Home

UN LIEU DE PENSÉE DE HENRI LEFEBVRE - E

1. Alors qu est ce que l existence historique les conditions de possibilit le r le pratique de l humanisme ainsi consid r s comme tant une id ologie Nous pouvons trouver la r ponse d Althusser dans sa soutenance d Amiens o il affirme l histoire de la tradition humaniste dans le combat contre la f odalit et l glise Mais il doute de pourvoir dissocier cette id ologie de la bourgeoisie de par son acceptation du capitalisme Mais loin de nous je pense l id e de contester que cette id ologie humaniste qui a produit de grandes uvres et de grands penseurs soit s parable de la bourgeoisie montante dont elle exprimait les aspirations traduisant et transposant les exigences d une conomie marchande et capitaliste sanctionn e par un nouveau droit l ancien droit romain corrig en droit marchand bourgeois L homme sujet libre l homme libre sujet de ses actes et de ses pens es c est d abord l homme libre de poss der de vendre et d acheter le sujet de droit Ici le concept de l homme avec ceux du sujet libre et du sujet de droit appara t comme une id ologie juridique qui a pour fonction d occulter une r alit sociale permettant la libre transaction des forces de travail et leur exploitation Il en r sulte 360 Ibid p 237 361 Louis Altusser Soutenance d Amiens 1975 Solitude de Machivel Paris P U F 1998 PP 201 232 p 225 226 187
2. Anthropos 1968 et 1972 p 151 177 Chapitre IV Deux positions d Althusser et de Lefebvre un retour la querelle de l humanisme Comment penser ensemble Lefebvre et Althusser ces deux repr sentants de la pens e marxiste en France Nous avons d j marqu un des points de rupture autour du concept d ali nation Nous ajouterons cette discussion l autre Suivant Donzelot quant son livre concernant l id e du social le courant du gauche qui lance une critique des plus pertinentes de la soci t des ann es 60 n est pas celui qui fait gloire l extr miste tels que les mao stes les trotskistes et les althusseriens car il ne conc de rien au r visionnisme et au contraire il observe la rigueur th orique mais celui dont le discours est qualifi de gauchisme entre autres les situationnistes Guy Debord ou Raoul Vaneigem mais aussi Henri Lefebvre et Herbert Marcuse Donzelot donne raison au second camp en ceci qu il dispose du concept d ali nation plut t que celui d exploitation Point de d part du gauchisme la critique de la soci t de consommation ce sentiment d un avoir qui ne peut jamais se contempler se transformer en jouissance effective tant le processus de diffusion de la marchandise l emporte sur la r alit de la satisfaction Mis re de l ali nation plut t que de l exploitation Abandon de la vie quotidienne de ce terreau
3. La production de l espace op cit pp XXHI XXIV 509 Lefebvre l ments de rythmanalyse op cit p 62 264 Fid le au mouvement dialectique la th orisation de la vie quotidienne de l espace et de l tat est inachev e La boucle n est pas boucl e Le mouvement dans ces trois termes se d ploie en spirale Il t moigne de la continuit de la totalit ouverte que le jeune Lefebvre revendique au nom de l homme total contre la sp cialisation et l extension bureaucratique de la division du travail intellectuel que Max Weber appelle cage d acier Le mot total n a rien voir avec le totalitarisme Nous rejoindrons ici la perspective donn e par Pierre Lantz en tant que sociologue La sociologie ordinaire n est pas concern e par cette exp rience singuli re mais par les appartenances collectives Pour le sociologue le v cu de tout un chacun dans le monde moderne est insaisissable C est pourtant cette saisie qu a tent e toute sa vie Henri Lefebvre proc der une tude critique de ce qui reste quand on extrait du v cu toutes les activit s sp cialis es Comme La ph nom nologie de l esprit de Hegel qui partant de l exp rience imm diate du sensible montre les chelles de l entendement de la raison etc Lefebvre revient aux recherches initiales sur le v cu Suivons ce mouvement et passons au th me de l espace surtout par rapport David Harvey Comme nous l avon
4. il consid re comme tournant global le plus d cisif la globalisation de la production c est dire la division transnationale du travail dans l intra entreprise L analyse de ce r gime du travail galement nomm nouvelle division 442 Immanuel Wallerstein trad fr par Philippe Steiner et par Christian Tutin Le capitalisme historique Paris La D couverte nouvelle d 2011 trad fr par Camille Horsey et par Fran ois G ze Comprendre le monde introduction l analyse des syst mes monde Paris La D couverte 2009 2006 3 Ainsi Jameson parle de la culture marchandis e en prenant l exemple de l industrie du cin ma hollywoodien Voir son article Fredric Jameson Notes on Globalization as a Philosohical Issue in Fredric Jameson and Masao Miyoshi eds The Cultures of Globalization Durham and London Duke University Press 1998 pp 54 77 trad fr par Thierry Labica Notes sur la mondialisation comme probl me philosophique Avec Marx 25 ans d Actuel Marx Paris Presses Universitaires de France octobre 2011 pp 217 227 444 Neil Smith New Globalism New Urbanism Gentrification as Global Urban Strategy in Neil Brenner and Nik Theodore eds Spaces of Neoliberalism Urban Restructuring in North America and Western Europe Oxford Blackwell 2004 pp 80 103 pp 85 86 227 internationale du travail montre ceci dans le cadre de la division ancienne du
5. 281 g n ral Paris Fayard 2001 pp 95 142 Une lente impatience Paris Stock 2004 Dans et par l histoire Retours sur la question juive in Karl Marx Sur la question juive Paris Fabrique 2006 pp 74 135 Les d poss d s Karl Marx les voleurs de bois et le droit des pauvres Paris Fablique 2007 loge de la politique profane Paris Albin Michel 2008 Politiques de Marx Des luttes de classes la guerre civile en France in Karl Marx et Friedrich Engels nventer l inconnu Textes et correspondance autour de la Commune Paris Fablique 2008 pp 7 103 Penser agir Paris Lignes 2008 Marx Mode d emploi Dessins par Charb Paris D couverte 2009 Le spectacle stade ultime du f tichisme de la marchandise Marx Marcuse Debord Lefebvre Baudrillard etc Paris Lignes 2011 La politique comme art strat gique avant propos de Antoine Artous Paris Syllepse 2011 Maurice Blanc Politique de la ville et Soziale Stadt une comparaison franco allemande Pens e plurielle n 12 f vrier 2006 pp 45 51 La r novation des banlieues fran aises l preuve de l empowerment et du communautarisme civique Espaces et soci t s n 155 avril 2013 pp 163 177 Maurice Blanchot R flexions sur le surr alisme La part du feu Paris Gallimard 1949 p 90 102 Le demain joueur L amiti Paris Galli
6. N en 1901 et mort en 1991 Henri Lefebvre connu la fois comme philosophe marxiste et sociologue urbain commence sa carri re intellectuelle dans les mouvements avant gardistes en effervescence dans l entre deux guerres et finit par assister bien des ann es plus tard la fin d un monde portant une utopie Son parcours correspond peu pr s au moment nomm par l historien anglais Eric Hobsbawm L Age des extr mes Ce temps est p riodis entre le commencement de la Premi re Guerre mondiale et l effondrement des tats communistes et est caract ris par deux p les savoir le fascisme et le totalitarisme deux r gimes gouvernant par la violence d une part et la d mocratie facilitant la libre disposition de l opulence d autre part Sa pens e est pr cis ment l aventure du si cle qui est le titre de l ouvrage biographique que lui l Eric Hobsbawm L ge des extr mes Histoire du court XX si cle Bruxelles A Versaille 2008 2 consacre son ami R mi Hess Apparemment trange la notori t de ses ouvrages s affirme titre posthume plut t que de son vivant tout comme dans le monde anglo saxon plut t que dans son pays natal Aussi sa survivance post mortem dont parle Stuart Elden un des vulgarisateurs rudits de sa pens e est elle longue et f conde Ses ouvrages comme ceux des philosophes de la th orie fran aise French Theory quittent le contexte original d
7. Philosophies Politzer et Nizan d une part Morhange et Guterman d autre part dont se 34 Thid p 108 nous traduisons 35 Ibid pp R mi Hess Henri Lefebvre et l aventure du si cle op cit pp 79 80 Annie Cohen Solal et Hneriette Nizan Paul Nizan communiste impossible Paris Grasset 1980 pp 75 85 Michel Politzer Fin de la Revue marxiste Les trois morts de Georges Politzer Paris Flammarion 2013 pp 222 229 50 rend solidaire Lefebvre Mais cela avait t pr c d par une altercation violente entre Morhange et Politzer propos des finances des revues Morhange pr tendant qu il est n cessaire de mettre fin la Revue de psychologie concr te afin d augmenter les tirages de la Revue marxiste tandis que Politzer grand pr tre freudien lui r pliquant furieux que l on renon a plut t la Revue marxiste La chute de la Revue marxiste n est pas due aux enjeux th oriques Elle pourrait tre caus e par des erreurs de jeunesse quant l argent En ce sens Lefebvre se rappelle les ann es 20 et 30 Le malheur des marxistes qui le devinrent entre 1925 et 1930 consista en ce qu ils ne surmont rent point leur romantisme spontan d une mani re naturelle et r fl chie en reprenant le chemin de Marx en levant un niveau sup rieur le d pass en passant de l aspiration la connaissance et du v cu aux concepts Ils parvinrent au marxisme sur les r x K se
8. et Catherine R gulier Le projet rythmanalytique Communication n 41 1985 pp 191 199 et Michel Trebitsh Le renouveau philosophique avort des ann es 1930 entretien avec Michel Trebitsch Europe n 1683 mars 1986 pp 29 41 Du pacte social au contrat de citoyennet in Henri Lefebvre et Groupe de Navarrenx Du contrat de citoyennet Paris Syllepse et P riscope 1990 pp 15 37 Un groupe de jeunes philosophes conversation avec Bernard Henri L vy in Bernard Henry L vy Les aventures de la Libert Paris Bernard Grasset 1991 pp 93 104 III Ouvrages et articles sur Henri Lefebvre Jean Baudrillard Comptes rendus de Henri Lefebvre Position contre les technocrates Cahiers Internationaux de Sociologie n 44 janvier juin 1968 pp 176 178 Maurice Blanchot La parole quotidienne L entretien infini Paris Gallimard 1969 pp 355 366 Lentes fun railles L amiti Paris Gallimard 1971 pp 98 108 277 Bud Burkhard French Marxisme between the Wars Henri Lefebvre and the Philosohpies New York Humanity Books 2000 Gr gory Busquet Henri Lefebvre les situationnistes et la dialectique monumentale Du monument social au monument spectacle Homme et la soci t n 146 2002 pp 41 60 Jean Yves Calvez Dialectique et mystique M mensuel marxisme mouvement n 50 sp cial Henri Lefebvre d cembre 1991 La
9. l objectivit sociale parce qu elles ne cessent pas d avoir lieu et sont encadr es dans le changement de rapport du sujet avec l objet Cet effort se trouve sous forme identique dans la phrase cit e plus haut Subjectivation et objectivation vont ensemble indissolublement et dans la critique l encontre du P C F selon laquelle son subjectivisme entre dans a rupture 7 Henri Lefebvre Critique de la vie quotidienne II Fondements d une sociologie de la quotidiennet Paris L Arche 1962 p 209 38 Thid p 210 125 ETE A 239 x A p i croissante avec l objectivit D s lors m me si l ali nation lefebvrienne ne se base pas sur la lecture pr cise de Marx tout en tant d form e a t elle pour autant une parent avec la th orie actuelle de Fischbach La transformation de l homme est pour Lefebvre solidaire de celle de la vie quotidienne c est dire qu elle se fait dans par et avec la vie quotidienne Mais il y a l autre sp cificit de l ali nation chez Lefebvre qui ne peut pas se comprendre sans rendre compte de son contexte historique A ce propos Kristin Ross inspir e des travaux de Lefebvre qui nous devons un des livres les plus importants concernant la lecture de Lefebvre explique l effort de modernisation men par l tat en France fut extraordinairement concert et le d sir d un nouveau mode de vie largement r p
10. 194 cette vague de migration constitue la cause d cisive de la crise du logement Parce que cette migration rurale dispose rarement d un revenu susceptible de lui ouvrir l acc s un habitat neuf ou ancien achet ou lou au prix du march C est dans ce contexte que les pouvoirs publics d cident de construire en masse des logements populaires en particulier des grands ensembles la p riph rie des villes Cette exigence sociale de la politique du logement incite l tat invoquer les principes de l urbanisme progressiste propos s dans la p riode de l entre deux guerres par CIAM le Congr s International d Architecture Moderne et les int grer dans son projet d industrialiser le secteur du b timent Cette pens e architecturale est formul e lors du quatri me CIAM le groupe du Bauhaus en Allemagne le Stijl hollandais tenu en 1933 sous forme de Charte d Ath nes notamment par Le Corbusier partir de nouvelles techniques elle propose la planification de la ville conforme l poque industrielle pour marquer une rupture avec l architecture et la ville traditionnelles Ainsi le b ton arm et l ascenseur permettent la transformation du paysage horizontal de la vie en celui vertical Le b timent doit devenir un produit industrialis con u et usin comme n importe quelle automobile ou fer repasser Mais au sein d une telle fabrication industrielle il faut un
11. Id es Friedrich Nietzsche trad fr Genevi ve Bianquis Consid rations inactuelles I et II Paris Aubier coll bilingue 1964 Osamu Nishitani Deux notions occidentales de l homme anthropos et humanitas in Alain Supiot dir Tisser le lien social Paris dition de la Maison des sciences de l homme 2004 pp 15 23 Paul Nizan F Arouet La fin d une parade philosophique le Bergsonisme La Revue marxiste n 2 1 mars 1929 pp 235 238 repris in Articles litt raires et politique Volume I 1923 1935 dition tablie par Anne Mathieu Nantes Joseph K Pr face de Jacques Deguy 2005 pp 90 92 Notes programme sur la philosophie Bifur n 7 d cembre 1930 pp 26 39 repris in Articles litt raires et politique Volume I 1923 1935 dition tablie par Anne Mathieu Nantes Joseph K pr face de Jacques Deguy 2005 pp 119 129 Les Chiens de Garde 1932 Marseille Agone 1998 pr face de Serge Halimi Antonio Negri Communiste State Theory 1977 in Antonio Negri and Michael Hardt Labor of Dionysus A Critique of the State Form Minneapolis London 2003 pp 139 176 Simon Nora et Alain Minc L informatisation de la soci t rapport M le Pr sident de la R publique Paris seuil 1978 Thierry Oblet Gouverner la ville Les voies urbaines de la d mocratie moderne Paris PUF 2005 Peter Osborne The Politics of Time London Verso 1995 Thier
12. Pourparlers Paris Minuit 1990 33 Michel Foucault Histoire de la sexualit I la volont de savoir Paris Gallimard coll tel 1994 1976 pp 183 184 cit in Alain Brossat ch 7 Biopolitique et droit du souverain Pour en finir avec la prison Paris La fabrique 2001 pp 39 44 p 42 Sur ce point on peut lire aussi la phrase suivante nonc e par Foucault dans son s minaire publi apr s la remarque de Brossat il faut bien comprendre les choses non pas du tout comme le remplacement d une soci t de souverainet par une soci t de discipline puis d une soci t de discipline par une soci t disons de gouvernement On a en fait un triangle souverainet discipline et gestion gouvernementale une gestion gouvernementale dont la cible principale est la population et dont les m canismes essentiels sont les dispositifs de s curit Michel Foucault S curit territoire population cours au Coll ge de France 1977 1976 169 Aussi ce recouvrement d place t 1l galement la ligne de partage entre la positivit du pouvoir et sa n gativit Suivant encore Brossat si la dynamique de la modernit en Occident met en uvre des dispositifs d inclusion et de r duction des h t rog n it s destin s soumettre celles ci aux conditions d une r gle commune on peut consid rer l urbanisme comme l un de ces dispositifs d inclusion et entrevoir l envers de l
13. deuxi mement le march et les activit s conomiques sont encadr s par les lois et les institutions Il en r sulte que l tat ne peut plus intervenir sur le march pour le contr ler efficacement l inverse le march devient le principe organisateur et r gulateur de l tat comme de la soci t Celui ci s oblige se comporter en acteur du march comme une entreprise Dans cette rationalit n olib rale le principe de l gitimation de l tat ne repose plus sur l id e exprim e par la r volution fran aise et par Hegel mais est fond sur l efficacit du march Si bien que le discours sur la crise de l gitimation de l tat tir de la pr misse de son ind pendance 465 J rgen Habermas Raison et l gitimit probl mes de l gitimation dans le capitalisme avanc Paris Payot et Rivages nouvelle d 2012 1978 6 Wendy Brown Les habits neufs de la politique mondiale Paris Les Prairies Ordinaires 2007 ch 1 n 9 238 vis vis des pouvoirs politiques et sociaux poursuit elle se d barrasse de la rationalit politique au profit du march D ailleurs celle ci exerce son influence sur le processus d int riorisation de l individu Nous pouvons lancer une critique cette argumentation du point de vue de Poulantzas qui est aussi le n tre Selon lui la crise de l gitimation de l tat n est pas caus e par l intervention elle m me dans le domaine conomiqu
14. elle r duit le sujet historique une causalit quelconque D s lors le marxisme officiel ne se laisse qu un seul choix celui de substituer l exercice de la preuve ses convictions politiques comme Ch telet nous en donne les exemples confiance en la raison scientifique croyance l existence d une classe universelle Mais ce bilan que Ch telet a tabli n est qu un pr paratif pour sa discussion suivante car cela le conduit d placer le probl me sur un autre terrain celui du sens de la preuve philosophique elle m me Il prend la philosophie de Hegel en mod le de la philosophie ayant cette preuve int gralement l gitim e Ainsi demande t il L antimat rialisme reprochait la th orie marxiste d tre pr critique ne faut il pas plut t renvoyer l une et l autre attitude dos dos comme tant 171 La m me critique se trouve dans la Critique de la raison dialectique Par exemple Engels reproche Hegel d imposer la mati re des lois de pens e Mais c est justement ce qu il fait lui m me puisqu il oblige les sciences v rifier une raison dialectique qu il a d couverte dans le monde social Seulement dans le monde historique et social comme nous le verrons il s agit vraiment d une raison dialectique en la transportant dans le monde naturel en l y gravant de force Engels lui te sa rationalit il ne s agit plus d une dialectique que l homm
15. en reste naturellement pas l Ces effets doivent seulement enlever l v nement montr son caract re d vidence et faire obstacle l identification imm diate du spectateur proc dant ainsi on ouvre la voie une compr hension authentique aux op rations intellectuelles et l activit du sentiment Dans cette distance ainsi cr e par ce que Lefebvre nomme le regard trange et tranger Brecht remet en cause l vidence de la vie quotidienne sur la sc ne C est pourquoi Lefebvre dit que la pi ce ne diff re pas fondamentalement d une r union politique 7 Ibid 257 Bertolt Brecht trad fr Guy Delfel Jean Tailleur et Jean Marie Valentin La Dramaturgie non aristot licienne 1932 1951 Brecht crits sur le th tre Paris Gallimard coll Pl iade pp 245 350 p 331 258 Lefebvre Avant props de la 2 dition op cit pp 27 28 136 publique et contradictoire d un meeting C est ainsi que Lefebvre d couvre dans le th tre pique la r alisation de l adage h g lien que il affiche pour les recherches sur la vie quotidienne ce qui est familier n est pas pour cela connu Quant Debord l influence de Brecht sur lui est autrement d cisive Nous sommes galement d accord avec Marcolini Il est facile de la d couvrir dans la formule qui oppose la construction des situations et le concept de spectacle La cons
16. et le quotidien in puisable irr cusable et toujours inaccompli et toujours chappant aux formes ou aux structures en particulier celles de la soci t politique bureaucratie rouages 148 Ibid p 145 81 gouvernementaux partis Mais il a une exquise formule condens e la profondeur de ce qui est superficiel Cette ambivalence conduit Lefebvre mener une vaste enqu te intitul e Comment on vit dans un cadre sociologique partir de cette caract ristique indomptable de l objet th orique de la vie quotidienne qui r siste toutes les op rations de la raison pure nous pouvons d finir la m thode dialectique et l anthropologie philosophique auxquelles correspond cette caract ristique elle m me En ce qui concerne la m thode dialectique Lefebvre dit que la m thode dialectique est un l ment essentiel de la sociologie scientifique de toute pens e scientifique Cependant il se garde de l extrapoler formellement et de l appliquer sans r serve tel ou tel objet pour ne pas tomber dans une op ration sp culative Il importe pour Lefebvre de situer la philosophie au carrefour des sciences La m thode dialectique enveloppe implique un contenu scientifique philosophique et humain La philosophie cesse ainsi d tre sp culative et syst matique elle s ouvre sur la science d une part et d autre part sur la r alit humaine totale se Il s agit de
17. importance aux groupes de sp cialistes plut t qu l individu Une telle organisation dirig e et m nag e non pas par un patron autocrate tel que Henry Ford mais par le groupe des sp cialistes de divers domaines la production le marketing la publicit l ing nierie le droit la comptabilit etc ce groupe que Henri Lefebvre De l tat I Paris Union G n ral d ditions 1976 p 71 240 Galbraith appelle technostructure 7 Lefebvre est en accord avec cette analyse en particulier le lien tabli entre la l En fait il illustre ce lien par l analyse de la nouvelle technologie et l tat organisation de la ville au travers de l am nagement de l infrastructure Or le fil conducteur des quatre volumes de De l tat se trouve ailleurs Au d but du tome I titr L tat dans le monde moderne il pose l objet de sa th orie de l tat comme suit L objet c est la mondialisation de l tat donc un processus en voie d ach vement et pourtant non termin il peut y avoir il y a souvent inscription l ONU de nouveaux tats Pour autant qu il y ait objet celui qui d abord se pr sente c est le syst me mondial 3 des tats pour autant qu il y ait spst me La mondialisation de l tat ou bien le syst me mondial des tats tel qu il le pose comme objet th orique s explique d un c t par le contexte de la d colonisati
18. qu Althusser attribue l humanisme la bourgeoisie et l anti humanisme au prol tariat Cependant reste nous demander si la division entre l humanisme et l anti humanisme se superpose celle des classes b Une critique ranci rienne homonymie du mot homme cette fin nous nous r f rons la critique de Jacques Ranci re contre Althusser Au d but de sa carri re d intellectuel il collabore avec ce dernier notamment comme un des contributeurs de Lire le Capital Mais il rompt avec lui lorsqu il publie son premier ouvrage La le on d Althusser en 1974 Son interrogation est essentielle notre discussion parce qu en comparant le succ s du march th orique de l anti humanisme d Althusser avec le mot d ordre de la lutte de classe d alors illustr e en particulier par celle de lusine de Lip L conomie est au service de l homme non l homme au service de l conomie il soul ve la question fondamentale Quel est donc le rapport entre cet homme que l on pourchasse dans les universit s et cet homme x 362 dont on se r clame dans les usines En se demandant pourquoi la critique de l humanisme est pour Althusser importante il r pond car chez Althusser P Homme est un mythe id ologique bourgeois qui permet l exploitation en la masquant Ici se red couvrent nous l avons vu les droits de l homme le sujet libre et de droit mis en doute
19. tat adopt e par le parti communiste fran ais d alors selon laquelle il y a une alliance et une complicit entre une fraction des grands capitalistes et une poign e de hauts fonctionnaires qui m nent le monde Parce que l conomie et la politique poss dent respectivement une rationalit strat gique qui ne peut jamais se r duire la th orie du capitalisme monopolistique d tat La question est donc de savoir comment articuler les deux processus de mondialisation sans les r duire l un l autre L interrogation sur la mondialisation de l tat a un sens plein sous la condition que nous la pensions par rapport la probl matique de la production de l espace parce qu ils produisent et changent simultan ment les espaces mondiaux et nationaux Ainsi Lefebvre saisit que l espace tatique s appr te se d chirer face la mondialisation conomique Les tats nations se trouvent pris entre la tendance aux diff rences r gionales et locales d une part et d autre part les unit s et entit s supranationales le march mondial lui m me La production de l espace tatique n implique pas seulement les relations hi rarchiques des tats mais aussi la re production de l espace local tel que la ville et la campagne savoir l espace intra national Pour clarifier la singularit d une telle orientation il faut la comparer avec deux autres th ories presque contemporaines l
20. v nement ce sont les proudhoniens S il est vrai que comme Daniel Bensa d l affirme d une fa on convaincue la th orie politique distingu e de celle conomique se trouve dans La guerre civile en France de Marx celle de Lefebvre affiche sa sympathie pour la pens e de Proudhon elle m me une des sources d inspiration de Marx Comme il l voque la tradition socialiste a beaucoup de variantes quant l abolition de l tat le remplacement du pouvoir contraignant sur les hommes par l administration des choses chez Saint Simon l abolition imm diate de l tat chez Bakounine et une p riode historique de dictature du prol tariat que Marx d finit pr cis ment comme celle qui difie un tat de type nouveau par essence d p rissant Dans cette optique il faut comprendre l acquis th orique de Proudhon d pli par Lefebvre L application du principe f d ratif dans le droit politique a d ailleurs des conditions dans le droit conomique Par opposition la f odalit financi re il faut d abord constituer la f d ration agricole industrielle et dans ce cadre appliquer les principes de mutualit de 77 Daniel Bensa d Politiques de Marx Des luttes de classes la guerre civile en France in Karl Marx et Friedrich Engels nventer l inconnu Textes et correspondance autour de la Commune Paris Fablique 2008 pp 7 103 cette remarque nous joignons celle d Alain Bross
21. 464 Apr s la prise du pouvoir du PS de 1981 Balibar affirme l importance de la transformation des appareils tatiques Etienne Balibar Apr s l autre Mai in Christine Buci Glucksmann dir La gauche le pouvoir le socialisme Hommage Nicos Poulanzas Paris PUF 1983 pp 99 119 pp 109 110 237 discours sur la crise de la l gitimation de L tat nonc par Poulantzas et Habermas n est plus de mise Le contexte dans lequel elle intervient est celui o la critique de la gauche tats unienne contre la politique imp rialiste et anti d mocratique du gouvernement Bush d s le 11 septembre 2001 semble insuffisante dans la mesure o elle vise son mensonge et sa stupidit l oppos de cela elle s attache proposer une rationalit politique du n olib ralisme comme un mod le de gouvernementalit en se r f ren ant de fa on critique La naissance de la biopolitique de Foucault Son ouvrage est consid r comme un des textes fondamentaux concernant le n olib ralisme et ses analyses sont riches et perspicaces En nous focalisant sur son jugement selon lequel le discours sur la l gitimation tombe en d su tude nous allons tenter une analyse Son argument se r sume ces deux points qui caract risent la rationalit politique du n olib ralisme premi rement le politique tant subordonn la rationalit conomique toutes les dimensions de la vie se mod lisent selon elle
22. Ce que signifie le d passement de la philosophie Est ce qu il y a une unit substantielle et monolithique de la philosophie du marxisme sous une m me cat gorie dans le mat rialisme dialectique Imm diatement Ch telet r pond non rien ne permit de grouper sous cette cat gorie des philosophes 164 Laurent Husson Sartre et Lefebvre Ali nation et quotidiennet Sartre et Le Marxisme Paris La Dispute 2011 pp 217 239 pp 217 219 165 Franck Fischbach Sans objet capitalisme subjectivit ali nation Paris Vrin 2009 St phane Haber L ali nation vie sociale et exp rience de la d possession Paris Presses universitaire de France 2007 89 h r tiques tels que H Lefebvre et R Garaudy L Goldmann et P Naville car la situation du d but des ann es 1960 indique certaines disparit s de d tail la scission ressemblante au conflit religieux l int rieur du marxisme lui m me ce titre par rapport au marxisme qui se r clame de l orthodoxie des recherches comme celles d H Lefebvre de P Naville ou de L Goldmann sont qualifi es de dissidentes ou d originales des recherches que nous qualifierions pour notre part d h r sies Cependant Ch telet ne consid re pas l opposition entre l orthodoxie et l h r sie marxistes comme un lieu d clairage dans lequel se profile la signification th orique du marxisme Dans un premier temps il reprend une autre vive
23. Daniel Defert H t rotopie tribulations d un concept entre Venise Berlin et Los Angeles in Michel Foucault Les corps utopique les h t rotopies Lignes 2009 pp 37 61 p 45 345 Fran oise Choay Le r gne de l urbain et la mort de la ville Pour une anthropologie de l espace Paris Seuil 2006 pp 165 198 p 168 6 Olivier Mongin La condition urbaine Paris Seuil Points 2005 p 133 7 Jacques Donzelot Quand la ville se d fait Quelle politique face la crise des banlieues Paris Seuil Point 2006 p 35 176 Cette th orie de l espace social enveloppe d une part l analyse critique de la r alit urbaine et d autre part celle de la vie quotidienne en effet le quotidien et l urbain indissolublement li s la fois produits et production occupent un espace social g n r 348 travers eux et inversement Dans le chapitre suivant nous irons examiner de front cette th orie et l interrogation sur les conditions de l homme qu elle implique Cet examen nous m ne in vitablement revisiter le d bat sur l humanisme ouvert par Louis Althusser In vitablement parce que la position de l anti humanisme th orique pour laquelle il prend parti d termine le regard sur celle de Lefebvre Notre t che aura donc un double sens 48 Henri Lefebvre Espace et politique Le droit la ville suivi de Espace et politique Points
24. abonde du reste en menues d couvertes de cette sorte o pr domine fr quemment un l ment d apparente gratuit fonction tr s probablement de notre incompr hension 74 Ibid p 652 75 Ibid p 753 45 RTS 4 m 76 provisoire et qui me paraissent par suite des moins d daignables Le fait que la source du plaisir consiste au d calage entre l objet souhait et l objet effectivement d couvert nous r v le l opacit de l univers environnant Cette red couverte de l univers ou bien du monde ext rieur ne veut pas dire exaltation na ve de la nature repr sent e comme innocente f conde maternelle originelle mais la vie quotidienne faisant partie de la nature en m me temps que de la culture en tant que n gation de la nature C est ainsi que Breton ach ve d un seul trait de renverser les acceptions n gatives de la vie quotidienne cens e banale m diocre routini re Somme toute un lieu des r p titions simples Lorsqu elle cesse d tre transparente et devient opaque elle se transforme paradoxalement en terrain des possibles recelant la capacit d offrir de fa on inattendue des choses aux besoins innombrables de l esprit Pour les trouver dans la vie quotidienne il faut attendre les rencontres produisant la dissemblance Cette attente qui est une attitude passive en apparence ne prend sens que pour ceux qui ont le besoin ou le d sire d agir et sont pr ts ce qui vi
25. alisme solipsiste ou th ologique peut on en d montrer la validit bid p 29 90 preuves scientifiques d monstration que Merleau Ponty nomme scientisme et qui s attache la th orie du reflet d velopp e dans Mat rialisme et empiriocriticisme de L nine ou bien la relative simplicit des mouvements nerveux dont le m canisme de r flexe est tabli par Ivan Pavlov un physiologiste russe En un mot sous les yeux des critiques contemporaines le mat rialisme dialectique pr tendant d passer la philosophie en ayant recours aux sciences naturelles n en demeure pas moins dans une optique pr kantienne En outre Ch telet a des doutes sur la validit de la critique lanc e par les marxistes contre l existentialisme Ils le qualifient d id alisme et le caract risent par la doctrine de George Berkeley 1685 1753 philosophe irlandais class dans l cole de l empirisme doctrine selon laquelle esse est percipi aut percipere tre c est tre per u ou percevoir Ils entendent donc par id alisme l identification de l tre la connaissance Or la critique est injuste parce que l existentialisme est pr t reconna tre l ind pendance ou une ind pendance de l tre par rapport la conscience Qui plus est il refuse de traiter l tre comme le savant consid re son objet et encore plus de lui conf rer des propri t s d ordre scientifique Ce traitemen
26. clairer le sens et la port e de la pens e de Lefebvre nous reprendrons en d tail ce contexte double processus historique la modernisation par l urbain et la colonisation int rieure sous forme de d colonisation Ici nous nous contenterons de dire que nous ne comprenons pas sans ce contexte de l urbanisation pourquoi il identifie l ali nation la s paration ou la s gr gation Cet usage tiens d un c t au fait de l indistinction qu il fait entre Entfremdung qui est traduit en fran ais par ali nation et Ent usserung g n ralement traduit par ext riorisation de l autre au fait de sa traduction du second mot en s paration Malgr tout l usage de cette ali nation correspond la r alit du changement de la soci t d alors En fait il l utilise fr quemment mesure qu il approfondit la connaissance de la soci t urbaine Sur ce point Ross commente l ali nation terme spatial d riv du latin alienare ou alius d o proviennent aussi les termes voisins d ailleurs d alias et d alibi Les dilemmes li s l ali nation clairent les p les jumeaux de la localisation et de l identit tre ali n c est se trouver expuls de soi m me devenir tranger soi m me En d autres termes la compr hension du concept d ali nation comme s paration signifie qu un soi est exclu du lieu auquel il s identifie et appartient Cet
27. de la lecture des textes et de l interpr tation des faits Les r sultats d pendent de l chelle choisie comme initiale ou essentielle Par exemple le niveau r gional ou celui d un tat subordonn au sein du syst me mondial Ce probl me du changement d chelle semble g n ral et commun toutes les recherches op rant sur des morphologies hi rarchiques stratifi es La question de l chelle pourra se r sumer somme toute en l analyse des tron ons des morphologies hi rarchiques stratifi es compos s d chelles diff rentes urbaine r gionale nationale mondiale C est dans cette conception que se trouve la continuation de la th orie de l espace puisque Lefebvre introduit l chelle mondiale en tant qu espace du capital ainsi que celle de l tat porteur du territoire national dans 483 Lefebvre De L tat II op cit pp 68 69 246 l chelle urbaine qu il a tudi dans ses livres pr c dents Autrement dit c est par le biais de l chelle que le concept de production de l espace tend sa port e de l intra national l international Ce concept d chelle consid rant le territoire urbain comme tant le lieu strat gique que l tat occupe pour r aliser sa reformulation institutionnelle et spatiale inspire Brenner une s rie d articles qui ont pour but d analyser l tatique Statehood c est dire ce qui caract rise et
28. de consommation Apr s avoir chemin tout du long de sa pens e nous avons la conviction d tre face un t moin singulier de son si cle impitoyable mais opulent M me s il est d un temps ambivalent sinon schizophr nique il n en est pas moins un des plus grands visionnaires Aussi pouvons nous ici faire l inventaire des connaissances acquises par son truchement Qu est ce que le communisme Il est l id e sur laquelle un pan de la philosophie contemporaine par exemple Alain Badiou et Slavoj Zizek s interroge et se 256 r interroge Mais nous avons vu dans le chapitre I qu il est aussi une mani re d agir et de vivre pour ainsi dire une id e v cue Sa force vive porte sur des dimensions individuelles et sociales Il ne peut donc pas se passer d tre un lieu de croisement et de confrontation entre litt rature Breton et philosophie Lefebvre entre la tradition fran aise de la philosophie spiritualisme et les jeunes communistes des Philosophies mat rialisme dialectique ainsi qu entre la critique am re de la philosophie universitaire Politzer Nizan et les consid rations th oriques et politiques sur le nazisme Lefebvre Guterman Il est enfin un mouvement qui fait cho la volont des jeunes intellectuels de changer la vie d o la vie quotidienne en tant qu objet th orique Elle ne se limite pas l opposition entre la vie mat rielle conomie et la vie sp culative ph
29. de transgresser par la pens e peut tre par l imagination certaines de ses limites et de frayer la voie la rupture r elle 322 Roland Barthes L activit structuraliste Essais critiques 1964 in uvres compl tes II 1962 1967 Paris Seuil 2002 pp 269 528 p 472 3 Henri Lefebvre Le temps des m prises Paris Stock 1975 p 245 164 Entendons par l expression l utopie n gative la n gation du sens de l histoire cependant l utopie signifie pour Lefebvre qu elle pr tendait donner un sens l histoire plut t que la nier Si ces remarques ne reposent pas sur nos lectures elles arrivent n anmoins la m me conclusion Autrement dit sous nos yeux l argumentation de Baudrillard le conduit dans l impasse cause de son indistinction ou identification entre l effet de r el port par le langage et le syst me capitaliste Au contraire Lefebvre ne laisse jamais le domaine de la pratique conceptuelle et ce titre a une croyance plus proche de celle de la pratique th orique d Althusser et de celle de la pratique propre la philosophie de Deleuze pratiques qui ne correspondent pas seulement aux faits mais qui produisent leurs propres r alit s D un autre c t quant au th me de la vie quotidienne Lefebvre semble c der Baudrillard en confessant un discours m lancolique dans le troisi me tome de la Critique de la vie quotidienne de 1981 On en
30. dont le r le politique r el tait d j en retrait restaient n anmoins des r seaux essentiels de formation de l id ologie politique et du consensus La l gitimation se d place vers les circuits pl biscitaires et purement manipulatoires m dias domin s par l administration et l ex cutif En r sum la crise de l gitimit de l tat recouvre au travers de sa reformulation par l conomique le rapport entre le parlement et l administration ainsi que l ensemble des appareils y compris les m dias de masse de sorte qu elle appara t comme une contradiction du rapport entre la masse populaire et l tat rapport qui n anmoins passe toujours par ces appareils institutionnels une telle volution Poulantzas oppose l apparition des mouvements qui expriment de fa on nouvelle l aspiration une d mocratie directe telle qu elle est port e par les f ministes les cologistes les consum ristes afin de transformer les appareils de l tat en articulation de la d mocratie extra parlementaire avec celle repr sentative Nous ne pouvons pas juger si ce diagnostic et cette strat gie ont un sens et une port e jusqu aujourd hui sans les comparer avec l analyse de la situation actuelle Sur ce point le livre Les habits neufs de la politique mondiale crit par Wendy Brown sert de r f rent pour mesurer le changement th orique parce qu elle y est avanc e que le 463 rp Ibid p 255
31. elle Le r sultat de ces op rations ressemble la th se de Jean Fran ois Lyotard de la fin des grands r cits tels que la dialectique de l Esprit l herm neutique du sens l mancipation du sujet raisonnable ou travailleur le d veloppement de la richesse Il est vrai qu la diff rence de ce dernier qui s efforce de faire la rupture avec les temps modernes Baudrillard ne s affirme pas postmoderniste Mais tous les deux nous semblent d clarer la fin des instances capables de donner un but f los l histoire Ainsi tout perd son aura devient r plique ou recyclable et entre dans l univers de la reproduction o aucun v nement ne peut avoir lieu que toute authenticit ne signifie rien et que le cynisme triomphe Lib r s de la gravit du r el les signifiants flottants 318 Thid pp 23 24 319 Jean Fran ois Lyotard La condition postmoderne Paris Minuit 1979 p 7 162 couronnent l euphorie de la soci t postmoderne Sous cet angle la tentative du surr alisme qui transforme la r alit la plus banale en objet surr el et son imagination qui la rend possible sont d pass es par la r alit devenue hyper r elle de sorte que la r alit quotidienne fondue dans d autres r alit s politiques sociales historiques conomiques ne poss de plus son propre territoire Sans doute il ne s agit plus de la critique du productivisme d velopp e dans La soci t de co
32. est qu une s rie de r actions des chocs Walter Benjamin Sur quelques th mes baudelairiens uvre II Paris Gallimard 2000 pp 329 390 p 363 Aussi les masses perdent elles un lien organique avec leur milieu urbain de sorte que surgit l excitation intense provoqu e par des chocs pour caract riser l exp rience moderne dans laquelle la conscience a pour fonction principale une d fense contre les chocs exprim s physiquement par l accident Cependant cette discontinuit marqu e par la disparition de l aura n est pas n cessairement n gative En cette mati re au d but de l essai intitul Exp rience et pauvret en observant l impossibilit de la transmission des exp rience des soldats revenus de la Premi re Guerre mondiale Benjamin parle de l architecture de Paul Karl Wilhelm Scheerbart un des fondateurs de l expressionisme allemand L l ment d cisif dans cette langue est l attrait pour tout ce qui rel ve d un projet d lib r de construction par opposition notamment la r alit organique Ce trait est le signe infaillible du langage des hommes disons plut t des gens chez Scheerbart Car ils r cusent pr cis ment toute ressemblance avec l homme principe de l humanisme Scheerbart pour en revenir lui accorde la plus grande importance installer ses personnages et sur leur mod le ses concitoyens dans des logements dignes de leur ra
33. et de son int r t qu est la croissance conomique mais aussi entra ne des cons quences politiques et sociales qui correspondent la mont e d une nouvelle classe moyenne les employ s savoir l employ de bureau oppos l ouvrier ou les techniciens travaillant dans divers secteurs parcellis s etc la reconfiguration spatiale qui se caract rise par le renforcement du centre politique m tropole et de sa s paration d avec la p riph rie savoir la nouvelle hi rarchisation de l espace des r gions rurales la capitale nationale Il y a donc chez Lefebvre deux d nominations soci t bureaucratique de consommation dirig e et soci t urbaine Mais pourquoi deux et pas une seule Notamment quel sens donne t il la premi re Pour r pondre il faut y regarder de plus pr s En fait en discutant sur les autres d nominations de la soci t soci t industrielle soci t technicienne ou technocratique soci t d abondance soci t de loisir soci t de consommation en acceptant la validit partielle de chacune il trouve toutes ces pith tes insuffisantes Non seulement elles ne tiennent pas compte de l urbanisation mais elles ignorent aussi la dimension politique qui a pour fonction de limiter la rationalit port e par chacune Ce point s illustre par la critique qu il fait de la technocratie Pour lui la 27 Henri Lef
34. histoire elle ne serait pas consid r e comme tant p le m le des dates vides ou des v nements mais poss derait en elle m me sa finalit Hegel la d finit en terme d historicit ce qui fonde l histoire et d crit ce processus historique en forme de p lerinage qui a son point de d part son terme et sa direction dans lequel l esprit r alise de plus en plus sa libert L histoire est la science ayant vocation conna tre cette s rie orient e d v nements et se relier la culture aussi n est elle pas une science comme les autres Telle est la perspective h g lienne de l histoire r sum e par Lefebvre Apr s la victoire de l Allemagne de la guerre franco allemande et son ind pendance de 1871 dirig es par Bismarck celle ci enracine sa culture dans l histoire C est dans ce contexte que Lefebvre situe Les consid rations inactuelles de Nietzsche L Allemagne apr s 1871 est h g lienne sans bien le savoir La continuit de la pens e h g lienne est repr sent e par le vieux David Strauss C est lui que s attaque Nietzsche mais en visant plus loin Les nactuelles prononcent la fin de l histoire par d ch ance par destitution L histoire con ue par Hegel se r alise Dans la mesure o elle se r alise elle se discr dite 1 En fait Nietzche s oppose la position de Hegel en disant que l exc s de la conscience historique nuit la vie Sa remarque est e
35. l action d ordre comme on le voit dans l exclusion du sans domicile fixe SDF Contre la fonction de la soci t fond e sur la primaut de la vitesse et de l hygi ne et aussi contre l architecte et l urbaniste qui la soutiennent la critique de Virilio se r sume en ceci Il ne faut plus confondre les fonctionnements d une soci t avec cette fe ee E 1338 soci t il ne faut plus privil gier ces fonctionnements au d triment du corps social 337 338 Paul Virilio Vitesse et politique Paris Galil e 1977 pp 23 24 Paul Virilio L id ologie sanitaire L ins curit du territoire Paris Galil e 1993 1976 pp 185 193 p 192 173 C est l que l opposition entre l habiter et l habitat apparait chez Virilio Habiter c est d abord investir un lieu se l approprier Aux dimensions purement m triques d un volume b ti se joignent les dimensions affectives qui construisent le v cu des habitants c est l usage qui qualifie l espace et non pas l inverse Cette opposition est d autant plus essentielle chez Virilio qu elle se lie l analyse de l espace propos de Mai 1968 o il dit que si juste titre on a parl de lib ration de la parole on doit aussi r v ler cette lib ration de l habiter Il fixe ses yeux sur les actes de rendre instable l ordre de l espace d monstration barricade occupation des b timents Il
36. l aune de la quantit dont l talon est l argent et qu elles deviennent galitaire et changeables l une contre l autre La forme sociale qu acquiert ce caract re du travail abstrait d termine la valeur des produits du travail dans le mode de la production capitaliste Ce point d argumentation nous permet de comprendre le caract re mystique de la marchandise Cela veut dire pour Marx que dans ce mode de de production le monde sensible et personnel se transforme en monde m taphysique et d personnalis Marx 132 Henri Lefebvre et Norbert Guterman La conscience mystifi e op cit pp 163 164 71 l explicite dans ses phrases les plus connues C est seulement un rapport social d termin des hommes entre eux qui rev t ici pour eux la forme fantastique d un rapport des choses entre elles Pour trouver une analogie ce ph nom ne il faut la chercher dans la r gion nuageuse du monde religieux L les produits du cerveau humain ont l aspect d tres ind pendants dou s de corps particuliers en communication avec les hommes et entre eux Il en est de m me des produits de la main de l homme dans le monde marchand C est ce qu on peut nommer le f tichisme attach aux produits du travail d s qu il se pr sente comme des marchandises f tichisme ins parable de ce mode de production Entendons du moins par le mot f tichisme que le rapport des choses d termine le r
37. l vres Spontan ment c est dire comme une expression d une spontan it Histoire et l historicit ce serait l inach vement La fin ainsi infiniment report e l historicit ne tient plus debout comme elle le faisait autrefois Cela ne veut pas dire que le temps n est qu une s rie de pr sents En d finitive l interrogation sur la fin de l histoire ne consiste pas d clarer que son processus s arr te mais penser son sens en tant que direction ou en terme lefebvrien sa sortie Mais quelles conditions r alise t on cette sortie Si Nietzsche revendique le non historique Unhistorische et le post historique Uberhistorische afin de s opposer l historicisme Lefebvre nomme son temps transhistorique Si le premier entend 4l Thid p 100 412 Thid p 101 210 par le non historique l art et le pouvoir d oublier et de s enfermer dans un horizon limit et par le post historique les forces qui d tournent le regard du devenir vers ce qui donne au devenir un caract re d ternit et de m me signification que l art et la religion le second d signe au nom du transhistorique la p riode permanente de transition c est dire la suspension de l historicit tablie par Marx des passages du capitalisme au socialisme du socialisme au communisme Il entend par l la dislocation de l histoire universelle Weligeschichtlich dans sa di
38. la Clio de P guy djes th ses de Walter Benjamin sur le concept d histoire ou du livre posthume de Siegfried Kracauer sur L Histoire pour rompre avec les philosophies sp culatives de l histoire universelle providence divine t l ologie naturelle ou odyss e de l Esprit Sa perspective marxo nietzsch enne comme celle de Lefebvre met en avant le concept de strat gie Lefebvre dit ainsi dans la situation d alors o les tats Unis l U R S S le tiers mondisme dont la t te de pont est la Chine concourent sa supr matie Les strat gies supplantent l historicit Le rapport entre strat gie et histoire reste obscur mais coup s r il rend probl matique l histoire Les jeux de strat gie se laissent difficilement raconter surtout quand les partenaires ne sont plus deux trois la formalisation devient difficile et la part de l impr vu pr visible comme tel 430 consid rable Bensa d quant lui labore sa strat gie politique en lisant Marx et L nine M me s il critique leurs points aveugles qui peuvent favoriser un court circuit entre le moment de l exception la dictature du prol tariat et la perspective d un rapide d p rissement de l tat et du droit il n en reste pas moins qu il les reprend pour reformuler sa pens e politique notamment la politique du temps dans laquelle le Kairos moment opportun ou d inflexion brise le
39. lite On dirait que celles ci la r animent et que l autocritique est sa condition n cessaire pour qu elle ne tombe pas dans le dogmatisme Lefebvre illustre ce point en critiquant L nine propos du primat de l organisation sur la spontan it et du r le d instituteur que le parti joue Il est vrai qu il accepte que ce primat ait un sens dans le contexte de la Russie o la classe ouvri re n a aucune exp rience politique et que sa conscience en ce registre n est pas d velopp e non plus que les institutions d mocratiques Mais il limite sa port e parce que la sup riorit du parti sur le peuple n est pas pertinent pour les masses d aujourd hui l poque o Lefebvre th orise et qu il ne permet pas la spontan it cultiv e d une classe ouvri re d tre en sa capacit de construire l autonomie Le r le du parti politique ne peut plus se d finir comme celui d un instituteur des masses incultes qui Michel Foucault Qu est ce qu un auteur Dits et crits 1 1954 1975 Paris Gallimard 1994 2001 pp 817 849 p 832 11 s institue lui m me et qui institutionnalise autour de lui ce qui lui sert politiquement Cette critique a ceci de pragmatique qu en r orientant l id e devenue autoritaire vers une pratique d mocratique elle promeut une transmission et une organisation ouvertes et galitaires Aussi voquons nous une pens e marxiste saisie
40. me si Althusser Foucault Deleuze ne mentionnent jamais ce texte Ce type de connivence rel ve de ce que Derrida appelle la diplomatie de l vitement silence on ne cite pas on ne nomme pas chacun se d marque et tout cela forme une esp ce d archipel de discours sans communication terrestre sans passerelle visible Apparemment on ne communiquait pas On ne se traduisait pas Il y avait de temps en temps des signaux dans la nuit de loin Althusser saluant Lacan ou saluant Foucault qui saluait Lacan qui saluait L vi Strauss Politique et amiti entretiens avec Michael Sprinker sur Marx et Althusser Paris Galil e 2011 p 39 Le motif que Derrida d plie dans les Politiques de l amiti est entrevu l oppos de la th se de Carl Schmitt selon laquelle le politique se d finit par le rapport entre l ami et l ennemi celui l se situe entre amis Quoi qu il en soit dans cette configuration son positionnement est marginal mais singulier Dans son essai titr Les fins de l homme il prend en consid ration la tradition de la philosophie fran aise en maintenant une double tension d une part une tension entre l humanisme rationaliste ou spiritualiste Bergson Brunschvicg Alain et l aversion que Sartre exprime dans La Naus e l gard de l humanisme en tant que principe id ologique de la Troisi me R publique de l autre celle entre la philosophie de trois H c
41. nous allons regarder de pr s les enjeux th oriques de chaque orientation b Le geste pour le social les deux critiques contre la philosophie universitaire au mouvement antifasciste Un apr s que Bergson eut re u le prix Nobel Politzer publie La critique des fondements de la psychologie introduisant par l la psychanalyse de Sigmund Freud de fa on critique en France En suite en janvier 1929 il publie sous le pseudonyme de Fran ois Arouet le vrai nom de Voltaire un pamphlet contre le bergsonisme La fin de la parade philosophique Cette critique marque clairement une rupture dans l histoire de la r ception de la pens e bergsonienne dans l extr me gauche r volutionnaire anti parlementaire voire anti d mocratique affirm e notamment par Georges Sorel et Charles P guy Cette disqualification de la philosophie bergsonienne continuera au x 90 A moins jusqu Louis Althusser dans le courant marxiste en m me temps qu elle 88 Bud Burkhard And So Ends the Avant Garde 2 French Marxisme between the Wars op cit pp 133 167 p 138 Fran ois Azouvi L hostilit de l extr me gauche les faveurs de l extr me droite La gloire de Bergson Essai sur le magist re philosophique Paris Gallimard 2007 pp 306 312 p 306 0 Faut il ajouter ici encore une raison nationale Elle tient la pitoyable histoire de la philosophie fran aise dans les 130 ans qui sui
42. ois Cusset Franch Theory Foucault Derrida Deleuze et Cie et les mutations de la vie intellectuelle aux tats Unis Paris La D couverte 2005 3 l origine conceptuelle et territoriale des travaux du penseur car il existe un risque d tre perdu dans la transposition de sa pens e Pour distinguer la pratique du d paysement des th ories de la simple circulation des noms propre sur le march du livre il est n cessaire de conna tre le contexte dans lequel volue sa pens e Il nous semble que l ensemble des intervenants sur la pens e de Lefebvre a bien identifi sa situation En fait en reconstituant l volution th orique l int rieur de sa pens e les travaux de Rob Shields de Stuart Elden d Andrew Merrifield offrent un bon panorama de sa pr hension dans le monde anglo saxon Parall lement cet accueil de nouvelles orientations critiques se font jour dans les domaines et de la g ographie et de la sociologie urbaine Elles explicitent pourquoi sa pens e attire le monde anglo saxon David Harvey et Edward W Soja en sont repr sentatifs Apr s avoir termin ses tudes empiriques et positivistes sur la g ographie et dont le r sultat se cristallise dans l ouvrage Explanation in geography publi en 1969 Harvey se dirige vers le travail critique et marxiste M content du statut de discipline subalterne directement au service des puissances politiques et conomiques ce moment l o la guerre du
43. ologie chez Althusser et l essai de fondation de la th orie de l espace chez Lefebvre En retra ant leurs r seaux de concepts nous mettrons au jour ce qui est en jeu en mati re d Homme En outre la fin du chapitre nous nous demanderons ce que nos deux auteurs de livres portant le titre de position pensent de la philosophie au regard de la pratique Enfin dans la troisi me partie et dernier chapitre nous traiterons du troisi me th me de la pens e de Henri Lefebvre savoir l tat Il publie 4 volumes qui font environ 1700 pages consacr s ce sujet et titr s pr cis ment De l tat durant les ann es 1976 1978 au moment o l on parlait de la renaissance de la th orie marxiste de l tat repr sent e par Nicos Poulantzas Leur r ception effective est relativement r cente m me dans le monde anglo saxon La traduction de ses crits en anglais concernant l Etat non seulement les morceaux choisis De l tat mais aussi ses autres 32 Henri Lefebvre Position contre les technocrates en finir avec l humanit fiction Paris Gonthier 1967 Louis Althusser Positions Paris Editions sociales 1976 18 articles est effectu e par Gerald Moore Niel Brenner et Stuart Elden en accompagnement d une longue introduction crite par les deux derniers Entre autres Brenner associe bien la probl matique lefebvriste de l espace celle de l tat en se focalisant sur le co
44. partir des articles de Marx notamment D bats sur la loi relative au vol de bois qui racontent comment le bien commun tel que les bois se transforme en objet privil gi par l introduction de la priorit priv e 40 Lefebvre crit ainsi ces p riph ries voient leurs structures conomiques sociales politiques d sint gr es par l action du capitalisme qui r alise la plus value sur le march mondial et sont partiellement int gr es au capitalisme par les investissements et la mont e d une bourgeoisie locale nationale ou comprador comme on a dit dans la deuxi me moiti du XX si cle Ibid p 310 1 Lefebvre De l tat III op cit p 119 Cette formulation concernant le rapport entre la violence et la formation de l espace social est galement consid r e comme une r ponse la question d j pos e dans La production de l espace o en crivant que l espace tatique se constitue par la formation du march nationale et la monopolisation de la violence que Max Weber emploie pour d finir l tat Lefebvre pose la question r soudre Le rapport reste d terminer entre la croissance conomique spontan e l intervention de la violence et leurs effets respectifs Dans cette hypoth se les deux moments ont conjugu leurs effets pour produire un espace celui d un tat nation Celui ci ne peut se d finir ni par une substantialit personnaliste n
45. parue en 1975 dans la revue communiste Pens e Cette dur e t moigne qu il ne cesse jamais d occuper une place importante dans sa pens e m me apr s que celle ci soit modifi e par lui m me dans ses l ments d autocritique de 1972 Les concepts de probl matique qu il emprunte son vieil ami Jacques Martin et de la coupure pist mologique qu il reprend de la rupture pist mologique de Bachelard sont employ s pour mettre au jour l volution th orique du jeune Marx bas sur l humanisme la maturit de Marx qui repose sur l anti humanisme Il divise cet itin raire en trois tapes dans Marxisme et Humanisme La premi re correspond au moment o en publiant le journal Rheinische Zeitung Gazette rh nane de janvier avril 1843 se fonde sur un humanisme rationaliste lib ral plus proche de Kant et de Fichte que de Hegel Selon cette doctrine la libert est l essence de l homme comme la pesanteur est l essence des corps Elle est humaine et comme le vouaient Kant et Fichte rationnelle en ceci qu elle est l autonomie qui r sulte de l ob issance la loi int rieure de la raison Cette forme rationnelle ne peut exister que dans l tat moderne de droit de sorte que chaque citoyen conform ment aux lois de l tat ob it aux lois naturelles de la raison humaine Sous cet angle le citoyen en contrepartie veiller ce que l tat n outrepasse
46. pp 42 62 Ana Sugranyes et Charlotte Mathivet dir Villes pour toutes et tous Pour le droit la ville propositions et exp riencs Santiago du Chili Habitat International Coalition 2011 252 Partant de certaines observations sur la situation actuelle nous ferons quelques remarques pour la d crire m me bri vement par les concepts des deux penseurs que nous avons essay de comprendre jusqu ici Ces remarques ne sont qu hypoth tiques c est dire ouvertes et destin es tre plus d velopp es dans l avenir Apr s la crise des subprimes on parlait de la fin du capitalisme Du moins il nous semblait que ce que l on entend par n olib ralisme le fondamentalisme du march conomique se voyait reculer devant cet chec En effet en pr tendant lutter contre les in galit s accrues les partis progressistes arrivent au pouvoir du moins au Japon en France aux tats Unis Mais on se demande aujourd hui s il y a quelque changement notable Bien s r la personnalit ou la bonne volont des hommes politiques n est pas en cause Ce que nous pouvons penser du point de vue tabli jusqu ici c est que cela est insuffisant Pour un vrai changement il importe de transformer les appareils d tat dans lesquels les institutions n olib rales sont mat riellement incarn es parce qu une fois mises en uvre celles ci ne sont pas automatiquement d gag es par le changement du
47. r sur L A 432 nouent n cessit et contingence acte et processus histoire et v nement Dans ce temps politique o les complots se trament clatent et se d ploient vers l v nement la philosophie du non le travail du n gatif le point de vue de la totalit les sauts impr dictibles c l br s par L nine dans ses notes marginales la Logique de Hegel n ont pas t d finitivement dompt s Car travers la dialectique c est bien la R volution qui est vis e Ces sauts de l histoire rendent possible l impossible surviennent dans les luttes multiformes et ce titre ont une force structurante dans le social La pens e strat gique est donc la fois pratique et th orique parce qu elle a pour t che de d chiffrer et d appr cier les moments critiques contenus dans le mouvement dialectique Le rapport entre la th orie et la pratique dans la pens e marxiste ne se r duit jamais 2 Daniel Bensa d Les sauts Les sauts Les sauts L nine et la politique 2002 La politique comme art strat gique Paris Syllepse pp 107 118 pp 39 40 3 Daniel Bensa d Dialectique et r volution 2005 op cit p 197 220 l application automatique de telle ou telle doctrine marxiste aux conjonctures Il est d autant plus complexe que chaque penseur est dans une situation singuli re dans laquelle il fraie son chemin s interrogeant sur les fond
48. s par la technique la fois permettant la vie urbaine et accentuant l opacit de l imm diatet de l exp rience D ailleurs il lie galement cette perte du r f rentiel au p 2 p 312 Henri Lefebvre Introduction la modernit Paris Minuit 1962 p 180 181 Nous pouvons comparer cet clatement du r f rentiel que Lefebvre rep re vers 1910 ce que Walter Benjamin appelle d clin de laura Caus par la reproduction technique notamment la photographie invent e en 1830 et la cin matographie en 1895 ce changement du statut de l uvre d art s associe celui des exp riences du conteur de l acteur du fl neur ou le passant de la rue du travailleur et du lecteur Sous cet angle dans Sur quelques th mes baudelairiens les th mes baudelairiens sont identiques ceux benjaminiens Benjamin y part du constat que la po sie lyrique crite de fa on r aliste ou naturaliste n a plus connu aucun succ s de masse depuis Baudelaire Ensuite il encha ne la foule d crite dans le roman de Poe que Baudelaire traduit en fran ais avec le changement du processus de travail analys par Marx o d pouill s d autonomie les ouvriers sont assujetties la machine avant ainsi poursuivre Les passants qu il Poe d crit se conduisent comme des tres qui adapt s aux automatisme n ont plus pour s exprimer que des gestes d automates Leur conduite n
49. t du spectacle III 3 La r cup ration compl te de la critique ou sa continuation a La s miologie sociologique de la vie quotidienne chez Jean Baudrillard b La continuation de la critique passant par l urbain c L acte d habiter et l appropriation de l espace Chapitre IV Deux positions d Althusser et de Lefebvre un retour la querelle de l humanisme IV 1 La position d Althusser a L anti humanisme th orique selon Althusser b Une critique ranci rienne l homonymie du mot homme IV 2 Sur la repr sentation du rapport entre l homme et l espace a Sur la br ve histoire de la modernisation de la soci t par l urbain b Quelques piliers de la th orie de l espace chez Lefebvre c La critique par Lefebvre de l urbanisme d Comment interpr ter le sens de la fin de l histoire IV 3 La th orie et la pratique dans la philosophie marxiste 294 141 153 164 170 178 180 180 188 191 193 196 200 204 212 TROISIEME PARTIE L ESPACE ET L ETAT Chapitre V La th orie de l tat l heure de la mondialisation 224 225 V 1 La division transnationale du travail comme un des moteurs de l conomie globalis e V 2 La th orie de l tat capitaliste chez Poulantzas a un d bat entre le n o l ninisme et l eurocommunisme b La crise de l gitimation de l tat V 3 La th orie de l tat comme un prolongement de la prob
50. taphores de Bergson au point qu elles sont devenues des lieux communs insupportables Mais ils parlent toujours du concret en g n ral de la vie en g n ral et d autre part aucun de ceux qui ont aper u le vrai chemin de la psychologie concr te ne doit rien mais absolument rien Bergson Nous entendons par les mots concret en g n ral l homme d nu de toute dimension particuli re et individuelle Ce qu implique cette critique s illustre par une critique lanc e contre le trait de la libert de Bergson c est dire contre ce qui fait de la libert une affaire purement int rieure Au sujet de la libert Politzer rapproche de fa on tonnante Bergson de Kant adversaire th orique de celui l Parce que selon Marx Paris La D couverte 2005 1965 p 16 l Gille Deleuze Le Bergsonisme Paris Presses universitaires de France 2004 1966 92 Georges Politzer La fin d une parade philosophique le bergsonisme Contre Bergson et quelques autres crits philosophiques 1924 1939 Paris Flammarion 2013 pp 127 244 p 188 Ibid p 150 53 Bergson en un mot Politzer dit il je suis libre quand l action m appartient vraiment quand je fais ce que je veux vraiment et que selon la fin de la Critique de la raison pratique lacte libre est Politzer dit il celui qui exprime le sujet En situant la philosophie bergsonienne dans la ligne post kantienne il juge son
51. une r dition Z S n 12 semptemble 1969 Guy Debord uvres Paris coll Quarto Gallimard 2006 pp 623 634 131 Elle m a quitt et pris mon carnet d adresses J ai t l phon Debord pour lui dire que je voulais continuer la n gociation avec Herval mais que je n ai plus son adresse ni son num ro de t l phone rien Debord a commenc me calomnier par del le t l phone Il tait furieux et a dit que Je ne m habitue aux gens tels que vous qui deviennent tra tre au moment d cisif C est la raison pour laquelle la rupture entre nous intervient mais il y a 246 un temps o nous partagions une amiti r elle et tr s passionn e Si nous suivons Lefebvre nous pouvons envisager l affaire comme un fait trop humain La mise en accusation de Lefebvre tient son chec des n gociations avec l dition de Minuit Vrai ou pas a n a pas grande importance dans le sens o l on retrouve souvent ce type de situation la maladresse la vengeance le ressentiment etc en arri re fond des ruptures L important se trouve dans les relations th oriques qui se tissent au travers de leurs crits respectifs ce qui apporte un clairage pr cieux sur les th mes d velopp s en commun comme celui de la vie quotidienne Sous cet angle nous reprendrons les textes des situationnistes en nous focalisant sur ceux de Debord L Internationale situationniste appartient comme s
52. volutionnaire C est parce que la scientificit de la th orie de l histoire provoque l attitude contemplative du sujet que cette logique s op re entre la 88 Thid p 801 149 repr sentation du prol tariat et sa pratique Par exemple en prenant la d fense scientifique de la r volution prol tarienne Marx emp che dans le m me temps la spontan it et la pratique du prol tariat que Debord saisit au travers de sa repr sentation laquelle se d tache du prol tariat lui m me Il en va de m me pour l organisation sociale d mocrate se pla ant au rang des professeurs qui duquaient la classe ouvri re et pour les r volutionnaires professionnels dirig s par L nine qui s f r r n4291 occupent la direction ext rieure du prol tariat En r cusant l alternative entre les r formistes et les r volutionnaires qui revient au renforcement de l tat bureaucratique ou de sa variante que Debord qualifie de spectre bourgeoisie bureaucratie il caract rise les Conseils de travailleurs par la dictature anti tatique du prol tariat Ensuite en invoquant le nom de Pannekeoek premier th oricien des Conseils ouvriers contre L nine il donne une d finition des Conseils ouvriers selon laquelle ils se comprennent comme concentant en eux toutes les fonctions de d cision et d ex cution et se f d rant par le moyen de d l gu s responsables devant la base et r
53. 1957 pp 104 137 L exclu qui s inclut Les emps modernes n 149 1958 Henri Lefebvre La somme et le reste op cit p 509 Henri Lefebvre L existentialisme Paris Anthropos 2001 1946 110 N D celui l ins re son existentialisme dans le marxisme pour refonder l intelligibilit de l histoire au travers de ce dernier Il est certain que ce qui incite Lefebvre engager le dialogue avec Sartre est le changement de circonstances que provoquent le rapport Khrouchtchev l insurrection hongroise etc Mais ce qui le conditionne philosophiquement est la querelle de l ali nation Le concept d ali nation voque Lefebvre soul ve une agitation o s affrontent les marxistes les non marxistes les voisins du marxisme notamment ceux qui utilisent le concept de fa on critique et ceux qui le refusent Pour la comprendre il suffit d voquer jusqu au seuil des ann es 60 le fait que Lefebvre et Sartre quoi qu ils soient ou ne soient pas adh rents au PCF utilisent ce concept contre les dogmatistes du Parti L enjeu du concept r side dans la pens e de Lefebvre comme suit Si le concept d ali nation n a pas de port e et s il ne permet ni la saisie ni l explication des faits la philosophie perd une raison d tre N anmoins il existe une diff rence entre Lefebvre et Sartre dans l usage du concept Husson explique dans l article que nous avons
54. 368 Thid p 167 3 La M sentente politique et philosophie Paris Galil e 1995 pp 12 13 370 Pour conna tre la discussion d taill e sur l usage du mot par rapport au trait ranci rien de la d mocratie voir Jacques Ranci re Aux bords du politique Paris Gallimard coll Folio 2003 1990 Sur l galit d intelligence voir Le ma tre ignorant cinq le ons sur l mancipation intellectuelle Paris 10 18 2004 1987 190 qu ignore Althusser qui en lieu et place il ne reconna t sous le mot d humanisme que le m canisme destin reproduire la domination Dans la discussion que nous avons d velopp e jusqu ici comment situer la position de Lefebvre Sachant que sa pens e n a aucune relation avec celle de Ranci re nous consid rons qu elle n a rien de commun avec la politique des usages du mot Mais si humanisme dont il se r clame ne peut tre pensable sans tenir compte de sa th orie de l espace cet humanisme s affronterait il au cas d homonymie Parce que l urbanisme auquel se confronte Lefebvre n a une repr sentation de l homme qu au travers de sa pratique de la planification de l espace L humanisme est ce titre un lieu de confrontation entre les urbanistes et Lefebvre Sous cet angle dans une section suivante nous restituerons tout d abord le contour de la th orie de l espace ensuite nous y rep rerons la question de l homme enfin nous traiterons de l
55. 8 tienne Balibar Europe Constitution Fronti re Paris Passant 2005 p 18 239 V 3 La th orie de l tat comme un prolongement de la probl matique de l espace chez Lefebvre a La mondialisation de l tat et la production de son espace L interrogation sur l tat n est pas l apanage du marxisme Henri Lefebvre trouve son inspiration ailleurs pour forger sa th orie Par exemple d un c t il pense que le capitalisme d tat et le socialisme d tat apparemment tout fait diff rents l un de l autre ont quelque chose de commun d autant que tous les deux jouent un r le de croissance et exercent une profonde influence sur la soci t D un autre c t John Kenneth Galbraith keyn sien tats unien remarque ce m me caract re et le formule comme planning system syst me planificateur dans son ouvrage titr Le Nouvel tat industriel Il pr tend du reste que dans le monde de l apr s guerre l exigence de planification de sp cialisation et d organisation augmente d autant plus que l application de la technologie l industrie se multiple Tant que l aide de l tat est indispensable pour l investissement massif cette derni re s accompagne d une division du travail et d une sp cialisation plus complexes dans le processus de production lui m me de sorte qu il faut de l organisation Celle ci caract risant le syst me planificateur attache plus d
56. Ce but les conduit employer deux m thodes nettement distinctes mais li es La premi re est chrono th matique c est dire la fois chronologique et th matique La raison de ce choix est tr s simple Il est vrai que l exposition chronologique nous permet de comprendre facilement l ensemble du parcours du penseur Mais elle a souvent le d faut de n gliger l volution th orique irr ductible la biographique Par contre si la th matique a l avantage de faciliter l examen minutieux elle n est pas en mesure d expliciter l ensemble La seconde est comparative Nous savons que comme dit le proverbe comparaison n est pas raison en ce sens que les mots similaires ne signifient pas n cessairement un emploi identique Mais une raison sans comparaison ne risque t elle pas d tre prisonni re d une sorte de provincialisme De toute fa on il nous semble que la m thode chrono th matique rend plus solide la m thode comparative parce que les lieux de comparaison sont balis s par les th mes les r seaux de concepts et les situations communes Ils constituent galement les carrefours o Lefebvre et ses contemporains se croisent s allient ou s affrontent 14 Apr s avoir pr cis le but et les m thodes de nos tudes nous nous proposons d en dessiner le plan Dans la premi re partie compos e de deux chapitres nous traiterons du th me de la vie quotidienne Le chapitre I sit
57. Daniel Bensa d auteur de Marx l intempestif un des animateurs de la revue Contretemps et un des fondateurs de la LCR Ligue Communiste R volutionnaire puis du NPA Nouveau Parti Anticapitaliste Chez lui aussi les pens es dialectiques et inactuelles ne sont pas contradictoires mais coexistent l une avec l autre C est ainsi qu il place en exergue la phrase de Th odor Adorno La raison dialectique est d raison par rapport la raison dominante c est en d masquant cette derni re et en la d passant qu elle devient 428 r s j Gr p raisonnable en m me temps qu il suit le sillage de la seconde Consid ration 26 Gille Deleuze Nietzshe et la philosophie Paris Presses Universitaires de France 2005 1962 pp 122 123 C est l ensemble de la philosophie de Nietzche qui reste abstraite et peu compr hensible si l on ne d couvre pas contre qui elle est dirig e l une d elles r ponses particuli rement importante est que le surhomme est dirig contre la conception dialectique de l homme et la transvaluation contre la dialectique de l appropriation ou de la suppression de l ali nation Ibid p 9 28 Th odor Adorno Minima moralia cit in Daniel Bensa d Dialectique et r volution 2005 Penser agir Paris Nouvelles ditions Lignes 2008 pp 191 198 218 427 intempestive de Nietzsche de L ternit par les astres de Blanqui de
58. IV 1 La position d Althusser a L anti humanisme th orique selon Althusser Le succ s philosophique d Althusser peut tre expliqu pour plusieurs raisons Par exemple par le fait qu il ne donne pas seulement de nouvelles pistes dans sa lecture rigoureuse de Marx mais qu il a aussi des traits communs avec ses contemporains En effet d couvrant sa proximit avec Jacques Lacan dans son mot d ordre retour Freud il n applique pas seulement la psychanalyse sa lecture de Marx mais aussi l gal de Lacan pour Freud il pr ne un retour Marx Qwest que l on entend par retour On peut en dire deux choses La premi re porte sur le statut scientifique de ses recherches En cent lieux de son uvre Freud s est dit th oricien a compar la psychanalyse sous le rapport de la scientificit la science physique issue de Galil e a r p t que la pratique la cure et la technique analytique la m thode analytique n taient authentiques que parce que fond es sur une th orie scientifique Freud a dit et redit qu une pratique et une technique m me f condes ne pouvaient m riter le nom de scientifiques que si une th orie a A E 2353 leur en donnait non par simple d claration mais par fondation rigoureuse le droit La scientificit et le primat de la th orie sur la pratique ainsi nonc s se traduisent dans sa perspective politique par la lutte
59. Ils trouvent cette id ologie de l individualisme et son effet aussi bien illusoire que r el dans le nationalisme fasciste La fausset de l individu bourgeois sera n cessairement reconnue Le nationalisme fasciste conna t cette fausset et en abuse Conform ment toute l inspiration de la science et de 129 Ibid p 6 69 l action bourgeoises il ne comprend pas les individus il les d truit il les man uvre brutalement les utilise les agglom re en foules mystifi es Il les nie en exigeant d eux un total sacrifice la nation En r alit voici quelle est la situation des masses l individu r duit concevoir son tre social non comme une r alit concr te et directe mais comme une d termination abstraite de devoirs sociaux et croyant appartenir une unit abstraite par exemple la nation tend lorsqu il n arrive pas s expliquer lui m me et concentrer son activit autour d une r alit de classe la concentrer autour d une id e path tique C est ainsi que l id ologie du nationalisme discourant dans le domaine de la culture appara t comme une mystification politique Cette mystification politique exige la t che de la d mystification qui se fixe l objectif de r aliser la soci t sans classe L objectif de cette mancipation serait consid r si l on veut comme appartenant au grand r cit Mais cette poque ce r cit est r ci
60. Jean Baudrillard Ren e Cartelle L id ologie allemande Paris ditions sociales Bertolt Brecht trad fr Gilbert Badia et Jean Baudrillard Dialogues d exil s Paris l Arche 1965 Peter Weiss trad fr Jean Baudrillard Point de fuite Paris Seuil 1964 153 exemple son premier ouvrage Le syst me des objets a une r sonance avec Le syst me de la mode crit par Barthes en 1967 Par ailleurs il tait d abord un assistant et puis un jeune coll gue de Lefebvre l universit de Nanterre 1965 1974 et sympathisant de l Internationale situationniste Pourtant il nous semble que l on n a pas assez attach d importance la proximit des th mes de recherche entre Lefebvre et Baudrillard voquer cette filiation th orique permet d claircir et de mesurer la diff rence entre la d rive cr ative de la critique de la vie quotidienne telle que la m ne Baudrillard et celle que Lefebvre oriente continuellement Pour ce faire nous relirons principalement deux des ouvrages majeurs de Baudrillard ses mythes et ses structures publi en 1970 et L change symbolique et la mort en 1976 D s le d but de La soci t de consommation apparaissent la consid ration de la vie quotidienne comme un lieu de la consommation et la critique de la croissance conomique qui ont pareillement une grande place chez Lefebvre Nous sommes l au foyer de la consommation comme organisation totale de la quotidienne
61. Paris Galil e 1976 Paul Virilio L ins curit du territoire Paris Galil e 1993 1976 Vitesse et politique Paris Galil e 1977 L espace critique Paris Christian Bourgois 1984 et Sylv re Rotoringer Crepuscular dawn Nez York Semiotext e 2002 La ville panique Ailleurs commence ici Paris Galil e 2003 Le littoral la derni re fronti re entretien avec Jean Louis Violeau Paris Sens et Tonka 2013 Immanuel Wallerstein trad fr par Philippe Steiner et par Christian Tutin Le capitalisme historique Paris La D couverte nouvelle d 2011 The Modern World System II Mercantilism and the Consolidation of the European World Economy 1600 1750 University of California Press 2011 1980 trad fr par Camille Horsey et par Fran ois G ze Comprendre le monde introduction l analyse des syst mes monde Paris La D couverte 2009 G rard Wormser Ali nation Fran ois Noudelmann et Gilles Philippe dir Dictionnaire Sartre Paris Honor Champion 2004 pp 26 27 Slavoj Zizek trad fr par Delphine Moreau et J r me Vidal Vous avez dit 291 totalitarisme cinq interventions sur les m s usages d une notion dition Amsterdam 2007 292 Table des mati res Introduction 2 Premi re partie LA VIE QUOTIDIENNE COMME UNE PROFONDEUR DE CE QUI EST SUPERFICIEL 21 CHAPITRE I ACTE INAUGURAL DE LA PENSEE CHANGER LA VIE 29 1 1 la reche
62. Press 2008 ch 4 trad fr par Fortunato Isra l Critique de l Etat territoire autorit et droits de l poque m di vale nos jours Paris D mopolis 2009 226 parcours th orique dans lequel elle consid re trois l ments le territoire l autorit les droits comme composants fondamentaux de l assemblage du national elle en examine la formation complexe partir du Moyen ge et rep re son d sassemblage dans les ann es 1980 Cette analyse s oppose implicitement ou explicitement la pr supposition de l analyse des syst mes monde cr e par Immanuel Wallerstein selon laquelle il y a continuit de la structure fondamentale de l conomie mondiale capitaliste qui remonte au XVe si cle pour mettre l accent sur la discontinuit marqu e par la mondialisation Mais nous soulignons galement que le rep rage du commencement de la mondialisation dans les ann es 1980 est d au fait que Saskia Sassen se focalise sur la transformation du cadre des institutions internationales D un autre c t certains envisagent un moteur de la mondialisation observ d s les ann es 1960 Par exemple bien que le sociologue Niel Smith attache de l importance divers facteurs de la mondialisation la d r gulation de la finance la culture de la communication promue par l informatisation de la soci t et la culture nomade constitu e par le d placement des immigrants
63. Rimbaud changer la vie en deuxi me lieu la g n alogie qu il a fabriqu e et dans laquelle s enregistrent les noms du romantisme allemand Baudelaire Rimbaud Mallarm Apollinaire et Reverdy et o l on peut trouver la valorisation et l exploration de la vie quotidienne enfin h ritage du surr alisme qui en exploitant et transformant cette lign e l a l gu aux g n rations suivantes jusqu la n tre Cette trace qu il a imprim e est tout aussi perceptible chez des crivains comme Bataille Leiris Queneau et Benjamin que Lefebvre et Debord Ayant l objectif de pratiquer la r volution de la vie quotidienne que ses trois premi res revues montrent La R volution surr aliste Le surr alisme au service de la r volution Minotaure les essais et manifestes de Breton approfondissent et articulent la vision surr aliste la possibilit humaine enracin e dans la lib ration du d sir De ce point de d part Sheringham expose la vie quotidienne chez Lefebvre comme r pondant celle du surr alisme Mais dans son raisonnement sinon un faute un fait lui chappe le fait que l origine du th me de la vie quotidienne chez Lefebvre pourrait remonter R mi Hess et Stuart Elden le sugg rent avant la publication de la 44 Michael Sheringham ch 2 Surrealism and Everyday Everyday Life op cit p 59 94 p 59 29 Critique de la vie quotidienne Introduction Pr cis ment au
64. Syllepse 2010 pp 83 107 pp 100 101 521 Voir deux articles crits lors de la l gislation de 1982 portant sur la d centralisation Pierre Legendre La France entre deux centralismes Le Monde 3 novembre 1983 Remarques sur la re f odalisation de la France Sur la question dogmatique en Occident tome II Paris Fayard 2006 pp 271 287 522 En particulier l ouvrage sur la D claration internationale des droits vocation universelle proclam e Philadelphie le 10 mai 1944 Alain Supiot L esprit de Philadelphie la justice sociale face au march 271 Ces ouvertures tant connues nous nommerons le tout de la pens e de Henri Lefebvre tudi e jusqu ici anthropologie philosophique de l espace Bien s r elle n exclue pas de sa pens e l aspect sociologique simplement parce que la sociologie travaille le fait de la soci t qui est construit par des donn es statistiques et des r sultats d enqu te de terrain alors que la philosophie labore les concepts et leur interpr tation par l interm diaire desquels elle a son propre domaine et contribue la premi re Cet humanisme conditionn par l espace a donc pour caract ristique d ouvrir la philosophie aux sciences sociales sociologie et la pens e de Lefebvre la philosophie elle m me Voil le d fi auquel se sont affront es nos tudes puissent elles ne pas tre condamn es recevoir un accueil soup onneux tant chez les p
65. Thid p 30 260 Thid p 22 l Debord Rapport sur la construction des situations op cit p 325 326 137 contemplation passive et les appelle construire des situations pour briser ce cercle vicieux tabli par le spectacle et qui domine dans la soci t Alors o est la pratique de l effet de distanciation chez Debord Elle court sur l ensemble de son uvre de mai 68 la scission de l Internationale situationniste en 1972 et au del Il faut prendre l exemple d un film r alis par Debord lui m me et regarder sa structure Il s agit de IN GIRUM IMUS NOCTE ET CONSUMIMUR IGNI titr en palindrome et que Debord pr sente en 1978 Tout le film est principalement structur de la m me mani re que ses autres films savoir par des images emprunt es ou bien arrach es ou bien vol es aux photos de publicit s des catalogues et aux films hollywoodiens fran ais etc ainsi que par une voix disant le texte dont il est l auteur Sans doute est ce l effet de cette structure qui nous donne l impression que la voix portant le message de Debord pr domine sur l image et qu elle nous contraint l couter souvent avec ennui Cependant on pose la question simple et na ve de savoir pourquoi tourne t il un film quelle importance de faire comprendre son spectateur son message par la voix plut t que de le faire dans un livre Bien entendu ce film est fait d une pratique que Debord appelle le
66. affirme en outre que ces actes exercent non pas une violence agressive mais une violence transgressive contre l ordre de l espace L acte de destruction quasi inconsciente de voitures de mises feu et des panneaux de signalisation par les participants aux manifestations montre la r pugnance contre les limites de la mobilit impos es par la circulation de la voiture et la police la mise en place des barricades n a pas essay de r tablir l obstacle d fensif mais de montrer la nouvelle appropriation de l espace et les squatters habitant les b timents abandonn s et d vast s rendent subversives les fonctions et destinations donn es aux b timents l cole le th tre l usine et la gare Ainsi les gens transgressaient l ordre de l espace impos chaque b timent et la ville en ayant habit l inhabituel Bref le concept de la transgression de l espace nous voquant la pens e de Georges Bataille signifie l usage des lieux au del de l ordre de l espace qui leur assigne une certaine fonction En ce sens ce qui arrive en Mai 68 est pour Virilio un v nement s tendant 3 Paul Virilio Habiter l inhabituel L ins curit du territoire Paris Galil e 1993 1976 pp 195 203 p 197 9 Paul Virilio Le m L ins curit du territoire Paris Galil e 1993 1976 PP 71 92 p 85 174 au territoire national tout entier la gr ve g n rale auq
67. alliance avec la religion car pour lui le christianisme atteint tout de m me son but en s alliant avec la culture historique le plus souvent sans que celle ci en ait conscience Et alors parlant au nom de cette culture il r pudie d un 402 Observez le troupeau qui pa t sous vos yeux il ignore ce qu tait hier ce qu est aujourd hui Il s bat broute se repose rumine puis reprend ses bats ainsi du matin au soir jour apr s jour li son plaisir et sa douleur comme au piquet de l instant sans m lancolie ni sati t Il est dur l homme de voir cela parce qu il se vante de son humanit s il se compare l animal dont il envie pourtant le bonheur Car il ne souhaite rien de plus que de vivre comme l animal sans sati t ni douleur mais il a beau le vouloir il ne le veut pas comme l animal Mais il s tonne aussi de lui m me de ne pouvoir apprendre oublier et de rester toujours accroch au pass Sans arr t une feuille apr s l autre se d tache du rouleau du temps tombe voltige un moment puis retombe sur les genoux de l homme L homme dit alors Je me souviens et il envie l animal qui oublie aussit t et qui voit vraiment mourir l instant d s qu il retombe dans la brume et la nuit et s teint jamais Friedrich Nietzsche trad fr Genevi ve Bianquis Consid rations inactuelles I et II Paris Aubier coll bilingue 196
68. and Practices from Surrealism to the Present Oxford Oxford University Press paperback edition 2009 2006 Guillaume le Blanc et Bruce B gout Le quotidien une exp rience impensable 290 Table ronde Esprit n 367 ao t septembre 2010 pp 78 98 Neil Smith Uneven development Nature Capital and the Production of Space London and New York Verso 2010 1984 New Globalism New Urbanism Gentrification as Global Urban Strategy in Neil Brenner and Nik Theodore eds Spaces of Neoliberalism Urban Restructuring in North America and Western Europe Oxford Blackwell 2004 pp 80 103 Edward W Soja Postomodern Geographies The reassertion of Space in Critical Social Theory London and New York Verso 1989 Alain Supiot L esprit de Philadelphie la justice sociale face au march total Paris Seuil 2010 Edward Palmer Tompson trad fr par Isabelle Taudi re Temps discipline du travail et capitalisme industriel Paris La Fabrique 2004 Enzo Traverso Le totalitarisme le XXe si cle en debat textes chosis et pr sent s par Enzo Traverso Paris Seuil 2001 La violence nazie une g n alogie europ enne Paris La Fabrique 2002 Le pass modes d emploi histoire m moire politique Paris La Fabrique 2005 La guerre civile europ enne Paris Hachette litt ratures coll pluriel 2009 2007 Jean Marie Vincent La th orie critique de l cole de Francfort
69. aux jeunes enrag s dans la revue Nouvelle revue fran aise en 1932 titr e Du culte de l esprit au mat rialisme dialectique pr cis ment parler ce passage s explique par celui de la philosophie de l esprit en tant qu int riorit retir e du monde face au mat rialisme dialectique que Lefebvre revendique comme programme de la philosophie du marxisme et qu il publiera en livre en 1939 sous le m me titre En deuxi me lieu en s appuyant sur ces tudes rigoureuses Lefebvre et Guterman interviennent dans la situation o le fascisme prend le pouvoir aussi bien en Italie qu en Allemagne au travers de la revue Avant Poste et des livres entre autres La conscience mystifi e C est autour de cette revue que cet ensemble de travaux se joue L une des importances de l Avant Poste consiste dans les enqu tes qu elle m ne sur le 116 fascisme Au d but du discours pr liminaire ces enqu tes Lefebvre crit que On sait seulement que le fascisme prend dans chaque pays une forme sp cifique et qu il est i Rae r r 5 5 5 2 11 toujours pr t dire Je ne suis pas le fascisme je suis la R volution 7 Significativement en disant ainsi Lefebvre d nonce l escroquerie la r volution faite par le parti national socialiste 14 Henri Lefebvre Du culte de l esprit au mat rialisme dialectique La nouvelle revue fran aise n 231 1 d cemb
70. c est s approprier un espace c est aussi tre en proie des contraintes c est dire tre le lieu d un conflit souvent aigu entre les puissances contraignantes et les forces d appropriation ce conflit existe toujours quels que soient les l ments et l importance 112 A 333 des l ments en pr sence L acte d habiter en tant que celui de s approprier l espace produit un conflit avec l ordre de l espace impos Ce conflit ne concerne pas seulement le th me de Lefebvre Pour le rep rer il faut en examiner la port e et l importance sous un autre angle celui de Paul Virilio le lien de Lefebvre avec Virilio est d autant plus int ressant que le dernier avoue dans un entretien l influence du premier sur lui surtout dans ses premiers essais l ins curit du territoire et Vitesse et politique o il se traduit par celui entre la fonction de la soci t et la soci t elle m me Chez lui comme chez Ross la soci t se caract rise par la vitesse de la voiture et par l hygi ne La question de la 335 336 Henri Lefebvre L urbanisme d aujourd hui mythes et r alit s op cit pp 217 227 p 222 Paul Virilio et Sylv re Rotoringer Crepuscular dawn New York Semiotext e 2002 p 54 Paul Virilio Le littoral la derni re fronti re entretien avec Jean Louis Violeau Paris Sens et Tonka 2013 pp 26 29 172 vitesse appara t comme un contr le de la circu
71. celui de Fischbach L ali nation sartrienne autant que nous l examinions elle para t signifier 2 6 Fischbach crit d ailleurs que De sorte que le mod le qui part d un sujet actif et productif et qui con oit l ali nation comme la perte et la fixation de cette activit dans l tre de l objet produit est un mod le qui a d j l ali nation pour cadre d laboration de lui m me il part comme d un fait de ce que l ali nation engendre savoir un sujet se concevant comme essentiellement actif un sujet coup ou s par de l objectivit c est dire un sujet qui peut d autant mieux se concevoir comme purement actif que ses objets lui ont t soustraits c est dire que la part inactive inerte et passive de son tre lui a t soustraite Franck Fischbach Pr sentation in Karl Marx trad fr Franck Fischbach Manuscrits conomico philosophiques de 1844 Paris Vrin 2007 p 28 123 une perte du sujet dans le monde de l objet En fait il nous semble inutile d y chercher la nouvelle ali nation que Fischbach d finit Est ce dire en d duit que l ali nation que d forme Sartre tombe dans une erreur Sous cet angle il nous semble que notre investigation a montr de fa on affirmative que l ali nation sartrienne ne peut pas simplement tre assimil e une perte du sujet dans le monde de l objet ou bien de la marchandise cela s applique au cas de
72. cet acte lib re le sens de l habiter du cadre qui lui est impos Elle s emploie galement pour dire la restitution des terrains priv s et privatis s au commun En ce sens elle ne veut pas dire simplement la possession d un terrain Il ne s agit pas du tout de propri t il s agit m me de quelque chose de tout fait diff rent il s agit du processus par lequel un individu ou un groupe s approprie transforme en son bien quelque chose d ext rieur de telle sorte que l on peut parler d un temps ou ae r 11 393 d un espace urbain appropri au groupe qui a fa onn la ville En un mot un litige avec le concept d homme appara t entre les adeptes de la th orie selon laquelle l homme est subordonn l ordre de l espace planifi et ceux qui croient la pratique 392 Henri Lefebvre Introduction l tude de l habitat pavillonnaire Du rural l urbain op cit pp 159 181 p 173 33 Henri Lefebvre Besoins profonds besoins nouveaux de la civilisation urbaine 1967 Du rural l urbain op cit pp 197 206 p 198 203 spatiale et qui mettent en lumi re l appropriation en tant qu usage de l espace Nous disons en passage qu un tel mode d emploi de l appropriation se trouve dans les ouvrages de Michel de Certeau en particulier dans L invention du quotidien qu il publie en 1980 Comme Fran ois Dosse biographe de Certeau l
73. chronos le temps homologue et vide c est dire que la conception strat gique de l histoire supplante sa conception lin aire Daniel Bensa d Temps historiques et rythmes politiques La politique comme art strat gique Paris Syllepse pp 107 118 p 107 0 Lefebvre La fin de l histoire op cit p 115 1 Daniel Bensa d Marxismes d hier et d aujourd hui 2006 Penser agir op cit pp 199 221 p 201 219 C est ce que Bensa d montre en opposant L nine Kautsky repr sent comme attentiste et adepte de la gradualit de la r forme sociale L mancipation politique du prol tariat ne d coulait pas n cessairement de son d veloppement social L actualit intempestive de L nine r sulte imp rativement de ce constat Si la politique garde aujourd hui une chance de conjurer le double p ril d une naturalisation de l conomie et d une fatalisation de l histoire cette chance passe par un nouveau geste l niniste dans les conditions de la mondialisation imp riale La pens e politique de L nine est celle de la politique comme strat gie de ses moments propices et de ses maillons faibles Le temps kairotique de la strat gie l niniste n est plus celui des P n lope et des Dana des lectorales dont l ouvrage est sans cesse d fait mais celui que rythme la lutte et que suspend la crise Celui du moment opportun et de la conjoncture singuli re o se
74. civile c est dire en lutte de classe La r alit inverse cette strat gie politique m ne la guerre mondiale jusqu l ab me comme la trag die de l Allemagne la fin de la premi re guerre mondiale Sous cet angle nous pouvons mieux comprendre pourquoi Lefebvre et Guterman exigent la connaissance de la soci t en totalit parce que sans cette connaissance du 142 Henri Lefebvre et Norbert Guterman La conscience mystifi e op cit p 88 76 rapport du discours politique avec la r alit conomique la critique tourne toujours vide C est la raison pour laquelle ils critiquent la sinc rit qu prouvent les moralistes et les spiritualistes Il ne doute pas que ceux ci ont ce sentiment Pour autant ils accusent la sinc rit de ne servir rien d autant qu elle se retire l int rieur de la conscience sans s ancrer dans la connaissance de la base sociale Dans cet ancrage ils prennent le champ id ologique pour terrain c est dire qu ils agissent sur les id es partir d eux m mes pour transformer la vie quotidienne Sans doute ce choix tient la volont d but e dans la revue des Philosophies d articuler la pens e la vie En t moignent les phrases suivantes Une id e existe cela veut dire qu elle agit La pens e ne se d roule pas dans un mouvement sup rieur la vie Elle y prend part Son ind pendance est une illusion qui la rabaisse
75. d finit l tat par rapport au capitalisme contemporain Il y souligne que le territoire urbain n est pas seulement une sous unit d administration de l tat il est aussi la preuve que le changement de la politique de la ville joue d s les ann es 1980 un r le important dans l tatique qui porte sur ses institutions et sa g ographie En se r f rant Harvey il caract rise ce changement par la transition de la politique conomique du keyn sianisme celle du post keyn sianisme Durant les ann es 1960 la premi re est adopt e par la plupart des pays europ ennes qui sous la forme d une administration uniforme concernant le territoire mobilisent la politique spatiale de redistribution et tendent la croissance industrielle de la ville aux r gions p riph riques en voie de d veloppement afin de r duire les in galit s territoriales Toutefois d s les ann es 1980 au fur et mesure que le d clin de l industrie de la ville la crise de l tat providence l int gration de l Europe la globalisation conomique sont petit petit expos es en plein jour cette politique est abandonn e par les d cideurs politiques de sorte qu au nom du gouvernement de la ville par l entrepreneur entrepreneurial urban governance ceux ci se situant aux niveaux 484 David Harvey L urbanisation du capital G ographie et capital vers un mat rialisme historico g ographique Paris Syllepse
76. de classe dans la th orie La deuxi me consiste discerner le sens du retour effectu par Lacan par rapport celui du retour la chose de Husserl parce que si ce dernier entend comme il l indique par l un mot d ordre pour saisir une naissance sa naissance c est dire pour acc der l instant de l exp rience avant la constitution de la science le retour 353 Louis Althusser Freud et Lacan 1965 crits sur la psychanalyse Paris Stock IMEC coll Le livre de poche 1993 pp 15 53 p 28 180 Freud ne veut pas dire un retour la naissance de Freud mais un retour sa maturit En d autres termes ce mot d ordre indique l effort de tirer la scientificit pure de la pens e de Freud qui demeure contamin e par la non encore science c est dire l impuret non maturit Ce geste lacanien Althusser l observe s en approche et se l approprie pour rep rer la scientificit la r novation philosophique de Marx dans sa maturit la prot ger et s parer son noyau pur de son tape de pens e contamin par Hegel Au passage on voit ici pourquoi Althusser d nonce Lefebvre en particulier pour l anthologie de Marx traduite par lui et Guterman et parue chez Gallimard en 1934 Son motif s explique par le fait de n avoir pas p riodis les textes cit s dans son anthologie D ailleurs l pist mologie dont il s
77. de la soci t entre le monde r el et le monde de la repr sentation comme une logique de la s paration ayant une tendance d isoler les spectateurs et de les river la pseudo totalit Mais il ne faut pas oublier que cette th orie du spectacle se double de l analyse de Marx sur le f tichisme de la marchandise que Debord approfondit Pour v rifier ce lien nous allons r sumer nouveau l analyse de Marx que nous avons vue plus haut chapitre I 3 c Le f tichisme de la marchandise qui renverse les relations entre les hommes en celles entre les choses est g n r par la forme sociale historiquement d termin e dans laquelle mesur par l talon quantitatif d argent chaque travail particulier et concret s abstrait de sa propre qualit que ce travail abstrait conditionne et installe l extension de la valeur d change c est dire de l quivalence g n rale de toutes les choses au fur et mesure que la division du travail avance en accompagnement de l application des techniques au travail et de sa rationalisation dont t moignent dans le temps apr s Marx l organisation scientifique du travail appel e le Taylorisme et le fordisme En un mot le f tichisme de la marchandise et son double 282 sa EOT k 3 Sous toutes ses formes particuli res information ou propagande publicit ou consommation directe de divertissements le spectacle constitue le mod le pr sent de la v
78. de la vraie vie que vient ravager une technologie froide drainant toute valeur bua s A K 349 respectable vers des entit s lointaines imaccessibles Bien s r le propre du texte la pens e ne peut pas n cessairement se r duire celui du contexte la conjoncture et vice versa Il s agit de mesurer la puissance de la pens e de Lefebvre par rapport celle d Althusser Pour ce faire au besoin nous ferons un 349 et si 3 Jacques Donzelot L invention du social Essai sur le d clin des passions politiques Paris Seuil Point 1994 1984 pp 188 190 178 va et vient entre leur texte et leur contexte Aussi quittons le d bat sur le concept d ali nation et passons la discussion plus g n rale dont ils sont contemporains c est dire les querelles sur l humanisme Ce lieu de confrontation entre l humanisme et l anti humanisme th orique claircit il au mieux la diff rence de deux positions pratico th oriques que Lefebvre et Althusser prennent D autant plus que cette comparaison semble tre souvent ignor e au profit de la division du travail intellectuel et acad mique on classe Althusser en philosophie et Lefebvre en sociologie Il y a donc l une exigence tr s forte d ouvrir le champ interpr tatif et de faire un retour cette controverse pour nous demander de quel humanisme il s agit Nous dessinerons donc leurs r seaux des concepts autour de celui d homme Pou
79. des sciences politiques 1988 p 270 4 Andr Tosel Praxis Paris Les Editions sociales 1984 p 25 cit in Capdevielle et Mouriaux op cit Pour conna tre l histoire de l union de gauche et de l eurocommunisme voir le m me ouvrage pp 269 271 4 Louis Althusser 22 congr s op cit p 42 230 la parole aux masses qui font l histoire se mettre non seulement au service des masses mot d ordre qui peut aussi tre r actionnaire mais leur coute tudier et comprendre leurs aspirations et leurs contradictions savoir se rendre attentif l imagination et l invention des masses Sur une telle conception mao ste de la masse greff e sur la perspective marxienne l niniste deux sens sont possibles Le premier est propos par Balibar qui partage aujourd hui les vues de Poulantzas Selon lui cette mani re dont Althusser repose sur le concept de masse reste impr gn e de la structure l niniste du double pouvoir une coexistence entre l tat et la force r volutionnaire qui en est ind pendante et ce titre ne sort pas du mythe de l ext riorit des forces r volutionnaires parties ou mouvements par rapport au fonctionnement de l tat dans le capitalisme avanc Par contraste il donne raison la condensation du rapport de forces et au concept relationnel de l tat qui mettent un terme ce mythe Le second port par Andrea Cavazz
80. e est elle celle de l esprit a priori ou celle du monde des faits Est elle li e au marxisme ou aux th ories contemplatives l puration de la vie int rieure De l autre l occasion d un t moignage sur Breton apr s sa mort en 1966 Lefebvre jette un coup d il r trospectif sur l ann e 1925 ann e qui est pour lui ce qui fait poque car c est le vrai moment de l engagement politique m me avant l engagement existentialiste Dans un m me texte Lefebvre raconte l histoire d une rencontre avec Breton par qui il a eu connaissance de Hegel En d pit de cet pisode connu c est vers 1929 que nous fixons le moment tournant parce que c est cette ann e l que Lefebvre les donn es bibliographiques l accr ditent 6 La r volution d abord et toujours La r volution surr aliste n 5 octobre 1925 pp 31 32 41 Pierre Naville La R volution et les intellectuels Que peuvent faire les Surr alistes Position de la question 1926 La r volution et les intellectuels Paris Gallimard coll Id es pp 57 97 p 94 Henri Lefebvre 1925 La nouvelle revue fran aise n 172 avril juin 1967 p 707 719 31 entame la recherche marxiste digne de ce nom en faisant rupture avec la recherche qui se r f rait Spinoza et Schelling c est presque la m me ann e pr cis ment en 1928 que Breton a publi Nadja un antiroman qui d friche un ter
81. en acceptant toute mati re Ce que l id alisme appelle de ce nom est en somme tout le r el postul accept assimil par l action spontan e et par notre Acte initial Cette mati re est l Autre et cet autre est intimement saisi per u comme autre 5 Henri Lefebvre Positions d attaque et de d fense du nouveau mysticisme Philosophies n 5 6 Paris Mars 1925 p 471 506 p 490 5 Ibid p 492 35 par le sujet r el L autre c est le possible le virtuel l objet tout ce qui exige la mise en jeu l action tout ce qui fait tre le sujet Il faut envisager la conscience comme une totalit et une unit Bien entendu elle ne devient pas alors une unit abstraite ou confuse sujet et objet sont distincts pour nous mais l objet est l Autre et le sujet n est que la perception de l Autre en tant qu autre La d finition de l Autre comme foyer de l action ou comme tout impliquant une personne et une chose ainsi que le d placement du statut de l objet vers l Autre et celui du sujet vers sa perception font acte de croyance absolue dans le monde chez Lefebvre La philosophie de l action bas e sur l existence de l Autre est par ailleurs inspir e par son ma tre Maurice Blondel auteur de L action Toutefois en m me temps Lefebvre marque une distance M Blondel a donn une th orie de l action moins inutilement pittoresque et plus profonde qu
82. ennes Lefebvre est souvent all dans la maison de la m re du s miologue comme R Barthes lui m me est souvent venu Navarrenx R mi Hess Henri Lefebvre et l aventure du si cle Paris A M M taili 1988 p 321 n 13 En fait Barthes en tant que critique litt raire justifie une pi ce de Henri Lefebvre sur Kierkegaard Voir sur ce point Roland Barthes Mythologies in uvres compl tes I 1942 1961 Paris Seuil 2002 pp 78 C est par ce biais que la critique de la mystification en tant que celle de la repr sentation passe du temps de guerre celui de paix Parall lement cette transposition la vie quotidienne sort de l tat de si ge Voici que le rideau se l ve sur la nouvelle aventure de Lefebvre 696 697 79 Chapitre II Le d passement de la philosophie au del de la dichotomie entre Pid alisme et le mat rialisme II 1 L objet de connaissance la m thode l anthropologie philosophique dans la Critique de la vie quotidienne Introduction Peut tre est il n cessaire de faire le point sur les r sultats acquis ne serait ce que pour v rifier comment ce th me de la vie quotidienne se d ploie de l avant guerre l apr s guerre Aussi est il juste et utile de comparer La Conscience mystifi e dit e en 1936 et la Critique de la vie quotidienne Introduction achev e en 1945 Toulouse mais publi e en 1947 Par exemple nous trouvons l volution de la probl matique d
83. essentielle la langue grammairienne cette langue n est bien entendu qu une id e L exactitude en question ne r sulte pas d un rench rissement de soins elle n est pas une plus value rh torique comme si les choses taient de mieux en mieux d crites mais d un changement de code le mod le lointain de la description n est plus le discours oratoire on ne peint rien du tout mais une sorte d artefact lexicographique Roland Barthes Le plaisir du texte in uvres compl tes IV 1972 1976 Paris Seuil 2002 p 234 Ibid p 250 41 Ne jamais assez dire la force de suspension du plaisir c est une v ritable poch un arr t qui fige au loin toutes les valeurs admises admises par soi m me Le plaisir est un neutre la forme la plus perverse du d moniaque Ou du moins ce que le plaisir suspend c est la valeur signifi la bonne Cause Darm s un frotteur qu on juge en ce moment pour avoir tir sur le roi r dige ses id es politiques ce qui revient le plus souvent sous la plume de Darm s c est l aristocratie qu il crit haristukrassie Le mot crit de cette fa on est assez terrible Hugo Pierres appr cie vivement l extravagance du signifiant Le plaisir du texte c est a la valeur pass e au rang somptueux de signifiant En de et au del de l appr ciation du surr alisme et de la querelle d apr s guerre qui se produisent entr
84. est dire Hegel Husserl Heidegger humanis e par Sartre et leur doctrines r elles que Derrida pense de ne pas se r duire l humanisme Cet essai de d sembrouiller les courants de pens e est utile pour appr hender le fond la querelle de humanisme Jacques Derrida Les fins de l homme Marges de la philosophie Paris Minuit 1972 pp 129 164 185 diff rence de l interpr tation du marxisme officiel qui tire de cette m taphore le d terminisme conomique Althusser tient compte de l autonomie relative de la superstructure et sa r action l infrastructure Pour mieux comprendre cette conception du tout social o les trois instances ont des fonctions sp cifiques il faut clarifier le rapport entre les individus et la soci t Pour Althusser la soci t pr c de les individus et se situe en ext rieur d eux en ceci qu elle n est pas r ductible leur somme ou aux relations intersubjectives Partant de cette contrainte sociale sur les individus Althusser parle de la fonction sociale de l id ologie il est clair que l id ologie comme syst me de repr sentation de masse est indispensable toute soci t pour former les hommes les transformer et les mettre en tat de r pondre aux exigences de leurs conditions d existence Ici se profile pleinement la th orie de l id ologie qu il labore dans son article L id ologie et l appareil d tat id olo
85. est le moment du boomerang le troisi me temps de la violence elle revient sur nous elle nous frappe et pas plus que les autres fois nous ne comprenons que c est la n tre Jean Paul Sartre Les damn s de la terre Situations V Paris Gallimard 1978 pp 167 193 pp 177 179 181 116 b La th orie actuelle de l ali nation selon Franck Fischbach Apr s avoir d fini le concept d ali nation vu comme contre finalit nous allons voir que r cemment ce dit concept a t r habilit e et renouvel e par Franck Fischbach sp cialiste de la philosophie classique et contemporaine de l Allemagne Fichte Schelling Hegel Marx Heidegger Honneth dans l id e d un passage en revue de son volution Ce travail d historisation n est pas compl tement effectu n1 par Sartre ni par Lefebvre encore que nous voyions leurs efforts de le faire En outre la th orie que propose Fischbach sert de boussole ceux qui veulent rep rer la d rivation de ce concept Nous suivrons bri vement la discussion de Fischbach dans la mesure o celle ci claire notre chemin Dans un chapitre de son Sans objet capitalisme subjectivit ali nation intitul L objectivit essentielle de Feuerbach Marx Fischbach lucide la diff rence des usages du concept d ali nation parmi Hegel Feuerbach et Marx Tout d abord discerner la diff rence des modes d emploi entre les deux premiers est savoir comment le conc
86. et c est une de ses ruses Sa grandeur est d tre toujours une action Les id es sont la conscience des rapports entre les tres humains C est sous cette tension entre l id e et la vie ainsi qu entre l id ologie et la base sociale qu ils mettent ensemble la n cessit de r tablir la th orie de la connaissance et la critique de la vie quotidienne Ce redressement de la connaissance et des repr sentations s ach vera par une critique de la pratique en tant qu origine des id es et des illusions par une critique de la vie quotidienne qui reste l objectif dernier de toutes ces recherches pr alables et qui commenc e par l poque r volutionnaire sous forme de science et de satire id ologique pr cise ne s ach vera qu avec la transformation compl te de la vie Ce redressement de la connaissance qui sert la critique de la vie quotidienne 14 Ibid pp 152 153 144 Ibid p 207 77 servira galement dans le sillage de Marx d chiffrer le sens du hi roglyphe du monde moderne Nous disons en passage que les suites des aventures des membres des Philosophies sont tragiques En ce qui concerne Nizan et Politzer le pacte germano sovi tique les a s par s Rompant avec le PCF et s engageant dans la bataille de la guerre Nizan a t tu le 23 mai 1940 Recques sur Hem r sistants Politzer et son pouse Ma ont t fusill s le 23 mai 1942 au Mont Val ri
87. et m diatis e par le pr sent lui m me elle r v le l paisseur du temps pr sent Pour ce qui est de l anthropologie philosophique au travers de la critique de la vie 156 Thid p 69 157 Lefebvre pr cise les trois tapes respectivement a Descriptif Observation mais avec un regard inform par l exp rience et par une th orie g n rale Au premier plan l observation participante sur le terrain Usage prudent des techniques d enqu te interviews questionnaires statistiques b Analytico r gressif Analyse de la r alit d crite Effort pour la dater exactement pour ne pas se contenter d un constat pourtant sur des archa smes non dat s non compar s les uns aux autres c Historico g n tique Etudes des modifications apport es telle ou telle structure pr c demment dat e par le d veloppement ult rieur interne ou externe et par sa subordination des structures d ensemble Effort vers une classification g n tique des formations et structures dans le cadre du processus d ensemble Effort donc pour revenir l actuel pr c demment d crit pour retrouver le pr sent mais lucid compris expliqu sic Ibid pp 73 74 Pour mieux comprendre la m thode dialectique de Lefebvre il est utile voir l ouvrage suivant R mi Hess et Sandrine Deulceux Henri Lefebvre vie uvres concepts Paris Ellipses 2009 pp 71 90 84 quotidienne elle s explique par
88. expansion du capitalisme 26 industriel et sa propension installer des conditions similaires n importe o il est tabli L exp rience de la modernit appara t ici et l la fois comme celle de l homog n isation et celle de la parcellisation du temps qui impose la r p tition m canique du comportement aux ouvriers et l homme de la rue Aussi devant cette exp rience suffit il d appliquer la conception historiographique de temps d homog n it l exp rience japonaise Ce que Harootnunian propose c est de complexifier et historiographier cette exp rience elle permet d entrevoir la puissance de transformation non pas pour y voir une modernit alternative celle de l Occident mais pour penser la pluralit de la modernit Cela sert nous d livrer du monde n cessaire que nous imposent les vagues successivement soulev es de la modernisation et nous faire saisir le monde des possibles Le nom de Lefebvre s inscrit bien dans la profondeur historique et l tendue g ographique de la th matique de la vie quotidienne dessin es jusqu ici Dans le cadre des recherches que nous pr senterons il est question de savoir comment cette philosophie de la vie quotidienne s articule avec son syst me de pens e Pour cela il faut d abord voir qu elle a sa situation historique et sa singularit La r daction et la publication d une s rie de Critique de la vie quotidienne semblent corresp
89. habitants des banlieues la s gr gation l isolement que je parle dans un livre du droit la ville Il ne s agit pas d un droit au sens juridique du terme mais d un droit semblable ceux qui sont stipul s dans la c l bre D claration des droits de l homme constitutive de la d mocratie Ces droits ne sont jamais litt ralement accomplis mais on s y r f re toujours pour d finir la situation de la soci t La D claration des droits de l homme a t compl t e par les droits de la femme de l enfant etc J ai propos d ajouter cette liste le droit la ville et aussi le droit la diff rence en pensant aux diff rentes ethnies et aux diff rents peuples qui constituent dans l espace les soci t s modernes et la soci t l chelle plan taire Henri Lefebvre Espace et politique Le droit la ville suivi de Espace et politique Points Anthropos 1968 et 1972 pp 258 259 5 David Harvey trad fr par Cyril Le Roy Nicolas Vieillescazes Cl mence Garrot et Jos phine Gross Le capitalisme contre le droit la ville N olib ralisme urbanisation r sistances Paris ditions Amsterdam 2011 Christian Schmid Henri Lefebvrem the right to the city and the new metropolitan mainstream in Neil Brenner Peter Marcuse and Margit Mayer eds Cities for People Not for Profit Critical Urban Theory and the Right to the city New York Routledge 2012
90. inclusion du vivant dans le domaine de la norme c est dire l exclusion C est pr cis ment ce que Ross dit propos du reformatage de la ville pendant vingt ans Cette ombre est appel e deuxi me vague de l exclusion apr s celle par Haussmann D une part le centre de Paris se r forme d autre part se construisent banlieue les grands ensembles qui logent l immigr alg rien utilis comme nouvelle force de travail Sur ce point Ross ironise sur le destin des grands ensembles car contrairement la logique de la modernisation et de l hygi ne ils s appellent les verticaux bidonvilles En un mot le mouvement de la normalisation de l hygi ne produit son contraire en lui m me c L acte d habiter et l appropriation de l espace Se fondant sur une conjoncture et un contexte o la modernisation et l exclusion s entrem lent on peut mieux comprendre un des points fondamentaux de la th orie de l urbain chez Lefebvre la critique de la s paration entre habitat et l habiter Il est vrai que la classe ouvri re peut obtenir son espace d habitat soit dans les ensembles soit en pavillon au travers de la planification urbaine Mais le fait de devenir propri taire d un habitat donne t il le plein sens de l habiter Sous cet angle Lefebvre critique cette Paris Gallimard et Seuil 2004 p 111 170 planification parce qu en divisant la ville en zones d termin es
91. inscrivent dans la terminologie h g lienne 13 Henri Lefebvre Henri Lefebvre M taphilosophie Paris Syllepse deuxi me dition 2001 1965 p 39 88 Althusser pr tend qu il faut distinguer les syst mes de pens e de Marx et de Hegel pour mesurer la puissance de la pens e marxienne Parce que l originalit de sa pens e prenant forme partir de 1845 il est n cessaire de se d barrasser de l uvre qui pr c de et qui n est qu un obstacle la connaissance vraie de la pens e marxienne Nous entendons par l la coupure pist mologique propos e par Altusser C est ainsi que sont vacu s les fameux textes de Marx appel s Manuscrits conomico philosophiques de 1844 Car ils sont consid r s d inspiration id aliste alors c est dans ceux ci qu il utilise fr quemment le concept d ali nation Par ailleurs comme le remarque Laurent Husson qui est l auteur de l article intitul Sartre et Lefebvre ali nation et quotidiennet le retour r cent de la 5 ainsi notion d ali nation gr ce travaux de Franck Fischbach et de St phane Haber que de la probl matisation du th me du quotidien pos e et d velopp e nous l avons d j vue par Macherey et Sheringham suscite un nouvel int r t th orique En nous concentrant sur la sp cificit que Sartre et Lefebvre donnent respectivement au concept d ali nation nous pr ciserons son ampleur dans leurs anthropologies II 2
92. jugement aux spectateurs pour se tourner vers la vie r elle et quotidienne Sur ce point il faut voquer l autre nom du th tre brechtien c est dire le th tre didactique Si comme Debord le raconte il ne change rien cette dramaturgie est sans cesse pr sente dans son film La construction syst matique de situations devant produire des sentiments inexistants auparavant le cin ma trouverait son plus grand r le p dagogique dans la diffusion de ces nouvelles passions Ce que ne peuvent pas percevoir ceux qui ne trouve dans le film de Debord que le r gne de la tyrannie vocale sur l cran c est la le on que notre p dagogue nous enseigne c est dire l art d passant les fronti res qui l y enferme pour mener la critique sociale Pour mieux comprendre ce point sans doute il faut paraphraser Brecht d une fa on debordienne le film didactique enseigne parce qu il est jou non parce qu il est vu C est pr cis ment ce que signifie le d passement de l art chez Debord 267 Et depuis lors je n ai pas comme les autres chang d avis une ou plusieurs fois avec le changement des temps ce sont plut t les temps qui ont chang selon mes avis Il y a l de quoi d plaire aux contemporains Ibid p 1352 7 Debord Rapport sur la construction des situations op cit p 326 2 La phrase originaire de Brecht est suivante La pi ce didactique en
93. l ordre tabli Mais comment le mouvement situationniste m ne t il un combat culturel Sur ce point Patrick Marcolini auquel nous devons l tude sur l histoire tr s exhaustive de l Internationale situationniste explique la notion d abolition de l art qu il affiche l oppos de la g n ration pr c dente d avant garde savoir le lettriste fond en 1947 par Isidor Isou Ce dernier s obstine pratiquer l abolition de l art sur un plan purement et simplement formaliste tandis que le mouvement situationniste essaie d effectuer la m me chose sur le champ social en supprimant les fronti res institu es entre le social et le culturel Le fait d tre ainsi pass en quelques ann es d une compr hension purement formaliste de l volution des arts celle d Isou et de ses disciples r enracinement de l esth tique dans un terreau social sous l influence du marxisme explique l inflexion survenue dans l activit collective de ceux qui se d clareront bient t situationnistes la fin des ann es 1950 En effet la suppression de l art en tant que registre de formes de techniques et de disciplines vient progressivement substituer la suppression de l art en tant que champ 7 Guy Debord Rapport sur la construction des situations et sur les conditions de l organisation et de l action de la tendance situationniste internationale 1957 Guy Debord uvres
94. la bureaucratie et autour de la vie quotidienne Il est temps de savoir comment agencer la vie quotidienne Lefebvre propose la distinction du temps social en deux modes le cyclique et le lin aire qui se caract risent respectivement par des processus sociaux accumulatifs et des processus non accumulatifs Mais il largit le sens du mot accumulation que Marx a d fini Des ph nom nes nouveaux sont apparus depuis un si cle Le caract re cumulatif n appartient pas seulement au capital mais aux connaissances aux techniques dans une 277 Ibid p 117 145 certaine mesure la population Cette extension est d autant plus significative qu elle accompagne logiquement celle des cat gories conomiques la production la propri t et la valeur d change La production de la connaissance pr suppose par exemple que son produit s inscrive dans le registre de la propri t et qu il s change contre d autres marchandises ou se mesure l aune de la quantit notamment celle exprim e par l argent Or Lefebvre dit que le quotidien n a pas un caract re cumulatif au sens o les motions et sentiments changent mais ne s amassent pas c est dire o m me si les mani res gestuelles et expressives du corps changent historiquement cette transformation de l usage ne s accumule pas dans ce m me corps Dans le n gatif du processus cumulatif le quotidien volue quand il se tr
95. la philosophie il n est donc plus question de nier dialectiquement par la critique radicale ceci ou cela telle philosophie tel concept philosophique mais la philosophie elle m me Seule la n gation dialectique le d passement de la philosophie correspond aux exigences fondamentales de la philosophie pa 193 La philosophie en se d passant en se r alisant concr tement doit se nier Si le Syst me qui repr sente l autonomie de la philosophie ne subsiste que par rapport l tat le d passement de cette philosophie signifie le d placement du terrain de la pratique philosophique hors celui de l tat pour repartir en de et au del du monde de la repr sentation philosophique et politique Autrement dit il s agit de penser l homme sans tre m diatis par les repr sentations du syst me politico philosophique Chez Lefebvre ce monde de repr sentation se substitue la praxis en tant que l ensemble des actions l homme se m diatise par l homme et les r sultats de ses actions savoir les uvres C est un des points th oriques que Lefebvre d veloppe de La somme et le reste La m taphilosophie o l tat n est plus qu une des uvres 191 Karl Marx trad fr Eustache Kouv lakis L introduction la critique de la philosophie du droit de Hegel Paris Ellipse 2000 1843 p 19 192 Karl Marx trad fr Pierre Macherey Ad Feuerbach in Pierre Machere
96. la philosophie par le rapport la vie quotidienne car elle est le lieu des uvres de l homme au plus haut point Elle d signe pour Lefebvre une place en dehors de la philosophie En ce sens elle constitue le plan non philosophique en mouvement infini dans lequel les concepts philosophiques s agencent et prennent leurs propres consistances Pour d crire les relations du d passement de la philosophie avec la vie quotidienne nous utiliserons un peu librement le plan d immanence que Deleuze et Guattari inventent et fournissent comme une bo te outils Apr s avoir d fini la philosophie comme une activit qui cr e les concepts ils insistent sur la n cessit d introduire le terme de plan naturellement distingu des concepts Le plan d immanence consiste donner aux concepts la consistance qu ils appellent un Tout illimit sans laquelle les concepts demeurent fragmentaires Il consiste galement instaurer un milieu un espace ouvert pour que les concepts le peuplent et y dessinent en quelque sorte leur constellation Encore qu ils proposent quelques d finitions du plan aussi nous n en prendrons qu une pour faire valoir celui consid r comme non philosophique Si la philosophie commence avec la cr ation des concepts le plan d immanence doit tre consid r comme pr philosophique Il est pr suppos non pas la mani re dont un concept peut renvoyer d autres mais dont les concepts
97. la r ification de premier Luc ks ni un obstacle la transparence du sujet souverain Elle est d finie comme un effet que le sujet subit en retournement de son ext riorisation des fins Pour Sartre elle doit tre assum e par chacun qui en est responsable car elle n est pas une chose indiff rente pour chacun Bref l existence de cette ali nation renvoie l appel moral et thique qui n est fond ni sur une transparence du sujet souverain ni sur une promotion pure du sujet mais sur des relations d int riorit entre l homme la chose l autrui bas es sur la Critique de la raison dialectique c Les ali nations comme multiformes et comme s paration spatiale chez Lefebvre Pour Lefebvre o se trouve la sp cificit du concept d ali nation Nous pouvons la remarquer dans le tome II de la Critique de la vie quotidienne ceci Nous constatons que l usage de la notion s impose l homme est ali n arrach soi chang en chose y compris sa libert En m me temps cet usage est obscur On a trop pris l ali nation comme un bloc et comme une entit l ali nation de l homme Or il y a des ali nations multiples et multiformes On a trop pris la d sali nation pour un 124 es Ce Lo 40n123 absolu fin g n rale de l ali nation en g n ral Ce qui est essentiel ici n est ni l ali nation de l entit abstraite d homme ni sa reprise En an
98. le temps sociale qui d termine les relations entre Pici et l ailleurs que le d r glement des rythmes sociaux trouve son rem de dans la r p tition qui en est cause 508 L espace de la modernit a des caract res pr cis homog n it fragmentation hi rarchisation Il tend vers l homog ne pour diverses raisons fabrication des l ments et mat riaux exigences analogues des intervenants m thodes de gestion et de contr le de surveillance et de communication Homog n it mais pas de plan ni de projets De faux ensembles en fait des isolats Car paradoxalement encore cet espace homog ne se fragmente lots parcelles En miettes Ce qui produit des ghettos des isolats des groupes pavillonnaires et des pseudo ensembles mal reli s aux alentours et aux centres Avec une hi rarchisation stricte espaces r sidentiels espaces commerciaux espaces de loisir espaces pour les marginaux etc Il r gne une curieuse logique de cet espace que l on rattache illusoirement l informatisation Et qui cache sous son homog n it les rapports r els et les conflits D ailleurs il semble que cette loi ou ce sch ma de l espace avec sa logique homog n it fragmentation hi rarchisation ait pris une port e plus grande et atteint une sorte de g n ralit avec des effets analogues dans le savoir et la culture dans le fonctionnement de la soci t enti re Lefebvre Pr face 1986
99. moment o il tablit un groupe nomm Philosophies avec Pierre Morhange Georges Politzer Georges Friedmann Norbert Guterman et Paul Nizan Ce groupe publiait successivement quelques revues encore que la plupart furent ph m res il publiait tout d abord la revue d un m me nom de 1924 1925 puis celle intitul e Esprit qui ne doit pas se confondre avec celle du m me nom fond e par Emanuel Mounier en 1932 dont deux cahiers sont parus en 1926 enfin apr s son adh sion au parti communiste fran ais l Avant poste dont trois num ros sortent aux mois de juin ao t et octobre novembre 1933 Dans cette p riode de 1924 1933 en parall le aux surr alistes Lefebvre a d j abord le th me de la vie quotidienne dont t moigne un article intitul La mystification Notes pour une critique de la vie quotidienne Ce fait semble nous fournir assez de raisons pour penser que l interpr tation sur la vie quotidienne chez Lefebvre est en parall le celle de Breton et non pas comme r action du premier sur le second Par ailleurs cette interpr tation aurait deux int r ts th oriques Premi rement elle contribuerait faire conna tre un aspect ignor de la vie quotidienne telle qu elle en devient un th me attrayant pour nombre de philosophes et de chercheurs euses dans de multiples disciplines Deuxi mement de cette interpr tation on pourrait entendre que la pens e du marxisme fran ais d alors souten
100. n avoir pas d autre marchandise vendre tre pour ainsi dire libre de tout compl tement d pourvu des choses n cessaires la r alisation de sa puissance travailleuse Ce libre synonyme de d pourvu de d poss d ou de manque de moyens de production le capital fixe terre machine etc annonce le monde asym trique o si l on devient l acheteur ou le vendeur de la force de travail cela d pend des moyens de production que l on poss de Cette double libert ambigu jalonn e par les tapes historiques les droits de l homme la r volution industrielle etc nous permet de d finir la sp cificit du mode de production capitaliste distingu du r gime pr c dent savoir f odal et ses conditions historiques d existence Comme Marx le formule Il le capital ne se produit que l o le d tenteur des moyens de production et de subsistance rencontre sur le march le travailleur libre qui vient y vendre sa force de travail et cette unique condition historique rec le tout un monde nouveau Le capital s annonce fA 137 d s l abord comme une poque de la production sociale Il est tr s clair que Lefebvre et Guterman s appuient pr cis ment sur cette argumentation de Marx lors qu ils crivent Les rapports entre les hommes sont masqu s par des rapports entre objets l existence sociale des hommes ne se r alise que dans l existence abstraite de le
101. nation ce temps o cet h ritage h g lien marxien se comprend comme une des armes critiques les plus efficaces C est effectivement l poque o il est employ non seulement par Lefebvre mais aussi par Sartre Mais cela ne dure pas longtemps Pour dessiner bri vement son histoire il faut voquer sa mauvaise r putation depuis la parution en 1965 des livres de Louis Althusser r put tre le fondateur du structuralisme marxiste En simplifiant l extr me 1 Thid p 21 Le mot Aufhebung un des concepts les plus caract ristiques de la philosophie de Hegel s est traduit souvent en fran ais dans cette poque le d passement ou la sublimation Mais ce mot est difficile traduire en fran ais parce qu il implique deux sens contraire en un seul mot la conservation et la suppression ou l abolition Le verbe Aufheben aussi a la m me difficult Il signifie simultan ment conserver ou r server supprimer ou abolir sublimer ou d passer ou lever au niveau sup rieur Pour indiquer ce sens singulier certains traducteurs proposent de le traduire en un mot n ologique sursumer Sur ce point relever que Derrida propose semble traduire au mieux le sens deux termes ambivalents dans le vocabulaire du fran ais Quoi qu il en soit il faut souligner que d passer et le d passement que utilisent Ch telet et Lefebvre s
102. o 1l en parle ce droit a un quelque chose d utopique Il en va de m me pour la situation actuelle Mais il est l utopie toujours plus imminente 44 Lefebvre ne parle de ce droit que quand les d veloppements de la ville et de la vie sociale deviennent contradictoires Cette contradiction se manifeste sur le terrain sous forme de s gr gation Ainsi avec le droit la diff rence Lefebvre con oit ce droit pour compl ter la D claration des droits de l homme Les gens sont dispers s surtout les travailleurs loign s des centres urbains Ce qui a domin cette extension des villes c est la s gr gation conomique sociale culturelle La croissance quantitative de l conomie et des forces productives n a pas provoqu un d veloppement social mais au contraire une d t rioration de la vie sociale Les banlieues sont des villes clat es et ruralis es Il ne s agit pas seulement de Paris L urbanisation de la soci t s accompagne d une d t rioration de la vie urbaine clatement des centres d sormais priv s de vie sociale gens r partis s gr gativement dans l espace Il y a l une v ritable contradiction Je l appelle une contradiction de l espace D un c t la classe dominante et l Etat renforcent la ville comme centre de puissance et de d cision politique de l autre la domination de cette classe et de son Etat fait clater la ville C est en pensant ces
103. objectivation religieuse de l essence humaine en dieu Fischbach cite les phrases d cisives crites par Feuerbach distinguer l auto objectivation religieuse et originelle de l homme de l auto objectivation de la r flexion et de la sp culation la derni re est volontaire la premi re involontaire et n cessaire aussi n cessaire que l art et le langage Dans cette distinction d un c t c est normal qu une premi re objectivation dans laquelle l homme projette sa propre essence sur l objet infini et appel Dieu pour prendre conscience de l infinit de l essence m me du genre humain et donc du caract re divin de l essence de l homme aux yeux de l homme individuel et fini De l autre ce qu il y a de pathologique dans l objectivation volontaire de la sp culation ne se rend manifeste 2 Jbid p 133 30 Thid p 136 119 que lorsque la sp culation et donc la th ologie s emparent de la religion lorsque la th ologie dit que Dieu prend l homme comme but et fin parce que dans cette relation l y En achevant ainsi le Dieu est sujet tandis que l homme est l objet de Dieu renversement entre le sujet et l objet aussi bien qu entre l homme et Dieu l objectivation tombe dans l ali nation Ce retournement de l objectivation Fischbach l a bien remarqu se nomme selon Feuerbach l objectification savoir la transformation du s
104. objet n est rien qui se r sout dans le moment dialectique de Hegel Sa forme est l essence humaine que l homme projette ordinairement comme un objet supr me Fischbach r sume ce m canisme de renversement En attribuant l esprit ou la raison l activit historique en faisant de la raison le 28 Jbid p 132 118 sujet de l histoire le philosophe sp culatif fait la m me chose que l homme ordinaire dans la religion il transf re une instance surhumaine et ainsi porte l absolu ce qui ne revient et n appartient qu aux hommes Par o le discours de la philosophie sp culative tombe sous le coup de la critique feuerbachienne de l ali nation d faut de la n gativit h g lienne en tant que n gation du soi pour s affirmer en redevenir soi l objet ne peut pas se poser comme tant en dehors du sujet de sorte que l ali nation feuerbachienne s explique par une situation n gative c est dire la projection du soi et de l essence humaine l objet En d autres termes l ali nation ne loge pour Feuerbach que dans un objet fabriqu par l homme lui m me et malgr tout pris pour une existence ind pendante savoir Dieu Cependant il nous faut remarquer que toutes les fa ons dont l homme engendre Dieu n ont pas n cessairement pour cible de la critique feuerbachienne Pour y voir plus clair en distinguant soigneusement les deux mani res de l
105. orie de l tat sur laquelle nous reviendrons plus tard En se focalisant sur le rythme ce que Lefebvre pense sp cifiquement de la r p tition ce sont les interf rences et interactions entre le temps cyclique la r p tition non cumulative et le temps lin aire la r p tition cumulative Ici nous soulignons le nouvel objet th orique qu apporte Lefebvre la philosophie Ce n est pas explicite mais perceptible les rapports entre lici et l ailleurs N est ce pas philosophiquement de m me importance que les relations entre le m me et l autre Par exemple lors de la guerre du Vi t Nam r fl chissant sur l cran celui de la t l vision et celui du film qui joue un r le d interm diaire entre la France et le Vi t Nam le r alisateur Jean Luc Godard aborde pour la premi re fois cette question Lefebvre quant lui pense ce m me rapport pour tablir le r pertoire de concepts fondamentaux le polyrythmie coexistence des rythmes des corps vivants l isorythmie rythme monotone l eurythmie l harmonie heureuse l a rythmie d r glement pathologique 504 Edward Palmer Tompson trad fr par Isabelle Taudi re Temps discipline du travail et capitalisme industriel Paris La Fabrique 2004 Pour conna tre les relations th orique entre les penseurs de la vie quotidienne tel que Lefebvre et Barthes et les pionniers des tudes culturelles tels que Richard Hoggart et Raymond Williams
106. par Lefebvre Au lieu de r duire le mouvement de la pens e depuis plus d un si cle soit au marxisme soit l uvre d un marxiste L nine Trotsky Gramsci Mao etc ouvrons la perspective Consid rons ce mouvement dans son ensemble sans dissocier la gauche et la droite sans attribuer tel ou tel la v rit et tel autre les d viations et erreurs N est ce pas la seule mani re de sortir de l impasse o le marxisme stagne et pourrit Consid rons chaque uvre comme une hypoth se sur le possible politique comme une hypoth que sur l avenir Lefebvre s loigne la fois du sectarisme partisan et de la substance de ce que l on appelle marxisme En lieu et place il essaie de saisir le possible r aliser qu entrevoit chaque penseur marxiste par le mouvement dialectique En ce sens il volue sans cesse dans le sillage de Hegel selon lequel la dialectique est la fa on la fois de saisir la r alit par le concept et de produire l effet r el et immanent au concept lui m me La dialectique sup rieure du concept ne consiste pas produire et concevoir la d termination simplement comme borne et contraire elle consiste au contraire produire et concevoir partir d elle le contenu et le r sultat positifs ce par quoi seulement elle est d veloppement et progression immanente Cette dialectique n est donc pas l ouvrage externe d une pens
107. par Sylvie Durastanti Rouler plus vite laver plus blanc modernisation de la France et d colonisation au tournant des ann es 60 Paris Flammarion 2006 1996 trad fr par Anne Laure Vignaux Mai 68 et ses vies ult rieures Marseille Agone 2010 2002 L engagement et ses vies ult rieures 2006 entretien r alis et traduit par Aube de Caunes in Daniel Bensa d dir Entretiens du XXT si cle Politiquement incorrects Paris Textuel 2008 pp 75 94 Emmanuel Rubio Les philosophies d Andr Breton 1924 1941 Lausanne 2009 Jean Paul Sartre L tre et le n ant essai d ontologie ph nom nologique Paris Gallimard coll Tel 2003 1943 Critique de la raison dialectique Paris Gallimard 1985 1960 Le tiers monde commence en banlieue 1970 Situations VIII Paris Gallimard pp 302 307 Saskia Sassen The Global City New York London Tokyo Princeton Princeton University Press 2nd edition 2001 Territory Authority Rights From Medieval to Global Assemblages Princeton Princeton University Press 2008 ch 4 trad fr par Fortunato Isra l Critique de l tat territoire autorit et droits de l poque m di vale nos jours Paris D mopolis 2009 Guillaume Sibertin Blanc L tat en r volution Philosophie politique XIX XX si cles Paris Presses Universitaires de France 2008 pp 217 239 Michael Sheringham Everyday Lifem Theories
108. philosophes de la technique la fran aise ne manque pas Jacques Ellul Paul Virilio Bernard Stigler auquel peut tre ajout l allemand Martin Heidegger qui est plus ou moins leur source Cependant s agit il de juger telle ou telle pens e technique selon la dichotomie de l optimisme et du pessimisme506 Laissons l apologie des nouvelles technologies la publicit D apr s Andr Gorz le critique de la soci t consum riste La publicit appelle chacun refuser son existence sociale en tant m me qu il est un individu social Elle est une socialisation antisociale507 Il est bien entendu que tout le monde utilise un certain degr les moyens techniques de fa on pragmatique Il s agit de son usage social et de son effet sur la soci t Sous cet angle d une part Lefebvre quant lui nonce dans la pr face de la troisi me dition de La production de l espace social que les deux tendances homog n isation et fragmentation de l espace se compl tent par 505 Voir la formulation officielle du commencement de l re de la soci t de la communication Simon Nora et Alain Minc L informatisation de la soci t rapport M le Pr sident de la R publique Paris seuil 1978 506 M me si l analyse de Paul Virilio est n gative il ne fait pas doute qu il est influenc par Les El ments de rythmanalyse et approfondit le rapport entre l ici et l ailleurs Par exemple voir
109. philosophie n est pour lui que la m taphilosophie Quoi qu il en soit en lisant le d but de La dialectique n gative qui part galement des phrases des Th ses sur Feuerbach de Marx Lefebvre quant lui dans la derni re p riode de sa vie trouve sa position philosophique proche de la sienne Adorno d clare que la philosophie continue parce que le moment de sa r alisation a t manqu Formule capitale En fait ils ont ceci de commun qu ils n opposent jamais le positivisme l id alisme C est ce qu implique aussi le primat de l objet car la pens e positiviste 2 Thid p 21 22 7 Henri Lefebvre Le retour de la dialectique 12 mots clefs pour le monde moderne Paris Messidor ditions sociales 1986 p 77 205 Si nous d tournons la philosophie si nous nous tablissons dans la m ta philosophie ce n est pas pour liquider le pass philosophique Ce n est pas l attitude positiviste qui s oppose ici l attitude sp culative Pour r aliser la raison des philosophes pour d finir l unit rationnel r el nous prolongeons la philosophie et nous demandons au philosophe le mode d emploi des concepts quitte modifier ces r gles et introduire d autres concepts Lefebvre La vie quotidienne dans le monde moderne op cit p 39 107 fait de l indissolubilit de l objet un tabou Lefebvre pour sa part dit que la vie quotidienne r
110. pol mique celle entre ceux dans ce camp se rangent th oriquement les noms de Staline Garaudy etc qui sont adeptes du mat rialisme dialectique et ceux Sartre Merleau Ponty Wahl etc qui int ress s par la th orie marxiste montrent une attitude dubitative et critique contre la philosophie g n rale dont ceux l se r clament Bref tout cela tourne autour de la question de savoir si les principes du mat rialisme se comprennent comme tant une philosophie de fondement valable En conclusion ayant consacr un chapitre entier au d bat Ch telet est en accord avec la raison de la critique lanc e par les tenants de l antimat rialisme La philosophie du marxisme officiel repose sur la th se de la primaut de la mati re sur l esprit pour justifier son discours tandis qu elle ne montre aucune preuve philosophiquement valide dans la d monstration dont elle fait usage elle s appuie principalement sur les 166 Fran ois Ch telet Logos et praxis op cit p 24 167 Jbid p 23 168 Comme Ch telet r sume bien son exigence la cl de vo te du syst me est l nonc selon lequel la mati re existe ant rieurement et ext rieurement l esprit Ce principe de l ant riorit la fois ontologique chronologique et gnos ologique de la mat rialit sur la pens e contiendrait pourvu qu on l interpr te correctement le secret de la v rit Comment contre l id
111. pouvoir Nous savons que la situation devient plus compliqu e par rapport celle de Poulantzas Plus de cinquante pour cent des actes l gislatifs passent par le Parlement europ en et d autres institutions europ ens Par l interm diaire de ce dispositif selon 496 s RER les auteurs de La Nouvelle raison du monde la politique n olib rale s encastre dans 496 e DTA D E Pierre Dardot et Christian Laval La Nouvelle raison du monde essai sur la soci t n olib rale Paris La D couverte Poche 2010 ch 11 253 les pays europ ens Cette m diation de l organisme supranational marque la sp cificit de l implantation des id es n olib rales qui se distingue de celle des tats Unis et de l Angleterre effectu e par Ronald Reagan et Margaret Thatcher D o vient la contradiction entre souverainet nationale et ordre supranational Nous est avis qu il faut penser espace et chelles Il s agit pour ce qui est de l Union Europ enne de r chelonner et de surd terminer l espace politique et social morcel parce que diff rents pays par la transformation des appareils id ologiques conomiques politiques dans chacun de ces dits pays Passons au Japon dont le d partement Fukushima a subi le 11 mars 2011 une triple crise le tremblement de terre le tsunami l accident de la centrale nucl aire Avant et apr s le retour au pouvoir du parti conservateur en d cembre 2
112. pp 111 140 247 locaux r gionaux ou nationaux concentrent leurs efforts en faveur du d veloppement conomique partir des initiatives qui leur sont soumises et non plus suivant des projets centralis s Cette reconfiguration des capacit s productives et d investissement va de pair avec les territoires globalement comp titifs Dans le m me temps ils occupent une place particuli re pour l administration tatique capable de n gocier les arrangements institutionnels afin de renforcer leur comp titivit La politique spatiale ainsi d crite est aussi promue par le discours n olib ral accentuant la croissance d termin e par le march la flexibilit etcs En se fondant sur ce contexte et en liant le concept de d nationalisation Sassen celui d chelle Brenner r capitule la situation contemporaine l tat est aujourd hui en train d tre d nationalis la condition que les niveaux r gulateurs supranationaux r gionaux et locaux urbains assument un r le plus important dans un gouvernement socio conomique une chelle les tats r pondent la globalisation conomique par la construction de blocs d conomie supranationale comme EU AL NA Accord de libre change nord am ricain ANASE Association des nations de l Asie du SUD EST etc une autre l chelle infranationale les tats d l guent et d centralisent les aspects essentiels que leurs gouvernements pos
113. qualifier ce niveau de la vie quotidienne de secteur colonis On a vu l chelle de l conomie mondiale que le sous d veloppement et la colonisation sont des facteurs en interaction Tout porte croire qu il en va de m me l chelle de la formation conomique sociale de la praxis Dans la m me ann e se fondant sur cette remarque Lefebvre va plus loin Dans la soci t de consommation pr tendument fond e sur la consommation de masse et la production massive pour les besoins les fabricants de produits et de biens consommer s efforcent aussi de fabriquer les consommateurs Ils y parviennent dans une large mesure Il le consommateur ob it aux suggestions et aux ordres que lui donnent la publicit les services de vente ou les exigences du prestige social sans compter les pr occupations de solvabilit qui ne sont pas n gligeables La vie quotidienne selon l expression nergique de Guy Debord est litt ralement colonis e Elle est men e l extr me ali nation c est dire l insatisfaction s F err 273 profonde au nom des techniques r centes et de la soci t de consommation Le d veloppement in gal la colonisation de la vie quotidienne la soci t de consommation s encha nent afin d expliquer les changements du capitalisme qui 272 Guy Debord Perspectives de modifications conscientes dans la vie quotidienne 1
114. que Cavazzini ne r pond jamais la question de savoir comment la pens e politique d Althusser fond sur la production du sujet politique savoir la masse peut tisser un rapport avec sa discussion sur l assujettissement du sujet d velopp dans son article L tat et l appareil tatique de l id ologie Si on laisse de c t ce point nous pouvons interpr ter partir de notre int r t l id e que la pens e politique d Althusser r side dans l cart entre l tat et la politique selon deux points premi rement elle a ceci de positif qu elle d passe le contexte de la th orie marxiste de l tat de sorte qu elle le relativise deuxi mement ce caract re signifie en revanche que dans le d bat sur l eurocommunisme Althusser ne traite de l tat que de fa on n gative En un mot Althusser ne r ussit pas suffisamment avoir pour objet th orique l tat En ce sens la critique que Poulantzas adresse alors Balibar s applique aussi Althusser cette forme de la discussion traite les propositions g n rales des classiques du marxisme sur l tat comme une Th orie g n rale la Th orie marxiste l niniste de l tat et r duit l tat capitaliste une simple concr tisation de l tat en g n ral Tout au contraire de cela la th orie poulantzasienne de l tat se concentre sur l tat sp cifique c est dire de l tat capitaliste El
115. qui d finissent son statut ne sont plus seulement la plume et la parole mais aussi ne f t ce que symboliquement les armes D ailleurs Traverso consid rant comme un fhos collectif ou bien une d fense de l h ritage des Lumi res la raison de ce qui rend possible cette mobilisation antifasciste divis e en une pluralit de courants marxiste chr tien lib ral r publicain dit ce qu il y a dans cet v nement La menace fasciste tant le ciment qui permet la coexistence exceptionnelle dans un m me mouvement de courants tr s divergents l antifascisme est un espace public dans lequel se croisent des options in vitablement destin es entrer en conflit une fois cette menace dissip e C est exactement au d but de l histoire de la mobilisation des intellectuels contre le fascisme que l Avant Poste se situe Si nous retra ons son itin raire cela se divise en deux moments Premi rement par rapport la critique que Politzer et Nizan formulent 11 Enzo Traverso Les antinomies de l antifascisme La guerre civile europ enne Paris Hachette litt ratures coll pluriel 2009 2007 pp 305 331 p 308 112 Ibid pp 312 315 13 Ibid p 317 62 Lefebvre et Gutermann posent le contenu de leur philosophie du marxisme comme un mat rialisme dialectique De cet effort t moigne tout d abord la r ponse de Lefebvre aux questions que Denis Rougement adresse
116. re des Globalization Studies Saskia Sassen Quant au premier point elle l explique par la diff rence entre le syst me inter tatique de l apr s guerre bas sur l accord de Bretton Woods et celui des ann es 1980 En remarquant que le premier a pour t che politique de diminuer le ch mage et accepte aux niveaux internationaux la protection de l conomie nationale tandis que le second a pour but de promouvoir le libre change et d tendre les march s mon taires et de capitaux elle d couvre dans ce dernier le point de basculement tipping point vers la mondialisation conomique Sur fond de changement du r gime international elle labore les concepts de d nationalisation et de renationalisation pour expliquer le m canisme et le processus de privatisation des divers secteurs conomiques et de la d r glementation c est dire de la r forme des fonctions l int rieur de l tat le renforcement de l ex cutif et de l administration contre l affaiblissement du l gislatif et des comp tences du parlement caus e par le transfert des comp tences juridiques concernant le contr le de l activit conomique de l tat au domaine priv l entreprise ou aux organes intergouvernementaux Saskia Sassen construit une telle p riodisation de la mondialisation au long de son 4l Saskia Sassen Territory Authority Rights From Medieval to Global Assemblages Princeton Princeton University
117. rev t donc un combat pour que la culture historique soit au service de la vie et nourrisse une vraie culture L histoire comprise comme une essence pure et devenue souveraine entra nerait pour 405 Thid pp 325 327 406 Par exemple Je pense qu il n y a pas eu dans ce si cle de dangereuses oscillations ni de tournants p rilleux qui n aient t rendus plus dangereux encore par la prodigieuse influence sensible m me aujourd hui de cette philosophie l h g lianisme C est que ces cuistres ch tifs se soient identifi s l accomplissement de l histoire universelle Cette fa on de penser a accoutum les Allemands parler du processus universel et justifier leur propre temps comme l aboutissement n cessaire de ce processus universel Cette fa on de penser a install l histoire la place de toutes les autres forces spirituelles art et religion comme l unique souveraine dans la mesure o elle est l id e qui se r alise d elle m me la dialectique des g nies nationaux et le vrai Jugement dernier Ibid p 333 407 Thid p 209 48 Thid p 327 208 l humanit la fin de son existence et son r glement final La v rit est bien plut t que la culture historique ne peut tre salutaire et riche de promesses d avenir que si elle s inscrit dans un courant de vie neuf et puissant par exemple lors de la naissance d une civilisation donc seulement
118. rialiste Louis Althusser Pour Marx Paris La D couverte 2005 1965 pp 129 152 255 Henri Lefebvre Avant props de la 2 dition Critique de la Vie quotidienne I Introduction Paris L Arche deuxi me dition 1958 pp 9 111 p 21 135 au proc d r aliste qui insiste sur le reflet de telle ou telle r alit dans une pi ce Si Lefebvre s int resse Brecht c est qu il permet de regarder la vie quotidienne d une toute autre fa on Ce qui rend possible ce regard est l effet de distanciation Verfremdungseffekt qui a aussi t traduit en fran ais par effet d ali nation l oppos de la catharsis aristot licienne dont la fonction est la purgation psychologique des spectateurs par l imitation d action suscitant les motions et qui est fond e sur l identification la plus int grale possible des spectateurs aux personnages le th tre pique essaie de leur restituer leur propre jugement sur les v nements en d construisant pour ainsi dire la barri re tant entre les acteurs et les spectateurs qu entre le th tre et son dehors qu entre la sc ne et la salle de spectateurs Lefebvre cite exactement la phrase de Brecht Le th tre pique doit se mettre l cole de la rue et non pas l inverse Pour ce faire Brecht emploie l effet de distanciation en pr cisant soigneusement que Les effets en question provoquent une distanciation mais on n
119. soci t close ou soci t ouverte Le Monde 17 juin 1968 et Kostas Axelos Jean Beaufret et Fran ois Ch telet Karl Marx et Heidegger 28 mai 1959 in Kostas Axelos Argument d une recherche Paris Minuit 1969 pp 93 105 et Kostas Axelos in Kostas Axelos Entretiens r els imaginaires et avec soi m me 276 Paris Scholies Fata Morgana 1973 pp 69 84 Au del du savoir in Henri Lefebvre et Pierre Fougeyrollas Le Jeu de Kostas Axelos Montpellier Fata Morgana 1973 pp 9 33 Les autres Paris Espaces et soci t s n 13 14 Paris Anthropos janvier 1975 pp 185 192 Le vent du Sud Le Monde 7 janvier 1978 A propos d un nouveau mod le tatique Dialectiques n 27 1979 pp 47 55 Henri Lefebvre philosophe du quotidien interview d Olivier Corpet et Thierry Paquot Le Monde 19 d cembre 1982 Les intellectuels dans la transformation sociale in Christine Buci Glucksmann dir La gauche le pouvoir le socialisme Hommage Nicos Poulanzas Paris Presses Universitaires de France 1983 pp 203 205 La d mocratie est un combat perp tuel Le Monde 30 juin 1983 La crise des avant gardes Le Monde 6 ao t 1983 Henri Lefebvre and Kristin Ross Lefebvre on the Situationists An Interview in Tom Mcdonough eds Guy Debord and the Stituationist International MIT Press 2004 pp 267 283
120. son tour qui conf re un prestige social ceux qui en jouissent De plus Baudrillard refuse l id e qu une telle croissance soit plus efficace lors de la redistribution du revenu aux pauvres parce qu au niveau international la disparit entre les pays d velopp s et les pays en voie de d veloppement s largit etque le capitalisme en g n ral syst me du productivisme inclut quel que soit le volume absolu des richesses une in galit syst matique L argument de Baudrillard ainsi retrac est dans le droit fil de Lefebvre et des situationnistes Diff rent de ceux ci il n utilise plus le concept d ali nation et son outil d analyse est la s miologie en place de la m thode dialectique Une des raisons de cet abandon est que m me si il y a une ali nation dans la production elle n existe pas dans la consommation Selon lui ceux qui la supposent dans le domaine de la consommation sont essentialistes et humanistes La diff rence diff rentielle que le signe indique est plus propre la consommation que la valeur d usage selon celle l les consommateurs 303 Thid p 33 304 Thid pp 35 48 72 75 305 Thid pp 63 65 155 jouissent de leur besoin De sorte que au niveau du besoin La jouissance de la T V ou d une r sidence secondaire est v cue comme libert vraie personne ne vit cela comme une ali nation seul l intellectuel peut le dire du fond de son id al
121. suivant Folker Fr bel J rgen Heinrichs and Otto Kreye The New International Division of Labour Structural Unemployment in Industrialized Countries and Industrializaition in Developing Countries Cambridge Cambridge University Press 1980 6 Richard Barnet and Ronald M ller Global Reach The Power of Multinational Corporations New Vork Simon and Schuster 1974 228 V 2 La th orie de l tat capitaliste chez Poulantzas a un d bat entre le n o l ninisme et l eurocommunisme La formation de l eurocommunisme ins parable de l volution de la th orie marxiste de l tat en France se r sume en ceci le Printemps de Prague et l invasion de la Tch coslovaquie suscitent un choc profond dans les partis communistes europ ens en lieu et place de Waldeck Rochet qui tente de r concilier le PCT Parti communiste tch coslovaque avec le PCUS Georges Marchais devient secr taire du PCF en 1972 et tablit le programme commun de gouvernement avec Fran ois Mitterrand qui dirige le Parti Socialiste successeur en 1969 de la SFIO Section fran aise de l Internationale ouvri re fond lors du Congr s d pinay en 1971 pour conclure P union de la gauche celle ci et la d tente des relations entre Les tats Unis et L Union sovi tique conduisent les partis communistes europ ens cr er l eurocommunisme qui affiche la d mocratie l autonomie et l ind pendance face l influence de l Un
122. tat 1970 Sur la reproduction Paris Presses Universitaires de France 2011 pp 263 306 22 congr s Paris Fran ois Maspero 1977 crits sur la psychanalyse Paris Stock IMEC coll Le livre de poche 1993 Louis Althusser Sur la philosophie Paris Gallimard 1994 Psychanalyse et sciences humaines Paris Librairie G n rale Fran aise IMEC 1996 Solitude de Machivel Paris P U F 1998 crits philosophiques et politiques tome 2 Paris Stock Imec 1997 1995 Perry Anderson trad fr par Dominique Letellier et Serge Ni metz Sur le marxisme occidental Paris Masp ro 1977 Fran ois Azouvi La gloire de Bergson Essai sur le magist re philosophique Paris 280 Gallimard 2007 Gaston Bachelard La psychanalyse du feu Paris Gallimard coll folio 1992 1938 La po tique de l espace Paris Presses Universitaires de France 1957 La flamme d une chandelle Paris Presses Universitaires de France 1961 Christian Bachmann et Nicole Le Guennec Violence urbaines Paris Hachette 2002 1996 Alain Badiou Peut on penser la politique Paris Seuil 2008 1985 Georges Balendier Gurvitch Paris PUF 1972 tienne Balibar Sur la dictature du prol tariat Paris Fran ois Maspero 1976 Apr s l autre Mai in Christine Buci Glucksmann dir La gauche le pouvoir le socialisme Hommage Nicos Poulanzas Paris Presses Universita
123. trait de la libert comme tant formel cette id e est abstraite car elle ne fonde elle aussi qu une libert d indiff rence c est m me la libert qu elle fonde qui doit tre appel e par excellence libert d indiff rence Cette libert est indiff rente ce qui est fait au contenu de l acte et ne s int resse qu sa forme D apr s cette th orie on appelle libert le rapport du moi concret l acte qu il accomplit Et bien que Bergson d clare ce rapport ind finissable il reste vrai que n importe quel acte peut tre un acte libre il suffira de poser un caract re dont il sera l expression Bref l esclave est d autant plus libre qu il est plus esclave c est dire plus la soumission est int rieure et profonde Ce n est pas en s vadant que le prisonnier se lib re mais en se transformant en prisonnier volontaire Et ce n est pas en pr chant la r volte qu on fait de la propagande pour la libert mais en pr chant la soumission int grale La libert r gnera quand les esclaves n auront plus que des mes d esclaves C est ainsi que aux yeux de Politzer la libert de Bergson a une possibilit de retomber pour ainsi dire dans la servitude volontaire formul e par tienne de La Bo tie Parce que la conception de la libert qui se fonde sur l int rieure de la conscience individuelle pr suppose son insu l harmonie pr tablie ent
124. travail le centre se charge de l industrie et la p riph rie de la production de la mati re premi re tandis que dans ce mode de la nouvelle division du travail l usine elle m me est transf r e du centre la p riph rie C est partir de l impact de ce type d activit conomique sur la politique de l tat que nous situons deux th ories de l tat En fait Poulantzas consacre l analyse la socialisation internationale des proc s du travail et l internationalisation du capital 465 alors que Lefebvre fait ce type d analyse en se r f rant au livre de Richard Barnet et Ronald M ller Global Reach The Power of Multinational Corporations Port e globale le pouvoir de l entreprise multinationale paru en 1975 et consid r comme un des premiers ouvrages d couvrir l conomie globale Nous appuyant sur cette d finition de la mondialisation en tant que celle de la production nous allons examiner les deux th ories de l tat pour les rapprocher l une de l autre Sous cet angle tout d abord en restituant le contexte de l eurocommunisme nous claircirons le discours sur la crise de l gitimation de l tat chez Poulantzas Ensuite apr s avoir explicit le sens de la mondialisation de l tat qui est l objet de De l tat nous saisirons sa probl matique par rapport la th orie de la production de l espace 5 ce propos voir l ouvrage classique
125. universel d autre part elles englobent et absorbent l individu Le lib ralisme veut tout arranger Le nationalisme fasciste est venu d montrer par les actes la fausset de cette banale construction il prouve que dans la soci t bourgeoise ni l individu ni l homme ne sont r els mais seulement le cadre de la domination bourgeoise la nation Cette nation masque du capital fait tout pour absorber l individu tout entier dans sa r alit et dans sa conscience La guerre imp rialiste n avait pas suffi clairer les lib raux En r sum la mont e du nationalisme fasciste pr suppose l existence de la domination id ologique de la bourgeoisie dont la fonction est d exclure la fois l humanit et l individu pour maintenir le capitalisme en cour et le r gime politique qui le soutient De l ils construisent pour ainsi dire la th orie de la formation de la soci t Ils tirent de la sociologie durkheimienne deux id es positive et n gative n gative parce que cette sociologie commence vouloir comprendre l individu et finit par absorber l individu dans le seul groupe savoir la nation au nom de la soci t en 123 Henri Lefebvre et Norbert Guterman L individu et classe Avant Poste revue de litt rature et de critique Paris Jos Corti n 1 juin 1933 pp 1 9 p 2 66 g n ral positif parce qu elle prouve irr futablement que la conscience indi
126. usage de l ali nation doubl e du sens de la s paration se trouve galement dans le texte de Debord Pour lui la s paration touche le n ud du concept de spectacle La s paration est l alpha et l om ga du spectacle L effet du spectacle d livre l homme en tant que spectateur du lieu o se tisse le rapport social concret et r el Ainsi Le spectacle n est pas un ensemble d images mais un rapport social entre des 1 Thid pp 208 209 127 personnes m diatis par des images Significativement d une rencontre de Lefebvre avec l International situationniste la critique de la vie quotidienne prend la forme des critiques de la soci t du spectacle et de la soci t de consommation Dans cette diversification la probl matique de Lefebvre elle m me change la critique de la vie quotidienne s ajoute la question urbaine Ce sont des sujets dont nous traiterons dans les partis suivants 242 Guy Debord La soci t du spectacle 1967 Guy Debord uvres Paris Quarto Gallimard 2006 pp 765 859 767 772 128 Deuxi me partie De la vie quotidienne l urbain 129 Chapitre III Moments et Situations HI 1 Ce que signifie le d passement de l art Que ce soit en France alors qu un mouvement prend parti pour l Alg rie et ceci en dehors du PCF incapable lui d adopter une position ce sujet ou l tranger comme Cuba o s accompli une r
127. ville Lefebvre fait valoir la diff rence entre sa pens e et celle des urbanistes Premi rement l urbanisme impose la ville le cadre qui se comprend comme le d cor et l environnement de la vie et o il ne tient pas compte des habitants Cette conception pr suppose d s lors que les hommes se subordonnent l ordre spatial qu elle fait r gner Autrement dit cet urbanisme a l aspect du d terminisme cologique En tenant compte de cette contrainte ins r e dans la construction de la ville Lefebvre pr tend que l usager de l espace ne peut pas s y r duire le groupe humain ne co ncide pas exactement avec ses conditions d existence son environnement son cadre Pour le groupe humain l environnement le cadre ce qui r sulte soit de la morphologie soit de l conomie politique ce cadre est un moyen pour le groupe humain vivant normal L environnement est un moyen Le groupe humain le fa onne le d forme ou le transforme Il le d borde Il se relie toujours sauf s il est mutil quelque chose de plus vaste qui est la soci t globale qui est pour le moment une culture peut tre m me une conception de la vie de l homme Un groupe humain ne doit jamais tre d fini compl tement par son cadre A cette position anti d terminisme cologique nous relierons le point d argument d j jalonn plus haut III 3 savoir la r habilitation du concept de r
128. y per oivent il ne suffit pas de pr tendre saisir le quotidien encore faut il pour vraiment le conna tre vouloir le transformer47 identiques la d marche ant rieure les nouvelles recherches visent faire surgir l extraordinaire de l ordinaire en d autres termes le surr el du r el La connaissance de la vie quotidienne n est pas tel ou tel savoir accumuler mais d en saisir de l int rieur la scansion Dans cette orientation Lefebvre ins re un nouvel l ment la rythmanalyse Ce mot se trouve pour la premi re fois 497 Henri Lefebvre Henri Lefebvre philosophe du quotidien interview d Olivier Corpet et Thierry Paquot Le Monde 19 d cembre 1982 259 dans La psychanalyse du feu de Gaston Bachelard en 19384 Les tudes sur le rythme sont d j annonc es dans La production de l espace en 4 Elles s approfondiront dans son vue de compl ter son analyse par celle du temps ouvrage posthume El ments de rythmeanalyse Avant d tre d concert par le n ologisme il faut constater la continuation des travaux pr c dents Ce qui est d terminant c est le concept de r p tition La rythmanalyse n en est qu une reformulation Lefebvre a d j pos la question fondamentale dans les recherches sur la vie quotidienne en 1968 Comment confronter la vision du devenir d H raclite Hegel et Marx et le fait crucial de la r p tition Et d
129. 012 des centaines de milliers de citoyens se massent devant le Di te pour exprimer leur volont de cr er un pays sans centrale nucl aire Si nous ne nous enfon ons pas dans une discussion technique et technocratique sans issue ce propos nous nous demandons comment r aliser cette volont politique qui surgit la suite d v nements catastrophiques Nous prenons avec s rieux la strat gie propos e par Poulantzas l articulation du mouvement extraparlementaire avec le parlement Mais force est de constater que la situation n est pas favorable cette constitution du peuple parce qu il y a la puissance du lobby nucl aire et que TEPCO entreprise monopolistique de l nergie maintient un r seau d influence dans l organisme tatique tel que le minist re de l conomie industrie ainsi que dans les milieux des affaires les m dias de masse et le monde savant En outre il nous semble que le gouvernement existant utilise une manipulation 254 classique pour apaiser cet antagonisme le transfert du conflit de l int rieur vers l ext rieur C est pourquoi il attise le sentiment d ins curit de son peuple contre la Chine et la Cor e du Nord et renforce les relations militaires avec l tats Unis Cette d marche n est pas sans d faut les bases militaires des tats Unis au Japon demeurent concentr es sur le d partement de l Okinawa environ soixante dix pour cent les concessions dan
130. 4 pp 201 203 403 Thid p 327 404 Thid p 335 207 haussement d paule l ensemble des choses en devenir et r pand partout le sentiment que tout vient trop tard que tout n est qu activit d pigone L id e aust re et profonde de la non valeur du pass l id e que le monde est m r pour le Jugement se sont r fugi es dans cette pens e sceptique qu il est bon toute ventualit de conna tre le pass puisqu il est trop tard pour mieux faire Le sens historique impose ainsi ses serviteurs une attitude passive et r trospective En clair les argumentations mobilis es par Nietzsche sont dirig es contre Hegel Bien s r cela ne veut pas dire qu il supprime totalement l histoire mais il s agit de penser la limite de la connaissance historique et d affirmer le principe selon lequel le sens historique et sa n gation sont galement n cessaires la sant d un individu d une nation d une civilisation En ce sens la d marcation qu il introduit entre les sens historiques et non historiques est au plus haut point la prolongation de la critique kantienne ou post kantien comme le remarque Deleuze Pour clore il s impose une triple obligation l origine de la culture historique elle m me est historique la r solution du probl me de l histoire en elle m me le savoir doit retourner son dard contre lui m me Cette critique nietzsch enne
131. 70 419 Isabelle Garo Foucault Deleuze Althusser et Marx op cit p 306 420 Cit in Notes d dition de La querelle de l humanisme in crits philosophiques et politiques tome 2 Paris Stock Imec 1997 p 545 214 avec le contrepoint des bavardages philosophiques marxistes sur Phomme S il refuse par son positionnement d tre conforme l id ologie humaniste du parti il ne le quitte pas Il est tout fait ambigu mais permet au nom de Marx l intervention de la philosophie dans la politique En changeant sa pratique th orique elle le conduit passer de l autonomie relative de la superstructure id ologique celle de la philosophie Il s agit de la politique propre la philosophie En associant la lutte de classe dans la th orie la philosophie en tant que guerre permanente se d roulant dans le champ de bataille Kampfplatz il dit une philosophie ne vient pas au monde comme Minerve dans la soci t des dieux et des hommes Elle n existe que par la position qu elle occupe et n occupe cette position qu en la conqu rant sur le plein d un monde d j occup Elle n existe donc que par sa diff rence conflictuelle et cette diff rence elle ne peut la conqu rir et l imposer que par le d tour ak E r 422 d un travail incessant sur les autres positions existantes Selon cette conception une fois fond e une philosophie entre d embl e d
132. 961 Guy Debord uvres Paris Quarto Gallimard 2006 pp 571 582 575 B Henri Lefebvre Critique de la vie quotidienne II Fondements d une sociologie de la quotidiennet Paris L Arche 1962 pp 16 17 142 sont visibles la fois l chelle nationale et internationale cet gard sans aucun doute ce changement est balis par le processus de d colonisation de l Alg rie qui est corr latif la transformation de la soci t fran aise Quant au second terme colonisation bien qu il se r f re une situation en voie d ach vement il est transpos en ancienne m tropole pour d crire un processus l uvre dans la soci t m me Cette soci t Lefebvre la d nomme soci t bureaucratique de consommation dirig e ou la soci t urbaine Que la ville d alors ait subit une grande transformation est le fait historique dont t moignent certains penseurs de la ville d aujourd hui Contrairement une id e r pandue la v ritable radication du Moyen ge Paris n a pas t men e son terme par Haussmann et Napol on III mais par Malraux et Pompidou et l uvre embl matique de cette disparition d finitive n est pas Le Cygne de Baudelaire mais plut t Les choses de Perec Nous sommes plus loign s de l poque haussmannienne que celle ci ne l tait de l Empire romain En continuation de son dialogue avec Debord Lefebvre quan
133. 99 pour cent de la population qui promeut la politique d aust rit l chelle europ enne et qui continue suivre en gros la m me politique de l nergie apr s le d sastre de Fukushima nous ne d passons jamais l horizon de l tat Si nous ne pouvons pas proposer de solution g n rale nous pouvons en revanche continuer l analyse par exemple celle qui permet la fois d envisager l origine de la pens e actuelle de l tat et sa rupture avec la situation pr c dente Pour ce faire nous examinerons la th orie lefebvrienne de l tat en la comparant cette fois ci avec celle de Poulantzas Il est certain que les objets th oriques sont diff rents ce dernier ne vise pas tablir une th orie g n rale de l tat mais une th orie sp cifique de l tat capitaliste c est dire qu il s agit de l articulation de l conomique le capitalisme au politique L tat Dans cette orientation il contribue une renaissance de la th orie de l tat qui n voluait plus depuis L nine Par contre la probl matique de Lefebvre n est pas la m me que celle de Poulantzas Sans doute le sens et la port e de sa th orie ne sont pas compr hensibles sans tenir compte de sa pens e urbaine C est ce que nous allons expliciter Lacoste et Lefebvre se r clamant de la politique de l espace 223 Troisi me partie L espace et L tat 224 Chapitre V La th orie de
134. Brecht est ici vidente Dans les tats ouvriers seule l exp rience men e par Brecht Berlin est proche par sa mise en question de la notion classique de spectacle des constructions qui nous importe aujourd hui Seul Brecht a r ussi r sister la sottise du r alisme socialiste au 249 42 n Guy Debord Pr sentation du mouvement situationniste d cembre 1965 suppl ment Z S n 10 mars 1966 Guy Debord uvres Paris coll Quarto Gallimard 2006 pp 715 716 p 715 51 Patrick Marcolini Le mouvement situationniste op cit pp 113 114 aa Guy Debord La soci t du spectacle in Guy Debord uvres Paris coll Quarto Gallimard 2006 pp 765 859 p 767 Patrick Marcolini Le mouvement situationniste une histoire intellectuelle Paris Echappe 2012 p 134 pouvoir Brecht a acquis une r putation dans le milieu intellectuel lors des repr sentations du Berliner Ensemble Paris dans les ann es 1950 Roland Barthes et Louis Altusser lui ont consacr des textes Lefebvre partage galement cet enthousiasme Il l analyse dans la pr face de la deuxi me dition de la Critique de la vie quotidienne Introduction notamment sur son th tre pique et les effets de distanciation Il commence ce texte par nous avertir du mot pique qui n a rien voir avec l loge ou le destin du h ros dans la trame de la pi ce En fait il s agissait pour Brecht
135. Champs lys es la fille qui va au cours Villiers et celle dans le XIIIe dont les r gles sont retard es Je ne rencontre pas homo nooumenon mais je vois la figure de Tardieu et ensuite je lis un rapport sur le travail forc 5 A 100 Ces existences me paraissent poser des questions r ellement philosophiques Ce qui motive ici la philosophie chez Nizan ne ressemble t il pas pr cis ment ce qui chez Sartre le m ne au marxisme et qui fait que Sartre va consacrer un article pour exprimer son amiti et sa volont de lui rendre hommage Quoi qu il soit vrai 100 Paul Nizan Notes programme sur la philosophie Bifur n 7 d cembre 1930 pp 26 39 repris in Articles litt raires et politique Volume I 1923 1935 dition tablie par Anne Mathieu Nantes Joseph K Pr face de Jacques Deguy 2005 pp 119 129 p 124 10 En se rappelant l ann e 1925 o il est tudiant et ou m me les tudiants communistes se privent de faire recours au Marxisme et la pens e de Hegel dans les examens Sartre trahit dans Questions de 57 ou non la philosophie partant de ces existences est pour Nizan scandaleuse d autant qu elle menace la l gitimation de la philosophie tablie Il me para t inhumain de ne pas causer de scandales philosophiques J aime mieux les hommes que la philosophie si elle m carte du parti des hommes D ailleurs la philosophie a toujours paru scandaleuse certaines ge
136. France 1983 pp 172 183 Marc Lazar Maisons rouges les partis communistes fran ais et italien de la Lib ration nos jours Paris Aubier 1992 Guillaume Le Blanc Canguilhem et les normes Paris Presses universitaires de France 1998 Vies ordinaires vies pr caires Paris Seuil 2007 L invisibilit sociale Paris Presses universitaires de France 2009 Claude Lefort L invention d mocratique Paris Fayard 1994 1981 Pierre Legendre La France entre deux centralismes Le Monde 3 novembre 1983 287 Remarques sur la re f odalisation de la France Sur la question dogmatique en Occident tome II Paris Fayard 2006 pp 271 287 Gottfried Wilhelm Leibniz et Samuel Clarke Correspondance Leibniz Clarke pr sent e par Andr Robinet Presses Universitaires de France 1991 1957 Claude L vi Strauss uvre Paris Gallimard coll Biblioth que de la Pl iade 2008 Giovanni Lista Dada libertin et libertaire Paris L insolite 2005 Daniel Lindenberg Le Marxisme introuvable Paris Union g n rale d dition 1979 1976 Rosa Luxemburg trad fr par Marcel Ollivier et Ir ne Petit L Accumulation du capital 2 vol Paris Maspero 1976 La r volution russe Paris L Aube 2013 Jean Fran ois Lyotard La condition postmoderne Paris Minuit 1979 Tombeau de l intellectuel et autres papiers Paris Galil e 1984 Le Postmoderne expliqu aux enfa
137. Garaudy philosophe au pouvoir dans le parti joue d un c t le r le de vulgarisateur du concept d humanisme et qu Althusser dont l influence est limit e l inverse de celle exerc e chez les tudiants notamment ceux de la rue d Ulm lance de l autre sa critique La confrontation est son comble lors du congr s d Argenteuil de 1966 o sont d cid s l abandon du r alisme socialiste l ent rinement du principe des discussions th oriques libres et l affirmation du pluralisme Une fois l clat advenu l opposition est tranch e par Waldeck Rochet secr taire g n ral d alors du Parti dans le sens d un abandon d finitif de toute ligne philosophique officielle 4 d autre part r agissant contre cette intervention Althusser r dige une lettre titr e aux camarades du Comit central du PCF et affirme les deux points 1 que la r solution est contradictoire tranchant en fait et sans le dire dans un d bat ouvert 2 qu elle confond les n cessaires compromis politiques avec d inacceptables compromis th oriques Dans ce contexte l humanisme n est pas pour Althusser un cran qui dissimule l in galit des ouvriers sous la forme du droit formel mais un pr texte pour couvrir la v rit que la direction du PCF n a pas chang car le dogmatisme ant rieur subsistait Paris Presse de la fondation nationale des sciences politiques 1988 pp 69
138. Lefebvre fait presque la m me remarque sur cette reconqu te de la r alit par le surr alisme Quand on relit la R volution surr aliste on est frapp des r f rences Hegel et je trouve une certaine similitude entre la triade dialectique r el irr el surr el et la pens e h g lienne Le surr el ce n tait pas de l irr alit c tait une r alit autre que la r alit banale de la chose l gard de ce rapport de la pens e la vie et de cette mise distance du rationalisme l attitude de Lefebvre se pr cise par exemple dans ses premiers crits dans Philosophies Dans une sorte de manifeste philosophique qui formule des objections aux pens es de Bergson de Brunschvicg et de Blondel Lefebvre montre son chemin de recherche de l esprit Il n y a aucun lien avec la pr tention d affirmer la primaut de la mati re sur l esprit dont le marxisme officiel se r clamera dans les ann es d apr s guerre Ferdinand Alqui Philosophie du surr alisme Paris Flammarion 1955 p 98 cit in Michael Sheringham op cit p 82 5 Henri Lefebvre Le renouveau philosophique avort des ann es 1930 entretien avec Michel Trebitsch Europe n 1683 mars 1986 pp 29 41 p 35 34 Au lieu d tre un repli la t che de l esprit sera de rendre plus aigu et plus fort le sentiment de l objet en tant qu objet L acte premier de notre pens e n est en effet que l acceptati
139. Minist re de l ducation nationale de l Enseignement sup rieur de la Recherche UNIVERSITE PARIS VIII VINCENNES SAINT DENIS ECOLE DOCTORALE PRATIQUES ET THEORIES DU SENS THESE DE DOCTORAT EN PHILOSOPHIE PRESENTEE PAR SHU HIRATA UN LIEU DE PENS E DE HENRI LEFEBVRE Th se dirig e par Monsieur le Professeur Alain Brossat Soutenue le 8 septembre 2014 Membres du jury Monsieur le professeur MAURICE BLANC Monsieur le Professeur ALAIN BROSSAT Directeur de recherche Monsieur le Professeur JEAN PIERRE GARNIER Monsieur le Professeur PIERRE LANTZ Monsieur le Professeur GUILLAUME LE BLANC Monsieur le Professeur GEORGES NAVET Madame le Professeur KRISTIN ROSS Remerciements Avant tout je voudrais vivement remercier le professeur Alain Brossat pour sa direction et son enseignement tout au long de la pr sente th se Je voudrais aussi avoir une pens e l endroit du professeur Daniel Bensa d qui a rendu possible avec le concours de mon professeur du Japon M Osamu Nishitani mon installation en France d s ma seconde ann e de maser de philosophie Paris VIII Tous les trois m ont sans cesse engag pratiquer une philosophie plong e dans l actualit qu ils en soient encore une fois ici remerci s J adresse aussi mes remerciements les plus profonds Louis Ucciani ma tre de conf rence HDR l Universit de Franche Comt et Maurice Blanc professeur m rite de l Universit de S
140. Nagel 1949 Contribution l esth tique Paris Anthropos 2e d 2001 1953 Pascal tome2 Ed Nagel 1954 Musset Paris L Arche 2e d revue et corrig e 1970 1955 Rabelais Paris Anthropos 2e d 2001 1955 Pour conna tre la pens e de L nine Paris Bordas 1957 La somme et le reste Paris Anthropos 3e d 2009 1959 Critique de la vie quotidienne IT Fondements d une sociologie de la quotidiennet Paris L Arche 1962 Introduction la modernit Paris Minuit 1962 M taphilosophie Paris Syllepse deuxi me dition 2001 1965 La proclamation de la Commune Paris Gallimard coll Trente journ es qui ont fait la France 1965 Position contre les technocrates en finir avec l humanit fiction Paris Gonthier 1967 273 Le droit la ville suivi de Espace et politique Points Anthropos 1968 et 1972 La vie quotidienne dans le monde moderne Paris Gallimard 1968 Du rural l urbain Paris Anthropos Troisi me dition 2001 1970 La r volution urbaine Paris ditions Gallimard 1970 Le manifeste difj rentialiste Paris Gallimard 1970 La fin de l histoire Paris Anthropos 2001 1970 Vers le cybernanthrope Paris Deno l 1971 Au del du structuralisme Paris Anthropos 1971 La survie du capitalisme la reproduction des rapports de production
141. Paris Anthropos troisi me dition 2002 1973 Le temps des m prises Paris Stock 1975 Hegel Marx Nietzsche ou le royaume des ombres Paris Tournai Casterman 1975 De l tat I L tat dans le monde moderne Paris Union G n ral d ditions 1976 De l tat II Th orie marxiste de l tat de Hegel Mao Paris Union G n ral d ditions 1976 De l tat III Le mode de production tatique Paris Union G n ral d ditions 1977 De l tat IV Les contradictions de l tat moderne Paris Union G n ral d ditions 1978 et Catherine Regulier La r volution n est plus ce qu elle tait Paris Libres Hallier 1978 La pr sence et l absence Paris Casterman 1980 Une pens e devenue monde Faut il abandonner Marx Paris Fayard 1980 Critique de la vie quotidienne III De la modernit au modernisme Pour une m taphilosophie du quotidien Paris L Arche 1981 Qu est ce que penser Paris Publisud 1985 Le retour de la dialectique 12 mots clefs pour le monde moderne Paris Messidor ditions sociales 1986 Lukacs 1955 suivi de Patrick Tort Etre marxiste aujourd hui Paris Aubier 1986 l ments de rythmanalyse introduction la connaissance des rythmes Pr face de Ren Lourau Paris Syllepse 1991 274 ID Articles de Henri Lefebvre Compte rendu ODOR DI FEMINA par Marcel Lesv
142. Paris coll Quarto Gallimard 2006 pp 309 328 p 311 248 Thid p 310 133 social constitu r gul par des institutions et d termin par l conomie marchande Il faut entendre par cette abolition ou suppression de l art le d passement de l art au sens dialectique Dans la perspective de Debord les arts travers l conomie marchande r gnent sur la vie quotidienne Or il faut au contraire subordonner les arts la vie quotidienne C est pourquoi dans le texte pr sentant le mouvement situationniste il crit que le d passement de l art et de toutes les acquisitions culturelles remis en jeu dans la cr ation libre de la vie quotidienne et de la sorte r alis s D s lors le d passement de l art est Debord ce que le d passement de la philosophie est Lefebvre La vie quotidienne en tant qu un plan non artistique donne une autre consistance aux arts et ceux ci la r anime en retour Sous cet angle nous pouvons mieux comprendre le concept de spectacle chez Guy Debord Comme Marcolini l a bien remarqu il n a rien voir avec la th orie de l image et de la vision Le spectacle ne peut tre compris comme l abus d un monde de la vision le produit des techniques de diffusion massive des images C est ainsi que Marcolini souligne le sens ordinaire du mot spectacle celui de la repr sentation th trale La r f rence de Debord
143. Perry Anderson trad fr par Dominique Letellier et Serge Ni metz Sur le marxisme occidental Paris Masp ro 1977 516 Cf Slavoj Zizek trad fr par Delphine Moreau et J r me Vidal Vous avez dit totalitarisme cinq interventions sur les m s usages d une notion dition Amsterdam 2007 269 privil gient les classes sociales ont pour talon l homme blanc et n gligent l existence des femmes et des migrants et d autres Mais il est clair que comme Bensa d le souligne la crise traverse ces couches sociales517 La politique de l identit pour sa part doit rendre compte de la logique des classes sociales M me si la totalit ainsi revendiqu e ne reste qu hypoth tique Sans cette dimension la pens e serait condamn e v g ter dans la cage d acier Nous arrivons au troisi me th me de Lefebvre qui concerne aussi Harvey Dans De l tat il remet en cause la conception l niniste selon laquelle l tat se d finit comme l excroissance de la soci t et comme l appareil r pressif parce qu elle n explique jamais comment le peuple se constitue en ou partir de lui De cette d finition Lefebvre r value le concept d h g monie de Gramsci en ceci qu il s appuie sur le r le des intellectuels pour cr er le consensus entre les diff rentes couches de la soci t L interrogation sur la formation de la nation s encha nerait avec la discipline que nous avons vue plus haut C
144. Poste avec la ligne officielle tient dans la volont affich e de faire uvre th orique et c est de cette fa on que l analyse du fascisme qui est esquiss e peut appara tre marginale Ainsi la vie de la revue va se clore elle aura t ph m re Malgr tout ce fait ne signifie pas qu il n y a pas grand chose penser dans l aventure antifasciste que Lefebvre et Guterman m nent parce que cette aventure Tr bitsch et Tosel l indiquent peut s aligner sur les autres critiques formul es par les penseurs de cette poque Simone Veil Jean Cavaill s Georges Bataille Daniel Gu rin etc Il reste donc examiner son contenu th orique Cela vaut la peine de le faire d un double point de vue D abord de celui du pr sent pour re consid rer l antifascisme nous devons penser le propre de ces v nements en nous loignant de la propagande communiste et l interpr ter au contraire en regard du totalitarisme L autre point de vue se lie directement notre int r t parce qu il nous fait souligner que la naissance de la critique de la vie quotidienne chez Lefebvre ne peut pas se s parer de cette situation articles Lefebvre dans l entre deux guerres Henri Lefebvre et la revue Avant Poste Une analyse marxiste marginale du fascisme Lendemains n 57 1990 pp 77 87 p 82 11 Thid p 80 120 Thid 121 Il est vident que Traverso dans le livre que nous avons mentionn p
145. Pourparlers Paris Minuit 1990 Jacques Derrida Marges de la philosophie Paris Minuit 1972 Politique et amiti entretiens avec Michael Sprinker sur Marx et Althusser Paris Galil e 2011 Jacques Donzelot L invention du social essai sur le d clin des passions politiques Paris Seuil Point 1994 1984 Patasociologie l universit de Nanterre Cahier de l Herne Jean Baudrillard sous la direction de Fran ois L Yvonnet Paris Herne 2005 pp 59 66 Quand la ville se d fait Quelle politique face la crise des banlieues Paris Seuil Point 2006 La ville trois vitesses et autres essais Paris La Villette 2009 Fran ois Dosse Michel de Certeau le marcheur bless Paris La D couverte 2007 2002 Jean Duvignaud Georges Gurvitch symbolisme social et sociologie dynamique Paris 284 Seghers 1969 Lucien Febvre Pour rectifier une connaissance l mentaire du marxisme Paris Annales d histoire conomique et sociale tome 8 n 41 le septembre 1936 p 507 Franck Fischbach Pr sentation in Karl Marx trad fr Franck Fischbach Manuscrits conomico philosophiques de 1844 Paris Vrin 2007 pp Sans objet Capitalisme subjectivit ali nation Paris Vrin 2000 L ali nation comme r ification in Emmanuel Barot dir Sartre et Le Marxisme Paris La Dispute 2011 pp 285 312 Manifeste pour une philosophie soc
146. Toutefois Ranci re en remontant au mouvement ouvrier du XIX si cle traite ces propos d une mani re tout fait diff rente et en tire la conclusion contraire Althusser 362 Jacques Ranci re IV Le on d histoire les m faits de humanisme La le on d Althusser Paris La fabrique 2011 1974 pp 149 192 p 151 36 Thid p 150 188 Sous le r gime de la monarchie bourgeoise de Louis Philippe commen ant d s 1830 comment les ouvriers prouvent l illusion de jouir de la m me libert et galit que la bourgeoisie Pour fournir l preuve contraire au discours d Althusser Ranci re cite le discours du procureur Persil futur ministre de la Justice qui nonce en 1833 Tout ce que la justice a fait contre la licence de la presse et contre les associations politiques serait perdu si l on pouvait peindre chaque jour des ouvriers leur position compar e celle d une classe d hommes plus lev e en leur r p tant qu ils sont hommes comme eux et qu ils ont droit aux m mes jouissances Apr s cette citation il en fait l ex g se comme suit Il y a lutte de classe proclame la bourgeoisie Pas question d aller dire aux ouvriers qu ils sont des hommes comme les bourgeois quoi paradoxalement les ouvriers r pondent il n y a pas de barbares et de civilis s pas de distinction de classes nous sommes des 365 hommes comme vous Dans les cas de la lutte
147. Vi t Nam se d ploie il r oriente la g ographie en vue de lui donner la dimension critique C est dans son premier ouvrage utilisant l approche marxiste Social Justice and the City La Justice sociale et la ville publi en 1973 qu il mentionne pour la premi re fois le livre de Lefebvre de 1970 La R volution urbaine Depuis il approfondit sa th orie avec et contre lui Elenore Kofman and Elizabeth Lebas Lost in Transposition Time Space and the City in Henri Lefebvre Writing on cities trans et eds Elenore Kofman and Elizabeth Lebas Oxford Blackwell 1996 pp 3 60 Rob Shields Lefebvre Love and Struggle Spatial Dialectics London Routeledge 1998 Stuart Elden Understanding Henri Lefebvre Theory ant Possible London and New York Continuum 2004 Andy Merrifield Henri Lefebvre A Critical Introduction London Routeledge 2006 4 Soja quant lui insiste sur le tournant spatial dans Postmodern Geographies The reassertion of Space in Critical Social Theory Les G ographies postmodernes la r affirmation de l espace dans la th orie sociale et critique paru en 1989 Il est indiscutable que l avantage de ce livre consiste non seulement r habiliter et diffuser la pens e de Lefebvre dans le monde anglo saxon mais aussi comme l essai de p riodisation dit postmoderne en t moigne reconsid rer le concept d espace Vu son intention the reassertion of space signifie explicit
148. a faite ce geste refuse d embl e la possibilit de toute identification psychologique des spectateurs au film La perception de la pr sence de ce refus se renforce d autant plus que nous y d couvrons la convergence entre le contenu et la forme de ce film Il me faux d abord repousser la plus fausse des l gendes selon laquelle je serais une sorte de th oricien des r volutions C est ainsi que la voix refuse ou mieux interdit toute h ro sation d un r alisateur c est dire 263 so r 12 iga nas y Nous signalions ici notre d saccord avec la consid ration sur la critique de critique cher Jaques Ranci re Certes dans les filmes de Debord la voix lisant ses textes l emporte au niveau de la perception sur les images accus es mais cela n a rien voir avec la d gradation de limage elle m me que Ranci re suppose sch matiquement Voir Jacques Ranci re Le spectateur mancip Paris La Fabrique 2008 En m me temps nous signalions que notre cadre d interpr tation peut tre d j pr vu par un critique de cin ma d alors Le film a le m rite rare d aller jusqu au bout de sa logique Le spectateur priv de tout sera aussi priv d images par l cran blanc d une telle provocation il se sentira interpell bien plus directement que par la progression rigoureuse du parl L image ou l absence d image le d poss de ainsi de ses r f rents habituels p
149. a philosophie en concr tiser le d p rissement et ressusciter ce cadavre vivant pour l utiliser perinde ac cadaver au service de la politique momentan e En antagonisme absolu avec l inspiration philosophique du marxisme et ses perspectives de d passement de la philosophie on a ressuscit le Syst me et la philosophie d tat M phistoph l s galope sur un cheval mort qu il a tir du charnier En faisant un commentaire sur ces phrases Blanchot r capitule le dilemme D un c t la doctrine le mat rialisme dialectique continue s affirmer comme une philosophie et s impose comme un dogmatisme conception syst matique ayant r ponse tout et devenue institutionnelle tout en restant id ologique mais d un autre c t parce que la philosophie ne fait plus qu un avec la pratique de Parti ou d tat laquelle se donne pour la mesure imm diate de la v rit ce n est pas au d passement de la pens e que le philosophe est pri de consentir 184 185 186 Ibid p 33 Ibid p 48 Maurice Blanchot Lents fun railles L amiti Paris Gallimard 1971 pp 98 108 p 99 98 Ce dilemme montre que le dogmatisme stalinien ne peut pas s imputer simplement au culte de la personnalit stalinienne Plut t ne soul ve t il pas le probl me complexe entre th orie et pratique Alors la question est de savoir comment est il possible de donner raison au d passement de la ph
150. a plume de celle ci le point n vralgique de la r volution russe est d voil Assur ment toute institution d mocratique comme toute les institutions humaines d ailleurs a ses limites et ses d fauts Mais le rem de invent par L nine et Trotsky qui consiste supprimer la d mocratie en g n ral est pire que le mal qu il est cens gu rir il obstrue en effet la seule source vivante d o peuvent sortir les moyens de corriger les insuffisances cong nitales des institutions sociales savoir la vie politique active libre nergique de larges masses populaires Rosa Luxemburg La dissolution de l assembl e constituante La r volution russe Paris L Aubier 2013 pp 39 60 p 45 Poulantzas est alors cens mao ste mais au fond la logique qu il mobilise est luxemburgiste nos sens la diff rence du l ninisme du trotskisme et du mao sme le luxemburgisme n occupe pas une 234 Maintenant que nous avons pr cis le cadre fondamental de la th orie poulantzasienne de l tat et la strat gie politique qui en d rive nous allons examiner le diagnostic au cours du temps que Poulantzas appelle crise de la l gitimation de l tat b La crise de l gitimation de l tat Cette analyse est pour la premi re fois labor e dans un ouvrage collectif titr La 460 6 crise de l tat sorti en 1976 Imm diatement apr s dans un entretien Poulantzas donne une d finitio
151. a question de l histoire Ce dernier point ne concerne pas seulement la r interpr tation des concepts d histoire et de temps par rapport celui de l espace mais aussi la critique de la conception de l histoire de Marx Ce d fi que Lefebvre se donne dans l ouvrage titr La fin de l histoire prend un plein sens en opposition d Althusser notamment de la reconstruction du mat rialisme historique en tant que science de l histoire Voil le dessein de la prochaine section IV 2 Sur la repr sentation du rapport entre l homme et l espace Comment d finir l humanisme chez Lefebvre On peut lire le mot humanisme marxiste dans son ouvrage de 1936 Cependant dans un entretien de 1975 il nie 371 Lefebvre et Guterman L humanisme marxiste La conscience mystifi e op cit pp 68 72 191 cette qualification Peut on l interpr ter comme d n gation en termes psychanalytiques De toute fa on elle ne signifie pas qu il n utilise pas le mot humanisme Dans l article Humanisme et urbanisme quelques propositions dont la premi re version est parue en 1962 Lefebvre crit du rapport entre la mort de dieu et de l homme et le nihilisme Si l homme est mort pour qui allons nous b tir Pourquoi b tir Peu importe que la ville x ait ou non disparu qu il faille la penser nouveau la reconstruire sur de nouveaux fondements ou bien la d passer Peu import
152. acc l rent les taux de rotation des profits inventent divers types de capital fictif transforment notre corps lui m me en marchandise Il est vrai que ce mouvement a apport la civilisation du march Mais il ne peut pas viter la crise comme celle de 2008 laquelle toute la plan te a assist Il est absurde et intol rable d autant plus que l on sait que ce sont les humbles de chacun des pays touch s qui ont support la plus grande part des d gradations Quoi qu il en soit peut on dire que le discours d Harvey est une sorte d conomisme S il s agit de l interpr tation de la pens e conomique de Marx cette critique peut appara tre peu fond e Nous r voquons le sens de l oxymoron autonomie relative il indique que la superstructure l tat le droit la culture r agit sur la base en m me temps qu elle est conditionn e par l instance conomique Il est vrai que le marxisme occidental sous lequel Perry Anderson regroupe Sartre Merleau Ponty Lefebvre Althusser pour les distinguer de la g n ration pr c dente des penseurs 268 marxistes L nine Troski Luxemburg etc a tendance se focaliser sur le domaine de la culture 515 Mais cela ne signifie pas qu ils ignorent le conditionnement de la soci t par l conomie comme nous l avons montr dans les cas de Lefebvre Sartre les deux extr mes entre la praxis et l inertie et Althusser le tout com
153. aill es et minutieuses Se Robinet fondant sur ces travaux Lefebvre remarque ce qu il trouve d essentiel dans la pol mique du d but de XVII si cle Pour le newtonien Clarke l espace tait une sorte d absolu un milieu de transmission instantan e de la force gravitationnelle Leibniz lui relativisant l espace concevait les lieux comme indiscernables tant que ne s y manifestent pas des d terminations dont on ne peut dire si elles appartiennent au contenant ou au contenu l espace comme forme ou aux 2 383 nergies qui l occupent Dans cette optique la place et ce qui l occupe sont indiscernables donc ins parables l une de l autre Cette logique qui permet de penser l interactivit entre l homme et l espace est le point de d part de la th orie de l espace chez Lefebvre Les deuxi me et troisi me piliers se construisent sur cette base C est dans ce contexte que le concept d espace social appara t comme tant le deuxi me Si l on reste la notion de l espace absolu on ne peut pas penser que l espace se produit par les relations sociales partir du concept de l espace relatif Lefebvre dialectise le rapport entre espace et 380 Henri Lefebvre La procuction de l espace Paris Anthropos 4 dition 2000 1974 381 Gottfried Wilhelm Leibniz et Samuel Clarke Correspondance Leibniz Clarke pr sent e par Andr Robinet Presses Universitaires d
154. aissance de l unique L Esprit deuxi me cahier Paris F Rieder et ce diteurs janvier 1927 pp 5 37 Description de ce temps Notes pour le proc s de la chr tient I L Esprit deuxi me cahier Paris F Rieder et C diteurs janvier 1927 pp 121 147 Verdun par le mar chal P tain Revue marxiste n 6 le 1 juillet 1929 pp 719 720 Du culte de l esprit au mat rialisme dialectique La Nouvelle Revue Fran aise n 231 1 d cembre 1932 pp 802 805 et Norbert Guterman L individu et classe Avant Poste revue de litt rature et de critique Paris Jos Corti n 1 juin 1933 pp 1 9 Le fascisme en France aper us g n raux Avant Poste revue de litt rature et de critique Paris Jos Corti n 2 Ao t 1933 pp 68 71 275 et Norbert Guterman La mystification Notes pour une critique de la vie quotidienne Avant Poste revue de litt rature et de critique Paris Jos Corti n 2 Ao t 1933 pp 91 107 et Journal Mural Autocritique Avant Poste revue de litt rature et de critique Paris Jos Corti n 2 Ao t 1933 pp 142 144 Journal d un aryen Avant Poste revue de litt rature et de critique Paris Jos Corti n 3 Octobre Novembre 1933 pp 165 173 Lettre d un jeune la jeunesse Avant Poste revue de litt rature et de critique Paris Jos Corti n 3 Octob
155. al de Marx Mais cela ne veut pas dire qu ils supposent une cha ne causale sens unique de l instance conomique l instance id ologique Au contraire ils s efforcent de distinguer de fa on th orique ces deux instances l une de l autre plut t que de les r duire l une l autre pour intervenir dans la situation politique D s lors comme le dit Andr Tosel auteur du livre qui essaie de mettre en perspective l histoire du marxisme au 20 si cle leur t che est la fois politique et th orique Leur discours antifasciste double exigence n autour de l Avant Poste se formule imm diatement apr s janvier 1933 o Hitler arrive au pouvoir en Allemagne et 108 Henri Lefebvre et Norbert Guterman La conscience mystifi e suivi de La conscience priv e Paris Syllepse Deuxi me dition 1999 1936 p 150 ce sont les auteurs qui soulignent 1 La mystification ne peut pas tre l uvre des id ologues Car les penseurs n inventent pas la mati re de leur pens e ils brodent sur les th mes qui naissent de la vie quotidienne leur travail est surtout une syst matisation une justification des id es et des contradictions qu ils trouvent toutes pr tes Kant a donn le nom d imp ratif cat gorique certaines attitudes morales des philistins allemands de la fin du 18 si cle mais ces attitudes ont exist avant et en dehors de lui Pour que les id ologues puissent conqu rir un
156. ali n es dans la repr sentation La philosophie en tant que repr sentation abstraite A 3 4 x A 189 apporte un certificat philosophique au pouvoir repr sentation agissante L tat et la philosophie se repr sentent se reconnaissent et se renvoient l un l autre pour construire un syst me rationnel comme une bureaucratie poss dant le syst me du savoir Comment sortir de ce monde de repr sentation constitu par l alliance entre la politique et la philosophie Lefebvre prend videmment la position du marxisme humaniste dans le sillage de Marx La racine de l homme c est l homme lui m me Mais il faut ajouter que cet homme que Lefebvre appelle ailleurs l homme total a la t che sp cifique d avoir s vader du monde de la repr sentation D o le d passement de la philosophie chez Lefebvre en se r f rant 19 Thid p 11 1 Thid 100 nouveau Marx la philosophie ne peut se r aliser sans abolir le prol tariat le prol tariat ne peut s abolir sans la r alisation de la philosophie Les philosophes ont seulement interpr t le monde de diverses mani res ce qui compte c est de le transformer Dans ce mouvement dialectique il s agit de la n gativit appliqu e la philosophie elle m me Le philosophe ne peut penser comme si le syst me n existait pas Or le syst me accomplit la philosophie Pour le philosophe et
157. analyse des syst mes monde fond e par Immanuel Wallerstein et l hypoth se de la ville monde par John Friedmann La 476 Lefebvre De l tat I op cit p 80 243 premi re critique la fois la th orie marxiste du d veloppement et sa version lib rale formul par l conomiste am ricain Walt Whitman Rostow qui prennent l tat nation pour l unit l mentaire de son analyse pour y substituer l autre cadre th orique dans lequel le monde est conomiquement constitu par l encha nement des marchandises et politiquement compos de trois sph res le centre la semi p riph rie la p riph rie dans lesquels les tats nations sont class s et ses relations sont strictement hi rarchis es Elle cr e aussi la notion de l tat h g monique et la situe dans les pays relevant du centre pour analyser ce qui dirige le monde dans le processus historique Cette notion n existe pas chez Lefebvre En revanche il met davantage l accent sur le domaine urbain comme sur l intra national La seconde bas e sur l hypoth se ou le paradigme de la ville monde est labor e au contact du domaine de la sociologie urbaine des ann es 1980 Adoptant les connaissances fournies par Barnet et M ller ainsi que par l analyse des syst mes monde Friedmann d veloppe sa th orie sur l urbanisation Son avantage consiste dans sa capacit d int grer ce qui serait sans cette hypoth se l
158. andu apr s guerre Apr s 1945 la modernisation de la France fut accomplie avec une stup fiante rapidit elle fut imp tueuse dramatique et men e un rythme haletant aussi cette modernisation pr sente t elle les traits propres la temporalit de l v nement selon la terminologie de Braudel Apr s la guerre la soci t fran aise fut transform e de fond en comble la France qui tait encore un pays catholique fonci rement rural et imp rialiste se mua en un pays urbanis pleinement industrialis et priv de ses colonies Cette mutation fut accomplie gr ce certains l ments des cadres duqu s la production d automobiles moins co teuses et d autres biens de consommation des sciences sociales ob issant des mod les scientifiques fonctionnalistes une force de travail fournie par les ex colonies La rapidit avec laquelle fut men e l entreprise atteste que ces l ments sans lesquels n e t pu s effectuer la modernisation firent irruption avec toute la force l excitation la violence et l horreur de l authentique nouveaut dans une soci t encore tr s attach e aux apparences de l avant guerre 9 Thid p 62 240 Kristin Ross trad fr par Sylvie Durastanti Rouler plus vite laver plus blanc modernisation de la France et d colonisation au tournant des ann es 60 Paris Flammarion 2006 pp 13 14 126 D s la deuxi me partie de notre travail pour
159. ans la diff rence conflictuelle avec les autres philosophies d j tablies dans la vis e de prendre une place Sous cet angle la politique pens e par la philosophie ne se r duit pas aux textes de tel ou tel philosophe la politique n est pas non plus ind pendante d eux Il faut donc remettre en cause le partage traditionnel entre la politique et la philosophie en d couvrant la politique dans le champ philosophique tel que Descartes le d friche en retour en saisissant la philosophie dans la politique tel que Machiavel le con oit Cette conception a un double cart d un c t Althusser affirme l autonomie relative de la philosophie contre la contrainte que la politique lui impose de l autre en 1 Althusser Soutenance d Amiens 1975 op cit p 207 2 Thid p 201 215 refusant de se retirer dans le domaine pur de la philosophie il remet en question les moments o celle ci est in vitablement contamin e par la politique car pour lui La politique qui constitue la philosophie porte sur une tout autre question et tourne autour d une tout autre question celle de l h g monie id ologique de la classe dominante qu il s agisse de la constituer de la renforcer de la d fendre ou de la combattre Aussi parle t il d une nouvelle pratique de la philosophie Utilis e pour la premi re fois dans L nine et la Philosophie publi en 1968 la nouvelle pratique de la philos
160. ans les l ments de rythmanalyse Pas de rythme sans r p tition dans le temps et dans l espace sans reprises sans retours en bref sans mesure Mais il n y a pas de r p tition absolue l identique ind finiment D o la relation entre la r p tition et la diff rence Qu il s agisse du quotidien des rites des c r monies et des f tes des r gles et des lois il y a toujours de l impr vu du neuf qui s introduit dans le r p titif de la diff rence Sic Comment passer d une habitude l autre Quelle est la diff rence entre un v nement et sa puissance n propag e dans le temps Les questions pos es par Bergson et Deleuze rel vent de la m me probl matique Citant la phrase de Pascal 498 Gaston Bachelard La psychanalyse du feu Paris Gallimard coll folio 1992 1938 499 Lefebvre La production de l espace op cit pp 138 139 500 Lefebvre n utilise pas simplement le mot r p tition pour caract riser la banalit la routine de la vie quotidienne Il en d tache philosophiquement l importance dans l ouvrage de Nietzsche qui a pour objectif de critiquer l utilisation de sa pens e droite dont le repr sentant est Pierre Eug ne Drieu La Rochelle Il est remarquable que pour toute une s rie de philosophes et d crivains citons seulement Kierkegaard Bergson Marcel Proust le probl me fondamental ait t celui de la r p tition et de la m m
161. ans les pays capitalistes le nationalisme d aujourd hui n est plus qu un instrument des monopoles La r volution nationale n est plus ni r volutionnaire ni nationale Elle exprime la mainmise et les man uvres du capital financier sur une nation Elle n est que A a 3 A 142 l asservissement de cette nation au capital monopolisateur qui est international Il est facile de trouver l influence du trait de l imp rialisme de L nine dans ces phrases par exemple le terme monopole indique le stade de monopole du capital financier advenant apr s la fin du stade de la concurrence libre Qui plus est ce qui compte porte sur la remarque que l chelle internationale de l activit conomique d borde les cadres nationaux c est dire que la croissance conomique ne correspond plus au march national C est partir de ce d calage que Lefebvre et Guterman indiquent l endroit o paradoxalement la mystification politique se produit en d pit de ou bien raison du fait de l asservissement des nations au capital le discours du nationalisme objet f tichiste de la politique se mobilise jusqu au point que la nation s y identifie de fa on hyst rique Le ph nom ne du fascisme a valid la strat gie l niniste selon laquelle d s lors que les pays capitalistes et imp rialistes que la classe bourgeoise dirige m neront la guerre mondiale la classe prol tarienne transformera cette guerre en guerre
162. ans un chapitre du second ouvrage titr Le marxisme comme connaissance critique dans lequel l article Individu et classe de 1933 d j discut plus haut pr c de La Conscience mystifi e notre premier ouvrage dont le contenu a t pr c demment Dans ce parcours Lefebvre affiche quelques objectifs critiques ceux de l individualit et de la mystification 7 D autre part nous pouvons trouver dans l ntroduction l approfondissement de la connaissance de la vie quotidienne en tant qu objet th orique Cette connaissance ne veut pas dire un constat empirique imm diat vident naturel et ternel La vie quotidienne renferme toutes sortes de pratiques humaines et son apparence naturelle est toujours d j organis e et artificialis e savoir historiquement produite par la m diation de l uvre humaine notamment caract ris e par le travail En ce sens elle nous incite conna tre le sentiment l entendement et la raison qui y surgissent ainsi que 147 ces deux objectifs pr cis ment il en ajoute quatre critiques de largent des besoins du travail et de la libert Henri Lefebvre Critique de la Vie quotidienne l Introduction op cit pp 161 187 80 son sens ambigu difficile d terminer d un c t elle appara t comme les faits banals et familiers car elle se trouve partout dans le travail et les loisirs dans le sommeil et la veille dans la rue dans le rapport sexuel en
163. ansforme selon des rythmes qui ne co ncident pas avec le temps de l accumulation et dans des espaces qui ne s identifient pas avec les champs des processus cumulatifs S appuyant sur cette distinction Lefebvre conclut que la subordination des processus non cumulatifs ceux accumulatifs signifie simultan ment l organisation et la destruction de la vie quotidienne Ici se croisent nouveau les perspectives de Lefebvre et de Debord m me si le second d nomme sa soci t contemporaine la soci t du spectacle dans le sens o comme le souligne Anselm Jappe analysant la pens e de Debord sa th orie du spectacle volue non pas dans le domaine du m dia studies tudes des mass m dias mais dans la prolongation de l analyse marxienne de la forme marchandise y 78 Thid p 118 27 Thid p 119 80 Thid p 119 120 281 Anselm Jappe trad fr Claude Galli Guy Debord Paris Dano l 2001 1993 1 partie 146 Certes Debord d signe le mot spectacle comme un mod le de connaissance de la vie sociale de plus en plus fond e sur l information la communication la publicit 282 etc En ce sens le spectacle a une double connotation propre Debord la position d grad e des spectateurs r duits l attitude passive non intervention la soci t o les images et repr sentations exercent l influence sur elle m me Il se d finit ainsi comme une scission
164. ant la comparaison avec Lukacs fait cho la r volution surr aliste par l interm diaire de la vie quotidienne Pour ce faire il faut d abord s quencer le temps de l entre deux guerres du moins 4 Henri Lefebvre et Norbert Guterman La mystification Notes pour une critique de la vie quotidienne Avant Poste revue de litt rature et de critique Paris Jos Corti n 2 Ao t 1933 pp 91 107 30 le diviser en deux moments Nous nous proposerons de le faire dans le giron de 1929 o Lefebvre publie la Revue marxiste en collaboration avec les membres de Philosophies et o Breton les accuse d arrivisme dans le parti communiste fran ais dans son Deuxi me manifeste du surr alisme Cette divergence entre les deux groupes fait suite la convergence politique de 1925 o ensemble ainsi qu avec ceux du groupe de la revue Clart ils r digent le manifeste contre la guerre du Maroc Le manifeste titr La r volution d abord et toujours marque le moment par excellence politique pour ces trois groupes dont la plupart des gens signent Partant de l d une part Pierre Naville membre majeur du comit de r daction de Clart s interrogeant en termes oppos s de l esprit et du monde sur les relations entre l existence de la litt rature surr aliste et ses conditions ext rieures soul ve la question essentielle du statut politique du surr alisme Oui ou non cette r volution souhait
165. apport des hommes Cela veut dire aussi que la valeur d change l emporte sur la valeur d usage pour d terminer la forme sociale du travail parce que les travaux priv s ne se manifestent en r alit comme divisions du travail social que par les rapports que l change tablit entre les produits du travail et indirectement entre les producteurs Et Marx de conclure dans les phrases qui suivent les pr c dentes que Il en r sulte que pour ces derniers les producteurs les rapports de leurs travaux priv s apparaissent pour ce qu ils sont c est dire non des rapports sociaux imm diats des personnes dans leurs travaux m mes mais bien plut t des rapports sociaux entre les choses C est exactement dans ces rapports sociaux entre les choses que Marx d finit le statut sp cifique du travailleur dans le mode de production capitaliste Le travailleur dans le monde moderne est observe Marx libre au double sens Premi rement le travailleur doit tre une personne libre disposant son gr de sa force de travail comme 133 Karl Marx trad fr par Maximilien Rubel Le Capital Livre I Paris folio 1963 p 154 134 Ibid pp 154 155 72 de sa marchandise lui Cette libert permet au travailler de se lib rer des rapports personnels par exemple entre ma tre et serf du r gime f odal rapports caract ris s par une politique souvent violente Et secondement il travailleur doit
166. appropriation 0 Thid p 148 1 Henri Lefebvre La vie sociale dans la ville Du rural l urbain op cit pp 129 152 p 149 202 Ces deux mots l usage de l espace et l appropriation d signent presque le m me sens Lefebvre explique cette fois le second en l opposant au mot domination Le concept d appropriation est un des plus importants que nous aient l gu s des si cles de r flexion philosophique L action des groupes humains sur l environnement mat riel et naturel a deux modalit s deux attributs la domination et l appropriation Elles devraient aller ensemble mais souvent se s parent La domination sur la nature mat rielle r sultat d op rations techniques ravage cette nature en permettant aux soci t s de lui substituer ses produits L appropriation ne ravage pas mais transforme la nature le corps et la vie biologique le temps et l espace donn s en biens humains L appropriation est le but le sens la finalit de la vie sociale Sans l appropriation la domination technique sur la nature tend vers l absurdit en s accroissant Sans l appropriation il peut y avoir croissance conomique et technique mais le d veloppement social proprement dit reste nul Pour Lefebvre l appropriation ne signifie jamais la reprise de l essence humaine ni la d sali nation ni la nostalgie pour la ville perdue mais d signe le processus mancipatoire o
167. ar AT ruines de leur jeunesse Sur les ruines de leurs espoirs absurdes et illimit s Cependant il ne faut pas oublier que derri re cet chec la revue leur offre le moment de la radicalisation par l interm diaire de la r ception de la pens e du jeune Marx et de la pens e de chaque membre des Philosophies qui n est plus monolithe en tant que mouvement collectif Partant de l deux directions s ouvrent d une part celle qu assument Politzer et Nizan de l autre celle dont se chargent Guterman et Lefebvre Les premiers s orientent dans la radicalit critique contre les intellectuels universitaires Politzer et Nizan comme militant du Parti en concentrant leurs attaques contre la g n ration intellectuelle qui les pr c de respectivement le contre Bergsonisme et les chiens de garde Ils s en occupent si furieusement que la critique acharn e de 6 Annie Cohen Solal et Hneriette Nizan ibid p 80 87 Cit par Burkhard op cit pp 124 125 51 la philosophie contemporaine universitaire a d j satur le march des livres D s lors la place manque pour la seconde car prise par la premi re Lefebvre Guterman et Morhange eux lancent alors une nouvelle revue Avant poste en ayant pour cible la mont e du fascisme en France au travers d enqu tes Pour mieux comprendre la singularit de la pens e de Lefebvre dans laquelle se trouve le th me de la vie quotidienne
168. ard Le sens de l histoire n est possible que par l interm diaire de la probl matique de l espace Seulement dans cette condition la fin de l histoire est 258 report e et diff renci e L histoire reste ouverte Si l uvre de la philosophie consiste remettre en cause l origine et le fondement de ce qui constitue notre monde afin de dessiner et de modifier la ligne de partage entre le possible et l impossible alors l essai de Lefebvre de refonder la philosophie la m taphilosophie au travers des id es de la vie quotidienne de l urbain de l espace de l chelle et tout ce dont nous avons trait c est pr cis ment pour nous le travail philosophique Au terme de nos tudes nous ne pouvons que constater que sa pens e reste vivante qu elle garde toute sa puissance dans le jeu du futur Parce qu elles n y portent pas de jugement dernier bien au contraire elles mettent en lumi re le moment philosophique de Henri Lefebvre et ce qu il a impuls dans la pens e actuelle En guise de conclusion nous penserons philosophiquement le possible que permettent d entrevoir les trois axes lefebvriens Apr s avoir temporairement fini avec les th ories de l espace et de l tat Lefebvre revient sur le th me de la vie quotidienne qui donnera sa naissance troisi me tome en 1981 Comme il le dit dans un entretien lors de sa publication des continuit s avec les tomes pr c dents s
169. ary Europe Review of International Political Economy 5 1 1997 1 37 p 3 c est nous qui traduisons 81 Henri Lefebvre De l tat IV Les contradictions de l tat moderne Paris Union G n ral d ditions 1978 p 298 482 Des domaines que l tat g re tels que le flux des capitaux l nergie l information l article publi comme un digeste de De l tat parle plusieurs reprise Henri Lefebvre A propos d un nouveau mod le tatique Dialectiques n 27 1979 pp 47 55 245 contenu lui m me Nous l examinerons en se focalisant sur deux points la question de l chelle et la dialectique de l int gration d sint gration b La question de l chelle et la dialectique de l int gration d sint gration S interroger sur la production de l espace tatique cela signifie pour Lefebvre l effort de le comparer avec l espace local tels que la ville et la campagne et celui de l espace mondial o se situe l activit conomique et de saisir la superposition de ces espaces h t rog nes ainsi que la configuration du monde qu elle d termine Ayant pos l objet de sa th orie de l tat dans le tome I de De l tat Lefebvre introduit le concept d chelle dans le chapitre intitul m thode du tome II et explique son implication La question d chelle aujourd hui se situe donc au d part au fondement si l on veut
170. at En trouvant insuffisant l conomisme dont la perspective marxienne est souvent qualifi e Brossat rep re celle ci dans son essai de refonder la politique au temps du changement de la conception aristot licienne de la justice en vue de croiser les perspectives de Foucault et de Marx Le capitalisme introduit un r gime de politisation de toutes les sph res de la vie en m me temps qu il liquide toute autonomie du politique et rend impraticables les questions aristot liciennes comment vivre ensemble selon la justice qu est ce que la vie bonne pour les hommes rassembl s dans une m me cit Dans l esprit marxien il s agira donc de s interroger sur les conditions d une praticabilit malgr tout de la politique au temps du brouillage des cat gories et des usages politiques traditionnels ou bien encore sur les conditions d une refondation de la politique au temps du capitalisme et du biopouvoir Alain Brossat Rapports de classes et corps de lennemi Le corps de l ennemi hyperviolence et d mocratie Paris La Fabrique pp 93 94 8 Lefebvre La proclamation de la Commune op cit p 153 152 division du travail de solidarit conomique que la volont du peuple aura transform s en lois de l tat Toutes ces vues conduisent une formule f d ration politique partir de la 9 f d ration agricole industrielle et par cons quent d centralisation La d centralisation o l
171. at de Lefebvre et 8 Sur cette controverse voir Antonio Negri Communiste State Theory 1977 in Antonio Negri and Michael Hardt Labor of Dionysus Critique of the State Form Minneapolis London 2003 pp 139 176 9 Ces deux mots de qualification politique que nous empruntons Balibar qui les utilise pour t moigner de la signification du pol mique notre commune participation cette entreprise de reconstruction du marxisme en termes structuraux qui qu on le veuille ou non demeure l un des t moignages significatifs de sa vitalit th orique la veille de l effondrement des mod les d tats et de partis issus du marxisme traditionnel Balibar tienne Communisme et citoyennet sur Nicos Poulanzas La proposition de l galibert Paris P U F 2010 pp 179 200 p 179 44 Henri Lefebvre et Catherine Regulier Ch 2 Le compromis historique et sa probl matique La r volution n est plus ce qu elle tait Paris Libres Hallier 1978 pp 61 113 225 Poulantzas Partons d une hypoth se selon laquelle elles concernent le rapport entre la transformation du syst me des tats nation et la mont e de l conomie mondialis e question qui se poursuit jusqu nos jours Pour ce faire il est utile de se r f rer la d finition de la mondialisation conomique et une s rie des concepts de d nationalisation et de renationalisation que propose la pionni
172. ation de l autre aspect Nous avons circonscrit jusqu ici la th matique de la vie quotidienne dans le monde occidental Mais se limite t elle ici une dimension diachronique Les travaux de Harry Harootunian montrent au contraire qu ils la font ressortir au Japon dans la p riode de l entre deux guerres pour y claircir l exp rience de la modernit et les entreprises de son d passement Il ne s agit pas pour lui d expliquer cette exp rience sous forme de narrations nationalis es ni adapt es la mentalit japonaise qui risque 0 Henri Lefebvre Critique de la Vie quotidienne I Introduction Paris L Arche deuxi me dition 1947 1958 p 140 4l Thid p 139 Harry Harootunian Overcome history culture and community in interwar Japan Princeton University Press 2000 History s Disquiet modernity cultural practice and the question of everyday life Columbia University Press 2000 25 de ne permettre qu aux Japonais suppos s vrais d y acc der et d en loigner les autres Non plus en sens contraire de r duire la modernit du Japon au mod le Occidental comme s il y avait un calque du premier sur le second Mais il s agit dans l optique de la vie quotidienne d claircir l exp rience de la modernit du pays situ en dehors du monde occidental celle apparue avec l exportation du capital assortie du d veloppement in gal dans le monde pour approfondir et dive
173. aussi bien chez Feuerbach que chez Marx la d termination de l homme en tant qu tre objectif c est donc avec deux significations tout fait diff rentes Pour Feuerbach cela veut dire que l homme est celui qui prend sa propre essence son propre genre pour objet pour Marx cela veut dire que les hommes sont ceux qui se connaissent en tant qu tres objectifs c est dire en tant que parties du tout objectif de la nature La conscience ou ce que les philosophes appellent la conscience c est pour Marx la connaissance de soi comme objet ce qui ne veut pas dire se prendre soi m me pour objet mais se conna tre et se comprendre en tant qu tre objectif inscrit dans le tout de la nature et donc aussi se reconna tre comme d pendant d autres tres galement objectifs En un mot l objet pour Feuerbach s exprime par l essence humaine en tant que fin de l homme de sorte que l tre objectif est celui qui prend sa propre essence pour objet tandis que l objet dont Marx fait usage se distingue nettement de l homme mais il y est li troitement dans le sens o il constitue ses conditions de possibilit De sorte que l tre objectif signifie pour Marx l homme qui se conna t en tant que parties du tout objectif de la nature Cette diff rence est pour Fischbach essentielle en ceci qu elle t moigne d une sortie de Marx de la philosophie de la conscience dont rel vent H
174. autour des ateliers nationaux des ann es trente et de celle du Lip d alors 1973 les ouvriers ne sont pas pi g s ni enchant s par l apparence de l galit formelle de l homme que leur donneraient la bourgeoisie et des rapports marchands mais visent sous l nonciation du mot homme refuser d tre sa propri t ou son esclave et frayer l horizon du possible et de l mancipation Te on cn 366 c est dire construire l autonomie o des hommes peuvent se passer de maitres De ce point de vue nous pouvons r sumer la critique ranci rienne d Althusser c est dire que ce qui chappe sous les yeux du premier est la politique des usages du 364 Cit in Ibid p 158 365 Thid 366 Thid p 161 189 mot de l homme La lutte politique se tranche non pas entre les mots l humanisme et l anti humanisme la bourgeoisie et le prol tariat l id ologie et la science etc mais dans les mots dans leurs retournements et leurs torsions Cette homonymie du mot qui appara t au sein du litige et qui manifeste un des noyaux politiques continue t elle d tre approfondie dans l ouvrage ult rieur de Ranci re qui remet en cause les relations entre la philosophie et la politique C est pr cis ment en explorant la politique partir de la parole qu il reformule cette homonymie comme m sentente Par m sentente on entendra un type d term
175. axon force est de constater que les r f rences Lefebvre sont moins nombreuses en France m me si certains travaux remarquables lui sont consacr s pour la plupart publi s partir de 2009 sauf ceux de Hess d j cit ainsi que les articles de l historien contemporain Fredric Jameson trad fr Florence Nevoltry Le postmodernisme ou la logique culturelle du capitalisme tardif Paris cole nationale sup rieure des beaux arts de Paris 2011 1991 p 56 La premi re partie de cet ouvrage est originairement publi dans la revue New Left Review Stefan kipfer Kanishka Goonewardena Christian Schmid Richard Milgrom On the production of Henri Lefebvre in Stefan Kipfer Kanishka Goonewardena Christian Schmid Richard Milgrom eds Space difference Everyday life Reading Henri Lefebvre New York Routlege 2008 pp 1 23 p 12 1 Alice Kaplan and Kristin Ross Introduction Everyday Life Yale French Studies No 73 New Haven Yale University Press 1987 pp 1 4 1 Ses trois livres majeurs sont tous traduits en fran ais Kristin Ross trad fr par Christine Vivier Rimbaud la Commune de Paris et l invention de l histoire spatiale Paris Les Prairies Ordinaires 2013 1988 trad fr par Sylvie Durastanti Rouler plus vite laver plus blanc modernisation de la France et d colonisation au tournant des ann es 60 Paris Flammarion 2006 1996 trad fr par Anne Laure Vignaux Mai 68 et ses vies u
176. banisme Utopies et r alit s Paris Seuil 1965 Le r gne de l urbain et la mort de la ville Pour une anthropologie de l espace 283 Paris Seuil 2006 pp 165 198 Fran ois Ch telet Logos et praxis pr face de Ren Sch rer Paris Hermann 2009 1961 Fran ois Cusset Franch Theory Foucault Derrida Deleuze et Cie et les mutations de la vie intellectuelle aux tats Unis Paris La D couverte 2005 La d cennie le grand cauchemar des ann es 1980 Paris D couverte Poche 2008 2006 Mike Davis trad fr par Jacques Mailhos Le pire des mondes possibles de l explosion urbaine au bidonville global Paris La D couverte 2007 Guy Debord uvres Paris Gallimard coll Quarto 2006 Daniel Defert H t rotopie tribulations d un concept entre Venise Berlin et Los Angeles in Michel Foucault Les corps utopique les h t rotopies Lignes 2009 pp 37 61 Gille Deleuze Nietzshe et la philosophie Paris Presses Universitaires de France 2005 1962 Le Bergsonisme Paris Presses Universitaires de France 2004 1966 Foucault Paris Minuit 2004 1986 Un manifeste de moins in Carmelo Bene et Gilles Deleuze Superposition Richard III suivi de Un manifeste de moins Paris Minuit 1979 pp 87 131 Gille Deleuze et F lix Guattari Mille plateaux Paris Minuit 1980 et Qu est ce que la philosophie Paris Minuit 2005 1990
177. c les hommes et avec les choses est fondamentale quoique souvent masqu e Sartre Critique de la raison dialectique op cit p 155 220 Jbid p 193 113 par l homme et est transform e en son propre milieu compos de l outillage de l organisation de la production de la ville et des institutions etc le concept d ali nation appara t C est dans le rapport concret et synth tique de l agent l Autre par la m diation de la chose et la chose par la m diation de l Autre que nous pourrons 221 y Et ce niveau de l ali nation trouver le fondement de toute ali nation possible comme relation m di e l Autre et aux objets du travail Sartre dit que nous d couvrirons une quivalence de la praxis ali n e et de l inertie travaill e et nous nommerons pratico inerte le domaine de cette quivalence Contre le pratico inerte et impuissance nous verrons surgir le groupe comme second type de rassemblement dialectique Il s agit de l ali nation de la praxis o la praxis en tant qu activit des hommes qui ext riorisant leur int riorit agissent sur la mati re se renverse en pratico inerte dans laquelle c est les hommes qui int riorisent l exigence de la mati re pour la r ext rioriser comme exigence d eux m mes Il faut mettre en avant cette th orie de l ali nation sartrienne qui se caract rise par le terme oppos groupe comme second type de rasse
178. chocs En cas de d pression vers lui affluent les capitaux Dans la mesure o le circuit principal celui de la production industrielle courante des biens mobiliers ralentit son essor les capitaux vont s investir dans le secteur second celui de l immobilier Il peut m me arriver que la sp culation fonci re devienne la source principale le lieu presque exclusif de formation du capital c est dire de r alisation de la plus value Tandis que baisse la part de la plus value globale form e et r alis e dans l industrie grandit la part de la plus value form e et r alis e dans la sp culation et par la construction immobili re Le circuit second supplante le principal Le capital ne cesse jamais de chercher de nouveaux march s pour s investir et faire du profit Sinon le taux du profit baisse au fur et mesure que les march s d j investis se tarissent C est de cette observation que Lefebvre d duit que la survie du capitalisme se m ne par l investissement du march immobilier c est dire que l urbanisation joue un r le actif pour la poursuite des profits Tel est le dessin de la th orie de l espace qu il faut pour interpr ter la question de l homme chez Lefebvre Il est le temps de regarder de plus pr s la critique par Lefebvre de l urbanisme 385 Henri Lefebvre La r volution urbaine Paris ditions Gallimard 211 212 199 c La critique par Lefebvr
179. cience directe de sa classe qui est dominante d une soci t et d une culture 7 Ils y r pondent en rep rant la position historique de l individualisme dans la culture bourgeoise et l id e abstraite de l homme qui le cr e Alors comment l individualisme sert d explication la domination de l id ologie bourgeoise Ils tirent deux contenus positif et n gatif de la formation historique de l individualisme D une part ils s accordent sur le r le qu assume la bourgeoisie que en fondant les droits de l homme elle promeut la valeur de l individu pour briser le syst me f odal et pour remplacer la production patriarcale par les relations contractuelles en contrepoint de la 126 Thid p 4 127 Cf Il s agit d finitive d une critique de la vie quotidienne car nous prenons volontairement le mot pens e dans son sens le plus large toutes les id es que les hommes se font sur leur vie tous les essais pour r unir ou justifier ces repr sentations Henri Lefebvre et Norbert Guterman La mystification Notes pour une critique de la vie quotidienne Avant Poste revue de litt rature et de critique Paris Jos Corti n 2 Ao t 1933 pp 91 107 p 92 c est les auteurs qui soulignent 128 Henri Lefebvre et Norbert Guterman L individu et classe op cit p 5 68 nouvelle force de production De l autre ils critiquent la classe bourgeoise dans son opposition la mo
180. cles litt raires et politique Volume I 1923 1935 dition tablie par Anne Mathieu Nantes Joseph K Pr face de Jacques Deguy 2005 pp 90 92 p 92 56 d incorporer le savoir v ritable dans le pouvoir du prol tariat qui est la fois pratiquement et th oriquement aujourd hui insupportable et injustifiable Mais philosophiquement il s agit chez Politzer et chez Nizan d un geste vers le social contre la philosophie d int riorit Ce geste nous fait signe qu il existe ce qui ne doit pas nous tre indiff rent Il r cuse r solument de donner la philosophie la place privil gi e qui lui permet de survoler la soci t sans s y engager Par cons quent il s agit de s interroger sur l homme par rapport au social C est sous cet angle qu il est clair que Nizan est influenc par le marxisme Nizan prolonge la question qu il pose dans le compte rendu du livre de Politzer c est dire l interrogation sur le repli sur soi de la g n ration qui le pr c de dans l article titr Notes programme sur la philosophie paru en d cembre 1930 dans la revue du Bifur qu il dirige il existe des hommes Et Homme est l objet th orique de la Philosophie Il faut que la Philosophie saisisse qu il n y a pas seulement homo faber et homo sapiens homo phenomenon et homo nooumenon homo economicus et homo politicus mais le man uvre avec trente francs par jour et le monsieur qui habite les
181. condenser ce que nous avons remarqu chez Breton et le surr alisme parce qu elle correspond l criture dont les mots se lib rent de ses r f rents et qui transforme le monde vident en inconnu qu elle dessine une autre vie que celle sous contr le logique pour exalter sa valeur valeur intrins que sans doute peu contr lable mais qui par leur caract re absolument inattendu violemment incident comme le domaine de la raison s tend en d livrant l imagination et l exp rience de l usage et de l utilit Voil la vie quotidienne livr e aux hasards et menant au monde d fendu laquelle l uvre de Breton s adresse et dont elle a pour objet la transformation Ces consid rations servent d introduction au r cit qui commence par une rencontre de l autre avec une femme appel e Nadja elle existe en r alit et subie de la maladie mentale elle est d crite comme folle dont les paroles et les comportement d vient le 7 Ibid pp 651 652 44 sens commun en d pit de cela dans ce r cit Breton essaie de comprendre sa raison Autrement dit le r cit qui part d un hasard utilise le genre d associations d id es suspectes va nous faire passer du fil de la Vierge la toile d araign e c est dire la chose qui serait au monde la plus scintillante et la plus gracieuse La rencontre racont dissout le sujet l gislateur et propri taire de soi et rend l videnc
182. contre cin ma comme la voix dans le film l indique consid rer l histoire de ma vie je vois bien clairement que je ne peux pas faire ce que l on appelle une uvre cin matographique Ce qui y est sp cifique est qu il raconte l histoire autobiographique du r alisateur au lieu d ajouter un film des milliers de films quelconques je pr f re exposer ici pourquoi je ne ferai rien de tel Ceci revient remplacer les aventures futiles que conte le cin ma par un sujet 2 Guy Debord IN GIRUM IMUS NOCTE ET CONSUMIMUR IGNI Guy Debord uvres Paris coll Quarto Gallimard 2006 pp 1334 1401 p 1353 138 important moi m me Toutefois si nous consid rons que ce n est pas de message qu il s agit mais qu il vise l habitude que nous avons de regarder l image l intention s claircie En projetant sur l cran le public d une salle de cin ma qui contemple l cran devant lui il commence par dire que Je ne ferai dans ce film aucune concession au public Il est certain que cette parole au niveau de son contenu indique que le public vit dans une soci t qui conna t le d veloppement de la division du travail comme la voix le pr cise imm diatement apr s le premier plan Mais en m me temps elle a une dimension gestuelle car personne ne peut pas v rifier sa v rit En annon ant d s le d but qu aucune concession au public ne ser
183. crant ce concept dans la vie quotidienne savoir dans le cadre de r f rence sociale caract ris par sa pluralit Lefebvre le relativise et r cuse sa forme absolue en tant que principe d identit pour le mettre en mouvement dialectique perp tuel Sur ce point Lefebvre nous donne des exemples concrets l insertion dans une collectivit d sali n e par rapport la solitude mais n exclut pas de nouvelles ali nations venues du collectif comme tel Les loisirs d sali nent par rapport au travail parcellaire mais comportent en tant que divertissements et distractions des ali nations propres Telle technique d sali ne l activit humaine par rapport la nature ou par rapport une technique moins efficace mais apporte une ali nation technologique qui peut tre plus profonde travail parcellaire imp ratifs sociaux de la technique etc La reprivatisation de la vie quotidienne d sali ne par rapport l tat l histoire Elle ali ne en suscitant une privation plus profonde celle de la vie priv e tablie dans sa quotidiennet L ali nation et la d sali nation caract risent donc des situations concr tes prises dans leur mouvement et non consid r es de fa on immobile r 238 selon des sch mas structuraux fixes Dans cette mise en mouvement dialectique sans fin nous semble t il se trouve l effort de Lefebvre de rapporter ces ali nations multiples
184. critique de la vie sociale et de la praxis Aujourd hui cependant c est l espace plut t que le temps qui rec le les cons quences c est de faire la g ographie plut t que faire l histoire qui nous montre l univers le plus clair de la tactique et de la strat gie C est la pr misse et la promesse insistante de la g ographie postmoderne Edward W Soja Postomodern Geographies The reassertion of Space in Critical Social Theory London and New York Verso 1989 p 1 5 domin s par les cat gories de l espace plut t que par les cat gories du temps comme c tait le cas dans la p riode pr c dente du haut modernisme la liste de ces recherches il ne faut pas oublier d ajouter les travaux de Kristin Ross qui sont consid r s comme tant une r f rence plus solide par les lefebvristes d aujourd hui En collaboration avec Alice Kaplan elle publie d abord un recueil consacr au th me de la vie quotidienne dans le num ro sp cial du bulletin Yale French Studies Ensuite elle fait para tre ses travaux Ils ne sont pas destin s tudier Lefebvre lui m me Mais en s appuyant sur ses ouvrages aussi bien que sur ceux de Jacques Ranci re ils examinent d une mani re originale les v nements la Commune de Paris Mai 68 etc et ses th mes de pr dilection notamment la vie quotidienne et l urbain En comparaison de cette r ception dans le monde anglo s
185. ctuellement l ex cutif et l administration monopolisent le r le d organisation et de direction de l tat l gard du bloc au pouvoir celui de l laboration d un int r t politique g n ral long terme de ce bloc et de reproduction de l h g monie Ils concentrent en eux la l gitimation de l tat face aux classes domin es L tatisme autoritaire se caract rise par une mainmise des sommets de l ex cutif sur la haute administration et par le contr le politique accru de 1462 celle ci par ceux l Un tel changement abaisse la capacit du parlement contrarier l arbitraire de la bureaucratie et poursuit il se r pand dans le fonctionnement des partis repr sent s 2 Nicos Poulantzas L tat le pouvoir le socialisme Paris P U F 1981 1978 pp 246 249 236 L administration tend donc monopoliser le r le d organisateur politique des classes sociales et de l h g monie ce qui va de pair avec la transformation des partis de pouvoir y compris dans nombre des pays des partis sociaux d mocrates Ces partis plus que lieux de formulation politique et d laboration des compromis et des alliances sur la base de programmes plus ou moins pr cis plus que des organismes maintenant des liens effectifs de repr sentation avec les classes sociales constituent d sormais des v ritables courroies de transmission des d cisions de l ex cutif Alors qu auparavant les partis
186. d autres termes la limite du langage le sens surgit m me partir du non sens Comme la d nomination Dada prend son propre sens et l imprime dans l histoire de l avant gardisme En r orientant et infl chissant ce mouvement et sa puissance de la n gativit sa mani re le surr alisme exacerbe un d sir de r v ler ce qui subsiste lorsque le sens et le but conventionnels sont enlev s Le surr aliste va plus loin que le dada ste en ajoutant la d couverte de la signification par Dada la technique de la psychanalyse 4 Giovanni Lista Dada libertin et libertaire Paris L Insolite 2005 p 9 5 Michael Sheringham op cit p 65 5l Jbid 33 Il faut se garder ici d interpr ter ses recours la n gativit et l inconscient comme tant une promotion de l irrationalisme Ils ont une raison l introduction de la psychanalyse permet d vacuer la raison tablie Cette n gativit dada ste et la r f rence la psychanalyse qui la renforce ne visent donc pas une n gation arbitraire d une r alit mais l effort d en percevoir une de mani re autre Comme l observe Fernand Alquier faisant avec rigueur des travaux sur Descartes et Kant en m me temps que proclamant qu il apprend la libert par Breton elles consistent d livrer la r alit de l empire de la connaissance rationnelle et de la logique En exploitant la dialectique trois termes
187. d une action th trale et d une po sie express ment et volontairement rapproch e de la vie quotidienne Ainsi Lefebvre note la d sh ro sation qui est en uvre dans une pi ce de Brecht en citant sa phrase Galil e se lave le buste et s broue Pose le lait sur la table En d autres termes ce qui est essentiel aux yeux de Lefebvre dans le th tre de Brecht est sa mani re d ins rer les l ments de la vie quotidienne dans la vie du grand individu et de porter ce m me titre celle l dans le th tre Toutefois la nouveaut du th tre pique est loin de se limiter introduction l actualit et de probl mes sociaux comme sujet du th tre L introduction de la vie quotidienne se distingue du th tre naturaliste et du r alisme socialiste associ au jdanovisme dont le doctrine sovi tique officiellement tablit en 1947 o s intensifie l opposition entre l Est et l Ouest d cide aussi bien sur l orientation politique que sur celle de la culture dans les pays communistes Quoi qu il en soit elle ne se r duit pas 253 Guy Debord Rapport sur la construction des situations op cit p 320 cit in Patrick Marcolini Le mouvement situationniste op cit p 114 254 Roland Barthes Essais critiques in uvres compl tes II Paris Seuil 2002 1964 pp 269 528 Louis Althusser Le Piccolo Bertolazzi et Brecht Notes sur un th tre mat
188. d courag ce legs par la Ille R publique d un d ficit en logements s ajoutent les causes d mographiques et g ographiques le baby boom et l exode rural Le baby boom d bute au sortir de la Seconde Guerre mondiale et s essouffle au milieu des ann es 1960 Ce ph nom ne aiguise le probl me du logement des jeunes m nages dans un cadre culturel o la cohabitation des g n rations sous un m me toit n est plus souhait e au point que le mod le de la famille nucl aire arrive son z nith ce mod le encourage les jeunes gens une fois mari s quitter le domicile de leurs parents La vie s coule selon la s quence suivante trouver un emploi se marier obtenir un logement soi avoir des enfants L exode rural s acc l re au milieu des ann es 1950 du fait des progr s des techniques agricoles et leur mise en uvre rendent surnum raire la part non moins nombreuse de population agricole Il en r sulte qu ils les progr s des techniques agricoles contraignent un nombre lev de paysans et de ruraux en majorit peu ou pas qualifi s rechercher un emploi en ville Dans la p riode des trente glorieuses o la croissance des conomies industrielles et tertiaires se concentre sur les m tropoles 376 Thierry Oblet 3 Moderniser la soci t par l urbain Gouverner la ville Les voies urbaines de la d mocratie moderne Paris PUF 2005 pp 87 141 p 100
189. de la philosophie marxiste Nous trouvons galement des ressemblances entre Adorno et Lefebvre en ceci que 21 Th odor Adorno trad fr par Le Group de traduction du Coll ge de philosophie Dialectique n gative Paris Payot 2003 1966 p 198 202 Th odor Adorno trad fr par Pierre Arnoux Julia Christ et al L actualit de la philosophie et autres essais Paris ditions Rue d Ulm 2008 pp 8 13 106 le premier parle d une philosophie qui s appuierait sur les Th ses sur Feuerbach de Marx Quand Marx adressa aux philosophes le reproche de n avoir fait qu interpr ter diversement le monde et leur opposa qu il importait de le transformer cette sentence n tait pas seulement l gitim e partir de la praxis politique mais elle l tait tout autant partir de la th orie philosophique C est seulement dans l an antissement de la question que s atteste l authenticit de l interpr tation philosophique la pure pens e n est pas capable de l accomplir partir d elle m me c est pourquoi elle convoque la praxis aupr s d elle Il est superflu de distinguer explicitement du pragmatisme une conception au sein de laquelle th orie et pratique s entrelacent comme elles le font dans la dialectique En clair si Adorno entendait une distinction entre philosophie et m taphilosophie il jugerait alors que celle ci est un mot de trop et rel ve d une tautologie parce que la
190. de la revue des tudes intitul es m thodes marxistes D apr s le biographe de Georges Politzer Michel fils de Georges dans la stalinisation du Parti en cours Rappoport est un d saccord avec l alignement de son parti sur l Union sovi tique Michel Politzer Les trois morts de Georges Politzer Paris Flammarion 2013 p 203 48 Verdun crit par Philippe P tain parce que cette poque correspond au temps o il faisait son service militaire Elle est connue comme tant la premi re revue en France a utilis l appellation marxiste dans son titre L une des importances qu elle marque dans l histoire de la critique sociale en France consiste en son apport des mat riaux encore inconnus et in dits de Marx d Engels et de L nine au public d alors Ces pr sentations et ces traductions sont effectu es l aide de leurs relations avec Moscou Bud Burkhard historien am ricain consacrant un livre au marxisme fran ais de l entre deux guerres d crit une sc ne dans laquelle les membres de la Revue marxiste prennent contact avec l appareil culturel de PU R S S la fin de l automne de 1928 un gros colis provenant de Moscou arrive dans le bureau des Revues tant donn que les mat riaux qu elle contenait venaient de Russie ils les membres de la Revue ont demand conseil Guterman n en Varsovie et ayant la capacit plurilingue Dans un premier dossier Guterman d couvre
191. den Introduction State Space World Lefebvre and the Survival of Capitalism in Henri Lefebvre State Space World Selected Essays Minneapolis University of Minnesota Press 2009 pp 1 48 4 Bob Jessop l Angleterre et Joachim Hirsch Allemagne qui ont fait autrefois le travail correctif avec Poulantzas d veloppent chacun la th orie marxiste de l tat Voir Bob Jessop The Future of the Capitaliste State Cambridge Polity Press 2002 State Power Cambridge Polity Press 2007 Joachim Hirsch Materialistische Staatstheorie Hamburg VSA Verlag 2005 Et le livre de Jessop sur Poulantzas m rite d tre lu encore Bob Jessop Marxiste Theory and Political Strategy London Macmillan 1985 19 tentative d ouvrir la pens e de Henri Lefebvre l histoire de la philosophie et de lui porter un nouveau regard par cette lucarne 20 Premi re partie La vie quotidienne comme une profondeur de ce qui est superficiel 21 Le th me de la vie quotidienne ne pourrait pas se borner la pens e de Lefebvre Mais demandons nous d abord qu est ce que la vie quotidienne Essayer d en donner une d finition g n rale et d en esquisser sa probl matique servira d entr e en mati re la discussion dans cette partie S il est vrai cet gard que nous pouvons consid rer Lefebvre comme pour ainsi dire devancier ou m diateur dudit th me qu il le diffuse et l enracine en France au sortir de la S
192. dernit urbaine in Jacques Bidet et Eustache Kouv lakis dir Dictionnaire Marx contemporain sous la direction de Paris P U F 2001 pp 485 490 Georges Labica Marxisme et po sie pr face Henri Lefebvre M taphilosophie Paris Syllepse deuxi me dition 2001 pp 5 21 Pierre Lantz Pr sentation de la seconde dition in Henri Lefebvre La fin de l histoire Paris Anthropos 2e d 2001 1970 pp IX XXI L espace et le temps quotidiens comme enjeu politique L Homme et la soci t 278 n 185 186 Paris L Harmattan mars avril 2012 pp 45 57 Hugues Lethierry Penser avec Henri Lefebvre sauver la vie et la ville Lyon Chronique sociale Avant propos de Andr Tosel Pr face de R mi Hess 2009 Pierre Macherey Entre ali nation et lib ration H Lefebvre et les contradictions de la vie quotidienne Petits riens orni res et d rives du quotidien Paris Le bord de l eau 2009 pp 287 309 Andy Merrifield Henri Lefebvre A Critical Introduction Routeledge London 2006 Kristin Ross La critique de la vie quotidienne Barthes Lefebvre et la culture consum riste in C line Pessis Sezin Top u et Christophe Bonneuil dir Une autre histoire des Trente Glorieuses Paris La D couverte 2013 pp 267 282 Sylvain Sangla Politique et espace chez Henri Lefebvre PhD th se Universit Paris 8 Vincennes Saint Denis 2010 Rob Shields Lefebvre Love and Str
193. dination du d veloppement social la croissance chez Debord le concept de spectacle signifie aussi que la cat gorie de l conomie l emporte sur celle de la soci t Il est vrai que dans toute histoire humaine il n y a aucune soci t sans que l conomie s y encastre Il ne s agit pas en d finitive de l alternative soci t ou conomie mais pour reprendre l expression de Karl Polanyi de l conomie d sencastr e c est dire de l autonomisation de l conomie dissoci e des r glementations sociales et culturelles Pour trouver une perc e dans cette situation Lefebvre et Debord essaient d allumer 84 Thid p 767 Fe Jappe op cit p 40 286 La scission g n ralis e du spectacle est ins parable de l tat moderne c est dire de la forme g n rale de la scission dans la soci t produit de la division du travail social et organe de la domination de classe Debord La soci t du spectacle op cit p 772 287 Le spectacle se soumet les hommes vivants dans la mesure o l conomie les a totalement soumis Il n est rien que l conomie se d veloppant pour elle m me Ibid p 769 148 un contre feu politico strat gique Leurs perspectives qui sont ici plus convergentes que divergentes consistent explorer la possibilit de la politique communiste nomm e soviet c est dire l organisation politique constitu e des Conseils ouvriers S
194. du bergsonisme Arouet ne va pas au fond On se sent en pr sence d un essai d interpr tation marxiste arr t e mi chemin Il s agissait de d monter une id ologie par ses causes et sa fonction il fallait donc tre radical tre radical dit Marx c est prendre les choses par la racine les racines du bergsonisme ne sont pas toutes mises nu Il y a des travaux o l on ne doit pas tre sommaire Ainsi Arouet semble passer sur ce probl me important du bergsonisme quel est le sens social la fonction concr te du mythe de la vie int rieure chez Bergson Ce repli sur soi dont la technique de l intuition fournit la m thode m thode que son abstraction m me rend valable pour n importe qui est un trait de l esprit bourgeois de ce temps Il t moigne d une impuissance irr m diable d un refus du monde humain Arouet explique peu les causes et le r le de ce repli On ne voit pas non plus comment la libert bergsonienne esquive toute recherche r elle de la libert Il ne s agit ni du clich d une poque divis e entre bourgeois et prol tariat que sans doute Nizan contribue vulgariser pour partie ni de la division de la v rit distribuant le vrai au prol tariat et le faux la bourgeoisie division susceptible 98 rp Ibid p 202 Paul Nizan F Arouet La fin d une parade philosophique le Bergsonisme La Revue marxiste n 2 1 mars 1929 pp 236 238 repris in Arti
195. du surr alisme de l illisible au poncif Cahier de l Herne Andr Breton Paris l Herne 1998 pp 413 426 amp Maurice Blanchot R flexions sur le surr alisme La part du feu Paris Gallimard 1949 p 90 102 p 93 39 incompr hensible et obscur pour les tres qui vivent dans le monde de l usage que l herm tisme le plus absolu Cette criture change le monde vident en herm tique c est dire en inconnu En m me temps elle d gage le langage du monde donn et le fait creuser et percer un trou qui m ne au dehors du monde C est du point de vue de cet au dehors que le langage s y affronte et s y lie d une nouvelle mani re Sous cet angle est en pleine lumi re la distinction de Foucault entre l criture faisant partie du monde l instar de Sartre et l criture radicale et souveraine qui arrive faire face au monde l quilibrer le compenser m me le d truire absolument et scintiller hors de lui L criture est bien solidaire du savoir non pas au sens qu elle porte transmet et explique le contenu encyclop dique mais qu elle le produit le fait merger d elle m me et atteint m me jusqu au point o elle ne peut pas s en distinguer Tel est ce que Blanchot et Foucault nous font comprendre de la r novation de la pens e litt raire que le surr alisme notamment Breton a tablie L criture dont les mots obtiennent la libert p
196. e dition in Henri Lefebvre La fin de l histoire Paris Anthropos 2e d 2001 1970 pp IX XXI 3 Le mot gocentrisme se trouve dans la phrase suivante il faut beaucoup d gocentrisme et de na vet pour croire que l homme est tout entier r fugi dans un seul des modes historiques ou g ographiques de son tre alors que la v rit de l homme r side dans le syst me de leurs diff rences et de leurs communes propri t s Claude L vi Strauss La pens e sauvage 1962 in uvre Paris Gallimard coll Biblioth que de la Pl iade 2008 p 553 872 p 826 204 sa connaissance taxinomique du v g tal sa mani re de bricoler son art de la miniature etc Cependant ce que Lefebvre d veloppe dans La fin de l histoire se diff rentie d eux parce qu il ne donne pas une seule raison l histoire et n est pas en accord avec l anthropologue structuraliste pour pouvoir laisser ouverte l interrogation sur le sens de l histoire Ce qui est crucial dans La fin de l histoire est la caract risation du mot fin Lefebvre y num re ses trois sens finitude finalit et finition en tant qu ach vement La fin a galement ceci de d cisif que le sens de l histoire arrive au dernier moment dans un apr s coup Ce sens qui est venir en tant que le dernier mot ou le dernier jugement suscite paradoxalement mille mani res de l interpr ter comme le r sume Lefebv
197. e marchandises d argent ou de capacit s de production et de force de travail juxtapos s sans qu il n y ait apparemment aucun moyen de les combiner avec profit pour accomplir des t ches socialement utiles Cette remarque renvoie l examen d taill de l ouvrage titr Limites du Capital qu Harvey publie en 1982 en particulier dans ses quatre derniers chapitres qui sont essentiels Ce titre comporte un double sens les crises du capital telles qu il les reformule en remontant Marx et ses interpr tations longuement discut es dans la tradition marxiste la critique du Capital de Marx par rapport l conomie de l espace Nous ne pouvons ici aborder ce travail Nous nous bornerons en esquisser l enjeu en indiquant les divergences et les convergences entre Harvey et Lefebvre En premier lieu la diff rence des itin raires de Poulantzas et de Lefebvre qui conceptualisent l tat le chemin d Harvey consiste suivre le processus impersonnel de valorisation du capital d crit par Marx et reconstituer par l sa th orie de la rente Il critique le concept de capital financier pr cis par L nine et Hilferding ainsi que 511 David Harvey Le nouvel imp rialisme trad par Jean Batou et Christakis Georgiou Paris Les prairies ordinaires 2010 pp 113 114 266 leur th orie de l imp rialisme qu ils en d duisent Il rep re l origine de la contradiction entre le syst me financi
198. e ou de la nature humaine ant rieure la philosophie de Marx Celle l a une structure circulaire au sens o elle arrive une m me conclusion qu elle parte de l empirisme ou de l id alisme D un c t pour qu il existe une essence universelle de l homme il est n cessaire que des individus concrets soient pr suppos s comme des donn es absolues De l autre pour que des sujets concrets existent comme des donn es absolues chaque individu empirique tant porteur de l essence de l homme doit tre l homme Dans une telle structure l homme est con u comme tant un couple form de l individu concret et de l homme g n rique Le concept de l homme reposant sur cet agencement tient debout par sa structure circulaire et ferm e dans laquelle l individu 3 357 humain exprime l essence de Homme qui en revanche le soutient Ce point d argumentation est tout fait semblable celui d ploy dans Les mots et les Choses publi un an apr s Pour Marx o Foucault quant lui d couvre le redoublement empirico transcendantal la fin du 18 si cle le consid re comme l obstacle t tu qui s oppose obstin ment une pens e prochaine et nous appelle nous r veiller de ce 357 Jbid pp 233 235 184 sommeil anthropologique non pas celui du dogmatisme au nom de Nietzsche l oppos de cet humanisme Althusser affirme qu en rejeta
199. e France 1991 1957 382 Voir notamment Alexandre Koyr Le dieu de la semaine et du Sabat Du monde clos l univers infini Paris Gallimard coll Tel 1988 1957 pp 283 331 383 Lefebvre Le temps des m prises op cit p 224 197 soci t Et cette mise en relation dialectique permet de consid rer l espace comme produit et non pas comme donn En m me temps il distingue l espace dont il traite de celui de l cole sociologique de Chicago notamment labor par Robert Park Celui ci tablit la formule concernant le d veloppement de la ville dite l espace cologique selon laquelle son d veloppement est suppos comme le d veloppement naturel En revanche Lefebvre y souligne le r le que joue la logique des classes sociales et consid re l espace comme social et non pas comme naturel D ailleurs ce concept d espace social renouv le la question la fois ancienne et nouvelle sur le rapport entre le sujet et l objet En fait l homme en tant que sujet l gislateur peut isoler une chose parmi les choses la traiter comme un objet th orique et induire de son observation la loi conforme Ce statut d observateur est ainsi stabilis sous la condition qu il ne soit pas regard et que son titre ne soit pas menac par l objet lui m me Cependant l espace n est pas pos comme tant un tel objet puisque l homme peut agir sur l espace et le transformer pour son habitat village
200. e d finition des normes et des prototypes Telle est la t che laquelle les architectes modernes s agissent C est ainsi que la conception architecturale de l avant guerre se voit r alis e apr s la guerre car La revendication des urbanistes et des architectes modernes de marier l art et la technologie au service de la construction d un habitat populaire standard 377 Ces trois paragraphes sont fond es sur la description d Oblet ibid pp 100 101 378 Fran oise Choay Le Corbusier 1887 1965 in Thierry Paquot dir Les faiseurs de villes 1850 1950 Gollion Infolio 267 289 p 275 195 conomique et de qualit croise alors la pr occupation des technocrates d orchestrer un changement d chelle dans la production du logement Voil le contexte dans lequel Lefebvre intervient et sa critique contre l urbanisme s engage Notre int r t consiste interpr ter la puissance singuli re de sa pens e spatiale qui en surgit sans pour autant s y r duire b Quelques piliers de la th orie de l espace chez Lefebvre Il y a quelques piliers qui soutiennent la th orie de l espace Nous en reprendrons trois Le premier a ceci de fondamental ou d pist mologique qu il porte sur la question de savoir ce qu est l espace Une des r ponses cette interrogation g n rale c est de faire rupture avec une repr sentation de l espace selon laquelle celui ci est consid r co
201. e de l id e que le progr s conomique li celui de l urbain int gre les d veloppements sociaux et culturels Cette derni re ne porte pas seulement sur des consid rations industrielles et techniques mais aussi sur le point de vue de la politique quant l organisation de l activit publique et de sa l gitimation voire les renouveler et m me les largir Cette int gration de la soci t et de la culture dans l urbain est mise en uvre par l tat tel qu il en est acteur L exemple de cette tentative est illustr par la construction 374 Thierry Oblet 3 Moderniser la soci t par l urbain Gouverner la ville Les voies urbaines de la d mocratie moderne Paris PUF 2005 pp 87 141 375 Henri Lefebvre La vie sociale dans la ville Du rural l urbain Paris Anthropos Troisi me dition 2001 1970 pp 145 152 p 146 193 massive des grands ensembles qui est une issue pour r pondre l urgence de la crise du logement dans laquelle on voit les gens des classes moyennes peiner trouver un logement dans les grandes villes Trois causes accentueraient cette crise La premi re se trouve dans le fait que la France subit des s quelles d une politique de blocage des loyers promulgu e en 1916 pour prot ger les familles des soldats mobilis s plut t que des destructions entrain es par les bombardements de sorte que l investissement dans la construction en a t
202. e de l urbanisme La critique de Lefebvre contre l urbanisme ne concerne pas la bonne volont des urbanistes en ce sens qu ils essaient de r pondre la n cessit pour am liorer un territoire et obtiennent les certains r sultats sur ce point Lefebvre n en doute rien Mais elle porte sur leur pr tention et son champ aveugle sur la neutralit scientifique de leur pratique Ce caract re neutre signifie que l espace et sa production sont ext rieurs aux activit s sociales comme s il suffisait pour cela de projeter une id e ou un plan mergeant de la t te d un urbaniste sur un terrain pour construire une ville et pour am liorer un territoire Il accuse ainsi les urbanistes d ignorer ou de feindre d ignorer le fait que l urbanisme contient une dimension politique en disant que l urbanisme est un urbanisme de classe sans le savoir On trouve ici la critique marxiste D autant plus que la critique de cette neutralit scientifique que l urbanisme pr tend apporter est consid r e comme tant celle de l id ologie dont la fonction couvre et dissimule m me sans le savoir sa pr dilection pour la classe dominante c est dire son int r t conomique et politique de classe D ailleurs les arguments que Lefebvre d ploie vont plus loin que la tradition marxiste Ils visent galement la repr sentation du rapport entre l espace et l homme que les urbanistes et les technocrates con oi
203. e de la pr sence soi opaque jusqu l absence compl te de paix avec nous m mes que nous valent certains encha nements certains concours de circonstances qui passent de loin notre entendement ce r cit finissant par la phrase nigmatique La beaut sera convulsive ou ne sera pas se succ de la recherche de la beaut convulsive dans L Amour fou Dans son premier chapitre premi re publication sous le titre de La beaut sera convulsive dans le num ro 5 de Minotaure en mai 1934 la recherche de la vie aussi se poursuit Il s agit l de l engendrement du plaisir et du d calage qui le provoque Chez Barthe il est n d une asym trie entre signifiant et signifi c est dire d un exc s du signifiant et d un suspens du signifi alors que chez Breton Toujours est il que le plaisir est ici fonction de la dissemblance m me qui existe entre l objet souhait et la trouvaille Cette trouvaille qu elle soit artistique scientifique philosophique ou d aussi m diocre utilit qu on voudra enl ve mes yeux toute beaut ce qui n est pas elle C est en elle seule qu il nous est donn de reconna tre le merveilleux pr cipit du d sir Elle seule a le pouvoir d agrandir l univers de le faire revenir partiellement sur son opacit de nous d couvrir en lui des capacit s de recel extraordinaires proportionn es aux besoins innombrables de l esprit La vie quotidienne
204. e et ne peut exister l avance se r alise par l action et dans la pratique c est dire dans la vie quotidienne Nous pouvons entendre par l adjectif total l imp ratif lefebvrien de l ins parabilit entre le sujet et l objet ainsi que la th orie la pens e et la pratique la vie Ce lien solide anticipe d j ce que Lefebvre d veloppe dans sa th orie de l espace et pr figure l humanisme marxiste auquel Andy Merrifield th oricien de la g ographie ajoute l adjectif spatialized spatialis tant pr cis s les points de continuation et de rupture de la critique de la vie quotidienne il importe de marquer plus nettement deux objets dans ce qui suit Cela porte d abord sur le statut philosophique du marxisme puis sur le concept d ali nation dont Lefebvre fait usage dans le cadre de la critique de la vie quotidienne et qui repr sente une des armes de la critique sociale dans les ann es 60 L claircissement du statut philosophique du marxisme est un pr alable pour consid rer philosophiquement la pens e de la vie quotidienne chez Lefebvre parce que 159 y Ibid p 172 160 Andy Merrifield Henri Lefebvre A Critical Introduction Routeledge London 2006 p 61 86 en addition de la diff rence comme nous l avons vue d avec la philosophie universitaire des ann es 1930 il faut marquer l cart entre l existentialisme et le marxisme officiel qui sont en riva
205. e fait en se faisant et qui le fait en retour mais d une loi contingente dont on peut dire seulement c est ainsi et non autrement Jean Paul Sartre Critique de la raison dialectique Paris Gallimard 1985 1960 pp 150 151 92 pr h g lienne Selon lui devant le philosophe du Savoir absolu le d bat entre les deux coles philosophiques ne montre que sa frivolit ce que montre le syst me c est que la th orie de la connaissance traditionnelle du rationalisme n a de sens et de v rit que parce qu elle s oppose une th orie de la connaissance empiriste qui elle m me tire son sens et sa v rit de cette opposition En r alit le Savoir absolu s il est r ellement tel abolit les diff rences et les contradictions entre les coles philosophiques qui sont ramen es leur statut d opinions provisoires et r r 173 n cessaires adopt es par l Esprit au cours de sa formation douloureuse et patiente Au niveau de la preuve les diff rentes coles ne sont que des tapes particuli res sur le chemin de la r alisation de l Esprit car la philosophie h g lienne para t r ussir r soudre au mieux le probl me de la l gitimation philosophique Si elle peut se formuler par des phrases comme Ce qui est rationnel est effectif et ce qui est effectif est rationnel c est qu elle se d gage de l entendement abstrait tout comme de ses oppositions fixes et
206. e fran aise dans les ann es 1940 et 1950 Ce centre organise des lieux de rencontre entre beaucoup de chercheurs par exemple ceux de la section IV de l cole pratique des hautes tudes fond e par l historien de l cole des Annales Lucien Febvre Conform ment au go t multidisciplinaire et exp rimental de Lefebvre le CES lui propose la place de son activit intellectuelle 3l Kristin Ross Lefebvre on the Situationists An Interview Tom McDonough Ed Guy Debord and the Situationist International Texts and Documents Cambridge MIT Press 2004 pp 267 283 p 276 17 sur la vie quotidienne parce qu elles traitent de la question de la reproduction de son terrain Dans le chapitre II nous allons examiner la superposition de ces deux th mes chez Lefebvre en les comparant avec la pens e critique de Debord Apr s avoir pass en revue d abord la formule de ce dernier le d passement de l art et puis celle de Lefebvre la soci t bureaucratique de consommation dirig e nous expliciterons quelle conception alternative pour la soci t trouvent ils dans la Commune de Paris Dans le chapitre IV nous rep rerons la diff rence des positions de deux repr sentants du marxisme en France Lefebvre et Althusser autour de la question de l humanisme Nous avons pris le mot autour parce que cette question nous semble mieux renvoyer simultan ment l effort de la refonte de la th orie de l id
207. e influence dans un milieu social d termin il faut que leurs id es aient une base sociale leur r le se borne sublimer un inconscient social Ils ne font que renforcer les n uds d une nasse qui a t tendue par d autres qu eux Le mouvement qui donne la r alit sociale son rev tement id ologique ne peut pas tre l uvre exclusive de quelques penseurs ou menteurs sp cialistes Zbid pp 150 153 10 Andr Tosel Henri Lefebvre ou le philosophe vigilant 1936 1946 autour de La conscience mystifi e Le marxisme du 20 si cle Paris Syllepse 2009 pp 229 256 p 240 61 o la politisation des intellectuels s amorce Enzo Traverso l historien qui a crit une histoire des ann es 1914 1945 dans la perspective de la guerre civile europ enne en reprenant l expression engagement des intellectuels en situation dont Sartre donnera la d finition explique que le tournant de cet engagement des intellectuels n est pas 1917 ann e de la r volution russe mais 1933 et que cet engagement s tend l Europe passant par la guerre civile espagnole 1936 1939 II caract rise pr cis ment ce qui est le changement du statut des intellectuels repr sent par l expression de Zola J accuse au temps de la mobilisation antifasciste La notion d intellectuel s enrichit d une signification inconnue l poque de l affaire Dreyfus car les attributs
208. e le bergsonisme Il faut agir dit il mais agir pour lui est avant tout opter choisir entre des directions et des fins et non se risquer au sens plein et total que nous avons donn ce terme La pens e lefebvrienne se caract rise par l action de relier le monde ext rieur la conscience et l action non sans risque dans laquelle il nous semble trouver en gestation la philosophie de la praxis qui sera expos e dans la M taphilosophie parue en 1965 c est dire la pens e sur les relations entre la th orie et la pratique Au demeurant la pens e de Lefebvre ce moment l para t poser son fondement sur la conscience Mais sa rencontre avec l v nement de la mont e du fascisme le fait se tourner vers d autres recherches d o vient le th me de la vie quotidienne dans le cadre de la critique de la conscience mystifi e En effet Lefebvre lui m me t moigne de ce tournant dans ses 56 Jbid p 493 7 Maurice Blondel L action 1893 Paris PUF Quadrige 1993 Henri Lefebvre Positions d attaque et de d fense du nouveau mysticisme op cit p 503 36 m moires C tait le renversement peu pr s total de l attitude philosophique prise dix ans auparavant dans l esquisse d une philosophie de la conscience o la conscience me paraissait comme le lieu et le si ge de la v rit Le marxisme d abord les v nements r r 59 ensuite avaient amen ce bouleversemen
209. e le groupe surr aliste et le groupe Tel quel il s agit pour eux Breton et Barthes du sens propre du texte litt raire et de son effet m me s ils diff rent dans les moyens d analyse L issue du texte non pas un r f rent du texte est indiqu chez Breton par une phrase de Nadja La vie est autre que ce qu on crit Nous pourrions interpr ter de fa on n gative cette phrase dans un r cit qui commence par une interrogation Qui suis je comme l chec d une tentative d crire la vie de Breton lui m me Toutefois cette vie ne veut pas dire n cessairement sa vie biographique Elle est la vie courante ordinaire quotidienne trois adjectifs ne paraissent pas tre distingu s dans son uvre qui n appartient pas sa vie mais qui est toujours sur le point de se partager avec autrui et c est elle que l criture vise Ainsi nous pouvons comprendre la vocation de la critique litt raire que Breton formule de fa ons m ta narrative tant les commentaires qu il fait sur le roman interviennent dans le d roulement du r cit Thid p 260 70 Andr Breton Nadja op cit p 689 42 Je trouve souhaitable que la critique renon ant il est vrai ses plus ch res pr rogatives mais se proposant tout prendre un but moins vain que celui de la mise au point toute m canique des id es se borne de savantes incursions dans le domaine qu elle se croit le plus interdit et qu
210. e mais par le changement de sa modalit En d autres termes elle provient de la contradiction du processus du consensus des staffs de l tat et de la masse populaire au travers la reconfiguration des appareils tatiques correspondant la transformation de la conjoncture conomique D ailleurs s il est vrai que comme Brown le remarque la rationalit n olib rale est cr e et promue par les lois et les institutions et que la politique de l tat n est estim e que par le march celui l en revanche ne s identifie jamais une entreprise en ceci qu il conserve la capacit de d terminer des droits et des institutions Quant au gouvernement des individus il ne peut tre mis en uvre sans m diation l gislative Si l on admet cette critique de la critique la strat gie politique ayant pour but de transformer les appareils tatiques comme les institutions juridiques et articulant la d mocratie de base la d mocratie parlementaire contribue t elle r veiller le cauchemar am ricain dont Brown s occupe De ce point de vue Poulantzas a une proximit avec Balibar d aujourd hui influenc par la discussion que Habermas d veloppe propos des normes ou des droits fondamentaux Celui ci formule le rapport entre la politique et le droit comme suit la ire F f 5 A s A EEEE 468 politique est cr atrice de droit mais elle a elle m me besoin de rep res juridiques 467 Jbid ch 1
211. e que la terreur r gne que la bombe atomique soit ou non lanc e que la plan te Terre explose ou non Qu est ce qui importe Qui pense qui parle encore et pour qui Si le sens et la finalit disparaissent si nous ne pouvons x j 5 ire rot 124073 m me plus les d clarer les cr er dans une praxis rien n a d importance ni d int r t gt la diff rence d Althusser Lefebvre n abandonne jamais l homme en tant que porteur de la praxis ni sa finalit Rappelons que le premier soumet le concept d homme l preuve philosophique tandis que le second essaie de le penser par rapport l urbain et l espace Il s agit de la critique lefebvrienne de l urbanisme et de sa conception du rapport entre l homme et l espace travers laquelle nous pourrions discerner l homonymie de l homme repr sent par les urbanistes d une part et d autre part exprim par Lefebvre D voiler ce litige dans le mot homme dans son d tournement dans son inflexion c est ce que nous pouvons montrer dans les pages qui suivent 372 D ailleurs il limite galement la port e du concept d ali nation qui est souvent li la position de l humanisme Un humanisme marxiste Je n ai jamais accept cette d nomination En ce qui concerne l ali nation est ce un concept une m taphore Je reconnais qu il n y a pas de statut th orique bien d fini mais peu importe Exiger d un l ment d un
212. e qui se r organise au cours du XIX si cle dans les grands pays industriels autour des chemins de fer des gares des centres ferroviaires Les villes anciennes entrent dans le nouveau r seau ou d p rissent Par la suite les autoroutes et les a rogares prennent le relais s introduisent dans le r seau et le remanient Un autre remaniement corollaire du premier r sulte de ce que l industrie dite lourde qui comprend l industrie chimique peut se d placer s installer lin des sources d nergie celle donnant lieu des flux sp cifi s Ce qui tend une r organisation de l espace contr l e par le pouvoir central tatique Ibid p 41 241 l tat nation recouvre le monde De l autre en rendant compte comme nous l avons vu au d but de ce chapitre de l mergence de l entreprise multinationale et de la mondialisation conomique qu elle provoque il montre que l tat n est pas seul acteur dominer le monde Une nouvelle division du travail s esquisse l chelle mondiale une r partition nouvelle des forces productives donc une modification des espaces l int rieur du march mondial sous la pression des firmes dites supranationales En prenant en exemple l entreprise IBM il montre qu elle sous traite la production mat rielle et le travail manuel aux pays trangers et qu elle garde le secteur de la gestion sur son sol d origine Il en conclut qu il y a une stra
213. e remarque il mobilise ce concept pour critiquer celui de simulation promu par Baudrillard et pour analyser la culture des usagers de sorte qu il introduit d une nouvelle fa on la question du sujet dans l analyse de la vie quotidienne d Comment interpr ter le sens de la fin de l histoire Nous sommes enfin arriv s au dernier point celui de la question de l histoire Nous l expliciterons en suivant le chemin que montre Pierre Lantz dans sa pr sentation de la deuxi me dition de La fin de l histoire Pour mieux voir la position de Lefebvre ce propos nous allons voquer la pol mique qui clate entre Sartre et L vi Strauss au d but des ann es 60 Simplifi e l extr me elle provient de la diff rence des deux positions Sartre donne la rationalit supr me l histoire alors que L vi Strauss lui reproche un certain gocentrisme par le fait qu il prend position pour pouvoir r v ler dans la soci t primitive dite sans histoire la rationalit comme structure syst me clos il reconnait sa rationalit dans 324 Fran ois Dosse Michel de Certeau le marcheur bless Paris La D couverte 2007 2002 pp 489 495 395 Surtout il y explique comment Lefebvre d tache la n cessit de la philosophie de l histoire travers Nietzsche et au del de la pol mique entre l existentialisme et le structuralisme Pierre Lantz Pr sentation de la second
214. e soi Pour faire rupture avec cet usage de l ali nation h g lienne Feuerbach raye l ali nation de la n gativit en tant que moment dialectique de sorte que l ali nation cesse d tre l exercice d une activit de n gation et devienne le fait d une situation n gative qui emp che entrave ou bloque le mouvement d une affirmation ou d un accomplissement de soi En un mot d Hegel Feuerbach l ali nation en tant qu activit de nier se transforme en situation n gative au sens courant Ainsi Fischbach tablit le bilan du m me et de la diff rence des usages entre Hegel et Feuerbach De sorte que pour le sujet feuerbachien comme pour le sujet h g lien la perspective reste bien celle de la r appropriation de soi m me mais la r appropriation h g lienne se fait dans l objet m me l objet en travaillant l objectivit en son contenu tandis que la r appropriation feuerbachienne se fait contre la forme de l objet De cette diff rence des objets il s av re que l ali nation feuerbachienne en tant que n gation sans n gativit ne porte pas sur le contenu objectif destin tre subsum par la forme subjective mais sur l objet auquel le sujet ne peut pas s identifier ou mieux qu il pose illusoirement En atteignant l identit h g lienne du sujet au objet Feuerbach retire le voile de son fondement c est dire des hypostases th ologico sp culatives L
215. e son deuxi me mari Heinrich Bl cher adh rait la Ligue spartakiste 0 Nicos Poulanzas dir La crise de l tat Paris P U F 1976 61 Poulantzas IV Questions sur le pouvoir 1977 op cit pp 151 152 235 d mocratie l tatisme autoritaire de L tat le Pouvoir le Socialisme Elle y lie l analyse propos e dans Les classes sociales dans le capitalisme aujourd hui qui a pour objet th orique la transformation de l int rieur de l tat correspondant celle de l conomie mondiale qui se d veloppe sur fond de crise du dollar et de ses cons quences c est dire du passage du r gime de change fixe au celui de change flottant Le point essentiel de Poulantzas s explique par le fait que l tat r pond cette transformation conomique par le renforcement de son r le conomique de sorte que le rapport de force entre le parlement le l gislatif et l administration l ex cutif s inverse la d mocratie subit alors une crise profonde En d crivant le transfert du r le de l gitimation que le premier porte historiquement la seconde cette seconde est l administration il explicite comment l tat autoritaire en provient le parlement maintenait toujours la fonction d expression au sein de l tat des int r ts des masses populaires par le biais de leurs propres repr sentants donc continuait occuper une place propre dans les proc dures de l gitimation Or a
216. e subjective elle est au contraire l me propre du contenu me qui fait 25 De l tat IL Th orie marxiste de l tat de Hegel Mao Paris Union G n ral d ditions 1976 p 360 2 Ibid p 305 12 r x 27 clore de mani re organique ses branches et ses fruits En clair Lefebvre a pour instrument th orique le concept en terme h g lien surtout lorsqu il montre une vigilance ce qu il le concept ne serve pas seulement de miroir refl tant la r alit sociale mais aussi ce qu il poss de sa propre r alit et reporte son propre effet sur la soci t C est cette perception qu il trouve difficile comprendre mais dont il n abandonne jamais l approfondissement La difficult vient de ce que le concept reproduit en lui la gen se et le devenir de la r alit consid r e et qu en la reproduisant il traverse lui m me un devenir C est l son d ploiement son explication Et c est ainsi qu il surmonte les repr sentations de cette r alit en les comprenant Il rend ainsi pr sente la r alit dans toute son ampleur sans viter toutefois le risque permanent de la r duire du savoir La dialectique du concept r v le ainsi le devenir de la r alit comme son auto devenir Dans cette optique il ne s agit pas de la hi rarchie r volue des marxistes mais pour reprendre l expression du regrett Daniel Bensa d des mille marxismes c est d
217. ebvre La vie quotidienne dans le monde moderne Paris Gallimard 1968 pp 113 114 144 technocratie n existe pas parce que Les grands objets techniques ont une efficacit de prestige exploration de l espace ou une port e strat gique fus es missiles etc Ils ne sont gu re des objets sociaux d usage courant modifiant en la commandant la vie quotidienne La r alit quotidienne ne b n ficie que des retomb es de la technique Autrement dit l utilisation elle m me des techniques est promue in galement entre l tat et la vie quotidienne L exploit technique tels que le voyage extra terrestre ou l explosion atomique se montre ostensiblement non sans pour autant provoquer la terreur tandis qu il se limite dans la vie quotidienne au gadget comme les films de Jacques Tati Mon oncle et Play time l illustrent bien de fa on humoristique La technocratie est un mythe puisque indigne de son nom la technique ne s applique pas suffisamment la soci t C est pourquoi Lefebvre adopte le nom de Soci t bureaucratique de consommation dirig e On marque ainsi et le caract re rationnel de cette soci t et les limites de cette rationalit bureaucratique et l objet qu elle organise la consommation au lieu de la production et le plan sur lequel porte son effort pour s asseoir sur lui le quotidien La soci t s organise donc suivant la rationalit limit e par
218. ec le le myst rieux et l admirable qui fuient les syst mes labor s Alors comment interpr ter l objet qui chappe toujours toute connaissance scientifique En consid rant une totalit identitaire comme produit de la r conciliation forc e entre sujet et objet Adorno l oppose un autre mod le qu il appelle d un terme astrologique constellation on ne progresse pas partir des concepts et par tapes jusqu au concept g n rique le plus g n ral mais qu ils entrent en constellation Sans lever ce qui est ni au niveau sup rieur ni aplanir par l identification la contradiction dialectique cet arrangement des concepts a pour vocation d exposer autrement une totalit D un autre c t dans le deuxi me tome de Critique de la vie quotidienne Lefebvre essaie de formuler la constellation des moments selon laquelle ils ne sont pas ceux de l ascension dialectique de la conscience pour arriver aux niveaux sup rieurs mais interrompent et d coupent un mouvement lin aire et unificateur en vue de le transformer en mise en sc ne kal idoscopique C est dans cet univers de jeu que la vie quotidienne devient perceptible Saisir la vie quotidienne c est inventer sans cesse une sorte de cosmogonie al atoire et ph m re Nous appellerons Moment a tentative visant la r alisation totale d une possibilit Le Moment se veut librement total il s puise en se v
219. econde Guerre mondiale il y a n anmoins ceux qui le partagent presque en m me temps ou apr s lui et qui le d veloppent de fa ons diff rentes et sous divers angles dont les noms se rangent ainsi Roland Barthes Georges Perec Maurice Blanchot Jean Baudrillard Michel de Certeau etc Ce terrain riche et immense est red couvert explor jalonn tout comme sa th matique est r organis e et reformul e par les travaux pionniers de Kristin Ross ainsi que par ceux plus exhaustifs de Michael Sheringham qui commence son trait par l examen du mouvement surr aliste Nous y ajoutons de surcro t son origine qui peut remonter la naissance de la sociologie ce propos Alain Touraine qui tait un des coll gues de Lefebvre l Universit de Nanterre et qui prouvait de l aversion envers la marxisation de la sociologie avoue que Son concept de Critique de la vie quotidienne est surestim dire vrai tous les sociologues depuis Simmel s occupent de la vie sg 36 P i quotidienne Il est certain que cette remarque a une raison probante en ce sens qu il 35 Kristin Ross Fast Cars Clean bodies Decolonization and the Reordering of French Culture The MIT Press 1996 trad fr par Sylvie Durastanti Rouler plus vite laver plus blanc modernisation de la France et d colonisation au tournant des ann es 60 Paris Flammarion 2006 Michael Sheringham Everyday Life Theories and Practices from Surrealism t
220. egel et Feuerbach En faisant le commentaire d un texte de Marx Fischbach remarque du point de vue d une philosophie de la conscience l objectivit en tant que telle vaut comme un rapport ali n de l homme comme un rapport qui ne correspond pas l essence humaine la conscience de soi de sorte que la r appropriation de l tre objectiv de l homme n a pas seulement le sens d une suppression de l ali nation mais celui d une suppression de l objectivit ce qui veut donc dire que l homme vaut comme un tre non 23 Ibid p 146 121 R de tu s 234 objectif comme un tre spiritualiste L objet feuerbachien ainsi d fini est amput Fischbach le souligne de son ext riorit Nous pourrions le comprendre logiquement en nous rem morant que l ali nation th ologique chez Feuerbach tient ce que l objet se pose de fa on illusoire et que l ali nation la projection de l essence humaine sur le dieu a lieu l int rieure de la conscience ou par le m canisme de la conscience Par contraste l objet marxien existe l ext rieur de la conscience et l objectivit n est pas celle de Hegel qui est destin e nier et qui est subsum e dans la conscience mais elle entre dans un rapport de r ciprocit avec la subjectivit C est cela que Marx d plie au nom du corps non organique de l homme L universalit de l homme appara t de fa on pratique p
221. el effectif De l surgissent chez Ch telet les questions de l exercice de l exigence et du d passement de la philosophie Le devenir philosophie du monde c est dire l effort pour tablir un ordre humain apportant l homme une satisfaction qui soit aussi empirique implique le devenir monde de la philosophie c est dire la mise en uvre d un mode de penser et d agir radicalement nouveau qui de fait implique la n gation et l l vation un niveau yr 176 sup rieur de l exercice de la philosophie Ici Ch telet dans une note se r f re un texte d terminant de Marx Vous voulez que nous partions de germes de vie r els mais vous oubliez que le germe de vie r el du peuple allemand n a prolif r jusqu ici que sous son cr ne En un mot vous ne pouvez abolir aufheben la philosophie sans la r aliser Ces phrases s adressent originairement aux lecteurs allemands d us de l espoir de sortir de l ancien r gime voquons le mot d ordre qui les caract rise la remise de la philosophie sur ses pieds En g n ral il se comprend comme un imp ratif de renversement du monde sp culatif 175 Thid pp 107 108 17 Fran ois Ch telet Logos et praxis op cit p 171 117 Karl Marx Contribution la critique de la philosophie du droit de Hegel in Critique du droit politique h g lien Paris ditions Sociales pp 197 212 p 204 c
222. ement ou implicitement du moins deux choses distinctes mais ins parables savoir la g ographie en tant que science de l espace se r clamant du m me rang critique que l histoire une contestation de la sous estimation du concept d espace par rapport celui de temps Bien que Lefebvre ne s affirme jamais comme postmoderniste il appara t n cessaire de souligner que dans le monde anglo saxon sa r ception ainsi que la mont e de la th orie de l espace concordent avec une tentative de red finir par l l poque postmoderne pour r pondre l importation massive des livres issus de la French Theory au monde anglo saxon C est ainsi qu en s alliant avec Soja le critique litt raire et culturel des tats Unis Fredric Jameson r sume le postmodernisme on nous a souvent r p t que nous habitons d sormais le synchronique plut t que le diachronique et je pense que l on peut soutenir au moins empiriquement que notre vie quotidienne notre exp rience psychique nos langages culturels sont aujourd hui 7 Nous traduisons ici quelques phrases au d but des Postomodern Geographies Du moins durant le si cle pass le temps et l histoire ont pris une position privil gi e dans la conscience pratique et th orique du marxisme occidental et dans la science sociale et critique Comprendre comment l histoire est faite est une motivation primaire ainsi que le grand champ variant pour l interpr tation
223. ements philosophiques et politiques Il est le temps de passer une question savoir celle de l tat cet gard aussi Bensa d a partie th oriquement et strat giquement li e avec Lefebvre notamment lorsqu il dit que Le pouvoir d tat qui n est pas soluble dans le r seau des pouvoirs Bien s r cet nonc a son propre contexte celui de l chelle nationale consid r e comme bataille principale dans les luttes pour l mancipation l heure de l conomie globalis e pour lancer une am re critique contre John Holloway Mais ce pouvoir d tat et le r seau des pouvoirs ainsi discern s ont th oriquement leurs origines dans un d bat des ann es 1970 entre Nicos Poulantzas repr sentant da la th orie d tat et Michel Foucault th oricien du pouvoir Comment se d partagent ils Sans doute le compte rendu de Gilles Deleuze sur Surveiller et punir tablit bri vement cette distinction car il caract rise la nouveaut de la pens e foucaldienne par l abandon des six postulats qui ont marqu la position traditionnelle de gauche Ainsi distingue t 1l r solument la pens e de Foucault de celle du marxisme N anmoins des questions restent ouvertes que signifie ce d centrement du pouvoir tatique L tat est il simplement un des divers pouvoirs Est il n cessaire de mesurer la sp cificit de l tat dans le r seau des pouvoirs si l on ne feint pas de n gliger son
224. en D un autre c t le livre La conscience mystifi e a t rejet sa publication par le communisme sovi tique proscrit et br l sous l occupation des nazis Il ne sera d s lors remis au jour qu sa deuxi me dition de 1979 Dans ce contexte on comprend au mieux comment les travaux de Hess Tr bitsch Burkhard et Tosel contribuent clairer cette m s aventure de la pens e critique Sans eux l histoire des Philosophies resterait sombre dans l oubli En d pit de cette coupure Lefebvre envisage ce qui se poursuit des ann es 1930 en consid rant Mythologies de Barthes comme tant le successeur de la critique de la mystification Depuis lors le concept de mystification est pass dans le langage courant dans le domaine public si j ose dire travers des uvres qui ont aussi fait date par exemple Mythologies de Roland Barthes un de ses meilleurs livres Bien s r Barthes proc de autrement car la p riode fasciste est termin e mais c est dans la ligne de l analyse de La Conscience mystifi e que Roland un ami a repris cette pens e critique et depuis ces notions de mythes de mythifications ou mystifications sont devenues journalistiques 145 146 Marx Le Capital op cit p 156 Henri Lefebvre Le temps des m prises Paris Stock 1975 p 197 Hess t moigne des relations entre Lefebvre et Barthes Bien que n Cherbourg Roland Barthes avait des racines pyr n
225. ent Il est certain qu elle indique une part extr mement incertaine mais rec le en elle m me une nouvelle mani re de tisser le lien avec le monde C est de cette mani re que Breton fait apparaitre la vie quotidienne comme monde possible Telle est la raison pour laquelle nous prenons Breton pour un penseur de la vie quotidienne et ce titre pour un contemporain de Lefebvre Toutefois nous ne savons pas si Lefebvre s accorde la lecture que nous avons donn e aux textes de Breton 76 Andr Breton L Amour fou 1937 in uvres compl tes IL Paris Gallimard coll Pl iade pp 673 785 p 682 p 685 46 Comme dans le texte de t moignage de 1967 consacr Breton apr s sa mort o Lefebvre met une critique acerbe une th orie du surr alisme laissa se creuser un ab me entre la philosophie la science la po sie le possible n de l aventure de 1925 se ferme En r sum sa rencontre avec Breton ne lui laisse rien ce qui est fait est fait Mais en m me temps en utilisant le pronom nous de fa on ambigu ne t moigne t il pas de la persistance de l espoir de r aliser la promesse d une r volution philosophique et po tique pour changer la vie Cet espoir est il m me temporairement r v et partag par eux deux l poque L incompr hensible aujourd hui quarante ans plus tard c est que nous n ayons pas abandonn du moins la plupart ou la
226. ept acc de au statut de critique Parce que pour Hegel le concept d ali nation Entfremdung coupl avec celui d ext riorisation Ent usserung consiste d crire l activit de l esprit c est dire de l absolu en tant qu il s av re lui m me comme sujet Dans cet usage syst matique l ali nation ne signale aucune situation n gative au sens courant ni la n gation telle qu elle signifie simplement le fait d tre ni mais la 227 7 4 IE E ayi Se r aliser et se conna tre soi m me comme sujet c est pour l absolu nier son identit imm diate c est sortir de soi m me et courir le risque de devenir tranger soi c est aller de soi m me au plus loin possible de soi bref c est tenter de v rifier et d av rer son identit soi en prenant effectivement le risque de la perte de soi bref c est tenter de v rifier et d av rer son identit soi en prenant effectivement le risque de la perte de soi tre sujet c est tre soi jusque dans son autre c est pouvoir tre soi m me comme un autre et donc dans l autre pouvoir redevenir soi Franck Fischbach L objectivit essentielle de Feurbach Marx Sans objet capitalisme subjectivit ali nation Paris Vrin 2009 pp 129 149 p 130 117 n gativit exprimant l activit de nier se situant dans le moment dialectique vou l affirmation d
227. er et le fondement de la monnaie dans sa double fonction en tant que mesure de valeur et moyen de circulation Dans la derni re fonction la banque centrale dans tous les pays cr e un cr dit pour produire le capital fictif qui ne correspond pas n cessairement l conomie r elle savoir l ensemble des produits du travail social d faut de cette distinction le ph nom ne mon taire se r duit chez Hilferding l oligarchie financi re qui le contr lerait alors que la crise signifie pour Marx la n cessit du retour au fondement de la monnaie parce qu en se basant sur la monnaie en tant qu talon or le syst me financier ne peut pas sortir de celui ci De ce contraste Harvey tire la conclusion une seule banque centrale n a pas la capacit d entraver la crise parce qu elle ne peut pas tre ind pendante de la circulation internationale des monnaies sinon on invente une monnaie mondiale qu elle ne peut pas garantir la r alisation des valeurs des capitaux marchands et fictifs en d autres termes la r solution de la suraccumulation des capitaux qu ce titre l imp rialisme est un des sc narios possibles en tant que r action la crise et non pas l explication de sa cause Dans les chapitres qui suivent Harvey reformule la th orie de la rente en identifiant la formation du prix de l immobilier celle du capital fictif Enfin il conceptualise la production des configurati
228. ernier a une place singuli re parmi les mouvements d avant garde dans le domaine de l art et de la litt rature En effet en prolongeant les mouvements qui l ont pr c d il s en distingue En opposition la fois avec le cubisme poursuivant la 32 nouvelle forme d gag e du mim tisme et avec le futurisme tant apologue de la nouvelle esth tique de la vitesse il n a pas l intention de proposer un programme r aliser en tant que future g rer sur ce point Dada est moins na f que le futurisme sur la puissance de la technologie ni de construire un style nouveau de l art D o la conception dada ste de l antiart Sans doute nous pouvons trouver le point d cisif o Dada va plus loin pour abolir les fronti res conventionnelles entre la vie et l art Indiff rent son produit Dada identifie l art ou l antiart l acte ou au geste d stin intervenir directement dans la vie v cue En t moignent dans le domaine de l art plastique le ready made de Duchamp ou bien les assemblages de Schwitters fabriqu s avec des d chets recycl s La contribution de Dada la question du langage et du sens Pour Breton la d couverte de Val ry et Rimbaud r v le la capacit du langage d alt rer la perception de la r alit La contribution de Dada s exprime l par la d couverte que le sens peut survivre l assaut le plus acharn contre la capacit de la langue En
229. es ann es 1960 le Parti se modernise en vue de refonder ses relations avec l int rieur et l ext rieur de la France Il est remarquable que ce changement fasse un contraste avec sa politique des ann es 50 Parce que l oppos de la politique de Pierre Mend s France soutenue par la gauche non communiste appel e nouvelle gauche qui affichait la modernisation conomique comme source du progr s social le Parti r p tait alors la th se de la paup risation absolue des ouvriers diffus e originairement dans les ann es 30 selon laquelle les forces r volutionnaires se r unissant plus solidement les chances de la r volution augmentent en cons quence au j 418 2 5 fur et mesure que leur situation se d grade Au niveau international il acceptait le 417 418 Isabelle Garo Foucault Deleuze Althusser et Marx Paris Demopolis 2011 p 41 42 Jacques Capedevielle et Ren Mouriaux Mai 68 l entre deux de la modernit histoire de 30 ans 213 rapport Jdanov qui annon ait l intensification du conflit entre l Ouest et l Est dans la r union du Kominform cr en 1947 pour coordonner les partis communistes en Europe Cependant les changements dans le PCF d s le d but des ann es 60 le m nent marquer une rupture avec son dogmatisme pass nouer un nouveau rapport avec la culture de l poque et entrer dans une phase de d tente C est dans ce contexte que Roger
230. es recherches disparates et divergentes le march du travail la technologie de l information la migration internationale les tudes culturelles le processus de la construction de la ville l emplacement pour l industrie la formation des calasse sociales la privation massive massive disempowerment et la politique de la ville dans un seul m tar cit En outre en se focalisant sur la ville o cette nouvelle conomie mondiale s implante l hypoth se de Friedmann la consid re comme le n ud des conomies r gionales 47 Immanuel Wallerstein The Modern World System II Mercantilism and the Consolidation of the European World Economy 1600 1750 University of California Press 2011 1980 ch 2 8 John Friedmann Where we stand a decade of world city research in Paul Knox and Peter Taylor eds World Cities in a World System New York Cambridge University Press pp 21 47 p 43 c est nous qui traduisons 244 nationales mondiales Partant de ce cadre th orique Sassen dans La ville globale d montre que l volution des villes des pays d velopp s en particulier New York Londres Tokyo se caract rise par la transition de l industrie lourde aux services pour les producteurs the producer services qui a pour but de satisfaire la demande des services des entreprises le droit la comptabilit l assurance etc Or m me si l hypoth se de la ville monde contr
231. est le texte original qui souligne Et nous utilisons l autre traduction que celle dont Ch telet fait usage 94 h g lien en monde r el Mais cela ne conduit qu l incompr hension de la pens e d Hegel et de celle de Marx qui lui est redevable Cette exigence de d passement veut tout simplement dire l appel r aliser et objectiver la connaissance sur droit dont Hegel a achev le cercle qui pr c de et exc de la r alit politique en Allemagne Si nous suivons la m taphore du renversement de la t te au pieds nous pouvons en donner une interpr tation nuanc e restituer l exc s du rationnel sur le r el la r alit Cela implique la double exigence de rouvrir le cercle clos par Hegel pour retrouver la situation r elle et d ins rer en son sein le moment du re commencement de la philosophie portant ses propres id es r aliser Ainsi nous ne somme pas loin de ce que Ch telet propose Condamner l utopie sans absoudre le pr sent exiger la r alisation d un monde rationnel sans prendre appui sur un tre id al telle est la double t che que doit simultan ment assumer un d passement v ritable de la philosophie Le suivant encore cette double t che expliquerait la r volution de la pens e marxienne et la validit de la conception marxiste face aux nouvelles pratiques de la soci t industrielle Parce que l mergence de cette soci t leur permit de d couvrir la perspective
232. et en les distribuant selon les fonctions habitat travail circulation etc elle organise l espace urbain sans la pratique de ses habitants L habitat ainsi planifi n est qu espace assign suivant le cadre qui parcellise et limite spatialement la multifonction que rec le l habiter travail sommeil manger etc Ainsi ce qui est perdu dans cette planification fonctionnaliste est pour Lefebvre un domaine du public qui est port par la rue en tant que lieu de la sociabilit car celle l se transforme actuellement en lieu de passage et de transport Lorsque Lefebvre consid re la seule fixation de l habitat comme privatisation de l existence cette privatisation ne signifie pas seulement l extension du domaine priv mais aussi la d possession du domaine public au sens o la sociabilit est priv e de la rue Ce que Lefebvre essaye encore de regarder derri re la circulation des voitures est la possibilit de r animer ce lieu de rencontre Les nouveaux ensembles ont d truit la rue Si dans les villes modernes la rue n est plus ce qu elle fut dans les cit s m di vales ou antiques c est dire le fondement de la sociabilit elle n est pas pour autant devenue un simple interm diaire entre les endroits de travail et de r sidence Elle garde une r alit propre une vie sp cifique et originale Si d autre part les probl mes modernes de la circulation automobile tendent
233. ette r orientation est associ e au recours de l expression de le droit Il est coutume de l employer comme un lieu commun politique lorsqu une contradiction surgit entre l conomie et la soci t Ainsi imm diatement apr s la R volution fran aise prenant pour formel l galit qu affiche la D claration des droits de l homme Babeuf revendique le droit l existence En 1848 alors que le ch mage devenait la question sociale primordiale le droit au travail a t revendiqu par Louis Blanc tout au contraire en 1880 le droit la paresse est brandi par Paul Lafargue Cependant ces expressions comme Miguel Abensour le dit finissent elles toujours 517 Daniel Bens id Pluralit du social ou soci t en miette loge de la politique profane Paris Albin Michel 2008 pp 338 343 270 par demander l approbation de l tat et du m me coup le conforte Or comme essayent de le montrer Claude Lefort et Etienne Balibar qui le suit le droit ne se r duit ni au pouvoir ni au savoir ni l ensemble des proc dures techniques et ses applications519 Il s agit d interpr ter l exc s de l universel d clar qui d borde le cadre de l tat de droit En refusant la conception instrumentaliste du droit qui prend les droits universels de la d claration pour une id ologie dissimulant l int r t particulier de la bourgeoisie Lefebvre quant lui formule le d
234. eur que l on pourrait identifier Lacoste les m taphores spatiales sont plut t le sympt me d une pens e strat gique pose l espace du discours comme terrain et enjeu de pratiques politiques Michel Foucault Question Michel Foucault 1976 Dits et crits II Paris Gallimard coll Quatro 2001 pp 28 40 p 34 les phrases mis en italique nonc es par l interlocuteur Voir aussi le commentaire de Edward Soja sur ce texte Edward W Soja Postomodern Geographies The reassertion of Space in Critical Social Theory London and New York Verso 1989 Chez Foucault le savoir n est ni pur ni neutre mais est toujours li l exercice du pouvoir Le champ discursif se construit sur l espace h t rog ne C est pourquoi il s interroge sur les r gles de la formation des discours dans L Arch ologie du savoir On trouve l cho des interrogations foucauldiennes sur les relations entre le savoir et le pouvoir dans l ouvrage de Yves Lacoste de 1976 Celui ci porte un titre provocateur La g ographie a sert d abord faire la guerre Il dessine par l la g ographie en tant que g opolitique non pas que science neutre Nous nous demandons pourquoi ne se croisaient pas 222 modestement parler le statut de l tat et sa transformation reste la question aborder par exemple nous pouvons nous demander qui sauve la crise am ricaine des subprimes laissant de c t
235. existence Ces questions ne sont pas loin de celle que Poulantzas a pos e Daniel Bensa d Penser agir Paris Lignes 2008 p 241 5 Gille Delueze crivain non un nouveau cartographe in Critique d cembre 1975 repris in Un nouveau cartographe Surveiller et punir Foucault Paris Minuit 2004 1986 pp 31 51 221 contre Deleuze et Foucault Il s accorde partiellement avec leur analyse en m me temps qu il les accuse de se m prendre sur la th orie marxiste de l tat au profit d une vision qui dilue et parpille le pouvoir dans des microsituations innombrables et sous estime consid rablement l importance des classes et de la lutte des classes et ignore le r le central de l tat Il n est pas moins remarquable que ce discours qui tend rendre le pouvoir invisible en le pulv risant dans la capillarit de micror seaux mol culaires rencontre le succ s que l on sait en un moment o l expansion et le poids de l tat atteignent un degr in gal jusqu ici Du point de vue d aujourd hui il est impossible de d cider qui est th oriquement juste dans ce d bat parce que la question est soudainement suspendue par la mort pr coce de Poulantzas en 1979 et qu un an apr s Deleuze et Guattari formulent leur th orie de l tat nomm appareil de capture dans Milles plateaux Mais 436 Nicos Poulantzas L tat le pouvoir le socialisme Paris P U F 1978
236. exploitation par la d possession de la force de travail parce 306 Thid p 101 Dans ce contexte la critique de Baudrillard vise John Kenneth Galbraith conomiste des tats Unis Voir John Kenneth Galbraith L re de l opulence Paris Calmann L vy 1961 307 Thid pp 108 109 156 qu elle touche un secteur collectif celui du travail social se r v le partir d un certain seuil solidarisante Elle m ne une conscience de classe relative La possession dirig e d objets et de biens de consommation est elle individualisante d solidarisante d shistorisante Pour Baudrillard le consommateur n existe que comme poss d par l Ego consumans paraphrasant la formule cart sienne je consomme donc je suis Il en conclut Leur promotion de consommateurs serait ainsi l ach vement de leur destin de serfs la diff rence pourtant de la m nag re au foyer leur activit ali n e loin de sombrer dans l oubli fait aujourd hui les beaux jours de la comptabilit nationale Selon lui au travers de l individualisme possessif et de la soci t sur le mod le du monde des signes a historiques comme catalogue de vente et par cons quent mythique toute classe se fonde dans la cat gorie de consommateur Dans le processus o la consommation de l image de consommation comme on en fait l exp rience dans la publicit pr c de celle de la chose et inscrit l ind
237. fait de fa on multiple En ce sens Sartre est d j un classique Il est vrai qu il peut tre lu sans rendre compte ni de ses relations avec le marxisme ni de ses cons quences N anmoins Sartre a besoin du marxisme pour compl ter son anthropologie philosophique en continuation de L tre et le n ant Son exigence d articuler sa pens e existentialiste avec le marxisme se r sume par une interrogation Avons nous aujourd hui les moyens de constituer une anthropologie structurelle et historique Cette phrase interrogative est suivie d une affirmative provoquant la 209 yy Ibid p 348 210 Kristin Ross La critique de la vie quotidienne Barthes Lefebvre et la culture consum riste in C line Pessis Sezin Top u et Christophe Bonneuil dir Une autre histoire des Trente Glorieuses Paris La D couverte 2013 pp 267 282 275 109 pol mique le marxisme comme l ind passable philosophie de notre temps Mais de cette ind passable philosophie de notre temps il ne faut pas n gliger ce point Sartre caract rise dans le m me temps la Critique de la raison dialectique comme tant une uvre de circonstance c est dire un ouvrage consistant intervenir dans la situation o th orie et pratique se dissocient du fait du stalinisme et des contradictions qu il provoque Dans ce contexte nous comprenons bien comment la revue Les temps modernes dont Sartre est un des fondateur
238. fs de la politique mondiale Paris Les Prairies Ordinaires 2007 Gr gory Busquet d ologie urbaine et pens e politique dans la France de la p riode 1958 1981 PhD th se Universit Paris 12 Val de Marne 2007 Florence Caeymaex Praxis et inertie La Critique de la raison dialectique au miroir de l ontologie ph nom nologique G rard Wormser dir Sartre violence et thique Paris Sens Public 2005 pp 45 63 La dialectique entre Sartre et Merleau Ponty in Florence Caeymaex Gr gory Cormann et Beno t Denis dir Etudes sartriennes Bruxelles OUSIA 2005 p 111 137 Andrea Cavazzini Crise du marxisme et critique de l tat Le dernier combat d Althusser Reims Le Clou dans le Fer 2009 Roger Chartier Au bord de la falaise L histoire entre certitudes et inqui tude Albin Michel Paris 1998 Antoine Compagnon valuations du surr alisme de l illisible au poncif Cahier de l Herne Andr Breton Paris l Herne 1998 p 413 426 Jacques Capdevielle et Ren Mouriaux Mai 68 l entre deux de la modernit histoire de 30 ans Paris Presse de la fondation nationale des sciences politiques 1988 Jacqueline Ch nieux Gendron Le surr alisme Paris Presses universitaire de France 1984 Annie Cohen Solal et Hneriette Nizan Paul Nizan communiste impossible Paris Grasset 1980 Sartre 1905 1980 Paris Gallimard coll folio 1999 Fran oise Choay L ur
239. ge University Press 1980 Stuart Hall Introduction to the Verso Classics edition in Nicos Poulantzas State Power Socialism Verso London and New York 2014 pp vii xviii John Keneth Galbraith trad fr par Andr e R Picard L re de l opulence Paris Calmann L vy 1961 trad fr par Jean Louis Cr mieux Brilhac et Maurice Le Nan Le 285 nouvel tat industriel Paris Gallimard coll Tel 1989 Chantal Gaillard et Georges Navet dir Dictionnaire Proudhon Bruxelles Aden 2011 Roger Garaudy Le Communisime et la renaissance de la culture fran aise Paris ditions Sociales 1945 Jean Pierre Garnier La bourse ou la ville Paris Paris m diterran e 1997 Une violence minemment contemporaine essais sur la ville la petite bourgeoisie intellectuelle et l effacement des classes populaires Marseille Agone 2010 Un espace ind fendable l am nagement urbain l heure s curitaire Grenoble le Monde l envers 2012 Isabelle Garo Foucault Deleuze Althusser et Marx Paris Demopolis 2011 Alain Gautier Baudrillard une pens e singuli re Paris Lignes 2008 Andr Gorz L immat riel Connaissance valeur et capital Paris Galil e 2003 St phane Haber L ali nation vie sociale et exp rience de la d possession Paris Presses universitaires de France 2007 Serge Halimi Les nouveaux chiens de garde Paris Raison d agir nouvelle edition acutualis e et a
240. gique o il aborde le probl me irr solu par Marx savoir celui de la reproduction des rapports sociaux distingu e de celle des mat riaux et des moyens de production et pour y r pondre il pense que l id ologie joue un r le central pour assurer cette reproduction Or comment un tel concept d id ologie s articule avec l anti humanisme th orique Althusser pr tend que du point de vue anti humaniste l humanisme th orique est une id ologie Mais il faut nuancer le mot id ologie parce qu il n est pas synonyme de la fausse conscience la r alit illusoire qu il d signe n est pas dissip e par sa connaissance En ce sens pour Althusser l id ologie signifie qu elle n est pas universelle et sa connaissance d pend des conditions de possibilit de sa naissance et de 359 Louis Althusser Marxisme et humanisme Pour Marx Paris La D couverte 2005 1965 pp 225 249 p 242 186 son origine Autrement dit la connaissance de l id ologie est n cessaire pour rep rer l apparition de telle ou telle id ologie car la connaissance de cette id ologie tant la connaissance de ses conditions de possibilit de sa structure de sa logique sp cifique et de son r le pratique au sein d une soci t donn e est en m me temps la connaissance des conditions de sa n cessit L anti humanisme th orique de Marx ne supprime donc aucunement l existence historique de l humanisme
241. gistique C est vers cette poque que j ai lu Le Capital et L id ologie allemande cette lecture ne me changeait pas Mais ce qui commen ait me changer par contre c tait la r alit du marxisme la lourde pr sence mon horizon des masses ouvri res corps norme et sombre qui vivait le marxisme qui le pratiquait et qui exer ait distance une irr sistible attraction sur les intellectuels petits bourgeois Jean Paul Sartre Critique de la raison dialectique Paris Gallimard 1985 1960 p 28 102 Paul Nizan Notes programme sur la philosophie op cit p 125 103 Paul Nizan Les Chiens de Garde 1932 Marseille Agone 1998 pr face de Serge Halimi p 29 58 humains C est ce caract re intemporel et indiff rent au changement du monde qu il trouve dans ces philosophes et qu il appelle clercs ou bien les chiens de garde il est vrai que cette expression appara t violente mais notre connaissance Nizan ne l utilise dans le texte que pour titrer son livre En prenant pour cible un de ces chiens Brunschvicg il lui lance sa critique Derechef c est que les philosophes ont pour envers des hommes les uns poss dent donc des motifs de sentir que le monde est confortable les autres n arrivent point s y accoutumer Les premiers se conforment au monde et ne voient point de raisons de le changer ils n aiment point les seconds qui n acceptent pas le monde com
242. hilosophes que chez les sociologues total Paris Seuil 2010 523 Pour conna tre les fronti res entre philosophie et sociologie l article de Merleau Ponty m rite d tre lu Maurice Merleau Ponty Le philosophe et la Sociologie Signes Paris Gallimard folio 2001 pp 159 183 272 Bibliographie I Ouvrages de Henri Lefebvre Henri Lefebvre et Norbert Guterman La conscience mystifi e suivi de La conscience priv e Paris Syllepse 3e d 1999 1936 Le nationalisme contre la nation pr face de Paul Nizan Paris 1988 1937 Hitler au pouvoir bilan de cinq ann es de fascisme en Allemagne Paris Bureau d ditions Nietzsche Paris 2e d 2003 1939 Le mat rialisme dialectique Paris Presse Universitaires de France nouvelle dition 1939 1990 L existentialisme Paris Anthropos 2001 1946 Logique formelle logique dialectique Paris Messidor Editions sociales 3e d 1982 1947 Critique de la Vie quotidienne L Introduction Paris L Arche 2e d 1958 1947 Marx et la libert Gen ve Edition des Trois collines 1947 Pour conna tre la pens e de Karl Marx Paris Bordas 3e d 1985 1948 Le marxisme Paris presses Universitaires de France coll Que sais je 1948 Diderot ou les affirmations fondamentales du mat rialisme Paris L Arche diteur r dition 1983 1949 Pascal tomel Ed
243. hologique et l associe l analyse du mouvement en vue de l appliquer aux choses le mouvement tait surtout pos comme un fait de conscience impliquant un sujet conscient et durant se confondant avec la dur e comme exp rience psychologique C est seulement dans la mesure o le mouvement sera saisi comme appartenant aux choses autant qu la conscience qu il cessera de se confondre avec la dur e psychologique qu il en d placera plut t le point d application et par l rendra n cessaire une participation directe des choses la dur e m me Gilles Deleuze Le bergsonisme op cit pp 43 44 C est ainsi qu il sauve la philosophie de Bergson pour att nuer son caract re spiritualiste 55 sont effectivement _ Ces phrases nous indiquent que la vie concr te dont Politzer fait usage est la vie mat rielle doubl e des tudes de psychologie concr te inspir e par Freud Voil une figure bauch e du freudo marxisme en France qui fait cho celle Wilhelm Reich en Allemagne Ce drapeau marxiste en r volte contre l universitaire Nizan l agite le plus manifestement Il le fait en s interrogeant sur le sens social du bergsonisme dans sa recension du livre de Politzer Ce livre est utile sans doute Car il formule quelques unes des exigences que doit apporter une philosophie r ellement concr te de l homme tel qu il est mais l o il s agit de d finir le sens social
244. i sans doute nous retrouvons la question de la s paration dans l article 1 Sans doute cette analyse sur l habiter permet Deleuze et Guattari de distinguer les trois groupes de vitesse 1 les vitesses tendance r volutionnaire 2 celles r gul es par l appareil d tat 3 celles restitu es par une organisation mondiale de guerre totale telle que la strat gie nucl aire et d en faire un commentaire comme suit Virilio tend assimiler ces groupes en raison de leurs interactions et d nonce en g n ral un caract re fasciste de la vitesse Ce sont pourtant ses propres analyses aussi bien qui rendent possibles ces distinctions Gille Deleuze et F lix Guattari Mille plateaux Paris Minuit 1980 pp 481 482 n 58 42 Henri Lefebvre Espace et politique Le droit la ville suivi de Espace et politique Points Anthropos 1968 et 1972 p 25 8 Daniel Bensa d Politiques de Marx Des luttes de classes la guerre civile en France in Karl Marx et Friedrich Engels nventer l inconnu Textes et correspondance autour de la Commune Paris Fablique 2008 pp 7 103 p 90 175 de Fran oise Choay historienne des th ories et des formes urbaines et architecturales bien qu elle ne se r f re pas Lefebvre L clatement de la ville est pour elle la rupture de l union indissociable de ce que les Romains appelaient urbs territoire physique de la ville et civita
245. i est en dehors de l uvre celui o la personne de l auteur en proie aux menus faits de la vie courante s exprime en toute ind pendance d une mani re dde 71 souvent si distinctive L objectif auquel la critique vise c est l incursion dans le domaine qui est le plus interdit et qui se situe en dehors de l uvre Ce domaine o l uvre est hant affect et m me d finit par les faits banals et m diocres de la vie quotidienne C est aussi ce crit re extra litt raire de la litt rature que Breton tablit et qui l incite avouer ce qui le fascine dans l uvre de Flaubert Je ne porte pas de culte Flaubert et cependant si l on m assure que de son propre aveu il n a voulu avec Salammb que donner l impression de la couleur jaune avec Madame Bovary que faire quelque chose qui f t de la couleur de ces moisissures des coins o il y a des cloportes et que tout le reste lui tait bien gal ces pr occupations somme toute les 2 extra litt raires me disposent en sa faveur R p tons que la vie dont il s agit ne veut pas dire la biographie de tel ou tel des auteurs Afin de comprendre ce point nous allons entendre les lignes sur sa vie que Breton crit clairement dans Nadja Je n ai dessein de relater en marge du r cit que je vais entreprendre que les pisodes les plus marquants de ma vie telle que je peux la concevoir hors de son plan organiq
246. i par une pure fiction un centre sp culaire id ologique Il a un autre mode d existence d fini par son rapport avec un espace Reste enfin tudier aujourd hui la connexion de ces espaces avec le march mondial l imp rialisme et les strat gies les firmes multinationales et leurs aires Henri Lefebvre La production de l espace Paris Anthropos 4 dition 2000 1974 pp 133 134 2 David Harvey Le nouvel imp rialisme trad fr par Jean Batou et Christakis Georgiou Paris Les Prairies ordinaires 2010 pp 173 181 3 Daniel Bensa d Les d poss d s Karl Marx les voleurs de bois et le droit des pauvres Paris La Fabrique 2007 251 m me si leurs contextes historiques sont diff rents la cr puscule du keyn sianisme et la domination n olib rale mise au jour De toute fa on par rapport ces volutions et involutions urbaines Lefebvre revendique le droit la ville qui est l acc s au centre de la ville la fois physiquement et mat riellement Dans le m me temps il remet en cause les fronti res entre la propri t et le commun Il pose en d finitive la question de la philosophie sociale l heure de l conomie mondialis e o les relations entre le centre et la p riph rie ont tendance s internaliser dans l espace tatique des pays d velopp s la r f rence au droit la ville figure soit avec Lefebvre ou soit sans lui Dans le contexte
247. iale Paris La D couverte 2009 Michel Foucault Les mots et les choses une arch ologie des sciences humaines Gallimard coll Tel 1990 1966 Surveiller et punir Paris Gallimard coll Tel 1993 1975 Histoire de la sexualit I La volont de savoir coll Tel 1994 1976 S curit territoire population cours au Coll ge de France 1977 1978 Paris Gallimard et Seuil 2004 Naissance de la biopolitique cours au Coll ge de France 1978 1979 Paris Gallimard et Seuil 2004 Dits et crits I 1954 1975 Paris Gallimard coll Quatro 2001 Dits et crits II 1976 1988 Paris Gallimard coll Quatro 2001 Les corps utopique les h t rotopies Paris Lignes 2009 Jean Fourasti Les Trente Glorieuses ou la r volution invisible de 1946 1975 Paris Pluriel 2010 1979 avec pr face de Daniel Cohen John Friedmann and Goetz Wolff World city formation an agenda for research and action International Journal of Urban and Regional Research 6 3 pp 309 344 Where we stand a decade of world city research in Paul Knox and Peter Taylor eds World Cities in a World System New York Cambridge University Press pp 21 47 Folker Fr bel J rgen Heinrichs and Otto Kreye The New International Division of Labour Structural Unemployment in Industrialized Countries and Industrializaition in Developing Countries Cambridge Cambrid
248. ibue analyser la reconfiguration de l conomie mondiale au travers des r seaux villes mondes il reste s interroger sur le rapport qu elles entretiennent avec les tats D s lors comme Niel Brenner le dit les recherches de la ville monde pr supposent en grande partie la conception du jeu somme nulle de l chelle spatiale qui conduit mettre l accent sur le d clin de l tat territorial l heure de la globalisation intensifi e En effet Lefebvre dit que l tat peut seul prendre en charge le traitement de l espace en grand en pr cisant que son contr le assorti de l organisation de son espace et de la r gularisation du flux de capital s impose sur un terrain extr mement tendu de la construction du r seau de transport comme le chemin de fer l autoroute le canal l a roport etc en passant par l am nagement du territoire en tant que celui de l environnement b ti ainsi que par la gestion des ressources d nergie comme le 482 carburant l lectricit le nucl aire etc Voil ce qui marque la singularit de Lefebvre par rapport auxdites th ories Il est le temps de regarder de plus pr s son 4 Saskia Sassen The Global City New York London Tokyo Princeton Princeton University Press 2nd edition 2001 ch 2 480 Neil Brenner Global Cities Glocal States Global City Formation and State Territorial Restructuring in Contempor
249. icipe en particulier la gen se de la vie quotidienne en tant qu objet th orique et de la comparer avec les pens es de Breton Politzel et Nizan en vue de Daniel Bensa d Marxismes d hier et d aujourd hui 2006 Penser agir Paris Nouvelles ditions Lignes 2008 pp 199 221 pp 210 211 15 saisir sa port e th orique Le chapitre II se focalise sur l volution de sa pens e apr s la Seconde Guerre mondiale La vie quotidienne est pour lui un projet de recherche au long cours dans lequel sont d finies ses trois caract ristiques l objet de connaissance la m thode appliquer l anthropologie philosophique Conform ment cette volution il approfondit les deux choses D une part Lefebvre formule le statut de la philosophie apr s Marx sous le terme de m taphilosophie qui est un d passement de la philosophie Nous le comparerons la d finition que Fran ois Ch telet donne de la philosophie marxiste afin d claircir sa signification D autre part l objectif portera sur le concept d ali nation qui est une des armes critiques les plus puissantes du moins au d but des ann es 60 Lefebvre est un des philosophes qui le fait circuler en France par la traduction du jeune Marx en collaboration avec Guterman dans l entre deux guerres et Sartre l utilise dans Critique de la raison dialectique pour d placer sa ph nom nologie ontologique vers le champ social Nous examinero
250. idienne que Lefebvre s efforce de fonder d s son activit dans la revue Philosophies L article l individu et la classe inaugurant la revue Avant Poste d clare sa t che d claircir le rapport entre l individu et la soci t dans l opposition du bourgeois lib ralisme et du nationalisme Il vise d abord la conception du nationalisme et celle du lib ralisme selon laquelle le premier identifie la soci t l entit unique comme 9 122 Henri Lefebvre et Norbert Guterman La conscience mystifi e op cit p 79 65 tant une nation tandis que le second consid re la soci t comme une construction trois tages individu patrie territoire humanit Dans cet article un des points d terminants que Lefebvre et Guterman proposent s explique par le fait que le fascisme ne proc de pas lin airement de la crise conomique mais de la culture bourgeoise dont les discours ont une fonction de mystification de la situation de crise En d autres termes en profitant d une br che entre la r alit et l illusion dans la conscience sociale que la culture bourgeoise cr e le fascisme la creuse plus profond ment De cette br che concernant l humanit comme universalit concr te Hegel ils remarquent L humain ne peut se r aliser qu en surmontant les nations Si les nations et les patries sont les cadres naturels de la vie sociale d une part elles mettent en chec l humain et l
251. ie socialement dominante Guy Debord La soci t du spectacle op cit p 767 283 Dans le spectacle une partie du monde se repr sente devant le monde et lui est sup rieure Le spectacle n est que le langage commun de cette s paration Ce qui relie les spectateurs n est qu un rapport irr versible au centre m me qui maintient leur isolement Ibid p 774 147 caract re sensible suprasensible doivent tre expliqu s non pas par la r alit de tel objet mais par la formation socio conomique historiquement conditionn e Il est vident que Debord ajoute l image cette analyse de Marx Le spectacle n est pas un ensemble d images mais un rapport social entre des personnes m diatis par des images Dans sa perspective l image prend la forme de la marchandise et comme le dit Jappe le spectacle joue de fa on compl mentaire le r le assum par l argent Le spectacle est con u par Debord comme une visualisation du lien abstrait que l change institue entre les hommes de m me que l argent en tait la 5 mat rialisation cette critique de la mise en sc ne du capital Debord ajoute celle de l tat qui maintient le ressort du spectacle En remaniant les cat gories de Marx chacun sa mani re Lefebvre et Debord accentuent l opposition entre l conomie et la vie quotidienne Chez Lefebvre l id ologie de la croissance conomique signifie la subor
252. ifie la mont e de ce mondial chez Lefebvre notamment dans De l tat Mais avant nous tirerons les cons quences du pr sent chapitre en tablissant le bilan du positionnement des deux penseurs IV 3 La th orie et la pratique dans la philosophie marxiste Nous avons montr plus haut que l anti humanisme th orique a des d fauts 212 historiques et pratiques Malgr tout il est injuste de n gliger que cela vise la transformation du parti de l int rieur par la lutte th orique Au bout de son essai nous conna trons ce que recouvre le rapport entre philosophie et politique selon Althusser Pour ce faire nous restituerons succinctement la fa on dont l humanisme est utilis dans le champ du discours d apr s guerre en particulier dans celui de PCF Son abord change drastiquement dans le Parti Imm diatement apr s la guerre il est pour lui une doctrine combattre parce que Sartre consid r comme un ennemi du Parti le reprend dans son Existentialisme est un humanisme Il est du reste li e la pens e du jeune Marx sp cifiquement ses Manuscrits conomico philosophiques l poque ils sont utilis s pour critiquer le stalinisme mais cette critique ne d passe pas celle contre le culte de la personnalit et cela ne permet pas non plus d arriver une vraie r novation philosophique Mais dans un second moment l humanisme devient positif l int rieur du Parti Cela tient au fait que dans l
253. ignes Collection des Cahiers Litt raires Philosophies n 2 le 15 mai 1924 p 224 Compte rendu Sur une note de M Ramon Fernandez Les Intermittences du C ur Nouvelle Revue Fran aise 1 Avril Philosophies n 2 le 15 mai 1924 pp 225 227 Une tentative m taphysique La dialectique du monde sensible de Louis Lavelle Philosophies n 3 le 15 septembre 1924 pp 241 248 Compte rendu Incidences par Andr Gide N R F Philosophies n 3 le 15 septembre 1924 p 334 335 Critique de la qualit et de l tre fragment de la philosophie de la conscience 1 Philosophies n 4 15 novembre 1924 pp 413 421 Compte rendu 7 manifestes Dada Par Tristan Tzara Jean Budry diteur Philosophies n 4 15 novembre 1924 pp 443 445 Positions d attaque et de d fense du nouveau mysticisme Philosophies n 5 6 Paris Mars 1925 p 471 506 Introduction le m me et l autre Schelling trad fr par Georges Politzer Recherches philosophiques sur l essence de la libert humane Paris F Rieder et C diteurs 1926 pp 7 64 La pens e et l esprit L Esprit premier cahier Paris F Rieder et C diteurs mai 1926 pp 21 69 Description de ce temps I mis re de M Jacques Maritain L Esprit premier cahier Paris F Rieder et C diteurs mai 1926 pp 258 271 Reconn
254. ilosophie Plut t elle se situe au carrefour des deux Lefebvre la prend mais l analyse de l int rieur pour la transformer Quel statut philosophique peut on donner cette pens e Nous avons vu dans le chapitre II sa r ponse au travers de Ch telet et sa conception du d passement de la philosophie en d autres termes la m taphilosophie Celle ci conserve les concepts que la philosophie a conquis En m me temps qu elle les d veloppe et les d passe pour changer la r alit sociale Cela ne veut ni dire sa subordination la r forme sociale ni son renfermement sur elle m me Il montre ce double refus dans sa lutte la fois interne puis externe contre le PCF En d autres termes la m taphilosophie part des concepts et les r alise pour cr er une nouvelle humanit C est ainsi que la philosophie exerce son effet sur le monde ext rieur Toutefois cette puissance d agir de l homme se retourne contre lui m me Elle est ce que Sartre et Lefebvre appellent ali nation Pour l examiner nous avons pris sa 257 th orie actuelle tablie par Franck Fischbach selon laquelle il existe en elle deux sens la perte du sujet dans l objet et la s paration du sujet d avec l objet le monde Dans le chapitre II nous avons not que l ali nation sartrienne ne les recouvre pas et que Lefebvre la rend proche du second c est dire qu il la situe dans l exp rience de la privation la privatisat
255. ilosophie sans ob ir la philosophie institutionnalis e en derni re instance assur e par l tat ni reculer devant la r alit pour se contenter de cette cl ture philosophique Il faut revenir sur les relations dialectiques tablies par Hegel entre le r el l effectif et le rationnel tout comme sur celles entre ses pens es et celles de Marx autour desquelles gravite toujours la question du d passement de la philosophie ce propos suivant Lefebvre le Syst me philosophique chez Hegel repr sente l ach vement de la philosophie la forme achev e donnant leur sens aux formes inachev es qui l ont pr c d e et ce Syst me en tant que principe supr me de la rationalit tisse son lien avec le r el en saisissant en celui ci la forme la plus rationnelle qu est l tat moderne Le Syst me ne peut pas ne pas contenir une th orie de la politique donc une philosophie de l tat et une th orie de l tat moderne Cette th orie doit tre sa clef de vo te son lien avec l actualit C est pourquoi pour Lefebvre Hegel nous rend ainsi l minent service de montrer le lien entre la philosophie et l tat Nous assistons ici la correspondance entre les cercles philosophiques et politiques Toutefois elle ne signifie pas une subordination de la philosophie la politique comme dans le dogmatisme stalinien Ne pas co ncider l une avec l autre c est la condition pour faire coexiste
256. immobiles qu elle tablit aussi bien entre le rationnel et l effectif qu entre le sujet et l objet qu elle replie sur ces phrases la fois l effet du r el qu exerce le rationnel en dehors du cr ne tout comme la dimension rationnelle observ e dans la r alit enfin qu elle met ces oppositions en dialectique c est dire en interaction pour dresser la loi de cette dynamique ou bien le syst me scientifique qui donne sur la r alit et qui poss de son effectivit Wirklichkeit En ce sens sans doute Ch telet nomme cette syst matisation scientifique de la philosophie la r ussite de la philosophie 172 Fran ois Ch telet Logos et praxis op cit p 150 173 yp Ibid p 149 174 G W F Hegel trad fr Jean Fran ois Kerv gan Principes de la philosophie du droit Paris Presses universitaire de France 2011 p 104 93 Or si la philosophie en tant que pens e du monde ne vient d apr s une phrase c l bre la chouette de Minerve ne prend son envol qu l irruption du cr puscule qu au moment de l apr s coup c est dire apr s la fin d un processus historique que signifie cette r ussite qui consiste l gitimer int gralement la philosophie La l gitimation de la philosophie immanente elle m me signifie t elle la cl ture de la philosophie Comment penser l empirie de la r alit humaine dans la philosophie du rationn
257. in de situation de parole celle o l un des interlocuteurs la fois entend et n entend pas ce que dit l autre Les cas de m sentente sont ceux o la dispute sur ce que parler veut dire constitue la rationalit m me de la situation de parole Les interlocuteurs y entendent et n y entendent pas la m me chose dans A 369 les m mes mots Il trouve la politique dans l homonymie en tant qu un des usages sp cifiques du mot en y indiquant et endiguant un cart du m me mot tel point que celui l produit un litige Ce qui permet cet usage homonymique de faire la politique c est le principe d galit tel qu il pr suppose qu il existe une intelligence gale entre les deux camps du litige et qu partir de celle ci on est capable de construire l autonomie C est ce 367 Sur ce point voir aussi la remarque suivante de Ranci re partir du refus politique de prendre en compte ce que Marx d signe comme le c ur m me de l oppression id ologique bourgeoise la s paration entre l ouvrier et les puissances intellectuelles de la production Althusser reste enferm dans la vielle conception m taphysique celle selon laquelle le pouvoir id ologique s exerce par subversion de la vision Les mots ne sont pas pour lui des l ments de pratiques discursives articul es sur d autres pratiques sociales mais repr sentations des conditions existantes ibid pp 169 170
258. inaire ayant pour objet l individu et l autre est la biopolitique s instituant comme gestionnaire de la vie d une population de l ancien mod le du pouvoir souverain caract ris par son droit de faire mourir Dans cette optique il n y aurait pas d aspect n gatif dans la normalisation que Ross d crit seulement parce que l on ob it aux normes de la rapidit et de la propret mais en contrepartie on profite de la rentabilit de la s curit du confort qu elles fournissent Ce passage du pouvoir de la mort au biopouvoir assez r pandu dans le public semble tre tendu par Deleuze lorsqu il y ajoute celui des soci t s disciplinaires aux soci t s de contr le il p riodise successivement les trois soci t s les soci t s de souverainet celles disciplinaires celles de contr le Or ce sch me est il conforme la perspective de Foucault L interpr tation ne devient elle pas d autant plus compliqu e que l on pense ces soci t s en termes de superposition plut t que de succession ou de substitution C est pr cis ment ce qu Alain Brossat propose dans son interrogation sur la situation actuelle de la prison en citant la phrase de Foucault la vieille puissance de la mort o se symbolisait le pouvoir souverain est recouverte soigneusement par l administration des corps et la gestion calculatrice de la vie 332 Gilles Deleuze Post scriptum sur les soci t s de contr le
259. ini estime tre en pr sence du dernier combat d Althusser D apr s lui la pr occupation majeure d Althusser se r sume en ceci il s agissait de soustraire le communisme en tant que politique au monopole de la forme Parti Puis il affirme que le refus obstin par Poulantzas de la solution des l ninistes rend impossible une transformation de la politique qu Althusser propose Cette transformation de la politique se d finit par celle qui ne se limiterait en modifier les structures actuelles mais qui oserait remettre en question le lieu de sa production le statut de ses acteurs et qui en proposerait finalement un changement 451 rp Ibid p 37 42 Balibar tienne Communisme et citoyennet sur Nicos Poulanzas op cit p 181 453 Andrea Cavazzini Crise du marxisme et critique de l tat Le dernier combat d Althusser Reims Le Clou dans le Fer 2009 pp 79 99 p 79 231 5 A r 454 4 EE au niveau m me de sa d finition Si la pens e politique d Althusser ainsi caract ris e la remise en question du lieu de la production de la politique et du statut de ses acteurs et la red finition de la politique elle m me a une dimension irr ductible la question de l tat il est vrai qu elle d passe le cadre th orique de Poulantzas o sont ins parables la transformation de l tat et la politique Mais il nous semble
260. inspire en relation avec son ma tre Gaston Bachelard s enrichit des travaux de ses disciples tels que Etienne Balibar et Pierre Macherey qui sont redevables ceux de Georges Canguilhem Bien s r dans ce courant on peut ranger la pens e de Michel Foucault puisque la critique de l humanisme s encha ne avec celle de la philosophie de la conscience et du sujet l anti h g lianisme l anti dialectique Dans le cadre de la pens e d Althusser son anti humanisme se lie nettement aux concepts de coupure pist mologique et de tout compos ainsi qu la refonte de la th orie de l id ologie Afin d claircir le sens de son anti humanisme th orique il faut passer en revue ce r seau des concepts dans lequel il se place Le th me de l anti humanisme se poursuit de l article Marxisme et Humanisme 354 Thid p 29 355 Louis Althusser propos du marxisme Revue de l enseignement philosophique 3 ann e n 4 avril juin 1953 pp 15 19 Note sur le mat rialisme dialectique Revue de l enseignement philosophique 4 ann e n 1 2 octobre novembre 1953 pp 11 17 cit in Hugues Lethierry Penser avec Henri Lefebvre sauver la vie et la ville Lyon Chronique sociale 2009 p 142 181 crit en l octobre 1963 repris dans Pour Marx en passant par l article de 1970 l id ologie et l appareil id ologique de l tat la soutenance Amiens
261. iologie mais non d conomie politique Marx aurait pu le mettre en garde contre le ridicule des th ories de la libert en lui apprenant ce que les hommes Thid p 192 7 On se demanderait si comme Althusser l affirme dans la conf rence de 1963 l influence de Politzer sur Sartre et Merleau Ponty est d terminante c est par Politzer que la psychanalyse est entr e dans la r flexion philosophique fran aise tr s express ment sans aucun doute chez Sartre et chez Merleau Ponty Louis Althusser Psychanalyse et sciences humaines Paris Librairie G n rale Fran aise IMEC 1996 p 34 Du moins lorsque Sartre parle de son trait de la libert il invoque la critique de Politzer contre Bergson Il n y a donc pas de situation privil gi e nous entendons par l qu il n est pas de situation o le donn toufferait sous son poids la libert qui le constitue comme tel ni r ciproquement de situation o le pour soi serait plus libre que dans d autres Ceci ne doit pas s entendre au sens de cette libert int rieure bergsonienne que Politzer raillait dans La fin d une parade philosophique et qui aboutissait tout simplement reconna tre l esclave l ind pendance de la vie intime et du c ur dans les cha nes Sartre L tre et le n ant op cit p 594 Sans doute dans ce contexte on comprend pourquoi Deleuze logigne le concept de dur e de son interpr tation psyc
262. ion de l objet monde Dans le trait de la vie quotidienne Lefebvre refuse de la consid rer comme appartenant l homme g n rique mais reste dans un lien entre ali nation et d sali nation Cependant au fur et mesure que ses recherches avancent et lui fournissent la connaissance de la r alit urbaine ce sch me se retire en arri re plan En lieu et place il remet en lumi re le concept appropriation Il signifie ni la d sali nation ni la reprise de l essence humaine mais la cr ation de la vie sociale par l acte d habiter et d occuper l espace Nous avons d ailleurs d montr dans le chapitre IV qu il n a rien voir avec l humanisme critiqu par Althusser dans son anti humanisme th orique Parall lement son dialogue avec Debord sur la Commune de Paris vu dans le chapitre III il donne une nouvelle perspective la strat gie politique la r volution urbaine Son appr ciation favorable aux proudhoniens pour leurs id es de f d ration et de d centralisation s encha ne nous semble t il avec ses consid rations sur les chelles de niveau urbaines intra nationales nationales mondiales supranationales vues au chapitre V En d autres termes chez lui la pratique politique de l mancipation est ins parable du r agencement de ces chelles Cette perspective lui permet en outre de s loigner de l historicisme Althusser des ann es 70 et du relativisme radical Baudrill
263. ion sovi tique il se concr tise en d cembre 1975 entre autres Enrico Berlinguer secr taire g n ral du PCI Parti communiste italien d alors est 44 7 C est dans connu pour tre l homme politique qui a fait le compromis historique ce tournant historique que se confrontent Poulantzas qui prend parti pour l eurocommunisme et Althusser et ses camarades tel que Balibar qui prennent position contre la d cision d abandonner le concept de dictature du prol tariat adopt e lors du le XXII congr s du PCF en 1976 Or l opposition entre le n o l ninisme et l eurocommunisme ne peut jamais se r duire une confrontation entre des fractions tenantes de l ancienne doctrine et les 447 i P y x i ane Re 3 Marc Lazar Maisons rouges les partis communistes fran ais et italien de la Lib ration nos jours Paris Aubier 1992 pp 144 155 229 post staliniens pour de la r novation Parce que selon Balibar l abandon de la dictature du prol tariat a t r alis sans v ritable discussion l int rieur du parti et que selon Althusser il doit tre possible d engager une discussion sur les formes et les pratiques du centralisme d mocratique dans le parti avec pour objectif leur am lioration donc leur modification En un mot ces critiques remettent en cause l organisation interne du PCF qui pr tend choisir un nouveau chemin d mocratique De sorte que comme le dit Andr Tose
264. ire de leur pluralit qui ne peut jamais s y r duire partir de l il devient possible de mettre en mouvement dialectique les toiles tincelantes des id es pour dessiner une nouvelle constellation En se fondant sur les recherches pr c dentes d j mentionn es les tudes que nous pr senterons ont pour caract ristique de recontextualiser la pens e de Lefebvre en particulier dans l histoire de la philosophie fran aise au XXe si cle Conform ment ce 7 G W F Hegel trad fr par Jean Fran ois Kerv gan Principes de la philosophie du droit Paris Presses universitaire de France 2011 p 140 Henri Lefebvre loge du concept Henri Lefebvre et Catherine Regulier La r volution n est plus ce qu elle tait Paris Libres Hallier 1978 pp 21 26 p 23 13 caract re elles portent son titre Le lieu de pens e d Henri Lefebvre en vue d impliquer deux sens premi rement il indique le secteur o Lefebvre pense c est dire ses trois topoi la vie quotidienne l urbain et l tat deuxi mement il d termine o sa pens e se situe dans les milieux intellectuels en France Ces tudes les abordent dans le but de reprendre et d lucider au mieux sa pens e dans son ensemble et de mettre au jour les relations philosophiques qu il entretient avec ses contemporains dont la liste est conforme sa long vit Breton Politzer Nizan Ch telet Sartre Debord Althusser Poulantzas
265. ires de France 1983 pp 99 119 Les fronti res de la d mocratie Paris La D couverte 1992 La philosophie de Marx Paris ditions La D couverte 1993 Droit de cit Paris Presses Universitaires de France 2002 1998 Europe Constitution Fronti re Paris Passant 2005 La proposition de l galibert Paris PUF 2010 Richard Barnet and Ronald M ller Global Reach The Power of Multinational Corporations New York Simon and Schuster 1974 Roland Barthes uvres compl tes I 1942 1961 Paris Seuil 2002 uvres compl tes II 1962 1967 Paris Seuil 2002 uvres compl tes IV 1972 1976 Paris Seuil 2002 Jean Baudrillard La soci t de consommation Paris folio Deno l 2009 1970 L change symbolique et la mort Paris Gallimard 1993 1976 Walter Benjamin trad fr par Maurice de Gandillac et Pierre Rusch uvres 1 Paris Gallimard coll folio 2000 trad fr par Maurice de Gandillac et Pierre Rusch uvres II Paris Gallimard coll folio 2000 trad fr par Maurice de Gandillac et Pierre Rusch uvres III Paris Gallimard coll folio 2000 trad fr par Sibylle Muller Origine du drame baroque allemand Paris Flammarion coll Champs Essais 2009 Daniel Bensa d Le pari m lancolique Paris Fayard 1997 Louis Althusser et le myst re de la rencontre R sistances Essai de taupologie
266. isant rupture avec la possibilit de percer les secrets d un ordre divin dans son principe c est dire l illusion de l arri re monde en termes nietzsch ens C est en fait le refus volontaire et acharn d un arri re monde qui prend une grande ampleur chez Lefebvre ainsi que chez Sartre Dans l introduction de L tre et le n ant Son magnum opus qui fonde l existentialisme et oriente d une certaine mani re la pens e de l apr s guerre m me avant la fin de la guerre Sartre ne trouve t il pas la possibilit de r nover la pens e moderne dans la m thode ph nom nologique dont l essentiel consiste r duire l existant la s rie des apparitions qui le manifestent en nous permettant de nous d prendre de la grande dichotomie d une philosophie pr c dente entre l apparition et l tre noum nal derri re celle ci c est dire ce que Nietzsche appelait illusion des arri re mondes Dans la m me direction mais d une diff rente mani re Lefebvre utilise le mot nietzsch en dans ses phrases dont celle connue L Homme sera quotidien ou ne sera pas Le fond du m pris pour l homme et sa vie r elle n a pas t atteint par des po tes et des philosophes distingu s mais par l abject et en un sens g nial Louis Ferdinand C line Remontons cette pente du m pris et de la corruption R habiliter les masses instants que 38 Pierre Macherey Petits riens
267. isme moralisant mais ceci le d signe tout au plus lui comme moraliste ali n Alors est ce que Baudrillard c l bre la libert des individus dans la soci t de consommation Tout au contraire il ne croit aucune libert de l individu Il ne s agit pas d une alternative entre la jouissance du besoin et l ali nation ni entre la jouissance ludique et la jouissance essentielle car Si on admet que le besoin n est jamais tant le besoin de tel objet que le besoin de diff rence le d sir du sens social la jouissance ne peut pas tre consid r e comme individuelle En revanche le besoin de l individu ne peut pas se r aliser sans s inscrire sur un syst me des signes porteurs de la diff rence La v rit de la consommation c est qu elle est non une fonction de jouissance mais une fonction de production et donc tout comme la production mat rielle une fonction non pas individuelle mais imm diatement et totalement collective C est l que le consommateur comme si le producteur dans le rapport de production sociale consid rait la valorisation de son produit comme naturelle consid re comme naturelle la consommation dans les r seaux des signes sociaux produisant la diff rence Cependant il y a un grand cart entre la socialisation de la production et celle de la consommation La soci t de consommation a un retentissement profond sur la solidarit sociale L
268. it lorsqu elle essaie de r pondre l exigence de la philosophie que demande la grande masse anonyme des hommes N anmoins il nous parait que cette critique ne va pas plus loin qu une sorte de manifeste d autant plus obscure qu elle ne d ploie pas la philosophie pour l Homme M me si elle clarifie le d faut de la philosophie adverse elle ne pr cise pas quant Nizan lui m me le contenu et le sens de sa philosophie venir de sorte qu elle ne reste qu en son point de d part Cette insuffisance se lie une autre remarqu e par Lefebvre et Guterman l gard de l id ologie Ils estiment l ouvrage de Nizan en disant que Une certaine forme de critique prend un un et dans le d tail les penseurs de la bourgeoisie et montre concr tement comment ils contiennent l apologie de l ordre bourgeois et sont des chiens de garde En m me temps ils l accusent de ne pas entamer l claircissement de la source d o sont n s ces penseurs et leur id ologie Imm diatement apr s les phrases cit es pr c dement ils continuent Cette critique si indispensable soit elle pour les besoins pratiques de la cause r volutionnaire dans les batailles journali res n est pas encore la forme sup rieure de la critique Elle n explique pas le contenu m me des id es de ces penseurs elle ne nous fait pas assister leur naissance elle analyse le r sultat id ologique mais entre la base sociale d
269. ivant Toute r alisation comme totalit implique une action constitutive un acte inaugural Cet acte simultan ment d gage un sens et le cr e Il 76 Adorno Dialectique n gative op cit p 198 207 Lefebvre La vie quotidienne dans le monde moderne op cit p 39 8 Henri Lefebvre Critique de la vie quotidienne II Fondements d une sociologie de la quotidiennet Paris L Arche 1962 p 346 108 pose une structuration sur le fond incertain et transitoire de la quotidiennet Sous cet angle la dialectique de Lefebvre ne r sout pas aucune tension contradictoire mais destitue et d sint gre une totalit tablie afin de partir de z ro C est par ce biais que l on peut comprendre pourquoi Kristin Ross comme Peter Osborne trouvent la vie quotidienne la fois empirique et utopique empirique dans la multiplicit de ses formes concr tes et utopique dans ses promesses de pl nitude Voil ce qu implique la vie quotidienne par rapport la m taphilosophie I1 3 En quel point le concept d ali nation devient il une arme critique les variations du concept d ali nation selon Jean Paul Sartre et Henri Lefebvre a Le concept d ali nation de Sartre comme une contre finalit Il est certain que Jean Paul Sartre dans les domaines du roman du th tre de la philosophie et des crits journalistiques jouit d une bonne r putation et sa r ception sur la sc ne internationale se
270. ividu dans les r seaux diff rentiels des signes celui ci se caract rise par la diff rence flottante plut t que par l ali nation Son argument montre bien comment la vie quotidienne s incorpore dans l activit de consommation s appuyant sur la fonction du signe dans le syst me productiviste En somme l activit de consommation qui finit par affermir le sens de la propri t priv e et par augmenter la comptabilit nationale pousse plus loin la s paration entre le domaine priv le secteur de consommation et le domaine public le secteur de production Il nous semble que cette argumentation a une puissance tr s forte du point de vue actuel 308 Thid p 121 30 Thid p 143 157 Cependant il nous faut faire une r serve sur son argument lorsqu il confond l effet de r el que porte le signe avec toute r alit Aussi est il n cessaire de reprendre L change symbolique et la mort dont le chapitre II L ordre des simulacres introduit les mots simulacre et simulation qui deviennent le titre d un livre ult rieur dans lequel ils sont d velopp s tout le syst me passe en apesanteur il n est plus lui m me qu un gigantesque simulacre non pas irr el mais simulacre c est dire ne s changeant plus jamais contre du r el mais s changeant en lui m me dans un circuit ininterrompu dont ni la r f rence ni la circonf rence ne sont nulle part Telle est la simulatio
271. l par un trange reversement ce furent les d fenseurs du maintien doctrinal qui pos rent avec le plus d insistance la question de la nouvelle politique n cessaire pour donner la strat gie son indispensable base de masse et qui la coupl rent la question des modalit s de fonctionnement du parti lui m me Afin d claircir la signification de ce d bat il faut donc passer de l opposition entre les mots d ordre politiques la confrontation th orique Sur ce plan Althusser dissocie le concept de dictature du prol tariat de l image sanglante dans la situation politique d alors un vif souvenir des gouvernements militaires et des coups d tat dans l Espagne et le Portugal et le caract rise par l id e qu il transforme les formes d exploitation les formes politiques et id ologiques bourgeoises C est ainsi qu il remet en cause le rapport entre le parti et la masse quelque chose qui a t d truit par les pratiques staliniennes qui est au c ur de la tradition marxiste et l niniste quelque chose qui concerne le rapport du parti et des masses rendre 448 Etienne Balibar Sur la dictature du prol tariat Paris Maspero 1976 p 7 Louis Althusser 22 congr s Paris Fran ois Maspero 1977 p 68 Ces deux phrases sont aussi cit in Jacques Capdevielle et Ren Mouriaux Mai 68 l entre deux de la modernit histoire de 30 ans Paris Presse de la fondation nationale
272. l tat l heure de la mondialisation V 1 La division transnationale du travail comme un des moteurs de l conomie globalis e Limit e dans la pens e de Lefebvre la question de l tat a ceci d important qu elle occupe la place centrale dans les critiques de la vie quotidienne et de l urbain voquons la formule de la soci t bureaucratique de consommation dirig e Au fond cette probl matique ne sort pas directement de la nouvelle orientation issue de l eurocommunisme Cela distingue sa position de celle de Poulantzas Celui ci est impr gn de la pens e d Althusser du moins dans le premier temps Cette influence s exprime dans son premier ouvrage sur l tat savoir Pouvoir politique et classes sociales de l tat capitaliste dont les deux tomes sont respectivement publi s en 1969 et en 1971 qui acquiert du renom sur la sc ne internationale en provoquant la pol mique cet gard avec Ralph Miliband dans la revue New Left Review Revue de la 438 nouvelle gauche Pourtant mesure que l eurocommunisme s tend il prend parti pour l eurocommunisme critique contre le n o l ninisme soutenu par Althusser 439 et Balibar Par contre Lefebvre exclu en 1958 par PCF mais s en rapprochant dans 440 cette poque jette un regard de recul sur ce d bat Ainsi dans quelle perspective commune pouvons nous r trospectivement saisir les th ories de l Et
273. l opposition entre le capitalisme et le communisme Baudrillard relativise ou mieux d construit les fondements marxistes bas s sur les concepts de forces productives de rapports de production 315 Thid 316 Thid p 18 317 Thid 161 La r volution structurale de la valeur an antit les bases de la R volution La perte des r f rentiels affecte mortellement d abord les r f rentiels r volutionnaires qui ne trouvent plus dans aucune substance sociale de production dans aucune v rit de la force de travail la certitude d un renversement Car le travail n est plus une force il est devenu signe parmi les signes Il se produit et se consomme comme le reste Il s change avec le non travail le loisir selon une quivalence totale il est commutable avec tous les autres secteurs de la vie quotidienne Ni plus ni moins ali n il n est plus le lieu d une praxis historique singuli re engendrant des rapports sociaux singuliers Il n est plus comme la plupart des pratiques qu un ensemble d op rations signal tiques Il entre dans le design g n ral de la vie c est dire dans l encadrement par les signes C est ainsi que les termes du travail et de la production tombent plat et se placent comme d autres termes tels que le loisir et la consommation l int rieur du syst me qui volue en fonction des oppositions distinctives sans recourir la r f rence externe et r
274. l matique de l espace chez Lefebvre a La mondialisation de l tat et la production de son espace b La question de l chelle et la dialectique de l int gration d sint gration Conclusion Bibliographie Table des mati res 295 225 229 229 235 240 240 246 256 273 293
275. la r sistance de l autre l identit d o sa violence En elle r side aussi le sujet pour autant que sa domination r elle produit les contradictions mais ces derni res impr gnent l objet Mettre purement la dialectique au compte du sujet supprimer la contradiction pour ainsi dire par elle m me a aussi pour r sultat d liminer la dialectique en l tendant en totalit L objet ainsi pos appara t comme la chose en soi que Kant distingue du ph nom ne Mais Adorno refuse de r soudre son caract re non identique dans la perspective subjectiviste soit le sujet l gislateur de Kant soit l esprit absolu de Hegel Nous laissons d embl e de c t le d dain qu il exprime avec Max Horkheimer dans La dialectique de la raison l gard de la culture de masse le jazz le filme etc Notre int r t r side dans son point de vue m taphilosophique Par exemple il d clare dans son premier article titr L actualit de la philosophie La crise de l id alisme quivaut une crise de la pr tention philosophique la totalit La pr tention de la pens e la totalit est rejet e sur la pens e elle m me et m me l elle finit par se 202 briser Nous trouvons dans ces passages l affinit de doctrines de Ch telet qui conteste la preuve int gralement l gitim e par Hegel en d autres termes la d monstration id aliste afin de marquer la sp cificit
276. laisser la philosophie ouverte aux autres sciences et aux pratiques humaines Pour comprendre l implication de la m thode elle m me 1l faut quitter pour l instant l ntroduction et passer au moment o Lefebvre essaie d ouvrir la philosophie la science sociale en particulier la sociologie rurale sur le terrain de laquelle il d cide de s affronter aux contenus empiriques et scientifiques et d laborer sa m thode dialectique C est dans l article Perspective de la sociologie rurale de 1953 qu il la 14 Maurice Blanchot La parole quotidienne L entretien infini Paris Gallimard 1969 pp 355 366 p 357 150 Lefebvre Critique de la Vie quotidienne l Introduction op cit p 209 15 Thid p 190 152 Thid p 191 82 formule comme une des formes de la pens e dialectique nomm e m thode r gressive progressive Bien entendu les recherches de la vie quotidienne et de la sociologie rurale se distinguent proprement par leurs objets scientifiques par exemple la r alit paysanne se constitue des complexit s horizontales g ographique et verticales historique Mais un lien tiss entre eux se v rifie par l adage nous l avons vu de Hegel qu il cite en d but d article La question m thodologique un des enjeux th oriques de l article se pose en critique des tendances de la sociologie rurale am ricaine simplifier le probl me m thodologique de prendre la
277. lation qui prend forme dans l ordre de l espace constitutif de la fonction de la soci t Quant la vitesse il remarque Le pouvoir politique de l tat n est donc que secondairement le pouvoir organis d une classe pour l oppression d une autre plus mat riellement il est polis police c est dire voirie et ceci dans la mesure o depuis l aube de la r volution bourgeoise le discours politique n est qu une s rie de prises en charge plus ou moins conscientes de la vieille poliorc tique communale confondant l ordre social avec le contr le de la circulation des personnes des marchandises et la r volution l meute avec l embouteillage le stationnement illicite le carambolage la collision Elle concerne aussi le changement de perception de la vie quotidienne qui s explique par la tendance l absence de contact avec le corps d autrui Ainsi la voiture faisant pr valoir la fonction de circuler sur le contact avec autrui confine son conducteur dans une forme et un comportement produit par la vitesse Quant la question de l hygi ne il affirme que l hygi nisme au del du soin du corps et des simples pr cautions corporelles fait percevoir le bruit et l odeur d autrui et retirer les individus chez eux plut t que de participer aux activit s sociales Du reste suivant l opposition entre la sant et l insalubrit les comportements individuels promeuvent
278. le ch timent contre la transgression de la loi et qui se caract rise par la r pression 331 x re o 4 Un m lange d ob issance et de transmission de la connaissance date du changement du contrat de l apprentissage corporatif de XVIIe si cle dans lequel le ma tre est oblig de donner son l ve moyennant son argent et son travail tout son savoir sans garder pour lui aucun secret sinon il est passible d amende L exemple que Foucault prend est l dit de 1667 qui cr ait la manufacture des Gobelins En remarquant que cette manufacture est un prototype de l organisation d une cole il pr cise rapport de d pendance la fois individuelle et totale l gard du ma tre dur e stauaire de la formation qui est conclue par une preuve qualificatrice mais qui ne se d compose pas selon un programme pr cis change global entre le ma tre qui doit donner son savoir et l apprenti qui doit apporter ses services son aide et souvent une r tribution La forme de la domesticit se m le un transfert de connaissance Michelle Foucault Surveiller et punir Paris Gallimard coll Tel 1993 1975 pp 183 184 Nous soulignons 168 Cette nouvelle conception du pouvoir pr sent e dans Surveiller et punir se reformule dans La volont du savoir o il distingue le nouveau mod le du pouvoir nomm biopouvoir lui m me divis en deux sous cat gories l une est le pouvoir discipl
279. le fait que Lefebvre fonde la nature humaine sur la vie quotidienne en tant que telle Il la d duit de la proc dure qui ressemble la r duction transcendantale que la ph nom nologie husserlienne effectue pour d montrer l vidence et l irr ductibilit du moi au m canisme psychologique et physique la diff rence d Husserl Lefebvre n applique pas cette r duction au moi mais la vie quotidienne la fin de La Critique de la vie quotidienne dans l dition de 1947 Lefebvre crit Les rapports des groupes et des individus interf rent dans la vie quotidienne d une mani re qui chappe partiellement aux sciences sp cialis es Ces sciences tirent par abstraction de la r alit humaine prodigieusement complexe certains rapports certains aspects essentiels L puisent elles Il semble qu apr s avoir t de la r alit humaine les rapports actuellement connus par l histoire par l conomie politique par la biologie il reste une sorte d norme masse informe mal d finie C est le fond obscur dont se d tachent les rapports connus et les activit s sup rieures scientifique politique esth tique De cette mati re humaine l tude de la vie quotidienne fait son objet propre Elle l tudie en elle m me et dans son rapport avec les formes diff renci es sup rieures qu elle supporte Et c est ainsi qu elle contribuera saisir le contenu total de la conscience elle apporte
280. le pose d s l ouvrage Le pouvoir 454 Jbid p 92 455 Nicos Poulantzas L tat le pouvoir le socialisme Paris P U F 1981 1978 p 137 232 politique et classes sociales de l tat capitaliste la question de savoir pourquoi le capitalisme s articule avec la forme actuelle de l tat Ce rapport entre l conomie et l tat se tisse en gardant pour chacun une autonomie relative En d autres termes en ind pendance de la premi re mais au travers des appareils que le second poss de il est d ores et d j pr sent dans la constitution m me des rapports de production Sur ce point Poulantzas ajoute aux appareils id ologiques en particulier les coles et les medias de masse et r pressifs la police et l arm e dans le cadre th orique d Althusser ces deux choses d une part le r le du consensus que Gramsci met en avant dans son trait d h g monie d autre part la fonction conomique que l tat assure dans son propre domaine c est dire son appareil conomique dont Poulantzas prend deux exemples INSEE L Institut National de la Statistique et des tudes conomique cr en 1940 en succession de la vielle Statistique g n rale mise en place en 1840 et DATAR D l gation l am nagement du territoire et l action r gionale cr e en 1963 7 Ainsi elles permettent la pr sence de l tat dans les rapports de production D ailleurs le rappor
281. leine et l criture qui se confronte au monde pr supposent l abandon que Breton a d clar dans le Manifeste d un principe essentiel du r alisme selon lequel une description devrait correspondre avec rigueur son r f rent Cet imp ratif antilitt raire ou bien de l antiroman Breton continue l observer dans Nadja comme son Avant dire ajout son dition de 1962 qui affirme l abondante illustration photographique a pour objet d liminer toute description celle ci frapp e d inanit dans le Manifeste du surr alisme Alors cette nouvelle autonomie de la po sie s tablit par le principe de 6t Ibid p 94 6 Michel Foucault C tait un nageur entre deux mots op cit p 583 6 Andr Breton Nadja in uvres compl tes I Paris Gallimard coll Pl iade pp 643 753 p 645 40 l limination de toute description l appui de l appareil de photo typiquement des temps modernes Aussi prend elle une m me valeur que celle que Roland Barthes essaie de donner un exc s de pr cision ou bien une folie de description Cette question semble pertinente non seulement parce que ce principe est exactement contraire celui de Breton mais aussi parce que cet exc s du langage qu il trouve comme une sorte de signifiant flottant aussi bien dans Bouvard et P cuchet de Gustave Flaubert que dans les romans de Robbe Grillet un des repr sentants de Nou
282. les conseils ouvriers Soviet En r alit l essai de L nine qui attache de l importance aux conseils lieu de la d mocratie directe et qui limine la d mocratie repr sentative sans condition arrive au paradoxe suivant pr f rer le r le du parti celui des conseils chouer inventer la nouvelle institution politique et r instaurer par cons quent la domination de l tat bureaucratique cette strat gie r volutionnaire il substitue celle de l articulation de la d mocratie directe ext rieure au parlement avec la d mocratie repr sentative En m me temps il abandonne la notion de dictature du prol tariat attach la th orie du double pouvoir parce qu elle a une fonction d occulter le probl me fondamental celui pr cis ment de l articulation d une d mocratie Ba re A 459 repr sentative transform e et de la d mocratie directe la base DE Poulantzas L tat le pouvoir le socialisme op cit pp 145 146 Cf Nicos Poulantzas IV Questions sur le pouvoir 1977 Rep res Hier et aujourd hui Paris Masp ro 1980 pp 137 162 pp 146 162 4 Poulantzas met au point cette strat gie dans la conclusion de son ouvrage titr e Vers un socialisme d mocratique Poulantzas L tat le pouvoir le socialisme op cit p 283 Significativement dans cette partie Poulantzas se r f re La r volution russe de Rosa Luxemburg pour fonder son discours Sous l
283. les photocopies des derniers journaux sovi tiques des publications litt raires et philosophiques et des num ros de Arkhiv K Marksa I F Engel sa l institut de Karl Marx et Friedrich Engels la maison majeure d dition du p riodique de l institut Marx Engels La source de ces mat riaux est de David Rizanov un directeur de l institut qui est g n ralement connu par son attachement la diffusion des textes de Marx et pour son esprit p n trant Sans doute a t il re u quelques articles des plus importants et controvers s crits par des th oriciens majeurs du marxisme Les Philosophies de la Revue rel guent r solument leur crit au profit de la publication des traductions de ces mat riaux d terminants Dans ces travaux de traductions nous trouvons la lettre Lavrov de Marx 8l Henri Lefebvre Verdun par le mar chal P tain Revue marxiste N 6 le 1 juillet 1929 pp 719 720 82 R mi Hess Henri Lefebvre et l aventure du si cle Paris A M M taili 1988 p 78 Bud Burkhard The Revue Marxiste 1929 French Marxism between the Wars Henri Lefebvre and the Philosohpies New York Humanity Books 2000 pp 105 132 p 107 nous traduisons 49 l article de Engels titr Sur la dialectique De la signification du militant marxiste de L nine ainsi que d autres Mais le plus important sont les textes dits Les manuscrits conomico philosophique de Marx dans les
284. liers entre autres de la vie quotidienne et de la th orie de l espace D s lors si l on ne consid re pas la pens e marxiste comme un vestige d mod et en ruine il faut la reprendre la lumi re de l actualit et de fa on pragmatique 22 Ibid p 5 2 Daniel Bensa d Politiques de Marx Des luttes de classes la guerre civile en France in Karl Marx et Friedrich Engels nventer l inconnu Textes et correspondance autour de la Commune Paris La Fablique 2008 pp 7 103 p 7 ce propos voir aussi l autre livre de Bensa d Marx mode d emploi Dessins par Charb Paris D couverte 2009 10 Or comme l crit souvent Lefebvre le marxisme n est pas monolithique Son essence ne peut pas se r duire quelques interpr tes privil gi s soit L nine soit Trotski soit Mao Plut t en reconstituant l histoire des discours il se d finirait pour reprendre les mots de Michel Foucault comme repr sentant une position trans discursive ou de discursivit en tant que permettant la possibilit et la r gle de formation d autres textes selon lesquelles cette pens e n appartient pas seulement l ensemble de l uvre sign e par Marx mais aussi la pratique des autres pens es qui pourtant viennent de ce qu il a fond Toutefois si cette unit discursive et ouverte interdit l existence des ruptures et des pol miques en elle m me alors elle se d
285. lit de la Lib ration aux ann es 1960 Cela d autant plus qu il y a l exclusion de Lefebvre du PCF en 1958 soit deux ans apr s la critique lanc e par Nikita Khrouchtchev contre Joseph Staline et l insurrection de la Hongrie ce titre nous sommes conduits l ouvrage de Fran ois Ch telet Logos et praxis sorti originellement en 1961 qui nous semble tre l un des premiers s efforcer de donner une d finition la philosophie marxiste notamment d velopp e en France de l apr s guerre au d but des ann es 60 ou bien de caract riser la nouvelle conception que Marx apport l histoire de la philosophie Cela est exprim par Ch telet dans la pr face du son ouvrage Le but de la pr sente recherche qui tente de saisir la signification th orique du marxisme c est dire de d finir la mani re dont Marx en opposition la philosophie traditionnelle con oit le travail th orique dans sa forme et dans son contenu est de contribuer lever cette hypoth que Le fil directeur qui guidera cette enqu te est qu aujourd hui aussi bien chez les adversaires que chez les partisans du mat rialisme marxiste a t oubli e l id e d cisive pour Marx qu il faut cesser de faire de la philosophie au sens o Platon et Hegel font de la philosophie que la t che de la pens e th orique est d sormais autre et que la constitution d un discours universellement recevable pour n cessaire q
286. litique domestique o se forme le nouvel ordre de l espace les habitants ob issent la fonction de vitesse g n r e par la voiture et la norme de propret propag e par les revues f minines illustrant pour reprendre l expression de Benedict Anderson le capitalisme de presse et auxquels donnent corps les appareils lectriques et l quipement du logement Elles exigent de nous plier cette norme C est pour Ross un leurre vis vis des travaux m nagers Au demeurant la ville elle m me fait ob ir cet ordre Bien s r dans ce processus il y a des aspects positifs que fournissent aux consommateurs ces normes Il y a donc quelque chose de semblable la normalisation que Michel Foucault d couvre dans l usine la caserne l h pital de 19 si cle Il observe que l ob issance aux normes tablies dans ces lieux a pour corollaire de transmettre aux gens la connaissance des domaines d termin s c est dire le savoir faire par exemple les ouvriers ob issant aux r gles de leur lieu augmentent leur productivit aussi bien 3I Il en r sulte que que les soldats le faisant renforcent leur capacit de destruction l ob issance et l am lioration des capacit s individuelles et collectives deviennent ins parables Cette normalisation que Foucault nomme aussi positivit du pouvoir s oppose en quelque sorte la n gativit du pouvoir qui s exerce sous forme juridique
287. ls ajoutent la pens e conomique de Marx la dimension la fois id ologique et politique Les rapports entre hommes sont masqu s par des rapports entre objets La marchandise est un rapport entre objets qui contient en le dissimulant un rapport entre hommes vivants L effet devient cause La conscience de la production est masqu e et inhib e par la repr sentation du produit Cela dans des conditions complexes o intervient tr s t t l action politique des castes et classes dominantes pour arr ter la repr sentation ce stade mystificateur Nous ne pouvons qu indiquer ici ces processus complexes qui emp cheront longuement jusqu la p riode prol tarienne la soci t d tre repr sent e dans une id e A 139 ad quate 138 Henri Lefebvre et Norbert Guterman La conscience mystifi e op cit p 106 13 Ibid p 159 74 Cet effort serait marqu par une ressemblance celui de Gy rgy Luk cs lorsqu il refuse la th orie du reflet entre la superstructure et la base conomique pour d velopper la th orie du sujet prol tarien notamment dans son Histoire et conscience de classe Toutefois comme le montre Tosel encore que Luk cs marque le passage de la conscience de classe en soi la conscience de classe pour soi en attribuant un prol tariat id al le pouvoir de disposer en toute connaissance de cause du savoir de la totalit sociale et de l utiliser pour se faire force his
288. lt rieures Marseille Agone 2010 2002 12 Elle r dige la pr face de la version de l anglaise de Ma tre ignorant 5 R mi Hess Henri Lefebvre et la pens e du possible Paris Anthropos 2009 Hugues Lethierry Penser avec Henri Lefebvre sauver la vie et la ville Lyon Chronique sociale Avant propos de Andr Tosel Pr face de R mi Hess 2009 Laurence Costes Henri Lefebvre Le droit la ville Vers la sociologie de l urbain Paris Ellipses 2009 Et d ajouter deux revues qui publient respectivement le num ro sp cial portant sur Lefebvre Voir les articles de ces coordonnateurs Thierry Paquot Red couvrir Henri Lefebvre in Droit de cit Rue Descartes n 63 Paris Presses Universitaires 6 Michel Tr bitsch et deux revues M mensuel marxisme mouvement et Espaces et Soci t s cofond e en 1970 par Henri Lefebvre et Anatole Kopp le sp cialiste de l architecture et de l urbanisme sovi tiques qui publient chacune un num ro largement consacr son uvre voir l article de t te de chaque revue pour en appr hender l aper u Nous nous demanderons donc pourquoi l accueil fran ais de Lefebvre manifeste un retard en contraste de l cho anglo saxon Il faut m me lapidairement pr ciser la raison Cela peut s expliquer au moins par deux facteurs Premi rement selon R mi Hess sa pens e s coulait sur le terrain universitaire au fur et mesure que la pr sence d Althus
289. lus haut refuse ces deux interpr tations communiste et lib rale pour mieux restituer le contexte historique compliqu et juger ce qu il y a dans cet v nement historique Nous prenons le parti de cette position 64 c Mystification politique C est au d but du tournant d cisif marqu par la mont e du fascisme que la critique de la philosophie universitaire caract ris e par l int riorit parvient au del de cette int riorit au social Dans cette double transition politique et th orique il s agit de la th orie de la mystification dont l effet est produit par la m diation des id es et des repr sentations Cette th orie nous renvoie au probl me de la conscience Lefebvre et Guterman disent de la mystification ceci Nous appelons mystification ce moment de la conscience sociale de l id ologie o d anciennes formes en voie de d passement deviennent mensong res Dans cette perspective la forme des id es n est pas ternelle mais elle doit se juger par rapport au processus historique qui la fait vaciller Pour clarifier la th orie de la mystification il nous faut tout d abord examiner le premier article de la revue dans lequel elle apparait Ensuite nous trouverons son d veloppement dans l article la mystification et La conscience mystifi e qui en r sulte En faisant ces lectures nous d couvrirons les liaisons entre la th orie et la pratique entre la pens e et la vie quot
290. m thode analytique a men n gliger la totalit ce fonctionnalisme analytique il oppose la th se ayant le point de vue du tout o la ville projette sur le terrain une soci t tout enti re une totalit sociale ou une Mes Aire 7389 soci t consid r e comme totalit C est ainsi que la ville est consid r e comme un miroir qui refl te sa culture ses institutions son thique ses valeurs en bref ses superstructures y compris sa base conomique et les rapports sociaux qui constituent sa structure proprement dite Mais pour Lefebvre la ville ne se r duit pas seulement la projection de la structure sociale sur son espace il faut lui ajouter les processus de 387 Henri Lefebvre Les nouveaux ensembles urbains Du rural l urbain op cit pp 109 128 p 114 388 Henri Lefebvre La vie sociale dans la ville Du rural l urbain op cit pp 129 152 p 146 389 Thid p 147 201 n gociation au fil de sa formation et donc l paisseur de son pass ainsi que son pr sent continuellement changeant C est pr cis ment ce que Lefebvre formule Si la ville projette sur le terrain une totalit sociale on constate que l histoire entre dans cette totalit et le temps Cela doublement le temps y entre avec l histoire en tant que pass cristallis et en tant que changement actuel les parties r agissant sur le tout Bas sur ce point de vue du tout de la
291. m thode purement descriptive et empirique et de parvenir un empirisme int gral et un formalisme statistique Lefebvre explique ces tendances par le contexte historique du rural aux tats Unis la vie paysanne am ricaine originairement n e de la colonisation tablissement de colons et du peuplement sur une terre cens e tre libre re oit de la ville les mod les culturels et ne d veloppe pas sa propre culture paysanne par rapport au milieu paysan europ en o 154 En d autres termes d faut du r sidu f odal l agriculture a pr c d l industrie s il y a une culture paysanne elle n a pas d l ments traditionnels originaires Dans cette caract ristique sans histoire de l histoire de la vie paysanne am ricaine Lefebvre rep re la raison de l usage de la m thode descriptive et empirique par la sociologie rurale am ricaine En clair si Gramsci entend par am ricanisme une mergence des masses comme tant un effet de reflet direct de la base conomique le 153 L aphorisme de Hegel devrait venir en t te de toute m thodologie des sciences sociales Ce qui est familier n est pas pour cela connu V rit valable pour les gestes de la vie quotidienne par exemple celui d acheter ou de vendre un objet quelconque pour les gestes du travail pour la vie sociale dans son ensemble ou encore pour la vie paysanne Henri Lefebvre Perspectives de la s
292. mais aussi 2 l esth tique Au del de la controverse entre l histoire et la structure que suscite le succ s du structuralisme le sien consiste largir l intelligibilit c est dire l horizon de la lecture et de l interpr tation de l histoire b La continuation de la critique passant par l urbain En regard de la discussion de Baudrillard comment penser la position de Lefebvre Il fait le commentaire sans d tailler lors d un entretien de la revue Utopie qu il fonde en 1967 avec l urbaniste Hubert Tonka et ce m me Baudrillard ceci L Utopie cette revue que mes amis Hubert Tonka et Jean Baudrillard continuent publier c est l utopie n gative Ils semblent partir de l id e que le mode de production est tellement cl tur et tellement contraignant que tout en fait partie y compris tout ce qu on peut en penser Cette position m tonne Si tout fait partie du mode de production et de la totalit qu il reproduit le langage en fait partie et aussi les concepts Je ne vois pas comment on peut en sortir m me et surtout pas par la pens e Si les concepts n ont pas la force de traverser le mode de production le marxisme lui m me s effondre avec les concepts critiques Ils font partie du r cup rable Je crois contre certains de mes amis la capacit de la pens e th orique et conceptuelle de ne pas se maintenir dans les limites du mode de production comme totalit
293. mancipation et l autogestion de la Commune de Paris se lient indissolublement toutes les autres Communes ce qui incite la strat gie politique pour transformer l tat dans son territoire et ses r seaux C est sans doute un des points d arriv e du dialogue de Lefebvre avec Debord Simultan ment c est aussi un des points de d part de la pens e de Lefebvre cristallis e dans ses quatre volumes De l tat sortis entre 1976 et 1978 Dans ces gros volumes il d veloppe la th orie des chelles compos e de celles urbaine tatique et mondiale Toutefois avant de l examiner en d tail il reste quelques jalons poser Nous nous contenterons ici de souligner que cet l ment retrouv dans la Commune de Paris sert d entr e la pens e ult rieure de Lefebvre Aussi nous allons continuer avec une des cons quences des analyses qui se ramassent sous la th orie de la quotidiennet notamment par rapport la pens e de Jean Baudrillard 1 3 La r cup ration compl te de la critique ou sa continuation a La s miologie sociologique de la vie quotidienne chez Jean Baudrillard Baudrillard a eu une formation de germaniste et traduit en fran ais des ouvrages de Karl Marx Bertolt Brecht et Peter Weiss crivain et dramaturge juif allemand Il se dit que sa pens e est marqu e par l influence du s miologue Roland Barthes Par 299 y Ibid p 151 300 Karl Marx trad fr Henri Auger Gilbert Badia
294. mard 1971 pp 597 619 Maurice Blondel L action 1893 Paris PUF Quadrige 1993 Christophe Bourseiller Vie et mort de Guy Debord 1931 1994 Pascal Galod dition 2012 Bertolt Brecht Brecht crits sur le th tre dition tablie par Jean Marie Valentin Paris Gallimard coll Pl iade 2000 Neil Brenner Global Fragmented Hierarchical Henri Lefebvre s Geographies of Globalization Public Culture 10 no 1 1997 pp 137 169 Global Cities Glocal States Global City Formation and State Territorial Restructuring in Contemporary Europe Review of International Political Economy 5 1 1997 1 37 New State Spaces Urban Governance and the Rescaling of Statehood Oxford University Press 2004 282 Alain Brossat Aux origines de la r volution permanent la pens e politique du jeune Trotsky Paris Fran ois Masp ro 1974 et Sylvia Klinberg Le Yiddishland r volutionnaire Paris Syllepse nouvelle dition 2009 1983 Autocritique Contre Althusser pour Marx Paris Les ditions de la passion nouvelle dition revue et augment e 1999 1974 pp 303 300 L preuve du d sastre Le XX si cle et les camps Paris Albin Michel 1996 Le corps de lennemi hyperviolence et d mocratie Paris La Fabrique 1998 Pour en finir avec la prison Paris La fabrique 2001 La D mocratie Marseille Al Dante 2013 Wendy Brown Les habits neu
295. mble tre partag e par les philosophes ult rieurs Par exemple Alain Brossat un des contributeurs du Contre Althusser dont la premi re dition est parue en 1974 r appr cie maintenant l essai d Althusser en ce sens qu il d fend la notion d une irr ductibilit du domaine philosophique aux exigences de la politique Il y a aussi Alain Badiou qui se d clare disciple h ritier de sa pens e comme l exprime le titre d un de ses ouvrages Peut on penser la politique Or en va t il de m me pour le d passement de la philosophie ou la m taphilosophie conceptualis es par Henri Lefebvre Ce qu Althusser nomme le dehors de la philosophie correspond au reste que Lefebvre propose dans sa philosophie Chez ce dernier la philosophie conserve l h ritage de la tradition philosophique mais se d passe elle m me au moment o la pratique surgit Sur ce point au del des querelles sur l humanisme nos deux philosophes vont se croiser dans le temps Althusser se rapprochant de conceptualisations de Lefebvre bien plus tard partir des ann es 70 Nous continuerons de rapprocher la pens e de Lefebvre avec celles d autres philosophes en vue de la situer dans l histoire de la pens e contemporaine Par exemple sa vue marxo nietzsch en est tr s proche de celle de Deleuze en particulier lorsque celui ci se penche sur les Consid rations inactuelles le philosophe forme des concepts qui ne son
296. mblement dialectique c est dire le groupe en fusion en tant que cr ation de la libert qui brise le monde pratico inerte Alors la chute dans le monde pratico inerte traduit elle une ali nation sp cifique Qu est ce que l homme en tant que porteur de la praxis ali ne En un mot cela para t tre ses fins L ali nation appara t pr cis ment comme un vol des fins de la praxis les notions d ali nation et de mystification n ont pr cis ment de sens que dans la mesure 721 Thid p 181 note 1 22 Jbid p 181 114 223 o elles volent les fins et les disqualifient C est ce que Sartre nomme contre finalit C est pr cis ment dans une section de la Critique de la raison dialectique intitul e La mati re comme praxis renvers e que Sartre nous donne un exemple concret de l ali nation comme contre finalit Il s agit du d boisement en Chine Les paysans chinois sont des colons pendant quatre mille ans ils ont conquis le sol arable aux fronti res du pays contre la Nature et contre les nomades Un des aspects de leur activit c est le d boisement qui s est poursuivi de si cle en si cle Cette praxis est vivante et r elle elle garde un aspect traditionnel hier encore le paysan arrachait les arbrisseaux pour laisser place nette au millet Mais en m me temps elle s inscrit dans la Nature positivement et n gativement Son aspect positif c e
297. me il va et veulent le changer C est pourquoi M Brunschvicg n aime pas Marx Ce faisant derri re cette philosophie poursuivant l ternit confortable Nizan d c le une id ologie qui fonctionne son insu au service de l appareil de l tat Sans doute cela sert aussi de r ponse la question du repli sur soi dans la philosophie que nous avons marqu e Ce qui est ici en question est assez clair il se trouve que depuis un peu plus d un si cle la philosophie fran aise quelques francs tireurs pr s est une fa on d institution publique Les id es philosophiques sont dans une situation privil gi e Elles poss dent pour s exprimer et se r pandre un v ritable appareil d tat Comme la justice Comme la police Comme l arm e Elles sont une production de l universit si bien que tout se passe comme si la philosophie tout enti re n tait rien d autre qu une philosophie d tat En un mot la philosophie que Nizan vise rend possible le repli sur soi sous la 104 Ibid p 32 105 Ibid p 60 106 Thid p 116 59 condition qu elle est indiff rente sa position et la fonction qu elle remplit dans son histoire Dans cette critique parue trois ans apr s la crise conomique de 1929 nous trouvons la raison forte parce qu elle insiste sur la n cessit de rendre compte de l importance de la position que la philosophie prend et de la perspective qui en surg
298. meilleure part d entre nous l espoir de changer la vie tout de suite par an acte inaugural et d cisif par une d claration des droits de la po sie et de la pens e Refus d fi volont tel fut l engagement Quand ce concept se formula il n avait presque plus de sens Apr s 1925 c est dire apr s l chec de la r volution po tique et philosophique nous ne r sili mes pas l engagement Nous avons seulement pens remettre au Parti le soin de r diger cette nouvelle d claration des droits ainsi que de la mettre en uvre C est cet acte inaugural de la pens e destin changer la vie que nous regardons de plus pr s pr sent En quoi Lefebvre est contemporain de Breton en tant que penseur de la vie quotidienne Dans quel contexte d veloppe t il ce th me de la vie quotidienne Passons au deuxi me moment de l entre deux guerres inaugur par la publication en 1929 de la Revue marxiste dans laquelle nous y rep rons la vie quotidienne chez Lefebvre 77 Henri Lefebvre 1925 La Nouvelle Revue Fran aise Paris avril 1967 n 172 pp 707 719 p 717 718 78 Thid p 710 47 1 3 La vie quotidienne en tant que connaissance th orique et politique Lefebvre face la mont e du fascisme a La d couverte du jeune Marx dans a Revue marxiste La Revue marxiste est cr e en 1929 en marge du Parti communiste fran ais patronn e politiquement par Charles Rappoport Ru
299. ment compliqu e concernant la revue Arguments Il est arriv l id e d arr ter la publication des Arguments parce que quelques membres de son comit tels qu un ami Kostas Axelos pensaient que son r le est achev ceux ci pensaient qu ils n y ont plus rien dire En fait j ai le texte d Axelos dans lequel il parle de la dissolution du groupe et de la revue ils pensaient que cela tait fini et qu il valait mieux cesser son activit que de seulement la continuer J ai sans cesse re u les informations sur leur discussion Pendant un change avec Guy Debord nous en avons parl et Debord m a dit que Notre revue l Internationale situationniste a se succ der aux Arguments D s lors l diteur des Arguments et tous les concern s ont du s y accorder Toutes ces choses d pendent alors d un certain homme qui est tr s puissant alors dans le champ de l dition il tait charg de la chronique litt raire de L Express collaborateur la Nouvelle revue fran aise et aux ditions de Minuit Il tait tellement puissant que tout d pendait de lui Or en ce moment o je suis dans une s paration avec une femme si am rement 244 Christophe Bourseiller Vie et mort de Guy Debord 1931 1994 Pascal Galod dition 2012 pp 144 145 Ai Guy Debord Mich le Bernstein Attila Kot nyi et autres Aux poubelles de l histoire tract 21 f vrier 1963 pr c d de Raisons d
300. mentionn ci dessus qu elle voire celle des usages de la vie quotidienne d rive de celle des cadres th oriques l ontologisme et la sociologie En fait elle soul ve la question de savoir d o vient l ali nation Se pose t elle sur le plan de la science de l tre ou bien sur celui de la science du social Par l ontologisme Lefebvre d signe le processus qui conduit faire de l ali nation une structure d tre au lieu de la reconna tre d abord comme une 216 structure sociale 215 216 Henri Lefebvre La somme et le reste op cit p 517 Laurent Husson Sartre et Lefebvre Ali nation et quotidiennet Sartre et Le Marxisme Paris La Dispute 2011 pp 217 239 p 226 111 Cette confrontation entre l ontologisme et la sociologie Husson l op re partir des livres de Lefebvre sortis imm diatement apr s la seconde guerre mondiale L existentialisme la Critique la vie quotidienne Introduction etc Toutefois elle semble ignorer la sp cificit du concept d ali nation chez Sartre Dans la mesure o nous pouvons consid rer L tre et le n ant comme un essai d claircir la structure de l existence comme libert individuelle nous pouvons comprendre la Critique de la raison dialectique comme moyens de penser les conditions sociales qui rendent cette existence possible Si le premier se situe dans le cadre de l ontologie le second s en distinguant contien
301. mme tant un contenant vide o les choses se mettent et se rangent et qui est indiff rent et ext rieur ses contenus par cons quent totalement s par Si bien que cet espace est donn invariant inanim sans temps ni histoire Autrement dit dans cette repr sentation l espace s identifie aux coordonn es o les choses se rep rent et se classifient De ce point de vue on peut comprendre pourquoi Lefebvre appelle cet espace math matiquement ou g om triquement espace euclidien et l instar de Newton physiquement espace absolu Cette appellation renvoie au mod le stable et d termin de l espace qui se caract rise galement par la chose en soi dou e d une existence ind pendante de la mati re Il en r sulte qu il poss de la fonction de classification et d isolation de telle ou telle chose par exemple il est utilis pour tablir 37 Oblet 3 Moderniser la soci t par l urbain op cit p 102 196 la faune et la flore en tant que tableaux dans diverses r gions Il est d s lors essentiel de r fl chir la nature de l espace cette conception et son usage taxinomique Lefebvre oppose celle leibnizienne nomm e l espace relatif Leibniz oppose sa conception celle de Clarke qui est alors adepte de Newton Leurs correspondances ont t pr sent es en France par Andr 381 7 7 7 TT 382 et Alexandre Koyr y a consacr des tudes d t
302. moment v cu de conscience un statut th orique a me semble une exigence valable un niveau restreint et localis Lefebvre Le temps des m prises op cit p 203 7 Henri Lefebvre Humanisme et urbanisme quelques propositions repris in Du rural l urbain Paris Anthropos Troisi me dition 2001 1970 pp 153 157 p 154 192 Pour ce faire avant d entrer dans le vif nous allons restituer le contexte de l urbanisme auquel Lefebvre s affronte notamment suivant la formule du sociologue Cette restitution nous urbain Thierry Oblet moderniser la soci t par l urbain permet de mieux comprendre pourquoi Lefebvre regroupe la technocratie et l urbanisme l image d un Le Corbusier sous la m me rubrique de l urbanisme fonctionnaliste qui est de fait sa cible critique Le point de vue du sociologue est diff rent de celui de l urbaniste si on prend aujourd hui globalement la pens e des urbanistes qui g n ralement s inspirent de Le Corbusier 7 R p tons que nos aller retour entre contexte et texte a pour but dernier de proposer une nouvelle lecture de Lefebvre a Sur la br ve histoire de la modernisation de la soci t par l urbain De 1950 1970 deux visions de la modernisation entrent en concurrence La premi re repose sur une id e selon laquelle le progr s conomique s accompagne automatiquement du d veloppement social la seconde tient compt
303. n en ce qu elle s oppose la repr sentation Dans cette optique la reproduction d objet ou la reproductions artificielle du fonctionnement d un appareil et d un ph nom ne que sont respectivement les simulacres et la simulation n ont aucune r f rence au r el comme la repr sentation le fait sous forme d quivalence entre le signe et le r el C est ainsi que tandis que la repr sentation tente d absorber la simulation en l interpr tant comme fausse repr sentation la simulation enveloppe tout l difice de la repr sentation lui m me comme simulacre En un mot la simulation se caract rise par l irrepr sentable en m me temps que par l abolition des termes bipolaires entre le r el et l irr el ainsi qu entre la v rit et l illusion Voil le passage du r el dans l hyper r el sans r f rentiel r el proclam par Baudrillard Il est la question de savoir quel est cet espace seulement circonscrit par l change des signes sans aucun recours la r f rence Sur ce point en d crivant l envahissement 310 Jean Baudrillard Simulacres et Simulation Paris Galil e 1981 p 16 311 Jhid 158 dans la ville moderne de l antinature qu est la technique en g n ral tel que l clairage au gaz le chemin de fer etc Lefebvre emploie le mot clatement du r f rentiel au sens o les mani res de percevoir des objets se trouvent conditionn
304. n chez Sartre voir G rard Wormser Ali nation Fran ois Noudelmann et Gilles Philippe dir Dictionnaire Sartre Paris Honor Champion 2004 pp 26 27 112 p les n est ni celui de l ext riorit ni celui d une dichotomie simple par exemple entre esprit et mati re Il peut remonter comme une des sp cialistes de Sartre l indique celui des deux dimensions de l tre la fois radicalement distingu es l une de l autre et li es l une l autre c est dire de l tre en soi le monde objectif et donn et de le l tre pour soi la pure spontan it de la conscience qui s tablissent dans L tre et le n ant le pour soi et l en soi sont r unis par une liaison synth tique qui n est autre que le pour soi lui m me En paraphrasant cette phrase nous pouvons dire que le rapport d int riorit le pour soi avec l ext riorit l en soi se fonde sur le rapport d int riorit lui m me la praxis Partant de l nous pouvons comprendre les mots de Sartre La d couverte capitale de l exp rience dialectique c est que l homme est m di par les choses dans la mesure m me o les choses sont m di es par l homme c est ce qu on nomme la circularit dialectique Tout se passe pour ainsi dire dans cette circularit deux p les l homme est chosifi par les choses et la chose en retour est humanis e
305. n d change du signe celle de la monnaie et la d claration du passage de la loi marchande la loi structurale de la valeur La premi re repose sur l analogie suivante l change des termes de la langue peut poss der les deux dimensions d une monnaie qui peut s changer contre un terme quelconque fix un bien particulier de quelque valeur en m me temps qu elle et qui peut tre mise en rapport avec tous les autres termes th oriquement n importe quel bien du syst me mon taire Cette seconde dimension est pr cis ment le rapport d quivalence g n rale formul par Marx alors que la premi re est d termin e par l objectif pratique c est dire la valeur d usage Baudrillard assimile la seconde celle linguistique de la relativit interne au syst me g n ral et faite d oppositions 4 ENA 5 31 ue z distinctives de tous les termes entre eux et la distingue de l autre dimension savoir la relation de chaque terme ce qu il d signe de chaque signifiant son 313 Henri Lefebvre La fin de l histoire Paris Anthropos 2001 1970 p 94 314 Jean Baudrillard L change symbolique et la mort Paris Gallimard 1993 1976 p 17 160 signifi comme de chaque pi ce de monnaie ce qu on peut obtenir en change En un mot se fondant sur cette analogie il tablit les deux dimensions communes des syst mes langagiers et mon taires la dimensio
306. n de lutte de classes recouvre les rapports sociaux de production en r gime capitaliste et les puise Ils ont donc n glig l tude des rapports de production en tant que li s au d veloppement des forces productives En partant d une notion abstraite de la lutte de classes on a n glig non seulement d tudier les modifications r centes du capitalisme comme tel mais la socialisation de la production et le contenu nouveau des rapports sp cifiquement capitalistes tude qui aurait peut tre modifi la notion de lutte de classes et amen d couvrir de nouvelles formes de lutte ibid pp 46 47 183 Ibid p 50 97 accompagne sa syst matisation philosophique d une syst matisation politique En outre ces deux cercles ne s quilibrent pas et ne se superposent pas Mais leur relation s exprime avant tout par la subordination absolue de la philosophie la politique Dans ce r gime politique les philosophes ne s engagent plus poser le probl me par eux m mes du moins chez Lefebvre la pens e dialectique pr f re les probl mes aux 5 ME 184 s certitudes et surtout aux certitudes qui se croient d finitives et absolues Aussi le dia mat effectue t il ironiquement le d passement de la philosophie de la fa on dont Lefebvre ne l imagine pas Et Lefebvre de d noncer Le dia mat officiel nous offre ce spectacle affligeant et assez hallucinant tuer l
307. n du premier le bien producteur en second la terre afin d esquiver la crise de l accumulation du capital Lefebvre nonce que le capital peut survivre en occupant l espace en produisant un espace En r alit cette urbanisation se d veloppant in galement l cart entre le centre et la p riph rie s accroit Cela s illustre par trois domaines le red veloppement du centre historique les quartiers des Halles et du Marais la construction des pavillons dans les r gions p riurbaines se voit apr s la Premi re Guerre mondiale l extension des banlieues au travers de l dification de grands ensembles Certes il est absurde de nier la modernisation de la soci t port e par une telle urbanisation Mais nous avons vu dans le pr c dent chapitre en se r f rant l ouvrage de Kristin Ross qu il y a un aspect n gatif dans ce processus appel la seconde hausmannisation celui de la vague d exclusions par le d veloppement urbain qu il implique Il s ensuit que les grands ensembles qui au d but taient des locations pour r soudre la question du logement d alors deviennent un vertical bidonville 487 Henri Lefebvre La survie du capitalisme la reproduction des rapports de production Paris Anthropos 2002 1973 p 15 249 habit par des travailleurs migrants Dans De l tat Lefebvre se focalise sur la formation du centre et de la p riph rie par rapport aux questio
308. n g n rale qu il appelle la structurale et la dimension particuli re qu il appelle la fonctionnelle On s achemine donc vers la deuxi me op ration la d claration de la transition de la loi marchande la loi structurale de la valeur Il s agit de la p riodisation qui indique les avatars de la soci t et pour ainsi dire le nouveau stade du capitalisme exprim par l mergence de ce que Baudrillard nomme r volution structurale de la loi de la valeur dans lequel La valeur r f rentielle est an antie au profit du seul jeu structural de la 316 valeur Dans cette optique la pr pond rance de la seule dimension structurale et syst mique sur l autre brise l harmonie entre eux assur e par le finalisme pour arriver la valeur d usage ou la signification qui existait ant rieurement cette r volution cette dimension structurale fonctionne en toute ind pendance de ses r f rences aux contenus r els et de toutes les formes de la finalit Par ailleurs en ce qui concerne la diff rence de nature entre la loi marchande et la loi structurale de la valeur d un c t la premi re est d termin e par l quivalence entre l usage et l change de l autre la seconde en est d coll e donc ind termin e Cela veut dire l advenir de la valeur de la relativit totale de la commutation g n rale combinatoire et simulation De ce point de vue en d pla ant
309. n pr cise Par crise de l gitimation j entends surtout la fa on dont l id ologie dominante fonctionne en direction des classes domin es en ce qui concerne plus particuli rement leur rapport l tat La crise de l gitimation signifie ici crise de l id ologie dominante dans son r le de cimentation interne de l appareil d tat c est dire concr tement et tout d abord fractionnement et fissures graves au sein du personnel de l tat Mais cela va plus loin cela signifie aussi toute une r organisation de cet appareil institutionnel qu on appelle les appareils id ologiques d tat La crise de la l gitimation de l tat se d finit ainsi comme ce qui concerne le processus qui ne cimente pas seulement le consensus des classes domin es mais aussi celui des personnels les fonctionnaires les staffs etc l int rieur de l tat Cette consid ration s approfondit du reste dans la quatri me partie titr e le d clin de la place pr pond rante en France Toutefois son influence intellectuelle se trouve dans Andr Gunder Franck conomiste et pr curseur de la Th orie de la d pendance dont quelques articles sont publi s dans la revue L Homme et la soci t Sa pr sence est galement perceptible dans deux trait s de la r volution et de l imp rialisme de Hannah Arendt Il est s r que celle ci est famili re avec les crits de Luxemburg en rendant compte du fait qu
310. n rapport avec les hommes ainsi qu avec ses objets la nature humanis e par le travail ce nouvel humanisme correspond la nouvelle pratique politique qui consiste se r approprier l essence de l Homme ali n soit la religion soit l tat Cet humanisme th orique de Feuerbach dit Althusser imprime les ouvrages d avant 1845 tels que Sur la question juive 1843 L introduction la critique de la philosophie du droit Les manuscrits de 1844 Or il affirme que cet humanisme n est plus la base th orique de la troisi me tape qu il per oit dans l itin raire de Marx Son argumentation se d ploie grosso modo en deux sens autour de deux interrogations En 356 Louis Althusser Pour Marx Paris La D couverte 2005 1965 pp 230 231 183 premier lieu comment Marx se d marque t il de tel humanisme th orique En second lieu qu est ce que l on peut tire de la formulation th orique de la politique et de l histoire employ e la place du concept d homme et fond e sur les concepts de formation sociale forces productives rapports de production id ologies d termination en derni re instance par l conomie Dans cette derni re interrogation nous pourrions rep rer la th orie de l id ologie refond e par Althusser Comme une r ponse la premi re interrogation Althusser critique la conception empirico id aliste que pr suppose la probl matique de l anthropologie philosophiqu
311. ncept d chelle chez Lefebvre Nous allons pour notre part comparer cette pens e de l tat avec celle de Poulantzas Pour la discussion il nous semble indispensable de restituer le contexte historique parce que la diff rence de l Allemagne et de l Angleterre la th orie marxiste de l tat n veille plus aucun cho en France Puis nous expliciterons l implication de la crise de l gitimation de l tat et nous focalisant sur le concept d chelle et sur le mouvement de P int gration d sint gration d crits par Lefebvre nous consid rerons le sens et la port e de sa pens e Enfin en synth tisant les r sultats de nos analyses nous esquisserons leur actualit Nous r p tons une fois de plus que nos tudes sont redevables aux recherches pr c dentes non seulement sur Lefebvre mais aussi celles connexes que nous citons Sans elles elles ne seraient pas concevables En outre nous n imaginons pas qu elles puissent puiser le sujet ou lui donner une explication exhaustive voire d finitive Tout au contraire apr s notre parcours nous avons une conviction celle qu elle est encore une bo te outils un tr sor pour r fl chir ce qui se passe dans le monde d aujourd hui Cependant pour saisir cette pens e au mieux il est important de la travailler et de la faire briller dans toutes ses particularit s Nos tudes sont d s lors une 33 Niel Brenner and Stuart El
312. nd r cit et de la victime absolue n ouvre en rien sur l univers multiple des petits r cits chers aux tendres mes multiculturelles Il est purement et simplement un changement de grand r cit et un changement de victime absolue assimilant l histoire moderne de l Occident non plus l mancipation des prol taires mais s 5 E sg 19 l extermination programm e des juifs IS Andr Glucksmann Les ma tres penseurs Grasset Paris 1977 Bernard Henri L vy La Barbarie visage humain Grasset Paris 1977 w Fran ois Cusset La d cennie le grand cauchemar des ann es 1980 Paris D couverte Poche 2008 2006 p 28 18 Jean Fran ois Lyotard La condition postmoderne Paris Minuit 1979 1 Jacques Ranci re Malaise dans l esth tique Paris Galil e 2004 pp 138 139 8 Le totalitarisme et l extermination sont bien entendu tout autant d testables que condamnables Le probl me commence lorsque cette condamnation se substituant l explication rationnelle s applique tous les projets d mancipation politique y compris le marxisme C est ce que Lefebvre a fortement critiqu La pol mique attribuant au marxisme les goulags est doublement hypocrite c est dire com dienne et rh torique Elle pose la pens e de Marx et le marxisme comme une entit anim e d un esprit diabolique Elle lui impute tous les malheurs du XX si cle Quelle puissance A
313. nes pour le passage du f odalisme au capitalisme a lieu entre les m tropoles le monde 488 489 Lefebvre De l tat I op cit p 83 Lefebvre Rosa Luxemburg l accumulation du capital et le mode de production capitaliste et L nine et l ninisme De l tat II op cit pp 305 328 pp 329 364 250 capitaliste et les colonies le monde non capitaliste En appr ciant ce sch me du centre p riph rie Lefebvre quant lui la reformule comme le mouvement dialectique de la d sint gration int gration Mais il y a une diff rence entre Luxemburg et lui en ceci qu il voit cette dialectique largie jusque dans l espace int rieur de l tat Le processus dialectique d sint gration int gration jouant sur l opposition centre p riph rie n atteint pas seulement les aires coloniales et semi coloniales Il s tend au sein des m tropoles aux campagnes et l agriculture l artisanat la ville historique Ce que n a pas vu R Luxemburg En d autres termes l urbanisation se situe au carrefour o se croise le double processus de valorisation du capital et d int gration d sint gration de l espace social Du point de vue actuel son analyse a quelque chose de semblable au concept de 2 4 49 ear accumulation par d possession de David Harvey ou la consid ration de Daniel Bensa d sur la privatisation du monde
314. ng dans des maisons de verre mobiles telles que Loos et Le Corbusier les ont entre temps r alis es Le verre ce n est pas un hasard est un mat riau froid et sobre galement Les objets de verre n ont pas d aura Le verre d une mani re g n rale est ennemi du myst re Il est aussi l ennemi de la propri t La pauvret en exp rience cela ne signifie pas que les hommes aspirent une exp rience nouvelle Non ils aspirent se lib rer de toute exp rience quelle qu elle soit ils aspirent un environnement dans lequel ils puissent faire valoir leur pauvret ext rieure et finalement aussi int rieure l affirmer si clairement et si nettement qu il en sorte quelque chose de valable Ils ne sont du reste pas toujours ignorants ou inexp riment s On peut souvent dire le contraire ils ont ingurgit tout cela la culture et I homme ils en sont d go t s et fatigu s Walter Benjamin Exp rience et pauvret uvre IT Paris Gallimard 2000 pp 364 372 pp 369 371 En clair dans ces phrases Benjamin identifie l aura une valeur humaniste et organique qu excluent de l architecture moderne Le Corbusier et Adolf Loos l auteur de l Ornement et Crime Ainsi chez Benjamin la t che de l art qui est capable de r pondre la disparition de l aura propose la construction du milieu artificiel c est dire le d paysement qui peut accueillir la masse d
315. ns e de Lefebvre partir de sa probl matique de l urbain o il aborde la question de la production et de la reproduction de l espace en tant que lieux m mes de la vie quotidienne Sous cet angle l approche s miologique qui renonce l acc s au r el est strictement limit e parce qu il ne s agit pas de l analyse de la publicit promouvant la vente et la circulation des marchandises mais de la transformation r elle et mat rielle de la soci t port e par cette consommation de masse Pour mieux comprendre ce point il suffit de constater les deux objets fondamentaux et privil gi s de cette poque Comme le montre Ross se r f rant l ouvrage de Michel Aglietta conomiste de l cole de la r gulation le logement social moyen qui est le lieu privil gi de la consommation individuelle l automobile qui est le moyen de 32 129 transport compatible avec la s paration de l habitat et du lieu de travai Effectivement cette transformation se refl te sur le plan de la planification d alors et n a rien voir avec l univers de la simulation Encore suivons la remarque de Ross Paul Delouvrier pr fet de la Seine et nouveau Haussmann poursuivit dans l orientation qui avait r gi la planification de Paris depuis l poque haussmannienne selon laquelle les n cessit s de la circulation devaient l emporter sur toutes les autres consid rations urbanistiques Delouvrier estimai
316. ns de l accumulation du capital et de la reproduction largie en reprenant la controverse entre Vladimir Ilitch L nine et Rosa Luxemburg Cette reprise annonc e dans le tome I de De L tat et abord e dans deux chapitres du tome II dont le sous titre est De Hegel Mao par Staline la th orie marxiste de l Etat respectivement consacr s aux deux penseurs se conclut dans le tome III sous titr le mode de production tatique en abr g MPE Lefebvre pense qu il y a une limite dans la th orie de l imp rialisme de L nine car m me si l oligarchie financi re qui r sulte de la fusion entre le monopole du capital industriel et celui du capital bancaire est li e la guerre imp riale entre les pays d velopp s pour le partage du monde elle n est jamais l ultime phase du capitalisme Il est clair qu elle ne peut pas expliquer la croissance conomique apr s la Seconde Guerre mondiale en particulier la mont e en puissance des entreprises multinationales Par contre Lefebvre adh re l explication luxemburgiste de l accumulation du capital et de la reproduction largie selon laquelle le capitalisme ne peut pas voire ne veut pas se borner la simple reproduction du capital mais l largir Luxemburg pense que ce qui s apparente l accumulation primitive dont Marx explicite le m canisme savoir l expropriation violente des terres des communaut s paysan
317. ns de menaces des causes externes Contrairement toutes les cultures et toutes les phases d volution ant rieures la soci t est aujourd hui confront e elle m me 726 Quels instincts Ceux qui poussent les esclaves massacrer le ma tre Comment n y reconna t il l Europ en pas sa propre cruaut retourn e contre lui La sauvagerie de ces paysans opprim s comment n y retrouve t il pas sa sauvagerie de colon qu ils ont absorb e par tous les pores et dont ils ne se gu rissent pas Ils Les colonis s sont coinc s entre nos armes qui les visent et ces effrayantes pulsions ces d sirs de meurtre qui montent du fond des c urs et qu ils ne reconnaissent pas toujours car ce n est pas d abord leur violence c est la n tre retourn e qui grandit et les d chire et le premier mouvement de ces opprim s est d enfouir profond ment cette inavouable col re que leur morale et la n tre r prouvent et qui n est pourtant que le dernier r duit de leur humanit R clamer et renier tout la fois la condition humaine la contradiction est explosive Aussi bien explose t elle vous le savez comme moi Et nous vivons au temps de la d flagration que la mont e des naisssances accroisse la disette que les nouveaux venus aient redouter de vivre un peu plus que de mourir le torrent de la violence emporte toutes les barri res En Alg rie en Angola on massacre vue les Europ ens C
318. ns la sp cificit de son usage par rapport sa th orie actuelle dont un des repr sentants est Franck Fischbach pour le r habiliter alors qu il est m pris par les courants du structuralisme Dans la deuxi me partie galement compos e de deux chapitres nous examinerons les passerelles que Lefebvre tablit entre les th mes de la vie quotidienne et l urbain Il faut pr ciser par avance le rapport qu il entretient avec la sociologie urbaine D apr s Lukasz Stanek auquel nous devons un des livres les plus importants sur la connaissance du rapport entre la th orie de la production de l espace et les recherches empiriques sur l urbain ses recherches sociologiques remontent 1943 et son sujet 16 porte sur la communaut paysanne de la vall e de Campan dans la r gion des Pyr n es Elles sont dirig es par le sociologue Georges Gurvitch qui aura recrut Lefebvre au titre de chercheur du Centre d tudes sociologiques CES cr imm diatement apr s la guerre au sein du Centre national de la recherche scientifique CNRS Mais Lefebvre quitte ce travail sur la sociologie rurale et se dirige vers la sociologie urbaine Il donne la raison de sa conversion dans l entretien avec Kristin Ross r alis en 1983 l occasion de l invitation de Fredric Jameson dans l universit de Californie L d o je suis originaire une r gion rurale j ai depuis longtemps fait des tudes su
319. ns lorsqu elle a co ncid avec des entreprises concr tes dirig es par des hommes Dans cette pr dilection pour l Homme et cette inimiti contre la pens e universitaire que Nizan a mises en relations antagonistes se profile d j l argumentation essentielle qu il d ploie dans son livre Les chiens de Garde Il y pose la question de savoir Quelles peuvent tre les relations de la philosophie et des hommes Autrement dit en comptant les hommes qui jadis taient exclus de l objet philosophique il s interroge sur l efficacit de la philosophie et la destination de ses id es Bref il pose la question du telos but quant la philosophie au miroir de la grande masse des hommes Ce qui le m ne classer les philosophies en deux cat gories celles contemplant et r vant le monde comme ternel et celles pensant pour y agir Les philosophes du premier type sont pour lui une collection d hommes apparemment dispens e des conditions locales et temporelles qui permettent dans l ensemble de tous les autres cas de rep rer les positions et la fonction des groupements m thode ses m moire de cette poque sans tradition h g lienne et sans ma tres marxistes sans programme sans instruments de pens e notre g n ration comme les pr c dentes et comme la suivante ignorait tout du mat rialisme historique On nous enseignait minutieusement par contre la logique aristot licienne et la lo
320. ns quel texte de Marx trouvons nous la relation d interd pendance entre l homme et les uvres Il nous faut interpr ter les liens que Lefebvre noue avec les textes de Marx Prenons L id ologie allemande crite en collaboration avec Engels o on trouve la nouvelle formulation du mat rialisme historique distinct de celle des Manuscrits de 1844 On n y d couvre pas litt rairement les d terminations entre l homme et les 194 195 Lefebvre M taphilosophie op cit pp 52 53 Par exemple ils crivent de la th orie mat rialiste de l histoire que Elle la th orie mat rialiste de l histoire montre que l histoire ne prend pas fin en se dissolvant dans la Conscience de soi comme Esprit de l esprit mais que chacun de ses stades offre un r sultat mat riel une somme de forces productives une relation historiquement cr e avec la nature et entre les individus dont chaque g n ration h rite de sa devanci re une masse de forces productives de capitaux et de circonstances qui d une part sont modifi es certes par la nouvelle g n ration mais qui lui prescrivent d autre part ses propres conditions d existence et lui impriment un d veloppement d termin un caract re sp cifique Bref cette conception de l histoire montre que les circonstances font les hommes tout autant que les hommes font les circonstances Cette somme de forces productives de capitaux et de modes de comme
321. nsommation ou Le miroir de la production car il ne p se rien sur l univers de la relativit o toute critique est r cup r e en vue de renforcer le syst me capitaliste Cette position a quelque chose de semblable celle de Barthes En effet dans son entretien de 1972 il parle de la r cup ration du surr alisme et des films d avant garde pour raison conomique Cela le m ne se compromettre suivant l exemple du th tre populaire de Brecht dans la soci t transform e par la mont e de la culture de masse en m me temps qu laborer de fa on sp cifique la th orie en tant que critique des sens au travers du langage Or contrairement Baudrillard qui va jusqu d sorienter le sens de l histoire il fait coexister la s miologie avec l histoire Du moins dans une esp ce de petit manifeste pour le structuralisme barth sien l activit structuraliste paru pour la premi re fois dans la revue Lettres nouvelles en 1963 il crit Le 320 En fait il faut interpr ter l hyperr alisme l inverse c est la r alit elle m me aujourd hui qui est hyperr aliste Le secret du surr alisme tait d j que la r alit la plus banale pouvait devenir surr elle mais seulement en des instants privil gi s et qui relevaient encore de l art et de l imaginaire Aujourd hui c est toute la r alit quotidienne politique sociale historique conomique etc qui a d ore
322. nt e du prol tariat se bornant lui accorder les droits gaux En bref la bourgeoisie niant la r alit de la soci t divis e en classes affirme la r alit unique de l individu C est la raison pour laquelle Lefebvre et Guterman disent que l individualisme est un des l ments essentiels de sa conscience de classe Cela explique l tre bourgeois et son fait paradoxal en niant la r alit des classes y compris la sienne la classe bourgeoise exerce l id ologie comme classe Cette promotion de l individu et de l homme en g n ral occulte la r alit des classes en m me temps qu elle produit l effet social m me sur la classe prol taire Comme ils pr cisent Dans la mesure o le prol taire ne conquiert pas une activit de classe conomique politique et culturelle il est sous la domination de l id ologie bourgeoise Il se croit lui aussi individu ind pendant libre non membre d une classe membre d une nation Il est lui aussi religieux mystique inquiet Chez lui comme chez les bourgeois une commune recherche de diff rences d risoires dans les costumes dans les id es dans les go ts etc entretient le sentiment de la diff renciation que l individualiste proclame comme une valeur en soi Il est individu comme le bourgeois mais sans les avantages de la bourgeoisie sans la domination sans le cynisme des plus intelligents parmi les bourgeois Deux fois dupe et mystifi
323. nt l essence de l homme comme fondement th orique Marx rejette tout ce syst me organique de postulats qui implique les cat gories philosophiques de sujet empirisme essence id ale etc C est ici que nous d couvrons la r ponse qu il donne la deuxi me interrogation la place du postulat de l empirisme id alisme du sujet ou de l essence humaine dit il Marx propose un mat rialisme dialectique historique de la praxis c est dire une th orie des diff rents niveaux sp cifiques de la pratique humaine tels qu ils contiennent des pratiques conomiques politiques id ologiques scientifiques Cette th orie des niveaux qu il nomme totalit compos e ou le tout social est rapport e la m taphore architecturale agen ant la base et la superstructure que Marx formule dans la pr face de La contribution la critique de l conomie politique de 1857 Dans cette optique le tout social est construit par trois instances l infrastructure ou l instance conomique comme une unit de forces productives et de rapports sociaux la superstructure implique l instance juridico politique et l instance id ologique la 358 Michel Foucault Michel Foucault Les mots et les choses une arch ologie des sciences humaines Gallimard coll Tel 1990 1966 p 353 De ce courant de l anti humanisme Derrida dit que la Lettre sur l humanisme de Heidegger est d cisive m
324. nte et sans limites rigides ayant une marge de d class s et de transitionnels Pour ce faire ils invoquent son existence dans la vie quotidienne La classe n est pas une abstraction elle correspond la vie pratique et quotidienne commune beaucoup d tres elle d finit les conditions de cette vie quotidienne Un prol taire a la vie quotidienne d un homme membre d une classe priv e de moyens de 124 Ibid p 3 125 Ibid pp 3 4 67 production Les individus ne sont pas r els chacun pour soi ils sont r els dans l ensemble de leurs rapports r ciproques par et dans la classe Inversement la classe est la r alit de l ensemble des individus qu elle enveloppe Ces phrases nous indiquent qu ils d signent la vie quotidienne comme un champ pratique une sc ne de lutte o se repr sente le jeu des id es et des apparences sous la forme de la mystification entre la r alit et l illusion ainsi qu entre le vrai et le faux Cette remarque nous m ne au deuxi me point qui met au jour la t che qu ils assument dans cette poque Il s agit de l id ologie sous la th orie de la mystification ce titre ils remontent la source de l id ologie bourgeoise c est dire aux conditions historiques qui rendent possible la mystification en posant la question suivante si l individu est r el dans sa classe comment se fait il que l individu bourgeois n ait pas une cons
325. nts Paris Galil e 1986 Pierre Macherey Petits riens orni res et d rives du quotidien Paris Le bord de l eau 2009 Alberto Magnaghi Le projet local Mardaga 2003 Patrick Marcolini Le mouvement situationniste une histoire intellectuelle Paris Echappe 2012 Karl Marx trad fr par Jean Fran ois Poirier Sur la question juive Paris Fabrique 2006 trad fr par Eustache Kouv lakis L introduction la critique de la philosophie du droit de Hegel Paris Ellipse 2000 1843 trad fr par Franck Fischbach Manuscrits conomico philosophiques de 1844 Paris Vrin 2007 trad fr par Pierre Macherey Ad Feuerbach in Pierre Macherey Marx 1845 Les Th ses sur Feuerbach Paris ditions Amsterdam 2008 pp 13 15 trad fr par Maximilien Rubel L id ologie allemande in Karl Marx uvres philosophiques Paris Gallimard coll Pl iade pp 1037 1325 trad fr par Maximilien Rubel Le Capital Livre I Paris Gallimard coll folio 1963 Maurice Merleau Ponty Le philosophe et la Sociologie Signes Paris Gallimard folio 2001 pp 159 183 Olivier Mongin La condition urbaine Paris Seuil Points 2005 Jules Monnerot La po sie moderne et le sacr Paris Gallimard 1945 288 Pierre Montebello Deleuze la passion de la pens e Paris Vrin 2008 Pierre Naville La r volution et les intellectuels Paris Gallimard coll
326. o the Present Oxford Oxford University Press paperback edition 2009 2006 36 Alain Touraine Urbanisme n 319 juillet ao t 2001 p 37 44 cit in R mi Hess et Sandrine 22 est facile de trouver dans la sociologie de Simmel sa version du th me mais dire vrai cela ne signifie pas qu il n y a pas d originalit chez Lefebvre Si nous laissons de c t pour l instant l lucidation des rapports entre lui et les autres auteurs ce constat de l interrogation sur la vie quotidienne qui s tend au del de Lefebvre nous oblige en retour nous demander quand et comment elle devient objet th orique dans le champ philosophique et son voisinage En d autres termes dans quelles conditions historiques et philosophiques se probl matise elle C est le point de d part de Sheringham lorsqu il dit dans l entretien pr sentant son livre aux lecteurs et lectrices de France comment se fait il qu un mot qui si l on se fie aux dictionnaires comme le Tr sor de la langue fran aise ne re oit que des acceptions n gatives train train banalit routine ait pu acc der r cemment un statut valoris cette question un philosophe fran ais auteur d un livre consacr aussi la th matique de la vie quotidienne donne une r ponse fondamentale En analysant le tournant philosophique qui passant par la fin de la m taphysique se tourne vers l anthropologie philosophique Pierre Machere
327. ociologie rurale Du rural l urbain Paris Economica 2001 1970 3 dition pp 63 78 pp 63 64 154 Ibid p 67 155 Ibid p 68 83 fordisme dans la superstructure la culture des masses ceci cause de l absence du r sidu f odal Lefebvre quant lui trouve dans cette m me origine sa m thode d gag e de l histoire Ainsi Lefebvre formule la question suivante La sociologie doit partir des faits actuels de leur description Mais quand ces faits ont une paisseur historique comment l ignorer Les liaisons entre la sociologie et la science de l histoire se forment par les trois tapes qu il dresse descriptif analytico r gressif historico g n rique Pour viter la simple r p tition de ce que Lefebvre et les 157 nous mettrons en avant seulement l aspect th orique du commentateurs en disent mouvement dialectique dans cette m thode Donner l paisseur temporelle et historique aux faits imm diats et actuels implique une op ration partir du temps pr sent qui fait retour au pass tout en dessinant un horizon possible pour retrouver ledit temps pr sent ainsi condens La m thode r gressive progressive est d s lors un instrument qui permet de donner des perspectives temporelles aux faits actuels Elle ne nie pas les faits eux m mes mais elle les met sur plan total en cours en dessinant non seulement les vestiges du pass mais aussi l horizon du futur M diatisant
328. ogr s on est parvenu bannir de l esprit tout ce qui se peut taxer tort ou raison de superstition de chim re proscrire tout mode de recherche de la v rit qui n est pas conforme l usage C est par le plus grand hasard en apparence qu a t r cemment rendue la lumi re une partie du monde intellectuel et mon sens de beaucoup la plus importante dont on affectait de ne plus se soucier Il faut en rendre gr ce aux d couvertes de Freud Sur la foi de ces d couvertes un courant d opinion se dessine enfin la faveur duquel l explorateur l humain pourra pousser plus loin ses investigations autoris qu il sera ne plus seulement tenir compte des r alit s sommaires L imagination est peut tre sur le point de reprendre ses droits Si les profondeurs de notre esprit rec lent d tranges forces capables d augmenter celles de la surface ou de lutter victorieusement contre elles il y a tout int r t les capter les capter d abord pour les soumettre ensuite s il y a lieu au contr le de notre raison Le contr le de raison s op re par d livrance de l imagination et de l exp rience de leurs usages sous formes d utilit ou bien de convention qu agr e certain mode du rationalisme Cet exercice est l exigence premi re du surr alisme qui lui ordonne de transgresser les fronti res entre conscience et inconscience et par cons quent de se d barrasser des p
329. oire Le probl me est r el Qu il soit devenu central a caract ris cette p riode philosophique Henri Lefebvre Nietzsche Paris 2e d 2003 1939 p 53 501 Henri Lefebvre l ments de rythmanalyse introduction la connaissance des rythmes Pr face de Ren Lourau Paris Syllepse 1991 p 14 260 Mettez vous genoux remuez les l vres de la pri re et vous croirez Althusser d montre l existence mat rielle d un appareil id ologique Il s agit des rituels dans lesquels les id es d un sujet humain existent ou sont reconnues Si ces gestes r p t s jour apr s jour maintiennent l id ologie debout la lib ration de l assujettissement s effectue t elle par le changement de ces gestes eux m mes En ce sens l o 1l y a des rituels il y a comportements r p titifs Avant et apr s les v nements r volutionnaires ou catastrophiques il existe des rituels et des r p titions qui les accompagnent D s lors si comme Hegel le dit la lecture de la presse devient un culte s culier dans les temps modernes il en va de m me pour l utilisation du smartphone actuel on entend dire que les jeunes l ves ont coutume de regarder les r seaux sociaux tels que Facebook Twitter etc d s que leurs yeux sont ouverts Les interrogations sur la r p tition sont r currentes en philosophie o s inscrivent les rapports entre la vie quotidienne et les rythmes Q
330. ojet f d raliste en particulier sur la d centralisation Ainsi il crit en 1871 les forces qui s emparent de Paris et s efforcent d en faire le centre d une nouvelle r volution sont d centralisatrices Lorsque les lus de la Commune se r unissent pour la premi re fois leur doyen d ge l honn te et na f Beslay salue la jeune r volution L affranchissement de la Commune de Paris est l affranchissement de toutes les communes de France Quelques jours plus tard la Commune publie le manifeste dans lequel ces tendances f d ralistes se pr cisent et s accentuent Chaque commune de France autonome voterait un budget fixerait ses imp ts lirait ses magistrats organiserait sa justice sa police son enseignement sa d fense et d l guerait ses mandataires responsables une grande administration centrale En d crivant la sc ne sur laquelle six ans apr s la mort de Proudhon Benslay le 295 Henri Lefebvre La proclamation de la Commune Paris Gallimard coll Trente journ es qui ont fait la France 1965 p 149 26 Thid p 147 151 plus vieux proudhonien parmi les participants incarne le principe f d ratif par sa parole Lefebvre y trouve l lan le plus puissant de la Commune de Paris Il est clair que ce qu il pr f re parmi les courants d id ologues au sens neutre du terme les blanquistes les anarchistes bakouniniens les internationaux etc constituant l
331. on et de l ind pendance des pays d Afrique et d Asie qui ouvre ce que le syst me de 470 Galbraith d finit ainsi la technostructure comme ceci si la technologie conduit dans tous les cas la planification elle peut dans ses manifestations les plus lev es largir les probl mes et les co ts de la planification jusqu les mettre hors des moyens de la firme industrielle Des contraintes technologiques et non l id ologie ou les attraits de la politique obligeront la firme rechercher la protection de l tat Mais la technologie n est pas seulement cause de changement elle est aussi r ponse au changement Bien qu elle impose la sp cialisation elle est aussi le r sultat de la sp cialisation Bien qu elle exige une organisation complexe elle est aussi le r sultat de l organisation John Keneth Galbraith trad fr par Jean Louis Cr mieux Brilhac et Maurice Le Nan ch II Les imp ratif de la technologie Le nouvel tat industriel Paris Gallimard coll Tel 1989 p 59 47l Henri Lefebvre De l tat III Paris Union G n ral d ditions 1977 p 305 472 Lefebvre De l tat I op cit p 55 On y trouve les phrases suivantes Il ne s agit donc pas d une entit abstraite engendr e par les conomistes la croissance mais d une croissance bien sp cifi e associant celle de l tat celle de l conomie Elle se lie aussi la transformation de l espac
332. on existence c est dire l eau L essence du poisson de rivi re c est l eau d une rivi re Mais cette eau cesse d tre son essence et devient pour lui un milieu d sormais inad quat d s que l industrie s empare de cette rivi re d s qu elle est pollu e par des substances colorantes et d autres d tritus d s que les navires vapeur la sillonnent d s qu on d tourne son eau dans des canaux o l on peut priver le poisson de son milieu vital par simple vacuation Ce qui compte dans ce passage et dans l exemple des relations entre le poisson et son milieu consiste ce qu il n y a pas de refuge pour garder l essence c est dire de lieu exceptionnel et impeccablement s par de son ext riorit En d autres termes ce que Feuerbach tient pour l accidentel d termine l essence De sorte que l harmonie tablie par lui entre l existence de l homme et son essence ne se r alise que sous la condition que cette derni re se s pare d avec la premi re et qu elles n interf rent jamais l une dans l autre l oppos Marx et Engels tiennent compte de la fa on dont 1 Jbid pp 1076 1077 103 les conditions de la vie mat rielle d terminent l homme C est en se r f rant cette conception que Lefebvre formule la double d termination des hommes et des uvres En deuxi me lieu il faut expliquer le d passement de
333. on du risque et de l aventure qu apportent l objet le donn la mati re insaisissable et omnipr sente Il r int gre donc compl tement et volontairement en la conscience le monde ext rieur le monde concret pr sent per u comme tel et non la demi objectivit des 54 concepts En d autres termes l acte premier de la pens e lefebvrienne en tant que risque et aventure fait passer la conscience l inconnu que fournissent ses rencontres avec l objet le donn la mati re ou bien ceux ci comme inconnus Cette transformation de la connaissance de l objet en aventure est l acte premier c est dire un pas pour ouvrir une pens e au monde ext rieur Sous cet angle l objet ne s impose pas dans la conscience du sujet l gislateur mais il est intimement postul par l action Il fait partie de l action et n est pas subi c est ce que signifie notre Acte premier Il reconna t la n cessit de l objet et de la mati re inh rente l existence tout en leur fixant un sens pr cis dans l action C est ainsi que la pens e est fond e sur l action qui joue vraisemblablement un r le de m diateur tant entre la pens e et le monde ext rieur qu entre le sujet et l objet Mais d o surgit l action Lefebvre r pond cette question Il n y a donc d action que par cette perception de l autre et c est elle que nous avons accept e initialement
334. on nom d Internationale l indique au courant communiste Par ailleurs elle est non seulement dans l avant garde politique mais aussi dans l avant garde d art En effet consid r comme une figure majeure sinon comme chef de ce groupe Guy Debord crit propos de l avant garde collective que La notion m me d avant garde collective avec l aspect militant qu elle implique est un produit r cent des conditions historiques qui entra nent en m me temps la n cessit d un programme r volutionnaire coh rent dans la culture et la n cessit de lutter contre les forces qui emp chent le 6 Henri Lefebvre et Kristin Ross Lefebvre on the Situationists An Interview 1985 op cit pp 278 279 c est nous qui traduisons 132 d veloppement de ce programme Et il reprend son compte les pr curseurs de son mouvement que sont le futurisme le dada sme et le surr alisme ces groupes d avant garde apparus avant et apr s la premi re guerre mondiale Quant la d finition de la culture il la d finit comme un complexe de l esth tique des sentiments et des m urs la r action d une poque sur la vie quotidienne En ce sens prouvant son hostilit dite absolue l gard de la classe dominante de la bourgeoisie et de l conomie marchande l Internationale situationniste consid re le domaine de la culture comme son champ de bataille pour transformer
335. ondre peu pr s au temps p riodis de l apr s guerre que certains historiens appellent les Trente Glorieuses En effet Critique de la vie quotidienne tome I Introduction est publi en 1947 Sa r dition s accompagne de nouvel avant propos d environ cent pages en 1958 Le deuxi me tome a pour sous titre Fondements d une sociologie de la quotidiennet para t en 1961 La vie quotidienne dans le monde moderne dont le contenu est les cours Harootunian History s Disquiet modernity op cit p 54 c est nous qui traduisons 27 donn s l Universit de Nanterre et un r sum de pr c dentes tudes est dit en 1968 Enfin le troisi me tome ayant le sous titre De la modernit au modernisme Pour une m taphilosophie du quotidien sort en 1981 Se d ployant en face de la transformation de la soci t de son poque le th me de la vie quotidienne a un caract re de chronique des Trente Glorieuses 28 Chapitre I Acte inaugural de la pens e changer la vie I 1 la recherche de a vie spirituelle Comment rep rer la vie quotidienne en tant qu objet th orique dans l entre deux guerres Le mouvement surr aliste en serait porteur dans le champ des avant gardes en effervescence En effet Sheringham commence son trait de la vie quotidienne par le surr alisme notamment en se focalisant sur Andr Breton Il en prend trois raisons en premier lieu l activit suivant un mot d ordre de
336. ons spatiales Soulignons que la crise analys e par Marx signifie principalement la d valuation des marchandises telle que celle de la grande d pression de 1929 car le syst me mon taire tait l talon or 512 David Harvey ch 10 Finance Capital and Its Contradictions Limits to Capital London and New York Verso 2006 1982 513 Ibid ch 11 The Theory of Rent 514 Ibid ch 12 The Production of Spatial Configurations 267 savoir garanti par ce support mat riel Mais lors d une crise la banque centrale n a pas assez de r serves d or pour sauver les marchandises C est pourquoi elle se manifeste par une plus ou moins grande d pression Par contre depuis la crise du dollar du milieu des ann es 1970 tous les pays d velopp s ont aboli l talon or et adopt la monnaie fiduciaire assur e par la confiance du public Le fondement de la monnaie se lib rant de sa mati re la banque centrale peut mettre assez de billets de banque pour maintenir la valeur nominale des marchandises Il en r sulte un aspect de la crise que Marx n a pas analys c est dire l inflation Cependant la d pression et l inflation n ont elles pas en commun le fait d tre absurdes Au bout du compte qu est que l on attend des lignes de fuite trac es par le capital qui pour r sister la baisse tendancielle du taux de profit d truisent la muraille des fronti res nationales
337. ont ces id es ont surgi et leur forme particuli re et leur contenu politique restent une 107 Nizan affirme r solument que la grande masse anonyme des hommes qui auraient r ellement besoin d une philosophie c est dire d une vision homog ne de leur monde et d un ensemble de jugements et de volont s claires la grande masse des hommes qui auraient besoin d un outillage intellectuel efficace pour r aliser les d cisions de leur propre philosophie sont priv s par la bourgeoisie de ces tablissements de pens e vers quoi ils tendent Zbid pp 100 101 60 marge un espace vide et g nant Il ne suffit pas de dire que la forme id ologique contient les faits politiques et conomiques et qu elle est l apparence dont ils sont la r alit Bien s r toute apparence correspond une certaine r alit toute chose a une surface Mais il s agit pr cis ment de montrer comment l apparence peut tre le contraire du r el EEA z c 2 108 pourquoi la forme id ologique des ph nom nes sociaux est mystifi e Dans cet angle la mystification en tant que fonction d id ologie n est pas imput e ses porteurs parce que pour la faire fonctionner les id ologues ont besoin du milieu mat riel dans lequel ils puisent sa force Ce milieu est la base sociale que Lefebvre et Guterman ont mis jour pour l analyse historique en se r f rant l analyse conomique men e dans Le Capit
338. ont l exp rience est fondamentalement modifi e par le choc Dans cette optique il ne s agit ni du culte de l int rieur que Lefebvre a critiqu en France ni de la nostalgie du temps r volu mais des relations dialectiques entre l int rieur et l ext rieur Ce point de vue croise la perspective que Lefebvre formule au nom d un romantisme r volutionnaire dans lequel il refuse un retour vers une totalit organique trouv dans un romantisme allemand mais se propose de s approprier de nouvelles technologies nous revenons sur le concept d appropriation plus tard 159 changement d une connaissance caus par la propagation de la linguistique dite structurale parce que cette science r nov e par Ferdinand Saussure et bas e sur le syst me synchronique que structure le principe de l arbitraire du signe compos des couples de signifiant signifi et d image acoustique concept montre que la signification des langues aussi bien le fran ais que le japonais se g n re l int rieur du langage sans recours au r f rentiel externe et diachronique qu en branlant la conception de l histoire en tant que r f rentiel elle entre en concurrence avec celle ci pour la connaissance de la v rit Cette disparition du r f rentiel Baudrillard la radicalise tel point qu il identifie le syst me langagier celui du capitalisme Pour ce faire il effectue deux op rations la superposition de la fonctio
339. ophie s labore plus finement dans un des derniers entretiens titre posthume Sur la philosophie o il affirme le primat de la pratique sur la th orie dans la philosophie C est ainsi qu il sort du th orisme marqu par sa r ception de Lacan L irruption de la pratique est la d nonciation de la philosophie produite comme philosophie C est contre la pr tention de la philosophie d embrasser l ensemble des pratiques sociales et des id es de voir le tout comme disait Platon pour se mettre au pouvoir sur ces m mes pratiques c est contre la pr tention de la philosophie de n avoir pas de dehors l affirmation sans appel que la philosophie a un dehors mieux que la philosophie n existe que par ce dehors et pour lui Ce dehors que la philosophie veut se donner l illusion de soumettre la V rit c est la pratique ce sont les pratiques 424 sociales La praxis destin e au dehors de la philosophie se distingue de la philosophie gramscienne de la praxis qui soumet en d finitive la derni re la premi re La praxis de la philosophie signale un d saccord la fois avec la subordination de la philosophie la politique et la production de la philosophie telle qu elle la transcende 43 Thid p 202 4 Louis Althusser Sur la philosophie Paris Gallimard 1994 p 61 216 Sans doute cette interrogation de la philosophie sur la philosophie reste ouverte Mais elle se
340. orni res et d rives du quotidien Paris Le bord de l eau 2009 p 15 3 Jean Paul Sartre L tre et le n ant essai d ontologie ph nom nologique Paris Gallimard coll Tel 2003 1943 p 12 24 les philosophes vouent la banalit et peuples que les po tes vouent aux t n bres sont des t ches connexes N est ce pas dans la vie quotidienne que l homme doit r aliser sa vie de l homme Si la vie sup rieure celle de l esprit devait tre r alis e en une autre vie arri re monde mystique et magique ce serait la fin de l homme l aveu et la proclamation de sa faillite L Homme sera quotidien ou ne sera pas En d pit de cette convergence entre eux une divergence existe Pour Lefebvre le fait que Sartre prenne bien des exemples de la vie quotidienne ne signifie pas n cessairement qu il la conna t Lefebvre reproche donc un philosophe distingu de privil gier l angoisse de la mort l instar de Heidegger et par cons quent d introduire dans la vie quotidienne un autre arri re monde divis cette fois entre l authenticit et l inauthenticit Lefebvre relativise cette absolutisation de la mort en disant simplement que L antique sagesse savait que la vieillesse est un mal pire que la mort Cependant cette divergence ne nous n emp che pas de comparer sa pens e avec celle de Sartre au chapitre II Nous passons maintenant la caract ris
341. ou ville en m me temps qu il ne peut pas viter d tre contraint par lui Ainsi nous nous acheminons vers le troisi me pilier de la th orie de l espace qui porte sur l aspect conomique Pour examiner ce point il faut regarder de plus pr s l expression production de l espace Lefebvre la d plie comme ceci L espace consid r comme produit r sulte des rapports de production pris en charge ou en main par un groupe agissant L espace n est plus seulement le milieu indiff rent la somme des endroits o se forme se r alise se r partit la plus value Il devient produit du travail social c est dire objet tr s g n ral de la production et par cons quent de la formation de plus value 384 Henri Lefebvre La r volution urbaine Paris ditions Gallimard pp 204 205 198 Au fur et mesure que la production de l espace se lie de plus en plus la formation de plus value il devient objet d achat et de vente morceau par morceau de grands travaux et de sp culation immobili re de grande ampleur Lefebvre articule ces activit s la sortie de la crise du capitalisme qui recherche la plus value pour sa survie L immobilier comme on dit joue le r le d un secteur second d un circuit parall le celui de la production industrielle travaillant pour le march des biens non durables ou moins durables que les immeubles Ce secteur second absorbe les
342. our mieux lui exposer ensuite ce qui tisse la servitude de son statut de spectateur Le montage visuel anime l int r t pour le texte lu en voix off et y renvoie sans cesse Alain Schmittze IN GIRUM IMUS NOCTE ET CONSUMIMUR IGNI de Guy Debord Cin matographe juin 1981 repris in Guy Debord uvres Paris coll Quarto Gallimard 2006 p 1425 Mais sans doute d faut d une consid ration sur l aspect brechtien chez Debord cette recension se termine par une phrase mais finalement une uvre assez st rile puisqu elle se cl t constamment sur elle m me 264 Debord IN GIRUM IMUS NOCTE op cit p 1334 25 Le public du cin ma qui n a jamais t tr s bourgeois et qui n est presque plus populaire est d sormais presque enti rement rectut dans une seule couche sociale du reste devenue large celle des petits agents sp cialis s dans les divers emplois de ces services dont le syst me productif actuel a si imp rieusement besoin gestion contr le entretien recherche enseignement propagande amusement et pseudo critique ibid p 1335 66 Tbid 1353 139 Debord lui m me Fid le la dramaturgie brechtienne le film enl ve toute vidence l histoire du r alisateur qu il raconte tout du long Bien entendu cela ne veut pas dire la n gation du film entier et des images qu il d tourne mais que en y ins rant le regard trange et tranger il remet son
343. ovient pas davantage de la philosophie isol e il na t de la philosophie r fl chissant sur la non philosophie ce qui est sans doute son accomplissement supr me dans son propre d passement En bref nous d clarons la vie quotidienne objet de la philosophie pr cis ment en tant que non philosophie Nous d cr tons m me qu ce titre elle est un objet philosophique Ce faisant nous d tournons la philosophie de ses objets traditionnels Sous cet angle la vie quotidienne est la fois un objet philosophique et un levier de la r alisation de la philosophie Ce statut de l objet nous conduit remettre en cause la nature de la dialectique parce que dans cette perspective la synth se du sujet et de l objet est chang e Comme nous l avons vu la m taphilosophie montre que le mouvement dialectique n est pas achev dans le syst me politico philosophique et que 198 Gille Deleuze et F lix Guattari Qu est ce que la philosophie Paris Minuit 2005 1990 p 43 19 Thid p 44 200 Henri Lefebvre La vie quotidienne dans le monde moderne Paris Gallimard 1968 pp 31 38 105 pour cette raison l objet philosophique ce qui serait ni par la dialectique n y est pas int gr Ici se dessine en quelque sorte le primat de l objet qui caract rise la dialectique de Th odor W Adorno selon laquelle la dialectique poss de son contenu d exp rience non dans le principe mais dans
344. par l homme Dans ces relations int rioris es entre la praxis et l inertie ou bien la mati re environnante que Sartre nomme la mati re ouvr e au sens o la nature est travaill e 218 LE Pers iza fary Florence Caeymaex Praxis et inertie La Critique de la raison dialectique au miroir de l ontologie ph nom nologique in G rard Wormser dir Sartre violence et thique Paris Sens Public 2005 pp 45 63 p 48 29 Et d ajouter Le pour soi en effet n est pas autre chose que la pure n antisation de l en soi il est comme un trou d tre au sein de l Etre si la conscience est une pente glissante sur laquelle on ne peut s installer sans se trouver aussit t d vers dehors sur l tre en soi c est qu elle n a par elle m me aucune suffisance d tre en soi c est qu elle renvoie d abord la chose L action est consid rer la fois sur le plan du pour soi et sur celui de l en soi car il s agit d un projet d origine immanente qui d termine une modification dans l tre du transcendant Sartre L tre et le n ant 1943 op cit pp 665 666 673 Cf Il faut donc tablir que la dialectique se fonde sur cette exp rience permanente de chacun dans l univers de l ext riorit sa relation d ext riorit l univers mat riel et l Autre est toujours accidentelle quoique toujours pr sente sa relation d int riorit ave
345. pas ses pr rogatives il aura pour cela le moyen de la presse libre porteuse de la raison libre de l Homme Elle se r sume dans la critique th orique publique c est dire dans la critique publique par voie de presse et r clame comme sa condition absolue a 182 libert de la presse Or ces espoir et promesse de l humanisme en tant que rationalisme lib ral sont tomb s en poussi re au sein de l histoire r elle de l tat prussien o le roi qui semblait clair n a pas r pondu l attente des lib raux En un mot la raison n est plus garantie par l tat Cela provoque pour les jeunes radicaux allemands tels que la gauche h g lienne laquelle Marx appartient une vraie crise historique et th orique parce que cette trahison de l tat n est pas con ue comme une d viation provisoire de la raison d tat mais comme une contradiction r elle entre son essence raison et son existence d raison D o l humanisme communautaire de Feuerbach marquant la deuxi me tape car l humanisme de Feuerbach permit pr cis ment de penser cette contradiction en montrant dans la d raison l ali nation de la raison et dans cette ali nation l histoire de l homme c est dire sa r alisation Dans cet humanisme l homme n est pas fond sur la raison libre mais surle Gemeinwesen l tre communautaire c est dire un tre qui ne s accomplit qu e
346. pos et la reproduction des rapports de production S il y a du remarquable dans The Condition of Postmodernity La condition de la postmodernit d Harvey 1989 c est bien qu il incite se demander si la philosophie postmoderne se lib re de la condition conomique et poser la question traditionnellement marxiste sur le rapport entre la base et la superstructure Nous osons revendiquer une dimension totale du social d une fa on politiquement incorrecte en r p tant nouveau que le marxisme ne s identifie pas au totalitarisme 16 L emploi abusif du mot total fait l amalgame entre le nazisme et le stalinisme d un c t et le marxisme dissident de l autre Cela est d autant plus ironique qu il est un proc d habituel dont usaient les PC de tous les pays pour m langer efficacement leurs l ments dissidents avec leurs ennemis ext rieurs la bourgeoisie le social d mocrate le fascisme etc En revanche il nous semble que la mauvaise r putation des mots total et totalit entrave et r prime une des analyses les plus importantes dont les marxistes ont l avantage c est dire celles des relations internationales Toutefois nous r p tons que les critiques en direction de la violence nazie et du camp de concentration ne sont pas incompatibles avec la perspective internationale D ailleurs il est vrai que comme les tudes du genre et de la culture le montrent les analyses qui 515
347. pp 49 50 Cf Bob Jessop Pouvoir et strat gies chez Poulantzas et Foucault Actuel Marx Num ro 36 Paris P U F 2004 pp 89 107 7 En cette mati re Foucault quant lui se pose et adresse aux r dacteurs de la revue H rodote la question suivante Est ce que vous pouvez esquisser ce que vous entendez par pouvoir Par rapport l tat et ses appareils par rapport la domination de classe Michel Foucault Des questions de Michel Foucault H rodote 1976 Dits et crits IT Paris Gallimard coll Quatro 2001 pp 94 95 On entend par l que les relations entre la th orie du pouvoir et celle de l tat ne sont pas pour lui videntes en particulier avant qu il introduise le concept de gouvernementalit dans son s minaire 1977 1978 intitul S curit territoire population Il est vrai que ce concept joue un r le dans le d placement des th orisations de l tat Mais il ne va pas de soi que Foucault r sout cette tension dans son parcours f tonnant Par contre du point de vue tabli jusqu ici nous soulignons l importance de la probl matique de l espace chez lui C est gr ce Yves Lacoste un g ographe de l universit de Vincennes et un fondateur de la revue H rodote que la th matique de l espace chez Foucault est mise au jour Celui ci s accorde dans l entretien qu il fait avec cette m me revue avec la remarque marqu e par l interlocut
348. priation de la terre et la d possession des moyens de production En d construisant en quelque sorte l opposition longuement tablie par la coupure pist mologique entre id alisme et mat rialisme de Marx Fischbach effectue une sorte de tournant copernicien dans l interpr tation du concept d ali nation Cela ne veut plus dire un retour l usage de l ali nation des ann es 60 ni un simple abandon de ce concept L ali nation n est pas pour lui une perte du sujet dans le monde de l objet elle est au contraire une perte de l objet en tant que conditions rendant possible la consistance du sujet c est dire une s paration du sujet d avec le monde de l objet un processus qui l en s pare et le laisse tomb dans la subjectivation priv e des conditions d existence Ainsi l heure de la privatisation du monde de l eau de l lectricit des moyens de transport ou de choses consid r es comme tant du bien commun au sens large et de la promotion de l individu savoir de la production de la subjectivit impos e tant dans l entreprise que dans l universit l aide de moyens techniques du type d valuation et d auto valuation Fischbach nous donne une nouvelle arme critique en affinant la th orie classique Mais laissons de c t cette dimension actuelle pour l instant pour nous concentrer sur la comparaison des usages du concept d ali nation de Sartre et Lefebvre avec
349. privil gier la rue en tant que voie de passage ils ne doivent pas dissimuler sa valeur sociale la r alit nus 334 contenant ici la valeur Bien s r r tablir la valeur sociale de la rue ce n est pas appliquer la circulation la fa on luddite c est dire violente la destruction massive des voitures par exemple Pour ce faire Lefebvre r cup re un mot appartenant la terminologie de 34 Henri Lefebvre Propositions pour un nouvel urbanisme Du rural l urbain Paris Anthropos Troisi me dition 2001 1970 pp 183 195 pp 190 191 171 la th orie de l ali nation c est dire l appropriation Ce mot ne veut pas dire la reprise de l essence humaine ou la d sali nation mais pour reprendre le mot des situationnistes le d tournement de lieux Dans cette perspective Lefebvre tablit clairement la distinction entre l habitat et l habiter qui illustre le changement du rapport entre la soci t et la ville D abord une distinction importante entre habitat et habiter L habitat rel ve d une description morphologique c est un cadre Habiter c est une activit une situation Nous apportons une notion d cisive celle d appropriation habiter pour l individu pour le groupe c est s approprier quelque chose Non pas en avoir la propri t mais en faire son uvre en faire sa chose y mettre son empreinte le modeler le fa onner Habiter
350. quels et puis le troisi me manuscrit qui sera publi dans la Revue marxiste La connaissance de ces Manuscrits de 1844 permet aux membres de la revue de clarifier le rapport de Marx l id alisme allemand Par ailleurs elle leur donne l avantage dans les milieux intellectuels de la France des ann es 30 explorant les questions qui ne deviendront le bien commun des intellectuels qu apr s 1945 Cependant la Revue marxiste aussi ph m re que les pr c dentes revues n a publi que sept num ros La cause est tellement nigmatique que chaque biographe en donne une version propre La raison vraisemblable pour laquelle s accordent n anmoins en grande partie ces derniers s explique par le fait que Morhange ayant eu l intention de d multiplier les capitaux afin de renforcer l ind pendance de la revue l gard du Parti les a jou s la roulette de Monte Carlo et les a perdus en une nuit Derri re cette affaire Lefebvre dit qu il y a eu l agent de Moscou qu il nomme les yeux de Moscou qui a pr conis et pouss Morhange jouer les fonds Cependant personne ne sait la v rit de cette participation En tout tat de cause cette affaire se poursuivit par l enqu te du Parti et Morhange ainsi que Guterman cens tre engag dans cette affaire en sont exclus Quelques temps apr s le second quitte la France De cette situation se met au jour l antagonisme interne entre les membres des
351. r Feuerbach de Marx Les philosophes ont seulement interpr t le monde de diverses mani res ce qui compte c est de le transformer Il en r sulte que sa pens e et son interpr tation deviennent ins parables de sa situation En effet rien ne peut tre d termin hors de la situation pour la philosophie de Marx parce que lors de l effondrement de la r publique des Soviets on a d clar que Marx tait mort alors que lors de la crise financi re r cente on a cri la n cessit de relire l uvre de Marx C est pourquoi Daniel Bensa d r plique l annonce insolite que Marx est mort mise par l hebdomadaire Newsweek au d but des ann es 1980 Il ne viendrait l id e d aucun directeur de publication d annoncer ainsi la mort de Platon ou de Spinoza L nonc performatif de la mort de Marx exprimait donc le souhait qu il soit d finitivement enterr et la crainte que son spectre ne revienne La philosophie marxiste est d finie par la situation dans la mesure o elle y agit Il n est pas tonnant que l appr ciation de Marx vacille la mesure des conjonctures en particulier entre les ann es 1970 et 1980 Il en va de m me pour celle de Lefebvre qui ayant entrepris dans l entre deux guerres des tudes sur la pens e de Marx en filiation avec celle de Hegel articulait apr s la Seconde Guerre mondiale cette connaissance de la pens e marxienne h g lienne aux th mes singu
352. r ce faire il n est pas suffisant de lire leurs textes qui mentionnent l un et l autre car Lefebvre adresse une critique explicitement Althusser dans son article Les paradoxes d Althusser alors que le second ne fait qu une estimation de l ouvrage sl 352 et un commentaire vague Aussi nous Pour conna tre la pens e de L nine focalisant sur le mot homme nous appliquerons la m thode th matique la lecture des deux penseurs 350 Henri Lefebvre Les paradoxes d Althusser Au del du structuralisme Paris Anthropos 1971 pp 371 417 31 Louis Althusser L nine et la Philosophie 1968 Solitude de Machivel Paris P U F 1998 pp 103 144 p 108 352 Althusser avouant dans son autobiographie la conviction philosophique qui le dirige mentionne le nom de Lefebvre C est ce que je fis dans la grande ligne de toute l histoire de la philosophie prenant mon compte la pr tention classique et sans cesse r p t e qui veut de puis Platon jusqu Heidegger m me en ses formules de th ologien n gatif en passant par Descartes et Kant et Hegel que la philosophie soit celle qui embrasse tout d un seul coup d il Platon sunoptikos qui pense le tout ou les conditions de possibilit ou d impossibilit du tout Kant qu elle se rapporte Dieu ou au sujet humain donc qu elle ma trise la Somme et le Reste formule d Henri Lefebvre 197 179
353. r cis ment dans l universalit qui fait de la nature enti re son corps non organique aussi bien dans la mesure o elle est l objet la mati re et l outil de son activit vitale La nature est le corps propre non organique de l homme o il faut entendre la nature dans la mesure o elle n est pas elle m me le corps humain L homme vif de la nature signifie la nature est son corps propre avec lequel il faut qu il demeure dans un processus continuel pour ne pas mourir Le fait que la vie physique et spirituelle de l homme soit d pendante de la nature n a pas d autre sens que celui ci la nature est d pendante d elle m me car l homme est une partie de la nature Bas sur cette confrontation Fischbach d finit la diff rence des usages du concept d ali nation entre Feuerbach et Marx comme suit l ali nation marxienne ne consiste pas en un m canisme du retournement de l activit subjective productrice en objet 234 Thid La citation que Fischbach fait se r f re Marx Karl Marx trad fr Franck Fischbach Manuscrits conomico philosophiques de 1844 Paris Vrin 2007 p 163 5 Thid p 122 partiellement cit in Franck Fischbach L objectivit essentielle de Feurbach Marx op cit 122 trang re savoir du sujet en objet mais en exp rience de la s paration du sujet d avec l objet dont t moignent dans l poque de la formation du capitalisme l expro
354. r les questions rurales Un jour ensoleill dans cette r gion les bouteurs arrivent et commencent raser la for t parce que l on y a d couvert le p trole Il y a des puits de p trole dans cette r gion non abondants mais qui sont encore consid rablement nombreux une des raffineries des plus grandes en Europe se trouvait dans la ville de Mourenx Lacq Mourenx J ai alors vu se construire la ville nouvelle l o autrefois il y avait seulement les champs et les for ts de ch nes C tait les ann es 1953 1954 Petit petit laissant la question agricole de c t je me dis qu ici et maintenant il y a quelque chose de nouveau et d important Je ne m attendais pas une urbanisation aussi violente dans le temps Cette nouvelle ville est nomm e Lacq Mourenx Tant que j appartenais au CNRS j envoyais sur le champ quelques chercheurs pour observer son d veloppement J ai m me voulu r diger un livre que je n ai jamais fait comme d autres projets intitul La Naissance 131 d une cit Cette exp rience le m ne aborder des recherches sur l urbain Elles c toient celles 3 Lukasz Stanek Henri Lefebvre on Space Architecture Urban Research and the Production of Theory University of Minnesota Presse Minneapolis and London 2011 pp 7 9 Stanek souligne l importance du r le de refondation de la sociologie jou par le CES en fonction de la faible institutionnalisation de la sociologi
355. r positions de la raison d termin e qui tient debout certaines formes de la pens e soit le moralisme l id alisme Ce chemin m ne vers pour reprendre l expression de Michelle Foucault un espace de l exp rience qui se double du sens de l exp rimentation Selon Foucault cette exp rience que d couvre de fa on propre Breton parcourant les domaines de l ethnologie de l histoire de l art de l histoire des religions de la linguistique de la psychanalyse qui a une puissance inou e et qui effacent les fronti res des provinces autrefois tablies Cette d couverte permettait Foucault conclut 1il Breton d tre compl tement hors de la litt rature de pouvoir 0 Andr Breton Manifeste du surr alisme 1924 in uvres compl tes I Paris Gallimard coll Pl iade p 309 346 p 316 l Michel Foucault C tait un nageur entre deux mots Dis et crits I Paris Gallimard coll Quatro pp 582 585 p 584 38 contester non seulement toutes les uvres litt raires d j existantes mais l existence m me de la litt rature mais elle lui permettait aussi d ouvrir des langages possibles des domaines qui jusque l taient rest s muets marginaux Nous avons assist ici l ouverture du langage des domaines demeur s muets marginaux par ceux du r ve de l inconscient du fou auquel le surr alisme s int resse fortement Cette rema
356. r les deux cercles sans quoi ils la philosophie et l tat ne pourraient se soutenir l un l autre 187 Lefebvre La somme et le reste op cit p 10 188 Thid 99 Alors qu est ce qui est en cause dans cette architecture philosophique et politique difi e par Hegel Lefebvre met en cause le monde h g lien de repr sentation o se fixent les relations entre le r el et le rationnel Le syst me et l tat repr sentent donc la r alit de l homme et ses int r ts les plus profonds en pr tendant que cette repr sentation est vraie absolue d finitive Le Syst me la repr sente dans un tableau compos avec des concepts ayant un contenu mais qu il d tache de leur contenu pour constituer ce tableau fixe L tat lui repr sente la pratique sociale dans des repr sentants en chair et en os vivants et agissants incarnant les aspects de la vie sociale le peuple la famille la soci t civile le syst me des besoins et pr tendant dominer leurs conflits et contradictions En tant que repr sentatif l tat moderne se pr tend rationnel conforme aux exigences de la Raison accomplie De m me le Syst me Et c est ainsi qu ils se soutiennent l un l autre Dans les deux il s agit d une Raison accomplie immanente lui et cependant ext rieure ce r el en tant que sa repr sentation Contradiction il ne peut s agir que d une r alit et d une raison
357. ra cette contribution l effort vers une saisie de l ensemble de la totalit la r alisation de l homme total Que ce recours la proc dure de la r duction en tant qu op ration hypoth tique d enlever la r alit humaine toutes les pr suppositions scientifiques soit ph nom nologiquement juste ou non ce n est pas notre pr occupation Il nous suffit de constater le sens de son argumentation c est dire que c est en affirmant l irr ductibilit de la connaissance de la vie quotidienne aux sciences parcellis es et sp cialis es que Lefebvre essaie de montrer le lien qui reste entre l homme et la vie 158 Henri Lefebvre Critique de la Vie quotidienne I Introduction op cit p 267 Nous soulignons 85 quotidienne La vie quotidienne d finie comme ce qui est r siduel s encha ne avec la conception de l homme total Cet homme total n est pas un homme dieu qui succ de la mort du dieu pour devenir homme sans condition mais bien cet homme et sa vie quotidienne se conditionnant r ciproquement Pour Lefebvre l panouissement de l homme en tant que sujet se lie troitement la constitution de la vie quotidienne en tant qu objet Subjectivation et objectivation vont ensemble indissolublement Aucune th orie ne permet d atteindre l homme total ni m me de le d finir Cet homme enfin humain cette essence de l homme qui n existait pas encor
358. rain de vie quotidienne explorer Nous nous focalisons donc sur ce moment de telle sorte que la vie quotidienne se r v le en tant qu objet th orique propre la conjoncture de l entre deux guerres Alors comment penser le moment d avant la rupture que nous avons marqu La rupture qui indique un changement n est perceptible que s il y a un r f rent qui subsiste D s lors ces deux moments peuvent se distinguer mais se lier encore intrins quement Le premier moment nous le caract risons par la r volte de la philosophie universitaire Un des traits communs les plus vidents que Breton et Lefebvre partagent est le fait qu ils sont m contents de la doctrine rationaliste et de la philosophie de la vie anti intellectualiste dont les porteurs sont respectivement L on Brunschvicg et Henri Bergson leurs yeux elle n claircit pas le rapport entre la pens e et la vie ou bien l criture et la vie Il leur semble que l existence est s par e de la pens e dans la th orie kantienne de la connaissance et que le rep rage de la dur e dans la conscience pour d finir le temps qualitatif et le distinguer du temps physique ne s accompagne que du d dain du monde ext rieur Il leur faut remettre en cause le rapport entre le sujet et l objet pour restituer la dimension de la vie dans chaque domaine po sie et philosophie Quant la recherche du rapport de la vie l art chez Breton il peut le devoir Dada Ce d
359. rce social que chaque individu et chaque g n ration trouvent devant eux comme un fait donn constitue la base r elle de ce que les philosophes se sont repr sent en parlant de Substance et d Essence de l homme de ce qu ils ont exalt et combattue Karl Marx trad fr par Maximilien Rubel L id ologie allemande in Karl Marx uvres philosophiques Paris Gallimard coll Pl iade pp 1037 1325 pp 1071 1072 102 uvres Mais une proximit ressort si l on marque ce que Marx et Engels disent lorsqu ils font la critique de La philosophie de l avenir de Feuerbach Ils l accusent de consid rer l existence de l homme comme tant identique son essence et de traiter les conditions d existence comme accidentelles En un mot il laisse telles conditions d existence tel mode de vie et telle activit au hasard comme une exception que l on ne peut changer Et ils continuent C est pourquoi Feuerbach ne parle jamais du monde des hommes mais il se r fugie chaque fois dans la nature ext rieure savoir pr cis ment dans la Nature que les hommes n ont pas encore soumise leur pouvoir Mais chaque nouvelle invention chaque progr s de l industrie l homme arrache une nouvelle parcelle ce domaine et le terrain propice aux exemples rappel s par Feuerbach se r tr cit de plus en plus L essence du poisson c est pour nous en tenir ce seul propos s
360. rche de Ja vie spirituelle 29 1 2 La vie quotidienne selon Andr Breton un monde d fendu et livr aux hasards 37 1 3 La vie quotidienne en tant que connaissance th orique et politique Lefebvre face la mont e du fascisme a La d couverte du jeune Marx dans la Revue marxiste 48 b Le geste pour le social les deux critiques contre la philosophie universitaire au mouvement antifasciste 52 c Mystification politique 65 CHAPITRE II LE DEPASSEMENT DE LA PHILOSOPHIE AU DELA DE LA DICHOTOMIE ENTRE L IDEALISME ET LE MATERIALISME 80 Il 1 L objet de connaissance la m thode l anthropologie philosophique dans la Critique de la vie quotidienne Introduction 80 II 2 Ce que signifie le d passement de la philosophie 89 II 3 En quel point le concept d ali nation devient il une arme critique les 293 variations du concept d ali nation selon Jean Paul Sartre et Henri Lefebvre a Le concept d ali nation de Sartre comme une contre finalit b La th orie actuelle de l ali nation selon Franck Fischbach c Les ali nations comme multiformes et comme s paration spatiale chez Lefebvre Deuxi me partie DE LA VIE QUOTIDIENNE L URBAIN CHAPITRE III MOMENTS ET SITUATIONS III 1 Ce que signifie le d passement de l art 109 117 124 129 130 130 III 2 L enjeu de la d nomination de la soci t la soci t bureaucratique de la consommation dirig e et la soci
361. re Tout a un sens qui se r v le a posteriori et n appara t pleinement qu a fin et c est le sens historique La pluralit le caract re pluriel des sens rend d ailleurs probl matique l existence d un sens dernier d un message ou d un d chiffrement ultime Comment penser une sorte d obstacle qui reporte et diff re ce jugement sur la sc ne d histoire Il s agit pour Lefebvre d une autre opposition que celle entre Sartre et L vi Strauss entre Hegel et Nietzsche Il est vrai que La fin de l histoire comme son ouvrage ult rieure Hegel Marx Nietzsche ou le royaume des ombres sorti en 1975 se rattachent aux pens es de Hegel de Marx et de Nietzsche Mais apr s avoir tabli dans La somme et le reste et M taphilosophie la diff rence entre Hegel et Marx et marqu la critique marxienne de Hegel que nous avons vu plus haut 1 2 il y trace 7 Sur ce point il se comporte comme un bergsonien qu indique le titre de son article vou critiquer la pens e de L vi Strauss Claude L vi Strauss et le nouvel l atisme Voir Henri Lefebvre Au del du structuralisme Paris Anthropos 1971 pp 261 311 38 Lefebvre La fin de l histoire op cit p 15 3 Thid p 22 205 cette fois ci les grandes lignes d une division entre Hegel et Nietzche aussi prend il cet autre angle d attaque Nous allons d sormais suivre ce fil Sil y avait une raison de l
362. re 1932 pp 802 805 15 Henri Lefebvre Le mat rialisme dialectique Paris Presse Universitaires de France nouvelle dition 1990 1939 16 Du reste Burkhard en num re trois qui semble relier l une l autre 1 en prolongeant l entreprise de la Revue marxiste elle publie la traduction du texte de jeune Marx 2 dans deux articles qu ils y r digent l individu et classe et la mystification ils applique l analyse marxiste avec rigueur 3 l entreprise de la d mystification de l id ologie nazisme Bud Burkhard And So Ends the Avant Garde French Marxism between the Wars op cit pp 110 147 7 Henri Lefebvre Le fascisme en France aper us g n raux Avant Poste revue de litt rature et de critique Paris Jos Corti n 2 Ao t 1933 pp 68 71 p 68 18 Sur ce point voir aussi l article de Michel Tr bitsch historien intellectuel qui consacre plusieurs 63 Mais cette entreprise antifasciste de l Avant Poste aussi bien que de la Revue marxiste poursuit l ind pendance th orique face aux communistes officiels et s y heurte car toujours le probl me du financement en arri re plan Tr bitsch pr cise que Selon Henri Lefebvre c est Aragon qui se chargea de mettre fin la tentative d Avant Poste il m a convoqu litt ralement tortur pendant plusieurs heures d abord pour savoir d o venait l argent De sorte que le d calage d Avant
363. re Novembre 1933 pp 183 186 La crise du capitalisme fran ais La Pens e n 17 mars avril 1948 pp 33 50 L tat et le socialisme Le Monde 31 janvier 1957 Le marxisme et la pens e fran aise Les temps modernes n 137 138 juillet ao t 1957 pp 104 137 Gallia Voies Nouvelles n 5 1958 p 5 6 La question du programme Voies Nouvelles n 7 f vrier 1959 p 8 9 Dialogue entre Fran ois Chatelet et Henri Lefebvre propos de La somme et le reste Voies Nouvelles n 9 p 21 23 juin 1959 R flexions sur les divergences entre les P C chinois et sovi tique Le Monde 5 ao t 1963 Henri Lefebvre par lui m me in G rard Deledalle et Denis Huisman dir Les philosophes fran ais d aujourd hui par eux m mes Paris C D U 1963 pp 282 301 S agit il de penser La semaine de la pens e marxiste Le Monde 29 janvier 1964 M thodes et situations des sciences sociales Le Monde 17 f vrier 1965 Capitalisme d tat ou secteur public d mocratis Le Monde 5 f brier 1966 1925 La Nouvelle Revue Fran aise n 172 Paris avril 1967 pp 707 719 Bilan d un si cle 1867 1917 1967 et de deux demi si cle in Victor Faye dir En partant du Capital Paris Anthropos 1968 p 115 142 L Homme unidimensionnel d Herbert Marcuse
364. re l homme individuel et l homme g n rique le genre humain et qu elle devient indiff rente son contenu et ses circonstances de sorte que la dimension sociale chappe l individu qui est porteur de cette libert Elle se condamne chouer conna tre le lien existant entre l individu et le social En ce sens si nous jugeons valide ce que dit Politzer 4 Thid p 197 5 Jbid p 198 54 nous ne trouverons chez Bergson qu une philosophie de l homme en g n ral c est que l lucidation de l homme en g n ral ne signifie pas celle de l homme concret et particulier ou pour mieux dire qu il est impossible nous semble t il de conna tre l homme concret sans lier celui ci sa r alit sociale r alit irr ductible l homme en g n ral Par ailleurs nous trouvons derri re cette critique de l homme en g n ral la connaissance marxiste qui la fonde nouvelle connaissance de l homme l aide du mat rialisme dialectique L hypoth se de l homme en g n ral ne peut pas tre soutenable du point de vue de la division des classes elle sert seulement dissimuler la r alit de cette division Et il poursuit sa critique contre Bergson il Bergson entend par connaissances empiriques celles qui concernent chacun des fragments dans lesquels l abstraction d compose l homme Et voil pourquoi M Bergson s occupe de psychologie et de b
365. renvoient eux m mes une compr hension non conceptuelle Encore cette compr hension intuitive varie t elle suivant 197 Sur les recherches rigoureuse du ce terme notamment de l volution de l image de la pens e que Deleuze introduit dans son trait de Proust au plan d immanence une des plus fortes analyses est celle de Pierre Montebello Pierre Montebello Deleuze la passion de la pens e Paris Vrin 2008 104 la mani re dont le plan est trac De toute fa on la philosophie pose comme pr philosophique ou m me non philosophique la puissance d un Un Tout comme un d sert mouvant que les concepts viennent peupler Le non philosophique est peut tre plus au c ur de la philosophie que la philosophie m me et signifie que la philosophie ne peut pas se contenter d tre comprise seulement de mani re philosophique ou conceptuelle 198 mais s adresse aussi aux non philosophes dans son essence Il est certain qu ils s opposent sur l humanisme et la dialectique Mais en d pit de cela se croisent les perspectives du d passement de la philosophie et du plan d immanence en ceci qu elles se nourrissent de la r flexion philosophique sur le dehors non philosophie C est ainsi que Deleuze et Guattari crivent que Le concept est le commencement de la philosophie mais le plan en est l instauration Du c t de Lefebvre il le concept de quotidiennet ne pr
366. roit la ville face au d veloppement urbain d alors Qu il soit sous l influence ou en convergence Harvey va dans la m me direction que Lefebvre La question qui se pose c est dans quel monde vivrions nous aujourd hui si ces droits avaient t pris au s rieux au lieu d tre viol s de fa on flagrante dans presque tous les pays capitalistes du monde Si les marxistes abandonnent l id e des droits ils se privent de la possibilit de d noncer cette contradiction Je pense que la tradition marxiste doit dialoguer avec le discours des droits car c est l que peuvent se gagner des batailles politiques majeures Aujourd hui partout dans le monde la plupart des r voltes sociales en appellent spontan ment une certaine conception des droits52 Pour r aliser ce dialogue il serait indispensable de se r f rer aux livres des juristes tels que Pierre Legendre5 1 et Alain Supiot son disciple522 518 Miguel Abensour La d mocratie contre l tat Paris F lin 2004 p 8 519 Claude Lefort Droits de l homme et politique L invention d mocratique Paris Fayard 1994 1981 pp 45 83 Etienne Balibar Qu est ce qu une politique des droits de l homme Les fronti res de la d mocratie Paris La D couverte 1992 pp 238 266 520 David Harvey trad fr par Luc Beno t R inventer la g ographie G ographie et capital vers un mat rialisme historico g ographique Paris
367. rque nous permet de nous r f rer au texte de Maurice Blanchot se focalisant en particulier sur l criture automatique Au sein de l valuation du surr alisme de l apr s guerre m me si Blanchot dans ses r flexions sur le surr alisme trouve l occasion d exposer sa pens e du langage plut t que le sens litt raire du surr alisme malgr tout il nous semble qu il y met au point d une certaine fa on le sens de la tentative de Breton Il insiste en disant que gr ce l criture automatique le langage b n ficie de la plus haute promotion Par rapport nos consid rations 1l trouve la lib ration du langage des usages dans l activit du surr alisme o nous avons nous m me trouv celles de l imagination et de l exp rience des usages C est ainsi que le langage dispara t comme instrument mais c est qu il est devenu sujet Que les constructions rationnelles soient rejet es que les significations universelles s vanouissent cela veut dire que le langage ne doit pas tre utilis qu il ne doit pas servir exprimer qu il est libre la libert m me Il induit d s lors de l criture automatique un double sens le mot et la libert ne font plus qu un les mots deviennent libres pour eux m mes En fusionnant le mot avec la libert le langage faisant la pens e proc der des mots se transforme en celui aussi 62 Antoine Compagnon valuations
368. rsifier sa connaissance Autrement dit il est question de conna tre la mani re de penser et d exposer l exp rience du Japon sans l enfermer dans un nativisme ni la subordonner au savoir de l Occident D o vient l exp rience temporelle de la vie quotidienne comme cat gories de contemporan it et d histoire travers lesquelles nous pouvons lire l exp rience de la modernit au Japon en filigrane de celle occidentale Ainsi Harootunian n h site pas convoquer la fois les penseurs occidentaux comme Georg Simmel Gy rgy Luk cs Walter Benjamin y compris Lefebvre et ceux japonais Wajiro Kon folkloriste qui s exige pour comprendre la vie courante dans la soci t japonaise en contraste avec celle pr moderne faisant des tudes sur le changement des m urs import es par la modernit Kiyoshi Miki philosophe de l cole de Kyoto Jyun Tosaka de la m me cole mais aussi un des dissidents radicaux du r gime d alors Cela pour montrer que la probl matisation de la vie quotidienne tient au fait que le temps quantitatif et mesurable et le temps abstrait exprim par calcul de la plus value et du temps de travail sont promus respectivement par la science et par le capitalisme et que dans cette situation le d sir exprim dans la vie quotidienne consiste en obtenir le qualitatif La vie quotidienne dit Harootunian repose sur l exp rience de la r alit v cue qui marque l mergence et l
369. ry Pouch Les conomistes fran ais et le marxisme apog e et d clin d un discours critique 1950 2000 Rennes Presses Universitaires de Rennes 2001 Georges Perec Les choses une histoire des ann es soixante Paris Ren Julliard 1965 Esp ces d espaces Paris Galil e 1974 Georges Politzer Contre Bergson et quelques autres crits philosophiques 1924 1939 Paris Flammarion 2013 Michel Politzer Les trois morts de Georges Politzer Paris Flammarion 2013 Nicos Poulantzas Les classes sociales dans le capitalisme aujourd hui Paris Point 1974 L tat le pouvoir le socialisme Paris P U F 1981 1978 Rep res Hier et aujourd hui Paris Maspero 1980 Jacques Ranci re 289 La le on d Althusser Paris La Fabrique 2011 1974 Le ma tre ignorant cinq le ons sur l mancipation intellectuelle Paris 10 18 2004 1987 Aux bords du politique Paris Gallimard coll Folio 2003 1990 La M sentente politique et philosophie Paris Galil e 1995 Le spectateur mancip Paris La Fabrique 2008 Moments politiques Interventions 1977 2009 Paris Fabrique 2009 Kristin Ross trad fr par Christine Vivier Rimbaud la Commune de Paris et l invention de l histoire spatiale Paris Les Prairies Ordinaires 2013 1988 Fast Cars Clean bodies Decolonization and the Reordering of French Culture The MIT Press 1996 trad fr
370. s demandait un philosophe marxiste Henri Lefebvre de situer les contradictions et le d veloppement du marxisme en France pendant ces derni res ann es Ainsi Sartre avec Lefebvre constitue un front commun contre le marxisme officiel Lefebvre quant lui prend au s rieux le rapprochement de Sartre de la critique du Marxisme La situation philosophique a chang Les derniers crits de J P Sartre en font foi Qu un crivain philosophe de r putation et d importance mondiale r vise ses positions c est un v nement philosophique et c est le signe d une rigueur d esprit et d une vigueur singuli res Maintenant son int r t ne s attache ni au moment de la querelle de l existentialisme sur laquelle lui m me intervient ni au moment o Sartre s est approch politiquement du PCF de l ann e 1952 l ann e 1956 ann e de l insurrection hongroise o ses relations avec PCF s interrompent Mais celui o apr s la fin de l existentialisme en tant que mouvement collectif marqu e par les querelles successives de Sartre avec Camus puis Merleau Ponty dans les ann es 1950 21 Jean Paul Sartre Critique de la raison dialectique Paris Gallimard 1985 1960 p 14 nous allons br ger cet ouvrage en Critique Ibid p 14 Voir aussi les articles de Lefebvre Henri Lefebvre Le marxisme et la pens e ran aise Les temps modernes n 137 138 juillet ao t
371. s communaut des citoyens qui l habitent ou celle de l appartenance r ciproque d une entit spatiale discr te et fixe et d une population L urbanisation accompagn e de l industrialisation n invente jamais automatiquement la ville nouvelle Alors cette dissociation ce divorce progressif de l urbs et de la civitas qui inqui te n est pas simplement ce qui appartient la nostalgie et l ali nation de l humain Maintenant que la question sociale se superpose la question urbaine le sociologue comme Jacques Donzelot nous inviterait penser une spatialisation circonstancielle de la question sociale Mais comme il le dit galement la relation entre le contenant urbain et le contenu social n est pas univoque ni stable Ce que Lefebvre entrevoit et pense c est cette mergence de la s paration entre la soci t l habiter et la ville habitat Nous avons commenc dans ce chapitre aborder la question urbaine chez Lefebvre Cependant cette consid ration est juste un pr lude sa th orie g n rale de l espace qui synth tise ses analyses des r alit s urbaines et quotidiennes En effet Lefebvre explique ces relations de fa on dialectique Les recherches concernant la ville et l urbain renvoient celles qui concernent l espace 34 Quant elle Daniel Defert temoigne que Michel Foucault la fr quenta dans les ann es soixante dix
372. s dent aux niveaux r gional et local qui sont mieux situ s la fois strat giquement et g ographiquement pour promouvoir la comp titivit de leurs villes et r gions en tant qu emplacement industriel dans l conomie globale En un mot le changement de l conomie mondiale produit l espace tatique qui lui correspond et cette nouvelle chelle implique le r agencement des chelles 485 Neil Brenner New State Spaces Urban Governance and the Rescaling of Statehood Oxford Oxford university press 2004 pp 2 3 486 Neil Brenner Global Fragmented Hierarchical Henri Lefebvre s Geographies of Globalization Public Culture 10 no 1 1997 pp 137 169 p 156 248 supranationales r gionales et intra nationales locales et urbaines qui l entourent Nous soulignons ici que le n ud de ce r agencement r side dans le processus d urbanisation En d autres termes la transformation de l tat caus e par la globalisation passe par l urbanisation Pour examiner cette implication il faut savoir comment ce processus se place dans De l tat Pour ce faire il est utile de retracer d abord sa th orie de la ville et puis de le relier la th orie de l accumulation du capital qui s labore dans cet ouvrage En interpr tant un des facteurs conomiques de l urbanisation comme tant une transformation du circuit de la chose mobilier en celui de l espace immobilier transformatio
373. s loisirs Ainsi la vie quotidienne se transforme petit petit en lieu de la consommation dans lequel o le produit se multiplie Lefebvre pour qui l in galit de d veloppement caract rise la soci t fran aise remarque que les progr s de la technique p n trent dans la vie quotidienne qu il qualifie de secteur attard par rapport au d veloppement technique Par exemple l on observe dans un assez grand nombre de m nages ouvriers m me s il y a des enfants les choix d acquisitions vont en direction de la machine 270 Daniel Cohen Pr face in Jean Fourasti Les Trente Glorieuses ou la r volution invisible de 1946 1975 Paris Pluriel 2010 1979 pp I X p HI 771 Henri Lefebvre Avant props de la 2 dition op cit p 15 141 laver le linge du poste de t l vision ou de la voiture Tout cela est contradictoire alors qu il est perceptible que les conditions de vie concernant le logement se d gradent ce propos le 17 mai 1961 lors d un expos dans le groupe de recherche relatif la vie quotidienne dirig par Lefebvre dans le cadre du centre de recherche de sociologie de CNRS Guy Debord d plie radicalement son argument Henri Lefebvre a appliqu ici une extension de l id e d in gal d veloppement pour caract riser la vie quotidienne d cal e mais non coup e de l historicit comme un secteur attard Je crois que l on peut aller jusqu
374. s que l humain et l individuel co ncideront Ibid p 9 70 l id ologie l conomie il suit au contraire les naissances complexes des id ologies en rapport avec la praxis sociale l conomie d une soci t donn e Pour comprendre ce rapport complexe de l id ologie la structure sup rieure la base conomique et l originalit de cette argumentation nous voquerons bri vement la sp cificit du mode de production capitaliste que Marx a caract ris e dans son Capital et auquel Lefebvre et Guterman se sont r f r Ce qui est caract ristique du mode de production capitaliste est la forme de marchandise Le caract re mystique de la marchandise n appara t jamais d autant qu elle est consid r e sous sa forme de valeur d usage soit que ses propri t s assouvissent les besoins de l homme soit qu elles soient produites par le travail humain La source du caract re mystique et m taphysique de la marchandise doit tre r v l e par l organisation du travail social que forme l ensemble des travaux priv s o le rapport social d termin des producteurs correspond celui des produits du travail La valeur du travail social ce stade s organise sous la condition que les propri t s de chaque travail particulier qualitatif et incompatible l une avec l autre m me incommensurable l une l autre s abstraient au sens o elles sont trait es comme mesurable
375. s bri vement mentionn David Harvey construit sa th orie de l espace en parall le celle de Lefebvre Elle se compose de la distinction entre les espaces absolus et relatifs de la production de l espace social et de l importance de l am nagement de la ville en tant qu emplacement de la sp culation et de l investissement du capital abord es dans Ch IV 2 b D un autre c t il y d nonce Lefebvre en ceci qu il ne peut formuler le m canisme du troisi me point La m me critique se trouve dans un ouvrage relativement r cent Le nouvel imp rialisme Dans 510 Pierre Lantz L espace et le temps quotidiens comme enjeu politique L Homme et la soci t n 185 186 Paris L Harmattan mars avril 2012 pp 45 57 p 45 265 son c l bre commentaire selon lequel le capitalisme survit en produisant de l espace Lefebvre pour sa part pensait avoir trouv la cl de cette nigme mais il allait chouer malheureusement expliquer exactement comment et pourquoi cela pouvait tre le cas Harvey pr cise sa th se comme ceci Le point nodal de cette th se N B l am nagement spatial spatial fix th oriquement d duite d une reformulation de la th orie de Marx de la chute tendancielle du taux de profit repose sur la tendance chronique inh rente au capitalisme produire des crises de suraccumulation De telles crises se manifestent typiquement par des surplus de capitaux sous la forme d
376. s dans la France des 279 ann es trente Montr al 1990 Correspondances d intellectuelles Le cas des lettres d Henri Lefebvre Norbert Guterman 1935 1947 in Nicole Racine et Michel Tr bitsch dir Lieux milieux r seaux Cahiers de l institut d histoire du temps pr sent n 20 Paris Centre national de la recherche scientifique mars 1992 Henri Lefebvre en regard de Michel de Certeau Critique de la vie quotidienne in Christian Delacroix Fran ois Dosse Michel Tr bitsch dir Michel de Certeau les chemins d histoire Bruxelles Complexe coll Histoire du temps pr sent 2002 pp 141 157 Henri Lefebvre et le Don Juan de la connaissance pr face Henri Lefebvre Nietzche Paris Syllepse 2003 1939 pp 5 25 IV Autres r f rences Miguel Abensour La d mocratie contre l tat Paris F lin 2004 Theodor Adorno trad fr par Pierre Arnoux Julia Christ et al L actualit de la philosophie et autres essais Paris ditions Rue d Ulm 2008 trad fr par Le Group de traduction du Coll ge de philosophie Dialectique n gative Paris Payot 2003 1966 Louis Althusser Pour Marx Paris La D couverte 2005 1965 et tienne Balibar Roger Establet Pierre Macherey Jacques Ranci re Lire le Capital Paris P U F 1996 1965 Positions Paris Editions sociales 1976 Id ologie et appareils id ologiques d
377. s et d j incorpor la dimension simulatrice de l hyperr alisme nous vivons partout d j dans l hallucination esth tique de la r alit Le vieux slogan La r alit d passe la fiction qui correspond encore au stade surr aliste de cette esth tisation de la vie est d pass plus de fiction qui la vie puisse se confronter m me victorieusement c est la r alit enti re pass e au jeu de la r alit d senchantement radical stade cool et cybern tique succ dant la phase hot et phantasmatique 114 321 L activit d avant garde est une activit extr mement fragile elle est vou e la r cup ration sans doute parce que nous sommes dans une soci t ali n e de type capitaliste qui soutient et a besoin de soutenir les ph nom nes de mode pour des raisons conomiques Or dans notre soci t actuelle telle qu elle est la th orie est l arme subversive par excellence Je ne dis pas qu il en serait de m me dans d autres pays dans d autres Etats historiques Fatalit de la culture limites de la contre culture Roland Barthes uvres compl tes IV 1972 1976 Paris Seuil 2002 pp 193 198 pp 194 195 163 structuralisme ne retire pas au monde l histoire il cherche lier l histoire non seulement des contenus cela a t fait mille fois mais aussi des formes non seulement le mat riel mais aussi l intelligible non seulement l id ologique
378. s le cadre des n gociations du Trait de Partenariat Trans Pacifique s il tat conclu risquent de causer des dommages profonds au secteur de l agriculture et par voie de cons quence d approfondir l isolement du Japon dans le concert des nations asiatiques Tout au contraire il faut penser et agir sur le fond des processus de pr carisation l chelle intra nationale Dans les pays d Asie tels que la Chine la Cor e du Sud et le Japon l in galit dans le dynamisme conomique entre les villes augmente Ceux qui en subissent les cons quences sont les citadins Aussi les luttes doivent tre men es l chelle locale pour atteindre l chelle r gionale 255 Conclusion C est seulement la question o qui fait surgir en moi le concept d espace O est une question universelle valable pour tout lieu sans distinction mais ce o est cependant d termin L universalit de l espace est donc en m me temps impliqu e dans la d termination du lieu mais c est justement pour cela que le concept universel de l espace n est un concept r el qu la condition d tre reli la d termination du lieu Ludwig Feuerbach Principes de la philosophie de l avenir En empruntant l expression l historien anglais Hobsbawm nous avons dit en introduction de nos tudes que Lefebvre vit dans l ge des extr mes entre la soci t totalitaire et la soci t d mocratique
379. s universitaire de France 2011 Joachim Hirsch Materialistische Staatstheorie Hamburg VSA Verlag 2005 Ivan Illich La Convivialit Paris Seuil 1973 Fredric Jameson trad fr par Florence Nevoltry Le postmodernisme ou la logique culturelle du capitalisme tardif Paris cole nationale sup rieure des beaux arts de Paris 2011 1991 Notes on Globalization as a Philosohical Issue in Fredric Jameson and Masao Miyoshi eds The Cultures of Globalization Durham and London Duke University Press 1998 pp 54 77 trad fr par Thierry Labica Notes sur la mondialisation comme probl me philosophique Avec Marx 25 ans d Actuel Marx Paris Presses Universitaires de France l octobre 2011 pp 217 227 Bob Jessop Theory and Political Strategy London Macmillan 1985 The Future of the Capitaliste State Cambridge Polity Press 2002 Pouvoir et strat gies chez Poulantzas et Foucault Actuel Marx Num ro 36 Paris P U F 2004 pp 89 107 State Power Cambridge Polity Press 2007 Anselm Jappe trad fr par Claude Galli Guy Debord Paris Dano l 2001 1993 Alexandre Koyr Du monde clos l univers infini Paris Gallimard coll Tel 1988 1957 Pierre Lantz Une esp ce de flou paradisiaque un d sir sorti de l enfance Les Lip in Christine Buci Glucksmann dir La gauche le pouvoir le socialisme Hommage Nicos Poulanzas Paris Presses Universitaires de
380. sage de Wilhem Meister de Goethe o l histoire d un individu se lie de fa on organique et harmonieuse l histoire g n rale Autrement dit et comme il le dit La fin se d finit clairement et la finalit c est l tat 4 Thid p 221 410 Lefebvre La fin de l histoire op cit p 68 209 de perfection Dans la vie individuelle l Adulte correspond la maturit de l esp ce et de la soci t et de l esprit humain compris travers le temps historique Sil y a quelque chose de semblable l humanisme th orique dans cette consid ration c est la conception anthropomorphique de l histoire selon laquelle le temps individuel concorderait avec le temps historique C est ce avec quoi Lefebvre en termine car la finitude des individus ne correspond jamais celle de l histoire ni celle de l homme g n rique Pour Hegel et pour Marx sans la moindre objection l histoire se d finit clairement maturation de l esp ce de la soci t de la pens e et marche vers l ach vement C est ainsi que pour eux l histoire se d finit par sa fin l tat adulte de l homme g n rique c est dire de l esp ce humaine de la pens e de la soci t etc La relation entre le temps individuel et le temps historique doit s lever au concept Les fondateurs de la pens e historique ne les s paraient pas Or aujourd hui une r ponse inverse vient aux
381. seigne parce qu elle est jou e non parce qu elle est vue Bertolt Brecht trad fr Edith Winckler et Jean Marie Valentin La Pi ce didactique 1929 1956 Brecht crits sur le th tre Paris Gallimard coll Pl iade pp 235 242 p 240 140 1 2 L enjeu de la d nomination de la soci t la soci t bureaucratique de la consommation dirig e et la soci t du spectacle Dans la p riode que Jean Fourasti sp cialiste de l conomie de la France de l apr s guerre baptise Les Trente Glorieuses on connait la croissance conomique au rythme exceptionnel le ch mage bas et le changement de la vie Selon lui cet essor ne s explique pas par l accumulation du capital comme au dernier si cle mais par le progr s des techniques Toutefois Lefebvre et Debord contemporains de cette p riode la caract risent autrement Cette caract risation ou pr cis ment la d nomination de la soci t de l poque est pour eux d cisive parce que nommer ou d nommer une circonstance c est dessiner la configuration du tout social pour faire un pas vers la strat gie politique Par ailleurs parler de la soci t bourgeoise ou du capitalisme dont la r alit n a pas pour autant disparue semble tre inappropri Il faut donc nouveau remonter leurs changes sur la vie quotidienne L ennui que procure le travail monotone est compens par le divertissement et le
382. selon laquelle il est n cessaire si l on veut parvenir quelque r sultat th orique ou pratique de consid rer la r alit humaine elle la conception marxiste est aussi r volutionnaire parce que selon l admirable mot de Gramsci la v rit est r volutionnaire et que toute connaissance approfondie de la situation est une arme aux mains de ceux qui combattent pour la libert effective En un mot la v ritable connaissance de la r alit humaine en fournissant l homme la puissance mancipatrice une arme consiste r aliser le monde 178 Fran ois Ch telet Logos et praxis op cit p 177 17 Ibid p 300 95 rationnel et produire la nouvelle conception de l homme Ce faisant la production de la v rit d passe la preuve l gitimant traditionnellement la philosophie et se pr sente comme une nouvelle pratique ou exercice de la philosophie Tel est le sens que Ch telet donne au d passement de la philosophie et qu il inscrit comme statut de la philosophie du marxisme dans l histoire de la philosophie Ces recherches sur le d passement de la philosophie par Ch telet n ont pas quelque chose de semblable celles auxquelles Lefebvre donne le nom de m taphilosophie Ce pr fixe m ta signifie non seulement la philosophie sur la philosophie mais aussi le point de vue qui permet de se situer au dehors de la philosophie De ce lieu Lefebvre essaie d tablir
383. ser et de son cole taient plus connues en France il en est de m me du Japon si l on mesure la pr sence de Lefebvre par le nombre de ses livres traduits en japonais elle diminue peu peu au moment o la pens e d Althusser est pr sent e et accueillie en tant que nouveau courant appliquant la m thode structuraliste la lecture de Marx Pourtant aujourd hui cette tension serait moins forte en tenant compte du fait qu un des disciples d Althusser Pierre Macherey lui consacre un des chapitres de ses Petits riens orni res et d rives du quotidien ouvrage publi en 2009 Deuxi mement la pens e marxiste dont se r clament Lefebvre et Althusser subit le reproche de totalitarisme Cette condamnation est lanc e par deux courants qui mergent au milieu des ann es 70 les nouveaux philosophes et le postmodernisme Bien s r ils sont diff rents et s affrontent r ciproquement Mais on peut trouver une de France janvier 2009 pp 8 16 Patrick Cingolani Henri Lefebvre une pens e devenue monde L Homme et la soci t n 185 186 Paris L Harmattan mars avril 2012 pp 11 17 14 Micha l L wy Le marxisme romantique M mensuel marxisme mouvement n 50 Paris Syllepse d cembre 1991 pp 6 8 Monique Connrnaert et Jean Pierre Garnier pr sentation in Actualit s de Henri Lefebvre Espaces et soci t s n 76 Paris L Harmattan 1994 pp 5 11 15 Pierre Macherey En
384. si elle est domin e et dirig e par une force sup rieure au lieu de vouloir dominer et diriger elle m me Au lieu d tre prisonnier de cet accompli dans l histoire Nietzsche insiste sur la n cessit de la facult d oublier avec laquelle l homme est capable de cr er la vie future l horizon du possible Tel est ce que Lefebvre tire de la lecture de Nietzsche La conscience historique nourrit le sentiment de culpabilit maladie incurable qui interdit la sant et la cr ation C est ainsi que l histoire est bel et bien et toujours th ologie camoufl e venue incognito du Moyen ge de son pessimisme de son nihilisme imposant ses serviteurs une attitude passive et r trospective Ce que Marx disait de la Philosophie Nietzsche le proclame de l histoire Il inaugure une nouvelle fa on de r fl chir sur l accompli et de m diter sur le possible qu il faut se d cider nommer m taphilosophie Avec Nietzsche Lefebvre disjoint ainsi le pr sent du processus historique et universel et refuse de l identifier au dernier moment c est dire la fin de l histoire Mais quelle cons quence en tire t 1il Elle ne porte pas seulement sur la critique de Hegel mais aussi sur celle de Marx parce qu il pense que ces deux penseurs partagent le mod le de compr hension de l histoire et de sa fin l historicit qui est illustr par exemple par le roman Les Ann es d apprentis
385. son essai sur la ville apr s le 11 septembre Paul Virilio La ville panique Ailleurs commence ici Paris Galil e 2003 507 Andr Gorz L immat riel op cit pp 66 67 263 i PE F 508 une hi rarchisation c est dire la domination sociale et spatiale D autre part dans les l ments de rythmanalyse en consid rant que la crise de l a rythmmie n est pas une r p tition absolue il trouve l issue dans une m me r p tition Tout d r glement des rythmes produit des effets conflictuels Il d traque et trouble il est symptomatique d un trouble g n ralement profond l sionnel et non plus fonctionnel Il peut aussi produire une lacune un trou dans le temps combler par une invention une cr ation Laissons en suspens tout ce que nous avons remarqu jusqu ici puisque nous avons pour conclusion d associer ce que nous avons pens de Lefebvre ses derni res tudes sur la vie quotidienne afin d esquisser d amplifier ce qui est actuel chez lui Aussi nous prendrons le risque de rendre plus ouvert le possible de sa pens e Pour ce faire nous r sumerons en quelques points que la nouvelle laboration th orique de la vie quotidienne n est possible qu apr s les travaux sur l espace et l tat que les recherches sur le rapport entre la vie quotidienne et le rythme tournent autour du concept philosophique de r p tition que sa sp cificit r side dans
386. ssie 1865 1941 un des fondateurs du PCF n du congr s de Tours en 1920 Docteur en Philosophie publiciste socialiste puis communiste membre du Comit directeur du PCF de 1920 1921 et financ e par le fonds de Georges Friedmann fils d un banquier parisien Elle est dirig e par Pierre Morhange et Norbert Guterman qui en occupe la place de secr taire de r daction sous le pseudonyme de Albert Mesnil et est publi e avec l autre revue la Revue de psychologie concr te principalement dirig e par Georges Politzer par la maison d dition Les Revues galement fond es avec l assistance de Georges Friedmann Non seulement elle r unit derechef cinq tudiants de la facult de philosophie de la Sorbonne Mohrange Politzer Friedmann Lefebvre Gutermann la suite de la publication de deux autres revues que sont Philosophies et l Esprit mais elle marque aussi les d buts de Paul Nizan normalien tout comme Jean Paul Sartre en journaliste communiste encore qu il fr quent t d s 1925 les membres de la revue des Philosophies et qu il ait sign un manifeste contre la guerre du Rif sans pour autant participer la r daction des revues dans cette poque l Par contre Lefebvre n y donne pratiquement qu une petite recension propos d un livre titr La Bataille de Daniel Lindenberg Le Marxisme introuvable Paris Union g n rale d dition 1979 1976 80 Il consacre plusieurs num ros
387. ssociation entre l historique et le mondial Le historique et le mondial dit il ne co ncident plus Le mondial se dresse sur les ruines de l historicit comme non historique post historique transhistorique Partant de ce d calage il remet en cause et divise en deux le processus historique qu il appelle mondialisation de l histoire d un c t il est produit par l industrialisation et son effet est l homog n isation de l autre par l urbanisation et son effet la diff rence Cette opposition est ainsi formul e en lutte intense entre les 5 P Jus 416 puissances homog n isantes et les puissances diff rentielles C est par ce biais que son interrogation sur la fin de l histoire conflue avec sa probl matique de la production de l espace D une part on ne peut pas conna tre la soci t actuelle sans savoir la formation socio conomique de l espace d autre part l histoire est relanc e par l irruption du mondial qui s appr hende par la nouvelle production de l espace l urbanisation qu il implique Ainsi le sens de la fin de l histoire nonc par Lefebvre est contraire celui de la 413 414 Nietzsche Consid rations inactuelles I et IT op cit p 381 Le mot allemand Weltgeschichtlich est compos de deux mots le monde Welt et l historique geschchtlich Si l on le traduit mot mot c est l historique mondial ou mieux l his
388. st l aspect du sol et la r partition des cultures Son aspect n gatif c est une signification qui n est pas saisie par les paysans eux m mes pr cis ment parce qu elle est une absence l absence d arbres Mais surtout le d boisement comme limination d obstacles devient n gativement absence de protection le loess des montagnes et des p n plaines n tant pas fix par les arbres encombre les fleuves les exhausse au dessus du niveau de la plaine et dans les parties inf rieures de leur cours il les obture comme un bouchon et les contraint d border Ainsi le processus entier des terribles inondations chinoises appara t comme un m canisme construit intentionnellement Dans cet exemple qui nous raconte l effet bipolaire l extension du sol arable et les inondations de la pratique du d boisement les fins que s ali nent cette praxis et son projet objectiv se transforment en contre finalit C est ainsi que la praxis retourne son ext riorisation contre les paysans chinois en force trang re eux Ce qui est essentiel est que cette catastrophe dont les paysans font l exp rience n est pas caus e simplement par la menace externe Elle a des causes internes dans les relations 2 Ibid p 119 224 Ibid pp 272 273 115 int rioris es tablies par la praxis elle m me entre l homme et le milieu Cette ali nation est tr s sp cifique par rapport celle que les marxi
389. stes formulent parce qu elle n a lieu ni dans les rapports de production ni dans la circulation des marchandises mais dans la mati re ouvr e et transform e par l homme lui m me Cette structure de l ali nation ne la trouvons nous pas dans les rapports sociaux et politiques Notamment dans la critique par Sartre contre le colonialisme o elle appara t comme une contre finalit de la violence C est dans la pr face de Les damn s de la terre de Franz Fanon sortie en 1961 que Sartre raconte par le moment de boomerang comment les colons et les colonis s s engagent historiquement dans la violence du colonialisme Il y d fend les raisons de la r volte des colonis s et ses causes parce que les r volt s retournent la violence contre les colons qui en sont les premiers porteurs Voil un moment o le concept d ali nation est une arme critique d une ampleur inou e 7 Si l on substitue le mot risque l ali nation la structure de l exp rience de l ali nation que Sartre a d crite est consid rablement identique celle de Ulrich Beck Le th oricien de la sociologie de la r flexivit a publi La soci t du risque apr s la catastrophe nucl aire de Tchernobyl Il a crit dans ce livre la diff rence de toutes les poques qui l ont pr c d e crit il la soci t du risque se caract rise avant tout par un manque l impossibilit d imputer les situatio
390. t Nous passerons donc au moment o apparait la vie quotidienne en tant que question litt raire et philosophique o surgit la n cessit de l interpr ter la lumi re des textes de chacun des auteurs Breton et Lefebvre pour claircir sa port e et les cons quences diff rentes qu ils en tirent l un et l autre 1 2 La vie quotidienne selon Andr Breton un monde d fendu et livr aux hasards Nous v rifierons dans le texte de Breton la distance prise envers la philosophie traditionnelle afin d amplifier et de multiplier le sens de la vie quotidienne expos e dans Nadja Sur ce point rien de plus claire que les phrases de Breton dans Manifeste du surr alisme en 1924 Nous vivons encore sous le r gne de la logique Mais les proc d s logiques de nos jours ne s appliquent plus qu la r solution de probl mes d int r t secondaire Le rationalisme absolu qui reste de mode ne permet de consid rer que des faits relevant troitement de notre exp rience Les fins logiques par contre nous chappent Inutile d ajouter que l exp rience m me s est vue assigner des limites Elle tourne dans une cage d o il est de plus en plus difficile de la faire sortir Elle s appuie elle aussi sur l utilit Henri Lefebvre La somme et le reste Paris Anthropos 2009 1959 p 446 37 imm diate et elle est gard e par le bon sens Sous couleur de civilisation sous pr texte de pr
391. t homog n isation totale Cette promotion de la consommation est li e la croissance conomique puisque pour la concr tiser 1l faut non seulement produire en masse mais aussi consommer tout autant Donc la consommation plus que la production devient le moteur de la croissance La marchandise comme l alimentation le v tement et les appareils lectriques devient si diverse qu elle se trouve transform e en substance ludique et distinctive en accessoire de luxe en l ment parmi d autres de la panoplie g n rale des biens de consommation Si bien que le consommateur doit acqu rir une culture c est dire saisir les signes et les codes que la marchandise arbore 31 Jean Baudrillard La soci t de consommation Paris coll folio Deno l 2009 1970 p 25 302 Thid p 21 154 pour choisir La vie quotidienne devient un syst me d interpr tation pour d crypter de tels codes En ce qui concerne la mesure de la croissance conomique la critique de Baudrillard s adresse l outil P N B produit national brut Car sa comptabilisation int gre p le m le la production des biens utiles mais aussi les nuisances et pollutions qu ils suscitent Tout ceci favorise l mergence d espaces vierges permettant paradoxalement un bien de raret dit milieu L espace et le temps l air pur la verdure l eau le silence deviennent la marchandise commercialis e
392. t lui d crit la soci t contemporaine dans son livre La vie quotidienne dans le monde moderne qu il consid re tre un digest de ses recherches sur ce sujet partir de 1960 environ la situation se clarifie Le quotidien ce n est plus le d laiss le d poss d le lieu commun des activit s sp cialis es le lieu neutre Les dirigeants du n o capitalisme en France et ailleurs ont bien compris que les colonies sont g nantes et peu rentables Leur strat gie a chang Ils sont entr s dans une nouvelle perspective les investissements sur territoire national l am nagement du march int rieur ce qui n emp che en rien le recours aux pays en voie de d veloppement comme sources de 274 275 Eric Hazan L invention de Paris Paris Seuil coll Points 2002 p 31 Fran oise Choay Pour une anthropologie de l espace Paris Seuil 2006 p 312 143 main d uvre et de mati res premi res comme lieux d investissement mais ce n est plus la pr occupation dominante Que font ils L exploitation semi coloniale de tout ce qui entoure les centres de d cisions politiques et de concentration conomique des capitaux r gions p riph riques campagnes et zones de production agricole banlieues populations compos es non seulement de travailleurs manuels mais d employ s et de techniciens L urbanisation ainsi d crypt e est non seulement au service du n o capitalisme
393. t gie de passage de l industrie lourde de nouveaux secteurs d exploitation comme les loisirs le tourisme et les cha nes d h tels la mati re grise l informatique etc peut tre sommes nous en pr sence de ce qui va tre appel apr s d autres volutions capitalisme cognitif pour reprendre l expression de Yann Moulier Boutang Il y a donc un double processus contradictoire dans la mondialisation d un c t port par le syst me des tats de l autre par l entreprise multinationale partir de ce constat Lefebvre entreprit de penser le devenir du monde Partant de l la d finition qu il donne la mondialisation de l tat peut tre claircie La mondialisation de l tat ou syst me mondial des tats ne signifie pas tablissement d une conomie planifi e l chelle mondiale fondation d un tat unifi mondial Au contraire Ces mots veulent dire g n ralisation des hi rarchies et des rapports de domination de d pendance d exploitation 474 Ibid pp 77 78 45 Henri Lefebvre De l tat III Le mode de production tatique Paris Union G n ral d ditions 1977 p 267 242 Ainsi Lefebvre nous interdit d entendre dans l expression mondialisation de l tat la domination simplifi e de l tat universel ou de l conomie unique Il refuse galement la th se d un capitalisme monopolistique d
394. t entre l tat et les rapports de production se d finit par la condensation du rapport de forces L tat n est ni un objet ni un instrument manipul par une des fractions de la classe capitaliste non plus qu un sujet tout puissant ind pendant des rapports sociaux Au fond il ne constitue qu une unit contradictoire et instable sous la condition d arriver r gir et quilibrer les rapports de de classe la classe dominante que Poulantzas appelle bloc au pouvoir la classe 6 Nicos Poulantzas V La crise des partis 1979 Rep res Hier et aujourd hui Paris Masp ro 1980 pp 163 183 p 166 47 Poulantzas L tat le pouvoir le socialisme op cit pp 31 38 p 189 Cf Poulantzas V La crise des partis 1979 op cit pp 166 167 233 moyenne ou la petite bourgeoisie n e de l essor de la soci t de consommation la classe ouvri re et des diverses fractions qui d rivent de ces classes Telle est la diff rence entre la perspective d Althusser et celle de Poulantzas sur l tat Mais elle ne demeure pas seulement dans le cadre th orique de l tat mais aussi dans celui de la strat gie politique La strat gie fond e sur la th orie l niniste du double pouvoir se r sume en ceci la force r volutionnaire en tant que premier pouvoir se situant l ext rieur de l tat devenant lui second pouvoir le fait d p rir et tablit
395. t est pr cis ment ce que Merleau Ponty appelle intellectualisme ou pens e de survol En un mot la philosophie officielle du mat rialisme dialectique manque de preuve philosophique de sorte qu elle usurpe le titre de philosophie Il est facile comprendre que cette usurpation glisse vers le dogmatisme qui d termine en derni re instance les relations aussi bien entre la politique et la philosophie qu entre la pratique et la th orie Sous cet angle ce que dit Sartre dans l article paru en 1946 titr Le 1 Ibid p 70 170 Ibid p 47 91 mat rialisme et la r volution repris dans Situation III autant que dans la Critique de la raison dialectique n est pas diff rent de ce qu avance Ch telet En qualifiant le mat rialisme dialectique de dialectique m canique ou de mat rialisme m canique Sartre montre que la mati re dans cette r flexion manque d appui philosophique En lieu et place de cela la doctrine du mat rialisme m canique applique au monde social de fa on ext rieure la th se de la science naturelle en tant que loi historique Il consid re la dialectique de cette doctrine comme tant a priori parce qu elle ne peut pas rendre compte de la dimension existentielle de l exp rience et que d faut de cela elle impose de l ext rieur l histoire en cours la totalit accomplie rev tue de la volont divine ou de la loi aveugle de sorte qu
396. t imminent L objectif est donc plus conjoncturel que t l ologique Parall lement cette poursuite Lefebvre et Guterman continuent de d velopper leur pens e Regardons de pr s leur effort La dimension nouvelle qu ils ins rent dans l article la mystification et La conscience mystifi e qui en r sulte s explique par l addition des concepts d ali nation et de f tichisme celui de mystification C est cette dimension qui est absente de l article l individu et la classe Ils clarifient les relations de ces trois termes et ce que ceux ci nous permet de comprendre F tichisme ali nation mystification sont trois termes presque identiques trois aspects au sens fort Ils nous permettent de saisir l unit complexe de l conomie et des formations id ologiques Le mat rialisme ne r duit pas 130 Jbid pp 6 7 BI Actuellement le prol tariat repr sente les int r ts et les aspirations de l immense majorit des hommes sa mission historique est de supprimer toute exploitation et de r aliser la soci t sans classes En transformant la soci t toute enti re il se transforme lui m me et il transforme les autres classes C est seulement dans la soci t sans classes et sans exploitation que l id e de l homme et de l humain aura un contenu r el et c est alors seulement apr s l abolition de toute institution contraignante due l existence ou aux survivances des classe
397. t la dimension sociale Cette derni re n explique t elle pas la raison du rapprochement de Sartre de la pens e marxiste En parall le de ce passage le concept d ali nation dans la Critique de la raison dialectique se d place sur le terrain social et historique par rapport L tre et le n ant o son usage se limite d crire l exp rience v cue Nous pouvons donc rep rer le concept d ali nation dans un autre domaine que celui de la structure de l tre c est dire dans la raison dialectique Celle ci a pour objet th orique le mouvement dialectique qui se d ploie entre deux p les praxis ensemble des pratiques par lesquelles l homme agit sur la mati re et r organise l environnement pour reproduire ses conditions d existence et inertie appartenant la mati re environnante de l action et entendons litt rairement par ce mot inertie la propri t qu ont les corps et la mati re de ne pouvoir par eux m mes changer l tat de repos ou de mouvement dans lequel ils se trouvent Cependant le rapport de ces deux 217 Par exemple nous pouvons fixer l occurrence du l ali nation dans L tre et le n ant l ali nation de moi qu est l tre regard implique l ali nation du monde que j organise Jean Paul Sartre L tre et le n ant 1943 Paris Gallimard coll tel 2010 pp 302 303 Pour une connaissance synth tique sur l volution du concept d ali natio
398. t ni ternels ni historiques mais intempestifs et inactuels L opposition dans laquelle la philosophie se r alise est celle de l inactuel avec l actuel de l intempestif avec notre temps Et dans l intempestif il y a des v rit s plus 5 Alain Brossat Autocritique Contre Althusser pour Marx Paris Les ditions de la passion nouvelle dition revue et augment e 1999 1974 pp 303 309 p 309 217 durables que les v rit s historiques et ternelles r unies les v rit s du temps venir Il n y a pas de philosophie ternelle ni de philosophie historique L ternit comme l historicit de la philosophie se ram nent ceci la philosophie toujours intempestive 2 426 intempestive chaque poque Ainsi l intempestif ou l inactuel sont mobilis s contre l historicit Cependant si Deleuze dirige tous ses efforts contre la pens e dialectique de Hegel Lefebvre lui gardant la dialectique met en rapport les pens es de Hegel Marx et Nietzsche entre elles La philosophie de l affirmation caract ris e par les concepts de diff rence et de r p tition d nigre la philosophie dialectique par ceux de n gation et de contradiction Mais ce passage de concepts d autres ou transvaluation est il achev ou faut il l quilibrer afin de remettre au jour le mouvement dialectique dans la situation actuelle Ces questions rebondissent dans la pens e de
399. t que si Paris voulait int grer son si cle il tait grand cybern tique est mise au jour dans son autre ouvrage portant sur le cybernanthrope savoir l homme cybern tique Henri Lefebvre Vers le cybernanthrope Paris Deno l 1971 328 Je pense que le troisi me volume reprendra les th mes sexualit et soci t d sir besoin jouissance qui ne sont pas puis s dans les deux premiers volumes et de loin ni dans les nombreuses publications contemporaines Henri Lefebvre Le temps des m prises op cit p 208 Michel Aglietta R gulation et crises du capitalisme Paris Calmann L vy 1976 p 136 cit in Ross Rouler plus vite Laver plus blanc op cit p 14 166 temps que les urbanistes int grent l automobile Les th ses de Delouvrier trouv rent un partisan enthousiaste en Georges Pompidou qui d clara Paris doit s adapter l automobile Il faut pour cela renoncer une esth tique p rim e La construction du boulevard p riph rique annonc comme le plus important et le plus spectaculaire des grands travaux d am nagement entrepris dans la capitale depuis plusieurs d cennies fut commenc e en 1956 la voie express rive droite longeant la Seine fut achev e en 1967 En 1972 170 000 v hicules empruntaient chaque jour le p riph rique o l on recensait chaque jour un accident au kilom tre autant dire que le p riph avait remplac les fortif A 330 par
400. te ou avenir pour r orienter le possible th orique C est dans cet ouvrage que Lefebvre labore le d passement de la philosophie partir de la critique du dogmatisme stalinien sous couvert du mat rialisme dialectique officiel abr g en dia mat Dans son chapitre intitul Le mat rialisme dialectique officiel il accuse le stalinisme de 181 y si tomber dans le triple subjectivisme subjectivisme de classe de parti d tat bien que l analyse montre la rupture croissante avec lobjectivit de ce dernier Au niveau de l preuve philosophique il qualifie le dia mat de salade clectique tant pour cent de mat rialisme vulgaire tant pour cent de rationalisme 183 scientiste Cette salade n en contient pas moins des probl mes D autant qu elle 181 182 Lefebvre La somme et le reste op cit p 48 Henri Lefebvre Avant props de la 2 dition Critique de la vie quotidienne Introduction op cit p 62 Cet loignement de l analyse stalinienne avec la r alit objective de la soci t Lefebvre explique qu elle se focalise sur la force productive alors qu elle ignore de rapports sociaux Il est certain que le d veloppement des forces productives c est dire des techniques a des cons quences dans les rapports sociaux structurellement li s ces techniques Beaucoup de marxistes se sont enferm s dans un subjectivisme de classe pour eux la notio
401. toire mondiale 415 Lefebvre La fin de l histoire op cit p 171 16 Thid p 172 211 tentative de m me nom par Fukuyama et celui de la version postmoderne de Lyotard puisque ces derniers d clarent la fin en tant que jugement dernier sur l histoire il n y a pas d alternative politique ou la fin des grands r cits tandis que Lefebvre n accepte jamais aucune cl ture de l histoire en la diff rant infiniment Si l on compare cette perspective avec celle d Althusser l cart est clair Il est vrai qu en proc dant la lecture symptomale des textes de la maturit de Marx savoir du Capital Althusser en r nove sa lecture et apporte une nouvelle connaissance ceux qui sont m contents des interpr tations orient es et d termin es par les philosophes au pouvoir Mais son essai ne sort pas de la recomposition du mat rialisme historique y compris de la tentative de proposer une th orie g n rale de l id ologie Par contraste si dans M taphilosophie Lefebvre d passe et relance simultan ment la philosophie dans La fin de l histoire il pense celle ci autrement autrement que Marx Il en r sulte qu en disjoignant la fin l ach vement du monde communiste dont le porteur est prol tariat de l histoire marxienne il affirme le d calage entre la fin en tant que finalit de l histoire et le devenir du monde Nous allons examiner dans le chapitre suivant ce que sign
402. torique il n a pas interrog les m canismes qui emp chent ce passage ni le processus de nationalisation encourag par la politique effective des sociaux d mocrates dans lequel le prol tariat se trouve En outre la diff rence de Luk cs Lefebvre et Guterman se vivent dans la position pour ainsi dire objectiviste Cela s explique par leur intention de d livrer une th orie de la connaissance mat rialiste La th orie de la connaissance mat rialiste se place d embl e dans le v ritable objectif Elle claire en le quittant et en le dominant le subjectivisme mystificateur de la pens e bourgeoise La connaissance humaine est un fait pratique et qui a une histoire En elle la mati re et la forme les lois de l objet et les lois de la pens e ont une unit indissoluble En s ancrant dans cette direction ils proposent un diagnostic sur le double processus de l internationalisation des monopoles du capital financier et du nationalisme en tant qu exaltation de la forme nation notamment en interpr tant le discours politique sur la r volution nationale que le fascisme affiche 140 Andr Tosel Henri Lefebvre ou le philosophe vigilant 1936 1946 op cit p 233 141 Henri Lefebvre et Norbert Guterman La mystification Notes pour une critique de la vie quotidienne Avant Poste revue de litt rature et de critique Paris Jos Corti n 2 Ao t 1933 pp 91 107 p 92 75 D
403. trasbourg qui m ont fait l honneur d tre pr rapporteurs de cette th se Je voudrais exprimer toute ma reconnaissance Pierre Lantz ancien professeur Paris VIII pour ses pr cieux conseils Mes remerciements vont aussi aux professeurs de l Universit des langues trang res de Tokyo Chikako Nakayama Minoru Iwasaki ainsi qu ceux d autres Universit s rencontr l occasion du divers colloque Moriyuki Hoshino Hideharu Saito Kengo Nakamura Satoshi Ukai Je voudrais galement manifester ma sinc re gratitude Guy Nicolas doctorant Paris VIII Il a corrig et relu mes travaux tout au long de cette th se avec pers v rance et patience La foi plus qu exigeante voire intransigeante qu il place dans la pens e mancipatrice a t une aide pr cieuse pour surmonter ma m lancolie de gauche face la situation actuelle du Japon Enfin je voudrais adresser mes remerciements ma famille ma m re surtout qui en d pit des malheurs survenues n a cess de reconna tre le sens de mes tudes et de m apporter son soutien du lointain Introduction Comme constellation la pens e th orique circonscrit le concept qu elle voudrait ouvrir esp rant qu il saute peu pr s comme les serrures des coffres forts bien gard s non pas seulement au moyen d une seule clef ou d un seul num ro mais d une combinaison de num ros Th odor W Adorno Dialectique n gative
404. tre ali nation et lib ration H Lefebvre et les contradictions de la vie quotidienne Petits riens orni res et d rives du quotidien Paris Le bord de l eau 2009 pp 287 309 7 convergence entre eux C est la condamnation du marxisme m me si les logiques qu ils mettent en uvre sont diff rentes Pour les nouveaux philosophes Andr Glucksmann et Bernard Henri L vy d minents repr sentants publient des livres antitotalitaires Mais selon Fran ois Cusset historien des ann es 1980 c est que le fond de l affaire est bien s r moins l antitotalitarisme que l antimarxisme avec son double profit symbolique pour l intellectuel nouveau il pourra se pr senter ainsi comme le seul qui puisse dominer et juger l id ologie dominante qu est le marxisme selon lui et pr tendre face cette barbarie l utile neutralit des m dias dont il abusera sans scrupules Quant au postmodernisme Jean Fran ois Lyotard en parlant de la fin du grand r cit la dialectique de l Esprit l herm neutique du sens l mancipation du sujet raisonnable ou travailleur le d veloppement de la richesse dont la fonction est de donner un but Z los l histoire s efforce de faire rupture avec les temps modernes De son entreprise identifi e apparemment l apologie de la soci t individualiste Jacques Ranci re en d c le l objectif la fameuse r pudiation du gra
405. tre hommes et femmes de l autre elle a une dimension inconnue informe pour reprendre l expression des surr alistes insolite et merveilleuse C est pourquoi dans le sillage d Hegel Le familier n est pas pour cela connu Lefebvre crit Allons plus loin et disons que le plus familier est le plus riche d inconnu non de myst re que ce riche contenu de la vie chappe encore notre conscience vide parce qu elle se satisfait des formes de la Raison pure Sid Autrement dit la vie quotidienne nous est la fois proche et lointaine Proche parce que nous ne pouvons pas vivre sans elle m me si elle s enlise souvent dans la routine mis rable Lointaine parce que nous sommes toujours prisonniers d une forme quelconque de la raison pure en tant que connaissance a priori de sorte que nous ne pouvons pas puiser dans sa richesse Il en r sulte que malgr sa proximit la vie quotidienne nous chappe On pourrait dire que la vie quotidienne en tant qu objet de connaissance a une structure de l inconscient ce qui est familier avec la conscience pourtant r prim par celle ci c est dire l inqui tante tranget Das Unheimliche Sans doute Maurice Blanchot a bien saisi cette ambivalence chez Lefebvre lorsque s en inspirant il crit comme suit Toujours les deux c t s se retrouvent le quotidien avec son c t fastidieux p nible et sordide l amorphe le stagnant
406. truction de situations commence au del de l croulement moderne de la notion de spectacle Il est facile de voir quel point est attach l ali nation du vieux monde le principe m me du spectacle la non intervention On voit l inverse comme les plus valables des recherches r volutionnaires dans la culture ont cherch briser l identification psychologique du spectateur au h ros pour entra ner ce spectateur l activit en provoquant ses capacit s de bouleverser sa propre vie La situation est ainsi faite pour tre v cue par ses constructeurs Le r le du public sinon passif du moins seulement figurant doit y diminuer toujours tandis qu augmentera la part de ceux qui ne peuvent tre appel s 261 des acteurs mais dans un sens nouveau de ce terme des viveurs En nous focalisant sur le tron on de phrase des recherches r volutionnaires dans la culture ont cherch briser l identification psychologique du spectateur au h ros nous pouvons dire sans extrapoler que Debord transf re la dramaturgie brechtienne du th tre la soci t qui tisse ses relations par l image Ce d paysement repose sur l id e que le commandement de la soci t a pour matrice de se mod liser sur les relations entre la sc ne et la salle de spectateurs Ce faisant Debord conclut que le spectacle fond sur l identification des spectateurs au milieu les met dans l tat de 2
407. u elle soit n est plus suffisante que l op ration initiale d finissant le mat rialisme nie d passe et englobe la probl matique philosophique Entre autres il reprend de la pens e de Marx l id e qu ont laiss s de c t les partisans et les adversaires du mat rialisme dialectique c est dire l exigence d une 161 Fran ois Ch telet Logos et praxis Paris Hermann pr face de Ren Sch rer 2009 1961 p 19 87 Aufhebung de la philosophie C est dans les recherches de ce d passement de la philosophie que se croisent les pens es de Ch telet et de Lefebvre Pour ce dernier ce d passement n est ni l abolition de la philosophie ni sa prolongation mais m ne vers une plus haute complexit de la pens e Il est certain que ces deux penseurs entretiennent une relation de proximit Ch telet est un des animateurs de quelques revues importantes Voies nouvelles 1958 1959 Arguments 1956 1962 etc pour propager la critique marxienne et marxiste en incitant Lefebvre y contribuer par des articles Aussi en nous focalisant sur la d finition qu ils donnent et formulent respectivement nous penserons les relations th oriques qu ils tissent Le deuxi me objet concernant le destin du concept d ali nation se lie au premier mais s en distingue en ceci qu il concerne directement la question pratique Que l on entende avant tout par le concept d ali
408. u pays natal pour s aventurer dans des contr es inconnues de sorte qu ils sont anim s et r anim s par les lecteurs trang res qu ils rencontrent Pour reprendre l expression d un des plus grands th oriciens du postcolonialisme Edward Said ces Traveling Theory th ories voyageuses se nourrissent de leur d paysement et de leur d contextualisation c est dire de leur d placement g ographique et historique pour s lever au rang mondial et pour devenir un langage commun Ce processus de la transmission des savoirs se distingue nettement de leur application m canique et souvent autoritaire au nom de l infaillibilit de la science Une culture ne devient jamais par elle m me l universel Pour le voir advenir il faut un passage par la traduction en d autres termes par les transpositions des langues et des expressions Toutefois ces aventures ext rieures n enl vent rien des conceptualisations originelles ni de leur lieu de cr ation Les chercheuses anglo saxonnes Eleonore Kofman et Elizabeth Lebas le signalent en appelant ne pas s loigner outre mesure de R mi Hess Henri Lefebvre et l aventure du si cle Paris A M M taili 1988 Stuart Elden trad fr par lise Charron et Vincent Charbonnier Certains naissent de fa on posthume la survie d Henri Lefebvre Actuel Marx n 36 second semestre Paris Presses Universitaires de France 2004 Fran
409. udrillard Ren Lauran Henry Raymond Comme le souligne Mirella Bandini Au scientisme au positivisme au structuralisme de l cole d Althusser et la linguistique qui commen ait alors tre en vogue avec la s mantique la s miologie et la s miotique Lefebvre opposait l cole Henri Lefebvre and Kristin Ross Lefebvre on the Situationists An Interview in Tom Mcdonough eds Guy Debord and the Stituationist International MIT Press 2004 pp 267 283 130 l analyse contestatrice du v cu de la sexualit de la vie quotidienne Cependant cette amiti passionn e est sanctionn e par une rupture violente Elle intervient en 1963 Cela suite l accusation de plagiat lanc par les situationnistes contre Lefebvre qui publie Proclamation de la Commune o il d finit le style de la Commune comme une f te Encore qu il soit frappant de voir ceux qui pr conisent un d tournement savoir un vol des phrases et des images porter simultan ment des accusations au nom du plagiat alors que l on ignore souvent la voix de l accus dans cette affaire Lefebvre d voile ses coulisses Les accusations de plagiat me sont gales Et je n ai jamais pris le temps de lire ce que les situationnistes ont crit ce propos dans leur revue Je sais que j y suis tra n dans la boue Alors en ce qui concerne la raison de notre s paration elle a eu lieu apr s l histoire extr me
410. ue soit dans la mesure m me o elle est livr e aux hasards au plus petit comme au plus grand o regimbant contre l id e commune que je m en fais elle m introduit dans un monde comme d fendu qui est celui des rapprochements soudains des p trifiantes co ncidences des 7l Thid p 648 72 Ibid p 649 43 r flexes primant tout autre essor du mental des accords plaqu s comme au piano des clairs qui feraient voir mais alors voir s ils n taient encore plus rapides que les autres Il s agit de faits de valeur intrins que sans doute peu contr lable mais qui par leur caract re absolument inattendu violemment incident et le genre d associations d id es suspectes qu ils veillent une fa on de vous faire passer du fil de la Vierge la toile d araign e c est dire la chose qui serait au monde la plus scintillante et la plus gracieuse n tait EATS au coin ou dans les parages l araign e Ces passages que nous avons cit s d s son d but nous font nous loigner de la possibilit de faire passer la vie d crite pour la vie biographique de l auteur ma vie telle que je peux la concevoir hors de son plan organique d faut de cela la vie est laiss e aux hasards et elle me conduit au monde d fendu c est dire interdit r prim en terme psychanalytique dans l inconscient constituant de la vie quotidienne Cette conception de la vie semble
411. ue Lefebvre dans l histoire des intellectuels fran ais dans leur rapport au mouvement communiste que Daniel Bensa d qualifie de trag die celle s de Paul Nizan d Henri Lefebvre des surr alistes de Pierre Naville d Aragon de nombreux compagnons de route Il est vrai comme formul que cette histoire y compris celle d Althusser a ceci de tragique et d obscur que l existence du PCF Parti communiste fran ais restreignant l horizon th orique am ne ce que les mouvements alternatifs soient destin s chouer du moins au sens o se dresse un ab me entre la pens e et la politique alors que l altermondialisme auquel participe ce m me Daniel Bensa d promeut la rencontre et la r union de divers mouvements sociaux sans aucune contrainte de parti Mais il y faut ajouter l explication de deux faits Tout d abord celui de l importation en France de la pens e marxiste ne s effectue pas sur une table rase mais n est pas qu en combattant contre la tradition fran aise de la philosophie kantienne et spiritualiste et la sociologie durkheimienne Ensuite la mont e du fascisme et le commencement de la Seconde Guerre mondiale alt rent ou interrompent les relations entre les jeunes intellectuels et le mouvement communiste Sous cet angle dans le chapitre I nous allons essayer d examiner l volution de la pens e de Lefebvre dans le groupe marxiste nomm Philosophies auquel il part
412. uel donne corps l usage des lieux par l habiter Pour lui il n a pas pour but un changement du r gime politique en m me temps qu il n est pas un moyen de violence pour se r aliser C est l appropriation sociale de l espace et le changement de la vie quotidienne qu elle implique Revenons maintenant sur l opposition entre l habiter et l habitat Cette s paration ou bien la subordination de l habiter l habitat a trait au compte de Lefebvre la forme d existence de la soci t parce que Jusqu alors habiter c tait participer une vie sociale une communaut village ou ville La vie urbaine d tenait entre autres cette qualit cet attribut Elle donnait habiter elle permettait aux citadins citoyens d habiter Avant tout la ville est pour Lefebvre la mesure de la soci t qui se fondant sur le fait d habiter donne l identit sociale ceux qui y habitent Mais la s paration entre l habiter et l habitat qui conduit produire la r alit urbaine constitutive de l affermissement du centre de la ville et de la s gr gation des ouvriers produit galement la s paration entre l urbanit et la sociabilit la civilit C est cet tat que Lefebvre appelle l clatement de la ville C est ainsi que la contradiction spatiale culmine Elle se traduirait par la formule de Bensa d que Citoyens sans cit Cit sans citoyens Aujourd hu
413. uelles sont leurs sp cificit s Elles portent pr cis ment sur les modalit s concr tes du temps social Cela donne la rythmanalyse une dimension organique la respiration la circulation du sang et le d bit de la parole comme une dimension sociale Dans cette optique Lefebvre introduit le concept de dressage dans le chapitre du m me nom des l ments de rythmanalyse en disant qu Il le dressage se base sur la r p tition On dresse un tre vivant en lui faisant r p ter tel acte tel geste Ainsi chez nous se pr senter ou pr senter quelqu un comporte des op rations non seulement st r otyp es mais consacr es des 3 rites En clair ce mot de dressage a voir avec le concept de discipline car 502 Louis Althusser Id ologie et appareils id ologiques d tat 1970 Sur la reproduction Paris Presses Universitaires de France 2011 pp 263 306 p 293 503 Lefebvre l ments de rythmanalyse op cit p 56 261 Lefebvre et Foucault d crivent comment les comportements et les gestes se ritualisent dans divers types d espace social l cole l usine l h pital la caserne etc Si l on ajoute cette analyse celle de la normalisation de l emploi du temps qui est ins parable de l histoire du capitalisme elle peut tre alors associ e aux travaux du marxiste anglais Edward Palmer Tompson qui est de la m me g n ration que Lefebvre Ce point renvoie la th
414. uggle Spatial Dialectics Routeledge London 1998 Michael Sheringham Henri Lefebvre Everyday Life Theories and Practices from Surrealism to the Present Oxford University Press New York 2009 2006 pp 134 174 Lukasz Stanek Henri Lefebvre on Space Architecture Urban Research and the Production of Theory University of Minnesota Presse Minneapolis and London 2011 Andr Tosel Henri Lefebvre ou le philosophe vigilant 1936 1946 autour de La conscience mystifi e Le marxisme du 20 si cle Paris Syllepse 2009 pp 229 256 Michel Tr bitsch Le groupe Philosophies de Max Jacob aux Surr alistes in Jean Fran ois Sirinelli dir G n rations intellectuelles effets d ge et ph nom nes de g n ration dans le milieu intellectuel fran ais Cahiers de l institut d histoire du temps pr sent n 6 Paris Centre national de la recherche scientifique novembre 1987 pp 29 38 Les m saventures du groupe Philosophies 1924 1933 La Revue des revues n 3 printemps 1987 pp 6 9 Henri Lefebvre et la revue Avant Poste Une analyse marxiste marginale du fascisme Lendemains n 57 1990 pp 77 87 Le groupe philosophies et Les surr aliste 1924 1925 M lusine N XI Paris L Age d Homme 1990 p 63 86 Philosophie et marxisme dans les ann es trente le marxisme critique d Henri Lefebvre Actes du colloque l engagement des intellectuel
415. ugment e 2005 1997 Harry Harootunian Overcome history culture and community in interwar Japan Princeton University Press 2000 History s Disquiet modernity cultural practice and the question of everyday life Columbia University Press 2000 David Harvey Social Justice and the City Edward Arnold 1973 Limits to Capital London and New York Verso 2006 1982 The Condition of Postmodernity An Enquiry inte the Origins of Cultural Change Oxford Blackwell 1989 Reinventing geography an interview with the editors of New Left Review Spaces of Capital Towards a Critical Geography Edinburgh Edinburgh University Presse 2001 pp 3 24 The New Imperialism Oxford University Press New York New Edition 2005 trad fr par Jean Batou et Christakis Georgiou Le nouvel imp rialisme Paris Les Prairies Ordinaires 2010 brief History of Neoliberalism Oxford University Press New York New Edition 2007 trad fr par Antony Burlaud et Alexandre Fron Br ve histoire du n olib ralisme Paris Les Prairies Ordinaires 2014 The Right to the City New Left Review London sept oct 2008 pp 23 40 286 G ographie et capital vers un mat rialisme historico g ographique Paris Syllepse 2010 Eric Hazan L invention de Paris Paris Seuil coll Points 2002 G W F Hegel trad fr par Jean Fran ois Kerv gan Principes de la philosophie du droit Paris Presse
416. ujet en objet de l objet auquel l essence humaine se projette et c de Ainsi Fischbach rep re la gen se du concept d ali nation feuerbachien L ali nation appara t ici comme l op ration par laquelle un sujet transf re sa qualit de sujet un objet se d met de sa subjectivit propre en se transformant en objet et s assujettit l objet d sormais consid r comme sujet Cette ali nation comme objectification nous conduit enfin la diff rence des usages entre Feuerbach et Marx Nous pourrons trouver apparemment une similitude formelle de Feuerbach avec Marx dans les Manuscrits conomico philosophiques de 1844 ou bien simplement l influence du premier sur le second en particulier l gard de d termination de l homme par rapport l objet Par exemple Fischbach l illustre en comparant le dire de chaque philosophe Sans objet l homme n est rien Feuerbach un tre qui n a pas d objet en dehors de lui n est pas un tre objectif un tre non objectif est un non tre Marx Mais le mot objet est il pris dans les deux cas avec le m me sens La question de Fischbach est de savoir qu est ce qu un tre objectif c est dire qu il s agit d examiner la d finition de l homme par rapport l objet qu essaient de formuler respectivement Feuerbach et 3I Ibid p 138 232 Thid p 141 120 Marx Si l on trouve donc
417. un bilan du statut de la philosophie avant et apr s Marx Sur ce point nous remarquons que l id e de m taphilosophie tait d j pr sente avant sa nomination lorsqu il entendait par mat rialisme dialectique le d passement de la philosophie dans La Conscience mystifi e Le mat rialisme dialectique n est pas le mat rialisme vulgaire Il ne supprime pas purement et simplement la philosophie et les notions les plus profondes qu elle a conquises Il d passe la philosophie mais en un sens il la d veloppe il l approfondit il d gage ses Ge ae 4 y 2 y y 180 conqu tes v ritables des mystifications bourgeoises et des survivances religieuses Dans la situation singuli re de leur lutte contre le fascisme nous l avons vue Lefebvre et Guterman au travers du d passement de la philosophie se d signent comme 180 Lefebvre et Guterman La conscience mystifi e op cit p 152 96 tant de fa ons critiques les h ritiers de la philosophie des Lumi res afin d en relever leur aspect positif Cette position qu ils prennent est l exact inverse de la position du nazisme contre la tradition philosophique position que Traverso nomme anti lumi res qui s illustre notamment par les autodaf s que les nazis organisent le 10 mai 1933 Dans La somme et le reste publi apr s son exclusion du PCF ouvrage dont le titre signifie l essai de faire le bilan de sa vie dans le parti et de mesurer son res
418. une sorte de perm able mur de circulation Sous cet angle Ross approfondit ses consid rations sur les deux objets clefs de la transformation de Paris de 1954 1974 c est dire la voiture et l habitat standard standard housing D une part diff rents du cas de la voie ferr e d Haussmann la possession de la voiture par la classe moyenne et l am nagement de son infrastructure promeut et r alise la fonction de la vitesse D autre part l habitat standard et les choses comme la t l vision les revues f minines les machines laver les d tergents la cuisine moderne le r frig rateur qui s y rangent construisent la propret en norme et cette norme est impos e la femme comme nouveau comportement de sorte que la division du travail entre homme et femme se r organise autour de cette norme Autrement dit la socialisation par la voiture motorisation qui promeut la possession de la voiture et la normalisation de la propret dans la cellule plus l mentaire de la soci t la famille par exemple Poussant plus loin l argument de Lefebvre et de Debord sur la colonisation de la vie quotidienne Ross affirme que l acc l ration du flux des individus et des choses l int rieur de la France et l l vation de l hygi nisme urbain perfectionnent la transition du r gime imp rialiste de l conomie politique 30 Thid p 73 167 fond sur la colonie vers le r gime de l conomie po
419. ur ce point ils ne poursuivent plus la source dans l h ritage marxiste l niniste mais remontent plus haut la Commune de Paris L v nement auquel ont peu contribu s les marxistes les internationaux mais partir duquel ils se sont inspir s pour imaginer une nouvelle politique notamment Marx et L nine Il n est pas question pour Lefebvre et Debord de condamner la Commune de Paris et son chec par rapport la r volution d Octobre et sa victoire mais tout au contraire de critiquer la seconde et sa d gradation du point de vue de la premi re et de faire communiquer avec le pr sent l horizon possible qu elle a ouvert Apparemment Debord ne fait aucune r f rence la Commune de Paris dans La soci t du spectacle comme s il l excluait de son univers avec la liquidation de ses relations avec Lefebvre Il pr f re se r f rer la premi re Internationale fond e en septembre 1864 Londres Le soviet n tait pas une d couverte de la th orie Et d j la plus haute v rit th orique de l Association Internationale des Travailleurs tait sa propre existence en pratique Cependant dans le quatri me chapitre titr le prol tariat comme sujet et comme repr sentation il y a une pigraphe concernant l v nement du 18 mars 1871 marquant le d but de la Commune de Paris Dans le m me temps il a pour cible la logique de s paration qui s exerce cette fois dans l organisation r
420. urence Costes Henri Lefebvre Le droit la ville Vers la sociologie de l urbain Paris Ellipses 2009 Stuart Elden Understanding Henri Lefebvre Theory ant Possible London and New York Continuum 2004 trad fr par lise Charron et Vincent Charbonnier Certains naissent de fa on posthume la survie d Henri Lefebvre Actuel Marx n 36 second semestre Paris Presses Universitaires de France 2004 Jean Pierre Garnier La vision urbaine de Henri Lefebvre des pr visions aux r visions Espaces et soci t s Paris L Harmattan 1994 pp 123 145 R mi Hess Henri Lefebvre et l aventure du si cle Paris A M M taili 1988 Henri Lefebvre et l urbain pr face Henri Lefebvre Espace et politique Anthropos 2 dition 2000 pp 1 6 Henri Lefebvre et la pens e du possible Paris Anthropos 2009 et Sandrine Deulceux et Gabriele Weigand Relire Henri Lefebvre pr face Henri Lefebvre Le droit la ville Anthropos 3 dition 2009 pp V XVI et Sandrine Deulceux Henri Lefebvre vie uvres concepts Paris Ellipses 2009 Laurent Husson Sartre et Lefebvre Ali nation et quotidiennet Sartre et Le Marxisme Paris La Dispute 2011 pp 217 239 Alice Kaplan and Kristin Ross Introduction Everyday Life Yale French Studies No 73 New Haven Yale University Press 1987 pp 1 4 Eustache Kouv lakis Henri Lefebvre penseur de la mo
421. urs produits Les objets semblent prendre une vie ind pendante Le march domine les hommes ils deviennent le 135 Ibid p 265 136 Ibid 137 Ibid pp 266 267 73 jeu de quelque chose qu ils ne connaissent pas et qui les emporte Le march est d j une machine et une fatalit Les hommes sont d j ali n s s par s d eux m mes La division du travail le travail lui m me la fonction de chacun la distribution du travail les traditions et la culture s imposent comme nues et contraintes Chacun re oit l uvre de la ae A 1 138 collectivit comme l effet d une puissance trang re Chaque travail particulier n existe que s il s oblige de passer par le march dont le m canisme impose chaque travailleur l effet total abstrait et tranger lui Ils exigent de conna tre cette dimension totale de la soci t Lefebvre et Guterman laborent d ailleurs les questions du propre de la superstructure et de ses relations avec l conomie qui restent expliquer pr cis ment dans la pens e de Marx Pour ce faire comme nous l avons d j vu il ne s agit pas de r duire la base conomique l effet sp cifique qu ont les id es en tant que telles sur la superstructure mais de rep rer son terrain sp cifique par rapport l conomie et partant de l de d velopper la th orie critique pour intervenir dans la situation Cet effort s illustre par le fait qu i
422. utant attribuer l Inquisition au Christ ou Socrate les exc s p dantesques du rationalisme Ainsi l cho r sonne ailleurs Goethe a crit que l on ne peut pas savoir le destin d un crit Une telle remarque pourrait s appliquer aux ouvrages arrivant sur l autre rive de l Atlantique Cette d rive rencontre de fa on inattendue la transformation de la g ographie comme en t moigne Niel Smith un des disciples de Harvey au cours du XX si cle la science de la g ographie accompagne les programmes de classe dominante dans des contextes diff rents la fois nationaux et internationaux mais dans les ann es 1970 mesure que la politique globale passe droite la g ographie va vers la gauche En un mot ce que l on peut comprendre c est que la philosophie marxiste est ins parable de sa situation politique et id ologique c est dire de l actualit En fait ce serait ce qu expliquent beaucoup de philosophes Par exemple tienne Balibar caract rise la transformation de la philosophie apr s Marx par la pratique de la 20 Henri Lefebvre Une pens e devenue monde faut il abandonner Marx Paris Fayard 1980 p 18 l Neil Smith Uneven development Nature Capital and the Production of Space London and New York Verso 2010 19841 p XI c est nous qui traduisons 9 philosophie De cette caract risation refait surface la phrase dans les th ses su
423. veau Roman se confronte des conceptions du langage et de la litt rature soit celle qui consid re un langage comme un instrument de communication c est dire comme utilitaire et transparente au monde ext rieur soit celle traditionnelle qui r duit la valeur du texte la personnalit d un auteur d termin e par trois l ments la race le milieu le temps une conception tablie par Hypolite Taine Cet exc s de la description se greffe sur la d finition de l crivain par Paul Val ry selon laquelle Est dit crivain non pas celui qui exprime sa pens e sa passion ou son imagination par des phrases mais celui qui pense des phrases un Pense Phrase c est dire pas tout fait un penseur et pas tout fait un phraseur C est ainsi que Barthes d finit l issue du texte ou bien pourrait on dire l effet du texte sur le lecteur ou la lectrice comme une affection dite plaisir 67 Je lis dans Bouvard et P cuchet cette phrase qui me fait plaisir Des nappes des draps des serviettes pendaient verticalement attach s par des fiches de bois des cordes tendues Je go te ici un exc s de pr cision une sorte d exactitude maniaque du langage une folie de description que l on retrouve dans les textes de Robbe Grillet On assiste ce paradoxe la langue litt raire branl e d pass e ignor e dans la mesure m me o elle s ajuste la langue pure la langue
424. vent En ce sens ils deviennent la critique de la conception de l homme dans l urbanisme fonctionnaliste Dans un des premiers articles sur la question urbaine intitul Les nouveaux ensembles Lefebvre accuse cet urbanisme d une sorte de conception positiviste ou plut t Zoo technique de 86 Henri Lefebvre La r volution urbaine Paris ditions Gallimard p 212 200 l homme qui se r fracte sur le terrain o les hommes sont con us comme tant les tres qui jouent la fonction que leur donne le milieu ergonomiquement planifi comme tant les animaux qui n ont que des besoins d termin s Il est certain que l habitat standard con u et construit par l urbanisme comble les besoins individuels mais ne satisfait pas ceux sociaux du fait qu il exclut de sa planification le lieu de sociabilit tel qu il se forme dans la rue et dans le bistrot De sorte que l ennui s vit parmi les gens qui se referment dans la vie priv e Dans son article de 1962 la vie sociale dans la ville Lefebvre a pour cible l approche analytique de l urbanisme fonctionnaliste Comme nous l avons d j remarqu elle divise les surfaces de la ville selon les fonctions habiter travailler cultiver changer diversifier les distribue dans l espace Lefebvre la consid re comme ayant une certaine validit mais conteste qu elle se transforme en vision totale de la ville parce que Ce privil ge de la
425. viduelle ne s explique pas par elle m me c est dire que celle ci ne peut pas se fonder sur elle m me Cette r futation de la formule cart sienne je pense donc je suis suppos e comme donn e premi re et vidente Lefebvre et Guterman la partage avec Durkheim Cependant ils substituent l id e n gative de Durkheim selon laquelle la soci t est con ue comme entit unique sans conflit la conception marxiste de la soci t divis e en classes Ils essaient de nuancer le rapport entre l individu et la classe pour viter le d terminisme de l une sur l autre La r ciprocit de la classe et de l individu est un fait fondamental La classe est faite d individus reli s par des rapports sociaux r els qui sont en derni re analyse des rapports de production et de propri t La sociologie marxiste ne nie absolument pas l individu au contraire ce sont la psychologie et la sociologie bourgeoises qui l garent et qui l absorbent Quand elles l identifient l homme en g n ral elles le d pouillent de tout caract re concr tement humain et cr ateur quand elles lui donnent un caract re concret il A de n y 125 s agit toujours d un mysticisme national plus ou moins masqu qui le d vore Il faut ici remarquer deux choses Premi rement par rapport l homme en g n ral qu ils d noncent ils vont d fendre le concret de la classe en tant que r alit mouva
426. vient changer l image de la vie faute e 1325 d avoir chang la vi Mais cet nonc doit tre repens par rapport ses recherches sur la ville et l espace qui remontent peu pr s aux ann es 60 Comme le dit Eustache Kouvelakis qui pr sente le parcours th orique de Lefebvre L ouverture vers l urbain et l espace offrira Lefebvre une issue f conde au projet de critique de la quotidiennet En fait ces recherches le conduisent modifier plusieurs reprises le plan du troisi me tome de la Critique de la vie quotidienne Par exemple il annon ait 7 en 1968 qu il traiterait du rapport entre la vie quotidienne et la cybern tique et en 324 Thid p 242 3235 Henri Lefebvre Critique de la vie quotidienne III De la modernit au modernisme Pour une m taphilosophie du quotidien Paris L Arche 1981 p 108 6 Eustache Kouv lakis Henri Lefebvre penseur de la modernit urbaine Dictionnaire Marx contemporain sous la direction de Jacques Bidet et Eustache Kouv lakis Paris P U F 2001 pp 485 499 p 496 7 Lefebvre La vie quotidienne dans le monde moderne op cit p 125 n 1 Son tude sur la 165 1975 qu il se focaliserait sur la question de la sexualit dans la vie quotidienne Le livre effectivement publi porte le deuxi me titre De la modernit au modernisme Pour une m taphilosophie du quotidien D s lors il faut interpr ter la pe
427. vocables tout instant Dans ces deux caract ristiques l anti tat et le principe f d ratif nous entendons l cho du dialogue de Debord avec Lefebvre sur la Commune de Paris car elles se compl mentent indissociablement sous la plume de Lefebvre ou pr cis ment dans le texte de Proudhon Du principe f d ratif et de la n cessit de reconstituer le Parti de la 28 Thid p 798 70 Thid p 804 1 Ibid p 805 2 Thid p 815 2 Thid p 842 294 Ibid p 817 150 R volution dont il fait le commentaire Selon Proudhon au principe d autorit inscrit aussi bien dans le centralisme tel que le jacobinisme que dans la conception absolue de la propri t s oppose le principe f d ratif par lequel se fraie le chemin vers une soci t dans laquelle la libert l emporte sur l autorit avec la R volution comme une force 5 irr sistible qui a pour id e directrice l id e de r ciprocit Cette anarchie de l tat social pr c de l id e de l abolition de l tat caract ris par le pouvoir coercitif et l instrument d oppression que Marx reformule pour sa part mais qu il fonde sur une analyse des classes et du capitalisme Cependant Lefebvre n appartient pas au courant marxiste qui du fait que Proudhon fait des concessions temporaires au bonapartisme le consid re seulement comme r formiste Aussi met il l accent sur d autres aspects plus essentiels du pr
428. voir Kristin Ross La critique de la vie quotidienne Barthes Lefebvre et la culture consum riste in C line Pessis Sezin Top u et Christophe Bonneuil dir Une autre histoire des Trente Glorieuses Paris La D couverte 2013 pp 267 282 p 273 Aujourd hui on compare la qualit du savoir non cumulatif de la vie quotidienne avec celle des savoirs vernaculaires c est dire communs qu Andr Gorz tire d Ivan Illich le moine intransigeant de la contre modernisation Selon Gorz le capitalisme cognitif se nourrit de la pr dation de ces savoirs Voir Andr Gorz L immat riel Connaissance valeur et capital Paris Galil e 2003 p 39 Ivan Illich La Convivialit Paris Seuil 1973 262 L poque o Lefebvre analyse le rythme correspond la mont e de la soci t de l informatisation Les chapitres du m me livre titr s La journ e m diatique et Les manipulations du temps sont consacr s la rythmanalyse par rapport la culture de la communication Le temps public a une tendance contradictoire et ambivalente d autant plus qu il devient intensif par l acc l ration de l interactivit et de la mobilit des moyens de communication la synchronisation et la fragmentation du temps social Ces effets rebondissent sur les relations entre Pici et l ailleurs en d autres termes l a rythmie par excellence ce propos les diagnostics pessimistes formul s par les
429. volution la diff rence de celle de l URSS ce que Lefebvre qualifie mouvement de l extra parti tant de fa on nationale qu internationale On ne peut qu assister un changement politique et social C est dans ce contexte que Lefebvre commence collaborer avec les membres de l internationale situationniste Ce moment est tout aussi d cisif pour Debord en ceci qu il met au premier plan sa position th orique et politique suivant la sc ne de rencontre que son biographe d crit En 1958 Debord fait effectivement la connaissance du penseur par l interm diaire de Mich le Bernstein Celle ci a autrefois eu comme condisciple une jeune fille nomm e velyne Chastel Par hasard toutes deux logeaient au Foyer des tudiants protestants Bien plus tard velyne Chastel est devenue la compagne d Henri Lefebvre Un jour de 1958 les deux couples se croisent dans la rue Mich le tombe dans les bras d velyne Quant Guy Debord il est tr s heureux de rencontrer un homme dont il conna t les travaux et qui vient tout juste de rompre avec le Parti communiste fran ais apr s trente ans de compagnonnage l inverse Lefebvre ignore tout des situationnistes Il se laisse pourtant charmer par le jeune cr ateur lunettes et noue avec lui une profonde amiti Debord est passionn par les recherches de son a n Il assiste certains cours du sociologue Dans l entourage de Lefebvre il rencontre Jean Ba
430. vrent la r volution de 1789 son ent tement spiritualiste non seulement conservateur mais r actionnaire de Maine de Biran et Cousin Bergson son m pris de l histoire et du peuple ses liens profonds et born s avec la religion son acharnement contre le seul esprit digne d int r t qu elle ait produit A Comte et son incroyable inculture et ignorance Louis Althusser Pour 52 sera r habilit e par la nouvelle interpr tation de Gilles Deleuze Politzer est contre Bergson au nom du concret Bergson a pr tendu viser le concret et la chose elle m me or il demeure un philosophe abstrait Apparemment son argumentation avance selon la simple dichotomie du concret abstrait En fait il pr tend que les conceptions de la psychologie et de la m taphysique prennent leur source dans l abstraction Bref ce qu il faut montrer en tudiant la m taphysique bergsonienne ce n est pas comment elle d rive de la psychologie mais comment on y retrouve la m me abstraction que dans cette derni re Toutefois il ne faut pas s en contenter car Politzer radicalise sa critique plus loin en y ajoutant la dichotomie du g n ral particulier Quoi qu on fasse quoi qu on dise Bergson n a fait que parler du concret en g n ral et il n en parle m me que pour rejoindre les probl mes formels ou pour quitter le domaine de la psychologie Et qu ont fait ses disciples Ils ont r p t les m
431. xplicitement illustr e par le d but de la deuxi me consid ration inactuelle o la vie de l animal lui sert de miroir refl tant de fa on ironique l homme tant malheureux dans sa vie en ceci que celui l se 400 Thid p 56 4l Thid p 56 57 206 satisfait des instants successifs alors que celui ci se s pare regret de sa vie pass e Loin d tre utile la vie humaine la conscience historique la tourmente la hante et donne mauvaise conscience au point d emp cher de vivre et de survivre dans le pr sent C est par ce biais que Nietzsche se garde de tenir l histoire pour fin en tant que le but final de l existence au contraire il dit m me que l histoire est une th ologie camoufl e parce que cette science occupe la place que Dieu occupait jadis succ de au statut de l glise qui jouait autrefois le r le moral et s l ve l universel et r cite ses le ons devant ses serviteurs En ce sens la figure qui sert la fois d historien et de th ologien et qui se pr occupe de puiser son discours exclusivement dans le pass devient le fossoyeur du pr sent En un mot il critique l histoire en tant que prolongement du christianisme qui est souvent consid r tort comme fini Quoi il n y aurait plus de mythologies souveraines Quoi les religions seraient agonisantes 404 Regardez un peu la religion de la puissance de l histoire ou bien son
432. y Marx 1845 Les Th ses sur Feuerbach Paris ditions Amsterdam 2008 pp 13 15 p 15 13 Lefebvre La somme et le reste op cit p 12 101 Entendons par homme ou par tre humain l homme social l homme de la praxis saisie comme un tout avec ses contradictions en profondeur avec les groupes et les classes Entendons par uvres aussi bien mais non pas un seul niveau et sur un m me plan les produits mat riels de la main de l outil et de la machine que les effets de l action sur des tres humains aussi bien les r sultats des actes sociaux que ceux des activit s individuelles aussi bien les institutions et l tat que la culture autant l art en g n ral que la ville ou la nation Marx a montr la double d termination du rapport entre l homme et les uvres La question fondamentale et les r alit s correspondantes se reconsid rent selon des propositions possibilit s ou impossibilit s toujours nouvelles La double d termination du rapport conduit une double critique celle de l homme et des hommes individus et groupes par les uvres celle des uvres par l humain et les hommes En ce qui concerne la perspective de la dialectique entre l homme et les uvres il faut remarquer deux choses En premier lieu la pr cision de la r f rence Marx est n cessaire pour comprendre cette interaction parce qu elle n est pas vidente Da
433. y rep re dans l histoire de la philosophie l mergence de la vie quotidienne en tant que question philosophique les ma tres mots de la nouvelle anthropologie philosophique ainsi mise en place seraient histoire pratique et critique qui soulignent les pr occupations que privil gie la philosophie d s lors qu elle a renonc la possibilit de percer les secrets d un ordre divin dans son principe entreprise dont elle a per u le caract re fallacieux ce qui lui a permis de surmonter la d ception li e son abandon Alors la philosophie s est tourn e vers le quotidien et est devenue philosophie du quotidien c est dire la fois Deulceux et Gabriele Weigand Relire Henri Lefebvre pr face Henri Lefebvre Le droit la ville Anthropos 3 dition 2009 pp V XVI p XII 37 Michael Sheringham Guillaume le Blanc et Bruce B gout Le quotidien une exp rience impensable Table ronde Esprit n 367 ao t septembre 2010 pp 78 98 p 80 23 philosophie qui s efforce de penser le quotidien et philosophie issue de son ordre propre UP z w z 38 travers laquelle le quotidien lui m me de lui m me se donne penser Cette formulation est fondamentale non seulement parce qu elle nous fournit la base de l interpr tation philosophique sur la vie quotidienne mais aussi qu elle qualifie sa philosophie de la nouvelle anthropologie philosophique fa

UN LIEU DE PENSÉE DE HENRI LEFEBVRE - E

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents

UN LIEU DE PENS&Eacute;E DE HENRI LEFEBVRE - E

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents

UN LIEU DE PENSÉE DE HENRI LEFEBVRE - E