Penser stratégiquement, c`est être convaincu que la violence peut
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1. a Schurman 1965 Un march commercial pour les livres d histoire militaire a probablement commenc merger durant ce m me si cle Nous avons entre autres acquis ce sentiment suite la consultation de nombreuses r f rences dans le catalogue de la Biblioth que centrale du Minist re de la D fense nationale Evere en Belgique les noms des m mes maisons d dition tendaient revenir tr s r guli rement en mati re d dition de textes militaires Il est cependant difficile de documenter l laboration d un tel march avec plus de pr cision Nous n avons pas connaissance de recherches publi es sur le sujet Sur ce sujet voir aussi Klein 1989 28 114 2 Les l ments qui suivent sont le r sultat de lectures et consultations personnelles sur Internet ou en biblioth ques de diverses revues ainsi que d une conversation avec M Alain de Neve en juillet 2011 2 Galison 1997 Gusterson 1999 Res Militaris vol 3 n 1 Autumn Automne 2012 10 d acteurs qui contribuent au maintien de la faisabilit de la guerre On retrouve dans ces publications le point de vue des militaires mais aussi des industriels des diplomates des hommes politiques ou encore de chercheurs issus de think tanks ou d universit s Il en ressort un mode d expression assez particulier relativement technique mais qui entre rarement au c ur des d tails les plus pointus des armements et des op rations et g n rale2. s Paret 1986 op cit Coutau B garie 1999 op cit Gat 2002 Il ne faut cependant pas inf rer a priori que cette production textuelle est constante Elle a pu se d velopper de fa on plus ou moins importante selon les poques et les lieux Sandrine Picaud Monnerat indique ainsi que les publications militaires furent limit es au sein de l empire austro hongrois du 18 si cle alors que beaucoup de trait s taient publi s la m me poque dans d autres r gions europ ennes Les Austro Hongrois taient convaincus que l excellence militaire d pendait plus de la personnalit de l officier que d un apprentissage livresque Cf Picaud Monnerat 2010 p 77 7 Sur ce qui suit voir par exemple Cavallo amp Chartier 1999 de Certeau 1975 pp 243 335 et pp 229 231 Barthes 1972 MacLuhan 1967 Res Militaris vol 3 n 1 Autumn Automne 2012 3 Pendant les si cles qui suivent le Moyen ge un chantier important sera mis en place pour faire de l criture une source de savoir cr dible En l occurrence les investissements consistent mettre en place un vaste dispositif de diffusion et de certification de l crit Outre le d veloppement mat riel de la presse avec Gutenberg ce dispositif s appuie des l ments aussi diff rents que l alphab tisation tr s progressive des populations la codification des r gles d usage de la langue crite l emploi de plus en plus syst matique d crits
3. Grandes coles et esprit de corps Paris Minuit 1989 BUCHOLZ Arden Moltke Schlieffen and Prussian War Planning New York Berg 1991 CARRIAS Eug ne La pens e militaire allemande Paris PUF 1948 CARRIAS Eug ne La pens e militaire fran aise Paris PUF 1960 CAVALLO Guglielmo amp Roger CHARTIER eds History of Reading in the West Cambridge Blackwell 1999 CERTEAU Michel de L criture de l histoire Gallimard Paris 1975 pp 243 335 et pp 229 231 CLODFELTER Mark A Molding Airpower Convictions Development and Legacy of William Mitchell s Thought pp 79 114 in Phillip S Meilinger ed The Paths of Heaven The Evolution of Airpower Theory Maxwell AFB SAAS Air University Press 1997 COLSON Bruno La culture strat gique am ricaine L influence de Jomini Paris Economica 1993 COMPAGNON Antoine La seconde main ou le travail de la citation Paris Seuil 1979 CORUM James S The Roots of Blitzkrieg Hans von Seeckt and German Military Reform Lawrence University Press of Kansas 1992 p 131 COUTAU BEGARIE Herv Trait de strat gie Paris Economica 1999 CROSER Caroline M The New Spatiality of Security Operational Uncertainty and the US Military in Iraq Londres et New York Routledge 2010 DER DERIAN James Virtuous War Mapping the Military Industrial Media Entertainment Network New York and London Routledge 2009 DUFFY Christopher The Military Experienc
4. Sur la notion de communaut interpr tative Fish 2007 Published publi in Res Militaris http resmilitaris net vol 3 n 1 Autumn Automne 2012 Res Militaris vol 3 n 1 Autumn Automne 2012 2 questionnement qui suit m riterait d tre transpos aux discours strat giques a rien naval et nucl aire ou encore celui qui porte sur la petite guerre ou les op rations contre insurrectionnelles Texte cr dibilit et actant Pour commencer il convient de souligner l importance de la pens e strat gique crite dans l histoire moderne Depuis approximativement la fin du Moyen Age on n a cess de r diger des textes techniques portant sur toutes les dimensions possibles et imaginables de la guerre On y retrouve p le m le des r flexions tactiques sur l emploi des archers de l infanterie et de la cavalerie d s le haut Moyen Age des textes sur la guerre de fortification au 17 si cle des d bats sur le d ploiement de larges dispositifs de tirailleurs en ligne au 18 si cle des crits sur les op rations des grandes unit s au 19 si cle et encore d interminables consid rations sur la guerre a rienne m canis e motoris e ou encore nucl aire au cours du 20 si cle cette masse de textes qui portent directement sur les aspects les plus purs du combat s ajoutent encore tous ceux qui d crivent le recrutement la logistique l entretien du mat riel ou encore la gestion des bless s et d
5. n 1 Autumn Automne 2012 11 ordinateurs militaires se voient confier le droit de s exprimer principalement sur les questions tactiques ou op rationnelles Ils ne s expriment pas il est vrai de fa on orale mais en produisant un discours de type textuel si l on accepte de prendre ce terme au sens large Ils produisent un discours lectronique fait d un m lange de textes de symboles militaires repr sentant les unit s en bleu pour les forces amies et en rouge pour l ennemi d images et de cartes lectroniques Il y aurait certainement beaucoup dire sur la fa on dont ces ordinateurs militaires se sont vu attribuer leur r le d actant La cr dibilisation de l ordinateur tout comme celle du texte il y a plusieurs si cles repose indubitablement sur la mise en place de dispositifs vari s choix politiques d cisions commerciales ou encore approches ducatives qui ont fait d eux de v ritables actants Nous nous contenterons ici d en voquer un seul qui nous para t de la plus grande importance dans le contexte du raisonnement strat gique Il s agit encore une fois des textes Depuis plus d une vingtaine d ann es l difice intertextuel compos de livres de p riodiques et de magazines n a eu de cesse de mettre massivement en vidence la Revolution in Military Affairs la Transformation ou encore la Network Centric Warfare Ces concepts que les puristes distingueront ave
6. ont acquis une certaine stabilit Beaucoup de magazines et p riodiques sp cialis s qui existent encore datent des ann es 1970 ou 1980 On notera aussi que toujours pour les deux cat gories de publications la circulation de ces textes est importante Elle se chiffre souvent en milliers d exemplaires voire en dizaines de milliers Il n est par ailleurs pas rare de trouver des titres commerciaux dans les libraires tous publics pour des prix relativement modiques Par ailleurs une partie de la diffusion papier se fait via la distribution dans les biblioth ques des institutions de d fense sans parler de la diffusion lectronique de ces publications voire comme pour Defense News d un programme TV Il est vrai que ces publications commerciales produisent peu d analyses tactiques ou op rationnelles pures et dures Mais leur mani re elles contribuent au travail de maillage intertextuel du sens commun guerrier lorsqu elles pr sentent l volution d unit s militaires souvent des unit s sp ciales narrent des op rations et d crivent du mat riel Ce faisant cette litt rature transmet les codes guerriers bien au del des fronti res des institutions militaires formelles On lui reconnaitra le qualificatif de trading zone literature litt rature de zone d change Elle se pr sente comme une zone de mise en commun de savoirs qui ne concernent plus uniquement les militaires mais un grand nombre
7. Review de 24 Wittman 1979 pp 284 312 25 Gat 2002 op cit Wasinski 2010 p 51 Res Militaris vol 3 n 1 Autumn Automne 2012 9 Julian Corbett dans la Monthly Review de W T Stead dans la Pall Mall Gazette et d Herbert Richmond dans Forthrightly De nos jours le march en question s est tr s largement d velopp au point de donner naissance a une presse commerciale dont la mission affich e est de diffuser des connaissances relatives aux forces arm es a leurs doctrines a leurs mat riels et aux contextes au sein desquels elles voluent On citera Army Times tats Unis Asian Defence Journal Malaisie Armada International Suisse D fense et S curit Internationale France Defense News tats Unis Military Technology Allemagne Military Times tats Unis Raids France ou encore WarHeat Internacional Espagne Des groupes de presse se sont m me sp cialis s sur les questions de d fense par exemple Ar ion en France Ganett News aux tats Unis IHS Jane s en Grande Bretagne M nch Publishing en Allemagne SHP Media en Asie Les publications les plus prestigieuses se pr sentent comme un lieu de passage oblig entre les d cideurs politiques les officiers sup rieurs et les industriels de la d fense D autres publications visent plus explicitement le soldat de base et s int ressent d abord son mat riel de campagne Dans les deux cas les publications officielles ou commerciales
8. au sein des bureaucraties une conception textuelle des lois et la conservation des textes dans des archives et les biblioth ques On notera au passage que l tat europ en capitalisera sur les l ments de ce dispositif lors de sa constitution en s appuyant sur des bureaucraties qui ne cessent de manipuler du papier En cons quence l attitude g n rale vis vis du texte tendra se modifier Au niveau technique la communication crite devient finalement un moyen d expression jug plus cr dible que l oral En conclusion le dispositif voqu engendre une repr sentation du texte en tant qu objet que l on doit respecter et que l on peut croire Bien entendu cela ne signifie pas ipso facto que tout texte doit tre cru que tout un chacun est oblig d tre d accord avec le contenu de n importe quel texte Mais le dispositif conf re au texte une l gitimit particuli re celle d tre capable d un point de vue g n rique de dire des v rit s Il convient d insister sur ce point car on assiste un processus par lequel un dispositif a donn un droit de dire ou un pouvoir d expression des objets Le dispositif dit l ensemble de la population Vous avez le droit le devoir d couter ce que disent les livres ou les codes de lois ou encore les journaux Vous pouvez vous devez consid rer les livres comme des interlocuteurs valables Par ce biais les textes ont t transform s en ac
9. e de la violence instrumentale et rationnelle au service du politique On retiendra aussi que cette cat gorie de p riodiques existe toujours actuellement Les forces arm es am ricaines sont ainsi l origine de la Marine Corps Gazette de la Military Review de Parameters ou de la Naval War College Review depuis des d cennies Le ph nom ne n est bien entendu pas limit aux tats Unis Il existe par exemple une Canadian Defense Review une NATO Review une Revue de D fense Nationale et S curit Collective anciennement appel e Revue de D fense Nationale en France et une Revue Militaire Suisse De fa on g n rale ces revues sont moins aust res de nos jours n h sitant pas introduire des couleurs et des images dans leurs pages Mais sur le fond la fonction centrale de ces p riodiques reste identique leurs anc tres c est dire apporter une information professionnelle aux militaires Aux c t s de ces p riodiques qui permettent une lecture de plus en plus extensive il existe galement des textes vocation militaire relativement moins techniques qui sont dit s dans des p riodiques civils pour des motifs d ordre commercial On retrouve d j ce ph nom ne au 19 si cle Parfois des strat gistes sont alors dit s par des publications prestigieuses Mentionnons parmi les strat gistes de la guerre navale les cas d Alfred T Mahan dans le Scribner s Magazine de Sir John Laughton dans la Edinburgh
10. gitimit du texte cit En d finitive de fa on tr s sch matique celui qui cite Clausewitz esp re en tirer un suppl ment en termes de cr dibilit Parall lement le fait que Clausewitz et Jomini aient t mobilis s tr s r guli rement explique pourquoi leurs id es sont devenues tr s l gitimes Ajoutons malgr tout que la libert d expression accord e aux strat gistes peut tre la source de controverses qui le cas ch ant dureront fort longtemps s talant ventuelle ment sur des dizaines d ann es On songera celle opposera au 18 si cle les tenants d ordres de bataille compacts contre ceux en faveur de dispositifs lin aires ou encore celle qui mettra au prise l historien Hans Delbr ck et les militaires en Allemagne la fin du 19 si cle sur l interpr tation correcte apporter la strat gie de Fr d ric II ou aux d bats qui diviseront les partisans d un emploi group des blind s ceux soutenant leur n Un des cas les plus c l bres est celui de William Billy Mitchell th oricien am ricain de la puissance a rienne voir par exemple Clodfelter 1997 pp 79 114 Notons cependant que les cas d officiers cart s pour des raisons d incompatibilit sont souvent complexes certains strat gistes tentant de capitaliser sur leurs statuts de victimes exclues en vue de mieux vendre leurs visions strat giques Voir par exemple Mearsheimer 1988 15 sn g F Sur ce qui su
11. publi s au 18 si cle Le plus connu est probablement celui de Saldern inspecteur d infanterie de Magdebourg qui codifia les d ploiements lin aires d infanterie des arm es de Fr d ric II de Prusse En fait la r glementation textuelle des forces arm es ne cessa de se renforcer avec la bureaucratisation des institutions militaires l arm e prussienne du 19 si cle constituant un mod le historique du genre Ce w Foucault 1969 Kristeva 1969 Compagnon 1979 1 Carrias 1960 12 Duffy 1986 Strachan 1983 p 27 13 Carrias 1948 Bucholz 1991 Res Militaris vol 3 n 1 Autumn Automne 2012 5 ph nom ne est bien entendu loin d avoir disparu En cons quence on retrouvera au sein des arm es contemporaines en particulier au sein des forces arm es am ricaines des manuels techniques tactiques ou op rationnels portant sur des activit s aussi vari es que les actions en zone urbaine les actions h liport es les actions de guerre psychologique ou encore les actions en zone contamin e par des armements nucl aires biologiques ou chimiques Pour l ensemble de ces publications la l gitimit repose non seulement sur leurs contenus techniques intrins ques mais aussi sur leur organisation hi rarchique C est cette organisation produite par les paroles des officiers et par d autres textes crits par ces derniers qui fera que tel manuel sera consid r comme obsol te valide pr minent ou second
12. British Naval Thought 1867 1914 Chicago The University of Chicago Press 1965 SHACHTMAN Noah amp David Axe Winning and Losing the First Wired War Popular Science 1 juin 2006 http www popsci com node 2868 STENGERS Isabelle L invention des sciences modernes Paris Flammarion 1995 STRACHAN Hew European Armies and the Conduct of War London Routledge 1983 WASINSKI Christophe Cr er une R volution dans les Affaires Militaires mode d emploi Cultures et conflits n 64 hiver 2006 pp 149 164 WASINSKI Christophe Valider la guerre La construction du r gime d expertise strat gique Cultures amp Conflits n 77 printemps 2010 pp 39 58 WITTMAN Reinhard Was There a Reading Revolution at the End of the Eighteenth Century pp 284 312 in Guglielmo Cavallo amp Roger Chartier eds A History of Reading in the West Cambridge Blackwell 1999
13. Raisonnement strat gique et construction des nonciateurs l gitimes Par Christophe Wasinski amp Lorenzo Angelini Comme les historiens de la pens e strat gique l ont montr la pens e strat gique dite occidentale a d velopp et verrouill une conception instrumentale et rationnelle de la violence militaire au service du politique Ce faisant cette pens e s est tr s largement refus e une r flexion approfondie sur les alternatives non violentes la r solution des diff rends politiques comme la ritualisation du conflit les demandes de pardon ou de reconnaissance la recherche de compensations financi res les strat gies d actions non violentes les n gociations le travail de m diation ou encore le recours des m canismes juridiques et l gaux L ambition de ce texte est d apporter des l ments de r ponse a la question de savoir comment cette pens e strat gique troitement d finie s est impos e Pour ce faire nous abordons le probl me par le biais de la construction des nonciateurs l gitimes de ce discours strat gique Pour le dire autrement en utilisant la notion d actant issue de la sociologie des techniques et des sciences nous nous posons la question de savoir d o d coule la l gitimit accord e aux entit s qui parlent le langage strat gique d fini comme l emploi instrumental et rationnel de la violence au service du politique Comme on le montrera ces actants humains tex
14. Toutefois les livres et les arguments des protagonistes de ces d bats sont nourris par les arguments d velopp s par del leurs fronti res nationales Il existe galement d importantes illustrations datant de l entre deux guerres Ainsi entre 1919 et 1940 PUS Army diligente des groupes d tude pour r diger des rapports sur les arm es allemande britannique fran aise italienne et sovi tique Les doctrines de ces forces arm es sont analys es par les commissions en charge de ces rapports En Allemagne partir de 1925 les forces arm es publient des traductions et des r sum s d articles militaires trangers sur une base bihebdomadaire Les textes en question concernent surtout la pens e am ricaine britannique fran aise polonaise et sovi tique sur la guerre m canis e Les manuels op rationnels trangers surtout ceux des Britanniques et des Fran ais sont galement tudi s par les Allemands Il est entendu que les changes transnationaux ne donnent pas toujours lieu des influences palpables dans le domaine militaire pour des raisons allant des difficult s mat rielles appliquer localement ces id es des attitudes chauvines de rejet N anmoins le processus d change contribue sans aucun doute la fixation du savoir strat gique De fa on relativement paradoxale par ces changes les futurs potentiels ennemis s entendent pour fixer tacitement les r gles de leurs combats par une
15. aire Historiquement des dispositifs punitifs compl mentaires viennent renforcer la position de ces publications dans le r seau intertextuel C est par exemple le cas avec les r glementations sp cifiques ont t historiquement labor es par les forces arm es pour censurer leurs membres Par ailleurs du 17 si cle nos jours il n est pas rare de trouver des exemples d officiers cart s voire jug s pour avoir voulu remettre en question le bien fond de l difice textuel officiel Dans le second cas de figure le r seau de textes se d ploie de fa on plus spontan e sans structure hi rarchis e Dans cette seconde situation la cr dibilit du texte ne repose plus sur l existence d une autorit d clar e mais sur le fait que dans un premier temps ce texte cite et reprend des id es v hicul es ailleurs et dans un second temps sur le fait que ses id es soient cit es et reprises par d autres textes sur une base volontaire Il s agit d une situation que l on rencontrera r guli rement la lecture des trait s des strat gistes les plus reconnus ceux des auteurs mentionn s au d but de cette partie La convocation d un grand nombre de r f rences est une mani re de mobiliser les actants pr existants pour faire pencher la balance en faveur du texte Cette m me mobilisation lorsqu elle n exprime pas explicitement un rejet quant aux id es d velopp es sur le fond augmente en retour la l
16. c plus ou moins de rigueur ont ceci en commun qu ils mettent en exergue le r le des ordinateurs et autres capteurs connect s dans la guerre moderne Dans de nombreux cas les textes en question se limitent il est vrai des descriptions assez g n rales du r le de ces quipements on n y parle pas des param tres de programmation informatique par exemple Mais le plus important c est que ces textes op rent en actants participant la cr ation de nouveaux actants Les textes avec l aide des auteurs en tant qu acteurs non humains d l guent un pouvoir ces autres acteurs non humains que sont les ordinateurs Ils leur conf rent le droit de s exprimer En agissant de la sorte la communaut interpr tative se trouve compos e d tres humains de textes et d ordinateurs participant de concert au renforcement du r gime strat gique que nous connaissons Conclusion Dans cette analyse nous avons tent de mettre jour certains des dispositifs qui avaient particip et qui participent toujours la construction d une conception strat gique qui met en avant une l utilisation rationnelle et instrumentale de la violence au service du politique Pour ce faire nous avons cherch montrer comment le raisonnement strat gique pour s exprimer et se diffuser prend appui sur l existence de divers actants formant une communaut interpr tative Ces actants et cette communaut reposent eux m mes sur un premie
17. e in the Age of Reason New York Atheneum 1988 DUFFY Christopher The Military Life of Frederick the Great New York Atheneum 1986 ECHEVARRIA Antulio J After Clausewitz German Military Thinkers Before the Great War Lawrence University Press of Kansas 2000 EDWARDS Paul N The Closed World Computers and the Politics of Discourse in Cold War America Cambridge amp London MIT Press 1996 FISH Stanley Quand lire c est faire L autorit des communaut s interpr tatives Paris Les Prairies ordinaires 2007 a Voir aussi Michel Foucault 2001 sur la th se de la mort de l auteur Res Militaris vol 3 n 1 Autumn Automne 2012 13 FOUCAULT Michel L arch ologie du savoir Paris Gallimard 1969 FOUCAULT Michel Qu est ce qu un auteur in Dits et crits 1954 1975 vol I Paris Gallimard 2001 pp 817 837 FRANKS Tommy R American Soldier New York Harper Collins 2004 GALISON Peter Image amp Logic A Material Culture of Microphysics Chicago amp London University of Chicago Press 1997 GAT Azar A History of Military Thought from Enlightenment to the Cold War Oxford Oxford University Press 2002 GUSTERSON Hugh Missing the End of the Cold War in International Security in Jutta Weldes et al eds Cultures of Insecurity States Communities and Production of Danger Minneapolis University of Minnesota Press 1999 pp 319 345 KLEIN Bradley S The Text
18. es morts Il faut par ailleurs constater que l ensemble de ces r flexions sur l emploi de la force s est diffus sur des supports mat riels vari s Ce sont non seulement des livres trait s histoires ou encore biographies plus ou moins techniques mais aussi des articles des rapports des ordres des r glements ou manuels officiels et nombre d autres documents bureaucratiques qui ont servi la transmission du savoir technique militaire En d finitive du fait de son extr me diversit et de sa quantit il est difficile de quantifier cette production Cela tant l apparition de cette masse de pens es techniques militaires r dig es et imprim es ne va pas de soi Effectivement le Moyen ge europ en est traditionnellement appr hend comme une p riode de communication majoritairement orale en d pit de l importance du texte biblique Il y a certes des dimensions techniques cette probl matique populations et lites sont peu alphab tis es et les moyens mat riels disponibles pour produire des crits peu performants l image d pinal est celle des moines copistes qui reproduisent patiemment les livres la main c t de cela il existe une dimension moins tangible d une telle faiblesse de l crit on fait peu confiance au contenu textuel On consid re en effet qu un texte peut tre facilement falsifi En cons quence on pr f re le t moignage oral jug plus digne de confiance
19. estion Finalement l difice intertextuel se pr sente comme un oc an d crits qui v hiculent l id e selon laquelle la violence militaire peut tre utilis e sur un mode instrumental et rationnel et qui se l gitiment les uns les autres Au sein de cet oc an textuel des archipels structur s coexistent avec une masse de textes qui tant t se combattent tant t s allient L ensemble des auteurs de ces textes et les textes eux m mes en tant qu actants forment un r seau dens ment connect l origine de la communaut interpr tative strat gique Objectivation transnationale Il convient d insister sur une composante compl mentaire de cette dynamique intertextuelle elle dispose d une dimension transnationale tr s importante Les cas d changes d id es et de citations intertextuelles transnationales sont en fait si nombreux qu il est impossible de les citer de fa on exhaustive Quelques exemples m ritent cependant d tre mentionn s Une premi re illustration essentielle concerne le cas d j mentionn de l inspecteur Saldern qui codifia les principes tactiques de Fr d ric II au 18 si cle Cette codification facilita la reprise des principes en question par les arm es autrichienne britannique espagnole fran aise ou encore russe Ult rieurement l influence en mati re de tactique viendra plut t des arm es fran aises r volutionnaires En 1791 une r glementation permet de faire un u
20. forme de mim tisme militaire Dans de nombreuses situations les changes transnationaux ont un r le suppl mentaire jouer celui d objectivation de la pens e militaire Selon une dynamique explor e par Pierre Bourdieu dans le domaine scolaire la certification para t tort ou raison comme d autant plus efficace que celui en charge de cette certification se pr sente comme d tach de la personne qui re oit la confirmation Ici les id es militaires auront tendance une fois de plus tort ou raison tre consid r s comme suspectes si elles sont confirm es par un membre de la famille un ami un subordonn contrario si la justification mane de quelqu un qui n a pas de liens de parent ou de subordination elle para t plus cr dible Cette dynamique est d j en partie perceptible dans ce qui a t voqu pr alablement 19 Colson 1993 Coutau B garie 1999 op cit Langendorf 2004 20 Carrias 1948 1960 Echevarria 2000 Queloz 2009 1 Odom 1999 pp 168 198 22 Corum 1992 p 131 Bourdieu 1989 Res Militaris vol 3 n 1 Autumn Automne 2012 8 propos de l difice textuel qui se d veloppe en dehors des r gles hi rarchiques Ici la certification intertextuelle est encore plus anonyme et donc cens e tre d autant plus objective qu elle fait r f rence l tranger voire l ennemi Il s agit l d un dispositif de plus agissant en faveur de la l g
21. it voir Latour 2005 op cit Res Militaris vol 3 n 1 Autumn Automne 2012 6 dispersion en soutien de l infanterie avant la Seconde Guerre mondiale Tous ces d bats peuvent donner une apparente incoh rence l difice du fait de la multiplication des plumes discordantes qui s expriment quant la fa on dont les actions tactiques ou les op rations doivent tre men es On assiste donc des controverses strat giques Nous n aborderons pas ici la question des int r ts institutionnels ou personnels li s ces controverses bien que de tels int r ts existent ind niablement En fait ce qui importe pour notre propos c est de noter que ces int r ts s expriment entre autres selon des crit res formalis s par l difice Les auteurs ne d veloppent pas une rh torique mettant en vidence leur int r t propre de groupe d institution ou de caste Ce qu ils mettent avant tout en vidence ce sont des enjeux techniques qui peuvent bien entendu masquer leurs int r ts bien compris Ce faisant ils adh rent donc collectivement une certaine conception du discours et font de l difice une instance de formatage quant au mode d expression des d saccords Autrement dit la communaut interpr tative n est pas si incoh rente qu il n y para t car pour viter l exclusion les auteurs ne cessent dans leurs controverses de r p ter leur foi en l entreprise guerri re sans gu re la remettre en qu
22. itimation de la communaut interpr tative Lecture extensive et trading zone Par le pass le lectorat europ en avait tendance lire et relire un nombre limit d ouvrages Cet tat de fait tait li aux difficult s de production des textes l incapacit d imprimer de grandes masses d crits en tr s peu de temps par des proc d s industriels Avec l mergence de techniques d impression et de diffusion plus efficaces les historiens ont voqu l apparition d une nouvelle forme de lecture qui ne serait plus intensive comme elle l avait t jusque l mais plut t extensive Cette lecture extensive est caract ris e par la consultation plus superficielle de textes beaucoup plus nombreux C est une volution qui est aussi constatable dans le domaine militaire L apparition de p riodiques militaires au 19 si cle est une tape clef de ce processus Les forces arm es soutiennent l dition de p riodiques nombreux et sp cialis s C est par exemple le cas de la Milit r Wochenblatt Allemagne 1819 du Zeitschrift f r Kunst Wissenschaft und Geschichte des Krieges Allemagne 1822 du Bulletin des Sciences Militaires France 1824 du Spectateur militaire France 1826 29 1842 43 ou du Journal of the Royal United Service Institution Grande Bretagne 1857 L ensemble de ces publications ditent des articles qui ont une vis e militaire ducative et contribuent donc diffuser l id
23. ment aussi peu critique quant l activit guerri re elle m me En ce sens la lecture extensive contribue largir la population d actants reconnus sein de la communaut interpr tative et am liorer la diffusion du r gime de savoir strat gique Ajoutons galement que cette trading zone literature contribue renforcer la dimension transnationale du r gime en publiant des auteurs et des informations d origines tr s vari es D l gation entre objets Jusqu pr sent nous avons d crit le fonctionnement d une communaut interpr tative compos e d auteurs et de livres Une troisi me entit m rite d tre ajout e ce duo les ordinateurs militaires L introduction des ordinateurs dans le champ militaire n est pas r ellement nouvelle Il est g n ralement admis que les origines lointaines des ordinateurs militaires d ploy s sur les champs de bataille contemporains est rechercher du c t des premiers calculateurs automatis s qui ont t utilis s par les Alli s lors de la Seconde Guerre mondiale tels que Colossus et ENIAC Les capacit s des ordinateurs s am lior rent rapidement et lors de la Guerre froide ils furent sollicit s pour l tablissement d un vaste r seau de radars destin s pr venir les tats Unis d une ventuelle attaque nucl aire sovi tique Plus ou moins la m me poque des ordinateurs furent mis en uvre par les forces arm es am ricaines au Vietnam Lo
24. r dispositif de l gitimation de l criture sur la dynamique d intertextualit hi rarchique ou non nationale ou transnationale sur une conception extensive de la lecture enfin sur les discours lectroniques produits par les ordinateurs militaires Ajoutons que nous avons con u cette analyse comme une sorte d anthropologie 32 Voir aussi Der Derian 2009 33 Wasinski 2006 Res Militaris vol 3 n 1 Autumn Automne 2012 12 textuelle avec pour terrain principal la biblioth que les livres et en moindres mesures les ordinateurs De fa on d lib r e nous avons ici accord moins d importance aux personnes auteurs aux r seaux humains ou encore aux bureaucraties Nul doute que l analyse de ces acteurs s av re incontournable pour la compr hension du raisonnement strat gique Cependant on gardera aussi l esprit que ces acteurs ne sont eux m mes pas des choses mais aussi des constructions Et ces constructions dans leurs dimensions les plus micro analytiques sont produites par des discours oraux textuels ou m me dessin s qui leurs donnent une existence reconnue de strat giste de d cideur ou de bureaucratie militaires Bibliographie BARTHES Roland Le degr z ro de l criture Paris Seuil 1972 BONTA Bruce D Conflict Resolution Among Peaceful Societies The Culture of Peacefulness Journal of Peace Research vol 33 n 4 1996 pp 403 420 BOURDIEU Pierre Noblesse d Etat
25. re concr te il y a laboration d un difice intertextuel au sein duquel la plupart des auteurs s inspirent de leurs pairs et les citent r guli rement Ainsi les auteurs aujourd hui quasiment oubli s des trait s militaires des 17 et 18 si cles ne cessaient non seulement de se lire mais aussi se citer explicitement dans le texte Le processus continue avec ensuite avec des auteurs plus connus tels que les th oriciens de la guerre napol onienne que sont Carl von Clausewitz et Antoine de Jomini les penseurs de la guerre industrielle du 19 si cle tels que Helmut Moltke Friedrich von Bernhardi Colmar von der Goltz ou Ferdinand Foch les experts de la guerre m canis e comme John F C Fuller et Basil H Liddell Hart ou encore l re nucl aire avec Bernard Brodie On remarquera cependant que le m canisme intertextuel peut prendre deux formes Dans un premier cas de figure l organisation textuelle se fait selon un sch ma hi rarchis Cette dynamique est surtout perceptible dans le domaine des publications militaires officielles tels que les r glements manuels et autres ordonnances De tels textes sont disponibles depuis plusieurs si cles On en retrouve par exemple la trace au sein de l arm e de Louis XIV au 17 si cle Il existait l poque des r glements militaires crits d taillant les actions de la cavalerie de l infanterie ou encore de l artillerie De nombreux autres textes de ce type sont
26. rs de ce conflit les militaires testent un syst me Igloo White qui connecte des capteurs dispers s dans la jungle des ordinateurs qui traitent les informations recueillies et des avions capables de bombarder les zones suspectes La pr sence des ordinateurs se normalise ensuite dans les quartiers g n raux surtout partir des ann es 1990 Depuis lors les machines ont m me envahi les centres de commandement des chelons subalternes Ainsi lors de la guerre de 2003 contre l Irak les forces arm es am ricaines disposent du syst me Blue Force Tracker qui permet de visualiser sur des crans la pr sence des forces amies et ennemies gr ce des ordinateurs des balises GPS mont es sur les v hicules et des capteurs d ploy s sur la zone de combat Dans la foul e un nombre toujours plus important de forces arm es se dotent de ce genre de syst mes commencer par celles de l OTAN Des standards techniques transnationaux sont galement mis sur pied pour assurer la compatibilit entre ces syst mes Nous pensons qu il faut bel et bien consid rer ces ordinateurs comme des actants au sein de la communaut interpr tative militaire Le processus l uvre ici est en fait assez similaire celui d crit propos de la transformation du livre en actant cr dible Les 30 Edwards 1996 a Franks 2004 pp 175 176 et pp 445 448 Shachtman amp Axe 2006 Sur ces questions voir aussi Croser 2010 Res Militaris vol 3
27. sage flexible des unit s d infanterie les utilisant parfois en dispositifs compacts parfois en lignes Cette r glementation n influence pas uniquement les alli s des Fran ais mais aussi les Autrichiens les Britanniques les Prussiens et les Russes On retrouve ensuite la trace de cette r glementation dans les Am riques et en Asie 16 En guise d introduction sur ces d bats voir par exemple Paret 1986 op cit 17 Carrias 1960 op cit Ross 1979 Duffy 1988 Strachan 1983 op cit 8 Strachan 1983 op cit Ross 1979 op cit Res Militaris vol 3 n 1 Autumn Automne 2012 7 Ult rieurement les op rations napol oniennes donnent aussi lieu de nombreux changes transnationaux Ces actions nourriront au 19 si cle une quantit immense de litt rature militaire surtout en Europe et aux tats Unis Les op rations de l Empereur auront une place pr pond rante dans les crits du th oricien militaire suisse Jomini ainsi que dans l uvre du Prussien Clausewitz Leurs ouvrages connaitront une post rit difficile galer au niveau international et seront traduits dans de nombreuses langues Entre la fin du 19 si cle et 1914 l Europe militaire est galement le t moin de d bats op rationnels portant sur les m rites respectifs des actions de Fr d ric II Napol on et Moltke Une partie de ces d bats se d roulent dans les sph res militaires nationales principalement en France et en Allemagne
28. tant on se r f rera aux travaux contemporains de la sociologie des sciences et des techniques En guise d introduction voir Latour 2005 op cit Res Militaris vol 3 n 1 Autumn Automne 2012 4 qui visent d terminer ce qui est vrai ou faux juste ou injuste faisable ou pas Ces objets finissent ainsi par agir dans la d termination de notre environnement et dans notre domaine d tude comme nous allons tenter de le montrer de nourrir l id ologie technique guerri re Sens et intertextualit Dans ce qui pr c de nous avons voqu les modalit s par lesquelles le texte peut devenir un actant Les processus en question vont historiquement jouer un r le fondamental dans la l gitimation du texte en tant qu entit formatrice du r gime de savoir strat gique Cependant ces l ments g n riques de l gitimation ne suffisent pas comprendre le chemin qu emprunte le r gime en question Plus pr cis ment il faut s int resser aux modalit s par lesquelles certains textes actants sont retenus et int gr s dans le r gime de savoir strat gique alors que d autres en sont exclus Pour ce faire il faut en particulier se tourner vers le concept d intertextualit Le discours selon lequel la violence peut tre utilis e sur un mode rationnel et instrumental par des forces arm es au service du politique trouve de facto se justifier en citant d autres discours qui affirme la m me id e De mani
29. teurs non humains Dans le vocabulaire sociologique on parle ce propos d actant pour d signer une entit laquelle on a donn une possibilit d agir sur le collectif Il est vrai que souvent nous ne prenons pas conscience de ce ph nom ne nous pratiquons un raccourci Ainsi pour illustrer ce propos dans le domaine strat gique nombre de commentateurs contemporains indiquerons que Clausewitz a dit que Jomini a affirm que Foch soulignait que Mais vu que Clausewitz est d c d en 1831 Jomini en 1869 et Foch 1929 ce que ces commentateurs disent en fait c est le livre avec le nom de Clausewitz Jomini Foch sur la couverture dit que Ajoutons que la remarque tr s frappante propos des penseurs d c d s ne s applique pas uniquement a eux Il est galement courant d exprimer qu un auteur vivant a dit que pour en fait d signer ce qui est mentionn dans l un de ses textes Dire que les id es voyagent est correct mais il ne faut pas oublier de s int resser aux courroies entre autres les livres et ceux qui les diffusent qui les font voyager En se montrant attentif on se rendra compte que ceux ci ont un r le jouer dans les interactions productrices de sens dans les d bats Ceci est inspir par la r flexion d Isabelle Stengers 1995 sur la fa on dont on construit la cr dibilit des dispositifs exp rimentaux dans les sciences Sur la notion d ac
30. tuels et informatiques forment une communaut interpr tative strat gique elle m me responsable de la production et de la fermeture du r gime de savoir strat gique Ensemble ils constituent le plan d mergence du raisonnement strat gique Quelques mots s imposent ensuite sur la mati re empirique l origine de cette analyse Nous nous sommes ici int ress s la litt rature militaire produite depuis la fin du Moyen Age jusqu nos jours Pour des raisons de parcimonie nous nous sommes principalement focalis s sur les crits publi s en Europe Allemagne France et Grande Bretagne ainsi qu aux Etats Unis Le mat riel empirique s lectionn est le fruit d une fr quentation r guli re de ces textes et d tudes portant sur l histoire de la pens e strat gique Si nous ne pr tendons pas a une connaissance exhaustive en la mati re nous n en pensons pas moins que la mati re consult e est repr sentative des principaux courants auteurs et ouvrages Ajoutons encore que les exemples mentionn s dans la suite proviennent principalement mais pas uniquement du champ de la pens e strat gique classique conventionnelle portant sur la guerre terrestre N anmoins nous pensons que le l Pour un bon aper u voir Paret 1986 Coutau B garie 1999 Gat 2002 z Sur les proc d s alternatifs de r solution de conflits lire par exemple Bonta 1996 3 Sur la notion d actant voir par exemple Latour 2005 a
31. ual Strategies of the Military Or Have You Read Any Good Defense Manuals Lately in James Der Derian amp Michael J Shapiro eds International Intertextual Relations Postmodern Readings of World Politics New York Lexington Books 1989 pp 97 112 KRISTEVA Julia Semeiotike Recherche pour une s manalyse Paris Seuil 1969 LANGENDORF Jean Jacques Faire la guerre Antoine Henri Jomini 2 vols Gen ve Georg 2004 LATOUR Bruno La science en action Introduction a la sociologie des sciences Paris La D couverte 2005 MCLUHAN Marshall La Galaxie Gutenberg face l re lectronique Les civilisations de l ge oral l imprimerie Paris Marne 1967 MEARSHEIMER John J Liddell Hart and the Weight of History New York Brassey s 1988 ODOM William After the Trenches The Transformation of U S Army Doctrine 1918 1939 College Station Texas A amp M University Press 1999 pp 168 198 PARET Peter ed Makers of Modern Strategy From Machiavelli to the Nuclear Age Oxford Clarendon Press 1986 PICAUD MONNERAT Sandrine La petite guerre au XVIII si cle Paris Economica 2010 p 77 QUELOZ Dimitry De la man uvre napol onienne l offensive a outrance La tactique g n rale de l arm e fran aise 1871 1914 Paris Economica 2009 Ross Steven T From Flintlock to Rifle Infantry Tactics 1740 1866 London Cass 1979 SCHURMAN Donald M The Education of a Navy The Development of
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