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INSIDE - Palais de Tokyo

1. Out of Projection 2009 2014 Out of Projection est une vid o r alis e l usine Peugeot So chaux qui juxtapose des images des pistes d essai de l usine qui servent de d cor au retour sur les lieux des anciens ing nieurs et designers et des interviews de ceux ci trangement muette le son est coup Tout comme les expositions de David Maljkovic privil gient l exp rience du visiteur et sa prise de conscience dans l es pace d exposition le film est bas sur le moment crucial du retour sur les lieux du pass lieux o s inventait le futur Ce principe avait d j t exploit par l artiste dans son uvre s minale Scene for New Heritage dans laquelle un groupe de jeunes croates partait en procession jusqu au site d un monument la gloire des r sistants yougoslaves monument de style moderniste laiss en ruine Out of Projection utilise la forme du collage forme par d fini tion non int grale nous offrant donc contempler une his toire morcel e un temps recompos Afterform 2013 Cette vid o pr sente l animation image par image des des sins caricaturaux publi s dans les ann es 1960 par un maga zine croate consacr l architecture Les dessins tournent en d rision l architecture moderne et de mani re g n rale le projet moderniste de m ler l art la vie Les personnages qui peuplent ces cartoons sont eux m mes particuli rement modernes leurs lignes simple
2. E ai Beaty ai e us e 2 GEE eo Se Ar ASS Me TBE S Er Ryan Gander is Il 2012 ae ENT 1 LE l Peter Buggenhout The Blind Leading the Blind 2012 is 2012 2014 Ryan GANDER Le travail de Ryan Gander prend souvent la forme d une r flexion sur l individualit le d veloppement des pens es et le rapport de l homme son environnement Par son titre is voque le besoin pour un homme de se d finir et par la faute de grammaire qu il comporte la difficult arriver un r sultat satisfaisant I s agit d une s rie de sculptures dont le Palais de Tokyo expose aujourd hui trois exem plaires in dits R alis es en marbre ces uvres repr sentent des abris initialement fabriqu s par la fille de l artiste avec des mat riaux de fortunes Gander fait dialoguer la solidit du marbre l preuve du temps et des outrages avec les solutions bricol es par son enfant naturellement tr s fragiles Ces uvres ex cut es dans un style imi tant la forme classique souvent associ la sculpture sur marbre offre aussi un paradoxe trange en opposant ce qui fait l essence d un abri la protection l int rieur et la sculpture qui par d finition n est qu ext riorit volume surface texture apparence On Hold 2014 Peter BUGGENHOUT Si le Dessin du Troisi me jour de
3. 13 Sookoo Ang Exorcise Me 2013 CET Andro Wekua Untitled 2011 Installation of Experience 2014 Valia FETISOV L exp rience de l enfermement et notre propre r action une situation inattendue voil ce quoi nous invite l uvre de Valia Fetisov Le visi teur entre toujours seul dans une pi ce accessible par une porte cou lissante Une fois la porte referm e il est apparemment impossible de ressortir La pi ce est compl tement vide sans aucun signe ou indice permettant au visiteur de trouver une autre sortie et la porte reste d finitivement close Cette situation entraine un paradoxe toutes les options semblent possibles partir de ce vide dans lequel se trouve l individu mais ce vide est aussi synonyme de finitude absolue Pied de nez philosophique l exp rience se conclut lorsque le visiteur accepte son sort et n essaie plus de faire quoi que ce soit Le calme revenu dans la pi ce la porte s ouvre nouveau offrant l chappatoire qui n est alors plus recherch e Exorcise me 2013 Sookoo ANG L adolescence ses changements et sa recherche de soi est au c ur de l installation vid o Exorcise Me de Sookoon Ang n e en 1977 vit et travaille Singapour et en France Des adolescentes dont les poses voquent la langueur des jeunes filles des peintures de Balthus 1908 2001 voluent dans des tenues d coli res tout en portant un maquillage voquant les mouvements go
4. INSIDE 20O COBRE DUAN AVE 0 v David oiy Ki SOMMAIRE INSIDE p 2 L int riorit p 2 L installation l environnement et l introspection p 3 L exp rience p 4 L espace mental et la place du corps p 4 Fiches oeuvres p 6 IN LOW RESOLUTION p 20 David MALJKOVIC H ritage et amn sie p 21 Juxtaposition montage sc nographie extensions dela pratique du collage p 22 L exp rience subjective etimmat rielle p 23 Fiches oeuvres p 24 INSIDE CHINA L INTERIEUR DU GEANT p 30 Interview de Joey Tang curateur p 31 Fiche oeuvres p 33 GLOSSAIRE p 36 ANNEXES p 37 BIBLIOGRAPHIE FILMOGRAPHIE p 39 Contributeurs Marion Buchloh Kolleroohm Pierre Ca ron Marie Chen l Tanguy Pelletier Scolab canier p dagogique du Palais de Tokyo a t con u pour ceux qui souhaitent obte nir quelques cl s suppl mentaires sur les grandes manifestations en cours Plus particuli rement pr vu a l usage des enseignants des professionnels de l ducation et des tudiants ce support reste la bor pour une consultation de tous afin de mieux pr parer aider et prolonger la visite des espaces et des expositions Les expositions Inside Low R solution David Maljkovic et Inside China courent sur toute la dur e de la saison INSIDE et en constituent les trois manifestations majeures L exposition collective Inside propose au visiteur une travers e l int r
5. la constitu tion d une exp rience structurante A 1981 TUNGA La boucle et le cycle sont au c ur de l uvre A 1981 de l artiste br silien Tunga n en 1952 vit entre Rio de Janeiro et Paris Cette installation vid o pr sente une image film e depuis une voiture rou lant dans le tunnel Dois Irma s Rio de Janeiro Il ne s agit que d un court instant mis en boucle imitant un mouvement infini Toutefois la boucle est visible de m me que l extrait de musique qui l accompagne Night and Day de Cole Porter dans l interpr tation de Frank Sinatra semble prisonnier d un cycle interminable L installation est compl t e par un cercle trac au sol par le d roulement de la boucle de pellicule La temporalit est boulevers e ce qui doit tre une travers e sou terraine sur un temps donn ressemble un parcours trangement infini L image tant captur e dans un virage le spectateur l impres sion de rouler dans une boucle tournant constamment vers la gauche Toutefois le trucage n est pas masqu et le visiteur est galement conscient de l usage de la pure technique vid ographique pour pro duire cet infini soudain totalement artificiel La Sortie est l int rieur 2014 Jean Michel ALBEROLA Les dessins et les peintures de Jean Michel Alberola n en 1953 vit et travaille Paris amalgament des l ments figuratifs des frag ments textuels comme autant de souvenirs chapp
6. Aude Pariset n e en 1983 vit et travaille Berlin oscille entre le num rique et l artisanal Elle s attache l absence d exp riences authentiques dans les espaces fictionnalis s de l industrie lifestyle Dans son travail r cent elle s imagine en h te improvisant sur les codes et conven tions de l hospitalit Dans Exposing the Guest Rules 2013 elle se d pla ait de l espace de la galerie vers l espace de la vie qu elle occu pait avec une installation lumineuse faites de spaghetti cuit saccroch s aux grilles d une four Elle r active cette oeuvre au sein de l exposition Inside China projetant de longues ombres sur les murs et les oeuvres des autres artistes en un d tournement ironique du geste modeste et accueillant d offrir un plat de p tes WU Hao Les oeuvres de Wu Hao n en 1985 vit et travaille Wu han sont comme un enregistrement du temps comprim Dans la s rie des Watermarks 2012 2014 l artiste cr e des peintures temporelles en laissant vaporer un m lange de peinture et d eau dans des r cipients de formes et de tailles diverses Au cours des mois d vaporation la peinture acrylique laisse des traces de d gradation qui viennent ins crire des variation s de couleurs et de texture sur les bords des r cipients En installant ces objets en cours de fabrica tion Wuhan Shanghai ou Hong Kong l artiste documente de mani re atypique l volution des conditions ext
7. N anmoins il ne s agit pas pour lui d une simple critique de la soci t moderne ce serait trop simple mais davantage de tirer des b n fices d un contexte donn 32 Edwin Lo Auditory Scenes The Chronicle of Seascape 2008 2014 Aude Pariset Pasta Hostis 2014 Wu Hao Watermarks Projects 2012 2014 Edwin LO Edwin Lo n en 1984 vit et travaille Hong Kong traite le son comme un objet de d sir comme des exp riences et souvenirs obs dants Depuis 2008 il enregistre des sons sur un p trolier sur lequel son p re est capitaine et qui ap provisionne en p trole d autres navires Hong Kong et dans la ville industrielle de Doumen en Chine du Sud Edwin Lo utilise l int rieur du bateau comme objet sonore et comme sonde captant le bruit des vagues qui 5 brisent sur la coque le son m tallique des marteaux sur le navire qu on r pare et le ronronnement incessant des vibrations m ca niques se m lant aux bribes de conversations de l quipage Ces sons sont le mat riaux d une partition qui se jouent sur trois mois con ue par l artiste pour inside China L espace d exposition devient comme un plateau de th tre o se d ploient des sc nes auditives Comprenant des moments de silence et des variations de volume cette bande son inter f re avec les oeuvres des autres artistes offrant de mul tiples possibilit s de rencontres Aude PARISET La pratique d
8. d un film de science fiction parcours des espaces archi tecturaux d cors cr s par l artiste et y rencontre des mannequins anim s costum s comme des personnages des ann es 1930 L extra terrestre nous sert de guide t moin d une humanit presque fig e et d un pass fictionnel 14 Christian Boltanski L Homme qui tousse 1969 1 PA Z Christophe Berdaguer amp Marie Pejus C 28 2012 Christophe Berdaguer amp Marie Pejus Psychoarchitec ture d tail 2006 L Homme qui tousse 1969 Christian BOLTANSHI Les r cits et la m moire qu ils soient collectifs ou individuels ont tou jours t au c ur de la cr ation de Christian Boltanski n en 1944 vit et travaille Malakoff L Homme qui tousse 1969 est une vid o d rangeante par la fa on dont elle met en sc ne de mani re fiction nelle mais r aliste une image profond ment inscrite dans l imaginaire collectif celle de la pauvret extr me et de la maladie Un homme assis seul presque prostr dans une pi ce v tuste tousse jusqu cracher du sang sur lui m me L uvre est particuli rement troublante par la mani re dont elle utilise de fa on d taill e et pr cise une imagerie tr s socialement construite de la pauvret costume de pauvre h re d r liction g n rale solitude maladie qui semble remonter au XIX si cle et traverser la modernit jusqu nous images bas es sur des faits r els constat s ma
9. es les plus intimes comment d finir ce que spontan ment nous appelons int riorit D un point de vue psychologique l int riorit d signe l ensemble des faits int rieurs L emploi de l adjectif int rieur a bien s r ici valeur de m taphore il r sulte de la transposition sur un plan psychologique d une r alit physique Si en premier lieu un int rieur est ce qui se trouve physiquement au sein d un espace clos l int riorit d un individu s applique plut t une dimension invisible l oeil et qui rel ve de l immat riel comme les pens es les sentiments les motions ou encore les sensations L int riorit est li e la conscience que tout individu a de lui m me de ses tats int rieurs et de ses actes Ce qui la r sume peut tre le mieux serait l id e de l exp rience de soi Elle est ce que chacun appr hende ou croit appr hender en lui et constitue une r alit propre l individu se distinguant de l exp rience qu il fait du monde ext rieur des objets et d autrui Evoquer un int rieur revient postuler l existence d une d limitation entre ce qui rel ve de cet int rieur et ce qui se trouve de l autre c t en face ou au revers l ext rieur On peut consid rer que la premi re et la plus visible des limites entre l homme et le monde serait son propre corps l tendue sen sible de sa peau Le corps appara t ainsi comme un lieu de rencontre entre ce que l homm
10. finition du terme Installation Glossaire Encyclop die des Nouveaux M dias http www newmedia art org La plupart des oeuvres pr sent es dans l exposition sont des installations parcourir L installation en tant que m dium artistique tisse des relations entre les diff rents l ments qui la composent ce syst me de relations internes s ajoute la prise en compte de l espace environnant Le visiteur est invit voluer entre les l ments sa perception de l oeuvre s effectue dans l espace et dans le temps Les installations 0 Inside aux dimensions souvent monumentales favorisent son immersion tant physique que mentale Le d ploiement dans l espace participe ainsi de l invitation g n rale l introspection form e par l exposition Le visiteur est dans l oeuvre et non devant L introspection du latin introspicere regarder l int rieur consiste en un examen attentif de sa vie int rieure en un retour sur soi A la fin du XVIIIe si cle le Romantisme qui merge d abord en Allemagne comme un courant essentiellement litt raire et philosophique avant de s tendre en Europe et tous les arts fera de l introspection sa cl N en r action l esprit des Lumi res le Romantisme privil gie l expression des sentiments et de l imagi nation l analyse critique et la raison pure constitue une tendance qui coure presque jusqu au milieu du XIXe si cle et dont on trouve l emp
11. pondre au mieux aux attentes de chaque groupe R SERVATION AUX ACTIVIT S DE L ACTION DUCATIVE Retrouvez le d tail de tous les formats d accompagnement et les tarifs sur www palaisdetokyo com publics Mail reservation palaisdetokyo com INFORMATIONS PRATIQUES ACC S Palais de Tokyo 13 avenue du Pr sident Wilson 75 116 Paris T l 01 47 23 54 01 www palaisdetokyo com HORAIRES De midi minuit tous les jours sauf le mardi Fermeture annuelle le Ter janvier le Ter mai et le 25 d cembre TARIFS D ENTR E AUX EXPOSITIONS TARIFS DES VISITES ACTIVES Plein tarif 10 Tarif r duit 8 Gratuit Groupes scolaires 50 Devenez adh rents Tokyopass Amis membre du TokyoArtClub Groupes du champ socio culturel 40 37
12. ra subjective Le film devient de plus en plus inqui tant alors que le personnage principal une jeune femme en fauteuil roulant est suivi par un jeune homme aux intentions ambig es A la fin du film les deux personnages se retrouvent face face dans deux immeubles oppos s reprenant le dispositif utilis par Alfred Hitchcock dans Fen tre sur Cour 1954 Chacun devient alors le voyeur de lautre Au cours de cette vid o le dialogue possible entre les deux person nages est remplac par le dialogue entre les deux crans permettant ainsi aux images de se r pondre Il ne s agit plus seulement de deux points de vue diff rents sur une action unique puisque s y m lent galement le regard de l artiste et celui du spectateur Sans titre Le Refuge 2007 St phane THIDET L uvre que St phane Thidet n en 1974 vit et travaille Paris ex pose pour Inside proc de l inversion des rep res spatiaux du visi teur l int rieur et l ext rieur se brouillent Le Refuge tire son nom des cabanes am nag es que l on trouve couramment dans les r gions montagneuses et qui offrent le repos pour la nuit aux randonneurs Celle pr sent e dans l exposition est en tout point conforme l image que l on pourrait se faire d un tel lieu exception qu il pleut non pas au dehors mais l int rieur de la cabane Le d tournement d objets connus des spectateurs et l tranget qui en d coule est
13. s pour partie seulement des filets de sa m moire La d marche dessine dans son ensemble un vaste puzzle mental nourri de nombreuses influences artistiques et litt raires et travers de r f rences politiques ou philo sophiques L interpr tation des citations au sens nigmatique qui les ponctuent est toujours laiss e la libert de chacun Ainsi de la phrase qui clate au regard sur la peinture murale que artiste a r alis e pour la fin du parcours de l exposition Inside d j lisible dans la composition d oeuvres pr c dentes Une de ses occurrences est peinte l tage m me du Palais de Tokyo sur un des murs de La Salle des instructions pens e en 2012 par Alberola comme un espace d attente interm diaire propice aux discussions Cette sen tence La sortie est l int rieur est manifestement adapt e du retournement d une tautologie courante la sortie est l ext rieur Dans le contexte de cette fin de parcours elle r sonne plus particuli rement comme la perspective d une suite mentale donner l exp rience v cue Peut tre renvoie t elle galement une sagesse philo sophique selon laquelle les ressources aux situations qui paraissent sans issues se logent parfois en notre for int rieur dont une meilleure connaissance indique le chemin 19 DAVID MALJKOVIC Artiste d origine croate David Maljkovic n en 1973 a fait ses tudes l Acad mie des Beaux Art
14. Paris la For t d Eva Jospin mat rialise un passage vers un autre monde et r f re comme la forme labyrinthique une preuve qui aura valeur d initiation pour celui qui l affronte L artiste travaille exclusivement le carton qu elle d coupe lac re assemble et colle pour faire na tre son motif Oscillant entre l il lusionnisme du d cor de th tre la sculpture et le haut relief chaque oeuvre de la s rie des For ts offre un cran aux pens es du visiteur L oeil s y prom ne et reconna t les troncs d arbre les feuillages et les entrelacs de branchages qui composent la lisi re d un sous bois dont la densit para t insondable La beaut myst rieuse manant de la For t aux dimensions monumentales qui encadre l entr e de l exposition Inside invite le visiteur se perdre tout entier dans les profondeurs de son imaginaire La for t constitue un symbole fort dans l art occidental dont les racines plongent dans les mythes grecs et nordiques Elle est par ticuli rement fr quente dans les contes populaires et les paysages romantiques peints ou grav s Son seuil repr sente une limite dont le franchissement n est jamais anodin car le passage par la for t r v lera certainement sa destin e au h ros La force de la for t est celle de la nature indompt e elle est peupl e de b tes sauvages et d tres fantastiques Le plus souvent lieu de tous les dangers espace de la dissolution des rep res d o nai
15. dans les salles d exposition C est ce moment que les oeuvres sont install es Performance La performance place le corps au centre de l expression Forme ar tistique ph m re elle tablie un rapport unique au temps et l espace et utilise le geste pour noncer un rapport symbolique au monde la soci t Ex cut e face un public la performance explore tout com 35 GLOSSAIRE Alt rit En philosophie caract re quali t de ce qui est autre distinct Animisme Syst me de pens e qui con sid re que la nature est anim e et que chaque chose y est gouvern e par une en tit spirituelle ou me Anthropoc ne Le concept d Anthropoc ne actuellement discut par la communaut scientifique r sulte de la proposition formul e en 2000 par Paul Crutzen un m t orologue n erlandais de cr er une nouvelle poque g ologique en raison du fait que l esp ce humaine est aujourd hui devenue une force g ologique Acter l entr e dans l Anthropoc ne revi endrait reconna tre la part anthropique C est dire r sultant de l intervention hu maine du changement climatique Commissaire d exposition Le commis saire est celui qui con oit une exposition monographique ou collective en choisis sant le th me et les oeuvres qui la com posent Exorcisme Pratique religieuse ou mag ique comportant certaines formules et certains gestes rituels destin e chasser
16. de consid rer le visiteur comme un spectateur fascin mais plut t comme un acteur r fl chi de l exposition 23 Les oeuvres de l exposition A long day for the form 2012 2014 Comme d autres uvres de David Maljkovic A Long Day for the Form prend une apparence modeste et discr te pour mieux servir de r v lateur En effet il s agit d un carton rempli de billes de polystyr ne qui vient litt ralement s inscrire dans l espace d exposition gr ce une d coupe pratiqu e dans le sol pour le recevoir Son ouverture se situe donc au niveau des pieds des visiteurs et ainsi l uvre perturbe la fois le parcours du visiteur et le syst me sc nographique Dans le carton prot g e au milieu des billes on devine une petite sculpture en bronze aux formes g om triques d appa rence tr s moderniste Il s agit en r alit de la reproduc tion en miniature d une uvre ant rieure portant le m me titre mais con ue l origine comme une grande structure en bois Telle une excavation arch ologique permettant de mettre au jour un objet gard secret l uvre vient perturber l espace d exposition en y creusant une perc e et en y introduisant une nouvelle information un nouvel l ment Par cette dis position le carton sugg re la fois un espace au del des limites du white cube un sous sol de l espace d exposition et la fausset du dispositif sc nographique les visiteurs
17. des pens es dran Mike Nelson Mais la plong e en soi peut prendre l allure d une lutte pour l tre confront ses propres contradictions et des pressions ext rieures lon Grigorescu Boxing 1977 ou pour celui qui se sent enferm contraint en lui Hu Xiaoyuan No Reason Why 2010 Le refuge int rieur se transforme parfois en une forteresse inaccessible autrui Ryan Gander en un enfermement subi comme une prison Andro Wekua ou en un lieu inhospitalier St phane Thidet dangereux Reynold Reynolds et Patrick Jolley Entre la chair de l homme et la chair du monde nulle rupture mais une continuit sensorielle toujours pr sente L individu ne prend conscience de soi qu travers le sentir il prouve son existence par les r sonances sensorielles et perceptives qui ne cessent de le traverser David Le Breton La Saveur du Monde Une anthropologie des sens 2006 L homme ne peut parvenir la connaissance int rieure en faisant l impasse de son corps de ses r sonances sensorielles et perceptives L anthropologue David Le Breton rappelle ainsi que la condition humaine avant d tre du domaine de l esprit est corporelle Loin de l ancienne dualit entre le corps et l esprit il n est rien dans l esprit qui n ait d abord s journ dans les sens Certaines oeuvres voquent au visiteur une int riorit v cue comme un acte corporel L oeuvre de Yuri Ancarani Da Vinci 2012 met ainsi en image un
18. et hors de nous m mes le monde tel qu il est Denis Viennet Animal animalit devenir animal revue Le Portique 2009 Les hommes et les soci t s semblent hant s par ce souvenir plus ou moins conscient de ces temps tr s anciens o avec les ours ils avaient les m mes espaces et les m mes proies les m mes peurs et les m mes cavernes parfois les m mes r ves Michel Pastoureau Lours Histoire d un roi d chu d du Seuil Paris 2007 Renouvelant sa d marche d exploration du monde par l enfermement Abraham Poincheval n en 1972 vit et travaille Paris a pass du 1er au 14 avril 2014 treize jours l int rieur d une sculpture en forme d ours expos e au mus e de la Chasse et de la Nature Paris Les dimensions de l oeuvre habitable cr e pour la performance d passent l g rement la taille r elle de lours noir du Canada dont la peau naturalis e recouvre l habitacle Elles sont adapt es la mor phologie de l artiste qui allong sur le dos au sein de la structure la Abraham Poincheval Ours 2014 Yuri Ancarani Da Vinci 2012 t te au niveau du cou de l ours disposait de l lectricit d une petite ventilation et d un syst me d vacuation sanitaire Abraham Poinche val s est embarqu comme pour une longue travers e en mer avec des rations de nourriture lyophilis e une bouilloire et une importante r serve d eau stock e dans la patte avant
19. gauche de l animal La pr paration a t optimis e pour que son voyage immobile puisse tre effectu en autonomie sans aide ext rieure Si l artiste s est retir du monde il n en tait pas pour autant coup Film en permanence par deux cam ras de surveillance il disposait d une connexion Internet et pouvait discuter avec les visiteurs pendant les heures d ouverture du mus e Plus qu une exp rience de la solitude d j approch e dans des conditions extr mes lors de pr c dentes performances il s agis sait pour Abraham Poincheval de faire corps avec l animal Cette volon t d exp rimenter le devenir animal tel que l a d fini le philosophe Gilles Deleuze passait par un travail 03506656 et une ouverture l alt rit exp riment e jusque dans la nourriture pr par e en amont partir des aliments favoris de l esp ce ursine insectes miel graines v g taux poissons Immobile allong pendant plusieurs jours dans un es pace clos l artiste a v cu dans une forme de somnolence l thargique peut tre proche des sensations prouv es par l animal en posture d hibernation Tenter de comprendre l animal en l incarnant revenait finalement pour l artiste explorer sa propre int riorit Diary 2009 2014 She side 2014 His sea 2014 Ataru SATO Le travail d Ataru Sato n en 1986 vit et travaille Tokyo jusqu pr sent jamais expos en France se d veloppe sous la fo
20. je suis arriv Paris dans le cadre d une bourse d tude J ai poursuivi mon activit de curateur de mani re ind pendante et du rant l t 2013 j ai t commissaire de 0 collective Forming the Loss in Darkness la galerie Praz Delavallade dans le cadre de la saison Nou velles Vagues du Palais de Tokyo Cette saison tait d di e aux jeunes commissaires d expositions elle portait plus sp cifiquement sur le r le du commis saire artiste C est de cette mani re que s est nou mon dialogue avec l institution La posture d un curateur ind pendant est elle diff rente de celle d un curateur rattach une institu tion Le cadre temporel dans lequel se d ploie le proces sus curatorial n est pas le m me Dans une insti tution les expositions sont programm es plusieurs mois voire plusieurs ann es l avance Lorsque l on est ind pendant les choses peuvent se mettre en place tr s rapidement en quelques semaines ou en quelques jours Dans ce sens la r activit un contexte pr sent n est pas du tout la m me Un contexte n est pas meilleur qu un autre et chaque exposition poss de son propre cadre temporel Pour moi l enjeu d une exposition est de cr er de nouvelles conditions de monstration pour les uvres Je suis d ailleurs int ress par la mise en place de dispositifs in dits ou que je n ai pas encore exp riment s moi m me Ainsi mon objectif demeure
21. le d mon d un endroit qu il occupe et en particulier du corps d un poss d L inconscient Domaine de la vie psy chique qui chappe la conscience Psychanalyse structure psychique qui se distinguant du pr conscient et du con scient constitue le lieu essentiel du re foulement In situ Une uvre in situ est une oeuvre cr e sp cifiquement pour un lieu Le concept du travail in situ c est dire une intervention artistique intrin s quement li e au lieu dans laquelle elle se trouve est tabli r troactivement par Daniel Buren en 1985 Il parle lui m me d instrument pour voir car paradoxale ment en 5 limitant un motif unique il parvient un largissement du champ vi suel du spectateur L uvre r v le le lieu et ce lieu m me la rend intransportable Met tant en jeu sa relation l environnement l uvre d art se mesure aussi au lieu o elle s expose qu il soit naturel urbain ou mus al comme le signifie expression in situ partir de la fin des ann es 60 de nombreux artistes quittent l atelier et investis sent d autres lieux d autres en vironnements Les mouvements les plus marquants furent le Land Art et la pratique de lin situ Ces uvres ne sont pas au BIBLIOGRAPHIE ALBERGANTI Alain De l art de l installation La spatialit immersive d L Harmattan 2013 BATAILLE Georges L exp rience int rieure Gallimard 195
22. lin de coton et de fourrure artificielle qui ap paraissent comme les strates successives d une dissection 34 me le rituel une forme d intersubjectivit d interaction qui ouvre un potentiel de transformation mutuelle entre le specta teur et le performeur La performance comme expression artis tique est n e au d but du XXe si cle avec les recherches des futuristes italiens et la contestation radicale et ironique des ar tistes Dada Elle est r invent e dans les ann es 50 la fois par le groupe japonais Gutai et au Black Moutain College par John Cage Merce Cunningham et Rauschen berg tous reconnaissant dans Dada une source d inspiration majeure Depuis elle n a plus quitt le devant de la sc ne artis tique trouvant sans cesse des modalit s et des intentions diff rentes pour produire des formes des r cits interroger les habi tudes les perceptions et les st r otypes Les happenings le groupe Fluxus en propo seront des mod les Elle devient une pra tique majeure d un art politique et engag dans les ann es 60 Elle devient prot i forme dans les ann es 90 et 2000 Source MAC VAL CQFD 2 Subjectivit Qualit inconsciente ou in t rieure de ce qui appartient seulement au sujet pensant Surr alisme Terme qui renvoie la sur r alit employ pour la premi re fois par Appolinaire face une repr sentation des ballets russes pour qualifier un sentiment au
23. qui constitue l exp rience la plus aboutie celle qui intensifie les traits de toute exp rience normale et l enrichie par le biais de l imagination L esth tique de Dewey n est pas limit e aux uvres d art son propos vise plut t d gager la dimension esth tique de toute exp rience Ainsi l exp rience esth tique ne doit pas tre s par e des activit s ordinaires et c est l artiste que revient le r le essentiel d assurer la continuit des uvres d art et des v nements de la vie La th se rejette de fait l opposition de l art et de la vie C est pr cis ment la notion d exp rience qui permet d assurer une continuit puisque lorsque l exp rience v cue est authentique il y a synth se de l action et de la perception Lors d une exp rience esth tique le sujet s prouve physiquement et mentalement en tant qu tre vivant Il y a ici pour finir ce rapide panorama opposition la tradition kantienne de l absence de fin puisque la fonctionnalit de l art est l inverse mise en avant L art r pond de multiples fins il sert la vie La visite de l exposition forme une exp rience prouver en cela elle peut difficilement tre restitu e celui qui ne l aurait pas v cue Ce que chacun vit en lui est incommunicable Pour tenter de partager l exp rience intime et unique que l homme a de lui m me les infinies nuances des sensations prouv es des motions ressenties il ne dispose que
24. r le d un miroir pour son inconscient voluer travers ce paysage form des trau matismes les plus intimes de patients anonymes constitue une ex p rience des plus troublantes pour le visiteur renvoy sa propre subjectivit au sein d un espace dont la blancheur virginale presque clinique contribue la dissolution des rep res A l instar des Psycho architectures 2006 2010 une autre s rie r alis e partir d un test psychologique bas sur le dessin oeuvre est r v latrice de la r flexion men e depuis plusieurs ann es par le duo sur la relation de l tre au monde le fonctionnement de la structure c r brale et la mat rialisation d images int rieures par d finition impalpables 15 Jesper Just This Nameless Spectacle 2011 M Nathalie Djurberg amp Hans Berg Deceiving Looks 2011 This Nameless Spectacle 2011 Jesper JUST This Nameless Spectacle 2011 tire son nom du po me de William Car los William The Right of Way 1923 po me voquant le plaisir pris observer les actions anonymes d autrui Jesper Just n en 1974 vit et travaille New York cr une installation vid o avec deux projections qui se font face ce dispositif permettant de repr senter simultan ment les actions d un personnage et ce qu il observe L uvre fait donc du spectateur la fois le voyeur ext rieur regardant les actions du personnage et le voyeur int rieur par l usage de la cam
25. s par David Malikovic En effet le collage est une pratique fondamen talement moderne de la po sie Dada aux insertions de coupure de journaux dans les toiles de Braque et Picasso de la technique du cut up de l crivain de la Beat Generation William Burroughs la pratique du sampling musical popularis par la musique rap de nombreuses formes artistiques ont em ploy et perfectionn la technique du collage Elles ont toutes en commun le fait de pr lever dans un mat riau pr existant cr par l artiste ou non des l ments divers qui sont ensuite r assembl s donnant lieu une nouvelle forme Bien entendu celle ci donne galement lieu un nouveau sens de nouvelles sensations Dans l uvre de David Maljkovic le collage est li pour une part l archive Il ne prend pas n cessairement une forme classique mais se d veloppe plu t t par l utilisation du montage vid o de la citation y compris de ses propres uvres ou de la sc nographie Ainsi ses uvres sur vid os ou diapositives usent tout particuli rement du collage en se servant de documents pass s images vid ographiques ou photographiques d archives ou encore coupures de journaux des ann es 1960 Par cette technique de pr l vement Maljkovic fait entrer dans son uvre des l ments politiques sociaux ou artistiques de l Europe moderne qu il s lectionne et re contextualise En effet c est plus sp cifiquement cette seconde propr
26. simple horloge digitale pos e sur une plate forme blanche que l on confondrait volontiers avec un socle ou tout autre meuble de pr sentation d une uvre d art Ce pendant l horloge ne fonctionne pas correctement et indique un temps erron Dans cette uvre David Maljkovic fait se rencontrer la fois son int r t pour l effacement des limites entre l objet la pla teforme et l uvre et pour l introduction du temps dans l es pace d exposition auquel de nombreux titres d uvres font r f rence un temps d structur qui refl te la mani re dont l artiste distord la continuit entre le pass et le pr sent 27 In Low Resolution 2009 2014 Tir du film du m me nom In Low Resolution pr sente la pre mi re image de la vid o un plan large des pistes d essai du site de Peugeot Sochaux Les personnages du film d anciens ing nieurs concepteurs de la marque automobile aujourd hui la retraite se tiennent autour de quatre voitures prototypes aux formes futuristes Tir e en large format et coll e sur une grande paroi de les pace d exposition elle est la fois une nouvelle version de l uvre pr sent e sur un des crans et une r f rence au titre de l exposition De par son format l image appara t comme tr s r aliste comme un vrai paysage sur lequel s ouvrirait l espace du Palais de Tokyo alors m me qu elle fait partie des images les plus myst rieuses du film et qu elle
27. 09 les horloges d raillent Untitled Plus rien ne peut tre lu de mani re classique les vieilles formes perdent de leur force Il revient donc au visiteur de leur r injecter un sens nouveau qui d passe leurs formes connues D ailleurs toute l exposition semble tre parasit e par un glissement des marqueurs habituels il est difficile pour le visiteur de distinguer les uvres des objets artistiques d finis du mobilier d exposition cabinet plateforme socle tant l utilisation des seconds est int gr e la cr ation de David Malj kovic exposition se d veloppe comme un espace artistique particulier une installation serait on tent de dire et au passage r v le l architecture qui l entoure En couvrant une partie des sols et des murs du Palais de Tokyo l artiste tente d aiguiser notre conscience de l espace qui nous entoure De plus le passage des visiteurs n est pas sans cons quence sur cet espace en effet les plateformes sur lesquelles se trouvent les uvres de l artiste sont parcourables Respectant la forme st r otyp e des espaces d exposi tion modernes ces plateformes sont compl tement blanches et seront donc progressivement salies par les pas des visiteurs Comme si les murs imma cul s de la galerie ou du mus e avaient subi un simple d placement dans l espace et se faisant devaient s adapter leur nouvel usage Encore une fois Maljkovic tente d attiser notre conscience refusant
28. 1 vit et travaille au Nouveau Mexique qui r p te tel un mantra une seule phrase sur diff rents tons en anglais Get out of my mind get out of this room Sors de mon esprit sors de cette pi ce La demande d abord plaintive est bient t ordonn e hurl e obligeant le visiteur quitter la pi ce assimil e par la sentence l int rieur de la t te de artiste L exp rience de l oeuvre est particuli rement prouvante Elle 18 Tunga AO 1981 Jean Michel Alberola La Sortie est l int rieur 2014 fait office d exorcisme lib rateur tout en marquant durablement le visi teur Le langage les sensations le corps sont au centre du travail dense et complexe de Bruce Nauman artiste majeur de notre temps dont les oeuvres favorisent autant d exp riences physiques physiologiques et psychologiques de l espace A la fin des ann es 1960 Nauman r alise plusieurs installations et performances historiques aux atmosph res pour le moins oppressantes II se met notamment en sc ne dans son atelier au cours de performances film es bas es sur la r p tition de gestes simples o son corps appara t contraint ou visuellement tronqu Pour l artiste am ricain la conscience de soi na t avant tout d une activit corporelle Ce qui importe n est pas que le visiteur voit mais qu il ressente pleinement voire qu il subisse l oeuvre si la charge agressive qu elle d livre permet l attention n cessaire
29. 4 CHRETIEN Jean Louis L espace int rieur Les Editions de Minuit Paris 2014 DANIELEWSKI Mark Z La Maison des feuilles Deno l et d Ailleurs Paris 2007 DEWEY John L Art comme exp rience 1934 Gallimard folio essais Paris 2010 FILLIOT Philippe Illuminations profanes art contemporain et spiritualit Nouvelles ditions Scala Paris 2014 JULLIEN Fran ois Eloge de la fadeur A partir de la pens e et de l esth tique de la Chine Ldp Biblio Essais 1993 KAFKA Franz Le Terrier 1923 LE BRETON David Les passions ordinaires Anthropologie des motions d Payot Coll Petite Biblioth que Payot 2004 LE BRETON David La saveur du Monde Une anthropologie des sens d M taili 2006 LEIBNIZ Gottfried Wilhelm Nouveaux Essais sur l entendement humain 1921 MALJKOVIC David New Reproductions Mousse Publishing 2014 MALJKOVIC David Sources in the Air Les Presses du r el 2012 TCHOUANG TSEU Oeuvres compl tes Gallimard 1985 WANG Xiaobo Le monde futur Actes Sud 20113 YAO Pauline In Production Mode Contemporary Art in China Timezone 8 P kin 2008 36 ACTION DUCATIVE Le programme ducatif du Palais de Tokyo a pour ambition de proposer des publics vari s d tre les complices de la vie d une institution consacr e la cr ation contemporaine Les artistes les expositions l histoire du b timent son archi tecture ou encore la politique culture
30. Marc Couturier r f rait explicitement la Gen se biblique et constituait une invite prendre le temps de la contemplation l installation monumentale in situ de Peter Buggen hout n en 1963 vit et travaille Gand voque plus spontan ment un paysage post apocalyptique au visiteur saisi par le choc de sa d couverte intitul e On Hold elle est constitu e en un enchev trement de mat riaux des fragments pars de plusieurs caravanes et des lam beaux de plastiques color s de ch teaux gonflables Son apparence chaotique engendre chez le visiteur la sensation d arriver sur les lieux d sert s d une catastrophe naturelle qui aurait balay le monde sur son passage L incompr hension que l installation provoque incite la parcourir physiquement comme mentalement travers un chemin labyrinthique et accident pour tenter d en saisir les mille d tails et l organisation d ensemble L oeuvre d une ampleur sculpturale rel ve de l informe selon l acceptation que l crivain Georges Bataille a donn e ce terme En 1996 les commissaires de l exposition L informe mode d emploi au Centre Georges Pompidou Paris entendaient proposer une lec ture de l art moderne par ce biais Avec l informe ils ouvraient une troisi me voie d acc s sa compr hension souvent articul e autour d une opposition entre la forme et le contenu L oeuvre par la force myst rieuse qu elle d gage rel ve tout autan
31. PA LL RE zi ya a ET 5 TR w e ca an 3 ARS ET RER ES Caspar David Friedrich Le Moine au bord de la mer 1808 1809 Alte Nationalgalerie Berlin Odilon Redon L araign e souriante 1881 Kunsthaus Z rich L exp rience Le parcours de l exposition est structur de mani re faire vivre une exp rience unique au visiteur Le philosophe am ricain John Dewey 1859 1952 dont un leitmotiv tait de redonner la philosophie une fonction constructive pour l tre humain a livr avec son ouvrage L art comme exp rience premi re parution en 1934 une analyse fondamentale de l exp rience esth tique Selon Dewey une exp rience se comprend toujours en termes d inte ractions Ainsi quelle que soit l activit dans laquelle il est engag l tre humain est principalement un tre en interaction avec et dans un environnement En tant qu tre de culture il a la capacit d effectuer cette mise en relation par le biais de signes et de symboles donnant de ce fait une signification son environnement II fait sens de son exp rience personnelle et l ins re dans l exp rience humaine globale Il y a toujours selon Dewey une distinction noter entre une exp rience et l exp rience Ainsi l tre humain fait couramment l exp rience d activit s de mani re incompl te tandis qu une exp rience est structur e consciemment avec un commence ment et une fin Or pour lui c est l exp rience esth tique
32. absentes de cette installation le capot est certainement porteur de r f rences artistiques fortes En effet il est un objet si intime ment li la sc nographie mus ale qu il voque la fois la conservation l exposition et la sacralisation des objets qu il est cens contenir En absence des uvres il se r v le tre un objet tout aussi vocateur et significatif Display for Lost Pavilion at Metro Pictures New York 2009 2011 Cette uvre est un nouvel exemple de la s rie des displays dans laquelle Maljkovic propose la relecture d une uvre d j expos e en r activant seulement son dispositif de pr senta tion et en modifiant celui ci de mani re concevoir une nou velle uvre Ainsi Lost Pavilion tait constitu originellement d une repro duction petite chelle du pavillon am ricain de la Foire Mon diale de Zagreb en 1956 Celui ci tait pr sent non comme une maquette mais comme une sculpture dont la cavit in t rieure servait de caisse de r sonnance un haut parleur situ sa base Cette maquette sculpture ayant disparu le haut parleur ayant t t de la base ne reste plus qu un socle blanc Une l g re modification est apport e la structure d origine ici un microphone pos sur un pied est plac litt ralement dans le socle Le son diffus dans l uvre ancienne disparu et ce dispositif de captation cherche vainement le retrouver en sondant l
33. arisien lar tiste les r cup re pour en composer une installation au sol Sur ces surfaces refl tant d autres oeuvres de l exposition viennent s inscrire les rayures laiss es par les pas des spec tateurs Leur transparence forme un seuil peine perceptible que les visiteurs doivent franchir une sorte de terrain d atter rissage Son oeuvre Half Real fait cho celle de Yu Ji un autre rev tement quasiment invisible LI Gang M me lorsqu il retourne vivre temporairement dans sa pro vince d origine le Yunnan Li Gang n en 1986 vit et travaille P kin explique qu il a le mal du pays Celle ci s est beau coup d velopp e ces derni res ann es au point que sa ville natale ressemble aujourd hui P kin L artiste a fait de ce constat la source d inspiration premi re de son travail LI Gang r cup re des mat riaux de sa r gion et les transforme gr ce des machines qu il fabrique lui m me avec laide de son fr re Le processus est assez lent il pourrait l acc l rer en envoyant une commande une soci t de production mais cela ne l int resse pas Il a par exemple pour l oeuvre The End r cup r des pots d chappement de v hicules qui circulaient dans sa ville et en a extrait les particules noires pour en faire des blocs d encre s che inspir s des m thodes et savoir faire traditionnels comme pour rassembler en un ob jet la calligraphie traditionnelle et l urbanisation grandissante
34. au sein d un Palais de Tokyo m tamorphos les oeuvres r unies renvoient toutes par del leur singularit au vaste domaine de l int riorit Beaucoup prennent la forme de grandes installations parcourir tant physiquement que men talement Ensemble elles favorisent un cheminement int rieur v cu travers une large palette de sensations et d motions L exposition invite ainsi travers la d couverte des oeuvres qui la composent un voyage l int rieur de soi La pr sente analyse de l exposition collective Inside s articule en deux sections distinctes enrichies des d fi nitions de concepts cl s qui sous tendent le propos particuli rement riche de l exposition Une premi re partie entend fournir un cadre g n ral la visite en explicitant succinctement les principales th matiques abord es par l exposition Dans un second temps chaque oeuvre fait l objet d une pr sentation synth tique qui r sume certains de ses grands enjeux dans le cadre pr c demment pos Ce qu il y a de plus profond en l homme c est la peau Paul Val ry L Id e fixe ou Deux hommes la mer 1931 L int riorit Inside nous propose un voyage dans un monde tout la fois proche et lointain familier et inconnu unique et multiple en permanente volution Ce monde au paysage insaisissable et changeant se trouve en chacun de nous Si la visite de l exposition nous y conduit de la peau jusqu nos pens
35. cabulaire reconnaissable aussi nigmatique que fasci nant Intitul e Argile silencieuse l installation con ue par Mark Manders pour l exposition Inside rel ve pleinement de cette mise en forme continue d un espace mental D ploy e en plusieurs flots d limit s par des b ches transparentes oeuvre voque tant l atelier d artiste qu un chantier de fouilles arch ologiques Les l ments d architecture pars les figures humaines morcel es renvoient tout la fois la statuaire antique des paysages romantiques de ruines et aux di Mark Manders Argile silencieuse 2014 fices solitaires de l artiste surr aliste italien Giorgio De Chiricho 1888 1978 voluer entre ces espaces insulaires revient pour le visiteur p n trer un monde fictionnel o l impression de r ve veill le dispute celle d une trange familiarit selon une traduction privil gi e aujourd hui de l Unheimliche freudien Ici l inconscient se fait mati re le symbole r gne en ma tre et les apparences sont trompeuses Au premier rang des illusions ces sculptures en bronze peintes dont on imagine tort qu elles sont d argile conserv es b ch es humides dans l attente d un possible remodelage venir Le visiteur plac face la mat rialisation d une pens e r gie par des associations d id es et des syst mes de significations qui lui chappent fait ici une exp rience sensible et po tique de l alt r
36. d un langage form l ext rieur commun tous Le besoin de communiquer l absence de com munication possible cette contradiction irr soluble est au coeur de l oeuvre litt raire de Samuel Beckett 1906 1989 crivain majeur du XX si cle Les dialogues d En attendant Godot o la pr pond rance des silences qui ponctuent Fin de partie ses pi ces de th tre les plus c l bres rel vent de cette incommunicabilit et du sentiment de solitude qu elle fait na tre en l homme L univers de Beckett a constitu une influence des plus importantes pour l artiste am ricain Bruce Nauman dont l oeuvre historique Get Out of my Mind Get Out of this Room ponctue la fin du parcours L espace mental et la place du corps Une exp rience s prouve donc tant mentalement que physiquement dans l espace et dans le temps C est dans ce sens que le parcours de l exposition a t con u de mani re proposer un cheminement au visiteur rythm par une pluralit d motions et une progression des sensations jusqu aux vocations les plus sombres L acte introspectif contient l id e d un travail sur soi d une d marche qui aboutira in fine une meilleure connais sance de soi Plusieurs oeuvres ont t pens es comme les projections formelles d un espace mental et de son activit Certaines constituent des autoportraits d tats int rieurs Mark Manders Christophe Berdaguer et Marie P jus Ataru Sato mat rialisent
37. del de la r alit visible V ritable hommage l imagination et appel l mer veillement ce mouvement artistique tant litt raire que visuel de la premi re moiti du XX si cle valorisant des proc d s de cr ation et d expression lib r s du contr le de la raison automatisme r ve incons cient et en lutte contre les valeurs re ues Le surr alisme est issu essentiellement du dada sme un mouvement cr en 1916 par des crivains et artistes r unis autour de Tristan Tzara Or en r action l horreur et l absurdit de la Premi re Guerre mon diale Dada veut rompre totalement avec les valeurs morales et les codes bour geois de l poque C est un mouvement de remise en question radicale du monde tel qu il est qui compte distordre l ordre tabli et les normes du langage Traumatisme En psychanalyse un trau matisme est v nement qui est la cause d une motion violente qui influe sur la personnalit du sujet et qui entra ne des troubles durables tonomes elles existent et s entendent en fonction de leur milieu avec lequel elles sont en interaction et dont elles r v lent le caract re singulier Source MAC VAL CQFD 1 Installation Forg e au XXe si cle pour d finir des pratiques artistiques ne corre spondant pas aux cat gories classiques attribu es aux uvres d art peintures sculptures la notion d installation re couvre des formes extr mem
38. e En termes de m dium je n ai pas pour habitude de consid rer le m dium employ comme crit re de s lection ce n est d ailleurs pas ce qui m int resse en premier lieu Tous les artistes retenus pour l exposition imbriquent temporalit et mat rialit Par exemple Edwin LO a pass les six derni res ann es enregistrer les sons mis par le p trolier sur lequel travaille son p re sans savoir pr cis ment ce qu il allait faire de ce mat riau va ainsi l encontre d un syst me de production rapide Tous ont en commun le fait de prendre leur temps et d analyser ce facteur temps par exemple en pla ant la mati re l preuve de celui ci Ces artistes ne r pondent pas aux exigences de production rapide induites par le march de l art si puissant en Chine Quelles r actions ont eu les artistes rencontr s face l int r t d une institution parisienne Ces derni res ann es de nombreuses expositions ont eu lieu travers le monde sur l art contemporain chinois Une bonne part des artistes est donc plut t habitu e la visite de curateurs trangers dans les ateliers Ces expositions regroupent g n ralement des artistes selon leur m dium leur ville d origine ou encore leur ge Comme mes crit res de recherche taient autres les changes avec chacun d eux taient riches J aime beaucoup m entretenir durant des heures avec les artistes L objectif n est pas n cessairemen
39. e plong e l int rieur d un organisme humain En s enfermant au sein d une sculpture recouverte de la peau naturalis e d un ours Abraham Poincheval cherchait explorer certaines sensations physiques de l animal et travers elles esp rait certainement nouer un rapport symbolique de l ordre du spirituel avec lui L Homme qui tousse de Christian Boltanski confronte le visiteur une sc ne doulou reuse o la douleur mentale et la douleur physique apparaissent intimement li es L artiste Abraham Poincheval a expliqu que l id e voire la n cessit de ne faire qu un avec un ours lui tait venu lors d un p riple au c ur des Alpes apr s avoir t confront aux d pouilles d animaux rencontr s vivants quelques jours plus t t La performance tenait pour lui d un acte de renaissance peut tre comparable la sensation v cue par lours la fin de chaque cycle d hibernation La fin de l exposition place le visiteur face plusieurs oeuvres voquant la part sombre de l humanit Se confronter aux peurs universelles comme celle de sa propre mort forme une exp rience cathartique Accepter l id e que toute vie est ph m re peut d s lors l aider assumer la responsabilit de sa propre existence et lui donner de fait un sens Pe 27 i NUMEN For Use Tape Melbourne 2011 Anish Kapoor Leviathan 2011 Monumenta au Grand Palais Courtesy Minist re de la Culture et de la Co
40. e ressent int rieure ment motionnellement mais aussi et tout autant visc ralement et ce qui l entoure La distinction entre int rio rit et ext riorit ne signifie pas que l homme est divis Il est en permanence le seul et m me individu la fois pr sent en lui et l ext rieur dans le monde Plus encore son int riorit se forme en permanence dans et par le monde elle prend acte de l environnement qui lui est ext rieur et s anime en tous sens par ce qu il en per oit Les premi res oeuvres de l exposition marquent sensiblement le passage d un ext rieur vers un int rieur L instal lation monumentale du collectif NUMEN For Use voque tout la fois la membrane corporelle le r seau synap tique et le cocon pr c dant la m tamorphose tandis que les oeuvres d Eva Jospin ou de Marcius Galan symbo lisent la bascule dans un espace dont la travers e promet de constituer une tape si ce n est une preuve vers une meilleure connaissance de soi Le visiteur entame une exploration qui rel vera du domaine des profondeurs int rieures et qui fera remonter en lui certains souvenirs enfouis Mikhail Karikis Uriel Orlow Sounds from Beneath 2010 2011 dans les strates caverneuses de sa m moire Dove Allouche Les P trifiantes 2012 L installation l environnement et l introspection Depuis la fin des ann es 1950 le spectateur habite l uvre au m me titre qu il habite le monde Extrait de la d
41. elques se maines J ai donc d me laisser guider par ma sub jectivit et mon instinct pour aller vers des artistes int ressants Le Pr sident du Palais de tokyo et moi m me partageaons un int r t pour les productions qui Se situent la marge du territoire de l art Je suis donc all la recherche d artistes qui travaillent en dehors du contexte du march de l art et qui ne b n ficient pas d une reconnaissance sur la sc ne inter nationale Au total jai d rencontrer une centaine d artistes en Chine Avez vous suivi des directives sp cifiques lors de ce travail de prospection Ou vous a t on laiss carte blanche Partiez vous en qu te d une chose en par ticulier Justement sur place mes interlocuteurs me deman daient souvent quel genre d artistes je cherchais J vitais de leur donner une r ponse claire quant mes attentes je ne voulais fermer aucune porte Renaud Jerez Half Real 2013 Li Gang The End 2014 Les artistes de l exposition Renaud JEREZ Renaud Jerez n en 1982 vit et travaille Berlin r v le dans ses installations les m canismes de contamination et de consommation Ces oeuvers illustrent la fa on dont nos corps se trouvent continuellement soumis aux imp ratifs de sant et de beaut et aux industries qui en sont les agents Attir par les surfaces rafl es et voil es des plaques souple en Plexiplas qui prot gent les cartes du m tro p
42. ent vari es L installation dispositif environnement multim dia interactivit permet l artiste de faire une mise en sc ne des l ments constituants de la repr sentation Le terme indique un type de cr ation qui refuse la concentration sur un objet pour mieux con sid rer les relations entre plusieurs l ments L installation tablit un ensemble de liens spatiaux entre l objet et l espace architectural qui poussent le spectateur prendre conscience de son int gration dans la situation cr e L exp rience de l uvre par le spectateur constitue un enjeu d terminant L uvre est un processus sa perception s effectue dans la dur e d un d placement Engag dans un parcours impliqu dans un dispositif le spectateur participe la mobilit de l uvre Encyclop die des Nouveaux M dia Centre Pompidou CNAP Mus e Ludwig Saint Ger vais Int riorit Caract re de ce qui est int ri eur propre la conscience l esprit la vie Spirituelle Introspection Observation examen re gard attentif sur soi m me M taphore Figure par laquelle se fon dant sur une comparaison implicite on use pour d signer quelque chose d un terme d une expression qui au sens pro pre s applique une autre r alit Montage d une exposition Le montage est l tape consistant mettre physique ment en place tous les l ments con stituant une exposition
43. es fondements de l uvre 26 Temporary Projections 2011 Ll ambivalence entre pr sence et absence ou sonorit et mutisme est un th me r current du travail de David Maljko vic Dans Temporary Projections l artiste proc de par un geste simple et d fini il place un bloc blanc un white cube si l on veut sur une table pour projecteur vid o Ce bloc immobile et silencieux vient se substituer un appareil utilitaire ayant pour fonction de projeter c est dire de faire appara tre une image une illusion pourrait on dire en dehors de lui La forme g om trique choisie semble porteuse de nom breuses r f rences des formes st r otyp es la salle d ex position moderne le socle le monolithe la bo te de transport de l uvre En tout cas cette uvre se confond la fois avec l histoire de l art moderne et avec les dispositifs de pr senta tion qui l accompagnent En ce sens son incapacit projeter une image est significa tive l inverse du projecteur de film porteur d illusions de messages de r ves de propagande ce monument miniature reste d finitivement muet et imp n trable Untitled 2004 Si le titre sans titre peut veiller le soup on tant certains le prennent tort comme un exp dient dans le cas de cette uvre furtive presque indiff renci e du rare mobilier d expo sition qui l entoure son anonymat prend tout son sens Il s agit d une
44. faux sem blants sont les ma tres mots d une uvre d tournant les principes historiques de la repr sentation et mettant le spectateur dans une position trouble Dessin du Troisi me jour 2014 Marc COUTURIER Le travail pictural et sculptural de Marc Couturier n en 1946 vit et travaille Paris a le pouvoir de d ciller notre regard il constitue une invitation prendre le temps de voir Chacune de ses oeuvres rend visible la spiritualit personnelle de l artiste de nos jours un des plus engag s dans la mat rialisation sensible d une possible relation au sacr Marc Couturier poursuit ici la s rie au long cours des Dessins du Troi si me jour d but e en 1991 L ensemble fait explicitement r f rence l pisode biblique de la Gen se et plus pr cis ment au troisi me jour de la cr ation du monde lorsque les v g taux sont cr s avant la lumi re L artiste a r alis sur place une intervention monumentale recouvrant plusieurs murs d un dessin au graphite non figuratif issu d un geste spontan et continu sans repentir Les multiples traits qui le composent forment une pluie de ratures qui avec le recul et le temps du regard dessinent un paysage une vaste tendue herbeuse anim e par le souffle du vent Le geste presque intuitif qui fait adve nir ce monde v g tal n est pas sans rappeler la pratique de l criture automatique laquelle les surr alistes s adonnaient pour lib rer l ex pres
45. fort moderne Stoner 2013 Andra URSUTA Dans Stoner 2013 tout n est que mati re solide et m canique et pourtant l humain est au premier plan de l uvre Cette installation d Andra Ursuta n e en 1979 vit et travaille New York est constitu e d un mur couvert de carreaux de fa ence de couleur chair dont les join tures laissent appara tre des m ches de longs cheveux noirs et d une machine d entrainement au baseball Celle ci projette des balles dont la mati re les fait ressembler des pierres et qui viennent progressi vement d truire le mur Les uvres d Ursuta usent de la m taphore du d tournement et par fois d une dose d humour noir pour mieux repr senter les peurs et l horreur qui naissent au fond de chaque tre Ici l uvre peut aus si bien faire r f rence au sort des femmes lapid es qu celui des emmur s vivant La destruction et la violence qui sont au c ur de l uvre ne sont pas montr es frontalement mais plut t sugg r es pour mieux toucher aux motions du spectateur D Araya Rasdjarmrearnsook Conversation 2005 Artur Zmijewski Berek The Game of Tag 1999 Bruce Nauman Get Out of my Mind Get Out of this Room 1968 Conversations l lll 2005 Araya RASDJARMREARNSOOK Les uvres d Araya Rasdjarmrearnsook n e en 1957 vit et travaille Bangkok touche l immat riel et au physique au durable et l va ne
46. i t du collage qu y est favoris e dans cette uvre la capacit d veiller le regard critique par un simple d placement d une image ou par son association avec d autres l ments qui lui taient jusqu alors inconnus Prenons l exemple de Out of Pro jection uvre qui m le des images capt es sur les pistes d essai de l usine Peugeot Sochaux avec comme protagonistes les anciens concepteurs des prototypes de voitures Leurs retrouvailles sur ce lieu secret au milieu de voitures aux courbes futuristes ressemblent un ballet trange dont ils de viennent les acteurs presque fantomatiques Ces images myst rieuses sont juxtapos es des images d interviews dans lesquelles apparaissent face cam ra ces m mes ing nieurs la retraite Le son de ces interviews a t coup laissant le spectateur face un t moignage effac Les images documentaires perdent donc leur caract re explicatif et leur as sociation aux images pseudo narrative ne parvient pas clairer les actions tranges auxquelles se livrent les protagonistes Au contraire les images d interviews sont sujettes une contamination par les images fictionnelles le spectateur les d couvre au fil d une narration d construite De plus Maljkovic ins re une seconde vid o dans l cran sur lequel sont pro jet es ces images Undated dans laquelle on peut voir les mains de l artiste croate moderne Ivan KozZaric n en 1921 vit et travail
47. ieur de soi dont l espace d ex position serait la m taphore Cette immense odys s e tant physique que psychique invite traverser deux niveaux du Palais de Tokyo m tamorphos par les artistes Le centre d art a galement invit David Maljkovic l un des plus grands artistes croates Celui ci explore notamment les effets du temps qu il s agisse du temps de l histoire de la technique et de l oeuvre elle m me et les met en situation Apr s un an de prospection en Asie l exposition col lective Inside China propose une premi re s lection sous forme de dialogue entre cinq artistes chinois et rois artistes fran ais dont l illustre Nadar Ce cahier explore les sp cificit s th matiques de chacune de ces expositions et propose une analyse plus pouss e de chacune des oeuvres pr sent es En fin d ouvrage retrouvez un glossaire reprenant des notions plus g n riques aff rant aux arts visuels l histoire de l art et de l exposition aux techniques et aux mat riaux une annexe regroupant un choix de textes une bibliographie filmographie contextuelle Couverture Andro Wekua Untitled 2011 d tail Courtesy Gladstone Gallery New York Bruxelles Andro Wekua INSIDE Inside est une exposition collective dont les commissaires Jean de Loisy Daria de Beauvais Katell Jaffres esp rent que le visiteur tirera une exp rience unique et puissante Pr sent es sur deux niveaux
48. is qui une fois entr es dans le domaine de la repr sentation peuvent relever du clich mis rabiliste Christian Boltanski nous renvoie donc comme souvent dans son travail vers notre compr hension des signifiants et nous invite r fl chir notre perception individuelle des images E 17 Y 40 A 18 C 28 X 40 0 13 5 2014 Christophe BERDAGUER amp Marie PEJUS L installation pr sent e par Christophe Berdaguer et Marie P jus n s respectivement en 1968 et 1969 vivent et travaillent Paris et Mar seille est compos e de six sculptures blanches con ues partir de dessins r alis s par les patients d un test psychologique Ce test dit test de l arbre est fr quemment pratiqu tout ge et dans plu sieurs pays depuis les ann es 1930 pour aider au diagnostic de trau matismes et de certains troubles de la personnalit Sans en avoir conscience le patient imprime dans son dessin des points saillants de sa vie motionnelle Les diff rentes dimensions des sculptures du duo sont relatives l ge des patients selon un protocole strict adapt de l index scientifique d un neurologue allemand le Docteur Wittgenstein En tablissant un rapport num rique entre la hauteur de l arbre et l ge du patient ce praticien a en effet r v l qu il tait possible de d termi ner presque exactement l ge auquel un patient a v cu un v nement marquant L arbre dessin sur demande par le patient a jou le
49. it The Exorcism of both the public and the private 2014 Giorgio De Chirico L nigme du jour 1914 Mike NELSON Le processus de cr ation artistique de Mike Nelson n en 1967 vit et travaille Londres se d veloppe g n ralement dans plusieurs lieux distincts l atelier la r sidence le lieu d exposition qui entretiennent des rapports troits malgr leurs sp cificit s diverses Son travail vise m ler ces diff rents espaces dans ce qu il appelle un dispo sitif d atelier Ce qui y est pr sent n est donc pas l aboutissement d un travail mais un instantan d une recherche ininterrompue Ainsi l uvre pr sent e au Palais de Tokyo entretient logiquement de nom pee 7 Es 1 breux rapports avec une autre cr ation pr sent e simultan ment la z Kunsthalle de M nster Esth tiquement la construction dans laquelle p n tre le visiteur semble maintenue en suspend dans un tat h si tant entre structure stable et d sordre chaotique L uvre met en jeu des l ments d j employ s par l artiste dans le pass et d autres in dits qui deviendront peut tre de futurs motifs son installation permet donc au visiteur de toucher un tat mental et cr atif passa Mike Nelson The Exorcism of both the public and the ger comme une tentative perdue d avance de repr senter le pr sent Private 2014 12 lon Grigorescu Boxing 1977 Note d intention de dra
50. l approche souvent privil gi e par St phane Thidet dans son travail L artiste am ne le visiteur r valuer son approche du r el et induit un d calage dans le parcours de l exposition Ici le refuge ne se trouve plus dans la cabane mais l ext rieur la construc tion qui annon ait le repos et la chaleur invite passer son chemin assurant que le vrai refuge se trouve ailleurs It s The Mother 2008 Untitled 2008 Once Removed On My Mother s Side 2008 Putting Down The Prey 2008 The Rhinoceros And The Whale 2008 Deceiving Looks 2011 Open Window 2011 It Wasn t Made To Play The Son 2011 Nathalie DJURBERG amp Hans BERG Le travail de Nathalie Djurberg et Hans Berg n s en 1978 vivent et travaillent Berlin m le vid o d animation sculpture et cr ation so nore et sublime les instincts animaux et les d sirs humains Dans ses vid os Nathalie Djurberg traite de sentiments souvent consid r s comme psychologiquement et socialement n fastes la jalousie 1 Nathalie Djurberg amp Hans Berg Putting Down The Prey 2008 0 WE N TE f 0 Reynold Reynolds amp Patrick Jolley Burn 2002 Andra Ursuta Stoner 2013 l envie le masochisme le sadisme la luxure Hans Berg en compose la bande son offrant ses images anim es leurs atmosph res hyp notiques Pour Inside le duo pr sente une structure bic phale dans laquelle s ins rent deux vid os t
51. le Zagreb malaxer une boule de feuille d aluminium Gr ce ces d coupages et juxtapositions c est dire ces collages David Maljkovic peut m ler intimement pass pr sent et futur en niant l id e d une ligne directrice se projetant vers l avenir d un progr s exponentiel Le collage brouille le sens et ouvre l exp rience de l uvre l alt rit en soulignant l existence d un contexte culturel social temporel ext rieur l uvre avec lequel celle ci dialogue constamment 22 L exp rience subjective et immat rielle In Low Resolution comme toutes les expositions de David Maljkovic tente de proposer au visiteur une exp rience physique individuelle et intellectuelle En effet les assemblages visuels et sc nographiques propos s par l artiste ne forment pas un discours construit ils forment plut t la trame d une exp rience diff rente pour chaque visiteur et les pr mices du d veloppement d une pens e critique individuelle On peut postuler qu un des th mes les plus pr gnants de l uvre de Malj kovic est la disparition du signifiant les discours deviennent incompr hen sibles ou muets les interviews silencieuses de Out of Projection le son des projecteurs remplace les commentaires des vid os Undated les dis positifs de pr sentation restent seuls s par s des uvres qui leur taient associ es Display for Lost Pavilion at Metro Pictures New York 20
52. le m me que je sois ind pendant ou au sein d une ins titution 30 Quel a t votre parcours Je suis dipl m d un Bachelor of Arts au Art Institute de San Francisco o l enseignement tait interdisci plinaire J ai concentr ma pratique sur la vid o le son la photographie et les th ories critiques criti cal theories Apr s cela je suis devenu iconographe photo editor pour un magazine New York J y ai travaill pendant 7 ans puis j ai d cid de reprendre ma pratique artistique en suivant un master l Uni versit de New York Ce programme d enseignement tait galement interdisciplinaire et nous avions la chance de n tre que huit artistes le suivre Entre les deux ann es de master j ai organis une exposition dans mon appartement une pratique assez fr quente New York Il s agit g n ralement d v nements ponctuels de quelques jours que l on organise entre amis ou connaissances J habitais le Upper East Side qui n est pas vraiment le coin o vivent les artistes new yorkais Mais je trouvais cela int ressant justement et puis il y a cette proxi mit avec le Guggenheim J ai donc invit 25 30 artistes exposer dans mon appartement qui ne faisait que 20m mes professeurs des l ves et d autres artistes crois s New York L exposition a dur tout l t et j ai cohabit avec ces uvres puisque je vivais toujours sur place Cette premi r
53. lle et les m tiers de l institution sont autant d l ments qui servent de point de d part l laboration de projets ducatifs qui envisagent le Palais de Tokyo comme un lieu ressource avec lequel le dialogue est permanent L approche choisie a pour ambition d affirmer l exp rience du rapport l uvre comme fondatrice du d velop pement de la sensibilit artistique Quel que soit le projet engag visite active workshop rencontre etc les m diateurs du Palais de Tokyo se positionnent clairement comme des accompagnateurs et tentent de ne jamais imposer un discours pr tabli Jamais videntes et sans message univoque les uvres d art contemporain sont support l interpr tation l analyse et au dialogue elles stimulent l imaginaire la cr ativit et le sens critique Le service ducatif s engage valoriser ces qualit s afin d inciter chaque participant s affirmer comme individu au sein d un corps social S appuyant sur les programmes ducatifs en vigueur les formats d accompagnement CLEF EN MAIN offrent aux ducateurs et enseignants un ensemble de ressources et de situations d apprentissage qui placent les l ves dans une posture dynamique Des outils compl mentaires de m diation indirecte sont mis disposition pour pr parer ou pour prolon ger en classe l exp rience de la visite Les formats d accompagnement DUCALAB sont quant eux con us sur mesure et en amont avec le service ducatif qui t chera de r
54. mar chant sur une plate forme Undated 2013 L uvre Undated est constitu e la fois d un film et du dis positif de projection qui l accompagne dont le son prend pleinement part l uvre A l cran les mains de l artiste croate Ivan KozZaric un des fondateurs du groupe d artistes modernes Gorgona font tourner une boule de feuille d alu minium symbolisant l ouvrage de l artiste le processus de travail menant l uvre La forme abstraite que ces mains d veloppent progressive ment est sujette une seconde manipulation celle ci vir tuelle l image est en effet transform e num riquement en post production par Maljkovic lui m me Un paradoxe appa ra t donc aux yeux du visiteur le film projet en 16mm n est pas v ritablement analogique un format du pass bien qu il en prenne la forme La technologie du pr sent s est immis c e tout comme le geste de l artiste actuel est venu transfor mer celui de son ain Une seconde manipulation vient se m ler l image mais celle ci est de nature sonore Gr ce un syst me de cap tation et de traitement du son un micro situ au dessus du projecteur arrive transmettre les sons de la machine lec troniquement distordus Ceux ci prennent l aspect d une sorte de discours pseudo humain et couvrent le son r el de la machine faisant ainsi cho au th me de la rencontre des poques des techniques explor dans l uvre 24
55. mmunication Eva Jospin For t 2013 Fiches oeuvres Tape Paris 2014 NUMEN FOR USE D s son arriv e au Palais de Tokyo le visiteur est accueilli par Tape Paris l oeuvre imposante de NUMEN For Use un collectif d artistes galement designers et sc nographes Sven Jonke n en 1973 vit et travaille Berlin Christoph Katzler n en 1968 vit et travaille Vienne et Nikola Radeljkovic n en 1971 vit et travaille Zagreb Il s agit de la quinzi me dition d une installation d j pr sent e dans des contextes tr s divers de l environnement naturel l espace public urbain et dont la premi re dition est n e de l enregistrement d o le titre anglais tape des mouvements de plusieurs danseurs voluant entre les piliers d une pi ce L installation a n cessit un important travail de montage mobilisant dix personnes pendant onze jours Ex clusivement constitu e d une quarantaine de kilom tres de bandes de scotch transparent elle envahit le hall d un r seau de formes souples et organiques d ploy es en hauteur et tir es jusqu l entr e de lex position Inside Tape Paris dont l apparence voque un immense cocon suspen du tel un parasite l difice intrigue indubitablement Confron tant le monumental l intime le sculptural l architectural elle sollicite le corps du visiteur qui est invit se d chausser pour la p n trer Plus que de rega
56. n pour inside Hu Xiaoyuan No Reason Why 2010 Boxing 1977 lon GRIGORESCU Boxing uvre vid o r alis e en 1977 par l artiste roumain lon Grigo rescu n en 1945 vit et travaille Bucarest est marquante la fois par sa simplicit technique et par sa puissance m taphorique Diffu s e sur un moniteur pos directement au sol l image de mauvaise qualit nous pr sente un trucage vid o des plus simples dans lequel l artiste semble combattre son double Le film est en fait expos deux fois permettant un effet de surimpression L artiste boxe contre lui m me symbole transparent d un processus cr atif o l individu fait face ses propres forces et faiblesses L uvre est aussi porteuse d un potentiel message politique En effet Grigorescu travaillait dans les ann es 1970 dans la clandestinit en marge de la surveillance du r gime de Ceaucescu Cette figure d homme double prend alors un sens psychologique et social dualit de celui qui tente de s inventer un personnage public qui cache sa vie intime pour mieux s extraire d une r alit crasante ou pour mieux lui faire face Inside 2014 dran Investissant l escalier qui relie les deux niveaux de l exposition in side dran n en 1979 vit et travaille Toulouse nous emm ne dans une exploration des profondeurs profondeurs physiques celles du b timent mais aussi humaines car son uvre se nourrit toujours de son v cu e
57. ncentre sur l assemblage d l ments associ s la question de la sc nographie mus ale donc de l espace elle est galement hant e par le passage du temps En effet David Maljkovic inscrit son uvre la fois dans l histoire de l ex Yougoslavie et l histoire de l art moderne travers de nombreuses r f rences esth tiques g ographiques et temporelles Ce rapport au pass se construit sur deux axes apparemment oppos s l h ritage et l amn sie Toutefois dans son uvre Maljkovic ne m ne pas une tude comparative de ces deux rapports au temps Au contraire il m le constamment rem moration et oubli les monuments comm moratifs sont en ruine les images d archive sont modifi es et dans Display for certaines des uvres de l artiste sont r interpr t es Ce regard sur un rapport contrari au pass est l origine de sa cr ation Ainsi dans Scene for New Heritage uvre introductive sa pratique il met en sc ne le p lerinage de jeunes croates sur le site du monument de Petrova Gora lev la m moire des r sistants de la Seconde Guerre Mondiale La vid o nous am ne r fl chir sur le sens que peut aujourd hui rev tir un tel monument comm moratif pour une g n ration n e apr s la fin de lere de Tito Cependant le regard de l artiste se porte aussi sur l h ritage esth tique de cette poque le monu ment en ruine t moigne d une forme moderniste qui est elle aussi un sig
58. nifiant porteur d un h ritage formel Cet h ritage formel moderniste se retrouve dans les uvres de David Maljkovic qui usent de r f rences l art au design et l architecture du XX si cle Aussi bien par des r f rences pr cises telles la voiture ou le pavillon am ricain de John M Johansen cr pour la Foire Mondiale de Zagreb en 1956 que par des formes st r oty p es cube blanc design fonctionnaliste ses uvres semblent tre parts gales h riti re de l re moderne et critique de ce m me h ritage De plus ses expositions m me semblent elles aussi sujettes une sorte de confusion temporelle en effet il revisite r guli rement certaines de ses cr ations en leur offrant de nouvelles formes et les d structurant ou les d composant comme si elles ne pouvaient atteindre un stade fini tout en permettant au spectateur qui les red couvre de porter un regard critique sur une pratique jamais fig e Dm DT I hu HR LD i 4 ju m 3 1 EL NONI 7 j RE e 1 0 fl Paul RE 7 3 4 H Il 1 El qui VA 1 M morial aux partisans et la r sistance durant la Seconde Guerre mondiale Petrova Gora 21 juxtaposition montage sc nographie extensions de la pratique du collage Il n y a rien d tonnant ce que le collage soit un des processus artistiques favoris
59. ns mon relationnel avec les artistes ne s en est pas trouv modifi J accorde une tr s grande importance l change avec chacun d eux mais l aboutissement de ces changes une exposition n est pas toujours une fin en soi Ces discussions nourrissent mes r flexions de mani re plus globale Comment s est d roul e votre prospection en Asie Je suis all en Chine et plus r cemment en Birma nie quatre d placements au total La grande diff rence entre ces deux pays est que l information sur la sc ne artistique circule hors de Chine c est incon testable Ainsi le travail de recherche en amont ne s est pas d roul de la m me facon Il est presque impossible de faire des recherches pouss es sur les artistes birmans par le biais d internet Mais j ai tout de m me pu collecter quelques noms d artistes et des pistes de lieux visiter Dans les deux cas une fois sur place je vais la rencontre de mes contacts qui eux m mes me recom mandent d aller voir tel ou tel artiste En Birmanie la sc ne de l art contemporain est assez modeste mais dynamique et les connections 5 font rapidement En Chine il y a bien s r beaucoup plus d artistes et de lieux visiter Je me suis rendu dans une dizaine de villes en Chine ainsi qu Ta wan et Hong Kong Je savais que je n aurai pas le temps de rencontrer tous ceux que je voulais voir et que je ne deviendrai pas un expert de la sc ne chinoise en qu
60. oration imaginaire des profondeurs nous plongeons en v rit dans notre int riorit qui trouve un reflet m taphorique dans ce monde inf rieur myst rieux et inqui tant Le travail de Mikhail Karikis prend souvent la voix humaine comme mat riau la fois plastique et social Uriel Orlow quant lui m ne une recherche artistique sur le lien qu entretient le paysage l histoire et la m moire Mikhail Karikis amp Uriel Orlow Sounds from Beneath 2011 2012 Marcius Galan Diagonal Section 2014 4 Marc Couturier Troisi me jour 2012 Courtesy Mu s e de la Chasse et de la Nature Diagonal Section 2014 Marcius GALAN Diagonal Section comme de nombreuses uvres de Marcius Galan n en 1972 vit et travaille S o Paulo est une uvre contextuelle c est dire profond ment li e au lieu dans lequel elle est install e Ici par l utilisation de la peinture et la texture qu elle produit sur les murs du Palais de Tokyo il cr e l illusion d un obstacle et laisse le visiteur face un choix tenter de p n trer et peut tre de traverser cet espace o le contourner Travers e du miroir m taphorique l uvre cristallise les doutes et les choix qu implique l exploration qu elle soit mentale ou physique et souligne les limites de nos perceptions Marcius Galan d veloppe un travail se jouant des sens humains et agissant directement sur notre rapport au r el Illusions et
61. raitant du th me des instincts animaux pr sents chez l homme Autour de ce dispositif une s lection de films qui se concentre sur l tre humain sa nature ses origines et son avenir sert la fois de miroir aux spectateurs et aux artistes r v lant nos tra vers communs et individuels Dans ces cr ations on retrouve toujours les m mes corps tortur s et sensuels et de nombreuses r f rences la fois des folklores ancestraux et des sciences psychologiques contemporaines effectuant donc un saut temporel dans l expression sociale de la psych individuelle Burn 2002 Reynold REYNOLDS amp Patrick JOLLEY De la collaboration des artistes Patrick Jolley 1964 2012 et Rey nold Reynolds n en 1966 vit et travaille New York et Berlin est n e une uvre photographique ou vid ographique dr le et macabre hant e par la fragilit de la vie humaine face aux accidents Ainsi dans Burn 2002 les r sidents d une maison que le feu r duit peu peu en cendre continuent leurs activit s banales sans pr ter attention la catastrophe La situation tragique symbolisant le d ni est pouss e un extr me d o nait le ridicule Alors que leur habitat part en fum e rien ne semble pouvoir trou bler le train de vie moderne de ces hommes et de ces femmes Un aveuglement qui dit la fois la fragilit de l existence mais aussi en filigrane l illusion de stabilit offerte par les normes sociales et le con
62. rder oeuvre il s agit d voluer l int rieur et d en exp rimenter les d veloppements formels dans l espace l instar du Leviathan de l artiste Anish Kapoor n en 1954 vit et travaille Londres pr sent dans la nef du Grand Palais en 2011 la surface de l oeuvre du collectif NUMEN For Use incarne une fronti re sensible entre ext rieur et int rieur ext riorit et int riorit Mat rialisant le passage d un lieu 3 un autre et d un tat d esprit un autre l oeuvre forme un abri presque une enveloppe corporelle au sein de laquelle le visi teur est confront aux diff rences d chelles entre son corps et l installation et ce faisant sa propre fragilit A travers cette exp rience sensorielle et psychologique v cue dans le temps il effectue les premiers pas du voyage int rieur que propose l expo Sition For t 2014 Eva JOSPIN Depuis les temps les plus recul s la for t pratiquement imp n trable o nous nous perdons symbolise le monde obscur cach pratiquement imp n trable de notre inconscient Bruno Bettelheim Psychanalyse des contes de f e 1976 Les uvres d Eva Jospin n e en 1975 vit et travaille Paris et de NUNEM For Use bien qu esth tiquement tr s diff rentes partagent plusieurs points communs Leur r alisation a n cessit un long travail bas sur la r p tition de m mes gestes partir d un mat riau pauvre familier et ph m re l instar de Tape
63. reinte dans les grands mouvements ult rieurs que sont le Symbolisme citons par exemple l artiste Odilon Redon dont l araign e souriante pourrait renvoyer dans le contexte qui est le n tre au recoin sombre de notre int riorit et que le biologiste Jean Claude Ameisen compare m me sur le site Internet de l Inserm une cellule nerveuse du cerveau et le Surr alisme Aujourd hui plusieurs des grands th mes chers ces diff rents courants comme la nature le moi le r ve la sensation de l infini ou encore l exploration des limites demeurent bel et bien vivants dans les oeuvres d art contemporain de l exposition Inside Le Moine au bord de la mer peint par un des repr sentants les plus c l bres du Romantisme Caspar David Frie drich 1774 1840 confronte la figure humaine sa propre solitude face l immensit de la nature L oeuvre puissante interroge la fois en une troublante mise en abyme la position de l homme de dos face au paysage nordique et la position du spectateur pris dans les m andres m ditatifs de sa contemplation Le Dessin du Troi si me jour de Marc Couturier int gre de mani re similaire par del les poques la position du corps du spec tateur qui le contemple tout comme l action de son regard puisque pour l artiste c est bel et bien le regard du spectateur qui anime l tendue herbeuse dessin e de sa main m Ps E NT vbs I De A a a a paee EP
64. res de voir et de sentir Les artistes de l exposition S ancrent dans le pr sent afin de mieux s engouffrer dans l immensit du temps Ils esquissent de vastes es paces la fois loign s et inextricablement li s au moi et au monde Ils explorent intens ment leurs visions p riph riques non pas pour d tourner le regard de leurs probl mes et des n tres mais pour d m ler les fils de nos syst mes de connaissance confus ou contraints Comme le G ant permit Nadar d acc der un nouveau champ de vision ils nous guident vers de nouveaux points de vue nous plongent dans l inconnu entre pesanteur et l g ret perception mentale et manifestation physique pass et futur hallucinatoire imminent Interview de Jo ey Tang curateur au Palais de Tokyo exp rience en tant que curateur o j ai pu observer les uvres l preuve du temps a profond ment chang mon regard sur l art Au milieu de l t j ai l g rement modifi l emplacement de chaque uvre afin de constater les diff rences de perception que cela engendrerait Personne n aurait rien remarqu si ce n est le curateur J ai fait quelques autres expositions dans mon appar tement chacune tant une nouvelle exp rience Pour l une d elle j ai compl tement vid l espace pour un autre projet j ai jou sur l impossibilit de visiter l exposition en organisant des projets en parall le Los Angeles En 2011 apr s le Master
65. rieures m t o humidit temp rature de ces diff rentes villes 33 Zhao Yao Great Performance n 4 2014 YU Ji Centr es sur le processus les oeuvres de Yu Ji n e en 1985 vit et travaille Shanghai sont inform es par un sens sin gulier de la temporalit Dans sa s rie de sculptures Public Spaces des cubes de pl tre imparfaitement fa onn s la main forment les unit s de base de structures aux dimen sionsd une maquette copies inexactes de toilettes publiques datant des premi res ann es de la Chine comunniste Pla c es sur des socles faits de rebus de bois ces oeuvres sus citent une prise de conscience en jouant de leur chelle et de leur temporalit Au Palais de Tokyo Yu Ji a con u une installation au sol Si lence Practice 2014 en utilisant ce m me type de cubes de pl tre L artiste consid re le processus d installation comme une performance dont les spectateurs d couvriront les traces incisives ZHAO Yao Dans ses sculptures peinture et performances Zhao Yao n en 1981 vit et travaille P kin dissocie le quotidien et le spirituel la vue et le toucher Ses sculptures voquent des to tems aciens ou futuristes incarnation des nergies concr tes de rituels inconnus Great Performance 2014 est une oeuvre organique suspen due elle consiste en plusieurs impressions num riques sur toile de cuir artificiel suspendues telles des peaux encadr es et doubl es de
66. rme d un journal intime dessin et sc nographi Au Palais de Tokyo il r alise une installation sous la forme d une petite pi ce aux murs rouges sorte d crin architectural destin recevoir des dessins relatant ses pens es sa vie int rieure mais galement ses rencontres en parti culier celles qu il a fait lors de son s jour Paris L installation mat ria lise l int riorit d un individu et propose au visiteur de p n trer dans le quotidien intime de celui ci Da Vinci 2012 Yuri ANCARANI Chaque film de Yuri Ancarani n en 1972 vit et travaille Milan se concentre sur une profession exceptionnelle par sa dangerosit ses conditions d ex cution et ses responsabilit s et tudie pr cis ment les gestes qui lui sont propres Ainsi dans Da Vinci Ancarani porte son regard sur le travail de chirurgiens utilisant le robot m dical du m me nom command distance celui ci permet de r aliser des op rations particuli rement pr cises et complexes et loigne la main du chirurgien du corps du patient Le film nous permet galement d en trer dans le corps humain et d explorer les recoins de la machine humaine Malgr son attachement des m tiers souvent techniques par exemple le forage en mer Yuri Ancarani met toujours l tre hu main en avant dans son uvre en observant la technologie comme un prolongement du savoir faire et de la connaissance des hommes 10
67. s lentement form es par un ph nom ne g ologique de s dimentation La technique choisie par l artiste qui n cessite une sous exposition la lumi re et repose sur un processus de fixation tir dans le temps se fait ainsi l cho sensible de son sujet Dans la continuit de ce Dove Allouche Les P trifiantes 2012 travail les photographies P trographie 1 et P trographie 2 du grec ancien p tros pierre ont t produites partir de fines coupes transversales de stalagmites Tout comme les Spores rendent sensible l action de champignons microscopiques pr sents dans l air ambiant les P trographies r v lent une dimension de la r alit invisible l oeil nu l instar des grottes transform es en chambres noires naturelles par Dove Allouche les replis sous terrains constituent depuis la nuit des temps un lieu privil gi de l apparition des images Des grandes mani festations artistiques pari tales du Pal olithique Sup rieur l all go rie de la caverne du philosophe de l Antiquit grecque Platon les pro fondeurs semblent toujours avoir t propices pour l tre humain l exploration de son int riorit comme de sa connaissance du monde de la perception imm diate du visible aux domaines de l invisible Ours 2014 Abraham POINCHEVAL Nous regardons l animal qui nous regarde Que voyons nous alors 2 Le clin d il nigmatique nous pousse regarder en nous m mes comme dans un miroir
68. s de Zagreb et la Rijksakademie d Amsterdam David Maljkovic est n Rijeka petite ville de la baie de Kvaner l histoire mouvement e ville annex e l Italie jusqu en 1947 elle fut c d e la You goslavie apr s avoir t prise par les forces militaires de Tito 1892 1980 amenant une large partie de la population italienne qui y vivait depuis le d but du XX si cle s exiler pour fuir les ex cutions Les changements d appartenance et de culture de Rijeka sont exemplaires du destin martyris de l ex Yougoslavie royaume recompos dans les cendres de la Premi re Guerre Mondiale form par l unification des royaumes Serbe Croate et Slov ne le pays fut ensuite mis en pi ces par l effondrement du r gime lors de la Seconde Guerre Mondiale et partag principalement entre l Allemagne l Italie et la Hongrie avant d tre recompos gr ce l arriv e au pouvoir des forces de r sistances du mar chal Tito Seul pays commu niste d Europe de l Est rompre avec l URSS Tito refusera de signer le Pacte de Varsovie en 1955 la Yougoslavie n alignera jamais totalement sa politique sur celle de Staline V ritable puzzle g opolitique la Yougoslavie de Tito comporte six r publiques et deux provinces ind pendantes Tito se plaisait faire galement remarquer que son pays comptait cinq nations quatre langues trois religions deux alphabets et un seul parti politique A la mort du dirigeant a
69. s et dynamiques voquant de fa on st r otyp e l imagerie moderniste et son influence sur les arts populaires En utilisant le principe du collage qui lui est cher David Malj kovic int gre ses propres uvres dans ses images anim es Ses sculptures et installations tant elles m mes d inspira tion moderne leurs formes se m lent harmonieusement aux dessins historiques L uvre brouille ainsi la limite entre la satire et la r f rence et comme souvent dans le travail de l artiste entre la m moire et le pr sent 25 2 _ 0 LE Display for Sources in the Air at MUSAC Le n 2011 Inspir e d une uvre ant rieure de David Maljkovic Display for Sources in the Air at Musac L on r emploie seulement le dispositif de pr sentation de l uvre originelle Ainsi ne reste plus aujourd hui que le capot de mus e une vitrine contenant habituellement des uvres ou des artefacts l artiste a li min les peintures abstraites qui lors d une exposition au MUSAC Museo de Arte Contempor neo de Castilla en 2011 taient accroch es l ext rieur du capot alors pr sent vide Maljkovic r active donc le meuble de monstration le display du titre mais lui apporte diff rentes modifications Ainsi en plus de l absence des peintures l espace int rieur du capot n est plus totalement vide il est rempli d une vapeur blanche un brouillard Bien que les toiles qui 3000703831421 soient
70. scent Ainsi s occupe t elle dans cette s rie de vid os intitul e Conversations de morts que personne n a r clam s dans une morgue Offrant une derni re attention ces d funts apparemment sans fa milles elle les accompagne avec des lectures et des chants Les vid os de l artiste voquent un instant de recueillement et de s r nit la fois extr mement pragmatique et m taphysique En effet si elles voquent des rituels d accompagnements des morts vers l au de l et en cela une connexion possible entre deux mondes ces uvres ne montrent que la cohabitation momentan e d un corps vivant anim du souffle pr sent dans la voix de l artiste et d un corps sans vie Berek The Game of Tag 1999 Artur ZMIJEWSKI Le film Berek The Game of Tag pr sente les images d hommes et de femmes nus enferm s dans une pi ce sombre d apparence souter raine Malgr le malaise et la g ne qu ils ressentent ils jouent chat se poursuivant et parfois riant Certains paraissent honteux de leur nudit d autres plus d tendus tous ont froid La pi ce dans laquelle il Se livre ce jeu ne semble pas avoir de fonction pr cise murs gris et nus plafond bas lumi re faible Le g n rique de fin r v le que les images ont t tourn es dans la cave d un immeuble et dans une chambre gaz d un camp nazi mais les images ne permettent pas au spectateur de saisir ais ment la diff rence entre ces deux lieu
71. semble emprunter son esth tique un film de science fiction Untitled 2014 Cette uvre in dite de David Maljkovic se pr sente sous la forme d un objet usuel sorte de grande vasque blanche forme clairement identifiable comme appartenant au domaine du design moderne L association n est pas fortuite puisqu il s agit d un moulage du prototype de voiture Moovie de Peu geot mod le d j pr sent dans plusieurs uvres de l artiste r alis es lusine Peugeot Sochaux Toutefois la forme est ici extraite de son support et de sa fonction pour n tre plus que l expression abstraite en trois dimensions du geste d un cr ateur Ainsi s par e de son origine cette forme se dessine dans l espace la mani re la fois froide et th tralis e d une sculpture minimaliste Toutefois en tant expos e proximit de son mod le la voiture Moovie est galement montr e dans l exposition elle s offre galement au regard du specta teur comme un retournement sur lui m me de cette voiture du futur au lieu d une forme bomb e a rodynamique il s agit d un creux d un espace remplir Ainsi l uvre semble n tre plus qu une trace invers e le t moignage de l absence d un futur promis 28 INSIDE CHINA L INT RIEUR DU G ANT Dans le cadre de sa mission de prospection l international le Palais de Tokyo a choisi un curateur Jo ey Tang qui a sillonn la Chine et l Asie d
72. sion de leur inconscient L artiste lui m me ne d couvre qu au moment de son ach vement le paysage qu il a cr Selon Marc Cou turier c est galement dans une approche intuitive que le visiteur peut saisir l oeuvre C est lui que revient le r le de l animer Ce n est pas seulement par le regard mais par l implication de tout son corps qu il participe de ce big bang v g tal pour reprendre la belle expression employ e ce sujet par le philosophe Bertrand Vergely L oeuvre im mersive aussi subtile que fascinante renvoie d s lors une possible exploration de soi Les P trifiantes 2012 Spores 1 2 3 4 5 2014 P trographie 1_2 2014 Dove ALLOUCHE Les images r alis es par Dove Allouche n en 1972 vit et travaille Paris l aide de techniques souvent anciennes rares et complexes ont traits l inaccessible et l impermanence l exp rience de la plasticit du temps de l espace et du visible Trois s ries d oeuvres r centes sont r unies ici Les dix huit prises de vue pr sent es sous vitrine qui composent la s rie des P trifiantes ont t r alis es l aide d une technique photo graphique datant de la seconde moiti du XIX si cle l ambrotype Les images r v l es en n gatif sur plaques de verre apparaissent en po sitif gr ce au fond noir sur lequel elles sont pos es Elles repr sentent des stalactites des stalagmites et autres concr tions souterraine
73. ssent les pires angoisses et frayeurs Le Petit Poucet Hansel et Gretel Le Petit Chaperon rouge elle peut n anmoins tre propice aux d couvertes heureuses et ludiques Alice au Pays des Merveilles Boucle d or et les Trois Ours Mais qu elle soit b n fique ou mal fique la traverser fait toujours grandir La for t s ap parente de fait une m taphore de notre espace int rieur voire de notre inconscient et en sortir signifie que l exp rience v cue en son sein a conduit une meilleure connaissance de soi m me Gustave Dor illustrations pour Le Petit Poucet Les Contes de Perrault Paris Hetzel 1862 Lorsque les enfants se virent seuls ils se mirent crier et pleurer de toutes leurs forces Sounds from Beneath 2011 2012 Mikhail KARIKIS amp Uriel ORLOW La vid o Sounds from Beneath plac e au d but du parcours de l expo sition invite le visiteur explorer les profondeurs d un monde int rieur cach aux yeux du monde En effet l uvre pr sente une chorale d anciens mineurs dont le chant voque par ses sonorit s le bruit des machines et les r sonnances des galeries souterraines Mikhail Kari kis n en 1975 vit et travaille Londres et Uriel Orlow n en 1973 vit et travaille Londres soulignent l importance de l imagination dans la repr sentation et dans l art la mine n est pas accessible mais le chant nous permet de plonger dans son univers souterrain Par cette expl
74. t d aboutir une exposition dans la fou l e cela peut arriver quelques ann es plus tard mais vraiment de parler du travail Cette mission de prospection est une sorte de work in progress L infor mation collect e est archiv e et peut tre exploit e plus long terme Les artistes chinois taient tr s enthousiastes l id e de montrer leur travail c t s d oeuvres d ar tistes fran ais ou plus largement trangers Ils sont un peu las de ces expositions o l on ne montre que des artistes chinois ils en trouvent le propos curato rial tr s l ger IIS sont curieux d une nouvelle contex tualisation de leur production Etiez vous aussi en contact avec certaines coles d art Effectivement j ai notamment nou des liens avec l Acad mie des Beaux Arts de P kin o j ai visit l exposition des dipl m s Hong Kong la School of Creative Media a galement jou le r le de relais dans le processus de prospection Les institutions d ducation artistique varient dans chaque ville et pays Ces voyages m ont permis d identifier le contexte local des artistes 31 Au Palais de Tokyo jai eu la possibilit de mener une prospection d ampleur en Asie Et cela m a aussi pouss sortir d un certain confort dans lequel j vo luais L acc s certains artistes est donc facilit mais on a aussi davantage de responsabilit s dans la mesure o l on repr sente une institution N anmoi
75. t de l trange et semble investie d une force vitale proche de l animisme Elle est porteuse de la vision du monde de l artiste pour qui tout fonctionne travers un mouvement permanent de construction et de d construction Peter Buggenhout ajoute souvent ses oeuvres du sang animal m l de la r sine qu il recouvre ensuite de poussi re Il cr e ainsi des oeuvres fortement ambivalentes face auxquelles le visiteur h site entre attrac tion et r pulsion En 2012 The Blind Leading the Blind la sculpture monumentale que l artiste avait con ue pour le Palais de Tokyo et qui tait suspendue au plafond constituait un paysage invers de d chets industriels recouverts d une paisse texture poussi reuse noire l re anthropoc ne l apparence inqui tante de cet assemblage pou vait faire songer en un objet de m ditation puissant la menace colo gique qui p se sur le monde que tous ensemble nous habitons 11 Argile silencieuse 2014 Mark MANDERS L introspection est au coeur du travail de Mark Manders n en 1968 vit et travaille Ronse Belgique Depuis 1986 l artiste n erlandais d veloppe ce qu il a qualifi de Self portait as a Building autopor trait en b timent travers des sculptures et des installations qui int grent principalement des l ments d architectures de mobiliers et de figures humaines Cet autoportrait singulier s inscrit dans un monde parall le au vo
76. t de son regard sur le monde contemporain Sa r alisation pour le Palais de Tokyo est l image de l ensemble de son travail sombre et po tique Sombre par son utilisation exclusive de la couleur noir dans un espace coup de toute lumi re ext rieure po tique parce qu il constitue une tentative de r aliser dans l espace un auto portrait sugg r un essai d auto repr sentation abord de mani re d tourn e par les chemins de traverse No Reason Why 2010 HU Xiaoyuan No Reason Why de Hu Xiaoyuan n e en 1977 vit et travaille P kin est une uvre jouant sur l illusion la fois dans sa pr sentation et dans sa repr sentation En effet la vid o est visible dans un caisson plac horizontalement obligeant le spectateur se placer au dessus de l image comme s il regardait l int rieur d une bo te Il y d couvre l image d un petit cocon apparemment d origine animale anim de l ger mouvement ce qui se trouve l int rieur vit et essaie de sortir L illusion s efface cependant vite au profit de la r alit le cocon est r alis en tissu et l int rieur une jeune fille se d bat pour sortir Symbolisant les m tamorphoses du corps humain diff rents ges de la vie aussi bien que la difficult que l on peut rencontrer clore et s panouir psychologiquement ou socialement la vid o use de l illusion d optique et des jeux d chelles pour mieux r v ler le r el
77. thiques ou black m tal Le contraste offert par ses diff rentes r f rences ainsi que le dispositif de quadruple projection murale tr s englobant nous plonge dans un univers incertain o transparaissent les questionnements intimes et la recherche d une identit accompagn e des doutes et des mal tres propres l adolescence La perception que peut en avoir le visiteur en tant que spectateur ext rieur est au centre de cette uvre d nu e de tout commentaire sociologique Untitled 2011 Never Sleep With a Strawberry in Your Mouth ll 2010 2012 Andro WEKUA L uvre d Andro Wekua n en 1977 vit et travaille Berlin est tou jours multiple dans ses formes et dans l emploi des m diums ma quettes mannequins de cire vid os peintures La trame de fond de son uvre l histoire de l ex bloc de l Est et en particulier de sa G or gie natale qu il fut contraint de fuir dans son enfance conf re son travail une symbolique sociale et politique Pour Inside il pr sente un ensemble constitu d une sculpture en cire et d une maquette Un titled ainsi qu un film Never Sleep With a Strawberry in Your Mouth Il Les deux uvres se r pondent et partagent un m me sentiment d anxi t face la r alit Dans l une on voit un homme couch dont la t te est comme encapsul e dans la maquette d une maison pri sonnier ou r fugi du monde ext rieur Dans la vid o un tre extra terrestre tir
78. u Sud Est Apr s un an de prospection Inside China propose une premi re s lection sous forme de dialogue entre cinq artistes chinois et trois artistes fran ais L intervention du moindre rayon de lumi re dissipe la seconde m me les t n bres les plus paisses et permet l oeil de sonder les plus sombres recoins Nadar A Terre amp en lair M moires du G ant 1865 Nadar L Int rieur du G ant 1863 29 Caricaturiste journaliste et romancier Nadar 1820 1910 fut aussi un pionnier de la photographie notamment a rienne nous aidant entrer dans une nouvelle re de la perception Certaines de ses photographies a riennes prises en 1858 au dessus du Petit Bic tre aujourd hui Petit Clamart pr s de Paris sont parmi les premi res dans l His toire Pourtant l image de 1863 de l int rieur en expansion de son ballon air chaud de soixante m tres de haut Le G ant ressemblant une vue d un espace non identifi r v le que l objet de nos recherches pourrait ne pas se trouver au dehors mais venir de l int rieur Cette nigmatique image avant l image de Nadar dresse un espace encore in d termin du voir avant le voir de l tre avant l tre Comme la vision intime du champ du futur par Nadar les oeuvres d art sont des catalyseurs de perception des convoyeurs de subjectivit des compresseurs de temps Elles nous outillent de leur tranget de leurs nouvelles mani
79. utocratique les tensions nationalistes et religieuses sous jacentes explos rent en une s rie de guerres extr mement meurtri res entre diff rentes r publiques et ethnies Les conflits se succ deront sur dix ans de 1991 2001 C est la fois les promesses d un avenir id aliste pour la Yougoslavie de Tito et le d membrement de ce m me territoire que David Maljkovic sublime dans son uvre Au travers d installations mettant en jeu les rapports qu entre tiennent l uvre et ses moyens de pr sentations socle vitrine cran de projection espace d exposition il am ne le visiteur participer de fa on critique l exposition En effet il tablit un rapport constant dans ses expo sitions entre le th me voqu et la forme de l exposition entre la fin des id aux politiques et sociaux de la p riode moderne sp cifiquement en ex Yougoslavie une g n ration actuelle qui peine se construire entre h ritage et amn sie et le lieu dans lequel le visiteur distingue difficilement l uvre de la sc nographie dans lequel les signes perdent leurs sens 20 H ritage et amn sie Afterform Undated Long Day for the Form les titres des uvres de David Maljkovic font souvent r f rence au temps que ce soit en rapport avec l uvre elle m me non dat e par exemple o plus g n ralement dans son rapport la forme l histoire de l art apr s la forme Alors que sa pratique se co
80. x Ce film qui par le pass a g n r d bats critiques et interdictions fonctionne comme une double exp rience conduite par le r alisateur celle men e sur ce groupe de femmes et d hommes qui d tourne des m thodes de th rapie comportementale et celle men e sur le spec tateur En effet sans l explication donn e la fin du film celui ci n est pas n cessairement conscient du lieu o furent tourn es ces images au point qu il est possible de s interroger sur la r alit de cette affir mation Toutefois m me sans cette r f rence aux camps de la mort les corps nus et glac s se tenant dans cette salle basse et sombre voquent instantan ment d autres images images film es par les t moins de la lib ration des camps valeur historique ou images cin matographiques de nature fictionnelle Ainsi en filmant les r ac tions complexes de ses participants Zmijewski nous invite galement prendre conscience de nos r actions face son film d cortiquer notre propre perception des images et penser notre engagement thique de spectateur par rapport celles ci Get Out of my Mind Get Out of this ROOM 1968 Bruce NAUMAN Le parcours de l exposition touche presque son terme lorsque le visiteur p n tre dans une pi ce vide plong e dans la p nombre mais qu une voix d homme dont la source n est pas visible remplie bient t enti rement La voix est celle de l artiste Bruce Nauman n en 194

INSIDE - Palais de Tokyo

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