Quand la nature est patrimoine : regards d`habitants sur le Gâtinais
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1. t est prot g e maintenant et on passe des zones agricoles en zones naturelles sous pr texte que c est beau et qu il faut prot ger mais nous a fait 50 100 ans et plus que c est en zone agricole que nous nous occupons des champs des bords des bois et que nous le faisons nous ce paysage cette nature c est nous qui la faisons Photo 2 Mais comment entendre ces habitants comment assurer une participation des citoyens a la pr servation des paysages de la nature et de la biodiversit Comment acc der a des repr sentations et des savoirs autour de la nature qui restent inexprim s et parfois inconscients Photo 2 Ces paysages qu on veut prot ger c est nous qui les avons faits c est nous qui les faisons Boissy aux Cailles Photo 3 La je suis sur la Butte de Burcy Tout a parait plat mais en fait a ne l est pas et c est a qui fait la beaut de la plaine Ce qui est beau ce sont tous ces carr s de couleurs diff rentes les champs les cultures c est a qui fait la beaut de la plaine aussi c est le travail des agriculteurs Burcy Afin de donner la parole aux habitants et d acc der leurs savoirs et repr sentations nous avons men une recherche combinant 1 m thode ethnographique savoir immersion sur le terrain afin de rencontrer une diversit importante d acteurs du territoire d cideurs politiques Les citations des habitants rencontr s sont plac es entre guill2. Quand la nature est patrimoine regards d habitants sur le Gatinais Francais Par Anne Sourdril La communaut internationale depuis le sommet de Rio en 1992 constate et cherche a freiner la perte de la biodiversit Elle a t amen e reconna tre le r le essentiel que peuvent jouer les habitants et usagers d un lieu dans le fa onnage et le maintien des cosyst mes Aujourd hui les programmes de conservation de la nature et du d veloppement durable cherchent a prendre en compte les dimensions sociales locales de cette biodiversit a prot ger Rou 2006 Blandin 2009 Car assurer son maintien et assurer le d veloppement durable d un territoire c est d abord apprendre conna tre ce territoire et apprendre conna tre les usagers et les groupes sociaux qui le g rent et l entretiennent au quotidien L objectif de notre recherche men e en partenariat et au sein de la R serve de Biosph re de Fontainebleau et du G tinais est ainsi de comprendre au travers du prisme de l ethnologie l expertise que les habitants du G tinais Fran ais ont de leur territoire de leur paysage et de sa nature expertise qui devrait tre mise au jour et prise en compte au m me titre que les expertises naturalistes ou am nagistes des territoires dans le cadre de la mise en place de programme de conservation Photo 1 Photo 1 Des perceptions diff rentes selon les acteurs Un champ de colza c est un esp
3. ace agricole non constructible pour l am nageur un milieu hostile a la biodiversit pour le naturaliste mais aussi la nature l identit de ma r gion pour l habitant Amponville Une recherche au service du territoire C est avec la prise en compte combin e des savoirs des habitants et des savoirs des gestionnaires et des scientifiques et avec une implication concr te des citoyens que les programmes de conservation auront le plus de chances de fonctionner a chelle locale Dans un contexte de r glementation croissante des paysages et de la nature les habitants du Gatinais Francais revendiquent un droit de parole d actions ainsi qu une reconnaissance de Anne Sourdril ethnologue charg e de recherche au CNRS et membre du Laboratoire Dynamiques Sociales et Recomposition des Espaces UMR 7533 LADYSS tudie les interactions entre soci t et environnement en milieu rural et p riurbain Contact asourdril gmail com Les R serves de Biosph re sont le lieu d application du programme l Homme et la biosph re de l UNESCO d velopp en 1971 Le terme biodiversit n tant g n ralement pas employ par les acteurs locaux nous avons pr f r aborder la question de la biodiversit par le biais du territoire des paysages et de la diversit naturelle qu ils donnent voir leur r le dans ce que sont leurs paysages et cette nature du G tinais aujourd hui Par ici la for
4. are tait d gag pour avoir un acc s imm diat l eau On n a pas beaucoup de sources dans la r gion les mares taient importantes Aujourd hui il y a un saule l et puis des roseaux c est esth tique avant il fallait que a soit fonctionnel Amponville Photo 10 Ce Robinier faux acacia sans doute aussi vieux que celui du square Viviani Paris a t l objet de vandales qui ont essay de le scier Tout arbre remarquable est un symbole par excellence et celui ci l est par sa taille son ge et sa situation S attaquer a ce symbole n est pas seulement un acte de vandalisme gratuit c est aussi une attaque contre notre pass contre notre histoire et en d finitive contre nous m mes Larchant Une expertise locale int grer dans l laboration des mesures environnementales Les strat gies de conservation de la biodiversit se basent essentiellement ce jour sur des connaissances biologiques organis es en bases de donn es comme la quantit d esp ces leur pr sence absence sur un territoire ou encore sur des typologies formelles des cosyst mes Ces strat gies ne mobilisent que peu les repr sentations et savoirs des habitants des lieux car ils sont difficiles d acc s et difficiles formaliser Or ces habitants ont une expertise non pas de la biodiversit mais de leurs territoires de leur paysage et nature qui si elle ne correspond pas toujours celle des scientifiques ou de
5. dentitaire pour les habitants et sont avant tout per us comme fa onn s par et r v lateurs des activit s humaines S1 les habitants pensent leur territoire selon ses caract ristiques biophysiques ils le pensent galement en facettes du paysage en fonction des usages de la nature qui y sont faits Meilleur 1983 Ils distinguent le pays du haut la plaine agricole le pays du bas les vall es et les for ts Le pays du haut est marqu par une c r aliculture omnipr sente et un paysage plut t plat Toutefois on n est pas en Beauce pour autant et la diversit de la nature et du paysage y est mise en avant les parcellaires sont plus petits les cultures diversifi es le relief doux du territoire fait de buttes et de bosses est valoris et les bosquets pr sents de toute part fa onnent un paysage o l on voit loin Photo 3 Le pays du bas ou vall e est associ un paysage encaiss caract ris par une occupation du sol et une agriculture diversifi es et o l on trouve un habitat regroup en villages de gr s o la nature est consid r e comme pr serv e Photo 4 La for t pr sente l horizon du pays du haut et environnant le pays du bas est pens e en deux espaces une for t publique am nag e et g n ralement pens e sous la forme d une futaie de ch nes et h tres ainsi qu une for t priv e sous forme d un pais tai
6. e connaissance pr cise de l histoire de leurs paysages et appr hendent les changements qui les ont affect s en identifiant les causes de ces changements mais aussi leurs cons quences sur l environnement local Photos 9 et 10 Et dans le paysage la nature est aussi rep re ou encore marqueur des limites des relations voire de la hi rarchie sociale Les arbres par exemple contribuent a modeler le paysage et a forger l identit des lieux mais ils peuvent tre aussi fronti res ou supports des tensions sociales Photo 11 Lire le paysage c est ainsi lire la fa on dont les soci t s locales s approprient un espace et la fa on dont les hommes interagissent entre eux Photo 6 C est la plaine on voit Tousson de l autre c t avec son alignement d arbres et puis les bosquets a fait une jolie mosa que et au fond on voit les ballots de paille je trouvais a joli Le paysage et la nature changent suivant les cycles des cultures Boissy aux Cailles Photo 7 C est une tr s belle ch naie h traie plant e par l homme au 19 si cle on est dans la sylviculture C est une belle futaie cultiv e Fontainebleau Photo 8 C est une photo repr sentative des villages en vieilles pierres de la r gion une petite rue du vert du gr et des meuli res au printemps c est encore plus beau c est tr s fleuri avec beaucoup de glycines C ly en Bi re Photo 9 Avant l acc s a la m
7. emets et en italiques locaux membres d associations naturalistes ou culturelles agriculteurs commer ants nouveaux ruraux etc et entretiens semi directifs avec un panel choisi d habitants et 2 m thode Photovoice prise de photographies par un chantillon repr sentatif d habitants de ce qui est signifiant pour eux dans leur paysage et leur nature 45 des habitants rencontr s ont accept de devenir photographes pour cette tude et ont re u un Kit Photovoice savoir un mode d emploi un appareil photographique jetable et un tableau renseigner r capitulant les photos prises Les instructions taient les suivantes Prenez des photos de ce qui est signifiant pour vous dans votre paysage Focalisez vous sur ce qui fait pour vous les sp cificit s du paysage et de la nature du G tinais Les participants ont conserv l appareil photographique durant deux mois les appareils ont ensuite t r cup r s les photographies d velopp es Les participants ont t rencontr s nouveau afin de parler des clich s pris cette deuxi me phase d entretiens est essentielle car la le on qu une image donne r side moins dans sa forme que dans la fa on dont les gens interpr tent l image en question Wang 1999 Des paysages une nature et une biodiversit fa onn s par ses habitants Notre recherche montre que les paysages et la nature dans le G tinais rev tent une forte dimension i
8. gne Savoirs cologiques populaires dans leur contexte conomique traditionnel Termingnon PN de la Vanoise Savoie C n r s Era 773 Michelin Y 1998 Des appareils photo jetables au service d un projet de d veloppement repr sentations paysag res et strat gies des acteurs locaux de la montagne thiernoise in Cyberg o European Journal of Geography En ligne http cybergeo revues org 5351 7 Les continuit s cologiques sont l ensemble des zones vitales r servoirs de biodiversit et des l ments corridors cologiques qui permettent une population d esp ces de circuler et d acc der aux zones vitales La Trame verte et bleue est un outil d am nagement du territoire qui vise re constituer un r seau cologique coh rent l chelle du territoire national pour permettre aux esp ces animales et v g tales d assurer leur survie et permettre aux cosyst mes de continuer rendre l homme leurs services http www developpement durable gouv fr La Trame verte et bleue 1034 html C est galement le constat tabli par diff rents chercheurs suite la mise en place de m thodologies similaires dans le cadre de diagnostics paysagers Michelin et al 2005 Rou M 2006 Introduction entre cultures et nature in Revue internationale des sciences sociales 187 1 11 18 Wang C C 1999 Photovoice a participatory action research strategy applied to women s healt
9. h in Journal of women s health 8 2 185 192 Wang C C et Burris M 1997 Photovoice Concept methodology and use for participatory needs assessment in Health Education amp Behavior 24 3 369 387
10. liqu e a des projets collectifs de territoire peut permettre une approche ludique des savoirs et modes d appropriation du territoire des habitants mais aussi des d cideurs locaux et des naturalistes Elle peut permettre de faire se rencontrer et d amorcer la discussion entre diff rents acteurs et ainsi de favoriser l laboration a l chelle locale de mesures environnementales r pondant aux exigences de la conservation et aux exigences des habitants des territoires concern s Notre recherche est pr sent e au travers de l exposition TRAME S Paysages d habitants r v l s par Photovoice r alis e avec le soutien de la R serve de Biosphere de Fontainebleau et du Gatinais et du CAUE de Seine et Marne L exposition est destin e a un large public comme aux gestionnaires du territoire et aux d cideurs Elle se compose de 11 kakemonos autoportants de 2 m de haut sur 80 cm a 120 cm de large et peut tre r serv e aupr s de coordination biosphere fontainebleau gatinais fr T l 01 60 70 35 84 Bibliographie Blandin P 2009 De la protection de la nature au pilotage de la biodiversit Versailles Editions Quae Lelli L et Paradis S 2005 Analyse critique d un dispositif m thodologique de diagnostic paysager le cas du bassin versant du C rou Tarn Midi Pyr n es in G ocarrefour 80 2 123 130 Meilleur B 1983 Ethno cologie intra alpine le r le de l homme dans les cosyst mes de monta
11. llis peu pratiqu Photo 5 gt Pour des raisons de confidentialit les informateurs rencontr s les auteurs des photographies et des citations pr sent s dans cet article resteront anonymes Photovoice est un outil cr e dans les ann es 1990 par des chercheures am ricaines sp cialis es en Women Health Study Wang et Burris 1997 Une m thodologie similaire a t labor e par des chercheurs fran ais la fin des ann es 1990 afin de comprendre les repr sentations sociales des paysages Michelin 1998 Photo 4 Je voulais montrer des paysages vari s interm diaires entre grande culture de plaine et for t Il y a une mosa que de milieux plus importante il y a des cultures mais il y a aussi des boisements Villiers sous Grez Photo 5 Si j habite ici c est aussi pour la for t c est une tr s belle for t tr s diverse elle appartient un peu tout le monde Boissy aux Cailles La nature a se cultive selon les habitants du G tinais Les activit s humaines qu elles soient agricoles foresti res cyn g tiques ou r cr atives font ainsi le paysage et la nature que les habitants veulent voir prot g s Les champs cultiv s les futaies exploit es la nature des villages sont autant de patrimoines naturels et culturels a pr server Photo 6 7 et 8 la diversit et les changements au gr des saisons et au gr des activit s des hommes sont valoris s Les habitants ont un
12. s experts de l ing mierie cologique n en est pas moins l gitime et signifiante localement L implication des habitants d s l laboration des mesures de conservation permettrait de b n ficier de connaissances pr cises sur la nature devant tre prot g e localement cette implication permettrait aux habitants de reconna tre et de s approprier les strat gies de conservation et d tre les garants de leur mise en place l chelle locale Cela pourrait par exemple tre le cas dans le cadre de la mise en place des Trames Vertes et Bleues Loi Grenelle 2 Cette mesure la fois politique de conservation de la biodiversit et outil d am nagement du territoire doit en effet donner une large place aux collectivit s locales dans sa mise en place et dans le maintien des continuit s cologiques Il ne faut cependant pas oublier que les supports de ces continuit s quels qu ils soient haies arbres isol s for ts rivi res talus etc sont aussi supports d usages sociaux Ils font l objet d appropriations locales et de repr sentations sociales particuli res qui auront une influence sur la fa on dont sera re ue la mesure environnementale a l chelle locale par les habitants La multifonctionnalit des supports des continuit s cologique est donc a prendre en compte et cela bien en amont de la mise en place des trames vertes et bleues La m thode photographique que nous avons utilis e app
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