Mardi 30 novembre Stravinski/Moussorgski
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1. e quant au concept plus large de synesth sie il sera au centre de toutes les attentions la fin du XIX si cle et au d but du XX donnant lieu divers d bats sur ses formes et ses implications Liszt Rimski Korsakov ou Messiaen pour ne s int resser qu aux musiciens furent tous trois synesth tes attachant aux accords ou aux tonalit s des couleurs Scriabine associait galement couleur et son peut tre de fa on plus psychologique que v ritablement synesth sique malgr ce qu il affirmait divers articles se sont pench s sur le sujet ces derni res ann es Ses sensations musicales color es organis es suivant le cycle des quintes sont analys es par Leonid Sabaneev en janvier 1911 dans la revue moscovite Musique Elles forment l un des socles de la symphonie de couleurs Prom th e cr e Moscou la m me ann e par Serge Koussevitzky Au piano l orchestre et au ch ur ad libitum Scriabine associe un clavier de lumi res Luce qui poss de sa propre ligne sur la partition Deux voix y sont not es l une correspondant la fondamentale de l harmonie principale l autre changeant plus lentement sans lien apparent avec la musique La premi re de l uvre avec le fameux clavier un Chromola construit par Preston Millar n eut pas lieu avant 1915 alors que Scriabine tait d j mort et elle suscita autant de critiques que d interrogations th oriques et pratiques Kandinsky av2. Mstislav Rostropovitch et de nombreux orchestres prestigieux du monde entier y compris en France o il est tr s aim du public depuis ses d buts Paris avec Paul Paray En 1989 il est retourn dans sa Russie natale pour un Grand chiquier m morable Depuis il joue avec les plus grands artistes russes et les orchestres les plus importants comme l Orchestre Philharmonique de Saint P tersbourg avec lequel il a effectu de nombreuses tourn es internationales Mikha l Rudy donne des r citals dans la plupart des grandes salles internationales de Chicago et New York Paris Milan ou Londres Parmi sa trentaine d enregistrements principalement chez EMI mentionnons l int grale des Concertos de Rachmaninov avec l Orchestre Philharmonique de Saint P tersbourg direction Mariss Jansons le Premier Concerto de Chostakovitch avec les Berliner Philharmoniker et le Deuxi me Concerto avec le London Philharmonic Orchestra tous deux dirig s par Mariss Jansons deux disques des derni res uvres de Scriabine Calliope ayant re u un Prix de l Acad mie Charles Cros la Sonate en si mineur et des uvres tardives de Liszt Calliope Grand Prix Liszt de Budapest l int grale des Variations et d autres pi ces de Brahms des uvres pour piano de Szymanowski Grand Prix du Disque l int grale des uvres pour piano et des uvres concertantes de Jan cek avec Charles Mackerras l album Double Dream avec
3. animent le tableau XVI La grande porte de Kiev apportent lyrisme et po sie cette d marche radicale Anne Rousselin 25 Mikha l Rudy N en Russie l ve au c l bre Conservatoire Tcha kovski de Moscou de l illustre pianiste et professeur Jacob Flier Mikha l Rudy remporte le Premier Grand Prix du Concours Marguerite Long Paris en 1975 Peu de temps apr s au cours de sa premi re tourn e il demande l asile politique en France Mikha l Rudy a fait ses d buts en Occident avec le Triple Concerto de Beethoven en compagnie de Mstislav Rostropovitch et Isaac Stern l occasion des 90 ans de Marc Chagall un peintre que Mikha l Rudy a toujours admir et dont il a t proche dans ses derni res ann es Depuis lors ses engagements refl tent son statut de soliste international au plus haut niveau d buts am ricains Cleveland avec Lorin Maazel Festival de P ques de Salzbourg avec Herbert von Karajan d buts Londres avec le London Symphony Orchestra et Michael Tilson Thomas concert la Waldb hne de Berlin avec les Berliner Philharmoniker et Mariss Jansons retransmis en mondovision Plus r cemment on l a vu aux c t s du San Francisco Symphony Orchestra avec Michael Tilson Thomas de l Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise trois saisons de suite sous la direction d Alexander Vedernikov Andris Nelsons et David Zinman de l Orchestre de l Acad mie de Sainte C cile Rome avec
4. artisans du mouvement n o russe qui touchant principalement l architecture et les arts d coratifs rejette les valeurs et les canons acad miques de l Occident cherchant ses mod les dans la Russie m di vale et populaire La personnalit et la position esth tique de Hartmann pr sentaient des affinit s avec celles du musicien membre particuli rement engag du Groupe des Cinq Ce dernier regroupant autour de son fondateur Mili Balakirev Rimski Korsakov Borodine et C sar Cui s tait donn pour mission d exalter l identit populaire russe dans la cr ation musicale Jusqu sa fin au d but des ann es 1870 il avait eu pour mentor Vladimir Stassov importante figure de la vie culturelle russe conservateur du d partement des beaux arts de la biblioth que de Saint P tersbourg la suite du d c s pr matur de Hartmann Stassov organise une exposition des uvres de l artiste Apr s la mort du musicien il fait diter la partition introduisant en t te de chaque pi ce un bref commentaire descriptif de chaque tableau de Hartmann La plupart des pi ces qui ont inspir le musicien sont des tudes ou des aquarelles r alis es en Europe Celle ci reste une source d inspiration primordiale pour ces deux artistes slavophiles qui comme tous les Russes cultiv s de cette poque se nourrissaient de culture occidentale et parlaient le fran ais Cette rencontre entre un Occident de r f rence et un Orient slave en qu te
5. d affirmation de soi donne naissance une uvre pianistique insolite dont la virtuosit s carte des chemins suivis par les compositeurs romantiques m me si la conception d un cycle de pi ces de caract re rappelle Schumann et Liszt C est probablement ce dernier que Moussorgski doit le plus la fois sur le plan de la variation th matique et sur celui d une criture color e et de dimension orchestrale Mais le musicien russe se montre profond ment original dans sa mani re de faire cohabiter des emprunts la musique populaire avec des proc d s avant gardistes Moussorgski d veloppe un langage harmonique peu orthodoxe fond sur un large emploi de la modalit propre au m los russe ainsi que sur des encha nements d accords inhabituels et saisissants 22 Les Tableaux d une exposition ont donn naissance un grand nombre d arrangements pour des formations diverses dont l exemple le plus c l bre est l orchestration r alis e par Maurice Ravel en 1922 l intention des Concerts Koussevitzky Promenade Ce fil conducteur subit au fil de l uvre des variations dict es par les diff rentes motions ressenties par le musicien au cours de sa visite Cet autoportrait musical voque sous sa premi re forme la d marche pesante du musicien La m lodie s inspire d une chanson traditionnelle c l bre Slava pr sent e dans un contexte archa sant voquant la musique chorale populaire de la Russie Gnomus Ce pr
6. mettais au piano je voyais ses images dans ma t te J tais fascin Je voudrais tre toujours le plus fid le possible l auteur Le travail de documentation de recherche des sources d identification avec l auteur et d empathie avec l poque est absolument indispensable Mais on ne peut revenir au pass que jusqu un certain point on porte n cessairement en nous tout ce qu il y a eu entre 1928 et aujourd hui Les yeux d aujourd hui sont des yeux diff rents J ai donc propos la Cit de la musique deux possibilit s d adaptation une mise en sc ne l identique ou bien une r alisation avec les technologies d aujourd hui avec les moyens multim dia Je demeurais h sitant sur le choix faire Pour moi la r alisation th trale posait beaucoup de probl mes Certaines remarques de Kandinsky taient injustifiables pour le spectateur d aujourd hui Par exemple entre les deux morceaux Baba Yaga et La grande porte de Kiev qui se suivent sans la moindre interruption il crit que quatre minutes doivent suffire pour changer les d cors C est un peu comme r aliser un spectacle de Georges M li s cela doit avoir le charme d autrefois mais c est probablement peu convaincant si l on suit la lettre ses indications De plus quelqu un devait faire les panneaux de sc ne les faux Kandinsky car les aquarelles originales sont tr s petites A l inverse la vid o me semblait bien convenir car je pense que ce qu a
7. 1928 Vassili Kandinsky alors professeur au Bauhaus fut invit mettre en sc ne les Tableaux d une exposition au Friedrich Theater de Dessau premi re repr sentation le 4 avril 1928 Ce projet donna l occasion au peintre d op rer une fusion des arts l un des objectifs du Bauhaus dans une uvre qui associe la musique la peinture et le mouvement avec la participation de deux danseurs ainsi que celui ex cut par certains l ments mobiles des d cors Constatant que si la musique refl te quelque chose ce ne sont pas les tableautins peints mais les exp riences de Moussorgski qui d passent de loin le contenu de la chose peinte le peintre impose dans ses d cors constitu s de seize tableaux une vision d barrass e de l anecdote et traduisant par l emploi de formes g om triques une recherche de simplification et d abstraction en r sonance avec les id aux du Bauhaus Le travail du peintre que l on peut suivre au travers d un ensemble de dessins aquarell s dont certains portent des indications sc niques conserv s au Centre Pompidou porte en effet la marque d Oskar Schlemmer charg de la section th trale de l cole Cette recherche se rapproche galement des exp riences sovi tiques du th tre constructiviste 24 durant les ann es 1920 Cependant la personnalit du peintre domine largement ces influences se gardant de tout dogmatisme certains l ments figuratifs intens ment expressifs tels ceux qui
8. ALLE PLEYEL VENDREDI 17 D CEMBRE 20H Richard Strauss Don Quichotte Piotr Ilitch Tcha kovski Symphonie n 6 Path tique Orchestre du Conservatoire de Paris Alain Altinoglu direction Marc Coppey violoncelle G rard Causs alto gt MUS E DIMANCHE 12 D CEMBRE 16H Salon musical en famille De bons imitateurs JUSQU AU 16 JANVIER 2011 L nine Staline et la musique Exposition temporaire au Mus e de la musique Nocturne les vendredis jusqu 22h VENDREDI 11 DE 10H 18H ET SAMEDI 12 MARS DE 10H 12H30 Colloque Franz Liszt et la France gt DITIONS Dictionnaire encyclop dique Wagner Sous la direction de Timoth e Picard 2494 pages 2010 79 Musique et utopies Collectif 154 pages 2010 19 Histoires des musiques europ ennes Collectif 1514 pages 2006 55 gt M DIATH QUE En cho ce concert nous vous proposons gt Sur le site Internet http mediatheque cite musique fr d couter un extrait dans les Concerts Tableaux d une exposition de Modeste Moussorgski par George Emmanuel Lazaridis piano enregistr la Cit de la musique en 2007 La semaine grasse extrait de Petrouchka d Igor Stravinski par Mikha l Rudy piano enregistr en 2004 Les concerts sont accessibles dans leur int gralit la M diath que de la Cit de la musique de regarder dans les Dossiers p dagogiques Portraits de comp
9. Roch Olivier Maistre Pr sident du Conseil d administration Laurent Bayle Directeur g n ral Mardi 30 novembre Stravinski Moussorgski Mikha l Rudy Dans le cadre du cycle L art total Du 27 novembre au 2 d cembre l scope Vous avez la possibilit de consulter les notes de programme en ligne 2 jours avant chaque concert l adresse suivante www citedelamusique fr Stravinski Moussorgski Mikha l Rudy Mardi 30 novembre Cycle L art total Ce n est pas tant en r ve que dans cet tat de d lire qui pr c de le sommeil et plus particuli rement quand j ai entendu beaucoup de musique que je per ois comme un accord g n ral des couleurs des sons et des parfums Il me semble que tous se manifestent de la m me fa on myst rieuse comme travers un rayon lumineux pour s unir ensuite en un merveilleux concert L odeur des oeillets rouge sombre exerce sur moi un pouvoir trange et magique involontairement je sombre dans un tat de r ve et j entends alors comme venus du lointain s enflant puis expirant les sons profonds du cor de basset Cette exp rience onirique cont e vers 1810 par Hoffmann dans les Kreisleriana est le reflet po tique d une question qu envisageaient d j les th ories de l harmonie des sph res les r flexions du j suite Athanasius Kircher ou le clavecin oculaire du p re Castel celle de la correspondance entre les arts En 1812 le docteur Sachs parlera d audition color
10. Rousselin 12 Vassily Kandinsky dessin pr paratoire pour Tableaux d une exposition Gnomus 1928 Mine graphite encre de Chine et aquarelle sur papier Legs de la veuve de l artiste Nina Kandinsky en 1981 Collection Centre Pompidou Mus e national d art moderne Paris ADAGP Paris 2010 Collection Centre Pompidou dist RMN Georges Meguerditchian Vassily Kandinsky dessin pr paratoire pour Tableaux d une exposition Le Vieux Ch teau 1928 Mine graphite encre de Chine et aquarelle sur papier Legs de la veuve de l artiste Nina Kandinsky en 1981 Collection Centre Pompidou Mus e national d art moderne Paris ADAGP Paris 2010 Collection Centre Pompidou dist RMN Georges Meguerditchian Vassily Kandinsky dessin pr paratoire pour Tableaux d une exposition La Grande Porte de Kiev 1928 Mine graphite encre de Chine et aquarelle sur papier Legs de la veuve de l artiste Nina Kandinsky en 1981 Collection Centre Pompidou Mus e national d art moderne Paris ADAGP Paris 2010 Collection Centre Pompidou dist RMN Georges Meguerditchian h Moussorgski Kandinsky Le projet de Mikha l Rudy Kandinsky a con u Murnau en Bavi re toute une s rie de pi ces de th tre et a crit un certain nombre de textes qui traitent de l art total entre 1909 et 1914 l poque du Blauer Reiter La th tralit de l art total tait alors une question tr s actuelle Kandinsky s int ressait beaucou
11. ait un jour confi qu il lui suffisait de voir des tubes de peinture pour entendre de la musique Dans son esprit chaque couleur appelait un instrument correspondant ainsi le jaune sonne trompette le bleu fonc violoncelle certaines nuances de rouge tuba et cor Il explora ces associations dans des op ras couleur lumi re ou compositions sc niques comme Sonorit jaune Das gelbe Klang en association avec le compositeur Thomas de Hartmann il r unit musique th tre et sc nographie poursuivant ainsi les recherches de Wagner qui on le sait peu notait assez pr cis ment les jeux de lumi re qu il voulait obtenir sur le Gesamtkunstwerk l uvre d art totale En 1928 il accepta de transposer sc niquement la musique des Tableaux d une exposition de Moussorgski au Friedrich Theater de Dessau o se trouvait l poque le Bauhaus Apr s avoir t inspir s par des uvres perdues par la suite du peintre Victor Hartmann ami de Moussorgski mort pr matur ment les Tableaux en une sorte d aller retour formaient l l ment d clencheur d une repr sentation o des formes g om triques suspendues des couleurs projet es et par moments des danseurs concouraient cr er une uvre nouvelle Comme Prom th e d robant le feu aux dieux apporte aux hommes un savoir d origine sacr e l artiste con oit l art total comme une parole proph tique et une utopie sociale Kandinsky portait la musique program
12. bine la r union des arts pr dominants que sont la musique et la peinture et des arts r sonateurs lumi re parfum doit entra ner l me dans un lan si titanique que cet lan doit provoquer n cessairement une v ritable extase une v ritable intuition des desseins sup rieurs Sabaneev Ainsi chez lui le r ve d une dissolution ultime de la mati re avait pour corollaire la dissolution du langage musical traditionnel et notamment l abolition de la tonalit dont t moigne Prom th e et son fameux accord do fa di se si b mol mi la r Le chemin fut sensiblement le m me chez Sch nberg vers l atonalit ou chez Kandinsky vers l abstraction Par l id e de n cessit dont les recherches sur l id e d art total et de correspondance spirituelle sont partie prenante se redessine aux confins d une religion r invent e une nouvelle carte de l art au d but du XX si cle Ang le Leroy Cycle L art total SAMEDI 27 NOVEMBRE 20H Wolfgang Rihm Gejagte Form version 1995 1996 Hugues Dufourt Les chasseurs dans la neige d apr s Bruegel Dmitri Kourliandski Objets impossibles Commande de l Ensemble intercontemporain Cr ation Bruno Mantovani Concerto de chambre Cr ation fran aise Ensemble intercontemporain Bruno Mantovani direction Collectif Abstract Birds cr ation d images en temps r el Pedro Mari vid o Natan Sinigaglia vid o Thomas Goepfer r alisation informatiqu
13. ces textes de Kandinsky pleins d id es et de r ve mais qui restaient pour moi de belles utopies En 1928 alors que Kandinsky est d j depuis plusieurs ann es professeur au Bauhaus on lui demande de r aliser la mise en sc ne des Tableaux d une exposition Or Kandinsky depuis un certain temps s tait d tach du probl me du th tre Avec les Tableaux d une exposition c est la premi re et unique fois qu il accepte de travailler partir d une musique d j existante sans doute parce qu il se sentait des affinit s profondes avec cette uvre inclassable Quand j ai lu le texte et vu les dessins des figurines j ai pens au d but qu il tait influenc par une autre figure du Bauhaus Oskar Schlemmer qui a r alis le Ballet triadique uvre manifeste de l art total du Bauhaus En allant plus loin j ai appris qu Oskar Schlemmer et les autres personnalit s du Bauhaus s taient eux m mes inspir s des crits de Kandinsky qui dataient des ann es 1910 Finalement Kandinsky a ainsi renou de fa on pratique avec ses propres crits th oriques Le spectacle a eu un tr s grand succ s lors de sa cr ation en 1928 au Friedrich Theater de Dessau Les Tableaux d une exposition ont t jou s au piano en direct avec un important appareil th tral des d cors de tr s grandes dimensions et un norme travail d clairage qui a g n r d innombrables indications de Kandinsky Ce dernier a exig par exemple un fond noir q
14. de Limoges les danseurs hommes habill s en femme devaient raconter l histoire d une querelle suivie d une r conciliation Il fallait donc cr er une chor graphie avec plusieurs l ments un plan de Limoges mis sur une sorte de pi destal bleu blanc rouge sur lequel apparaissent deux figures anim es qui sautent d une marche un certain endroit de la partition avec un effet d clair d crit par Kandinsky Les costumes qu il a dessin s pour ces danseurs sont tr s proches de ceux d Oskar Schlemmer Pour Samuel Goldenberg et Schmu ile les danseurs ne devaient pas vraiment danser mais plut t gesticuler Ici les indications de Kandinsky sont r duites deux colonnes surmont es d un cercle de couleur qui tourne en fait Kandinsky propose de projeter sur le fond de ces colonnes comme dans un th tre d ombres les deux personnages en costumes traditionnels juifs qui s invectivent C est tr s compliqu de trouver pour repr senter ces personnages une solution convaincante et esth tiquement valable Dans d autres morceaux comme Bydlo on voit une s rie de figures rondes carr es rectangulaires Chacun de ces l ments un certain moment de la pi ce doit appara tre et traverser la sc ne L esquisse de Kandinsky ne doit pas tre regard e en tant qu entit c est plut t un mode d emploi pour le spectacle comportant la fois les figures et les indications de leurs mouvements Bien qu abstraits les l ments appa
15. du th me polytonal Troisi me tableau De cinglantes quartes ouvrent cette page exprimant l agressivit du Maure Mais celui ci entame bient t une danse pesante et maladroite au son d une morne m lop e La Ballerine appara t un cornet pistons la main puis danse au son de deux valses de Joseph Lanner compositeur autrichien la premi re est accompagn e de fa on rudimentaire et gauche tandis que la seconde offre un coloris plus raffin et tcha kovskien elles contribuent recr er dans l uvre l ambiance cosmopolite de Saint P tersbourg Le couple dansant form par la Ballerine et le Maure est voqu par la superposition du deuxi me th me de valse avec la m lop e du Maure en un grotesque contrepoint L entr e de Petrouchka est suivie d un violent combat qui r introduit les arp ges bitonaux furieusement dissonants La victoire du Maure s accompagne des rageuses quartes initiales 11 Quatri me tableau Dans ce dernier volet co ncident le point culminant de la f te et la fin tragique de l intrigue Un ostinato fond sur des tierces parall les aux deux mains cr ant un univers harmonique primitif rehauss d allusions polytonales voque l effervescence g n rale Sur ce tapis sonore se fait entendre le robuste th me de la Danse des nounous emprunt au folklore d j exploit par Balakirev en 1858 dans son Ouverture sur trois th mes russes Un montreur d ours joue une stridente m l
16. e Andante non troppo con lamento La cabane sur des pattes de poule Allegro con brio e feroce Andante mosso Allegro molto La porte des Bogatyrs dans Kiev l ancienne capitale Allegro alla breve Maestoso Con grandezza Composition du 2 au 22 juin 1874 Saint P tersbourg D dicace Vladimir Vassilievitch Stassov Premi re dition Bessel Saint P tersbourg 1886 Dur e environ 35 minutes 21 La vie et l uvre de Modest Petrovitch Moussorgski refl tent les aspirations et les tourments de la Russie durant la seconde moiti du XIX si cle Cet aristocrate que l abolition du servage en 1861 passionne mais ruine conna t successivement la vie mondaine de la jeunesse dor e p tersbourgeoise et l exp rience communautaire d apr s des mod les propos s par les socialistes utopiques sa mort il laisse deux op ras inachev s Tr s attach aux principes du mouvement populiste qui voit dans le peuple malgr sa d gradation et ses faiblesses un mod le le compositeur de Boris Godounov puise aux racines de la musique populaire qu il exploite de fa on novatrice et insolite uvre embl matique de la musique russe les Tableaux d une exposition constituent la seule partition instrumentale substantielle de Moussorgski avec Une nuit sur le mont Chauve Ce cycle pour piano est un hommage l architecte aquarelliste et designer Victor Alexandrovitch Hartmann 1834 1873 Ce dernier est l un des principaux
17. e musicale Ircam Nicolas Berteloot r gie son Technique Ensemble intercontemporain MARDI 30 NOVEMBRE 20H Igor Stravinski Petrouchka Transcription pour piano du ballet complet par Igor Stravinski et Mikha l Rudy Modeste Moussorgski Tableaux d une exposition D apr s la version th trale de Vassily Kandinsky de 1928 cr ation fran aise de la projection des esquisses originales Mikha l Rudy piano JEUDI 2 D CEMBRE 20H Franz Liszt Prometheus Richard Strauss Mort et Transfiguration Ludwig van Beethoven Prometheus extraits Alexandre Scriabine Prom th e Orchestre National de Lyon Jun M rkl direction Roger Muraro piano Mathias Lecomte orgue Alain Louvier orgue de lumi re MARDI 30 NOVEMBRE 20H Salle des concerts Igor Stravinski Petrouchka transcription pour piano du ballet complet par Igor Stravinski et Mikha l Rudy entracte Modeste Moussorgski Tableaux d une exposition Accompagn s de la projection anim e des dessins pr paratoires de Vassily Kandinsky pour le spectacle pr sent au Friedrich Theater de Dessau le 4 avril 1928 cr ation fran aise Direction artistique Mikha l Rudy En collaboration avec le Centre Pompidou Mus e national d art moderne Paris Animations L E S T Cr ation des animations Mathilde Germi Production des animations Christian Guillon Audrey Kleinclaus Mikha l Rudy piano Enregistr par France Musique ce concert sera
18. emier tableau fut inspir par le dessin d un casse noisette prenant la forme d un gnome marchant avec g ne sur ses jambes d form es Le caract re fantastique et inqui tant du personnage est traduit par de constants changements de tempo et de texture ainsi que des harmonies ambigu s et chromatiques Il vecchio castello Faisant suite une m lancolique Promenade ce tableau voque un ch teau m di val devant lequel se tient un troubadour Italienne par son rythme de sicilienne la chanson de ce m nestrel adopte l allure d une cantil ne russe Tuileries Apr s une robuste Promenade cette charmante pi ce rappelle la tendresse et la complicit que le musicien au caract re abrupt et difficile avec les adultes entretenait avec les enfants comme en t moigne l original cycle de m lodies Les Enfantines Bydlo Sans transition cette pi ce ram ne l auditeur en terre slave Le titre emprunt au polonais ne signifie pas comme il l est souvent dit chariot mais b uf Stassov d crit un chariot polonais avec d normes roues tir par un b uf Contrairement au pianissimo suivi d un crescendo introduit par Ravel au d but de la pi ce cr ant un effet cin matographique de rapprochement puis d loignement Moussorgski impose d embl e un crasant fortissimo Cette rude vocation a t interpr t e comme une symbolisation du joug sous lequel la Russie maintenait cette poque le peuple
19. esponsabilit Kandinsky est l un de mes peintres pr f r s Ce qui est important dans la mise en sc ne de Kandinsky c est la progression dramatique Cela commence de fa on tr s d pouill e avec ce soleil qui appara t Kandinsky voyait cette promenade de fa on cosmique Plus on avance dans la dramaturgie plus cela devient flamboyant pour culminer deux endroits selon moi Premi rement dans Catacombes apog e visionnaire o l abstraction de Kandinsky va le plus loin on est dans Rothko on est dans le XXI si cle Turrell ou Eliasson c est plus que le contemporain c est le futur Cette partie est ma pr f r e la plus nigmatique tr s minimaliste D ailleurs la musique d une beaut indescriptible a des d cennies d avance sur son temps Puis dans La grande porte de Kiev il est fascinant de voir comment les diff rents l ments doivent se r unir dans un seul tableau On aper oit l vocation des clochers russes des tours du Kremlin du porche de la grande porte de Kiev les figurines qui se pressent en nombre les nuages la lune et le soleil On n est pas si loin des d cors des Ballets russes avec Rimski Korsakov ou Stravinsky Mais on voit souvent chez Kandinsky les r miniscences de la figuration comme le personnage du cavalier dans son c l bre tableau Lyrisches Il y a toujours cette ambigu t entre abstraction et figuration L uvre se termine en l vation avec le soleil rouge identique cel
20. iments humains Mais qui tire les ficelles Qui est le Grand Marionnettiste L enfant aux grands yeux existe t il encore Je baisse les feux du lustre je me jette sur le lit et tourn du c t de l ombre je vous vois mes filles mes reines Mikha l Rudy Arthur Rimbaud Les Illuminations Igor Stravinski 1882 1971 Petrouchka Sc nes burlesques en quatre tableaux Transcription d Igor Stravinski et Mikha l Rudy Tableau La f te populaire de la semaine grasse Transcription de Mikha l Rudy l exception de la Danse russe transcription d Igor Stravinski Vivace Le tour de passe passe Lento Danse russe Allegro giusto Tableau Il Chez Petrouchka Transcription d Igor Stravinski Stringendo Molto meno Allegro Tableau IIl Chez le Maure Transcription de Mikha l Rudy Feroce stringendo Meno mosso Pesante Danse de la Ballerine Allegro Valse La Ballerine et le Maure Lento cantabile Tableau IV La f te populaire de la Semaine grasse vers le soir Transcription d Igor Stravinski et Mikha l Rudy Con moto Danse des nounous Allegretto Danse des cochers et des palefreniers Moderato Les d guis s Agitato Mort de Petrouchka Composition du ballet 1910 1911 Argument du ballet Igor Stravinski et Alexandre Benois Chor graphie Michel Fokine Premi re repr sentation Paris Th tre du Ch telet 13 juin 1911 par la compagnie des Ballets russes direc
21. le pianiste de jazz Misha Alperin Le Piano romantique uvres de Liszt Brahms Schubert Wagner et Chopin coffret de 5 CD EMI Mikha l Rudy a particip de multiples missions de t l vision et de radio dont le film 26 de la BBC consacr Tcha kovski o il enregistre la musique du compositeur sur son piano pour France Musique il a cor alis une s rie d missions sur Scriabine Brahms Szymanowski et Jan cek Tr s r cemment Mikha l Rudy a t l invit principal d Alain Duault dans Toute la musique qu ils aiment sur France 3 et de Jean Fran ois Zygel dans son mission t l vis e diffus e sur France 2 La Bo te musique La tr s grande curiosit artistique de Mikha l Rudy l a conduit explorer diff rentes formes d art et r aliser avec beaucoup de succ s de nombreux projets innovants Ainsi son duo Double Dream avec le pianiste de jazz Misha Alperin artiste ECM compositions improvis es sur le r pertoire classique pr sent en concert multim dia s est produit dans de nombreux festivals Jersey Copenhague ou Sydney ainsi qu Paris et Londres Son spectacle Le Pianiste avec Robin Renucci tir du livre de Wladyslaw Szpilman a t unanimement salu par le public et la critique avec plus de cent repr sentations en France notamment au Th tre des Bouffes du Nord Paris en Belgique en Hollande en Angleterre au Festival Inte
22. leur par les sonorit s ici tr s franches de l instrument Dans la version originale du ballet l id e originelle du Konzertst ck donne naissance une importante partie de piano associ e au personnage de Petrouchka L instrument n appara t pas dans les sc nes de r jouissance collective au d but du premier tableau et dans une grande partie du quatri me de m me qu au troisi me tableau Chez le Maure la fin duquel le h ros fait une violente mais br ve irruption Les Trois Mouvements de Petrouchka retiennent la Danse russe au premier tableau le second tableau Chez Petrouchka et le quatri me tableau dans une version abr g e Ici le compositeur transcrit les pisodes de La Semaine grasse vers le soir d o le piano est absent mais abandonne la fin narrative de la musique du ballet avec piano La transcription compl te du ballet par Mikha l Rudy prend donc en charge les parties laiss es manquantes par celle de Stravinski Premier tableau L effervescence de la f te la multiplicit des groupes et des animations cort ge d ivrognes harangue du comp re de la foire danseuse au triangle orgue de barbarie bo te musique est traduite par une musique chatoyante d un riche coloris instrumental dans la partition originale bois par quatre c lesta piano deux harpes Dans sa r vision de la partition publi e en 1947 le compositeur restreindra quelque peu l effectif original Les joyeux appels sur cinq note
23. m connaissance ue aa e ES e LUI
24. me DU SAMEDI 27 NOVEMBRE AU JEUDI 2 D CEMBRE propos e par le XIX si cle en pi tre estime consid rant ses r alisations comme des tentatives tr s maladroites et surtout incons quentes Du spirituel dans l art Il voulait en effet substituer aux correspondances ext rieures mat rielles et faciles la n cessit int rieure et la r sonance dont un Moussorgski pour lui faisait d j preuve dans ses Tableaux d une exposition Les motions artistiques ne doivent plus tre acoustiques visuelles etc mais purement spirituelles tel est l art de l avenir Son avant propos cosign avec Franz Marc l Almanach du Blaue Reiter 1912 t moigne de cette philosophie En voici les premi res lignes Une grande poque s annonce et a d j commenc l veil de l esprit l inclination croissante reconqu rir l quilibre perdu la n cessit in luctable d engranger les semences de l esprit l panouissement des premi res fleurs Nous sommes l or e d une des plus grandes poques que l humanit ait v cues jusqu ici l poque de la grande spiritualit Cet appel enthousiaste refl te les aspirations de nombreux artistes de l poque Kupka La Cr ation dans les arts plastiques 1913 Picabia ou Sch nberg ne diront pas autre chose L art total devient le moyen d un discours esth tique totalement nouveau une sorte de langue universelle orphique qui s adresse l me l tre entier Pour Scria
25. nim es par la fl te du magicien qui s est exprim e en une cadence d licieusement vulgaire explosent d une vitalit exub rante dans la Danse russe Celle ci pr sente un refrain en accords parfaits parall les suivis de deux couplets apparent s Stravinski emprunte leur th matique un chant de la f te de la Saint Jean qui s nonce diff rents registres offrant de p rilleux d placements En conclusion le refrain jaillit une derni re fois dans une coda qui fait clater l criture conjointe d un contre chant du th me en une ligne disjointe et d sarticul e Deuxi me tableau Dans ce tableau transcrit par Stravinski la r duction au clavier par ses ruptures et ses contrastes violents traduit avec efficacit la th tralit sch matique du ballet Propuls par un coup de pied venant des coulisses Petrouchka fait irruption sur la sc ne Sa surprise et sa col re s expriment par le fameux th me polytonal superposant deux arp ges celui de do majeur et celui de fa di se agglom r s ensuite dans un tr molo m lodramatique Puis un th me l ger et fantasque harmonis la russe sur une p dale voque les tats d me changeants du pantin La Ballerine fait son entr e sur un motif gracieux et sage repris et d form dans une danse sauvage Le d part de la Ballerine s accompagne d une cadence initialement confi e la clarinette exprimant le d sespoir de Petrouchka suivie des arp ges furieux
26. obscurs d intensit qui traduisent l angoisse et la r volte du musicien face l in luctable Con mortuis in lingua mortua s agit de l cho d color vacillant de la Promenade La cabane sur des pattes de poules La c l bre sorci re des contes russes d voreuse d enfants qui vit dans une cabane mont e sur pattes de poule pivotant pour faire face sa proie suscite chez le musicien une pi ce d une agressive modernit Martel et franc au d but le chromatisme omnipr sent se charge d un parfum myst rieux et mal fique dans la partie centrale aux sonorit s impalpables peupl es d appels et de cris La porte des Bogatyrs Ce finale trouve son inspiration dans une aquarelle repr sentant un projet pour l rection Kiev d un monument destin comm morer l attentat manqu contre Alexandre II le 4 avril 1866 Surmont d une coupole en forme de casque flanqu d un clocher bulbe l difice jamais r alis voque la Sainte Russie m di vale et l gendaire celle des Bogatyrs les preux chevaliers aux exploits surhumains Moussorgski fait retentir un hymne grandiose au caract re un peu archa que et introduit entre ses diff rentes pr sentations une citation d un chant de la liturgie orthodoxe russe Comme tu es baptis dans le Christ Une vol e de cloches r introduit le th me de la Promenade avant le dernier retour de l hymne triomphal exprimant ainsi la foi du musicien en la Russie ternelle En
27. odie sur son chalumeau absente de la transcription de Stravinski puis un marchand m ch fait irruption jetant des billets la foule th me accentu pr c d d une vigoureuse anacrouse et fait danser au son de son accord on deux boh miennes S impose alors le pi tinement des cochers et des palefreniers en accords martel s Ce th me galement folklorique se conjugue celui de la Danse des nounous Surgissent les d guis s dans un mouvement perp tuel chromatique en expansion Leurs bouffonneries font jaillir autant de th mes populaires d allure parfois enfantine dans une criture tr s complexe qui refl te l exub rance de la trame orchestrale la fin de sa transcription le compositeur ram ne le tr molo polytonal suivi d un glissando balayant le clavier r sumant ainsi les p rip ties finales du ballet Mais celles ci quoique expos es de fa on lapidaire se pr sentent diff remment dans la version originale l arp ge polytonal est brutalement r introduit signalant le combat final La mort de Petrouchka s accompagne d une br ve page de m lancolie rappelant le th me du personnage envelopp de sonorit s th r es des cordes Le mat riau initial du quatri me tableau ralenti et entrecoup de silences voque la foule qui se disperse Dans un contexte polytonal d une grande efficacit dramatique vient se superposer l arp ge rageur de Petrouchka accompagnant la provocante grimace du h ros Anne
28. ondulantes rien d autre Pour le reste c est un travail d imagination Pendant le travail pr paratoire j ai crit un sc nario en faisant la synth se des sources et en mettant pr cis ment des images sur chaque note de musique Je n ai pas de mots pour remercier Le Centre Pompidou qui a fait un travail fantastique en particulier le conservateur Christian Derouet qui m a donn acc s la partition annot e par F lix Klee tout comme la Cit de la musique qui s est embarqu e dans cette folle aventure partir de ce sc nario la Cit a contact l quipe de L E S T L tude de Supervision des Trucages une quipe de grands sp cialistes pour me pr ter main forte Je leur ai fourni outre le sc nario mon propre enregistrement des Tableaux d une exposition dans une version r cente pour leur donner les indications de mes tempi et pr parer la version de concert Ensuite cela a t un travail de fourmi L quipe a travaill la r alisation du sc nario Tr s r guli rement j allais voir la progression du travail et essayais de trouver des solutions artistiques Par exemple dans Samuel Goldenberg et Schmu le nous avions un probl me pour la repr sentation des personnages juifs en costume traditionnel Le parti pris a t de montrer les personnages en reprenant l esth tique de Kandinsky les animateurs de L E S T l ont r alis de mani re remarquable Ce travail a t passionnant tout en tant une immense r
29. ons sch matiques de commedia dell arte d passe les fronti res de la Russie et atteint l universel par sa simplicit Mais ce th tre dans le th tre n est qu un aspect du ballet dans lequel la peinture de la f te populaire tient une place importante C est une partition aux contrastes accus s d une nergie rythmique explosive qui emprunte volontiers ses th mes d un franc diatonisme la musique populaire que Stravinski livre aux Ballets russes Cette esth tique emporte l adh sion du public et de Paris Londres et New York le succ s de Petrouchka ne se d mentit pas La musique est lou e pour sa s ret de trait et l intensit de sa couleur L emprunt au folklore russe est appr ci apportant l uvre une verdeur et un parfum d authenticit rafra chissants En 1921 Stravinski r alise pour piano seul un arrangement de trois parties de l uvre Il se propose ainsi de procurer aux virtuoses du piano une pi ce qui par son envergure pourra s ajouter leur r pertoire moderne et leur permettra de d ployer leur technique D une grande difficult d ex cution la transcription pour piano d di e Arthur Rubinstein traduit dans sa dimension percussive les puissantes lignes de force et la juxtaposition d l ments contrastants et bigarr s propres la musique du ballet La robuste simplicit des th mes pr sent s souvent en lignes parall les et l nergie rythmique sont galement mises en va
30. ositeurs Stravinski dans les Rep res musicologiques Le piano dans les Instruments du Mus e gt la m diath que d couter avec la partition Tableaux d une exposition de Modeste Moussorgski par Vladimir Krainev piano Le Sacre du printemps Petrouchka pour piano quatre mains d Igor Stravinski par Christian Ivaldi et No l Lee piano delire Igor Stravinsky d Andr Boucourechliev Moussorgsky de Marcel Marnat Le Renouveau de l art total sous la direction de Danielle Cohen Levinas de regarder Tableaux d une exposition de Modeste Moussorgski par Valentina Igoshina piano diteur Hugues de Saint Simon R dacteur en chef Pascal Huynh R dactrice Ga lle Plasseraud Graphiste Ariane Fermont Stagiaires Delphine Anquetil Camille Girard Imprimeur FOT Imprimeur BAF Licences n 1014849 1013248 1013252 EXPOSITION 3 B i 7575417575 licences n Exposition au Mus e de la musique du 12 octobre 2010 au 16 janvier 2011 Billet coupe file en vente sur www citedelamusique fr Nocturne le vendredi jusqu 22 heures Porte de Pantin Exposition organis e dans le cadre de l Ann e France Russie 2010 Conceptiongraphique Laurent M sz ros ways Photos L nine 1919 Staline 1945 DRaintP tenbourg Mus e d Histoire Politique de la Russie Cit de la musique www citedelamusique fr 0144 84 44 84 obuz co
31. p au th tre et aux metteurs en sc ne dans sa biblioth que on trouve aussi bien des livres de Gordon Craig que des th ories du th tre russe comme celles de Nikola Evreinov qui traitent de la conjonction de diff rents l ments pour cr er cette fameuse uvre d art totale Il tait aussi tr s int ress par les id es et les r alisations de Scriabine Le concept de th tre propos par Kandinsky peut para tre paradoxal D un c t ce sont des textes visionnaires incroyablement bien crits Mais d un autre c t quand on commence regarder ses pi ces de plus pr s les probl mes de leur r alisation semblent difficilement surmontables Par exemple la musique est suppos e jouer un r le important mais elle existe tr s peu au final Kandinsky peut commencer une pi ce avec l indication d un accord ind termin ou bien crire lui m me des sortes de m lodies populaires russes mais qui sont en fait tr s peu utilisables Kandinsky a collabor pour la plupart de ses pi ces avec le compositeur Thomas de Hartmann sans parent avec Victor Hartmann l inspirateur des Tableaux d une exposition de Moussorgski ni avec Karl Amadeus Hartmann disciple de Gurdjieff Peu de ces partitions ont surv cu certaines sont conserv es l Universit de Yale aux tats Unis et le compositeur Gunther Schuller a r alis une tentative de synth se de ce qui existe un r sultat assez modeste J tais fascin en lisant
32. polonais Ballet des poussins dans leur coque Une plaintive Promenade fait place ce scherzo l ger et virtuose inspir par une tude de Hartmann pour les costumes d un ballet intitul Trilby ou l Elfe d Argyle d apr s Charles Nodier repr sent en 1871 au Grand Th tre de Saint P tersbourg Samuel Goldenberg et Schmu le Dans cette pi ce dramatique Moussorgski confronte deux portraits r alis s par Hartmann dans la ville polonaise de Sandomir Le th me de Samuel Goldenberg est inspir d un authentique chant juif du XVIII si cle celui de Schmu le d roule sa m lop e lancinante dans un contexte tonal inhabituel et lointain le ton virtuel de r b mol mineur La virtuose superposition des deux th mes traduit de fa on loquente le foss s parant les classes sociales 23 Limoges Le march Apr s le retour de la Promenade presque identique la premi re version mais d une criture encore plus large cette vocation brillante et volubile du caquetage des comm res commence de fa on plut t conventionnelle puis volue au fur et mesure que la conversation d g n re en dispute vers un discours de plus en plus original fractur de ruptures Une coda bouillonnante emporte l auditeur vers le tableau suivant qui offre un contraste saisissant Catacombae Sepulcrum Romanum Sommet expressif du cycle cette m ditation sur la mort d une nudit impressionnante est balay e de violents clairs
33. raissent comme de v ritables personnages avec leur propre caract re Ce qui est tr s int ressant c est qu ils doivent traverser la sc ne chacun un rythme et une vitesse diff rents alors que la musique garde toujours le m me tempo C est ce qui explique le d calage entre les diff rentes vitesses et cr e un effet tout fait tonnant Dans Baba Yaga la sc ne est constitu e de cartes perfor es encadrant une sorte d horloge en fait une figure abstraite ronde avec des aiguilles Celle ci devait tre recouverte d un mat riau noir et ne devait tre vue que durant la partie centrale du morceau qui est en trois parties les premi re et troisi me parties sont rapides et celle du milieu plus lente puis revenir la fin Derri re les cartes perfor es suivant le rythme de la musique les gens devaient manier des lampes de poche suivant des mouvements pr cis Il fallait le repenser Dans le Ballet des poussins dans leur coque il n y avait comme d cor que trois lignes courbes trou es avec derri re ces trois lignes trois personnes munies de lampes de poche jaunes qui les tournent au rythme de la musique Je voyais ce morceau comme un film d animation 18 de Norman McLaren pionnier de l animation abstraite les points lumineux les poussins m apparaissaient aussi vivants et pleins d humour que des personnages anim s Pour r aliser ce tableau il existe seulement un petit dessin de Kandinsky avec des lignes
34. retransmis le jeudi 16 d cembre 2010 12h35 Fin du concert vers 21h40 Petrouchka Le Grand Marionnettiste Enfant j avais tr s peur d aller voir les marionnettes D s que le n on du petit th tre s teignait pour laisser la place aux reflets jaunes et verts surgissaient les personnages du spectacle d form s par leurs ombres Derri re le rideau je devinais la pr sence inqui tante d une forme humaine qui faisait battre mon c ur d pouvante Je le nommais le Grand Marionnettiste Investi d une puissance extraordinaire il tait capable d insuffler la vie ses cr ations de les faire danser et rire de les rendre amoureuses mais au moindre de ses caprices il pouvait son gr les faire fondre dans une cuill re tel un personnage de Peer Gynt ou leur couper la t te comme ce pauvre P trouchka J tais hypnotis par son pouvoir illimit et je m identifiais ses cr atures Mes sentiments taient ils r els ou imaginaires Je cherche toujours la r ponse Dans le petit th tre o se joue le drame de Petrouchka et de la Ballerine un morceau de bois le piano anime d autres morceaux de bois par la volont d un magicien en habit noir Peut tre faut il jouer Petrouchka en chapeau haut de forme entour de lapins blancs et de femmes coup es en morceaux qui se refl tent dans les miroirs et se multiplient Le piano donnant l illusion de la vie des marionnettes qui leur tour nous font croire aux sent
35. rnational de Manchester ainsi qu au Festival de Hong Kong avec l acteur britannique Peter Guinness Passionn par l criture Mikha l Rudy a crit Le Roman d un pianiste L Impatience de vivre livre paru aux ditions du Rocher en 2008 Un film portrait d Andy Sommer galement intitul Mikha l Rudy le roman d un pianiste a t diffus par France 2 Et aussi gt CONCERTS VENDREDI 17 D CEMBRE 20H Mikha l Glinka Valse Fantaisie Felix Mendelssohn Concerto pour violon Franz Schubert Ouverture dans le style italien Symphonie n 3 Chamber Orchestra of Europe Vladimir Jurowski direction Joshua Bell violon DIMANCHE 9 JANVIER 15H Dmitri Chostakovitch Pr face l dition compl te de mes uvres et br ves r flexions sur cette pr face op 123 Deux Fables sur des textes d Ivan Krylov op 4 Cinq Romances op 121 Dix Aphorismes op 13 Satires op 109 Quatre Strophes du capitaine Lebiadkine op 146 Arthur Schoonderwoerd piano Nadja Smirnova soprano Piotr Migunov basse VENDREDI 14 JANVIER 20H Franz Liszt Fun railles Olivier Messiaen Le Merle Roche Jean Fr d ric Neuburger Trois Chants de Maldoror Jean Barraqu Sonate pour piano Jean Fr d ric Neuburger piano SAMEDI 12 MARS Franz Liszt Deux L gendes pour piano Les Pr ludes Deux L gendes pour orchestre Totentanz Anima Eterna Brugge Jos van Immerseel direction Pascal Amoyel piano rard 1886 gt S
36. s confi s initialement la fl te se d tachent d une trame musicale h t rophonique dont les parties sont apparent es les unes aux autres par leur mat riau form e d ostinatos La m trique changeante et la polyrythmie apportent du relief cette riche texture Dans cette sc ne collective comme plus tard au quatri me tableau les th mes d filent se juxtaposent dans un tonnant patchwork d emprunts au folklore et de citations Au lever du rideau le groupe dansant d ivrognes volue au son d une joyeuse fanfare th me mi pa en mi liturgique selon le compositeur qui cite un chant de mendiants de la r gion de Smolensk Le tumulte g n ral laisse place la poussive rengaine d un orgue de barbarie qui s anime au mouvement d une danseuse battant la mesure avec un triangle le compositeur introduit la m lodie guillerette d une chanson fran aise du d but du XX si cle Ell avait un jambe en bois La f te reprend son cours de plus en plus exub rante mais l apparition d un vieux prestidigitateur impose silence aux badauds Le tour de passe passe cr e un tout autre univers d s ses premi res notes g missantes aux accents myst rieux L arachn enne texture musicale aux sonorit s chatoyantes et dispers es rappelle les Parfums de la nuit deuxi me volet d Iberia de Debussy et parcourue de chromatismes frissonnants elle fait na tre la vision de ce personnage hoffmannien et fantastique Les trois poup es a
37. s de toutes les foires de tous les pays C tait bien cela j avais trouv mon titre La partition est montr e Diaghilev qui enthousiasm confie le sujet au peintre Alexandre Benois qu il charge galement des d cors Les pittoresques tableaux du ballet prennent place Saint P tersbourg vers 1830 pendant la f te populaire de la Semaine grasse Un charlatan ouvre son th tre et devant l assistance compos e de petites gens paysans nourrices cochers palefreniers donne vie trois marionnettes Petrouchka qui tient d Arlequin et de Pierrot la Ballerine et le Maure Aussit t Petrouchka tombe amoureux de la Ballerine Mais celle ci lui pr f re au grand d sespoir du h ros le Maure plus avantageux Un combat s engage qui se poursuit hors du th tre au milieu de la f te Petrouchka s croule mortellement frapp par le Maure Un lieutenant de police ramasse le cadavre de la marionnette dont l ombre appara t alors au dessus du petit th tre adressant au charlatan et l assistance un pied de nez Un tel sujet constitue une nouveaut pour les Ballets russes qui ont produit les saisons pr c dentes des spectacles voquant une Russie f erique et orientale L exotisme n est plus de mise avec cette vocation du Saint P tersbourg populaire du XIX si cle la fois plus occidentale et plus concr te plus authentiquement russe que l univers l gendaire de L Oiseau de feu l intrigue avec ses situati
38. tion musicale Pierre Monteux Principaux r les Vaslav Nijinski Petrouchka Tamara Karsavina la Ballerine Alexandre Orlov le Maure Enrico Cecchetti le Charlatan D dicace de la partition Alexandre Benois Premi re dition dition russe de musique 1912 Dur e environ 34 minutes Fort du succ s obtenu en 1910 par L Oiseau de feu premier fruit de la collaboration entre Stravinski et les Ballets russes Serge Diaghilev directeur de la troupe d cide de commander une nouvelle partition au musicien Le projet du Sacre du printemps est esquiss mais au lieu de s y consacrer le compositeur est saisi d une autre inspiration laquelle il donne forme il imagine une sorte de concerto pour piano et orchestre dont il compose la premi re partie Les Chroniques de ma vie livrent le r cit suivant En composant cette musique j avais nettement la vision d un pantin subitement d cha n qui par ses cascades d arp ges diaboliques exasp re la patience de l orchestre lequel son tour lui r plique par des fanfares mena antes Il s ensuit une terrible bagarre qui arriv e son paroxysme se termine par l affaissement douloureux et plaintif du pauvre pantin Ce morceau bizarre achev je cherchai pendant des heures le titre qui exprimerait en un seul mot le caract re de ma musique et cons quemment la figure de mon personnage Un jour je sursautai de joie Petrouchka L ternel et malheureux h ro
39. ui apr s les profondeurs insondables du noir sur noir est devenu violet gr ce un jeu de lumi res complexe Quand on pense qu en 1928 il n existait m me pas un variateur de lumi res Lorsque j ai d couvert l existence de ce spectacle et surtout les magnifiques aquarelles de Kandinsky je n ai eu qu une envie le faire revivre Je joue les Tableaux depuis mon adolescence et je m en sens tr s proche L id e d introduire un clairage diff rent de cette uvre m enthousiasmait Mais comment s y prendre J avais ma connaissance trois sources Un tapuscrit de plusieurs dizaines de pages a t conserv avec des annotations sur chaque morceau des Tableaux d une exposition Les d cors de th tre d origine n existent plus et nous n avons pas de photos de ces d cors Il nous reste cependant seize aquarelles et dessins de chacun de ces tableaux ainsi qu un texte compl mentaire de Kandinsky et enfin une partition pour piano qui appartenait l assistant de Kandinsky Felix Klee le fils de Paul Klee Ce dernier document est totalement fascinant car pour ainsi dire chaque mesure on indique ce qui doit se passer Quel a t mon r le dans tout cela Un r le d interpr te exactement le m me que celui que j ai face une partition de Beethoven ou disons de Moussorgski J ai lu le texte de Kandinsky comme une v ritable partition entendant la musique qui retentissait derri re chaque indication sc nique Et quand je me
40. ui du d but II me semble que Kandinsky voulait clairement ajouter la dimension mystique l uvre r aliste de Moussorgski 19 Je pense que le mot clef de ce projet est chercher dans le texte de Kandinsky Du spirituel dans l art parce que pour lui la cr ation artistique est mystique par nature La difficult la plus grande pour moi aura t de trouver la spiritualit qu il cachait derri re chaque tableau C est de l anti illustration Une sorte de rituel vu sous l angle de la spiritualit dans l art C est une prolongation de ce texte fondateur Propos recueillis par Pascal Huynh 20 Modest Moussorgski 1839 1881 Tableaux d une exposition Promenade Allegro giusto nel modo russico senza allegrezza ma poco sostenuto Gnomus Sempre vivo Promenade Moderato commodo assai e con delicatezza Il vecchio castello Le vieux ch teau Andantino molto cantabile e con dolore Promenade Moderato non tanto pesamente Tuileries Allegretto non troppo capriccioso Bydlo Sempre moderato pesante Promenade Tranquillo Ballet des poussins dans leurs coques Scherzino Vivo leggiero Samuel Goldenberg et Schmu le Andante Grave energico Promenade Allegro giusto nel modo russico poco sostenuto Limoges Le march La grande nouvelle Allegretto vivo sempre scherzando Catacombae Sepulcrum Romanum Catacombes S pulcre romain Largo Con mortuis in lingua mortua Avec les morts dans une langue mort
41. voulu faire Kandinsky c est introduire la notion de temps dans un tableau La solution de cr er une animation abstraite avec la vid o reprend cette id e C est finalement en lisant le texte de Kandinsky A travers le mur qui traite de la subjectivit et de l objectivit dans l art que j ai eu une sorte de r v lation l important est de faire quelque chose d une beaut qui me concerne c est dire qui ne soit pas qu une reconstitution pour historiens mais qui soit quelque chose de vivant 17 Les indications pour chacun des dix tableaux et six promenades sont d un niveau de d tail tr s diff rent Des tableaux comme Gnomus ou Le vieux ch teau re oivent des indications d une grande pr cision Ces deux tableaux se construisent devant nos yeux au fur et mesure que la musique avance et ne sont visibles dans leur totalit qu la fin Mais pour beaucoup d autres ce n est absolument pas le cas Par exemple pour un morceau comme Les Tuileries il est seulement crit un cran blanc est dispos sur sc ne sur lequel est projet un kal idoscope Celui ci doit tre fortement color mais de ton joyeux Ensuite il est indiqu sur telle mesure plus sombre et plus lent sur telle autre plus clair et plus rapide Ici l acte d interpr tation est tr s important Deux tableaux n cessitaient la pr sence de danseurs non obligatoirement des danseurs toiles mais plut t des mimes Dans Le march
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