions trang res souvent subventionn es dans leur pays d origine arrivent alors sur le march local sans entraves et peuvent concurrencer librement les producteurs locaux ce qui d stabilise toute l conomie locale Le combat est largement d s quilibr Les producteurs locaux ont souvent un niveau de formation moindre un mat riel moins performant et ne sont pas en mesure de r aliser des investissements m me modestes Au contraire les multinationales ont des moyens tr s importants et les Etats du Nord subventionnent largement leurs productions surtout agricoles On estime 1 milliard de dollars par jour le montant des subventions des pays du Nord leurs exploitations agricoles De plus les Etats du Sud ne peuvent plus recourir des taxes l importation pour prot ger leurs produits Voil pourquoi malgr des frais de production plus lev s et des frais de transport cons quents les produits du Nord sont souvent moins chers dans les pays du Sud que les m mes productions locales Ainsi en 2000 le kilo de b uf lev en C te d Ivoire tait vendu 1205 FCFA Abidjan alors que
66. de l innovation technologique Ce mod le n a jamais vu le jour et c est configuration profond ment asym trique qui s est mise en place On assiste un r tablissement spectaculaire de l h g monie conomique des Etats Unis sans parler des dimensions politiques et diplomatiques et du r le de chef de guerre de l imp rialisme dominant Le tournant remonte l accord du Plaza de 1985 qui a ent rin une d valuation du dollar par rapport aux monnaies europ ennes et surtout au yen Depuis lors la supr matie des Etats Unis repose sur un afflux continu de capitaux en provenance du reste du monde qui lui a permis de financer la fameuse nouvelle conomie Ce montage est lourd de tensions et conduit r cuser le sch ma idyllique d une gouvernance mondiale relativement harmonieuse fond e sur un condominium de grandes puissances Ce que Hardt et Negri appellent Empire passe c t du creusement des contradictions interimp rialistes L unification europ enne se heurte de ce point de vue une difficult essentielle bauche d un Etat supranational est en retard par rapport la r alit du processus de mondialisation L absence de coh sion de l Union europ enne appara t chaque fois qu elle se trouve confront e aux Etats Unis Alors que ces derniers n h sitent pas recourir au protectionnisme ou faire pr valoir leurs int r ts de grande puissance l Europe est la seule jouer pleinement le jeu du libr
67. dialisation lib rale R f rences Agarwal Bina Women and Techological Change in Agriculture The Asian and African 40 Experience A Iftikhr Ahme dir Technology and Rural Women London George Allen amp Unwin 1985 extraits parus sous le titre Les femmes et la modernisation de l agriculture en Asie et en Afrique Cahiers genre et d veloppement n 2 Paris Gen ve 2001 Bisiliat Jeanne Les logiques d un refus Les femmes rurales africaines et les politiques d ajustement structurel Cahiers du Gedisst n 21 1998 Evers Barbara et Walters Bernard Extra Household Factors and Women Farmers Supply Response in Subsaharan Africa World development vol 28 7 2000 Hirata Helena et Le Doar H l ne Les paradoxes de la mondialisation Cahiers du Gedisst n 21 1998 Katz Elizabeth Gender and Ejido Reform Draft Report prepared for the World Bank Ejido Study 21 janvier 2003 Lim Y Joseph The effect of East Asian crisis on the employment of women and men the Philippine case World development vol 28 7 2000 Talahite Fatiha L emploi des femmes au Maghreb De l ajustement structurel au post ajustement Cahiers du Gedisst n 21 1998 Trat Josette Engels et l mancipation des femmes Friedrich Engels savant et r volutionnaire Labica Georges et Delbraccio Mireille dir Actuel Marx Confrontation PUF 1997 Treillet St phanie La r gression du salariat
68. dispositifs de type protectionniste garantissait jusqu un certain point l int grit de cette d termination nationale notamment par le contr le exerc sur les importations sous forme de contingentement ou de taxes A l int rieur des pays riches on avait des r gulations principalement nationales et la mise en contact se faisait travers un syst me de taux de change charg d assurer la communication entre les zones de production nationales C est dans ce cadre g n ral que des processus d industrialisation ont pu s enclencher en suivant le mod le dit de substitution d importations consistant prot ger le d veloppement d industries nationales justement en n exigeant pas d elles qu elles se portent imm diatement au niveau de productivit des pays les plus avanc s Certes ce mod le a fini par atteindre ses limites mais il avait une relative coh rence et c est cette strat gie que des pays comme la Cor e du Sud doivent leurs ind niables succ s contrairement aux analyses qui voudraient en faire les pr curseurs de l ajustement structurel Nous sommes aujourd hui dans un nouveau type de mod le caract ris par l ouverture totale non seulement aux mouvements de marchandise mais aussi aux flux d investissement C est pourquoi la plus belle d finition de la mondialisation est sans doute celle donn e par Percy Barnevik le pr sident du groupe suisse ABB c est la libert pour chaque soci t de
69. dont l extension incessante par les tribunaux repr sente une s rieuse atteinte la libert des populations Tous ces objectifs ne peuvent tre atteints sans l usage de la violence Les Etats Unis se trouvent au centre de la mondialisation du capital Le renforcement du militarisme observ au cours des ann es quatre vingt dix n est pas un suppl ment d me qui s ajouterait un fonctionnement conomique par ailleurs prosp re Mondialisation du capital et militarisme sont deux aspects d un m me ph nom ne organique comme dit Rosa Luxembourg et c est aux Etats Unis qu ils sont les plus interd pendants La puissance politico militaire a t un facteur d terminant dans les processus qui ont permis aux Etats Unis au cours des ann es quatre vingt dix et un rythme acc l r apr s la crise des pays d Asie 1997 de drainer vers ses places financi res le capital argent en qu te de placements dot s d une forte s curit 30 Finalement l conomie am ricaine a t atteinte par la r cession en 2000 II n est pas possible d en analyser ici les m canismes mais l important est de comprendre que si les Etats Unis sont au c ur de la mondialisation du capital ils sont galement au c ur de ses contradictions bien plus profondes que ne le mesurent les indicateurs utilis s pour qualifier une r cession Le d veloppement rapide de ces contradictions a donn tort ceux qui pensaient que les
70. e change et la porosit de son conomie la fragilise tandis que le cours de l euro est de fait d termin en fonction des int r ts de la strat gie des Etats Unis Conclusion les bases objectives d un nouvel internationalisme La loi du d veloppement in gal et combin est une formule qui convient finalement tr s bien au capitalisme contemporain La dialectique fractionnement int gration appara t en effet aujourd hui comme le mouvement principal de l conomie mondiale Avec l effondrement des soci t s bureaucratiques on peut dire que le capitalisme imprime sa marque l ensemble de la plan te sur laquelle il exerce sa domination peu pr s sans partage et sans gard pour les fronti res nationales Mais il a perdu sa capacit tendre en profondeur sa logique et il fonctionne comme une norme machine exclure plut t que d assimiler sa logique les couches sociales et les zones g ographiques il exerce un tri syst matique et rejette tout ce qu il ne r ussit pas int grer sa logique C est le ch mage et les exclusions dans les pays riches la croissance du secteur informel dans les pays pauvres En mettant en concurrence des formations sociales qui se situent des niveaux de productivit extr mement disparates il introduit la r gression sociale d un c t et touffe dans l uf tout progr s social de l autre L conomie mondiale capitaliste est donc entr e dans une phase d instabilit profonde
71. e contradiction On peut donc faire simultan ment les constats suivants 1 parce qu il existe une division sexuelle et sociale du travail les cons quences de la 37 38 mondialisation lib rale sur les hommes et les femmes ne sont pas les m mes 2 dans le m me temps on ne peut pas imputer directement la mondialisation lib rale tous les cas d aggravation de l oppression des femmes dans le monde aujourd hui dont certains ont des causes beaucoup plus complexes et souvent plus anciennes 3 enfin par sa nature m me la mondialisation lib rale bouleverse et d stabilise les rapports sociaux ant rieurs et les formes traditionnelles de domination Il faut bien comprendre que c est dans un m me processus contradictoire et dialectique que ces tendances se d ploient Lib ralisation et ajustement structurel des in galit s accrues La mondialisation lib rale et les politiques conomiques qui la relaient contribue aggraver la surexploitation et l oppression des femmes dans la plupart des cas On assiste dans le monde entier une f minisation de la pauvret au Nord les femmes forment la majorit des travailleurs pauvres en situation de sous emploi qui leur salaire ne permet pas de survivre Cette situation d j ancienne dans les pays anglo saxons est apparue depuis plusieurs ann es en France avec l extension du temps partiel tr s majoritairement f minin Les femmes forment galement
72. e d Etudes Marxistes La bourgeoisie classe dirigeante d un nouveau capitalisme Syllepse 2001 7 Une partie importante des programmes militaires am ricains dont le syst me de d fense antimissiles est directement dirig contre la Chine K Marx Le Capital Livre 3 Tome 1 Chapitre 15 les contradictions internes de la loi page 270 Selon les donn es du Bureau of Economic Analysis le taux de rentabilit du capital des entreprises a commenc baisser en 1997 Titre du dossier consacr par Business Week 20 Janvier 2003 au programme de r duction d imp ts propos par Bush 31 32 Mondialisation et cologie de l impasse l ouverture Jean Marie Harribey La fin du XX si cle a vu le capitalisme acc l rer sa financiarisation issue de la lib ralisation de la circulation des capitaux et de la d r gulation men e par les Etats et les institutions internationales Les politiques n o lib rales ont t engag es pour tenter de sortir de la crise de rentabilit qui avait clat la fin des ann es 1960 D sign par le vocable de mondialisation ce processus de financiarisation donnant un nouvel lan la concentration du capital a t facilit par un rapport de forces globalement favorable aux classes bourgeoises qui ont r ussi imposer partout aux salari s une pr carisation de leurs conditions de travail Au cours de la m me p riode sont apparus les signes d une crise cologique risquant de r
73. e mettait en place ce que nous appelons la finance une entit sociale hybride qui regroupe les grands propri taires capitalistes et leurs institutions Jusqu la fin des ann es 1920 cette finance joua un r le h g monique dans l conomie et plus g n ralement la soci t 2 La crise de 1929 et la r pression financi re La premi re h g monie de la finance culmina dans la crise de 1929 Bien que les m canismes de la crise aient t plus complexes la finance en fut rendue responsable Le New Deal consista en une intervention des cadres publics tendant soutenir la demande et diminuer la concurrence Sauv par l Etat qui prit en charge les cr ances douteuses le secteur financier fut encadr par un syst me d assurance et de r glementation La finance s en trouva selon l expression am ricaine r prim e C est cependant la Seconde Guerre mondiale qui sortit les Etats Unis de la d pression des ann es 1930 avec un r le accru de l Etat Les cadres d entreprises avaient acquis une plus grande autonomie ajoutant la menace pesant sur les propri taires La protection accrue du monde 16 du travail scella une forme de compromis entre les cadres et les autres salari s A la fin des hostilit s la finance per ut la menace A suivre von Hayek les limitations au jeu du capital allaient tous nous conduire vers l esclavage 3 Le compromis de l apr s guerre Au cours de la guerre l analyse de Keynes ouvrit la
74. e peuvent tre localis s n importe o Se loger se soigner se divertir se d placer voil autant de fonctions sociales que l on ne peut satisfaire que l o se trouve le consommateur Toutes ces r serves tant faites on peut alors pr ciser ce qu il y a dans la phase actuelle de mondialisation La tendance au march mondial L essence de la mondialisation r side dans la tendance la constitution d un march mondial Ce qu il y a de nouveau par rapport des tapes ant rieures c est que ce processus va beaucoup plus loin et tend la formation d un espace homog ne de valorisation Le travail socialement n cessaire ou encore pour adopter un langage plus moderne les normes de comp titivit et de rentabilit tendent s tablir directement l chelle mondiale De deux choses l une ou bien on s aligne sur les crit res d hyper rentabilit les fatidiques 15 de rendement que les investisseurs exigent ou bien on dispara t comme producteur C est ce qui distingue la mondialisation de l internationalisation Jusqu au d but des ann es quatre vingt on pouvait consid rer comme repr sentatif un mod le de l conomie mondiale o le mode de d termination du travail socialement n cessaire demeurait pour l essentiel national On avait donc un change in gal classique o les transferts de plus value prenaient la forme de rapatriement de profits par les firmes multinationales L ensemble des
75. e processus Pour appr hender cette complexit il faut revenir sur la sp cificit de l oppression de genre et sur ses modalit s particuli res d articulation avec le mode de production capitaliste Une oppression transversale tous les rapports sociaux L oppression de genre est transversale toutes les autres formes de domination et d exploitation dans les soci t s humaines Elle d passe en particulier les oppositions de classe mais elle traverse galement toutes les r alit s sociales collectives partis politiques syndicats associations ou communautaires ethniques nationales religieuses locales De plus elle est troitement imbriqu e la sph re du priv de l individuel et du quotidien ce qui rend la prise de conscience de son existence et a fortiori l mergence d un processus collectif d mancipation particuli rement difficile Enfin c est une oppression socialement construite qui produit une repr sentation id ologique de diff rences le plus souvent naturalis es renvoy es la sph re biologique ou la psychologie Par ailleurs l oppression de genre si elle n est pas apparue avec la propri t priv e des moyens de production ni avec le capitalisme s est articul e de fa on dynamique avec les diff rentes tapes de celui ci le capitalisme impliquant une s paration croissante des producteurs par rapport aux moyens de production et une s paration des sph res de production des marchandis
76. emettre en cause les conditions m mes de la vie sur la plan te Terre Cette crise rev t trois aspects qui se renforcent mutuellement En premier lieu le d veloppement conomique puise inexorablement bon nombre de ressources naturelles Les ressources nerg tiques d origine fossile dispara tront dans quelques d cennies sans que soit v ritablement mis en uvre un programme autre que nucl aire s orientant vers les nergies renouvelables Les ressources halieutiques sont galement menac es par des ponctions trop abondantes L eau devient une denr e rare dans les zones o l irrigation la d tourne pour des productions qui en sont trop gourmandes Les for ts tropicales se r duisent peu peu de m me que la diversit biologique En second lieu les pollutions se multiplient au point de rendre l air irrespirable dans les villes et l eau imbuvable dans les r gions o se pratiquent l agriculture et l levage intensifs Les mar es noires d ferlent d sormais intervalles presque aussi r guliers que les mouvements impos s par lattraction de la lune et du soleil sur les oc ans En troisi me lieu le r chauffement climatique d au renforcement de l effet de serre lui m me li aux rejets de gaz par les activit s agricoles industrielles et de transport est maintenant certain El vation du niveau des oc ans disparition de zones c ti res perturbations des r gimes de pluie et des courants oc aniques d sertification
77. er la pompe en partant des besoins satisfaire sur place et d lever simultan ment la productivit et le niveau de vie dans l ensemble de la soci t Si d veloppement il y a c est donc d un d veloppement in gal et tronqu qu il s agit Les clauses sociales un internationalisme tr s ambigu L id e fausse selon laquelle la concurrence des pays du Sud serait la cause du ch mage a conduit par glissements successifs mettre en avant le th me des clauses sociales L argumentaire consiste montrer que la concurrence de ces pays est d loyale parce qu ils exerceraient un dumping non seulement mon taire mais aussi salarial et social On leur reproche leurs bas salaires mais c est un faux proc s dans la mesure o c est le seul avantage comparatif dont ils peuvent b n ficier Cette priorit aux exportations encore une fois a t largement impos e aux pays du Sud avec la connivence des classes poss dantes locales et on ne peut ensuite leur reprocher de jouer le jeu avec les armes qui sont les leurs Ou alors il faut imposer aux multinationales de ne pas quitter un pays d s que les salaires y augmentent trop C est cette pression qui tire les salaires du Sud vers le vas et non une volont machiav lique d inonder les march s du Nord L id e de taxes compensatoires visant mettre niveau les co ts du travail l bas et ici est de ce point de vue particuli rement hypocrite D abord parce que ces carts ref
78. er les monopoles des tr s grandes firmes garantir leurs profits et cr er des obstacles pratiquement infranchissables toute tentative d industrialisation autonome des p riph ries L OMC est donc bien plus qu une institution charg e de r glementer le commerce mondial l OMC propose d unifier les r gles concernant la gestion des march s internes et celles concernant le march mondial de supprimer toute distinction entre elles au nom d un concept extr me de libre change Le r sultat ne peut tre qu une r organisation des syst mes productifs nationaux pour le plus grand avantage des plus forts c est dire du capital transnational Amin 2002 Cette r organisation n ob it pas aux exigences du d veloppement mais aux int r ts des tr s grandes firmes qui exigent un durcissement dans l asym trie des structures productives Les pays du Sud voudraient faire du cycle de Doha qui s est ouvert en novembre 2001 un v ritable cycle du d veloppement qui tiendrait mieux compte de leurs int r ts sp cifiques lls sont majoritaires au sein de l OMC et donc th oriquement capables d en modifier les r gles en leur faveur Certaines tentatives ont eu lieu en ce sens Ainsi en 1999 le groupe de repr sentants africains a tent de modifier certains articles particuli rement s v res de l Accord sur les droits de propri t industrielle et intellectuelle li s au commerce Ils ont notamment demand que les firmes priv es n aie
79. es effets combin s de la lib ralisation des changes et des mouvements de capitaux et des nouvelles technologies Ils usent de leur libert d action retrouv e pour faire peser sur leurs salari s la menace qui peut d ailleurs devenir effective de d localiser leurs sites de production vers les pays o la main d uvre est bon march et les salari s sont peu ou pas prot g s Les groupes industriels se servent aussi de la lib ralisation pour asseoir des r seaux d approvisionnement par sous traitance dans les pays o les co ts sont les plus bas Le pouvoir de march de monopole et de monopsone n de la concentration et de la centralisation du capital permet aux groupes de capter par le biais de contrats l onins des fractions de valeur produites par des firmes plus petites faible capacit de n gociation des prix Le grand groupe siphonne la valeur cr e dans d autres firmes autant ou plus qu il en produit dans ses propres murs L organisation des groupes en firmes r seau au plan interne comme au plan international cr e un brouillage entre le profit et la rente dans les r sultats des groupes Les petites firmes en ont fait partout les frais et leurs salari s en ont subi le poids plus que quiconque Il faut aussi souligner l importance des impacts de la concentration et de la centralisation du capital comme de la valorisation A A fond e sur la sp culation sur les march s de mati res premi res
80. es et de la reproduction de la force de travail c est lui qu on doit l invention du travail domestique sous la forme qu on conna t aujourd hui avec son assignation prioritaire voire exclusive aux femmes C est donc en tant qu tape particuli re du capitalisme que la mondialisation lib rale doit tre examin e dans ses relations avec l oppression de genre En provoquant une allure jamais rencontr e jusqu alors dans l histoire la fois l extension marche forc e des rapports de production capitalistes et la d stabilisation des anciennes hi rarchies notamment dans les pays domin s le mode de production capitaliste se met lui m me sans cesse en danger Ceci est encore plus vrai si on prend en compte la division sexuelle et sociale du travail qui fonde l oppression de genre le mode de production capitaliste tire parti de la gratuit de la reproduction de la force de travail pour augmenter le taux de plus value mais il a en m me temps un besoin vital de disposer d une arm e de r serve de pouvoir tout moment tendre massivement la salarisation On peut affirmer avec Hirata et Le Doar 1998 que la constitution d un march du travail flexible au niveau international o les femmes occupent une position strat gique par leur insertion tant dans le salariat que dans l informalit est l ordre du jour La question des cons quences de la mondialisation sur l oppression des femmes est au c ur de cett
81. et s cheresse d un c t et inondations de l autre en seront les cons quences d ici la fin du XXI si cle Il est craindre que dans un premier temps des fractions enti res de la population mondiale les plus pauvres soient litt ralement sacrifi es et qu ensuite la survie de l humanit enti re soit en jeu La conjonction de la crise sociale et de la crise cologique n est pas due au hasard Elles renvoient toutes les deux aux contradictions d un syst me qui bute d une part sur la difficult de faire produire et r aliser de la plus value une chelle toujours plus vaste et d autre part sur les limites mat rielles naturelles qu il lui faudrait sans cesse repousser pour garantir une accumulation du capital infinie Ces contradictions sont fortes puisqu elles sont autant de contraintes nouvelles par leur ampleur et leur simultan it pesant sur les conditions de reproduction du capitalisme mais elles n annoncent pas pour autant l ultime crise de celui ci D ailleurs la mondialisation peut tre consid r e comme le red ploiement op r par le capitalisme pour surmonter ses contradictions actuelles il s agit pour lui d tendre la sph re marchande en int grant toutes les forces productives du monde dans un march unique Le pari insens de la substituabilit En l tat actuel de la production et de la consommation tr s in galement r parties dans le monde nous d passons de 20 la surface b
82. europ enne vers les pays ACP taient assujetties des droits de douane Les pays ACP pouvaient donc exporter librement vers l Union europ enne tout en maintenant la protection de leur march int rieur de la concurrence de l Union Les accords de Cotonou ont remis en cause ce principe et cr six zones de libre change entre l Union europ enne et le CARICOM march commun des Cara bes la Coop ration de l Afrique de l Est EAC la communaut de d veloppement de l Afrique australe SADC l Union douani re et conomique de l Afrique centrale UDEAC l Union conomique et mon taire de l Ouest africain UEMOA et les pays ACP du Pacifique Ces six accords devraient devenir effectifs en 2018 2020 et concernent la quasi totalit des produits Plusieurs autres accords sont en cours de n gociation entre l Union europ enne et le Mercosur Br sil Uruguay Argentine Paraguay et Bolivie entre les Etats Unis et l ensemble des pays d Am rique Latine l exception de Cuba pour former le March des Am riques entre les pays membres de l APEC Association de coop ration conomique du Pacifique Il existe donc actuellement un nombre important d accords de libre change Nord Sud quels en sont les enjeux pour les pays du Sud 49 50 L objectif affich des accords de libre change Nord Sud est d int grer les pays du Sud dans le commerce mondial mais il ne s agit bien souvent que de faciliter le d veloppement des activ
83. eurs du trait de Maastricht en taient conscients Dans leur logique de construction d une Europe des march s lib rale ils ont voulu 46 commencer par la monnaie Du c t fran ais la volont tait nette de limiter la puissance allemande et la force du mark Ils n y ont pas vraiment r ussi L Allemagne est depuis l unification en 1992 puissance conomique et politique En 2003 elle a fait son entr e au Conseil de S curit de l ONU comme membre non permanent Elle revendique comme le Japon de faire partie des membres permanents qui ont droit de veto au m me titre que la France et la Grande Bretagne Cet Etat supranational pour se trouver accept par les populations devrait comme ce fut le cas pour la renaissance de l Etat fran ais au moment de la Lib ration proposer un mod le social et un mod le politique qui tournerait le dos aux politiques d inspiration lib rale Or elles sont n cessaires du point de vue des capitalistes des grandes firmes transnationales pour augmenter durablement leur profitabilit en int grant l imp ratif de la comp titivit obligeant baisser toujours plus le prix de vente et donc le co t du travail pour gagner des parts du march mondial Le lib ralisme se traduit par la d r glementation en particulier sur les terrains financiers et du droit du travail Elle a t men e la fois par les Etats nations qui pour ce faire n avaient pas besoin des crit res de con
84. ib raux PUF 2000 avec Dominique L vy Jean Marie Harribey harribey montesquieu u bordeaux fr conomiste Universit Bordeaux IV La D mence s nile du capital Fragments d conomie critique Editions du Passant 2002 Michel Husson hussonet f ree fr Le grand bluff capitaliste La Dispute 2001 Dominique L vy dominique levy cepremap ens fr CEPREMAP ENS Crise et sortie de crise Ordre et d sordres n olib raux PUF 2000 avec G rard Dum nil Gustave Massiah cedetim globenet org conomiste membre fondateur du Cedetim De l ajustement structurel au respect des droits humains in Attac Une conomie au service de l Homme Les Milles et une nuits Paris 2001 Claude Serfati Claude Serfati c3ed uvsq fr Enseignant chercheur en conomie Regards critiques sur la mondialisation diteur Editions Octares 2003 La mondialisation arm e Le d s quilibre de la terreur Edition Textuel 2001 Eric Toussaint cadtm skynet be historien et politologue pr sident du CADTM Comit pour l Annulation de la Dette du Tiers Monde La Finance contre les Peuples La Bourse ou la Vie CADTM Syllepse CETIM Bruxelles Paris Gen ve 2003 Sortir de l Impasse Dette et Ajustement CADTM Syllepse 2002 50 Questions 50 R ponses sur la dette le FMI et la Banque mondiale CADTM Syllepse 2002 St phanie Treillet treillet univ mlv fr ma tre de conf rences en conomie L conomie du d veloppement 2002
85. ient dans la non quivalence du temps biologique et du temps conomique Les processus de constitution et d volution des cosyst mes chappent tout horizon humain En conomie le taux d actualisation est le moyen d int grer le temps dans le calcul en exprimant la pr f rence du pr sent au futur Appliqu e la gestion des l ments naturels la notion d actualisation attribue ceux ci une valeur future inf rieure leur valeur actuelle l int r t des g n rations venir qui les utiliseront est donc sacrifi Le d veloppement durable du capitalisme Tous les pays membres de l ONU ont adh r au d veloppement soutenable ou durable un d veloppement qui r pond aux besoins du pr sent sans compromettre la capacit des g n rations futures de r pondre aux leurs CMED 1987 Il doit concilier trois imp ratifs d ordre conomique celui de la croissance d ordre social celui de la r duction de la pauvret et d ordre cologique celui de la pr servation des cosyst mes Leur ordre de pr sentation n est pas neutre la poursuite de la croissance conomique est consid r e comme une condition n cessaire de la r ussite des deux autres en tout temps et en tout lieu Le concept de d veloppement durable est donc ambigu Fond au d part sur l id e que le d veloppement se diff rencie de la croissance par des am liorations qualitatives en termes de bien tre humain il aboutit faire de la croissance
86. iologiquement productive dont nous disposons pour ne pas d grader irr m diablement la plan te Si la consommation moyenne occidentale tait tendue tous les habitants de la terre elle n cessiterait plusieurs plan tes Comme il est hors de question d exclure une fraction de l humanit de la Terre le mode de vie du Nord 32 d velopp est insoutenable long terme Les conomistes lib raux r torquent que si l on utilise les rentes de raret ajout es aux prix de march pour investir dans du capital de substitution le progr s technique permettra toujours de remplacer les ressources puis es En pariant sur la substituabilit entre l ments techniques et naturels les lib raux nient toute compl mentarit et ignorent la notion de facteur limitant qui signifie que lorsqu un l ment essentiel manque un ensemble c est ce dernier qui ne peut exister Face aux catastrophes cologiques l autre parade des d fenseurs du capitalisme consiste analyser ces effets pervers du d veloppement comme des dysfonctionnements du march qu il faut corriger Les conomistes parlent leur propos d externalit s n gatives dont l origine est attribu e par les lib raux l absence de droits de propri t sur les biens naturels et donc l impossibilit de leur affecter un prix de march traduisant leur raret relative ou de calculer leur co t en travail puisque ces biens ne sont pas produits par l homme Au lieu de
87. it s productives commerciales et financi res des firmes originaires des pays du Nord dans les pays du Sud Ces derniers ne sont videmment pas dupes s ils signent de tels accords c est pour maintenir ou cr er des relations commerciales privil gi es avec les pays du Nord Ils n ont pas d autre choix que de se retrouver isol s face au protectionnisme unilat ral des pays du centre Par exemple si les pays ACP n avaient pas sign les accords de Cotonou ils se seraient retrouv s face au protectionnisme de l Union europ enne dont le march repr sente le premier d bouch pour leurs exportations Accepter d ouvrir leurs march s tait la condition pour qu ils puissent continuer exporter sans droit de douane vers l Europe Cette ouverture des march s du Sud n est pas sans risque En effet la concurrence des produits du Nord sur les march s des pays du Sud vu les carts de rentabilit de productivit de comp titivit et de d veloppement technologique peut entra ner la disparition de la production domestique des pays du Sud Elle est en effet suffisamment rentable pour tre vendue sur le march national mais insuffisamment comp titive pour tre export e sur les march s trangers et notamment ceux du Nord Elle n est donc pas en mesure de faire face la concurrence des produits du Nord sur son propre march national apr s l ouverture commerciale C est ce que Michel Husson 2001 appelle l effet d viction Apr s l
88. ital transnational Les accords de libre change Nord Sud Le premier accord de libre change Nord Sud a t l ALENA Association de libre change Nord Am ricain sign en 1993 entre le Canada les Etats Unis et le Mexique entr en vigueur le 1er janvier 1994 En 1995 l Union europ enne a sign les accords de Barcelone Euromed avec douze pays du pourtour m diterran en Ces accords ne portent pour l instant que sur les produits industriels les produits agricoles et le dossier sur l immigration sont en attente L Union europ enne a impos une n gociation bilat rale avec chaque pays pour viter toute possibilit de coalition Six accords sont d j entr s en vigueur Malte Chypre Tunisie Turquie Isra l et Maroc Trois autres sont encore en cours de n gociation Alg rie Liban et Syrie tandis que le processus est interrompu avec trois autres pays Egypte Jordanie et Palestine En 1998 l Union europ enne signe un accord avec l Afrique du Sud puis en 1999 avec le Mexique et plus r cemment avec le Chili En mai 2000 les accords de Cotonou sont sign s entre l Union europ enne et 71 pays d Afrique des Cara bes et du Pacifique ACP Ces pays b n ficiaient depuis 1975 des accords de Lom qui reconnaissaient le principe de non r ciprocit Ainsi 98 des produits industriels et 95 des produits agricoles des pays ACP pouvaient entrer en Europe sans droit de douane En sens inverse les exportations de l Union
89. ivent accro tre leurs exportations et r duire les cultures vivri res destin es l alimentation des populations comme le manioc ou le mil par exemple Ils se sp cialisent g n ralement sur un ou quelques produits agricoles d exportation une ou quelques mati res premi res extraire du sous sol ou des activit s primaires comme la p che Ils deviennent alors fortement d pendants de cette ressource ou de cette monoculture L instabilit des conomies s en trouve accrue car les cours sur le march mondial peuvent s effondrer soudainement En tr s grande majorit les mati res premi res sont export es sous forme brute et transform es dans les pays riches qui engrangent alors l essentiel de la valeur ajout e pour sch matiser le cacao est produit en C te d Ivoire mais le chocolat est fabriqu en Suisse ou en France Au Mali sur les 500 000 tonnes de coton r colt es chaque ann e seul 1 est transform localement Enfin pour tenter d accro tre la production des terres sont souvent gagn es sur la for t avec toutes les cons quences cologiques de la d forestation notamment une forte rosion des sols et de multiples atteintes la biodiversit L ouverture totale des march s par la suppression des barri res douani res Le but officiel de l ouverture des march s est de favoriser les consommateurs en faisant baisser les prix sur le march local Mais cela permet avant tout aux multinationales trang res
90. l tent des carts de productivit Ensuite parce que l institution d une telle taxe revient interdire purement et simplement les importations du Tiers Monde Si leur prix est gal aux productions locales pourquoi aller leur acheter Ce discours social fait cho des intentions louables mais il habille un point de vue classiquement protectionniste l gard des plus faibles Un pas de plus est franchi lorsque l on met en avant l id e de clauses sociales qualitatives dont le non respect devrait entra ner des sanctions commerciales Il faut pour commencer absolument r cuser le terme de clauses sociales parce qu il fait r f rence aux termes d un trait et que la d fense des droits l mentaires ne peut avancer seulement par un addendum au Trait de Marrakech instituant l OMC La question n est donc pas de savoir s il faut ou non d fendre les droits des travailleurs et la d mocratie tout court travers le monde mais de savoir quels sont les bons outils pour le faire Avec la notion de clause sociale telle qu on voudrait nous la vendre aujourd hui il s agit de s en remettre l OMC et m me de lui subordonner l Organisation Internationale du Travail OIT comme si le Code du Travail tait du ressort du Tribunal de Commerce Mieux vaut donc parler de normes sociales en r f rence aux conventions de l OIT dont une bonne partie ne sont d ailleurs m me pas ratifi es par les Etats Unis pourtant ardents d fenseur
91. la construction de ce que Samir Amin appelle le sovi tisme Elle s appuie sur une gestion agressive et criminelle de la crise de la dette Le front des non align s s est effondr et une dizaine d ann es apr s en 1989 c est au tour de l Union Sovi tique La mondialisation se traduit par l ajustement de chaque soci t au march mondial par la mont e des in galit s entre le Nord et le Sud et dans chaque pays par la pr carisation dans les soci t s du Nord et l explosion de la pauvret dans les pays du Sud La reprise en mains n est pas seulement conomique elle est aussi militaire Le g nocide au Rwanda montre jusqu o peuvent entra ner les manipulations des repr sentations ethniques L Union Europ enne a tout subordonn l ouverture l Europe de l Est d une part et la logique de l Organisation Mondiale du Commerce de l autre Malgr le discours de Cancun sur le Sud la continuit des int r ts et des r seaux a vite repris le dessus La mani re dont sont trait s les sans papiers les d livrances de visas les normalisations des foyers a malheureusement montr quel point la France reste marqu e par sa culture coloniale La gauche d fend farouchement les avantages suppos s de l imp rialisme fran ais Elle banalise et l gitime un syst me honteux Penser que dans l affaire Elf en France on a beaucoup glos sur les bottines de Roland Dumas mais que lon ait consid r que la question du r le d
92. la d cennie quatre vingt dix les pays mergents d Asie et d Am rique latine dans la crise L Etat a toujours jou un r le majeur dans ce processus d expropriation des producteurs par le capital non seulement dans la phase dite d accumulation primitive mais galement lors des conqu tes coloniales dont l objectif tait de soumettre les peuples et les territoires de la plan te la domination du capital La violence des Etats est plus que jamais n cessaire aujourd hui aux antipodes des mystifications qui associent les march s et le libre change la paix et la d mocratie La mondialisation du capital s accompagne d un processus de marchandisation que l on peut d finir comme l extension des espaces o le capital peut mettre en place ses droits de propri t Telle est en effet la condition pr alable l existence de march s dont l objectif et l effet sont d une part d accro tre la d pendance des producteurs en les rendant plus libres c est dire plus contraints de travailler pour le capital et d autre part d asservir de nouveaux groupes sociaux en particulier dans les pays domin s Ces espaces ne sont pas seulement des territoires g ographiques ce sont de nouveaux domaines d appropriation priv e tels que la biosph re march s des permis de droits polluer les processus du vivant brevets sur les semences etc et de fa on croissante les droits de propri t intellectuelle
93. le FMI a pris l habitude de remplir ce r le les cr anciers n h sitent pas prendre des risques de plus en plus lev s dans leurs op rations financi res en sachant qu en cas de d faut de paiement le FMI sera l pour les renflouer en tant que pr teur en dernier ressort La contrepartie est un alourdissement important de la dette ext rieure du pays en question Les th rapies de choc impos es par les plans d ajustement structurel L abandon des subventions aux produits et services de premi re n cessit pain riz lait sucre combustible etc Dans les PED pour pallier l absence de revenu minimum garanti les gouvernements interviennent traditionnellement pour maintenir un prix abordable pour les plus 42 d munis la nourriture de base ainsi que d autres biens et services vitaux Le FMI et la Banque mondiale exigent la suppression de cette forme de subvention Les populations les plus pauvres en ressentent les effets imm diatement Les prix des aliments de base augmentent et le prix du combustible qui sert notamment leur pr paration explose Les populations ont alors d normes difficult s pour la cuisson des aliments d une part et pour faire bouillir l eau et la rendre potable d autre part ce qui peut favoriser l expansion du chol ra Ce fut le cas au P rou apr s l application du PAS par le pr sident Alberto Fujimori en 1991 De plus le prix des transports en commun augmente en fl che ce qui se r percu
94. le b uf europ en import tait vendu 1035 FCFA gr ce aux subventions Pourtant la production le b uf europ en co tait 1740 FCFA 44 La lib ralisation de l conomie notamment l abandon du contr le des mouvements de capitaux et la suppression du contr le des changes Elle vise ouvrir totalement les conomies des PED aux investissements aux produits et services des multinationales des pays les plus industrialis s afin de r pondre aux desiderata des dirigeants de multinationales produire ce qu ils veulent o ils veulent dans les conditions d finies par eux et aux salaires fix s par eux La lib ralisation a aussi pour but de supprimer tout obstacle au rapatriement de profits par les multinationales du Nord implant es dans les PED A titre de comparaison ces rapatriements taient en 2001 peu pr s du m me montant que l aide publique au d veloppement APD des pays du Nord parfois sous forme de pr ts qui alourdissent encore la dette En somme le Nord donne chichement d une main ce qu il r cup re au d cuple de l autre Signalons aussi que l APD quivaut galement aux sommes conomis es mois apr s mois et envoy es par les migrants dans leur pays d origine essentielles la survie sur place Enfin la lev e de tout contr le sur les mouvements de capitaux permet aux riches des PED de d localiser leurs capitaux vers les pays du Nord au lieu de les investir dans l conomie locale La lib rali
95. m ne de la mondialisation consiste dire qu il y a en fait peu de groupes vraiment multinationaux qui n aient pas une appartenance nationale qui ne b n ficient pas d aides publiques ou ne disposent pas d une source de financement exclusivement centr e sur des capitaux qui appartiennent un ensemble national Les march s comptent aussi comme le montre une tude r cente r alis e au Minist re de l Economie partir d une base de donn es d taillant les filiales des 750 plus grands groupes mondiaux Elle tablit que les multinationales sont en g n ral les mieux implant es dans leur pays d origine Dans le cas de la France 77 des effectifs des groupes multinationaux pr sents dans notre pays appartiennent des groupes fran ais 12 des groupes europ ens et 11 des groupes d autres nationalit s Ces r serves ne sont pas inutiles car il est n cessaire de relativiser les discours sur les d localisations et sur l extraterritorialit de la production On insiste souvent sur les possibilit s offertes par les nouvelles technologies de d placer les lieux de production Les exp riences de travail distance dans les pays du Tiers Monde sont mont es en pingle mais ces mouvements sont beaucoup moins marqu s que ne l annon aient certaines proph ties grand spectacle parce que d autres facteurs entrent en ligne de compte On insiste sur la mont e de la relation de services et justement ceux ci n
96. mer simultan ment leurs t ches m nag res et ducatives en l absence de cr ches ou m me d coles et dans les pays o existe une tradition d enfermement comme en Asie du Sud assure une conciliation de l ordre capitaliste et de l ordre patriarcal charg lui m me d assurer la discipline industrielle Des potentialit s de luttes En d pit de tout cela les l ments d instabilit introduits par la mondialisation peuvent contribuer faire voluer le statut des femmes dans la famille m me de fa on limit e De nombreux exemples montrent que c est le cas en Am rique latine lorsqu elles sont les seules dans un m nage conserver un travail r mun r En Inde l expansion de l industrie de la chaussure dans une ville du Tamil Nadu depuis les ann es 1980 avec le recrutement d une main d uvre f minine jeune importante conduit des bouleversement par rapport aux traditions mixit au travail et brassage social qui remet en cause la division en castes libert plus grande de circulation dans l espace public pour les jeunes filles qui parviennent ainsi retarder l ge de leur mariage voire ne plus le consid rer comme un avenir in luctable Venou 1999 Mais surtout l entr e massive des femmes dans le salariat m me flexible m me pr caire et plus g n ralement dans activit conomique r mun r e hors de l espace domestique leur ouvre dans ces conditions extr mement difficile la possibilit
97. mon groupe d investir o et quand elle veut de produire ce qu elle veut d acheter et de vendre ce qu elle veut tout en supportant le moins de contraintes possibles en raison de la l gislation sociale Le passage de l internationalisation la mondialisation peut donc d interpr ter comme la tendance l tablissement de prix mondiaux et la g n ralisation d un processus de p r quation des profits l chelle mondiale Formellement cette tendance prend la forme de ce qu il est convenu d appeler financiarisation mais les transformations essentielles ont lieu du c t de la production avec un degr suppl mentaire de concentration et de centralisation des capitaux et la constitution d oligopoles transnationaux L tablissement de normes internationales vient peser sur la d termination du travail socialement n cessaire l chelle nationale de mani re contradictoire Elle ne s y substitue pas enti rement mais vient bouleverser la relative homog n it qui pouvait exister au moins en dynamique Enfin ces tendances n auraient pas pu se d velopper pleinement si elles n avaient pas t assorties de politiques n olib rales destin es faire sauter toutes les barri res s y opposant L AMI Accord multilat ral sur l investissement fournit un exemple r cent et particuli rement significatif il n avait en effet d autre fonction que d liminer les derniers obstacles la circulation des capitaux et traduisait au
98. mune des pays de l UE pour parler d gal gal avec les Etats Unis Il faudrait une politique commune de d fense pour atteindre une cr dibilit et se faire entendre au niveau international Elle permettrait PUE d exister sur le terrain diplomatique Cette politique aurait des r percussions sur la capacit des gouvernements europ ens mener une politique r pressive vis vis de leur propre classe ouvri re Il est d ores et d j question d unifier le mandat d arr t de faire collaborer les polices pour contr ler les mouvements sociaux sous pr texte de lutte contre le terrorisme th me internationalis depuis les attentats du 11 septembre 2001 Le mouvement ouvrier devrait laborer des r ponses au niveau europ en pour forger des alternatives aux restructurations politiques sociales conomiques en cours Dans le m me temps o la lutte des classes continue de se mener dans chacun des Etats nations les convergences et les solidarit s devraient se construire pour faire avancer durablement les conqu tes sociales au niveau europ en Cela concerne particuli rement la d fense et l largissement des services publics qui sont partout dans l il du cyclone L euro comme monnaie unique L euro devenue monnaie sonnante et tr buchante pose une question principale celle de la naissance d un Etat supra national devant logiquement accompagner la monnaie unique Elle en a besoin pour appara tre l gitime Les n gociat
99. n mondial dominante financi re La Pens e 309 1997b Friedman Thomas The Lexus and the Olive Tree Understanding Globalization New York Ferrar Straus Giroux 1999 Gowan Peter The Globalization Gamble The Dollar Wall Street Regime and Its Consequences London amp New York Verso 1998 Held David McGrew Anthony Goldblatt David et Perraton Jonathan Global Transformations Politics Economics and Culture Stanford Stanford University Press 1999 Mandel Ernest The Laws of Uneven Development New Left Review n 59 1970 Mandel Ernest Late Capitalism Verso 1972 Traduction fran aise Le troisi me ge du capitalisme Les Editions de la Passion 1997 Murray Robin The Internationalization of Capital and the Nation State New Left Review n 67 1971 Robinson William et Harris Jerry Towards A Global Ruling Class Globalization and the Transnational Capitalist Class Science amp Society n 1 2000 Rodrik Dani Feasible Globalizations Harvard University May 2002 http ksghome harvard edu drodrik academic ksg Feasible pdf Rowthorn Bob Imperialism in the Seventies Unity or Rivalry New Left Review n 69 1971 Ruigrok Winfried et Van Tulder Rob The Logic of International Restructuring London amp New York Routledge 1995 Van der Pijl Kees Transnational Classes and International Relations London amp New York Routledge 1998 Went Robert
100. national europ en est la condition sine qua non pour faire exister une classe de capitalistes europ ens en m me temps qu il est une forme de r ponse au processus de mondialisation lui m me Cette gouvernance exprime bien le double besoin de politiques concert es lib rales et d une forme d Etat plus autoritaire pour imposer la remise en cause de l Etat social forme d Etat n e apr s la fin de la seconde guerre mondiale Les attaques n ont pas encore t assez profondes L Etat social bien qu en recul et en crise sous les coups de butoir du lib ralisme reste encore pr sent les capitalistes ont besoin de le faire exploser 48 Des institutions au service des puissances imp rialistes les accords de libre change Nord Sud et l OMC Odile Castel Les tr s grandes firmes sont devenues des acteurs puissants du capitalisme mondialis Elles ne d finissent plus leur strat gie de d veloppement dans les cadres nationaux o elles sont implant es et leurs d cisions strat giques ont aujourd hui une dimension mondiale qui transcende les fronti res nationales Cette mont e en puissance a transform les relations internationales en les faisant passer d une logique g opolitique une logique g o conomique Jacquet 1996 o le politique se met au service du capital transnational Les pays imp rialistes interviennent activement pour mettre en place des institutions march s de libre change OMC etc au profit de ce cap
101. ndialisation et n olib ralisme tient en premier lieu ce que la mondialisation sert assez naturellement de 10 levier et de pr texte aux politiques n olib rales Par cons quent loin d tre comme on ne cesse de le r p ter la cons quence fatale de la croissance des changes ext rieurs la d sindustrialisation la croissance des in galit s et la contraction des politiques sociales r sultent de d cisions de politique int rieure qui refl tent le basculement des rapports de classe en faveur des propri taires du capital L enjeu de cette discussion est vident En effet si l on pense que les forces du march s imposent d sormais des Etats peu pr s impuissants alors il est vain de s adresser eux et dans ces conditions mieux vaut se r signer l impossibilit d une autre politique Cette mani re de pr senter la mondialisation comme un m canisme inexorable entra ne un sentiment d impuissance Il faut donc introduire d importantes nuances quant aux transferts r els de souverainet Ainsi en Europe la Commission de Bruxelles est souvent pr sent e comme une entit supranationale qui imposerait ses volont s aux Etats Pourtant en l tat actuel des choses la Commission demeure la r union de commissaires d sign s par les gouvernements europ ens son autonomie politique reste relativement r duite La pr sentation inverse a videmment l avantage pour chaque gouvernement de se d dou
102. ndialisation ne sont pas les faux frais in vitables de la modernit La mondialisation est capitaliste elle r pond des int r ts sociaux extr mement troits elle creuse partout les in galit s dresse d infranchissables obstacles ce d veloppement durable dont tout le monde pourtant se r clame elle refuse ouvertement la satisfaction de besoins sociaux prioritaires Voil ce que les contributions rassembl es dans ce Cahier s attachent d montrer d une mani re rigoureuse en s appuyant sur une th orie marxiste r actualis e Elles couvrent les diff rentes dimensions de la mondialisation dette Europe institutions finance politiques et int r ts sociaux cologie n o colonialisme militarisme et oppression des femmes Les auteurs et leurs derni res publications Nicolas Beni s nbenies wanadoo fr conomiste Triade Co t humain du social lib ralisme in Eric Toussaint et Arnaud Zacharie dir Le bateau ivre de la mondialisation Syllepse 2000 Odile Castel Odile Castel univ rennes1 fr conomiste Universit de Rennes1 Le Sud dans la mondialisation quelles alternatives La D couverte 2002 Fran ois Chesnais chesnaisf aol com Que se vayan todos Le peuple d Argentine se soul ve Nautilus 2002 avec Jean Philippe Div s G rard Dum nil dumenil u paris10 fr directeur de recherche CNRS MODEM CNRS Universit de Paris X Nanterre Crise et sortie de crise Ordre et d sordres n ol
103. ne consacre que 10 de ses revenus de tels achats l imp t pr lev via la TVA repr sente 1 8 de ses revenus le reste de ses revenus pouvant tre plac et non tax Des privatisations massives des entreprises publiques donc un d sengagement de l Etat des secteurs de production concurrentiels La privatisation forc e des entreprises publiques consiste souvent en une vente prix brad s dont profitent les multinationales du Nord et quelques proches du pouvoir Les sommes r colt es par la privatisation vont directement au remboursement de la dette C est pr s d une centaine de PED qui ont accept ou ont d se r soudre signer un programme d ajustement structurel avec le FMI En cons quence leur degr de subordination par rapport aux pays capitalistes les plus industrialis a fortement augment par rapport la p riode 1960 1980 45 46 L Union Europ enne dans le processus de mondialisation Nicolas Beni s Ils crient l Europe l Europe en sautant comme des cabris avait dit le G n ral de Gaulle qui voulait toute force faire pr valoir la Nation Pourtant l Europe existe Pour ou contre n a plus aucun sens Le March Commun construction hydride a permis la constitution d institutions europ ennes La Cour de Justice de Luxembourg a r ussi par des coups de force accept s par les Etats membres et leurs juridictions imposer une jurisprudence europ enne au dessus des jurisprudences nation
104. nt plus le droit de d poser de brevets sur les micro organismes Ce m morandum fut class sans suite comme tant contraire la libert du commerce Ziegler 2002 Le secr tariat des 15 qui op re comme un secr tariat officieux du Groupe des 77 avait appel refuser l extension du champ des n gociations la lib ralisation des services notamment financiers et l agriculture Mais la conf rence de Doha les pays concern s ont finalement recul abandonnant les positions de principe adopt es Seattle alors qu aucun changement n tait intervenu du c t des pays du Centre Samir Amin explique ce recul par le chantage des diplomaties du G7 qui n est pas avec nous l OMC est avec les terroristes Amin 2002 Pourtant ces tentatives chouent toutes Plusieurs raisons peuvent tre avanc es pour expliquer ces checs La premi re est l absence d unit des pays du Sud Ben Hammouda 2002 notamment l OMC o leurs prises de position sont m me souvent contradictoires Les pays interm diaires ont des positions proches de celles des pays du Nord alors que les pays les moins avanc s PMA votent comme leur mentor C est ainsi que la plupart des pays d Am rique Latine votent comme les Etats Unis et que les pays ACP votent comme l Union europ enne Une seconde raison est l absence d institutions solides capables de d fendre l int r t g n ral des peuples des pays du Sud et de tenir leur r le dans les espaces
105. ntribue dicter une jurisprudence en mati re de droit international Enfin avec la cr ation de l Organisation Mondiale du Commerce OMC un nouveau pas est franchi puisque cet organisme ne se contente pas de commenter et de conseiller mais dispose de fonctions de contr le de l accord de Marrakech avec la cl la possibilit de sanctions Avec cet accord qui prolonge le GATT on voit se dessiner une juridiction internationale qui aura par exemple la capacit de d clarer hors la loi un Etat prenant des mesures protectionnistes jug es contraires au Trait II est absolument n cessaire de comprendre la port e d un changement qualitatif aussi important qui verrouille consid rablement les politiques nationales possibles On ne peut pas pour autant en inf rer l existence d un gouvernement mondial d j constitu et directement plac au service des multinationales qui dicterait un ordre international et disposerait de ses propres institutions comme le FMI la Banque mondiale ou l OMC On aurait l une sorte de super Etat certes incomplet mais qui d j r genterait l ensemble des Etats nations La mondialisation constituerait pour reprendre l expression de Kautsky un ultra imp rialisme Ce point de vue est r pandu dans les mouvements sociaux dans les organisations non gouvernementales ONG ou les mouvements de solidarit avec le Tiers Monde Il para t en effet tr s radical et tr s critique puisqu il d nonce le pouvoir
106. onnent d embl e par rapport au march mondial et entretiennent entre elles des relations complexes de concurrence mais aussi d accords de coop ration notamment dans la recherche technologique Ce processus tend introduire une dissociation sp cifique entre Etat et capital il ny a plus de correspondance exacte entre l horizon mondial du capital et la logique nationale ou r gionale de l Etat La carte des capitaux ne recouvre plus celle des Etats Cette tendance est cependant loin d tre achev e et dans le cas de puissances conomiques comme le Japon les Etats Unis et l Allemagne la coordination entre l Etat et les grands groupes reste active En m me temps le fonctionnement des Etats bourgeois se transforme Les politiques de d r glementation les privatisations la r duction de l Etat providence un minimum social conduisent r tr cir l Etat capitaliste et en faire un organisateur du march plut t qu un intervenant direct Mais l encore le mouvement est graduel notamment en raison des r sistances sociales une r gression difficile l gitimer Il existe donc des rapports troits entre mondialisation et n olib ralisme mais il ny pas pour autant identit On pourrait tr s bien imaginer par exemple la mise en uvre de politiques n olib rales men es l int rieur d un cadre national et qui s accompagnerait de protectionnisme l gard du march mondial L imbrication r cente entre mo
107. order un avantage commercial des pays du Sud sans que ces pays soient oblig s d accorder le m me avantage au pays du Nord principe de traitement diff renci un pays du Nord pouvait accorder un avantage commercial des pays du Sud sans l accorder l ensemble de ses partenaires notamment ceux du Nord Ce principe tait mis en uvre dans le cadre du Syst me de pr f rences g n ralis es SPG et s opposait au principe dit de la nation la plus favoris e le principe de gradation les droits et obligations appliqu s aux pays du Sud d pendaient de leur niveau de d veloppement mesur par le PIB Cette dualit des normes entre pays du Nord et pays du Sud en faveur des pays du Sud a pris fin en 1986 avec le lancement du cycle de n gociation de l Uruguay qui d boucha en 1995 sur la cr ation de l OMC On est pass d un traitement diff renci et plus favorable pour les pays du 50 Sud un traitement sp cial qui porte uniquement sur les d lais les pays du Sud b n ficiant de d lais plus longs pour se mettre en conformit Les droits et obligations appliqu s aux pays du Sud sont dor navant les m mes exactement que ceux appliqu s aux pays du Nord Abbas 1999 L OMC a t con ue pour renforcer les avantages comparatifs du capital transnational et leur donner une l gitimit Par exemple les droits de propri t industrielle et intellectuelle ont t formul s de mani re p rennis
108. ourtant permis de penser qu un tel choix n est pas justifi et que les deux autres mod les possibles ne peuvent tre exclus et qu ils sont m me tout aussi plausibles On peut d abord examiner le sc nario du super imp rialisme autrement dit une configuration o une grande puissance imp rialiste unique d tient une h g monie telle que les autres Etats imp rialistes perdent toute autonomie r elle son gard et sont r duites au statut de puissances semi coloniales mineures Mandel 1972 On pense ici au r le de puissance h g monique que pourraient jouer les Etats Unis Compte tenu du poids de leur conomie du r le international du dollar de leur domination renforc e par l interm diaire des march s financiers et de leur pr minence militaire il serait imprudent d exclure cette possibilit Il en va de m me d un troisi me mod le celui de la poursuite de la concurrence inter imp rialiste o l interp n tration internationale des capitaux est assez avanc e pour qu un nombre plus lev de grandes puissances imp rialistes ind pendantes soit remplac par un plus petit nombre de superpuissances imp rialistes mais elle est si fortement entrav e par le d veloppement in gal du capital que la constitution d une communaut globale d int r ts du capital choue Mandel 1972 Une telle volution ne peut tre non plus exclue compte tenu de la dynamique de l int gration europ enne et des incertitudes
109. outa fortement la diminution des pouvoirs et revenus des classes dominantes initi e apr s la crise de 1929 Les taux d int r t r els taient 15 faibles les cadres jouissaient d une large autonomie de gestion et distribuaient peu de dividendes dans la crise les taux d int r t r els tomb rent quasiment z ro du fait de l inflation un norme transfert fonctionnait en faveur des entreprises endett es Au cours des ann es 1960 le 1 des m nages les plus riches des Etats Unis poss dait 35 de la richesse totale de ce pays En 1976 ce pourcentage tait tomb 22 On peut voir dans le n olib ralisme la r action cette euthanasie au cours de la d cennie 1990 ce pourcentage atteignit 38 4 Une nouvelle phase du changement technique Depuis le milieu des ann es 1980 le profil du changement technique s est profond ment modifi dans le sens d une conomie sur le capital avanc c est dire une hausse du rapport de la production au capital fixe la productivit du capital Le taux de profit abstraction faite du paiement des imp ts int r ts et dividendes augmente depuis vingt ans aux Etats Unis et en Europe malgr un fl chissement aux Etats Unis depuis 1997 Le n olib ralisme a sans doute contribu ce r tablissement b n ficiant de la maturation des nouvelles technologies en favorisant des restructurations et en faisant peser une contrainte de rentabilit tr s lourde sur le
110. pays du Sud qui ne peuvent r sister aux cons quences de la domination des imp rialismes Les classes sociales dont l existence repose sur un mode de domination sociale qui privil gie ce point l appropriation de la valeur cr e par les producteurs et encourage toujours plus la pr dation renti re ne peuvent qu avoir des pr occupations de tr s court terme sans gard pour les cons quences sociales et environnementales catastrophiques pour l humanit Elles ont besoin de gouvernements et d institutions tatiques qui leur assurent la pleine jouissance et la s curit de leurs droits de propri t Plus le capital financier r ussit conforter et tendre sa logique et plus le besoin de la force arm e grandit 1 Rosa Luxembourg L accumulation du capital tome 2 Chapitre 32 Le militarisme champ d action du capital Editions Fran ois Maspero 1969 Friedrich Engels Anti D hring Editions Sociales 1973 La sup riorit militaire repose d sormais sur l efficacit des communications la puissance des outils informatiques la pr cision du guidage des armes etc 4 L largissement de la notion de s curit nationale la d fense de la mondialisation tait d j pr sent sous Clinton il a t confort par l Administration Bush 5 Michael Hardt et Antonio Negri Empire Exils 2000 p 293 Voir ma contribution Une bourgeoisie mondiale pour un capital financier mondialis dans S minair
111. quant aux prochains d veloppements en Asie un bloc autour du Japon quel r le pour la Chine Pour conclure l acc l ration de l internationalisation du capital depuis la fin de l expansion d apr s guerre ne s est pas accompagn e d une internationalisation des fonctions tatiques L id e que les Etats nations sont appel s dispara tre est donc erron e les Etats ne meurent pas ils changent Mais cela ne veut pas dire que la situation actuelle est stable La d connexion entre la globalisation du capital et l internationalisation timide des Etats et des fonctions tatiques est l un des points faibles de l conomie mondiale et les tentatives de restructuration sont donc in vitables Mais dans la mesure o existent de nombreux conflits d int r t et des probl mes de la l gitimit les r sultats ne sont pas pr d termin s trois mod les Etat transnational h g monie des Etats Unis et poursuite de la concurrence inter imp rialiste sont aujourd hui galement im probables R f rences Achcar Gilbert The strategic triad The United States Russia and China New Left Review n 228 1998 26 Burbach Roger et Robinson William The Fin de Si cle Debate Globalization as Epochal Shift Science amp Society n 1 1999 Chesnais Fran ois La mondialisation du capital nouvelle dition augment e Paris Syros 1997a Chesnais Fran ois L mergence d un r gime d accumulatio
112. r la domination politique et militaire elle repr sentait pour la France plus de la moiti des surprofits La surfacturation des produits export s est plus faible pour la France bien que certains march s restent prot g s mais le d veloppement du commerce intra europ en et la 55 56 concurrence mondiale ont r duit cette source de gains qui repr sentait environ 10 des pr l vements Bien que le monopole de fait sur les technologies introduit des surprofits de fait dont les brevets abusivement nomm s droits de propri t intellectuelle ne donnent qu une faible id e Le montant des profits rapatri s repr sentait plus de 20 des surprofits sans compter l accroissement consid rable de valeur des actifs locaux et les remboursements indus de dette qui en font aussi partie Pour illustrer cette situation rappelons que les b n fices de Total en 2001 sont de 7 7 milliards d euros sup rieurs eux seuls toute l aide publique au d veloppement fran aise Il faut aussi souligner les profits tir s de la main d uvre immigr e particuli rement dans l conomie des co ts de formation initiale L exode des cerveaux joue un r le de plus en plus important dans cette volution L internationalisation des grandes entreprises fran aises est une des principales modalit s d intervention de l imp rialisme fran ais Les grandes entreprises fran aises tirent leur profit du commerce mondial et de l change in gal Les p
113. r personne d s qu on veut l tendre tous Dans le premier cas il est explosif socialement dans le second il l est cologiquement On ne peut pour autant abandonner la perspective d une augmentation de la production pour tous les affam s de la terre La posture du refus du d veloppement Latouche 2001 sans distinguer le cas des nantis et celui des cr ve la faim n est donc pas plus acceptable Il reste r fl chir alors un d veloppement diff renci dans son objet dans l espace et dans le temps afin d tablir des priorit s en fonction des besoins et de la qualit des productions et permettre la croissance pour les plus pauvres et la d c l ration de celle ci pour les plus riches La mutation d cisive apport e par le capitalisme est d avoir aboli les fronti res Il nous laisse une voie troite pour concilier un nouvel universalisme des droits et l autonomie de chaque peuple notamment en mati re agro alimentaire et culturelle Les dettes sociale et cologique accumul es du Nord sur le Sud au cours des derniers si cles justifient pleinement que d une part on annule la dette financi re r cente du Sud sur le Nord qui n a grossi qu cause de la crise du syst me financier mondial et que d autre part on organise des transferts de techniques pour favoriser au Sud le d veloppement non polluant dont il a besoin pendant un temps R f rences Banque mondiale Qualit de la croissance Bruxelles De Boek Univer
114. res nationales et les autres barri res formes d organisation socio politique par exemple Le march mondial est contenu dans la notion m me de capital disait Marx mais il s agit l d un processus marqu par des contradictions qui s expriment dans les rivalit s intercapitalistes et interimp rialistes ainsi que dans les crises C est pourquoi l extension mondiale du capital toujours pris et continue de prendre une physionomie indissociablement li e aux rapports de forces inter tatiques et leur cort ge de violences La domination des Etats Unis sur les autres pays imp rialistes est vidente C est une raison qui rend improbable le d clenchement de guerres interimp rialistes comme celles qui ont eu lieu au vingti me si cle L int gration des capitaux transatlantiques entre les Etats Unis et une partie de l Union Europ enne s est poursuivie et a constitu un des traits distinctifs de la mondialisation de la fin du vingti me si cle Les classes dominantes des Etats Unis et de l Union europ enne sont dans une certaine mesure dans la situation que Marx d crivait propos de la concurrence entre capitalistes ils se comportent comme des faux fr res dans la 29 30 concurrence mais comme une v ritable franc ma onnerie face aux ouvriers et devrait on ajouter face aux peuples des pays soumis leur domination L improbabilit de guerres entre les puissances capitalistes dominantes ne ren
115. rie spontan e entre les volutions conomiques et les d veloppements institutionnels Certes les projets de zones commerciales r gionales et d organismes supranationaux se sont multipli s sans pour autant obtenir le succ s escompt et la l gitimit d institutions comme la Banque Mondiale le FMI et l OMC est de plus en plus remise en cause Ce diagnostic d bouche sur deux questions celle du destin des Etats nations et celle de la formation d un ultra imp rialisme La fin des Etats On peut aborder la premi re question partir de la non co ncidence territoriale croissante entre le capital en expansion et son Etat domestique dont parlait Murray 1971 L approfondissement de cette contradiction a conduit beaucoup de politiciens de journalistes et de chercheurs annoncer la mort au moins virtuelle de l Etat On peut parler ici d une th se hyper globaliste selon laquelle la globalisation d finit une nouvelle poque de l histoire humaine dans laquelle les Etats nations traditionnels sont devenus des entit s conomiques artificielles appel es dispara tre au sein de l conomie globale Une telle approche de la globalisation privil gie le plus souvent la logique conomique et dans sa variante n o lib rale c l bre l mergence d un march mondial unifi et le principe de la concurrence globale comme les signes annonciateurs du progr s humain Held et alii 1999 Cette id e selon laq
116. rincipales sont Total Elf dans le p trole Imetal dans le nickel les m taux non ferreux et l uranium P chiney dans l aluminium Aventis groupe pharmaceutique mondial Air Liquide dans le gaz liqu fi Saint Gobain dans le verre et l isolation PSA et Renault dans l automobile Michelin dans les pneumatiques Lafarge dans le ciment Bouygues dans les travaux publics LVMH dans le luxe L Or al dans les cosm tiques Carrefour et Pinaut Printemps Redoute dans la distribution Enfin il ne faut pas oublier les banques BNP Paribas Soci t G n rale et Cr dit Agricole ni les assureurs AXA AGF Allianz et Groupama Dans les nouveaux arrivants on trouve les rentiers des services publics Vivendi Environnement Suez EDF et France T l com Les ventes d armes sont un des secteurs essentiels d intervention qui joue un r le majeur dans la balance commerciale fran aise et b n ficie de l aide directe de l Etat travers notamment la coop ration militaire La France a une longue tradition de marchand d armes et m me de trafiquant d armes On peut parler de ce point de vue d un v ritable complexe militaro industriel fran ais Son importance est illustr e par la r ussite des groupes Dassault et EADS Lagard re ce dernier a de plus r ussi contr ler l dition et une partie des m dias Les colonies fran aises n ont pas toutes disparu Les confettis de l Empire ont t pacifi s par le contr le direct l
117. rs peuvent les vendre tout moment Les taux d int r t sont calcul s en r f rence au taux am ricains le diff rentiel est nomm le spread gt selon le risque pays tabli par les agences de notation Ils sont toujours lev s de deux trois fois sup rieur au taux de r f rence et en p riode de crise financi re ils peuvent repr senter jusqu cinq fois le taux de base Le portefeuille des fonds de placement financier peut aussi contenir des actions d entreprises de pays mergents Il faut en voir les implications La capitalisation agr g e de l ensemble des march s boursiers de ces pays ne repr sente que 7 de la capitalisation boursi re mondiale Les march s sont tr s peu liquides 22 et domin s par un tr s petit nombre de titres A Bombay dix firmes assurent 30 de la capitalisation La place que les actions d entreprises de pays mergents occupent dans les portefeuilles des investisseurs trangers est donc extr mement faible mais la moindre vente importante de titres viendra d stabiliser et faire plonger le march dans son ensemble Les crises financi res Pour les pays mergents le recours au capital porteur d int r t comme source de financement a un co t extr mement lev dont les crises financi res sont un autre aspect Ces crises sont provoqu es par le retrait des investisseurs des places financi res subordonn es par crainte de pertes face l accumulation des d
118. rse que les transferts de valeur p sent de mani re consid rable sur l conomie des pays domin s Mais la domination imp rialiste ne suffit pas non plus rendre compte de leur volution conomique et sociale Le fonctionnement concret du capitalisme dans une formation sociale donn e r sulte en effet de la combinaison de facteurs externes son insertion dans l conomie mondiale et de facteurs internes structure de classes r partition du revenu formes de domination politique etc On retrouve ici sous une forme diff rente le d bat autour de la th orie de la r volution permanente si le rapport imp rialiste suffisait expliquer le sous d veloppement une alliance interclassiste serait possible pour se lib rer de cette emprise Mais ce serait oublier que les classes dominantes des pays du Tiers Monde trouvent leur compte la domination de leur propre pays et y participent Leur mode de vie est identique celui des classes dominantes des pays les plus riches et leurs sources de bien tre social se situent pr cis ment dans les secteurs fortement exportateurs c est donc le meilleur mod le dont elles disposent dans la p riode historique actuelle Ces diff rents l ments se combinent diff remment dans chaque pays domin notamment en fonction des produits qu il exporte de son degr de d veloppement industriel Il faut sur tous ces points mener des analyses concr tes des capitalismes p riph riques La mondi
119. s alimentent les r seaux et la corruption grandissante dans la soci t fran aise La diplomatie fran aise finit toujours par se rallier au grand fr re tats unien Les luttes sociales et id ologiques des ann es soixante dix vont achever le r ve gaulliste d une ind pendance imp riale Pompidou red finit un imp rialisme aux dimensions du capitalisme fran ais La coop ration s loigne des objectifs long terme pour privil gier la rentabilit imm diate des affaires La concurrence commerciale et les exportations retrouvent une place pr pond rante les ventes d armes d finissent la coop ration militaire Avec Giscard d Estaing l imp rialisme fran ais s inscrit dans une d pendance accept e 54 La p riode 1962 1977 pourrait tre qualifi e comme celle du non alignement Les nouveaux Etats ne sont pas stabilis s Ils sont bien s r confront s la d stabilisation et aux coups d tat suscit s par les puissances pas si anciennement coloniales Mais il ne faut pas oublier les erreurs internes la sous estimation des paysanneries le m pris pour les libert s et la d mocratie Malgr la d faite am ricaine au Vietnam et les deux chocs p troliers de 1973 et 1977 la d colonisation est en pleine crise La reconqu te n olib rale de 1977 1995 trouve ses fondements dans la domination renouvel e par le Nord et la nature de l conomie mondiale l chec des r gimes issus de la d colonisation l chec de
120. s de la clause sociale De plus tout ne se ram ne pas une question de commerce Ainsi le travail des enfants est une v ritable plaie l chelle mondiale et atteint des formes d une grande barbarie Mais il ne concerne que marginalement les entreprises exportatrices qu il s agirait de taxer La fermeture des march s des pays riches aux produits indiens par exemple ne r duirait certainement pas le travail des enfants dans ce pays concentr dans l conomie informelle ou dans les industries traditionnelles d bouch s locaux Avec cette logique de clauses commerciales cens es r tablir l quilibre et la justice face la concurrence les pays du Sud auraient bien plus de raisons de demander des taxes pour freiner l importation de produits venus des pays imp rialistes qui b n ficient d une haute productivit d une technologie et de capitaux dont ils privent les pays du Sud qui contr lent le prix des mati res premi res et des produits agricoles et qui peuvent ruiner les conomies du Sud au b n fice des capitalistes qui les importent au Nord Pour mettre en place au Sud comme au Nord un d veloppement autocentr et orient par la satisfaction optimale des besoins sociaux il faut n cessairement des cluses qui assurent la coexistence des diff rents niveaux de productivit C est pourquoi le mouvement ouvrier devrait affirmer le droit absolu des pays d pendants prendre des mesures de contr le et de r
121. s estimer ses contradictions 1 Le n olib ralisme n est pas un mod le de d veloppement et la relative r ussite des Etats Unis est fond e sur des m canismes non exportables Globalement les deux d cennies du n olib ralisme se caract risent dans le monde par une croissance lente Les Etats Unis ont retrouv dans les ann es 1990 des taux de croissance peu inf rieurs ceux des d cennies de l apr s guerre mais l Europe cro t tr s lentement et ne peut venir bout de son ch mage le Japon est en crise Tous les pays de la p riph rie ou presque qui ont suivi les voies du n olib ralisme ont des taux de croissance plus faibles qu auparavant et souffrent d une instabilit accrue Cet avantage des Etats Unis provient d abord du fait que ce pays fut atteint beaucoup moins profond ment par les changements institutionnels dus au passage au n olib ralisme A cela est venu s ajouter un soutien de la consommation par le cr dit avec une forte intervention de l Etat f d ral et une certaine reprise de l investissement tr s diminu Ces politiques ont impliqu un d ficit ext rieur sans pr c dent que seuls pouvaient se permettre les Etats Unis 2 La relative prosp rit des Etats Unis au cours des ann es 1990 est peut tre compromise et la menace d une crise plus grave est r elle Il sera difficile aux Etats Unis de pousser plus avant l endettement consid rable des m nages et les d ficits ext rieurs le freinage
122. s gestionnaires Politique d un nouveau cours de l conomie Pour l analyser le n olib ralisme en termes politiques nous voulons en revenir ici l id e de Marx que les hommes font leur propre histoire et cela dans des conditions donn es celles retrac e la section pr c dente La r f rence un cadre analytique marxiste implique galement d identifier au del des hommes artisans de l histoire des classes et fractions de classes donc des relations de pouvoir donc l Etat o s incarne le pouvoir des classes dominantes 1 Propri taires et gestionnaires la premi re h g monie financi re A la fin du XIX si cle les Etats Unis furent le champ de trois transformations majeures qui allaient gagner l ensemble des pays d velopp s 1 la r volution des soci t s par actions corporate revolution soit le syst me des grandes entreprises 2 la r volution de la gestion managerial revolution soit la prise en main de la gestion des entreprises par les cadres second s par les employ s 3 la constitution de la grande finance moderne soutenant les soci t s accompagn e de l explosion des m canismes mon taires La d l gation de la gestion des entreprises faisait planer un risque consid rable sur les propri taires capitalistes qui causa beaucoup d moi C est la reconcentration du pouvoir du capital dans les institutions financi res tr s puissantes qui garantit la perp tuation de leur pouvoir Ainsi s
123. s pour r chelonner la part bilat rale de la dette ext rieure des Etats ayant des difficult s de paiement Enfin les banques des pays les plus industrialis s se r unissent au sein du Club de Londres travaillant de la m me mani re pour ce qui concerne la dette souveraine des Etats FMI pompier pyromane D s qu un pays se voit contraint de stopper ses remboursements le FMI arrive en pompier financier Mais un dr le de pompier exacerbant le vice des pyromanes via les plans d ajustement structurel PAS Pris dans la spirale de la dette les pays en d veloppement PED n ont bien souvent d autre recours que de s endetter de nouveau pour rembourser Les pr teurs ventuels demandent au FMI d intervenir pour garantir la poursuite des remboursements Celui ci accepte condition que le pays concern s engage suivre la politique conomique qu il lui dicte ce sont les fameuses conditionnalit s du FMI d taill es dans les PAS La politique conomique de l Etat d biteur passe sous contr le du FMI et de ses experts ultralib raux Une nouvelle forme de colonisation s installe Il n est m me plus besoin d entretenir une administration et une arm e d occupation sur place comme au temps du colonialisme la dette cr e elle seule les conditions d une nouvelle d pendance Les sommes pr t es augmentent alors la dette du pays concern et le quittent imm diatement puisqu elles sont transf r es aux cr anciers du Nord Comme
124. s s il s agit d une sp culation immobili re Par ailleurs les petits producteurs empruntent sur le march local pour acheter les semences les pesticides les herbicides etc et la hausse des taux d int r t r duit radicalement leur capacit d emprunt Par cons quent l ensemencement diminue et la production chute De leur c t les entreprises endett es doivent faire face des remboursements impr vus alors que le march est d j d prim ce qui se solde par de nombreuses faillites Enfin cette hausse des taux d int r t augmente la charge de la dette publique interne pour l Etat d o une d t rioration du d ficit public alors que justement l objectif affich est de le r duire Cela pousse alors l Etat 43 44 effectuer de nouvelles coupes sombres dans les d penses sociales Ces mesures drastiques provoquent de nombreuses faillites de petites et moyennes entreprises ainsi que de banques nationales L Etat se voit contraint de les nationaliser et d assumer leurs dettes Il r agit en bloquant les maigres pargnes des petits d posants le corralito en Argentine Une dette priv e devient alors publique et ce sont les contribuables qui doivent l assumer Les classes populaires et moyennes sont fortement touch es Les mesures structurelles impos es par les plans d ajustement structurel Le d veloppement des exportations Pour se procurer les devises n cessaires au remboursement de la dette les PED do
125. s unique Au jeu de la mondialisation il y a donc beaucoup d appel s et peu d lus La raison principale est presque arithm tique la capacit d absorption des pays imp rialistes est limit e en ce qui concerne les produits en provenance des pays du Sud Les offreurs sont pris dans une logique de concurrence sans fin les condamnant reproduire leurs avantages comparatifs qui r sident avant tout dans leurs bas salaires ce type de configuration n est donc pas un mod le de d veloppement Ce mod le est encore une fois tr s diff rent de la trajectoire cor enne et il est pratiquement exclu de voir de nouveaux pays acc der sur la base de la division internationale du travail une ma trise compl te de fili res industrielles Des succ s moins syst matiques ne sont pas impossibles mais ils seront toujours des succ s contre des concurrents voisins Dans la grande majorit des cas l ajustement lib ral se traduit par cons quent par la mise en place dans les pays du Sud d un mod le que l on peut qualifier d excluant ou de dualiste parce qu il d limite une fraction de l conomie susceptible de se brancher sur le march mondial Le reste se trouve alors mis l cart en raison de niveaux insuffisants de productivit et de d veloppement technologique que l avantage de tr s faibles salaires ne suffit pas compenser du point de vue de la logique capitaliste Dans ces conditions il n est pas possible d amorc
126. sation des op rations en compte de capital provoque donc une h morragie de capitaux Dans une partie des PED ceux que les Institutions financi res internationales IFI appellent les march s mergents on assiste une autre cons quence n gative Les capitaux attir s sont souvent tr s volatils D s les premi res difficult s conomiques ou d s qu un autre pays offre des conditions plus int ressantes ils repartent en d stabilisant le pays qu ils fuient Leur arriv e a provoqu des bulles sp culatives boursi res et immobili res en Asie du Sud Est dans les ann es 1990 En 1997 1998 ces capitaux volatils sont brutalement repartis en provoquant une crise tr s profonde Une fiscalit aggravant encore les in galit s avec le principe d une taxe sur la valeur ajout e TVA et la pr servation des revenus du capital La suppression des barri res douani res fait baisser les recettes fiscales et l Etat doit adopter une fiscalit largie p nalisant avant tout les populations pauvres abandon de la progressivit de l imp t et syst me de TVA g n ralis e Prenons le cas d une TVA 18 comme en Afrique de l Ouest francophone Elle s applique de la m me mani re tout acheteur d un kilo de riz riche ou pauvre Si quelqu un consacre la totalit de ses revenus acheter des produits de base pour survivre il paie donc un imp t de 18 sur la totalit de ses revenus Si au contraire quelqu un gagne largement sa vie et
127. sit 2002 CMED Commission Mondiale de l Environnement et du D veloppemnt Rapport Brundtland Notre avenir tous Montr al Fleuve 1987 35 36 Georgescu Roegen Nicholas La d croissance Entropie Ecologie Economie Paris Sang de la terre 1995 Harribey Jean Marie L conomie conome Le d veloppement soutenable par la r duction du temps de travail Paris L Harmattan 1997 Harribey Jean Marie Le d veloppement soutenable Paris Economica 1998 Harribey Jean Marie La d mence s nile du capital Fragments d conomie critique B gles Ed du Passant 2002 Jonas Hans Le principe responsabilit Une thique pour la civilisation technologique 1979 Paris Ed du Cerf 1990 Latouche Serge En finir une fois pour toutes avec le d veloppement Le Monde diplomatique mai 2001 Passet Ren L conomique et le vivant Paris Economica 1996 36 L oppression des femmes dans la mondialisation St phanie Treillet L existence de l oppression des femmes est bien ant rieure non seulement la mondialisation mais galement au capitalisme De plus en raison de ses caract ristiques sp cifiques les cons quences que la mondialisation exerce sur elle ne sont pas donn es d avance ni unilat rales En effet la mondialisation lib rale se traduit par une extension in gale et diff renci e au Nord et au Sud des rapports capitalistes de production et les femmes sont aujourd hui au c ur de c
128. sme mondial et y n gocier de meilleures positions L Union Europ enne r affirme la r f rence cardinale la pr minence du march mondial et la 56 concurrence en gardant le contact avec les zones mergentes Inde Afrique du Sud Br sil Chine mais sans jamais rompre avec le grand fr re am ricain Le capitalisme fran ais a chou aller plus loin dans le capitalisme europ en soit en obtenant un domaine r serv soit en faisant partager certains investissements sauf dans l armement o mergent des groupes paneurop ens Sa tentative pour faire prendre en charge par l Union Europ enne sa zone d influence directe n a pas r sist la lib ralisation capitaliste l Est de l Europe L imp rialisme fran ais s inscrit dans un syst me international et une cha ne imp rialiste Mais on peut envisager plusieurs conceptions du rapport entre la France l Europe et les Etats Unis une section europ enne d un imp rialisme mondialis fermement dirig par les Etats Unis un imp rialisme europ en assumant plus clairement une position concurrentielle par rapport l h g monie am ricaine ou une Europe ouverte pr figurant une nouvelle perspective de r gion g oculturelle d fendant une approche d un syst me mondial fond sur des avanc es du droit international et un r quilibre dans les rapports Nord Sud L avenir reste ouvert m me si la situation et les choix actuels ne conduisent gu re l optimisme
129. stes sont caract ristiques de la p riode d industrialisation Apr s la guerre de 1914 le r ajustement de l conomie mondiale au profit des Etats Unis et l viction des investisseurs fran ais des march s russes et danubiens vont entra ner une r orientation majeure des flux de capitaux vers les colonies L importance des colonies dans l conomie fran aise va se d velopper La p riode de 1917 1947 est celle de l alliance entre les mouvements communistes et les mouvements de lib ration nationale formalis e en 1920 au Congr s des peuples d Orient Bakou Cette p riode est marqu e par l branlement des empires coloniaux et les mouvements de population li s aux guerres C est aussi dans cette p riode que s labore le mod le keyn sien ou fordiste social lib ral comme r ponse la r volution sovi tique aux luttes ouvri res aux r sistances dans les colonies et la mont e des fascismes La d colonisation va marquer la p riode qui va de 1947 1962 Elle commence pour l Afrique par les massacres coloniaux d s 1945 S tif en Alg rie puis en 1947 Madagascar Une partie des dirigeants des futurs Etats africains font leurs classes dans les gouvernements et les assembl es de la IV me R publique les r seaux gaullistes et autres commencent esquisser la fratrie de la Fran Afrique La modernisation gaulliste esquiss e pendant la guerre tient compte de la nouvelle situation internationale
130. t le salaire doit tre compar la productivit le rapport des deux d finissant le co t salarial unitaire Si les salaires d un pays sont inf rieurs de cinq fois aux salaires fran ais mais que la productivit y est dix fois plus basse alors le co t salarial dans ce pays est le double de ce qu il est en France D autres l ments plus qualitatifs interviennent comme le degr de qualification de la main d uvre ou la proximit des march s Les immobilisations de capital la difficult trouver des infrastructures suffisantes tissu industriel transports et t l communications services disposer des technologies de pointe etc interviennent aussi dans la d cision De la m me fa on les changes commerciaux des pays riches se font entre des pays niveau comparable de d veloppement Malgr les discours antiprotectionnistes des obstacles tarifaires sont maintenus l entr e sur les march s du Nord des produits manufactur s manant du Sud Le ch mage au Nord ne peut donc s expliquer par la concurrence du Sud Cette id e souvent pr sent e comme une vidence est parfaitement erron e La vraie cause du ch mage est ailleurs il r sulte des d r glements internes du capitalisme qui lont loign d un relatif plein emploi parce que la satisfaction des besoins sociaux s accorde de moins en moins bien avec ses crit res d efficacit L internationalisation des changes n a fait que renforcer ce m
131. t les strat ges am ricains et ventuellement contre les classes dangereuses des villes du Nord On peut donc pr voir que l influence majeure que les groupes de l armement ont acquise au sein des institutions f d rales et tatiques depuis la seconde guerre mondiale l largissement de l agenda de s curit nationale des objectifs non militaires mais qui concernent de plus en plus d aspects de la vie sociale et priv e acc l rent la formation d un syst me militaro s curitaire Celui ci jouera dans les prochaines ann es un r le bien plus important que celui du complexe militaro industriel pendant la guerre froide L imp rialisme au vingt et uni me si cle La formation de ce syst me militaro s curitaire donne l Etat am ricain une puissance consid rable On est loin du d clin de la forme Etat de domination du capital qui selon Hardt et Negri laisserait la place un Empire au sein duquel le capital et le travail s opposeraient sans m diation Pour maintenir sa domination le capital ne peut se passer d un appareil politique dont les institutions judiciaires militaires etc se sont constitu es renforc es et am lior es depuis deux si cles dans le cadre des Etats des pays capitalistes dominants Le capitalisme mondial dans le sens donn par ces auteurs n existe pas Le capital en tant que rapport social a certes une propension transcender les fronti
132. tableau il ne faut pas oublier la confrontation entre les diff rents pays et leurs Etats Il s agit de la structure hi rarchique des pouvoirs entre pays in gaux qui d finissent le cadre de ce qu on peut continuer d crire comme un imp rialisme Le terme h g monie semble le mieux adapt dans sa r f rence implicite l antiquit grecque pour d signer le leadership des Etats Unis o se combinent la d fense des int r ts communs et un rapport de domination interne cette coalition Le militarisme dont le centre se situe aux Etats Unis mais qui p n tre toute la coalition imp rialiste couronne l ensemble de cet difice Tout est bon tablissement de dictatures ou de d mocraties de classe lorsque les luttes sont suffisamment faibles interventions diplomatiques et arm es etc 17 7 Luttes de classes Le moteur de cette politique de la domination est la lutte des classes On peut la voir d en haut dans la r affirmation du pouvoir des propri taires du capital ou d en bas face la menace que les luttes populaires font peser sur tous les ordres tablis On se rappellera que le premier acte de l affirmation du n olib ralisme au Royaume Uni et aux Etats Unis a t la r pression de vastes mouvements de gr ve Economie politique des contradictions de l ordre n olib ral M me si l affirmation de l ordre n olib ral frappe par son caract re fulgurant au centre comme la p riph rie il ne faut pas sou
133. tantes sans cr ation de capacit s nouvelles ont repr sent sur dix ans les trois quarts de l investissement dit direct atteignant certaines ann es pr s de 90 du total Dans beaucoup de pays la privatisation des entreprises publiques a t au c ur d un vaste mouvement de changement de propri t Les fonds de pension et les Mutual Funds y ont t les principaux investisseurs directs Ils se sont entr s aux conseils d administration pour s assurer qu aucun 21 22 investissement nouveau au sens r el ne serait fait et pour participer aux politiques de fixation des prix pr datrices On les trouve ainsi l origine de la p nurie d lectricit au Br sil et la fixation des prix pr dateurs par les op rateurs des industries de service lectricit eau t l coms en Argentine Les fonds de pension et les Mutual Funds poss dent 40 des actions cot es Wall Street et sur les autres march s de titres d entreprises am ricains C est dans cette capacit qu ils participent l exploitation directe et indirecte des travailleurs qui fait suite aux investissements directs productifs Ils contr lent les groupes industriels par le biais des march s financiers Mais c est sur les managers des groupes que repose les activit s de valorisation du capital dont d pend le montant de plus value destin e passer entre les mains du capital rentier A cet effet ils disposent de moyens puissants venant d
134. te sur les activit s de mara chage Les petits paysans qui doivent apporter leurs produits au march urbain r percutent cette hausse sur le prix de vente Baisse des calories quotidiennes disponibles inflation des prix et an mie de l activit conomique en sont les cons quences majeures Une r duction drastique des d penses publiques afin d atteindre l quilibre budg taire notamment par des coupes sombres dans les budgets sociaux non productifs ducation sant logement infrastructures le gel de salaires et des licenciements dans la fonction publique La d valuation de la monnaie locale Elle a pour fonction de rendre les produits locaux qui sont export s moins chers donc plus comp titifs sur le march mondial En th orie ils trouvent plus facilement preneurs Pour r cup rer la m me quantit de devises trang res il faut alors vendre bien davantage de produits Mais c est en soi un non sens puisque plusieurs pays effectuent la m me op ration en m me temps se mettant en concurrence l un l autre R ciproquement les produits trangers sont plus chers sur place Par exemple en janvier 1994 le FMI et la France ont obtenu des gouvernements africains concern s une d valuation de 50 du franc CFA FCFA monnaie utilis e dans les anciennes colonies fran aises par rapport au franc fran ais Les effets furent terribles un produit import de France qui valait 100 FCFA a valu du jour au lendemain 200 FC
135. tel processus n est en aucun cas pr d termin Les Etats nations ne sont donc pas appel s dispara tre m me si le statu quo actuel ne peut non plus se perp tuer Les r organisations r gionales et globales venir ou d j en cours comme l int gration europ enne auront des implications significatives sur l organisation des Etats Un ultra imp rialisme Ceci nous conduit la deuxi me question la concentration et la centralisation internationales du capital conduisent elles une red finition du rapport entre les Etats capitalistes dominants qui donnerait naissance un ultra imp rialisme o un super imp rialisme Cette question n est pas nouvelle Elle a t discut e au d but du vingti me si cle propos de la nature de l imp rialisme puis au d but des ann es 70 dans une pol mique sur l volution des rapports entre les Etats Unis et l Europe Mandel 1972 Rowthorn 1971 Ce rappel devrait nous inciter nous m fier des th orisations h tives qui risquent d tre p rim es avant d tre imprim es Pour Burbach et Robinson 1999 le processus ouvert et inachev de la globalisation a d ores et d j conduit une configuration o pour la premi re fois dans histoire on peut parler de transnationalisation du capital d un monde o les march s sont vraiment globaux int gr s La propri t du capital des grandes entreprises est galement internationalis e avec des actionnaires
136. tervention Ces politiques non seulement n ont pas r ussi combattre le ch mage mais ont transform le visage de la pauvret ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvret D sormais il est possible d tre pauvre et avoir un emploi C est la mont e des travailleurs pauvres Certains d entre eux sont m me SDF Le lib ralisme c est aussi le primat de la logique de la firme des march s Les restructurations sont accept es comme in luctables sans s interroger sur les co ts sociaux qu elles repr sentent ni sur la d composition des solidarit s collectives qu elles impliquent Une forme autoritaire de l Etat Les Etats les gouvernements ont besoin de faire accepter aux populations ces politiques qui s attaquent au plus grand nombre Elles provoquent des crises politiques et la mont e des populismes et de l extr me droite comme celle des communautarismes gt L apparente incapacit des politiques faire de la politique provoque ce profond clatement des soci t s qui n ont plus de ciment commun La r pression devient la seule mani re d assurer un minimum de coh sion sociale 47 48 Faute d Etat supranational des institutions supranationales ont t cr es par les Etats nations prenant en charge une partie des politiques tatiques Les Etats nations restent pr sents mais ont abandonn certaines de leurs pr rogatives dont la plus importante est celle de battre monnaie D sormais la Banque
137. tous les ges et tous les niveaux de qualification l essentiel des ch meurs Elles sont galement les premi res touch es par les strat gies d ajustement structurel et de lib ralisation des conomies et ce plusieurs titres Elles le sont comme principales responsables de la reproduction de la force de travail dont la socialisation partielle est au c ur des attaques suppression des cr ches dans les pays de l Est privatisation des coles et des syst mes de sant au Sud d gradation et rench rissement de tous les services auparavant publics comme l acc s l eau courante l lectricit aux transports en communs suppression des subventions aux produits de premi re n cessit Les femmes sont les premi res payer toutes ces volutions d une d gradation de leurs conditions de vie et d un alourdissement consid rable de leur charge de travail gratuit Elles subissent aussi les cons quence de leur position subordonn e dans la famille lorsque dans les pays du Tiers Monde l ducation ou les soins m dicaux deviennent payants ce sont les filles qui sont d abord retir es de l cole ou priv es de soins et de vaccination Elles sont galement touch es en raison de leur place sp cifique sur le march du travail les licenciements dans le secteur public l ducation la sant l administration suppriment un grand nombre d emplois qu elles occupaient Elles sont enfin d favoris es en raison de la dis
138. transfert de revenus dont l autre face est une mont e r guli re du ch mage de masse LA NOUVELLE UNITE DE L ECONOMIE MONDIALE L articulation entre le Nord et le Sud s est grandement modifi e depuis la Seconde Guerre Mondiale La fin des ann es 70 marque une importante rupture qui voit le taux de croissance moyen des pays du Sud d crocher brusquement Durant la d cennie perdue des ann es quatre vingt on enregistre pour la premi re fois depuis longtemps un recul absolu du produit par t te dans des zones enti res En m me temps c est l explosion de la dette d autant plus incontr lable qu elle est aliment e par une prodigieuse hausse des taux d int r ts tandis que l conomie mondiale freine des quatre fers C est alors la reprise en main des pays d biteurs par les institutions imp rialistes Banque Mondiale et FMI qui imposent un peu partout des plans d ajustement structurel organisant ce recul historique Ce passage de l onde longue expansive l onde longue r cessive s explique par des raisons principalement internes aux pays imp rialistes Mais la crise au Centre s est combin e avec une crise sp cifique du mod le d industrialisation au Sud redoublant encore travers le poids de la dette la profondeur de la crise dans les pays domin s Ceux ci sont d une certaine mani re encore plus domin s que dans les ann es trente o la crise s tait traduite par une d connexion qui avait permis certains
139. u ils subissent de la part du capital transnational autant que des pays du Centre Les exemples historiques ne manquent pas de r volutions sociales an anties par l imp rialisme Aujourd hui encore mais de fa on plus discr te l imp rialisme du capital transnational bloque syst matiquement par son soutien aux bourgeoisies compradores toute tentative de construction d institutions solides ce qui lui permet d utiliser son profit les march s de libre change Nord Sud et l OMC En d autres termes ce sont des institutions au service du capital des puissances imp rialistes et les peuples du Sud en paient le prix fort R f rences Abbas Mehdi Les pays en d veloppement dans le syst me commercial multilat ral Informations et commentaires n 109 1999 Amin Samir Au del du capitalisme s nile Paris PUF 2002 Amin Samir et Houtart Fran ois Mondialisation des r sistances l tat des luttes 2002 Paris l Harmattan 2002 Bardos F ltoronyi Nicolas G o conomie Etat espace capital Bruxelles De Boeck Universit 1991 Ben Hammouda Halim Crise globale un regard du Sud Paris Maisonneuve et Larose 2002 Blundo Giorgio Monnayer les pouvoirs espaces m canismes et repr sentations de la corruption Paris PUF 2000 Favre Henri Mexique l an 2000 Probl mes d Am rique Latine n 36 2000 Husson Michel Le grand bluff capitaliste Paris La Dispute 2001 Jacquet Pierre De l
140. uelle les Etats pourraient tout simplement dispara tre et laisser le fonctionnement du capitalisme au march ne tient pas la route Certes l Etat nation est une forme historiquement sp cifique d organisation sociale du monde mais il remplit un certain nombre de fonctions conomiques indispensables la reproduction du capitalisme A son poque Murray num rait les six fonctions suivantes 1 garantie des droits de propri t 2 lib ralisation conomique 3 environnement conomique 4 mise disposition des moyens de production travail terre capital technologie infrastructure 5 intervention en faveur du consensus social 6 gestion des relations ext rieures d un syst me capitaliste Il faudrait aujourd hui ajouter au moins une fonction suppl mentaire 7 garantie de la stabilit du syst me bancaire pr teur de dernier recours surveillance Le capital a besoin que ces fonctions soient prises en charge mais ce n est pas forc ment au gouvernement national de le faire Elles peuvent tre assur es par des structures tatiques d autres pays par le capital lui m me en association ventuelle avec d autres capitaux ou encore par des institutions inter tatiques coop rant entre elles C est de ce ce point de vue que l on peut maintenant examiner la situation actuelle Apr s l effondrement du mur de Berlin et avec l ouverture de la Chine au capital tranger le point 6 n est plus une pr occupation centrale
141. une fraction croissante de leurs profits une valorisation A A Ils ont accentu leurs traits de groupe financier dominante industrielle en prenant la forme de holding L accumulation financi re est l essence m me de l activit des banques internationales comme des compagnies d assurance Cependant ce sont les syst mes de retraites priv s par capitalisation les fonds de pension cr s la fin de la Seconde guerre mondiale dans les pays anglo saxons et au Japon ainsi que les fonds de placement collectifs les Mutual Funds apparus dans leur sillage qui sont aujourd hui la clef de vo te de la centralisation et de l accumulation financi res Ils sont l pine dorsale des march s financiers C est partir de leur existence qu il faut r actualiser l analyse de l h g monie du rentier et de l oligarchie financi re sur les autres formes de capital Cherchons viter tout malentendu Cette h g monie ne signifie en aucune fa on la disparition des autres formes de capital et encore moins la disparition de l exploitation et de la maximisation de la plus value en tant que fondement du syst me capitaliste Elle signifie cependant deux choses D abord c est toujours plus directement au compte des institutions sp cialis es dans la valorisation A A les investisseurs institutionnels qu op rent l ensemble des m canismes d appropriation et de centralisation de valeur et de plus value
142. vergence et par l UE qui ne s est pas content de relayer ces politiques mais les a largies Ainsi le 1 juillet 1990 a t d cid la lib ration totale des capitaux l chelle de l UE Elle prenait la suite des d r glementations nationales se mettant en place au d but des ann es 1980 Cette ouverture ouvrait la porte la croissance sans frein des march s financiers Sur le terrain du droit du travail comme sur celui de la protection sociale c est la flexibilit qui domine avec la volont avou e de faire baisser la fois le salaire direct via l intensification du travail la pr carit et les temps partiels clat s et le salaire indirect les charges sociales pour augmenter toujours plus le taux d exploitation la plus value absolue et par l m me le taux de profit Cette politique se trouve exacerb e dans les conjonctures de baisse de la croissance ou de r cession comme c est le cas fin 2002 d but 2003 Les ministres de l conomie et des finances arrivent m me outrepasser leurs droits en demandant aux gouvernements d acc l rer la r forme des retraites pour introduire une dose de capitalisation dans les syst mes de r partition Pourtant le trait de Maastricht pr cise bien que la politique sociale reste du ressort uniquement des Etats nations Le Conseil des Ministres s appuie sur la n cessit de faire baisser les d ficits publics en dessous de 3 du PIB pour justifier son in
143. voie un nouveau compromis Le contr le de la macro conomie ne pouvait plus tre laiss la finance et devait tre assur par l Etat mais la finance restait en place derri re les entreprises Les concessions faites au monde du travail taient consolid es alors que la composante la plus radicale de la contestation tait r prim e Cette volution fut grandement facilit e par le cours favorable du progr s technique La cheville ouvri re de ce compromis tait les cadres des secteurs publics et priv s Un vaste ventail se trouvait en fait ouvert entre pays allant des politiques macro conomiques keyn siennes simples la mise en place de mod les de d veloppements qu on a qualifi s d conomies mixtes Ainsi au lieu de parler de compromis keyn sien pr f rons nous l expression compromis cadriste qui rend mieux compte de la diversit des composantes et de la vari t des mod les 4 Les luttes des ann es 1970 et l affirmation du n olib ralisme Pendant ces ann es la finance n accepta jamais les limitations mises son activit Elle se battit au niveau national contre les protections octroy es au monde du travail et l intervention conomique tatique du compromis cadriste et sur le plan international contre les dispositions de Bretton Woods notamment la limitation des mouvements des capitaux Les int r ts de la finance internationale allaient la rencontre de ceux des firmes multinationales alors en pleine

Cahiers de critique communiste Mondialisation et - Hussonet

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