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1. nergie est qu il est un secteur qui produit des rentes surtout rente de raret et rente diff rentielle La premi re le user cost est le co t de l puisabilit d une ressource naturelle non renouvelable dont l offre ultime est cens e tre fixe stock fixe C est le cas du charbon du p trole du gaz naturel et de l uranium La deuxi me la rente diff rentielle ou ricardienne peut tre d finie comme un avantage dont b n ficient certaines unit s de production gisements ou sites hydro lectriques par rapport d autres et dont la contribution l offre g n rale est pourtant indispensable l quilibre du march un moment donn et pour un prix donn J Percebois 1989 Par cons quent le c ur m me de toute probl matique de l nergie est bien l et non pas ailleurs La structure du march dans ces conditions est au fond une r ponse la question du partage de la rente M me si une structure concurrentielle limine en principe les quasi rentes d imperfection du march monopole oligopole etc il demeure en revanche que la concurrence n arrive qu tr s long terme au moment de l puisement conomique de la ressource supprimer la rente de raret et la rente diff rentielle Qui a droit ces rentes les actionnaires ou les consommateurs Et supposer que ces rentes soient partager entre les deux quels seraient alors les crit res du partage Qui doit les2. elle n est pas impossible non plus IV L NERGIE ENTRE LIBERALISATION ET R GLEMENTATION A la lumi re de ce qui pr c de on peut maintenant r sumer la probl matique du secteur de l nergie et les changements structurels qu il conna t depuis une vingtaine d ann es La premi re constatation que l on peut faire cet gard est que la concentration des entreprises l chelle mondiale est l ordre du jour depuis la lib ralisation des march s et la d r glementation Les alliances les fusions et les acquisitions vont bon train M me les entreprises publiques nationales comme EDF ou Hydro Qu bec semblent prendre part de plus en plus ce mouvement en dehors de leurs fronti res nationales et malgr leur statut de soci t s d tat La deuxi me constatation est que nous assistons aujourd hui la naissance et au d veloppement de groupes g ants multi nerg tiques lectricit gaz p trole dont l objectif est de contr ler au niveau national et international des parts de plus en plus importantes d un march nerg tique qui se globalise La strat gie des compagnies du moins celles qui peuvent en avoir une moyen et long termes refl tent parfaitement ces deux constatations Cette strat gie s articule en g n ral autour des quatre points suivants 1 profiter de la lib ralisation des march s pour se concentrer sur les deux plans national et international 2 se globali
3. seulement aux conomies d aujourd hui Est ce que la mondialisation autrement dit est n e vraiment suite l option lib rale de Madame Thatcher et du Pr sident Reggan dans les ann es 80 La r ponse que donnent les recherches empiriques et historiques actuelles cette question ne semble pas faire de doute Entre le dernier tiers du XIXe si cle et le d but de la premi re grande guerre de 1914 le monde avait connu un degr d ouverture de libre change ou de mondialisation comme on voudra comparable sinon sup rieur celui que nous connaissons aujourd hui surtout sur les trois plans des flux financiers du commerce international et des mouvements migratoires J Tobin 1999 va jusqu consid rer que le degr de lib ralisation du march financier n est toujours pas revenu son niveau de 1914 et que le transfert d pargne des pays d velopp s vers les pays en d veloppement est proportionnellement plus faible aujourd hui qu au d but du XXe si cle Jeffrey G Williamson 1997 constate de son c t beaucoup de similitudes entre ces deux p riodes et conclut que la p riode actuelle est essentiellement la reprise d un processus de mondialisation amorc la fin du XIXe si cle et interrompu par les deux guerres mondiales suivies par la guerre froide Il ne fait aucun doute par ailleurs que le rythme rapide du progr s technologique aujourd hui ainsi que l mergence et
4. et n anmoins procurer la fortune aux uns et aux autres la mis re D une mani re encore plus directe on peut dire que m me si l conomie de march le capitalisme s av re jusqu ici comme le syst me le plus efficace pour faire augmenter la production il faut bien admettre en m me temps que ce syst me laiss lui m me produit aussi des in galit s dans la r partition du revenu En deuxi me lieu cette in galit dans la r partition ne veut aucunement dire que la situation conomique de chaque pays participant l change libre ne s am liore pas par rapport sa propre situation pass e Elle veut dire seulement que la comparaison de cette am lioration avec celle des autres pays peut s av rer tre son d savantage Si d une part on accepte la d finition du d veloppement deux objectifs production r partition que nous avons propos e plus haut et si d autre part on consid re que l conomie de march est incapable de r soudre seule le probl me de l in galit nous nous trouvons alors devant un risque potentiel de rupture de l ensemble du syst me Comment r soudre cette quation difficile entre production et r partition Comment arriver un modus vivendi entre les deux Comment viter deux situations galement dangereuses L une l galisation des revenus risque de faire diminuer la libert d entreprendre en entra nant par le fait m me la diminuti
5. le d veloppement de la nouvelle conomie du savoir et de l information donnent une acc l ration vidente au mouvement de lib ralisation des march s Mais il n en demeure pas moins vrai que malgr cette nouvelle donne le ph nom ne de la mondialisation comme nous venons de le voir est loin d tre un ph nom ne nouveau et in dit Deux conclusions d tape peuvent cet gard tre soulign es La premi re est que la mondialisation est un ph nom ne dont l origine remonte la fin du XIXe si cle D aucuns vont m me jusqu croire que cette origine remonte jusqu au XVe si cle Ces auteurs combinant la th se de F Braudel sur l conomie monde avec l analyse marxiste sur l volution du capitalisme ne voient dans la mondialisation d aujourd hui qu un autre cycle syst mique d accumulation du capital qui ne pourra se conclure selon eux que par une crise majeure voir Smith et al 1999 Mais l oppos de cette th se apocalyptique il y a d autres auteurs qui trouvent l inverse que le terme m me de mondialisation est nettement exag r et pr matur par rapport aux r alit s conomiques d aujourd hui Ils trouvent m me pr f rable de parler plut t d int gration conomique internationale en se contentant de voir dans la mondialisation un id al atteindre beaucoup plus qu un ph nom ne d j existant D Rodrik 2000 La deuxi me conc
6. UNIVERSIT Groupe de recherche en conomie de l nergie de l environnement et des ressources na turelles FACULT DES SCIENCES SOCIALES D partement d conomique Pavillon J A De S ve Cit universitaire Ou bec Canada G1K 7P4 Colloque international du R seau MONDER Mondialisation Energie Environnement Paris du 10 au 13 juin 2001 Mondialisation d ficit d mocratique et r glementations internationales dans le secteur de l nergie par Antoine Ayoub Professeur titulaire Fondateur du GREEN Universit Laval e La r daction de ce texte est effectu e partir de deux rapports de recherche r dig s par David Bolduc assistant au GREEN sous la direction de l auteur On peut consulter ces deux rapports sur le site de MONDER www sceco univ montp1 fr creden Reseau Reseau html INTRODUCTION En guise d introduction ce colloque je voudrais dessiner grands traits le contexte g n ral dans lequel vont s ins rer nos d bats sur le th me la n cessit de nouvelles r glementations internationales dans les deux secteurs de l nergie et du d veloppement Ce contexte peut tre abord partir des quatre points suivants 1 La d finition de ce que l on appelle la mondialisation 2 les effets de cette mondialisation sur l cart de revenu entre le Nord et le Sud 3 le probl me du d ficit d mocratique 4 les changements structurels dans le secteur de
7. am ricaine ainsi que ses r percussions sur le plan international avant d y r pondre Mais d ores et d j et avec ce que j ai avanc dans les sections pr c dentes concernant la mondialisation et ses effets le d fi est de taille pour celui qui cherche des points de convergence entre les int r ts respectifs des uns et des autres surtout entre le Nord et le Sud C est en tout cas le d fi de ce colloque R f rences ARROW K 1975 Connaissance limit e et analyse conomique conomie appliqu e vol 28 no 4 pp 675 691 AYOUB Antoine 1998 La lib ralisation des march s de l nergie utopie th ories et pragmatisme Revue de l nergie no 499 pp 477 483 AYOUB Antoine 1996 Le p trole conomie et politique Economica Paris 396 pages BOITEUX M 1996 Concurrence r gulation service public variations autour du cas de l lectricit Futuribles 205 pp 39 58 HENRY Claude 1997 Concurrence et services publics dans l Union europ enne Paris PUF JONES Charles 1997 On the Evolution of the World Income Distribution The Journal of Economic Perspective vol 11 no 3 pp 19 36 MADISON Angus 1995 L conomie mondiale 1820 1992 Centre de d veloppement de l OCDE Paris 274 pages PERCEBOIS Jacques 1989 Economie de l nergie Paris Economica PERCEBOIS Jacques 1999 L apport de la th orie conomique aux d bats nerg ti
8. apitaux des hommes et des id es entre tous les pays en faisant abstraction des fronti res politiques qui les s parent A Ayoub 1998 La mondialisation comme le libre change exige deux conditions pour se mettre en uvre et se r aliser La premi re condition est l abolition progressive des barri res douani res et r glementaires entre les pays et la deuxi me est l tablissement ou le renforcement de la concurrence la plus libre et la plus loyale possible l int rieur de chaque conomie et entre les diff rentes conomies partir de cette d finition et de ces deux conditions on peut donc dire que la mondialisation exige comme pr alable l instauration d une conomie de march caract ris e par a la reconnaissance juridique et la d fense de la propri t priv e b la libert d entreprendre et de contracter et c l existence d un march de libre concurrence Ce sont l l vidence les caract ristiques principales qui d finissent le syst me capitaliste lui m me Par cons quent au del des complications verbales inutiles on voit clairement que la mondialisation ou libre change fait partie int grante du syst me capitaliste ou conomie de march et n est en fin de compte que l extension de ce syst me du niveau national au niveau mondial Quelles sont les cons quences attendues de cette lib ralisation des changes La principale sur le plan conomique car
9. commen ait au moment o s clipsait le libre change entre 1913 et 1950 Entre ces deux positions le rapport de l UNCTAD 1996 adopte pour sa part une position interm diaire Les auteurs de ce rapport admettent d abord le fait que certains pays caract ris s par des conditions initiales peu propices pour tirer avantage de la mondialisation risquent de se voir marginalis s Mais ils estiment tout de m me que la somme des b n fices de la mondialisation pour l ensemble des pays du Sud sera sup rieure la somme des co ts Ils soulignent cependant que ces b n fices seront quand m me in galement distribu s entre les pays en d veloppement ainsi qu l int rieur m me de chacun de ces pays 9 Que conclure de ce rapide tour d horizon Essentiellement deux observations qui permettraient peut tre de clarifier un peu plus le d bat En premier lieu il faut bien admettre que m me si le libre change am liore en principe la situation conomique de tous les pays participant l change ou tout le moins ne d t riore la situation d aucun d entre eux cela ne veut aucunement dire que cette am lioration sera automatiquement et n cessairement galement r partie entre eux C est dans ce sens qu un des grands th oriciens modernes K Arrow 1975 avait crit il y a longtemps d j qu une allocation des ressources pourrait s av rer efficace au sens par tien optimum de Pareto
10. conomie de march L exemple le plus typique et le plus important de ce lib ralisme s lectif est sans conteste la Chine sans parler d autres pays dans le monde o la situation est plus ou moins similaire Il est tout fait clair que dans tous ces cas le d ficit d mocratique national ne peut gu re tre attribu la mondialisation Bien au contraire on peut m me sugg rer que la mondialisation peut m me la longue contribuer introduire dans ces pays les principes de base de la d mocratie tat de droit lection libre alternance au pouvoir etc Avec l expansion vertigineuse des moyens de communication et d information une telle perspective ne me semble pas tre n cessairement et seulement une vue de l esprit La situation est tout autre quand il s agit des relations entre tats ou quand il s agit du fonctionnement des organismes internationaux Sur ce plan le d ficit d mocratique est en effet une des cons quences de la mondialisation des changes Deux facteurs sont la base de ce d ficit l un est le recul que d aucuns d ailleurs contestent de la dimension et du poids de l tat national dans l conomie et l autre est la mont e en puissance des firmes multinationales et des centres de d cisions financi res La combinaison de ces deux facteurs avec l mergence de probl mes par d finition transnationaux comme l environnement les communications l informat
11. e cart s est lev 82 fois On note par ailleurs toujours d apr s le PNUD que la fortune personnelle des 225 individus les plus riches de la plan te tait quivalente en 1997 au revenu annuel de 47 de la population mondiale soit 2 5 milliards de personnes L actif des trois personnes les plus riches de la plan te d passerait para t il le PIB cumul des 48 tats les plus pauvres Si l on d passe maintenant ces r v lations sensationnelles et que l on s attache examiner les tendances lourdes et long terme on ne peut s emp cher de faire r f rence aux travaux statistiques exemplaires de A Madison 1995 Ce grand chercheur est le responsable de la plus importante et de la plus compl te tude statistique notre connaissance sur le d veloppement conomique long terme En examinant et en homog n isant les statistiques de 56 pays entre 1820 et 1992 ces deux poques ces pays repr sentaient respectivement 93 et 87 de la population mondiale Madison arrive la conclusion que la tendance lourde qui se d gage est l augmentation des disparit s donc de la divergence entre les pays sauf pour l Am rique du Nord l Europe de l Ouest et l Asie de l Est et du Sud Est o Madison note une certaine convergence partir de 1950 L Pritchett 1997 de la Banque Mondiale arrive de son c t avec une m thodologie et des hypoth ses diff rentes des r sultats comparable
12. fixer et qui doit les faire appliquer Comme l crit M Boiteux 1996 la concurrence a bien des m rites mais elle ne les a pas tous Toute la question est de savoir s il existe une institution optimale tat r gulateur ind pendant qui puisse en m me temps assurer un partage quitable de ces rentes et corriger les d viations possibles du march sans pour autant d traquer son m canisme Comment le r gulateur doit il s y prendre pour r soudre ces deux questions Il ne semble pas exister ma connaissance une th orie bien admise ou un mode d emploi unique et convenu pour y r pondre ad quatement pour une revue de la litt rature voir Percebois 1999 Comme l crit avec beaucoup de lucidit J Henry 1997 en mati re de r gulation il faut se rappeler qu on ne peut gu re esp rer faire mieux que remplacer de plus grands inconv nients par de moins grands p 209 Quand on aborde par ailleurs le cas plus particulier du p trole le probl me du partage de la rente devient imm diatement un probl me de politique internationale qui met en opposition les souverainet s nationales des pays producteurs et des pays consommateurs Les premiers forts de leur position comme les principaux producteurs du p trole brut group s au sein de OPEP cherchent capter au niveau de la production le maximum possible de la rente diff rentielle que d gagent leurs gisements faibles co ts compara
13. il y en a d autres sur les plans politique culturel etc est la diminution des prix des biens et services par rapport leur niveau d avant la lib ralisation sans pour autant diminuer ou alt rer leur qualit Au cas o une telle cons quence serait av r e tous les consommateurs de tous les pays doivent en principe y trouver leur compte et cela pour une raison fort simple tout consommateur pr f re sans doute payer moins que plus pour obtenir le m me bien ou service Cette diminution des prix est consid r e par ailleurs comme la principale condition l augmentation du bien tre de tous les participants l change Il va sans dire que tout ce que je viens d crire jusqu ici n est au fond qu une pr sentation simplifi e et r sum e de la fameuse th orie des avantages comparatifs et de la division internationale du travail qui a rendu le nom de David Ricardo c l bre jamais Plus important peut tre est de souligner que cette th orie constitue aujourd hui encore le fondement et la justification m me de ce que l on appelle la mondialisation Si les bases th oriques de la mondialisation plongent leurs racines comme nous venons de le constater dans l conomie politique telle que con ue par les premiers classiques est ce que le ph nom ne de la mondialisation lui m me en tant que r alit concr te est un ph nom ne vraiment in dit jamais rencontr dans l histoire et propre
14. iminaire par rapport un sujet autrement plus complexe il est maintenant possible de soulever la question du d ficit d mocratique dont on parle si souvent ces derniers temps On s entend g n ralement pour dire que le d ficit d mocratique c est l loignement du citoyen lecteur consommateur des centres du pouvoir politique et conomique Admettons pour les besoins de la discussion que cette d finition soit la bonne On doit alors faire imm diatement la distinction entre le d ficit d mocratique sur le plan national et le d ficit d mocratique sur le plan des relations internationales entre les tats ainsi d ailleurs qu l int rieur des organismes conomiques multilat raux FMI OMC banque Mondiale etc En faisant cette distinction on ne peut manquer d observer que les effets de la mondialisation sur chacune de ces deux sortes de d ficit sont loin d tre n cessairement les m mes Sur le plan national et dans le cas des pays en d veloppement en particulier le d ficit d mocratique existait souvent bien avant la p riode r cente de la mondialisation Dans la majorit des cas il s est m me aggrav depuis l ind pendance de ces pays Les raisons de cette situation sont certes multiples et diverses mais le constat g n ral aujourd hui est le refus des d tenteurs du pouvoir politique d appliquer chez eux les principes de base de la d mocratie tout en acceptant de s ouvrir sur l
15. ion etc conduit se demander si le concept m me de l tat Nation n a pas fait son temps et s il n y a pas lieu de r fl chir un nouveau syst me post westphalien qui viendrait r gir les nouvelles relations internationales En attendant il existe manifestement comme un d couplage important entre des march s conomiques soumis de plus en plus des centres transnationaux et un pouvoir de r glementation et de contr le qui se trouve confin l espace national Ce pouvoir limit est m me battu en br ches par la concurrence que se livrent les pays pour attirer chez eux les capitaux les investisseurs et les innovations technologiques en acceptant souvent de faire les concessions n cessaires sur les conditions de travail les normes de l environnement la fiscalit des entreprises etc Il est vrai que dans ces conditions le d ficit d mocratique que nous avons d fini plus haut exprime parfaitement le peu d influence que le citoyen consommateur poss de face des d cideurs tr s loign s de lui et tr s puissants Le point positif peut tre dans une telle situation est le renforcement avec le temps du sentiment d interd pendance entre les pays tant du Nord que du Sud Ce sentiment peut tre il faut l esp rer la base de l tablissement par la n gociation d un certain nombre de r gles de justice distributive l chelle mondiale La solution n est certes pas facile mais
16. ionnement de cette institution a permis de trouver chaque poque les solutions les plus tol rables l quation production r partition et plus g n ralement l quation libert galit Ces solutions sont d autre part volutives dans le sens que le degr de tol rance de la population l in galit ou au d clin de la croissance conomique d pend en dernier ressort du vote de la majorit et que cette majorit son tour peut changer avec le changement de circonstances et de situations Donc le message essentiel du syst me d mocratique n est pas de nier l existence de conflits dans les soci t s mais c est de croire que ces conflits peuvent et doivent se r soudre par un changement pacifique du gouvernement en place et non par une guerre civile une r volution ou un coup d tat etc Dans ce sens la d mocratie semble avoir pr sent historiquement une soupape de s curit contre les risques potentiels d explosions du syst me capitaliste en d pit des contradictions possibles que l on peut d celer entre capitalisme et d mocratie sur le plan th orique En revanche et a contrario l absence d une telle soupape de s curit dans le syst me du socialisme sovi tique explique dans une large mesure la raison de sa disparition au moment o le capitalisme perdure et prend m me de l expansion la lumi re de ce qui pr c de et qui est malheureusement tr s l
17. iste dans le niveau de vie moyen entre les pays qui concourrent la r alisation de cette production c est l aspect r partition du revenu A Ayoub 1996 Si cette d finition est accept e il s ensuit que le d veloppement conomique tout en impliquant n cessairement la notion de l optimum d passe le cadre strict de la production Les deux caract ristiques production et r partition doivent nous semble t il tre consid r es conjointement et simultan ment pour que l id e du d veloppement conomique conserve un sens Le point central qu il faut donc souligner est que l augmentation de la production mondiale totale ne peut tre consid r e en elle m me comme synonyme de d veloppement sauf si elle induit automatiquement ou par des interventions volontaristes la r duction de l cart entre les pays C est partir de ces consid rations que l on peut maintenant poser la question qui est au c ur du d bat aujourd hui est ce que la mondialisation entra ne une convergence dans le niveau de vie moyen entre les pays ou provoque t elle plut t un cart donc une divergence Le PNUD 1998 estime que l cart entre les pays riches et les pays pauvres s est consid rablement creus depuis quarante ans En 1960 20 de la population la plus riche vivant dans les pays d velopp s avait un revenu 35 fois sup rieur aux 20 des plus pauvres vivant dans les pays en d veloppement en 1995 le m m
18. l nergie Les quatre points soul vent j en conviens d embl e de multiples questions d ordre th orique technique et de politique conomique qui d passent sans doute les quelques r flexions g n rales que j voque ici Mais le r le d une introduction est justement de lancer le d bat et de l largir beaucoup plus que de d fendre une th se ou d analyser en profondeur l une ou l autre de ces questions Par cons quent je me limiterai ce r le en essayant de pr senter un cadre g n ral nos travaux I LA MONDIALISATION UNE VIEILLE HISTOIRE La premi re observation que l on peut faire est que l inverse de ce que l on croit souvent la mondialisation est loin d tre un concept nouveau ou un ph nom ne in dit Sur le plan des concepts d abord la mondialisation n est au fond qu une nouvelle appellation d un vieux concept qui est tout simplement le libre change Si l on veut tre encore plus pr cis on peut dire que la mondialisation est la cons quence du libre change Ce dernier concept comme on sait fut magistralement et presque d finitivement tabli avec sa d finition et ses conditions par les p res fondateurs de l conomie politique Smith Ricardo Say Mill etc d s la fin du XVIIIe et le d but du XIXe si cle Le libre change est g n ralement d fini comme le processus de propagation de la libre circulation des biens des services des c
19. lusion beaucoup plus importante pour nous que la premi re est que le processus de la mondialisation nonobstant la date de ses origines et les diff rentes sortes de destins qu on lui promet est loin d tre un processus d terministe lin aire et sans possibilit de recul Autrement dit la mondialisation est certes une vieille histoire mais elle n est pas du tout la fin de l histoire Bien au contraire ce ph nom ne demeure toujours entour d incertitudes et de risques de rupture qui peuvent le faire d vier de sa trajectoire et m me le faire stopper dans son lan Il est par cons quent beaucoup plus important de se pencher sur l examen de ces points de rupture possibles que de se livrer des exercices grandioses de prospectives dont l histoire nous a appris nous m fier Deux risques potentiels me paraissent cet gard importants examiner d abord le probl me de l cart de revenu entre le Nord et le Sud et ensuite le probl me du d ficit d mocratique Je dirai quelques mots sur chacun de ces deux probl mes II CART DE REVENU ENTRE LE NORD ET LE SUD Deux caract ristiques doivent d finir selon nous le d veloppement de l conomie mondiale a l augmentation soutenue et moindre co t de la production totale ann e apr s ann e c est l aspect optimum de la production qui r sulte d une affectation efficace des ressources et b la r duction de l cart qui ex
20. ndance la concentration se confirme il ne resterait plus l horizon 2010 que quelques gros joueurs qui se partageront un pourcentage important du march nerg tique international Sans vouloir porter un jugement d finitif sur la probabilit de telles perspectives il n est peut tre pas inutile de rappeler cet gard que le secteur p trolier international a bien v cu jusqu en 1973 sous la houlette des sept s urs dont cinq taient am ricaines A Ayoub 1996 Pourquoi ce qui tait vrai jadis pour le p trole ne le serait il pas demain pour le gaz et l lectricit Si l on accepte que la lib ralisation des march s peut conduire si elle n est pas encadr e une p riode de concurrence tout azimut qui son tour m nera une concentration de plus en plus importante les probl mes que posent alors les oligopoles peuvent difficilement tre lud s Deux questions cet gard peuvent tre pos es la premi re consiste se demander justement si et dans quelles conditions la concentration conduit n cessairement la constitution d oligopoles la deuxi me touche plus particuli rement la n cessit et en m me temps les difficult s qui guettent toute r glementation qui cherche contr ler et m me briser quand il le faut cette tendance naturelle la concentration qui d coule de la concurrence elle m me De toute mani re la caract ristique principale du secteur de l
21. on de la production l autre l aggravation de l cart dans la r partition des revenus risque de mettre en danger la stabilit m me du processus de d veloppement II D MOCRATIE ET DEFICIT D MOCRATIQUE Il ne fait aucun doute que les pays aujourd hui d velopp s essentiellement en Europe et en Am rique du Nord ont fait face ce probl me tout au long des deux derniers si cles de leur histoire La solution qu ils ont trouv e est de combiner sous le terme lib ralisme et selon des modalit s propres chaque pays capitalisme et d mocratie La d mocratie malgr les critiques que l on peut avoir son endroit s est av r e tre dans les faits l institution politique qui sans d traquer les ressorts de l conomie du march arrive quand m me corriger ces d viations possibles concentration monopole etc ainsi que leurs cons quences sur le plan de la r partition des revenus La r glementation des march s les lois anti trust la fiscalit progressive et redistributive l intervention s lective de l tat etc tout cet ensemble de politiques qui dessinent le profil du capitalisme r el et non th orique d coulent en fin d analyse de l existence et du fonctionnement du syst me d mocratique On peut bien s r trouver redire sur tel ou tel aspect de la d mocratie tyrannie de la majorit influence des groupes de pression etc il n en demeure pas moins que le fonct
22. ques Revue de l nergie non 509 pp 473 488 PNUD 1998 Human Development Report 1998 New Y ork Oxford PRITCHETT Lant 1997 Divergence big time Journal of Economic Perspective vol 11 no 3 pp 3 17 RODRIK Danis 2000 How far will International Economic Integration go Journal of Economic Perspective vol 13 no 1 pp 177 186 SMITH David and al eds 1999 States and Sovereignty in the Global Economy Routledge Londres et New York TOBIN James 1999 Financial Globalization Proceedings of the American Philosophical Society vol 143 no 2 pp 161 167 UNCTAD 1996 Globalization and Liberalization effects on International Economic Relations on Poverty Geneva U N WILLIAMSON Jeffrey G 1997 Globalization and Inequality past and present World Bank Research Observer vol 12 no 2 pp 117 135
23. s ceux de Madison sinon encore plus pessimistes Pour lui la divergence dans les niveaux de vie et de productivit entre le Nord et le Sud continue d tre la caract ristique dominante de l conomie moderne Face ces auteurs il en existe d autres qui sont plut t d avis que le libre change la mondialisation finira par r duire plus ou moins long terme l cart entre pays pauvres et pays riches Jones 1998 par exemple d fend la th se de la convergence en essayant de prouver statistiquement qu il y a eu am lioration dans la r partition mondiale des revenus entre 1960 et 1988 Sans trop s avancer sur le terrain des effets provoqu s par la mondialisation il sugg re tout de m me que l exp rience des 30 derni res ann es surtout la Chine et l Asie du Sud Est autorise un certain optimisme pour le futur Williamson 1997 d j cit n h site pas affirmer quant lui qu il existe une corr lation positive entre la mondialisation et la convergence La th se de Williamson repose sur l analyse qu il fait de la p riode 1870 1913 qu il compare ensuite la p riode actuelle Il estime ainsi qu une convergence dans les prix relatifs des facteurs de production est survenue lors de la premi re p riode entra nant une hausse de l in galit dans les pays riches et une baisse dans les pays pauvres conform ment la th orie classique du commerce international Selon lui la divergence
24. ser c est dire viter de se confiner comme jadis une seule forme d nergie cette globalisation venant son tour renforcer la concentration 3 reconstruire directement ou par des subterfuges juridiques et comptables l int gration verticale que la r glementation nouvelle cherche dissoudre et 4 comprimer les co ts d une part en mettant profit le progr s technologique et d autre part en rationalisant les d penses commencer par les d penses de main d uvre En somme l industrie cherche retrouver et endosser nouveau travers et en r action la lib ralisation des march s l habit naturel du secteur de l nergie caract ris par la concentration et l int gration verticale Il va de soi qu une telle strat gie ne peut vraiment tre poursuivie que par des et ka i compagnies qui sont d j d une taille telle qu elles peuvent raisonnablement pr tendre en absorber d autres Ces compagnies peuvent en plus mobiliser en faveur de leur strat gie de concentration et de globalisation les ressources financi res aujourd hui normes des institutions bancaires et boursi res Cette financiarisation du secteur de l nergie constitue en elle m me une barri re importante l entr e pour des compagnies de petite et moyenne tailles ce qui emp che par le fait m me la croissance du nombre de joueurs D aucuns pronostiquent que si cette te
25. tifs les seconds se r clamant de leur position dominante comme principal march de la consommation de produits p troliers utilisent leur fiscalit pour s allouer une part toujours croissante de cette rente En l absence d un r gulateur international la seule issue possible est la n gociation d un compromis entre les deux parties Une telle solution fut tent e apr s le choc de 1973 par le fameux dialogue Nord Sud dont l chec est connu de tout le monde Fait noter cet chec co ncidait avec le d but de l re n o lib rale de Madame Thatcher et du Pr sident Reagan qui proclamaient tous les deux que seul le march peut trancher le d bat Le r sultat est que le probl me demeure entier comme l ont prouv les v nements de l hiver dernier au moment de la flamb e des prix p troliers CONCLUSION Au moment o je r dige cette introduction le nouveau pr sident am ricain Busch vient de rendre publique sa politique nerg tique apr s avoir il y a quelques semaines remis en cause les accords de Kyoto Dans les deux d cisions il se r clame ouvertement du principe de la souverainet nationale qui l autorise d fendre ce que son gouvernement consid re comme une bonne politique pour les tats Unis Faut il en conclure que le temps des n gociations multilat rales est clos Il faut bien entendu prendre le temps d tudier fond cette nouvelle politique nerg tique et environnementale
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