Territorialité et bureaux virtuels : un oxymore ?
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1. Alors les bureaux d associ s dominants si vous voulez c taient les bureaux d angle vers Paris Tout a tr s codifi Un des enjeux des bureaux virtuels est d organiser la p nurie des espaces de travail Cette p nurie est en soi un message adress aux consultants leur bureau doit se trouver non pas dans les locaux de l entreprise mais chez les clients Ainsi pour la population des associ s Fran ois JAQUENOUD 1997 consid re que seulement 20 du temps de travail consacr s des r unions internes la r alisation de propositions commerciales ou aux entretiens d valuation etc n cessitent une pr sence physique dans les locaux de l entreprise D apr s LAUTIER 2 1996 en d poss dant les asso ci s de leurs bureaux l organisation fait dispara tre la symbolique du bureau individuel et fragilise leur fonc tion en les astreignant davantage de productivit L autre ambition affich e lors du d m nagement est celle du brassage des comp tences en interne La logique du premier arriv premier servi repr sente une rup ture totale avec l organisation pr valant pr c demment la Tour Gan o chaque division tait install e un tage qu elle consid rait comme son territoire et n avait que peu de contacts avec les autres Les bureaux virtuels sont ainsi per us comme un moyen de brasser les comp tences en favorisant les interactions les instigateurs du2. 032 041 Leon_ pages paires G amp C 96 02 03 10 11 13 Page32 H 2 EPREUVE DES FAITS TERRITORIALIT ET BUREAUX VIRTUELS UN OXYMORE Les changements dans l organisation du travail et la volont de r duire les budgets d di s l immobilier conduisent de nombreuses entreprises r inventer voire supprimer leurs bureaux l aide des technologies mises leur disposition Le d veloppement des espaces de travail partag s s inscrit dans cette logique Cependant l espace de travail n est pas uniquement un lieu fonctionnel il est galement l un des symboles qui relie le salari son organisation aussi celui ci aura t il spontan ment tendance vouloir le faire sien Une tude de cas men e au sein des bureaux virtuels d Accenture d montre que la territorialit s inscrit dans tout espace f t il virtuel Par Emmanuelle L ON u cours des derni res ann es les espaces de tra A en libre service se sont consid rablement d velopp s au sein des entreprises ELSBACH 2004 et ce afin d intensifier l utilisation des locaux et de r duire les co ts aff rents Pour les populations nomades tels que les commerciaux ou les consultants la n cessit de disposer d un espace de travail person nel est de facto loin d tre vidente Cependant le lien entre un individu et son bureau n est pas uniquement fonctionnel l espace de travail symbolise souvent le statut hi rarchique du sa
3. Vous ne verrez pas un junior un analyste comme on dit chez nous dans un closed space Je pense qu ils doivent penser quelque part que ces closed spaces sont plut t r serv s des gens seniors et donc il ne leur viendrait pas l esprit d en r server un C est plus une autocensure qu au tre chose On sent fort bien qu un manager 4 fortiori un consultant junior qui s installerait dans un closed space transgresserait les r gles implicites r gissant l attri bution et l appropriation de ces espaces de travail Un associ pr cise I y avait une notion du fait qu on pou vait d un coup se retrouver au m me niveau que l ana lyste dans l attribution d un espace La r alit c est que a n a jamais t comme a C est clair qu entre un asso ci et un consultant qui demandent un espace dans une liste d attente le consultant a pu la demander quinze jours plus t t hein La r alit c est que Nous avons donc vu que les associ s privil gient un tage en particulier appropriation collective de l es pace et s installent prioritairement dans des bureaux ferm s Si la privatisation de l espace n avait qu une vis e fonctionnelle celui ci pourrait se situer mim porte o l tage choisi Or il n en est rien dans certains cas les associ s s installent toujours dans le m me bureau qui reste vide en leur absence Ils ne peuvent le personnaliser par exemple en y laiss
4. gnages sur cette appropriation collective la satisfac tion de venir au bureau tant clairement index e sur le fait d tre au bon tage Par contraste le fait de ne pas pouvoir s installer son tage provoque visible ment chez tous un certain malaise a m arrive que si j ai r serv trop tard il faut que j aille au G tage ou dans d autres tages et a je n aime pas trop en fait une d ception C est pour a que quand on a quand on vous r serve un bureau en dehors de votre tage de pr dilection c est un peu d cevant voire un vif m con tentement Si je vois que c est un tage diff rent de ma secr taire l nervement commence Voil Parce que moi a m nerve prodigieusement si je ne suis pas l Les termes employ s aimer d cevant a m nerve attestent d une relation l tage plus mo tionnelle que fonctionnelle Contrairement l un de ces t moignages il ne s agit pas d une simple ques tion d efficacit Il est int ressant de noter cet gard l ancrage des habitudes li es l appropriation d un tage Ainsi m me si l une des divisions est loca lis e dans un autre immeuble d Accenture surnomm Axe France 4 certains associ s continuent lorsqu ils viennent dans le b timent George V de s installer l tage qu ils occupaient auparavant Oui en g n ral
5. j essaie de m installer au troisi me parce que c est un peu l que sont plut t mes coll gues de Ressources une des divisions d Accenture On a t dans le pass au troisi me on a gard l habitude Il y en a quand m me plusieurs comme moi qui sont de Ressources affect s Axe France mais qui sont l explique l un d entre eux Un autre pr cise Je m installe dans le bureau qui m est affect S il n y a pas de bureau affect je vais au troisi me je rentre dans le premier qui est vide et je m installe comme si j tais chez moi Il semble donc que les bureaux virtuels aient exacerb chez les associ s le besoin d tre install s un tage qui ait du sens pour eux dans lequel ils se sentent leur place Au del de motivations d ordre instrumental occuper un espace de travail proximit de son secr tariat on trouve ici une volont affirm e de se r appro prier des lieux voulus anonymes On nest quand m me pas des robots et a fait plaisir de voir les gens de savoir un peu ce qu ils font constate un associ e La privatisation retour de la symbolique de l espace de travail La recherche de privatisation se veut tout d abord fonc tionnelle car un lieu de travail prot g accro t l efficacit 4 ce jour l immeuble George V n est plus occup par Accenture mais par la soci t LVMH Aujourd hui toutes les divisions d Acc
6. consacreraient de l espace aux l ments favorisant la communication tables chaises afin d accueillir leurs visiteurs les personnes vi suelles chercheraient favoriser l intimit n ces saire la lecture etc La territorialit appara t donc comme inh rente l tre humain Cependant elle est aujourd hui ni e dans de nombreux espaces de travail qui se veulent et se disent non territoriaux La territorialit parvient elle s exprimer dans ce type de contexte C est afin de r pondre cette question que nous avons men une recherche exploratoire dans une orga nisation ayant d cid de supprimer tout lien entre les individus et leur s espace s de travail PR SENTATION DU TERRAIN D TUDE ET DE LA M THODOLOGIE Le d veloppement de formes de travail nomade dans lesquelles les employ s ne passent qu un temps limit au sein de leur entreprise symbolise la rupture entre l espace de travail et le travail lui m me EVETTE et LAUTIER 1994 Que se passe t il lorsqu une orga nisation d cide de traduire concr tement cette rup ture dans am nagement de ses locaux En 1996 Accenture France abandonne les bureaux occup s dans la Tour Gan du quartier d affaires de La D fense pour s installer dans un nouvel immeuble situ langle des Champs lys es et de l avenue George V Les nouveaux bureaux baptis s bureaux virtuels sont en fait la d clinaison su
7. existant entre un employ et son entreprise qui lui fournit un bureau Certaines entreprises MALLERET 2004 uti lisent d ailleurs leurs locaux comme outils d int gra tion d une population a priori peu fid le Un espace de travail intelligemment con u peut ainsi contribuer au d veloppement de l implication des salari s Aussi les dirigeants auraient ils int r t dans leurs projets en cours et venir s interroger sur les objectifs qu ils entendent assigner leur gestion de l immobilier Il ne faut pas oublier que le bureau demeure aujourd hui encore un des symboles de l int gration sociale et de la progression hi rarchique au sein d une entreprise Sa transformation ou sa disparition doi vent nous conduire r fl chir et r interroger nos pratiques de gestion de l espace W 032 041 Leon_ pages paires G amp C 96 02 03 10 11 13 Page41 BIBLIOGRAPHIE ALTMAN 1 The Environment and Social Behavior Privacy Personal Space Territories Crowding Mon terey Edition Brooks Cole 1975 ARDREY R L Imp ratif territorial Paris ditions Stock 1966 BECKER F amp STEELE E Workplace by Design Mapping the High Performance Workscape ditions Jossey Bass 1995 BROWN G LAWRENCE T B amp ROBINSON S L Territoriality in Organizations Academy of Mana gement Review 30 3 pp 577 594 2005 EVETTE T amp LAUTIER E De l atelier au territoire le tra vail en
8. gens dans les couloirs on sait que cest des gens d Accenture L espace est ainsi collectivement marqu En d finitive en s installant dans ses nouveaux locaux Accenture a choisi de ne plus partager le m me immeu ble avec d autres entreprises mais bien de partager les bureaux entre les consultants Le George V devient rapidement le centre n vralgique de l activit il ne s agit pas de bureaux anonymes La comparaison avec un h tel du fait de la r servation des espaces de travail de l acc s des services de type conciergerie ou de la simple pr sence du lounge au premier tage est per ue de fa on n gative par certains associ s Alors on dit cest un peu comme un h tel Eh bien c est vrai Dans les faits c est comme un h tel La question c est Est ce que vous 38 G RER ET COMPRENDRE MARS 2010 N 99 avez envie de passer trois cents jours ou deux cents jours par an dans un h tel C est pareil pour le travail L Aussi certaines habitudes r apparaissent elles pour viter la banalisation des bureaux comme le fait dy passer r guli rement y compris pour cet associ qui nous a dans un premier temps expliqu que cela pr sentait l int r t de diminuer ses temps de transport avant de se rendre compte qu il venait tous les jours dans l immeuble George V car il n prouvait aucun plaisir travailler depuis son domicile C est avant tout da
9. il avait d j fait l objet d exp rimentations notamment chez Accenture aux tats Unis BECKER et STEELE 1995 Cependant ce partage tait limit aux managers aux consultants et aux juniors du cabinet Ce qui fait l originalit du projet d Accenture France c est Pampleur du ph nom ne tous les niveaux hi rarchiques sont concern s y compris les associ s du cabinet Les diri geants se retrouvent log s la m me enseigne que les autres consultants Au travers des bureaux virtuels c est donc la symbolique de l espace de travail et son r le de marqueur de statut hi rarchique qui sont mis mal Historiquement les pratiques d occupation des locaux par les consultants correspondaient la pyra mide hi rarchique En effet dans les locaux occup s la Tour Gan le simple fait d avoir un bureau consti tuait en soi une reconnaissance statutaire r serv e aux managers et aux associ s La taille du bureau ainsi que sa localisation et son orientation d pendaient du grade de son occupant Ainsi plus on s levait dans la hi rarchie et plus le bureau devenait spacieux lasso ci disposait d un bureau d une taille minimale de 18 m le manager avait un bureau d environ 12 m et les autres consultants se retrouvaient dans un espace ouvert appel staff room La hauteur de l tage et langle occup par le bureau avaient gale ment une signification la Tour Gan il y avait des rites
10. les asso ci s que nous avions identifi s comme r pondant nos crit res afin de solliciter aupr s d eux un entre tien ce stade il tait essentiel de b n ficier du sou tien de la hi rarchie tant donn e la faible disponibi lit des associ s Pour ce faire nous avons pris contact avec le DRH Monde et avec le PDG France d Accen ture qui nous ont accord leur appui Apr s la r alisation d un guide d entretien nous avons rencontr sur la base du volontariat neuf associ s entre f vrier et avril 2002 les entretiens se sont d roul s dans des closed spaces et ont t enregistr s Ils ont dur en moyenne une heure et vingt minutes et ils ont fait l objet d une retranscription par traitement de texte puis d une analyse th matique cat gorielle Nous nous sommes galement appuy s sur des mat riaux secondaires tels que l ouvrage r dig par l asso ci l origine du projet Fran ois JAQUENOUD 1997 sur la documentation interne mise notre disposition par Accenture sur des articles de presse et sur un reportage t l vis diffus sur la cha ne M6 dans le cadre de l mission Capital Au cours des entretiens nous avons aussi eu l occasion d observer les locaux et les modalit s d occupation de l espace QUAND LA TERRITORIALIT RATTRAPE L ESPACE DE TRAVAIL La symbolique du bureau est ce la fin Le fait de partager l espace n est pas en soi nouveau
11. projet consid rent que les espaces de travail partag s sont propices au partage d exp riences et la constitution d quipes pluridisciplinaires JAQUENOUD 1997 82 affirme m me que la notion de territoire est bannie du George V 2 Cit dans un article de JASOR 1996 Andersen Consulting Finis les bureaux individuels vive l espace la carte L Essentiel du Management n 14 avril G RER ET COMPRENDRE MARS 2010 N 99 z EMMANUELLE LEON 37 032 041 Leon_ pages paires G amp C 96 02 03 10 11 13 Page38 2 L PREUVE DES FAITS Les diverses formes d expression de la territorialit dans les bureaux virtuels Paradoxalement lors de nos diff rentes visites dans les locaux de l entreprise nous avons remarqu que certains bureaux taient syst matiquement occup s par les m mes consultants et laiss s vides en leur absence Nous avons aussi vu des consultants occuper des bureaux ferm s sans pour autant y tenir des r unions ou des entretiens Il nous a donc sembl qu au del des discours la territorialit continuait de se manifester et ce dans un espace qui de par sa conception m me la nie et la rejette Nous avons identifi trois formes principales de territorialit l appropriation collective de l immeuble celle des tages du b timent et la privatisation des espaces de travail e L appropriation collective de l immeuble Nous avons constat que la dispari
12. SON 2005 La cr ation de territoires r pond trois besoins une r action la pr sence r elle ou implicite de l autre une r ponse aux propri t s de l environnement et la satisfaction d tats motionnels Les recherches men es sur la territorialit humaine G RER ET COMPRENDRE MARS 2010 N 99 Z EMMANUELLE LEON 33 032 041 Leon_ pages paires G amp C 96 02 03 10 11 13 Page34 2 L PREUVE DES FAITS montre l importance du comportement territorial comme forme de domination mais galement de communication avec les autres EXPRESSIONS DE LA TERRITORIALIT DANS LES ESPACES DE TRAVAIL En ce qui concerne les espaces de travail la territoria lit s exprime principalement au travers des trois pro cessus suivants l appropriation la privatisation et la personnalisation Nous consid rons que ces trois pro cessus sont graduels en effet dans un premier temps l individu cherche faire sien un lieu appropria tion avant de s int resser la possibilit ou non d isoler ce lieu des autres privatisation et de le modi fier en fonction de crit res personnels personnalisa tion l appropriation de l espace de travail Dans son sens large l appropriation signifie le fait de nous attribuer la propri t de quelque chose m me si cette chose ne nous appartient pas l galement L appropriation est un m canisme d adaptation qui suppose que le rapport de l individu ou
13. ant leurs affaires mais ils ont r ussi faire passer un message implicite au reste des consultants Un jeune associ constate La r alit c est que en fair les associ s ont consid r qu il y avait des bureaux assi gn s pratiquement et si vous vous promenez dans les tages vous avez pratiquement syst matiquement les m mes personnes dans les m mes bureaux Donc on r serve les assistantes r servent sur une dur e je ne sais pas laquelle parce que je ne suis jamais all voir les bases mais j imagine sur une dur e la plus longue pos sible tout simplement parce que si un associ revient et qu il wa pas son bureau a va pas tre tr s sympa Cette hi rarchisation implicite se retrouve galement au niveau de la population des associ s En effet devant le d s quilibre entre l offre et la demande de closed spaces les associ s seniors font valoir leurs droits 40 G RER ET COMPRENDRE MARS 2010 N 99 sur les associ s juniors Ainsi au cours d un des entre tiens nous avons failli d m nager alors que l espace avait t r serv car il s agissait d un closed space g n ralement occup par un associ ayant plus de poids dans l organisation que mon interlocuteur Le syst me a donc t d tourn de son concept initial d occupation des espaces en fonction des situations de travail pour r int grer tout au moins en partie la notion de ligne hi r
14. archique CONCLUSION Dans ses diff rentes expressions appropriation pri vatisation personnalisation le concept de territo rialit montre que l individu mest pas neutre vis vis de l espace qu il occupe Ainsi un bureau est plus qu un simple lieu fonctionnel o tout un chacun s installe pour travailler Pourtant l valua tion d un espace de travail se limite souvent la dimension financi re combien paie t on pour combien de m tres carr s Ces consid rations co nomiques sont l gitimes mais elles ne doivent pas occulter la r flexion sur la territorialit En effet les individus quel que soit leur niveau hi rarchique ont besoin de pouvoir s approprier leur espace de travail L appropriation n est d ailleurs pas un ph nom ne ind pendant elle se manifeste principale ment dans des situations de d sappropriation ins crite dans l am nagement des locaux Or force est de constater que les modifications organisation nelles intervenues durant les vingt derni res ann es internationalisation croissante n cessitant de nom breux d placements t l travail quipes virtuelles fonctionnement en mode projet etc n ont t que rarement pens es en termes d impact sur les espaces de travail Cette tude de cas conduit galement s interroger sur les changements induits par un d m nagement Ainsi un bureau n est pas simplement un lieu c est aussi un des symboles du lien
15. ation au fil des entretiens G RER ET COMPRENDRE MARS 2010 N 99 Z EMMANUELLE LEON 35 032 041 Leon_ pages paires G amp C 96 02 03 10 11 13 Page36 z L PREUVE DES FAITS et s par s du bloc contigu par une cloison mi hau teur en verre l g rement opaque JAQUENOUD 1997 L occupant de cet espace de travail dispose d un t l phone de prises de courant et d un bo tier de connexion lui permettant de connecter son ordina teur portable au r seau informatique de l entreprise Ces espaces de travail sont d di s des situations de travail n cessitant peu d changes avec d autres consultants lecture et r daction de courriers lectro niques r alisation de propositions commerciales etc Les autres espaces de l immeuble En sus de ces deux types d espaces de travail il faut noter l existence chaque tage d espaces de discussion par tiellement s par s du reste de l tage par une cloison vitr e ouverte et organis s autour de grandes tables ovales Des salles de r union pouvant tre facilement transform es en salles de r ception o l on peut organi ser cocktails et d ners occupent l int gralit du dernier tage de l immeuble Enfin le lounge situ au premier tage est destin aux consultants effectuant un court Les closed spaces ont pour particularit d tre entour s de grandes cloisons vitr es les isolant du bruit ambiant Les bure
16. aux ferm s dits closed spaces Les closed spaces ont pour particularit d tre entour s de grandes cloisons vitr es les isolant du bruit ambiant On en compte 45 dans tout l immeuble Ils sont g n rale ment dispos s le long d un couloir de 5 6 closed spaces en enfilade entour s de chaque c t par les postes fixes des secr taires ou par des open spaces Le couloir dans lequel ils sont localis s est un espace de circulation oblig pour qui souhaite faire le tour de l tage l int rieur on trouve une table ovale sur laquelle un t l phone est pos Il my aucun espace de rangement Les situations de travail se d roulant dans les closed spaces sont les suivantes r unions en petit comit entretiens de recrutement entretiens d valuation conf rences t l phoniques etc 36 G RER ET COMPRENDRE MARS 2010 N 99 s jour dans les locaux ils ont ainsi acc s un poste de travail sans r servation Con u selon le mod le des com pagnies a riennes le lounge dispose galement de fau teuils et de canap s de distributeurs de boissons chaudes d un stand de journaux etc M thodologie et collecte des donn es tant donn les sp cificit s de l objet de notre recherche nous avons choisi comme m thode une approche qualitative vis e exploratoire s appuyant principalement sur des entretiens semi directifs Dans le cadre de cette tude nous avons choisi de cibler une population
17. dans lequel on vit Les individus ont tendance l investir Pins tar d un espace personnel et rechercher une certaine intimit Selon FISCHER 1989 les salari s pr f rent largement disposer d un lieu de travail priv qui soit prot g des bruits des conversations et des regards Les probl mes li s la privatisation ont d ailleurs t tudi s la suite de la multiplication des bureaux pay sagers ou bureaux ouverts BECKER et STEELE 1995 rappellent qu un espace priv atteste d un statut plus lev et refl te galement la place accord e l individu par l organisation SUNDSTROM E et SUNDSTROM M G 1986 recensent trois formes possibles de privatisation de l espace de travail la privatisation acoustique consistant s isoler du bruit ambiant tel que les conversations ou les bruits de pas la privatisation verbale permettant d changer des propos confidentiels enfin la privatisation visuelle permettant d tre l abri du regard d autrui L isolement visuel et acoustique que l on obtient gr ce des fronti res physiques produit ce que FISCHER 1989 appelle l intimit architecturale Dans l environnement de travail la privatisation ou non d un espace d pend notamment de l architecture du b timent orientation et taille des espaces exis tence de cloisons qualit des mat riaux etc Au del de ces aspects architecturaux d autr
18. du groupe l espace n est jamais neutre et que l individu ou le groupe est m me de donner du sens un environ nement d o les signes et les valeurs sont 4 priori exclus FISCHER 1989 On distinguera l appro priation collective appropriation d un espace donn par un groupe de l appropriation individuelle plus sp cifique au territoire primaire L appropriation introduit des dimensions d appar tenance et de revendication d un lieu personnel Elle se concr tise travers diff rents m canismes dont les plus importants sont le marquage les d placements et la communication Le marquage permet de construire puis de sauvegarder un espace personnel c est le processus par lequel un espace est sign d li mit par son occupant Ainsi par exemple le fait de d poser ses affaires sur une table pour r server sa place est une forme de marquage Nous nous int ressons ici plus particuli rement aux marqueurs de statut c est dire aux moyens utilis s par les individus et par l organisation pour signaler les positions hi rar chiques SUNDSTROM E et SUNDSTROM M G 1986 distinguent les marqueurs de statut suivants la taille de l espace de travail sa localisation et son accessibilit Au del de leur valeur instrumentale pour l accomplissement des t ches ces marqueurs sont les signes de reconnaissance d une r ussite et ser vent de stimulant dans la perspective d une perfor mance fu
19. enture sont install es dans l immeuble Axe France situ dans le 13 arron dissement de Paris au travail Comme les associ s consacrent la majeure par tie de leur temps dans l immeuble George V en r u nions formelles et informelles il leur semble imp ratif de pouvoir occuper des bureaux o Pon puisse organiser une communication plusieurs Aussi privil gient ils l utilisation des closed spaces car les espaces ouverts c est bien quand on est tout seul sur une t che et qu on a une demi journ e passer sur quelque chose D s qu on doit tre en discussion rencontrer des gens et travailler sur un docu ment ce nest pas tr s appropri Indispensable d s lors qu il faut travailler plusieurs le closed space est galement n cessaire dans le cas de contacts t l phoniques surtout lorsqu il s agit de dis cussions avec des clients ou des prospects On ne peut pas t l phoner facilement dans un open space des personnes importantes dans une entreprise ce n est pas tr s facile de vivre son coup de t l phone de mani re ambiante Quand je fais un appel commercial un peu compliqu je suis toujours en peu sous tension Si je suis dans un environnement plus calme je me sens beau coup mieux Voil pourquoi je pr f re tre dans un clo sed space et je pense qu on est presque tous dans cette situation Or les appels t l phoniques rythment la journ e des associ
20. erts aux regards de tous quant aux chosed spaces ils ont la particularit de disposer de grandes cloisons vitr es Toute personne faisant le tour de l tage voit ainsi son ses occupant s Par ailleurs comme les associ s vien nent principalement dans les locaux d Accenture pour avoir l occasion de travailler plusieurs le fait de pouvoir tre rep r s alors qu ils n occupent pas syst matique ment le m me espace de travail facilite selon eux les changes informels G RER ET COMPRENDRE MARS 2010 N 99 z EMMANUELLE LEON 39 032 041 Leon_ pages paires G amp C 96 02 03 10 11 13 Page40 2 L PREUVE DES FAITS La privatisation est aussi v cue comme une contre partie de l impossible personnalisation de son espace de travail En effet les associ s se montrent parfois irrit s du manque de reconnaissance symbo lique que leur organisation leur manifeste au travers de ces nouveaux locaux Ils estiment que l occupa tion des closed spaces est donc l gitime en regard des efforts qu ils ont d consentir Et il y a aussi un petit l ment de statut qui entre aussi en ligne de compte Simplement que bon un certain ge a fait un bout de temps qu on est dans la soci t bon ce n est pas choquant qu on ait droit un bureau non personnalis transparent Certains associ s estiment d ailleurs qu il se produit un ph nom ne d autocensure chez les consultants
21. es facteurs ren dent possible ou non la privatisation de l espace de travail le degr de connaissance entre individus par tageant un bureau le niveau de complexit de la t che effectuer l ge et le sexe des employ e s les normes 032 041 Leon_ pages paires G amp C 96 02 03 10 11 13 Page35 gouvernant l utilisation des espaces priv s le degr de coh sion et la taille du groupe GOODRICH 1982 En r gle g n rale le fait de ne pas pouvoir privatiser son espace de travail est source d insatisfaction Parmi les inconv nients les plus fr quemment cit s figurent les nuisances sonores tels que les bruits de pas les conversations des voisins les visites ou les salutations de passage les regards d autrui et le sentiment d tre trop pr s les uns des autres ALTMAN 1975 ELSBACH 2004 L intimit semble tre li e au degr de cl ture du lieu ainsi qu au nombre de personnes dans l entourage La personnalisation de l espace de travail L espace de travail est v cu comme un territoire per sonnel son occupant l investissant comme son domaine priv Selon ALTMAN 1975 il devient un territoire primaire si l utilisateur est le seul l occuper sil est fr quemment occup par lui et s il a des droits reconnus par les autres quant l acc s cet espace et son utilisation L occupation d un espace de travail attitr a un impact positif sur l implication du salari dans son
22. homog ne celle des associ s du cabinet Pourquoi les associ s Nous voulions rencontrer des personnes qui avaient d j occup des bureaux attit a 8 T a zZ f lt z z i N o 2 032 041 Leon_ pages paires G amp C 96 02 03 10 11 13 Page37 r s de pr f rence au sein de la Tour Gan Or seuls les managers et les associ s b n ficiaient de ce privi l ge attach leur statut Au vu de l organisation des promotions dans les m tiers du conseil nous sommes partis de lhypoth se que toute personne ayant le grade de manager en 1996 occupait un poste d asso ci dans l entreprise six ans plus tard c est dire en 2002 ou avait quitt Accenture Concr tement afin de r aliser notre chantillon nous avons donc r cup r la liste de tous les associ s d Accenture France puis nous avons effectu un tri afin d liminer ceux qui n taient pas dans l entreprise en 1996 et ceux qui taient r cemment partis la retraite 29 personnes 28 hommes et une femme r pondaient ces crit res Ayant nous m mes travaill dans le pass au sein de cette entreprise nous avons b n fici d un acc s faci lit au terrain Dans un premier temps nous avons men deux entretiens exploratoires avec le manager et avec l assistante qui s taient occup s de la mise en uvre du projet Dans un deuxi me temps nous avons envoy un courrier lectronique tous
23. lari et plus largement il atteste du lien existant entre le sala ri et son organisation Que se passe t il lorsqu une organisation d cide de supprimer ce lien Au travers d une tude de cas men e sur les bureaux virtuels d Accenture France nous nous proposons d tudier les formes prises par la territorialit dans un espace qui par d finition la rejette En effet les bureaux vir tuels se r servent exactement comme des chambres d h tel et fonctionnent selon le principe du premier arriv premier servi Ils se veulent la fois non ter ritoriaux et non hi rarchiques non territoriaux car aucun d partement ne peut revendiquer un tage ou une localisation sp cifique et non hi rar chiques car les espaces de travail sont attribu s en 32 G RER ET COMPRENDRE MARS 2010 N 99 fonction des situations de travail et non en fonction du niveau hi rarchique DU TERRITOIRE LA TERRITORIALIT C est partir d observations men es par les tholo gistes sur les animaux que la notion de territoire a merg En extrapolant cette notion au comporte ment humain diff rents chercheurs ont estim que Phomme poss de un instinct territorial LORENZ 1970 ARDREY 1966 ALTMAN 1975 op re une distinction entre les territoires primaire secondaire et tertiaire Le territoire primaire est un lieu dont liden tit du propri taire ne fait aucun doute c est le cas d un bureau attitr
24. ns ces lieux que les associ s changent de mani re informelle sur leurs missions le fait de ne pas sy rendre aurait pour corollaire de se priver d in formations utiles qui ne transitent pas par le courrier lectronique Un autre l ment t moignant de cet attachement au si ge de l entreprise r side dans les expressions employ es par les associ s interrog s la maison chez nous c est comme une quipe de football on marque un but et puis on revient e L appropriation collective des tages Dans un premier temps le syst me de r servation de limmeuble positionnait les associ s proximit de leurs secr taires 3 Les diff rentes divisions d Accenture ont ainsi spontan ment recr des terri toires aux diff rents tages du b timent George V Les raisons voqu es par les associ s sont tout d abord d ordre fonctionnel et organisationnel C est pratique d tre au m me tage on n a pas se r affecter une imprimante on n a pas chercher ses marques on n est pas trop loin de sa secr taire On a ses coll gues qui sont au m me endroit L appropriation collective d un tage donn permet d y recr er des rep res Les associ s que nous avons rencontr s n ayant plus de bureaux attitr s compen sent l anonymat des espaces de travail par une appro priation forte au niveau des tages de l immeuble Et donc je ne sais pas les aut
25. organisation BROWN LAWRENCE et ROBINSON 2005 SOMMER 1974 d finit la personnalisation comme la d coration la modification ou le r am nagement volontaire de l espace par son occupant de mani re y refl ter sa valeur personnelle Dans le contexte organisa tionnel ce processus est li la marge de libert laiss e l utilisateur dans l adaptation et le contr le d un espace reconnu comme son territoire L identit d un individu et son statut dans l chelle de l organisation se refl tent au travers de la personnalisation de son espace de travail SUNDSTROM E et SUNDSTROM M G 1986 MOLESKI et LANG 1982 Mais le degr de personnalisation semble dans une large mesure li au niveau des responsabilit s exer c es Ainsi la qualit du mobilier ou le confort des si ges sont souvent sup rieurs dans un bureau de cadre dirigeant MONJARET 1996 L introduction d objets personnels dans un bureau est le stade ultime de la personnalisation En effet l occupant des lieux rend ainsi agr able son cadre de travail tout en signifiant ses liens avec l ext rieur La per sonnalisation peut renseigner les autres sur ses go ts ses pr f rences et ses opinions elle constitue un message relatif lui m me adress tant ses col l gues qu aux visiteurs GOODRICH 1982 tablit un parall le entre l espace de travail personnalis et le style de travail de occupant ainsi les personnes auditives
26. ou du domicile Le territoire secondaire est quant lui un lieu semi public dont les r gles en mati re de droit d acc s et d utilisation sont plus flottantes Les occupants d un territoire secondaire d tiennent une autorit relative sur ce lieu mais sont susceptibles de changer dans le temps Le Professeur Associ ESCP EUROPE 032 041 Leon_ pages paires G amp C 96 02 03 10 11 13 Page33 Men lo pa Q a Hoe Fa pa o Q 5 II a 5 x q 5 Le marquage permet de construire et de sauvegarder un espace personnel c est le processus par lequel un espace est sign d limit par son occupant Ainsi par exemple le fait de d po ser ses affaires sur une table pour r server sa place est une forme de marquage Chat se frot tant contre un poteau pour marquer son territoire territoire tertiaire est quant lui accessible tous et son fonctionnement d pend des normes et coutumes ALTMAN 1975 d finit la territorialit comme un m canisme de r gulation de notre fronti re avec autrui FISCHER 1989 utilise le concept de territo rialit pour tudier les territoires humains et leur attri buer une interpr tation tant au plan psychologique que culturel La territorialit correspond un type de comportement orient vers l appropriation et l occu pation d un lieu ou d une aire g ographique par une personne ou par un groupe BROWN LAWRENCE et ROBIN
27. qu te d espace Paris ditions LHarmattan 1994 ELSBACH K D Interpreting workplace identities The role of office decor Journal of Organizational Behavior n 25 pp 99 128 2004 FISCHER G N Espace identit et organisation n CHANLAT coord L Individu dans l organisation Les dimensions oubli es Les Presses de l Universit Laval Editions Eska pp 165 183 1990 FISCHER G N Psychologie de l environnement social Paris ditions Dunod 2 dition 1989 GOODRICH R Seven Office Evaluations Envi ronment and Behavior 14 3 pp 353 378 1982 JAQUENOUD E Bureau virtuel mode d emploi Les Presses du Management 1997 LORENZ K Essais sur le comportement animal et humain Paris Le Seuil 1970 MALLERET V Des bureaux bien r els pour une entreprise virtuelle G rer et Comprendre 78 pp 32 43 2004 MOLESKI W H amp LanG JT Organizational Needs and Human values in Office Planning Environment and Behavior 14 3 pp 319 322 1982 MONJARET A tre bien dans son bureau Jalons pour une r flexion sur les diff rentes formes d ap propriation de l espace de travail Ethnologie fran aise XXVI 26 1 pp 129 139 1996 SOMMER R Tight Places Hard Architecture and How to Humanize it Enlgewoods Cliffs NJ Prentice Hall 1974 SUNDSTROM E amp SUNDSTROM M G Work Places The Psychology of the Physical Environment in Offices and Factories Ne
28. r une grande chelle du just in time office Leur fonctionnement repose sur un syst me de r servation sophistiqu per mettant aux utilisateurs d occuper pour des p riodes relativement courtes diff rents espaces de travail bureau ferm espace ouvert salle de r union etc Par d finition les bureaux virtuels se veulent non territo riaux puisque nul ne sait o il sera install pour tra vailler et non hi rarchiques puisqu ils sont attribu s en fonction de la situation de travail du consultant Description et fonctionnement des bureaux virtuels Comme il le ferait pour une chambre dans un h tel le consultant doit r server son espace de travail l avance Cette r servation reste limit e dans le temps de quelques heures quelques jours Les bureaux doivent syst matiquement tre laiss s vides tous les soirs les documents oubli s tant r cup r s par les agents de s curit il est donc impossible de s approprier un bureau Pour mieux comprendre la suite de notre pro pos il est utile ce stade de d crire les diff rents espaces de travail du b timent George V 1 Les bureaux ouverts dits open spaces Ils repr sentent les 4 5 des espaces de travail indivi duels soit 200 open spaces au total Ce sont des bureaux en forme de L regroup s par bloc de quatre 1 Ce b timent a en effet t spontan ment baptis George V par les consultants et nous retrouverons cette d nomin
29. res ont d vous le dire aussi on a quand m me recr un petit peu les territoires On a recr des territoires Les gens se sont quand m me regroup s par market unit ou par groupe et par building Et m me dans les buildings par tage Voil et je trouve a tr s bien Il y a sans doute des facteurs plus psychologiques et presque affectifs donc de s curit de stabilit qui y sont aussi attach s je pense qui font que bouger tout le temps partout a marche mais que a n est pas forc ment agr able Cette volont de d limiter un territoire s exprime ga lement au travers des d placements qui facilitent les discussions informelles L un des associ s nous explique qu il a modifi certains de ses itin raires afin de faciliter ces changes impromptus I m arrive effectivement de faire expr s d lib r ment de ne pas prendre le chemin le plus court pour arriver la machine 3 Tout le personnel administratif est install dans des bureaux ouverts mais conserve le m me espace de travail ainsi que des meubles pour stocker des documents 032 041 Leon_ pages paires G amp C 96 02 03 10 11 13 Page39 caf ou autre ce qui me permet de voir qui est l et l occasion de rencontrer des gens et d changer partir d une simple salutation d engager une conversation qui est je pense toujours tr s utile Nous avons entendu plusieurs reprises des t moi
30. s On est tout le temps au t l phone souvent sur deux lignes en m me temps a m ar rive fr quemment je suis sur un mobile j ai un appel sur le fixe et inversement Si la privatisation acoustique est un l ment de confort dans le bon d roulement de leur activit pro fessionnelle les associ s sont surtout attach s la pri vatisation verbale Le terme de confidentialit est revenu syst matiquement dans les entretiens Je ne suis jamais en open space parce que j ai toujours une ou deux conversations ou une ou deux r unions qui n ces sitent d tre en closed space pour des raisons de confi dentialit En m me temps il faut reconna tre que vous tes appel tout au long de la journ e rencontrer des gens qui peuvent vous voir qui peuvent avoir besoin de traiter des informations de fa on plus confidentielle des coups de fil confidentiels etc C est dire que oui lopen space comme son nom l indique c est ouvert tout le monde Donc il n y a pas de confidentialit par rapport aux conversations t l phoniques En revanche la privatisation visuelle n est pas recherch e par les associ s Tout d abord force est de constater que les bureaux virtuels n offrent que peu d espaces de travail permettant cette privatisation En effet seules les salles de r union isolent visuellement les participants du reste de l tage Les open spaces sont par d finition ouv
31. tion des bureaux individuels pouvait tre compens e par la promotion d espaces collectifs auxquels les employ s s identi fient En s installant langle des Champs lys es et de l avenue George V dans un immeuble qui lui est enti rement d di quip des derni res technologies Accenture affiche sa capacit innover son si ge social doit avoir le m me impact qu une campagne publicitaire De fait la mise en place des bureaux vir tuels d Accenture a fait l objet de nombreux articles d missions de t l vision ainsi que d un reportage tourn pour le Futuroscope de Poitiers et consacr l impact des nouvelles technologies sur les espaces de travail Les consultants que nous avons rencontr s nous feront part de leur fiert faire visiter le George V leurs clients ou leurs proches Les bureaux virtuels d Accenture favorisent la noto ri t de l entreprise ils lui permettent de se distin guer du cabinet d audit Arthur Andersen galement install l poque dans la Tour Gan La D fense Pour que l appropriation collective soit possible il fal lait en effet regrouper tous les consultants en un seul et m me lieu et faire en sorte que ce lieu leur soit d di On est tous dans le m me b timent et a je crois que cest vraiment important a a eu un impact tr s positif C est dire que quand on rentre ici on se retrouve entre Accenture On croise les
32. ture En r gle g n rale on peut affirmer que plus on s l ve dans la hi rarchie plus l espace occup est important et valorisant La position dans l tage la proximit des centres de d cision l tage lui m me le 34 G RER ET COMPRENDRE MARS 2010 N 99 fait d avoir vue sur lext rieur ou sur des cours int rieures ne sont pas neutres c est souvent une v ri table carte des pouvoirs qui se dessine au travers des attributions spatiales Les d placements effectu s sur le lieu de travail facilitant les changes informels d pendent eux aussi du niveau hi rarchique En effet la marge de man uvre de chacun dans ses d placements d pend pour une tr s large part de son statut dans l entreprise c est donc en fonction de la place occu p e que l on sera autoris se d placer librement dans un rayon d action plus ou moins grand FISCHER 1990 La symbolique du pouvoir et celle de l espace se renforcent c est ainsi que la distance avec autrui peut tre plus facilement maintenue si Pon dispose du choix d tre accessible ou non En France il est fr quent de devoir passer par le bureau d une assistante avant d acc der au bureau d un cadre dirigeant La position occup e au sein d une organisation permet donc de d velopper un rapport l espace plus ou moins ma tris La privatisation de l espace de travail Le lieu de travail est avant tout un endroit
33. w York Cambridge University Press 1986 G RER ET COMPRENDRE MARS 2010 N 99 z EMMANUELLE LEON 41
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