Le Maroc entre la transition démocratique et une nouvelle
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1. un horizon de dignit un horizon de libert un horizon diversaliste En effet ces horizons fondent l galitarisme et partant la d mocratie Ceci d une part D autre part ils ne sont pas cr ateurs de Limes l int rieur et autour du Maroc dont le paradigme de r gion est porteur de la port e f d rale ou conf d rale de l Etat marocain d autant plus que la dimen sion culturelle de chaque r gion montre comment chacune d elles cons 4 Bouazza pmd 85 09 04 2008 10 55 86 AJIA 8 1 amp 2 2005 titue effectivement et depuis des mill naires une r gion histoire et criture AU 4 Bouazza pmd Notes ce propos voir la D claration de l UNESCO sur la diversit humaine et culturelle www unesco org d claration Cinq p riodes marquent la transition politique au Maroc VITTe XIVe si cle XIVe d but du XXe si cle 1912 1956 p riode des protectorats fran ais et espagnol et 1956 1992 94 Il va de soi que nous ne nous int ressons pas ici aux cons quences catastro phiques que ne manqua pas d avoir des si cles durant le rapport militariste de l tat la soci t concr te D autre part l tude ici propos e ne prend en con sid ration ni les causes du non av nement du citoyen ni les appareils id ologiques qui ont servi l tat que voil tels la casuistique fikhique th o jurisconsulte les confr ries religieuses zaouia le mysticisme2. modernit que de la d mocratie comme horizon ind passable de l existence humaine Cf titre d exemple Moussa 1987 Ghalioun 1987 Al Jabri 1988 1995 Bekri Tahar 1994 206 Et c est en emp chant la plume lumineuse que le sabre a transform la majorit de nos pays en ruines o les traces du sang aveuglent nos utopies g n reuses et nos id aux anim s de justice et de frater nit Qui emprisonn qui banni qui contraint lexil qui exil dans son pro pre pays la liste serait longue de tous les crivains bless s ou morts sous le sabre la volont de l tat monopole du dictateur aidant 86 09 04 2008 10 55 Benachir Le Maroc entre la transition d mocratique et une renaissance 87 9 Le retour en force du religieux dans les ambitions les visions et les utopies de tout un peuple ne sont pas propres aux seuls peuples des pays susmentionn s L exemple nord am ricain est une illustration post moderne tr s significa tive 10 titre illustratif voir Daoui Ali 2003 L identit culturelle maghr bine et la question de la l gitimit La question de la culture dans le Maghreb arabe in At Takafa al Maghribia n 22 23 Rabat Royaume du Maroc Minist re de la culture 78 96 notamment note 31 p 96 en arabe 11 Du 12 d cembre 1962 au 5 novembre 1997 tous les discours de feu le roi Hassan II accordent une place privil gi e au concept de R gion Ainsi en est il des discours
3. coesa Revue africaine des relations internationales Vol 8 Nos 1 amp 2 2005 pp 65 90 Conseil pour le d veloppement de la recherche en sciences sociales en Afrique 2006 ISSN 0850 7902 Le Maroc entre la transition d mocratique et une nouvelle renaissance socioculturelle Bouazza Benachir R sum Outre l int gration du Maroc dans une vision mondialis e et respectueuse de la diversit culturelle qui caract rise ce pays le paradigme de Renaissance arabe se doit d tre nuanc une fois rapport aux socio cultures marocaines Ce dou ble mouvement mondialit et sp cificit corr le avec la mise en perspective critique et th orique de l entrem lement dialectique de trois horizons socio politique majeurs la transition d mocratique comme moyen et non une fin en soi la R gion comme r v lateur de l efficace d mocratique la diversit culturelle et humaine du Maroc Le th me f d rateur de ce triptyque est la relation fonci rement politique existant entre la culture la soci t et la d mo cratie et donc la charge s mantique et pratique de cette relation les ethno ou socio cultures sont ind passables quant la question centrale du d veloppe ment alternatif Abstract Beside its role of integrating Morocco in a globalized vision that also takes into account the cultural diversity of the country there is need for a nuance of the Arab Renaissance paradigm in relation to the socio cultur
4. gocentriques qu elle l gitime ce en quoi une telle philosophie est une id ologie exog ne trange inqui tante dangereuse pour le pluralisme politique et ethno cul turel du Maroc La construction de la r gion a une histoire Celle ci est pan humaine Seulement avant que la r gion ne devienne un fait historique elle aura d abord t le produit d un d bat contextuel c est dire situ dans un espace temps institutionnel d termin et pr cis C est pourquoi il y a autant de conceptions de la r gion qu il y a de souverainet s nationales USA Royaume Uni Espagne Allemagne Suisse Br sil Mexique Nigeria etc La th orie de la r gion d passe donc le seul cadre conomique par exemple Elle symbolise la mutation de la totalit de la soci t qui la produit et l applique Or ici et maintenant cette mutation aura consi d rer dialectiquement et pragmatiquement certains aspects des com 4 Bouazza pmd 74 09 04 2008 10 54 Benachir Le Maroc entre la transition d mocratique et une renaissance 75 plexit s concr tes de nos soci t s contemporaines c est dire entre autres la revendication et la recherche convulsive par les individus genr s diff rence des sexes les groupes les institutions les organisa tions les associations dont les ONG l ducation les cultures lan gues arts mass m dias les r gions les jeunes etc d une mul
5. agit de la penser en en d finissant la situation et la configu ration dans un espace temps donn pour en projeter et programmer les scansions qui ponctuent son d ploiement De fait l histoire sociale et politique du Maroc atteste que ce pays a v cu et connu l instar d autres nations plusieurs types de transitions r ussies ou avort es Terrasse 1950 Laroui 1993 Allam 2005 L essentiel est donc d en saisir l actualit en focalisant notre attention serait ce laconiquement non sur les diff rentes p riodes prises successivement mais plus pragmatiquement sur la p riode post 1999 car le r f rent philosophi que et constitutionnaliste de cette derni re est les Droits de l Homme et leurs corollaires l tat de droit sur cette notion voir Kahn 1989 49 et suiv la prise en charge des affaires de la Cit par le peuple Sans enter dans les d tails la cinqui me p riode l actuelle qui va de 1998 1999 nos jours est la p riode de restructuration et de refonte Consensus et divergences en sont les marqueurs et les caract res mani festes Le consensus est incarn par la nomination du gouvernement d alternance en 1998 La mission de celui ci tant la mise en uvre des principes universels de la d mocratie dont le respect juridique des droits de la personne et des individus corps culture d sir etc Les actions entreprises dans le sillage de cette mission continuent de faire l objet d valuation
6. inqui tante tranget de l imagi naire africain d Essaouira qui lui est d autant plus fantomatique dans le sens grec du terme phantasma fantasmatique et fantomatique qu il se nourrit de la m moire teinte des fastes de jadis savoir l ge d or d Essaouira du temps des n gociants juifs des consuls europ ens et des soldats de la Garde Noire Essaouira a cess d tre le Port de Tombouctou et de Marrakech que jadis elle fut Le d clin et la fin cons cutivement la d couverte du Continent am ricain du r le d in term diaire commercial transsaharien qui fut des si cles durant celui du Maroc entre l Afrique Noire le Moyen Orient et l Europe ayant sonn le glas d un Mogador nagu re per u comme Eldorado maro cain Jackson 1820 4 Bouazza pmd 82 09 04 2008 10 54 Benachir Le Maroc entre la transition d mocratique et une renaissance 83 Entre Dionysos transversalit r flexive contre culture et multitude Le regard d une ville croise celui de ses artistes et au del celui de l ensemble de ses acteurs Il faut souligner l importance de cette syner gie existentielle car elle exprime l impens Essaouira cet impens c est la pr carit de la ville et corollairement ce qu elle est ici et mainte nant L importance sociale de la culture n gro marocaine Essaouira est une des cons quences du vide culturel cons cutif la d liquescence de
7. l Avignonnais et l urbanisme Mogador au XVIIIe si cle M moire de l Institut Historique de Provence 3 trim Berque Jacques 1974 Langages arabes du pr sent Paris Gallimard Crapanzano Vincent 1973 The Hamadscha Berkley Univ of California Press Chlyeh Abdehafid 1999 Les Gnaoua du Maroc Grenoble La Pens e sauvage Chottin Alexis 1938 Tableau de la musique marocaine Paris Paul Geuthner Coulon Alain 1987 L Ethnom thodologie Paris PUF Que sais je Daoui Ali 2003 L identit culturelle maghr bine et la question de la l gitimit in La question de la culture dans le Maghreb arabe dossier sp cial in At Takafa al Maghribia n 22 23 Rabat Minist re de la Culture en arabe Daoui Ali 2003 L identit culturelle maghr bine et la question de la l gitimit in La question de la culture dans le Maghreb arabe in At Takafa al Maghribia n 22 23 Rabat Royaume du Maroc Minist re de la culture 78 96 notamment note 31 96 en arabe Deleuze Gilles et Guattari F lix 1980 Mille Plateaux Capitalisme et schizophr nie IT Paris Minuit Dermenghem mile 1954 r d 1982 Le Culte des saints dans l islam maghr bin Paris Gallimard Etchegoyen Alain 1993 La D mocratie malade du mensonge Paris Fran ois Bourtin Julliard Ennaji Mohammed 1994 Soldats domestiques et concubines Lesclavage au Maroc au XIX me si cle Casablanca Paris Balland Le
8. l ancienne vie culturelle traditionnelle d sert e par les jeunes qui eux privil gient les groupes folk qui existent sur les plans national et inter national et qui sont relay s localement par les musiciens Noirs De plus ce ph nom ne de blackisation culturelle renvoie un statut que d sormais ces musiciens ont acquis ils se sont universalis s et en l tant devenus effectivement ils r fl chissent la ville et en sont devenus les in terpr tes Ce basculement dans le monde et l Ailleurs nous compre nons qu il symbolise le passage du virtuel au concret c est l effet r seaux En effet ce rapport r flexif explique ceci qu une ville est ce que ses expressions culturelles en disent et en en tant chant e d crite la ville les fait dire et exister son tour D autre part et simultan ment les facteurs privil gi s les musiciens de ces expressions culturelles sont les a des ou les griots de cette situation ethno urbaine puisqu ils tradui sent esth tiquement et selon les attendus anthropologiques de l acte r flexif cette situation Inversement en donnant voir ou couter cette situation ces expressions culturelles l approfondissent et l affir ment tant donn que la monstration ou la manifestation de ce qu il y a est indissociable de ce qu il y a c est dire en l occurrence la ville mais galement le fait qu elle est pauvre d laiss e et d sh rit e
9. sentes et la fois strat giques du pays hom mes cultures d mocratie territoriale ou interr gionale recherche du cation d veloppement alternatif 2 D bloquer l imagination cr atrice tant individuelle que collective par la d sali nation tous azimuts et notamment par une r flexion critique sur le rapport de la politique la question religieuse dont une des dimen sions est le fascisme et le terrorisme 3 Initier d velopper et promouvoir la diversit culturelle au Maroc car ce pays est au plan humain linguistique et culturel multiple Autrement dit il ne s agit pas exclusivement de glorifier les dimensions euro occi dentale et moyen orientale de ce pays mais galement ses dimensions amazighe i e berb re et n gro africaine et donc les r gions l nder qui composent ce pays Nous insisterons sur la dimension n gro africaine car elle est peu connue des chercheurs marocains et africanistes les Marocains noirs faisant partie int grante des fils a n s de la Terre Aim C saire propos des Africains et de la culture marocaine il est indispensable de r habiliter et de reconna tre leurs arts comme acteurs ind passables de la diversit humaine et culturelle du Maroc et partant comme porteurs de logiques m tisses dont l humanit aura de plus en plus vitalement besoin dans les temps pr sents et venir Le but vis par ce troisi me axe de notre contribution est de penser l
10. tiplicit fondamentale En d autres termes chacun de ces acteurs revendi quent et recherchent chacun sa mani re et selon sa d finition de la situation r gion soci t tat sa v rit mais une v rit qui ne soit plus confisqu e par les institutions tampons qui sont charg es par qui d tre des m diateurs entre le symbole l gitime de la souverainet nationale et la multitude des acteurs que voil R gion tre en commun et logiques de cr ativit M me fantomatique tout comme tout homme quels qu en soient le sexe les visions les ambitions et les utopies n est pas sans moi je ne puis exister sans lui C est cette dialectique qui est en jeu dans les coexis tences m tisses que la th orie institutionnelle de la R gion postule comme horizon que les pratiques soci tiques sont capables d atteindre La R gion repr sente en effet un enjeu strat gique celui de la construc tion d un tre ensemble bas sur la partage et la solidarit et en m me temps sur la diff rence comme logique de cr ativit Ce qui implique la construction d une m thodologie et des mots nouveaux qui rompent avec la langue de bois qui aura longtemps oblit r l acc s la con naissance du Divers tel qu il anime et travaille la soci t marocaine concr te Il s agit d aller au del des ombres des composantes molaires de la soci t marocaine Ce qui sp cifie la dimension diversaliste du Maroc
11. La synergie existentielle ville arts africains renforce la culture noire musique chant du fait que ces arts sont organiques la ville et constituent un ph nom ne irr versiblement urbain C est l une situa tion d autant plus singuli re que l arri re pays ou l espace g ographi que de r f rence historiquement attest des Noirs d Essaouira et de leurs expressions culturelles et artistiques c est l Afrique au sud du Sa hara et non plus la compagne qui environne cette ville Un trange mais intense pacte communicationnel unit les artistes noirs d Essaouira dont l imaginaire est subsaharien leur public En tant les r v lateurs de l impens la pr carit socio conomique de leur public et de ses conditions mat rielles d existence ils expriment 4 Bouazza pmd 83 09 04 2008 10 54 84 AJIA 8 1 amp 2 2005 non seulement leurs Ailleurs noirs mais encore le statut d oubli s de l histoire tant de ce public que de la situation alt r e devenue proto urbaine d Essaouira Dans cette situation les artistes noirs les Gnawa constituent organon de la quiddit d une identit culturelle en fusion en perp tuelle procession vers ce qu elle est ici et maintenant Ces artistes sont les griots de l tranget et de l absence de fond ils donnent existence et consis tance la ville et leur public auxquels ils sont indissociablement li s Ce triptyque rhizomatique est la t
12. Nadir Garfinkel Harold 1967 1984 Studies in Ethnomethodology Englewood Cliffs N J Prentice Hall 2e dition 1984 Cambridge Polity Press Ghalioun Bourhan 1987 Qu est ce que la renaissance Alger Maoufam Li Annachr en arabe Glowczewski Barbara 2003 La pens e en r seau des Aborig nes in L vi Strauss et la pens e sauvage Le Nouvel Observateur Hors S rie n 51 Paris juillet ao t Herzenni Ahmed 2002 crits sur la gauche l islam et la d mocratie en arabe s l ditions de la Soci t Oudad de Communication Hesp ris Tamuda 2001 Vol XXXIX Fasc 2 Rabat Universit Mohammed V Fa cult des Lettres et des Sciences humaines dossier sp cial La r forme et ses usages Perspectives marocaines H st Georg 1779 1998 Histoire de l Empereur du Maroc Mohammed ben Abdallah tx fr F Damgaard et P Gailhanou Rabat La Porte dition originale en danois 1779 4 Bouazza pmd 88 09 04 2008 10 55 Benachir Le Maroc entre la transition d mocratique et une renaissance 89 http www unesco org d claration Jackson J Greg 1820 An Account of the Empire of Marocco amp the district of Suse and Tafilelt London tr fr Robinet Jean Fran ois 2005 Relation de l Empire du Maroc Description du Maroc de la C te ouset africaine et de Tombouctou 1789 1805 pr sentation de Mohamed El Mansour Rabat Institut des tudes Africaines Universit Mohammmed V Souisssi Jodin
13. ce n est pas le fait du m tissage biologique et culturel puisqu il y en a partout chez les Marocains mais la place que les logiques m tis ses occupent dans ce pays Autrement dit cette dimension est un t moignage vivant de l Autre qui est organique aux tr fonds psycho culturels du Maroc m tis Cependant encore faut il que ce t moignage fasse v nement th orique C est conditionner le paradigme r gional par l av nement de cet v nement que la R gion de l un des crit res de notre soci t plurielle qu il est pourrait faire partie int grante des l ments de la grille d valuation de la mise en uvre de nos valeurs an cestrales d quit et de justice Nous disons de nos valeurs ancestrales d quit et de justice car et notre soci t et son Etat son approchables au sens de conna tre partir de ces valeurs m me C est la n gation de 4 Bouazza pmd 75 09 04 2008 10 54 76 AJIA 8 1 amp 2 2005 celles ci et donc la tentation de n antiser le socle arch ologique an cien de notre soci t et de notre tat qui exigent une nouvelle lecture historiographique socio politique et juridique de notre legs historique qui lui s inscrit dans le temps pr sent et les temps imm diats et pros pectifs et corr le par cons quent avec la n cessit de l av nement d une approche plus sereine des diff rents probl mes qui sont li s l id e de R gion Une valuation plus r fl c
14. constellation politiques id ologi ques et culturelles qui d terminent de part en part le Monde arabe il est canoniquement vident que si une Renaissance arabe nouvelle il y a elle pourra un jour se faire avec les proph tes de Dieu voir le cas de l Alg rie de la Palestine du Liban certes mais aussi avec les proph tes des hommes et des nations Cette dyarchie est d autant plus com pr hensible qu elle fait fond sur la composition multiconfessionnelle et multiculturelle multilinguistique des univers arabe ou d expression arabe C est ce qu occultent les propos int ress s et irrationnels de certains chercheurs maghr bins soucieux d appara tre plus Arabes que les Ara bes 1 La r gion entre invention cr ation et r sistances L importance th orique et pratique du paradigme institutionnel de la R gion R forme Constitutionnelle de septembre 1996 et l Initiative Nationale pour le D veloppement Humain INDH t 2005 tel qu il est l uvre au sein des discours officiels marocains est d autant plus claire qu elle souligne le lien qui fait nationaliser ou trans nationa liser ou encore m tisser le rhizome culturel qu est la diversit humaine l uvre au Maroc Ce paradigme permet d aborder la question du Maroc comme hori zon culturel m tiss Le m tissage tant une transformation une m ta morphose ou un basculement de l identit dans la diversalit la r gion est un des ressorts
15. de celle ci En clair lexis tence de r sistances la R gionalisation renvoie au fait majeur et strat gique que d une part la dynamique nationale actuelle en mati re de l nderisation est justifi e et que d autre part les traitements douteux de cette question sont devenus caducs La question du Sahara occidental et la revendication amazighe sont des r v lateurs majeurs de cette caducit incoh rente Au Maroc toutes les r gions ont contribu la constitution des logi ques transculturelles nationales et ce sans que personne ne s en rende compte Cette donne s explique par la fusion culturelle cultuelle et spi rituelle des Marocain e s cette fusion favorisant et continuant de 4 Bouazza pmd 76 09 04 2008 10 54 Benachir Le Maroc entre la transition d mocratique et une renaissance 77 favoriser l av nement d une culture diversaliste et unit iste la fois Il est d aucuns qui objecteront que la culture ne nourrit pas son homme et que m me en le nourrissant elle est n cessaire maintenir et d fendre mais pas suffisante Qu est ce qui est et n cessaire et suffisant donc L quit et la justice quit et diversit humaine au service du d veloppement humain et de la r gion Mais n est ce pas que la pr sente r flexion a d entr e de jeu pos e cette question R capitulons La r gion comme paradigme mol culaire et polyarchique est de nature mettre en uvre
16. e une don n e structurelle et la fois le produit d une m tamorphose socio cul turelle ou d une acculturation historiquement et pr sentement attes t es Celles ci sont int rioris es par la soci t et en m me temps par l tat L histoire des mentalit s l atteste l instar de l anthropologie et de la sociologie politique du reste Le paradigme r gional est moins r gionaliste ou administratif que juridique Pratiquement et en principe il devrait avoir comme sup port essentiel la souverainet organique aux actions d quit qu elle la souverainet met en uvre au plan de tous les domaines nationaux et internationaux dans lesquels elle s inscrit et s incarne Ces domaines on comprendra qu ils fassent l objet d une d lib ration institutionnelle et soci tale transversale mais orchestr e et mod r e par l tat central Ils n auraient tre donc le fait ni des voix des marges pourtant tr s actives de la soci t ni de ses centres autoproclam s comme tels et b nis par leurs connivences avec les pouvoirs des m dias et des appa reils ducatifs qui s arrogent le droit ou le non droit de dispatcher le peuple en deux cat gories l autochtone et la civilis e Cette ventilation d lirante tant une des cons quences d une philosophie du langage significativement na ve parce que porteuse d une illusion int ress e par la perp tuation des privil ges
17. rence historico existentielles inh rentes aux discours de Renaissance discours du M me ou discours de l Autre reproduisant est ce l ternel retour le Pass dans son impossibilit m me discours de l Autre celui de la rupture critique Lumi riste ou Aufk rer avec l arch e et avec une recherche de soi nar cissique mais immobilisante Laroui 1987 127 151 Dans ce sens la Renaissance politique comme objet th orique et comme pr occupation anthropo historique fonctionne comme ana lyseur et r v lateur de la part d insu contenu dans la Renaissance arabe ou d expression arabe et ses discours En effet elle r v le comment la pens e et la conscience arabes modernes et contemporaines s intensi fient et progressent de mani re significative dans l ambition de renaf tre mesure ou chaque fois que se pr cise et s approfondit la prise de conscience par les Arabes par leurs cultures et leurs horizons d at tente Jauss de leur d clin Cette situation logique fait fond sur une diff rence une diff rence entre un d clin palpable palpable le d clin en question l est puisqu il fait partie du v cu arabe de la quiddit arabe et une Renaissance arabe glorifi e comme donn e r elle ou comme r el propos aux Arabes et leurs discours par deux r f rences ou deux m thodologies ou encore deux mod les d un c t le
18. 1999 De quelques remarques historiques propos des Gnaoua d Essaouira in L univers des Gnaoua sous la dir de A Chlyeh Casablanca Grenoble Le Fennec La Pens e sauvage Monji Ma ti 2004 La monarchie marocaine Paris L Harmattan Montagne Robert 1989 Les Berb res et le Makhzen dans le sud du Maroc Rabt Ar chives marocaines R d Casablanca Afrique Orient Moussa Salama 1987 Qu est ce que la renaissance Alger Maoufam Li Annachr en arabe Nassar Nassif 1997 Probl mes des limites entre raison et id ologie in La raison et la question des limites Ali Benmakhlouf dir Casablanca Editions Le Fennec 57 80 en arabe P ques Viviana 1964 1995 L Arbre cosmique dans la pens e populaire et dans la vie quotidienne du Nord Ouest africain Paris CNRS R d 1995 Paris L Harmat tan P ques Viviana 1990 La religion des esclaves Recherches sur la confr rie marocaine des Gnawa Bergamo Moretti amp Vitali editori 4 Bouazza pmd 89 09 04 2008 10 55 90 AJIA 8 1 amp 2 2005 Qu r Louis 1984 L argument sociologique de Garfinkel in Arguments ethnom thodologiques Probl mes d pist mologie en sciences sociales IX Centre d tu des des mouvements sociaux Paris EPHSS CNRS Rachik Hassan 2001 Jma a tradition et politique in Hesp ris Tamuda Vol XXXIX Fasc 2 Rabat Universit Mohammed V Agdal Facult des Lettres et des Sciences hu
19. Andr 1967 Mogador comptoir ph nicien au Maroc atlantique Tanger d Marocaines et internationales Julien Charles Andr 1951 Histoire de l Afrique du Nord Paris Payot Kahn Pierre 1989 L tat Paris ditions Quintette Leveau R mi et Hammoudi Abdellah sous la dir et Mohsen Finan Khadija coordination 2004 Monarchies arabes Transitions et d rives dynastiques Paris IFRI col Les tudes de la Documentation fran aise Lapassade Georges 1969 Essaouira ville vendre in Lamalif n 33 Casa blanca Lapassade Georges 1982 Gens de l ombre Transes et Possessions Anthropos Paris Lapassade Georges 1993 L ethnosociologie Paris M ridiens Klincksieck Lapassade Georges 1994 Notes sur l histoire de Mogador in Traces du Pr sent n 2 3 Marrakech Lapassade Georges 1998 Les Gnaoua d Essaouira th rapeutes de la diff rence in Africultures Paris L Harmattan octobre Laroui Abdellah 1977 Les origines sociales et culturelles du nationalisme marocain 1830 1912 Paris Maspero R d Casablanca Centre culturel arabe 1993 r di tion Laroui Abdellah 1981 Mafhum ad dawla Le concept d tat ch V Centre culturel arabe Casablanca en arabe Laroui Abdellah 1987 Islam et modernit Paris La D couverte Mana Abdelkader et Delaborde Philippe 1991 Le temps d une ville Essaouira Casablanca EDDIF s p Mi ge Jean Louis
20. E sup port culturel et politique m me d instaurer d un c t l aggiornamento des relations avec les alt rit s amazighe berb re n gro maro caine et sahraouie et d un autre c t de r volutionner les recompositions des modes d acc s la sph re politique des diff rents acteurs et int r ts en pr sence Roussillon 2001 14 y compris les lites locales depuis longtemps consid r es comme forces suppl tives autochtones et d sormais catalogu es comme autochtones progressistes Avec la mise en perspective pratique et institutionnelle de l imbrication de cet aggiornamento qui doit galement englober les relations tat religion et de ses recompositions le Maroc ferait pr cis ment de la transition d mocratique une transition politique effective Allam 2005 Le d veloppement socioculturel au Maroc et l obstacle des autochtones orientalocentiristes Ins r s dans des champs de savoirs diff rents et anim s par des soucis pist mologiques et thiques qui en font l expression d une histoire authentique du pr sent ou d une critique arch ologique du pass au Maroc et depuis un si cle tous les discours relatifs la transition d mocratique s articulent au probl me central auquel est confront le champ politique marocain et au premier plan ses acteurs Etat gou vernement parlement partis syndicats soci t civile mass m dia in tellectuels mo
21. a diversit anthropo culturelle en dehors de l approche r active Nietzsche et solipsiste du para digme de l ethnie dont les sp cialistes savent qu il peut tre porteur d une logique racialiste voire g nocidaire Amselle 1990 Amselle et M Bokolo 1999 Bref de conflits et d obstacles majeurs la d mocra tisation des soci t s en voie de d veloppement en t moigne le cas ca tastrophique de la politique n gro africaine du Soudan cet gard 4 Bouazza pmd 66 09 04 2008 10 54 Benachir Le Maroc entre la transition d mocratique et une renaissance 67 Le champ interdisciplinaire ouvert et couvert par l id e de transi tion d mocratique au Maroc nous semble m riter d tre trait et ap proch partir du triptyque dialogique et critique que nous propose rons ici la m ditation et au d bat Une transition d mocratique et culturelle Une transition politique La transition d mocratique ou l alternance consensuelle voir Herzenni 2002 25 32 Vairel 2001 301 15 La la cit et la ques tion de la transition d mocratique au Maroc Espaces consensuels 2001 L agonie de la transition d mocratique au Maroc 2004 est une expression certes inad quate mais sa g n alogie est certainement tr s ancienne La d mocratie est toujours inachev e elle constitue un processus labile adaptatif souvent conflictuel et dialogique et sans fin Ab initio il s
22. al context of Mo rocco This double movement globality and specificity correlates with the critical and theoretical perspective of the dialectic intermingling of three differ ent major socio political horizons democratic transition as a means and not an end in itself the region as an indicator of democratic efficiency and Morocco s cultural and human diversity The umbrella theme of these three elements is the unmitigated political relationship between culture society and democracy Bouazza Benachir est Docteur d tat Universit Paris I Sorbonne et ancien l ve de PENA cole Nationale d Administration Paris Chercheur l Institut des Etudes Africaines de l Universit Mohammed V Souissi Rabat Maroc 4 Bouazza pmd 65 09 04 2008 10 54 66 AJIA 8 1 amp 2 2005 and therefore the semantic and practical content of this relationship ethnic or socio cultural realities are indispensable to the central issue of alternative de velopment Introduction Trois perspectives retiendront notre attention l occasion de notre con tribution aux travaux du th me de recherches sur Repenser le d veloppe ment africain au del de l impasse les alternatives I Universaliser mondialiser d s ethniciser s culariser etc les appro ches de l invention la que d une Renaissance marocaine diversaliste et autrement ouverte sur les exigences politiques juridiques conomiques thiques et culturelles pr
23. concept de Ra iya Texte int gral de la contribution de l auteur aux travaux du Colloque du CODESRIA Maputo d cembre 2005 Amselle Jean Loup 1990 Logiques m tisses anthropologie de l identit en Afrique et ailleurs Paris d Payot dition revue et augment e en 1999 chez le m me diteur Amselle Jean Loup et M Bokolo Elikia 1985 r d 1999 Au c ur de l ethnie ethnies tribalisme et tat en Afrique Paris d La D couverte An Naciri Es Slaoui Ahmed Ben Khaled partir de 1923 Kitab El Istiq a li Akhbar El Maghrib el Ag a tx fr Histoire du Maroc plusieurs vol Paris Geuthner Notamment le vol IX Bariton L 1995 Les grandes lignes de l histoire des Chichaoua Paris CREAM n 1234 4 Bouazza pmd 87 09 04 2008 10 55 88 AJIA 8 1 amp 2 2005 Bekri Tahar 1994 Litt ratures de Tunisie et du Maghreb Paris L Harmattan Benachir Bouazza 2001 N critudes du Maroc et du Maghreb Servitude cultures possession et transth rapie pr face de G Lapassade Paris L Harmattan Benachir Bouazza 2005 Esclavage diaspora africaine et communaut Noire du Maroc pr face de Ren Sch rer Paris L Harmattan Ben Abdallah El Alaoui Hicham 2005 Crise et r forme dans le monde arabe in Le Journal hebdomadaire Casablanca 7 octobre Ben Driss Ottmani Dris 1997 Une cit sous les aliz s Mogador des origines 1939 Rabat La Porte Benoit F 1933 Cornut
24. des richesses halieutiques celui de l co tourisme Ce sont l des chantiers d importance qui doivent tre mis en uvre car ils font partie int grante de la d mocratie territoriale et des politiques de d senclavement galitaristes et d int gration r gionale et interr gionale Va t on encore objecter que ces domaines et celui de l am nagement linguistique du territoire sont d ordre culturel En bref l v ne ment r aliste et efficace d un am nagement du territoire en termes po litiques culturels et t l techno scientifiques passe par l instauration de r gions autonomes et en m me temps par celle d un tat d centr d centralis La d mocratie n est pas uniquement une fin mais elle est aussi un moyen Des pans entiers de l humanit vivent l ge post d mocrati que La R gion n est l apanage de personne car il n est pas encore prouv qu elle ne repr sente qu une simple panac e Comme dirait le barbu de Tr ves il s agit de Karl Marx il s agit moins de penser la r gion que de la cr er En reconnaissant officiellement l tat de pr carit avanc e accablant ses r gions et ses ethno cultures les plus enclav es et les plus d munies le Maroc officiel ne peut que faire de n cessit vertu c est dire cr er les conditions de possibilit d une productivit conceptuelle et pratique capable de mettre nu un des aspects des marges de son humanit soci
25. du 12 12 1962 du 8 10 1963 du 3 3 1967 du 9 10 1967 du 12 9 1968 du 22 3 1969 du 24 10 1984 du 8 4 1988 du 24 7 1989 du 8 9 1992 du 16 9 1992 du 3 3 1993 du 29 3 1993 du 25 5 1993 du 16 7 1993 du 9 4 1994 du 6 2 1994 du 3 3 1996 du 20 8 1996 du 5 11 1996 et du 5 11 1997 De m me le discours de S M Le Roi Mohammed VI pro nonc le 6 novembre 2003 ainsi que les discours r cents pr sentant l INDH Initiative Nationale de D veloppement Humain t 2005 accordent une place d importance multidimensionnelle la R gion 12 C est tout le contraire de l identit individuelle de l artiste marocain d origine b douine ou rurale d plac sub urbanis du fait de l exode rural Nous l avons d j not Essaouira est d s sa fondation une ville au sens plein du terme De l chez les Noirs de cette cit la constitution entre autres clatements vers le r el d un rapport esth tico urbain la r alit et l existence 13 Pour d tourner l expression du sociologue am ricain Irving Goffman Cul ture du pauvre 14 Terme amazigh berb re signifiant nomades passeurs Bibliographie Al Jabri Mohammed Abed 1988 Le discours arabe contemporain Essai d analyse criti que Beyrouth d Dar Attalia 3 dition Al Jabri Mohammed Abed 1995 Introduction la critique de la raison arabe Casa blanca Le Fennec Allam Azzeddine 2005 De la suj tion la citoyennet Itin raire du
26. e culture de droits est conditionn par la combinaison dynamique de plusieurs param tres 4 Bouazza pmd 68 09 04 2008 10 54 Benachir Le Maroc entre la transition d mocratique et une renaissance 69 dont entre autres la red finition des r les de l tat et des acteurs de la gouvernementalit l ind pendance de la justice et l application ca nonique de la loi sans aucune discrimination l acc s citoyen et perfor matif au savoir l ducation et la culture la pr minence de la di gnit humaine dans l approche de la double question cruciale du d ve loppement humain et de la participation pl ni re des Marocains l hu manisation de la communaut du monde La question culturelle quant elle trouvera des issues b n fiques si les acteurs tat cr ateurs et crivains syst me ducatif et universitaire partis politiques soci t ci vile etc prennent en compte aux plans de la formation de la sensibi lisation et de la communication une v rit socio historique marocaine minemment vidente savoir la dimension diversaliste plurielle et m tisse du Maroc hommes et cultures Institu e par la plus haute instance de l tat marocain PINDH Initiative Nationale du D velop pement Humain vient point nomm rappeler le caract re pertinent et de cette donn e et de l un de ses pivots fondamentaux soit la R gion comme entit administrativo conomique mais aussi COMM
27. et un des supports essentiels de la pratique d mocra tique qui se base elle sur la transversalit horizontalit et non plus exclusivement sur le centralisme verticalit Il n est pas question d op poser ici la diversit de la soci t l unit isme de l Etat Le centra lisme dit d mocratique ayant fait l exp rience historique avort e qui fut la sienne au si cle dernier les acteurs de l analyse et de la mise en uvre du concept de la r gion se doivent d tre constamment atten tifs l id e de d l gation ou de d centration d concentration La r gion une ressource et un horizon diversaliste La d centration est au principe de la philosophie politique qui formule la d finition de la r gion par les discours royaux pr cit s De m me que la notion de transfert de souverainet ob it rigoureusement la repr sentation marocaine de l tat de m me la mise en perspective prospec tive de celui ci ne d roge pas cette r gle En d autres termes pas plus 4 Bouazza pmd 73 09 04 2008 10 54 74 AJIA 8 1 amp 2 2005 qu il ne s agit de r inventer notre tat il n est question de cr er la r gion Comme l histoire les g ographies humaine et physique fon dent en amont tat et en aval lus communaux municipaux pro vinciaux et r gionaux soci t civile un Maroc o c t de la diversit b n fique des r gions la diversalit des cultures est d embl
28. hie plus anthropologique voire psy chanalytique est envisageable qui tudie et analyse les effets acculturels des r sistances contre l id e d mocratique r volu tionnaire de R gion Sans entrer dans les d tails ni cultiver l id e d en cerclement ces r sistances ob issent des motivations diverses De toute mani re elles sont ext rieures et int rieures En bref elles impliquent leur d passement et partant une r volution culturelle l espagnole ou la tch coslovaque La r gion alternative au centralisme Nul oubli n est concevable possible dans ce vaste mais d terminant d fi savoir celui de la postulation et de la construction de la R gion Sedrati 1995 111 117 instar du quasi d voiement de la r gle d mocratique par certains traitements courants et habitudes jupit riennes la question de cette nature de la R gion demeure omni pr sente Ce qui signifie que cette question pas seulement elle n est toujours pas r gl e ou puisque son r glement est enclench par la dynamique socio politique et culturelle nationale en cours qu elle achopperait sur les r sistances d id ologies qui ne disent pas leurs noms et qui entravent la marche du Maroc vers la construction d un rhizome pl ni rement marocain mais n anmoins ouvert sur la commu naut d mocratique du Monde soit un tat qui n est pas contre la soci t ni contre les diverses composantes
29. ion est attest e par la reconnaissance dont sont l objet les embl mes locaux et internationaux des ljakane de l tranget l gitime de la minorit des marges de l humanit que sont les musiciens noirs ou ceux qui d tournent leur art c est dire les blancs culturellement blackis s En clair les effets acculturels qu inscrivent le cosmopolitisme ph niste qui rena t contin ment de ses cendres et la d localisation plan taire de la culture pos session rituelle et en transes de la communaut noire d Essaouira un auteur les r sume comme suit tant marginaux les Gnawa et plus particuli rement ceux d Essaouira ville marginale ont tendance attirer dans leur culture toutes les marginalit s Lapassade 1998 4 Bouazza pmd 84 09 04 2008 10 54 Benachir Le Maroc entre la transition d mocratique et une renaissance 85 Les musiques noires chauffeuses des transes collectives des jeu nes g n rations participent de la manifestation g n ralis e de l Autre l universalit et du basculement esth tique du M me le local dans l Autre Elles contribuent ce travail du n gatif qui fait que la d posses sion de soi n est pas v cue sous le mode de la honte mais sur celui de l intentionnalit ou de l entr e dans le r el concret dans la vie Ce ph nom ne peut s expliquer par la communaut de situation dont font montre les jeunes Essaouira cons cuti
30. iraatoun Thaniatoun fi al Qaoumia al Arabia en arabe Deuxi me lecture du nationalitarisme arabe Beyrouth Vairel Fr d ric 2001 L ann e 1993 Infortunes d un dessein royal et paroles publiques in Hesperis Tamuda Vol XXXIX Fasc 2 Rabat Universit Mo hammed V Facult des Lettres et des Sciences humaines Westermarck E 1926 Ire dition 1968 Ritual and Belief in Morocco New York University Books Introduction by B Malinowski London Macmillan Westermarck E 1934 Negro Influence in Morocco in Negro Anthology Nancy Cunard dir London Wijhat Nadhar revue 2001 La la cit et la question de la transition d mocrati que au Maroc Espaces consensuels dossier sp cial en arabe in n 10 Rabat automne Wijhat Nadhar revue 2004 L agonie de la transition d mocratique au Maroc dossier sp cial en arabe in n 23 Rabat automne 4 Bouazza pmd 90 09 04 2008 10 55
31. ister en tant qu uvre d art La saisie de la signification du tournant esth tique en question est n cessaire Car tre analys du point de vue de l ethnographie urbaine ce tournant constitue aussi un tournant socio urbain Non seulement ce tournant d ritualise les expressions culturelles noires d Essaouira en les donnant voir et se produire comme spectacle mais plus encore il instaure un Cogito de l artiste d ob dience n gro africaine Ce Cogito permettant cet artiste d affirmer son existence sociale pl ni re C est lef fet Aufhebung non obligatoirement h g lien certes le souvenir de l esclavage persiste mais il est transmu en corybantes dionysiaques qui permettent la honte d tre soi Noir donc esclave de devenir une ressource voire une puissance tout la fois ontologique existen tielle et sociale L nonc du Cogito que voil pourrait tre formul de la mani re suivante Ce que je joue comme musicien africain marocain ce n est pas uniquement ce que je Suis je suis galement ce que je produis et je suis en m me temps ce que je deviens en le produisant D s lors quelle est la sp cificit de la place occup e par la culture afro marocaine Essaouira Quelle signification donner ceci que la diff rence des autres villes marocaines noires comme Marrakech la population noire d Essaouira jouit aupr s des autres populations de cette vil
32. la Renaissance arabe dans et partir du mod le arabo islamique qui lui s enracine sans cesse dans le pass dans l Origine Et en s loignant de plus en plus consid rablement du pass ce mod le ne permet pas que s exerce son propos une pens e objective pire les faits objectifs sur lesquels s tablit ce mod le fai sant d faut toute volont de le penser devient sans objet voire l objet d une inquisition feutr e ou franchement catastrophique Bekri 1994 206 l homo arabicus pense la Renaissance arabe dans et partir du mod le europ en Mais l inverse du premier mod le re traditionaliste le mod le europ en s enracine dans le temps pr sent il se confond avec le futur il produit le futur Et toute volont nationalitaire arabe d tre en synergie avec ce processus producteur d avenir s ame nuise sous l effet du gigantisme des progr s politiques conomiques sociaux scientifiques t l technologiques culturels etc g n r s par ce mod le dromologique du terme grec dromos qui signifie vitesse En fait l alternative consiste moins dans l emprunt de l un ou l autre mod le que dans l analyse de la r alit du d clin versus renais sance C est le fait de faire l impasse sur la n cessit incontournable de cette analyse analyse qui fait se conjoindre la volont de Renais sance avec la conscience de l urgence de la produc
33. la fois analyser les m canismes travers lesquels l ordre culturel noir occupe la place laiss e vacante par les cul tures majoritaires autochtones Il y a l comme un retour du refoul interculturel et m tiss en ressortissant d un espace urbain Essaouira auquel il participe et que en y participant il r v le et en rend visible l impens son origine n gro africaine l ordre culturel n gro marocain local se maintient et s affirme En effet telle qu elle s est constitu e Essaouira la culture urbaine est lire partir de la pr valence culturelle de l l ment Noir sur la pop culture locale puisqu il n y avait que lui c t des trois ordres cons titu s de la ville au moment de sa construction et tout le long de la premi re moiti du XIX si cle savoir les repr sentants de l Etat cen tral marocain le personnel consulaire europ en et les commer ants jud o marocains Or la pr sence et la fonction des expressions culturelles Essaouira participent du paradigme africain de cette ville Par paradigme africain nous entendons d signer la production consciente ou inconsciente travers les expressions picturales musicales rituelles etc de la quiddit l essence de la chose selon les thomistes ou de la sp cificit d Es saouira et en m me temps de ses ethno cultures transversales son espace urbain Un des mouvements g n siques de l importance de plu
34. la formation schis e et schizante d une culture de privil ges de droit des hors la loi et donc d impunit outre cuidante versus la pl be et ses non droits aux droits Corollaire 2 la confusion et l indistinction de la ligne de partage s parant la suj tion et l insoumission Quant au dernier constat il porte sur les r sultats auxquels aboutit un diagnostic clinique des donn es actuelles du Maroc politique La configuration institutionnelle culturelle et socio conomique cologi que etc du Maroc implique le rejet de toutes les formes de dogma tisme et de fanatisme Corollaire 3 une obligation d innovation et d immersion d mocratique du peuple dans l action politique et ce la lumi re de programmes inventifs valuables et mesurables La d mo cratie tant la fois une utopie actuelle et un ressort mieux une ressource Compte tenu de la philosophie politique et de la globalisation des valeurs essentielles de la d mocratie Etchegoyen 1993 note 7 et d faut de l affirmation institutionnelle d une culture de droits parler de la d mocratie au Maroc serait une billeves e tragique L affirmation et l int riorisation d une culture de droits est un probl me institution nel et en m me temps socioculturel Sans entrer dans les d tails la litt rature relative la d mocratie et la philosophie du droit consacre ceci que le passage d une culture de privil ges un
35. la sauvegarde et le d ve loppement de la diversit humaine au Maroc Il est important de souligner ceci la culture cosmopolite est une des fondations prioritaires du d veloppement humain au sein des stra t gies venir de transferts d h g monie de cr ativit dans le cadre de la Province t l techno scientifique actuellement de plus en plus h g monique l chelle mondiale i Manifestement tr s actuel au Maroc au niveau de l tat des mis sions du syst me ducatif et de la soci t civile ce d bat gagnerait en profondeur et en clart s il s articulait sur l av nement constitution nel et d ores et d j d cennal dans ce pays de la R gion et en m me temps sur la demande de reconnaissance des cultures populaires et r gionales par les pouvoirs locaux et r gionaux L existence du S nat la deuxi me chambre du parlement serait in op rationnelle et dis pendieuse si elle n accompagnait pas de mani re rigoureuse et efficiente la demande de r gionalisation et les multiples d fis que sa r alisation se doit de relever Bien entendu le gouvernement central n est pas sauf de ses responsabilit s et missions autrement dit pour que la l nderisation ne soit pas un vain mot qui s ajoute au slogan Creux il faut que l Etat et ses organes concern s par cette probl matique et c t de la soci t civile s impliquent et s investissent davantage et de mani re s
36. le d une primaut culturelle vidente Ce qui fait la sp cifi cit des membres de la communaut noire d Essaouira c est la position particuli re qu ils y occupent comme guitare du pauvre et blues des marges sociales A Essaouira les musiciens Noirs sont la guitare du pauvre ou du marginal Le Gumbri guitare basse trois cordes avec caisse rectangulaire d origine subsaharienne et le chant repr sentent le support essentiel de la culture des personnes noires d Essaouira En clair Gumbri et chant sont l embl me de cette ville En d pit du statut urbain et social marginal des animateurs de cette musique et de ce r pertoire qui rappelle le pearching des Africains Am ricains des ghettos ce sont des r f rences culturelles accept es et de plus en plus glorifi es par les jeunes mogadoriens et de plus en plus par des pans entiers de la jeunesse marocaine voire mondiale C est l effet diaspora ou l effet r seau Glowczewski 2003 Essaouira la r ception festive des expressions artistiques et ri tuelles africaines s est d plac e Prenons l exemple du rite chez les jeunes d Essaouira le rite devient une catharsis Les rites de possession 4 Bouazza pmd 81 09 04 2008 10 54 82 AJIA 8 1 amp 2 2005 africains instituent la ville et la fois celle ci institue ceux l Qu est ce qui explique cette forge m tisse qui institue la transversalit existen tielle des ide
37. maines 14 156 Robinet Jean Fran ois 1996 Esquisses pour Essaouira Traces du Pr sent Marra kech Rovsing Olson Myriam 1997 Chants et danses de l Atlas Maroc Cit de la Musi que Actes Sud Rosanvallon Pierre 2002 Pour une histoire du politique in Le Monde Paris 30 mars Roussillon Alain 2001 La r forme et ses usages Perspectives marocaines in Hesp ris Tamuda Vol XXXIX Fasc 2 Rabat Universit Mohammed V Fa cult des Lettres et des Sciences humaines Schutz Alfred 1987 1932 pour la premi re dition Le chercheur et le quotidien Paris M ridiens Klincksieck Sedrati Ali 1995 La r gion au Maroc entre la l gitimit politique et la com plexit conomique in R gion et d veloppement conomique t III Rabat Pre mier Ministre Minist re charg de la population et Facult d conomie Appli qu e Centre d conomie R gionale Universit d Aix Marseille 19 et 20 oc tobre 111 117 Terrasse Henri 1950 Histoire du Maroc t 2 Casablanca ditions Atlantides Tremearne A J N 1991 The Ban of the Bori demons and demon dancing in West and North Africa London reprint Paris Maisonneuve Geuthner Tremearne A J N 1913 Hausa Superstitions and Customs London Troin Jean Fran ois 1975 Les souks marocains March s ruraux et organisation de l es pace dans la moiti nord du Maroc Aix en Provence Edisud 2 volumes Tu ni Ghassan 1991 K
38. mod le arabo islamique et ses diverses variantes dont la 4 Bouazza pmd 70 09 04 2008 10 54 Benachir Le Maroc entre la transition d mocratique et une renaissance 71 version islamiste de l autre c t le mod le europ en inventeur et instaurateur de la modernit et de la globalisation mondialisation Cons quence de cette id e de diff rence ou de cette situation ambivalente penser la Renaissance arabe ne signifie pas la pen ser en tant qu alternative ce qui est penser cette Renaissance doit pouvoir objectivement exiger ce que voici poser les conditions de pos sibilit d une alternative produite partir de ce qui existe effectivement La Renaissance tant une praxis et non plus une catharsis serait elle d emprunt Assur ment l ambivalence comportementale discursive et cognitive de l homo arabicus face la Renaissance comme projet et la fois comme d passement de cette ambivalence m me est le corollaire de ceci que cet homme th orise la Renaissance en la d contextualisant en la d r alisant Tu ni 1991 Autrement dit l homo arabicus pense la Renaissance dans le cadre d outils th oriques d autant plus obsol tes en d pit de leur apparence op rationnelle qu ils se traditionnalisent et que cet homme n en est gu re conscient quant leur mode d emploi dans l acc s intelligent et positivement productif au r el l homo arabicus pense
39. ntit s culturelles tant individuelles que collectives C est le d tournement des arts n gres par les blancs tant indissocia bles des vicissitudes post modernes du paysage ethnique et social marocain dans son ensemble les institutions imaginaires n gro marocaines d Essaouira sont devenues l objet d une captation dont les auteurs sont les clients blancs de ces institutions En tant que transe des confins de la soci t la nuit rituelle de transe derdeba des Noirs d Essaouira incite le marginal ou le ghetto s exp rimenter les limites de leur transe aller au bout de leur transe Mais en m me temps cette transe n est pas mystique c est un pana ch de fatalit sociale et historique de sous d veloppement de margi nalit de probl mes de jeunesse d s uvr e de citoyennet en cours de d composition recomposition la marginalit la pr carit socio conomique et la fragilit psy chologique d une majorit des jeunes d Essaouira il faut ajouter la pr carit sociale et infra structurelle de cette ville la m dina l ancienne ville y est devenue un ghetto un bidonville comme l atteste l tat de d labrement avanc de l ancien quartier juif le mellah En bref les rituels afro marocains participent d un contexte social et humain devenu composite le mot est du sociologue marocain Paul Pascon et non exclusivement de l
40. oculturelle et conomique Le v cu des communaut s Noires du Maroc que nous pr sentons ci apr s n est qu un exemple parmi d autres illustrant la pr carit 4 Bouazza pmd 78 09 04 2008 10 54 Benachir Le Maroc entre la transition d mocratique et une renaissance 79 structurelle de plusieurs communaut s marocaines rurales urbaines sub urbaines etc Un cas de d veloppement culturel alternatif la communaut noire d Essaouira Mogador Maroc Cit cosmopolite et Port de Tombouctou ou l influence culturelle subsaharienne Essaouira C est de l influence et du m tissage culturel de ces Noirs sur ou avec les autochtones blancs que nous traitons dans ce qui suit en termes d ethnographie urbaine et d ethnom thodologie Schutz 1932 tr fr 1987 Garfinkel 1967 Qu r 1984 Coulon 1987 Essaouira est la seule ville du Maroc o les Afro Marocains ont cons truit la fin du XIX si cle un sanctuaire une zaou a celle de Sidi Bil l Ce sanctuaire se situe c t de la Sqala batterie de canons le long de l Oc an atlantique Ce sanctuaire est dot d une cole coranique au fond du patio on trouve quatre pi ces de c r monies rituelles A Essaouira l influence de la civilisation du Bilad es Soudan i e Le Pays des Noirs est un tropicalisme urbain et esth tique transversal qui touche l ensemble des composantes de la totalit des cultures qui y sont en interaction Ce t
41. raduction culturelle de la margina lit d une ville Extraordinaire communion que ce ph nom ne de solida rit esth tique qui unit les auteurs du Blues n gro marocain ces trou badours des marges un public qui lui personnifie une m moire orale et existentielle des marges de l histoire Cette unit isme F lix Guattari se fait selon les proc dures r gl es d un potlatch inou celui o n ayant rien donner le public offre ses r ves et les musiciens leurs arts et travers eux la catharsis collective et la transe du pauvre A Essaouira les arts noirs constituent leur mani re la m taphore vivante du vide culturel et du r ve sans lesquels le public jeune ne peut s clater vers ce qu il est D o la transmutation de ce qui n est jusque l qu imaginaire en fait social total Marcel Mauss Ce fait social total nous les jeunes d cidons d exister ici et maintenant comme ph nom ne social surd terminant assure le triomphe de l existence et du r ve sur la fatalit d une dissociation sociale dont il reste davantage situer l origine Benachir 2005 Le ph nom ne artistique afro marocain est au centre des processus de r v lation de l impens culturel d Essaouira L influence et l impact de ce ph nom ne et de son universalisation gr ce la world culture sur les jeunes g n rations Essaouira exprime un ph nom ne d ac culturation dont la perp tuat
42. ropicalisme nourrit l imaginaire des jeunes g n ra tions et devient le creuset d une culture capable de passer du localisme l universalit Toutefois si ce tropicalisme n est support en surface que par une existence fantomatique l espace d expression identitaire afri cain marocain poss de une consistance d autant plus symboliquement forte que celle ci est immanente l paisseur de la m moire collective marocaine et ses strates souterraines oubli es ou secr tement c l br es comme l attestent de nombreux travaux ethnologiques Et cet espace en r v le un autre occult qui devient une autre Afrique fant me pour parler avec Michel Leiris Cette Afrique fant me c est l homme aus tral et en particulier les Gnawa Ganga elle constitue la face cach e et sans doute l envers de l identit inter ethnique originaire syncr tique d Essaouira et sans doute du Maroc dans sa totalit Plusieurs th mes peuvent ponctuer la progression de notre pr sente r flexion L un de ces th mes consisterait pr cis ment dans la contextualisation de cette r flexion et dans sa restitution au contexte cultuel et culturel d Essaouira De telle mani re seulement notre ap proche pourrait donner voir la part invisible ou le n gatif de cette 4 Bouazza pmd 79 09 04 2008 10 54 80 AJIA 8 1 amp 2 2005 ville Cette part est Autre et en m me temps M me voir la vicariance culturelle Essaouira et
43. s en plus af firm e de l ordre culturel africain marocain c est la rencontre de l iden tit culturelle n gro marocaine avec les mouvements culturels plan tai res d sign s par les expressions de world music et de world culture jazz rythm and Blues Living Theater hip hop ragamuffin etc qui sont comme on le sait d origine africaine am ricaine Loin de constituer unique ment un processus de d territorialisation Deleuze et Guattari 1980 cette rencontre culturelle pan diasporique africaine avec la mondiali sation globalis e des musiques du monde a galement d clench le processus d altermondialisation des expressions artistiques des Noirs d Essaouira La fonction symbolique de ces Noirs se lib re ainsi de son localisme et de sa dimension strictement rituelle pour acqu rir progres sivement et s rement un statut esth tique qui s agence avec le dehors avec l harmonie universelle en noir et blanc pour parler avec Fourier De m me que leur musique leur peinture ici Essaouira produit le basculement de cette culture mineure dans l universel ou si l on veut 4 Bouazza pmd 80 09 04 2008 10 54 Benachir Le Maroc entre la transition d mocratique et une renaissance 81 dans les Ailleurs dans les identit s qui pour cesser de fonctionner comme recherche mim tique de soi s agence comme singularit ou ritournelle avec la n cessit d exister certes mais d ex
44. s et de lectures diverses vari es et contradictoires Cette configuration n est pas surprenante Pour s en rendre compte il n est que de pointer dans l histoire pass e et r cente du Maroc des faits qui 4 Bouazza pmd 67 09 04 2008 10 54 68 AJIA 8 1 amp 2 2005 font tant t l unit tant t la dissimilitude des forces politiques et socio culturelles qui co existent dans le champ politique de ce pays Il est des constats d importance et m me de rationaliser le d bat politico so cial culturel et conomique au Maroc C est avant tout de la d construction d passement de ces donn es qu il s agit Premier constat la R gion L histoire du Maroc r v le une r alit plus que mill naire savoir que quoique d voy e et sabord e par le caract re militariste de l tat marocain depuis au moins le X si cle la d mocratie r gionale Montagne 1989 est la premi re donn e du sys t me politique de ce pays Le deuxi me constat co ncide avec l attache ment du pays son unit nationale Le troisi me constat est la base d une conscience historique et col lective tragique le Maroc hommes et socio cultures continue de payer depuis plus de sept longs si cles infernaux le prix exorbitant de tous les types possibles et imaginables accommod s troqu s organis s ou r formistes de la suj tion politique qui n est pas qu une servitude volontaire Corollaire 1
45. savant et ses transcendances l inconscience des acteurs sociaux dans l usage qu ils font du langage terminologie s mantique concepts comme outil cognitif ra tionnel dans son rapport la r alit l absence tragique d une culture esth ti que et ducative qui initie l enfant mais galement la femme m re aux ars vit dans le sens que Michel Foucault a d cisivement imprim ce terme En clair notre propos n est pas de d construire les effets ravageurs induits par la destruction post averro ssiennes de la raison par le th ologien Hamid al Ghazali Sur la r forme au Maroc cf Hesp ris Tamuda Vol XXXIX Fasc 2 Rabat Universit Mohammed V Facult des Lettres et des Sciences humaines 2001 7 108 Voir infra la section La r gion entre invention cr ation et r sistances Voir Rosanvallon Pierre 2002 Pour une histoire du politique in Le Monde Paris 30 mars 16 L auteur y dit en substance ceci que le fait que la d mo cratie soit une institution faite pour l exp rimentation de la libert elle ne suffit pas pour autant pour qu elle soit une solution probl matique au service de l instauration de la Cit qu est elle m me au service d hommes libres Quand elle int gre sa logosph re les soci t s maghr bines la litt rature pana rabe relative la Renaissance est plus soucieuse de l unit de la na tion arabe et de son acc s la
46. thique esth tique conomique sociale politique juridique stra t gique etc de chacun d eux se mettent en rapport avec celles des trois autres ou inversement De l plus qu un conflit des interpr tations Paul Ric ur de la nature du rapport en questions au Maroc par exemple on est en pr sence d une mise nu salutaire des structures anthropologiques et logiques de la conscience socio culturelle et politi que contemporaine dans son d sir besogneux de r aliser la Renaissance hic et nunc De fait la pens e arabe moderne et contemporaine s articule selon les promesses des th ses multiples qui la traversent la Renaissance du point de vue d une double perspective celle du recommencement et celle de la probl matisation Plus pr cis ment la Renaissance pour la pens e arabe et ses diff rentes composantes demeure un projet Elle renvoie une pens e du commencement et des limites Nassar 1997 57 80 Ces th ses rappellent en substance comment la probl matisation de l id e de Renaissance d termine et ne cesse de le faire le renouveau m me de la pens e arabe et son arborescence en interpr tations souvent diff rentes contradictoires conflictuelles du pass du pr sent et de l ave nir du Monde arabe et de ses cultures 4 Bouazza pmd 72 09 04 2008 10 54 Benachir Le Maroc entre la transition d mocratique et une renaissance 73 tant donn la configuration et la
47. tion maintien de cette 4 Bouazza pmd 7i 09 04 2008 10 54 72 AJIA 8 1 amp 2 2005 m me volont qui claire le pourquoi et le comment de l exigence d une Renaissance arabe autre Mais cette exigence pourrait d une part occulter le r el socio historique et politique et d autre part d terminer id ologiquement le rapport du r el arabe en question avec l un des deux mod les susmentionn s En d autres termes le discours ou l exigence de Renaissance en optant pour ou en int riorisant l un des mod les que voil est susceptible de l utiliser comme th orie de couverture l gitimation ou comme cran qui occulte pr cis ment le v cu multidimensionnel et la r alit conomique et socio politique des peuples arabes ou d expression arabe comme le sont on le sait les peu ples d Afrique du Nord Les approches et les analyses contenues dans les langages arabes du pr sent Berque 1974 convergent chacune selon ses d marches pro pres vers un point essentiel savoir que la repr sentation arabe de la Renaissance d coule de la relation structurelle qui unit quatre compo santes le mod le europ en le mod le arabo islamique la question radicale du d clin et l exigence philosophico politique d en sortir En outre la relation qui existe entre ses quatre facteurs se complexifie quand les sous composantes culturelle ethnique sociale scienti fique
48. trat gique et clairvoyante Inventer la R gion n est pas la recr er C est l invention de la R gion par les cultures et les individus concrets qui lui sont organiques qui cr era les R gions La pr sente contribution un d bat majeur devrait tre relay e ou critiqu e par d autres approches car le pari est de d boucher sur la for 4 Bouazza pmd 77 09 04 2008 10 54 78 AJIA 8 1 amp 2 2005 mulation de politiques sociales et culturelles de proximit recadr es par une lecture in fine des attendus d une th orie rigoureuse d mocrati que et sans exclusivisme de la R gion Il ne s agit pas de d battre de ce que la R gion peut nous donner mais de ce que nous pouvons faire pour elle Certes elle est aussi un concept li la th orie de l am nage ment du territoire Mais encore faut il faire de n cessit vertu autre ment dit am nager des espaces destin s aux sciences et aux techni ques et aux savoir faire capables de r pondre aux demandes de nos r gions Exemples une ophtalmologie sp cifique au d sert ou au pr d sert des sciences agronomiques adapt es ces m mes zones ainsi qu aux zones arides ou semi arides ou montagneuses ou encore aux littoraux Trois autres exemples de taille celui de l eau des transports Qu at tend on pour creuser un tunnel sous le Haut Atlas Central ou r aliser l extension des r seaux ferroviaires et auto routiers celui de l exploi tation
49. uvements de d fense des droits de l homme etc La 4 Bouazza pmd 69 09 04 2008 10 54 70 AJIA 8 1 amp 2 2005 pr occupation constante de ces acteurs consiste dans leur tendance com mune consid rer prospectivement la re probl matisation du paradigme d Etat de droit celui ci aussi bien que l acte critique qui le pense Laroui 1981 le d construit le donne voir etc ressortissent de la d ci sion consciente et vigilante de le situer et en m me temps de l instituer comme volont de produire imm diatement une soci t une socialit une culture une spiritualit une grille de connaissance et un r f rentiel multipolaires polyarchique Ben Abdellah El Alaoui 2005 46 49 En clair le paradigme d Etat de droit est condamn tre strictement fond sur un socle constitutionnel dont le pr ambule et la finalit sont la d mocratie Rosanvallon 2002 16 et donc la renaissance sociocul turelle et juridique d une intellectualit et d une praxis politiques qui d passent en le d truisant l assujettissement du citoyen Laroui 1993 222 223 Leveau et al 2004 Un tel chass crois entre l institution imaginaire du futur ou de la sauvegarde du possible d une part et la prise en compte du r el politique droit soci t conomie galit ci toyennet d autre part r v le la pr sence active et inqui tante tout la fois d une ambivalence et d une diff
50. vement l isolement g ographi que et la pr carit conomique de cette ville Il peut galement l tre par la conservation m me sous une forme quelque peu fragile de tradi tions plus fortes finalement dans cette cit que dans une ville comme Marrakech Que peut on pr coniser L v nement de la contribution citoyenne l laboration d un champ politique d mocratique est incontournable quant aux noces des peu ples et de leur destin e Et supposer qu elle ne soit qu une bauche pareille contribution est un des prol gom nes une Nouvelle Renais sance du Maroc et de ses socio cultures Quoiqu elle butte sur des con tradictions socio conomiques politiques th ologiques g ostrat giques etc internes au Maroc et ses relations avec le reste du monde d ter minisme de la conjoncture internationale l int grit territoriale la pens e qui pense cette Nouvelle Renaissance marocaine d finit et d li mite le red ploiement et l essor thique de celle ci la d mocratie la libert l unit la tol rance la dignit l galit la communication hu maine En outre nous pr conisons la prise en compte de quelques perspec tives majeures Pour que se r alise un Maroc politiquement et culturellement multiple il est n cessaire et urgent pour ce pays de pren dre en compte quelques perspectives majeures parmi lesquelles le cou rage salubre de devenir un horizon de rationalit
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