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1. entre la litt rature et le sentiment v cu de frisson fantastique Pour commencer je propose une vue g n rale sur le fantastique le mysticisme et Cort zar Je propose ensuite une explo 6 Voir Julio Cort zar Entretiens avec Omar Prego Paris Gallimard Folio Essais 1986 p 246 7 Luis Harss and Barbara Dohmann Julio Cort zar or the Slap in the Face dans Jaime Alazraki dir Criticial Essays on Julio Cort zar op cit p 40 8 Voir Lao Zi Lie Zi et Zhuang Zi Le philosophe chinois Dongmei Fang dans son Yuansbi rujia daojia zbexue La philosophie originale du Confucianisme et du Tao sme met en lumi re le mysticisme de la hauteur comme esprit essentiel du taoisme Fang compare un vrai tao ste un astronaute pour illustrer la libert et la hauteur du point de vue tao ste Taipeh Taiwan Liming Wenhua 1987 p 184 9 Pour les Upanishads et en particulier pour le temps non dualiste voir Axel Michaels Hinduism Past and Present Princeton Princeton University Press 2004 p 302 303 trad Barbara Harshav 10 Le terme chinois du Zen est chan signifie litt ralement montrer par un seul coup Voir les classiques du Zen chinois Wudeng buiyuan et Liuzu tanjing Voir aussi surtout pour le non dualisme et le Zen Abide not with dualism carefully avoid pursuing it as soon as you have right and wrong confusion ensues and Mind is lost cit dans Daisetz T Suzuki Manual of Zen Buddhism2. Julio Cort zar fantastique et mysticisme oriental Fanfan Chen tudes litt raires vol 42 n 2 2011 p 161 179 Pour citer ce document utiliser l information suivante URI http id erudit org iderudit 1011527ar DOI 10 7202 1011527ar Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 07 39 aV2 X2 X2 92 92 92 92 92 32 32 32 32 am UN UN etw UN UN UN UN UN x ets UN UN UN Julio Cort zar fantastique et mysticisme oriental FANFAN CHEN Bruxelles de double nationalit argentine et fran aise Cort zar est normalement loin de la pens e orientale notamment du mysticisme orien tal Les critiques fran ais sur Cort zar consid re
3. trans univ paris3 fr spip php article81 44 Cit dans Ra l Silva Cac r s L arbre aux figures tude des motifs fantastiques dans l uvre de Julio Cort zar 1996 p 43 45 Marcel B langer Julio Cort zar art cit p 21 Julio Cort zar fantastique et mysticisme oriental de Fanfan Chen 171 glisse de l autre c t comme dans un anneau de M bius Cette sensation principale la sensation visuelle la couleur rouge du sang et la couleur verte du fauteuil est satur e au point de d border la fronti re entre le r el et l irr el c est dire entre le r cit et le roman encadr dans le r cit Le lecteur n est plus s r de ses sensations Le r cit construit une r alit paradoxale visant l espace du non je Le r cit Les Fils de la vierge pousse l extr me le manque de fiabilit dans la sensation visuelle Rien n est s r pour le narrateur m me pas les photos Outre des exemples de sensation visuelle les r cits tels que La lointaine et L idole des Cyclades se caract risent par des connections sensorielles auditives Dans le premier r cit par le rythme musical du chant de la rivi re l h roine Alina change son corps avec son double Dans le deuxi me r cit l idole de la d esse trouble les personnages l espace et le temps par l enchantement de la musique de la fl te En ce qui concerne les sensations olfactives La nuit face au ciel utilise l odorat en plus de la c
4. 1960 p 78 11 Terry J Peavler Julio Cort zar op cit p 129 Julio Cort zar fantastique et mysticisme oriental de Fanfan Chen 163 ration de la structure formelle et spirituelle de trois sch mes avec l hypersensibilit qui conduit au non je Enfin je montrerai l absence de la causalit logique qui d bouche sur une rh torique mystique et donne forme l criture fantastique de Cort zar I Le fantastique le mysticisme et Cort zar Les tudes sur la litt rature fantastique sont en majorit bas es sur les th ories d rivant de Todorov et d autres critiques qui s appuient sur une vision dichoto mique Le fantastique occidental du XIX si cle peut tre tudi au mieux sous cet angle bien que l on puisse toujours trouver des exceptions En fait partir des r cits de Kafka une reconsid ration sur le genre fantastique s est d velopp e Dans le n o fantastique kafkaien un personnage est souvent en face d une situation absurde et incompr hensible La fin tragique du h ros fantastique rel ve du domaine du path tique Il s agit du probl me existentiel de l individu et le fantastique est consid r comme le r sultat d une cohabitation du th tique et du non th tique si on utilise les notions d Ir ne Bessie re Pour Cort zar la cr ation fantastique est li e la nostalgie dont il souffre et qu il d crit comme la difficult de n tre pas capable d ouvrir compl tement les po
5. d voiler cette relation et prendre conscience de l Avidya l ignorance qui emp che l homme limit par une vision dualiste de comprendre la r alit absolue et universelle de l tre pur Cort zar aborde cette dimension m taphysique par la cr ation de figures sp cifiques dans ses r cits Il utilise les groupes personnages ou les personnages connexes comme si c taient des concepts Dans ces r cits l individualisation est diminu e au maximum pour insister sur la sup raction de groupe Cort zar essaie d expliquer cette notion de sup raction ainsi Sup raction implique des groupes form es par une constellation de personnages Dans les r cits de Cort zar les personnages d sign s par des pronoms person nels illustrent une id e implicite de groupe Le je dans Axolotl le il de La nuit face au ciel ou le je qui crit une lettre au tu dans Lettre une amie en voyage sont simplement des signes d actants dans la syntaxe des r cits Les personnages peuvent porter un nom aussi Ce n est qu un nom Si ce nom souligne la particularit de l individu au d but du r cit il se dilue lorsque la syntaxe du r cit ne dissocie plus le r el et l irr el Alors le nom devient non nom comme le non je Par exemple La lointaine se termine par une confusion avec le nom d Alina L idole des Cyclades met en scene les d signateurs et les individus en al
6. approche po tiquement des r cits fantastiques du taoisme et du zen s anime travers une hypersensibilit des six sensations du personnage Cette atmosph re d animation facilite la construction d une aura non dualiste par le texte Dans ses r cits il essaie de laisser ouverte cette porte par le recours aux sensations Une hypersensibilit de l un ou plusieurs des six sens les cinq sens plus le sixi me sens l esprit per ue par les personnages cr e ces moments intersti tiels o la r alit et l irr alit se rejoignent En employant le langage mystique et m taphorique du taoisme et puis du bouddhisme pour caract riser l esth tique de la vivacit et du souffle de l art on peut dire qu il s agit d une sorte d animation de l criture 39 Francois H bert An Interview with Julio Cort zar oc cit p 62 40 Marcel B langer Julio Cort zar Nuit blanche le magazine du livre n 6 1982 p 20 41 Voir Evelyn Picon Garfield Interview with Julio Cort zar The Review of Contemporary Fiction vol III n 3 Fall 1983 p 5 21 42 Marcel B langer Julio Cort zar art cit p 21 170 e tudes litt raires Volume 42 N 2 t 2011 D apr s les critiques du r cit fantastique chinois ce genre est une r alisation id ale de l esth tique du souffle et de l esprit la combinaison du discours du yin et du yang ou de l irr el et du r el repr sente la circulatio
7. d une trouvaille dr le d une gifle De plus travers un de ses ma tres Vicente Fattone un philosophe argentin qui connaissait tr s bien la philosophie hindoue Cort zar a p n tr dans la pens e 1 Des critiques tels que Julio Rodr guez Luis Ir ne Bessi re et Jean Fabre consid rent le fantastique de Cort zar comme l un des paradigmes du fantastique d apr s la d finition de Todorov 2 Terry J Peavler Julio Cort zar 1990 p 3 3 Ilan Stavans Julio Cort zar A Study of tbe Sbort Fiction 1996 p 37 4 fantastic crack Jaime Alazraki From Bestiary to Glenda Pushing the Short Story to its Limits Criticial Essays on Julio Cort zar 1999 p 135 5 Luis Harss et Barbara Dohmann nto tbe Mainstream 1967 p 229 162 e tudes litt raires Volume 42 N 2 t 2011 du monde oriental Dot d une formation universitaire sur la m taphysique occi dentale et d un esprit imaginatif depuis son enfance il est capable de voir la diff rence entre les m taphysiques des deux civilisations m me de saisir le mysticisme oriental avec une grande perspicacit La philosophie orientale offre une position m taphysique qui l a toujours fascin Le mysticisme oriental se nourrit de diverses sources du taoisme du vedanta de l hindouisme et du zen bouddhiste Pour tudier l influence de ces philosophies et de ces religions sur les r cits de Cort zar il est n cessaire d avoir
8. dualisme En effet Cort zar parle d une notion triangulaire afin d expliquer sa vision d une r alit fantastique au lieu d un simple hasard ou coincidence Je sentais que lorsqu on avait un l ment A suivi d un l ment B qui tait ce que les gens appelaient une coincidence ou un hasard il y avait un troisi me l ment C qui pouvait tre un l ment constatable compr hensible ou non mais de toute facon je sentais que le triangle que la figure prenait forme Au d part il n y avait jamais que A et B A et B suscitaient cr aient toujours l id e de C Cette mani re de voir une logique ou un principe derri re les ph nom nes qui sont de coincidence ou hasard en apparence voque la notion de synchroni cit de Jung Pour mieux pr senter ce principe acausal il recourt au Yi ing tao ste dont la formule de base est trigramme Cette formule de trigramme renvoie la formule triangulaire de Cort zar Ainsi le trio sch me que nous sugg rons ici n est pas les trois sch mes propos s par Jean Burgos r volte refus et ruse contre le temps Ce ne sont pas non plus les structures de l imaginaire th oris es par Gilbert Durand les structures h roiques et les mystiques et dramatiques Les structures de l imaginaire de Cort zar peuvent tre repr sent es par la permutation des trois lignes du syst me binaire ligne de yin ou ligne de yang du Yi Jing taoiste Ces trois lig
9. nonc par Lao Zi Ainsi la qu te de chaque individu est la recherche de son chiffre ou de son code La vie est une s rie de codes Yi Jing ou Livre de mutation offre une collection de codes C est pourquoi les chinois taoistes parlent de shu chiffres Cette nigme num rique figure aussi dans les textes fantastiques de Cort zar Peut tre n a t il pas une connaissance approfondie du mysticisme tao ste mais ce secret universel doit lui avoir entrouvert la porte et lui avoir fait imaginer cet oc an de codes Ici les chiffres deux trois sept huit et douze m ritent notre attention Marelle le roman le plus connu de Cort zar peut tre consid r comme une mise en texte de l nigme des chiffres universels et une repr sentation de l influence du mysticisme oriental sur Cort zar J avais lu beaucoup de philosophie orientale de po sie orientale philosophique apprenant ainsi connaitre le vedanta et d couvrant les livres de Susuki sur le zen qu on publiait alors Paris Cette lecture m a fascin et je l ai poursuivie tout en crivant Marelle C est pourquoi ce roman satur d l ments culturels refl te aussi ce moment o la lecture de Susuki tait pour moi une grande exp rience Ce qu elle continue d tre L image arch typale du Mandala est un motif r current dans ce roman En fait le titre initial pour ce roman tait Mandala Quand j ai eu d abord l id e pou
10. refl te le microcosme en miniature Le chiffre de 12 comme nous l avons dit plus haut est le chiffre de base d un cycle et le nombre de faces du solide platonicien de la sph re a rienne le chiffre 8 2 puissance 3 typiquement le chiffre de base des trigrammes du Yi Jing renforce une vision universelle et changeable dans ce roman Conclusion La qu te d une r alit r elle de Cort zar se poursuit sans cesse comme pour son double Oliveira le h ros de Marelle ou comme Carter le h ros de L homme l aff t Cort zar se conduit comme un personnage de ses r cits il souffre d tre emp ch d ouvrir la porte qui a t une fois entrouverte dans son enfance Cette nostalgie l inspire comme une pulsion pour r crire et sortir de la caverne platonicienne o se refl terait l illusion ou la maya Cort zar se tourne peut tre vers le bouddhisme zen et le taoisme pour vaincre l impasse logocentrique de la Grande Vanit Id aliste R aliste Spiritualiste Mat rialiste de l Occident S R L 9 et avancer vers une r alit atteignable par le biais du texte fantastique Il suspend l incr dulit par sa po tique nourrie de mysticisme oriental Dans le m me temps la prise en compte du point de vue oriental aide p n trer l esprit et l art narratif de ses textes Il cr e dans ses r cits un quilibre entre mysticisme et fantastique l un se nourrissant de l autre L exploration des figures et des chiffres nigmatiqu
11. un h pital situ notre poque Mais ce il est aussi pr sent comme tant une victime sacrificielle sur un autel Azt que il y a plusieurs si cles Par l alternance des deux sc nes le personnage du motocycliste est pr sent comme la victime sacrificielle De m me la m tamorphose temporelle cr e un effet fantastique par l espace qui est ainsi transpos d un h pital moderne la for t du pass Le r cit laisse les lecteurs d cider si c est le motocycliste qui r ve de victime sacrificielle ou inversement On note ainsi la fois une r alit non dualiste du temps de l espace et de l individu La vision traditionnelle du fantastique o la vie quotidienne est envahie par le surnaturel ou l invraisemblable apparait inapplicable pour aborder le fantastique chez Cort zar Pour lui la mise en sc ne des fant mes ou la mise en texte de doubles interpr tations n ouvre pas la porte vers la r alit la plus r elle Pour repr senter cette r alit la plus r elle dans son art fantastique outre maintenir la suspension de l incr dulit propos e par Coleridge Cort zar insiste aussi sur un temps de passage ordinaire pour que les ph nom nes tranges apparaissent dans le r cit comme une sorte d piphanie offrant la vision fugitive d une autre r alit Or incapable de s expliquer clairement cette sensation par un langage ordinaire il la repr sente par son art fictif et narratif Ainsi les contes
12. une vision g n rale de ce mysticisme Puisque cette tude ne porte pas sur la philosophie du mysticisme j emploierai ici des m taphores spatiales pour saisir l esprit de ces trois groupes mystiques Le tao sme est un mysticisme de la hauteur qui travers le yin et le yang surpasse le confinement du dualisme Avec un temp rament a rien et imaginaire un vrai taoiste est comme un astronaute une hauteur extraordinaires Le vedanta est un mysticisme de la argeur Il est bas sur l immobilit du temps qui embrasse aussi bien le monisme que le dualisme de l espace temps Profond et solennel il contient tout Le bouddhisme zen est un mysticisme vif et ac r qui d voile directement le centre des choses ph nom nales comme un coup sur la t te ou satori selon le terme du zen Il transperce les ph nom nes par une attitude l g re et spirituelle qui m prise la doctrine scripturale Ce qui est commun ces trois mysticismes outre l atmosoph re occulte c est la recherche d une r alit absolue par une approche non dualiste qui comporte la d nonciation de l attachement au je La cause et l effet sont ici hors de port e de la logique naturelle Le zen et le vedanta parlent du karma et le taoisme voit une mutation ternelle avec des codes chappant au d chiffrement Cet article essaie de mettre en lumi re la pr sence occulte du mysticisme oriental dans les r cits de Cort zar lieux d une balance d licate
13. yang et de la m taphysique chinoise dans ce roman D apr s sa lecture laquelle insiste sur le chapitre 14 du roman dont l pisode concerne le Chinois Wong le personnage chinois symbo lise dans le roman une alternative la m taphysique de la pr sence occidentale qui suit Le deuxi me livre se lit en commen ant au chapitre 73 et en continuant la lecture dans l ordre indiqu la fin de chaque chapitre En cas d incertitude ou d oubli il suffira de consulter la liste suivante 73 1 2 116 3 84 4 71 5 81 138 127 56 135 63 88 72 77 131 58 131 Maguessa O Reilly Subversion du rythme Le roman anti lin aire Etudes litt raires vol XXIX n 1 t 1996 p 98 63 Jaime Alazraki Introduction dans Jaime Alazraki dir Criticial Essays on Julio Cort zar OD cit p 13 Julio Cort zar fantastique et mysticisme oriental de Fanfan Chen e 177 et l aspiration vers la totalit qui pr domine sur l id ologie de Cort zar dans Marelle Le chiffre 2 se retrouve dans le th me du double dans les r cits de Cort zar Par exemple les r cits tels que Une fleur jaune La lointaine La nuit face au ciel etc Ce double n est pas immobile comme une sym trie g om trique c est un double d s quilibr qui est toujours en train de changer En ce qui concerne le chiffre 3 c est l essentiel de la g n ration ternelle de l univers La mise e
14. L Harmattan 1994
15. an ne sont pas racont s par ordre de cause effet mais plut t suit une ligne irrationnelle qui rappelle l approche paradoxale du koan zen L exposition de Cort zar confirme sa propension voir le roman comme un v nement comme un mandala comme un r cit qui comme le koan zen cherche modifier la compr hension de la vie de l tudiant en poursuivant un chemin qui viole le raisonnement d Occident Avec l image centrale du Mandala comme mise en abime du texte c est un microcosme charg de codes nigmatiques Ce symbole est proche d une sph re de yin yang Les pratiquants observent les images dans le Mandala pour une communi cation avec le Brahman Dans le Mandala on voit le chiffre 3 trois art res centrale gauche et droite et 7 les sept roues de sommet sourcil gorge coeur nombril organe g nital et p rin e son caract re sym trique donne une vision de double donc le chiffre 2 De fa on similaire dans le mysticisme tao ste le taiji chiffre 1 g n re yin et yang a fait le chiffre 2 Puis le chiffre 2 g n re le chiffre 3 qui g n re tous les tres et objets dans l univers Si l nigme des chiffres a moins d importance dans le bouddhisme zen c est que la sagesse du zen est bas e sur le chiffre z ro qui peut tre consid r comme le centre de Cort zar que cherche Oliveira C est un point d exactitude pour passer du dualisme au non dualisme Severo Sarduy rel ve aussi l importance du yin et
16. ation arithm tique 2 puissance 3 Axolotl est un exemple du non dualisme appliqu l individu C est un r cit typique qui rend ce sch me manifeste C est un trigramme du type le je est un autre dans l espace ici et le temps ici Dans ce r cit le narrateur autodi g tique qui observe devient finalement l objet observ dans ce cas l l axolotl C est une narration l instar du conte de Zhuang Zi Zhuang Zhou r ve d un papillon que Cort zar avait certainement lu comme on l a vu plus haut Le discours dans le r cit du maitre chinois est philosophique Zhuang Zi met en question la certitude du je qui r ve de l autre le papillon en opposant l autre qui r ve du je Dans la cr ation narrative de Cort zar cette question devient l histoire fantastique d une cohabitation du je et l autre jusqu maintenir une r alit non dualiste Continuit des parcs est un autre r cit qui met en jeu le non dualisme Le lecteur du roman est peut tre un personnage dans le roman lu par un autre lecteur Tandis que le sch me de l individu r gne sur la cr ation de l effet de fantastique travers la perception le sch me de l espace non dualiste met en cause la vision de l espace Il s agit d une mutation du cadre de l histoire dont la cause est inconnue La mise en scene de celle ci est souvent explicite sans h sitation C est l espace qui joue le r le central et catalyse l effe
17. de Cort zar font apercevoir ce moment piphanique qui d passe le dualisme et ouvre bri vement l espace narratif au fantastique La structure narrative qui cr e des effets du non dualisme chez Cort zar met en lumi re une r alit diff rente qu obscurcit la rationalit ordinaire et dualiste D apr s les enseignements religieux orientaux une fois que l individu n est plus attach au je et l espace temps du je souvent travers la pratique de m ditations il arrive p n trer et voir le maya du vedanta le vide du zen et la mutation ou 37 Jaime Alazraki From Bestiary to Glenda Pushing the Short Story to its Limits op cit p 137 38 Julio Cort zar Entretiens avec Omar Prego op cit p 118 Julio Cort zar fantastique et mysticisme oriental de Fanfan Chen 169 l obscurit du tao sme C est cet instant que les personnages connaissent la vraie libert de l esprit et qu une exp rience non dualiste serait possible On peut associer ce moment avec les aspects marginaux de la r alit d crits par Cort zar o les soi disant choses normales vous chappent et vous vous trouvez juste comme a sans pr venir dans une zone dans un champ de pens es et de sentiments qui n auront plus voir physiquement ou spirituellement avec ce qui vous a entour auparavant Cort zar imagine aussi cette r alit comme une ponge cribl e de trous La r alit pour moi en tou
18. de la nouvelle Jai toujours consid r la nouvelle comme un contenant inexistant car avant qu elle soit crite il n y a aucun contenant Mais je sais que lorsque je la termine son point final doit venir clore cette id e de sph re Concernant le chiffre 12 on pourrait galement citer Lettre une amie en voyage dans lequel le h ros vomit douze lapins Dans la culture chinoise le lapin est associ aux l ments lunaires tels que la d esse lunaire l lixir de longue vie et le cycle temporel lunaire En ce qui concerne la fr quence de l action vomitive l interpr tation peut tre compl t e par le symbolisme occidental le lapin symbolise f condit et p ch de chair 6 Enfin un roman de Cort zar est intitul par un chiffre 62 maquettes monter Un hasard du chiffre 62 renvoie au chiffre 8 6 2 et 12 6x2 La maquette 64 Severo Sarduy Del yin al yang Sobre Sade Bataille Marmori Cort zar y Elizondo cit par An bal Gonz lez Press Clippings and Cort zar s Ethics of Writing dans Carlos J Alonso dir Julio Cort zar New Readings 1998 p 248 65 Julio Cort zar Entretiens avec Omar Prego op cit p 81 66 Voir James Hall et Chris Puleston l Iustrated Dictionary of Symbols in Eastern and Western Art New York Icon Editions 1996 p 28 67 Julio Cort zar 62 maquettes monter Paris Gallimard 1971 178 tudes litt raires Volume 42 N 2 t 2011
19. e retrouveront ce moment l dans la sagesse finale Est ce que la pens e orientale est d j arriv e ce point Encore une fois je ne sais pas La m taphysique n est pas toujours s rieuse Chez les taoistes la m taphysique est plut t myst rieuse et amusante Zhuang Zi et Lie Zi pr f rent la d crire comme une m tamorphose merveilleuse ou un vol l ger en hauteur Ceci concerne une vision non dualiste de l individu et de l espace temps Pour p n trer la r alit mystique et la vivre la fa on naturelle du tao sme il faut saisir le myst re de l espace temps xuan ji De m me cette l g ret apparait dans le trait d esprit ji feng du Zen En outre moins badin que ces deux derniers le myst re de l univers devant l individu du vedanta inspire Cort zar dans ses visions d une collectivit de figures dans ses r cits Ces trois spiritualismes refusent la r alit telle que l homme la comprend d un point de vue partiel puisque l on est limit par le dualisme La recherche de l auteur afin de franchir la dichotomie est vidente Pareillement d apr s les mysticismes orientaux une d construction du dualisme est n cessaire pour retrouver l unit primordiale Face la grandeur de l univers l individu est insignifiant Le vedanta claire la relation entre le brabman dieux et univers et l atman le moi le souffle ou l me L herm neutique des critures v diques l Upanishad entre autres cherche
20. es d voile l aura mystique qui ouvre la porte vers une autre approche de la dimension fantas tique celle de la culture orientale Les personnages de ses r cits visent l approche de la vraie r alit comme l auteur lui m me Cort zar doit avoir aper u un clair de lumi re travers la fissure des murs de la fausse r alit encore emprisonn e dans la dimension du dualisme 68 Julio Cort zar Marelle op cit ch 99 p 467 Julio Cort zar fantastique et mysticisme oriental de Fanfan Chen 179 R f rences ALAZRAKI Jaime From Bestiary to Glenda Pushing the Short Story to its Limits dans Jaime Arazmaki dir Criticial Essays on Julio Cort zar New York G K Hall amp Co 1999 p 133 140 Introduction dans Jaime Arazmaki dir Criticial Essays on Julio Cort zar New York G K Hall amp Co 1999 p 1 20 B LANGER Marcel Julio Cort zar Nuit blanche le magazine du livre n 6 1982 p 20 22 Bessi re Ir ne Le r cit fantastique Paris Larousse 1974 Bozzerro Roger L obscur objet d un savoir Fantastique et science fiction deux litt ratures de l imaginaire Aix en Provence Publications de l universit de Provence 1992 Corr zar Julio Les armes secr tes Paris Gallimard 1963 Le tour du jour en quatre vingts mondes Paris Gallimard 1980 Marelle Paris Gallimard 1966 EnManrH Elizabeth Deeds Sequel to History Postmodernism and t
21. es groupes ou des couples dans diff rentes combinaisons qui sont d termin es par le destin Bien que Cort zar cr e des figures dans ses r cits il ne repr sente pas une relation logique ou analogique entre les personnages ou les objets Pourtant ces l ments sont regroup s Par exemple le caract re du h ros dans le r cit Lettre une amie en voyage n a aucun rapport avec le fait qu il vomisse des lapins Cort zar explique ainsi Omar Prego propos des figures Oui cela fait partie de cette intuition que j ai toujours eue et que j appelle es figures C est dire le fait que des l ments qui selon les lois naturelles n ont aucun lien entre eux ou sont h t rog nes comme par exemple ce radiateur cette table et ce t l phone vont s enchainer instantan ment par certains processus d intuition et aussi de distraction comme dans la philosophie zen vont cr er une sorte de figure qui peut ne pas tre d ordre mat riel Par cette causalit mystique des figures deviennent un l ment important qui unifie et structure les r cits de Cort zar Son roman Les gagnants donne une image des figures les personnages sont regroup s dans un navire car ils ont tous gagn des prix La vie est ainsi un pari ou un jeu Les gens sont li s par le hasard L absence de causalit logique entre les personnages les v nements ou les montages des images ou actions caract rise les r cits de Cort zar chez qui i
22. es livres d habitude et il finit au chapitre 56 l o trois jolies petites toiles quivalent au mot Fin Apr s quoi le lecteur peut laisser tomber sans remords ce 176 e tudes litt raires Volume 42 N 2 t 2011 active La lecture passive d bute par le chapitre 1 et va jusqu au chapitre 56 Il y a au total 155 chapitres Si l on suit cet ordre le roman se termine au chapitre 56 dans lequel la fin est bien marqu e Il ne vaut pas la peine de lire les chapitres dont on peut se passer Le chiffre 56 est ouvert des interpr tations vari es Par exemple dans les chiffres du Yi Jing le 56 peut signifier voyager ou l ou complet harmonie ou ai De m me l auteur a sa propre vision de ce chiffre Par contre si le lecteur accepte l autre facon de lire ce roman et qui est aussi propos e dans le Mode d emploi l ordre des num ros de chapitres est marqu ainsi 73 1 2 116 3 84 4 71 Le Mode d emploi propose de commencer par le chapitre 73 et puis le lecteur trouvera vers la fin de chaque chapitre le num ro du chapitre suivre Ce trouble d ordre et de logique est motiv par la qu te d une r alit de l autre c t Cette qu te de l autre c t de la r alit d un territoire qui rejette la logique aristot licienne ou simplement d une vue innocente du monde qui explique en partie la qualit du Zen qui colore la texture narrative de Marelle Les pisodes qui articulent le rom
23. he Crisis of Representational Time Princeton Princeton University Press 1992 Gonz iez An bal Press Clippings and Cort zar s Ethics of Writing dans Carlos J ALONSO dir Julio Cort zar New Readings Cambridge Cambridge University Press 1998 p 237 257 Hanss Luis et Barbara DoHMANN Into the Mainstream New York Harper amp Row 1967 Julio Cort zar or the Slap in the Face dans Jaime Arazmaki dir Criticial Essays on Julio Cort zar New York G K Hall amp Co 1999 p 33 59 H gerT Francois An Interview with Julio Cort zar dans Jaime ArAznaki dir Criticial Essays on Julio Cort zar New York G K Hall amp Co 1999 p 60 69 O Reniv Maguessa Subversion du rythme Le roman anti lin aire tudes litt raires vol XXIX n 1 t 1996 p 95 103 PrAvrER Terry J Julio Cort zar Boston Twayne Publishers 1990 Ropn cUEz Lurs Julio The Contemporary Praxis of the Fantastic Borges and Cort zar New York amp London Garland Publishing Inc 1991 Si vA Cac nis Ra l L arbre aux figures tude des motifs fantastiques dans l oeuvre de Julio Cort zar Paris L Harmattan 1996 SrAvaNS Ilan Julio Cort zar A Study of the Short Fiction New York Twayne Publishers 1996 Suzuki Daisetz T Manual of Zen Buddbism New York Grove Press 1960 TERRAMORSI Bernard Le fantastique dans les nouvelles de Julio Cort zar Rites jeux et passages Paris
24. l y avait une sorte d acceptation par avance de tout ce que les autres consid raient comme inexplicable comme un hasard ou une coincidence 6 Pr tendu par Cort zar le principe ou la logique mystique qui sous tend ce hasard inexplicable devient un motif num ral dans le taoisme sp cifiquement dans le syst me du Yi Jing Notre travail analytique tente de trouver ce principe derriere les apparences de coincidence et d arbitraire De plus figure le concept r current chez Cort zar comporte galement le sens chiffre Ce seul terme figure traduit bien les id es essentielles du Yi Jing li figure en tant que logique et rh torique xiang figure 53 Voir Amaryll B Chanady Julio Cort zar s Fiction The Unfinished Quest The Antigonish Review n 57 Spring 1984 p 45 53 54 Julio Cort zar Entretiens avec Omar Prego op cit p 154 55 Julio Cort zar Les gagnants Paris Gallimard 1982 56 Julio Cort zar Entretiens avec Omar Prego op cit p 74 Julio Cort zar fantastique et mysticisme oriental de Fanfan Chen e 175 en tant qu image et shu figure en tant que chiffre Cet arbitraire qui n est peut tre qu apparent offre aussi une s rie de chiffres nigmatiques dans l attente de leur d chiffrement Le chiffre en tant que code secret de l univers est essentiel dans le mysticisme taoiste Il s int resse au grand secret de l univers la g n ration et la mutation c est le tao
25. la lumi re de l enseignement du mysticisme oriental elle serait la plus susceptible d ouvrir la porte sur la vraie r alit Ici il s agit des codes mystiques qui voquent le principe de figures ou la notion triangulaire de Cort zar pour ouvrir la porte sur la vraie r alit Pour obtenir le code du grand secret universel il faut toucher l arbitraire et la causalit mystique au lieu de la logique aristot licienne dont se m fie Cort zar Ma notion du temps et de l espace qui d termine la causalit les relations de cause et d effet dans le temps et l espace pour moi ca ne marche pas aussi simplement il y a des causes qui d clenchent des effets absolument impr vus dans la logique aristot licienne et des soi disant effets qui peuvent r pondre tout un syst me de causes qui n est pas celui qui apparemment aurait d termin cet effet l III Absence de la causalit logique une rh torique mystique Cort zar parle de son processus cr atif dans le domaine du fantastique comme proc dant d une exp rience de la transe C est un d part d ordre mystique pour la cr ation de ses textes fantastiques On peut le comparer avec la pr sence imm diate de l absolu dans le zen Aussi Harss et Dohmann le d crivent par un terme bouddhiste Ce que le bouddhisme zen appelle sator une sorte d effondrement explosif vers lui m me Apr s une illumination ph m re l crivain est inspir et en
26. loc cit p 68 25 Julio Cort zar Entretiens avec Omar Prego op cit p 75 76 26 Ilan Stavans Julio Cort zar A Study of the Short Fiction op cit p 82 27 Ibid p 84 28 Julio Cort zar Entretiens avec Omar Prego op cit p 71 29 Ilan Stavans Julio Cort zar A Study of the Short Fiction op cit p 87 166 e tudes litt raires Volume 42 N 2 t 2011 Les critiques emploient souvent l image de l anneau de M bius pour d signer un ordre inconnu o les oppositions se rejoignent et o une harmonie des extr mit s se produit D apr s la vision de l hindouisme vedanta le monde n est que maya CGllusion Dans le bouddhisme zen la vie n est qu un vide mais le vide est la vie Pour les taoistes le monde est en devenir perp tuel Afin de p n trer dans cette r alit mystique il est d abord n cessaire se d tacher d une vision dualiste Cort zar rend cette r alit perceptible par son langage narratif au lieu que ce soit par la pratique religieuse ou par la m ditation chez les maitres mystiques Ainsi la fiction fantastique de Cort zar est elle en mesure de nous faire p n trer dans la r gion qui pour les mysticismes bouddhiques ou tao stes est pourtant inaccessible par la langue II Un fantastique r el les trois sch mes avec l hypersensibilit qui menent au non je La mise en jeu du sens dans les r cits fantastiques de Cort zar est r partie selon trois sch mes du non
27. ment face la r alit qui me vient de ma petite enfance Pour lui des livres doivent tre crits pour mener la r alit laquelle inclut galement l imaginaire En outre l emploi du terme fantastique est plut t un pis aller Le jour o j ai commenc crire des po mes et des contes il me semble qu il tait presque in vitable que cette perm abilit transparaisse Faute de mieux jai employ moi m me le mot fantastique et j ai parl de contes fantastiques Les termes autours du fantastique sont galement probl matiques d apres lui Il y a un probl me de vocabulaire les termes tels que merveilleux fantastique trange surprenant et cetera changent de sens selon leur utilisateur Cort zar illustre son refus de d finition du genre fantastique tout en l illustrant de ses propres r cits ce qui voque la technique du koan zen chez les moines bouddhistes ou l impossibilit de parler du tao chez les ma tres taoistes Ils recourent pour toute explication des histoires des anecdotes qui semblent insens es Cort zar se consid re comme un lecteur qui vit dans l tat permanent de ce que Coleridge a appel la suspension de l incr dulit En tant qu auteur de fantastique il cherche d couvrir et explorer ce qui est plus r el que le monde r el ce qui se situe au del ou en dec de la r alit Le surr alisme est l une des influences lit
28. n gatif et du positif Ce qui s impose dans le r cit fantastique c est l ambiguit entre le naturel et le surnaturel c est ce point de vue qui rend la narration faussement th tique Le r cit fantastique ne semble pas alors la ligne de partage entre le merveilleux et l trange comme le sugg re encore Todorov mais plut t par la fausset voil e le lieu de convergence de la narration th tique roman des realia et de la narration non th tique merveilleux conte de f es Ir ne Bessi re Le r cit fantastique 1974 p 36 37 13 Julio Cort zar Le tour du jour en quatre vingts mondes 1980 p 88 14 La th orie en italien de Strada Vittorio est traduite et cit e par Neil Cornwell dans The Literary Fantastic from Gothic to Postmodernism New York Harvester Wheatsheaf 1990 p 21 15 Fran ois H bert An Interview with Julio Cort zar Jaime Alazraki dir Criticial Essays on Julio Cort zar op cit p 69 164 e tudes litt raires Volume 42 N 2 t 2011 le myst re et le mythe du mysticisme d orient Pour ouvrir ces portes Cort zar a recours au mythe et se situe ainsi dans la dimension du mysticisme Ainsi il essaie alors d effectuer du point de vue occidental avec toutes ses limitations et d fauts impliqu s un saut dans l absolu comme celui du moine du bouddhisme zen ou du ma tre du vedanta Alors que le fantastique borg sien se situe dans une trans textualit mythi
29. n du souffle et l animation de l esprit En g n ral le concept de la r incarnation est accept par le mysticisme oriental Les mes circulent entre les diff rents tres partir des animaux Le souffle et l animation sont souvent li s pour qualifier les peintures et critures qui donnent presque une vie aux couleurs ou aux caracteres qui sont en r alit immobiles Le passage de l inanim l animation appartient au non dualisme Cette esth tique d animation s applique galement au qi gong chi kung et gong fu kong fu o l on imite le souffle et la forme des animaux avec lesquels on communique De facon int ressante Cort zar explique sa proximit avec les animaux Je m prise assez le r gne v g tal parce que l incommunicabilit est totale tandis qu avec les animaux m me ceux qui sont les plus loign s de moi je partage le fait de me nourrir de dig rer de manger etc Si l on suit l enseignement des philosophies des mysticismes comment peut on accepter que notre monde ne soit qu une illusion le maya le vide ou la muta tion si nos sensations visuelles auditives olfactives gustatives tactiles et notre esprit sont tellement concrets et r els Selon le bouddhisme ou l hindouisme l attachement du je vient de la cr dulit vis vis des six connaissances obtenues par ses six sensations Abus par ses sensations l homme croit saisir la r alit de son monde et m me de son univers En
30. n texte du chiffre 3 est la r p tition de la relation en triangle des caract res chez Cort zar Le r cit Tous les feux le feu nous offre non seulement le chiffre 2 le pass et le pr sent mais aussi le chiffre 3 par une m tempsychose des trois caract res travers le non dualisme du temps L idole des Cyclades pr sente le chiffre 3 par des possessions qui alternent dans les trois personnages De m me Marelle met en scene une relation triangulaire des personnages Ceci renvoie la notion triangulaire de Cort zar et la face triangulaire des solides de Platon si l on tient compte de l influence de la m taphysique platonicienne sur Cort zar Dans le m me roman le chapitre 34 est consid r comme une mise en abime du roman entier Ce chiffre 34 fait penser au 7 3 4 et 12 3x4 Le premier est un chiffre important du Mandala C est aussi le chiffre de chance et du Paradis Le deuxi me voque un chiffre symbolique dans les civilisations orientales D abord c est un chiffre du temps douze heures par jour douze signes zodiacaux et douze mois par an Reprenant la m taphysique platonicienne on peut d duire que le chiffre 12 est significatif pour Cort zar car c est le nombre de faces du solide platonicien le plus occulte dod ca dre Parfois il est consid r comme une sph re parfaite ou bien une sph re de l univers Aristote Ce terme sph re est curieusement employ par Cort zar pour expliquer sa vision
31. nes de yin ou de yang pr sentent le principe de non dualisme Dans le cas 30 L id e du scheme ici bas e sur la construction de trigrammes du Yi Jing ressemble celle synth tis e par Jean Burgos Pour une po tique de l imaginaire Paris ditions du Seuil 1982 lorsqu il parle de la po tique de l imaginaire pour modifier les structures et symboles propos s par Gilbert Durand 31 Julio Cort zar Entretiens avec Omar Prego op cit p 116 117 32 Voir Carl G Jung Encountering Jung on Synchronicity and the Paranormal Princeton Princeton University Press 1997 p 79 80 33 Voir Jean Burgos Pour une po tique de l imaginaire Paris ditions du Seuil 1982 34 Voir Gilbert Durand Les structures antbropologiques de l imaginaire Paris Dunod 1992 Julio Cort zar fantastique et mysticisme oriental de Fanfan Chen 167 de Cort zar les trois lignes concernent l individu l espace et le temps Le r el ou l irr el des trois l ments ci dessus dans les r cits de Cort zar repr sente le yin ou le yang La combinaison de l alternative r el irr el dans chaque l ment forme un trio comme un trigramme du Yi Jing Par exemple individu irr el dont l action se passe dans l espace irr el et le temps r el forme un trigramme de yin yin yang Des permutations possibles du trio d rivent huit combinaisons 8 tant aussi un chiffre mystique dans le Yi Jing les huit trigrammes de base qui d rivent de l op r
32. nt souvent ses textes fan tastiques comme des chefs d oeuvre du genre c est dire qu ils rel veraient d un fantastique paradigmatique selon la th orie todorovienne Donc les uvres de Cort zar sont facilement et parfois faussement recues comme s inscrivant dans le cadre d un fantastique occidental Et par cons quent les lecteurs et les critiques ignorent la part mystique et orientale pr sente dans ses r cits Cort zar n est pas explicitement int ress par la connaissance rudite de la culture orientale comme Jorge Luis Borges et ceci bien qu une grande partie de ses connaissances propos du mysticisme oriental lui ait t transmise par la lecture de Borges surtout le bouddhisme zen et le vedanta Mais son esprit naturellement enjou libre et anti intellectuel lui rend accessible la quintessence du mysticisme oriental Ce qui d plait Borges chez Cort zar l exp rimentation spontan e est en fait la qualit principale des r cits de Cort zar ils offrent une fissure fantastique et la possibilit d apercevoir l piphanie du mysticisme oriental En effet Cort zar r v le le secret de son criture par son appr ciation de l esprit oriental qu il rapproche de la libert et de la l geret du jazz Je d teste les recherches solennelles Ce que j aime par dessus tout chez les maitres du zen c est leur manque complet de solennit Les apercus les plus profonds sortent parfois d une plaisanterie
33. ouleur et les sons pour tablir un pont entre deux dimensions L odeur de l h pital se retrouve dans un autre monde relay e par l odeur du marais Lettre une amie en voyage surprend ses lecteurs par l ali nation de la sensation gustative Le h ros du r cit vomit un lapin par jour et vient se suicider pour chapper cette catastrophe sortie de sa bouche Une atroce sensation tactile se trouve dans le r cit Les armes secr tes Le rapprochement des corps sert relier le pr sent au pass Il relie le h ros Pierre et le fant me d un nazi qui le hante et qui a viol son amie Mich le pendant l Occupation Pierre aime Mich le qui l aime La sensation tactile catalyse une confusion dans l individu Pierre qui d rive galement d une faille temporelle Inversement ce temps d routant tel que Cort zar le m taphorise par une figure li e la violence et la sensation tactile Le temps est un battement plein de bave et de coups de fouet Ce qui renvoie une double violence dans le r cit qui se termine par une r p tition du viol lorsque le fant me ancien domine le je de Pierre ce qui produit des effets de fantastique sp cifiques Il est clair que dans les textes de Cort zar les sensations conduisent l individu vers une dimension surnaturelle Cette m tamorphose sensorielle repr sent e dans le r cit illustre la vision d une mutation permanente des sensations humaines comme cela se manifeste dans le m
34. poursuit l cho par l criture Ce d part mystique se retrouve dans son criture o l on remarque souvent une absence de cause et d effet logique Dans ses r cits la d signation des personnages la voix narrative l espace temps la construction la fiction l homme et l animal l homme et son autre et tout ce qui a lieu de facon arbitraire n ont d explication ni logique ni psychanalytique Tout est agi selon une causalit autre S appuyant sur son exp rience inexplicable et vision fugitive personnelle le style unique de Cort zar renvoie une esth tique nourrie de l exp rience mystique La pr sence m taphysique sous jacente dans les r cits fantastiques de Cort zar r vele une inspiration orientale D ailleurs Cort zar a essay d associer cette m ta physique occulte au sacr et la pens e orientale malgr un ton incertain 47 Je traduis 48 Cit dans Bernard Terramorsi Le fantastique dans les nouvelles de Julio Cort zar Rites jeux et passages op cit p 17 49 Ilan Stavans Julio Cort zar A Study of the Short Fiction op cit p 76 50 Luis Harss and Barbara Dohmann Julio Cort zar or the Slap in the Face loc cit p 47 Julio Cort zar fantastique et mysticisme oriental de Fanfan Chen e 173 Peut tre la m taphysique et le sacr s entrecroisent Je ne sais pas Peut tre Dieu est pr sent et je ne le sais pas Et peut tre ce que l on appelle religion et m taphysique s
35. que au plan intellectuel et g om trique l europ enne le fantastique de Cort zar veut ouvrir une dimension au del du dualisme Le fantastique de Cort zar est la fois mythique et mystique Selon Roger Bozzetto tout au long de son itin raire intellectuel et pour tenter de garder authentique sa d marche contre les intellectualismes raisonneurs et les dogmatismes id ologiques Cort zar puisera dans l impens qu il rapproche de l archaique Le conte fantastique il le voit comme une recherche des latences de la psych profonde au sein d un myst re Pour illustrer cette psych profonde au sein d un myst re Bozzetto cite le rapport entre l exp rience du r ve ou du cauchemar et l criture du fantastique Ce que Cort zar a explicit lui m me Maison occup e provient d un cauchemar J ai r v Maison occup e C est l un espace privil gi pour le mysticisme oriental et qui se retrouve dans la psychologie jungienne ou l imaginaire bachelardien et se place au del de la perception dualiste Cort zar en se r f rant au conte de Zhuang Zi sur le r ve et le papillon dit avec humour propos du r ve et de la veille Nous connaissons d j les limites entre le r ve et la veille il vaut mieux demander un philosophe chinois ou un papillon Comme les tao stes et le bouddhisme zen qui utilisent un langage simple Cort zar vite un style artificiel et fabriqu dans ses r cits fantas
36. r le livre j tais tr s impressionn par la notion Mandala car j avais lu beaucoup de livres d anthropologie et surtout de religion tib taine D ailleurs j avais t en Inde et vu beaucoup de reproductions de mandalas japonais et indiens Le jeu de Marelle est en substance un jeu de hasard Ce hasard se retrouve dans les modes de lecture du roman o l auteur offre deux mani res de lire dans Mode d emploi L une classique lecture passive l autre r volutionnaire lecture 57 Julio Cort zar Marelle Paris Gallimard 1966 58 Ilan Stavans consid re le roman Marelle Rayuela comme l un des deux chef d uvre du XX siecle de l Am rique du Sud l autre est Cent ans de solitude de Gabriel Garc a M rquez Voir Ilan Stavans Justice to Julio Cort zar Southwest Review vol 81 n 2 1996 p 288 59 Julio Cort zar Entretiens avec Omar Prego op cit p 246 60 Elizabeth Deeds Ermarth Sequel to History Postmodernism and tbe Crisis of Representational Time 1992 p 126 voir aussi Ra l Silva Cac res L arbre aux figures tude des motifs fantastiques dans l uvre de Julio Cort zar 1996 61 Luis Harss and Barbara Dohmann Julio Cort zar or the Slap in the Face loc cit p 39 62 Mode d emploi sa fa on ce livre est plusieurs livres mais en particulier deux livres Le lecteur est invit choisir entre les deux possibilit s suivantes Le premier livre se lit comme se lisent l
37. revanche si l homme peut franchir la fronti re du monde r el et apercevoir l incertitude d une de ses sensations il peut douter de ses connaissances et m me de sa propre identit Et la mise en scene de nos sensations dans le fantastique de Cort zar offre un point critique la mise en question la v rit de l individu Ainsi par les sensations des personnages et par la construction de l espace temps dans le texte nous franchissons le seuil d termin par la vision dualiste Pour lui le fantastique est aussi r el que la soi disant r alit C est seulement des moments interstitiels Quand il y a une irruption fantastique soit dans ma vie soit dans un conte que j cris le c t fantastique est plus r el que la r alit Cort zar partage par ses textes ses exp riences de l interstice fantastique avec le lecteur Dans la plupart des cas les r cits sont centr s sur la mutation ou l ali nation d une sensation principale renforc e par la combinaison d autres sensations Prenons Continuit des parcs comme exemple Le personnage il est poss d par la lecture du roman C est un effet de l esprit le dernier des six sens du bouddhisme Ce fonctionnement de l esprit la lecture devient pourtant trange et insaisissable C est par le biais de cette lecture obs d e que le personnage 43 Voir Fanfan Chen La peinture dans l criture fantastique chinoise Trans n 2 2006 en ligne http
38. rtes qu plusieurs occasions il a vues entrouvertes pendant quelques secondes fugitives Insistant sur la suspension de l incr dulit propos e par Coleridge Cort zar crit des textes effets de fantastique qui cherchent d busquer le r el derri re la r alit dite normale Cette fonction attribu e au r cit fantastique rechercher une r alit plus r elle correspond la d finition du fantastique propos par Strada Vittorio dont la th orisation du fantastique s appuie sur la m taphysique platonicienne Il voit le fantastique comme une forme de conscience d tre dans la grotte la d couverte d une dimension nigmatique et probl ma tique de notre humanit Comme Cort zar d clare qu il tait profond ment touch par les vols m taphysiques de Platon une vision platonicienne du genre fantastique conviendra bien la compr hension des contes de Cort zar teint s par 12 Alors que Todorov r duit la d finition du fantastique un moment ph m re d h sitation Bessi re reprend chez Sartre les termes de th tique et non th tique afin de montrer le caract re antinomique du r cit fantastique Le r cit merveilleux est non th tique il n affirme pas la r alit de ce qu il repr sente Au contraire le r cit fantastique est th tique lorsque la r alit pos e est une fausse hypoth se car la narration fonde le jeu du rien et du trop du
39. t raires de Cort zar mais ce n est pas la voie qui conduit pour lui au r el qu il tente d appr hender par ses r cits fantastiques C est plut t l enchantement du mysticisme oriental entre autre le bouddhisme zen le vedanta et le taoisme qui lui permet un chemin vers ce r el par le biais de la narration fantastique afin de raconter ses contes d un ordre secret et moins transmissible Une lecture saisissant l esprit et la po tique de Cort zar la d couverte de cette dimension hors de la grotte est plus accessible sous un angle plus haut large et aigu du mysticisme oriental D ailleurs une interpr tation psychologique et cart sienne de ses ceuvres lui d plait La structure du fantastique de Cort zar est bas e sur une mise en question du syst me binaire sujet objet afin d aboutir une sorte d aura comme effet de la pr sence du non dualisme une troisi me vision au del du syst me binaire Le fantastique se pr sente d une mani re que nous pouvons appeler interstitiel qui entre en glissant entre deux moments ou entre deux actes afin de nous permettre d entrevoir un bref instant dans le m canisme binaire typique de la raison humaine la possibilit latente d une troisi me fronti re d un troisi me il comme il apparait d une facon si significative dans quelques textes orientaux 23 Julio Cort zar Entretiens avec Omar Prego op cil p 72 24 Fran ois H bert An Interview with Julio Cort zar
40. t cas c est une esp ce d immense ponge pleine de trous et par ces trous il se glisse tout le temps des l ments qui la font basculer Cest ce moment l o je sens arriver ce qui dans mes contes prend un c t fantastique Evelyn Picon Garfield pr f re l appeler une r alit de fromage suisse Trous ou bien portes l essentiel est de trouver un moyen pour y acc der Bien que l on approche le non dualisme selon trois sch mes le non dualisme de l espace et du temps concerne l individu Donc le je est un l ment d cisif Mais on ne peut pas comprendre le non dualisme sans faire r f rence au dualisme C est pourquoi le principe qui construit le trigramme fondamental du Yi Jing est le duo yin yang De mani re parall le on ne peut pas atteindre le non je sans connaitre le je Dans ses r cits Cort zar part des six sensations les cinq sensations plus l espriO de l homme afin de voir l illusion dans le je Comme nous l avons dit le fantastique pour Cort zar se nourrit de la nostalgie de ne pas pouvoir ouvrir la porte qui reste pourtant entrouverte Pour lui il s agit d un moment interstitiel Si l criture fantastique classique occidentale r side dans le dualisme c est parce que l effet cr est immobile Une cohabitation du discours naturel et surnaturel reste toujours binaire ceci n est point un tat non dualiste En revanche l effet du fantastique de Cort zar lequel s
41. t de fantastique Le r cit Maison occup e servira d exemple L espace du sujet est ici une entit organique et dynamique qui subit une mutation et devient une menace Une force invisible occupe la maison du fr re et de la s ur Cette maison n est plus un espace physique et statique Le fr re narrateur autodi g tique raconte sans h sitation et sans path tique comment lui et sa soeur sont menac s et forc s de quitter leur grande maison occup e par on ne sait quoi Cette force inconnue rend la maison productrice d un espace qui surpasse l attribut de l espace habituel et devient un espace anim m me d vorant D apr s Bernard Terramorsi ce r cit offre un espace inqui tant Cet espace est comme une mere maison qui d vore le fr re et la s ur Il figure aussi un labyrinthe troublant Le rapport entre l espace et les individus reprend celui entre l espace et le corps La vitalit perdue des personnages renvoie la vitalit de la maison 35 Au commencement il y a le yin et le yang Puis les deux composantes se recombinent pour produire quatre nouvelles associations yin yin yang yang yin yang yang yin consid r s comme l quivalent des quatre l ments classique en Occident Mais c est les 8 combinaisons de base en trigrammes qui forment les combinaisons exhaustives de 64 hexagrammes Ces huit trigrammes sont yang yang yang yang yang yin yang yin yang yin yang yang yin yang yin yin yin yang yang yin
42. ternance Somoza Morand et Teresa changent le r le d agresseur et de sacrifi sous la possession mystique de la statue d une d esse Les personnages de Cort zar semblent alors changeables ils peuvent tre consid r s comme des sch mes philosophiques ou des concepts 51 Fran ois H bert An Interview with Julio Cort zar loc cit p 69 52 Luis Harss et Barbara Dohmann Into tbe Mainstream op cit p 236 174 e tudes litt raires Volume 42 N 2 t 2011 L auteur exasp re les sensations r elles de la r alit quotidienne pour entra ner l hypersensibilit de ses personnages afin de diluer leur identit qui est l origine un vide ou la maya L id e de groupe est li e aux autres l ments de l univers Dans un groupe un individu se m tamorphose en un autre comme les personnages des r cits On peut tout simplement prendre le r cit Continuit des parcs pour illustrer cette id e Le lecteur il se transforme en un autre il qui est le lecteur dans le roman ench ss dans le r cit Ou bien le je devient il dans Axolotl Un nom peut aussi se m tamorphoser en un pronom personnel comme l change de nom d Alina en elle dans le r cit La lointaine C est une perp tuelle permutation qui se produit entre les tres les choses et les indi vidus repr sent s Les personnages sont tous li s dans une sorte de constellation humaine ils forment d
43. tiques Il se diff rencie ainsi du fantastique de Lovecraft qu il trouve compl tement fabriqu et artificiel Il s appuie aussi sur le merveilleux En fait Cort zar n est pas satisfait par la distinction entre le merveilleux et l trange propos par Todorov Il rejette ces distinctions mais refuse d offrir sa propre d finition De plus l h sitation todorovienne est rarement un effet fantastique chez lui comme le constate Rodr guez Luis propos des contes qui suivent Bestiario Au lieu de donner une d finition Cort zar parle du sentiment et de la sensation qui m nent au fantastique Je ne pars d aucune conception intellectuelle Tout au contraire Je pars de ce que j appellerais plut t un 16 Luis Harss and Barbara Dohmann Julio Cort zar or the Slap in the Face oc cit p 50 17 Roger Bozzetto L obscur objet d un d sir Fantastique et science fiction deux litt ratures de l imaginaire 1992 p 140 18 Julio Cort zar Entretiens avec Omar Prego op cit p 76 19 Ilan Stavans Julio Cort zar A Study of the Short Fiction op cit p 77 20 Voir Ernesto Gonzalez Bermejocit Conversaciones con Cort zar Barcelona Edhasa 1978 p 42 cit dans Terry J Peavler Julio Cort zar op cit p 18 21 Id 22 Julio Rodr guez Luis The Contemporary Praxis of tbe Fantastic Borges and Cort zar 1991 p 78 Julio Cort zar fantastique et mysticisme oriental de Fanfan Chen e 165 senti
44. yin yin yin yin 36 Bernard Terramorsi Ze fantastique dans les nouvelles de Julio Cort zar Rites jeux et passages 1994 p 25 26 168 e tudes litt raires Volume 42 N 2 t 2011 Le sch me du temps met en crise l alternance entre le pr sent et le pass Tout en d fiant la logique lin aire du temps habituel le temps non dualiste devient lui m me un personnage fantastique Ce n est pas une alternance produite par la perception obs d e d un individu ou par le r ve Si cette alternance avait une apparence de r ve on serait finalement jet dans l embarras comme dans le r ve du papillon de Zhuang Zi le pr sent peut tre le r ve du pass propos de contes de Cort zar Alazraki met en lumi re sa dialectique entre le r ve et la r alit ainsi Il y a ici une r verb ration de la vieille sagesse nonc e par Shakespeare Life is a dream Il y a aussi un cho du dilemme qui a troubl des g n rations de lecteurs chinois tait il Chuang Tzu qui a r v qu il tait un papillon ou tait il un papillon r vant qu il tait Chuang Tzu Une troisi me lecture montre la confrontation de deux civilisations l une essaie de comprendre l autre l autre apparait infailliblement comme un r ve de l autre On peut citer comme exemple l histoire de La nuit face au ciel narr e par un narrateur h t rodi g tique On nous d crit un personnage il un motocycliste bless et envoy dans
45. ysticisme oriental Ce dernier insiste sur le fait que rien dans l individu n est digne de confiance y compris le savoir intellectuel C est ainsi que des doutes du regard et la connaissance par les livres surviennent pendant la m ditation du h ros dans Axolotl qui entrouvre l interstice et rend trange m me surnaturelle une situation Cela se retrouve dans la fascination ou la possession des personnages dans plusieurs r cits tels que Continuit des parcs Les fils de la vierge ou Les armes secr tes La vision du monde se forme et se d forme selon le d sir l esprit ou le mental de sorte que le r el peut se pr senter comme la fiction et la fiction comme le r el C est ainsi que l on arrive la proposition o la vie est la mort et la mort est la vie Une anecdote du bouddhisme zen est comme un cho au doute qui structure le fantastique de Cort zar 46 Julio Cort zar Les armes secr tes 1963 p 215 172 e tudes litt raires Volume 42 N 2 t 2011 Lorsque le ma tre zen tient un discours aux disciples un drapeau qui flotte au vent distrait un des disciples Ce ma tre lui demande pourquoi le drapeau flotte t il Est ce que c est le drapeau qui remue le vent qui remue ou ton esprit qui remue Si l on te les sensations qu est ce qui demeure Une me peut tre Et si cette me n appartient pas seulement au je de cette vie de cet espace et de ce temps
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