VERS UNE ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE ?
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1. tude de la vie politique fran aise Fondation nationale des sciences politiques CNRS 1994 B langer P R L vesque B La th orie de la r gu lation du rapport salarial au rapport de consomma tion Montr al Uqam 1990 Bidet E Economie sociale et tiers secteur en Cor e du Sud th se universit Paris X Nanterre 2001 Bidet E Economie sociale nouvelle conomie sociale et sociologie conomique n M Lallement J L Laville coord Qu est ce que le tiers secteur Associations conomie solidaire conomie socia le num ro sp cial de la revue Sociologie du tra vail n 4 2000 Boulding K La economia del amor y del temor Madrid Alianza Editorial 1973 Caill A Ce que donner veut dire don et int r t Revue du Mauss n 1 Paris La D couverte 1993 Caill A La dimension des clercs la crise des sciences sociales et l oubli du politique Paris La D couverte 1993 Champagne P Les administrateurs de coop ra tives agricoles sont ils indispensables Recma Revue internationale de l conomie sociale n 269 1998 Chanial P Jean Jaur s et les quivoques de la propri t sociale Mana Revue de sociologie et d anthropologie n 7 Presses universitaires de Caen premier semestre 2000 Cl ment H Gardin L L entreprise sociale Arles Impatiences d mocratiques diteur disponibles sur le Web www impatiencesdemocratiques com 1999 Ciriec L2. Marty M O La d mocratie en organisation Paris Librairie des M ridiens 1983 Salamon L Partners in Public service the Scope and Theory of Government Non Profit Associations relations in W W Powell ed The Non Profit Sector a Research Handbook New Haven Yale University Press 1987 Vienney C L conomie sociale Paris La D couverte 1994 Vienney C Socio conomie des organisations coop ratives 2 tomes Paris Ciem 1980 1982 Vienney C Socio conomie des organisations coop ratives tome 2 Analyse compar e des coop ratives fonctionnant dans des syst mes socio conomiques diff rents Paris Ciem 1982 Vivet D Thiry B Champ de l tude impor tance quantitative et acceptions nationales n Les entreprises et organisations du troisi me syst me un enjeu strat gique pour l emploi action pilote Troisi me syst me et emploi de la Commission europ enne Li ge Ciriec 2000 Weisbrod B A The Non Profit Economy Cambridge Harvard University Press 1988 N 281 RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE 53
3. celle des autres entreprises l insertion des associations dans les politiques sociales nationales ont entra n une technicisation des enjeux li s aux organisations d conomie sociale Les entit s de l conomie sociale n ont que faiblement influenc le d bat public et ont souvent abandonn l ambition soci tale au profit de la recherche de performance gestionnaire ou du respect des normes publiques La perte de la multidimensionnalit s est donc avant tout manifest e par l oubli du politique mais elle peut aussi tre rep r e dans la distance qui s accro t entre les composantes de l conomie sociale Aux deux extr mes les coop ratives se per oivent comme des entreprises sur le march alors que les associations sont cantonn es dans la sph re sociale Ces organisa tions sont per ues comme relevant de registres d action diff rents Le main tien d une coh rence sectorielle se r v le alors difficile L int gration des organisations d conomie sociale dans un environnement qui admet la hi rarchisation et la compl mentarit entre conomie de march et social ta tique produit des effets de dissociation entre les diff rentes composantes Economie sociale et mod le de d veloppement N 281 Comprendre les formes et les effets de cette volution suppose de rompre avec l id e dominante selon laquelle l conomie moderne se ram nerait au march A cet gard de nombreux auteurs Boulding
4. conomie solidaire s est progressive ment estomp Il en est n anmoins rest diverses traces en particulier dans les statuts d conomie sociale obtenus durant la seconde moiti du xIX si cle 39 RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE Vers une conomie sociale et solidaire 40 L conomie sociale est d s lors appr hend e comme un secteur regroupant les statuts coop ratif mutualiste associatif dans lesquels ce n est pas la contrainte de non lucrativit qui est d terminante mais le fait que l int r t mat riel des apporteurs de capitaux est soumis des limites L approche francophone de l conomie sociale se distingue ainsi de l approche anglo phone du secteur non lucratif en reliant ces statuts qui sont consid r s comme relevant d une m me gen se associationniste laquelle il convient de rattacher galement le syndicat Dans la conception francophone la fronti re ne passe donc pas entre organisations avec ou sans but lucratif mais entre soci t s capitalistes et organisations d conomie sociale qui pri vil gient la constitution d un patrimoine collectif par rapport au retour sur investissement individuel et restreignent l appropriation priv e des r sultats Le crit re discriminant organisations d conomie sociale et soci t s de capitaux n est pas absence de but lucratif mais l existence de r gles statutaires garantissant le principe g n ral de non dominat
5. correspond la relation tablie entre des groupes ou per sonnes gr ce des prestations qui ne prennent sens que dans la volont de manifester un lien social entre les parties prenantes Le cycle de la r ci procit s oppose l change marchand parce qu il est indissociable des rap ports humains qui mettent en jeu des d sirs de reconnaissance et de pouvoir et il se distingue de l change redistributif dans la mesure o il n est pas impos par un pouvoir central Une forme particuli re de la r ciprocit est celle qui s exerce au sein de la cellule de base qu est la famille d nomm e par Polanyi administration domestique Le mod le de d veloppement fond sur la synergie entre march et Etat et dans lequel s est inscrite l conomie sociale peut donc tre caract ris comme un mod le dans lequel le march est consid r comme le premier principe conomique la redistribution comme un principe suppl tif et la r ciprocit comme un principe r siduel L conomie est abord e comme conomie marchande et la redistribution publique s autonomise progres sivement pour devenir l expression d une solidarit abstraite oubliant la dimension r ciprocitaire de la solidarit v cue Gauchet 1991 p 170 L absence d analyse de ce cadre institutionnel par l approche de l conomie sociale induit plusieurs limites e L institutionnalisation y est analys e seulement comme l aboutissement des d marches asso
6. 1973 Mauss 1923 Perroux 1960 Polanyi 1983 ou Razeto Migliaro 1988 ont insist par des apports convergents sur le fait que l conomie moderne comme les conomies ant rieures peut tre appr hend e partir de trois principes de circulation des biens et services Le principe du march permet une rencontre entre offre et demande de biens et services aux fins d changes travers la fixation de prix La rela tion entre offreur et demandeur s tablit sur une base contractuelle par tir d un calcul d int r t Le principe du march ne suppose pas une immersion dans des relations sociales consid r es aujourd hui par les cultures occidentales comme tant distinctes des institutions pens es comme co nomique Maucourant Servet Tiran 1998 Il n est pas forc ment pro duit par le syst me social contrairement aux autres principes conomiques ci dessous e La redistribution est le principe selon lequel la production est remise une autorit centrale qui a la responsabilit de la r partir ce qui suppose 41 RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE Vers une conomie sociale et solidaire 42 une proc dure d finissant les r gles des pr l vements et de leur affectation Dans les d mocraties modernes s tablit ainsi une autorit publique qui impose des obligations et conf re des droits sociaux dont certains entraf nent des financements redistributifs e La r ciprocit
7. Ces formes d expression in dites sont confront es une modification ten dancielle des formes d engagement dans l espace public Le militantisme g n raliste li un projet de soci t impliquant une action dans la dur e et de fortes d l gations de pouvoir dans le cadre de structures f d ratives s affaiblit comme le montre le recul de certaines appartenances syndicales et id ologiques En revanche cette crise du b n volat constat e dans des associations parmi les plus institutionnalis es se double d une effervescence associative base d engagements concrets dur e limit e centr s sur des RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE N 281 N 281 Enjeux et d bats probl mes particuliers et uvrant pour la mise en place de r ponses rapides pour les sujets concern s Ion 1997 Barth l my 1994 p 48 Parmi les d marches t moignant de cette inflexion de l engagement certaines affir ment leur dimension conomique tout en l articulant une volont de transformation sociale Des entreprises autogestionnaires ou alterna tives veulent exp rimenter la d mocratie en organisation et aller vers des fonctionnement collectifs de travail Sa nsaulieu et al 1983 Il est ind niable que beaucoup de ces exp riences se sont puis es dans les affrontements id ologiques et la confrontation la p nurie elles n ont pas moins fourni des inspirations qui vont tre
8. OCDE R concilier l conomique et le social vers une conomie plurielle Paris OCDE 1996 Ortiz H Munoz I ed Globalizacion de la solidari dad Lima Grupos internacional de economia solidaria GES Centro de estudios y publicaciones CEP 1998 Parodi M Les banques coop ratives dans le jeu capitaliste mondial Recma Revue internationale de l conomie sociale n 277 2000 Passet R Eloge du mondialisme par un anti pr sum Paris Fayard 2001 Passet R L conomique et le vivant Paris Economica 1996 Perret B Les nouvelles fronti res de l argent Paris Le Seuil 1999 Perroux F Economie et soci t contrainte change don Presses universitaires de France Paris 1960 Polanyi K La grande transformation aux origines politiques et conomiques de notre temps traduction fran aise Paris Gallimard 1983 Procacci G Gouverner la mis re la question socia le en France 1789 1848 Paris Le Seuil 1993 Razeto Migliaro L Economia de solidaridad y mercado democratico Libro tercero Fundamentos de una teoria economica compensiva Programa de Economia del Trabajo Santiago du Chili 1988 Rocard M Mission mutualit et droit commu nautaire Rapport au Premier ministre Paris 1999 Rosanvallon P Le lib ralisme conomique his toire de l id e de march Paris Le Seuil 1989 Roustang G L emploi un choix de soci t Paris Syros 1987 Sainsaulieu R Tixier P E
9. com muns qui sont privil gier Il en existe d j qui ont un r le structurant comme celui ayant permis la cr ation de la caisse r gionale d conomie solidaire en Nord Pas de Calais Il s av re pertinent d amplifier ce mou vement et d identifier les dispositifs de travail en commun qui peuvent exprimer un rapprochement par les pratiques beaucoup plus porteur d avenir que des d clarations d intention nationales qui peuvent ne pas tre suivies d effets e L conomie solidaire s est d velopp e dans des conditions difficiles et de nombreux r seaux font encore face un manque de moyens qui limite leurs potentialit s C est le cas par exemple du r seau R actives regrou pant les restaurants interculturels de femmes La responsabilit prioritaire des pouvoirs publics est de conforter par un soutien pluriannuel de tels r seaux qui se sont constitu s partir de l action autonome des acteurs L action l gislative et r glementaire est aussi importante pour l largisse ment des statuts coop ratif et associatif autant que pour l am nagement de passerelles entre ceux ci pour l instauration d un v ritable droit Pini tiative et l av nement de fonds territorialis s facilitant l hybridation des financements y compris pour r soudre les probl mes de p rennisation des emplois jeunes RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE N 281 N 281 Enjeux et d bats La pr sence de l conomie s
10. de l conomie sociale Paris Economica 1987 Haeringer J Traversaz F dir La dirigeance associative Paris Dunod 2001 Herman R D Why is there a Third Sector Bringing Politics Back in School of Business and Public Affairs Kansas City University of Missouri 1984 Ion J La fin des militants Paris Editions de l Atelier 1997 Jeantet T L conomie sociale europ enne Paris Ciem 1999 Joubert F Quintreau B Renaud J Syndicalisme et nouvelles solidarit s La Revue de la CFDT n 11 juin juillet 1998 Jouen M Diversit europ enne mode d emploi Paris Descartes amp Cie 2000 Laville J L Collectifs et coop ratives de travail en Europe l ments pour un bilan 1970 1990 Crida LSCI CNRS Paris 1994 Le Duigou J C Tours pour une possible convergence entre le syndicalisme et l conomie sociale et solidaire n C Fourel dir La nouvelle 52 RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE N 281 Enjeux et d bats conomie sociale Paris Syros Alternatives cono miques 2001 L vesque B Bourque G L Forgues E La nou velle sociologie conomique Paris Descl e de Brouwer 2001 L vesque B C t D Le changement des prin cipes cooop ratifs l heure de la mondialisation la recherche d une m thodologie in A Zevi J L Monzon Campos Coop ratives march s principes coop ratif Bruxelles De Boeck 1995 L ves
11. et des formes d int gration dans le sys t me conomique Les trois statuts juridiques obtenus coop ratif mutua liste et associatif deviennent autant de sous ensembles tributaires du mod le de d veloppement conomique et social dans lequel ils s ins rent en particulier de la s paration qui s instaure et se renforce entre l conomie de march et l Etat social Au sein de ce mode de d velop pement coop ratives et mutuelles subissent des pressions de l environ nement qui se traduisent par des ph nom nes d isomorphisme institutionnel c est dire des processus contraignants qui forcent les uni t s d une population ressembler aux autres unit s qui affrontent les m mes contraintes Di Maggio Powell 1983 p 150 Cet isomorphisme fait RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE N 281 Enjeux et d bats que ces entit s sont touch es par la banalisation de leur comportement co nomique Vivet Thiry 2000 Au total alors que le poids conomique de l conomie sociale s est conso lid au cours du xx si cle il n en a pas t de m me pour sa port e poli tique Le choix des membres en fonction de leur rapport l activit a consid rablement restreint le sentiment d appartenance sur lequel s ap puyaient les dynamiques associationnistes pionni res La sp cialisation l valuation de l efficacit productive des coop ratives et des mutuelles en r f rence
12. la solidarit pour renforcer la capacit de r sistance de la soci t l atomisation sociale elle m me accentu e par la mon tarisation et la marchandisation de la vie quotidienne Perret 1999 C est du moins vers ce constat que convergent plusieurs approches elles montrent que dans l action conomique sont mobilis es des ressources compl mentaires au capital financier et humain qui peuvent tre regrou p es sous le concept de capital social A ce titre le capital social form partir des relations de solidarit ne peut tre n glig dans l conomie C est un facteur de production qui peut contribuer am liorer les r sultats des combinaisons productives Finalement les activit s d conomie solidaire se cr ent partir d initiatives associant les parties prenantes usagers travailleurs volontaires producteurs consommateurs habitants collecti vit s publiques travers la constitution de lieux d changes et de dialogues que l on peut qualifier d espaces publics de proximit Eme Laville 1994 Elles se consolident si elles parviennent articuler les diff rents registres de l conomie de fa on appropri e aux projets pour arriver une combinaison quilibr e entre ressources ressources marchandes obtenues par le produit des ventes ressources non marchandes manant de la redistribution ressources non mon taires issues de contributions volon taires Ce constat incite avance
13. rale de soci t de march Rosanvallon 1989 a resurgi il est vital que la r alit plurielle de l conomie soit politiquement assum e RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE N 281 N 281 Enjeux et d bats Il ne saurait y avoir de l gitimit ni pour l conomie sociale ni pour l co nomie solidaire si l on ne renoue pas avec un questionnement politique sur l conomie susceptible de substituer la repr sentation dominante de la soci t de march celle d une conomie plurielle avec march Passet 1995 Aznar et al 1997 OCDE 1996 L conomie sociale met l accent sur la pluralit des formes de propri t ce qui rev t une actualit nou velle l heure o la domination des actionnaires dans les soci t s de capi taux g n re des effets de plus en plus per us comme pervers par l opinion publique Pour r sumer gr ce aux statuts d conomie sociale il a t pos sible de maintenir dans les conomies contemporaines un ensemble d or ganisations qui ont pour caract ristique de limiter l appropriation des r sultats de l activit par les actionnaires et privil gient la constitution d un patrimoine collectif par rapport au retour sur investissement Si elles n adop tent pas toutes un crit re de non lucrativit elles limitent toutes la redis tribution des profits aux apporteurs de capitaux A l heure de la corporate governance elles pr sentent donc des gar
14. se sont d velopp es dans le dernier quart du xx si cle renouent avec l lan associatif de la premi re moiti du xIx si cle en mettant au c ur de leur passage l action conomique la r f rence la solidarit De la fa on la plus extensive l conomie solidaire peut tre d finie comme l ensemble des activit s contribuant la d mocratisation de l conomie partir d engagements citoyens Contrairement ce que pourrait faire croire l accaparement du mot solidarit par les promo teurs de certaines actions caritatives l conomie solidaire nest pas un symp t me de la d r gulation qui voudrait remplacer l action publique par la charit nous ramenant plus d un si cle en arri re Elle mane d actions col lectives visant instaurer des r gulations internationales et locales com pl tant les r gulations nationales ou suppl ant leurs manques Il ne s agit pas de substituer la solidarit redistributive une solidarit plus r ciproci taire mais de d finir des modalit s de couplage pour compl ter la solidarit redistributive par une solidarit r ciprocitaire qui peut tre un facteur de pro duction et donc participer de la cr ation de richesses L conomie solidaire recherche une d mocratisation de l conomie en articulant les dimensions 47 RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE Vers une conomie sociale et solidaire r ciprocitaire et redistributive de
15. statuts assu rant eux seuls une d mocratie interne peut d ailleurs g ner la reconnais sance de la divergence de logiques la repr sentation des int r ts des divers groupes l implantation de contre pouvoirs ou la recherche d orga nisations du travail et de conditions sociales d emploi plus favorables aux salari s Bidet 2001 p 101 Economie sociale 44 regroupement et dilemme identitaire En cons quence les limites propres la conceptualisation de l conomie sociale n ont pas permis de d passer une analyse en termes de n cessaire adaptation aux changements dans la p riode de croissance dite des Trente Glorieuses Mais les donn es changent avec l entr e dans une phase de mutations qui lui succ de Les organisations d conomie sociale se trouvent comme bien d autres d stabilis es et entament alors un processus de rapproche ment attest en 1976 par le Comit national de liaison des activit s mutua listes coop ratives et associatives Cnlamca et en 1980 par l adoption de la charte de l conomie sociale L conomie sociale entre ensuite dans le RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE N 281 N 281 Enjeux et d bats droit fran ais en 1981 avec la cr ation de la D l gation l conomie sociale d initiative rocardienne C est au moment o s op re ce regroupement au sommet que l conomie sociale subit la pression de la d r gulation n olib rale qui
16. Enjeux et d bats VERS UNE CONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE Jean Louis Laville est socio logue codirecteur du Laboratoire de sociologie du changement ins titutionnel LSCI CNRS Paris par Jean Louis Laville Il existe aujourd hui deux conceptions distinctes conomie sociale et co nomie solidaire dont la compl mentarit est encore largement construire pour arriver une conomie sociale et solidaire qui se repr sente comme unitaire dans sa diversit Mais l conomie sociale comme l conomie soli daire ne prennent sens que par rapport une conomie plurielle c est dire une conomie ne se r duisant pas la soci t de capitaux et au march dans laquelle plusieurs logiques conomiques peuvent se d ployer C est en accentuant les coop rations sur des projets concrets entre conomie sociale et conomie solidaire en confirmant les modifications positives des rap ports aux pouvoirs publics la recherche et aux mouvements sociaux qu il est concevable d arriver une strat gie d conomie sociale et solidaire 1 Pour un argumentaire plus d ve lopp se reporter P Chanial et J L Laville Economie sociale et solidaire le mod le fran ais texte r dig comme celui de L Favreau et Y Vaillancourt dans ce m me num ro dans le cadre du projet de coop ration franco qu b cois en conomie sociale et soli daire Le texte et la pr sentation du projet sont disponible
17. anties particuli res quant la ter ritorialisation de leurs activit s et l largissement de leurs consommateurs au del des seuls segments de client le solvables Il importe donc de pr server ces acquis parce qu ils permettent de lutter contre la mont e des in galit s entre les diff rents espaces locaux et entre les groupes sociaux N anmoins les volutions de l conomie sociale montrent qu au del des statuts la pluralit des principes conomiques est mobiliser pour que la port e de la diversit des formes de propri t ne soit pas att nu e voire r duite n ant C est sur cette combinaison de principes que s appuie l co nomie solidaire En somme les deux questions principales pos es par l conomie solidaire l conomie sociale sont celles des r gulations interne et externe e Quels sont les fonctionnements susceptibles de conforter la d mocratie participative dans les entit s juridiques non capitalistes e Quelles sont les r gulations publiques susceptibles de favoriser un mod le de d veloppement durable tant sur le plan social que sur le plan environ nemental et de s articuler aux engagements citoyens dans l conomie Les initiatives d conomie solidaire mettent l accent sur le mod le de d ve loppement et sur la participation citoyenne Elles rappellent l conomie sociale qu elle ne peut se contenter de situer sa sp cificit par les statuts l immersion dans l co
18. ciationnistes pionni res Gueslin 1989 Sans tomber dans le sch matisme inverse qui fait de l institutionnalisation une repro duction par chec de la proph tie initiale Lourau 1981 cette vision se r v le trop simple et unilat rale Le processus d institutionnalisation est tudier dans ses ambivalences la reconnaissance des cadres juridiques de l conomie sociale va de pair avec une s lection des initiatives Les formes d auto organisation souffrent dans toute la seconde partie du XIX si cle d une discrimination n gative par rapport aux actions philanthropiques Les soci t s de secours mutuels sont troitement surveill es partir du milieu du si cle et soumises un contr le notabiliaire local Les attaques contre les organisations de travailleurs et la pr minence grandissante des pratiques de bienfaisance qu elles induisent comme l affirmation par les penseurs de l conomie sociale de son r le moral la font qualifier d co nomie politique attendrie et provoquent des mises en cause radicales dans un mouvement ouvrier de plus en plus domin par un marxisme ten dant disqualifier les pratiques associatives Marx lui m me d nonce l co nomie sociale comme conomie vulgaire parce qu elle se contente d examiner les conditions permettant de concilier le mode de production conomique avec une r duction de la pauvret qui menace l ordre tabli Priocacci 1995 En outre l i
19. det 2001 p 53 Les mutuelles sont leur demande int gr es au dispositif communautaire qui r git l activit d assurance ce qui en retour produit une interpellation sur la combinaison en leur sein d ac tivit s d assurance maladie compl mentaire et de gestion d tablissements comme des centres de soins de couverture de risque vie et non vie Rocard 1999 Au total l pret et l internationalisation de la concurrence ont largement forc les entreprises d conomie sociale adopter un comportement co nomique s apparentant assez troitement des entreprises du secteur priv clas sique Ciriec 2000 affaiblissant leur sp cificit par am nagement des principes fondateurs Le regroupement op r entre les entit s d conomie sociale se conjugue donc avec un dilemme soit accepter de s loigner de ces principes en reformulant les r gles c est le choix manag rial qui se soucie avant tout de comp titivit au risque de faire de l conomie sociale un secteur clat noffrant plus gu re de coh rence soit r affirmer le respect de l actualit de ces principes ce qui afai blirait le poids politico conomique du secteur dans son ensemble Bidet 2001 p 58 Apr s une domination de la strat gie manag riale les limites de la profes sionnalisation gestionnaire et de l alignement sur les firmes concurrentes sont de plus en plus identifi es par les responsab
20. e action dans un mouvement qui part du sentiment prouv d une insuffi sance institutionnelle pour aboutir la d fense de biens communs qu ils ont labor s C est en cela que les actions men es rel vent de la cr ation institutionnelle au del de leur aspect organisationnel En effet la dimension institutionnelle d passe celle de l organisation r gissant le pro cessus de production elle correspond au principe de l gitimit dont se r clame l action collective et aux compromis autour desquels les acteurs sociaux se sont accord s pour laborer les r gles du jeu qui gouvernent leurs rapports B langer L vesque 1990 Un certain nombre d associa tions formulent des projets qui ont pour vis e le changement institution nel ce qui les positionne comme des institutions interm diaires entre les acteurs qui se regroupent en son sein et les syst mes institutionnels consti tu s Leur dimension d espace public dans les soci t s civiles Evers 1993 est pour cette raison tout aussi caract ristique que leur structure socio conomique e En m me temps l galit formelle dans cette derni re est trop vite assi mil e un fonctionnement d mocratique alors que l ensemble des constats effectu s dans les unit s d conomie sociale montre que le statut ne saurait constituer une condition suffisante en la mati re Demoustier 1984 Laville 1994 Meister 1974 Sainsaulieu er al 1983 Le postulat de
21. encontre europ enne de l conomie plurielle avec les r seaux de l co nomie solidaire et de l conomie sociale L laboration d une strat gie d conomie sociale et solidaire suppose tou tefois des avanc es dans plusieurs directions e Dans les rapports entre conomie sociale et conomie solidaire des clarifications restent faire Une partie de l conomie sociale a voulu enfer mer l conomie solidaire dans la lutte contre l exclusion et l insertion afin de mettre en cause sa capacit proposer une d marche conomique cr dible au mieux l conomie solidaire serait l expression d une nouvelle conomie sociale qui ne viendrait que s additionner l ancienne cono mie sociale et le rapport cette conomie solidaire serait plus de pater nalisme que de coop ration puisqu il lui serait conseill non sans condescendance de se professionnaliser afin de grandir De son c t une partie de l conomie solidaire s est cantonn e dans un maximalisme alternatif revendiquant alors un monopole du c ur qu elle ne sau rait s arroger cette tendance peut produire la position paradoxale d une revendication de reconnaissance qui soit coupl e avec une d fiance totale vis vis de tout processus d institutionnalisation Pour ne pas reproduire les incompr hensions li es ces positions plus qu un regroupement volon tariste qui ne serait pas port par les acteurs ce sont les projets
22. es entreprises et organisations du troisi me sec teur un enjeu strat gique pour l emploi Li ge Ciriec 2000 Demoustier D Les coop ratives de production La D couverte Rep res n 20 1984 Di Maggio P J Powell W W The Iron Cage Revisited Institutional Isomorphism and Collective Rationality in Organizational Fields American Sociological Review vol 48 avril 1983 Donzelot J L invention du social Paris Fayard 1984 Eme B Laville J L dir Coh sion sociale et emploi Paris Descl e de Brouwer 1994 Evers A The Welfare Mix Approach Understanding the Pluralism of Welfare systems in A Evers I Svetlik eds Balancing Pluralism New Welfare Mixes in Care for the Elderly European Center Vienna Aldershat Averbury 1993 Fauquet G uvres compl tes Paris Editions de l Institut des tudes coop ratives 1965 1 dition 1935 Forestier M Mauget R De la coop rative au groupe coop ratif agro alimentaire volution ou d naturation communication au XV colloque de l Addes Paris 7 mars 2000 Gardin L Laville J L dir Les initiatives locales en Europe bilan conomique et social Crida LSCI CNRS Paris 1997 Gauchet M La soci t d ins curit in J Donzelot dir Face l exclusion Paris Editions Esprit 1991 Giddens A Beyond the Left and Right The Future of Radical Politics Cambridge Polity Press 1994 Gueslin A L invention
23. ion du capital Bidet 2000 p 38 L associationnisme originel d bouche ainsi sur la l galisation de formes de regroupement combinant association de per sonnes et activit conomique Vienney 1994 qui ne sont pas contr l es par les investisseurs Eapproche de l conomie sociale valorise cette reconnaissance mais ce fai sant elle occulte la contrepartie que constitue l inscription dans une archi tecture institutionnelle fond e sur la s paration entre une conomie d finie comme marchande et un social d fini comme relevant de la res ponsabilit tatique C est toute l ambivalence de Walras en voulant confor ter l conomie comme science il identifie une conomie pure domaine de la production r gie par les m canismes de march se pr tant la formali sation math matique et il la corrige par une conomie sociale domaine du juste qui s attache aux questions sociales et les traite par la r parti tion L conomie sociale comme discipline merge donc dans la d pen dance une conomie marchande pr sent e comme naturelle Elle se propose de corriger les effets sociaux de la diffusion du march de conci lier int r t et justice et se confond ainsi pour Walras avec l intervention tatique Ainsi partir de la fin du xIx si cle et au cours du xx si cle l clatement et la fragmentation Vienney 1994 pp 76 83 s accentuent sous l effet des cloisonnements juridiques
24. ique de leur action En effet comme le dit Caill 1993 citant Ric ur le symbole donne toujours plus penser que ce que peut penser la raison discursive pr cis ment parce qu il n est pas de l ordre du discursif En quelque sorte la th orie de l conomie sociale par sa r f rence un paradigme de l int r t occulte par construction la dimension intersub jective de l action organis e De plus tout en reconnaissant leur r le ce cadre conceptuel Anheier Seibel 1990 Weisbrod 1988 value les coop ratives mutuelles et associations au regard de l volution des rapports entre membres et des r sultats conomiques C est oublier leur r le soci tal plus large incluant l laboration d actions collectives qui peuvent fournir la matrice d actions publiques Pour ne citer qu un exemple des changements 43 RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE Vers une conomie sociale et solidaire institutionnels ainsi engendr s les organismes de secours mutuels ont pr figur les syst mes de protection sociale et ont contribu leur laboration A ce titre ils ont proc d une v ritable innovation qui a d bord les limites de l conomie marchande e En fait la focalisation sur la dimension organisationnelle de l conomie sociale ne permet pas de saisir la dimension institutionnelle de l action col lective Les participants construisent des principes de l gitimation de cett
25. l des ch meurs et pr caires a d fini un programme national de d veloppement de l co nomie solidaire Enfin dans son assembl e g n rale une volution de la position des syndicats peut tre not e la fois au sein de la CFDT par une attention port e aux nouvelles solidarit s Joubert et al 1998 et la CGT Le Duigou 2001 C est en accentuant les coop rations sur des projets concrets entre cono mie sociale et conomie solidaire en confirmant les modifications posi tives des rapports aux pouvoirs publics la recherche et aux mouvements sociaux qu il est concevable d arriver une strat gie d conomie sociale et solidaire qui soit en mesure de compter dans l conomie plurielle du xIX si cle Pour qu elle s impose les exigences sont r elles du point de vue de chacun des partenaires cit s mais ceux ci ont ils d autre choix s ils veu lent vraiment peser sur les choix conomiques pr sents et venir RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE Vers une conomie sociale et solidaire Bibliographie Aznar G Caill A Laville J L Robin J Sue R Vers une conomie plurielle Paris Syros Alternatives conomiques 1997 Anheier H K Seibel W eds The Third Sector Comparative Studies of Non Profit Organizations Berlin New York Walter de Gruyter 1990 Barth l my M Les associations dans la soci t fran aise un tat des lieux Paris Centre d
26. lat peuvent elles se reconna tre enti rement dans une charte de l conomie sociale affirmant que ses composantes vivent dans l conomie de march et d veloppent des institutions que l conomie marchande traditionnelle ne suscite pas Corr lativement l conomie sociale ainsi con ue t moigne d une option qui rapporte les r alit s empiriques l action rationnelle et l utilitarisme des acteurs impliqu s En appr hendant les acteurs travers le prisme des choix rationnels cette analyse laisse de c t un vaste monde de motiva tions non consum ristes et non instrumentales Evers 1993 En quelque sorte elle s arr te au seuil d une conception de la r ciprocit comme principe ind pendant distinct du march et de la redistribution ou alors quand la r ciprocit est reconnue elle n a qu un r le palliatif d rivatif et secondaire remplissant des t ches l o les autres principes sont absents Salamon 1987 elle est marginale et p riph rique par rapport aux insti tutions et processus fondamentaux de la soci t Herman 1984 La r f rence unique aux choix rationnels r duit la pens e la raison discursive et la raison discursive au calcul strat gique Or les acteurs concern s sont aussi des acteurs de sens soucieux de la prise en compte du v cu et des modalit s de socialisation dans les dynamiques qu ils g n rent ce qui am ne ne pas n gliger la part symbol
27. les des entreprises de l co nomie sociale Les mutuelles prennent position sur l avenir des syst mes de sant et leurs diff rences avec les soci t s d assurance les coop ratives 45 RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE Vers une conomie sociale et solidaire militent pour les statuts de la soci t coop rative d int r t collectif SCIC dans laquelle salari s usagers b n voles collectivit s territoriales et autres personnes physiques ou morales peuvent tre membres l instar de ce qui a t l galis dans d autres pays europ ens Cl ment Gardin 1999 la dirigeance associative fait l objet de r flexions s cartant de la reproduc tion des mod les import s de l entreprise priv e Haeringer Traversaz 2001 Ces nouvelles affirmations identitaires ne sont pas sans lien avec la renaissance d une perspective d conomie solidaire Economie solidaire le renouveau d une perspective longtemps oubli e 46 C est avant tout la dimension politique d une autre conomie L vesque et al 1989 qui est mise en avant d s les ann es 60 par des initiatives mul tiples et diverses Progressivement elles se reconna tront dans la r f rence l conomie solidaire Depuis les ann es 60 les bouleversements dans les modes de vie intro duisent dans le domaine discursif des aspects de la conduite sociale qui taient auparavant intangibles ou r gl s par des p
28. nomie de march sur le long terme g n re des ph nom nes d isomorphisme institutionnel qui ne peuvent tre contenus que par la recherche d une combinaison entre une pluralit de principes co nomiques march mais aussi redistribution et r ciprocit Autrement dit la dimension solidaire ne peut perdurer que par l ancrage dans un enga gement volontaire relevant de la r ciprocit entre citoyens et pas l obten tion de r gulations publiques appropri es aux projets Il existe aujourd hui deux conceptions distinctes conomie sociale et co nomie solidaire dont la compl mentarit est encore largement construire pour arriver une conomie sociale et solidaire qui se repr sente comme unitaire dans sa diversit Il ne faut pas nier qu il existe un certain passif 49 RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE Vers une conomie sociale et solidaire 50 l conomie solidaire s est impos e au d part en r action une conomie sociale en voie de banalisation et l conomie sociale a cherch faire pression par des r seaux notabiliaires pour invisibiliser cette mergence Cette phase d opposition a t d pass e gr ce aux consultations r gio nales de l conomie sociale et solidaire en 2000 et aux discussions initi es dans le cadre de la mission Lipietz 2000 A cela s ajoute la nomination d un secr tariat d Etat l Economie solidaire qui a notamment organis une r
29. nvention du social Donzelot 1984 correspond moins une volution in luctable qu une d politisation de la question conomique Le probl me de la participation politique est RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE N 281 N 281 Enjeux et d bats rabattu sur la participation repr sentative et l tatisation de la solidarit se distingue de la socialisation que pr conisait Jaur s Chanial 2000 e Avec Fauquet 1965 prolong par Vienney 1981 1982 le mod le coop ratif devient la r f rence pour l ensemble de l conomie sociale ce qui am ne n y int grer parmi les associations que celles qui sont ges tionnaires d entreprises Vienney 1994 p 105 Le ph nom ne asso ciatif n est reconnu que sous la forme de l association gestionnaire Tendanciellement l activit conomique s en trouve appr hend e travers l inscription dans la sph re marchande et la pr sence sur le march est valo ris e comme preuve de ce que l conomie sociale constitue un v ritable acteur conomique Jeantet 1999 L conomie sociale n est plus alors qu une entreprise non capitaliste sur le march et l indicateur de la r ussite est celui de la croissance du volume d activit s marchandes occultant toute interrogation sur l isomorphisme et les sph res non marchandes de l co nomie Ainsi les associations dont les ressources manent largement de la redistribution et du b n vo
30. ociale et de l conomie solidaire dans la recherche et l universit est galement tr s faible Le fait que des tu diants manifestent leur insatisfaction face un enseignement de l cono mie centr sur de l conomie n oclassique g n re des opportunit s pour une conomie sociale et solidaire qui peut trouver sa place dans une autre approche de l conomie telle qu elle se d veloppe dans les courants inter nationaux de la socio conomie et de la sociologie conomique L vesque et al 2001 Des initiatives r centes comme la constitution d un r seau interuniversitaire ou la cr ation de nouveaux dipl mes de troisi me cycle m ritent d tre compl t es dans le cadre d coles doctorales et surtout d tre relay es par l invention de montages bas s sur l alliance entre acteurs et chercheurs sur le mod le qu b cois L histoire a isol l conomie sociale des mouvements sociaux La conjonc ture se pr te un dialogue en particulier avec les mouvements anti mon dialisation qui se posent la question du passage d un discours uniquement critique un discours articulant critique et propositions pour une autre mondialisation Ortiz Munoz 1998 Passet 2001 L conomie solidaire a contribu un tel rapprochement Ainsi le mouvement Attac s ouvre pour la premi re fois en 2001 dans son universit d t nationale un d bat sur l conomie solidaire Autre exemple le Mouvement socia
31. que B Pr sentation in L vesque B Joyal A Chouinard O L autre conomie une conomie alterna tive Qu bec Presses universitaires du Qu bec 1989 Lipietz A L opportunit d un nouveau type de soci t vocation sociale rapport d tape relatif la lettre de mission du 17 septembre 1998 de Mme Aubry ministre de l Emploi et de la Solidarit 2000 Lourau R Le lapsus des intellectuels Toulouse Privat 1981 Marchat J F Les boutiques de gestion une reprobl matisation en actes de l conomie sociale Le fait coop ratif et mutualiste ID son r le dans le d veloppement r gional actes du II colloque pluridis ciplinaire de Limoges 1984 Limoges Trames 1987 Marchat J F Engagement s et intervention au Crida recherche et espace public d mocratique Paris Crida LSCI CNRS 2001 Maucourant J Servet J M Tiran A La modernit de Karl Polanyi introduction g n rale Paris Harmattan 1998 Mauss M Essai sur le don forme et raison de l change dans les soci t s archa ques Paris Ann e sociologique 1923 Meister A La participation dans les associations Paris Editions ouvri res 1974 M vellec P Coop ratives d entrepreneurs indivi duels et capitaux risques Recma n 30 1989 Nicolas P Quelques observations ponctuelles sur l ad quation des principes dits rochaldiens la situation actuelle des coop ratives agricoles Recma n 16 1985
32. r l id e g n rale d hybridation comme mode de p rennisation L hybridation entre ressources marchandes non marchandes et non mon taires se heurte toutefois fortement au cloison nement entre conomies sur lequel est bas e l architecture institution nelle qui s pare le marchand du non marchand et oublie l existence d activit s non mon taires Le principal obstacle r side en effet dans une conception tronqu e de l co nomie opposant de fa on simpliste une conomie de march cr atrice de richesses g n ratrice de croissance des activit s non marchandes et non mon taires per ues comme parasitaires Cette vision caricaturale lude la question de l ampleur des financements publics qui soutiennent l co nomie de march elle ignore l importance d infrastructures non mar chandes pour les entreprises dans une conomie fort contenu informationnel immat riel et relationnel elle nie aussi combien le tra vail de socialisation r alis dans le cadre des activit s non mon taires fami liales amicales ou de voisinage autorise ou facilite la production de richesses marchandes Conclusion 48 L conomie sociale comme l conomie solidaire ne prennent sens que par rapport une conomie plurielle c est dire une conomie ne se r dui sant pas la soci t de capitaux et au march dans laquelle plusieurs logiques conomiques peuvent se d ployer Dans un contexte o l utopie lib
33. ratiques traditionnelles Giddens 1994 p 120 Le manque de possibilit d implication pour les salari s comme pour les usagers dans le travail comme dans la consommation est critiqu au m me titre que l approche standardisatrice de la demande orien tant l offre vers les biens de masse et vers des services st r otyp s Se fait jour l exigence d une plus grande qualit de la vie de plus en plus s op pose la croissance quantitative la revendication d une croissance qualita tive Il s agit de substituer une politique du mode de vie une politique du niveau de vie Roustang 1987 de prendre en compte les dimensions de participation aux diff rentes sph res de la vie sociale de pr server l envi ronnement de changer les rapports entre les sexes et entre les ges Cette capacit auto r flexive s exprime pour partie travers de nouveaux mou vements sociaux comme le f minisme En m me temps des voix s l vent pour mettre en doute la capacit de l intervention publique rem dier aux insuffisances du march Des usagers d noncent les logiques bureau cratiques et centralisatrices des institutions redistributives selon eux le manque d aptitude l innovation engendre l inertie le contr le social et le client lisme plus grave encore l inad quation face des situations de vie diff renci es explique la survivance de fortes in galit s derri re une apparente normalisation galisatrice
34. reprises dans d autres cadres et par d autres groupes sociaux En tout cas elles montrent que l origine de la renaissance de l conomie solidaire est ant rieure la crise co nomique et ne s explique pas par le ch mage et l exclusion En revanche cet l ment contextuel va influer fortement d s les ann es 80 ainsi qu au moins trois autres la tertiarisation des activit s productives entra nant une mont e des services relationnels comme la sant l action sociale les ser vices personnels et domestiques les volutions socio d mographiques se manifestant par le vieillissement de la population la diversification du pro fil des m nages la progression de l activit f minine l accroissement des in galit s engendr par l internationalisation n olib rale Depuis les ann es 80 les initiatives se revendiquant de l conomie solidaire sont locales et recouvrent comme dynamiques principales la cr ation de nouveaux services ou l adaptation de services existants services de la vie quotidienne d am lioration du cadre de vie culturels et de loisirs d en vironnement l int gration dans l conomie de populations et de terri toires d favoris s Jouen 2000 Gardin Laville 1997 Elles sont aussi internationales avec des tentatives pour tablir de nouvelles solidarit s entre producteurs du Sud et consommateurs du Nord en particulier par le com merce quitable Au total les initiatives qui
35. s sur le site www unites uqgam ca econos es consultations r gionales de l conomie sociale et solidaire organi s es en 2000 et ayant mobilis pr s de 4 500 acteurs ont montr le regain d int r t dont b n ficiait cet autre agir conomique Lob jet de cette contribution est de proposer une autre approche dynamique pour comprendre les raisons de cette actualit et s interroger pour finir sur les conditions propres consolider une perspective d conomie sociale et solidaire Des origines l institutionnalisation N 281 D s le xIX si cle en Europe la solidarit a t consid r e comme un prin cipe de protection susceptible de limiter les effets perturbateurs de lex tension de l conomie de march Au del d une acception philanthropique une autre approche de la solidarit renvoyait des pratiques d entraide mutuelle et d auto organisation Dans celles ci le lien social volontaire propre la citoyennet moderne c est dire respectant les principes de libert et d galit et r alisant dans l action concr te le principe de frater nit pouvait tre mobilis comme une ressource conomique Cet associationnisme original a donc fourni les bases d un projet d co nomie solidaire Ind niablement avec la r volution industrielle conjugu e la force de l id ologie lib rale et la r pression touchant les diverses formes d associations ouvri res cet horizon d
36. se traduit par un accroissement des tendances l isomorphisme Les mutuelles et les coop ratives notamment rencontrent des probl mes in dits pour conser ver leur particularit Vienney 1994 et manifestent un appauvrissement du processus solidaire Bidet 2001 p 55 e L ouverture des investisseurs non coop rateurs auxquels est offerte une sur r mun ration accroissant l imp ratif de rentabilit Champagne M vellec 1989 des groupes mixtes sont constitu s Nicolas 1985 Forestier Mauget 2000 comme le disent L vesque et C t 1995 cette inflexion ne peut que mettre fin l entreprise coop rative telle qu elle a exist jusqu ici Dans les mutuelles d assurance et de sant des formes de s lection des adh rents sont introduites cotisations variables limites d ge l adh sion ques tionnaires m dicaux ce qui rejoint le rejet d agriculteurs non performants dans les coop ratives alors que le Cr dit agricole appara t comme l un des principaux outils d un mod le d agriculture productiviste aid par l Etat gr ce des pr ts bonifi s Parodi 2000 La construction europ enne accentue cette volution puisqu une vision trop rigide de la libre concurrence la Commission europ enne admet difficilement qu on puisse renoncer une part de libert individuelle au pro fit d un projet collectif renoncement qui est inh rent l entreprise d conomie sociale Bi
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