signes et manifestations d`appartenance religieuse
Contents
1. Une r union avec un ou quelques bons connaisseurs du quartier lu parent directeur de centre social ou de maison de quartier histoire sociale du quartier d implantation et du bassin de recrutement de l tablissement comment volue la vie sociale et religieuse des familles quelles sont les influences politico religieuses auxquelles les l ves sont soumis comment voluent les relations familiales les relations filles gar ons etc Eventuellement une r union avec des personnels ATOS gestionnaire chef cuisinier infirmi re assistante sociale si le chef d tablissement ne souhaite pas trop largir son quipe de direction2. cela l tablissement constitue pour certaines l ves un lieu relativement prot g par rapport ce qu elles vivent l ext rieur S1 la surveillance semble se rel cher un peu au niveau du lyc e c est sans doute parce que beaucoup de jeunes filles sont parvenues s affranchir de la tutelle de leurs fr res ou du moins ont pass des compromis familiaux acceptables et que d autres ont int gr leur soumission et le manifestent notamment par le port du voile C est au lyc e que semble se nouer le destin de ces jeunes filles entre int gration r volte et r signation Dans le second degr d une mani re g n rale de nombreux cas nous ont t signal s de professeurs femmes ayant fait l objet de propos d sobligeants ou sexistes de la part d l ves Le refus de la part de certains parents d tre re us par une personne du sexe oppos ou de la regarder ou de lui serrer la main ou de se trouver dans la m me pi ce qu elle ou m me de reconna tre sa fonction pour des motifs religieux est particuli rement mal v cu par les professeurs et les personnels d ducation et de direction qui en ont t l objet Plus grave ce type de refus t observ galement pendant le car me musulman de la part de personnels hommes vis vis de coll gues ou sup rieurs hi rarchiques femmes 22 L antis mitisme et le racisme Des institutions et des m dias se sont largement fait l cho du r cent
3. et leur mutation dans l un d eux la moyenne d anciennet des professeurs est inf rieure trois ans On se sent d sarm devant de telles situations Mais la plupart du temps les liens avec le quartier sont loin d tre rompus et comme souvent c est la valeur du chef d tablissement qui d termine largement la qualit des relations sociales On peut citer par exemple ces principaux qui se rendent titre priv aux f tes communautaires et religieuses auxquelles ils sont invit s ou d autres qui ont su entretenir de solides amiti s avec des anciens du quartier des anciens l ves ou le professeur enseignant la langue et la culture d origine ELCO personnes qui servent efficacement de m diateurs en cas de tensions Dans la plupart des cas que nous avons pu observer l existence d un bassin de recrutement large ne se bornant pas au quartier d implantation se r v le un facteur particuli rement favorable l insertion de l tablissement La premi re raison en est la mixit sociale et religieuse qui en r sulte pour les l ves les mod les de vie adolescente se diversifient et se complexifient les relations entre les filles et les gar ons peuvent plus difficilement s exercer sur le mode de la domination et du contr le et sont plus apais es La seconde raison est de permettre au coll ge d chapper au huis clos un peu pesant avec le quartier que l on rencontre ailleurs et m me d
4. l ves juifs arborent ici ou l une plaque de l arm e isra lienne cousue sur leur v tement Ces manifestations vestimentaires ne sont pas faites pour apaiser la vie scolaire mais bien au contraire visent le plus souvent provoquer d autres l ves notamment dans les tablissements scolarisant des l ves de multiples origines Ailleurs elles ont pour but de se d marquer simplement de la France ou de ceux l ves et professeurs que l on nomme les Fran ais On peut dire la m me chose des tenues portant l effigie d une personnalit si la vue de Che Guevara ne semble plus de nos jours susciter beaucoup de r actions il n en est pas de m me videmment de celle de Saddam Hussein ou de Oussama Ben Laden Pour en arriver plus pr cis ment la religion peu de cas signal s concernent les confessions chr tiennes cette jeune fille gitane portant une croix de grande dimension qu elle a accept d enlever la premi re observation et ces l ves de confession assyro chald enne regroup s dans la banlieue nord parisienne qui ont accept de dissimuler sous leurs v tements la croix et le chapelet qu ils arbora ent Les situations mettant en jeu des l ves juifs portant la kippa sont un peu plus nombreuses mais ne semblent pas avoir donn lieu conflit ou contestation pouss e d s lors que le chef d tablissement a demand le retrait du couvre chef un conflit vif cependant avec un prof
5. tablissement et des responsables s expriment et agissent sur ce sujet de fa on d sordonn e Trop souvent galement s est exprim e ce niveau une conception de l action on parle ici par antiphrase fond e sur l vitement tout prix des conflits et la crainte de leur m diatisation Pour trop de responsables un tablissement sans conflits est un tablissement sans probl mes Nos observations tendent plut t tablir la r gle inverse c est l o l on a transig o l on a recul pass des compromis comme on l entend dire souvent que nous avons constat les d rives les plus graves et les entorses les plus sensibles la la cit On nous a d crit en de nombreux endroits et nous avons nous m me observ les cons quences d sastreuses pour les tablissements scolaires d une telle strat gie de la paix et du silence tout prix face des adversaires rompus la tactique et prompts utiliser toutes les failles tous les reculs et toutes les h sitations des pouvoirs publics et pour lesquels un compromis devient vite un droit acquis Sur un sujet aussi difficile et aussi grave puisqu il concerne la coh sion nationale et la concorde civile soulignons qu il est chez les responsables deux qualit s qui permettent beaucoup et qu on devrait davantage rechercher d velopper et promouvoir tous les niveaux Ce sont la lucidit et le courage 35 Annexe 1 IGEN EVS Groupe d tude
6. L insertion des tablissements scolaires La d scolarisation Deuxi me partie l tablissement et la vie scolaire Les signes et tenues vestimentaires La nourriture Le calendrier et les f tes Le pros lytisme Les refus de la mixit et les violences l encontre des filles L antis mitisme et le racisme Les contestations politico religieuses Troisi me partie l enseignement et la p dagogie L ducation physique et sportive Les lettres et la philosophie L histoire la g ographie et l ducation civique Les math matiques Les sciences de la vie et de la Terre Les langues vivantes Les disciplines artistiques Les enseignements professionnels Les sorties scolaires Quelques r flexions sur les l ves les professeurs et les personnels d encadrement Conclusion et propositions Des volutions inqui tantes qui appellent une r ponse d ensemble Tout faire pour d velopper la mixit sociale des tablissements scolaires Former et aider les professeurs r pondre aux contestations de l enseignement Piloter plus fermement tous les niveaux Annexes Pages I FR 10 11 12 13 14 14 15 17 18 20 21 22 23 24 25 26 27 27 28 28 28 29 30 31 32 32 33 35 Pr sentation de l tude L id e de cette tude a merg au printemps de 2003 un moment o le d bat m diatique et politique sur la la cit ne s tait pas encore cristallis autour de la question des signes religieu
7. objet de prescriptions rigoureuses comme le maquillage la jupe et la robe sont interdites le pantalon est sombre ample style jogging la tunique doit descendre suffisamment bas pour masquer toute rondeur Dans telle cit on nous dit que les filles doivent rester le week end en pyjama afin de ne pouvoir ne serait ce que sortir au pied de l immeuble Dans tel lyc e elles enfilent leur manteau avant d aller au tableau afin de n veiller aucune concupiscence Presque partout la mixit est d nonc e pourchass e et les lieux mixtes comme les cin mas les centres sociaux et les quipements sportifs sont interdits A plusieurs reprises on nous a parl de la recrudescence des mariages traditionnels forc s ou arrang s d s 14 ou 15 ans Beaucoup de jeunes filles se plaignent de l ordre moral impos par les grands fr res peu osent parler des punitions qui les menacent ou qu on leur inflige en cas de transgression et qui peuvent rev tir les formes les plus brutales celles qui mergent parfois l occasion d un fait divers Les violences l encontre des filles ne sont h las pas nouvelles ce qui l est davantage est qu elles puissent tre commises de plus en plus ouvertement au nom de la religion L action des municipalit s et des associations Selon certains de nos interlocuteurs face ces volutions pour le moins inqui tantes les pouvoirs publics ne semblent pas toujours r agir la
8. ou encore appr cier tel enseignant pour sa capacit de m diation avec la population d un quartier Les disciplines artistiques Les contestations qui affectent les enseignements d arts plastiques et d ducation musicale sont les m mes dans les coll ges que celles signal es pour les coles primaires en particulier les refus de repr senter un visage de jouer de la fl te ou de pratiquer le chant choral Les enseignements professionnels Le seul enseignement qui semble tre l objet de manifestations d appartenance religieuse est celui de la cuisine pr sent en lyc e professionnel h tellerie restauration biotechnologies et en SEGPA Des l ves la totalit parfois refusent de cuisiner du porc et de manipuler et go ter la viande non consacr e L emploi de gants ne r sout pas tous les probl mes puisque certains l ves poussent le z le religieux jusqu refuser de regarder la viande de porc On ne peut que s interroger sur les conditions de pr paration et de passage par ces l ves de l examen final du dipl me 29 L autre probl me signal est celui des stages en entreprise On sait les discriminations caract re raciste qui visent les l ves noirs et d origine maghr bine dans plusieurs secteurs professionnels Des chefs d entreprise demandent explicitement aujourd hui l absence de signes ou de tenues vestimentaires marquant l appartenance religieuse chez les l ves qu ils accueille
9. s sur ces questions par vos inspecteurs la r ponse des professeurs a t partout un non sonore et sans appel 31 Conclusion et propositions Ce que nous avons observ dans les tablissements scolaires implant s dans les quartiers o sont concentr es des populations issues de l immigration maghr bine parfois turque africaine ou comorienne quartiers de plus en plus homog nes sur le plan social et religieux n est manifestement que la partie scolairement visible d un ph nom ne bien plus profond dont l volution constitue vraisemblablement l une des cl s de notre avenir La r alit semble bien en effet tre la suivante pour la premi re fois dans notre pays la question religieuse se superpose au moins en partie la question sociale et la question nationale et ce m lange lui seul d tonnant entre en outre en r sonance avec les affrontements majeurs qui structurent d sormais la sc ne internationale Des volutions inqui tantes qui appellent une r ponse d ensemble Dans certains quartiers qui sont loin r p tons le de se cantonner aux banlieues des grandes villes se sont d j difi es des contre soci t s closes dont les normes sont le plus souvent en fort d calage voire en rupture avec celles de la soci t moderne et d mocratique qui les entoure Il ne s agit nullement pour ces populations d un repli identitaire des plus anciens mais bien d une identit de substitu
10. un apport de 33 connaissances historiques et ou philosophiques et sont souvent abstraites Elles restent surtout tr s loign es des situations rencontr es par les jeunes professeurs qui ne voient pas en quoi savoir comment se sont conclus il y a un si cle les conflits qui ont oppos la R publique l Eglise catholique peut les aider traiter les probl mes provoqu s par les Fr res musulmans le Tabligh ou le B tar dans leur classe Il conviendrait donc plut t de centrer les apports de connaissances qui ne sont pas inutiles sur les religions et les groupes qui influencent aujourd hui les l ves et d organiser une formation pratique centr e sur des tudes de cas r els Ces recommandations valent galement pour la formation continue Enfin les inspecteurs territoriaux devraient tre vivement engag s par les autorit s acad miques et nationales aller s int resser de pr s aux contestations religieuses des enseignements r unir les professeurs et les conseillers d ducation et les aider y r pondre de mani re coordonn e et pertinente Sans doute ne serait il pas inutile que ces inspecteurs territoriaux ainsi d ailleurs que d autres personnels d encadrement re oivent au pr alable une formation ad quate leur permettant ensuite de mieux aider les professeurs et les conseillers d ducation faire face certains comportements d l ves Les IUFM les dispositifs acad miques de formation co
11. La plupart n taient plus soumises l obligation scolaire DEUXIEME PARTIE L tablissement et la vie scolaire Comme on va le voir ci dessous les manifestations d appartenance religieuse d l ves de parents parfois de personnels les exemples sont heureusement rares peuvent marquer les principaux aspects de la vie de ces personnes au sein d un tablissement scolaire comme la mani re de se v tir de se nourrir et d investir le temps Ces manifestations sont susceptibles d affecter s rieusement les relations et la vie scolaire et de se traduire par des d rives pr occupantes et parfois d stabilisantes comme le pros lytisme le refus de la mixit et la violence l gard des filles l antis mitisme et le racisme ou les contestations politico religieuses Telles sont donc les entr es que nous avons retenues dans cette seconde partie Les signes et tenues vestimentaires La manifestation d une appartenance passe souvent chez les jeunes par le marquage corporel et vestimentaire qui est la mani re la plus simple en tout cas la plus imm diatement visible de s identifier Elle ne concerne pas que la religion ou que les jeunes filles et ne se r duit pas au couvre chef On voit ainsi se multiplier chez les l ves le port de v tements repr sentant un drapeau national par exemple alg rien marocain ou isra lien embl mes galement d ploy s lors de manifestations sportives scolaires Des
12. d veloppement de l antis mitisme dans la vie sociale et dans les tablissements scolaires Nous ne pouvons h las que confirmer l ampleur et la gravit d un ph nom ne qui prend deux formes principales D une part on observe la banalisation parfois d s le plus jeune ge des insultes caract re antis mite Le mot juif lui m me et son quivalent feuj semblent tre devenus chez nombre d enfants et d adolescents une insulte indiff renci e pouvant tre mise par quiconque l endroit de quiconque Notre sentiment est que cette banalisation ne semble en moyenne que peu mouvoir les personnels et les responsables qui mettent en avant pour justifier leur indiff rence le caract re banalis et non cibl du propos ou encore l existence g n ralis e d insultes caract re raciste ou x nophobe entre l ves visant par exemple les arabes ou les yougoslaves une composante de la culture jeune en quelque sorte D autre part les insultes les menaces les agressions bien cibl es cette fois ci se multiplient l encontre d l ves juifs ou pr sum s tels l int rieur comme l ext rieur des tablissements elles sont g n ralement le fait de condisciples d origine maghr bine Dans les t moignages que nous avons recueillis les v nements du Proche Orient ainsi qu une sourate du Coran sont fr quemment invoqu s par les l ves pour l gitimer leurs propos et
13. des lieux de culte sont aussi pour nos interlocuteurs un l ment important de la vie du quartier et de celle des l ves Les descriptions varient sensiblement d un lieu l autre Ici une seule mosqu e l affiliation connue et la gestion semble t il transparente L l inverse une multitude de lieux de culte certains quasi clandestins et h berg s dans les endroits les plus divers tel point que dans ce quartier d une grande ville du sud de la France un comit de citoyens musulmans s est constitu pour enqu ter sur la nature et les responsables de ces lieux Peu de professeurs savent qu une mosqu e n est en g n ral pas seulement un lieu de culte mais aussi un lieu d enseignement comportant des salles de classe Elle est aussi souvent le si ge d associations culturelles et d action sociale s adressant des publics particuliers femmes jeunes enfants tendant notamment encadrer des aspects essentiels de la vie des l ves en offrant des services comme les loisirs et le soutien scolaire C est aussi parfois un centre de propagande et de diffusion de divers mat riels livres brochures cassettes audio et vid o dit s en France ou au Moyen Orient que des l ves poss dent et diffusent Conna tre l id ologie qui y est propag e est donc important pour comprendre certains de leurs comportements M me les chefs d tablissement ne savent pas tous discerner entre les diff
14. des signes et manifestations d appartenance religieuse Personnalit s rencontr es Hanifa Ch rifi m diatrice nationale de l ducation nationale membre de la commission Stasi ancien membre du Haut conseil l int gration Jacqueline Costa Lascoux directrice de recherche au CNRS CEVIPOF membre de la commission Stasi membre du Haut conseil l int gration Bernard Godard chef du bureau des cultes minist re de l int rieur de la s curit int rieure et des libert s locales Sonia Henrich inspectrice g n rale honoraire de l ducation nationale Patrick Weil professeur des universit s membre de la commission Stasi ancien membre du Haut conseil l int gration Guide d entretien 1 Pr sentation de l tude de son objectif et de sa m thode Insister sur ce ne sont pas exclusivement les signes vestimentaires le communautarisme ne se r duit pas l appartenance religieuse AR la religion musulmane n est pas l objet de l tude ce n est pas un recensement des conflits Ce qu on attend de l entretien un tat des lieux qualitatifs sur le secteur de responsabilit ou de connaissance de l interlocuteur des id es de lieux o enqu ter si possible non conflictuels 2 La personne a t elle observ des manquements l obligation scolaire li s une AR 3 A t elle observ de l absent isme li un jour ou une p riode sacr e 4 Des refus d une partie de l
15. enseignement li une AR 5 Des manifestations collectives li es une AR vestimentaires signes ostentatoires d fil s publications p titions tracts revendications autour de la nourriture refus de la mixit 6 A t elle t l objet de demandes formelles de la part de personnalit s de groupes ou d associations pour obtenir des droits ou des d rogations aux droits pour les membres d un groupe religieux y compris de s gr gation religieuse 36 Annexe 2 IGEN EVS Groupe signes et manifestations d appartenance religieuse 1 2 3 4 5 6 7 Protocole de visite dans un d partement Information pr alable du recteur et ou de l TA de notre tude et de nos visites Entretiens au niveau d partemental et acad mique choix des tablissements demande d informations sur le premier degr Contact t l phonique pr alable avec les chefs d tablissement pr cision de nos attentes demande de pr paration d un programme de r unions sur une demi journ e ou plus si nous le souhaitons Une r union avec l quipe de direction largie chef adjoint CPE au minimum pr sentation de l tablissement et de son volution Une r union avec des professeurs choisis par le chef d tablissement coll gues dont l enseignement a t contest qui ont rencontr des difficult s avec des l ves ou des parents etc Tour de table autour de 3 questions induct
16. hauteur des enjeux ou r agissent parfois contre sens L action des municipalit s et des travailleurs sociaux semble certains endroits parfois ambigu Constatant et d plorant la disparition des filles des activit s sportives et des centres sociaux au lieu de lutter contre le recul de la mixit il arrive qu on s y r signe quand on ne l encourage pas en proposant des activit s non mixtes ou des horaires r serv s D s lors il n est pas tonnant que la pression religieuse se reporte sur le seul lieu de mixit assum e qui subsiste encore dans ces quartiers l tablissement scolaire T moins du dynamisme de certains groupes religieux et de la rivalit entres courants rivaux mod r s et radicaux les collectivit s sont naturellement sensibles au poids politique que peuvent repr senter les organisations cultuelles et les associations culturelles et sociales qu elles contr lent Mais leur action semble se d ployer dans des directions parfois contradictoires Certains parents attach s la la cit certains chefs d tablissement aussi nous ont avou quelquefois leur perplexit devant les subventions accord es telle association d action culturelle ou de soutien scolaire ou encore devant les crit res de recrutement des emploi jeunes A l inverse d autres lus soutiennent ou d veloppent l action d associations la ques souvent rattach es de grandes associations national
17. ne sont pas ch m s De m me les grandes f tes annuelles juives et musulmanes pour tre ch m es par des l ves ou des personnels doivent faire l objet d une demande personnelle et d une autorisation explicite malgr leur reconnaissance par les textes officiels Quant au mois du je ne rituel ramadan moment important de la vie des musulmans il n est aucunement pris en compte dans le calendrier scolaire La premi re mani re de manifester une appartenance religieuse est donc de contester le calendrier ou les f tes scolaires ou de s en affranchir ce qui est de plus en plus fr quent La f te de No l est de ce point de vue la plus contest e par certains l ves et parents En plus d un endroit on nous a rapport la demande d l ves ou de familles de supprimer l arbre de No l et la f te scolaire traditionnellement organis e cette occasion par l cole ou le coll ge ce qui a parfois t obtenu Une autre mani re de manifester son appartenance religieuse est l absent isme s lectif Faible pour les musulmans le vendredi il est notablement plus fort pour les juifs et surtout les adventistes le samedi Ces derniers qui sont en nombre important dans certaines acad mies d outre mer et communes de la banlieue parisienne peuvent poser aux tablissements des probl mes d organisation L am nagement des emplois du temps doit il aller jusqu au regroupement des l ves adventistes dans la m me cl
18. on l a dit plus haut se d veloppent dans les quartiers ghetto s s au nom de la religion Ils caract risent donc d abord la vie familiale et sociale mais s infiltrent et se d veloppent dans la vie scolaire parfois dans l ignorance ou l indiff rence des personnels souvent malgr les efforts qu ils d ploient parfois h las parce que certains d entre eux en sont les vecteurs Dans beaucoup de coll ges visit s le v tement des filles ainsi que leurs m urs sont l objet d un contr le g n ral Ainsi dans certains tablissements les jupes et robes sont interdites depuis cinq un an selon les endroits la tenue sombre et ample est impos e toutes Il est fr quent que les jeunes fr res et plus largement les jeunes l ves gar ons soient charg s de la surveillance vestimentaire et morale des filles les plus g s se chargeant de les punir le plus souvent l ext rieur de l tablissement mais pas toujours ainsi nous a t on signal plusieurs cas de violences graves perp tr es dans l enceinte de coll ges gifles coups de ceinture tabassages Les activit s sportives sont particuli rement surveill es voire interdites L activit la plus sensible ce contr le moral comme on le verra dans la troisi me partie de ce rapport est l organisation des sorties scolaires et des classes transplant es auxquelles il arrive aux professeurs de plus en plus souvent de renoncer Malgr
19. qu en la version arabe langue qu il ne lit pas et qui y recourt d s que des contestations se manifestent On peut alors parler d une v ritable th ologisation de la p dagogie 27 Les math matiques La seule difficult mentionn e par des professeurs de cette discipline en des endroits fort loign s qui d note la m me obsession ou le m me endoctrinement est le refus d utiliser tout symbole ou de tracer toute figure angle droit etc ressemblant de pr s ou de loin une croix Les sciences de la vie et de la Terre Comme l histoire cette discipline fait l objet d une contestation religieuse d ensemble au nom d une conception le cr ationnisme dont on sait qu elle a ses partisans dans les trois religions monoth istes et qui r fute la th orie de l volution des esp ces au nom d une lecture litt rale de la Bible ou du Coran Pour ses adeptes sch matiquement la Gen se est un document historique et Darwin un imposteur Les documents et les t moignages abondent montrant que les l ves sont la cible de discours convergents de pr dicateurs de ministres du culte ou de grands fr res affirmant que cet enseignement n est que mensonge Un livre en particulier crit par un professeur agr g de cette discipline est diffus notamment aupr s des l ves par le Tabligh Une seconde occasion de contestation est fournie par les parties du programme abordant la reproduction de
20. rents courants ou groupes qui animent les lieux de culte fr quent s par les l ves En cons quence les personnels se rendent rarement compte que ce qu ils per oivent le plus souvent comme un mouvement g n ral et indiff renci de progression du religieux chez leurs l ves peut tre le r sultat d une surench re entre mouvements rivaux dans une perspective de contr le des populations et d un quartier Les r gressions de la condition f minine C est sans doute le c t le plus grave le plus scandaleux et en m me temps le plus spectaculaire de l volution de certains quartiers Beaucoup a d j t dit et crit sur un sujet dont les m dias ont largement trait depuis un an Un r cent rapport minist riel a alert sur le recul de la pratique sportive chez les jeunes filles de ces quartiers Nous ne d velopperons donc pas ce sujet Mais les propos de nos interlocuteurs et le simple fait de d ambuler aux abords d une cole ou d un coll ge constituent parfois un v ritable choc Partout le contr le moral et la surveillance des hommes sur les femmes tendent se renforcer et prendre des 1 Dialectique d nonc e notamment par Caroline Fourest et Fiammetta Venner dans Tirs crois s la la cit l preuve des int grismes juif chr tien et musulman Calmann L vy 2003 14 Hanifa Ch rifi Le probl me du voile dans les tablissements scolaires du rectorat de Versailles rapport de mission 1994 5
21. sont la r f rence la plus souvent voqu e par les chefs d tablissement en ce domaine dont une large part est victime du fait du racisme et de la s gr gation devant l habitat les loisirs et l emploi la recherche identitaire des jeunes g n rations la vigueur pros lyte de certains courants religieux le poids des v nements internationaux Les manifestations observ es en milieu scolaire individuelles et le plus souvent collectives rev tent des formes parfois licites comme la participation au je ne rituel ou le refus d aliments non consacr s ou encore le marquage vestimentaire des parents parfois illicites comme l absent isme s lectif ou le refus ou la contestation d activit s et de contenus d enseignement ou au caract re parfois plus difficile appr cier comme certaines revendications d adaptation de la vie scolaire ou des contestations politico religieuses Elles n en font pas moins partie d une dynamique d ensemble dont tout l int r t nous a t il sembl pour une institution l ducation nationale qui n a pas vocation la myopie est d tre saisie dans sa globalit Notre d marche a donc t dans les tablissements plus ethnologique observer puis d crire que normative D autant plus et c est l le dernier l ment g n ral que nous voudrions mentionner d s cette introduction que les manifestations d appartenance religieuse semblent tre tous l
22. sur le terrain religieux Ils r pondent aux contestataires que la religion n tant pas leur domaine ils n ont rien en dire que l tablissement de la v rit scientifique n est jamais r v l e ou impos e qu elle est le r sultat de la d marche exp rimentale et que c est pr cis ment l un des objets de l enseignement des SVT Mais combien d autres enseignants semblent d sempar s par l attitude des l ves et l opposition dans laquelle ils placent la religion et la science Combien de jeunes enseignants notamment nous ont d clar candidement l encore promouvoir ou se r fugier dans un relativisme qui leur para t juste ou simplement efficace puisqu il semble satisfaire les l ves en pr sentant la science comme une croyance parmi d autres une hypoth se parmi 7 Mohammed Keskas La th orie de Darwin le hasard impossible Le Figuier 2002 28 d autres nous dit ce professeur celle de l cole ou du professeur face celle de la religion ou des l ves entre Adam et Darwin chacun de choisir en quelque sorte Cette d rive n est pas sans rappeler celle qui par ailleurs pr sente la la cit comme une option spirituelle parmi d autres Les langues vivantes Les contestations de l enseignement des langues sont relativement circonscrites elles concernent essentiellement l anglais et l arabe Les enseignants de la premi re de ces langues r put e constituer le
23. v hicule de l imp rialisme peuvent tre ce titre l objet d une certaine hostilit de la part d l ves Les professeurs d arabe quant eux peuvent tre vis s par des contestations d l ves ou de familles en tant que concurrents la ques de l enseignement religieux Ce n est pas le bon arabe vient ainsi protester aupr s d un principal ce p re d l ve Beaucoup de professeurs se plaignent aussi de l usage que font certains l ves de la langue arabe pour intervenir en classe notamment dans les s quences sensibles de l enseignement de toute vidence selon eux pour exprimer leur d saccord ou tenir sans risque d tre compris par le professeur des propos peu am nes L enseignement des langues et cultures d origine ELCO a t l objet de remarques contradictoires de la part de certains principaux On sait que ces enseignements dispens s par des intervenants choisis et r mun r s par les pays d origine sont globalement en r gression et s adressent surtout aux l ves du primaire On sait galement les soup ons qui p sent sur certains enseignants de participer un endoctrinement politique et ou religieux Ces accusations n ont pas totalement disparu Mais plusieurs principaux nous ont dit avoir introduit ou confort cet enseignement dans leur coll ge pour son r le jug utile de contrepoids la que face l endoctrinement politico religieux des l ves
24. Brigitte Deydier Femmes et sports rapport au ministre de la parit et de l galit professionnelle et au ministre de la jeunesse des sports et de la vie associative proportions obsessionnelles Il faut avoir vu ces femmes enti rement couvertes de noir y compris les mains et les yeux accompagn es d un homme souvent jeune parfois un pliant la main pour qu elles n aient pas s asseoir sur un endroit impur que plus personne ne semble remarquer tant elles font partie du paysage et dont personne ne semble s offusquer de la condition pour saisir en un raccourci la formidable r gression dont nous sommes les t moins Encore ces Belph gor comme les appellent beaucoup d acteurs ne sont elles pas les plus mal trait es car il y a toutes ces m res qui ne viennent plus dans les coles chercher leurs enfants et qui sont contraintes de d l guer cette t che un a n ou une voisine car elles sont totalement recluses leur domicile parfois depuis des ann es Alors que l on observe de plus en plus souvent des fillettes voil es les adolescentes font l objet d une surveillance rigoureuse d ailleurs exerc e davantage par les gar ons que par les parents Un fr re m me plus jeune peut tre la fois surveillant et protecteur de ses s urs Ne pas avoir de fr re peut rendre une jeune fille particuli rement vuln rable A c t des fr quentations et des comportements le v tement est souvent l
25. LES SIGNES ET MANIFESTATIONS D APPARTENANCE RELIGIEUSE DANS LES ETABLISSEMENTS SCOLAIRES Rapport monsieur le ministre de l ducation Nationale de l enseignement sup rieur et de la recherche Juin 2004 n 2004 115 Minist re de l ducation nationale de l enseignement sup rieur et de la recherche Inspection g n rale de l ducation nationale Groupe Etablissements et vie scolaire Les signes et manifestations d appartenance religieuse dans les tablissements scolaires Rapport pr sent par Jean Pierre Obin Juin 2004 Inspecteurs g n raux ou charg s de mission ayant proc d aux enqu tes de terrain et collabor la r daction de ce rapport Les d partements visit s sont indiqu s par leurs codes num riques Nicole Baldet en liaison avec G rard Pourchet 49 72 Jean Yves Cerfontaine 59 62 67 68 Jean Paul Delahaye 93 95 Jean Marie Jutant 30 47 64 Claude Lambert 13 14 G rard Mamou 28 78 Jean Pierre Obin 07 13 26 971 972 Claude Roiron 91 92 Martine Storti 60 94 SOMMAIRE Pr sentation de l tude Hypoth ses de d part et objet de l tude M thodes de travail Diversit des situations observ es Permanence de certains l ments Premi re partie les quartiers et leurs volutions Les volutions sociales Les volutions religieuses Les r gressions de la condition f minine L action des municipalit s et des associations Les coles primaires
26. asse comme le pratique un lyc e On peut en douter Et doit on donner satisfaction aux professeurs qui refusent tout service le samedi matin Les f tes religieuses musulmanes principalement les deux grandes f tes traditionnelles du Maghreb la grande f te A d el kebir c l brant le sacrifice d Abraham et la petite f te A d es seghir marquant la fin du car me sont l occasion d un absent isme de plus en plus massif de la part des l ves pouvant pour certains se prolonger plusieurs jours en dehors de toute autorisation Les tablissements parfois presque vides r agissent 1c1 encore en ordre dispers certains ne changent en rien les activit s pr vues d autres les am nagent d autres enfin mettent toute activit en sommeil voire ferment en donnant cong aux personnels Dans plusieurs cas des pr occupations religieuses am nent des l ves ou des personnels vouloir investir une partie de l espace public d une dimension sacr e en y pratiquant les pri res rituelles On a donc vu des l ves introduire des tapis de pri re et organiser des lieux de culte dans quelque endroit dissimul tandis que certains chefs d tablissement ont re u des revendications de disposer d un espace ou d une salle de pri re A signaler notamment ce proviseur ayant autoris un personnel ATOS faire ses pri res sur son lieu de travail Reste aussi pr ciser le statut de ces chapelles catholiques non d saff
27. blissement nous avons en tout cas pu constater les d g ts provoqu s par cette inconstance dans les relations entre les personnes et les groupes au sein de la communaut scolaire Une autre facette du probl me pos par le marquage religieux des tenues vestimentaires est celle de la motivation de ces l ves Il ne fait gu re de doute qu au niveau de l cole ou du coll ge ces l ves et ou leur famille sont g n ralement sous l influence de certains groupes ou organisations et le dialogue montre bien qu ils n ont pas toujours r fl chi l ensemble des implications et des cons quences de leur attitude Il n en est pas toujours ainsi dans les lyc es dans lesquels on observe deux types de situations Dans un premier cas 17 comme dans les coll ges la pr sence d une organisation est assez vidente offensive collective jusqu douze l ves arrivant pour la premi re fois voil es ensemble le m me jour test des failles ou faiblesses ventuelles de l institution tactique de grignotage progressif des compromis ventuellement pass s ou bien l inverse abandon imm diat d s qu on se trouve face une communaut ducative unie ferme et r solue Dans un autre cas les jeunes filles en g n ral de bonnes ou tr s bonnes l ves prennent une d cision personnelle laquelle elles ont bien r fl chi parfois en opposition avec leurs parents notamment lorsque ce sont des converties Elles exp
28. ces d missions d l ves et plus dramatique cette tentative de suicide d un l ve soumis aux mauvais traitements de ses condisciples Sous ce type de pression ou plus simplement pour se conformer aux normes du groupe certains l ves d origine europ enne observent aussi le je ne sans que leur famille en soit forc ment inform e on nous a parl de fausses lettres de parents autorisant l absence la demi pension C est pour certains nous a t on assur exemples l appui filles et gar ons le d but d une d marche de conversion Il est clair que les pratiques des tablissements scolaires ne permettent pas aujourd hui de prot ger la libert des choix spirituels des familles pour leurs enfants mineurs Le seul dialogue instaur l occasion du mois de ramadan avec les familles est dans le meilleur des cas celui d une fiche financi re permettant d organiser le non paiement de la demi pension pour les jours je n s c est cette occasion que se manifestent certaines familles surprises d apprendre que leur enfant n a pas fr quent la cantine Mais il est trop tard et l enfant n a pas t prot g du pros lytisme Les personnels aussi en particulier s ils sont d origine maghr bine sont de plus en plus souvent interpell s par des l ves sur leur observance du je ne et parfois pour les surveillants et assistants d ducation mis l cart en cas contraire D autres de fa
29. diff rente outre ceux qui n ont encore rien modifi l organisation ant rieure et qui jettent la viande non consomm e Certains confectionnent quotidiennement un menu v g tarien et d autres proposent syst matiquement du poisson Un proviseur a cru bon aussi d imposer la viande halal l ensemble des rationnaires provoquant d ailleurs la d mission de son gestionnaire Enfin dans d autres tablissements on a institu une s gr gation entre musulmans et non musulmans en composant des tables distinctes ou en imposant un menu chaque cat gorie ici par exemple l agneau est interdit aux non musulmans l les tomates sont r serv es aux musulmans Evidemment des incidents peuvent clater avec des personnels mais ceux qui se multipliaient avec les l ves ont disparu Pour les coles primaires o le m me probl me se pose aucune municipalit notre connaissance dans les communes o nous sommes all s ne semble tre pour l instant entr e dans ces deux derni res logiques Dans un coll ge public d une grande agglom ration pr sent comme multiconfessionnel parce qu un grand nombre d l ves juifs s y est ou y a t rassembl du fait de l antis mitisme la surench re alimentaire entre familles juives et musulmanes laquelle quelques familles chr tiennes se sont jointes a t telle que le conseil d administration a vot un amendement au r glement in
30. diversit cette disparit m me des situations observ es entre des tablissements pr sentant pourtant souvent des caract ristiques comparables Le premier est l histoire du quartier et la rapidit de son volution sociologique Quoi de commun en effet par exemple mis part les caract ristiques sociales et religieuses des familles entre ce coll ge d un gros bourg rural accueillant les enfants et petits enfants d immigrants rifains hier employ s dans le secteur du b timent aujourd hui ouvriers agricoles et ayant maintenu de forts liens avec le pays natal et ce coll ge de centre ville d une grande agglom ration portuaire soumis sans cesse de nouvelles arriv es d l ves migrants de provenances tr s diff rentes Protocole de visite dans un tablissement en annexe 3 Un deuxi me facteur de diversit est l implantation des lieux de culte et la nature des associations ou groupes qui les contr lent Toujours en guise d exemple ici les affiliations anciennes ont t maintenues avec des associations cultuelles traditionnelles et mod r es ailleurs ces organisations ont t concurrenc es ou remplac es par l action de jeunes ou de nouveaux venus se r clamant de mouvances plus radicales et lib r es des attaches avec les pays d origine Ici un lieu de culte unique ailleurs une multiplicit que les chefs d tablissement ne savent pas toujours identifier de mani re pr cise Le troisi
31. e la vie personnelle familiale et sociale que les jeunes y taient particuli rement sensibles voire qu ils en taient l un des principaux vecteurs que l cole enfin tait impliqu e dans ce mouvement d ensemble et que les formes qu il y prenait taient bien plus diverses et complexes qu une certaine motion m diatique autour du voile pouvait le laisser croire La probl matique pr sent e aux cabinets des ministres en fin d ann e scolaire 2002 2003 fut accept e peu apr s la rentr e dans la forme suivante Les interrogations se multiplient sur les conditions de mise en uvre de la la cit notamment dans les tablissements scolaires Sur un des aspects de ce probl me les signes et manifestations d appartenance religieuse les informations les plus contradictoires circulent y compris au sein de notre institution En fait aucune tude rigoureuse n est disponible Il s agit donc de proc der un tat des lieux objectif de cette question de sa dynamique et de son volution en s appuyant sur des enqu tes qualitatives op r es par des inspecteurs g n raux dans des tablissements situ s dans un nombre restreint de d partements repr sentatifs de la diversit Guy Coq La cit et R publique Le F lin 2003 Bernard Lewis Que s est il pass L Islam l Occident et la modernit Gallimard 2002 Olivier Roy L Islam mondialis Le Seuil 2002 Antoine Sfeir Les r s
32. eaux d Allah Plon 2001 et Dictionnaire mondial de l islamisme Plon 2002 Mich le Tribalat et Jeanne H l ne Kaltenbach La R publique et l islam entre crainte et aveuglement Gallimard 2002 Les nouvelles formes du sentiment religieux un d fi pour la la cit moderne L Harmattan 2003 ouvrage collectif Emmanuel Brenner Les Territoires perdus de la R publique Fayard 2002 Hommes et migrations n 51 1999 La la cit mode d emploi avec notamment un article de Hanifa Ch rifi Impact de l islamisme l cole du pays Cette probl matique fut accompagn e d une d finition plus pr cise de notre objet d observation fout ce qui manifeste publiquement signes comportements d clarations crits actions individuellement ou collectivement de la part d l ves de personnels ou de familles au sein des tablissements scolaires une appartenance religieuse Entre temps le calendrier politique s tait acc l r rapport de Fran ois Baroin au Premier Ministre initiative d une commission parlementaire pr sid e par le Pr sident de l Assembl e nationale Jean Louis Debr puis nomination d une autre commission par le Pr sident de la R publique plac e sous l autorit du M diateur de la R publique Bernard Stasi enfin mise en chantier d une loi d s la fin de 2003 Chacune de ces initiatives avait son objet propre et son calendrier nous n avons souhait ni modi
33. ect es de leur ancien usage sises le plus souvent l int rieur de lyc es prestigieux et o se dit r guli rement la messe Le mois de car me musulman est galement une occasion de tension dans beaucoup d coles de coll ges et de lyc es Massivement suivie pratiqu e par des enfants de plus en plus jeunes depuis le cours pr paratoire l observance du je ne est manifestement l objet de surench res entre organisations religieuses qui aboutissent l mergence puis la diffusion de prescriptions de plus en plus draconiennes et de pratiques de plus en plus prouvantes pour les l ves ainsi de l interdiction d avaler le moindre liquide y compris sa propre salive qui entra ne la pollution des sols par les crachats et les refus de la piscine ainsi encore de la n cessit en cas de faiblesse ou de maladie de rattraper les jours perdus en poursuivant le je ne apr s le mois de ramadan Les professeurs se plaignent videmment de la grande fatigue de beaucoup d l ves et les infirmi res sont massivement sollicit es pendant cette p riode L une d elles nous confie que ce qui tait encore 1l y a peu encore une manifestation 20 d affirmation identitaire et une p riode de f te semble devenir de plus en plus chez beaucoup d l ves un exercice de mortification o la souffrance semble jouer un r le central Ces pratiques expliquent aussi les demandes de rupture de je ne pendant un cou
34. ement consacr es la vie du quartier dans laquelle nous incluons les coles primaires que nous n avons pas directement observ es puis l tablissement et la vie scolaire enfin l enseignement et la classe avant de conclure par quelques remarques et propositions PREMIERE PARTIE Les quartiers et leurs volutions Nous pr sentons la synth se dans cette premi re partie des entretiens que nous avons souhait avoir dans chaque tablissement visit avec de bons connaisseurs du quartier choisis par le chef d tablissement le plus souvent des parents des travailleurs sociaux ou des lus Leurs t moignages ont toujours t tr s clairants pour saisir et comprendre un climat des v nements que venaient de nous d crire les professeurs et les autres personnels Leur int r t m rite sans aucun doute qu on consacre une part de ce rapport leur restitution La vie d un tablissement est rarement le simple d calque de celle d un quartier S il nous est arriv de visiter des tablissements gravement perturb s par leur environnement imm diat cela est rest l exception La vie scolaire garde g n ralement une autonomie protectrice pour les l ves comme pour les personnels par rapport la vie sociale Mais l inverse on ne peut comprendre les comportements des l ves sans savoir de quoi est faite leur vie familiale et sociale et sans comprendre que des faits qui peuvent para tre tra
35. ent quel interdit cela correspond Plus souvent ce sont des tensions ou des conflits avec les parents qui nous ont t signal s La plupart concernent la tenue vestimentaire religieuse des mamans Certains instituteurs semblent consid rer que le principe de la cit vaut pour le territoire de l cole et voient d un mauvais il l arriv e de m res voil es dans la cour ou au conseil d cole Le conflit s envenime dans le cas de plus en plus fr quent o la personne voil e n est plus du tout identifiable Ainsi une cole a d organiser un sas sans fen tre o la directrice peut deux fois par jour reconna tre les m res avant de leur rendre leurs enfants Les p res viennent plus rarement l cole mais ce peut tre alors l occasion d autres types d incidents comme les refus de serrer la main d une femme ou m me de lui adresser la parole On a vu galement un p re refuser que sa fillette soit laiss e dans la classe d un instituteur homme rempla ant l institutrice L obsession de la puret est sans limite ces l ves d une cole primaire qui avaient institu l usage exclusif des deux robinets des toilettes l un r serv aux musulmans l autre aux Fran ais r pond comme amplifi e la demande r cente d un responsable local du culte musulman l inspecteur d acad mie d un important d partement urbain d instituer des vestiaires s par s da
36. ers notamment chez les jeunes Le d veloppement des signes et manifestations d appartenance religieuse dans les coles et les tablissements scolaires ne semble tre que la cons quence ou plut t la partie scolairement visible d une dynamique plus vaste souvent r cente parfois brutale Cette partie proprement scolaire celle qui nous int resse n pargne pas le premier degr elle touche davantage les coll ges que les lyc es et concerne en priorit les l ves en second lieu les familles et accessoirement des personnels Les appartenances religieuses qui se manifestent sous diverses formes l int rieur des tablissements se revendiquent exceptionnellement du christianisme mais d une part il existe des aum neries dans certains tablissements et d autre part un l ve sur sept dans le premier degr et un sur cinq dans le second sont scolaris s dans une cole ou un tablissement priv catholique parfois du juda sme mais il s agit en partie d un mouvement de repli face l antis mitisme et la communaut juive dispose aussi d tablissements priv s et le plus souvent de la religion musulmane Aucun soup on d une quelconque islamophobie ne peut tre oppos ce constat qui s explique fort bien par ses composantes objectives bien connues l arriv e r cente par immigration des populations musulmanes l exclusion sociale 10 Les fonctionnaires des renseignements g n raux
37. es La difficult 13 est alors de trouver ou de former des cadres issus du quartier sans que ceux ci soient d nonc s menac s ou mis au ban comme on nous l a affirm plusieurs reprises A cet gard une mention particuli re doit tre faite des militantes des associations f minines travaillant dans des conditions souvent difficiles sur le th me des violences faites aux femmes Les coles primaires L cole primaire poss de un lien troit avec le quartier d implantation Contrairement au coll ge les l ves sont des enfants de l environnement imm diat et les relations sont quotidiennes avec les parents Les inspecteurs d acad mie apr s enqu te ne signalent que peu de cas probl matiques concernant le comportement des l ves Il semble en revanche que les tensions avec des parents deviennent plus fr quentes Le comportement des l ves semble donc faire rarement probl me N anmoins on signale des refus de la mixit ceci d s l cole maternelle de la part de petits gar ons Les cas de fillettes voil es semblent galement se d velopper de m me que l observance du je ne dans un cas d s le cours pr paratoire et le refus de la viande non consacr e la cantine Les activit s corporelles et artistiques semblent tre particuli rement vis es refus de chanter de danser de dessiner un visage le refus de jouer de la fl te revient plusieurs reprises sans que l on sache pr cis m
38. es et savent concilier un questionnement de leur part avec une conception rigoureuse de la la cit de leur enseignement Ce n est pas le cas de beaucoup de jeunes professeurs nombreux dans les coll ges des quartiers o nous sommes all s et chez qui le d sarroi entra ne deux types de r actions Devant l abondance des contestations et une parole d brid e des l ves qu ils ne parviennent pas ma triser la r action la plus r pandue des enseignants est sans doute l autocensure La peur des l ves une mauvaise exp rience d une premi re ann e d enseignement et on d cide de ne pas aborder telle question sensible du programme Cette attitude est sans doute largement sous estim e car les int ress s n en parlent qu avec r ticence mais elle ne constitue pas vraiment une surprise Il n en est pas de m me du second type de r actions rencontr plusieurs reprises et qui consiste devant l abondance des contestations d l ves s appuyant sur le Coran recourir au livre sacr pour tenter de l gitimer l enseignement Ainsi ce professeur qui d clare en toute candeur s appuyer sur les l ves inscrits l cole coranique mes bons l ves dit il garants de l orthodoxie musulmane afin d invalider les contestations venant d autres l ves Le comble est sans doute atteint avec ce professeur enseignant avec le Coran sur son bureau dition bilingue car certains l ves n ont foi
39. es les blind s isra liens et dont les images des corps ensanglant s passent en boucle sur les cha nes satellitaires des pays arabes et les chefs djihadistes responsables des attentats de New York et de Madrid De nombreux t moignages comme celui de ce principal du coll ge d une sous pr fecture d un d partement rural racontant ce car scolaire acclamant Ben Laden en arrivant devant son tablissement semblent montrer que de plus en plus d l ves vibrent l unisson de la massification du soutien Al Qa da r v l e par les sondages d opinion dans le monde arabe Il est particuli rement significatif de constater cet gard que dans la plupart des tablissements visit s les instants de recueillement national organis s la suite de ces v nements tragiques ont t contest s ou perturb s de l int rieur parfois de l ext rieur ou bien n ont pu avoir lieu ou encore ont t d tourn s de leur objet officiel par des chefs d tablissement soucieux qu ils puissent se d rouler dans le calme par exemple en invitant les l ves se recueillir sur tous les morts de toutes les guerres Comme dans la plupart des pays musulmans Oussama Ben Laden est en train de devenir chez les jeunes de nos quartiers d exil et donc pour une part notable de nos l ves qui craint d ailleurs de moins en moins de l exprimer la figure embl matique d un Islam conqu rant assurant la revanc
40. es niveaux du syst me la classe l tablissement l acad mie l objet d une sorte de refoulement ou de d ni g n ralis de la part de beaucoup de personnels et de responsables chacun commen ant g n ralement par d clarer qu il n y avait pas mati re nous d placer car il n y avait rien observer ou ne se passait rien dans sa classe son tablissement ou son secteur de responsabilit Nos observations ont tr s souvent contredit ces affirmations liminaires A l issue de nos travaux il nous semble clair que les informations circulent tr s mal sur cette question l int rieur de l ducation nationale et qu en cons quence la conjecture la plus probable est que les observations transcrites dans ce rapport sont sans doute en de de la r alit des tablissements observ s tant la tendance de nombre de professeurs de conseillers d ducation ou de personnels de direction est en ce domaine de celer une part de leur r alit professionnelle KKK Le plan choisi pour pr senter nos observations cherche tirer les cons quences des consid rations ci dessus pour tenter de comprendre ce qui se d roule dans la classe mieux vaut d abord savoir ce qui se passe dans l tablissement et pour comprendre le changement des comportements dans ce dernier mieux vaut commencer par conna tre les volutions du quartier o il est implant Nous irons donc du g n ral au particulier en trois parties respectiv
41. esseur qui a refus d enlever sa kippa mais a fini par la dissimuler sous un postiche Les cas les plus nombreux concernent des l ves souhaitant affirmer leur appartenance la religion musulmane La tr s grande majorit des tablissements que nous avons visit s ont connu des tentatives de manifestation vestimentaire d appartenance cette religion la plupart du temps de la part d l ves filles mais parfois aussi de gar ons s tant pr sent s aux portes de l tablissement en tenue dite islamique ou encore afghane Pour les filles la marque d appartenance ne se borne pas au foulard ou au voile mais peut aller jusqu 18 On d veloppera cet aspect un peu plus loin dans Les contestations politico religieuses 16 la tenue islamique compl te dans un tablissement deux l ves se sont m me pr sent es en burka On a dit plus haut combien les pressions morales et physiques pour le contr le du corps et du v tement des jeunes filles tait devenues pour certains groupes religieux un l ment central de l ordre qu ils cherchent faire r gner dans certains quartiers D s lors on comprend que les comportements de ces jeunes filles puissent exprimer des sentiments contradictoires opposant ou m lant une fa on de rentrer dans l ordre social en int riorisant ses normes et une mani re de s en prot ger Les r actions des tablissements se r v lent tr s di
42. f peut tre l occasion de contestations Les exemples abondent plus ou moins surprenants comme le refus d tudier l dification des cath drales ou d ouvrir le livre sur un plan d glise byzantine ou encore d admettre l existence de religions pr islamiques en Egypte ou l origine sum rienne de l criture L histoire sainte est alors tout propos oppos e l histoire Cette contestation devient presque la norme et peut m me se radicaliser et se politiser d s qu on aborde des questions plus sensibles notamment les croisades le g nocide des Juifs les propos n gationnistes sont fr quents la guerre d Alg rie les guerres isra lo arabes et la question palestinienne En ducation civique la la cit est galement contest e comme antireligieuse Les professeurs r agissent souvent de fa on individuelle et de mani re dispers e ces difficult s Les plus aguerris en g n ral les plus stables et les plus anciens qui ont v cu d une mani re relativement progressive l volution de leurs l ves ont eu le temps de s lectionner des documents adapt s et de concevoir de nouvelles fa ons d aborder les questions qu ils savent sensibles Ainsi la saturation d images violentes et l indiff rence qu elles suscitent d sormais leur font pr f rer les t moignages portant sur les camps d extermination aux images des atrocit s nazies Ils connaissent et pr viennent les r actions de leurs l v
43. fier notre probl matique ni acc l rer nos travaux par exigence m thodologique interne comme par souci de ne pas interf rer avec ces initiatives M thodes de travail La m thode retenue a cependant t adapt e pour tenir compte de ce calendrier et viter de doublonner avec ces travaux comme avec ceux men s l ann e pr c dente par les inspections g n rales sur le communautarisme C est pourquoi dans un premier temps octobre d cembre 2003 nous avons organis quelques entretiens avec plusieurs acteurs de ces initiatives en centrant bien videmment nos interrogations sur la vie des tablissements scolaires des l ves et des classes Cette tape nous a permis de pr ciser nos hypoth ses relatives la diversit et la pr gnance des manifestations d appartenance religieuse et de confirmer notamment que les signes et tenues vestimentaires ne semblaient constituer que l arbre qui cache la for t pour reprendre l expression d un membre de la commission Stasi Nous avons galement pris connaissance dans cette p riode du contenu des rapports Debr et Stasi ainsi que des conclusions qu en a tir es le Pr sident de la R publique Dans un second temps janvier mai 2004 nous sommes all s sur le terrain observer quelques dizaines d tablissements scolaires r partis dans une vingtaine de d partements soixante et un coll ges lyc es et lyc es professionnels publics jug s susceptible
44. ge religieux de la vie scolaire mais aussi masquer le d veloppement d autres types plus inqui tants de manifestations d appartenance religieuse 7 Liste et guide d entretien en annexe 1 8 Protocole de visite dans un d partement en annexe 2 syst matiquement rencontr l quipe de direction l quipe de la vie scolaire un groupe d enseignants en g n ral choisis par le chef d tablissement ainsi que chaque fois que possible des habitants responsables sociaux ou lus du quartier d implantation de l tablissement parfois galement un groupe de personnels ATOSS Un commentaire m thodologique s impose ici Le panel d tablissements visit s ne constitue donc en aucun cas un chantillon repr sentatif des tablissements fran ais ni sur le plan de l tude ni d ailleurs sur aucun autre Tel n tait pas en effet notre choix et tel ne pouvait il tre d abord parce que l inspection g n rale ne dispose pas des moyens et n a pas vocation mener des tudes quantitatives ensuite et surtout parce que les ph nom nes scolaires comme les ph nom nes sociaux ne naissent et ne se d veloppent pas en g n ral de mani re uniforme 1ls closent le plus souvent sur quelque terrain de pr dilection prosp rent dans quelques niches avant de diffuser et de s tendre parfois l ensemble du syst me comme on a pu le constater par exemple depuis une quinzaine d ann es avec la violence en m
45. guerre outrance contre le monde occidental L cole elle seule ne peut manifestement pas traiter encore moins r soudre un tel probl me cette vague de fond la travaille certes mais elle n en re oit que l cume D autant plus qu avec les ZEP dont l un des deux crit res de d finition a t au d part la proportion de population trang re vivant dans un quartier l ducation nationale a pris en compte de longue date la n cessit d une action positive L int gration sociale culturelle et politique des populations issues de l immigration maghr bine car c est bien de cela qu il s agit n cessite 7 La direction centrale des renseignements g n raux estime ces radicaux 1100 sur environ 50 000 convertis Le Monde du 4 juin 2004 p 12 32 de toute vidence un effort national d ensemble soutenu et cibl La plupart des d partements minist riels sont concern s par cet effort de m me que les collectivit s territoriales et les citoyens dans leurs attitudes et comportements individuels L ducation nationale peut videmment contribuer de mani re importante une telle politique C est dans un tel cadre que devraient s inscrire les propositions que nous pr sentons maintenant pour tre vraiment efficaces et offensives capables de remonter le courant en quelque sorte c est dire de r g n rer chez ces jeunes le sentiment d une appartenance un ensemble politique capab
46. he symbolique des laiss s pour compte du d veloppement en rejetant en bloc les valeurs de notre civilisation C est sans doute l et de loin l aspect de nos observations le plus inqui tant pour lavenir Nous y reviendrons en conclusion 70 Ce n est pas un fait nouveau l inspection g n rale Etablissements et vie scolaire signalait dans un rapport sur les ZEP en 1996 que le principal d un coll ge de Lyon avait t oblig d organiser le d part en cours d ann e des deux derniers l ves juifs de son tablissement Fran ois Heisbourg directeur de la Fondation pour la recherche strat gique Le Monde du 5 juin 2004 24 TROISIEME PARTIE L enseignement et la p dagogie On a souvent affirm que la classe constituait pour beaucoup d enseignants un lieu quasi priv d intimit et aussi d isolement p dagogiques Les professeurs confient en effet peu volontiers ce qui s y passe surtout lorsqu il s agit d avouer des difficult s ou des revers C est galement ce que nous avons constat la r ticence s exprimer tant videmment renforc e par notre sujet ainsi que par la m thode que nous avions retenue l entretien de groupe de pr f rence l entretien individuel demandant plus de disponibilit que nous n en avions Les groupes de professeurs apr s que nous leur avons d crit l objet de notre visite puis soumis nos questions inductrices ont suivi des dynamiques diverses ici c
47. igieux ou politico religieux ainsi que de l action de certains bailleurs et de certaines municipalit s tous favorables pour des raisons diff rentes une forme de s paration des populations Ces politiques se sont galement appuy es sur un courant de la sociologie ayant jusqu ces derni res ann es de solides relais chez les travailleurs sociaux et favorable au regroupement des populations pr caires Ce que d autres sociologues appellent aujourd hui l ethnicisation de la vie des adolescents c est dire leur construction identitaire sur la base d une origine reconstruite ou id alis e et dont nous mesurons parfois les effets destructeurs dans la vie scolaire ne peut donc tre con u comme un ph nom ne isol ou spontan mais constitue l un des fruits de ces volutions de ces politiques et de cette id ologie Les volutions religieuses Ici encore les histoires se ressemblent du nord au sud de la France et nos interlocuteurs d crivent en g n ral une volution plus brutale que sur le plan social un basculement rapide et r cent l accomplissement en quelques ann es de ce qu ils nomment souvent l islamisation du quartier impliquant des changements cons quents et visibles des modes de vie et des comportements personnels familiaux et sociaux A l origine de ce mouvement ils voquent souvent l influence d terminante de jeunes hommes professant une religion la fois pl
48. ilieu scolaire Cette tude ne peut donc pr ter g n ralisation et dramatisation excessive les ph nom nes observ s lont t dans un petit nombre d tablissements Pour autant les tablissements visit s constituent sans doute un panel assez repr sentatif de cette marge particuli rement active du syst me ducatif quant l objet de notre tude ce sont le plus souvent des coll ges lyc es et lyc es professionnels qui recrutent la totalit ou une partie significative de leurs l ves dans des quartiers dont la ghetto sation est largement entam e voire achev e ce qui s y joue insistons y ne peut donc tre g n ralis Quant aux d partements choisis dominante urbaine pour certains rurale pour d autres ils sont assez repr sentatifs de la diversit du territoire tant nous avons pu constater que la rel gation spatiale de certaines populations issues de l immigration n est pas ou plus l apanage des banlieues et des agglom rations mais affecte aussi nombre de bourgs et de petites villes des d partements ruraux Deux grandes tendances oppos es se d gagent de nos observations l unit et la permanence des formes de manifestation de la religion en milieu scolaire d une part la diversit de la pr gnance et de l acuit du ph nom ne de l autre Commen ons par cette derni re Diversit des situations observ es Plusieurs param tres peuvent sans doute expliquer cette
49. imentaires des adolescents auxquels les prescriptions religieuses viennent donc s ajouter Dans ce domaine les cantines et restaurants scolaires ont donc fait des efforts d adaptation depuis de nombreuses ann es notamment celui d offrir syst matiquement une alternative la viande de porc pour les l ves qui le souhaitent 18 Mais les cuisiniers et les gestionnaires des tablissements se trouvent depuis peu devant une nouvelle difficult le refus par un nombre croissant d l ves de consommer toute viande non abattue selon le rituel religieux Ce mouvement est apparu il y a peu de temps mais s est tr s vite r pandu souvent sous l impulsion des gar ons les plus jeunes arrivant en sixi me en coll ge en seconde en lyc e Il correspond aussi aux changements d habitudes alimentaires des familles li s l islamisation des commerces de proximit la viande halal autoris e est d sormais partout disponible elle est m me la seule en vente dans certains quartiers Par l effet de la stigmatisation dont sont rapidement victimes les l ves qui ne se conforment pas aux normes dominantes du groupe de leurs pairs plus aucun l ve ne mange de viande dans certains coll ges que nous avons visit s Parall lement les demandes des familles et des l ves de se voir proposer de la viande halal se multiplient Face cette situation impr vue les chefs d tablissement et les gestionnaires r agissent de fa on
50. ires parfois tonnantes dont ils sont les t moins souvent de la part des filles mais aussi des gar ons pour dissimuler le plus possible leur corps Beaucoup d l ves pr f rent un z ro ou une punition plut t que de pratiquer une activit ou de la pratiquer en tenue r glementaire Les dispenses se multiplient et l existence de certificats de complaisance est massive dans certains quartiers Ces ph nom nes explosent dans la p riode du je ne Certains comportements r v lent les conceptions obsessionnelles de la puret de certains prescripteurs comme le refus de se baigner dans l eau des filles ou dans celle des non musulmans Confront s ces comportements des professeurs individuellement ou collectivement transigent ou n gocient acceptant grands ou menus accommodements avec les r glements notamment pour les filles D autres les refusent Parmi ces derniers certains enseignants parviennent maintenir l int gralit et la mixit des activit s physiques et sportives d autres se r signent et pr f rent abandonner celles qui sont le plus contest es plut t qu entamer des transactions ainsi notamment de la piscine en particulier pour les filles La gym se meurt conclut abattu un professeur que nous avons rencontr 25 Pourtant l EPS est sans doute la discipline o les contestations religieuses de l enseignement sont le moins d ni es et o les professeurs semblen
51. le de transcender leurs autres appartenances l gitimes notamment culturelles et religieuses Sinon sans tre inutiles ces mesures n auraient qu un objectif limit d fensif de protection des tablissements et du caract re la que et national de l enseignement ce qui n est pas n gligeable et constitue d ailleurs l horizon actuel de la plupart des enseignants et responsables des tablissements implant s dans ces quartiers Toutefois en l absence d une action positive d ensemble on peut craindre que les n cessaires mesures de d fense de la la cit soient une nouvelle fois v cues notamment par ces l ves comme discriminatoires et les confortent dans leur sentiment d injustice Tout faire pour d velopper la mixit sociale dans les tablissements scolaires La mixit sexuelle culturelle sociale religieuse est d abord une valeur Comment acc der la compr hension mutuelle au respect de l autre la mod ration autant de composantes de l esprit la que si l on vit strictement entre soi Mais c est aussi un gage d efficacit Les tablissements qui ont su ou pu pr server la mixit sociale de leur recrutement et viter la constitution de classes trop homog nes peuvent le plus souvent surmonter les perturbations li es aux manifestations d appartenance religieuse m me s ils sont implant s au c ur d un quartier en grande difficult Bien entendu l ducation nationale n e
52. leurs agressions Ces justifications peuvent aller jusqu assumer les pers cutions ou l extermination des Juifs L apologie du nazisme et de Hitler n est pas exceptionnelle elle appara t massivement dans d innombrables graffitis notamment de croix gamm es et m me parfois dans des propos ouvertement tenus des instituteurs professeurs et personnels d ducation Ces agressions n pargnent pas des personnels ni d autres l ves comme cette coll gienne turque nouvellement arriv e en France et devenue le souffre douleur de sa classe parce que son pays est un alli d Isra l Il est d ailleurs devenu fr quent pour les l ves de demander sa religion un nouvel l ve ou un nouveau professeur Nous avons constat que beaucoup de professeurs ne refusaient pas de r pondre cette question Ces agressions parfois ces pers cutions ravivent des souvenirs particuli rement douloureux chez les familles dont les enfants en sont les victimes Elles ont notamment pour effet dans certaines grandes agglom rations o l offre scolaire et les transports en commun le facilitent le regroupement des l ves d origine juive dont la s curit n est plus assur e dans nombre d tablissements publics dans des tablissements priv s et publics dont l aspect communautaire ou pluricommunautaire est de plus en plus marqu Dans ces coll ges et ces lyc es on observe alors souvent de la part des l ve
53. m me que en marge de cet enseignement par les s quences d ducation sexuelle auxquelles les professeurs de SVT participent souvent c t d autres personnels comme les m decins et les infirmi res scolaires et d intervenants ext rieurs Les raisons invoqu es pour s absenter refuser l enseignement ou ne pas participer aux s ances d information sur la sexualit est l impudeur des propos tenus et des images diffus es cette occasion ou encore la mixit des cours ou s quences qui n est d ailleurs pas la r gle ou m me leur caract re superflu puisque les musulmanes restent vierges Enfin les travaux pratiques de SVT donnent lieu des difficult s avec des l ves qui refusent de manipuler du mat riel animal parfois m me avec les gants qu on leur propose Certains enseignants en dispensent donc ces l ves Ici encore la vari t des r actions des professeurs d note la fois une d termination sans doute in gale des exp riences diff rentes et la place plus ou moins claire ou confuse o ils situent leur enseignement et plus largement la science par rapport aux conceptions religieuses L autocensure existe aussi dans cette discipline elle concerne notamment la reproduction que des enseignants nous ont avou ne plus aborder avec les classes difficiles En revanche d autres professeurs nous ont parus solidement assur s face aux tentatives de certains l ves de les entra ner
54. me param tre de cette diversit para t bien r sider dans l action municipale ainsi que dans celle de certaines associations la ques nationales ou locales Certains quartiers nous ont t d crits par des chefs d tablissement et des lus comme tomb s aux mains des religieux et des associations qu ils contr lent Dans d autres le tissu associatif la que ancien a surv cu au moins en partie ou s est reconstitu dans un contexte de r sistance aux aspects les plus pr gnants de la mainmise religieuse sur la vie des individus les associations f minines sont parfois en pointe non sans risque dans ce combat Enfin deux facteurs de diversit proviennent de l activit propre des personnels de l ducation nationale Ce sont d une part la sensibilit la vigilance et la fermet de certains chefs d tablissement et d autre part la capacit de certains responsables acad miques maintenir la mixit sociale et religieuse du recrutement des tablissements en d pit de l volution de leur quartier d implantation Nous d velopperons bien entendu cet aspect des choses Permanence de certains l ments Au del de cette vari t r elle une ind niable unit semble se d gager des nos observations Plusieurs l ments forts se retrouvent en effet du nord au sud du pays dans la plupart des tablissements visit s Le premier est la mont e en puissance du ph nom ne religieux dans les quarti
55. ment du prix du foncier suivi du d sengagement ou de la d mission de certains bailleurs publics et priv s plus r cemment l arriv e d une palette de nouvelles nationalit s La prise de conscience de se retrouver entre soi s est faite souvent au milieu des ann es quatre vingt dix parfois plus r cemment Le d part des commerces europ ens a contribu faire fuir les derni res familles fran aises en fait souvent d origine italienne espagnole polonaise ou portugaise qui le pouvaient Ne sont rest es que les plus pr caires souvent des femmes seules et sans revenus avec des enfants le quart monde Parfois le d part des anciens habitants a t acc l r par quelques violences bien cibl es c est le cas par exemple de cet ancien quartier exp rimental d une pr fecture vitrine de la mixit sociale 1 Christian Demuynck La rue dans l cole rapport au Premier Ministre 2004 10 des ann es soixante dix o les menaces et les agressions ont eu raison des derniers responsables des anciennes associations qui militaient pour la mixit et l int gration Pour nos interlocuteurs la s gr gation sociale ethnique et religieuse dont nous avons mesur le r sultat scolaire n a donc t qu en partie spontan e c est dire une cons quence m canique non r gul e des volutions d mographiques et conomiques Elle a aussi t le fruit de l activisme de groupes rel
56. mettent en retrait en attendant un changement d affectation Les chefs d tablissement sont en g n ral mal inform s de ce qui se passe dans les classes du moins dans ce domaine Dans tous les cas la r union que nous avons provoqu e avec les professeurs tait la premi re organis e sur ce th me dans l tablissement c est dire que c tait la premi re occasion institutionnelle offerte ces enseignants de la ligne de front selon l expression de l un d eux pas m me de se concerter mais simplement d changer et au chef d tablissement d tre inform Beaucoup de principaux et de proviseurs nous ont dit ensuite leur surprise devant les t moignages de leurs professeurs certains nous ont crit pour nous remercier ou nous informer des suites qu ils comptaient donner notre passage De leur c t les recteurs et les inspecteurs d acad mie sont tr s in galement inform s des revendications et des contestations religieuses relatives l enseignement Focalis s depuis plusieurs ann es sur le seul aspect des signes vestimentaires et les conflits de vie scolaire ils valorisent sans doute excessivement le r le des chefs d tablissement sous estiment en revanche les difficult s des professeurs dont ils ignorent les mani res de r agir et notamment les d rives que nous avons constat es Quant aux corps d inspection ils semblent compl tement absents la question Etes vous aid
57. mille musulmane ou convertis affichent ostensiblement leur observance Il arrive aussi que certains personnels encadrent dans un lieu de culte du quartier des activit s cultuelles culturelles ou p riscolaires destin es des l ves dont ils ont la charge dans l tablissement Il semble aussi que dans plus d un endroit pour acheter la paix sociale ou scolaire on ait imprudemment recrut quelques grands fr res au z le pros lyte notoire comme emplois jeunes dans des collectivit s et des tablissements Ainsi dans un coll ge les l ves trouv s en possession d un document du Tabligh appelant explicitement au ch timent corporel des femmes r pondent qu il a t distribu par un surveillant D une mani re moins directe l activit 21 religieuse de certains personnels dont des professeurs est particuli rement ostensible Ici on parle de la mosqu e du surveillant X L c est un professeur qui conduit la pri re la mosqu e du quartier La pratique de l entrisme semble d ailleurs se d velopper et certaines fonctions particuli rement int resser les pros lytes assistant d ducation CPE instituteur PLP il n est plus exceptionnel d observer dans des IUFM des tudiantes dont le foulard et des tudiants dont la coupe de la barbe sont d nu s d ambigu t Les refus de la mixit et les violences l encontre des filles Partout ces refus et ces violences
58. nges graves ou intol rables dans l tablissement ne constituent souvent que l cho affaibli de ce qu ils vivent l ext rieur Comme le note le s nateur maire de Neuilly Plaisance commune de la Seine Saint Denis dans un r cent rapport Si tout v nement du quartier trouve sa r percussion dans l enceinte de l tablissement l inverse s av re aussi exact Un principal soulignait ce sujet que lorsque les l ves sont intenables on sait qu il se passe quelque chose dans le quartier Les volutions sociales Les quartiers que nous ont d crits nos interlocuteurs sont des quartiers de souffrance et en souffrance La plupart des habitants n ont pas le choix d en partir et ceux qui l ont les jeunes d crochant un dipl me ou un emploi stable notamment le font en g n ral d s qu ils le peuvent En fait presque toujours la m me histoire nous a t racont e celle de l homog n isation progressive et souvent achev e d un ancien quartier ouvrier caract ris il y a peu encore par une certaine diversit des populations et sa transformation en une cit ghetto dont les Fran ais et ceux disposant de revenus stables sont progressivement partis pour s installer dans des zones plus r sidentielles D autres pisodes se r p tent galement l identique l arriv e de familles de plus en plus pr caris es le regroupement ethnique sur la base de la cit ou d un immeuble l effondre
59. ns les salles de sport car selon lui un circoncis ne peut se d shabiller c t d un impur 16 Nous ne pouvons cependant l affirmer une forme de d ni pouvant galement expliquer le peu d informations recueillis par les inspecteurs d acad mie 7 Pratique r cemment condamn e semble t il par le pr fet du Rh ne L insertion des tablissements scolaires L insertion r ussie d un coll ge ou d un lyc e dans son environnement imm diat les bons rapports entretenus avec le voisinage la pacification des relations avec la soci t environnante constituent de mani re g n rale un volet important de la politique d un tablissement De ce point de vue les coll ges dont les bassins de recrutement sont plus troits ont des responsabilit s plus importantes La t che n est pas toujours facile pour les principaux des coll ges que nous avons visit s A la limite on peut observer de v ritables tablissements forteresses comme il en existe dans les quartiers d sh rit s des grandes villes d Am rique latine grillag s h riss s de barbel s avec sas d entr e et vid osurveillance Ces tablissements d pensent beaucoup de temps et d nergie se prot ger d un environnement per u comme excessivement agressif et sans doute parfois l est il vraiment Les pr occupations majeures du chef d tablissement y sont le contr le des l ves et le maintien de l ordre celles des professeurs leur s curit
60. nt ce qui pose un probl me suppl mentaire aux tablissements qui ont accept des l ves voil es parfois en grand nombre Les sorties scolaires Dans beaucoup d tablissements visit s l organisation des sorties scolaires est devenue un sujet de pr occupation majeure pour les enseignants et les personnels de direction Dans de tr s rares cas les obstacles viennent de familles appartenant des groupes de religion protestante mais dans la grande majorit des autres ce sont des familles musulmanes qui sont de plus en plus r ticentes ces initiatives surtout lorsqu il s agit d autoriser une fille y participer Cette r ticence se transforme g n ralement en franche hostilit pour les classes transplant es et dans le cas o la sortie ou le voyage comporte une ou des nuit es en famille ou en h tellerie Beaucoup de professeurs voire d tablissements ont d abandonner ce type de projets et certains y ont d finitivement renonc devant les contraintes insurmontables que les parents r ticents veulent imposer aux organisateurs non mixit de l encadrement et de l h bergement m me en famille nourriture conforme aux interdits religieux notamment Restent les d placements dans un environnement proche pouvant tre organis s dans la journ e Beaucoup de professeurs se trouvent alors devant un autre type de difficult tenant la contestation de l objet de la visite mus e lieu de m moire et surtou
61. nt de s affirmer par l affichage d un plus grand radicalisme ensuite la conviction ou la r solution du chef d tablissement que ces tentatives cherchent souvent tester sa capacit d expliquer la la cit de l enseignement aux l ves et aux familles d organiser des m diations et de disposer de relais dans le quartier enfin le comportement des autorit s acad miques qui peut fluctuer selon les poques et les responsables entre le souci d viter tout conflit et surtout toute couverture m diatique et la volont de s opposer aux atteintes la la cit Les chefs d tablissement ont t les premiers nous faire part de leur perplexit devant les oscillations des conseils ou des consignes re us des services acad miques Une premi re p riode caract ris e par de fortes pressions pour radiquer les voiles dans la premi re moiti des ann es quatre vingt dix et qui s est sold e par de nombreuses exclusions a en effet t suivie notamment apr s certaines annulations par des tribunaux administratifs de plusieurs ann es pendant lesquelles principaux et proviseurs ont t l inverse encourag s accepter les l ves et forcer la main un corps professoral jug excessivement la que Les travaux des commissions Debr et Stasi l laboration d une loi les d bats qu ils ont provoqu s ont r cemment fait repartir le balancier dans l autre sens Dans plus d un ta
62. nt livr s et qui n ont gu re contribu faire comprendre et accepter par les populations issues de l immigration l un des principes fondateurs de la R publique la la cit Certains r cits de discussions et de compromis sont en effet proprement ahurissants surtout si l on sait qu ils ont pu se d rouler en pr sence de repr sentants des autorit s acad miques ici on a n goci la couleur du foulard l sa taille ici il s est agi de d couvrir le lobe de l oreille l de laisser voir une m che de cheveux ici on l a interdit en classe mais pas ailleurs l ailleurs mais pas en classe sans parler de ce lyc e o les classes ont t compos es et les emplois du temps constitu s en s parant les professeurs favorables et d favorables au voile La nourriture A c t du v tement le respect de prescriptions alimentaires est dans plusieurs religions un autre moyen de manifester sa pi t Dans les tablissements scolaires ce signe appartenance est videmment moins efficace que le pr c dent car il ne peut tre utilis que par ceux internes et demi pensionnaires qui consomment la nourriture pr par e par l tablissement On sait par ailleurs que le nombre de rationnaires a depuis quelques ann es tendance diminuer sous l effet conjugu de la paup risation de certaines familles des exigences di t tiques et culinaires croissantes des classes moyennes et des nouveaux comportements al
63. nt plus de nos jours tre scolaris s dans n importe quel tablissement Les contestations politico religieuses Un grand nombre d l ves d origine maghr bine Fran ais voire de parents fran ais la majorit sans doute dans certains tablissements se vivent comme trangers la communaut nationale opposant tout propos deux cat gories les Fran ais et nous Se revendiquant hier lorsqu on les interrogeait d une identit arabe d ailleurs probl matique pour des maghr bins ils se revendiquent de plus en plus souvent aujourd hui d une identit musulmane Un endoctrinement qui peut commencer d s l cole primaire comme en t moignent certains instituteurs Beaucoup de coll giens interrog s sur leur nationalit r pondent de nos jours musulmane Si on les informe qu ils sont Fran ais comme dans ce coll ge de la banlieue parisienne ils r pliquent que c est impossible puisqu ils sont musulmans L identit collective qui se r f rait souvent hier chez les l ves une communaut d origine r elle ou imaginaire et qui avait fait parler certains sociologues de l ethnicisation des rapports entre les jeunes semble se transformer de nos jours en un sentiment d appartenance assez partag une nation musulmane universelle distincte et oppos e la nation fran aise Ses h ros sont la fois les adolescents palestiniens qui affrontent mains nu
64. ntinue les groupes acad miques de pilotage de la formation des personnels d encadrement et l cole sup rieure de l ducation nationale pourraient tre mobilis s cet effet Piloter plus fermement tous les niveaux Le premier d faut de pilotage relev presque partout est l absence de circulation de l information En mati re de manifestations d appartenance religieuse le tableau est en effet pr occupant les recteurs et les inspecteurs d acad mie ne savent qu imparfaitement ce qui se passe dans les tablissements tandis que les principaux les proviseurs et les inspecteurs ignorent souvent ce qui se d roule dans les classes les professeurs ne sont pas r unis de m me qu un autre niveau les personnels d encadrement Chacun est en fait livr ses propres analyses et convictions ce qui donne d une classe d un tablissement et d un d partement l autre comme nous l avons constat les meilleurs ou les pires des r sultats Nous avons le plus souvent voqu les pires dans ce rapport parlons pour terminer des meilleurs Certains tablissements objectivement parmi les plus expos s ont su traiter avec une remarquable efficacit les tentatives dont ils ont t l objet en en d courageant par l m me sans doute bien d autres On peut rassembler sans difficult les l ments de ces r ussites car ils ne sont pas diff rents de ceux que l on a pu observer dans d autres domaine
65. nts visit s ont dans ces conditions le sentiment de livrer un combat contre l obscurantisme et pour l int gration de leurs l ves Ce combat se m ne effectivement et certains l assument cela leur demande du temps et de l nergie un travail de pr paration plus minutieux la prise en consid ration de la sensibilit des l ves certains sujets la prise en compte de leurs interrogations le r examen des fondements pist mologiques de leur discipline la mise au point d argumentations justes mais aussi simples et compr hensibles sur la la cit de l enseignement etc Certains regrettent d ailleurs devoir consacrer ce temps d fendre la la cit aux d pens de l enseignement Mais pour beaucoup d enseignants c est le d sarroi et la confusion qui dominent Souvent mal pr par s affronter ces situations laiss s sans directive ni soutien des professeurs les plus jeunes notamment pour faire face et tout simplement pouvoir continuer enseigner transigent avec les principes ou sombrent dans le relativisme D autres croyant bien faire et pour rem dier ce qu ils croient tre la cause principale du comportement des l ves leur analphab tisme religieux selon l un d eux s instituent th ologiens en intervenant directement dans l interpr tation des prescriptions et des textes religieux ou en sollicitant l aide d une autorit religieuse D autres enfin fragilis s se
66. on par un professeur de fran ais de Harry Potter en sixi me Tout laisse penser que dans certains quartiers les l ves sont incit s se m fier de tout ce que les professeurs leur proposent qui doit d abord tre un objet de suspicion comme ce qu ils trouvent la cantine dans leur assiette et qu ils sont engag s trier les textes tudi s selon les m mes cat gories religieuses du halal autoris et du haram interdit Il y a enfin la difficult enseigner le fait religieux et notamment les textes fondateurs des grandes religions du Livre Certains l ves et certaines familles musulmanes le plus souvent juives parfois contestent cette facult au coll ge et aux professeurs Je vous interdis de parler de J sus mon fils vient dire un p re un professeur La plupart des l ves cependant sont tr s int ress s par ces le ons du moins celles qui concernent leur religion Mais l d autres difficult s surgissent autour du caract re sacr du Livre nombreux refus que le professeur touche ou lise le Coran refus de lire soi m me la Bible par exemple ou du fait de propos jug s impies ou sacril ges du professeur parce que simplement distanci s et inspir s par une approche non th ologique mais litt raire historique ou philosophique des Ecritures C est toute la difficult de cet enseignement dont pour autant qu on ait pu nous le dire il n est pas s r qu elle soit partout surmont e
67. par les professeurs Plusieurs nous ont dit avoir d interrompre un cours ou m me avoir renonc cette partie du programme pratiquant ainsi une autocensure pr ventive et pas m me toujours consciente Plus inqui tant d autres enseignants plus nombreux qu on ne pourrait le croire adoptent l ambition devant ce qu ils appellent l ignorance des l ves de leur propre religion et sans qu ils en mesurent forc ment la port e de faire leur ducation religieuse Ils n h sitent pas alors statuer d une orthodoxie et promouvoir une conception th ologique jug e compatible avec la modernit et la d mocratie face des conceptions jug es superstitieuses ou des lectures int gristes des textes sacr s Une d rive qu on peut d finir comme une th ologisation du contenu de cet enseignement 26 L histoire la g ographie et l ducation civique L histoire est l objet d une accusation d ensemble de la part de certains l ves et de ceux qui les influencent elle serait globalement mensong re et partiale elle exprimerait une vision jud o chr tienne et d form e du monde Les professeurs qui dispensent ces enseignements t moignent en effet de nombreuses contestations d l ves et de r elles difficult s aborder ou enseigner certaines parties du programme De mani re g n rale tout ce qui a trait l histoire du christianisme du juda sme de la Chr tient ou du peuple jui
68. phiquement contestable lorsqu elle est tourn vers l enseignement et les professeurs mais qui a l avantage par ailleurs de pouvoir 12 Par exemple pour Georges Lancon et Nicolas Bouchoud dans Ces banlieues qui nous font peur L Harmattan 2003 p 24 L incantation la mixit sociale est un contresens sociologique ou encore L parpillement sur le territoire de populations en difficult sociale et conomique augmenterait le co t du traitement social et le rendrait difficile mettre en uvre 11 souder la nouvelle communaut assi g e Beaucoup de jeunes d couvrent la religion en dehors du milieu familial La religion telle qu ils la vivent ne les rapproche pas de leurs parents mais les en loigne constate d s 1994 Hanifa Ch rifi Les familles sont souvent d pass es et angoiss es par le comportement religieux de leurs enfants comme ce p re qui nous a confi avoir fait suivre discr tement son fils pour savoir qui l influen ait Cependant la fr quentation des lieux de culte reste encore largement li e l origine nationale La vague religieuse n a donc pas fait dispara tre la structuration par pays d origine ni les tensions inter ethniques toujours pr sentes elle y a superpos une autre structuration qui touche en priorit les hommes les plus jeunes et les plus militants autour d affiliations plus id ologiques que culturelles La nature et l implantation
69. rices Une r union avec un ou deux bons connaisseurs du quartier lu parent directeur de centre social ou de maison de quartier Eventuellement une r union avec des personnels ATOS gestionnaire chef cuisinier infirmi re assistante sociale si le chef d tablissement ne souhaite pas trop largir son quipe de direction 37 Annexe 3 Inspection g n rale de l ducation nationale Groupe Etablissements et vie scolaire Rapport sur les signes et manifestations d appartenance religieuse 1 Protocole de visite en tablissement de l inspecteur g n ral Une r union avec l quipe de direction largie chef adjoint CPE au minimum pr sentation de l tablissement et de son volution les probl mes g n raux les relations avec les parents et l environnement probl mes de vie scolaire y compris filles gar ons et refus de la mixit probl mes de demi pension etc Une r union avec des professeurs choisis par le chef d tablissement coll gues dont l enseignement a t contest qui ont rencontr des difficult s avec des l ves ou des parents etc Tour de table autour de 3 questions inductrices quelles sont les diff rentes formes de manifestations d appartenance religieuse dont vous avez t les t moins avec vos l ves comment ont elles volu depuis que vous tes dans l tablissement comment y r agissez vous de fa on tr s concr te etc
70. riment par l une forme de r bellion fr quente cet ge et pouvant avoir des composantes assez diverses qui reste en g n ral difficile traiter pour les ducateurs Est ce pour cette raison que la grande majorit des l ves voil es se trouve dans les lyc es Ou bien parce que ces jeunes filles disposent souvent du soutien de certains de leurs professeurs et de leurs condisciples prompts s enflammer pour la libert individuelle sans trop s interroger sur la signification du signe Ou encore parce qu elles sont majeures ou proches de la majorit L attitude d un petit nombre de proviseurs qui n ont pas h sit exprimer publiquement y compris dans les m dias leur opposition toute interdiction voire leur d cision de ne pas appliquer une ventuelle loi n a pas contribu apaiser la situation Du coup une sorte de consum risme scolaire s est d velopp e par endroit autour de la r putation de lyc es jug s plus ou moins favorables la religion musulmane le lyc e musulman dit on de l un d eux certains pouvant alors drainer une client le et accueillir jusqu plusieurs dizaines de jeunes filles voil es par une sorte de laxisme attractif selon l expression d un responsable d partemental On peut esp rer de l application de la loi qu elle fasse cesser cette confusion et ces rumeurs et surtout qu elle mette un terme aux marchandages auxquels certains se so
71. rispation protectrice l coop ration et ouverture ailleurs affrontements internes ailleurs encore catharsis collective Au del de cette diversit assez naturelle au demeurant les informations recueillies ont cependant une forte coh rence qui n est pas la moindre de nos surprises dans cette tude et qui d note la vigueur et la g n ralit des contestations de nature religieuse dont les enseignements sont d sormais l objet l impr paration des enseignants y r pondre et le peu d aide qu ils re oivent pour y faire face du fait notamment de l ignorance dans laquelle se trouve l encadrement Nous commencerons par faire le point des contestations dont sont l objet les diff rentes disciplines et activit s avant de d velopper quelques r flexions plus g n rales L ducation physique et sportive L EPS fait partie des disciplines pour lesquelles les professeurs se plaignent souvent de manifestations ou d interventions de nature religieuse perturbant leur enseignement Beaucoup tournent autour de la mixit ou de la pr servation de la pudeur des filles L absent isme et le refus de certaines activit s sont de plus en plus fr quents notamment en piscine et en plein air Une autre source de tensions r side dans le refus d un nombre croissant d l ves la totalit dans certains coll ges de porter les tenues sportives r glementaires Les professeurs d crivent alors les diverses innovations vestimenta
72. rs auxquelles acc dent ou ne s opposent pas certains professeurs ou encore l envahissement des centres de documentation et d information utilis s pour se reposer ou dormir pendant la pause m ridienne Le pros lytisme Le pros lytisme musulman le seul dont on nous a parl plus que de vraiment convertir a d abord pour objet la r islamisation de populations dont la foi est jug e impure et la pi t impr gn e de superstition et de paganisme Les vraies conversions qui sont pourtant nombreuses ne constituent en g n ral qu une retomb e de cette action Les terrains d action de ce pros lytisme sont les prisons le voisinage et le milieu scolaire Il est impuls principalement par des groupes propageant aupr s des populations le plus souvent issues de l immigration maghr bine et en priorit des enfants et des adolescents des conceptions particuli rement radicales de l islam s appuyant sur des lectures pi tistes et litt ralistes du Coran Le mois de car me musulman est l occasion d un pros lytisme intense au sein des tablissements Dans certains coll ges par exemple il est devenu impossible pour les l ves dont les familles sont originaires de pays dits musulmans de ne pas se conformer au rite y compris dans le cas o les parents demandent explicitement l administration que leur enfant continue de manger la cantine En t moignent ces reliefs de repas qui souillent fr quemment les toilettes
73. s davantage que d autres d tre affect s par des manifestations de la religion Ces tablissements ont t choisis par ou en concertation avec l inspecteur d acad mie directeur des services d partementaux IA DSDEN Ne souhaitant pas aller directement dans les coles primaires nous avons chaque fois demand ce dernier de nous pr parer une note de synth se sur les signes et manifestations d appartenance religieuse dans le premier degr Nous avons parfois eu un entretien avec un ou des inspecteurs de l ducation nationale responsables de circonscription que l IA DSDEN souhaitait nous voir rencontrer Il nous est galement arriv d avoir un entretien avec le recteur lorsqu il le souhaitait ou avec un de ses collaborateurs charg de suivre cette question Enfin dans chaque tablissement visit l inspecteur g n ral a Fran ois Baroin Pour une nouvelle la cit rapport au Premier Ministre 2003 Jean Louis Debr La question des signes religieux l cole rapport de l Assembl e nationale 2003 Bernard Stasi L application du principe de la cit dans la R publique rapport de la commission de r flexion nomm e par le Pr sident de la R publique La Documentation fran aise 2004 La polarisation politique et m diatique qui s est d velopp e cette ann e autour du voile a eu cet gard un effet ambigu attirer l attention de l opinion sur le d veloppement du marqua
74. s comme la lutte contre la violence un chef d tablissement poss dant une forte personnalit un important travail collectif en interne et avec l environnement une vie culturelle dynamique une forte r activit aux v nements un r glement int rieur simple clair connu de tous et surtout appliqu et en cas de conflit une volont de dialogue et d explication mais jamais de transaction sur les principes ni de n gociation sur les r gles Ce sont galement des tablissements o l on ne tol re pas l intol rable o l indiff rence et la pusillanimit ne sont pas de mise lorsqu il s agit de menaces de violences notamment l encontre des plus faibles et des filles de pros lytisme agressif de racisme ou d antis mitisme Dans ces coll ges et ces lyc es on a compris que l une des conditions essentielles pour que l cole retrouve un r le majeur d int gration est qu elle soit intransigeante vis vis de tous ceux qui veulent en faire un lieu de discrimination de s gr gation d opposition et m me d affrontements entre des 34 groupes rivaux crisp s de mani re ind passable sur des origines ou des croyances naturalis es Cette clart dans les convictions cette unit dans l action cette ouverture dans la communication et cette fermet sur les principes r publicains et sur les r gles du droit devraient aussi pouvoir se retrouver au niveau acad mique o trop souvent des chefs d
75. s de famille juive des manifestations d appartenance religieuse ou identitaire rebours Elles visent notamment les l ves musulmans ou arabes et sont attis es l aussi par des groupes extr mistes plus nationalistes et racistes que religieux comme le B tar qui m nent des exp ditions punitives et diffusent des affiches et des tracts violemment anti arabes Plus inqui tant des professeurs affichent leur jud it et une certaine crispation identitaire comme en t moigne ce chef d tablissement effar par l accueil re u de certains personnels le f licitant de la nomination d un proviseur juif la t te de leur lyc e Dans d autres tablissements comme dans ce coll ge d un bourg de la vall e du Rh ne nous avons constat que la scolarisation d l ves juifs ne se faisait plus que gr ce sa dissimulation seul le principal en ayant t inform par les parents et assurant discr tion et vigilance mais le patronyme des l ves ne le permet pas toujours Cette situation existe galement s agissant de personnels 23 Quoiqu il en soit si le racisme le plus d velopp dans la soci t reste le racisme anti maghr bin ce n est plus le cas dans les tablissements scolaires o il a t tr s nettement supplant par le racisme anti juif Il est en effet sous nos yeux une stup fiante et cruelle r alit en France les enfants juifs et ils sont les seuls dans ce cas ne peuve
76. st pas la source des dynamiques s gr gatives elle les subit Mais il lui arrive de les accentuer notamment au travers des d cisions prises en mati re de sectorisation et de d rogations En plusieurs endroits nous avons rencontr des chefs d tablissement et des inspecteurs d acad mie tr s attentifs aux volutions sociales et religieuses des secteurs scolaires dont ils ont la charge Ainsi certains directeurs des services d partementaux n ont pas h sit remodeler p riodiquement les contours de la sectorisation de certaines zones ce qui n cessite parfois du courage pour le moins un effort de conviction aupr s des familles et des collectivit s Nous avons pu constater le succ s et l efficacit de ces politiques l o elles ont pu tre men es principalement pour des coll ges Il est vident qu un effort bien plus important pourrait tre fait en ce domaine si une volont politique nationale venait stimuler et structurer l action des responsables acad miques Former et aider les professeurs r pondre aux contestations de leur enseignement Nous l avons dit l empirisme le plus total pr side aux r actions des professeurs mal pr par s affronter les situations de contestation religieuse de leur enseignement et des activit s connexes Certes des formations portant sur le th me de la la cit se sont d velopp es ces derni res ann es dans les IUFM Mais elles prennent en g n ral la forme d
77. t difice religieux Ce dernier cas est devenu un vrai sujet de pr occupation ou d inqui tude en particulier pour les enseignants d histoire Un nombre croissant d l ves de religion musulmane refuse de visiter et d tudier les uvres architecturales du patrimoine cath drales glises monast res d s lors que ces b timents ont ou ont eu une fonction religieuse Les accompagnateurs se sont trouv s plus d une fois pris de court devant le refus d une partie de leurs l ves de p n trer dans un difice Dor navant avertis les enseignants r agissent encore une fois en ordre dispers ce nouveau comportement collectif des l ves Tr s peu semblent lui opposer l id e que l inclusion de ces visites l enseignement qu ils dispensent les rend obligatoires obligation qui garantit l galit de traitement des l ves De m me peu arguent de la nature culturelle et non cultuelle des difices religieux pour l enseignant et les l ves Et donc beaucoup transigent soit en n emmenant que des l ves volontaires soit en laissant l ext rieur les l ves ne souhaitant pas entrer ce qui pose des probl mes de surveillance et de responsabilit D autres renoncent toute visite d un difice religieux Enfin un grand nombre tentent de convaincre les l ves que leur religion ne leur interdit nullement de telles visites Ils se font alors souvent textes religieux l appui les interpr tes des prescrip
78. t rieur imposant la confection de menus sans r f rences religieuses et rappel la libert des familles faire manger leur enfant hors de l tablissement D autres incidents plus ponctuels nous ont t signal s dont la plupart tournent autour de la stigmatisation agressive par les l ves estimant suivre la lettre les commandements alimentaires de la religion de ceux qui ne les suivent qu imparfaitement Le calendrier et les f tes Apr s le respect des prescriptions corporelles se nourrir se v tir l inscription de la vie dans une scansion sacr e du temps est aussi un moyen de se distancier du monde profane de vivre en conformit avec sa foi et ventuellement de le manifester publiquement Il n est donc pas tonnant que le calendrier et les f tes soient devenus dans les tablissements scolaires que nous avons visit s une autre source de tensions et parfois de conflits Le premier objet de contestation est le calendrier scolaire lui m me qui int gre les principales f tes catholiques et ne laisse aucune place aux f tes et jours f ri s d autres 19 2 3 Ds r k n 2 i 4 Es Ce proviseur tr s m diatique et qui a par ailleurs d clar publiquement qu il n appliquerait pas la loi a justifi sa d cision dans un r cent num ro d un bimensuel national musulman 19 religions ainsi le samedi pour les juifs les adventistes et les ravinistes le vendredi pour les musulmans
79. t les mieux form s y r agir notamment parce que ces manifestations sont plus anciennes qu elles sont souvent l objet d changes et parfois d expression collective et que l encadrement n y est pas inattentif Les lettres et la philosophie Les professeurs de ces disciplines rencontrent des difficult s ponctuelles dont on ne peut pas dire qu elles sont g n ralis es bien qu on les retrouve l identique dans la plupart des r gions ce qui atteste une forme minimale d organisation Il y a d abord le refus ou la contestation assez fr quents de certaines uvres et de certains auteurs Les philosophes des Lumi res surtout Voltaire et Rousseau et les textes qui soumettent la religion l examen de la raison sont particuli rement vis s Rousseau est contraire ma religion explique par exemple son professeur cet l ve d un lyc e professionnel en quittant le cours Moli re et en particulier Le Tartuffe sont galement des cibles de choix refus d tudier ou de jouer la pi ce boycott ou perturbation d une repr sentation Il y a ensuite les uvres jug es licencieuses exemple Cyrano de Bergerac libertines ou favorables la libert de la femme comme Madame Bovary ou encore les auteurs dont on pense qu ils sont tudi s pour promouvoir la religion chr tienne Chr tien de Troyes ou m me Satan t moin ce tract distribu par une m re vang liste contre l utilisati
80. tion qui se diffuse d abord parmi les jeunes de la seconde ou troisi me g n ration Le terreau social sur lequel se d veloppent ces volutions est bien connu c est la s gr gation dont sont victimes ces populations devant l acc s l habitat l emploi et aux loisirs du fait de la x nophobie et du racisme depuis leur arriv e sur le sol national L int riorisation de cette injustice porte toute une jeunesse vers le ressentiment le repli et parfois la radicalisation Des organisations le plus souvent structur es sur le plan international prosp rent sur ce terreau et assurent cette nouvelle identit musulmane une promotion efficace dans une surench re permanente qui donne aux plus radicaux souvent le plus de poids aupr s des plus jeunes ou des plus fragiles parmi ces derniers on peut placer un certain nombre de jeunes convertis Le projet de ces groupes ouvertement s gr gationnistes et qui d noncent l int gration comme une apostasie ou une oppression va encore plus loin Il est aussi de rassembler ces populations sur le plan politique en les dissociant de la nation fran aise et en les agr geant une vaste nation musulmane Nous avons dit combien ce projet nous semblait d j bien diffus et mis en uvre dans la jeunesse scolaris e notamment aupr s de ces coll giens et lyc ens qui refusent parfois massivement de s identifier comme Fran ais et ont pris comme h ros les partisans de la
81. tions religieuses ou bien sollicitent l avis crit d une autorit religieuse locale ou nationale ou m me l invitent convaincre directement les l ves Des chefs d tablissement confortent voire prennent l initiative de ces d marches La confusion sur le caract re la que de l enseignement et de l action des enseignants loin d tre dissip e est alors pouss e son comble 30 Quelques r flexions sur les l ves les professeurs et les personnels d encadrement La premi re r flexion concerne les l ves La mont e en charge somme toute r cente de leurs contestations religieuses de l enseignement le ciblage de beaucoup de ces attaques sur des disciplines et des parties de programmes de m me que sur des auteurs et des uvres manifestent sans doute une m me sensibilit identitaire parfois exacerb e certaines questions vives comme la colonisation l immigration le racisme et les v nements du Proche Orient Mais il serait na f de croire qu il ne s agit l que de r actions en quelque sorte naturelles et spontan es De toute vidence des organisations religieuses et politico religieuses travaillent ces l ves parfois d s l cole primaire ainsi que leur famille leur milieu social leur quartier et tentent pour certaines de les dresser contre l cole les professeurs ces menteurs et l enseignement dispens Beaucoup de professeurs des tablisseme
82. us pieuse moins populaire et plus intellectuelle souvent dipl m s et ayant fait des tudes sup rieures en France au Maghreb ou au Moyen Orient certains issus de familles du quartier et d autres arriv s plus r cemment ceux que des professeurs appellent avec une certaine agressivit les barbus et que des l ves nomment avec un respect m l de crainte les grands fr res Il n est pas exceptionnel qu on mentionne galement d anciens l ves dont la conversion s est faite au cours d un s jour en prison et qui b n ficient ce titre d une double aura aupr s de certains coll giens et lyc ens Une affaire de g n ration semble t il des jeunes plus pieux et plus radicaux prennent le pouvoir ou tentent de le prendre au sein des associations cultuelles ou encore cr ent leurs propres associations bousculant des anciens plus mod r s et soup onn s d tre inf od s aux associations traditionnelles contr l es par les pouvoirs politiques des pays d origine D apr s nos interlocuteurs les plus avertis ces grands fr res proposent avec succ s aux jeunes issus de l immigration une identit positive et universaliste musulmane se substituant aux identit s souvent per ues comme n gatives immigr e de leurs parents et mal int gr e de leur g n ration victimes l une et l autre du stigmate raciste Celui ci est parfois rebaptis islamophobie arme philoso
83. verses voire contradictoires d un lieu l autre L opposition la tenue marquant l appartenance religieuse est quasi unanime dans le premier degr mais il existe peu de tentatives importante en coll ge plus 1rr solue en lyc e Une comptabilit pr cise faite par une acad mie d nombre une centaine de foulards ou voiles accept s dans une quinzaine d tablissements dont douze lyc es Ce recensement semble d ailleurs congruent avec l estimation faite en 2003 par la direction centrale des renseignements g n raux valuant entre 1200 et 2500 le nombre d l ves voil es Nous avons cherch comprendre la grande h t rog n it locale et nationale de ces comportements ainsi que la vari t des r ponses qu ils ont trouv es dans les tablissements Il ne semble pas y avoir de lien direct entre le degr d islamisation d un quartier et les tentatives de jeunes filles de porter le voile l cole A plusieurs reprises nous avons pu observer des coll ges implant s dans des quartiers largement contr l s par des organisations religieuses et qui n avaient connu aucune ou tr s peu de tentatives l oppos beaucoup ont pu avoir lieu dans des quartiers o la mixit sociale et religieuse est pr serv e En fait trois facteurs semblent jouer dans la fr quence de ces manifestations vestimentaires d abord l existence d une surench re entre organisations des groupes minoritaires tentant souve
84. x l cole et principalement du voile port par certaines l ves de confession musulmane Divers t moignages en provenance de travailleurs sociaux d enseignants de personnels d ducation de personnels de direction nous avaient alert s un ph nom ne beaucoup plus large un mouvement d une toute autre ampleur semblait affecter notamment la plupart des quartiers populaires ceux qui sont de plus en plus t moins d une s gr gation des populations sur la base de leur origine et qu on d signe souvent aujourd hui par analogie avec les Etats Unis comme les quartiers ghettos Parall lement une s rie de revues et d ouvrages sortaient en librairie qui d une mani re ou d une autre abordaient le m me th me celui de l volution de la place du religieux dans la vie sociale et politique des diverses conceptions de la la cit de la dynamique des diff rentes confessions et notamment de celle de l islam dans les pays d immigration Certains traitaient m me directement des cons quences de cette dynamique sur la vie des classes et des tablissements scolaires Hypoth ses de d part et objet de l tude Nos hypoth ses de d part taient donc que les manifestations d appartenance religieuse individuelles et collectives avaient tendance se multiplier et se diversifier avec une rapidit et une dynamique fortes que dans certains quartiers elles pouvaient affecter tous les domaines d
85. y introduire un peu de mixit gr ce aux l ves qui viennent chaque jour y travailler et y circuler La d scolarisation La plupart des cas de d scolarisation n ont pas de motif religieux C est le handicap la maladie le d crochage la d linquance ou la marginalit qui les motivent Cependant nous avons rencontr dans certains d partements visit s quelques petits groupes religieux refusant de scolariser les enfants Ainsi aux confins sud est du Massif Central un groupe protestant les ravinistes ne scolarise les enfants dans le primaire qu plusieurs conditions refus de l enseignement de l volution des esp ces du cin ma de l ducation sexuelle de l informatique et des cours le samedi Ces enfants sont d scolaris s en fin de CM2 et confi s un organisme d enseignement distance cr par les adeptes Plus au nord des deux c t s de la Sa ne un groupe catholique pratiquant son culte clandestinement et connu sous l appellation les Blancs h ritier de l Eglise r fractaire de la R volution ne scolarise pas non plus ses enfants Enfin dans la banlieue d une grande ville de la vall e du Rh ne des familles musulmanes regroup es autour d un imam refusent galement l cole Par ailleurs dans un tr s petit nombre de cas des l ves filles ont choisi de d missionner de leur tablissement la suite d un conflit portant sur le voile ou la tenue islamique qu elles portaient
Download Pdf Manuals
Related Search