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« La Connaissance Objective » de Karl Popper : principales thèses

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1. Fabien Blanchot 61 tionnement des organisations et le d veloppement d explications tous les probl mes auxquels sont susceptibles d tre confront s les acteurs dans les organisations La seule reconnaissance des explications causa les dans le champ des connaissances scientifiques semble toutefois im pliquer a priori d exclure l activit de construction d outils de gestion comme activit du chercheur en gestion On rejoint ici la distinction faite par K Popper entre connaissance pure ou fondamentale et outils et ins truments ainsi que savoir appliqu lorsqu il traite du d veloppement de la connaissance la premi re se d veloppant par int gration et les autres par diff renciation et sp cialisation progressive Cependant c est faire abstraction du fait que l laboration d outils de gestion peut tr s bien participer du processus de test des th ories En effet les implications que l on peut tirer des connaissances positives peuvent rendre possible la pr conisation d un certain nombre de mesures pratiques et l laboration d outils de gestion Leur application ou leur mise en vre constitueront un moyen de tester la validit des conceptions sous jacentes r ponse des probl mes th oriques du type pourquoi y a t il des salari s peu motiv s au travail et de g n rer par la m me du sa voir appliqu r ponse des probl mes pratiques du type comment peut on faire pour am liorer la pro
2. La Connaissance Objective de Karl Popper principales th ses et apports pour les recherches en gestion Correspondance Fabien Blanchot Crepa Universit de Paris IX Dauphine Place du Mar chal de Lattre de Tassigny 75775 Paris Cedex 16 Email fabien blanchot wanadoo fr R sum Cet article pr sente les prin cipales id es de Karl Popper expos es dans l ouvrage La connaissance objective positionne sa conception de la connaissance dans le champ de l pist mologie et discute de l int r t de ses travaux pour le chercheur en gestion L analyse met en exergue 1 que l pist mologie de Popper contribue r soudre cinq probl mes d ordre m thodologique auxquels sont confront s comme d autres les chercheurs en gestion 2 qu une approche popperienne pour la re cherche en gestion sans pr juger de sa sup riorit n est pas inconceva ble Mots cl s pist mologie Popper connaissance m thodologie re cherche en gestion Fabien BLANCHOT Universit de Paris IX Dauphine Abstract This paper presents the main ideas of Karl Popper exposed in the book Objective Knowledge places his approach of knowledge in the field of epistemology and discus ses the interest of his work for the management researcher The analysis points out that 1 Popper s episte mology helps to solve five methodo logical problems which management researc
3. est du papier et des t ches noires il r pond que cette conception est erron e En effet un livre demeure un livre m me si personne ne le lit Et un livre peut ne pas avoir t crit par un homme mais par une machine par exemple une table de logarithmes Pourtant chacun des chiffres de ce livre contient de la nnaissance objective Deuxi mement K Popper soutient que les entit s du 3e monde ne peuvent tre rel gu es comme les subjecti vistes le pr tendent dans le deuxi me monde Un argument est qu une destruction de nos machines de nos outils et de notre connaissance sub jective sur ces outils et machines la connaissance qu a chaque individu sur ces machines et leur mode d emploi et donc un effacement de la m moire de chaque individu n emp chera pas le monde de repartir ra pidement si les biblio th ques et notre capacit en tirer des connais sances ont surv cu Mais si les biblioth ques disparaissent aussi la re naissance de notre civilisation mettra des mill naires Troisi mement il conteste l argument selon lequel l approche objective pourrait para tre moins scientifique que l approche subjective sachant que cette derni re consid re que les structures objectives ont pour cause le comportement humain alors que la premi re part plut t des effets que des causes m me s il admet que les structures objectives sont effectivement les produits du comportement Car dans toutes les sciences l
4. est une conception dans hquelle le monde physique est un syst me ouvert Elle est compatible avec une conception de l volution de la vie comme processus d essai et limina tion de l erreur Cela permet de comprendre l mergence de l nnovation biologique et le d veloppement de la connaissance et des li bert s humaines 2 3 Une alternative l essentialisme On a indiqu pr c demment que d apr s K Popper la connais sance pure recherche fondamentale se d veloppe dans une direction qui va l inverse de la diff renciation et de la sp cialisation elle est domin e par une tendance l accentuation de l int gration dans des th ories unifi es Mais K Popper ne croit pas aux explic ations ultimes la diff rence des essentialistes toute explication peut tre son tour expliqu e par une th orie d un degr d universalit plus lev Cela ne remet bien entendu pas en cause int r t de la recherche L explication d une th orie conjecturale au moyen d une autre dot e d un plus haut degr d universalit nous permet en effet de d couvrir plus en profondeur le monde Autrement dit on aboutit des th ories de plus en plus profondes la profondeur d une th orie scientifique tant li e Fabien Blanchot 47 sa simplicit et donc sa richesse de contenu Chaque fois que dans les sciences empiriques une nouvelle th orie d un degr d universalit plus lev
5. viennent toujours en premier et pr c dent donc l observation Ce ne serait donc pas des observations que nous parti rions pour laborer une th orie mais de probl mes de probl mes prati ques ou d une th orie qui a rencontr des difficult s L argument essen tiel est que l observation pr suppose l existence d un syst me d attentes un arri re plan un fonds de connaissances qui est au part inn Ainsi si on demande des auditeurs pr sents dans une salle d observer certains vont vraisemblablement demander que voulez vous qu on observe Cela signifie que pour observer il faut d j avoir l C est la connaissance qu l instant t on pr suppose sans discussion K Popper 1998 p 105 28 La Connaissance objective de Karl Popper une question d termin e un probl me L observation n acquiert donc un r le fondamental que quand il s agit de montrer que certaines de nos th ories sont fausses et de nous inciter ainsi en produire de meilleures L mergence de la connaissance proc derait en cons quence de ce que 1 nous disposons d un certain degr de connaissance inn e qui constitue notre point de d part m me s il peut n avoir aucune fiabilit et 2 cette connaissance inn e et hypoth tique se traduit par des attentes et des anticipations qui si elles sont d savou es cr ent nos premiers probl mes Le d veloppement de la connaissance consisterait enti r
6. S ries Sciences de Gestion n 22 p 235 264 Blanchot F 1998 Commentaires de la pr sentation du texte de Y Doz Keeping Score in Alliances Process Continuity and Disconti nuity in Approches pluridisciplinaires de la question des march s X mes Actes du S minaire Contradictions et Dynamique des Organisa tions F d ration de Recherches sur les Organisations et leur Gestion GDR CRNS p 135 138 Blanchot F et Mayrhofer U 1997 Empirical Litterature on Joint Ventures Success a Review of Performance Measures and of Factors Affecting Longevity in Global Business in the Information Age Proceedings of the 23rd Annual European International Business Aca demy Conference Stuttgart Extec vol 2 p 901 932 Blanchot F 1997a Les accords inter firmes et concepts associ s une grille de lecture en termes d interp n tration organisationnelle in Les fondements de la gestion strat gique VI me Con f rence Inter nationale de Management Strat gique Montr al vol 1 p 123 134 Blanchot F 1997b Choix d un accord et de son type quels outils d aide la d cision pour les entreprises Colloque Connivences caract rise sa philosophie K Popper soutenant toutefois que le r alisme n est ni d montrable ni r futable 1998 p 91 Fabien Blanchot 65 d acteurs contrats coop rations et m tamorphose des organisations Nancy Luxembourg mai 24 p Blaug M 1994 La m th
7. abord la fa on dont K Popper con oit l mergence des th ories et le progr s scientifique Dans une seconde partie nous proposons ensuite quelques rep res pour Fabien Blanchot 27 positionner sa conception de la connaissance dans le champ plus vaste de l pist mologie Enfin dans une troisi me partie nous discutons la port e des th ses de l auteur pour l enseignant chercheur en gestion d un point de vue m thodologique et thique 1 Conception popperienne de l mergence des th ories et du progr s scientifique Il ne s agit pas ici d effectuer un r sum de chacune des onze par ties constitutives de l ouvrage En effet si les diff rents textes corres pondant chacun des chapitres sont en partie compl mentaires ils com portent galement d importantes redondances et ne sont pas tous artic u l s d une mani re tr s lisible on ne retrouve pas dans l ouvrage une progression dans une d monstration d ensemble Chaque chapitre com porte sa propre logique ses propres d monstrations et chacun reprend tout ou partie de la th se centrale de l auteur sur l mergence des th o ries et le progr s scientifique On pr sente tout d abord cette th se puis on pr cise la conception de la connaissance sur laquelle elle repose 1 1 Un sch ma g n ral de l mergence et du progr s scientifique K Popper pr tend que les th ories m me rudimentaires par exem ple des attentes
8. bien d fendre une th orie contre la critique fait partie de toute discussion f conde elle permet de r v ler sa force et la force des critiques Au del et c est l que se situe de notre point de vue la contribution m thodologique la plus essentielle l ouvrage sugg re la fa on dont on peut r soudre cinq probl mes auxquels sont immanquablement confron t s les chercheurs dans le domaine de la gestion Il s agit des diffi cult s e de d finition d un probl me de recherche e de compr hension d un probl me de recherche e d approche d un concept e d laboration d une th orie e de compr hension des actions humaines L id e selon laquelle toute construction th orique et plus g n rale ment tout d veloppement de la connaissance pr suppose l existence d un probl me peut para tre vidente Elle est pourtant loin au vu de nos exp riences en qualit de chercheur d tre naturelle En particulier une participation r guli re des s minaires de pr sentation de recher ches doctorales permet de constater qu il n est pas rare que de jeunes doctorants aient des difficult s l issue de l expos de leur projet de recherche pour r pondre une question du type au fond quel est le probl me qui motive votre recherche On partage cette conviction qu une recherche suppose la d finition d un probl me dont la clart et la pertinence conditionnent la qualit des c
9. claire des paradigmes holiste et individualiste on pourra consulter A Laurent 19941 44 La Connaissance objective de Karl Popper du point de vue du sens commun Mais les d terministes consid rent depuis la r volution newtonienne explication du mouvement des plan tes que tous les nuages sont des horloges C est ce qu on appelle le d terminisme physique ou d terminisme pur D apr s ce dernier la classi fication pr c dente ou continuum est due notre ignorance le monde est une horloge fonctionnant selon les lois de Newton d apr s sa th o rie les plan tes n ont pas l irr gularit apparente qu on leur donne on peut pr dire dans tous les d tails leurs mouvements Dans le monde physique parfaitement d terministe il n existe aucune place pour une in tervention ext rieure tout ce qui arrive est pr d termin y compris nos mouvements et donc nos actions Les syst mes physiques sont consi d r s comme de parfaites horloges En cons quence aucun de nos ef forts ne pourrait avoir une influence sur ce qui se passe dans le monde physique Le d terminisme physique nous r duit des automates et d truit l id e de cr ativit Si le d terminisme physique est exact un phy sicien totalement sourd pourrait crire toutes les symphonies de Mozart au moyen d une m thode simple qui consisterait tudier les tats phy siques pr cis de son corps et pr dire o il tracer
10. d crire l essaim comme un tout L hypoth se pr c dente sur la coh sion de l essaim montre qu il existe m me une sorte d action ou de contr le exerc par ce tout sur ses l ments ou parties Mais ce tout est un bon moyen de dissiper la croyance qui veut qu un tout soit toujours plus que la simple somme de ses parties L essaim n est rien d autre que la somme de ses parties la description des mouvements de tous les moucherons permet de d crire int gralement le tout et le mouvement du tout est la somme des mouvements de ses l ments Cette id e est une critique expli cite du holisme m thodologique qui s oppose au paradigme de l individualisme m thodologique d fendu par K Popper dans Mis re de l historicisme 1988 Il y soutient que l individualisme m thodologique est la doctrine tout fait inattaquable selon laquelle nous devons r duire tous les ph nom nes collec tifs aux actions interactions buts espoirs et pens es des individus et aux tra ditions cr es et pr serv es par les individus Cette th se n est pas d velop p e dans La Connaissance Objective On y trouve en tout et pour tout que la critique susmentionn e l encontre du holisme et une mention en note de bas de page 1998 p 323 que l existence des tout n est pas ni e par l auteur mais qu il s oppose seulement la superficialit de la plupart des th ories holis tes Pour une pr sentation
11. en gestion D ailleurs l auteur lui m me d voile une sorte de secret du succ s un guide l usage du chercheur m me s il pr cise qu il n y a pas de voie royale qui conduise au succ s dans les sciences Ce guide est le suivant K Popper 1998 p 397 406 e _ tre le plus clair possible quant au probl me d une recherche e prendre garde la mani re dont le probl me se transforme et se d finit progressivement e _ tre clair quant aux th ories auxquelles on adh re e garder l esprit que ces th ories peuvent tre fausses 0 e essayer de formuler et de critiquer toujours et encore les th o ries auxquelles on adh re e essayer de construire des th ories alternatives car c est le seul moyen pour comprendre les th ories auxquelles on adh re 19 En ce sens qu elle est utile mais ne pr tend pas la v rit 20 D o l id e que nos connaissances sont toujours conjecturales Fabien Blanchot 49 e prendre garde contre les situations o une th orie para t tre la seule possible car cela peut tre le signe que ni la th orie ni le pro bl me qu elle a pour fonction de r soudre ne sont compris e consid rer toujours les exp riences comme des tests d une th o rie e une exp rience ou une observation qui taye une th orie ne fait qu en r alit affaiblir une th orie alternative e l ambition doit tre de r futer et remplacer ses propres th ories e mais
12. et argumentatives Avec la fonction descriptive du langage humain mergent les id es r gulatrices de v rit de contenu de contenu de v rit l3 et de v risimilitude La fonction argumentative pr suppose la fonction descriptive les arguments portent sur des descriptions ils cri tiquent les descriptions du point de vue des id es r gulatrices de v rit de contenu et de v risimilitude Sans le d veloppement d un langage descriptif exosomatique i e qui se d vebppe l ext rieur du corps il n y aurait aucun objet pour notre discussion critique Il conditionne T mergence d un 3e monde linguistique qui est le seul partir duquel les probl mes de la critique rationnelle peuvent se d velopper C est au d veloppement des fonctions sup rieures du langage qu on doit notre rai son nos pouvoirs de raisonner sont ceux de l argumentation critique Deuxi mement le 3e monde est largement autonome Une tr s grande partie du 3e monde prend naissance comme sous produit non intention nel d actions qui taient orient es vers d autres buts de la m me fa on 1l Pour K Popper il n existe aucun crit re de v rit parce que la question de savoir si une proposition est vraie n est pas d cidable d une mani re g n rale 1998 p 466 Autrement dit on ne peut pas se munir d une m thode de d ci sion pour savoir si un nonc donn est d finitivement vrai C est la raison pour laquelle le co
13. explicans peut tre aussi consid r comme ad hoc c est dire non testable de mani re ind pendante s il est pure ment circonstanciel Ce sera le cas si par exemple je pr tends que la probl mes pratiques K Popper 1988 p 71 d fend une conception large de la science c est dire non strictement instrumentale 5 Par opposition d monstrative Les math matiques font partie des sciences d monstratives K Popper 1998 p 449 sq Est empirique une science qui s appuie sur l exp rience elle explique et pr dit des v nements qui sont des faits observables et s appuie sur l observation exp rimentale ou non pour ac cepter ou rejeter toute th orie propos e K Popper 1988 p 45 49 6 L explicans est constitu de pr misses de deux types une ou plusieurs lois universelles nonc s universels et des conditions initiales particuli res non Fabien Blanchot 31 mer est agit e parce que les prunes que je tiens dans la main au mo ment o j observe la mer sont juteuses En cons quence pour tre tes table de mani re ind pendante un explicans doit faire usage d nonc s universels ou lois de la nature Car des nonc s universels peuvent tre test s mani re ind pendante en tout temps et tout lieu Une cons quence de tout ceci est bien que pour am liorer le degr de satis faction des explications il faut aller vers des th ories au contenu tou jours plus riche don
14. on dit les pens es d untel sont incompatibles avec celles d untel l utilisation d un terme logique comme incompatible signi fie qu on emploie le mot pens e dans le sens de contenu objectif ou logique de th ories Plus g n ralement la connaissance objective fait r f rence aux relations logiques entre les id es En d finitive c est une connaissance consid r e comme ext rieure l esprit ou au cerveau des individus et non quelque chose d int rieur A Chalmers 1987 p 188 C est une connaissance qui est faite d attentes formul es dans un lan gage et soumises la discussion critique alors que la connaissance sub jective n est faite que de dispositions et d attentes K Popper 1998 p 127 La connaissance objective le troisi me monde a deux principales caract ristiques Premi rement le 3 me monde est un produit naturel de l homme comme la toile d araign e est le produit des araign es ou le miel le produit des abeilles qui tire sa sp cificit du langage humain Certes il existe un point commun entre les langages humains et les lan gages animaux les deux fonctions inf rieures du langage que sont 34 La Connaissance objective de Karl Popper l expression de soi l information et l change de signaux la communi cation Mais les plus importantes cr ations humaines sont les fonctions sup rieures du langage human en particulier les fonctions descriptives
15. qu il n est gu re possible d analyser sans le transformer 4 un objet qui ne se pr te gu re une mani re uniforme de raisonnement en particulier lorsqu on souhaite le traiter par la logique disjonctive la gestion tant la fois l action de g rer et le r sultat de cette action se d finit de fa on non disjonctive a priori elle s interdit de respecter l axiome du tiers exclu qui pr cis ment n autorise pas la conjonction de l op rateur et de l op rande 5 un objet qui semble sans cesse in satisfait des optima qu on lui propose parce qu ils ignorent divers crit res auxquels il d clare se r f rer par exemple parce que la dur e des calculs de chaque optimum est incompatible avec les ch ances des ac tions qu il doit produire Il ne s agit pas ici de passer chacun des argu ments au crible de la critique cela d passe le cadre du pr sent article On souhaite juste mentionner en guise de remarque finale qu il s agit l 33 La d finition que donne J L Le Moigne des pist mologies positivistes ou pist mologie institutionnelle contemporaine est plus large que celle donn e par D Hands 1998 du positivisme cf supra Il consid re que rel vent des pist mologies positivistes toutes les coles qui reposent peu ou prou sur les deux hypoth ses gnos ologiques ontologiques et d terministes et sur les deux prin cipes m thodologiques de mod lisation analytique et de raiso
16. que des moyens de formuler ou r sumer des th ories que leur r le est principalement instrumental et qu on peut toujours les remplacer par d autres concepts K Popper 1998 p 204 Pour qu elle soit testable une th orie doit respecter un certain nom bre de principes En particulier on l a mentionn pr c demment lexplicans ne doit pas tre ad hoc ou circulaire c est dire qu il ne doit pas avoir pour seule preuve l explicandum lui m me Le rappel de ce principe n est pas inutile parce qu il n est pas toujours respect Deux illustrations permettent d en attester La premi re se r f re au mod le propos par F Contractor P Lorange 1988 pour d terminer les conditions du choix d une filiale commune en lieu et place d une fi liale 100 Les auteurs sugg rent de comparer le gain net suppl men taire du recours un partenaire comparativement celui d une filiale 100 la part de profit de l op ration capt e par ce dernier et de choisir une filiale commune quand le premier terme est sup rieur au se cond conform ment la formule de l encadr 2 Fabien Blanchot 53 Encadr 2 Le mod le du choix entre internalisation et accord propos par F Contractor et P Lorange 1988 Choisir un accord quand R1 R2 C1 C2 R3 R4 C3 CH gt 1 CV avec R1 gains directs suppl mentaires par rapport l option d agir seul gains indirects suppl mentaires par rappo
17. solutions l essai qui sont les variations ou les mutations Mais la diff rence du mod le de K Popper 1 il n y a qu un seul moyen d liminer l erreur la destruction de l organisme et 2 il y a n gligence du fait que P1 et P2 diff reront le probl me serait toujours le m me pro bl me de survie 18 On pourrait dire que l organisme apprend de ses exp riences et incorpore cet apprentissage dans ses r pertoires de comportement 46 La Connaissance objective de Karl Popper 10 Dans le syst me de K Popper tous les probl mes ne sont pas des probl mes de survie par exemple celui de la reproduction 11 Les probl mes que l organisme essaie de r gler sont souvent nouveaux et sont les produits de l volution P1 vers P2 la th orie rend donc compte de ce qu on peut appeler l volution cr atrice ou mergente 12 Le sch ma autorise le d veloppement de contr les par limi nation de l erreur des organes d avertissement comme les yeux ou des m canismes de r troaction c est dire des contr les capables d liminer l erreur sans d truire l organisme Cette conception volutionniste se distingue nettement des d termi nisme et ind terminisme purs elle rend concevables des syst mes phy siques qui ne soient ni de parfaites horloges ni de parfaits nuages L alternative propos e a un caract re interm diaire entre le parfait ha sard et le d terminisme parfait C
18. ve parfois des probl mes de la premi re ca t gorie puisque les deux cat gories de probl mes d pendent de ce que des structures objectives existent un fait qui appartient la deuxi me cat gorie de probl mes En cons quence la deuxi me cat gorie de pro bl mes est plus fondamentak que la premi re Quatri mement ces consid rations peuvent tre appliqu es aux produits de l activit h maine et deux principales th ses en d coulent les probl mes qui concernent les produits de l activit humaine sont presque sur tous les plans plus mportants que les probl mes de production et nous pou vons en apprendre davantage sur le comportement des producteurs en tudiant les produits eux m mes que nous ne pouvons appren dre sur les produits en tudiant le comportement des producteurs K Popper 1998 p 191 Cinqui mement appliqu es au cas particulier de la connaissance ces consid rations conduisent galement formuler deux th ses l tude des produits th ories est de beaucoup plus importante que l tude de la production de la connaissance m me pour la compr hension de la production et de ses m thodes et nous pouvons en apprendre davantage sur l heuristique la m thodologie et m me la psychologie de la recherche en tudiant les th ories et les arguments pr sent s pour et contre elles que par n importe quelle approche directe b havioriste psychologique ou sociologique Enfin l
19. a d marche va des effets aux causes C est l effet qui soul ve le probl me et le scientifique essaie de le r soudre en construisant une hypoth se explic a tive Au total il soutient que l pist mologie subje ctiviste est hors sujet parce qu elle n tudie pas la connaissance scientifique qui elle appar 40 La Connaissance objective de Karl Popper tient au 3e monde Le deuxi me monde le monde de l esprit est le lien entre le ler et le 3e monde nos actions dans le premier monde sont in fluenc es par la saisie que notre 2e monde a du 3e C est pourquoi il est impossible de comprendre l esprit humain sans comprendre le 3e monde lesprit objectif c est pourquoi il est impossible d interpr ter le 3e monde comme la simple expression du second ou le second comme le simple reflet du 3e Cette reconnaissance d un 3e monde c t des mondes physiques et du monde des tats de conscience qui interagis sent fait de K Popper un r aliste D une part il croit la r alit du monde physique D autre part il croit que le monde des entit s th ori ques est r el K Popper 1998 p 475 476 5 Une approche subjectiviste laquelle K Popper s est partic uli re ment oppos est la th orie de la connaissance du sens commun encore qualifi e d pist mologie du seau ou de th orie de l esprit seau qui est fond e sur la doctrine selon laquelle avant de pouvoir conna tre
20. ait des notes l oppos l ind terminisme pur est la doctrine selon laquelle le pur hasard joue un r le majeur dans notre monde physique On doit distinguer cette conception de l ind terminisme physique qui affirme seulement que le d terminisme physique est faux et qu il y a au moins quelques excep tions une pr d termination pr cise K Popper 1998 p 337 K Popper est un ind terministe physique D apr s lui la th orie newtonienne quel que soit son degr de v racit ne nous donne aucune raison valide de croire que les nuages sont des horloges parfaites Car on ne dispose pas de la connaissance exp rimentale de quelque chose comme une horloge parfaite On est donc libre de conjecturer un certain jeu une certaine imperfection dans toutes les horloges Le monde ne se rait pas uniquement r gi par les lois newtoniennes mais aussi par les lois du hasard c est dire de l akatoire du d sordre de la probabilit sta tistique un certain degr toutes les horloges sont donc des nuages seuls les nuages existent m me si ces nuages peuvent tre n buleux des degr s divers Par ailleurs d terminisme et ind terminisme purs ap paraissent trop peu r jouissants soit tout serait pr d termin soit tout Fabien Blanchot 45 serait d au hasard La conception de K Popper du d veloppement de la connaissance va au del de l ind terminisme elle est volutionniste Elle s inscrit dans une th
21. ait que simplement vouloir observer on agit sur la r alit que l on vou drait saisir et que cette r alit agit en retour sur la dynamique de recherche J Girin 1990 p 161 Mais ce probl me d ordre m tho dologique n est pas sp cifique la recherche en gestion ni m me de fa on plus g n rale celle en sciences sociales 2 M me en physique on ne peut pas toujours consid rer le ph nom ne observ comme objectif c est dire ind pendant des conditions dans lesquelles il a t observ M Grawitz 1996 p 52 En outre il existe des conditions sous lesquel les il est possible de prendre en consid ration ce ph nom ne d interaction par la mise en place d un dispositif de recherche J Girin 1990 Chalmers 1991 p 58 Enfin on peut mentionner la difficult dans le domaine wcial de reproduire volont des conditions exp ri mentales exactement semblables ce qui limite les possibilit s de critique interpersonnelle par le biais de nouveaux tests Mais K Popper 1988 p 118 sq montre que ce probl me existe aussi en physique Au total il ressort que les obstacles au respect du crit re de r futation ne sont pas sp cifiques au domaine de la gestion on les retrouve des degr s di vers pour les sciences naturelles En cons quence ils ne peuvent servir d arguments pour rejeter la gestion du champ de la science sauf ac cepter que cela est aussi valable par exemple pour la physiq
22. ation et il s agit l d un probl me qui rel ve du troisi me monde Au del l acte subjectif de compr hension lui m me le processus psychologique qui m ne l tat final de compr hension doit s analyser en fonction des objets du 3e monde dans lesquels il est ancr En effet le processus de compr hension consiste en une suite d tats de compr hension qui sont des objets du 3e monde En d autres termes c est la succession d tats qui constitue le processus de compr hension et c est la t che consistant critiquer l tat auquel on est arriv qui constitue l activit de compr hension Cette activit peut donc tre assimil e la m thode des conje c tures et r futations elle est identique celle de r solution de n importe quel probl me Aussi K Popper sugg re t il que dans ces conditions on aura atteint une compr hension satisfaisante si l interpr tation la th orie conjecturale est corrobor e par sa capacit jeter de nouvelles lumi res sur plus de probl mes que nous ne nous y attendions ou par sa capacit expliquer de nombreux sous probl mes parmi lesquek figu rent des probl mes dont nous n avions pas conscience au d part Enfin une m thode de compr hension est propos e pour les faits historiques qualifi e d analyse situationnelle qui consiste effectuer une recons 14 Pour une argumentation voir notamment l expos de A Laurent 1994 p 49 51 su
23. ausale ou scientifique C est d apr s K Popper un ensemble d nonc s dont l un d crit les choses expliquer explicandum tandis que les autres constituent l explication explicans En r gle g n rale on admet que l explicandum est vrai et que l explicans est inconnu En cons quence l explication scientifi que est l explication du connu par l inconnu Pour tre satisfaisant lexplicans doit remplir deux principales conditions 1 il doit avoir lexplicandum comme cons quence logique 2 l explicans devrait tre vrai pour le moins on doit savoir qu il n est pas faux Quand on ne sait pas s il est vrai cas g n ral il doit tre testable de mani re in d pendante Le contraire du terme ind pendant est circulaire ou ad hoc Une explication circulaire est celle o l explicans est l explicandum lui m me Une explication est ad hoc quand elle est cr culaire ou encore quasi circulaire c est dire quand la seule preuve en sa faveur c est l explicandum lui m me Par exemple si le probl me expliquer est celui de l agitation de la mer une explication possible est que Neptune est en col re Dans ce cas la seule preuve que l on puisse apporter au fait que Neptune soit en col re est que la mer est agit e Pour n tre pas ad hoc l explicans doit donc avoir un contenu riche il doit comporter diverses cons quences testables qui diff rent de lexplicandum Mais un
24. ce exp rience est le r sultat d un proces sus d assimilation et de transformation autrement dit le produit de nos perceptions et du traitement que l on en fait K Popper rejette l une et l autre de ces conceptions contestant que les perceptions puissent cons tituer la mati re premi re de notre connaissance Dans la science c est l observation et non la perception qui joue un r le d cisif Une observa tion est une perception con ue l avance et pr par e Elle est un pro cessus dans lequel on joue un r le actif L observation est toujours pr c d e d un probl me elle pr suppose l existence d un syst me d attentes un horizon d attentes Au del K Popper critique la ponse qu apporte la th orie de la connaissance du sens commun au pro bl me de l induction auquel elle est confront e En effet elle pr tend qu il n y a rien dans notre entendement qui n y soit entr auparavant par les sens mais elle doit en m me temps reconna tre que nous avons ef fectivement des attentes et que nous croyons fortement en certaines r gularit s Le probl me de l induction selon le sens commun se r sume donc une question comment ces attentes et ces croyances ont elles pu prendre naissance La r ponse de cette th orie ce probl me est la suivante par la r p tition d observations faites dans le pass Dans la conception du sens commun on tient donc pour acquis que no tre cro
25. conception de la connaissance K Popper part d une dis tinction de trois mondes ou univers 0 1 le monde des objets physiques ou des tats physiques 2 le monde des tats de conscience tats mentaux dispositions comportementales l action 3 le monde des contenus objectifs de pens e qui est surtout le monde de la pens e scientifique de la pens e po tique et des vres d art Le 3e monde contient essentiellement les syst mes th oriques probl mes situations de probl me arguments critiques l tat des discussions critiques c est dire l tat des changes d arguments critiques le contenu des revues des livres et des biblioth ques S parer les mondes 2 et 3 revient en fait distinguer deux types de connaissance la connaissance subjective monde 2 et la connaissance objective monde 3 La premi re fait r f rence l tat d tre au courant ou d tre inform Elle fait aussi r f 9 Un nonc est vrai si et seulement si il correspond aux faits K Popper 1998 p 102 Mais l acceptation de v rit n aura jamais qu un caract re provisoire puisque rien ne permet d exclure que des observations futures pourraient contrarier l nonc consid r C est la raison pour laquelle K Popper parle en g n ral de connaissance conjecturale 10 I ne s agit pas pour K Popper d interdire de classer nos mondes diff rem ment ou de ne pas les classer Il serait possible de di
26. de soit un produit humain il cr e son tour son propre domaine d autonomie un univers nouveau de possibilit s ou de potentialit s Par exemple si la suite des nombres naturels est une cr ation humaine la distinction entre nombres impairs et pairs est une con s quence non in tentionnelle et in vitable de cette cr ation ce sont des probl mes ou faits qu on n est en mesure ni de contr ler ni d influencer Autrement dit la suite des nombres naturels cr e ses propres probl mes autono mes Il y a donc pour nous de nombreux faits d couvrir dans les th o ries Cette autonomie n est toutefois que partielle les nouveaux pro bl mes conduisent de nouvelles cr ations ou constructions qui peuvent donc ajouter de nouveaux objets au troisi me monde L tude propre l pist mologie est ce troisi me monde elle a pour objet les probl mes et situations de probl mes scientifiques les conje c tures hypoth ses th ories scientifiques les discussions scientifiques les arguments critiques le r le jou par les preuves dans l argumentation et par cons quent les livres scientifiques les exp ri mentations ainsi que leur valuation Car seule l tude des relations logi ques entre id es th ories peut rendre compte du progr s scientifi que Si l on suit K Popper cette pist mologie cbjectiviste a au moins un triple int r t Tout d abord elle permet de comprendre l mergence et le d ve
27. du caract re scientifique de ces crit res Il n est pas exclu que plusieurs crit res puissent r pondre simulta n ment ces deux exigences Il ne s agit pas tant ici de rechercher quels sont ces crit res que de r pondre la question suivante les crit res utilis s par K Popper sont il compatibles avec ces exigences K Popper voit dans la science l tape o nos mythes explicatifs s ouvrent la critique consciente et consistante et o nous sommes mis au d fi d inventer de nouveaux mythes 1998 p 151 Et d ajouter que seule la science remplace l limination de l erreur dans la lutte violente pour la vie par la critique rationnelle non violente seule elle nous permet de remplacer le meurtre monde 1 et l intimidation monde 2 par les arguments impersonnels du monde 3 K Popper 1998 p 151 Il pr cise comme on l a d j mentionn que le but de la science est de d couvrir des explications sa tisfaisantes nos probl mes Pour qu on puisse l gitimement parler de science une double condition doit donc tre remplie la discipline doit construire des mod les des th ories c est dire fournir des explications causales aux ph nom nes qu elle tudie crit re de scientificit 1 et ces mod les doivent pouvoir tre soumis une discussion critique et en particulier tre testables 4 de fa on intersubjective crit re de scientifi cit 2 24 I s agit du crit re de d
28. ductivit du travail Cela sugg re l troitesse des liens qu il peut y avoir entre connaissance fondamentale savoir appliqu et outils de gestion Ce qui pr c de sugg re aussi que le second crit re la r futabilit n est pas non plus incompatible m me si son respect ne va pas sans cr er des difficult s En particulier une th orie peut ne pas tre imm diatement testable s il s agit d valuer l application d outils de gestion Au del le probl me se pose lorsqu il y a recherche de terrain ce qui 31 Au fond K Popper ne contesterait pas ces liens voir notamment K Popper 1988 p 72 En effet il n exclut pas que la science puisse avoir des vis es pratiques Il s oppose juste une conception purement instrumentale c est dire qui jetterait toute connaissance inutile En revanche la cons truction d outils ne peut tre en soi un but de la science dans une perspective popperienne parce qu elle n a pas d effets cognitifs La d finition que propose E Cohen 1998 p 1166 des sciences de gestion des nonc s caract re g n ral ayant des effets cognitifs est conforme cette conception de la science 62 La Connaissance objective de Karl Popper n est pas imm diatement le cas lorsqu on fait appel des donn es se condaires m me si cela s est produit ant rieurement lors de la collecte des donn es de l interaction sujet objet qui r side dans le f
29. e ment en corrections et en modifications de la connaissance ant rieure par la m thode des conjectures audacieuses et des tentatives de r futa tion Cette m thode peut aussi tre qualifi e de critique c est une m thode d essai et d limination des erreurs qui consiste proposer des th ories et les soumettre aux tests les plus rigoureux possibles Elle s inscrit dans un processus que l on peut r sumer par la formule t tradique pr sent e dans l encadr 1 Encadr 1 Le processus de d veloppement de la connaissance selon K Popper 1998 PI gt TT gt EE gt P2 avec P1 probl me initial identifi par contraste avec un arri re plan un fonds de connaissance situation de probl me TT th orie l essai Tentative Theory EE tentative d limination de l Erreur gr ce la discussion critique P2 mergence d un nouveau probl me Ce processus serait identique de l amibe tre unicellulaire Eins tein Toutefois il existerait une particularit au d veloppement de la connaissance pure encore qualifi e de recherche fondamentale Pour 2 Une situation de probl me est d finie comme le rapport d un probl me avec son arri re plan K Popper 1998 p 261 3 Par opposition connaissance ou science appliqu e ou instrumentale Cette distinction ne doit toutefois pas conduire la conclusion d une disjonction Fabien Blanchot 29 rendre compte de c
30. e d un monde d une pr cision math matique absolue s il existe des conjonctions finies d nonc s empiriques singuliers d nonc s de base ou d nonc s exp rimentaux qui le contredisent 25 On peut en mentionner pour le moins quatre s rieuses Premi rement tous les nonc s d observation sont faillibles A Chalmers 1987 p 107 1991 p 52sq En cons quence la logique n impose pas de rejeter syst matiquement la th orie en cas de conflit avec l observation Deuxi mement une th orie scien tifique est faite d une s rie d nonc s universels et de conditions initiales parti culi res voir K Popper 1998 p 510 519 de sorte que si la pr diction ou l explication d une th orie se r v le fausse il reste d terminer laquelle des pr misses est erron e c est le probl me dit de Duhem Quine En cons quence il est difficile de falsifier une th orie de fa on probante Troisi mement l histoire ne manque pas d exemples sugg rant que des th ories scientifiques qui ont particip au d veloppement de la connaissance n auraient jamais pu tre d ve lopp es si les scientifiques avaient adh r strictement aux principes m thodolo giques du r futationnisme tout au moins dans sa version na ve voir A Chalmers 1987 p 116 sq 1991 p 23 sq Plus sp cifiquement la th orie de la v risimilitude a t s v rement critiqu e notamment par D Miller dont K Popper reconna
31. e gestion en relation avec la mani re dont les participants agissent J Girin 1990 Elle ne semble pas non plus contradictoire avec la finalit sp cifique de cette discipline savoir l am lioration des syst mes de gestion30 M Marchesnay 1991 En effet cette am lioration semble immanquablement passer par un d veloppement des connaissances positives sur les m canismes de fonc 26 D s lors l individu n a gu re de consistance au dehors des d termina tions ext rieures qui le mod lent et le guident intimement ni par suite de r elle capacit d autonomie et d initiative A Laurent 1994 p 18 27 M me si J L Le Moigne reconna t la position ind terministe de K Popper son expos reste des plus ambigus sur la distinction entre causalisme et d ter minisme 28 M me si la causalit en sciences sociales peut diff rer de celle dans les sciences physiques et naturelles C Mouchot 1990 M Grawitz 1996 p 372 379 29 et doivent accomplir dans un temps d termin une action collective condui sant un r sultat soumis un jugement externe J Girin 1990 p 142 Une situation de gestion se pr sente lorsque des participants sont r unis 30 Un syst me de gestion sous entend l engagement de moyens qui se fait de fa on organis e et qui est finalis Il repose sur quatre piliers les buts les envi ronnements l organisation et les activit s M Marchesnay 1991 p 201 202
32. e r sultat de la r p tition mais sur les mieux test es de nos th ories et nos agissements sont donc rationnels Il n y a donc pas de conflit entre la rationalit et l action pratique dans notre constitution humaine Cela revient nier l inductivisme 6 16 cet gard K Popper s oppose au positivisme logique du Cercle de Vienne D Hands 1998 p 374 378 Deux autres importantes diff rences distinguent le positivisme logique du popperisme D une part les positivistes logiques tout comme les empiristes classiques positivisme de Comte soutiennent que les th ories scientifiques n expliquent rien et n ont pour but que de d crire de fa on fiable les observations empiriques D autre part ils pr tendent tablir la v rit des th ories partir des faits d observation Plus g n ralement le poppe risme se distingue du positivisme qui si l on s en r f re D Hands 1998 com porte trois principales coles s par es mais reli es le positivisme du 19 si cle d Auguste Comte et Ernest Mach le positivisme logique du Cercle de Vienne des ann es 30 et l empirisme bgique qui a domin la philosophie anglo saxonne des sciences au milieu de ce si cle Par rapport ce dernier le poppe risme se singularise notamment par son point de vue falsificationniste ou in firmationniste plut t que confirmationniste La philosophie de K Popper nour rit n anmoins des liens avec le positivisme en c
33. e sens qu elle est chafaud e sur la critique de ce programme Fabien Blanchot 43 2 2 Une alternative aux d terminisme et ind terminisme purs Afin de d finir l ind terminisme et le d terminisme purs il est prati que de reprendre la m taphore des nuages et des horloges utilis e par K Popper 1998 chapitre 6 Les nuages repr sentent les syst mes physiques caract ris s par leur tr s grande irr gularit leur d sordre et un comportement plus ou moins impossible pr dire par exemple des mol cules des gaz Les horloges repr sentent les syst mes physiques r guliers ordonn s et dont le comportement est tr s facile pr dire Entre ces deux extr mes il existe une quantit de choses processus et ph nom nes naturels qui se rapprochent de l un ou l autre de ces ex tr mes cycle des saisons animaux automobiles syst me solaire Un nuage de moucherons est un exemple ou paradigme d un nuage irr gu lier ou chaotique il est quasiment impossible de suivre le vol individuel d un unique moucheron Mais l essaim maintient sa coh sion sans avoir de leader ni de structure 7 Ce syst me de classification est acceptable 17 Ceci r sulte d apr s K Popper de la conjonction de deux facteurs chaque moucheron fait exactement ce qui lui pla t au hasard et aucun d eux n aime s carter trop loin de ses camarades Comme pour beaucoup de syst mes phy siques biologiques et sociaux on peut
34. et l gitimer un enseignement de connaissances dont la validit n est pas r ellement reconnue Une r flexion sur le caract re scientifique ou non de cette discipline appara t donc souhaitable sinon n cessaire Ceci ex plique sans doute le foisonnement actuel des crits en la mati re A Martinet et al 1990 M Marchesnay 1991 G Arnaud 1996 F Wacheux 1996 E Cohen 1998 La r ponse la question qui sous tend tout un pan de ces travaux savoir la gestion est elle ou non une science et quelle condition peut on pr tendre qu elle l est est moins vidente qu il peut y para tre C est qu en fait les philosophes des sciences eux m mes ne s accordent pas sur ce que l on doit enten dre par science M Grawitz 1996 chapitre 2 La raison en est simple comme l explique tr s clairement A Chalmers 1987 p 26 il me semble maintenant que la question qui constitue le titre de ce livre Qu est ce que la science est la fois trompeuse et pr somp tueuse Elle pr suppose l existence d une cat gorie unique la science et conduit penser que les diff rents domaines du sa voir la physique la biologie l histoire la sociologie etc n ont d autre alternative que de se situer soit l int rieur soit l ext rieur de cette cat gorie Je ne sais comment une telle caract risation g n rale de la science peut tre tablie ou d fendue Les philosophes ne po
35. ette particularit K Popper oppose l arbre volu tionniste l arbre du d veloppement de la connaissance Le premier se d veloppe partir d un tronc commun nos anc tres unicellulaires en branches de plus en plus nombreuses d veloppements ult rieurs Au contraire il faut repr senter le second l arbre de la connaissance pure avec des racines remontant vers la surface plut t que s enfon ant dans le sol et tendant se r unir en un seul tronc commun Autrement dit la connaissance pure les descriptions et explications de la r alit se d veloppe dans une direction qui va l inverse de la diff renciation et de la sp cialisation elle est domin e par une tendance l accentuation de l int gration dans des th ories unifi es Cette sp cificit permet aussi de distinguer la connaissance pure des outils et instruments ainsi que du savoir appliqu En effet l arbre volutionniste de nos outils et instruments est parti d une pierre ou d un b ton et s est ramifi sous l effet de la sp cialisation progressive des probl mes Il en est de m me du savoir appliqu les applications qui d rivent des explications il s est d velopp par diff renciation et sp cialisation progressive des applications La structure du d veloppement de la connaissance pure est donc l inverse de celle de l arbre volutionniste des organismes vivants des instruments humains et du savoir appliqu Le d vel
36. euxi me monde Elles tudient la connaissance entendue comme une croyance humaine particuli rement assur e et la connaissance scientifi que entendue comme un genre de connaissance humaine particuli re ment assur e K Popper 1998 p 27 Elles s int ressent nos croyan ces subjectives et leur fondement ou origine Descartes Berkeley Non que les entit s appartenant au 3e monde soient ni es mais qu elles sont consid r es comme 1 des expressions symboliques ou linguisti ques d tats mentaux subjectifs ou de dispositions comportementales l action des attentes 2 des moyens de communication c est dire des moyens symboliques ou linguistiques d veiller chez les autres des Fabien Blanchot 39 tats mentaux ou des dispositions comportementales l action anab gues Ces conceptions subjectivistes repr sentent l pist mologie tradition nelle K Popper les qualifie d approches du 2e monde et y inclut no tamment les approches b havioriste psychologique ou sociologique de la connaissance scientifique Leurs tenants sont appel s philosophes de la croyance K Popper s y oppose vigoureusement sa conception tant d ailleurs pr sent e comme une alternative Premi rement ceux qui pr tendent qu une approche subjectiviste se justifie par le fait qu un I vre n est rien sans un lecteur que ce n est que si le livre est compris qu il devient v ritablement un livre sinon c
37. explique avec succ s une th orie plus ancienne en la corrig eant c est un signe certain de la plus grande profondeur de cette th o rie L exigence qu une nouvelle th orie contienne l ancienne de fa on approximative est ce que l on appelle le principe de corres pondance C est une condition suffisante de la profondeur K Popper est galement anti essentialiste en ce sens qu il ne croit pas la r alit des concepts 1998 p 476 et pense en cons quence qu on devrait faire dispara tre les questions du type qu est ce que ou que sont autrement dit toutes les questions de d finition les questions verbales car ce sont des pseudo questions des questions st riles De la m me fa on on devrait viter de discuter du sens des mots Car les vrais probl mes ce sont ceux qui portent sur les faits autrement dit des probl mes qui concernent les th ories et leur v rit 3 Utilit du contenu de La Connaissance Objective pour le chercheur en gestion L expos pr c dent avait pour objectif de donner un aper u suffi samment d taill de La Connaissance Objective pour rendre intelli gible un texte dense et souvent abscons et permettre d en saisir ses principaux tenants et aboutissants Il s agit ici d aller plus en avant en discutant l int r t de l ouvrage pour un chercheur en gestion sachant d une part que les th ses de K Popper concernent essentiellement le do
38. hers as others have to deal with 2 a popperian approach for management research is not in conceivable without predjuging its superiority Key words epistemology Popper knowledge methodology research in management 2 L auteur remercie les deux lecteurs anonymes du pr sent travail pour leurs commentaires et suggestions L auteur est membre du Crepa de l Universit de Paris IX Dauphine Finance Contr le Strat gie Volume 2 N 3 septembre 1999 p 25 62 26 La Connaissance objective de Karl Popper Les ann es 90 ont t marqu es par un d veloppement des flexions sur le statut pist mologique de la gestion Le probl me n est pas sans enjeu L obtention du statut de science conditionne pour partie au moins la reconnaissance acad mique de cette discipline Au del l enseignement et le chercheur en gestion ne peuvent chapper deux questions quelle connaissance transmettre aux tudiants et donc comment d velopper la connaissance en gestion La seconde question est sans doute pr gnante dans l esprit du jeune chercheur d s le d but de la r alisation de sa th se de doctorat simplement parce qu elle est troitement associ e la l gitimit de son travail La premi re question appara t peut tre plus tardivement lorsqu on se sent investi de cette mission qu est le transfert de connaissance Il n est pas tonnant dans ces condition
39. id e d un troisi me monde apporte une contri bution la th orie de la compr hension l herm neutique Avant d expliciter cette th se il est n cessaire de pr ciser ce qu est la th orie de la compr hension parce que cela permet de comprendre l int r t qu y porte K Popper Selon M Grawitz 1996 p 372 la compr hen sion consiste percevoir le sens v cu par les acteurs sociaux Elle se distingue de l explication et serait indispensable dans les sciences soci Fabien Blanchot 37 les 4 C est d ailleurs pour certains une sp cificit des sciences sociales par rapport aux sciences de la nature leur t che centrale est de com prendre les hommes et non pas la nature c est dire de comprendre les actions humaines et les productions de l esprit humain par identification intuitive avec les autres hommes K Popper 1998 p 284 1988 p 27 32 Cette d finition sugg re que la compr hension ait pour objet essen tiel le monde 2 et constitue une m thode subjective qui rel ve aussi du deuxi me monde Ce que pr tend notamment K Popper c est que si les processus recouverts par le terme de compr hension sont effecti vement des activit s subjectives le r sultat final de ces activit s c est dire l tat final de compr hension ou interpr tation peut tre consid r comme un objet du troisi me monde une sorte de th orie En con s quence on peut discuter du m rite d une nterpr t
40. ition initiale soit respect e on ne pourra pas savoir si c est la loi 1 qui est fausse la loi 2 ou les deux C est le probl me dit de Duhem Quine A Mingat et al 1985 p 205 Et on ne pourra jamais le savoir puisqu aucune des deux lois n est individuellement tes table 22 Ce qui ne remet pas en cause la valeur instrumentale de la th orie voir A Chalmers 1987 p 237 sq Fabien Blanchot 55 ont produits et que le recueil de la pens e subjective de ces acteurs par questionnaire ou entretien n est donc pas la seule approche envisagea ble Il s agit d une d marche qui si elle est possible ne peut tre n gli g e Par exemple l analyse d un contrat d alliance peut nous donner des indications sur les raisons en particulier non avouables qui peuvent avoir conduit un drigeant rechercher ce mode relationnel Ainsi la pr sence d une clause pr voyant la mise en place d une quipe com mune alors m me que l organisation du point de vue de laquelle on se place ne dispose pas la diff rence de son partenaire des comp ten ces requises pour l activit consid r e elle ne fait pas partie de son m tier repose sur des savoir faire diff rents peut tre interpr t e comme le souhait qu a son dirigeant de b n ficier d un apprentissage in ter organisationnel L existence de proc dures formelles visant diffu ser le savoir acquis par les salari s affect s l quipe commu
41. loppement de la connaissance Comme le sugg re la m thode des conjectures et r futations c est gr ce l interaction entre nous ler et 2e monde et le 3e monde que la connaissance objective se d ve loppe Il existe un effet de r troaction important de nos cr ations 3e monde sur nous m mes 2e monde car les nouveaux probl mes qui mergent nous stimulent pour de nouvelles cr ations Ensuite une pis t mologie qui tudie le 3e monde peut nous aider comprendre de lar ges pans du deuxi me monde celui de la conscience subjective en particulier les processus de pens e subjective des scientifiques alors que la r ciproque n est pas vraie Pour tayer cette th se K Popper part de l exemple de la biologie pour aboutir celui de l pist mologie En substance les principales tapes de sa d monstration sont les sui 36 La Connaissance objective de Karl Popper vantes Premi rement un biologiste peut s int resser au comportement des animaux mais aussi aux structures non vivantes que les animaux produisent toiles d araign es Deuxi mement l tude des structures non vivantes pose deux cat gories de probl mes ceux relatifs aux ma ni res dont les animaux se comportent quand ils difient ces structures et ceux relatifs aux structures elles m mes propri t chimie volution des mat riaux utilis s Troisi mement la discussion des probl mes de la deuxi me cat gorie soul
42. maine des sciences physiques et que d autre part la gestion est en core la recherche de son statut D une fa on g n rale on peut atten dre d un crit en pist mologie qu il apporte des l ments de r ponse trois principales questions J L Le Moigne 1995 p 4 e Qu est ce que la connaissance question gnos ologique e Comment est elle constitu e ou engendr e question m thodo logique e Comment appr cier sa valeur ou sa validit question thique 48 La Connaissance objective de Karl Popper L ouvrage tudi apporte effectivement des l ments de r ponse aux deux derni res questions la premi re n tant pas trait e compte te nu de la position anti essentialiste de l auteur ce qui ne l emp che pas de donner une d finition de la connaissance Simplement il ne pr tend pas proposer une d finition qui serait meilleure qu une autre Elle n a en d autres termes qu un r le instrumental C est donc autour de ces deux consid rations m thodologiques et thiques que l on discutera l int r t de La Connaissance Objective pour le chercheur en ges tion 3 1 Consid rations m thodologiques Le sch ma du d veloppement de la connaissance expos par K Popper constitue avant tout une th orie explicative de l mergence et du progr s de la connaissance mais peut galement tre consid r comme un cadre m thodologique coh rent pour le chercheur
43. marcation qui permet de distinguer les nonc s des sciences empiriques des nonc s non empiriques un nonc est empirique Fabien Blanchot 59 On ne peut l gitimement pr tendre que ces deux crit res sont una nimement reconnus par le monde universitaire et les pouvoirs publics la conception popperienne de la science n tant pas exempte de criti ques N anmoins on ne peut davantage soutenir qu ils sont moins ac cept s que d autres D une part le falsificationisme ou r futationisme ou infirmationisme demeure une position pist mologique d fendue voir par exemple M Blaug 1994 pour ce qui concerne la discipline conomique D autre part K Popper reste l une des figures marquan tes de l pist mologie contemporaine J Girin 1990 p 171 et il n est pas contest que ses contributions continuent de faire r f rence dans la plupart des institutions de recherche et d enseignement D Hands 1998 p 377 J L Le Moigne 1995 p 13 Si l on admet cette reconnais sance il reste d terminer dans quelle mesure les productions de connaissance en gestion peuvent respecter les crit res popperiens L utilisation du premier crit re ne semble pas inconcevable en ges tion Il importe cependant de bien pr ciser que la production d explications causales n exige pas d adh rer une th se d terministe tout au moins dans son sens le plus fort Ce sens fort c est celui qui af firme l existenc
44. me une th orie explicative particuli re l application de l une et ou l autre de ces trois d marches qui participe pour partie tout au moins d une autocritique appara t tout fait coh rente Outre le fait qu elle explicite les moyens de d couverte d un probl me l int r t de cette typologie est de sugg rer la pluralit des d marches possibles et donc que les tudes empiriques exploratoires exemple de deuxi me moyen ne sont pas la seule mani re possible de faire merger des pro bl mes de recherche L analyse et la synth se constituent une alterna tive Par exemple l analyse et la synth se que l on a r alis es sur les r sultats des recherches relatives aux d terminants du succ s des filia les communes F Blanchot U Mayrhofer 1997 a permis de faire le constat d un certain nombre de probl mes qui peuvent constituer le point de d part pour de nouvelles recherches et conceptualisations De la m me fa on l analyse F Blanchot 1998 du mod le d volution de la coop ration d velopp par Y Doz 1996 a permis didentifier un certain nombre d incoh rences ou d ambigu t s qui constituent autant de probl mes pouvant tre la base de nouvelles recherches Il ne Fabien Blanchot 51 s agit pas ici de hi rarchiser les diff rentes approches possibles de l identification d un probl me Mas de souligner le fait que les travaux de la premi re et troisi me cat gories sont tout aus
45. n suffisante En soi cette d finition n est pas critiquable En revanche l inclusion des travaux de K Popper tout comme ceux de Kuhn est contestable sachant que K Popper est ind terministe conteste la doctrine de la r alit ultime 1998 p 302 note 3 qui constitue l un des fondements du principe de mod lisation analytique J L Le Moigne 1995 p 26 et rejette le principe de raison suffisante 1998 p 77 139 171 209 Il n y a finalement que l hypoth se ontologique qui 64 La Connaissance objective de Karl Popper d une t che n cessaire tant les arguments avanc s n ont pas l vidence que l auteur semble leur accorder pour ne pas les justifier Par exemple si la gestion en tant qu objet de recherche n a pas une r alit tangible cela n exclut pas qu il puisse s agir d un objet tout fait r el et donc non chim rique K Popper pr tend bien que le monde des entit s th o riques est r el de sorte qu un tat de compr hension ou plus g n rak ment un objet abstrait peut lui m me tre consid r comme r el Dans ces conditions on con oit mal qu une situation de gestion puisse tre consid r e comme irr elle comme une illusion une vaine imagination tout au moins dans le langage popperien Bibliographie Arnaud G 1996 Quelle strat gie d observation pour le chercheur en gestion Prol gom nes toute recherche in situ conomies et So ci t s
46. ncept de v rit joue principalement le r le d une id e r gula trice il ne nous donne aucun moyen de d couvrir la v rit mais nous aide dans sa recherche La th orie de la v rit retenue est celle de la correspondance th orie selon laquelle la v rit consiste en la correspondance avec les faits Elle se distingue d au moins deux autres th ories de la v rit dont K Popper 1998 p 454 467 critique les insuffisances la th orie de la coh rence un nonc est consid r comme vrai si il est co h rent avec le reste de nos connaissances et la th orie de l utilit pragmatique selon laquelle on devrait accepter une th orie comme vraie si elle s av re pragmatiquement utile si elle r ussit 12 Le contenu logique d un nonc est la classe de tous les nonc s qui en sont la cons quence logique C est autrement dit sa classe de cons quences K Popper 1998 p 103 13 Le contenu de v rit d un nonc est une sous classe du contenu logique d un nonc K Popper 1998 p 104 c est la classe de tous les nonc s vrais qui d coulent d un nonc donn et qui ne sont pas tautologiques un nonc tautologique est un nonc logiquement vrai Fabien Blanchot 35 que l apparition d un sentier d animaux dans la jungle peut ne pas r pondre un plan mais constituer une cons quence non intentionnelle du besoin de se d placer facilement et rapidement Ainsi bien que le 3e mon
47. ne corroborerait cette interpr tation Deuxi mement K Popper indique explicitement qu on peut se servir de son sch ma de r solution des probl mes par conjecture et r futation comme une th orie explicative des actions humaines dans la mesure o toute action peut tre interpr t e comme une tentative pour r soudre un probl me On dispose ici d une contribution qui d passe le champ de l pist mologie et vient s inscrire dans la sph re des th ories de l action mais qui n est pas d nu e de toute implication m thodologique La th o rie de l action de K Popper pr tend que l action humaine est la r sul tante des probl mes auxquels sont confront s les hommes et du contexte dans lequel doivent tre r solus ces probl mes Et expliquer l action humaine consisterait formuler des hypoth ses sur le probl me et le contexte situation de probl me logique sous jacent c est dire proposer une reconstruction conjecturale du probl me et de son arri re plan Il s agit l assur ment d une consid ration m thodologique puis qu elle sugg re la fa on d analyser les actions humaines On peut noter qu elle co ncide remarquablement avec la fa on dont J Girin 1990 sugg re d analyser les actions et les interactions en situation de gestion mettre des hypoth ses sur le motif de l action et les contextes de cette action Toutefois il existe au moins une diff rence entre les deux ap pr
48. oches Si l on suit la conception popperienne il est inutile m me lors 56 La Connaissance objective de Karl Popper que cela est envisageable de chercher se mettre la place des acteurs pour ce faire l ment subjectif du deuxi me monde Au contraire J Girin 1990 p 166 pr conise une authentique socialisation de lon gue dur e sur le terrain pour comprendre les significations propres aux acteurs tout au moins pour les moins formalis es d entre elles Cer tes cette immersion dans l organisation peut aider mieux cerner la si tuation de probl me des acteurs et ainsi mieux permettre de rendre compte du caract re appropri de leurs actions Cependant outre le fait qu elle n est pas toujours possible elle limite la critique intersubjective des r sultats d observation En effet ils ne d crivent pas une situation observable pouvant faire l objet de tests ind pendants2 En con s quence les conditions remplir pour permettre le d veloppement de la science et donc pour que l on puisse qualifier la connaissance produite de scientifique dans une perspective popperienne ne sont plus stricte ment remplies D s lors la socialisation ne peut avoir qu une vertu heu ristique seuls des objets du troisi me monde tels que des documents d entreprise et des comptes rendus crits d entretien pouvant tre utili s s pour rendre compte d une situation de probl me 3 2 Consid ra
49. odologie conomique conomica Boyer A 1994 Introduction la lecture de Karl Popper Presses de l cole Normale Sup rieure Chalmers A F 1991 La fabrication de la science La D couverte Chalmers A F 1987 Qu est ce que la science La D couverte Cohen E 1998 pist mologie de la gestion in Y Simon P Joffre dir Encyclop die de Gestion conomica p 1158 1178 Commission Pineau Valencienne 1991 Recherche en gestion bilan et perspectives Revue Fran aise de Gestion janvier f vrier p 114 121 Contractor F J Lorange P 1988 Competition vs Cooperation a Benefit Cost Framework for Choosing between Fully Owned Invest ments and Cooperative Relationships Management International Review Special Issue p 5 18 Doz Y 1996 The Evolution of Cooperation in Strategic Alliances Initial Conditions or Learning Processes Strategic Management Journal vol 17 Special Issue p 53 83 Girin J 1990 L analyse empirique des situations de gestion k ments de th orie et de m thode p 141 182 in A C Martinet coord pist mologie et Sciences de Gestion conomica Grawitz M 1996 M thodes des sciences sociales Dalloz Hands D W 1998 Positivism in J B Davis et al Ed The Handbook of Economic Methodology Edward Elgar p 374 378 Igalens J Loignon C 1997 Pr venir les conflits et accompagner les changements L observation sociale a
50. onnaissances qui seront produi tes Poser un probl me pertinent de recherche n est assur ment pas af faire ais e Mais les d veloppements pr c dents nous renseignent sur la 50 La Connaissance objective de Karl Popper fa on dont il peut merger Un probl me tant une attente d ue il s agit de cr er une telle situation D une part ceci suppose de disposer d un fonds de connaissances relatif au domaine dans lequel le probl me doit merger En ce qui concerne la gestion ce fonds de connaissances peut r sulter d exp riences pass es stages de lectures de suivi des m dias ainsi bien entendu que du suivi d enseignements sp calis s D autre part il faut que ce fonds de connaissances soit contrari Il existe trois moyens pour ce faire 1 rechercher les contradictions ventuelles au sein m me de nos th ories explicatives faisant partie de notre fonds de connaissances 2 se confronter et donc confronter notre propre fonds de connais sances la r alit du fonctionnement des organisations aux faits 3 confronter nos connaissances actuelles notre fonds de conna sances avec les autres th ories existantes et rechercher les ventuelles contradictions On l aura remarqu il s agit des trois mani res sugg r es par K Popper 1998 p 395 pour critiquer une th orie explicative et favori ser l mergence de nouveaux probl mes Notre fonds de connaissances tant lui m
51. oppement par int gration qui caract rise l arbre de la connaissance pure r sulte de deux facteurs D une part il r sulte du but de celui qui recherche la connaissance pure satisfaire sa curiosit en r pondant des questions du type com ment et pourquoi par des explications Cette qu te la d couverte d explications satisfaisantes de tout ce qui nous tonne et para t n ces siter une explication est aussi peut on dire le but de la science tout au compl te entre recherche fondamentale et recherche appliqu e ou instrumen tale Ce sont toutes deux des t ches de la science K Popper 1998 p 515 sq 4 Expression na ve selon K Popper car des scientifiques diff rents peuvent poursuivre des buts diff rents et la science elle m me n a pas de but Pourtant la conception rationnelle qu a l auteur de l activit scientifique implique que la science doit avoir un but car une activit rationnelle doit avoir un but Tel que d fini le but de la science peut tre motiv par une curiosit purement th orique ou inutile recherche pure ou fondamentale ou la volont de r soudre des 30 La Connaissance objective de Karl Popper moins empirique Pour comprendre le r le de cette ambition dans le d veloppement par int gration de la connaissance il importe d apporter quelques pr cisions sur ce qu est une explication ou plus pr cis ment une th orie explicative une explication c
52. orie volutionniste du monde que l on peut formuler en 12 points K Popper 1998 p 364 369 1 Tous les organismes sont constamment engag s dans la r solu tion de probl mes 2 Ces probl mes sont des probl mes en un sens objectif on peut les reconstruire hypoth tiquement apr s coup 3 La r solution des probl mes passe par la m thode d essai et d erreur 4 L limination de l erreur peut s effectuer par limination com pl te des formes qui ont chou ou par volution titre d essai des contr les qui modifient ou suppriment les organes hypoth ses qui ont chou 5 L organisme individuel int gre les contr les d velopp s durant l volution de son phylum cha ne d organismes en volution h quelle appartient l organisme individuel 8 6 L organisme individuel est lui m me une solution l essai sa relation son phylum est comparable celle qui existe entre les ac tions d un organisme individuel et cet organisme individuel 7 La cha ne d volution fondamentale peut tre d crite au moyen de la formule t tradique de la m thode des conjectures et r futations P1 gt TS gt EE gt P2 8 Il y a une multiplicit de solutions l essai TS1 TS2 9 Ce sch ma est diff rent de celui du n odarwinisme Selon ce dernier il existe un seul probl me celui de la survie Comme dans le mod le de K Popper il y a une multiplicit de tentatives de
53. our K Popper la v rit est bien videmment objective A Chalmers 1987 p 235 Notons par ailleurs qu en af firmant que le monde des entit s th oriques est r el K Popper s oppose explici tement aux instrumentalistes qui ne con oivent les entit s th oriques que comme de pures fictions voir A Chalmers 1987 p 238 En qualit de r aliste il s oppose bien entendu aussi l id alisme K Popper p 90 98 cette derni re th orie affirmant que le monde n est rien d autre qu un r ve quelque chose d imaginaire une vue de l esprit et donc une pure cr ation de cet esprit Fabien Blanchot 41 riences sensorielles Selon cette conception notre connaissance est constitu e de perceptions accumul es empirisme na f ou de percep tions assimil es th orie kantienne Notre esprit ressemble un seau dans lequel perceptions et connaissances s accumulent La connais sance n est autre que nos exp riences C est une connaissance subje c tive Les empiristes conseillent donc de n interf rer aussi peu que possi ble avec ce processus d accumulation de la connaissance La connais sance vraie est une connaissance pure non contamin e par nos pr ju g s elle suppose que seules interviennent nos perceptions qui consti tuent la pure exp rience L intervention de nos pr jug s cr e de l erreur Kant quant lui nie que les perceptions puissent tre pures et affirme que notre connaissan
54. quoi que ce soit sur le monde il faut avoir eu des perceptions des exp 15 Chalmers 1987 p 234 indique que le r alisme contient la notion de v ri t Pour le r aliste la science cherche formuler des descriptions vraies de ce qu est r ellement le monde Une th orie qui d crit correctement un aspect du monde et son comportement est vraie Il distingue le r alisme de l instrumentalisme qui comprend galement la notion de r alit mais dans un sens diff rent Les descriptions du monde observables seront vraies ou faus ses selon qu elles le d crivent correctement ou non Cependant les construc tions th oriques ne seront pas jug es en termes de v rit ou de fausset mais plut t en termes de leur utilit en tant qu instruments Ce rapprochement en tre r alisme et v rit ne doit pas faire croire une esp ce d identit entre les deux Le lien troit entre r alisme et v rit proc de de ce que l id e de v rit n a pas de sens si on croit que le monde n est qu un r ve Autrement dit l id e de v rit suppose de postuler l existence d un r el puisqu une th orie ne peut tre consid r e comme vraie ou proche de la v rit que dans la mesure o elle d crit et explique la r alit ou puisqu elle consiste en la correspondance avec les faits ou avec la r alit Sauf bien entendu concevoir qu une v rit puisse tre subjective et non uniquement objective P
55. r l conomiste L Von Mises de F Wacheux 1996 p 40 sq sur la socio logie compr hensive ou encore de J Igalens C Loignon 1997 p 35 sq sur la sociologie actionniste 38 La Connaissance objective de Karl Popper truction id alis e de la situation de probl me dans laquelle s est trouv l agent dont l action est tudi e et rendre ainsi l action compr hensible ou tout au moins rationnellement compr hensible c est dire ad quate pour sa situation d agent telle qu il la percevait En particulier un but de l analyse situationnelle est de distinguer entre la situation telle que l agent l a per ue et la situation telle qu elle tait dans les deux cas se lon nos conjectures 2 Positionnement de la conception popperienne de la connaissance La conception popperienne de la connaissance et de son d veloppe ment n est pas un produit n du n ant Conform ment au propre sch ma de K Popper elle s est constitu e en r action d autres doctrines philosophiques et peut tre consid r e comme une solution aux probl mes pos s par ces autres conceptions de la connaissance Sa compr hension passe donc par une mise en perspective C est l objet de cette section 2 1 Une alternative aux conceptions subjectivistes de la connaissance Les conceptions subjectivistes de la connaissance tudient la connaissance ou la pens e en un sens subjectif qui appartient au d
56. rmes de l quation de sorte que la seule preuve dont on peut disposer quant la sup riorit d une filiale commune par rapport une filiale 100 est qu une filiale commune a t choisie en lieu et place d une filiale 100 Autrement dit la seule preuve dont on peut disposer en faveur de l explicans va leur comparative d une filiale commune est l explicandum choix ou non d une filiale commune 54 La Connaissance objective de Karl Popper La seconde illustration se r f re la th orie des co ts de transaction O E Williamson 1975 1985 De fa on tr s simplifi e cette th orie sugg re notamment qu une activit sera internalis e lorsque les co ts qu engendre une transaction de march pour acqu rir les outputs de cette activit d passent les co ts bureaucratiques de son internalisation Comme dans les faits il n est pas possible d obtenir un calcul incontes table de ces co ts la seule preuve dont on peut disposer quant par exemple l inf riorit des co ts de transaction par rapport aux co ts bu reaucratiques dans une situation donn e est qu une relation de march soit effectivement constat e dans ce type de situation2 L explicans l importance relative des co ts de transaction a donc pour seule preuve possible l explicandum le mode de gouvernance 2 Enfin on peut relever deux contributions ayant trait la fa on dont on peut comprendre les actions h
57. rs hypoth ses r sultats et autres observations La discussion criti que ne peut certes jamais tablir de raison suffisante pour pr tendre c s particuliers propres au cas sp cial dont il est question Voir K Popper 1998 p 510 sq 1988 p 154 sq 7 Exemple adapt de K Popper 1998 p 300 8 Une th orie ou une loi universelle est une th orie ou loi qui affirme quelque chose sur le monde sur toutes ses r gions spatio temporelles 32 La Connaissance objective de Karl Popper qu une th orie est vraie c est dire en accord avec les faits Mais elle peut tablir des raisons suffisantes pour pr tendre qu une th orie est meilleure qu une autre la plus forte la mieux test e et donc la plus proche de la v rit Autrement dit la discussion critique permet la re cherche de la v rit au sens d une meilleure approximation de la v rit ou d une plus grande v risimilitude Et une th orie T2 aura plus de v ri similitude qu une th orie T1 si 1 on peut en d duire plus d nonc s vrais mais pas plus d nonc s faux ou 2 on peut en d duire au moins autant d nonc s vrais mais moins d nonc s faux 1 2 Une d finition objectiviste de la connaissance Le sch ma pr c dent repose sur une conception particuli re de la connaissance dont la pr sentation permet de mieux caract riser l pist mologie popperienne sa th orie de la connaissance Afin d expliciter sa
58. rt l option d agir seul C1 r duction de co ts directs par rapport l option d agir seul C2 r duction de co ts indirects par rapport l option d agir seul r duction de gains directs par rapport l option d agir seul R4 r duction de gains indirects par rapport l option d agir seul C1 co ts directs suppl mentaires par rapport l option d agir seul C2 co ts indirects suppl mentaires par rapport l option d agir seul part du profit de la firme r alisant l analyse avec 0 lt lt 1 1 part de profit du partenaire CV b n fice engendr par l op ration conjointe Revenus ou co ts directs concernent le projet consid r Revenus ou co ts indirects concernent l entreprise au del du projet consid r On montre ailleurs que ce mod le ne peut tre consid r comme un outil de gestion op rationnel F Blanchot 1997b Dans ces conditions on peut se demander s il ne peut s agir d une th orie o l explicandum serait le choix effectivement retenu par les entreprises et l explicans la sup riorit ou non d une filiale commune par rapport une filiale 100 au regard de la pr c dente quation Si l on admet le principe pr c demment rappel alors on peut en conclure qu il ne peut non plus s agir d une th orie tout au moins testable En effet il n est pas possible dans les faits de d terminer pr cis ment la valeur des te
59. s que l enseignant chercheur en gestion consacre de son temps ces questions m me si ce genre de r flexion ne peut constituer l essentiel de son travail Logiquement ce devrait m me tre sa t che premi re d un point de vue temporel puisque la d finition d une strat gie de recherche et le cas ch ant d un projet p dagogique d pend de la r ponse aux deux questions pr c dentes L ambition de cet article n est pas de proposer un vade mecum l attention notamment du doctorant Ce serait un projet bien ambitieux sinon pr somptueux Il est simplement d exposer le point de vue d un philosophe des sciences dont la renomm e n est plus faire Karl Pop per 1902 1994 partir de la pr sentation d un de ses ouvrages fon damentaux La connaissance Objective 1979 1998 et d en discu ter l utilit pour le chercheur en gestion Le choix de cet ouvrage n est pas un hasard puisqu il traite justement du processus gr ce auquel nos th ories peuvent se d velopper et progresser Il s agit en fait d un re cueil volumineux 578 pages de 10 articles et textes de conf rences an t rieurement publi s et ou expos s entre 1948 et 1971 auxquels s ajoute un appendice propre la seconde dition de 1979 comprenant les r pon ses de K Popper aux critiques avanc es contre ses conceptions expo s es dans l ouvrage depuis sa parution en 1972 Dans une premi re partie nous exposons tout d
60. s les plus videntes ne sont pas satis faisantes et ainsi passer des solutions th ories meilleures En effet cela permet d identifier o g t la difficult en d couvrant pourquoi cer taines solutions de prime abord ne marchent pas K Popper 1998 p 280 283 Cette id e cautionne s il en est besoin les s minaires de recherche et de pr sentation doctorale puisqu il s agit l de lieux privil gi s pour soumettre des solutions inad quates la critique et ainsi ac cro tre les chances d am liorer notre compr hension de certains pro bl mes Souvent la d finition d un probl me conduit faire appel des concepts tels que par exemple ceux de comp tence ou de coop ration On peut alors tre tent d en chercher la bonne d finition En tout cas il s agit l d une tendance fr quente si l on en juge par nos exp 52 La Connaissance objective de Karl Popper riences v cues en colloque ou s minaire On a indiqu ailleurs qu il n existait pas de bonne d finition en soi d un concept la pertinence de chacune reposant sur son ad quation avec l objet de la recherche hb quelle elle est associ e et dont elle constitue le point d ancrage F Blanchot 1997a La position de K Popper sur les probl mes relatifs la signification des concepts et des mots nous conforte dans cette ana lyse Il consid re que ces probl mes sont sans importance car les concepts ne sont
61. si cruciaux que ceux de la seconde et qu ils sont m me indispensables d s lors que le fonds de connaissances du chercheur est tr s incomplet dans le domaine o il entend s investir ce qui est souvent le cas dans les nouveaux projets En effet s en tenir une tude exploratoire risque de conduire la for mulation de probl mes dont la pertinence est limit e si les travaux exis tants sur les probl mes identifi s s av rent nombreux et riches d enseignement Au del si l on reconna t que le monde 3 des th ories est un monde autonome qui cr e ses propres probl mes cela signifie que m me pour la recherche en gestion l acc s au terrain n est pas une condition toujours n cessaire pour faire des d couvertes La d finition d un probl me n implique pas n cessairement qu il soit compris En effet comprendre un probl me consiste d couvrir qu il y a une difficult et o g t la difficult K Popper 1998 p 282 Or les probl mes de recherche que l on d finit peuvent tre vagues et on peut ne pas toujours en cerner toutes les difficult s c est dire pourquoi ils ne sont pas faciles r soudre Il s agit d une situation possible lorsque l on s engage dans un nouveau projet de recherche La solution propos e par K Popper consiste laborer une solution inad quate puis la critiquer ou la faire critiquer par d autres Ce faisant on peut identifier pourquoi les solution
62. ss dent pas le moyen de l gif rer sur le crit re satisfaire pour juger acceptable ou scientifique un domaine de savoir Si l on admet qu il ne peut exister un crit re absolu permettant de distinguer ce qu est une science d une non science alors rien ne nous autorise int grer ou rejeter des connaissances en raison d une conformit avec un quelconque crit re donn de scientifici t A Chalmers 1987 p 267 Cela signifie que rien n autorise a priori rejeter la gestion en tant que domaine de connaissance du champ de la science On pourrait donc s en tenir l et consid rer qu il 58 La Connaissance objective de Karl Popper n y a plus lieu de d battre du statut de la gestion Mais ce serait se pri ver de la possibilit de r soudre deux probl mes persistants et de taille celui de la menace sur la survie d une discipline qu implique une non reconnaissance de sa scientificit par la soci t actuelle et celui de la n cessaire valuation des connaissances produites au sein d une disci pline pour viter cette pollution intellectuelle dont parle I Lakatos 1974 On disposerait d une solution satisfaisante sinon de la meilleure ces deux probl mes d s lors que deux conditions seraient remplies e Ja production dans le domaine de la gestion de connaissances qui respecte des crit res de validit clairement d finis e Ja reconnaissance par la soci t actuelle
63. stinguer plus de trois mon des Le choix retenu n est qu affaire de commodit Fabien Blanchot 33 rence des nonc s du type je sais que vous essayez de me provo quer je sais que l on n a jamais d montr tel th or me C est la connaissance du sujet sur quelque chose Elle consiste en un tat d esprit ou de conscience en une disposition un comportement ou une r action Par exemple quand on dit la pens e d untel fut influen c e par celle d untel alors on fait r f rence des actes de pens es au sens subjectif et le mot influence indique un contexte de processus de pens e La seconde fait r f rence aux branches du savoir la science l art Elle fait aussi r f rence des nonc s du type tant donn l tat de la connaissance math matique le th or me d untel ne semble pas ind cidable je certifie que cette th se est une contribu tion importante la connaissance Elle consiste en des probl mes des th ories et des arguments en tant que tels C est une connaissance im personnelle qui ne fait pas r f rence ce qu un individu sait C est une connaissance sans connaisseur une Connaissance sans sujet connais sant Ce n est pas l acte subjectif de penser le processus mais le contenu objectif de cette pens e Par exemple quand on dit la pens e d untel diff re de celle d untel alors on parle de contenus De m me quand
64. t la pertinence des propos m me s il continue consid rer comme l gitime l usage intuitif du concept en question K Popper 1998 p 542 545 A Boyer 1994 p 84 60 La Connaissance objective de Karl Popper d terminisme physique ou en sciences sociales celui selon lequel le social conditionne l existence le contenu et l volution des activit s hu maines en quasi totalit 26 A Laurent 1994 p 17 A Mingat et al 1985 p 362 sq Par opposition est ind terministe celui qui affirme que le d terminisme est faux c est dire qu il y a au moins quelques excep tions une pr d termination pr cise Ceci comme le pr cise K Popper 1998 p 337 mplique qu on peut tr s bien tre ind terministe et ad mettre que tout v nement a une cause Cette remarque est essentielle parce qu on pourrait l gitimement douter de la pertinence d explications causales si cela impliquait que l on fasse l hypoth se d une pr d termi nation parfaite en particulier dans le cadre de l analyse des ph nom nes sociaux C est peut tre l une source de confusion que l on trouve dans certaines diatribes constructivistes l encontre de l pist mologie institutionnelle contemporaine J L Le Moigne 1995 p 21 24 7 Sous ces r serves il ne semble pas que la production d explications causales soit incompatible avec le domaine de la ges tion28 savoir l tude des situations d
65. t le degr d universalit gamme des v nements au sujet desquels une th orie est en mesure de faire des pr dictions et le degr de pr cision un nonc pr cis peut tre plus facilement r fut qu un nonc vague sont plus lev s Un autre moyen de comprendre le r le de la th orie explicative dans le d veloppement par int gration de la connaissance consiste tirer les mplications logiques du but de la science si le but de la science est d expliquer elle a aussi pour but d expliquer l explicans on va donc dans le sens d explications dont le degr d universalit est toujours plus lev D autre part le d veloppement par int gration r sulte de ce que le scientifique dispose d un moyen sp cifique pour atteindre son but le langage humain Il nous permet de d crire l tat des choses et de les critiquer Autrement dit il autorise la discussion critique des th ories ex plicatives et ceci de trois mani res 1 en montrant qu une th orie est contradictoire en elle m me 2 en montrant qu elle est incompatible avec les faits 3 en montrant qu elle est incompatible avec d autres connaissances La discussion critique est selon K Popper le principal instrument pour promouvoir le d veloppement de la connaissance Tester les th o ries scientifiques participe de leur discussion critique c est dire de leur discussion rationnelle plus pr cis ment de la discussion critique de leu
66. tions thiques L appellation sciences de gestion conf r e par les instances uni versitaires la discipline qui nous int resse pourrait laisser supposer la pleine et enti re reconnaissance de son statut scientifique Cette recon naissance est pourtant loin d tre acquise ce que ne manque pas de souligner le rapport de la commission Pineau Valencienne 1991 p 119 qui plaide en faveur d une reconnaissance par le Minist re des Finances du statut scientifique de la cherche en gestion apr s avoir soulign 1991 p 115 qu il n est pas acquis que le monde universitaire ou les pouvoirs publics consid rent la gestion comme une discipline scientifi que M me des institutions telle qu Harvard ont pu diffuser l id e 23 En ce sens que ces r sultats d observation ne sont pour partie tout au moins que des perceptions des l ments subjectifs A Chalmers 1991 p 58 62 une connaissance propre au sujet le chercheur sur son objet de recher che bref une connaissance subjective relevant du deuxi me monde Fabien Blanchot 57 comme l indique P Tabatoni 1996 qu il n y avait pas r ellement de th orie de la gestion Cette question du statut de la gestion n est pas superflue Outre ses incidences financ res que l on ne peut ignorer puisqu elles condition nent le d veloppement m me des recherches en gestion c est la port e des productions de la discipline qui est en cause Comment en eff
67. u service des entreprises et des administrations Maxima Lakatos I 1974 Falsification and the Methodology of Scientific Re search Programs in I Lakatos A Musgrave Eds Criticism and the Growth of Knoweldge Cambridge University Press p 91 106 Laurent A 1994 L individualisme m thodologique Que sais je PUF Le Moigne J L 1995 Les pist mologies constructivistes Que sais je PUF 66 La Connaissance objective de Karl Popper Le Moigne J L 1990 pist mologies constructivistes et sciences de l organisation in A C Martinet coord pist mologie et Sciences de Gestion conomica p 81 140 Marchesnay M 1991 De la th orisation en sciences de gestion conomies et Soci t s s rie Sciences de Gestion SG n 17 avril p 195 209 Martinet A C d 1990 pist mologie et Sciences de Gestion conomica 254 p Mingat A et al 1985 M thodologie conomique PUF Mouchot C 1990 D cision et sciences sociales in A C Martinet coord pist mologie et Sciences de Gestion conomica p 31 79 Popper K 1998 La connaissance objective Flammarion traduit de 1979 Objective Knoweldge An Evolutionnary Approach Oxford University Press Popper K 1988 Mis re de l historicisme Plon Tabatoni P entretien men avec 1996 Pierre Tabatoni et l introduction de la gestion en France G rer et Comprendre Anna les des Mines j
68. ue Conclusion En conclusion il appara t que si les th ses popperiennes expos es dans La Connaissance Objective concernent en premier lieu la connaissance dans les sciences physiques elles n ont pas pour autant une utilit pour le chercheur en gestion Il n est m me pas exclu que l pist mologie popperienne puisse servir affirmer le statut scientifique de la gestion Ce constat peut appara tre tonnant lorsqu on consulte les m me si elle n glige le fait en opposant effets pratiques et cognitifs qu une th orie peut avoir simultan ment ces deux effets 32 Contrairement ce que sugg re C Mouchot 1990 Fabien Blanchot 63 travaux critiques de J L Le Moigne 1990 1995 l encontre des pis t mologies positivistes et son affirmation selon laquelle le positi visme pris au s rieux ne permet pas de construire une discipline acad mique enseignable telle que la science de gestion 1990 p 89 Rappelons que les principaux arguments J L Le Moigne 1990 p 98 sont que cette derni re discipline se d finit par 1 un objet chi m rique la gestion qui n a aucune alit tangible et qui ne pr sente gu re de r alit stable les m mes causes n y produisant pas toujours les m mes effets 2 un objet dont la description se modifie au fur et mesure que l observateur le d crit l observateur assurant lui m me qu il se transforme au fil de sa propre observation 3 un objet
69. uin p 71 84 Wacheux F 1996 M thodes qualitatives et recherche en gestion conomica Williamson O E 1985 The Economic Institution of Capitalism Firms Market Relational Contracting The Free Press Williamson O E 1975 Market and Hierarchies Analysis and An titrust Implications Study of Internal Organization The Free Press
70. umaines aspects essentiels en gestion Premi rement on l a indiqu plus haut K Popper soutient que nous pouvons en apprendre beaucoup sur le comportement des producteurs en tudiant les produits eux m mes Appliqu au domaine de la gestion cela sugg re que l analyse d objets du troisi me monde tels que des contrats des comptes rendus de r unions des discours publi s peut tre d un grand int r t pour comprendre le comportement des acteurs qui les 21 La conclusion diff re toutefois d s lors que l on introduit la notion de sp ci ficit d actifs On obtient alors une explication causale d une internalisation par ticuli re partir des pr misses suivantes si l on fait abstraction pour simplifier de l hypoth se de rationalit limit e ainsi que du r le de la fr quence des tran sactions et de l incertitude de l environnement 1 une loi qui stipule qu une activit quelconque A sera internalis e quand les co ts CM qu engendre une transaction de march pour acqu rir les outputs de A d passent les co ts bureaucratiques CB de son internalisation 2 une loi qui stipule que CM gt CB quand A ne requiert que des actifs sp cifiques 3 une condition initiale parti culi re les actifs requis pour l activit consid r e sont idiosyncratiques Dans ce cas l explicans est testable de mani re ind pendante Toutefois en cas de r futation de l explicans et supposer que la cond
71. yance dans les r gularit s se justifie par la r p tition des observa tions qui sont cause de la gen se de cette croyance Mais cette r ponse ne va pas sans poser deux autres probl mes identifi s par Hume Le premier est d ordre logique sommes nous justifi s raisonner partir 42 La Connaissance objective de Karl Popper de cas r p t s dont nous avons l exp rience sur d autres cas les conclusions dont nous n avons pas l exp rience La r ponse de Hume laquelle adh re K Popper est n gative car il n existe aucun argument logique pour tayer une inf rence inductive g n ralisation partir d nonc s portant sur le pass Le second probl me d coule de cette solution au premier probl me et est d ordre psychologique pour quoi dans ces conditions les gens sens s s attendent ils ce que les cas dont ils n ont aucune exp rience se conforment ceux dont ils ont l exp rience et pourquoi y croient ils La r ponse d Hume est que cela provient de la coutume ou de l habitude Nous serions conditionn s par les r p titions et en cons quence notre connaissance serait ind fenda ble d un point de vue rationnel K Popper propose une autre solution qui ne remet pas en cause la rationalit et permet de r soudre le paradoxe d Hume l induction n est pas valide mais les hommes l utilisent de sorte qu ils sont irrationnels nos actes ne reposent pas sur l habitude l

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