Tout se joue-t-il à l`école primaire ? Non, mais…
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1. cole primaire du XXT si cle a r ussi le tour de force de ne gu re parler des cycles Ce sont d autres pays qui instituent et g n ralisent des cycles d apprentissage pluriannuels la Belgique le Qu bec la Suisse pour rester dans la Francophonie certains tats am ricains ou br siliens Les cycles ne sont pas une fin en eux m mes J ai ce sujet d velopp neuf th ses Perrenoud 2002 a 1 Un cycle d apprentissage n est qu un moyen de faire mieux apprendre et de lutter contre l chec scolaire et les in galit s 2 Un cycle d apprentissage ne peut fonctionner que si les objectifs de formation vis s en fin de parcours sont clairement d finis Ils constituent le contrat pour les enseignants les l ves et les parents 3 Il importe de d velopper dans les cycles pluriannuels plusieurs dispositifs ambitieux de p dagogie diff renci e et d observation formative 4 La dur e de passage dans un cycle doit tre standard pour forcer diff rencier selon d autres dimensions que le temps et ne pas favoriser un redoublement d guis 5 Un espace temps de formation de plusieurs ann es ne peut atteindre ses buts que si les d marches et les situations d apprentissage sont repens es dans ce cadre 6 l int rieur d un cycle les enseignants s organisent librement et diversement Le syst me leur propose des outils titre indicatif balises interm diaires mod les d organisation du2. on attend encore de certains internats ou autres bo tes bachot couper les l ves du monde et exercer la pression voire la r pression n cessaires pour qu ils acceptent de travailler Cette strat gie n est absolument pas ad quate s agissant d enfants dont les probl mes sont bien plus graves Certes l cole pourrait r ver d une soci t o la construction de la personne serait enti rement l affaire des familles qui enverraient en classe des enfants bien dans leurs baskets panouis solides la fois autonomes et socialis s aimables s int grant facilement un groupe ne manquant d aucun rep re ayant soif d apprendre et pr ts travailler pour r ussir Les professeurs d cole ou de coll ge qui ne se sentent l aise qu avec de tels l ves se sont tromp s de m tier L cole s empare des enfants d s leur plus jeune ge Elle ne saurait d s lors refuser de faire une partie du travail qu assument les familles et les communaut s dans les soci t s sans cole L cole fait partie de la vie des enfants il n y a aucune raison que leur ducation soit pr alable ou se fasse en dehors des heures de classe alors qu ils passent chaque semaine autant d heures avec leurs ma tres qu avec leurs parents Or duquer ce n est pas noncer des r gles de conduite et promettre des sanctions c est donner chacun les moyens de se d velopper et d tablir des rel
3. te beaucoup moins cher que l enseignement secondaire alors que c est un maillon strat gique dans la lutte contre les in galit s Dans de nombreux pays le m tier d enseignant primaire reste moins consid r moins pay que le m tier de professeur et exige des tudes moins longues La France en mettant professeurs d cole de coll ge et de lyc e sur pied d galit a indiqu le chemin Reste accomplir la m me mutation pour l institution elle m me Non pas en faisant une r forme de plus mais en investissant davantage de forces et de moyens dans l accompagnement la formation l innovation la recherche bref en p rennisant sous des formes inventer l aventure de la Charte 17 Ni la recherche ni l exp rience des mouvements p dagogiques n apportent de solutions toutes faites imm diatement utilisables large chelle Mais elles contribuent faire voluer nos repr sentations Le vrai d fi est aujourd hui strat gique et logistique quels dispositifs d innovation et de recherche construire pour d passer l affirmation du souhaitable et progresser dans les savoirs et les pratiques d enseignement et d apprentissage Nul ne s attend ce que les travaux engag s dans le cadre de la Charte aient r solu tous les probl mes Deux questions doivent tre pos es 1 Sur quels points a t on progress 2 Comment continuer Tout bilan peut se fixer pour double objectif de reconna tre le ch
4. L cole devrait cesser de traiter comme des handicap s ou des r fractaires ceux qui ne sont pas tomb s d s leur naissance dans le chaudron de la culture scolaire et ne voient pas le sens de ce qu on leur enseigne Nul n ignore aujourd hui que les chances de r ussite scolaire varient fortement selon les classes sociales Mais cela reste souvent une abstraction d connect e de cette vidence quotidienne certains l ves ne comprennent pas ce qu ils font l ce qu on attend d eux pourquoi il importe d apprendre la diff rence entre un trap ze et un losange de tout conna tre de l origine des glaciers de s int resser la vie au Moyen ge ou de savoir identifier les constituants de la phrase Se d mocratisant s ouvrant et s imposant tout l cole a oubli d expliquer quoi sert la culture Comme les parents elle se borne trop souvent prof rer des menaces Si tu ne veux pas devenir ch meur ou man uvre travaille bien l cole Pense t on vraiment que la peur d tre ch meur quinze ou vingt ans plus tard suffise donner envie d apprendre sept ou dix ans L cole doit relever autrement le d fi du rapport au savoir se donner les moyens de lier les savoirs scolaires n1 th oriques n1 pratiques dit Astolfi 1982 soit un effort de compr hension du monde la vie la cr ation de l univers soit un d sir de ma trise pratique Il y a plusieurs fa ons de donne
5. de celui qui reste parcourir ces informations guidant ce que Tardif 1992 a appel un enseignement strat gique 8 FONDER L APPRENTISSAGE DE LA CITOYENNETE ET DE LA DEMOCRATIE SUR LA PRATIQUE DU DEBAT ET DE LA DECISION NEGOCIEE Restaurer la Loi promouvoir l ducation la citoyennet fort bien Mais comment Certainement pas en introduisant une heure de citoyennet dans la grille horaire ni en multipliant les injonctions morales ou civiques hors de tout contexte Le d veloppement de la citoyennet se joue dans deux registres compl mentaires a Dans la gestion des incidents critiques qui manifestent un manque de solidarit de tol rance de justice au sein de la classe ou de l cole Il faut s autoriser suspendre le travail en cours pour traiter de l essentiel ou renvoyer les r gulations une institution interne comme le conseil de classe Si la citoyennet n est pas un enjeu pragmatique dans la vie scolaire comment esp rer qu elle soit prise au s rieux 14 b Dans le rapport au savoir et au d bat Le respect de l identit et de la parole de l autre peut et doit se construire dans le champ des savoirs dans la conduite de recherches et de projet dans la rigueur du raisonnement l argumentation et la construction des faits Dans les deux cas il faut prendre et non pas perdre du temps renoncer d vorer les savoirs de fa on boulimique apprendre en d battre e
6. ditions Logiques 20
7. et ad quats ce stade du cursus on devra les engager d autres phases de la scolarit ou de la vie dans une mesure bien plus forte et bien moins efficace lorsque le d faut de formation fondamentale conduira la pauvret au d sespoir la marginalit la violence Le spectacle du monde devrait suffire nous convaincre que l instruction ne garantit pas la vertu que le crime organis les guerres l exploitation de l homme par l homme ne sont pas le fait d ignorants Il reste qu une partie des malheurs d aujourd hui t moigne d un d faut de scolarisation La citoyennet suppose condition n cessaire sinon suffisante l acc s la raison l crit l expression l argumentation la pens e formelle L cole parvient assez bien d velopper ces qualit s chez les enfants qui viennent d un milieu favoris classes sup rieures ou classes moyennes Elle n y r ussit pas aussi bien et aussi souvent pour les enfants des classes populaires S il faut changer l cole et d abord l cole primaire ce n est pas parce qu elle est inefficace pour tous c est parce qu elle ne tient pas ses promesses l gard de ceux qui ont le plus besoin d elle Les artisans de la Charte pour l cole du XXT si cle ont eu l immense m rite de reconna tre le probl me et de s y attaquer en mobilisant les acteurs du terrain au sein de tr s nombreuses coles d
8. moriser et int grer de nouvelles donn es ou nous livrer aux innombrables essais et erreurs sans lesquels certains apprentissages ne progressent pas Les travaux sur les histoires de vie montrent que les checs dans l appropriation des connaissances scolaires laissent des traces que le rapport au savoir des exclus du syst me ducatif devient au fil des ann es moins Courriel Philippe Perrenoud pse unige ch Internet http www unige ch fapse SSE teachers perrenoud Laboratoire Innovation Formation Education LIFE http www unige ch fapse SSE groups LIFE 1 curieux plus paresseux parfois plus d faitiste voire cynique Au gr des d sillusions l l ve en chec perd cette estime de soi sans laquelle nul ne se risque apprendre s r qu il n y r ussira pas Bourdieu soulignait d s ses premiers travaux la fa on donc l cole parvient convaincre les enfants en difficult et leurs parents de leur indignit culturelle les persuadant que leurs propres limites taient les seules responsables de leur chec que la p dagogie n y pouvait rien Nous savons maintenant que l indiff rence aux diff rences Bourdieu 1966 n est pas fatale que le d sir d apprendre s il n est pas spontan ment au rendez vous peut tre stimul que tous les l ves sont capables d apprendre si on les place dans de bonnes conditions Tout cela commence d s l cole maternelle Comme dit le proverbe mieux
9. parents ont peu de raisons de souscrire une recentration du curriculum sur un petit nombre d objectifs fondamentaux La conjoncture actuelle contre la p dagogie pour les savoirs ne favorise pas ce mouvement de recentration Le d fi ne sera relev qu au prix d un double effort un effort de solidarit la prise de conscience que dans une soci t le r le de l cole en particulier de l cole primaire est d lever le niveau de tous plut t que d anticiper sur la comp tition pour les postes et les places dans la soci t un effort d explication pour montrer que l accumulation de savoirs n est pas le gage d un esprit pr par faire des tudes longues que tous les enfants gagneraient apprendre d abord r fl chir argumenter formuler des hypoth ses avant de th sauriser des savoirs comme des d p ts sur un compte en banque S en tenir un nombre limit d objectifs fondamentaux n induit nullement une baisse de niveau bien au contraire Dire que l enseignement des math matiques a pour but de 6 d velopper la capacit de comprendre de poser et de r soudre des probl mes math matiques ou de math matiser des situations ou des probl mes de la vie c est viser tr s haut De telles comp tences exigent videmment des concepts et des savoirs mais leur importance strat gique importe davantage que leur nombre quoi sert il de savoir transformer des centim
10. pertinence du diagnostic l intensit et la continuit de la prise en charge p dagogique l individualisation calcul e des parcours une collaboration serr e avec les parents Il faut pour cela jouer sur une diversit de dispositifs groupes de soutien de besoins de projets modules etc et accepter enfin que la justice consiste accorder les ressources les plus pointues et les plus substantielles en priorit ceux qui en ont le plus urgent besoin On perd trop souvent de vue le fait que l cole primaire comme la scolarit obligatoire dans son ensemble a pour mission principale d amener fous les l ves un niveau de culture g n rale suffisant pour aborder la vie et la formation professionnelle L important n est pas de pousser les l ves dou s avancer aussi vite que possible ni de les pr parer pr cocement aux tudes longues au d triment des moins favoris s La priorit devrait aller au niveau moyen d instruction et la r duction des carts au sein de chaque g n ration Cela plaide pour une valuation essentiellement formative m me lorsqu elle proc de par bilans Perrenoud 1998 Il n importe pas de classer encore moins de trier pr matur ment les l ves mais d aider chacun progresser vers les objectifs de formation La comparaison entre l ves n a gu re d int r t dans le contexte d une p dagogie diff renci e seul compte la mesure du chemin parcouru et
11. qui s y joue commande dans une large mesure la suite des v nements Ne pas apprendre lire couramment l cole primaire ne condamne pas demeurer illettr toute sa vie mais un apprentissage tardif de la lecture est nettement plus difficile souvent humiliant et il est subordonn des circonstances particuli res Les adultes pour lesquels l cole obligatoire n a pas tenu ses promesses ne trouveront pas tous durant leur vie la conjoncture la rencontre le d clic susceptibles de les re mettre dans une dynamique d apprentissage Reprendre ses tudes de base 25 ou 35 ans n a rien de simple aussi souhaitable soit il dans une soci t qui installe dix pour cent des adultes les moins scolaris s dans le ch mage ou d autres formes d exclusion Se soucier de l cole primaire devrait donc tre la pr occupation majeure des gouvernements C est h las loin d tre le cas Dans de tr s nombreux pays les enseignants du primaire ne jouissent ni du prestige ni du revenu des enseignants secondaires sans doute parce que l on estime que pour s occuper de petits enfants il n est 2 pas n cessaire d tre bien savant La France peut s enorgueillir de former tous ses enseignants bac 5 en IUFM Il n est pas s r que le statut symbolique des enseignants primaires et secondaires soit quivalent mais l galit des niveaux de formation et de r mun ration est un pas de g ant Nombre d
12. se jouer des obstacles Pour les enfants issus de milieux favoris s l cole est souvent la simple auxiliaire de l ducation familiale les parents pourraient se passer d envoyer leurs enfants en classe et les instruire eux m mes s ils n avaient mieux faire dans la vie Il en va tout autrement pour les enfants les plus distants de la culture scolaire La p dagogie au sens large incluant tous les dispositifs didactiques est alors la seule m diation qui puisse organiser une rencontre f conde entre l l ve et les savoirs scolaires De plus sans p dagogie pas de p dagogie active constructiviste coop rative diff renci e Peut tre est ce justement ce que souhaitent ceux qui se proclament eux m mes antip dagogues Les enseignants primaires qui h ritent de la diversit des ducations familiales et des pr dispositions culturelles sont les premiers comprendre que le culte du savoir et de l autorit ne font pas de miracles qu apprendre est un travail que nul ne consent durablement s il n y trouve du sens Or le sens pour un 12 l ve c est d abord d tre confront des t ches sa mesure c est ensuite de comprendre quoi servent les efforts qu on exige de lui La p dagogie diff renci e n est pas une m thode particuli re c est une organisation du travail une didactique et un contrat qui rendent probable et f conde la rencontre des l ves et des savoirs D
13. sera loin de suffire Le syst me est confront plusieurs probl mes a Comment m me si les recherches sont encore en cours stabiliser une partie de leurs acquis l chelle du syst me ducatif autrement dit entra ner l ensemble des enseignants et des tablissements dans le changement b Comment instituer des instances de pilotage n goci dessinant une r forme globale acceptable partir des exp riences souvent partielles et fort diverses conduites sur le terrain c Comment d finir un cadre g n ral pour l cole primaire au del des programmes un cadre m nageant une r elle autonomie des tablissements et des enseignants sans autoriser pour autant le statu quo ou les p dagogies conservatrices d Comment proposer le changement ceux qui n ont pas particip sa gen se et le re oivent comme une injonction venue d en haut m me si le haut ne fait que r percuter des innovations d velopp es la base Comment l accompagner de fa on ferme et progressive la fois 18 On voit quel point il serait na f de croire qu ayant fait un sensible effort pour l cole primaire le syst me ducatif peut se rendormir sur ses lauriers Les travaux li s la Charte devraient la fois nourrir certaines d cisions large chelle et engendrer d autres exp rimentations d autres recherches collaboratives d autres dispositifs innovants REFERENCES Astolfi J P 1992 L
14. travail et de groupement des l ves outils de diff renciation et d valuation 7 Ilest souhaitable qu un cycle d apprentissage soit confi une quipe p dagogique stable qui en soit collectivement responsable durant plusieurs ann es 8 Les enseignants doivent recevoir une formation un soutien institutionnel et un accompagnement ad quats pour construire de nouvelles comp tences 9 La qu te d un fonctionnement efficace en cycles est une longue marche consid rer comme un processus n goci d innovation qui s tale sur plusieurs ann es L enseignement secondaire emp tr dans ses d coupages disciplinaires et la sacro sainte grille horaire prouve quelque mal ne serait ce qu imaginer un v ritable fonctionnement en cycles pluriannuels l cole primaire partir des exp riences des pionniers Maison des Trois Espaces 1993 et des nombreuses circonscriptions qui ont 16 pris la loi d orientation de 1989 au s rieux sur la base de programmes con us pour des cycles pluriannuels rien ne s oppose une r ouverture du chantier large chelle Pourquoi des cycles Le Groupe de pilotage de la r novation de l enseignement primaire Gen ve 1999 a identifie cinq raisons 1 Des tapes plus compatibles avec les unit s de progression des apprentissages 2 Une planification souple des progressions une diversification des cheminements 3 Une plus grande flexibilit quant la
15. travail scolaire Paris ESF 4 d 2000 Perrenoud Ph 1997 a Construire des comp tences d s l cole Paris ESF 3 d 2000 Perrenoud Ph 1997 b P dagogie diff renci e des intentions l action Paris ESF 2 d 2000 Perrenoud Ph 1998 L valuation des l ves De la fabrication de l excellence la r gulation des apprentissages Bruxelles De Boeck Perrenoud Ph 2001 a D velopper la pratique r flexive dans le m tier d enseignant Professionnalisation et raison p dagogique Paris ESF Perrenoud Ph 2001 b G rer le temps qui reste l organisation du temps scolaire entre pers cution et attentisme in St Jarre C et Dupuy Walker L dir Le temps en ducation Regards multiples Sainte Foy Presses de l Universit du Qu bec pp 287 315 Perrenoud Ph 2002 a Les cycles d apprentissage Une autre organisation du travail pour combattre l chec scolaire Sainte Foy Presses de l Universit du Qu bec Perrenoud Ph 2002 b Espaces temps de formation et organisation du travail in N voa A dir Espa os de Educa o Tempos de forma o Lisboa Funda o Calouste Gulbenkian pp 201 235 Roegiers X 2000 Une p dagogie de l int gration Comp tences et int gration des acquis dans l enseignement Bruxelles De Boeck Tardif J 1992 Pour un enseignement strat gique Montr al Editions Logiques Tardif J 1999 Le transfert des apprentissages Montr al
16. vaut donc ne pas remettre demain ce qu on peut faire le jour m me Assurer la r ussite de tous l cole primaire est un enjeu majeur des politiques de l ducation ou devrait l tre En pr cisant que la r ussite se mesure aux acquis r els et non des indicateurs comme le redoublement ou le retard scolaire que l on peut modifier sans toucher au niveau de formation Certes la ma trise des savoirs enseign s l cole primaire n assure pas la r ussite ult rieure dans les fili res les plus s lectives du second degr De plus chacun ne cesse d oublier souvent faute de s en servir ce qu il a parfois laborieusement assimil en classe On ne conna t cependant gu re de personnes qui ont d sappris lire crire compter ou raisonner du moins si ces capacit s taient bien install es L entreprise ducative reste tr s difficile Les apprentissages ne se d cr tent pas II n est pas vrai que tous les enfants soient l cole primaire enti rement disponibles pour apprendre avides de savoir anim s par une in puisable curiosit Si c tait le cas il serait facile de les duquer et de les instruire tous il n y aurait ni checs ni retards scolaires on ne d plorerait l ge d entrer au secondaire ni lacunes graves ni d go t d apprendre Si l cole primaire est un moment strat gique une phase d cisive de l entr e dans la culture Bruner 1996 c est parce que ce
17. Texte d une conf rence dans le cadre du colloque acad mique L cole de la r ussite Corte 5 juin 2002 Tout se joue t il l cole primaire Non mais Philippe Perrenoud Facult de psychologie et des sciences de l ducation Universit de Gen ve 2002 Dans un livre qui ne passa pas inaper u Dodson 1972 pr tendait que Tout se joue avant six ans Tous les d fenseurs de l enseignement pr coce en particulier celui des langues trang res ont adopt cette th orie la m me poque mes travaux sur l entr e dans le second degr me conduisaient penser que l essentiel se joue sinon avant six ans du moins l cole primaire Le principe d ducabilit et le pari sur le life long learning ont nuanc ces id es trop simples Presque rien dans la vie humaine n est d finitivement jou car nous sommes une esp ce apprenante capable de relancer tout ge un processus de d veloppement apparemment interrompu ou endormi depuis longtemps De l penser que tout est galement possible n importe quelle phase du cycle de vie il y a un pas ne pas franchir La neurobiologie souligne la plasticit d croissante de notre cerveau le fait que plus nous avan ons en ge plus il nous faut d sapprendre pour apprendre questionner nos routines et nos vidences transformer notre vision du monde moins tout simplement que nous n ayons moins d nergie pour m
18. a d fensive 10 Travailler s rieusement en cycles pluriannuels et en quipes p dagogiques construire un vrai projet d tablissement et s y r f rer 4 Ce d calogue ne tombe pas du ciel Il s enracine dans de nombreux travaux Il pr te n anmoins la controverse parfois th orique parfois philosophique ou clairement id ologique Pour ceux qui s y reconnaissent la question n est pas de savoir si les coles engag es dans la Charte pour l cole du XXP si cle sont conformes ces dix points id aux mais si leurs travaux nous avancent collectivement sur tel ou tel point Pour viter de grossiers malentendus je vais pr ciser quelque peu mon propos Toutefois en si peu de pages il restera difficile d apporter toutes les nuances voulues Qu on me pardonne donc quelques manquements au respect de la diversit et de la complexit du syst me ducatif C est le prix d une approche syst mique 1 PRIVILEGIER UN NOMBRE LIMITE D OBJECTIFS DE FORMATION Qui trop embrasse mal treint ou Il est vain de courir trop de li vres la fois ce que dit la sagesse populaire l cole le professe mais ne le fait pas Comme si une angoisse irr pressible du vide la poussait renouer sans cesse avec l encyclop disme pourtant d nonc depuis longtemps Combien de commissions r dactrices de programmes n ont elles pas apr s avoir rendu hommage aux t tes bien faites contribu priv
19. ans toute la France Ce travail a certainement t mobilisateur et professionnalisant il a cr large chelle des habitudes de collaboration entre chercheurs et praticiens dont on peut esp rer qu elles ne se perdront pas En ce sens le processus m me est un acquis potentiel Sur le fond il s agit de proposer une synth se des travaux Ce travail est en cours C est videmment l affaire des acteurs dont je ne suis pas Je ne peux que tenter de proposer une grille de lecture possible des travaux conduits dans le cadre de la charte une grille faite de l nonc des d fis que l cole primaire doit mon avis relever dans tous les pays d velopp s 1 Privil gier un nombre limit d objectifs de formation et mettre toute la scolarit l mentaire et primaire leur service tous niveaux et cycles confondus 2 Donner la priorit absolue au d veloppement global des personnes et de leurs capacit s de communication orale et crite d argumentation et de raisonnement qui sont des conditions d acc s la culture des diverses disciplines aussi bien qu la citoyennet 3 Travailler le rapport au savoir et l entr e dans la culture plut t que l accumulation de connaissances sp cifiques que l enseignement secondaire supposera acquises les connaissances l cole primaire devraient servir d abord susciter le d sir d en savoir plus ce qui invite ne pas craindre la complex
20. ants mais aussi des chercheurs par le refus de l opposition entre th orie et pratique Former les chercheurs contribuer l innovation dans les pratiques suppose une forte identit scientifique qui se maintient dans l interaction et n exige pas l isolement pour se d velopper et se maintenir S y ajoutent une forme de responsabilit sociale et des comp tences de n gociation de coop ration et de traduction Du c t des enseignants l usage de la recherche et le partenariat avec des chercheurs passent par e Une pratique et une posture r flexives Perrenoud 2001 a e Une formation plus large en sciences sociales et humaines e Une formation m thodologique minimale e Des comp tences de n gociation et de coop ration e Une certaine patience des attentes mesur es l gard de la recherche Infl chir les formations dans ce sens n aura gu re d effets si les structures les modes de formation continue l accompagnement de projets les processus de d veloppement 11 professionnel et d innovation ne sont pas con us dans l esprit d une collaboration quitable entre recherche et pratique Il sera difficile de favoriser ces contacts sans en confier une large part aux dynamiques d tablissements les lieux par excellence o se construisent les innovations et leur sens Gather Thurler 2000 On peut souhaiter aussi que des institutions comme l INRP maintiennent leur vocation de tisser de
21. ations sens es et pacifiques avec son environnement Bien entendu les savoirs peuvent et doivent y contribuer mais s ils absorbent toute l nergie disponible quand trouvera t on le temps et le droit de parler d couter de jouer de grandir Ce qui va de soi l cole maternelle et constitue son projet majeur avec l entr e dans l crit devient h las marginal au fur et mesure que l enfant progresse dans le cursus non parce que tout est construit mais parce que cela n appara t plus prioritaire 3 TRAVAILLER LE RAPPORT AU SAVOIR ET L ENTREE DANS LA CULTURE PLUTOT QUE L ACCUMULATION DE CONNAISSANCES SPECIFIQUES Ce qui emp che d apprendre c est souvent l impossibilit de comprendre quoi a rime Un enfant bien sans sa t te n est pas ipso facto int ress par les savoirs scolaires On pourrait m me dire r sister l cole est le signe d une personnalit quilibr e Dewey souhaitait que toute le on soit une r ponse Or on sait bien que l cole n attend 8 pas les questions pour y r pondre Du coup il n est pas insens de r sister des savoirs qu on vous inculque sans autre raison que C est pour ton bien tu comprendras plus tard Il y a dans les coles des enfants sans rep res peu construits peu autonomes violents anxieux etc Il y a aussi des enfants qui vont tr s bien mais ne voient pas l int r t d apprendre tout ce qu on leur propose
22. cole pour apprendre Paris ESF Audigier F 1999 L ducation la citoyennet Paris INRP Baudelot C et Establet R 1971 L cole capitaliste en France Paris Masp ro Bosman C Gerard F M et Roegiers X dir 2000 Quel avenir pour les comp tences Bruxelles De Boeck Bourdieu P 1966 L cole conservatrice L in galit sociale devant l cole et devant la culture Revue fran aise de sociologie n 3 pp 325 347 Bruner J 1996 L ducation entr e dans la culture Paris Retz Chevallard Y 1986 Les programmes et la transposition didactique Illusions contraintes et possibles in Bulletin de l A M P E P n 352 f vrier pp 32 50 Charlot B 1997 Du rapport au savoir l ments pour une th orie Paris Anthropos Charlot B 1999 a Du rapport au savoir en milieu populaire Une recherche dans les lyc es professionnels de banlieue Paris Anthropos Charlot B 1999 b Le rapport au savoir in Bourdon J et Th lot C dir ducation et formation L apport de la recherche aux politiques ducatives Paris CNRS pp 17 34 Charlot B Bautier et Rochex J Y 1992 cole et savoir dans les banlieues et ailleurs Paris Armand Colin Conseil sup rieur de l ducation du Qu bec 2002 L organisation du primaire en cycles d apprentissage une mise en uvre soutenir Sainte Foy CSE Crahay M 1996 Peut on lutter contre l chec scolaire Br
23. e et musicale de l ducation physique et m me des sciences naturelles dans l optique exp rimentaliste et active de La main la p te Il est vident qu un curriculum qui donne une grande importance de telles capacit s contraste avec la place faite aux savoirs d s la fin du primaire et plus encore d s le secondaire Toutefois si l on accepte de distinguer capacit s et comp tences et de d finir ces derni res comme facult s de mobiliser et de mettre en synergie des savoirs des capacit s des informations et des valeurs pour r soudre des probl mes ou prendre des d cisions Le Boterf 1994 il n est pas s r que l cole l mentaire soit aussi avanc e qu elle le croit dans la voie du travail par comp tences Comment d velopper la mobilisation le r investissement le transfert la recontextualisation des acquis scolaires dans des situations d action ou de nouvelles situations de formation Lorsqu un individu s ennuie mais ne lit pas lorsqu il cherche de l information mais ne songe aucunement consulter un livre ou un journal lorsqu il se bat avec un logiciel sans penser se servir du manuel ou d une aide en ligne on n en conclura pas qu il ne sait pas lire mais qu il ne mobilise pas cette capacit bon escient Faute parfois de la poss der un niveau d expertise suffisant mais aussi tr s 10 souvent faute d y penser faute d avoir t entra n mobili
24. e pays tardent le franchir pour diverses raisons mais d abord parce qu ils confondent le niveau de difficult des programmes et le niveau de comp tence requis pour les enseigner Comme s il suffisait de savoir lire pour enseigner lire Le m pris des comp tences p dagogiques et didactiques qui font de l enseignement un m tier sp cifique reste vivace et une partie des professeurs eux m mes cherchent leur valeur dans les savoirs qu ils enseignent plut t que dans leur art ou leur science de faire apprendre L enseignement primaire est partout le parent pauvre dans les budgets Un l ve du primaire co te environ deux fois moins cher qu un l ve du secondaire m me salaire gal des enseignants Cela tient la complexit de la gestion des ressources humaines lorsque se multiplient les disciplines les fili res les options au co t des quipements scientifiques et informatiques la concentration de populations plus vastes dans des tablissements avec l ensemble des fonctions sp cialis es que cela n cessite fonctions que l instituteur assume souvent lui seul Au del de toutes les raisons historiques du poids des lobbies disciplinaires la persistance du d s quilibre met en vidence un fait les d mocraties n ont pas encore compris que les checs l cole primaire sont des d sastres tr s difficiles rattraper Elles ne comprennent pas qu d faut de mobiliser des moyens importants
25. emin parcouru et de dessiner la suite du travail Philippe Meirieu dit volontiers L cole fait des r formes la m decine fait des progr s Si on le suit il ne s agit pas de pr parer une r forme de plus mais de rendre possible des progr s La particularit de la m decine est que chaque praticien se r f re un tat de l art et de la science dans son domaine sans qu il soit n cessaire de l y inciter autrement que par les m canismes de la supervision professionnelle et du march Dans le champ ducatif les savoirs de r f rence existent et se d veloppent m me sont moins tablis Ils sont h las m connus voire m pris s par une partie des professeurs ceux qui pr nent le retour pur et dur aux savoirs et raillent la p dagogie cautionnant de la sorte le pire litisme Le qualifier de r publicain ne le blanchit pas Cet litisme feint d ignorer que la p dagogie ne renonce aucunement aux savoirs qu elle se borne r fl chir sur la mani re d y amener les l ves qui n en voient pas le sens parce qu ils ne sont pas des h ritiers Dans ce climat r gressif il importe que les r sultats de la recherche et des exp riences p dagogiques sur l cole primaire soient expos s d battus et utilis s pour proposer des orientations explicites l ensemble du syst me Le jour o une synth se sera disponible peut tre s en d gagera t 1l une image de l cole primaire id ale Cela
26. iff rencier c est parvenir id alement mettre constamment chaque l ve dans une situation sa mesure et qui soit suffisamment mobilisatrice pour le pousser d passer l tat pr sent de ses savoirs capacit s et comp tences Perrenoud 1997 b Rien n est plus simple concevoir rien n est plus difficile r aliser au quotidien Aussi est il indispensable de se souvenir que la p dagogie n est pas un discours mais la recherche inlassable de dispositifs de travail Freinet ne dissertait pas sur les apprentissages il inventait l imprimerie la correspondance la biblioth que de travail le conseil de classe les projets autant de dispositifs destin s mobiliser autrement les l ves atteindre ceux que l alternance traditionnelle de le ons et d exercices laisse impuissants ou indiff rents Aujourd hui cette qu te reste d actualit Les technologies nouvelles offrent des outils dont Freinet a sans doute r v La recherche en didactique les apports des mouvements p dagogiques ont enrichi l ventail des d marches disponibles Il est plus que jamais temps de penser p dagogie et de poursuivre la difficile synth se entre p dagogie diff renci e et p dagogie constructiviste et active Meirieu 1990 7 NE PRATIQUER AUCUNE SELECTION SUPPRIMER TOUT REDOUBLEMENT DEVELOPPER UNE EVALUATION EXCLUSIVEMENT FORMATIVE Dans les pays d velopp s l cole primaire ne d bouche plus sur la vie act
27. il gier des t tes bien pleines Bien entendu certains l ves ont les moyens d apprendre tout ce qu on leur propose tr s vite et tr s bien Au nom de la sauvegarde des lites ils deviennent la r f rence en regard de laquelle de nombreux l ves moyens paraissent en difficult et les moins favoris s en chec grave L cole unique reste le th tre d un conflit d int r ts entre les classes sociales Aussi longtemps que chacun scolarisait ses enfants dans un r seau de scolarisation distinct ce que Baudelot et Establet 1970 appelaient le r seau PP primaire professionnel et le r seau SS secondaire sup rieur les jeux taient faits d s l entr e l cole l mentaire si bien que jamais les extr mes de l chelle sociale n taient confront s aux m mes normes d excellence Avec l unification des fili res la s lection scolaire masque et m diatise la s lection sociale Du coup les jeux sont plus ouverts une partie des enfants d origine populaire vient menacer les enfants de milieux favoris s Les parents de classe moyenne ou sup rieure travaillent donc dans une double perspective soutenir activement leurs enfants pour qu ils triomphent sans coup f rir dans la comp tition qui commence d s l cole l mentaire faire en sorte qu ils accumulent le plus vite possible un capital scolaire qui les mette en bonne posture au d but des tudes postobligatoires Ces
28. it et les questions sans r ponse 4 Ne pas dissocier les connaissances des comp tences dont elles sont les premi res ressources travailler d embl e le transfert la contextualisation la mobilisation l int gration des acquis donc favoriser les d marches de projet et de recherche 5 Travailler en troite alliance avec la recherche en didactique et en p dagogie en lui demandant de s impliquer de plus en plus dans les classes et les coles 6 Inscrire la p dagogie diff renci e au c ur de l organisation du travail et des tablissements viser mettre chaque l ve aussi souvent que possible dans une situation d apprentissage optimale pour lui sans pour autant le couper du groupe ni rien renier des p dagogies constructivistes interactionnistes et actives 7 Ne pratiquer aucune s lection supprimer tout redoublement d velopper une valuation exclusivement formative pointue appuy e sur les travaux propos de l erreur de la m tacognition des repr sentations 8 Fonder l apprentissage de la citoyennet et de la d mocratie sur la pratique du d bat de la coop ration et de la d cision n goci e dans tous les champs possibles la r gulation de la vie en commun mais aussi comme chez Freinet l organisation du travail et enfin et surtout les savoirs l chelle de la classe et de l tablissement 9 Impliquer les parents les associer de toutes les fa ons possibles cesser d tre sur l
29. it fallu y travailler ailleurs ou avant 2 DONNER LA PRIORITE ABSOLUE AU DEVELOPPEMENT GLOBAL DES PERSONNES Chacun le sait un enfant qui ne grandit pas bien n a pas confiance en soi ne se sent pas int gr aim ou reconnu a peu de chances de s investir dans les apprentissages scolaires Les pays nordiques donnent la priorit la construction globale de la personne Ils ne feignent pas de croire que c est le r le de l cole maternelle et qu on peut d s l cole primaire passer aux choses s rieuses les savoirs En ces temps o il est de bon ton de se lamenter sur la mont e de l incivilit voire de la violence o l on regrette la d mission des parents l absence de rep res le rapport brouill la loi la communaut soi m me certains proposent le retour aux bonnes vieilles m thodes r habiliter les t ches scolaires les plus r p titives et les plus ferm es 7 dict e copie op rations apprentissage par c ur et restaurer l autorit coups de sanctions Cette tentation qui s duit nombre de parents pr sente l avantage inestimable de faire d une pierre deux coups c est en revenant aux savoirs qu on structure les personnes L id e n est pas enti rement fausse mais elle est fort courte Elle r ussit pour les l ves qui ont les moyens intellectuels d apprendre mais ne consentent l effort n cessaire que s ils sont pris en main C est ce qu
30. ive Paradoxalement cela para t accentuer sa fonction de pr paration aux tudes secondaires en particulier leurs fili res les plus exigeantes La s lection surgit donc d s les premi res ann es du cursus notamment sous la forme du redoublement En mati re de lecture par exemple comme le montre l enqu te PISA la Finlande l emporte au palmar s des pays d velopp s OCDE 2001 Or la Finlande a pratiquement supprim le redoublement Crahay 1996 2000 et Paul 1996 mettent en vidence l inefficacit de cette mesure Sauf lorsqu il corrige un simple incident de parcours le redoublement ne met pas les l ves niveau Ceux qui ont redoubl restent durablement en difficult Il en va ou il en ira de m me dans les cycles pluriannuels si l on allonge syst matiquement le s jour des l ves qui n atteignent pas les objectifs de fin de cycle Cela n emp che pas les pays du Sud de l Europe de maintenir le redoublement voire de le r inventer l int rieur des cycles d apprentissage 13 Il serait temps de se rendre compte que jouer sur le temps n est pas la solution Perrenoud 2001 b 2002 b que l on ne peut pas allonger la scolarit en proportion des difficult s d apprentissage Imagine t on un l ve qui terminerait sa scolarit primaire 15 ans et l cole obligatoire 22 Il serait temps de chercher des ressources de diff renciation dans d autres directions la qualit et la
31. prise en charge diff renci e des l ves dans divers types de groupes et de dispositifs didactiques 4 Une plus grande continuit et une plus forte coh rence sur plusieurs ann es sous la responsabilit d une quipe 5 Des objectifs d apprentissage portant sur plusieurs ann es qui constituent des rep res essentiels pour tous et orientent le travail des enseignants Les cycles repr sentent on le voit une structure permettant d int grer de multiples dimensions selon lesquelles l cole primaire doit voluer Avec le Conseil sup rieur de l ducation du Qu bec 2002 on peut conclure L organisation du primaire en cycles d apprentissage une mise en uvre soutenir En soulignant que l enjeu n est pas seulement d espacer les ch ances mais de proc der une profonde r vision des espaces temps de formation et de l organisation du travail scolaire Perrenoud 2002 b CONCLUSION Tout se joue t 1l l cole primaire Non mais L cole primaire reste un laboratoire essentiel pour le syst me ducatif Plus que d autres ordres d enseignement elle est confront e l h t rog n it des l ves et des familles Elle doit marier savoirs comp tences et capacit s favoriser le d veloppement autant que les apprentissages quilibrer ducation socialisation et instruction On peut donc souhaiter qu elle re oive les moyens et le soutien qui lui font souvent d faut Elle co
32. r du sens aux savoirs et aucune raison de sombrer dans l utilitarisme Comprendre les myst res du monde a toujours import aux humains autant que de faire du feu ou de trouver de quoi survivre Bien entendu de nombreux enseignants font ce travail Mais o prennent ils le temps En op rant des coupes sombres mais discr tes dans certaines parties du programme celles qu ils jugent moins importantes voire inutiles Qui a le culot la force la lucidit n cessaires pour proc der sereinement et judicieusement de tels choix pour prendre des risques calcul s Ce sont en g n ral des enseignants exp riment s ou des membres de mouvements ou d quipes p dagogiques Globalement les programmes si l on s y tient donnent tout juste le temps d enseigner les savoirs pas de les contextualiser de les lier leurs origines des interrogations m taphysiques ou philosophiques ou encore des pratiques sociales Travailler le rapport au savoir c est pour certains enseignants s loigner du programme alors que cela devrait en tre le c ur Tout cela parce que le rapport idoine au savoir est cens tre d j l alors que la r alit est bien diff rente m me au lyc e et l universit a fortiori l cole primaire et au coll ge Charlot Bautier et Rochex 1992 Charlot 1997 1999 a et b Aussi longtemps qu il n est pas constitu en objectif prioritaire de formation qu il reste con u comme
33. s liens entre le terrain et la recherche et ne c dent pas la tentation par souci de respectabilit acad mique de s loigner des pratiques de recherche collaborative Plus globalement il importe que les dispositifs et les proc dures de subventionnement de la recherche excluent toute solution de continuit entre la recherche fondamentale sans aucune ambition pratique et la recherche appliqu e sous contrat Sans r cuser ces formes extr mes l enjeu est de favoriser une pluralit de modes et de niveaux d association de lier recherche formation accompagnement et innovation sans s enfermer dans le mod le de la recherche technologique les praticiens posant un probl me les chercheurs se mettant en qu te d une solution en laboratoire 6 INSCRIRE LA PEDAGOGIE DIFFERENCIEE AU C UR DE L ORGANISATION DU TRAVAIL Nous vivons une vague antip dagogiste Elle d ferle dans les m dias et sert de fonds de commerce quelques intellectuels qui se posent en sauveurs des lettres et de la culture Cette vague pourrait inciter les enseignants ou les chercheurs prudents se r crier P dagogues moi vous n y pensez pas Il importe au contraire d assumer pleinement la p dagogie qui est l art de faire apprendre ceux qui n apprennent pas facilement et volontiers l cole ceux qu une complicit pr tablie entre la famille et l cole ne nantit pas du rapport au savoir et du soutien qui leur permettent de
34. ser cet acquis dans des situations concr tes L enjeu de l approche par comp tences n est pas de tourner le dos aux savoirs ou aux capacit s ni m me de les travailler constamment en contexte Il s agit de donner une place plus importance l apprentissage du transfert dont on sait aujourd hui qu il n est nullement automatique qu il s apprend s exerce s entra ne d faut de s enseigner Travailler par comp tences c est donc prendre du temps pour affronter r guli rement des situations complexes r soudre des probl mes r els prendre des d cisions ou conduire des projets L cole primaire est certainement la moins d fensive et la mieux arm e dans cette perspective mais l approche par comp tences exige n anmoins une volution des pratiques de formation et d valuation Frenay 1996 Meirieu et al 1996 Perrenoud 1997 a Bosman Gerard et Roegiers 2000 Roegiers 2000 Tardif 1999 5 TRAVAILLER EN ETROITE ALLIANCE AVEC LA RECHERCHE EN DIDACTIQUE ET EN PEDAGOGIE On ne peut esp rer surmonter les difficult s d apprentissage et les in galit s qu en conjuguant recherche en ducation pratique r flexive et exp rimentation p dagogique Non pas dans des op rations uniques mais r guli rement Et sans se limiter des recherches actions n impliquant que l aile la plus innovatrice de la profession L alliance se construit d s la formation initiale des enseign
35. t lorsqu il le faut d battre des conditions du d bat de l enseignement des apprentissages et de la coexistence dans l enceinte scolaire Audigier 1999 Si le syst me ducatif ne veut pas aller dans ce sens ce qui ne le d tournerait nullement de ses plus nobles missions instruire et duquer l on ne s tonnera pas que les lamentations s amplifient la mesure de notre impuissance face la mont e des incivilit s de l individualisme et de la violence L cole primaire n est certainement pas seule en cause mais elle peut ouvrir la voie Elle est moins contrainte par les horaires et les d coupages disciplinaires plus soucieuse de l entier des personnes plus habitu e pratiquer le conseil de classe ou d autres formes de m diation plus sensible aux dimensions interculturelles Elle peut aussi donner du pouvoir aux l ves leur faire confiance sans craindre d tre aussit t d bord e et sans devoir recourir aux strat gies r pressives qui dominent au secondaire et substituent souvent des rapports de force l apprentissage de la n gociation 9 IMPLIQUER LES PARENTS LES ASSOCIER DE TOUTES LES FA ONS POSSIBLES On ne fera pas aujourd hui l cole contre les parents Ne serait ce que parce que la majorit d entre eux a d sormais une instruction suffisante pour ne pas v n rer les enseignants leur demander des comptes se m ler de leur m tier Il est vrai que le souci de bien faire e
36. t l gocentrisme de certains parents en font des partenaires difficiles qui mettent l cole sous surveillance et lui font payer leurs angoisses et leur envie que leurs enfants r ussissent tout prix Il est vrai que la division du travail est devenue assez floue puisqu on demande aux parents d instruire et aux enseignants d duquer Il est vrai que les maladresses r p t es de parents inexp riment s engendrent des blessures et poussent une partie des enseignants fermer la porte et le dialogue En d pit des difficult s il appara t indispensable de travailler des partenariats quitables en associant les parents la gestion des tablissements mais aussi l organisation du travail en classe Non pour qu ils se m lent de tout et se substituent aux professionnels mais pour qu ils soient inform s et associ s qu ils apprennent faire confiance aux enseignants parce qu ils comprennent ce qu ils font et y adh rent non pas docilement mais l issue d un change et sur la base d arguments 15 10 TRAVAILLER SERIEUSEMENT EN CYCLES PLURIANNUELS ET EN EQUIPES PEDAGOGIQUES La France a introduit des cycles en 1989 Sont ils r alis s sur le terrain au del des programmes Ont ils d velopp la coop ration et la responsabilit collective des enseignants Quel bilan peut on en dresser avec 13 ans de recul La France est trangement silencieuse sur ce chapitre et l immense chantier de l
37. tres en d cam tres si l on n a pas compris la notion d unit de mesure Ou de savoir mesurer l aire d un triangle si la notion m me n est pas construite et si l on ne voit absolument pas quoi elle pourrait bien servir ni dans la th orie ni dans la vie D finir des objectifs fondamentaux en nombre limit ne repr sentera cependant un progr s qu trois conditions 1 Que les professeurs saisis par l angoisse du vide ne r introduisent pas par la fen tre ce qu on aura vacu par la porte Chevallard 1986 dit Le programme est un cadre vide mais le ma tre voit le tableau d j peint S en tenir des objectifs fondamentaux c est s obliger des deuils parfois douloureux c est ne perdre aucun moment de vue l objectif ne pas le confondre avec les t ches les objets les situations qui permettent d y travailler concr tement 2 Que ces objectifs soient poursuivis de mani re obsessionnelle au sens o ils sont la r f rence majeure de tout emploi du temps de toute r gulation des parcours de toute intervention didactique cela exige des enseignants un niveau de formation tr s lev la capacit de se d tacher de la gestion des activit s pour se concentrer sur la r gulation des apprentissages 3 Que les divers acteurs concern s se sentent solidairement responsables de ces objectifs fondamentaux que nul ne puisse dire que ce n est pas son affaire qu il aura
38. un pr alable le rapport au savoir d pend essentiellement du capital culturel des parents de leur condition et de leur rapport au monde Du coup il demeure l une des sources vives d in galit sociale devant l cole Travailler le rapport au savoir en classe ne consiste pas habiller les activit s d atours s duisants Il faut affronter les questions cruciales pourquoi faut il apprendre Qu est ce qui justifie cet immense travail Le profit attendu est il la mesure des deuils consentir Peut on esp rer partir d un certain niveau de ma trise et d investissement trouver dans l tude non seulement du sens mais du plaisir ce que les l ves en difficult ont du mal imaginer 4 NE PAS DISSOCIER LES CONNAISSANCES DES COMPETENCES DONT ELLES SONT LES PREMIERES RESSOURCES Plusieurs pays ont entrepris une r forme curriculaire orient e vers des comp tences L cole primaire a parfois l impression de travailler d j dans cette perspective mais c est sans doute la faveur d une confusion entre la notion de comp tence et celle d habilet ou de capacit Le r le de l cole primaire est sans conteste de d velopper des capacit s fondamentales notamment dans le domaine de la lecture de la production de textes du maniement des nombres et des mesures des op rations arithm tiques de la r solution de probl mes de la production de figures g om triques de l expression artistiqu
39. uxelles De Boeck Crahay M 2000 L cole peut elle tre juste et efficace De l galit des chances et l galit des acquis Bruxelles De Boeck Dodson F 1972 Tout se joue avant six ans Paris R Laffont Frenay M 1996 Le transfert des apprentissages in Bourgeois E dir L adulte en formation Regards pluriels Paris PUF pp 37 56 Gather Thurler M 2000 nnover au c ur de l tablissement scolaire Paris ESF Groupe de pilotage de la r novation 1999 Vers une r forme de l enseignement primaire genevois Propositions pour la phase d extension de la r novation entreprise en 1994 Gen ve D partement de l instruction publique Maison des Trois Espaces 1993 Apprendre ensemble apprendre en cycles Paris Ed ESF 19 Meirieu Ph 1990 L cole mode d emploi Des m thodes actives la p dagogie diff renci e Paris Ed ESF 5e d Meirieu Ph Develay M Durand C et Mariani Y dir 1996 Le transfert de connaissances en formation initiale et en formation continue Lyon CRDP Le Boterf G 1994 De la comp tence Essai sur un attracteur trange Paris Les Editions d organisation OCDE 2001 Connaissances et comp tences des atouts pour la vie Premiers r sultats de PISA 2000 Paris Organisation de d veloppement et de coop ration conomiques Paul J J 1996 Le redoublement pour ou contre Paris ESF Perrenoud Ph 1994 M tier d l ve et sens du
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