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1 université du québec à montréal le siddhartha de - Lys-d`Or

1. Siddhartha r siste pourtant d embl e la tentation de laisser tomber son projet celui de suivre sa propre voie m me en face d un maitre aussi fascinant Le diable se d guise souvent en ange de lumi re dit la Bible Siddhartha a affaire dans la personne du Bouddha au maitre et la doctrine par excellence Bouddha est le sauveur des hommes mais il demeure tout de m me un chef spirituel proposant une doctrine Fid le au projet de trouver l Atman en lui m me et non dans les doctrines et dans l enseignement des ma tres il rejette poliment celle et celui du Sublime tout en reconnaissant ce dernier la qualit d un saint Ainsi la toute derni re barri re possible pouvant l emp cher d entrer dans l preuve de l initiation est franchie la derni re preuve pouvant le d tourner de l exp rience de la connaissance de soi est surmont e au profit de sa qu te personnelle Le passage du premier seuil o il s est concili la pr sence obscure qui le garde repr sent e dans le parcours initiatique de Siddhartha par le Bouddha est ainsi effectu 59 Ibid p 76 note 45 voir Wilhelm Stekel Fortschritte und Technik der Traumdeutung Vienne Leipzig Berne Verlag f r Medizin Weidmann und Cie 1935 p 37 38 60 Tbid p 44 voir aussi p 37 36 2 5 Les h ros et le h ros guerrier Siddhartha incarne ici un des sept types ou facettes du h ros que Campbell pr sente dans la section Les transformations du h ros du
2. Morton Robinson A Skeleton Key to Finnegans Wake Joyce s masterwork analyzed with a new preface New York The Viking Press 1944 365 p et aussi James Joyce Finnegans Wake London Faber and Faber 1971 628 p 45 Ibid p 36 46 Ibid p 20 note 10 Voir Arnold Van Gennep Les rites de passage tude syst matique des rites de la porte et du seuil de l hospitalit de l adoption de la grossesse et de l accouchement de la naissance de 23 Un h ros s aventure hors du monde de la vie habituelle et p n tre dans un lieu de merveilles surnaturelles il y affronte des forces fabuleuses et remporte une victoire d cisive le h ros revient de cette aventure myst rieuse dot du pouvoir de dispenser des bienfaits l homme son prochain 4 Si selon Campbell cette trame de l aventure du h ros est applicable l ensemble des traditions et notamment aux quatre traditions occidentales que nous avons nomm es ci haut par ailleurs l tape de l initiation est une preuve qui ressemble fortement aux initiations que subissent les gar ons dans les cultures dites primitives ou m me dans les soci t s plus avanc es au niveau technique Cette initiation a pour but de faire acc der les gar ons l tat d hommes adultes En effet ceux ci sont amen s par les hommes de la tribu dans la for t la nuit dans l obscurit la plus totale Ils y subissent alors toutes sortes d preuves exp rimentant en profondeur la peur l
3. Richards admet qu il n a pas eu de preuve loquente du lien de cause effet entre les Sermons et Demian lorsqu il a fait cette tude preuve qu il obtiendra seulement apr s qu il aura compl t celle ci Bien qu il a connu les travaux de Quispel bid et de Volker Michels Hermann Hesse Sein Leben in Bildern und Texten Frankfurt Suhrkamp 1979 ce n est que lorsqu il a pris connaissance d une lettre non publi e de Lang Hesse dat du 5 d cembre 1919 qu il s est rendu cette hypoth se p 12 note 21 p 4 note 8 et 9 Par ailleurs Richards p 56 note 3 mentionne une autre source possible dont Hesse aurait pu se servir pour la pr sentation du dieu Abraxas Il s agit de Albrecht Dieterich Abraxas Studien zur Religionsgeschichte des sp teren Altertums Leipzig Teubner 1891 14 Poets know and have always known intuitively much of what the psychologists are only now discovering Ibid ii 12 En fait Jung et Hesse ont une influence l un sur l autre par ailleurs ils prennent le m me bain culturel litt raire si l on peut dire Goethe la litt rature romantique et orientale la psychologie la philosophie Creuzer Bachofen sans oublier Nietzsche sont leurs principaux inspirateurs Bref Hermann Hesse et Carl Gustav Jung appartiennent une poque de l histoire allemande et europ enne d sireuse de creuser davantage le myst re de l tre humain d sireuse de ramener les pr occupations mat rialistes et posi
4. me au h ros saint Le fait qu il puisse tre capable de manifester devant Govinda les qualit s de l Homme Cosmique travers une exp rience analogue celle de la Transfiguration du Christ d montre peut tre ses aptitudes devenir r ellement le prochain h ros r dempteur le prochain sauveur de l humanit la prochaine incarnation le prochain tre humain faire un avec le p re 145 Jhid p 279 146 Thid p 279 147 Jhid p 281 148 Thid p 282 149 Thid p 282 83 Mais Siddhartha ne part pas ni ne meurt Le d part du h ros est le moment de son d part ou de sa mort au sens strict En g n ral le d part du h ros r sume toute sa vie Mais il n y a pas de d part du h ros puisque le roman s ach ve ainsi sans qu on sache trop la suite mais tout en l intuitionnant peut tre et le lecteur familiaris avec la grille ph nom nologique campbellienne reste dans l expectative Du reste c est peut tre pour cela que Hermann Hesse a intitul son roman Siddhartha premier pr nom de Gautama Sakyamuni l homme historique que l on appelle en Orient le Bouddha l veill Sans doute a t il voulu souligner la proximit malgr leur singularit de l exp rience spirituelle des deux hommes 84 CONCLUSION Au terme de cette recherche voici maintenant le moment venu de faire le bilan de notre d marche En premier lieu nous rappellerons bri vement l objectif de cette recherche et la m
5. niant le monde transfigure alors radicalement et sur 85 Jhid p 104 47 le champ toutes les images du mythe Le h ros d sormais ne peut plus reposer dans l innocence aupr s de la d esse de la chair car elle est devenue reine du p ch 86 C est ce qui se produit ici avec notre h ros Toutes ces ann es avec les Samanas l ont loign de la vie lui ont transmis une image n gative de la vie et de la femme son principal symbole et v hicule Cette r pulsion qui transforme les images du mythe de dire Campbell loigne le h ros de la D esse M re pour lui maintenant devenue reine du p ch Voil pourquoi Siddhartha m me envahi par le d sir sexuel pour la jeune femme r siste et abandonne m me cette occasion d en connaitre davantage sur la vie des humains sur les choses les plus primordiales de l existence Mais ce refus de connaitre les secrets de la femme ne sera que momentan 3 4 La rencontre avec la d esse et le h ros amant Le jour m me Siddhartha arrive dans une grande ville 88 Cela est bon pour lui de revoir enfin des hommes de sortir des bois Devant la ville Siddhartha apergoit un palanquin quatre porteurs entour de serviteurs pr s d un bosquet l int rieur est assise une femme Siddhartha s arr te pour regarder Le palanquin d file et il voit la dame en question Sous des cheveux noirs relev s tr s haut il vit une figure claire tr s fine tr s intelligente une bo
6. ou des correspondances que nous identifions pour illustrer les tapes initiatiques La structure de notre lecture se d roule donc comme suit en premier lieu nous commengons par pr senter les perspectives th oriques du syst me campbellien Ensuite dans un deuxi me temps nous 27 Rickard Broadus Scott The mythological structure of Hermann Hesse s novels Demian Siddhartha and Der Steppenwolf Th se de doctorat The Florida State University 174 p 28 Joseph Campbell The Hero with a Thousand Faces Coll Bolligen Series XVII N Y Pantheon Books 1949 416 p trad en fran ais par H Cr s sous le titre e h ros aux mille et un visages Paris Editions Robert Laffont 1978 369p r dition sous le titre Les h ros sont ternels Paris Seghers 1987 370 p 17 appliquons celles ci au Siddhartha de Hermann Hesse Nous croyons comme Scott avant nous qu une homologie de structure se dessine entre le monomythe tripartite de Campbell et le rythme triadique d humanisation de Hesse selon le mot de Ziolkowski chez H Hesse comme on l a vu le cheminement de l individu en trois tapes comporte un d part un temps d preuves et d initiation ainsi qu un retour une int gration o l individu peut faire profiter les hommes de son savoir de ce qu il a acquis durant l initiation Nous scrutons par ailleurs simultan ment Siddhartha la lumi re du cycle cosmogonique campbellien qui utili
7. p 24 95 un signe que celui ci a atteint au moment de la production de ce roman l tat d accomplissement spirituel du Ma tre du Jeu Joseph Valet 96 BIBLIOGRAPHIE Ouvrages de Hesse par ordre chronologique Hesse Hermann 1974 Demian Trad de l allemand par Denise Riboni texte revu et compl t par Bernadette Burn pr f de Marcel Schneider Coll Le Livre de Poche Paris Stock 220 p 1925 Siddhartha Trad de l allemand par Joseph Delage pr f de Jacques Brenner Coll Le Livre de Poche Paris Grasset 218 p 1947 Le Loup des Steppes Trad de l allemand par Juliette Pary Coll Le Livre de Poche Paris Calmann L vy 224 p 1948 Narcisse et Goldmund Traduit de l allemand par Fernand Delmans Coll Le Livre de Poche Paris Calmann L vy 383 p 1948 Le Voyage en Orient Trad de l allemand par Jean Lambert pr f d Andr Gide Prix Nobel 1946 Paris Calmann L vy 123 p 1991 Le Jeu des perles de verre Essai de biographie du MAGISTER LUDI JOSEPH VALET accompagn de ses crits posthumes pr sent par Hermann Hesse Prix Nobel Trad de l allemand par Jacques Martin Paris Calmann L vy 545 p 1974 My Belief Essays on Life and Art dit et introduit par Theodore Ziolkowski traduit par Denver Lindley accompagn de deux essais traduits par Ralph manheim New York Farrar Straus and Giroux 393 1970 Gesammelte Werke in zw lf B nden Werkausgabe E
8. re personnel lui est r v l A propos de 137 Jhid p 183 138 Jhid p 183 139 Jbid p 184 80 chacun des trois disciples qui accompagnent J sus sur la montagne Campbell affirme Le disciple a t gratifi d une vision dont la port e transcendait la destin e humaine ordinaire et qui lui a r v l la nature essentielle du cosmos Ce qui lui a t donn de voir n tait pas son destin personnel mais celui de l humanit de la vie dans sa totalit l atome et tous les syst mes solaires et cela en termes adapt s sa compr hension d homme c est dire en une vision anthropomorphe l Homme Cosmique 140 En plus d tre maitre des deux mondes notre h ros se r v le aussi sous le jour du h ros saint campbellien dans ce passage Govinda le reconnait comme tel et ses diff rentes attitudes comme son sourire sa bonhomie son regard en t moignent Sans doute m me Siddhartha a t il d pass cet tat de h ros saint puisqu il ne peut y avoir en principe qu un seul Homme Cosmique S il n y a qu une seule saintet mais qu il puisse exister plusieurs saintes personnes aussi i n y a qu un seul Homme Cosmique dont quelques rares individus ayant eu la puret de coeur n cessaire ont laiss jaillir en eux et pour quelques rares privil gi s pour un cours instant hors du temps l tincelle d ternit La quatri me section du cycle cosmogonique traite des dissolutions fin du microcosme
9. CHAPITRE IV L LIXIR POUR TOUS 4 LE RETOUR 4 1 La ronde universelle Au chapitre pr c dent nous avons remarqu que Siddhartha a tendance passer par des p riodes cycliques d union et de d sunion avec sa voix int rieure Comme nous l avons vu dans la section portant sur les manations du cycle cosmogonique Campbell identifie les trois plans de l existence travers lesquels la conscience individuelle et universelle circulent aux moments forts de l aventure du h ros Ce sont les trois tapes du cycle cosmogonique de la ronde universelle l tat de veille le r ve et le sommeil profond gt La conscience s y d place dans un mouvement circulaire Selon Campbell ce sont les t n bres qui fondent notre tre et l univers Et de m me que la sant de l esprit et du corps d pend d un courant ordonn de forces vitales venu des t n bres inconscientes et qui p n tre les zones de la conscience de veille diurne ainsi dans le mythe la continuit de l ordre cosmique n est assur e que par un courant de force contr l provenant de la source originelle Les dieux sont des personnifications symboliques des lois qui r gissent ce courant 6 Ainsi lorsque le cycle est termin et l individu et l univers sont appel s se dissoudre nouveau dans l infini 7 115 Joseph Campbell Les h ros sont ternels p 212 116 bid p 208 117 Tbid p 208 66 C est ainsi pour notre h ros Siddhartha Sa consc
10. Hesse peut enfin se consacrer enti rement sa carri re artistique Quand Hitler acc de au pouvoir en 1933 sa maison devient un havre d accueil pour de nombreux artistes et intellectuels d Allemagne et d Autriche 157 Jhid p 11 91 Hesse continue d tre publi librement en Allemagne jusqu au jour o il commence recenser des auteurs catholiques et protestants de mauvaises r putations aux yeux des nazis et des auteurs juifs s exprimant en allemand C est alors que la presse et les revues allemandes se d sint ressent de ses commentaires litt raires En 1935 il est m me accus de trahison par la revue forte tendance nazie Die Neue Literatur De 1931 1945 il publie de nouveaux livres intervales r guliers De 1932 1942 1l crit son oeuvre majeure Le Jeu des Perles de Verre Les dix sept derni res ann es de sa vie sont plut t tranquilles En 1946 il se voit octroyer le prix Nobel et le prix Goethe En raison de cette reconnaissance officielle il devient son insu le Doyen des Lettres allemandes Il continue d crire et de peindre jusqu la fin de sa vie Il meurt de leuc mie le 8 ao t 1962 2 LE ROMAN PSYCHOLOGIQUE partir de 1919 1920 Hermann Hesse entame la deuxi me p riode de son oeuvre romanesqueP avec le roman Demian Paru en 1919 et nettement influenc par Jung on y voit le personnage principal Emile Sinclair en qu te de sens de lui m me de son identit Il n
11. University p 295 pour le po me Besinnung voir Hesse Hermann Gesammelte Werke in zw lf B nden Werkausgabe Edition Suhrkamp Verlag vol 1 1970 p 104 23 Theodore Ziolkowski The Novels of Hermann Hesse A study in theme and structure Princeton N J Princeton University Press 1965 p 54 15 et du mal et par la naissance du sentiment de culpabilit Vient enfin celle du Troisi me Royaume o l individu retrouve une innocence et une libert enrichies par l exp rience du d sespoir Selon Hesse l homme doit chercher en lui ses propres r ponses il doit travers le temps d preuve de l tape du d sespoir cristalliser son Soi parcourir le chemin de l individuation s il d sire un jour se re dissoudre dans la totalit enrichi par l exp rience de la qu te C est en ce sens que nous croyons reconnaitre le h ros mythique dans les oeuvres de Hermann Hesse et plus particuli rement pour nous dans Siddhartha dont nous nous proposons d entreprendre la lecture avec l apport des perspectives th oriques du syst me de Joseph Campbell Notre objectif dans ce m moire sera plus pr cis ment de cerner les l ments du monomythe de l aventure du h ros et du cycle cosmogonique de Joseph Campbell dans un roman de Hermann Hesse Siddhartha Certains auteurs intuitionnant la f condit des travaux de Campbell font appel lui pour aider la compr hension du h ros hessien Par exemple Edward Alfred Fa
12. angoisse et la terreur afin de naitre leur nouveau statut Mais voyons maintenant plus en d tail l aventure du h ros campbellien Le h ros composite du monomythe est un personnage exception nellement dou Sa soci t l honore tout aussi souvent qu elle le m connait ou le d daigne Lui et ou le monde dans lequel il se trouve souffrent de d ficience symbolique C est alors que pour r pondre pour annihiler cette d ficience symbolique le h ros part l aventure la recherche d un lixir d un objet d un antidote pouvant r tablir la situation parfaite originelle R pondant positivement l appel car il arrive cependant aussi que le h ros se refuse suivre celui ci il quitte son ch teau son chez lui pouss par quelque force ou simplement enlev par des puissances surnaturelles et se dirige vers le seuil de l aventure En chemin il rencontre une l enfance de la pubert de l initiation de l ordination du couronnement des fiancailles et du mariage des fun railles des saisons etc Paris Picard 1981 288p 47 Ibid p 36 48 Campbell Puissance du mythe p 210 49 Campbell Les h ros sont ternels p 41 50 bid p 9 10 et 195 196 24 pr sence bienfaisante un guide comme une f e ou un petit vieillard charg de le prot ger des dangers de l aventure Dans certains cas ce guide offre une amulette ou un objet pr cieux pour l accompagner dans son p riple C est ce
13. attirer Siddhartha vers le premier seuil seuil donnant acc s aux zones t n breuses de l exp rience de l initiation que de prot ger et de diriger le h ros cette op ration relevant davantage selon nous du passeur Ce r le de protection d ailleurs se confirmera dans la suite des v nements comme nous le verrons 3 3 La femme tentatrice Alors que vers midi Siddhartha traverse un village et arrive ses limites il apercoit une jeune femme qui lave ses v tements au bord d un ruisseau 87 Comme il la salue la b nit et lui demande la direction de la ville suivante elle s avance vers lui Apr s qu ils aient chang un peu tous les deux elle s enquiert de la vie sexuelle 84 Campbell Les h ros sont ternels p 87 46 des Samanas s ils peuvent avoir des femmes Ce faisant elle met son pied gauche sur le pied droit de Siddhartha le provoquant l acte d amour Siddhartha s chauffe le d sir le consume tout comme il consume galement sa partenaire C est la premi re fois que Siddhartha approche une femme et il h site Et cette seconde d h sitation est suffisante pour que la voix int rieure se fasse entendre et que Siddhartha s y refuse Son d sir pour la jeune femme se trouve alors an anti l instant m me et Siddhartha la laisse ainsi sa d ception et s en va 88 Disons tout d abord qu il est int ressant de constater que Hermann Hesse ait plac dans son roman la sc ne de la femme tentat
14. bien distinctes l une psychologique et l autre m taphysique Nous utilisons donc cet ouvrage principalement traduit sous le titre Les h ros sont ternels pour faire notre lecture Utilisant les deux perspectives la fois pour lire Siddhartha nous pouvons ainsi aller plus loin que bien d autres auteurs dont principalement Rickard Broadus Scott qui n a utilis que la premi re Ayant recours la psychanalyse souvent arch typale de divers auteurs et s inspirant des diverses mythologies mais principalement celles d Arthur et de l Orient Campbell retrace la psychologie sous jacente l aventure du h ros et la m taphysique sous jacente au cycle cosmogonique du monomythe Si Hermann Hesse n a jamais crit d ouvrages sur la mythologie ses uvres romans po mes essais semblent manifester une unit avec la pens e de Joseph Campbell quant la vie du h ros et des tapes qui le m nent la r alisation de son destin Notre hypoth se est que l on peut tr s bien appliquer les cat gories campbelliennes au Siddhartha de Hermann Hesse Au fil de l uvre l on peut retrouver les tapes la structure les l ments que Campbell a identifi s comme faisant partie du monomythe de l aventure du h ros et du cycle cosmogonique De fait le monomythe s applique bien cette oeuvre de Hermann Hesse On y retrouve la structure les l ments l ensemble des tapes mais pas toujours dans le m me ordre cependant Final
15. cycle cosmogonique Campbell bien que subtilement semble marquer une gradation l int rieur de sa typologie de h ros D abord il y a une d gradation une chute du premier type le h ros primordial au deuxi me le h ros humain Campbell affirme que l on peut remarquer deux stades dans l volution des manations L un est le stade des manations imm diates provenant de l Incr i e celles qui concernent les premi res grandes manifestations du Cr ateur comme respectivement le Vide l Espace la Vie la multiplicit et les premiers grands personnages mythologiques L autre est la p riode qui s tend de ces personnages mythologiques et de leurs descendants jusqu l homme historique apr s une longue et lente d gradation o les mythes de cr ation sont remplac s par des l gendes l historicit incertaine et o les h ros perdent petit petit de leur caract re fabuleux En raison du r tr cissement du champ de la conscience de la condensation des manations le cycle cosmogonique continue mais il est maintenant entre les mains de h ros humains et non plus entre celles des dieux Le h ros forme humaine quant lui doit descendre pour r tablir un lien avec l infra humain Tel est le sens comme nous l avons vu de l aventure du h ros 9 Telle est l aventure du h ros humain historique pouvons nous rajouter Cependant les auteurs de ces l gendes ne se contentent pas de raconter l histoir
16. d un Samana de l hindouisme le concept bouddhiste du Nirvana dans l ensemble du roman de Hesse nous pouvons retrouver en plus des toutes les influences romantiques allemandes et jungiennes que nous avons d j soulign es certains l ments assembl s les uns aux autres partir des religions de l hindouisme du bouddhisme du taoisme et du christianisme Voir Walter Sorell Hermann Hesse the man who sought and found himself Coll Modern German Authors New Series dit es par R W Last Vol 2 London Oswald Wolff 1974 p 71 ainsi que Eugene L Stelzig Hermann Hesse s Fictions of the Self Autobiography and the Confessionnal Imagination Princeton New Jersey Princeton University Press 1988 p 174 33 Il avait vaincu en lui les souffrances du monde et arr t la roue des r incarnations Entour de disciples il parcourait le pays en enseignant d nu de tout sans foyer sans femme v tu du manteau jaune des asc tes mais le front serein heureux et les brahmanes et les princes s inclinaient devant lui et devenaient ses l ves 51 Partout la nouvelle se fraie un chemin jusque dans les coeurs dans les campagnes les villes les march s on parle du Sublime et beaucoup partent en p lerinage sa rencontre La nouvelle parvient aussi jusqu aux Samanas dans la for t et jusqu aux deux asc tes tant et si bien que Govinda manifeste le d sir de se rendre lui aussi sur les lieux de sa pr sence pour l entendr
17. de la spiritualit occidentale par rapport la spiritualit orientale i e le caract re individuel de la d marche Chaque chevalier p n tra donc dans la for t l endroit qu il avait lui m me choisi et o ne s ouvrait aucun chemin S il apercevait un chemin c tait forc ment celui de quelqu un d autre Le suivre aurait signifi ne pas s aventurer dans la qu te Sachant cela qu en est il de l instruction que vous devez recevoir Si ceux qui ont suivi un chemin avant vous vous transmettent des indices vous devez passer outre adapter cette information vos choix Il ny a pas de mode d emploi Cette magnifique l gende des chevaliers qui vont chacun leur chemin relate une qu te merveilleuse car si quelqu un d couvre le chemin de quelqu un d autre et songeant qu il m ne au but choisit de l emprunter il s gare totalement m me si l autre r ussit Quelle belle histoire n est ce pas Ce que nous cherchons notre cheminement notre but tout cela est une r alisation qui n a encore jamais eu lieu sur terre c est l panouissement de notre potentiel personnel Chacun doit r soudre sa propre nigme et glaner et l ses propres indices 36 La d marche occidentale pour Campbell est donc simple il s agit en quelque sorte de r futer les valeurs de la religion du syst mes 1 e de l id ologie dominante au nom de laquelle et pour sa survivance on sacrifie les individus Cette d marche nous i
18. donnent galement voir dans diverses productions et r alit s contemporaines de la culture Ainsi entre autres nombreux exemples possibles on peut se demander si cela ne se retrouverait pas dans des comportements de plusieurs jeunes notamment travers des ph nom nes pr occupants comme la prise de risque 52 et plus particuli rement encore dans celui de l itin rance juv nile Nous avons eu nous m mes l occasion de participer l laboration d un projet de recherche en ce domaine et de par les donn es que nous avons recueillies jusqu maintenant bien qu elles soient tr s fragmentaires il est vrai 151 Bilodeau Joseph Campbell pertinence p iv 152 David Le Breton Passions du risque Paris M taili 1991 186 p 87 nous pouvons n anmoins croire qu effectivement la structure tripartite du monomythe pourrait peut tre s appliquer ces ph nom nes particuliers En ce sens nous croyons que la f condit des perspectives campbelliennes v rifi e dans cette recherche sur l objet Siddhartha de Hermann Hesse pourrait vraisemblablement l aussi se manifester pour lire et comprendre des ph nom nes plus contemporains de notre culture 88 APPENDICE LA VIE ET L OEUVRE DE HERMANN HESSE l UNE HISTOIRE DE VIE Hermann Hesse na t le 2 juillet 1877 en Allemagne 53 Le p re et la m re de Hermann proviennent de familles pi tistes Son p re Johannes Weifenstein Estonie avait t missio
19. een ni eode a URL decet ones ato 4 8 Libre devant la Vie cie La e e He S e e ees 4 9 Maitre des deux mondes fin du micro et macrocosme et h ros Salfil i qd mnt a tio sete tige 4 10 Le h ros r dempteur et le d part du h ros 34 34 34 35 36 36 37 38 40 43 45 48 49 52 55 58 58 58 59 60 62 63 66 66 69 71 74 CONCLUSION OUVERTURE ET PISTES DE PROLONGEMENT APPENDICE LA VIE ET L UVRE DE HERMANN HESSE eeeeeeseeeeeeeeneees 1 UNE HISTOIRE DE VIE sod y nr e He ee yere io qu 2 LE ROMAN PSYCHOLOGIQUE d isex eet eoe alta BIBLIOGRAPHIE T 81 81 84 89 INTRODUCTION LES CONFESSIONS DE HERMANN HESSE Lors d une psychanalyse l individu s approprie sa parole Il se confesse il se raconte lui m me pour lui m me Augustin d s le troisi me si cle de notre re se confesse l poque moderne Rousseau est le premier faire des confessions une autobiographie La fin du XVIIIe et le d but du XIXe si cle est la grande poque des autobiographies Selon Roy Pascal ce ph nom ne coincide avec la p riode du Romantisme Le vingti me si cle connait aussi ses partisans des confessions Kerouac London entre autres s duisent des g n rations par leurs r cits de voyages autobiographiques car dans ces ouvrages il y a une homologie entre la vie v cue et la vie crite Hermann Hesse appartient ce groupe
20. est plus ce vagabond qui erre sans but des premiers romans l aide de son guide et ami Demian et de sa m re Eve Sinclair d couvre qu il faut r tablir en soi l quilibre entre les t n bres et la lumi re entre la nature et l esprit si l on veut parvenir soi m me Mais surtout il d couvre que l on n a qu un seul guide suivre soi m me Dans les ann es qui suivent Hesse se met l criture de Siddhartha mais il n arrive pas le compl ter Il lui manque des l ments dans son cheminement int rieur pour arriver cette fin C est alors qu il d cide d avoir quelques sessions personnellement avec Jung en 1921 Coincidence ou incidence directe Hesse publie sa l gende indienne Siddhartha en 1922 dont les conclusions se veulent plus pr s 158 Pour la d limitation des romans de Hermann Hesse de cette mani re en grands blocs l on se base entre autres sur les propos de Marcel Schneider dans la pr face de D mian Histoire de jeunesse d Emile Sinclair traduit de l allemand par Denise Riboni texte revu et compl t par Bernadette Burn Coll Le Livre de Poche Paris Stock 1974 p 7 16 92 du tao sme et de l vangile que de l hindouisme comme tel Siddhartha fils de brahmane quitte le domicile familial afin de se joindre des moines itin rants les Samanas Bient t il se lasse des mortifications et du je ne et c est ce moment qu il fait la rencontre du Sublime Bouddha duquel il reje
21. et fin du macrocosme La fin du microcosme est la mort du h ros lui ouvrant la route de son voyage sa dissolution son retour la prime connaissance de la divinit cr atrice du monde qui durant sa vie s est r fl chie dans son cceur 4 La fin du macrocosme est le moment o le cycle doit recommencer o l univers est appel se dissoudre afin de laisser la place au monde suivant Dans ce passage notre h ros Siddhartha ne meurt pas de mort physique Cependant au niveau mythique il semble tre arriv au terme de son voyage initiatique bien que dans le contexte de la plus stricte intimit il soit parvenu faire 140 Thid p 187 141 Thid p 293 142 Thid p 300 81 voir l Homme Cosmique aux yeux des hommes Quelle route terrestre reste t il encore parcourir notre h ros N est il point rendu l endroit o il n y a plus de route Nous le croyons c est pourquoi si nous avions imaginer une suite ce roman de Hesse Siddhartha n aurait d autre choix que de quitter d finitivement le plan terrestre ou encore tel un bodhisattva 43 de revenir enseigner sur terre par compassion pour les tres humains L univers non plus dans ce passage ne sombre pas dans la dissolution physique Mais l v nement qui arrive dans l tre de Siddhartha est d assez grande importance et signification pour qu au niveau mythique du moins dans la conscience de Govinda ce soit le monde entier qui sombre dans la
22. influence sensiblement le destin de Siddhartha assez pour amener chez lui une certaine transformation int rieure Kamala donc mais indirectement sans doute il est vrai joue ici le r le de Matrice du destin Le deuxi me cas est encore plus clair Il s agit de la femme que l infini a choisi pour accueillir celui qui sauvera le monde C est la Vierge Quand le champ de la conscience est ce point r tr ci que la vie a perdu tout relief pour les humains ces derniers n arrivent plus appr hender les choses dans leurs profondeurs La vie devenu rectiligne et uniforme a besoin d un renouveau C est dans ce contexte qu une femme est choisie pour devenir la Matrice de la r demption En fait l un ne va pas sans l autre si une femme dans la vie de Siddhartha pouvait tre qualifi e de Matrice de la r demption on pourrait certainement dire de ce dernier qu il est le h ros r dempteur du monde ce que cette tape ci de notre analyse nous ne pouvons pas encore affirmer Comme nous l avons mentionn plus haut l tude des traditions populaires entourant la Vierge M re n est pas pertinente dans notre analyse Cependant elle soul ve pour nous finalement cette question fondamentale qu en est il de la naissance virginale pour notre h ros Siddhartha ne na t videmment pas virginalement d une mani re physique Sa naissance est tout ce qu il y a de plus conventionnel Mais n oublions pas que nous s
23. la tendance au voyage romantique se fait encore sentir avant m me le d but et durant la premi re d cennie du vingti me si cle on peut voir en Allemagne des bandes de jeunes refusant les nouvelles valeurs du nouveau r gime politique et de la soci t industrielle naissante Avec havresacs et gamelles il vagabondent dans l arri re pays cultivant l id al romantique Les longs voyages l tranger ne sont pas rares chez les auteurs allemands avant la premi re guerre mondiale On part pour avoir de nouvelles vues sur les choses C est donc travers cette volont de se dire tout fait romantique qu il faut tout d abord mettre en perspective l oeuvre de Hesse Par ailleurs cette m me volont de se dire se trouve renforc e en quelque sorte par la rencontre qu il fait avec la psychanalyse En effet comment comprendre totalement son oeuvre romanesque sans voquer le grand bouleversement qui doit jamais changer sa vie La voie vers l int rieur Hesse n a plus que cette phrase la bouche partir de la fin des ann es dix C est qu il se produit une conjonction d v nements qui bien qu tant tr s douloureux et prouvants lui donnent l occasion de faire un pas de plus sur le chemin de la connaissance de lui m me Il d cide de consulter pour se sortir de ses d boires Il entreprend une cure psychanalytique jungienne avec le docteur J B Lang un disciple de Jung en 1916 19176 De cette cure Hesse sort rev
24. manations du cycle cosmogonique Nous l avons abord indirectement surtout l int rieur du chapitre sur Joseph Campbell et de sa grille th orique afin de familiariser le lecteur avec les deux perspectives employ es Nous n avons pas cru bon non plus de traiter du point des Contes populaires de la Cr ation de la section des manations ni de La Vierge M re dans les traditions populaires dans la section sur a naissance virginale car ils ne se sont pas r v l s pertinents aux fins de notre analyse 85 Compte tenu de ce qui pr c de et au vu de l ensemble de la d marche dont ce m moire rend compte nous croyons pouvoir dire que nous avons raisonnablement gagn le pari que nous avions fait au d part de notre lecture 1 e celui de compl ter avec la perspective m taphysique le travail d j accompli par Scott En effet le cycle cosmogonique campbellien semble effectivement offrir cet autre angle facilitant la compr hension en richesse et en profondeur de l aventure du h ros travers la perspective m taphysique nous avons d couvert bien des aspects que la perspective psychologique seule n aurait pas pu nous faire voir Par exemple le fait de pr senter le cycle cosmogonique comme tant la remont e du h ros travers les stades d manations successifs jusqu la source originelle est notre avis passablement efficace Ainsi le h ros ne devient pas seulement un chercheur int rieur il est aussi que
25. par une doctrine ce qui t es arriv au moment de ton illumination Il est une chose que cette doctrine si claire si respectable ne contient pas c est le secret de ce que le Sublime lui m me a v cu lui seul parmi des centaines de milliers d tres humains 68 Le Bouddha argumente en faisant appel au grand nombre de gens qui viennent se r fugier en lui et la vertu de quitter les plaisirs du monde Mais Siddhartha est intraitable Alors le Bouddha le b nit tout en lui conseillant de ne pas trop exag rer dans ses r flexions Quand il regarde s en aller l homme spirituel Siddhartha a l intime impression d avoir parl avec un grand tre Il sent aussi que sa rencontre 35 avec le Sublime lui a d j permis et lui permettra encore de consolider sa d marche vers lui m me Selon Wilhelm Stekel le gardien repr sente la conscience i e la moralit et les interdits d un individu Celui qui incarne le gardien du seuil dans ce roman est donc tr s paradoxal Il s agit manifestement du Bouddha lui m me Sauveur universel le Bouddha est la manifestation la plus haute de l humanit Il est le nombril du monde le centre o les forces divines se concentrent d une mani re toute sp ciale Le torrent de vie s alimente une source invisible en un point qui s inscrit au centre de cercle symbolique de l univers l Emplacement Immuable de la l gende du Bouddha point autour duquel on peut dire que le monde tourne 60
26. plus o il se trouvait ni qui l avait conduit ici il ouvrit les yeux et s tonna de voir des arbres et le ciel au dessus de lui 136 Quand Siddhartha se r veille il a l impression de renaitre d une vie ant rieure Il se rem more les derniers v nements comment la parole sacr e le Om l a sauv Il ne peut s emp cher de la prononcer maintenant avec une impression de rajeunissement c tait un Siddhartha transform renouvel singuli rement dispos et veill rempli de gaiet et d ardeur 138 Alors que Siddhartha se redresse 1l aper oit un moine avec le froc jaune t te ras e en profonde m ditation 138 Il reconnait dans ce moine son ami d enfance Govinda vieilli qu il a vu pour la derni re fois le jour o tous deux ont rencontr le Sublime Quand Govinda revient de sa m ditation celui ci ne reconnait pas son ami cependant Il lui reproche plut t d avoir dormi en un endroit si dangeureux Govinda s est arr t pour la protection du dormeur Mais maintenant que ce dernier s est r veill se dit il je suis pr t repartir C est alors que le dormeur r v le Govinda qu il est son ami d enfance son cher Siddhartha C est ainsi que dans la joie les deux compagnons d antan changent propos de leur vie pr sente Quand Govinda s loigne pour rejoindre les autres moines Siddhartha le regarde avec le m me amour avec la m me intensit qu autrefois Car il l aimait toujours ce fid le ce
27. que les deux mouvements de l clatement de l unit vers la multiplicit pour l un et de la multiplicit vers l unit our l autre sont plus ou moins simultan s Car paradoxalement c est au moment o 124 Thid p 223 Dans les religions du Livre juive chr tienne et coranique cela se traduit par deux textes diff rents provenant de deux traditions s par es le texte de la cr ation en six jours poque de l exil de la tradition sacerdotale repr sentant l clatement harmonieux et le texte de la chute d Adam et Eve poque royale de la tradition yahwiste repr sentant l assombrissement la d gradation 125 Thid p 224 126 Thid p 228 127 Jhid p 228 73 Siddhartha perd le plus son unit que celle ci semble vouloir se faire comme jamais auparavant 4 6 Le h ros saint Pendant longtemps Siddhartha ressent la blessure de la perte de son fils Quand il passe de l autre c t de la rivi re des voyageurs il les envie d avoir des enfants avec eux et partage maintenant beaucoup plus leurs pr occupations Mais cependant il se sent fr re de chacun et voit l Indestructible en toutes choses La sagesse commence faire jour en lui petit petit Elle s panouissait en lui peu peu se refl tait sur la vieille figure enfantine de Vasudeva et se traduisait par ces mots harmonie science de l ternelle Perfection du monde Unit Sourire 192 Ce sont ici les qualit s du h ros saint que S
28. romans en sont au deuxi me stade du cheminement hessien de la personne ce propos Hesse crit dans A Bit of Theology Le cours de l humanisation commence par l innocence paradis enfance une pr stade sans sens de la responsabilit De l il m ne la culpabilit la connaissance du bien et du mal aux demandes de la culture de la moralit de la religion des id aux humains Mais de dire Ziolkowski la 159 Ziolkowski The Novels of Hermann Hesse p 54 93 r alisation que ces diff rents id aux sont inattaignables plonge en r alit l individu dans le d sespoir Ce d sespoir de dire Hesse maintenant conduit ou bien la chute ou d un autre c t au Troisi me Royaume de l Esprit l exp rience d une condition au del de la moralit et de la loi une avanc e vers la gr ce et la r demption un nouveau et plus haut type d irresponsabilit ou en bref la foi 160 Dans ces trois romans Hesse pr sente tout simplement de trois mani res diff rentes toujours le m me th me l tre humain en qu te de lui m me l homme aux prises avec le questionnement ultime de sa raison d tre Il utilise la m taphore l image le symbole pour exprimer le caract re inexprimable de ce qu il croit tre le chemin parcourir pour tout homme qui d sire se r aliser Ses personnages sont des constructions arch typales 6 h ritage de sa psychanalyse jungienne S il y a une constante dans les roma
29. thode propos e en ce sens En second lieu nous valuerons si nous avons gagn notre pari i e si nous avons r ellement apport quelque chose l tude d j entreprise par Scott avant nous si nous avons compl t celle ci Enfin nous voquerons rapidement quelques pistes de prolongements possibles de cette recherche Notre objectif on s en souviendra tait de cerner les l ments du monomythe de l aventure du h ros et du cycle cosmogonique de Joseph Campbell dans un roman de Hermann Hesse Siddhartha Pour ce faire nous avons voulu appliquer les perspectives th oriques de Joseph Campbell tir es de l ouvrage Les h ros sont ternels au roman Siddhartha et ce dans l optique de compl ter la recherche ant rieure de Scott qui n a pas tir profit de la perspective m taphysique de ce maitre ouvrage De mani re plus pr cise il s agissait de proc der une analyse de texte du roman en question en pr sentant le d roulement narratif de l aventure et en illustrant les tapes significatives du parcours de son h ros dans certains cas avec des citations l aide des donn es provenant des deux perspectives distinctes de Campbell la psychologique et la m taphysique En tout et partout seulement trois l ments des deux parties de Les h ros sont ternels n ont pas t trait s D abord comme le lecteur le comprendra nous n avons pas vu sp cifiquement le point de a psychologie la m taphysique de la section
30. ventre d une baleine qui est d livr par des villageois 22 C est ce qui se passe avec Siddhartha Apr s avoir v cu son illumination pr s du fleuve sous un cocotier sous l Arbre du Monde Siddhartha en bon h ros se doit de quitter maintenant ce ventre de la baleine afin de revenir vers les hommes pour leur communiquer le contenu de celle ci L arriv e impromptue de son fils lui donne l occasion d ass ner un autre coup son ego Bien s r il lui faut arriver aimer les hommes pouvoir s abandonner au jeu des attachements et des passions mais on ne peut acheter l amour L amour est gratuit Siddhartha sans s en rendre compte domine son fils d une mani re aussi violente et aussi despotique que n importe quel tyran le ferait Parfois les plus belles caresses les plus beaux sourires les plus belles attentions sont coups et blessures pour celui qui ne les veut point Mais cet apprentissage pour Siddhartha concernant un tre de sa chair et de son sang comme son fils est difficile Il lui faudra du temps et auparavant quelques garements La d livrance vient de l ext rieur mais pour un temps il la refuse 4 5 Le refus du retour Un jour le gamin se sauve avec le bac et l argent des deux hommes Quand ces derniers arrivent de l autre c t de la rivi re avec un radeau confectionn la h te ils voient que les rames ont disparu Le gargon a voulu faire comprendre clairement 122 Thid p 166 71 Si
31. vie Au dernier moment alors qu il est sur le point de se jeter l eau le son sacr Om s est fait entendre Comme Dieu dans la G n se cr e un espace par la parole et qu il y implante ensuite la vie le son sacr Om retentit dans l me de Siddartha l espace f cond est cr e et ainsi la vie nouvelle jaillit Pour Campbell l volution de la vie telle que d crite maintenant par la biologie moderne confirme l enseignement des mythes cette nouvelle science pr sente les premi res tapes du cycle cosmogonique Les manations cosmogoniques ont pour premier effet de d limiter le monde dans l espace pour second de produire la vie l int rieur de ces limites une vie polaris e en vue d une auto reproduction en une forme duelle m le et femelle On peut repr senter l ensemble de ce processus en termes de sexualit comme une gestation et une naissance 111 La TOB h site trancher clairement sur ce point Les d bats ex g tiques ne sont pas encore parvenus faire l unanimit sur cette question en faveur de l une ou de l autre des deux options 12 Joseph Campbell Les h ros sont ternels p 220 113 Jhid p 217 64 Oui l espace par le Om sacr a t cr et la vie a jailli en lui Siddhartha a t illumin et du m me coup il est divinis Et il est devenu un androgyne ajouterait Campbell 4 il est de nouveau un enfant Maintenant il lui reste revenir 114 Jhid p 127 65
32. 74 Que doit il faire Pas question de retourner chez son p re Siddhartha l homme nouveau sent l appel une nouvelle vie C est ce moment que se produisent chez lui les derniers spasmes de cette nouvelle naissance Immobile Siddhartha restait l debout et un instant peine la dur e d une aspiration il eut froid au coeur il sentit quelque chose se glacer dans sa poitrine comme un petit animal frileux oiseau ou li vre quand il vit quel point il tait seul Maintenant il n tait plus que Siddhartha le r veill rien de plus Il aspira l air de toutes ses forces et un instant il eut froid et frissonna Dans cette minute o le monde qui l entourait fondait dans le n ant o lui m me tait l perdu comme une toile dans le ciel en cet instant o son coeur se gla ait et o son courage tombait Siddhartha se raidit se redressa plus fort plus que jamais en possession de son moi Il comprit que ce qu il venait d prouver c tait le dernier frisson du r veil c tait le dernier spasme de la naissance 76 40 la section pr c dente e passage du premier seuil nous avons vu que notre h ros Siddhartha s est concili la puissance gardienne du seuil le Bouddha Paradoxalement au moment o Siddhartha devient un homme il semble englouti dans une esp ce de mort symbolique repr sent e dans certains cas dans les mythes de h ros par le ventre de la baleine 6 Le froid au coeur de Si
33. 75 Le sacr sauvage et autres essais Pr face de Henri Desroche Paris Payot 236 p Bataille Georges 1973 Th orie de la religion Texte tabli et pr sent par Thad e Klossowski Paris Gallimard 159 p B guin Albert directeur 1949 Le Romantisme allemand tudes publi es sous la direction de Albert B guin Coll Biblioth que 10 18 dirig e par Michel Claude Jalard Paris Cahiers du Sud 447 p Bonnard Andr 1954 Civilisation grecque D Antigone Socrate Coll Le monde en 10 18 Lausane La Guilde du Livre 306 p Boorman John et Rospo Palenberg 1981 Excalibur Film 35 mm coul 140 min New York Orion Caillois Roger 1950 L homme et le sacr dition augment e de trois appendices sur le sexe le jeu la guerre dans leurs rapports avec le sacr Coll Folio essais Paris Gallimard 247 p 103 Carlyle Thomas 1968 On Heroes Hero Worship and the Heroic in History London Oxford University Press c1904 320 p Carter Angela 1969 Heroes and Villains London Corneau Guy 1989 P re manquant Fils manqu Montr al ditions de l Homme 183 p De Laszlo Violet 1990 The basic writings of C G Jung Edited and with an Introduction by Violet de Laszlo translation by R F C Hull Coll The Collected Works of C G Jung Princeton Princeton University Press Bollingen Series XX 561 p Durand Gilbert 1981 La pens e symbolique Paris Presses Universitaires de Fra
34. Le soir venu il se confie lui livre son me l coute de Vasudeva Plus que toute autre chose Siddhartha raconte Vasudeva comment le fleuve lui a parl comment le Om a ressurgi de son enfance Vasudeva offre alors Siddhartha de devenir son l ve ce qu il accepte Les mois passant Siddhartha apprend tre passeur et s occuper des humbles t ches que requi rent la survie de deux hommes en for t Vasudeva lui apprend beaucoup de choses mais le fleuve lui en apprend encore davantage Entre autres choses il lui apprend que le temps n existe pas En effet Siddhartha r alise que le fleuve est partout la fois la montagne au bac son embouchure aux rapides etc 161 Le fleuve n a pas la moindre notion de pass ni d avenir Siddhartha est donc en mesure de relire sa vie et de voir que rien en fait ne s pare le petit Siddhartha du commergant Siddhartha ni de Siddhartha vieillard Tout appartient au pr sent Et en une autre occasion o le fleuve d bordant des eaux de pluie gronde majestueusement Siddhartha dit Vasudeva 68 N est ce pas mon ami que le fleuve a beaucoup beaucoup de voix N a t il pas la voix d un souverain et celle d un guerrier celle d un taureau et celle d un oiseau de nuit celle d une femme en couches et celle d un tre qui soupire et mille autres voix encore 162 Toutes les voix de la cr ation sont pr sentes dans le fleuve elles forment le Om Dans la section de
35. Press 375 p 99 Articles sur Hermann Hesse Buchanan Harvey Hermann Hesse s Pilgrimage Shenandoah Vol IX no 1 p 18 22 Carlsson Anni 1977 Hermann Hesse La comprensi n de s mismo desde Hermann Lauscher hasta el ltimo jugador de abalorios Nevua Revista del Pac fico no 6 p 44 57 Colby Thomas E 1967 The Impenitent Prodigal Hermann Hesse s Hero German Quarterly Vol 40 no 1 p 14 23 Costa Richard Hauer 1982 The man who would be Steppenwolf South Central Bulletin College Station Hiver p 125 127 Kher I N 1973 Hermann Hesse s Siddhartha The Landscape of the Inner Self Literary Half Yearly Vol 14 no 1 p 17 29 Koester Rudolf 1965 Self Realization Hesse s Reflections on Youth Monatshefte Vol LVII jan d c p 181 186 Pratt Hugo 1988 Les Helv tiques Corto Maltese Belgique Casterman 94 p Richard Lionel et al 1994 Hermann Hesse De Siddhartha au Prix Nobel Avec un cahier d aquarelles in dites Magazine Litt raire No 318 f vrier p 17 57 Willson A Leslie 1963 Hesse s Veil of Isis Monatshefte LV p 313 321 Ziolkowski Theodore 1958 Hermann Hesse s Steppenwolf A Sonata in Prose Modern Language Quarterly XIX p 115 133 100 The Quest for the Grail in Hesse s Demian 1974 Germanic Review Vol 49 no 1 p 49 59 Th ses et m moires sur Hesse Brunner John Wilson 1957 Hermann Hesse The
36. RE RER Re RS An 3 1 La ronde universelle s eu so ta d sse eee aa uten 3 2 Les chemin des P UV S een nn tien bus 3 2 1 Premi re preuve accepter le monde tel qu il est 3 2 2 Deuxi me preuve couter la voix int rieure 3 2 3 Troisi me preuve le souvenir de Govinda 3 2 4 Quatri me preuve passer sur l autre rive et couper avec son p re 3 3 La femme tent M I Be ce aatia rata aes 3 4 La rencontre avec la d esse et le h ros amant 3 5 M re de l univers Matrice du destin et de la r demption 3 6 La r union au p re le monde des hommes et l ego 3 7 H ros empereur et h ros tyran 3 8 Le don supr me ou l lixir l illumination et le Om 3 9 L apoth ose la divinisation de Siddhartha 3 10 Hors du vide l espace et l int rieur de l espace la vie CHAPITRE IV LE BLIXIR POUR TOUS anni tee i sentis 4 DERETOUR eae i a 4 1 Laronde anmverselle uie tian dec kit aqoa tta tae Lia aso 4 2 La Ine MAGIQUE USSR Ce ns e e 4 3 Le retour de la multiplicit vers l unit 4 4 La d livrance venue de L ext nieur x iue Deeds 4 5 Ectetusalu Te OU enr qutekde a Read hl e sn 4 6 LS EROS Sall ases ed pi atat aia us 4 7 Le seuil du retour le retour de la multiplicit vers l unit t TE Ti6ros SAME
37. Samanas il a essay de d truire son moi sans succ s Et ce n est qu au moment de se jeter dans le fleuve que ce fameux moi a t finalement an anti 149 Alors que Siddhartha a cru que les p nitences et le je ne en viendraient bout ce n est pas dans les sens mais dans la science et l intelligence que ce moi s est gliss C est pour cela qu il a d couter la voix int rieure qu il a d aller vers le monde des sens pour tuer le brahmane le Samana Siddhartha Et c est ce m me an antissement qui lui 61 donne maintenant cette impression de l g ret et de renaissance Dans ces minutes intenses o Siddhartha regarde le fleuve perdu dans ses souvenirs et ses pens es il sent que ce fleuve qui lui a d j permis d entrer en communion nouveau avec le Om lui enseignera encore bien des choses C est ainsi que Siddhartha d cide de s tablir sur ses rives Pour Campbell l humain v ritable divin est androgyne en effet dit 111 6 selon la Bible l humain a t cr la fois m le et femelle Lorsque cependant l l ment femelle commence se d tacher part avec l apparition d Eve c est le commencement de la chute Ainsi ce mythe comme bien d autres mythes analogues dans d autres civilisations exprime le myst re de la cr ation La chute am ne le passage de l ternit la temporalit de l unit la dualit puis ensuite la multitude Cons quence de cette chute les hommes en sont ven
38. UNIVERSIT DU QU BEC MONTR AL LE SIDDHARTHA DE HERMANN HESSE ET LE MONOMYTHE DE JOSEPH CAMPBELL M MOIRE PR SENT COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MA TRISE EN SCIENCES DES RELIGIONS PAR CLAUDE HARVEY MARS 1995 AVANTS PROPOS Lorsque je suis arriv l UQAM l hiver 1993 j avais une forte intuition de mon projet de recherche mais aucune id e de la forme qu il pourrait prendre concr tement Aussi quand j ai entrepris de choisir un directeur pour mon m moire et que j ai fait le tour des bureaux des professeurs on m a fait comprendre qu avec une aussi belle intuition mais si peu de forme pour ce projet je balayais beaucoup trop large et que de toute facon je d fongais des portes ouvertes D u j en suis m me venu repenser ma pr sence l UQAM en sciences des religions Apr s bien de heurts soubresauts et revirements gr ce la suggestion inspiratrice d un professeur Jacques Pierre j ai trouv finalement la mani re de donner une forme universitaire acceptable cette intuition que j avais depuis des ann es le ph nom ne religieux d passe largement le contexte des soci t s et des cultures En effet lorsque j ai red couvert la richesse de la pens e de Hermann Hesse et pris contact pour la premi re fois avec la grande qualit herm neutique des tudes de la mythologie de Joseph Campbell la joie s est faite dans mon c ur je pourrais enfin justifier mon intuition aux yeux de tous et p
39. a volont sa pens e bref tout chez Siddhartha plait Govinda Il sent chez Siddhartha une destin e peu commune et veut la partager En d finitive suivre Siddhartha est son plus vif d sir 29 54 Dans les pages qui suivent les chiffres entre parenth ses renvoient aux pages du roman de Hesse trad par Joseph Delage pr f de Jacques Brenner Coll Le livre de poche Paris Editions Grasset 1950 218 p 28 Tous trouvent dans Siddhartha une figure pour se r jouir except lui m me cependant Son coeur est vide Bien des pens es peuplent son esprit les eaux du fleuve les toiles les rayons du soleil les vers du Rig Veda la science des brahmanes Siddhartha r alise peu peu que l amour de son p re de sa m re de Govinda ne pourra jamais faire son bonheur 30 Mais surtout Siddhartha commence douter que les brahmanes puissent encore lui apprendre quelque chose Sur l enseignement de son p re Siddhartha s interroge Les dieux n taient ils point des tres comme toi et moi tributaires du temps et p rissables 31 Quelle est l importance de sacrifier des dieux secondaires sinon l Atman lui m me O donc le trouver cet Atman sinon l int rieur quelque part au dedans de soi Quel est le chemin menant l Atman Les pr tres savent tout dans les moindres d tails des moindres activit s et choses du monde Ils connaissent l origine et le but de toutes choses mais a o tr
40. alaisie et Sumatra en 1911 En Orient Hesse ne trouve que pauvret et bouddhisme commercialis D u et malade il retourne chez lui sans avoir visit l Inde proprement dite et s installe Berne Le d clenchement de la premi re guerre mondiale ne fait qu aggraver le d sordre int rieur et l angoisse de cet homme nationaliste mais pacifiste C est alors qu il recourt la psychanalyse jungienne en 1916 1917 par l entremise du docteur J B Lang qui tudie avec Carl Gustav Jung Cet v nement initie chez lui sa d marche int rieure Critiqu et par les militaristes et par les pacifistes il cesse d crire des articles sur la guerre et commence plut t s int resser l individu il exhorte la jeunesse s accepter elle m me accepter la souffrance et la solitude et prendre le chemin de la r alisation de soi Parce que sa femme devient psychotique en 1918 il place les enfants au pensionnat Durant les six ans et demie qu il passe ensuite Berne Hesse crit mains 156 Jhid p 6 90 articles sur la guerre et la politique des essais souvenirs tudes litt raires compte rendus de voyages etc Au mois de mai 1919 Hesse s tablit Montagnola en Suisse la Casa Camuzzi Dans les ann es vingt il donne des conf rences en Suisse et en Allemagne En 1921 il a quelques sessions avec C G Jung Il divorce de Marie Bernoulli en juillet 1923 et pouse Ruth Wenger en janvier 1924 Ce second maria
41. ampagnes Il les d peint plut t travers son propre tre Ces nouvelles errances sont autant de tentatives de t tonnements pour se trouver pour atteindre la paix Hermann Hesse est en qu te en qu te de lui m me Il est en quelque sorte en qu te du Graal nous ne devons pas nous tonner d un tel revirement car selon Field la tradition romantique implique aussi l exploration de l inconscient Il comprend maintenant la route suivre pour le trouver ce Graal en termes de chemin d individuation jungien dont sa th rapie avec Lang lui a propos les cl s L individuation donc est un processus de diff rentiation ayant pour but le d veloppement de la personnalit individuelle Pour Jung le Soi apparait dans les 7 Jacqueline et Michel S n s Hermann Hesse le Magicien Coll Biographie Paris Hachette 1989 p 278 8 Voir la fantastique bande dessin e de Hugo Pratt Corto Maltese Les Helv tiques Belgique Casterman 1988 94 p 9 Georges W Field Hermann Hesse Coll Twayne s World Authors Series A Survey of the World s Literature dit par Sylvia E Bowman New York Twayne Publishers Inc 1970 p 43 10 Individuation therefore is a process of differentiation having for its goal the development of the individual personality C G Jung cit dans David G Richards The hero s quest for the self an archetypal approach to Hesse s Demian and other novels Lanham University P
42. arie Paul Nancy Presses Universitaires de Nancy 288 p Nietzsche 1947 Ainsi parlait Zarathoustra dit compl te trad de Maurice Betz pr s par Henri Thomas Coll Le Livre de Poche texte int gral Paris Editions Gallimard 445 p Otto Rudolf 1949 Le sacr l l ment non rationnel dans l id e du divin et sa relation avec le rationnel Trad Andr Jundt Paris Payot 238 p Peck Scott 1987 Le chemin le moins fr quent Apprendre vivre avec la vie Traduit de l am ricain par Laurence Minard Paris Robert Laffont 374 p Perera Sylvia Brinton analyste jungienne 1993 La D esse Retrouv e une voie initiatique pour les femmes Trad de l anglais par Francoise Robert Lachine Les Editions de la Pleine Lune 149 p 105 Rank Otto 1983 Le mythe de la naissance du h ros Suivi de La L gende de Lohengrin dition critique avec une introduction et des notes par Elliot Klein Paris Payot 343 p Rosinski et Van Hamme 1986 Thorgal une histoire du journal Tintin Bruxelles Paris Editons du Lombard 48 p Vierne Simone 1973 Rite Roman Initiation Grenoble Presses Universitaires de Grenoble 138 p Werner Charles 1968 La philosophie grecque Paris Petite Biblioth que Payot 252 p
43. au C est alors qu il voit des images de sa vie se fondre ensemble dans le fleuve Siddhartha r alise qu elles se dirigent toutes vers leur but avec les m mes efforts et souffrances Tandis qu il coute de la voix du fleuve s chappent peines d sirs plaintes rires voix d hommes d enfants cris de col re g missements tout cela se confond s unit Tout cela pour Siddhartha est le monde c est la musique de la vie 198 Au moment o il ne s attache plus aucune des voix en particulier r ceptif chacune d elles sans jugement ni pr f rence il s aper oit que toutes ces voix ne forment qu une grande symphonie dont une seule parole r sume toutes les composantes le Om C est alors que pour Siddhartha se produit la grande transformation tant attendue Sa plaie s panouissait maintenant sa souffrance rayonnait son Moi s tait fondu dans l Unit dans le Tout D s cet instant Siddhartha cessa de lutter contre le destin il cessa de souffrir Sur son visage fleurissait la s r nit du Savoir auquel nulle volont de s oppose plus du savoir qui connait la perfection qui s accorde avec le fleuve des destin es accomplies avec le fleuve de la vie 199 Quand Vasudeva s apergoit que Siddhartha est rempli de cette s r nit du Savoir il se l ve et quitte son ami jamais pour la for t pour l Unit envelopp de lumi re Dans le sch ma du monomythe campbellien le h ros apr s avo
44. centr e sur l Infini Cr ateur cet clatement est per u comme tant harmonieux et bon quand elle l est sur les tres vivants elle devient alors une d gradation un assombrissement Ces deux perspectives traduisent en fait deux modes de mythes l un dans lequel le d miurge continue agir dans le monde et l autre o le d miurge quitte ce dernier et s oppose m me toute volution cosmogonique 25 Campbell appelle ce ph nom ne le paradoxe de la double perspective 26 Ce d placement de la perspective du Cr ateur vers les cr atures vivantes est symbolis dans les mythes par la Chute par le p ch originel 7 Nous croyons que c est maintenant que nous pouvons appliquer Siddhartha les caract ristiques de l clatement de l unit en multiplicit Mais ici parce qu il tente vainement d acheter l amour de son fils et parce que ce dernier refuse d accepter les signes de ce m me amour amour prison Siddhartha sombre dans la d raison Et c est justement cette folie qui fait en sorte qu il chute chute qui brise l harmonie du monde renouvell par l exp rience de l illumination qu il a v cue qui lui a procur espace et vie L clatement de l unit en multiplicit v cu sous le mode de la perspective d plac e sur les cr atures vivantes fait en sorte que le monde de Siddhartha s croule Incapable de faire le deuil psychologique de son fils Siddhartha perd son unit int rieure Voil pourquoi nous pensons
45. ddhartha le petit animal frileux dans sa poitrine les frissons de son corps le sentiment d tre perdu dans le n ant d tre seul au monde illustrent l abandon du vieil homme par le nouveau ils illustrent cette mort symbolique cette annihilation de soi qu est le passage du premier seuil franchi sous le mode du ventre de la baleine Mais ici au lieu d aller vers l ext rieur au del des confins du monde visible le h ros se dirige vers l int rieur pour na tre nouveau La disparition correspond l entr e du fid le l int rieur du temple o il devra tre vivifi par le rappel de qui il est et de ce qu il est c est dire cendre et poussi re d faut d tre immortel 78 Comme nous le verrons dans le prochain chapitre Siddhartha reconna tra effectivement sa nature mortelle sa finitude Son initiation en sera une charnelle corporelle au niveau des sens 76 Ibid p 82 77 Ibid p 83 78 Jbid p 83 41 CHAPITRE III LE MONDE DES TENEBRES 3 L INITIATION 3 1 La ronde universelle Dans la section des manations de la seconde partie de son ouvrage le cycle cosmogonique Campbell explique encore une fois le cheminement du h ros mais cette fois ci sous l angle m taphysique plut t que sous l angle psychologique comme dans la premi re partie l aventure du h ros Selon Campbell de m me que le sommeil est un moment o l individu retourne l inconscient d o
46. ddhartha qu il ne veut pas qu on le suive Mais Siddhartha part quand m me sa recherche en direction de la ville travers la for t Quand il arrive destination il s arr te devant l ancien jardin de Kamala et son pass ressurgit de sa m moire Chaque moment de sa vie se donne nouveau voir avec force devant lui et il se rend compte soudain de la folie qui l a amen poursuivre son fils jusqu la ville Son c ur est bless son amour pour son fils est une plaie qu il doit maintenant laisser rayonner 186 De nouveau depuis le temps o 1l a t avec Kamala il sent la mort se faire dans son c ur Il passe ainsi des heures et des heures patauger dans son d sespoir pronon ant de temps autres la parole sacr e Om afin de se ressaisir C est ainsi que Vasudeva le trouve en face du jardin Les deux hommes se saluent et reprennent le chemin du retour sans parler Quand Siddhartha revient la cabane il s tend et trouve le sommeil aussit t Siddhartha est incapable de faire le deuil psychologique de son fils C est ce qui l am ne le poursuivre jusqu la ville dans la vaine esp rance de le retrouver et de le ramener la maison Et pourtant Siddhartha doit faire ce deuil car dans l esprit du h ros campbellien il est de son devoir de faire profiter les autres humains de son illumination Certains h ros ont refus pour un temps de revenir de quitter le jardin merveilleux comme le Boud
47. de gens qui se confessent On peut le voir dans ses nombreux romans et nouvelles o il parle de lui m me sous le couvert de ses personnages et particuli rement du personnage principal Il ressent au plus profond de lui m me une grande propension se confesser se dire Hermann Hesse croit aux images du r ve que les id aux romantiques mettent en valeur Car contre la soci t industrielle qui triomphe et qui apparait d j ali nante la jeunesse se r volte et c est le Romantisme avec son apologie du r ve contre la raison car le r ve nous fait p n trer dans une r alit sup rieure plus authentique que celle construite par la raison pour d couvrir la Chose en Soi m chamment r duite par les bourgeois l tat de ph nom nes ou bien encore avec son apologie de la folie l Eugene L Stelzig Hermann Hesse s Fictions of the Self Autobiography and the Confessional Imagination Princeton New Jersey Princeton University Press 1988 p 5 2 Homology between the life lived and the life written bid p 10 3 Roger Bastide Le sacr sauvage et autres essais Pr face de Henri Desroche Paris Payot 1975 p 181 Les premiers romans et nouvelles de Hermann Hesse sont donc saveur romantique Ils d peignent bien ce grand courant de la culture et de la litt rature europ enne et allemande du XVIIi me et XIXi me si cles Ses personnages sont des vagabonds des errants sans but Assez r cemment
48. derons seulement aux trois premiers Donc premi rement nous pouvons consid rer aussi Kamala comme la M re de l univers Comme d esse elle parvient comme Campbell le souligne dans l extrait ci haut nous faire entrer dans la totalit de ce qui peut tre connu Cette totalit connaitre Campbell la d finit en termes d espace de temps et de causalit L esprit du p re cr ateur de l univers a besoin d un interm diaire pour fa onner le monde C est la M re de l univers qui remplit cette fonction elle est la structure qui limite l univers Pour ce qui est de jouer le r le de Matrice du destin et de Matrice de la r demption nous ne sommes pas s r ici que Kamala remplisse ces fonctions int gralement Dans le premier cas Campbell signale que la mythologie astrale sum ro babylonienne r v le la femme cosmique sous diff rents aspects selon la trajectoire de la plan te V nus vierge au matin prostitu e le soir pouse de la lune la nuit sorci re de l enfer en plein jour En effet dans cette mythologie mesure que se d ploie sa volont cr atrice du monde le caract re et les traits de la d esse m re se m tamorphosent Dans la vie de Siddhartha c est davantage sous l aspect d une 90 Thid p 235 91 bid p 235 92 Thid p 240 VJbid p 243 51 prostitu e que Kamala se rev le Elle est prostitu e et c est ainsi qu elle entre dans la vie de notre h ros Cependant Kamala
49. dha par exemple 23 Revenir du jardin merveilleux vers la vie ordinaire implique l acceptation de la souffrance mais aussi l acceptation qu on ne peut changer le cours des choses et les tres notre guise m me ceux qu on ch rit le plus Ce d tachement est n cessaire Siddhartha pour continuer sa route et ainsi servir les hommes dans le r le de passeur passeur fluvial mais aussi passeur psychologique Siddhartha a l toffe d un saint c est du moins ce que beaucoup disent de lui apr s l avoir rencontr et s tre confi s lui Mais surtout il doit comprendre que chacun a sa destin e la jeunesse appelle la jeunesse la vieillesse appelle la vieillesse et ce qui convient l un n est pas n cessairement ce qui convient l autre Siddhartha aime beaucoup son fils mais comme autrefois o il a forc son p re le laisser partir bien malgr lui ainsi aujourd hui doit il dans la m me difficult et souffrance que son propre p re faire de m me 123 Tbid p 155 72 C est ici que nous revenons au rapport entre l unit et la multiplicit Comme nous l avons vu c est lorsque Siddhartha sent le vide en lui que retentit la parole sacr e et qu ainsi l espace est cr et que la vie peut jaillir Mais d abord propos de l clatement de l unit vers la multiplicit nous devons saisir que cet clatement prend une dimension diff rente selon la perspective avec laquelle on le regarde Quand la perspective est
50. dissolution L exp rience laquelle il a t convi s est r v l e si grande si haute si exceptionnelle d une si grande extase que tout ce qu il a connu jusqu alors a bascul Contrairement aux disciples effray s devant le Christ transfigur Govinda s abandonne totalement et peut ainsi tre touch et transform r ellement au plus profond de son tre Ayant perdu toute notion du temps ne sachant plus si cette vision avait dur une seconde ou un si cle ne sachant plus s il y avait au monde un Siddhartha et un Govinda si le Moi et le Toi existaient le coeur comme transperc d une fl che divine et saignant d une douce blessure l me fondue dans un charme indicible 217 4 10 Le h ros r dempteur et le d part du h ros Nous terminerons notre analyse avec l tude du dernier type de h ros le h ros r dempteur du monde ainsi qu avec la derni re tape de son voyage e d part du h ros Pour ce qui est du h ros r dempteur selon Campbell il nous faut distinguer deux niveaux dans l initiation au plus haut myst re que constitue la demeure du p re Le premier niveau fait du fils un missaire le h ros empereur tandis que le 143 Thid p 125 138 144 Thid p 279 82 second r unit le p re et le fils dans une seule personne 5 Dans ce dernier cas il s agit d une incarnation une manation directe de la loi 46 L incarnation doit refuter les pr tentions du tyran qui a occult la so
51. dition Suhrkamp Frankfurt Suhrkamp Verlag vol 1 503 p 97 Ouvrages critiques sur Hesse Beaujon Edmond 1971 Le M tier d Homme et son Image mythique chez Hermann Hesse Gen ve Editions du Mont Blanc 240 p Boulby Mark 1967 Hermann Hesse His Mind and Art Ithaca Cornell University Press 338 p Casebeer Edwin 1972 Hermann Hesse de siddhartha au jeu des perles de verre trad et pr sent par Michel Meyer Coll Philosophie et Langage Bruxelles Pierre Mardaga Editeur 210p Field Georges W 1970 Hermann Hesse Coll Twayne s World Authors Series A Survey of the World s Literature Edit par Sylvia E Bowman New York Twayne Publishers Inc 198 p Freedman Ralph 1978 Hermann Hesse Pilgrim of Crisis A Biography New York Pantheon Books 432 p 1965 The Lyrical Novel Studies in Hermann Hesse Andr Gide and Virginia Woolf Princeton Princeton University Press 432 p Frye Northrop 1970 The Stubborn Structure New York Ithaca Mileck Joseph 1984 Hermann Hesse Life Work and Criticism Fredericton York Press 49 p 1978 Hermann Hesse Life and Art Berkeley Los Angeles London University of California Press 397 p 1966 Hermann Hesse and His Critics the Criticism and Bibliography of Half a Century New York AMS Press Otten Anna 1977 Hesse Companion Albuquerque University of New Mexico Press 324 p 98 Richards David G 1987 The hero s quest for the se
52. e c t du fleuve Ce dernier acqui sce et tout au long du voyage il lui vante les m rites de son fleuve Siddhartha de l autre c t du cours d eau le remercie n ayant rien d autre offrir Le passeur accepte ce traitement en d clarant que selon le fleuve son passager lui rendra son d dans l avenir Sur ce ils se s parent Il est comme Govinda pensa t il tous ceux que je rencontre sur ma route sont comme Govinda Tous auraient droit des remerciements et tous au contraire me t moignent de la gratitude 86 87 Le souvenir de Govinda travers les rencontres et les v nements se fait encore sentir Siddhartha est sur l autre rive il a quitt le monde de son p re et des brahmanes le monde de l asc se et du r gne de l esprit Mais le chemin des preuves doit d boucher sur une rencontre toute sp ciale 85 Theodore Ziolkowski fait remarquer que les trois phases de la vie de Siddhartha correspondant dans notre tude aux trois grandes tapes du monomythe campbellien i e D part Initiation Retour sont s par es par la travers e de la rivi re Ziolkowski The Novels of Hermann Hesse p 161 Par ailleurs le professeur Fl gel fait remarquer le lien d association habituel entre le masculin et le spirituel entre le f minin et le corps La tendance privil gier l esprit dans les soci t s qui ont h rit de l univers symbolique et religieux des S mites de l Antiquit a entrain le m pris des form
53. e de ces personnages ils enjolivent les r cits en attribuant des pouvoirs extraordinaires au h ros d s sa naissance ou sa conception Nous ne pouvons rien attribuer de tel Siddhartha Autant il n est pas un h ros primordial comme les premiers personnages mythologiques par exemple autant il n est pas le h ros humain d crit ci haut ayant une enfance miraculeuse et 61 Ibid p 251 62 Ibid p 251 63 Ibid p 254 64 Ibid p 254 37 dont les nombreux exploits et pouvoirs en surprennent plus d un Siddhartha a t certes un enfant dou mais dans la mesure du normal tout de m me Atteint le cap du h ros humain une gradation semble s installer du h ros guerrier jusqu au h ros saint en passant par le h ros amant empereur et r dempteur Campbell semble attribuer un petit quelque chose de plus de l un l autre dans un ordre croissant Le h ros guerrier est celui qui se bat contre le dragon le h ros amant se bat lui aussi contre le dragon mais pour la possession de la femme princesse ou vierge le h ros empereur ne veut pas conqu rir la femme il veut aller vers le p re le h ros r dempteur d passe en autorit tout ce qu ont pu accomplir les h ros empereurs et finalement les h ros saints n ont plus rien de commun avec le mythe et le mythe n a plus rien de commun avec eux 68 Siddhartha incarne ici le de h ros guerrier Les mythes racontent que lors de l apparit
54. e de Kamala tandis que les souvenirs se bousculent dans sa t te 4 4 La d livrance venue de l ext rieur Les mois passant Siddhartha son fils et Vasudeva cohabitent tant bien que mal dans leur petite cabane Vasudeva est au radeau Siddhartha est aux champs et le garconnet a des t ches accomplir mais il ne s en acquitte que rarement Ce dernier g t capricieux et difficile n apporte pas Siddhartha le bonheur qu il a esp r L enfant se rebelle de la mort de sa m re et de cet injuste changement de statut social et conomique Siddhartha essaie de le vaincre par l amour mais Vasudeva n est pas si s r que c est exactement la bonne mani re de proc der pour le gagner lui est ce que ton amour m me n est pas un lien avec lequel tu le ligotes 176 Longtemps 121 Jbid p 44 70 Siddhartha pense la possibilit de le laisser aller la ville pour qu il puisse faire sa vie Ce gar on est d finitivement incapable de s adapter Siddhartha ce vieillard d bonnaire doux peut tre saint mais ennuyeux Cependant au sein de cette exp rience Siddhartha devient enfin un homme comme les autres il go te maintenant la folie pour l autre cette folie d amour qui fait se perdre dans la d raison Pour Campbell dans certains cas le h ros doit obtenir une aide ext rieure afin de pouvoir revenir vers le monde Campbell pr sente entre autres exemples le cas d un h ros esquimau enferm dans le
55. e pr cher 53 Que peut apporter de sp cial Siddhartha la doctrine du Bouddha En quoi est elle tre meilleure que les autres En quoi une doctrine peut elle rassasier Siddhartha C est dans ce scepticisme par rapport aux doctrines et aux ma tres que Siddhartha acquiesce cependant au d sir de son ami et qu il se rend aupr s du doyen des Samanas pour lui faire conna tre leur d cision Comme ce dernier s oppose alors celle ci et se met en col re Siddhartha saisit le regard du vieillard et lui impose sa volont Le vieux Samana b nit donc les deux hommes et leur souhaite bon voyage 56 Quand ils arrivent Jetavana le lieux o le Bouddha s est install avec ses disciples il fait d j nuit Ils dressent donc leur couche et s endorment 59 Le lendemain matin on peut voir la foule immense pr te entendre le sermon du Sublime Siddhartha le reconnait travers la multitude son seul visage sa d marche son corps tout entier respirant la paix et la s r nit Siddhartha a le coeur rempli de v n ration et d amour Le soir venu le Bouddha donne sa le on 61 Sa voix est parfaite il enseigne la doctrine pour supprimer la souffrance Au moment o il termine alors que plusieurs s avancent pour embrasser sa doctrine Govinda fait de m me C est la 34 premi re fois de toute sa vie que Govinda prend une d cision vraiment par et pour lui m me C est la premi re fois qu il ne mime pas ce q
56. e un symbole important Tu iras donc dans la for t La for t comme le d sert la jungle la mer profonde la terre lointaine sert souvent d image pour illustrer l inconnu et le danger de l aventure qui se pr pare l entr e du premier seuil 7 Quand le brahmane retire sa main de l paule de Siddhartha ce dernier s incline devant son p re et va embrasser sa m re comme il lui a ordonn Quand l aube Siddhartha quitte la ville une ombre se profile derri re lui C est Govinda son fid le ami qui le suit dans sa qu te Le soir m me Siddhartha et Govinda sont accueillis chez les Samanas Durant les semaines et les mois qui suivent Siddhartha pratique le renoncement Je ne laisser aller vestimentaire et sanitaire refoulement des pulsions sexuelles m pris du mat riel sont ses nouvelles valeurs Plus que tout cependant le monde lui m me avec tout ce qu il comporte est souill par le mal 42 Siddhartha veut tuer son moi il veut se vider de tout d sir de toute aspiration car pense t il c est de cette mani re que se produira le grand veil Mais alors qu il multiplie les mortifications et les exercices spirituels son moi apr s tre vaguement disparu pour un instant renait sans fin ST Ibid p 74 32 Alors que Govinda continue dans la pers v rance les exercices de d tachement des choses du monde Siddhartha de son c t s interroge Quelles sont tes pens es Govinda crois tu que nou
57. e valeur ontologique d en soi en fait cela n est peut tre pas aussi tranch Encore une fois l ouvrage de Christine Maillard sur les Sept Sermons aux Morts permet d clairer notre lanterne Tout d abord elle souligne l ambiguit fondamentale qui marque les Sermons quant au concept de qualit s arch types d origine du Pl rome inconscient d origine Le Pl rome porte en lui les qualit s mais paradoxalement elles sont cr es par la pens e p 87 Cette ambigu t de la nature des arch types marquera par la suite le travail th orique de Carl Gustav Jung en certaines occasions alors qu il consid rera l arch type comme un pr cipit comme un 22 Campbell ne g r ralise pas la th orie du d veloppement paral lle pour fonder son postulat des arch types Pour lui une bonne partie des similitudes entre les mythes et les symboles religieux sont imputables au ph nom ne de la diffusion Mais par dessus tout ce qui diff rencie Jung et Campbell est la fonction que l un et l autre donnent respectivement la mythologie Campbell ne limite pas la fonction de la mythologie celle d une r quilibration int rieure de l individu il lui donne aussi la t che d ouvrir ce dernier sur la dimension spirituelle C est pourquoi Campbell d peignit les deux perspectives dans son ouvrage sur les h ros Mais avant de regarder ces deux composantes de la mythologie regardons maintenant la structure que Campbell identifia travers l ense
58. eaux et leurs bords Et la for t et les ch vres et les scarab es d or et les fleurs et les papillons 82 82 Ibid p 87 43 Cette prise de conscience de la beaut du monde initialement commenc e lors de son passage dans le ventre de la baleine 73 se continue et se confirme Siddhartha peut laisser tomber cette d cision et s en remettre ses exp riences pass es Mais il ne succombe pas cette tentation Il continue fermement son apprentissage des choses du monde l aide des sens 3 2 2 Deuxi me preuve couter la voix int rieure Chemin faisant Siddhartha revoit en pens es les instants pass s dans le jardin de Jeta son entretien avec le Bouddha ses adieux Govinda Fort de savoir maintenant que les doctrines n enseignent pas le secret de ce qui est v cu lors de l illumination il veut tre enseign par les sens Ceux ci deviennent le moyen de surprendre la voix secr te de l int rieur 84 Siddhartha se dit en lui m me que c est apr s tout une voix int rieure qui a command au Bouddha de s asseoir sous l arbre B l arbre de l illumination Le Sublime n est pas parvenu l illumination par ses efforts ses pri res ses mortifications ni par quoi que ce soit d autre la voix a parl en lui et il a ob i Siddhartha sera donc le serviteur de cette voix il sera son esclave Voil quel est son projet de Siddhartha ob ir la voix int rieure sans mesure cette m me voix int rieure q
59. ement nous terminons cette lecture en ouvrant des pistes de prolongements l aide des perspectives hessiennes et campbelliennes en regard de la soci t moderne HERMANN HESSE LITT RATURE JOSEPH CAMPBELL MONOMYTHE MYTHOLOGIE PSYCHANALYSE ARCHETYPES TABLE DES MATI RES AVANT PROPOS Serra nude RESUME ce ius emque aa m or n oe INTRODUCTION ese eine cn e ie atn UU martina as LES CONFESSIONS DE HERMANN HESSE eene OBJECTIF DE LARECHERCHE uen t eee ea Ea ees eti nets M THODES RS SAN Lene cni LE Cie CHAPITREI LES HEROS TERNELS DE JOSEPH CAMPBELL 1 1 L EUROPE ET LES R CITS D ARTHUR Sires eet Sebo ee aes 12 LES OUTILS LA PSYCHANALYSE LA SAGESSE ORIENTALE ET LES ARCHETY PES gcwessiclncteidecvesteadencteiqceraaidd eetesdecvetes 1 3 LE MONOMYTHE ET LES DEUX PERSPECTIVES CHAPITRE II LE ROYAUME DU HEROS rein un ans thema 2 LE D PART La d e asdetint s ain 2 1 L appel l aventure le fils du brahmane sss 2 2 Lexetus de l appel doses erede ete ad aes 2 3 Laide sutnaturelle les Samdands e a eot tan 2 4 Le passage du premier seuil le Bouddha 2 5 Le h ros guerrier et les H TOS aude i eerie eros 2 6 Le ventre de la baleine la nouvelle naissance ii I e 11 11 14 15 20 20 20 22 22 25 29 32 CHAPITRE III LE MONDE DES TENEBREG ccccccccccssseecesceeessecessensccecsseaeeees 3 ECINEFIATION a i uitae
60. ent spirituel Tout ce qui lui manque cependant pour partir c est une occasion c est une manifestation concr te du destin une aide surnaturelle qui lui indiquerait la marche suivre Cette aide surnaturelle il l obtiendra comme nous allons maintenant le voir 2 3 L aide surnaturelle les Samanas Un jour trois Samanas trois asc tes itin rants passent par la ville o demeure Siddhartha C taient des hommes maigres puis s par les privations des asc tes en p lerinage auxquels on ne pouvait donner aucun ge Ils avaient les paules couvertes de sang de poussi re leur corps tait presque nu et br l par le soleil Toujours solitaires trangers et hostiles au monde ils taient des intrus de maigres chacals dans la soci t humaine On sentait sur leur passage le souffle br lant d une passion silencieuse d une activit destructrice d un impitoyable d tachement de soi m me 34 35 Ces hommes religieux font une impression telle sur Siddhartha que le soir venu ce dernier prend la d cision de se joindre eux le lendemain m me C est ainsi que Siddhartha dit oui d finitivement et concr tement l appel l aventure qu il met en branle sa nouvelle vie sa qu te de l Atman Ces hommes agissent titre de guides sur Siddhartha Quand ceux qui n ont pas refus l appel et qui ont entrepris l aventure h ro que le premier personnage qu ils rencontrent est une figure protectrice souvent u
61. es f minines et corporelles Voir Joseph Campbell Les h ros sont ternels p 99 note 31 ainsi que J C Fl gel The Psycho Analytic Study of the Family International Psycho Analytic Library no 3 4 dition Londres The Hogarth Press 1931 chapitres XII et XIII 45 Avant de regarder cet v nement plus en particulier notons un d tail de l intrigue du roman de Hermann Hesse qui varie par rapport au sch ma campbellien Campbell affirme que dans le chemin des preuves le h ros est secr tement aid par les conseils les amulettes et les missaires clandestins que lui adresse le guide surnaturel qu il a rencontr avant de p n trer dans cette r gion 8 Dans le roman de Hesse c est v ritablement le passeur qui offre amulettes amulettes spiritualis es int rioris es 1c1 et conseils au h ros Car en le b nissant comme il le fait c est la vie enti re de Siddhartha qu il cautionne c est toute son pop e dont il se fait le garant Arriv sur l autre rive et voyant bien que son passager ne peut le payer le passeur lui d clare je n ai attendu de toi ni cadeau ni salaire Le cadeau tu me le feras une autre fois Crois tu demanda Siddhartha en riant Certainement Le fleuve me l a dit tout revient Et toi aussi Samana tu reviendras Pour le moment bon voyage Que ton amiti sois mon salaire Souviens toi de moi quand tu sacrifieras aux dieux 86 Le r le des Samanas a donc t plut t d
62. es pr sentes donn es sont extraites de l ouvrage de Phil Cousineau The Hero s Journey Joseph Campbell On His Life and Work dit et introduit par Phil Cousineau Harper San Francisco 1990 principalement p xxv xxix p 151 pour Eliade 31 Joseph Campbell The Power of Myth with Bill Moyers N Y Doubleday 1988 231 p traduit en fran ais par Jazenne Tanzac sous le titre Puissance du mythe en collaboration avec Bill Moyers Paris J ai lu New Age 1988 374 p 19 Son s jour en Europe et la rencontre qu il fait avec les traditions fran aises et allemandes lui ouvrent tellement l esprit que lorsqu il revient l Universit Columbia deux semaines avant le crash boursier de 1929 il d clare ses professeurs propos de sa th se doctorale en cours sur les l gendes arthuriennes this whole thing has opened out Mais ses professeurs ne partagent pas cet enthousiasme voir son esprit s largir et avec lui le rayon de l interrogation du jeune chercheur Ils refusent cat goriquement que celui ci change de direction dans son analyse et c est ainsi qu il d cide de quitter Columbia Apr s quelques ann es d instabilit il finit par d crocher un poste de professeur au College Sarah Lawrence en 1933 Campbell tudie les mythes aussi bien en g n ral qu des niveaux plus particuliers Comme nous l avons soulign pr c demment il s int resse plus sp cifiquement au personnage du h ros mythique dans son l
63. est fondamentalement une exp rience d illumination de lib ration des limitations qui bornent le champ de l exp rience humaine usuelle La t che finale du h ros est ensuite de revenir vers ses fr res ou ses sujets afin de leur dispenser les bienfaits de son illumination de sa d couverte S il n est pas question d un rapt du feu de lixir le h ros avance maintenant sous la protection des puissances qu il a affront es lors de l preuve supr me Dans le cas o le h ros a t englouti dans le ventre de la baleine au seuil de l aventure il a quelquefois besoin d une aide ext rieure pour en sortir C est ce que Campbell appelle a d livrance 51 Jhid p 26 note 18 selon la formulation de C G Jung Psychologie et Religion trad Marthe Bernson et Gilbert Cahen Paris Buchet Chastel Corr a 1958 p 102 25 venue de l ext rieur Ainsi le h ros peut franchir un nouveau seuil le seuil du retour par lequel il se d tache des puissances surnaturelles qui l ont accompagn tout au long de son aventure et r merge alors du royaume de la mort Ma tre des deux mondes et libre devant la vie le h ros peut dispenser les bienfaits acquis pour l ternit La seconde partie de ce maitre ouvrage de Campbell traitant du cycle cosmogonique contient quatre sections manations la naissance virginale les transformations du h ros et enfin dissolutions Dans la premi re Campbell suit une une les tapes du proce
64. estin 75 Il est maintenant pr t pour entrer dans les t n bres de I initiation 71 bid p 268 72 Ibid p 268 73 Ibid p 268 74 Ibid p 266 75 Ibid p 268 39 2 6 Le ventre de la baleine la nouvelle naissance En quittant le bois o il a rencontr le Sublime Siddhartha prend conscience qu il laisse derri re lui toute sa vie pass e 71 Maintenant devenu un homme apr s ces ann es de dure asc se avec les Samanas Siddhartha constate que son d sir de suivre des maitres et des doctrines est bel et bien mort chez lui M me le plus grand parmi tous le Bouddha lui m me n a m me pas r ussi s duire son me exigeante Car m me le Sublime ne peut lui enseigner ce qu il cherche depuis tant d ann es le secret de son moi Siddhartha a tromp son moi chez les Samanas il l a fui il a voulu le d truire pour en connaitre le sens et l essence 72 Mais toujours il l a retrouv t t ou tard Siddhartha sent le r veil se faire en lui maintenant je ne laisserai plus chapper mon Siddhartha c est de moi seul que j apprendrai que je serai l l ve c est par moi que je saurai le myst re qu est Siddhartha 73 L ancien brahmane et Samana voit maintenant le monde comme si c est pour la premi re fois riche en couleurs en beaut enchant myst rieux ayant une profonde valeur Le sens et l tre n taient point quelque part derri re les choses mais en elles en tout
65. eut tre aussi convaincre quelques sceptiques et d tracteurs C est pourquoi je voudrais remercier ici les personnes qui m ont aid r aliser ce m moire D abord videmment mon directeur Guy M nard qui m a aid grandement am liorer la qualit de mon criture ainsi qu prendre en consid ration les aspects moins int ressants d une recherche de cette envergure Aussi je voudrais remercier Denis Jeffrey un compagnon de recherche et un ami avec lequel l int rieur d un projet qui nous rassemble pr sentement j ai de longues discussions sur les tenants et aboutissants des repr sentations religieuses psychiques et arch typales Finalement je remercie galement tous mes professeurs es parents et ami es ceux qui ont accept d valuer ce m moire et Jacques Pierre plus particuli rement pour m avoir aid pr ciser la forme concr te de cette intuition intuition qui m a amen choisir entre bien d autres possibilit s les sciences de la religion l UQAM dont le d partement des sciences religieuses se veut le d fenseur et le promotteur au Qu bec R SUM Effectuer une lecture du roman Siddhartha de Hermann Hesse partir de la structure tripartite du monomythe de l aventure du h ros et du cycle cosmogonique tels que d crits par Joseph Campbell voil le but de ce m moire L ceuvre de ce dernier The Hero with a Thousand Faces rend compte du monomythe partir de deux perspectives
66. faire parler le vieillard en TT qui il ne reconna t pas son ami d enfance Siddhartha se demande s il ne cherche peut tre pas trop Mais trouver c est tre libre c est tre ouvert tout c est n avoir aucun but d termin lui dit il 202 Grande est sa surprise et sa joie lorsque Govinda reconna t son vieil ami Toute la nuit ils discutent et se racontent mille et une choses Le lendemain au moment de repartir Govinda ne peut s emp cher de faire tat Siddhartha des questions qui le pr occupent depuis tant d ann es Quelle est ta doctrine Quel est le noyau de connaissances selon lequel tu r gles ta vie 204 Siddhartha qui depuis longtemps s est m fi des ma tres et qui le fleuve et un homme aussi simple que Vasudeva ont beaucoup appris a une opinion bien particuli re et bien trange pour Govinda sur cette question paradoxalement la sagesse ne se communique pas 205 Le Savoir lui peut se communiquer mais pas la Sagesse Pour bien faire comprendre son propos ses l ves un ma tre doit diviser la r alit en deux en paires d oppos s alors qu en fait il n en est rien la r alit est une Les choses ne sont jamais unilat rales elles sont blanches et noires la fois L humain se repr sente les choses ainsi parce qu il croit que le temps existe Mais le temps n existe pas pour Siddhartha et donc l espace qui s pare le plus grand des p cheurs du Bouddha n est qu une i
67. fois le seuil franchi le h ros volue dans un monde aux formes trangement fluides et ambigu s o il doit survivre une succession d preuves 82 Pour Siddhartha ces preuves sont davantage des preuves int rieures que mat rielles ou physiques Siddhartha a le choix soit de consolider des orientations d j prises ou allant dans le sens de leurs aboutissements logiques soit de revenir en arri re ou de changer de direction Siddhartha reste cependant fid le ses d cisions et engagements Ces preuves int rieures qui se d roulent au niveau de sa r flexion et de sa vision du monde aussi bien qu celui de ses valeurs sont davantage des tests qui le pr parent sa rencontre initiatique comme telle mesure qu il avance sur sa nouvelle route dont il ne conna t pas la destination Siddhartha fait des choix il d cide de la direction prendre 3 2 1 Premi re preuve accepter le monde tel qu il est chaque pas que Siddhartha fait sur la route le menant il ne sait o ce monde enchant qu il a toujours refus de voir le monde de la nature se manifeste lui Les couleurs les formes toute la diversit de la cr ation d ploient leurs charmes les plus clatants devant les yeux merveill s de Siddhartha Qu il tait beau le monde pour qui le contemplait ainsi naivement simplement sans autre pens e que d en jouir Que la lune et le firmament taient beaux Qu ils taient beaux aussi les ruiss
68. ge est encore moins r ussi que le premier Apr s seulement quelques mois de vie commune Ruth retourne chez ses parents en avril de la m me ann e Les efforts de r conciliation de Hesse sont sans succ s et elle obtient le divorce en avril 1927 Ce furent les douloureuses ann es Steppenwolf 57 Hesse en proie au d sespoir se met sortir dans les bars de Z rich Mais en 1926 il fait la rencontre de Ninon Dolbin qui le rejoint la Casa Camuzzi en juin 1927 Sa troisi me et derni re femme Dolbin s av rera par la suite la compagne id ale que Hesse cherchait depuis longtemps et qu il n avait pas trouv e dans ses deux premi res femmes D s son arriv e Montagnola et tout le long des ann es vingt Hesse continue d crire en faveur de la paix de se prononcer pour l internationalisme Il devient encore une fois la cible des critiques ce qui le conduit pour obtenir la paix devenir citoyen suisse en 1924 Au cours des ann es qui suivent apr s avoir d j publi Demian Le dernier t de Klingsor et Siddhartha Hesse publia Le Loup des Steppes Narcisse et Goldmund et Le Voyage en l Orient il continue crire des po mes des essais diter et faire des revues de livres Aussi en raison de sa rupture id ologique avec l allemagne nazie il annule son membership de l Acad mie prussienne des Arts en 1930 En novembre 1931 il pouse Ninon Dolbin apr s quatre ans de vie commune Ce mariage ci est heureux et
69. iddhartha incarne renongant l amour propre et au pouvoir la fiert et la convoitise la col re et ses biens paisible en son c ur libre de son ego il se rend digne et capable de s unir l imp rissable 128 Bien s r Siddhartha ne fait que commencer laisser poindre les signes de cette sagesse La vie avec tout ce qu elle comporte lui donnera l occasion de parfaire cette attitude 4 7 Le seuil du retour le retour de la multiplicit vers l unit et le h ros saint Le retour est difficile pour Siddhartha Cette blessure profonde le pousse m me un jour retourner la ville en esp rant revoir son fils Mais il ne trouve qu ironie et stupidit dans cette vaine entreprise alors que le fleuve se moque de lui Revenant la cabane Siddhartha sent le vif besoin de se confier son compagnon C est alors qu il confesse tout sous l influence du charme de Vasudeva qu il raconte m me ce qu il n a jamais os dire En ces instants si chers si profonds Vasudeva se 128 Thid p 283 Campbell renvoie aussi la Bhagavad Gita XVII 74 r v le Siddhartha comme un saint comme le fleuve lui m me comme Dieu lui m me tellement son coute est extraordinaire Mais au fond Vasudeva a toujours t ainsi c est Siddhartha qui ne l a jamais vu sous ce jour Quand Siddhartha termine sa confession Vasudeva l am ne pr s du fleuve et l invite couter Siddhartha regarde dans l e
70. ience voyage d un stade l autre l approchant ou l loignant de sa voix int rieure selon le cas Et d une mani re plus globale apr s avoir appris dans les t n bres de son inconscient apr s s tre reg n r dans cet oc an d nergie en compagnie de ses guides Kamala Kamaswami et du monde sensible en g n ral Siddhartha effectue un retour au conscient afin de communiquer l illumination obtenue de la source originelle 4 2 La fuite magique Dans le monomythe campbellien la fuite magique se produit lorsque le h ros s est empar du troph e malgr l opposition de son gardien ou si les dieux ou les d mons d sapprouvent son d sir de retourner au monde la derni re phase de la ronde mythologique se transforme alors en une poursuite mouvement e comique bien souvent sem e parfois d obstacles et d vasions magiques fantastiques 8 En fait pour qu il y ait au sens de Campbell apoth ose du h ros au sens strict ce dernier doit d rober lixir aux forces surnaturelles Au chapitre pr c dent nous avons vu qu il n y a pas v ritablement eu de rapt de celui ci L lixir est plut t donn par la vie par l exp rience Siddhartha en r compense de ses efforts de sa qu te mais aussi pour le sauver du suicide Ce geste extr me provoque en quelque sorte le don salvateur surgir de l inconscient de Siddhartha en cette heure si cruciale sans appel Si Siddhartha ne vole pas l lixir dison
71. il origine de m me le monde retourne un jour l infini duquel il a merg 7 Pour lui le cycle cosmogonique repr sente la circulation de la conscience travers les trois plans de l existence que sont l tat de veille le r ve et le sommeil profond La conscience universelle et individuelle quitte le sommeil profond passe par le r ve et se manifeste dans l tat de veille ensuite l inverse elle retourne aux t n bres en passant par le r ve Les tapes du cycle cosmogonique correspondent aux moments forts de l aventure du h ros Alors que le d part correspond l tat de veille que le h ros quitte le r ve correspond au seuil de l aventure de m me le sommeil profond correspond l initiation comme telle o l illumination est obtenue ensuite nouveau le h ros revient en passant par le r ve le seuil du retour vers le monde de la lumi re de la conscience de veille Siddhartha dans l tape de l initiation se dirige vers le sommeil profond vers la red couverte de ses origines Il rentre dans le monde des t n bres de l initiation alors qu il vient de quitter le monde conscient celui des hommes En passant par le 79 Campbell Les h ros sont ternels p 208 80 Jhid p 212 81 Voir Ibid p 195 et 212 42 r ve et ses r ves seront effectivement marquants pour lui dans cette phase il red couvrira ce qu il est et le sens de son existence 3 2 Le chemin des preuves Une
72. il s immergea dans la 153 es donn es suivantes sont tir es de l ouvrage de Mileck Hermann Hesse p 5 13 154 Ibid p 5 155 Jbid p 6 89 litt rature allemande du XVIIi me et XIXi me si cles 156 I se lasse cependant et devient apprenti dans une librairie de T bingen en 1895 Il continue toujours de lire mais se concentre sur Goethe C est alors qu il fait la connaissance des Romantiques en particulier de Novalis Dans la lign e de leur influence et de celle de l esth tisme de la fin du XIXi me si cle il cr e son style qui se veut un rejet du monde ext rieur stupide et une adoration du royaume de l imagination Hermann Hesse vient de trouver un chez lui et une voie parcourir Ses premiers po mes commencent appara tre dans une revue viennoise d s 1986 Romantische Lieder son premier recueil est publi au d but de 1899 et son premier crit en prose Eine Stunde hinter Mitternacht plus tard dans la m me ann e Il publie son premier roman Peter Camenzind en 1904 qui en fait une c l brit Hesse pouse Maria Bernoulli en 1904 Ils s tablissent Gaienhofen un petit village de campagne Ils vivent heureux pendant quelques ann es mais leur mariage commence bient t d river car chacun d eux a beaucoup de caract re et est pr occup de lui m me Ainsi donc nait dans le coeur de Hesse le d sir de partir en Orient en qu te de lui m me et de l Inde Il visite Ceylan la M
73. ints Plusieurs aussi profitent de leur passage sur le bac pour se confier eux 119 Thid p 223 120 Thid p 300 69 Un jour la nouvelle se r pand que le Sublime en est ses derniers jours Les gens viennent de partout ils s assemblent tels des fourmis 165 et convergent vers le lieu o le Bouddha attend la mort avant d entrer au Nirvana ils convergent vers le Nombril du monde lieu o les forces du divin se cristallisent d une mani re toute sp ciale C est ce moment que celle qui a t autrefois son amante la belle Kamala se dirige elle aussi avec son petit gar on au sein de la multitude des p lerins vers le Bouddha mourant Cependant s tant assise pour se reposer pr s du fleuve non loin du bac de Vasudeva elle pousse soudain un cri elle vient de se faire mordre par un serpent Les deux se mettent courir en direction du bac mais la dame s croule soudain Le petit se met crier et Vasudeva accourt sur les lieux Il transporte la femme jusqu la cabane o Siddhartha fait du feu Ce dernier regarde tour tour le gar on et la victime et se rend l vidence il s agit de son fils et la femme est nulle autre que son amante d autrefois Les deux hommes font alors l impossible pour sauver Kamala mais c est peine perdue Alors que les fougueux amoureux d autrefois s admirent du regard l ancienne courtisane s teint petit petit Pendant longtemps Siddhartha regarde le visag
74. ion des premiers villages et cit s des monstres primitifs se cachent dans les r gions isol es et attaquent les humains9 Non seulement faut il les chasser mais il faut aussi se d barrasser des tyrans qui se l vent et qui font main basse sur les possessions de leurs voisins Dans le parcours initiatique de Siddhartha le Bouddha est celui qui joue le r le du dragon du tyran qu il faut abattre pour aller plus avant dans les r gions isol es celles auxquelles le seuil de l aventure donne acc s Bien s r par ses qualit s le Bouddha repr sente manifestement ce que Jung appelle le Grand Sage Cependant paradoxalement parce qu il repr sente aussi toute la puissance la fois lib ratrice mais surtout limitative d une doctrine suivre le Bouddha repr sente bien aussi le dragon non pas sous son aspect destructeur mais sous son aspect ali nant dans le parcours de Siddhartha 65 Ibid p 268 66 Ibid p 275 67 Ibid p 279 68 Ibid p 284 69 Thid p 269 70 bid p 269 38 La t che du h ros consiste frayer le chemin pour les autres pour ceux d sirant accomplir une certaine volution psychique et spirituelle mais sans assumer n cessairement les risques inh rents l ouverture d un nouveau sentier Le h ros le chevalier prend sur lui d assumer ces risques la place au nom et pour son peuple Il doit combattre tyrans et monstres qui menacent la communaut Le monstre tyran par excellence q
75. ir quitt le confort des r gions famili res et v cu son aventure dans le monde des dieux revient vers le monde des humains Cependant il faut bien comprendre qu il s agit davantage d une consid ration p dagogique que d une r alit en fait les deux mondes ne font 75 qu un Ces derniers sont repr sent s comme s par s pour faciliter la compr hension dans l esprit de celui auquel est destin l enseignement du mythe h roique Cette distinction entre les deux mondes bien que de simple commodit et paradoxale se r v le cependant n cessaire pour atteindre les objectifs p dagogiques du mythe Ainsi dans le contexte du monomythe tripartite campbellien bien des difficult s attendent notre h ros au seuil du retour En plus de devoir se s parer de ses guides qui l ont accompagn tout au long de son initiation il se doit de r assumer la vie dans son quotidien dans ses banalit s dans ses trivialit s dans ses peines et joies passag res 30 En effet pour que son aventure aboutisse le h ros doit survivre la violence du choc que provoque son retour au monde 3 Voil bien le probl me de Siddhartha Commentant le mythe coranique du prince Kamar al Zaman et de la princesse Boudour 32 Campbell s exprime ainsi Les d chainements que provoquent cette rencontre et cette s paration sont caract ristiques des souffrances de l amour Lorsqu un c ur en effet pers v re dans la voie de son destin se refusan
76. italis Mais il n a pas qu une relation th rapeutique avec Lang L un et l autre entretiennent aussi une relation d amiti qui se manifeste d une mani re tr s concr te Ernst Rose Hermann Hesse s way from Romanticism to Modernity New York New York University Press 1965 p 16 5 Ibid p 37 6 Joseph Mileck Hermann Hesse Life Work and Criticism Fredericton York Press 1984 p 8 10 Le psychologue suit le loup la trace et initiateur pervers l encourage au pire Rues nocturnes h tels louches champagne clubs orchestres n gres les deux comp res Lang et Hesse titubent courent les filles et apr s deux bostons et un tango s entretiennent au gr de leurs fredaines de la gravit de la vie de la mort et de Dieu bien r solus ne pas achever leurs soir es de patachons sans avoir connu les plus ardentes volupt s Le frileux Hermann se r veille amoureux ivre d shabille ses ma tresses ouvre dans une brume d irr alit un nouveau chapitre de son existence Le bouleversement qu am ne les d boires de sa vie personnelle sa psychanalyse et ses relations th rapeutiques amicales avec Lang l entra nent revoir sa conception du monde et sa production litt raire Cette derni re prend alors une tangente nouvelle pour Hesse le roman de l int riorit psychologique voire psychanalytique D sormais Hesse ne d peint plus ses errances travers l espace ext rieur des routes des c
77. itiatiques primordiaux des peuples aborig nes d Australie entrainent la mort pour les garcons et qu ils repr sentent l expression dramatis e de l agression cedipienne de la g n ration plus g e et la circoncision comme une castration att nu e Des prescriptions cannibales parricides et d ingestion de sang accompagnent aussi ces rites mythologiques Voir Geza Roheim The Eternal Ones of the Dream pp 49 sqq 110 bid p 129 63 Dans la Bible au premier chapitre de la G n se nous voyons que Dieu cr e par la parole Celui ci cr e partir de rien ou encore partir d une masse informe sans vielll Et ainsi par la parole il organise cette masse chaotique en un espace ordonn d abord et ensuite il y implante la vie par la cr ation des v g taux des animaux et des tres humains ses regards s offrait un vide effrayant qui ne r pondait que trop au vide affreux de son me 135 Comme nous l avons vu plus haut c est ainsi que la r alit se pr sente Siddhartha sur le bord du fleuve alors qu il est sur le point de s enlever la vie Ce sentiment de vide que les ann es pass es dans le monde des hommes faire semblant d tre comme les autres a agrandi prennent maintenant toute la place Les plaisirs du monde sont venus bout de Siddhartha ils ont achev son petit oiseau sa voix int rieure s est tue Siddhartha est d go t et il n a plus qu une seule id e en t te en finir avec la
78. ivre intitul 7he Hero with a Thousand Faces C est partir de cet ouvrage qu il tablit principalement sa cr dibilit et sa notori t Soulignons ici que l int r t manifest par Campbell pour les r cits d Arthur des Chevaliers de la Table ronde et du Graal est vraisemblablement une des origines de sa propension l aventure du h ros ou du moins ce qui contribue entre autres choses lui donner la forme que nous connaissons aujourd hui dans ses travaux cet effet voyons comment Campbell peut faire cette association entre la mythologie arthurienne et l aventure du h ros Selon Campbell avant l introduction du christianisme en Europe il y a quatre grandes traditions mythologiques la grecque classique la romaine la celtique et la germanique Ces traditions reconnaissent la personne le statut d individu et non pas seulement celui de membre de la soci t contrairement celles de l Orient le cheminement de chacun y est tr s valoris 3s 32 Phil Cousineau The Hero s Journey p 52 33 Ibid p 52 34 Joseph Campbell Transformations of Myth Through Time N Y Harper amp Row 1990 263 p traduit en fran ais par Marie Perron sous le titre Les mythes travers les ges Montr al Le Jour 1993 p 223 35 Ibid version francaise p 224 20 Pour Campbell l int rieur de ces quatres traditions les l gendes du Graal expriment exactement ce qu est dans son esprit la sp cificit
79. l aventure n est plus pour lui maintenant qu un lointain murmure Petit petit le savoir faire et le savoir vivre du Samana en Siddhartha sombrent dans l oubli C est alors qu un jour Siddhartha s aper oit que petit petit il est devenu comme les autres hommes Lui qui les regardait de haut auparavant avec ironie avec un sentiment de sup riorit commence maintenant partager leur condition leurs sentiments leurs inqui tudes Mais une chose fondamentale le s pare toujours d eux La chose qu il leur enviait le plus parce qu elle lui faisait enti rement d faut c tait l importance qu ils savaient donner leur existence la passion qu ils mettaient leurs plaisirs et leurs peines le bonheur anxieux mais doux qu ils trouvaient leurs ternelles manies amoureuses Ces hommes s attachaient toujours plus eux m mes aux femmes leurs enfants l honneur ou l argent leurs projets ou leurs esp rances Mais c est justement ce qu il n apprit pas d eux cette joie na ve cette innocente folie il n apprit d eux que ce qui les rendait d sagr ables et faisait d j l objet de tout son m pris 120 Siddhartha commence manifester cette fatigue cette lassitude ce d go t caract ristique des gens riches Les ann es passant Siddhartha ressent la d sillusion La voix int rieure semble t il s est tue Siddhartha a fini par s attacher aux richesses l a
80. lf an archetypal approach to Hesse s Demian and other novels Lanham University Press of America 153 p Rose Ernst 1965 Hermann Hesse s way from Romanticism to Modernity New York New York University Press 175 p S n s Jacqueline et Michel 1989 Hermann Hesse le Magicien Coll Biographie Paris Hachette 349p Serrano Miguel 1991 C G Jung et Hermann Hesse R cit de deux amiti s Trad de l anglais par Yona Birker Chavanne Gen ve Georg 135 p Sorell Walter 1974 Hermann Hesse the man who sought and found himself Coll Modern German Authors New Series dit es by R W Last Volume two London Oswald Wolff 143 p Stelzig Eugene L 1988 Hermann Hesse s Fictions of the Self Autobiography and the Confessionnal Imagination Princeton New Jersey Princeton University Press 346 p Schwarz Armand 1960 Cr ation litt raire et Psychologie des Profondeurs Paris Ed du Scorpion 189p Volker Michels 1975 Hermann Hesse A Pictorial Biography dit par Volker Michels Trad par Theodore et Yetta Ziolkowski Inclut Life Story Briefly Told de Hermann Hesse trad par Denver Lindley New York Farrar Straus and Giroux 235 p Zeller Bernhard 1971 Portrait of Hesse An Illustrated Biography Trad de l allemand par Mark Hollebone New York Herder and Herder 176 p Ziolkowski Theodore 1965 The Novels of Hermann Hesse A Study in Theme and Structure Princeton N J Princeton University
81. llument et prennent leur course dans le ciel Le p re au bout d un temps interminable finit par refuser carr ment sa demande et s en va dormir 36 Mais Siddhartha ne bronche pas Il demeure debout impassible attendant la b n diction de son p re Incapable de dormir le brahmane revient d heure en heure d instants en instants et Siddhartha est toujours debout immobile les bras crois s dans la chambre Et alors que le brahmane revient dans la chambre la derni re heure de la nuit son fils Siddhartha est toujours debout grandi et tranger 37 Par 56 Ibid p 67 31 l argumentation le p re de Siddhartha essaie de le dissuader de continuer d fier son autorit Mais Siddhartha est intraitable Alors que l aube claire d j la chambre Siddhartha commence trembler des jambes Le brahmane voit le regard de son fils au loin et comprend soudain qu il l a d j quitt pour une autre contr e C est alors qu il donne sa b n diction Il touche l paule de son fils Tu iras donc lui dit il dans la for t et tu seras Samana Si tu y trouves le bonheur reviens tu me l enseigneras Si tu n y trouves que d sillusion reviens et nous continuerons sacrifier ensemble aux dieux Maintenant va embrasser ta m re et dis lui o tu vas Pour moi il est temps de me rendre au fleuve pour y faire ma premi re ablution 38 39 Notons que Hesse dans cette b n diction met dans la bouche du p r
82. llusion ainsi que celui qui s pare les l ments de toutes les paires d oppos s Le p cheur n avance pas vers l tat du Bouddha il l est d j en puissance Le monde ami Govinda n est pas une chose imparfaite ou en voie de perfection lente se produire non c est une chose parfaite et n importe quel moment 207 Pour Campbell le h ros est le champion de ce qui devient non de ce qui fut car il est Il ne prend pas l immuabilit apparente du temporel pour la permanence de l Etre il ne craint pas que l instant d apr s ou que de devenir autre d truise par le changement qu il entra ne ce qui est permanent 134 134 Jhid p 193 194 78 Siddhartha s est r concili avec le temporel et cela s effectue par une r alisation de la relation v ritable qui existe entre le ph nom ne passager temporel et cette vie imp rissable qui vit et meurt en toutes choses 35 Siddhartha ne souffre plus car il voit maintenant les choses telles qu elles sont Aussi Siddhartha fait sienne la doctrine orientale et platonicienne selon laquelle l illumination est incommunicable on ne peut communiquer que le chemin qui y conduit et la m taphysique le rituel et la mythologie sont des guides qui nous am nent au pas final accomplir I sait maintenant que la fronti re qui s pare le p cheur du Bouddha n est qu une illusion Il est libre devant la vie il a r merg du royaume de la mort enfin il peut alor
83. lqu un qui peut tre s ins re dans les processus historiques de l tre humain en qu te de lui m me Avec la perspective m taphysique c est l angle qui est diff rent Dans la mesure o celle ci enrichit en profondeur et en compr hension les connaissances d j acquises par le biais de la perspective psychologique nous n avons rien appris de nouveau avec elle mais ce que nous avons d j appris nous l avons approfondi davantage avec plus de richesse Certes la lecture que nous avons effectu e s est voulue la plus fid le possible la pens e de Campbell bien que parfois nous ayons d adapter quelque peu son syst me afin de le rendre op ratoire au maximum pour l exercice Dans l ensemble la th orie de Campbell se pr te bien la lecture du roman Siddhartha de Hermann Hesse En d finitive cette d marche se r v le donc pour nous plut t concluante Si nous nous sommes int ress s Hesse c est bien s r pour des raisons personnelles Mais c est aussi en raison de son importance pour la contre culture que Hermann Hesse s est montr int ressant pour nous Son importance pour les jeunes des ann es soixante et soixante dix en Am rique en t moigne alors que d une part son roman Siddhartha 50 est une des sources d inspiration les plus marquantes pour 150 Ce livre comme bien d autres ceux de Hoffman London Ruben etc circulait de mains en mains lors des p r grinations 86 le
84. lui qui savait la faire Elle lui apprit qu apr s chaque f te d amour les amants ne devaient point se s parer sans s tre admir s l un l autre chacun devait emporter l impression d avoir t vaincu dans la m me mesure qu il avait vaincu lui m me D licieuses taient les heures qu il passait ainsi aupr s de la belle et prudente artiste dont il tait la fois l l ve l amant et l ami 107 Siddhartha est instruit par Kamala a d esse aux myst res de la femme de l amour de la chair de la vie Campbell est on ne peut plus clair sur le r le jou par la d esse dans la vie du h ros La rencontre avec la d esse et toute femme l incarne repr sente l preuve finale o se joue l aptitude du h ros obtenir le don d amour charit amor fati le don d amour qui est la vie go t e comme tant le r ceptacle de l ternit 87 La femme repr sente dans l expression all gorique de la mythologie la totalit de ce qui peut tre connu Le h ros est celui qui parvient cette connaissance Elle l attire le guide l invite briser ses chaines La femme est le guide qui m ne l apog e de l aventure des sens Le h ros qui peut l accepter telle qu elle est sans se troubler inutilement mais avec la bont et l assurance qu elle r clame est virtuellement le roi le dieu incarn du monde qu elle a cr 88 Voil ce qui se passe avec Siddhartha Son initiatio
85. man and his world as revealed in his works Th se de doctorat Columbia University 330 p Farrer Edward Alfred 1975 The Quest for being D H Lawrence and Hermann Hesse Th se de doctorat Purdue University 220 p Kampits Eva 1977 Self Seekers Vagabonds in the Early Works of Knut Hamsun and Hermann Hesse Th se de doctorat Boston College 240 p Miller Jean Sawyer 1972 The Search for Identity in Selected Novels of Hermann Hesse a Thematic Study for the Secondary School Th se de doctorat University of Georgia 208 p Maier Emanuel 1952 The Psychology of C G Jung in the Works of Hermann Hesse Th se de doctorat New York University Scott Rickard Broadus 1982 The mythological structure of Hermann Hesse s novels Demian Siddhartha and Der Steppenwolf Th se de doctorat The Florida State University 174 p Oeuvres de Joseph Campbell par ordre de parution Campbell Joseph et Robinson Henry Morton 1968 A Skeleton Key to Finnegans Wake Joyce s masterwork analyzed With a new preface New York The Viking Press 1 re impr 1944 365 p 101 Campbell Joseph 1949 The Hero with a Thousand Faces Bollingen Series XVII N Y Pantheon Books 416 p 1962 The Masks of God Oriental Mythology N Y Viking Press 561 p 1964 The Masks of God Occidental Mythology N Y Viking Press 564 1991 Puissance du mythe en collaboration avec Bill Moyers Trad de l am ricai
86. mble des mythes qu il tudia le monomythe 1 3 LE MONOMYTHE ET LES DEUX PERSPECTIVES Campbell travers l ensemble des mythes de l humanit d gage un cheminement type un structure initiatique r currente qu il nomme monomythe terme qu il emprunte au roman Finnegans Wake de James Joyce Tripartite le monomythe se d roule comme suit d part initiation retour Campbell pr sente cet itin raire type comme tant une amplification de la formule exprim e dans les rites de passage s paration initiation retour formule qui pourrait se d finir comme l unit nucl aire du mythe Campbell fait allusion ici aux travaux d Arnold van Gennep sur les rites de passage En r sum donc le monomythe se pr sente comme suit produit p 89 Plus int ressant encore dans une lettre dat e du 5 mai 1952 adress e Fritz Buri Maillard Sept Sermons p 141 note 89 Briefe vol 2 p 276 Jung tablit un rapport de r ciprocit entre l arch type et la conscience celle ci r agit la remont e de l arch type elle revient son tour sur lui l amenant se modifier p 141 Ce retour du conscient vers l arch type pourrait tre le lieu justement d un d versement du contenu des exp riences significatives de l tre humain dans la structure de l arch type inconscient 42 Jbid p 44 43 Ibid p 46 47 44 Campbell Les h ros sont ternels p 36 voir la note 35 voir aussi Joseph Campbell et Henry
87. mme C est justement par cette humanit am lior e nouvelle que Siddhartha peut maintenant tre illumin d abord et devenir un dieu ensuite 3 8 Le don supr me ou l lixir l illumination et le Om Apr s son d part de la ville Siddhartha marche dans la for t Il sent que le petit oiseau de son r ve est bel et bien mort en lui 133 Alors il arrive au fleuve o autrefois il a connu un sage passeur Fatigu d go t par l existence qu il a connue Siddhartha s appuie sur un cocotier au bord du cours d eau Il regarde son image reflet e par les eaux et plus il la regarde plus il a le go t de se laisser choir en elles Et alors que dans ces instants de profond d sespoir et de lassitude il s appr te se laisser tomber du tr fonds de sa conscience un son se fait entendre Om 57 Le Om de son enfance celui que son p re et les brahmanes lui ont enseign prononcer c est maintenant lui qui parle Siddhartha qui essaie de l emp cher de commettre l irr parable 135 136 Apr s s tre ressaisi Siddhartha frapp par son garement mais aussi content de revenir au bercail en lui m me mais fatigu s affaisse au pied de l arbre Son sommeil fut calme sans r ve et tel qu il n en avait go t depuis tr s longtemps Quand il se r veilla au bout de quelques heures il lui sembla que dix ann es s taient coul es il entendait le bruit l ger de l eau courante ne sachant
88. n aux sens se d roule avec Kamala la belle courtisane et d esse Et lui dans ses bras incarne le h ros amant La femme dans les mythes de h ros symbolise l nergie vitale soutir e au tyran c est la vierge lib r e du dragon par le chevalier c est la contrepartie du h ros la libert le destin Voil bien l le sp cifique du h ros amant par rapport au h ros guerrier Si les deux h ros s en prennent au dragon tyran l aide de l p e valeureuse c est dans la mesure o l un r ussit reconqu rir l nergie vitale d tenue jalousement par le tyran qu il devient ainsi le h ros amant l autre affronte le monstre et le vainc m me yran 87 Jbid p 102 88 Jhid p 100 89 Jbid p 272 50 mais sans plus son r le est davantage de d barasser simplement la communaut du h ros d chu qui la menace Siddhartha gr ce Kamala peut de nouveau avoir acc s son nergie vitale l amour et ouvrir cette petite porte tant convoit e sur l ternit et sur son destin 3 5 M re de l univers Matrice du destin et de la r demption Dans la section a naissance virginale du cycle cosmogonique Campbell pr sente les trois principaux aspects que peut prendre la d esse ainsi qu une br ve pr sentation sur les traditions populaires entourant la Vierge M re tant donn que ce dernier l ment est totalement tranger aux buts de notre analyse nous n en tiendrons pas compte Nous nous attar
89. n par Jazenne Tanzac Paris J ai lu New Age 374 p 1993 Les mythes travers les ges Trad de l am ricain par Marie Perron Montr al Le Jour 284 p 1987 Les h ros sont ternels Paris Seghers 370 p Ouvrages sur Campbell Bilodeau Anne Marie 1992 Joseph Campbell pertinence et actualit M moire de maitrise D partement des Sciences Religieuses de l Universit du Qu bec Montr al avril 151 p Cousineau Phil 1990 The Hero s Journey Joseph Campbell On his Life and Work San Francisco Harper 255 p Articles de revues sur Joseph Campbell Bilodeau Anne Marie 1993 Joseph Campbell le Jeu de l ternit dans le temps Religiologiques Le m tissage des dieux no 8 automne p 183 203 Gill B 1989 The faces of Joseph Campbell The New York Review of Books 28 sept 16 19 102 Lefkowitz M R 1990 The myth of Joseph Campbell American Scholar juil 429 436 Newlove D 1977 The professor with a thousand faces Esquire sept 99 136 Seoal R A 1990 The romantic appeal of Joseph Campbell The Christian Century 4 avril 332 335 Autres ouvrages cit s utilis s Ayrault Roger 1961 La G n se du Romantisme allemand Situation spirituelle de l Allemagne dans la deuxi me moiti du XVIII si cle Ouvrage publi avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique Coll Aubier Paris ditions Montaigne 382 p Bastide Roger 19
90. nce 132 p Eliade Mircea 1963 Aspects du mythe Paris Gallimard 247 p 1957 Mythes r ves et myst res Coll FNR Paris Gallimard 305 p 1987 Trait d histoire des religions Paris Payot 395 p 1965 Le sacr et le profane Paris Gallimard 186 p Fordham Frieda 1985 Introduction la psychologie de Jung Pr face de C G Jung Trad de l anglais par Marie Jeanne et Thierry Auzas Paris Imago 173 p Green Julien de l Acad mie Fran aise 1983 Fr re Fran ois Coll Points Biographie Paris Editions du Seuil avril 341 p Jeffrey Denis 1994 Approches symboliques de la mort et ritualit s Fronti res les vivants et la mort les conduites extr mes Universit du Qu bec Montr al Vol 6 no 3 hiver p 9 12 104 Joyce James 1971 Finnegans Wake London Faber and Faber 1 re impr 1939 628 Jung Carl G von Franz Marie Louise 1964 L homme et ses symboles Paris Pont Royal 320 p The Portable Jung Tr R F C Hull N Y Viking Portable Library Viking Press 1971 Lassier Suzanne 1970 Gandhi et la non violence Coll ma tres spirituels Paris Editions du Seuil 190 p Le Breton David 1991 Passions du risque Paris M tail 180 p Lucas George 1977 Star Wars Film 35 mm coul 121 min Bellevue Maillard Christine 1993 Les Sept Sermons aux Morts de Carl Gustav Jung du Pl rome l Etoile Coll Germaniques dirig e par Jean M
91. ne petite vieille ou un vieil homme qui pourvoit le 30 voyageur d amulettes contre les forces de dragon qu il va falloir affronter 56 Bien s r ici on ne reconnait pas de petite vieille ni de vieil homme comme tel Le surnaturel ici n est pas reconnaitre dans le spectaculaire d une apparition ou d une manifestation grands d ploiments elle est plut t reconnaitre dans la pouss e qu elle procure Siddhartha pour qu il puisse enfin prendre la d cision de partir Nous pouvons voir cependant que les Samanas repr sentent des figures protectrices tout comme ils repr sentent l aventure dans l esprit de ce jeune homme Voil l occasion qu il attend Des hommes hors du temps dont la vie n est qu une passion silencieuse des hommes d tach s cela s duit grandement Siddhartha Cela le pousse se sentir entr dans l aventure et prot g la fois car des hommes aussi saints dans son esprit ne pourront que l aider entreprendre de pied ferme la route qu il a choisie et se pr parer affronter le dragon Apr s que Siddhartha ait annonc cette d cision son fid le ami Govinda il s en va chez son p re pour faire de m me Si tu le permets p re je suis venu pour te dire que je d sire quitter la maison demain pour aller rejoindre les asc tes Je veux tre Samana Puisse mon p re ne pas s opposer mon d sir 36 Pendant longtemps les deux hommes demeurent silencieux Le jour tombe les toiles s a
92. nes se sont davantage distingu es au cours de l histoire par la barbarie de leurs conqu tes coloniales et leurs luttes d extermination r ciproques que par un signe concret de cet amour inconditionnel qui t moigne de la v ritable conqu te de l ego du monde de l ego et du dieu tribal de l ego cet amour enseign par le Divin Maitre dont ils se r clament 10 C est de cet ego l ego des brahmanes des vertueux des d tenteurs de la tradition des justes que Siddhartha vient de se d barrasser Par l amour retrouv Siddhartha quitte jamais le r gne des prescriptions morales et asc tiques de son p re pour entrer dans le royaume vivant des enfants de Dieu Il ne lui reste maintenant qu revenir vers le monde pour faire profiter aux hommes de son illumination 3 10 Hors du vide l espace et l int rieur de l espace la vie Dans les manations Campbell d crit les diff rentes tapes du processus de cr ation ou de condensation des nergies provenant de l Incr selon les r gles de la ronde universelle que nous avons vues Apr s la mise en ordre du chaos dans un espace vient la vie Ensuite cette m me vie clate en multiplicit 108 Ibid p 129 d apr s le Dhammapada bouddhiste I 5 Sacred Books of the East Vol X I partie p 5 d apr s la traduction de Max M ller 109 Thid p 128 Par ailleurs en page 117 Campbell souligne en faisant appel aux travaux de Geza Roheim que les rites in
93. nnaire en Inde Forc de revenir en Europe parce qu il tait malade il s tablit Calw o il devient assistant d Hermann Gundert directeur du Calwer Verlagsverein une maison d dition pi tiste gt 4 lui m me aussi ancien missionnaire en Inde C est alors qu il fait connaissance de la fille de Gundert Marie Talatscheri Inde Il l pouse quelques temps plus tard et fonde le foyer qui devait accueillir bient t le futur crivain Hermann Hesse est un enfant imaginatif hypersensible plein d nergie la t te dure Selon sa m re le petit Hermann commen a composer des chansonnettes avant m me d tre capable de tenir un crayon Mais il cause bien des soucis ses parents L cole et les professeurs n ont que peu d attraits pour lui A l ge de treize ans il veut devenir un po te ou rien du tout Quand il est envoy au s minaire protestant de Maulbronn en 1891 dans l intention d en faire un pasteur il prend une absence non autoris e qui provoque son renvoi car les autorit s commencent douter de sa sant mentale Apr s avoir fr quent sans succ s les coles de r forme pour enfants attard s ou fous de Bad Boll et Stetten il r ussit convaincre ses parents de le reprendre la maison Apr s six mois de travaux m nagers de lectures o il assiste son p re au Verlagsverein il devient apprenti m canicien Calw en 1894 Pendant quinze mois il y travaille et lit norm ment alors
94. ns de Hermann Hesse c est bien l opposition entre la Nature et l Esprit entre le monde de la m re et celui du p re entre le Dieu masculin et le Dieu f minin Alors que ces trois romans sont nettement davantage du c t de la femme du c t de la D esse M re de la Nature du monde de l inconscient jungien avec Narcisse et Goldmund en 1930 on commence voir poindre chez Hesse le retour du balancier vers le c t masculin de l existence vers l Esprit Si Goldmund quitte le monast re de Mariabronn et qu il se lance dans un vagabondage rempli d aventures galantes s il devient sculpteur bref s il m ne une vie remplie de sensualit il n en demeure pas moins que Hesse commence accorder travers le personnage de Narcisse une place et une cr dibilit tout aussi importantes au monde de l Esprit qu au monde de la Nature 160 The course of humanization begins with innocence paradise childhood a pre stage without a sense of responsability From there it leads into guilt into the knowledge of good and evil into the behests of culture morality religion human ideals But according to Ziolkowski the realization that these various ideals are unattainable in reality plunges the individual into despair This despair says Hesse now leads either to downfall or on the other hand to the Third Kingdom of the Spirit to the experience of a condition beyond morality and law an advance to grace and redemption
95. nt la recherche de l immortalit pAysique provient d une compr hension erron e de l enseignement traditionnel Le probl me fondamental est au contraire d agrandir la pupille de l oeil de telle sorte que le corps et la personnalit physique qui en d pend cessent de faire obstacle la vision L immortalit est alors prouv e comme un fait imm diat C est ici C est icil 103 100 bid p 140 101 Jbid p 140 102 Thid p 143 103 jpiq p 150 La derni re phrase est un aphorisme tantrique 59 C est un peu ce qui se produit avec Siddhartha Le Om son lixir lui procure une renaissance L immortalit n est pas rel gu e dans un au del ni dans une immortalit physique elle est v cue ici et maintenant et c est dans l amour de toutes choses de lui m me que Siddhartha retrouve le go t la vie qu il renonce au suicide De plus ce Om que Siddhartha a enfoui au fond de sa m moire n est qu une expression d un d sir inconscient ou demi conscient Le don fait au fid le est toujours l chelle de ce qu il est et correspond la nature de son d sir dominant le don n est qu un symbole d nergie vitale ramen aux besoins sp cifiques de tel cas particulier 04 Toute sa vie sans le savoir Siddhartha a cherch le Om ou plut t l exp rience se cachant derri re celui ci alors que cette exp rience s est trouv e si pr s de lui en lui m me dans ses souvenirs Autrefois il s est
96. nt o ce dernier ouvre totalement son c ur bless son compagnon au moment o cette meurtrissure s panche dans l me du confident il prend conscience de l Unit du monde de sa perfection Le Om si cher Siddhartha se manifeste nouveau pour lui et ce dernier ne peut lui r pondre que par un sourire le sourire de l acceptation totale et inconditionnelle de la r alit Siddhartha a aim son fils il en a souffert mais maintenant qu il accepte cette souffrance il en est lib r Lors de cette exp rience mystique de cette vision extatique Siddhartha vit de nouveau une exp rience de retour de la multiplicit vers l unit L exp rience de l unit cach e de toutes choses cach e par les soucis quotidiens et surtout par l incapacit accepter la vie dans toutes ses dimensions cette exp rience est une fois de plus la disposition de Siddhartha l instant m me o elle se propose lui et qu il daigne bien y entrer avec son c ur et avec sa blessure il comprend que celle ci aussi s ins re dans le grand fleuve de la vie C est pourquoi quand Vasudeva voit que le sourire du h ros saint est vraiment sur les l vres de Siddhartha il le quitte pour toujours 4 8 Libre devant la vie Au cours de ses voyages Govinda vient prendre la route menant la cabane du passeur Homme en qu te chercheur infatigable il a toujours t l aff t de la moindre source de connaissance Lorsque Govinda tente de
97. nvite plut t r sister l appel uniformisateur de l id ologie afin de trouver et d accomplir sa propre voie Nous ne pouvons que remarquer la similitude entre la d marche occidentale dont la qu te du Graal illustre tr s bien la nature et l aventure du h ros que Campbell forge par la suite Cependant d autres outils importants l aid rent forger sa grille de lecture des mythes qu il nous importe ici de souligner 36 Ibid p 226 21 1 2 LES OUTILS LA PSYCHANALYSE LA SAGESSE ORIENTALE ET LES ARCHETYPES Premi rement selon Campbell la psychanalyse est l outil qui nous permet de lire la grammaire des symboles mythiques Anne Marie Bilodeau dans un m moire de recherche r dig il y a quelques ann es affirme que Campbell utilise la psychologie sous jacente aux religions orientales 8 pour lire les mythes En fait c est que la pens e occidentale se r concilie justement par l entremise de la psychanalyse avec cette psychologie sous jacente aux religions orientales tout comme elle fait de m me aussi avec la psychologie sous jacente aux mythes grecs Des similitudes frappantes peuvent tre observ es entre les conclusions de la psychanalyse freudienne par exemple et la th orie de la dynamique de la psych des anciens mythes orientaux C est pourquoi Campbell dans son livre Les h ros sont ternels recourt d une mani re tendue non seulement aux r cits arthuriens qu il affectionne beauco
98. oblige le marchand le traiter en associ et non en employ ce que Kamaswami a peine faire Siddhartha en fait n a de t te et d int r t que pour Kamala 107 108 Aussi il commence s int resser des gens qu autrefois son tat de Samana lui aurait fait viter Cependant quelque chose le s pare d eux les rend trangers Siddhartha Ce dernier les voit vivre comme des enfants se tourmenter pour des choses qui ne sont en rien comparables aux souffrances endur es par un Samana Disponible pour chacun en tout temps Siddhartha fait des affaires donne des conseils fait des cadeaux mais tout au fond de sa poitrine une petite voix se lamente Il veut se passionner pour les affaires mais il en est incapable Bien s r Kamala est l et l accompagne 114 Mais alors que les deux amants jouent avec leur corps d couvrent les diff rentes facettes de l amour et du sexe Siddhartha se voit incapable d aimer Kamala pas plus qu elle au fond n est capable de l aimer lui Car ils sont tous deux des tres part Pendant longtemps Siddhartha connait la vie des plaisirs la vie du monde 117 Les sens que la dure vie de Samana a endormis se sont soudain r veill s 53 Maison puissance richesse serviteurs danseuses jeu de d s vin mets d licats sont maintenant pour lui choses communes Mais cette voix int rieure qui l a fait se s parer de Govinda et de Bouddha cette voix int rieure qui l a port
99. omme tant tout fait comparable en qualit aux plus grandes productions allemandes analogues comme le Wilhelm Meister de Goethe ou encore le Doktor Faustus de Thomas Mann 62 Dans Le Jeu des perles de verre le Maitre du Jeu Joseph Valet finit par quitter la communaut hi rarchique acad mique et spirituelle qu il dirige pour se consacrer la formation d un jeune prodige Sa mort peut tre un suicide par amour pour le jeune espoir de l humanit replace l action et la vie du Maitre du Jeu dans l ordre de l universel Certains observateurs comme Theodore Ziolkowski font remarquer que c est v ritablement dans Le Jeu des perles de verre que le h ros des romans de Hesse et ce dernier aussi par le fait m me car le caract re autobiographique de ses romans ne fait de doute pour aucun observateur atteint l int gration l accomplissementl63 Le personnage principal la fin de sa vie n est plus ce vagabond des premiers romans il n est d sormais plus galement ce h ros en qu te de lui m me Il est un tre accompli s tant trouv ayant cristallis en lui son tre int rieur Le Jeu est la derni re ceuvre litt raire d importance de Hermann Hesse Sans doute peut on y voir 162 Hermann Hesse Le Jeu des perles de verre Paris Calmann L vy 1991 pr face 163 Voir entre autres Eva Kampits 1977 Self Seekers Vagabonds in the Early Works of Knut Hamsun and Hermann Hesse Th se de doctorat Boston College
100. ommes dans l univers du mythe ce qui compte c est ce qui est vrai non ce qui est un fait Siddhartha na t virginalement dans son c ur parce que Kamala l am ne entrer dans ces zones de la psych o il n est jamais all auparavant Quand il profite des charmes et de l attention de la d esse Siddhartha na t lui m me il na t la profondeur de son c ur C est donc en compagnie de Kamala la d esse et la M re de l univers que Siddhartha apprend sur lui m me pendant qu il travaille chez Kamaswami le riche marchand 94 Ibid p 245 52 3 6 La r union au p re le monde des hommes et l ego Intelligent prudent et sensuel Kamaswami est un homme souple aux cheveux gris et aux gestes rapides 103 Quand Siddhartha lui pr sente ses trois dons r fl chir je ner et attendre cela ne l impressionne gu re Kamaswami s int resse davantage aux connaissances de Siddhartha utiles un commer ant ses capacit s de lire et d crire L ancien Samana est initi graduellement aux affaires des marchands et la vie des gens riches beaux habits bonne table hygi ne etc Mais alors que le marchand fait des affaires s rieusement et avec passion Siddhartha prend celles ci pour un jeu pour une fantaisie Affaire qui tourne mal marchandise perdue d biteurs h sitants Kamaswami se met aussit t dans tous ses tats alors que Siddhartha prend le tout avec philosophie et avec le sourire De plus ce dernier
101. oublie la puissance transcendante qui l a d sign parmi tous pour guider le peuple et devient alors un despote un h ros tyran regnant par la peur et la violence 96 Jbid p 111 97 Ibid p 275 98 Thid p 275 99 Ibid p 277 278 56 Siddhartha cette tape de son volution a peine selon nous franchir le cap du h ros amant Comme nous le voyons il n a d finitivement pas les caract ristiques du h ros tyran Tout au plus pourrions nous affirmer qu il commence peut tre manifester certains traits du h ros empereur dans la mesure o enfin il se d cide affirmer son c t masculin plus fortement travers le m tier de commer ant en c toyant des gens dont la masculinit est plus affirm e que celle des moines et en ayant une vie sexuelle active Cependant nous ne croyons pas qu il soit la recherche du p re du moins pas aussi accentu e et pas de la m me nature que celle du h ros empereur ce moment ci il demeure en qu te de la femme En somme pour ce qui est de d truire l ego compl tement notre h ros amant Siddhartha n est pas au bout de ses peines Son ego est bien branl mais pas encore d truit Comme nous le verrons la prochaine section il lui faudra passer par une autre preuve pour que le travail avance encore plus Gr ce son initiation aux sens avec Kamala et son entr e dans le monde des hommes de Kamaswami Siddhartha est devenu davantage un ho
102. ouveau un petit enfant Maintenant se dit il que toutes ces choses p rissables se sont de nouveau d tach es de moi me voil encore seul sous le soleil comme autrefois quand je n tais qu un petit enfant je n ai plus rien je ne sais rien je ne suis capable de rien puisque je n ai rien appris Quel singulier tat que le mien A pr sent que je ne suis plus jeune que mes cheveux sont d j presque tout gris que mes forces diminuent je dois tout recommencer comme si je n tais qu un enfant 143 144 Mais Siddhartha a peine comprendre pourquoi il a fait un si grand d tour avant de revenir l essentiel Mais quel chemin j ai suivi Quand je pense qu il m a fallu passer par tant de sottises par tant de vices d erreurs de d go ts de d sillusions et de mis res pour en arriver n tre plus qu un enfant et tout recommencer Mais c tait pour mon bien mon coeur me le dit et la joie qui est dans mes yeux me le dit aussi Il m a fallu vivre dans le d sespoir m avilir jusqu la plus l che des pens es celle du suicide pour obtenir mon pardon entendre de nouveau Om go ter le vrai sommeil et le v ritable r veil Il m a fallu passer par la folie pour arriver jusqu Atman Il m a fallu succomber au p ch pour renaitre la vie 145 146 Joyeux libre comme l air fier d avoir quitt la vie mondaine Siddhartha est heureux de retrouver son petit oiseau Pendant des ann es lors de son passage chez les
103. ouver l Atman ils ne le savent pas Les brahmanes la tradition les Upanishads tout a est bien beau et bien utile mais en d finitive cela n tanche pas la soif de Siddhartha Celui ci ressent une d ficience symbolique dont lui m me et la religion de ses p res sont afflig s Il faut d couvrir la source de vie sans se pr occuper du reste c est la r solution que prend Siddhartha Voil comment dans la vie de Siddhartha retentit l appel l aventure L appel sonne toujours le lever du rideau sur un myst re de transfiguration un rite ou un moment de passage spirituel qui lorsqu il est accompli quivaut une mort et une naissance L horizon de la vie famili re s largit les vieux concepts id es et sch mas motionnels d sormais ne conviennent plus le moment de franchir le seuil est proche gt gt C est ce qui se produit avec Siddhartha L enseignement traditionnel regu de son p re des brahmanes de la tradition ne lui convient plus Apr s avoir retir le meilleur de ces enseignements Siddhartha est maintenant pr t pour une autre tape de sa vie pour une autre tape dans son volution 55 Campbell Les h ros sont ternels p 53 29 2 2 Le refus de l appel Siddhartha ne refuse pas l appel Au contraire il le d sire il le souhaite c est m me ce que son questionnement sur les institutions et sur la source de vie r v le Il sent bien qu il est rendu une autre tape de son cheminem
104. plaint de l impossibilit pour lui d aimer vraiment quelqu un ou quelque chose Mais maintenant il est capable d aimer il est capable de partager r ellement la condition de tous les humains Et cela il le doit la vie elle m me mais surtout sa belle courtisane il le doit la pr sence magique de la d esse et M re de l univers Kamala durant les ann es qu il a pass es dans le monde de Kamaswami Et il le doit aussi l arbre contre lequel il s est appuy Tout comme Siddhartha assis sous un manguier dans son jardin a pris la d cision de quitter Kamala Kamaswami et la ville pour toujours alors aujourd hui comme le Bouddha aussi avant lui il a trouv l illumination au pied de l Arbre Cosmique 3 9 L apoth ose la divinisation de Siddhartha La rencontre de Siddhartha avec Govinda am ne notre h ros a songer a sa vie pass e Ce dernier se souvient entre autres choses de l poque o il s est vant 104 Thid p 151 105 bid p 38 note 37 Campbell dit ici entre autres choses que l illumination sous Arbre du Monde est la contrepartie de la Crucifixion du monde occidental voir aussi p 44 sqq 60 devant Kamala de savoir je ner penser et attendre Mais maintenant il ne poss de plus aucune de ces facult s Penser m me lui est difficile mais il s y contraint Le mouvement de la pens e de Siddhartha est ambivalent Alors que ce dernier fait le bilan de sa vie il se sent de n
105. qu il doit tre bien v tu et avoir une bourse bien garnie pour gagner ses faveurs Motiv par cette ouverture Siddhartha est d termin r aliser son projet Siddhartha reviendra quand il aura ce qui lui manque encore des v tements des souliers et de l argent O dois je aller pour trouver le plus vite possible ces trois choses 95 demande t il Kamala Qu est ce que tu sais faire r pond elle Siddhartha sait r fl chir je ner attendre et faire de la po sie C est justement par cette derni re habilet qu il r ussit arracher un long baiser rempli d art et d exp rience la belle courtisane Aussi comme brahmane Siddhartha sait galement lire et crire C est alors qu elle l envoie le lendemain la maison de Kamaswami le ma tre des d sirs sensuels un riche marchand partir du moment o Siddhartha est accept chez le marchand il se rend r guli rement chez Kamala avec de beaux v tements et des cadeaux La belle courtisane s acquitte tr s bien de son instruction Et sa petite bouche rouge et intelligente lui enseigna beaucoup de choses et sa main douce et souple aussi Elle lui apprit ne point prendre un plaisir sans en donner un lui m me en retour elle lui enseigna que chaque geste chaque caresse chaque attouchement chaque regard devaient avoir une raison et que les plus petites parties du corps avaient leurs secrets 49 dont la d couverte tait une joie pour ce
106. que Campbell appelle l aide surnaturelle Rendu au seuil de l aventure le h ros doit affronter une pr sence obscure un gardien souvent repr sent par un dragon qui bloque le passage ceux qui n en sont pas dignes Quelquefois le h ros semble avoir t incapable de vaincre cette puissance Il est alors englouti dans le ventre d un grand poisson par exemple comme dans e ventre de la baleine Si le h ros vainc cette puissance il p n tre vivant dans une zone de t n bres o les images arch typales provenant de l inconscient peuvent tre assimil es S il est vaincu par le d membrement ou par la crucifixion il doit descendre dans le royaume de la mort Pass ce seuil il poursuit sa route dans les t n bres affrontant des preuves recevant l appui magique de ses guides C est e chemin des preuves C est ce moment l que survient l l ment central de son pop e C est l initiation comme telle Le h ros y subit l preuve ultime et gagne sa r compense S il est vainqueur cette victoire est repr sent e par l union sexuelle e mariage sacr avec la d esse m re par la r union au p re ou par sa propre divinisation Dans le cas o le h ros r ussit arracher le gage l lixir l insu des forces surnaturelles on parle de rapt de vol du feu ou de l pouse par exemple et c est le don supr me Dans ce dernier cas le h ros est en fuite magique poursuivi par ces puissances Cette exp rience
107. quelque chose meurt en lui Un frisson parcourt son corps Soudain il se d tache de toutes les choses qu il a poss d es se l ve et quitte la ville pour ne jamais y revenir Quand Kamala apprend la nouvelle elle ne se pose pas de questions ni n entreprend de recherches Elle se dirige simplement vers la cage dor e ouvre la porte prend l oiseau et lui rend la libert Car Siddhartha en change de cet oiseau l oiseau de sa libert lui a laiss quelque chose de sien elle attend maintenant un enfant et lui une fois de plus marche vers son destin vers lui m me Pour Joseph Campbell a r union au p re est plus qu une simple r union au monde des hommes que Siddhartha accomplit en joignant le commer ant Kamaswami et ses partenaires d affaires Elle implique aussi que l ego infantile meure au profit d une nouvelle naissance La r conciliation la r union n est autre chose que l abandon de ce monstre deux t tes engendr de lui m me le dragon que l on prend pour Dieu surmoi et le dragon que l on appelle P ch c est dire ce qui est refoul Mais cela exige que soit abandonn l attachement l ego lui m me est sic c est l que r side la difficult 5 95 Ibid p 111 29 En rejoignant le monde des hommes en devenant commergant en travaillant de ses mains en ayant des relations sexuelles en permettant tous ses sens d avoir le traitement qui leur revient bref en vivant la vie d un homme d
108. ress of America 1987 p 19 11 r ves contes mythes l gendes sous la forme d un h ros d un roi ou encore sous celle d un symbole de totalit Par ailleurs toujours selon Jung ce h ros est le symbole le plus achev de la libido tout comme le soleil H ros et soleil sont intimement li s dans la mesure o ils entreprennent le m me p riple ils se l vent dans le ciel radieux disparaissent lentement dans les t n bres pour renaitre soudain plus forts 2 L influence que Jung a sur Hesse est sans conteste Cependant nous devons nous garder de la surestimer Selon Richards Jung influence fortement Hesse mais ce dernier a des intuitions propres plut t consid rables M me que certaines de celles ci pr sent es dans Demian entre autres choses en rapport avec le chemin d individuation anticipent celles de Jung 3 Hermann Hesse est d avis que les po tes savent et ont toujours su intuitivement l essentiel de ce que les psychologues ne font que d couvrir maintenant 4 11 Ibid p 28 12 fig p 23 Richards d apr s Jung 13 Ibid ii Nous voulons ici souligner quelques l ments suppl mentaires afin d clairer davantage cette affirmation Si effectivement Hesse a publi dans Demian 1919 certaines intuitions sur le processus d individuation devangant en principe celles de Jung ce sujet de quelques ann es il ne les a pas pour autant concues avant Jung En fait il est assez clair que Hermann He
109. rgent la passion du jeu de d s Apr s avoir pass une soir e avec Kamala au cours de laquelle il l a entretenue propos du Sublime il termine la nuit en compagnie d autres commer ants boire du vin avec des danseuses Quand il se couche surexcit il a envie de pleurer comme jamais Il a bu pour tout oublier comme pour balayer toute sa vie d un coup Il tombe alors dans un assoupissement et fait le r ve suivant Il vit le petit oiseau chanteur tr s rare que Kamala tenait dans une cage dor e Cet oiseau qui habituellement saluait de son chant les premiers 54 rayons du soleil tait devenu silencieux et il en fut frapp S tant alors approch de la cage il s aper ut que la petite b te tait morte Il la retira la tint un instant dans sa main et la jeta dans la rue Au m me moment il fut pris d une grande frayeur et ressentit au coeur une douleur aussi aig e que si avec cet oiseau il e t jet loin de lui tout ce qui lui tait cher 127 Avec tristesse Siddhartha se l ve et va se retirer dans un de ses jardins et s enferme clef Il se demande quand il a v ritablement prouv le bonheur dans sa vie Il l a toujours prouv plus jeune vrai dire dans diff rentes occasions mais depuis qu il s est s par du Bouddha et de Govinda il l a cherch dans des choses pu riles et mesquines Tout cela parce qu il a voulu ressembler aux autres hommes Siddhartha assis sous son manguier sent que
110. rice si pr s de celle de la d esse que nous verrons la prochaine section Les deux se comprennent sans doute de mani re syst mique quoique nous les traitions s par ment pour les besoins de notre tude Dans les mythes la femme b n ficie d une image souvent plut t positive La D esse M re par exemple incarne toute la multitude des aspects positifs et ou naturels de la femme rassembl s dans une figure mythique le mariage mystique avec la reine d esse du monde signifie que le h ros s est rendu totalement maitre de la vie car la femme est vie et le h ros celui qui la connait et en est maitre 8 gt Mais il arrive dans certaines circonstances chez le h ros mythique que sa vision de la vie soit alt r e ce qui a un impact direct sur sa perception de la femme et de la D esse M re Si tout coup l id e s veille en nous ou fait irruption dans notre attention que tout ce que nous pensons ou faisons est n cessairement impr gn de l odeur de la chair il arrive souvent qu un sentiment de r pulsion nous envahisse soudain et la vie l acte de vie les organes de vie la femme en particulier en tant que principal symbole de vie deviennent intol rables l me pure si pure Lorsque ce sentiment de r pulsion qu illustrent Oedipe et Hamlet continue emprisonner l me le monde le corps et par dessus tout la femme ne sont plus des symboles de victoire mais de d faite Une thique puritano monacale
111. rrer dans sa th se de doctorat Theodore Ziolkowski un des plus grands sp cialistes de Hermann Hesse en langue anglaise et allemande dans un article 5 o il analyse la qu te du Graal dans Demian ainsi que David G Richards dans une th se publi e en 198726 mentionnent le nom de Joseph Campbell dans leurs travaux Ces auteurs le citent surtout en rapport avec la structure tripartite de son monomythe d part initiation retour Cependant plus souvent qu autrement Campbell et son monomythe sont soit renvoy s en note de bas de page soit encore simplement voqu s au passage sans plus d gards Bien que soulignant la pertinence des travaux de Campbell pour lire les oeuvres de Hesse ces auteurs n exploitent pas cette piste d une mani re extensive et syst matique ils nous informent de l existence du monomythe campbellien mais sans vraiment entrer dans l exp rience d interpr tation partir de cette grille 24 Voir Edward Alfred Farrer 1975 The Quest for being D H Lawrence and Hermann Hesse Th se de doctorat Purdue University 211 p 25 Theodore Ziolkowski The Quest for the Grail in Hesse s Demian Germanic Review Vol 49 no 1 1974 p 46 _ 26 Richards The hero s quest for the self p 97 16 Par ailleurs Rickard Broadus Scott dans sa th se de doctorat de 19827 innove en quelque sorte alors qu il entreprend une telle lecture syst matique et extensive de trois romans de Hermann Hesse Demian Siddha
112. rtha et Le Loup des Steppes l aide de la structure tripartite du monomythe labor e par Campbell L entreprise est notre avis bien r ussie Pour ce faire Scott utilise principalement l ouvrage de Joseph Campbell intitul The Hero With a Thousand Faces Cependant Scott n glige de tirer parti de toute une perspective sur les h ros que nous jugeons digne d int r t La seconde partie de l ouvrage de Campbell donne une port e m taphysique l aventure tandis que la premi re lui donne plut t une port e psychologique les deux allant de pair Scott n utilise pour sa part que la premi re partie et d laisse l autre Nous croyons que l oeil du philosophe enrichirait grandement celui du psychologue C est pourquoi nous nous proposons de reprendre l tude avec un seul roman Siddhartha mais en mettant cette fois ci profit cette deuxi me partie riche de cette perspective m taphysique METHODE Pour faire cette lecture nous proc dons une analyse de texte de contenu D abord nous pr sentons le d roulement narratif du roman Siddhartha en illustrant les tapes significatives du parcours de son h ros dans certains cas l aide de citations Ensuite nous cherchons identifier les tapes de l aventure du h ros et du cycle cosmogonique de Joseph Campbell qui trouvent des correspondances dans l oeuvre de Hesse cette fin nous employons souvent des citations tir es des parties concern es de l ouvrage de Campbell
113. s dispenser les bienfaits de son lixir 4 9 Maitre des deux mondes fin du microcosme et du macrocosme et h ros saint Siddhartha et Govinda continuent ainsi exprimer leur philosophie jusqu ce que le silence mette fin leur discussion Govinda s incline alors devant Siddhartha pour prendre cong Il a la ferme impression qu il a affaire un saint quelqu un qui a trouv la paix m me si tout son discours lui parait trange Dis moi 6 V n rable encore un mot quelque chose que je puisse emporter que je puisse comprendre dit Govinda son ami 214 Penche toi vers moi embrasse moi sur le front lui r pond ce dernier 215 Attir par l amour Govinda ob it Alors le visage de Siddhartha disparait ses yeux remplac par des milliers d autres ils passaient comme les ondes d un fleuve s vanouissaient r apparaissaient tous en m me temps se modifiaient se renouvelaient sans cesse et tous ces visages taient pourtant Siddhartha 216 135 Thid p 190 136 Thid p 38 note 38 79 Poissons guerriers nouveau n s meurtriers femmes nues cadavres dieux tous se transforment sans cesse Au dessus une forme fluide translucide se d gage C est le visage de Siddhartha son masque sa figure souriante Et c est ainsi que Govinda vit ce sourire du masque ce sourire de l Unit du flot des figures ce sourire de la simultan it au dessus des milliers de naissance
114. s manations encore une fois Campbell aborde la question de celles ci ayant lieu lors de la cr ation du monde Apr s l espace et la vie vient l clatement de l unit en multiplicit propos de ce dernier l ment Campbell affirme que la ronde cosmogonique dans sa r volution projette l Un dans le multiple et cela au cours d une crise grave d une scission par laquelle le monde se divise en deux plans d existence apparamment contradictoires La vie se manifeste alors en diverses formes en paires d oppos s Pour Siddhartha c est cependant la situation inverse qui se produit du moins pour l instant C est maintenant le multiple qui retourne l unit car Siddhartha est rendu une tape avanc e de son parcours initiatique le microcosme est comme le macrocosme 0 Nous reviendrons un peu plus loin sur ce renversement mais retenons pour le moment que les deux mouvements sont plut t simultan s dans le parcours de notre h ros Par l entremise du fleuve Siddhartha prend de nouveau conscience de l ternit qui se cache derri re les apparences Le temps les diverses manifestations de la cr ation sont une et elles retrouvent leur chant harmonieux dans le grondement du fleuve Alors nos deux comparses continuent d couter le fleuve et apprendre de lui Bien des voyageurs ne restent pas insensibles au charme qui mane des deux petits bonshommes et nombreux sont ceux qui les prennent pour des sages ou des sa
115. s interviews t l diffus es sur PBS qu il a accord es au journaliste Bill Moyers Ce mythologue am ricain s est consacr pendant de nombreuses ann es l tude des mythes Il a aussi t en contact tout au long de sa carri re avec des personnages aussi c l bres que Mircea Eliade et Heinrich Zimmer dont il publie les oeuvres posthumes sans oublier Georges Lucas dont la trilogie Star Wars d peint sensiblement sa philosophie Grand communicateur et vulgarisateur aimant la simplicit sans tre simpliste Campbell a publi de nombreux ouvrages dont plusieurs continuent de se vendre norm ment apr s sa mort Par exemple The Power of Myth demeure un best seller depuis sa parution aux tats Unis N le 26 mars 1904 New York Campbell tudie d abord la biologie et les math matiques au College Dartmouth en 1921 En 1922 il est admis l Universit Columbia o il compl te un baccalaur at Ensuite toujours Columbia il compl te une th se dans le domaine des l gendes arthuriennes sur le th me du Coup douloureux en 1926 C est alors qu il part pour l Europe Il y tudie la litt rature le vieux fran ais la Sorbonne et fait la connaissance de Joyce L ann e suivante il part pour l Universit de Munich o il tudie le sanskrit et la philologie indo europ enne Cela lui donne l occasion de d couvrir les penseurs allemands tels Jung Freud Goethe Thomas Mann 30 Sauf indications contraires l
116. s ayons fait des progr s sommes nous pr s du but 45 M me si Govinda lui r it re sa foi dans leur d marche Siddhartha se demande en quoi celle ci devrait tre diff rente de celle du buveur ou du joueur de d s Pourquoi souffrir autant pour faire dispara tre le moi alors qu en quelques minutes on y arrive avec une coupe de vin Et ce Nirvana que Siddhartha et Govinda cherchent de toutes leurs forces est il fiction ou r alit Le plus vieux des Samanas a au moins soixante ans et il n est pas encore parvenu au Nirvana Y a t il un Samana qui l ait un jour atteint Les mortifications et le renoncement permettent ils vraiment d y arriver 48 Malgr les objections de Govinda Siddhartha en vient croire qu ils ne trouveront jamais la voie qu ils cherchent Il commence pressentir aussi que le jour n est pas bien loin o il quittera les Samanas pour continuer sa route car sa soif est trop grande en fait jamais elle n a diminu depuis le jour o il s est fait Samana 2 4 Le passage du premier seuil le Bouddha Apr s trois ans pass s chez les Samanas le bruit se r pand qu un homme extraordinaire un sauveur un homme accompli nomm Gotama le Bouddha le Sublime est apparu dans la vie et sur la terre des hommes 58 Hermann Hesse ici comme dans bien d autres passages de cette ceuvre prend des libert s par rapport aux cr dos des diff rentes religions orientales Si dans ce cas pr cis il met dans la bouche
117. s du cycle pour ensuite revenir vers le monde de ses contemporains dot des pouvoirs du d miurge Muni de ces l ments 52 Ibid p 255 53 Ibid p 255 26 essentiels de la th orie de Joseph Campbell nous pouvons maintenant passer l tape de la lecture de Siddhartha 27 La po sie devient l expression privil gi e du Sacr Simone Vierne Roman rite initiation CHAPITRE II LE ROYAUME DU H ROS 2 LE DEPART 2 1 L appel l aventure le fils du brahmane Nous sommes en Inde quelques si cles avant J C Siddhartha grandit sur la rive d un fleuve l ombre de la maison et du figuier aupr s des bateaux dans la for t de Sal 27 54 Il baigne dans l atmosph re de la religion que lui transmet son p re Gamin il sait d j prononcer le Om la parole mystique et myst rieuse Son p re l initie aux secrets brahmaniques aux ablutions aux rituels dans le but d en faire un brahmane comme lui Le c ur de son p re tressaille quand il se prend r ver l avenir qui attend son fils Sa m re elle comme les jeunes filles est remplie d admiration devant la gr ce de son beau Siddhartha Son fid le ami Govinda ne se s pare jamais de Siddhartha Les deux s exercent aux joutes oratoires l art de la contemplation et la pratique de la m ditation 27 Govinda est rempli d admiration voire d amour pour Siddhartha Ses yeux sa voix sa d marche sa gr ce son esprit s
118. s et de d c s Le sourire de Siddhartha ressemblait exactement au sourire calme d licat imp n trable peut tre un peu d bonnaire et un peu moqueur de Gotama 217 Ayant perdu la notion du temps touch profond ment dans son tre Govinda reste pench un instant sur le visage de Siddhartha Alors il s incline devant lui comme il l e t fait devant le Sublime tandis que les larmes coulent de ses yeux Rempli d amour et de v n ration il se prosterna jusqu terre devant l Homme 218 Campbell dans son chapitre sur le ma tre des deux mondes fait appel la transfiguration du Christ pour illustrer son propos Le maitre a la facult de passer librement d un monde l autre de passer du monde des manifestations temporelles celle des profondeurs causales et inversement 37 Aussi il arrive que le mythe choisisse de condenser la totalit du myst re dans une seule image comme par exemple celle de la transfiguration du Christ 38 Ainsi les disciples sont conduits la pleine exp rience du paradoxe des deux mondes en un seul Siddhartha est le maitre qui passe librement d un monde l autre Alors qu il vient d exposer le mieux possible sa philosophie Govinda et que ce dernier ne semble en saisir que peu de choses Siddhartha l invite se pencher vers lui C est alors que le disciple du Sublime b n ficie d une r v lation exceptionnelle Le myst re m me du monde au del de son propre myst
119. s hippies voyageurs itin rants et que d autre part le groupe rock nomm Steppenwolf en hommage au Loup des Steppes compose la pi ce musicale Born to Be Wild dans la trame musicale du film Easy Rider Par ailleurs si nous nous sommes int ress s Campbell c est que ce penseur met en lumi re l importance contemporaine du mythe Cela nous est utile non seulement pour comprendre la r alit contemporaine mais sans doute aussi pour laborer une spiritualit vivante pour notre temps 5 une spiritualit plus s culi re Voil l apport de son uvre pour l humain moderne dans un monde marqu selon le mot de Lyotard par l effritement des grands r cits mythiques et s culiers qui jadis structuraient et inspiraient les soci t s humaines La culture actuelle est pleine de productions et de r alit s dont on peut faire l hypoth se qu elles se laisseraient bien d chiffrer avec les perspectives th oriques de Campbell Dans certains cas cela tient d ailleurs une influence directe de sa part On sait en effet que des cin astes comme Georges Lucas et Georges Miller se sont inspir s de son ceuvre pour la r alisation de leurs films respectivement Star Wars et Mad Max Le succ s de ces uvres manifeste bien selon nous la f condit et la pertinence des perspectives th oriques de Joseph Campbell Aussi on peut faire l hypoth se que la structure tripartite du monomythe d peinte dans Les h ros sont ternels se
120. s qu il ne donne pas vraiment le choix aux forces du destin un geste d une telle violence ne peut rester sans r ponse De plus lors d un vol en r gle de l lixir les forces surnaturelles se mettent la poursuite du h ros comme l extrait ci dessus le souligne Cette section du roman Siddhartha ne montre pas l analyse de signes de poursuite de la part des forces surnaturelles Il ny a donc pas ici dans ce r cit de fuite magique Au contraire Siddhartha avance maintenant sous la protection des guides qu il a 118 Tbid p 158 67 rencontr s dans le monde des t n bres le passeur Kamala Kamaswami et Govinda Dans le syst me campbellien le rapt de l lixir peut ou non se produire Cela ne change en fait rien au parcours initiatique comme tel Le rapt de l lixir est une variante une repr sentation comme le sont galement l union la d esse la r union au p re et la divinisation de l exp rience d illumination de transfiguration et de lib ration qui am nent le h ros voir s largir le champ de sa conscience Si le h ros ne vole pas l lixir alors il le re oit tout simplement 4 3 Le retour de la multiplicit vers l unit Quand Siddhartha arrive tout pr s de l endroit pour prendre le bac qui l a amen autrefois de l autre c t du fleuve il reconnait aussit t Vasudeva le passeur Siddhartha se met changer avec lui et accepte aussit t l invitation d tre son h te pour la nuit
121. se la perspective m taphysique Finalement en guise de conclusion d ouverture de la recherche et de pistes de prolongements nous explorons tr s bri vement le panorama de notre soci t moderne l aide des perspectives hessiennes et campbelliennes Pour ce qui est de la dimension critique tant donn les limites de la langue nous devons nous limiter au monde anglophone francophone et hispanophone Notons cependant que Hermann Hesse a suscit peut tre plus d int r t dans le monde anglo saxon que dans d autres cultures y compris peut tre la sienne propre comme en t moignent ces milliers de hippies am ricains qui firent de lui un de leurs gourous la fin des ann es soixante et au d but des ann es soixante dix Donc bien que nous n ayons pas acc s aux tudes en langue allemande la litt rature critique que nous utilisons principalement de langue anglaise devrait raisonnablement suffire aux fins de la pr sente tude Voyons maintenant les tenants et aboutissants de cette lecture campbellienne du roman Siddhartha de Hermann Hesse Mais dans un premier temps commengons par regarder plus en d tail le cadre th orique de l aventure du h ros et du cycle cosmogonique de Joseph Campbell 29 Richards The hero s quest for the self p 97 18 CHAPITRE I LES H ROS TERNELS DE JOSEPH CAMPBELL 1 1 L EUROPE ET LES R CITS D ARTHUR D c d il y a quelques ann es Joseph Campbell a t rendu c l bre par le
122. sse s est bas pour l criture de Demian sur Les Sept Sermons aux Morts de Carl Gustav Jung Ces Sermons sont le fruit d une r v lation gnostique dont Jung aurait b n fici e en 1916 Parmi d autres auteurs Christine Maillard Les Sept Sermons aux Morts de Carl Gustav Jung Nancy Presses Universitaires de Nancy 1993 p 136 note 70 relie directement l criture de Demian la cure jungienne dont Hesse a b n fici en 1916 1917 Elle souligne aussi en faisant appel Quispel C G Jung et la gnose Cahier de l Herne C G Jung p 138 la forte probabilit que le Dr Lang l analyste de Hesse lui ait procur un exemplaire des Sermons lire durant sa cure D une mani re g n rale le travail de Maillard permet de voir que les Sermons seraient vraisemblablement la source cach e de toute l oeuvre th orique et clinique de Jung Cependant le caract re gnostique de ceux ci expliquerait sans doute leur impopularit aupr s des savants lors d une premi re publication anonyme tirage limit en 1925 et par la suite galement d autant plus que l on ne s est d cid admettre leur paternit qu apr s la mort de Jung paral llement la publication de ses M moires en 1962 Miguel Serrano C G Jung et Hermann Hesse R cits de deux amiti s Gen ve Georg 1991 p 110 Demian donc dans ce contexte se r v le tre un roman repr sentatif non seulement de la pens e jungienne mais aussi de la source duquelle elle a jailli
123. ssus de cr ation menant la conscience individuelle et universelle de l infini d o elle provient vers l tat manifest du monde temporel Dans la seconde il d peint les diff rentes fonctions ou aspects de la m re du monde de la m re vierge qui donne naissance au h ros Dans la section suivante Campbell s int resse davantage aux diff rents types facettes ou stades de la vie du h ros que l on peut retrouver dans les mythes ainsi que leur volution Et finalement dans la derni re section 1l regarde a fin du microcosme et la fin du macrocosme i e la fin ou le retour l infini de l individu d une part et de l univers d autre part Avec la perspective psychologique Campbell regarde les diff rentes tapes du cheminement du h ros les obstacles les guides les seuils que ce dernier rencontre son acte r dempteur Ces ph nom nes sont donc tous retrouver tout d abord l int rieur du h ros lui m me ainsi tous ces v nements mythiques se produisent en fait dans la psych du h ros Avec la perspective m taphysique Campbell entre davantage dans la sph re du transcendant de l explication du monde C est pourquoi l l ment qui introduit le cycle cosmogonique s intitule De la psychologie la m taphysique L acte r dempteur que le h ros accomplit devient alors un symbole du myst re m taphysique La t che du h ros est donc de remonter jusqu la source originelle travers les tapes ant rieure
124. t tout apaisement grands alors sont les tourments et grand aussi le danger Des forces auront n anmoins t mises en mouvement qui d passent toute appr hension des sens 13 Cette violence du choc lors du retour au monde est grande pour Siddhartha En plus de toutes les t ches assumer que le retour suppose comme le travail quotidien comme la patience la pers v rance Siddhartha a faire un deuil celui de son fils unique qui a choisi de suivre la voie de la vie et de la jeunesse Oui ce dernier a quitt son p re pour d couvrir le monde et ne plus jamais revenir L amour l affection la tendresse que Siddhartha a pour son fils ont t bless s meurtris bafou s Ces d chainements et tourments auxquels Campbell fait allusion Siddhartha 129 Thid p 173 130 Jhid p 174 131 Jhid p 180 132 Thid p 182 133 bid p 182 76 les a v cus profond ment lors de la perte de son fils Toutes ces gens sur lesquels Siddhartha a lev le nez autrefois il a appris les comprendre partager leurs soucis les aimer m me Maintenant il ne les m prise plus Son c ur cet organe qu une certaine poque il a cru insensibilis jamais s est r veill De grandes souffrances attendent le c ur de celui qui aime le danger le guette aussi Mais des forces sont sem es qui sont susceptibles de rejaillir chaque instant C est ce qui se produit lorsque Siddhartha se confesse Vasudeva Au mome
125. t gories d un syst me th orique L tude de l aspect de la qu te de sens et d identit ainsi que de la port e autobiographique romantique et psychana lytique de ses uvres est remise plus tard lors d une recherche ventuelle que nous m mes ou d autres poursuivrons Au d but des ann es trente mais avant qu il commence r diger Le Jeu des Perles de verre son prix Nobel vers 1933 Hermann Hesse value que les oeuvres dans lesquelles il a exprim le mieux sa philosophie sont les romans Demian et Siddhartha ainsi que le po me Besinnung Nous nous rallions cette position et parmi ces trois oeuvres nous s lectionnons Siddhartha Eine indische Dichtung car nous croyons que c est bien cette l gende indienne qui demeure la plus significative de la philosophie de Hesse Pour Hermann Hesse le cheminement type de l individu se d roule en trois tapes2 D abord il y a celle de l innocence enfantine o l individu profite de la protection et de la chaleur de la m re et de la famille Ensuite vient celle du d sespoir caract ris e par la perte de cette innocence par la connaissance du bien 21 Cependant le lecteur d sireux d amorcer ce travail trouvera en appendice des donn es g n rales ayant trait la biographie et la production litt raire de Hesse 22 John Wilson Brunner 1957 Hermann Hesse The man and his world as revealed in his work Th se de doctorat Columbia
126. t h sitant Govinda Du reste cet instant o il se sentait lui m me si heureux apr s ce sommeil merveilleux comment aurait il pu ne pas aimer quelqu un ou quelque chose C tait justement l le charme qui avait agi en lui pendant qu il dormait et qui 58 l emplissait maintenant de joie et d amour pour tout ce qu il voyait Et c tait aussi du moins il se l imaginait cette impuissance aimer qui et quoi que ce f t qui l avait rendu si malade 142 Pour Siddhartha elixir de vie le don supr me ou d immortalit est procur par la parole sacr e Om C est au moment o Siddhartha d cide de se suicider d en finir avec la vie que cette parole enfouie tout au fond de son tre rejaillit avec force Siddhartha vibre d une vie nouvelle Le sommeil r parateur accompagn du charme restaure en lui la vie immortelle 1 e la capacit d aimer toutes choses Ce charme il le doit la parole sacr e et aussi la pr sence bienfaisante de Govinda durant son sommeil Pour Campbell les symboles de l immortalit tels le puits aux eaux ardentes les mets in puisables la corne d abondance etc 00 repr sentent des fantasmes infantiles ayant trait la privation du sein maternel Car les fantasmes infantiles que nous ch rissons tous encore dans l inconscient entrent continuellement en jeu dans le mythe le conte de f es et les enseignements de l Eglise comme symboles de l tre indestructible 102 Cependa
127. tivistes du d but du si cle vers l tre humain et son d veloppement psychologique Hesse est un virulent critique de son poque Pour lui la culture tourne vide car elle s est professionnalis e D une vision holistique du monde nous sommes maintenant pass s une vision analytique Les intellectuels dans un tel contexte se sont retranch s sur leur montagne se cr ant un monde artificiel et l espace lib r par leur d part a permis aux mercenaires et aux dictateurs de s implanter 6 Hesse croit la d marche personnelle de l individu Il est convaincu de la n cessit de se d faire des liens que nous entretenons avec les formes traditionnelles de la religion et de la morale avant m me d entreprendre et en vue d entreprendre une d marche d mancipation de soi Son opinion est claire sur les institutions humaines et leur rapport avec l individu L homme seul unique avec ses h ritages et ses possibilit s ses dons et ses envies est une chose d licate et il doit bien trouver un avocat Car il a contre lui toutes les puissances grandes et petites l tat l cole l glise et les institutions de toutes sortes qui le collectivisent et l englobent les Patriotes les Orthodoxes et les Catholiques de tout poil les Communistes et les Fascistes galement Ainsi ai je toujours eu contre mes livres ces pouvoirs contre moi 15 Thid ii 16 Edwin Casebeer Hermann Hesse de Siddhartha au Jeu des perles de
128. to a new and higher kind of irresponsability or in short to faith Hesse traduit et cit par Ziolkowski dans Jean Sawyer Miller 1972 The Search for Identity in Selected Novels of Hermann Hesse A Thematic Study for The Secondary Schools Th se de doctorat University of Georgia p 47 voir aussi Hermann Hesse My Belief Essays on Life and Art dit et introduit par Theodore Ziolkowski traduit par Denver Lindley accompagn de deux essais traduits par Ralph Manheim New York Farrar Straus and Giroux 1974 p 189 161 voir Edwin Casebeer Hermann Hesse de Siddhartha 94 Ce retour vers le masculin se concr tise davantage dans Le Voyage en Orient 1932 Les membres d un ordre herm tique y caressent le projet de se rendre en Orient terre f minine parce qu elle est me et nature mais terre masculine aussi parce qu elle incarne l esprit Mais l exp dition est un chec Bien plus tard le personnage principal H H qui tait jadis convaincu d avoir t abandonn par le chef de l Ordre en plein milieu du parcours finit par r aliser que c est lui m me qui avait t infid le l Ordre et ses exigences Gr ce l amour et au pardon des membres et la prise de conscience qu il fait H H r int gre l Ordre renaissant d une mort symbolique Dans son chef d oeuvre et dernier roman qu il met dix ans crire Le Jeu des perles de verre 1943 Hermann Hesse livre une critique sociale reconnue c
129. tte la doctrine Pr f rant suivre sa propre voie rejetant toutes les doctrines il quitte les Samanas et la pr sence de Bouddha en direction de la ville Il y m ne une vie sensuelle et commergante Bient t d go t par la vie des sens il quitte nouveau une tape de sa vie pour continuer sa route et c est alors qu il connait l illumination Le Loup des Steppes paru quelques ann es plus tard en 1927 raconte l histoire d un homme d chir entre le confort de la bourgeoisie et les exigences nietzsch ennes de l homme qui suit sa propre voie Harry Haller intellectuel renfrogn croit poss der en lui deux mes une me de loup sensuelle et une me d homme spirituelle Mais c est bien l o il s gare d innombrables mes vivent en lui elles sont beaucoup plus nombreuses que les deux seules qu il croit poss der Il devra apprendre par l ironie par l humour non seulement apprivoiser les diff rentes partie de son tre mais aussi se prendre moins au s rieux s amuser un peu c est du moins ce que sa rencontre avec la prostitu e Hermine et son entr e au Th tre Magique lui donnent l occasion de saisir Comme on le voit ces trois romans se recoupent au niveau th matique sentiment de la n cessit de faire son propre chemin et de transcender l opposition nature esprit et constituent donc en quelque sorte une trilogie Pour Theodore Ziolkowski ainsi que pour Jean Sawyer Miller les h ros de ces trois
130. u il doit vaincre est le dragon le monstre du statu quo l orgueilleux car il croit tenir sa force de lui m me Campbell assimile ici l tre mythique du dragon au personnage historique du tyran qu il appelle h ros tyran i e le h ros empereur d chu imbu de lui m me Le grand personnage historique du tyran jouant le r le du dragon n existe cependant que pour tre vaincu et an anti Aussi ce dragon tyran est la cr ature du statu quo non pas tant du fait qu il garde le pass mais parce qu il garde Nous avons pr sent auparavant le Bouddha comme tant le gardien du seuil de l aventure pour Siddhartha Mais pour la communaut qui croit en lui le Bouddha demeure un h ros en lui m me le h ros r dempteur Siddhartha le vainc ou plus justement se le concilie comme gardien du seuil tout en profitant de son charisme et de son envergure Le Bouddha est le nombril du monde Le lieu de naissance du h ros ou le pays lointain d o il revient d exil pour accomplir parmi les hommes ses actes d adulte est le point m dian ou nombril du monde De m me que les ondes se propagent partir d une source souterraine les formes de l univers se d ploient en cercles elles aussi partir de cette origine 74 C est ainsi que Siddhartha le h ros du lieu ombilical o le Bouddha a pr ch et rassembl des millers de gens venus sp cialement pour le voir de partout travers le pays part pour r aliser son d
131. u monde Siddhartha abandonne enfin le surmoi tyrannique impos par son p re qui l a amen nier son corps ses d sirs ses sens ses motions et ses sentiments lors de son passage chez les Samanas La vie avec Kamala et Kamaswami lui permet de vivre un retour de refoul p ch comme dirait Campbell de toutes ces ann es de privations chez les Samanas et de soumission quand il a t chez son p re Cependant pour vivre ce combat et cette victoire contre le dragon et contre l ego Siddhartha re oit une aide judicieuse celle de la belle Kamala la d esse C est au cours de cette preuve que le h ros peut trouver espoir et r confort dans un personnage f minin secourable qui par la puissance de sa magie le prot gera durant toutes les terrifiantes preuves initiatiques qu il lui faudra subir pour qu en lui le p re soit d truit 3 7 H ros empereur et h ros tyran Un autre type de h ros est celui du h ros empereur et de son c t obscur le h ros tyran Si le symbole du h ros amant comme du h ros guerrier est l p e valeureuse celui du h ros empereur est le sceptre de domination ou encore le livre de la 10197 Le h ros empereur se veut un exemple significatif et non un prototype d action comme l est le h ros amant Il rend visible la pr sence du transcendant pour le peuple Cependant il arrive que celui que Dieu a choisi en vienne croire qu il doit son succ s ses seules forces Il
132. u temps Les professeurs n ont plus rien d autre enseigner qu un savoir fig qu ils reproduisent en y ajoutant au mieux un fragment de savoir nouveau L enseignement n est plus la sagesse et la voie d acc s une meilleure compr hension de soi il est de nature technique et vise faire de l tudiant un professionnel 20 Pour Hesse la v ritable mission de chaque homme est de parvenir soi m me Chacun doit trouver sa propre destin e et l assumer jusqu au bout peu importe ce qu il advient de lui C est ce que le jeune Siddhartha du roman du m me nom tente d accomplir lorsqu il quitte le foyer parternel partant l aventure la recherche de soi m me 19 Thid p 10 20 Jhid p 14 14 OBJECTIF DE LA RECHERCHE Comme on l a vu il existe un lien tr s troit entre la qu te de sens et d identit chez Hesse et sa production litt raire tout comme il en existe un entre cette derni re ses inspirateurs romantiques et sa psychanalyse jungienne Il serait sans doute int ressant et profitable de travailler plus fond ces aspects de la question Cependant compte tenu de l ampleur de l entreprise et du temps notre disposition nous choisissons plut t de nous en tenir au texte d une uvre sans aborder les aspects autobiographiques et les influences romantiques et jungiennes Sans vacuer de notre m moire ces aspects importants nous mettons plut t l accent sur un roman en lui appliquant les ca
133. uche d un rouge clair comme une figue fraichement ouverte des sourcils soigneusement peints en courbe lev e des yeux noirs intelligents et en veil un col long et brillant qui s chappait d un corsage vert et or des mains immobiles longues et troites avec de larges bracelets d or aux poignets 89 Siddhartha s incline devant le palanquin quand celui ci arrive sa hauteur Il fixe la dame des yeux et go te cette clatante pr sence f minine La femme fait un signe de t te et le cort ge dispara t dans le bosquet Siddhartha est frapp par le 86 Ibid p 105 106 48 charme de cette dame et veut suivre le palanquin Cependant l air m fiant des serviteurs il comprend qu il ne pourra y entrer ainsi accoutr la premi re personne qu il rencontre il demande le nom de la belle dame Il s agit de Kamala une courtisane Son id e faite en t te Siddhartha entre dans la ville et d ambule un peu partout Il dort sur le bord du fleuve pr s des bateaux Le lendemain apr s midi quand Kamala revient de la ville dans son palanquin il se tient l entr e du bosquet 91 Gr ce un serviteur Siddhartha r ussit tre re u par la courtisane Quand il entre dans un des pavillons de la demeure et que la belle dame est couch e il lui annonce qu il d sire qu elle devienne son instructrice C est alors qu elle clate de rire surprise qu un Samana lui fasse une telle demande et r pond Siddhartha
134. ue fait Siddhartha Alors que Govinda s acharne demander son compagnon pourquoi il ne veut pas se faire comme lui disciple du Sublime Siddhartha se contente de saluer son projet de vie Et voil que maintenant tu deviens un homme et que tu choisis toi m me ta voie Puisses tu la suivre jusqu au bout 6 mon ami Puisses tu trouver la d livrance 63 Longtemps Govinda insiste pendant qu ils se prom nent dans le bois mais Siddhartha garde ses id es pour lui Quand le lendemain matin les n ophytes sont appel s suivre les premi res instructions Govinda embrasse Siddhartha et se joint aux autres moines Siddhartha va alors se promener dans le bois sujet mille pens es Mais c est alors qu il rencontre le Sublime et se hasarde lui adresser la parole Il lui explique alors pourquoi lui contrairement Govinda ne peut embrasser sa doctrine Tout en soulignant la beaut et la splendeur de son enseignement clair et irr futable il fait part au Sage que sa doctrine moyen et fruit de sa d livrance est en un point pourtant bris e Cette d livrance est le fruit de tes propres recherches sur ta propre route tu l as obtenue par tes pens es par la m ditation par la connaissance par l illumination Ce n est pas par la doctrine que tu l as eue Et voil ma pens e 6 Sublime personne n arrivera cet affranchissement au moyen d une doctrine A personne V n rable tu ne pourras traduire par des mots et
135. ui l a amen rejeter la doctrine du sauveur des hommes le Sublime 3 2 3 Troisi me preuve le souvenir de Govinda Une nuit o il dort dans la hutte d un batelier pr s du fleuve Siddhartha r ve intens ment Il voit Govinda devant lui portant le v tement des asc tes qui lui demande tristement pourquoi il l a quitt Alors il embrassa Govinda il le serra dans ses bras mais tandis qu il l atirait sa poitrine et l embrassait il s aper ut que ce n tait plus 44 Govinda mais une femme et du v tement de cette femme s chappait un sein auquel Siddhartha s appuyait et se d salt rait et le lait de ce sein tait doux et fort Dans ce go t il y avait quelque chose de l homme et de la femme du soleil et de la for t de la b te et de la fleur des fruits et du plaisir Il enivrait et rendait inconscient 85 L inconscient de Siddhartha est terrass par la perte de son meilleur ami Leur amiti comprend une multitude d aspects compl mentaires illustr s par les paires d oppos es Govinda est une femme le lait de son sein rappelle Siddhartha toutes sortes de choses de sa vie pass e Mais quand Siddhartha s veille il ne trouve dans la hutte que le silence et la noirceur de la nuit 3 2 4 Quatri me preuve passer sur l autre rive et couper avec son p re Mais Siddhartha continue sa route La pens e de son meilleur ami en t te Siddhartha demande au batelier de le passer de l autr
136. up mais aussi la psychanalyse de nombreux auteurs ainsi qu aux r cits de la vie du Bouddha et de divers h ros orientaux En second lieu l homme n est pas maitre des symboles selon le professeur du College Sarah Lawrence Si Campbell postule l existence des arch types 9 il n endosse pas exactement la d finition que Jung donne de ceux ci En effet ce dernier voit dans le contenu des arch types le produit de l h r dit tandis que Campbell y ajoute les exp riences significatives des tres humains Par ailleurs 37 Campbell Les h ros sont ternels p 12 38 Anne Marie Bilodeau Joseph Campbell pertinence et actualit m moire de maitrise Montr al Universit du Qu bec Montr al 1992 iv 39 Campbell Les h ros sont ternels p 133 Campbell renvoie aussi en note l ouvrage de Sigmund Freud Au del du principe de plaisir dans Essais de Psychanalyse Payot Petite Biblioth que Payot Vol no 44 ainsi qu Karl Menniger Love Against Hate p 262 40 Campbell dans Les h ros sont ternels en note 18 de la page 26 num re une bonne quinzaine de penseurs Jung le premier ayant un moment o l autre de l histoire labor le concept d arch type l Bilodeau Joseph Campbell pertinence p 44 Nous voulons ici apporter quelques nuances aux affirmations de Bilodeau Si effectivement dans la pens e de Carl Gustav Jung les arch types sont le produit de l h r dit s ils ont un
137. urce cosmique au profit de sa personnalit finie Par ailleurs dans la perspective du cycle cosmogonique le temps se pr sente comme une alternance r guli re de bien et de mal 47 La vie surgit mais t t ou tard elle retourne la dissolution l empereur devient le tyran et le dieu cr ateur devient le dieu destructeur Le temps du h ros r dempteur apparait donc en fin de r gne du h ros tyran afin que par le meurtre du dragon le cycle recommence avec le r gne du h ros r dempteur juste et bon pour ses sujets Donc en somme la t che du h ros est d abattre le p re sous son aspect d ego obstin dragon tentateur roi ogre et de lib rer les nergies vitales emprisonn es pour qu elles alimentent l univers 4 Mais cependant le h ros r dempteur et le dragon ne font qu un dans la mesure o il ne s agit que de points de vue diff rents sur la m me histoire le h ros d aujourd hui sera le tyran de demain moins qu il ne s abandonne la crucifixion comme J sus 9 Les couples d oppos s ne s excluent pas ils se compl tent Nous avons dout plus haut l tape de l initiation que Siddhartha puisse avoir franchi le stade du h ros amant m me s il a manifest certains signes du h ros empereur Arriv en fin de son parcours initiatique Siddhartha semble avoir fait un bond gigantesque dans son volution psychique et spirituelle Du h ros amant il est directement pass au h ros r dempteur et m
138. us d couvrir le bien et le mal et c est alors l exil du paradis Par ailleurs En tant qu intrus originel dans le paradis tabli entre l enfant et sa m re le p re est l ennemi arch type de l vient qu au cours de l existence tout ennemi symbolise pour l inconscient le p re Tout ce qui est tu devient le p re 107 Dans le paradis que constitue le monde du b b le p re s interpose entre lui et la m re brisant l harmonie Campbell voit dans ceci l origine de la guerre En voulant d truire le p re par frustration volont de vengeance la soci t sombre dans la violence collective Les anciens de la communaut veulent se prot ger des plus jeunes la communaut elle m me cherche se prot ger des communaut s voisines contre tout incirconcis barbare pa en indig ne ou tranger contre tout 106 Thid p 127 En plus de la Bible Campbell s appuie sur diff rents auteurs et traditions tels le Tao la Cabale juive les textes sacr s de l Inde des textes de la mythologie ou de la philosophie grecque comme Le Banquet ou Sophocle le Midrash Rabbah viii 1 et James Joyce 107 Ibid p 128 La derni re phrase est une citation de Geza Roheim War Crime and the Convenant p 57 62 voisin 93 la charge d agressivit est dirig e et les hommes oublient de purifier leur propre coeur C est le r gne du p re ogre 0 Dans la m me ligne de pens e pour Campbell les nations chr tien
139. verre trad et pr s par Michel Meyer Coll Philosophie et Langage Bruxelles Pierre Mardaga Editeur 1972 p 11 13 17 Mileck Hermann Hesse p 25 18 Casebeer Hermann Hesse de Siddhartha p 8 13 Pour Hesse les institutions tentent toujours de justifier leur pouvoir sur les individus C est pourquoi naissent les id ologies les unes apr s les autres Pour ne pas appara tre comme le l gitimateur ill gitime l intellectuel va se r clamer de la transcendance dont il est l interpr te privil gi et ce sera Dieu le Shaman le pr tre etc ce sera l Histoire et son cours inflexible qu il d chiffre le Parti ce sera la V rit et la Science laquelle il faut se soumettre socialement au nom de l efficacit le Technocrate Ces consid rations sont pour ainsi dire anthropologiques Par ailleurs Hesse semble soutenir que notre soci t v hicule non seulement les m mes tares ou manies qui caract risent tous les hommes mais qu elle a aussi perdu quelque chose qui faisait sa beaut autrefois la vitalit de la tradition Par exemple pour ce qui est de l enseignement et de la transmission des connaissances jadis assur es par la tradition Hesse n est pas tr s tendre Casebeer le r sume dans ces termes S il y aune vertu quelconque la religion selon Hesse c est qu elle donne une vision du Tout et une coh rence globale au Soi que l on ne trouve plus dans les philosophies et les autres discours d

1 université du québec à montréal le siddhartha de - Lys-d`Or

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