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BLACK BLOCS » - La Feuille de Chou

1. 170 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE reprochables Une r action sociale pourra alors s exprimer qui ne justifiera pas l insurrection tandis que l Etat r agira avec d autant plus de brutalit qu il ne peut concevoir de fiert Par ailleurs le contexte de l meute doit tre pris en consid ration Si un gouvernement peut admettre d tre violemment interpell par la rue lorsque cela n a pas d cho hors de ses fronti res il ne peut diplomatiquement tol rer que la col re populaire s exprime devant ses homologues et a fortiori qu elle les mette en cause autant que lui S il veut pr server son image internationale il doit donc r agir sans faiblesse au moins oralement ce genre de situations Ceci tant consid r le traitement p nal r serv aux activistes impliqu s dans des black blocs trouve pour partie s expliquer Ainsi qu il a t rappel ces groupes ont op r sur le territoire de la R publique l occasion d une part de contre sommets altermondialistes organis s pour protester contre les modalit s de la mondialisation dont nul ne saurait contester qu elle s op re peu d mocratiquement et d autre part contre la politique p nitentiaire de l Etat qualifi e il y a quelques ann es d humiliation de la R publique la situation n ayant t qu en s aggravant sous l effet des politiques p nales de Law and Order adopt es depuis l
2. L observation attentive de J C lors de ce rassemblement permettait de constater qu il agissait la t te d une cinquantaine d individus masqu s et tr s organis s uvrant en marge de la manifestation institutionnelle afin de s affronter aux forces de l ordre qui leur emp chaient l acc s au Palais des Congr s o se tenait le sommet En effet il tait permis d observer J C ordonnant ses troupes l assaut du barri rage fixe des Compagnies r publicaines de s curit et accrochant lui m me une corde l un des v hicules formant ce barri rage corde qui tir e par ses soins ainsi que par une vingtaine d activistes parvenait cr er une br che dans ce dispositif obligeant les forces de l ordre charger la foule afin de ne pas tre submerg es Apr s cette charge J C surveillait ensuite les diff rents mouvements des forces de l ordre guidant les jeunes activistes masqu s leur donnant notamment pour instruction de bouger deux v hicules stationn s le long de la chauss e cr ant ainsi une barricade qui tait alors enflamm e Au terme de cette manifestation il ressortait que la surveillance op r e sur le nomm J C et les activistes s tant affront s aux forces de l ordre permettait de laisser penser que nous n tions pas en pr sence d un groupe de casseurs mais bel et bien d un groupe form aux techniques de gu rilla urbaine et agissant de mani re r fl chie et conc
3. Une pause dans la r forme des forces de s curit en France RSC 4 2009 p 906 185 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE des droits de l Homme op r e par la Cour europ enne des droits de l Homme il est tabli que la l galit ne se r duit pas aux dispositions contenues dans les textes de nature l gislative mais qu elle doit aussi englober l interpr tation qui en est faite par le juge D s lors en cette mati re ne demeure pertinente que la critique de la subjectivit de la r pression mais non point celle de l existence d un vide juridique qu aux termes de l expos des motifs le l gislateur a pr tendu combler par l article 222 14 2 Enfin l incrimination de l attroupement pr c demment rappel e permettait certainement de combler les pr tendus vides l gislatifs L ambition du jurislateur doit donc tre recherch e ailleurs Elle proc de d abord de la volont de permettre l anticipation discr tionnaire de la r pression Au regard de la pr sente tude par exemple toute personne de noir v tue qui prend part une manifestation dans laquelle un black bloc se constitue est susceptible d tre interpell e et poursuivie avant m me que quelque infraction soit commise On assiste donc une criminalisation de l intention pr sum e de la potentielle t mibilit de l individu telle qu appr ci e par l agent de la force publique qui proc dera l interpellation
4. p 340 352 propos de la probable utilisation d agents provocateurs lors des manifestations contre le projet de loi Devaquet de r forme des universit s en 1986 cf aussi I Hanne ler mai un proc s pour avoir d nonc des policiers d guis s Lib ration 3 juillet 2009 p 13 1 Par exemple Crim 4 juin 2008 Bull crim n 141 200 O Fillieule Strat gies de la rue Les manifestations en France Presse de Sciences Po 1997 pp 342 352 21 J F Dreuille Attroupements Jurisclass P nal art 431 3 431 8 fasc 20 2008 103 106 2 Syndicat de la Magistrature Guide du manifestant arr t 2010 p 24 Tribunal correctionnel de Strasbourg 6 avril 2009 pr cit 203 Pr Pr cit e 211 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE Cependant aussi regrettable qu elle apparaisse la mise en uvre d un r gime proc dural exorbitant du droit commun pour le contr le et la r pression des protagonistes des black blocs semble presque anecdotique par comparaison avec la crainte d une instrumentalisation de l Etat de droit que nourrissent certains constats B La crainte d une instrumentalisation de l Etat de droit L analyse laquelle il a t pr c demment proc d permet d tablir que le traitement p nal des anarcho autonomes consomme deux des trois manifestations de l Etat d exception relev es par M Delmas Marty Il s agit d abord de la suspension de l Etat de droit En e
5. Chirac les services de police sont parfaitement conscients du pouvoir qui est le leur dans leurs rapports avec l ex cutif les travaux de Demoncque D Montjardet ayant parfaitement tabli l incidence du bon vouloir policier sur les r sultats de la lutte contre la d linquance 7 D Montjardet Ce que fait la Police Sociologie de la force publique La D couverte coll Textes l appui s rie sociologie 1996 pp 32 33 177 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE l id e que le d sordre est sous contr le en raison notamment de l action polici re Or les meutes qui vont se d rouler en France au long du mois de novembre 2005 obligeant le gouvernement d cr ter l tat d urgence et les incidents qui vont mailler la fin des manifestations contre le projet de contrat premi re embauche au printemps 2006 vont constituer la preuve de l imp ritie des Renseignements G n raux qui ont en ces occasions laiss para tre leur incapacit anticiper et contenir un ph nom ne dont ils se pr tendaient sp cialistes Cette d monstration va en outre intervenir dans une nouvelle p riode critique pour ce service le ministre de l Int rieur N Sarkozy n ayant jamais fait myst re de sa volont de fusionner la DST et les RG dans un service de renseignement int rieur l implication du patron des RG dans l affaire Clearstream lui ayant t ses derni res r ticences et son accession la pr
6. De m me la mort inflig e involontairement par un policier peut constituer une violation de la Convention Commission Kathleen Stewart c RU 10 juillet 1984 DR 39 p 181 CEDH Ta s c France ler juin 2006 req n 39922 03 CEDH Ramsahai et autres c Pays Bas 15 mai 2007 req n 52391 99 Les d rogations au principe port es au 2 sont donc d interpr tation stricte le recours la force publique meurtri re devant tre rendu absolument n cessaire pour qu elles puissent tre valablement invoqu es CEDH Ilhan c Turquie 27 juin 2000 req n 22277 93 Commission Kathleen Stewart c RU pr cit Il n est donc pas possible de d roger aux exigences de la l gitime d fense les conditions l gales devant rendre l utilisation de la force d pendante des circonstances de la situation CEDH GC Natchova et autres c Bulgarie 6 juillet 2005 CEDH 2005 VIT Le recours intentionnel l usage meurtrier d armes feu n est ainsi admissible qu la condition qu il ait t rendu absolument in vitable pour prot ger des vies humaines CEDH McCann et autres pr cit Pour le d terminer la Cour prend en consid ration la nature du but recherch le danger pour la vie humaine et l int grit corporelle inh rent la situation et la vraisemblance du risque que la force employ e fasse des victimes ainsi que tous l ments pertinents qui entourent la mort Commission Kathleen Stewart pr cit
7. Dont on peut imaginer qu elle avait t saisie pour v rifier le bien fond de l intuition alarmiste d A Bauer Cependant on peut s tonner de la bri vet du d lai s agissant d une forme d activisme qui n tait pas cens l poque constituer une pr occupation majeure de ce service I Sommier R flexions autour de la menace utlra gauche en France in X Crettiez et L Mucchielli Les violences politiques en Europe Un tat des lieux La D couverte coll Recherches 2010 p 48 65 Situ entre ces deux v nements le choix de la p riode de temps couverte semble donc confirmer le lien entre les meutes de novembre 2005 les manifestations contre le CPE et l mergence de l ennemi anarchiste autonome S J M Decugis C Labb et A Mehani Le rapport des RG qui d signe Julien Coupat Le chef des pr sum s saboteurs de la SNCF tait surveill par les RG depuis 10 ans Retour sur un emballement m diatico judiciaire Le Point 11 d cembre 2008 C Cornevin Sabotage de la SNCF la piste de l ultragauche Le Figaro 12 novembre 2008 8 D Schneidermann Fabrication d pouvantails mode d emploi Lib ration M diatiques 17 novembre 2008 p 37 179 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE compris que le PCF s effondrait et ne remontait pas Cela a t renforc chez elle par les manifestations anti CPE Interrog e sur la radio Europe 1 le
8. Le maintien de l ordre se d finit comme la gestion par l autorit administrative de l ensemble des rassemblements hostiles ou non de personnes sur la voie publique ou dans des lieux publiques qui vont n cessiter un encadrement par la force publique Dans la pratique cela d signe tous les dispositifs la fois de pr vention mais aussi les op rations de r tablissement de l ordre quand celui ci est troubl Selon la conception tablie par la jurisprudence du Conseil d Etat l ordre public se confond avec l ordre de la rue et des lieux ouverts au publics et le maintien de l ordre est circonscrit dans ces limites La doctrine sociologique distingue deux styles de maintien de l ordre respectivement d une part le style n goci fond sur le marchandage entre manifestants et force de l ordre la tol rance de certaines infractions mineures et l encadrement des manifestations concentr sur la protection des personnes et d autre part le style l galiste qui fait pr valoir l ordre sur les droits des manifestants En fonction du choix op r il est donn une plus ou moins grande pr pond rance aux diff rentes strat gies du maintien de l ordre respectivement coercitives qui privil gient selon des mod les militaris s la contrainte ventuellement arm e pour contr ler et disperser les manifestations persuasives qui privil gient la n gociation entre
9. On retrouve donc cette m me logique par laquelle le d lit de l article 21 de la loi du 15 juillet 1845 puni de six mois d emprisonnement devient par l appr ciation que font les forces de l ordre de l intention qui anime les auteurs pr sum s un crime de terrorisme La pr sentation des personnes interpell es se r f re de nombreuses reprises des participations des black blocs particuli rement celui de Vichy qui semblent constituer le principal l ment de lien entre les protagonistes Enfin la conclusion du rapport ne porte aucune mention des sabotages mais en revanche se termine se r f rant aux d clarations d un t moin sous X dont la cr dibilit plus que douteuse sera ult rieurement tablie par le t moin attestait de la proximit du nomm J C avec le mouvement black block et de sa participation de nombreuses manifestations violentes men es en marge de grandes rencontres politiques mais pr cisait galement qu plusieurs reprises lors de r unions J C avait voqu la possibilit d avoir tuer pr cisant que la vie humaine une valeur inf rieure au pouvoir politique et que l objectif final du groupe tait le renversement de l Etat Il est donc possible d en d duire que c est bien l implication av r e de ces membres dans des black blocs plus que leur ventuelle participation des actions de sabotage qui a justifi l intervention de l Etat et
10. aises soit d montr e Il suffit alors de rappeler que lors du sommet de OTAN Strasbourg le centre ville a t transform en zone verte pendant les jours qui ont pr c d et suivi la r union des chefs d Etat que des check points ont t install s sur chacun des ponts qui y m nent et qu environ dix mille fonctionnaires ont t mobilis s pour assurer la s curit De surcro t la Chancellerie n est pas en reste et semble cautionner la possibilit de soumettre les anarcho autonomes violents un droit p nal proc dural d rogatoire Ainsi contre une jurisprudence constante elle incite les parquets poursuivre les infractions d attroupement par le biais de la proc dure de comparution imm diate De m me par une note aux Parquets en date du 13 juin 20087 la Direction des Affaires Criminelles et des Gr ces du Minist re de la Justice pour juguler la multiplication d actions violentes commises sur diff rents points du territoire national susceptibles d tre attribu es la mouvance anarcho autonome demande aux procureurs d informer dans les plus brefs d lais la section antiterroriste du parquet de Paris pour appr cier de mani re concert e l opportunit d un dessaisissement son profit cautionnant ainsi le recours aux qualifications terroristes en cette mati re 18 cf O Fillieule Strat gies de la rue les manifestations en France Presses de sciences Po 1997
11. conform ment l analyse propos e par M Dobry le choix de qualifier de terrorisme les actes accomplis par les membres du groupe de Tarnac et d engager les poursuites sur ce fondement proc de probablement d un coup attracteur destin d courager les postulants l insurrection G Gray sous directeur de la protection conomique la DCRI le confirme implicitement lorsqu il d clare que cette proc dure est un message fort adress ceux qui auraient des vell it s de commettre des actions semblables Nous esp rons que cette affaire a enray pour un temps ce type d actions violentes Alors si le recours aux qualifications les plus graves du Code p nal fran ais peut tre instrumentalis de telles fins il se confirme l entr e du dispositif r pressif r gissant les manifestations de rue dans l re du droit p nal de l ennemi le principe sacr du droit p nal lib ral l interpr tation stricte de la norme corollaire de la l galit l gard de l interpr te tant susceptible d tre foul aux pieds des fins strictement dissuasives L intervention des services charg s de la lutte contre le terrorisme dans la gestion des manifestations de rue n a ainsi pas eu pour seule cons quence de permettre l mergence d un droit p nal substantiel de l ennemi fond sur l anticipation de la r pression et ou la pr valence accord e la dissuasion g n rale sur la
12. d son adoption ne laisse gu re de doute sur la volont du l gislateur de voir l application de cette disposition s tendre aux manifestants sur la voie publique S agissant de sa gen se l origine du texte n est pas rechercher dans les actes perp tr s par une bande violente l int rieur d un tablissement scolaire mais plut t dans les meutes de l automne 2005 et du printemps 2006 En effet en avril 2006 le d put E Raoult d posait une proposition de loi n 2997 aux termes de laquelle devait tre ajout dans le Code p nal un article 431 22 r introduisant les dispositions de la loi anti casseurs du 8 juin 1970 Peut tre la crainte de r actions virulentes des syndicats dans un contexte social tendu fit il renoncer le gouvernement inscrire le projet l ordre du jour Peut tre aussi n tait ce qu un coup de semonce destin permettre de faire adopter ensuite plus facilement un texte plus subtilement contraire aux principes qui r gissent l engagement de la responsabilit p nale Car en effet le projet d tendre le champ de la r pression des violences perp tr es en groupe ne fut pas abandonn et remis il r apparut d s qu une occurrence favorable se pr senta Le 18 mars 2009 suite l intrusion d une bande dans un lyc e pour y exercer des violences le Pr sident de la R publique r clamait que des mesures soient prises afin d enrayer les ph nom nes de
13. recourir cette qualification pour servir de fondement aux poursuites engag es contre le groupe de Tarnac auquel elles attribuent la r daction de cet opuscule N anmoins certains l ments sugg rent que des consid rations plus politiques que juridiques ont d termin ce choix B A L anticipation de la r pression Le d veloppement d un droit p nal substantiel de l ennemi emporte la d personnalisation du d linquant En termes simplifi s seul le citoyen peut pr tendre au b n fice de la protection de la personne induit par le principe de l galit L ennemi par les choix qu il op re se prive d un tel privil ge D s lors si le citoyen ne peut tre interpell qu apr s qu il a mal agi l ennemi au contraire doit du fait de sa t mibilit tre neutralis avant qu il puisse exprimer sa nocuit En cons quence le l gislateur poursuivant le durcissement de la r pression des manifestations de rue 2 incrimine la participation un regroupement d individus susceptible de d g n rer c est dire un acte pr paratoire l accomplissement d une infraction 1 1 Le manifestant malfaiteur pr sum La constitution d un black bloc s accompagne quasi syst matiquement de la perp tration d actes de violences volontaires l encontre des repr sentants de la force publique et ou de d gradations voire de destructions d immeubles ou de biens appr hend s
14. rieur qui avait fait adopter ce texte avait assur devant l Assembl e nationale qu il ne serait pas appliqu aux membres d association d aide aux trangers des condamnations sont intervenues dans ce cas les juges ayant bon droit fait application du principe Ubi lex non distinguit En d autres termes pour prendre l exemple le plus frappant l article 222 14 2 du Code p nal en sa r daction actuelle est dans toute la subjectivit de l appr hension par les forces de l ordre de la caract risation de ses l ments constitutifs susceptible d tre appliqu tous les manifestants agriculteurs ou ouvriers qui se rassemblent proximit d une pr fecture Tant que la politique criminelle s laborera dans une caverne platonicienne la rue protestataire n est pas l abri de d couvrir que le droit p nal peut aussi constituer le moyen de faire en sorte que d sormais quand il y a une gr ve en 223 France personne ne s en aper oi ve 22 Par exemple l utilisation de flash balls dans des conditions sujettes caution lors de l vacuation d un squat Montreuil ou l arrestation de masse des participants lors d une manifestation contre la politique carc rale cf supra 2 Nicolas Sarkozy discours du 5 juillet 2008 218
15. sidence de la R publique ayant rendu in luctable cette perspective Enfin cet chec va affecter par contagion la position des criminologues qui s taient depuis quinze ans employ s corroborer le savoir et la pertinence des exigences des policiers en cette mati re En d autres termes au milieu de l ann e 2006 il tait devenu urgent pour les policiers des Renseignements G n raux et certains experts pour pr server leur position de renouveler la menace en lui en substituant une nouvelle toute aussi effrayante et susceptible de plaire au minist re de l Int rieur mais effet de l apprentissage oblige moins al atoire g rer L ultragauche va satisfaire ces exigences Pour le d montrer il suffit de reprendre chronologiquement l encha nement des faits dans l affaire dite de Tarnac En avril 2000 les Renseignements G n raux remettaient au ministre de l Int rieur un rapport intitul Extr me Gauche 2000 dans lequel taient pr sent es toutes les formes d expression de cette pens e politique sur le territoire national Il semble qu il y ait t fait tat des activit s des groupes libertaires susceptibles de constituer des menaces pour l ordre public Ce rapport qui s inscrit dans la mission d volue ce service d information du gouvernement sur les risques de men es subversives ne conna tra aucune suite imm diate Selon l histoire officielle p
16. veloppements la th orie des alliances objectives D Montjardet pr cit 7 Cr e par les meutes de novembre 2005 et les incidents cons cutifs aux manifestations du printemps 2006 7 Les autonomes recourant l action directe violente 7 La note transmise par A Bauer 73 Par la r f rence aux mouvements terroristes d extr me gauche de la fin des ann es 1970 7 L op ration aux fins d interpellations diligent e Tarnac 75 L intervention l gitimant la cr ation de la DCRI 7 Les interventions du ministre de l Int rieur apr s le 11 novembre 2008 180 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE et de communication font g n ralement preuve d une arrogance qui est peu susceptible de leur attirer la sympathie populaire enfin leur implication dans les contre sommets altermondialistes autorise une recomposition de la d finition de l ennemi int rieur dans un contexte de construction de l espace judiciaire europ en J Freund a montr que la construction de l Etat implique le lent processus qui a abouti ce que Max Weber appelait le transfert du monopole de l usage l gitime de la violence aux pouvoirs publics Il s agissait d une part de proscrire tout exercice de la violence par les priv s d autre part d liminer l ennemi int rieur pour ne laisser subsister que l ennemi ext rieur repr sent par un autre Etat souverain Or les sommets europ ens et les rencontres
17. CE 18 mai 2009 St BDA RFDA 7 8 2009 p 877 et Revue Lamy des Collectivit s Territoriales 7 2009 n 48 pp 28 29 note E Glaser I Sommier La violence r volutionnaire Presses de Sciences Po coll Contester n 4 2008 p 60 C Tilly From Mobilization to Revolution Addison Wesley 1978 F Dupuis D ri op cit pp 14 25 187 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE black bloc Les infractions commises Strasbourg au cours du sommet de l OTAN en 2009 ont conduit le l gislateur accro tre l efficacit de la r pression des violences perp tr es durant les manifestations Tout d abord le ministre de l Int rieur a pris le d cret n 2009 724 du 19 juin 2009 qui ajoute au Code p nal un article R 645 14 aux termes duquel Est puni de l amende pr vue pour les contraventions de la cinqui me classe le fait pour une personne au sein ou aux abords imm diats d une manifestation sur la voie publique de dissimuler volontairement son visage afin de ne pas tre identifi e dans des circonstances faisant craindre des atteintes l ordre public La r cidive de la contravention pr vue au pr sent article est r prim e conform ment aux articles 132 11 et 132 15 Les dispositions du pr sent article ne sont pas applicables aux manifestations conformes aux usages locaux ou lorsque la dissimulation du visage est justifi e par un motif l gitime Si la doctrine polici re approuve cette disposition d autres auteurs
18. Le rassemblement au sein des contre sommets de militants et de groupes de nationalit s diverses va tre interpr t comme l mergence d une nouvelle menace transnationale l ordre public national du pays h te de la r union contest e justifiant l adaptation des strat gies et des techniques de maintien de l ordre Il est vrai que les difficult s induites par la s curisation des sommets ne sont pas n gligeables Pour ne citer que les deux principales les traditions nationales en mati re de maintien de l ordre ont une incidence sur la coop ration strat gique et op rationnelle entre les services de police des diff rents Etats concern s la n gociation est peu efficace avec des interlocuteurs ayant des cultures du mouvement social diff rentes et qu il est difficile de rencontrer avant la manifestation N anmoins plus que ces difficult s c est l intervention de nouveaux acteurs dans le maintien de l ordre et particuli rement les services de renseignement qui dans un contexte s curitaire pr existant va entra ner les volutions les plus remarquables L exemple fran ais est ce titre assez r v lateur En juin 2008 les Renseignements G n raux et la DST ont t 153 C Mouhanna Police de la proximit au maintien de l ordre g n ralis in L Mucchielli dir La fr n sie s curitaire Retour l ordre et nouveau contr le social La D couverte 2008 p 83 Cet a
19. M Delmas Marty Libert s et s ret dans un monde dangereux Seuil coll La couleur des id es 2010 cours au Coll ge de France 2009 pp 68 76 204 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE S agissant de cette tude cette g n ralisation proc de de la combinaison de l intervention des services de renseignements dans le policing des manifestations transnationales et de l influence europ enne Contrairement aux manifestations ordinaires dont la s curisation est laiss e aux soins des forces traditionnelles de maintien de l ordre la mise en s curit des sommets internationaux implique la participation des services de renseignement L Bonelli a montr que l investissement d un champ s curitaire par de telles autorit s s accompagne de l importation de leur culture et de leurs m thodes qui mettent l accent sur le n cessaire largissement du spectre des activit s de surveillance le renseignement op rationnel et les m thodes proactives Ces techniques permettent en effet de d finir et d identifier des groupes risques sur lesquels seront focalis s les efforts de surveillance Leur leadership est d autant plus important que les questions de s curit pos es par ces sommets n ont pas seulement trait la pr servation de l ordre public mais aussi la garantie de l int grit des invit s chefs d Etats ou dirigeants d organisations internationales susceptibles d tre la ci
20. POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE forces de police vers le quartier le plus d favoris et l un des moins peupl s de la ville o ils ont pu se livrer pendant plusieurs heures des exactions les forces de police s tant content es de circonscrire par l encerclement les v nements avant de disperser les manifestants sans qu il soit proc d aucune interpellation En outre les d bats lors de deux des audiences de comparution imm diate du tribunal correctionnel de Strasbourg en date du 6 avril 2009 ont permis d tablir que le parcours de la manifestation valid par la Pr fecture a t modifi au moment du d part pour diriger le cort ge vers le port du Rhin quartier particuli rement loign du lieu de r union des chefs d Etat et que arguant de cette modification d itin raire le d part a t retard d une heure et demi ce qui peut aussi tre interpr t comme le recours un moyen connu d nerver une foule en la for ant stationner sur place Enfin l h tel qui a t incendi h bergeait pour l essentiel ce moment des fonctionnaires de police mobilis s l occasion du sommet Pour tenter d expliquer ce qui appara t a priori comme un aberratio ictus la seule hypoth se qui ne laisse aucune question en suspens consiste consid rer que le souhait des autorit s fran aises de voir le sommet de l OTAN se d rouler sans incidents susceptibles d entacher l image internationa
21. avec s v rit y compris les mineurs pour leur apprendre les r gles de la civilit Ne pas les mettre en examen pour satisfaire l opinion puis ensuite les rel cher Trouver toutes les sanctions et les r parations ad quates C est le r le de la Justice Il Selon la formule de D Waddington et M King The Disorderly Crowd From Classical Psychological Reductionism to Socio Contextual Theory The Impact on Public Order Policing Strategies Howard Journal of Criminal Justice 2005 vol 44 n 5 pp 490 503 M King D une gestion polici re r active la gestion des manifestants La police et les manifestations anti mondialisation au Canada Cultures et Conflits n 56 2004 http conflits revues org index1662 html 182 J Earl S Soule et J Mac Carthy Protest under Fire Explaining Protest Policing American Sociological Review 2003 n 69 pp 581 606 J A Franck La dynamique des manifestations violentes Revue canadienne de science politique vol 17 n 2 juin 1984 pp 325 349 F Jobard Le banni et l ennemi D une technique polici re de maintien de la tranquillit et de l ordre publics Cultures amp Conflits 43 automne 2001 http conflits revues org index571 html F Dupuis D ri Les black blocs La libert et l galit se manifestent 3 me d Lux coll Instinct de libert 2007 pp 208 210 183 Exclusion ventuellement coercitive de certains activistes cr ation de zones
22. bandes et de haine Il r it rait cette exigence lors d une table ronde Nice le 21 avril 2009 et demandait au 82 Loi n 2010 201 du 2 mars 2010 renfor ant la lutte contre les violences de groupes et la protection des personnes charg es d une mission de service public JO du 3 mars 2010 p 4305 L expos des motifs est sans quivoque qui pr cise Les r centes meutes urbaines de novembre 2005 et l actuelle agitation souvent violente au sein du monde lyc en et tudiant nous montrent quel point la violence semble se banaliser et devenir un moyen normal d expression La loi du 8 juin 1970 abrog e en 1981 permettait de lutter efficacement contre ces formes de d linquance collective Or nous sommes aujourd hui d munis face de telles situations Il devient urgent de pouvoir sanctionner ces troubles et permettre le maintien de l ordre au sein de nos villes 183 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE lendemain des v nements de Strasbourg l interdiction du port de cagoules dans les manifestations En cons quence le 5 mai 2009 quatre vingt deux d put s de la majorit emmen s par C Estrosi d pos rent une proposition de loi n 1641 renfor ant la lutte contre les violences de groupes et la protection des personnes charg es d une mission de service public Aux termes de l expos des motifs sont compt es au nombre des bandes vis es les casseurs qui s infiltrent dans une manifestation dans
23. clignotants nous alerte depuis quelques ann es sur la mont e d une contestation anarcho autonome Dans nos pays occidentaux le climat social et la crise conomique incitent de jeunes gens incontr l s basculer dans la violence Notre travail est de pr venir ces d rives et de neutraliser ceux qui pourraient en tre responsables Notre obsession est d anticiper Si jose dire nous faisons tout pour arriver trop t t au moment o il y a commencement d ex cution On retrouve dans ce propos les caract ristiques de l administration du maintien de l ordre l encontre des black blocs qui t moignent de leur adoption par les autorit s fran aises la pr valence du renseignement 1 et le choix de strat gies coercitives et d anticipation 2 1 La pr valence du renseignement Selon M Delmas Marty la g n ralisation des fichiers et des bases de donn es He re Ae x 164 personnelles t moigne de la radicalisation des proc dures de contr le 7 16 Cf aussi F Jobard La militarisation du maintien de l ordre entre sociologie et histoire D viance et Soci t 2008 1 vol n 32 pp 101 109 O Fillieule La police des foules in X Crettiez et L Mucchielli Les violences politiques en Europe Un tat des lieux La D couverte coll Recherches 2010 p 222 155 Goethe Ecrits autobiographiques 1789 1815 Bartillat 2001 in Le si ge de Mayence 164
24. contre les anarcho autonomes B Terroriser les terroristes Exposant les caract ristiques de la l gislation antiterroriste fran aise L Bonelli souligne que depuis le milieu des ann es 1990 s est tabli un consensus des gouvernements pour essayer d emp cher tout prix des attentats politiquement d stabilisateurs quitte pour cela commettre quelques injustices contre des individus appartenant des groupes cibl s les populations dites risques Soulever ce point crucial n est pas une lubie d id aliste Car ce sont certains fondements de l Etat de droit qui sont mis en cause Pour les populations risques les professionnels de l antiterrorisme fran ais superposent en effet les figures de suspect et coupable Cette strat gie alimente un cycle de d fiance et de rejet envers certains groupes renfor ant la fois leur marginalisation et leur sentiment d tre consid r s comme des ennemis de l int rieur Elle enclenche ainsi une dynamique de radicalisation des diff rences 15 D cret du 22 mars 1942 sur la police la s ret et l exploitation des voies ferr es d int r t g n ral et l int r t local JO du 23 ao t 1942 p 2888 104 Crim 8 mars 2005 Bull crim n 77 105 G Bidault in journal quotidien L Aube 24 septembre 1937 1 L Bonelli Les caract ristiques de l antiterrorisme fran ais Parer les coups plut t
25. d s lors qu outre l exigence de s v rit l gard des meutiers r affirm e par le minist re de l Int rieur en 2005 les moyens d volus aux forces de s curit int rieure pour lutter contre les meutes et la liste des infractions susceptibles d tre imput es aux participants des manifestations violentes apr s avoir t substantiellement renforc en 1995 n ont fait que cro tre depuis 2007 En revanche le 11 novembre 2008 la sous direction antiterroriste de la Direction centrale de la police judiciaire a effectu une op ration laquelle elle a convi la presse afin d interpeller dans le village de Tarnac en Corr ze un groupe de neuf individus qui furent l issue de leur garde vue mis en examen sous qualifications d actes de terrorisme officiellement pour avoir men des op rations de sabotage contre des lignes de TGV Plac s en d tention provisoire ils y sont demeur s entre deux et six mois Comme nous le montrerons ult rieurement plus que les faits sur lesquels l attention de l opinion publique a t attir e par la place Beauvau c est principalement leur participation au black bloc constitu Vichy une semaine auparavant qui est reproch e ces individus Or quelques mois apr s les faits des preuves rapport es principalement par la gendarmerie remettent en cause la qualit de la proc dure polici re De surcro t tandis que les mis en examen quelques te
26. es au dispositif de maintien de l ordre aux fins de proc der aux interventions de police judiciaire au sein ou proximit des cort ges Par ailleurs l issue de la manifestation de Poitiers et apr s que le cort ge s est dispers les policiers ont op r une descente dans un local alternatif matraquant et menottant les personnes pr sentes Les arrestations ill gales constituent selon M Delmas Marty l illustration de la dangerosit sans culpabilit manifestation de la d shumanisation du droit p nal Certes les conclusions du Conseil JAI du 13 juillet 2001 pr voient que pour s opposer la violence dans les rassemblements internationaux il peut tre recouru l utilisation de toutes les possibilit s l gales existantes dans les Etats membres permettant d emp cher les personnes notoirement connues pour 184 H Vlamynck Le maintien de l ordre manifestations r unions publiques et attroupements AJ P nal Dossier n 7 8 2009 pp 292 293 185 C Arnoud Table ronde propos des mat riels de maintien de l ordre Les Cahiers de la s curit int rieure 1997 n 27 p 143 186 K Laske Le flash ball dans le viseur et Il a tir au jug Lib ration 15 juillet 2009 pp 2 4 cf aussi CNDS Rapport 2008 2009 pp 13 14 utilisation de flash balls lors de la r pression des manifestations anto CPE et autres faits de violences ill gitimes au c
27. files PV TGV pdf Le minist re de l Int rieur n ayant pas contest l authenticit de ce document malgr la publicit dont il a fait l objet il est possible de le tenir pour pertinent 12 1 p 1 121 Le 31 janvier 2008 le nomm J C accompagn de sa petite amie Y A L franchissaient clandestinement la fronti re des Etats Unis vers le Canada L examen du contenu du sac dont s taient d barrass s les int ress s r alis par les autorit s canadiennes permettait la d couverte de documents laissant penser que les int ress s avaient assist du 10 au 15 janvier 2008 une r union d anarchistes am ricains New York Le 6 mars 2008 le centre de recrutement de l arm e am ricaine situ Times Square faisait l objet d un attentat Un rapprochement tait imm diatement op r entre cet acte et le franchissement clandestin de la fronti re par les nomm s J C et Y L par ailleurs connus de la documentation du service et de celle de l ex Direction centrale des renseignements g n raux pour leur militantisme au sein de la mouvance anarcho autonome regroupement de membres de diverses organisations libertaires avec pour th me f d rateur la haine de l Etat bourgeois du capitalisme et de ses appareils ce rejet s exprimant par des actions concert es l encontre des forces de l ordre et des symboles du capital banques agences d int rim compagnies d assurance soci t s commercia
28. internationales entre chefs d Etat tenus sur le territoire de l Union europ enne ont quasi syst matiquement donn lieu des incidents foment s par des black blocs Les anarcho autonomes s int grent donc au nombre de ces ennemis int rieurs que l Europe qui se construit doit liminer La somme de ces l ments assez nombreux et logiquement articul s pour douter qu il s agisse d une simple co ncidence autorise postuler que l ultragauche mouvance anarcho autonome qui constitue l essentiel des participants aux black blocs a t d sign e comme ennemi Il est donc pr sent possible d illustrer partir des particularit s de l arsenal p nal substantiel et proc dural utilis pour sa r pression les implications du droit p nal de l ennemi I DROIT P NAL SUBSTANTIEL DE L ENNEMI ANARCHO AUTONOME Si l on reprend le raisonnement de G Jakobs l ennemi ayant rejet par son id ologie et son action toute soumission aux exigences de la l galit qui fondent l ordre social il ne peut en r clamer le b n fice de la protection L Etat est donc fond d une part se soustraire lorsqu il tend sa r pression sur les actes perp tr s par cette cat gorie de d linquants aux corollaires de la l galit qui s imposent au cr ateur de la norme et d autre part recourir une l gislation d exception L tude de la l g
29. l galit criminelle Elle a surtout consid rablement influenc la proc dure appliqu e la gestion du maintien de l ordre et de la r pression des d sordres av r s 10 C Malaparte Technique du coup d Etat Grasset coll Les Cahiers rouges 2008 BI E Desportes et F Le Gunehec Droit p nal g n ral Economica coll Corpus droit priv 15 d 2008 456 p 412 M Puech Droit p nal g n ral Litec 1988 p 236 132 Cit par I Mandraud L obsession de l ultra gauche Le Monde 3 d cembre 2008 197 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE II DROIT P NAL PROC DURAL DE L ENNEMI ANARCHO AUTONOME Selon G Jakobs le droit p nal de l ennemi justifie la violation des r gles de proc dure puisque l ennemi s tant exclu de l Etat de droit il ne peut exiger un proc s quitable Apr s avoir tabli que s est progressivement instaur un droit p nal substantiel d exception destin permettre la neutralisation anticip e des activistes impliqu s dans des black blocs il faut pr sent v rifier dans quelle mesure le traitement proc dural auquel ils sont soumis participe du droit commun Si tel n tait pas le cas il serait difficile de conclure que s est d ploy en l esp ce un droit p nal de l ennemi Pour ce faire rappelons d abord les principes qui gouvernement en droit commun le maintien de l ordre l occasion des manifestations sur la voie publique
30. la d cision qui le vise il ne requiert aucune autre propri t singuli re que celle d tre ainsi par autrui l Etat baptis cette d claration s op rant par la mise au ban par la police d un groupe d linquant qu elle isole Ceci tant rappel et sans contester la d rive d linquante de certains de ses membres ni le caract re intrins quement subversif de cette id ologie les donn es aff rentes la mise en uvre de la d nonciation puis de la r pression de l ultra gauche mouvance anarcho autonome par le minist re de l Int rieur depuis 2007 autorisent penser que celle ci participe pour une large mesure de la construction d un ennemi int rieur destin se substituer au moins pour un temps aux violences urbaines apr s les checs subis en cette mati re par le gouvernement et les services de police l automne 2005 et au printemps 2006 Des similitudes dans le contexte et la m thode permettent de l inf rer Il faut d abord rappeler que des pr c dents existent dans l histoire r cente ce qui confirme le caract re habituel de la m thode M Rigouste dans l tude qu il a consacr e la construction de lennemi int rieur dans la France contemporaine identifie ainsi la lutte contre les gauchistes entreprise par le gouvernement apr s mai 1968 ou la lutte contre les organisations cens es manipuler les tudiants lors des manifestations contre le
31. le choix de la qualification d actes de terrorisme Ce proc s verbal confirme par ailleurs le bien fond de l intuition d velopp e l occasion de la pr sentation des dispositions de l article 222 14 2 du Code p nal Le recours aux qualifications d actes de terrorisme est aussi un moyen de contester contre l argumentaire d velopp au long du rapport le caract re politique des 13 6 7 p 7 124 5 4 p 9 1 et 5 p 10 3 et 7 p 11 1 4 p 12 3 7 p 13 4 p 14 125 I Mandraud et C Monnot Tarnac la d fense d nonce un scandale d Etat Le Monde 27 novembre 2009 p 10 K Laske Tarnac le t moin sous X et sa copie truqu e et On l aurait retrouv au bout d une corde Lib ration 25 novembre 2009 pp 10 11 268 1 p 15 195 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE actes accomplis La dimension d exception de la mise en uvre de la loi s tablit aussi par ce biais Ainsi la d finition du mouvement insurrectionnel donn e l article 412 3 permet a priori d exclure cette qualification s agissant des actions directes men es par les black blocs En effet si mat riellement les actes accomplis satisfont au premier terme de la d finition de l l ment mat riel de l infraction construction de barricades occupation de b timent ils n ont ce jour et n en d plaise peut tre aux activistes jamais particip d un v ritable
32. le simple but de troubler l ordre public Motif pris de pr tendues carences dans la r pression de l association de malfaiteurs qu il conviendrait de combler il est propos la cr ation d une nouvelle incrimination r primant de fa on sp cifique la participation une bande ayant l intention de commettre des violences ou des atteintes aux biens concert es dont la d finition est directement inspir e de celle de l association de malfaiteurs Le rapport fait au nom de la commission des lois reprend l antienne mais pr cise n anmoins que notre droit p nal est fond sur le principe de la responsabilit p nale individuelle C est pourquoi la r daction de l article ler est diff rente de celle de la loi dite anti casseurs du 8 juin 1970 ce qui confirme implicitement que sont bien vis es les m mes cibles ce que corrobore l allusion faite aux incidents de Strasbourg Surtout il est relev que le texte permettra d incriminer les membres d une bande dont il est prouv qu ils ont l intention de commettre des violences ou des d gradations Saisi le Conseil constitutionnel a lud la question de la violation du principe de n cessit estimant que l infraction r pond l exigence d ordre public de lutter contre les violences faites aux personnes et les dommages caus s aux biens perp tr s par des personnes r unies en groupe et que le principe de n cessit des p
33. lien avec la pr sente tude Le contenu dudit rapport long de quinze pages peut tre succinctement rappel Le groupe est dans le paragraphe introductif pr sent comme une structure clandestine anarcho autonome bas e sur le territoire national et se livrant des op rations de d stabilisation de l Etat par des actions violentes men es au cours de manifestations se tenant en marge de chacun des grands v nements politiques ainsi que par des actions de sabotage des infrastructures de transports Contre le choix op r par le minist re de l Int rieur pour m diatiser cette affaire l ordre de la phrase autorise consid rer que c est principalement pour leur implication dans des black blocs que les individus ont t interpell s L expos des faits corrobore cette assertion puisque qu il d bute par le rappel de l origine de l affaire et ne mentionne que l appartenance la mouvance anarcho autonome et la participation des black blocs des mis en cause mais pas leur implication dans des actes de sabotage De m me la description de l enqu te se concentre essentiellement sur l implication des personnes interpell es dans des manifestations qui ont d g n r A la lecture deux points m ritent d tre 1 Rapport de la sous direction antiterroriste de la direction centrale de la police judiciaire au procureur de Paris 15 novembre 2008 disponible sur www mediapart fr
34. nouveau une hypoth se peut tre formul e Face aux r actions de l opinion publique suite la publication du d cret sur le fichier Edvige la commission des lois de l Assembl e nationale s tait empar e de la question Il est probable que la Direction centrale du renseignement int rieur n tait pas ravie par cette situation Or une semaine apr s les v nements de Poitiers et tandis que les autorit s avaient argu du fait qu ils avaient pu se d rouler raison du d faut de moyens des services qui n avaient pas t en mesure d anticiper le rassemblement des activistes les d crets l galisant ces fichiers taient publi s Pour croire cette version il faut donc admettre que les anciens Renseignements G n raux apr s qu ils ont t fusionn s au sein de la DCRI et d s lors que le d cret transformant leur fichier en EDVIGE a t suspendu ont renonc utiliser un fichier qui existait depuis des d cennies et ont sagement attendu l autorisation l gale pour reprendre son alimentation que dans le m me temps les agents de la DCRI charg s de la surveillance physique ou sur internet des activistes autonomes ont renonc informer leur direction tant qu ils n auraient pas la possibilit de transmettre l galement des informations et que le s repr sentant s de la DCRI Poitiers s est se sont abstenu s de lire les affiches annon ant la manifestation placard es en ville durant la semai
35. ologie professionnelle des C R S D viance et Soci t 1988 12 2 pp 101 126 201 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE Dans ces conditions les op rations de maintien de l ordre destin es neutraliser les black blocs devraient th oriquement impliquer un recours important la coercition tant pour disperser les manifestants que pour interpeller les meneurs Or nous avons vu en introduction qu il n en a t ainsi lors d aucune des quatre occurrences identifi es o des black blocs ont op r sur le territoire fran ais Il s en d duit que le maintien de l ordre face ce ph nom ne proc de de d terminants et ou de modalit s diff rents ce qui sugg re l existence d un dispositif d rogatoire Les travaux r cemment publi s sugg re que plut t qu un d fi aux strat gies ordinaires de maintien de l ordre l apparition syst matiques des black blocs l occasion des contre sommets altermondialistes a dans un contexte plus g n ral de restauration de la police d ordre contre la police de s curit fourni aux autorit s charg es de la s curit int rieure l opportunit de justifier un mouvement de la n gociation des modalit s d expression de la contestation vers l limination du d sordre Le caract re international du mouvement altermondialiste va constituer pour les autorit s de police un pr texte une red finition du policing des manifestations
36. participant d un d faut de pr paration de la mission n est susceptible d tre engag e qu autant que la mort est en lien direct avec cette carence Guiliani et Gaggio pr cit 146 D s lors il est vraisemblable qu en certaines situations les forces de police se voient ordonner ou spontan ment d cident de refuser la confrontation avec le black bloc ce qui peut contribuer expliquer le faible volume d interpellations signal es en introduction 200 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE tendances une certaine sous application de la loi la volont de transiger et de n gocier n cessitant une certaine tol rance de l ill galisme la pratique du marchandage de mani re viter le d sordre des proc dures complexes de n gociation ont merg d bouchant sur une formalisation croissante des techniques de marchandage enfin le recueil d informations grande chelle N anmoins dans ce cadre g n ral il existe des possibilit s d adaptation des techniques et des strat gies de maintien de l ordre qui sont fonction de divers facteurs plus ou moins rationnels Les doctrines sociologiques et politistes se sont employ es en mettre en vidence la typologie Nous ne retiendrons que les facteurs d terminants du maintien de l ordre face un black bloc Dans la th se qu elle a consacr e aux manifestations en France dans la premi re moiti du vingti me si cle D Tartakowky montre q
37. pass e par un individu sic pouvant ensuite tre rig e en l ment charge son encontre 158 J Noakes and P Gillham Aspects of the New Penology in the Police Response to Major Political Protests in the United States 1999 2000 in D Della Porta A Peterson H Reiter The Policing of Transnational Protest Ashgate coll Advances in Criminology 2006 pp 97 115 1 D Della Porta et H Reiter The Policing of Transnational Protest A Conclusion in D Della Porta A Peterson H Reiter The Policing of Transnational Protest Ashgate coll Advances in Criminology 2006 pp 175 189 cf aussi N Klein Fences and Windows Dispatches from the Front of Globalization Debate Flamingo 2002 p 133 160 Tntelligence led policing 161 cf aussi O Fillieule et D Della Porta dir Police et manifestants Maintien de l ordre et gestion des conflits Presses de Sciences Po 2006 p 14 F Dupuis D ri Les black blocs La libert et l galit se manifestent 3 me d Lux coll Instinct de libert 2007 p 38 203 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE encerclement parcage des manifestants usage massif de la force cr ation de zones s curis es remilitarisation du maintien de l ordre quipements et cr ation d unit s sp ciales pr sence polici re massive et grande visibilit des forces de l ordre combinaison des forces de police sp cialis es dans le maintien de l ordre et la s curit
38. projet de loi de reforme des universit s en 1986 Surtout le parall le entre le processus qui a conduit concentrer l appareil r pressif sur les violences urbaines et celui d o proc de aujourd hui la stigmatisation des anarcho autonomes est saisissant La doctrine sociologique a ainsi d montr que la pr gnance des violences urbaines dans l laboration de la politique p nale au d but des ann es 1990 proc dait largement d une construction op r e par les Renseignements G n raux relay e par la caution d experts criminologues et par une partie de la presse avant d tre valid e par le ministre de l Int rieur dont les int r ts se trouv rent alors co ncider avec ceux de ses services L Bonelli a ainsi montr qu au d but des ann es 1990 les Renseignements G n raux se sont trouv s menac s dans leur existence m me par la combinaison d une s rie de bavures la diminution de la menace de subversion communiste ou gauchiste cons cutive l effondrement du Bloc communiste la d partementalisation de la police nationale initi e par P Joxe au titre de la modernisation de l Etat voulue par le Premier ministre M Rocard et la proposition faite par le Pr fet Fournet directeur de la DST de fusionner les deux services D s lors en qu te de perspectives d avenir et pr ts se saisir des opportunit s susceptibles de restaurer leur cr dit aupr
39. que panser les plaies in D Bigo L Bonelli et T Deltombe Au nom du 11 septembre Les d mocraties l preuve de l antiterrorisme La D couverte coll Cahiers libres 2008 p 187 189 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE L interpellation et la mise en examen subs quente sur le fondement de qualifications d actes de terrorisme des membres du groupe de Tarnac illustre cette volution en mati re de r pression des protagonistes des black blocs 2 M me si des strat gies complexes permettent certainement de l expliquer cette d rive inspir e voire cautionn e par l Union europ enne 1 n en est pas moins aussi inqui tante que r v latrice de la p n tration des implications du droit p nal de l ennemi en la mati re qui int resse cette tude 1 L inspiration europ enne Certes l Union europ enne n a pas initi le mouvement d assimilation des actes perp tr s par les activistes autonomes du terrorisme Elle ne fait ce titre que s inscrire dans un processus dont l origine peut tre retrac e aux discussions intervenues lors de la n gociation de la convention du Conseil de l Europe pour la r pression du terrorisme faite Strasbourg le 27 janvier 1977 Les repr sentants des Etats qui connaissaient de la d rive vers la lutte arm e des autonomes principalement l Italie et l Allemagne sont parvenus faire admettre que d s lors qu une i
40. riser la pr m ditation l essentiel des exemples donn s par le l gislateur est donc impropre justifier la n cessit de l gif rer De surcro t P Salvage a montr en illustrant de nombreuses jurisprudences que si dans le silence de la loi les r ponses que le Droit apportent ce type de probl me sont loin d tre videntes n anmoins en recourant alternativement aux m thodes d terministe ou finaliste la Chambre criminelle de la Cour de cassation a retenu la responsabilit p nale des participants des infractions fait d un groupe informel sur le fondement de la th orie de la participation par juxtaposition ou par appartenance Or aux termes de l interpr tation de l article 7 de la Convention europ enne de sauvegarde 6 D cision n 2010 604 DC du 25 f vrier 2010 cf W Roumier Validation de la loi renfor ant la lutte contre les violences de groupes et la protection des personnes charg es d une mission de service public Droit p nal 4 2010 p 5 87 Particuli rement celles de manquement aux principes de n cessit et de l galit cf R Parizot L incrimination de participation une bande ayant des vis es violentes un nouvel exemple de m pris e l gard des principes du droit p nal D 2009 n 40 Chronique pp 2701 2703 H Lesaffre De la constitutionnalit du d lit de bandes Petites Affiches 2009 n 156 157 pp 8 14 88 C Journ s
41. s curis es remilitarisation du maintien de l ordre quipements et cr ation d unit s sp ciales pr sence polici re massive et grande visibilit des forces de l ordre combinaison des forces de police sp cialis es dans le maintien de l ordre et la s curit publique arrestation pr ventive et ou massive isolation encerclement parcage des manifestants usage massif de la force r introduction des contr les frontaliers et refus d autoriser l entr e sur le territoire des activistes perquisitions 208 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE principe de proportionnalit Longtemps les services de police ont consid r que le recours aux armes non l tales tait contraire la conception qu ils se faisaient du maintien de l ordre en ce qu elles ne se contentent pas de d ranger les sens mais qu elles suscitent de vives douleurs et potentiellement des blessures Il semble que ce temps soit r volu les flash balls ayant t utilis s l occasion du sommet de l OTAN Strasbourg et lors de l expulsion d un squat artistique Montreuil Ce recours aux armes s inscrit dans un processus de remilitarisation du maintien de l ordre qui prend en outre la forme d une part de l octroi de mat riels de protection passive et active aux agents qui sont de plus en plus capara onn s suscitant en cons quence un effet gant de boxe et dans la cr ation d unit s de s curisation int gr
42. soul vement plus ou moins g n ralis contre l autorit gouvernementale une subversion entra nant une partie importante de la population et portant gravement atteinte la paix publique et mena ant la stabilit des institutions ou l int grit territoriale Cependant si l on reprend les termes du rapport il est reproch aux activistes d avoir cherch par leurs actions d stabiliser l Etat Admettons d abord comme pr requis que si la sous direction antiterroriste est intervenue c est qu existait la crainte que par la multiplication de ces actions le groupe ne soit effectivement en mesure de parvenir ses fins Alors les qualifications appropri es ne sont pas celles d actes de terrorisme mais celles de tentative d insurrection d autant plus que si le meneur du groupe est effectivement l auteur des crits qui lui sont reproch s c est bien l insurrection qu il a revendiqu voire de tentative d attentat Tout en conservant l esprit l autonomie du droit p nal cette interpr tation est corrobor e par la jurisprudence administrative qui adopte une conception restrictive de l amalgame entre action terroriste et attroupement Le fait que les moyens employ s taient inadapt s pour parvenir au r sultat recherch est sur le fondement d une jurisprudence bien tablie indiff rent la consommation de la tentative Le recours aux incriminations pr vues aux arti
43. t de la Chambre criminelle de la Cour de cassation en date du 8 mars 2005 par lequel la Haute juridiction a rappel que la commission d une infraction p nale ne saurait tre justifi e notamment par la participation une manifestation sur la voie publique Or depuis les gr ves contre le CPE du printemps 2006 le sit in sur les voies dans les gares est devenu l un des modes d expression privil gi s des manifestants partisans de la d sob issance civile Il est ainsi tabli que suite aux d monstrations de violence qui ont maill le contre sommet altermondialiste de Strasbourg et le d m nagement de la maison d arr t de Poitiers le l gislateur a int gr dans l ordre juridique des dispositions qui lui permettent d anticiper la r pression de l action des participants un black bloc avant qu ils n aient commis un acte de violence l encontre d un bien ou d un individu Pour ce faire il a n anmoins d sacrifier le principe selon lequel l intention comme les actes pr paratoires ne sont pas incrimin s en droit p nal fran ais portant par voie de cons quence un coup regrettable au principe de discontinuit de la r pression C est donc bien un droit d rogatoire qui se dessine De mani re plus regrettable encore il est vraisemblable qu un principe essentiel du droit p nal lib ral celui de l interpr tation stricte de la norme ait aussi eu souffrir de la croisade lanc e
44. tendons ici montrer que la r pression qui est exerc e n est pas uniquement motiv e par des consid rations l galistes mais qu elle poursuit une ambition politique qui la d passe Depuis le d but des ann es 1970 la doctrine sociologique a abondamment document le processus de construction d ennemis sociaux par la cr ation de paniques morales imput es des d mons populaires lorsque les gouvernements se trouvent confront s des situations de crise Selon S Cohen pour susciter une telle panique l entrepreneur de morale d nonce une figure repoussoir incarnant une menace envers la soci t en exag rant l importance des difficult s qu elle pose suscitant ainsi par la m diatisation excessive engendr e une vive inqui tude de la population et cons cutivement une d fiance envers le groupe stigmatis qui exc de sa dangerosit r elle Reprenant la th orie de Cohen S Hall C Critcher T Jefferson J Clarke and B Roberts la pr cisent en d montrant que la stigmatisation d un groupe d linquant constitue pour un gouvernement qui traverse une crise d h g monie un moyen de d tourner en s appuyant sur ses relais dans la presse populaire l attention de l opinion publique vers un probl me social sur lequel il peut avoir une influence imm diate Ainsi la d nonciation d un groupe d linquant ou d une forme de criminalit s op re non raison de leur importa
45. volontaires et de destruction d gradation du bien d autrui Par ailleurs aux termes de la loi n 2009 1503 les dispositions de l article 73 du d cret du 22 mars 1942 sont transf r es l article 21 de la loi du 15 juillet 7 H Vlamynck Le maintien de l ordre manifestations r unions publiques et attroupements AJ P nal Dossier n 7 8 2009 p 293 F Defferrard Requiem pour un capuchard D 2009 n 33 Etudes et commentaires pp 2225 2226 Assembl e nationale Rapport n 1734 fait au nom de la commission des lois constitutionnelles de la l gislation et de l administration g n rale de la R publique sur la proposition de loi n 1641 renfor ant la lutte contre les violences de groupes et la protection des personnes charg es d une mission de service public 10 juin 2009 100 Pr cit e 101 Articles 222 13 et 322 3 du Code p nal 102 Loi n 2009 1503 du 8 d cembre 2009 relative l organisation et la r gulation des transports ferroviaires et portant diverses dispositions relatives aux transports JO du 9 d cembre 2009 p 21226 188 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE 1845 sur la police des chemins de fer Ce faisant le l gislateur correctionnalise les comportements jusqu alors contraventionnels consistant de l ext rieur des v hicules interf rer avec la circulation de transports publics de voyageurs Ce texte doit tre interpr t la lumi re de l arr
46. 09 p 17244 D cret n 2009 1250 du 16 octobre 2009 portant cr ation d un traitement automatis de donn es caract re personnel relatif aux enqu tes administratives li es la s curit publique JO du 18 octobre 2009 p 17245 Loi n 2010 201 du 2 mars 2010 renfor ant la lutte contre les violences de groupes et la protection des personnes charg es d une mission de service public JO du 3 mars 2010 p 4305 B Rossigneux et D Simonnot L enqu te sur Tarnac sabot e par la guerre police gendarmerie Le Canard Encha n 25 novembre 2009 p 4 Pourquoi nous cessons de respecter les contr les judiciaires Cette soci t n a de proc s intenter personne sinon elle m me Le Monde 4 d cembre 2009 D bats p 20 169 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE ils ont justifi contre l ambition exprim e par la repr sentation populaire l ent rinement par d cret des fichiers de la nouvellement cr e Direction centrale du renseignement int rieur dont la pr c dente l galisation avait provoqu une vive pol mique En r sum un ph nom ne d linquant extr mement marginal qui n implique qu un nombre restreint d individus qui n a ce jour engendr que des d g ts mat riels certes parfois cons quents et des blessures des agents de la force publique ce qui m me si elles n ont jamais atteint un degr de gravit important est en soi inacceptable et pour la r pres
47. 23 novembre 2008 elle ajoutait Nous assistons des ph nom nes qui sont exactement ceux qui ont pr c d les attentats des Brigades rouges en Italie et de la bande Baader en Allemagne discours qui manant du ministre charg de la s curit int rieure n tait manifestement pas destin rassurer la population Depuis des informations remettant en cause la qualit de l enqu te ayant t r v l es l ultra gauche mouvance anarcho autonome n int resse plus notre connaissance la communication minist rielle N anmoins ainsi que nous allons le voir elle a eu les honneurs du Parlement lors de discussions qui ont accompagn l adoption de la r cente loi sur les bandes violentes On retrouve donc chaque tape du processus de construction d un ennemi int rieur 1 l existence fin 2006 d une situation critique pour le politique le policier et les cautions scientifiques qu ils acceptent conjointement qui oblige 2 d signer un nouvel ennemi contre lequel la capacit du gouvernement maintenir l ordre va pouvoir tre d montr e afin que puisse tre restaur e l autorit de l Etat 3 la d termination subs quente par la police d un groupe susceptible d tre mis au ban puisque d j marginalis et impliqu dans des actes unanimement consid r s comme d linquants et la confirmation de ce choix par l expert 4 la pr sentation au public d
48. 4 194 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE mat riels qu il accomplit au stade pr paratoire de l infraction sont susceptibles de faire croire un fonctionnaire de police qu il a l intention de prendre part un groupe qui se pr pare commettre des infractions violentes celui qui prend part des infractions violentes le casseur et le casseur mu par une intention d stabilisatrice de l Etat le terroriste Ainsi au dualisme manifestant pacifique manifestant violent fond sur des l ments strictement objectifs que connait le droit p nal lib ral le droit p nal de l ennemi ajoute deux cat gories interm diaires fond es sur l appr ciation subjective op r e par la police le manifestant potentiellement violent et le terroriste Or la premi re de ces cat gories implique l incrimination titre principal d un acte pr paratoire et la deuxi me consiste dans l incrimination sp ciale des mobiles de l agent Nous sommes donc bien juridiquement en pr sence d un droit d exception A l issue des d veloppements consacr s la participation des black blocs les actes de sabotage des voies de TGV sont enfin abord s D une mani re qui m rite d tre relev e la sous direction antiterroriste postule que clair s la lumi re de la doctrine du groupe ces actions doivent donc tre envisag es comme un acte politique visant la d stabilisation de l Etat
49. 9 431 12 fasc 20 2009 182 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE On arguera vainement de quelque difficult proc der auxdites interpellations qui auraient justifi l introduction de nouvelles dispositions pour lutter contre les black blocs En effet l exp rience de la gestion polici re de ce ph nom ne lors du sommet de l OTAN Strasbourg t moigne de ce que les forces de maintien de l ordre sont techniquement capables de s parer ce groupe des autres manifestants de l isoler et de le diriger sur la voie publique dans une direction o il ne souhaite pas aller Si les forces de l ordre sont capables de man uvrer ainsi le groupe il est n cessairement possible qu elles soient en mesure de proc der des interpellations en son sein Cependant par la loi n 2010 201 le l gislateur a ajout au Code p nal un article 222 14 2 aux termes duquel le fait pour une personne de participer sciemment un groupement m me form de fa on temporaire en vue de la pr paration caract ris e par un ou plusieurs faits mat riels de violences volontaires contre les personnes ou de destructions ou d gradations de biens est puni d un an d emprisonnement et de 15 000 d amende S il a t pris pr texte de faits de violences en r union dans un cadre scolaire pour justifier de la n cessit de ce texte sa gen se l expos des motifs qui accompagnait sa pr sentation et les d bats parlementaires qui ont pr c
50. CEDH Av ar c Turquie 10 juillet 2001 CEDH 2001 VIT CEDH Moussaiev et autres c Russie 26 juillet 2007 n 57941 00 Enfin la proportionnalit implique que l Etat soit en mesure de d montrer que la mission a t pr par e et contr l e par les autorit s de fa on r duire au minimum autant que faire se peut le recours la force publique meurtri re McCann pr cit Cependant temp rant ses exigences la Cour estime aussi qu elle ne peut substituer sa propre conclusion sur la situation celle de l officier CEDH Guiliani et Gaggio c Italie 25 ao t 2009 n 23458 02 renvoy en Grande Chambre le ler mars 2010 qui agit en situation d meute et afin d viter d imposer l Etat et ses agents charg s de l application des lois une charge irr aliste McCann pr cit CEDH Mahmut Kaya c Turquie 28 mars 2000 CEDH 2000 IIT CEDH Makaratzis c Gr ce 20 d cembre 2004 CEDH 2004 IX elle admet qu ils disposent d une certaine marge d appr ciation Il appartiendra aussi l agent d tablir qu il a agi mu par une conviction intime raisonnable et l gitime que sa vie tait en danger CEDH Huohvanainen c Finlande 13 mars 2007 n 57389 00 et que s agissant de la r pression d une meute la force utilis e tait strictement proportionn e au but poursuivi CEDH G lec c Turquie 27 juillet 1998 n 54 1997 838 1044 De m me la responsabilit de l Etat
51. E APPLIQUEE constitu au sein d une manifestation sert outre cette pr tention politique une double ambition d jouer les techniques de surveillance et de contr le d ploy es par les forces de l ordre et t moignage de l h ritage situationniste des autonomes offrir aux m dias la possibilit d images spectaculaires qui garantiront la publicit de la contestation Hors des fronti res allemandes les black blocs sont apparus sporadiquement lors de manifestations organis es pour protester contre la premi re guerre du Golfe d veloppant cette occasion un nouveau mode d action consistant intervenir en marge des manifestations conventionnelles L apparition m diatique du ph nom ne est commun ment rapport e au sommet de l Organisation Mondiale du Travail organis Seattle le 30 novembre 1999 Les 16 et 17 avril de l ann e suivante un groupe d environ mille personnes recourra des actions similaires Washington DC pour protester contre la r union dans cette ville de la Banque mondiale et du Fonds mon taire international initiant ainsi la diss mination du ph nom ne qui est rapidement devenu un corollaire des contre sommets altermondialistes A notre connaissance des exactions susceptibles d pouser des qualifications p nales ont t perp tr es sur le territoire de la R publique par les participants des black blocs en quatre occasions Il est d s lors permis de consid
52. LA R PRESSION DES BLACK BLOCS PR TEXTE LA DOMESTICATION DE LA RUE PROTESTATAIRE par OLIVIER CAHN Ma tre de conf rences l Universit de Cergy Pontoise Responsable du LEJEP CERSC D ailleurs tout malfaiteur attaquant le droit social devient par ses forfaits rebelle et tra tre la patrie il cesse d en tre membre en violant ses lois et m me il lui fait la guerre Alors la conservation de l tat est incompatible avec la sienne il faut qu un des deux p risse et quand on fait mourir le coupable c est moins comme citoyen que comme ennemi Les proc dures le jugement sont les preuves et la d claration qu il a rompu le trait social et par cons quent qu il n est plus membre de l tat Or comme il s est reconnu tel tout au moins par son s jour il en doit tre retranch par l exil comme infracteur du pacte ou par la mort comme ennemi public Rousseau Du contrat social ou des Principes du droit politique Les d tracteurs de l anarchisme ne se font pas tous la m me id e du danger id ologique que repr sente celui ci et cette id e varie en fonction de leur degr d armement et des possibilit s l gales qu ils ont d en faire usage S Dagerman L anarchisme et mo Je ne pense pas qu il faille r pondre aux coups par la b n diction Je crois que la violence est in vitable Je dis seulement qu il faut refuser toute l gitimation de la violence Elle est la fois
53. Nous fonderons essentiellement notre analyse sur un rapport en date du 15 novembre 15 C Chevallier Govers De la coop ration l int gration polici re dans l Union europ enne Bruylant 1999 S Garcia Jourdan L mergence d un espace europ en de libert de s curit et de justice Bruylant 2005 16 O Cahn La coop ration polici re franco britannique dans la zone frontali re transmanche Th se de doctorat en Droit sous la direction du Professeur M Mass Universit de Poitiers 2006 pp 459 517 117 T Sommier op cit in X Crettiez et L Mucchielli p 63 LOF J Pr posiet Histoire de l anarchisme 2 d Tallandier 2005 pp 400 401 qui mentionne en 1965 l inculpation au Danemark de certains membres de l Internationale situationniste ou le proc s des Trente devant les assises de la Seine en 1894 192 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE 2008 par lequel la sous direction antiterroriste de la Direction centrale de la police judiciaire communique au Parquet la synth se des l ments qu elle a pu recueillir sur les individus qu elle a arr t s quatre jours plus t t Il n est videmment pas question de se prononcer sur la v racit de son contenu ni a fortiori sur la r alit des faits reproch s puisque l affaire est toujours l instruction et que nous n avons videmment pas eu acc s au dossier Cependant la lecture du rapport pr cit permet de formuler quelques commentaires en
54. X si cle et de mani re constante depuis lors pour nier toute signification politique aux conflits sociaux et r duire leurs expressions l ill galit qu elles portent Confrontant la situation contemporaine l tude historique l auteur rel ve que la notion semble avoir conserv suffisamment de charge n gative pour en esp rer des retomb es politiques positives mais elle appara t aussi pour ce qu elle est une mani re de faire d vier le d bat du fond vers la forme en jouant sur une peur jamais vraiment vacu e en France la r surgence de la discorde Chaque crise voit resurgir la peur d une dislocation d un consensus national seul ciment d un vivre ensemble syst matiquement pr sent comme fragile A ce sujet il est int ressant de remarquer combien les meutes urbaines de l automne 2005 ont nourri le fantasme d un pays basculant dans la guerre civile pour conclure que disserter sur la forme guerre civile c est faire l conomie d une r flexion sur les causes de la discorde A terme la notion de guerre civile devient d autant plus op ratoire qu elle permet de penser la violence sociopolitique hors de son cadre traditionnel incluant la violence d Etat la violence protestataire et la violence intersociale Ainsi pour r pondre aux oppositions prot iformes sa politique l Etat convoque un adversaire un ennemi sur lequel il est d
55. a semble confirmer qu il s agit bien d un principe de fonctionnement de cette doctrine 178 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE invisible intitul L insurrection qui vient Il en aurait alors command imm diatement quarante exemplaires avant de les distribuer entre autres F P chenard Directeur central de la police judiciaire accompagn s d une note relevant les similitudes avec les crits publi s durant la p riode de fondation des Brigades Rouges en Italie Fin janvier 2008 la Sous direction antiterroriste de la Direction centrale de la police judiciaire remettait un rapport intitul Renseignements concernant la mouvance anarcho autonome francilienne En mai 2008 paraissait dans le magazine Le Point un article intitul Les nouveaux combattants de l ultra gauche Comme le rel ve I Sommier il s av rera que l article s inspir ait tr s troitement du rapport des RG dont les autres journaux ne prendront connaissance qu un mois plus tard voire qu il le reprodui sait et qu en cons quence Le Point a vait profit d une fuite opportun ment distill e pour faire monter la pression Ledit rapport classifi r dig par la Direction centrale du renseignement int rieur et intitul Du conflit anti CPE la constitution d un r seau pr terroriste regard sur l ultragauche fran aise et europ enne fut en effet remis au ministre en juin 2008 Il mentionnerait l exi
56. a disposition querell e Enfin cette n gation du caract re politique des actions directes violentes serait coh rente avec la construction d un droit p nal de l ennemi la d personnalisation impliquant aussi que seul un citoyen puisse commettre une infraction politique Cette analyse est d autant plus vraisemblable que la loi n 2010 201 s inscrit dans un mouvement de durcissement des qualifications de droit commun applicables aux manifestants violents suite aux meutes de 2005 et aux manifestations anti CPE du printemps 2006 2 Le durcissement de la r pression applicable aux manifestants violents Les dispositions des Livres II et I du Code p nal aff rentes aux faits de violences volontaires aggrav es et de destruction d gradation taient d j applicables pour sanctionner les exactions perp tr es par les participants un 92 Decocq J Montreuil et J Buisson Le droit de la police 2 d Litec 1998 p 517 3 Crim 12 d cembre 1963 Bull crim n 359 Sur la responsabilit de l Etat du fait des d gradations perp tr es par les manifestants N Albert La responsabilit de l Etat du fait des meutes en question AJDA 2006 p 739 P Serrand Les notions juridiques d attentat d attroupement et de rassemblement en droit administratif de la responsabilit LGDJ Universit Panth on Assas ParisIl coll Travaux de recherches 1994 pour une application r cente
57. alles en caoutchouc Cette tendance s est renforc e suite la mort de M Oussekine sous les coups des voltigeurs de la Pr fecture de police de Paris lors des manifestations contre le projet Devaquet de r forme des Universit s en 1986 Cette exp rience a probablement permis d viter la France y compris dans la gestion des d bordements de violences qui ont accompagn certaines manifestations l occasion de contre sommets altermondialistes les bavures polici res de G teborg et de G nes Certes en 156 A Decocq J Montreuil et J Buisson Le droit de la police 2 d Litec 1998 pp 480 481 Or la libert de manifester a t consacr e par le Conseil constitutionnel d c n 94 352 DC du 18 janvier 1995 et par la Cour europ enne des droits de l homme par exemple CEDH Plattform Arte f r das Leben c RFA 21 juin 1988 CEDH 5 mars 2009 Barraco c France CEDH 11 juin 2009 Dubus c France et Laudette c France 137 Sur la distinction maintien de l ordre conduite des op rations militaires cf F Dieu Maintien de l ordre et gendarmerie nationale Droit et d fense 1993 2 p 22 58 Cr ation en 1921 des compagnies de gendarmerie mobile au sortir de la deuxi me guerre mondiale des compagnies r publicaines de s curit et en 1953 des compagnies de la Pr fecture de police de Paris B9 O Fillieule Du pouvoir d injonction au pouvoir d influence Les limites de l institu
58. anis e pour protester contre cet v nement un black bloc d environ deux cents personnes s est attaqu aux locaux de compagnies multinationales sis en centre ville avant de barricader certaines rues d clar es zones temporaires autog r es B Les exemples les plus significatifs d interventions des black blocs ont eu lieu au cours des manifestations contre les conventions r publicaines et d mocrates Philadelphie juin 2000 la r union du FMI Prague 2000 le sommet des Am riques Qu bec 2001 les sommets europ ens G teborg 2001 Copenhague 2002 et Thessalonique 2003 les r unions du G8 G nes 2001 Calgary 2002 Evian 2003 Gleneagles 2005 Heiligendamm 2007 la r union des ministres des Etats membres de l Union europ enne charg s de l immigration Vichy 2008 les sommets de l OTAN Prague 2002 et Strasbourg 2009 4 Sommet du G8 d Evian ler au 3 juin 2003 Sommet des ministres des Etats membres de l Union europ enne charg s de l immigration Vichy 3 novembre 2008 Sommet de l OTAN Strasbourg 3 et 4 avril 2009 et d m nagement de la maison d arr t de Poitiers 10 octobre 2009 167 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE adopte En effet si les infractions commises par les activistes sont symboliquement agressives elles ne se distinguent pas de celles qui accompagnent depuis de longues ann es les manifestations d agriculteurs ou de marins p cheurs et devraient donc coh rence de
59. ation de la surveillance Aux origines de l ordre s curitaire La D couverte coll Cahiers libres 2007 pp 155 156 S agissant des violences urbaines il s agira de la publication de l chelle Bui Trong qui permettra aux RG d accr diter l id e qu ils ont d velopp une comp tence d analyse sur la question Gf par exemple A Bauer et C Soullez Violences et ins curit urbaines PUF coll Que sais je publi depuis 1998 11 d 2007 sur l influence de ces experts sur la d finition de la politique criminelle cf G Sainati et U Schalchli La d cadence s curitaire La Fabrique 2007 p 69 L Bonelli La France a peur Une histoire sociale de l ins curit La D couverte coll Cahiers libres 2008 pp 167 et 172 sur la th orie des nouvelles menaces soutenue par X Raufer F Haut et A Bauer cf M Rigouste L ennemi int rieur La g n alogie coloniale et militaire de l ordre s curitaire dans la France contemporaine La D couverte 2009 p 243 5 Sur les liens entre les RG et la presse cf L Bonelli La France a peur Une histoire sociale de l ins curit y La D couverte coll Cahiers libres 2008 pp 383 387 Il est d autant plus facile pour les services de police de s assurer le soutien de leur ministre que dans le contexte cr par le colloque de Villepinte et le renforcement des politiques s curitaires au cours du deuxi me mandat pr sidentiel de J
60. autant plus pertinent de concentrer ses coups qu il incarne la violence et la discorde honnies dans toute soci t en crise La lecture de la r pression exerc e contre les d linquants impliqu s dans des black blocs au travers du prisme combin de l effet de la crise politique sur l action tatique et de l identification d un ennemi contre lequel concentrer cette derni re est l gitime et permet de formuler notre hypoth se Dans un article r cemment publi G Jakobs postule en raisonnant partir de la figure du terroriste qu il existe une fraction de la d linquance dont l id ologie et les comportements sont tellement antagonistes ceux du corps social qu il est impossible d esp rer que ces individus se soumettent d une quelconque mani re aux normes y compris lorsque celles ci ont pour ambition leur r int gration dans Cf par exemple Comit invisible L insurrection qui vient La Fabrique 2007 Tiqqun Contributions la guerre en cours La Fabrique 2009 37 J C Caron Fr res de sang La guerre civile en France au XIX si cle Champ Vallon 2009 pb 5 pp 34 35 A Brossat Tous Coupat Tous Coupables Le moralisme antiviolence Lignes 2009 1 G Jakobs Aux limites de l orientation du droit le droit p nal de l ennemi RSC 1 2009 p 7 173 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE la Soci t Il les nomme ennemis par opposition aux citoyens qui seuls pe
61. aux des juristes sont de peu de secours En revanche la d linquance qui s exprime au cours des 28 G P Cabanel Rapport n 449 fait au nom de la commission d enqu te du S nat sur les conditions de d tention dans les tablissements p nitentiaires en France tome 1 d pos le 29 juin 2000 Le contenu des manuels usuels de droit p nal sp cial est ce titre difiant Les infractions du livre IV du Code p nal qui int ressent au premier chef les actions directes des black blocs ne font l objet d aucune tude dans P Conte Droit p nal sp cial LexisNexis Litec 3 d 2007 P Gattegno Droit p nal sp cial Dalloz coll Cours 7 d 2007 M L Rassat Droit p nal sp cial Dalloz coll Pr cis E Dreyer Droit p nal sp cial Ellipses coll Cours magistral 2008 et M V ron Droit p nal sp cial Sirey coll Universit 12 d 2008 Ce dernier justifie l exclusion en indiquant que ces infractions ont t et demeurent fort rares qui supposent des d veloppements 171 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE manifestations int resse les sociologues les historiens et les politistes Notre ambition est donc de combiner les apports des sciences humaines avec l analyse juridique afin de tenter de pr ciser le s fondement s de la politique criminelle qui pr side la r pression des auteurs d infractions perp tr es dans le contexte d un black bloc Nous poserons comme pr requis
62. ble d attentats Le d veloppement d une radicalisation des mesures de surveillance un maillage de plus en plus troit des fichiers de bases de donn es personnelles permettant une tra abilit individuelle au nom de la dangerosit et du risque s op rent de mani re d autant plus ais e qu ils interviennent sous un contr le externe national a minima par la mise en uvre du droit d riv de l Union europ enne Aux termes de l Action commune du 26 mai 1997 il est n cessaire de prendre des dispositions plus pr cises afin d assurer la coop ration lors des rassemblements au sens large c est dire d v nements o se trouvent rassembl s un grand nombre de personnes provenant de plusieurs Etats membres o l action polici re vise avant tout garantir l ordre et la s curit publics En cons quence et suite aux v nements de G teborg le Conseil a adopt le 12 novembre 2002 un manuel qui rassemble une s rie de recommandations aux Etats membres inspir es des m thodes de gestion du hooliganisme l occasion des manifestations sportives afin d am liorer la coop ration en mati re d change de renseignements dans le cadre de la pr paration des 16 L Bonelli La France a peur Une histoire sociale de l ins curit La D couverte coll Cahiers libres 2008 p 402 1 H Reiter et O Fillieule Formalizing the Informal the EU Approach to Transnational Prot
63. c le principe d mocratique l meute n est qu une infraction qui doit tre r prim e En revanche d s lors que la l gitimit des actes de l Etat n est plus tablie l insurrection redevient un mode d action politique acceptable Reste que en premier lieu pas plus que les tyrannies qu elle a mises bas la R publique quand elle se d voie ne commence par r former sa conduite lorsqu elle est confront e l expression de la protestation du peuple A l instar des monarchies et des empires qui l ont pr c d e elle r pond d abord par une violence plus ou moins exacerb e En deuxi me lieu et surtout la l gitimit d une action gouvernementale ne peut faire l objet d une appr ciation juridique manich enne Il existe un champ o sous la contrainte de la pression internationale ou de la raison d Etat il s accomplit des actions l gitimes mais Cf D cret n 2008 1199 du 19 novembre 2008 portant retrait du d cret n 2008 632 du 27 juin 2008 portant cr ation d un traitement automatis de donn es caract re personnel d nomm EDVIGE JO du 20 novembre 2008 p 17718 2 I en va ainsi s agissant de la R publique autant que selon le pr cepte de Montesquieu elle demeure fond e sur la vertu d mocratique 7 La r pression exerc e par la quatri me R publique contre les Alg riens qui r clamaient leur ind pendance en est l exemple historique le plus r cent
64. caract re imminent et croissant de la menace an antir la dimension politique du ph nom ne et occulter l ventuelle responsabilit de l Administration En cons quence le service de police int ress consolide sa l gitimit et se voit affecter des moyens pour traiter cette forme de d linquance Le fonctionnement de la construction et du traitement de l ennemi implique donc une convergence d int r ts et un consensus sur les analyses et les modes de traitement entre la force de police ses cautions scientifiques la presse et le minist re de l Int rieur s agissant des violences urbaines cette situation a perdur entre le d but des ann es 1990 et 2005 Cependant cette alliance objective ne peut durer qu autant que se maintient ce qui est d abord en jeu dans l change entre lites politiques et polici res 5l L Bonelli La France a peur Une histoire sociale de l ins curit La D couverte coll Cahiers libres 2008 pp 387 391 L Bonelli Les caract ristiques de l antiterrorisme fran ais Parer les coups plut t que panser les plaies in D Bigo L Bonelli et T Deltombe Au nom du 11 septembre Les d mocraties l preuve de l antiterrorisme La D couverte coll Cahiers libres 2008 pp 176 178 cf aussi L Mucchielli Violences et ins curit Fantasmes et r alit s dans le d bat fran ais La D couverte 2002 p 40 A Mattelart La globalis
65. cations appropri es pour anticiper la r pression de la d linquance des protagonistes des black blocs avant qu elle ne s exprime la pratique des parquets ne fasse progressivement basculer ces comportements dans la d linquance de droit commun Certes le principe Specialia generalibus derogant devrait permettre de contenir cette crainte mais le renvoi en comparution imm diate sous la qualification d attroupement de certains protagonistes du contre sommet de Strasbourg lors m me que cette proc dure n est pas l gale pour poursuivre les infractions politiques et la mention des casseurs qui s infiltrent dans les manifestations durant les d bats parlementaires permettent de consid rer en quelle estime les principes sont tenus en cette mati re Si l on ajoute d une part que l Etat a un int r t conomique contester le caract re politique des infractions perp tr es par les meutiers qui se double d un int r t psychologique le faire puisqu il s exon re ainsi de sa propre responsabilit dans la violence des manifestants et d autre part le d ni syst matique par les gouvernants du caract re politique des actions directes violentes accomplis l occasion des manifestations altermondialistes on est autoris penser que la volont de soustraire les manifestations d linquantes de la protestation de rue du champ des infractions politiques n est pas trang re l introduction de l
66. ccent mis sur la fonction protectrice de l Etat assign e la police n est pas une nouveaut Dominique Montjardet avait identifi l opposition entre la police d ordre au service de l Etat et la police de s curit au service du citoyen avec une priorit sans cesse r affirm e au profit de la premi re cf aussi M Rigouste L ennemi int rieur La g n alogie coloniale et militaire de l ordre s curitaire dans la France contemporaine La D couverte 2009 pp 152 166 et p 196 15 Selon la formule de M Foucault S curit territoire et population Cours au Coll ge de France 1977 1978 Gallimard Seuil coll Hautes Etudes 2004 p 362 155 Cf pour une num ration exhaustive D Della Porta et H Reiter The Policing of Transnational Protest A Conclusion in D Della Porta A Peterson H Reiter The Policing of Transnational Protest Ashgate coll Advances in Criminology 2006 p 187 D Della Porta et H Reiter The Policing of Global Protest The G8 at Genoa and its Aftermath in D Della Porta A Peterson H Reiter The Policing of Transnational Protest Ashgate coll Advances in Criminology 2006 pp 13 41 202 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE fusionn s Or les agents issus des RG en charge des mouvements subversifs n ont g n ralement qu une faible pratique de la coop ration internationale En revanche ceux de la DST sont souvent familiaris s l entraide mais sont sp ciali
67. ce qui sous couvert d intervention l gislative l gitime ajoute au m pris des exigences de la n cessit l affront la prohibition de l incrimination de l intention Par ailleurs appliqu e aux manifestants comme les d bats parlementaires autorisent le faire l incrimination constitue un moyen de priver ces derniers du b n fice de la protection et du prestige attach s aux infractions politiques Cela rend plus vraisemblable encore son inscription dans la d finition d un droit p nal substantiel de l ennemi Certes consid rant les m canismes qui pr sident en ce temps l laboration de la politique criminelle il n est pas possible d exclure totalement que ces ajouts participent de l hyperactivit l gislative comme moyen de d tourner l attention de l opinion publique de l insucc s de l action gouvernementale qui oblige trouver constamment de nouveaux comportements susceptibles d tre incrimin s tandis que la vari t des conduites humaines ne se renouvelle pas un rythme si soutenu et qui ne prend pas n cessairement en consid ration la subtilit des implications du basculement potentiel de la r pression du Livre IV vers le Livre II du Code p nal CEDH Cantoni c France 15 novembre 1996 Rec 1996 V p 1627 cf aussi CEDH Achour c France 29 mars 2006 RSC 2006 p 677 obs F Massias La Cour a t jusqu estimer que le principe de l galit n int
68. cinquante 18 A notre connaissance trois condamnations ont t prononc es en date du 6 avril 2009 par le tribunal correctionnel de Strasbourg raison de faits perp tr s en lien avec ces v nements Par exemple Tribunal correctionnel de Strasbourg pr cit s trois jugements non publi s Dans la premi re affaire la pr vention retenue tait le port prohib d arme de sixi me cat gorie et la participation un attroupement en tant porteur d une arme Le jugement ne retient que la deuxi me infraction en raison du cumul La peine prononc e est de trois mois d emprisonnement Dans la deuxi me affaire La pr vention est identique mais le tribunal ne retient que le port d arme prohib et prononce six mois d emprisonnement avec sursis et la confiscation de l arme Dans la troisi me affaire la pr vention retenue consistait dans des faits de vol et la peine prononc e est de trois mois avec sursis 168 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE une connaissance exhaustive de la r ponse p nale apport e aux exactions des activistes le constat sugg re une bienveillance de la cha ne p nale loign e des appels une s v rit r pressive implacable que n ont pas manqu de prof rer les ministres de l Int rieur qui ont successivement t confront s ces v nements Or ainsi que nous le verrons l apparente inefficacit de la r pression ne saurait s expliquer par les carences de l arsenal r pressif
69. cles 421 1 et suivants du Code p nal est donc bien dans la logique de la convention de Strasbourg de 1977 et des conclusions du groupe de travail du Conseil de l Union europ enne en 2002 un moyen de nier la dimension politique des activit s des black blocs et participe donc bien de l id e consubstantielle au droit p nal de l ennemi que seul le citoyen peut pr tendre se voir reconna tre le fait d avoir perp tr une infraction politique On trouve donc ici illustr e l volution signal e par J Alix tendant transformer l infraction terroriste en outil moderne de la protection de la chose publique contre les infractions contre la s ret de l Etat outil traditionnel Si l inverse les services de police et ou le minist re de l Int rieur n ont pas appr hend que les actes accomplis par le groupe de Tarnac puissent d une 127 A Vitu Atteintes aux int r ts fondamentaux de la Nation Autres atteintes aux institutions de la R publique ou l int grit du territoire national Attentat et complot Mouvement insurrectionnel Usurpation de commandement lev e de forces arm es Provocation s armer ill galement Jurisclass P nal art 412 1 412 8 1996 49 128 Articles 412 1 412 8 du Code p nal 12 TC Soci t Culetto et SMABTP c Etat 4 novembre 1985 n 2404 cf aussi P Serrand Les notions juridiques d attentat d attroupement et de rassemblement en droit a
70. comitamment aux faits ou lors de l op ration de police diligent e le soir m me dans un local alternatif de la ville mais toutes n ont pas fait l objet de poursuites et seuls deux tudiants connus des services du minist re de l Int rieur pour leur proximit avec le mouvement libertaire semble avoir fait l objet d un renvoi devant la juridiction d instruction De surcro t lorsque la justice a t appel e se prononcer les peines inflig es sont demeur es peu impressionnantes M me si ces chiffres ne sont pas parfaitement exacts et que nous ne pouvons pr tendre En ce qu elles visent l autorit de l Etat en tant dirig es contre les forces de l ordre en ce qu elles remettent en cause le monopole du recours la force d volu l Etat et en ce qu elles participent par le choix des difices et institutions vis es d une remise en cause fondamentale du choix politique du n olib ralisme comme support th orique de la mondialisation conomique et ou de la doctrine du Law and Order pour accompagner la transformation de l Etat providence 18 D autant moins que si le minist re de l Int rieur communique sur sa volont de ne pas laisser impunis ces actes il le fait g n ralement sans d tailler les mesures effectivement prises qui permettrait d appr hender plus pr cis ment l ampleur des infractions perp tr es et la r ponse p nale qui y a t apport e Au moins cent
71. comme les repr sentations symboliques du n olib ralisme auquel refusent de se soumettre les autonomes D s lors il est parfaitement naturel que l autorit publique dispose des moyens l gaux d anticiper ces d bordements Le l gislateur y a depuis fort longtemps pourvu en incriminant aujourd hui aux articles 431 3 431 10 du Code p nal la participation un attroupement d fini comme tout rassemblement de personnes sur la voie publique ou dans un lieu public susceptible de troubler l ordre public Ainsi d s lors que les sommations de se disperser ont t r guli rement effectu es il peut tre proc d l interpellation de tout participant un attroupement la sanction qui lui sera potentiellement inflig e tant alors fonction du fait qu il aura t trouv porteur d une arme ou non et du fait qu il avait masqu son visage ou l avait conserv d couvert 8 J Alix Terrorisme et droit p nal Etude critique des incriminations terroristes Dalloz coll Nouvelle biblioth que des th ses vol n 91 2010 O Cahn The Fight against Terrorism and Human Rights The French Perspective in M Wade et A Maljevic dir War on Terror The European Stance on a New Threat Changing Laws and Human Rights Implications Springer 2009 pp 467 505 8l Pour l tude exhaustive de ces infractions cf J F Dreuille Manifestations et r unions publiques Jurisclass P nal art 431
72. ction antiterroriste de la Direction centrale de la police judiciaire intitul e Renseignements concernant la mouvance anarcho autonome francilienne en date du 26 janvier 2008 puis dans une note de la Direction des affaires criminelles et des gr ces du minist re de la Justice en date du 13 juin 2008 qui atteste de l adh sion de l ensemble de la cha ne p nale la terminologie polici re Outre rendre l identification des participants plus d licate l uniforme noir que se doivent d arborer les individus qui prennent part au groupe est destin marquer la solidarit des membres l galit entre eux et symboliser leur unit en cr ant un effet de masse Le choix du noir constitue une r f rence la couleur de l anarchie TF Dupuis D ri Les black blocs La libert et l galit se manifestent 3 me d Lux coll Instinct de libert 2007 p 13 Les actions directes des black blocs consistent principalement dans l exercice de violences contre les forces de l ordre la destruction ou la d gradation de locaux appartenant aux entreprises qu ils identifient au capitalisme mondialis ou l ordre bourgeois par exemple tag Omnia sunt communia appos sur le Baptist re Saint Jean plus vieil difice chr tien de France Certains proposent d aller plus loin dans l action violente en revendiquant la pratique des black blocs comme un des moyens de d stabiliser l Etat Comi
73. dans la r pression de la contestation d s lors que le tout r pressif ne touche plus gt 5 r 221 seulement les cat gories fragiles mais aussi ceux qui les d fendent 218 C Lombroso L anarchie et ses h ros Revue des Revues 15 f vrier 1894 7 E R Zaffaroni Dans un Etat de droit il n y a que des d linquants RSC 1 2009 p 56 72 Par exemple l incrimination du racolage passif par la loi S curit int rieure du 8 mars 2003 21 M Bonduelle Syndicat de la Magistrature cit in J M Durand Extension du domaine de la r pression Les Inrockuptibles n 732 9 d cembre 2009 cf les nombreux exemples de poursuites p nales raison de faits li s des manifestations rapport s dans cet article cf aussi Syndicat de la Magistrature Guide du manifestant arr t 2010 particuli rement l introduction 217 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE Ensuite la communication du gouvernement consistant accompagner la pr sentation de tout projet de r forme impopulaire de l insistance sur la large concertation qui va accompagner leur finalisation sans que puisse v ritablement tre l issue tabli quelle est la contribution des opposants proc de d une manipulation du processus d laboration de la d cision politique dit du log rolling N anmoins ce dernier postule l ill gitimit de la manifestation de rue qui est appr hend e comme un refus de se soumettre au
74. dministratif de la responsabilit LGDJ Universit Panth on Assas ParisIl coll Travaux de recherches 1994 pp 64 71 196 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE quelconque mani re engendrer une d stabilisation de l Etat ce qui est tr s vraisemblable puisque depuis la publication de Technique du coup d Etat on sait qu il est impossible de renverser un gouvernement en se contentant de perturber quelques voies de communication et de faire d g n rer quelques manifestations le recours aux qualifications terroristes devient alors plus d rogatoire encore aux principes du droit p nal lib ral En effet si les services de l Etat taient conscients que les moyens employ s taient absolument insusceptibles de produire le r sultat recherch l engagement des poursuites sous cette qualification participe d une sorte d incrimination du terrorisme putatif Or par principe l infraction putative n appelle aucune r pression Ne demeurent donc juridiquement que les infractions d atteinte la circulation des trains de violences volontaires en r union contre des titulaires de l autorit publique et de d gradation du bien d autrui en r union Ainsi dans les deux cas le recours la qualification d acte de terrorisme proc de d une d rogation aux principes d interpr tation stricte de la loi p nale et de son corollaire le choix de la qualification la plus appropri e aux faits Il en r sulte que
75. e de Saint Denis novembre 2006 p 27 1 H Reiter et O Fillieule Formalizing the Informal the EU Approach to Transnational Protest Policing in D Della Porta A Peterson H Reiter The Policing of Transnational Protest Ashgate coll Advances in Criminology 2006 pp 145 173 207 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE europ enne conform ment au dispositif pr c demment d taill s op re selon une proc dure d cisionnelle et op rationnelle informelle et subs quemment hors de tout contr le judiciaire Les anarcho autonomes sont d autant plus susceptibles d tre soumis des proc dures d rogatoires que ainsi qu il a t pr c demment rappel ils ne suscitent pas l empathie des forces de police et que leurs pratiques engendrent chez la majorit des membres du corps social une vive r probation et l appel la s v rit judiciaire Les forces de police peuvent donc d ployer des pratiques d incapacitation s lective des manifestations r servant aux manifestants accept s par l autorit publique le b n fice de la protection des garanties fondamentales et des r gles du proc s quitable sans que nul ne s en offusque Les diff rentes formes de d rogations aux r gles ordinaires de la proc dure p nale qui caract risent l administration du maintien de l ordre d ploy es contre les black blocs ont t pr c demment rappel es Or l tude des proc dures mises
76. e la menace dont l importance est exag r e 5 l intervention polici re pour prouver la r alit de la menace et la capacit de l Etat r tablir l ordre contre celle ci tout en justifiant le renforcement des moyens r pressifs 6 la communication ult rieure pour entretenir l inqui tude sociale Ajoutons pour conclure que le choix des autonomes est d autant plus pertinent qu ils se distinguent radicalement des auteurs de violences urbaines limitant ainsi le risque d interf rences entre les ph nom nes Il s agit en effet d une part d un petit groupe d individus regroup s dans des lieux et des activit s bien identifi es qui sont ainsi plus ais s contr ler et exposent donc moins la r it ration d une situation critique d autre part contrairement aux auteurs de violences urbaines les autonomes sont g n ralement des individus duqu s qui ne peuvent g n ralement pas invoquer d autre cause leur d linquance qu un choix politique peu partag et qui dans leurs modes d action Cit par I Mandraud L obsession de l ultra gauche Le Monde 3 d cembre 2008 cette version est contest e par J M Decugis C Labb et A Mehani pr cit qui rapportent que selon les RG ce serait l initiative de ces derniers que M Alliot Marie se serait int ress e cette mouvance Cette revendication r ciproque illustre mieux que de longs d
77. eaux de menace et servent l tablissement de profils risques discriminant certains individus La lecture du rapport pr cit transmis par la SDAT au procureur de la R publique suite l op ration contre le groupe de Tarnac confirme d une part que les individus identifi s comme appartenant l ultragauche mouvance anarcho autonome sont bien l objet d une surveillance et d autre part l ampleur panoptique de ladite surveillance le rapport faisant tat de s jour en Italie en Gr ce aux Etats Unis au Canada et en divers points du territoire fran ais La soumission des anarcho autonomes une surveillance constante contribue pouvoir mettre en uvre leur encontre des mesures coercitives soit aux fins de pr venir leurs agissements soit afin de les r primer 2 Anticipation et coercition D inspiration libertaire les black blocs fonctionnent sans hi rarchie ni organisation autres que celles d cid es au sein des groupes d affinit qui les composent ce qui rend d autant plus compliqu le policing tant pr ventif que r pressif de leurs membres Partant les forces de l ordre disposent d une justification pour d ployer contre ces individus des proc dures exceptionnelles Dans une tude publi e suite aux meutes de l automne 2005 le centre d analyse strat gique rattach aux services du Premier ministre rel ve l absence de respect des cad
78. ectif No Border ont t interpell s pour selon la Pr fecture des faits de violences et d outrages commis la veille l gard des agents de la force publique ce qui constitue une singuli re conception de la flagrance Enfin le 28 mars 2010 l occasion d une manifestation anticarc rale aux abords de la prison de la Sant cent dix personnes ont t interpell es soit la quasi totalit des manifestants pr tendument pour des actes de d gradation de biens lors m me que la manifestation se d roulait sans incident et qu elle tait autoris e S agissant des d tournements ou violations des r gles de proc dure applicables aux proc dures judiciaires il semble que malgr la r forme op r e en mati re de lutte contre la criminalit organis e par la loi n 2004 204 qui a singuli rement all g la rigueur des exigences l gales dont le respect est impos aux policiers pour accomplir les actes de police les plus attentatoires aux droits de l individu des pratiques contra legem soient d plorer au moins dans l affaire de Tarnac Ila en effet t rapport que des coutes t l phoniques et des captations d images dans des lieux priv s ont t accomplies sans que soient respect es les prescriptions du Code de proc dure p nale Sur les op rations d infiltration de manipulation et de provocation l infraction il faut tre plus prudent Certes l infiltra
79. eines n interdit pas au l gislateur de pr voir que certains faits puissent donner lieu diff rentes qualifications p nales S agissant de la conformit au principe de l galit il pr cise que le l gislateur a entendu r primer certaines actions pr paratoires des violences volontaires contre les personnes des destructions ou des d gradations de biens que des personnes r unies en groupe projettent de commettre avant de relever les emprunts la circonstance aggravante pr vue l article 132 71 du code p nal et au d lit d association de malfaiteurs pour conclure que le d lit est ainsi d fini en des termes suffisamment clairs et pr cis pour ne pas m conna tre le principe de l galit des d lits Il poursuit en consacrant sur le fondement des articles 8 et 9 de la D claration de 1789 la valeur constitutionnelle du principe selon lequel nul ne peut tre punissable que de son propre fait pour affirmer que la disposition critiqu e n instaure pas de Notons la similitude entre ces arguments et ceux utilis s par les ministres Marcellin et Pleven lors de la discussion des lois anti casseurs D j l poque il tait n cessaire de pallier une carence l gislative face une forme nouvelle de d linquance cf M Rajsfus Mai 68 Sous les pav s la r pression mai 1968 mars 1974 Le Cherche Midi coll Documents 1998 pp 198 204 et sur les discours de Marcellin p 230 243 cf a
80. en uvre l occasion des diff rentes manifestations de ce ph nom ne sur le territoire fran ais permet de consid rer qu aucune n est n glig e par les forces de l ordre qui ont su en cette mati re montrer aux anarchistes qu elles revendiquent elles aussi la diversit des tactiques Comme une sorte d inventaire la Pr vert des turpitudes polici res nous pr senterons la suite les exemples de ces libert s prises avec les r gles de proc dure p nale cens es gouverner la mati re qui confirment que nous sommes en pr sence d un droit d exception Selon H Vlamunck le recours la force dans le cadre d op rations de maintien de l ordre est soumis des r gles contraignantes d engagement et au respect du 180 Cf par exemple J Robert La manifestation de rue Revue de droit public n 4 2006 p 845 Ilconvient donc de mener pour l avenir une double politique si l on veut comme il s av re indispensable maintenir la fois le principe et la r alit de la libert de manifestation dans la rue et la r pression sans indulgence de ceux dont le but fondamental n est pas d exprimer sp cifiquement et bruyamment leurs revendications mais de contester l ordre social dans son ensemble en utilisant tous les moyens m me les plus contestables ou les plus odieux Contre ces derniers que l on conna t la plupart du temps il faut tre sans faiblesse et les juger vite et
81. en de l ordre et la s curit publique G Cogn La bataille de Poitiers d crypt e Lib ration 19 octobre 2009 p 4 cf aussi lors du G8 d Evian P Hazan Fureur autour des policiers casseurs visages masqu s ils ont p n tr dans un des lieux de la contestation et s en sont pris des non violents Lib ration 3 juin 2003 oI M Delmas Marty Libert s et s ret dans un monde dangereux Seuil coll La couleur des id es 2010 cours au Coll ge de France 2009 p 44 92 7 209 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE des faits troublant l ordre public de se rendre dans le pays qui accueille l v nement s il y a des raisons s rieuses de croire que ces personnes se d placent dans l intention d organiser de susciter ou de participer de graves troubles l ordre public et particuli rement aux clauses de sauvegarde et aux r serves d ordre public pr vues par la Convention d application de l accord de Schengen N anmoins pour tre l gale la d cision par laquelle un individu se voit refuser l acc s au territoire doit tre individuelle A l occasion du sommet de Nice en d cembre 2000 une mesure d interdiction collective a t mise en uvre permettant de bloquer aux fronti res italienne et espagnole quatre mille personnes Dans un autre registre apr s l assaut contre le hangar qu ils avaient r quisitionn pour les sans papiers Calais des militants du coll
82. ent conditionner dans un mod le lib ral de droit p nal la cr ation d une nouvelle infraction l article 222 14 2 est loin d tre satisfaisant Il est difficile de partager la satisfaction bonhomme du Conseil constitutionnel lorsque l on consid re avec C Journ s que le recours la proposition de loi s est justifi par la volont de faire chapper le texte au contr le pr alable du Conseil d Etat et que la discussion parlementaire s est caract ris e d abord par une assez large m connaissance des acquis des sciences sociales fran ais ou trangers Surtout s agissant du respect du principe de n cessit la d claration de conformit la Constitution peut certainement tre remise en cause En effet s il est vrai comme il a t soutenu tout au long des d bats que l article 450 1 du Code p nal ne pr voit l association de malfaiteurs qu la condition que les d lits dont la commission est envisag e soient punis d au moins cinq ans d emprisonnement l argument selon lequel les violences en r union chapperaient toute anticipation de la r pression est largement fallacieux dans la mesure o l existence d une autre circonstance aggravante porte aux termes de l article 222 13 in fine du Code p nal la peine encourue au niveau requis Or soit qu ils satisfassent la circonstance aggravante de violences dans un tablissement scolaire soit qu ils permettent de caract
83. ent la d mobilisation d s lors que les co ts du retrait apparaissent encore sup rieurs Surtout il y a dans la pens e anarchiste une aspiration au martyr issue de la conviction que la premi re g n ration doit se sacrifier pour cr er les conditions tat de police qui m nera la guerre civile de l av nement de l anarchie Or si ce qui est vraisemblable Tiqqun a un lien avec le groupe de Tarnac l ouvrage Contributions la guerre en cours publi en 2009 s claire d un jour inqui tant 23 Cf J Merriman Dynamite Club L invention du terrorisme Paris Tallandier 2009 sur la p riode 1892 1894 et l effet des lois sc l rates 214 I Sommier La violence r volutionnaire Presses de Sciences Po coll Contester n 4 2008 p 137 25 Cf Bakounine Etatisme et anarchie 1873 Le r volutionnaire est un homme qui a prononc des v ux Il devrait se consacrer enti rement une seule passion la r volution Il a un seul but une seule science la destruction qu il qualifie de passion cr ative Entre lui et la soci t c est une guerre mort sans fin sans conciliation possible Paul Adam au lendemain de l ex cution de Ravachol le meurtre de Ravachol ouvrira une re nouvelle Il a choisi en r dempteur la grande id e des religions anciennes qui pr conis rent la recherche de la mort individuelle pour le bien du monde l abn gation de so
84. ent les fichiers de la DCRI les fichiers GEVI et GESTEREXT de la Pr fecture de Police et le fichier CRISTINA Rapport l chelle des vingt sept Etats membres de l Union europ enne on imagine ais ment le volume d informations susceptibles d tre chang es r alisant l amplification de pratiques de surveillance de plus en plus globalis es et intrusives dont la logique ne r pond 1 p 10 172 Par exemple entre le G8 d Evian en 2003 et le G8 de Gleneagles en 2005 une rencontre a eu lieu Paris dans les locaux du SCTIP entre des policiers britanniques et fran ais afin d changer des conseils des m thodes et des strat gies Capitaine N Moriamez entretien avec l auteur SCTIP Division Europe 8 mars 2005 15 R solution du Conseil du 4 novembre 2003 relative la s curit des r unions du Conseil europ en et autres v nements susceptibles d avoir un impact comparable 13915 03 ENFOPOL 92 174 Loi n 2007 1160 du ler ao t 2007 autorisant la ratification du trait entre le Royaume de Belgique la R publique f d rale d Allemagne le Royaume d Espagne la R publique fran aise le Grand duch de Luxembourg le Royaume des Pays Bas et la R publique d Autriche relatif l approfondissement de la coop ration transfrontali re notamment en vue de lutter contre le terrorisme la criminalit transfrontali re et la migration ill gale JO n 177 du 2 ao t 2007 p 12987 175 D c
85. erdit pas la clarification graduelle des r gles de la responsabilit p nale par l interpr tation judiciaire d une affaire l autre condition que le r sultat soit coh rent avec la substance de l infraction et raisonnablement pr visible CEDH S W amp C R c Royaume Uni 22 novembre 1995 s rie A n 335 B Cf sur ce point R Koering Joulin De l art de faire l conomie d une loi propos de l arr t Kruslin et de ses suites D chron 1990 p 187 et du m me auteur Pour un retour une conception stricte du principe de la l galit criminelle propos de l article 7 1 de la Convention europ enne des droits de l Homme in Liber Amicorum M A Eissen Bruylant LGDJ 1995 p 247 l P Salvage Les infractions commises au sein d un groupe informel l tablissement des responsabilit s et la m thode du droit Droit p nal 5 2005 Etudes pp 8 10 186 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE Ce n est cependant pas la premi re fois qu un l gislateur tente de contester plus ou moins express ment le caract re politique de l infraction d attroupement mais la Cour de cassation l a jusqu pr sent rappel ses devoirs D s lors on peut penser que brouillant le jeu des principes qui gouvernent le choix des qualifications en mati re p nale il n ait cette fois cr une redondance afin que lors m me qu existe au Livre IV du Code p nal les qualifi
86. ert e J C uvrant comme un v ritable strat ge de l meute au service de sa volont de d stabilisation Il convient de pr ciser que la veille de cette manifestation le service tait avis du contr le en marge du sommet des ministres de l int rieur d un v hicule automobile stationn sur le parcours et contenant des cordages de grosse section ainsi que des mousquetons destin s comme le d montrera la surveillance du lendemain tirer le barrage des forces de l ordre Dans le m me ordre d id e il convient de relever que le comportement de J C qui nous appara t comme flagrant lors de la manifestation de Vichy s tait d j d voil lors de la surveillance r alis e sur sa personne le 16 octobre 2008 o il avait t observ r alisant un tract sur le refus de signalisation g n tique mettant nomm ment en cause un commandant de police de la brigade criminelle de la Pr fecture de police de Paris en compagnie des nomm es A T et Y L Ils se rendaient une manifestation organis e aux abords de l Assembl e nationale en opposition au fichier des services de renseignements de la police nationale baptis Edvige Ainsi lors de ce regroupement J C tentait de faire d g n rer la manifestation prenant partie des gendarmes mobiles qui proc daient au contr le d un manifestant r alisant des clich s photographiques de fonctionnaires de police en civil 2 9 p 3 et 1 6 p
87. es acteurs Rapport une lecture en termes de r action sociale cette analyse permet de supputer que la r pression du ph nom ne black bloc implique probablement de la part des importants et qui en outre ne rel vent pas du droit p nal sp cial ordinaire p 353 Pour leur part J et A M Larguier Droit p nal sp cial 11 d Dalloz Mementos droit priv 2000 p 328 et V Malabat Droit p nal sp cial 4 d Dalloz coll Hypercours Cours et TD 2009 p 456 ne font que les voquer et encore partiellement sans y consacrer aucun d veloppement substantiel Enfin il s est coul plus de dix ans pour que soient remis jour les fascicules du jurisclasseur p nal y relatifs J F Dreuille succ dant en 2008 A Vitu qui avait r dig ses contributions en 1996 Outre la pr sence du Front National au deuxi me tour de l lection pr sidentielle de 2002 la France est certainement la seule d mocratie occidentale dans laquelle plusieurs partis d extr me gauche sont significativement repr sent s dans les institutions locales lues 31 S Kouvelakis La France en r volte Luttes sociales et cycles politiques Textuel coll La discorde 2007 pp 15 16 et 264 267 M Dobry Sociologie des crises politiques La dynamique des mobilisations multisectorielles 3 me d 2009 Presses de Sciences Po Les acteurs qui peuvent faire valoir en situation de crise des int r ts convergents par exemple au
88. est Policing in D Della Porta A Peterson H Reiter The Policing of Transnational Protest Ashgate coll Advances in Criminology 2006 pp 145 173 187 Selon la formule de G Giudicelli Delage Droit p nal de la dangerosit Droit p nal de l ennemi RSC 1 2010 p 71 168 Action commune du 26 mai 1997 adopt e par le Conseil sur la base de l article K3 du Trait sur l Union europ enne relative la coop ration polici re dans le domaine de l ordre et de la s curit publique JOCE L147 du 5 juin 1997 p 1 1 Conseil de l Union europ enne groupe coop ration polici re Manuel l usage des autorit s et services de police sur la s curit lors d v nements internationaux comme les r unions du Conseil europ en 12637 3 02 rev 3 12 novembre 2002 170 O Fillieule et D Della Porta Variations de contexte et contr le des mouvements collectifs in O Fillieule et D Della Porta dir Police et manifestants Maintien de l ordre et gestion des conflits Presses de Sciences Po 2006 pp 34 40 205 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE sommets europ ens Il est ainsi conseill aux autorit s des diff rents Etats membres de transmettre l Etat organisateur une analyse permanente des risques concernant les ventuels manifestants et autres groupes connus dont on attend la pr sence l v nement et qui sont cens s constituer une menace potentielle pour le maintien de l ordre et la
89. ews 2002 feb 05712 pdf 114 Immigration and Refugee Board of Canada Espagne les mouvements de la jeunesse basque nomm s Urkiola Elkartea et Jarrai 1 July 1998 ESP29759 F disponible sur http www unhcr org refworld docid 3ae6aaad44 html 191 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE Se trouve donc nouveau fond e la critique r currente adress e l laboration du droit d riv europ en en mati re p nale Le document pr cit constitue en effet une nouvelle manifestation du caract re non d mocratique de l laboration des normes Appr hend e dans une perspective polici re l Union europ enne constituait jusqu une p riode r cente un forum appropri puisque la l gislation s curitaire s y laborait hors du contr le du Parlement avant d tre rapport e devant la repr sentation populaire des Etats membres qui s agissant du moins de la France n exer ait en cette mati re qu un contr le tr s limit L int r t au regard de la pr sente tude est certainement trouver dans le fait que l instrument juridique produit exprime la conception des ministres de l Int rieur et des services de police qui lont presque sans contr le labor Le simple fait qu ait t admis fut ce dans un document de travail non contraignant l amalgame entre violences l occasion de manifestations et actes de terrorisme est certainement r v lateur du consensus existant entre les repr sentants des m
90. ffet si l tat d urgence n a pas t officiellement d cr t au cours du sommet de l OTAN Strasbourg en 2009 la mise en s curit de la ville s est n anmoins largement accompagn e de la suspension des libert s fondamentales des habitants et ou des manifestants Par ailleurs des signes de contournement de l Etat de droit peuvent tre relev s En effet au nombre des variantes du mod le totalitaire l auteur d signe la r pression cibl e Nul doute que les d rogations inflig es aux r gles de proc dure p nale ordinaire telles qu elles ont t pr c demment rappel es satisfont cette d finition Le traitement p nal r serv l ultra gauche mouvance anarcho autonome rel ve donc de l tat d exception Selon la d finition que donne de cette notion G Agamben ce dernier n est pas une dictature constitutionnelle ou inconstitutionnelle de commissaire ou souveraine mais un espace vide de droit une zone d anomie o toutes les d terminations juridiques sont d sactiv es D s lors dans cette situation les actes de l Etat n ont plus le sens que la l galit leur conf re mais cela ne signifie pas qu ils sont d pourvus de signification Il existe des motifs qui autorisent penser que le maintien de l ordre a t instrumentalis des fins politiques dans la gestion des v nements survenus Poitiers et Strasbourg 1 Par ai
91. g n ralisation de la surveillance des manifestants y compris ceux pour lesquels il n existe pas de raison de suspecter qu ils sont susceptibles de prendre part des actions violentes Par ailleurs il est pr vu de recourir aux moyens issus de la convention d application de l accord de Schengen particuli rement l change d officiers de liaison Une r solution du Conseil en date 4 novembre 2003 r it re cette exigence et l entr e en vigueur de la convention de Pr m n a fait qu accro tre l efficacit de ces changes Enfin le Comit de S curit Int rieure et les r unions des chefs des autorit s centrales responsables de l ordre et de la s curit publics constituent des forums d changes strat giques et op rationnels entre policiers D s lors impliquant les services de renseignement des diverses forces de police de l Union europ enne et disposant des moyens d changes techniques SIS ou Europol le policing des sommets internationaux peut se d ployer de mani re proactive afin de permettre soit de contr ler la circulation des populations suspectes c est dire celles identifi es comme susceptibles de causer des troubles l ordre public soit de r primer les fauteurs de troubles S agissant uniquement de la France les fichiers susceptibles d tre utilis s dans le cadre de la coop ration aux fins de s curisation des sommets internationaux sont principalem
92. hange d informations sur les incidents caus s par des groupes radicaux violents ayant des liens avec le terrorisme L introduction dudit document pr cise que le groupe de travail a not un accroissement graduel au cours de divers sommets de l Union europ enne ou d autres v nements dans la violence et les destructions orchestr es par des groupes radicaux extr mistes qui terrorisent clairement la soci t et auxquels l Union a r pondu en incluant de tels actes dans l article 1er de la D cision cadre sur la lutte contre le terrorisme Un tel vandalisme a attir une couverture m diatique tendue et alarm les citoyens de l Union Ces actes sont le fait d un r seau non structur qui se dissimule derri re divers fronts sociaux nous entendons par l des groupes tirant avantage de leur statut l gal pour aider et assister au succ s d organisations terroristes reconnues comme telles par l Union europ enne Dans le but de contribuer pr venir la survenance de telles situations lors de sommets ou d autres v nements organis s par diverses organisations internationales ou la Communaut la Pr sidence espagnole propose l adoption d une D cision du Conseil introduisant un formulaire standard aux fins d change d information sur les incidents terroristes Cela fournira un outil tr s utile pour la pr vention et lorsque cela sera appropri la poursuite du radicalisme violent de la jeu
93. i de sa vie et de sa renomm e pour l exaltation des pauvres des humbles il devient le grondement du tonnerre auquel succ de la joie du soleil et d un ciel apais P Kropotkine Morale anarchiste 1899 la r volution exige des hommes courageux ne se satisfaisant pas de mots mais cherchant se transformer par l action des hommes int gres pour qui l action et les id es ne font qu un pour qui la prison l exil et la mort sont pr f rables une existence contraire leurs principes qui sont les sentinelles isol es entrant dans la bataille longtemps avant que les masses soient suffisamment pr tes pour lever le drapeau de l insurrection Tous cit s par J Pr posiet pr cit 16 Tigqun tait en effet le nom d une revue philosophique fran aise publi e entre 1999 et 2001 qui comptait J C l individu pr sent comme le leader du groupe de Tarnac au nombre des membres de son comit de r daction 217 Ainsi la conclusion contient cette annonce p 193 Dans la guerre pr sente O le r formisme d urgence du Capital doit prendre Les habits du r volutionnaire Pour se faire entendre O les combats les plus d mokrates Ceux des contre sommets Ont recours l action directe Un r le nous est r serv Celui de martyr de l ordre d mokratique Qui frappe pr ventivement tout corps qui pourrait Frapper 216 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE Il reste esp rer que ma
94. ieu les termes employ s sont particuli rement r v lateurs La qualit de casseurs pourtant g n ralement p jorative est d ni e pour lui substituer celle d un groupe form aux techniques de la gu rilla urbaine dont le meneur serait un strat ge de l meute au service de sa volont de d stabilisation La construction est tout fait saisissante et s inscrit certainement au support d une appr hension de la mati re en terme de droit p nal de l ennemi Ainsi par del la distinction signal e pr c demment qu op re le l gislateur entre le manifestant pacifique et le manifestant potentiellement violent qui ce seul titre peut tre neutralis par une arrestation pr ventive l gale justifi e aux termes flous de l article 222 14 2 il existerait une troisi me cat gorie celle des praticiens de la guerre civile puisque c est bien ce concept que renvoie les termes de gu rilla urbaine et de strat ge de l meute Ce partage est int ressant puisqu il laisse entrevoir combien le droit p nal de la r pression des manifestations s est cart du droit p nal ordinaire Ainsi si l on excepte la cat gorie du manifestant dont le comportement n est pas susceptible d attirer l attention polici re 1l existerait trois types de manifestants celui dont les actes sommet des 27 ministres de l Int rieur de l Union europ enne se tenant sur la commune de Vichy
95. inist res de l Int rieur pour faire basculer le traitement de ces comportements dans le domaine du droit p nal d exception et les exemples donn s par I Sommier confirme que l Italie a suite aux v nements survenus l occasion du sommet du G8 G nes en 2001 d j franchi le pas 7 Toutefois s agissant de la situation en France l occasion du G8 d Evian en juin 2003 un black bloc a occasionn des d gradations sur des immeubles et s est affront avec les forces de l ordre Il en a t de m me lors du contre sommet de OTAN Strasbourg ou du d m nagement de la maison d arr t de Poitiers Pourtant aucun des individus alors interpell s n a t l objet de poursuites sous la qualification d actes de terrorisme Il en va diff remment des protagonistes du black bloc qui a op r Vichy le 3 novembre 2008 2 Le terrorisme anarcho autonome Certes l engagement de poursuites contre des anarchistes sur le fondement de charges de terrorisme conna t des pr c dents On pouvait cependant esp rer que cette p riode tait r volue suite l abolition des lois sc l rates Depuis le 11 novembre 2008 nous savons qu il n en est rien Consid rant la somme de r v lations et d clarations contradictoires intervenues dans l affaire dite du groupe de Tarnac la prudence impose de s en tenir aux informations publi es qui n ont t d menties par aucune des parties
96. islation r cemment labor e pour r primer les activit s ill gales perp tr es au cours de manifestations de rue et des qualifications retenues pour r primer les participants des black blocs confirme que tel semble bien tre le cas en l esp ce En effet faisant fi du principe de n cessit de la r pression le l gislateur a r cemment dict une infraction qui permet une anticipation consid rable de la r pression A Par ailleurs l laboration au cours des vingt cinq ann es qui se sont coul es d une l gislation sp cifique au terrorisme a conduit juxtaposer au droit commun un dispositif r pressif qui s il n a pas rompu tout lien avec les 77 Cf la revendication transmise au journal Le Monde des exactions perp tr es Poitiers 78 J Freund Sociologie du conflit PUF 1983 p 78 M Puech Droit p nal g n ral Litec 1988 p 11 181 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE exigences de la l galit n en demeure pas moins d rogatoire La condition pour que ce droit trouve s appliquer est que les infractions reproch es un groupe d individu s aient t perp tr es intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l ordre public par l intimidation ou la terreur Peut tre l aspiration la guerre civile revendiqu e dans L insurrection qui vient a t elle conduit les autorit s se croire autoris es
97. it de principes du droit p nal que l on souhaite voir remplacer ceux existants sans pour autant souhaiter qu ils soient discut s L esprit de r sistance qu invoque G Giudicelli Delage ne participe donc en l esp ce que de la volont de prot ger la conception lib rale du droit p nal qui depuis la R volution de 1789 a constitu l un des l ments fondamentaux de structuration de l Etat de droit et fond la politique criminelle de la R publique Il est donc peut tre l expression d un certain conservatisme mais non une d marche anti scientifique et c est tomber dans le pi ge s mantique cul de la nouvelle p nologie que de pr tendre le contraire Nous nous proposons donc d illustrer la controverse Guidicelli Delage Jakobs pour mettre en vidence les implications concr tes de l adh sion au bien fond de la th se soutenu par ce dernier Nous postulons que dans la conjoncture fluide actuelle le l gislateur et les services de police ont entrepris de d velopper contre l ultra gauche mouvance anarcho autonome un droit p nal de l ennemi Notre hypoth se est que ce faisant ils ont permis l mergence d un ensemble normatif substantiel et proc dural d exception qui trouvera si le besoin s en fait sentir s appliquer sans discrimination l ensemble de la rue protestataire suivant le processus que d non ait d j en 1997 O Fillieule comme un travers r cur
98. ix neuvi me si cle lorsque en r action aux massacres de Fourmies et de la Commune la Troisi me R publique a d cid de retirer l arm e la gestion des manifestations pour la confier des forces civiles sp cialis es et instaurer ainsi une paix publique dans laquelle celles ci seraient la fois le garant de la libre expression des opinions et le meilleur rempart contre l anarchie Il va en r sulter un processus d adoucissement tendanciel de la violence fond sur une technicisation du maintien de l ordre d fini comme la strat gie visant r aliser une instrumentalisation de la confrontation dans le but de minimiser l effet d agression exerc l encontre des contestataires Depuis la fin de la seconde guerre mondiale les forces de l ordre sont parvenues imposer un ensemble de man uvres et de moyens permettant de maintenir en respect les manifestants ou de les disperser sans risquer de leur infliger des s quelles irr versibles Les moyens mat riels s int grent dans une conception du maintien de l ordre fond e sur la mise distance des protagonistes du conflit L un des principes majeurs de l ordre public collectif repose sur cette contrainte d vitement des corps corps Les techniques utilis es vont donc privil gier la g ne des sens des manifestants gaz lacrymog nes contre l infliction de douleurs techniques cynophiles matraques lectriques ou b
99. l application de la loi oblige recevoir un traitement identique Or tout en conservant l esprit que des conclusions p remptoires ne sauraient tre tir es d un chantillon si modeste un paradoxe se laisse entrevoir la consid ration de la r pression exerc e l occasion de ces v nements Ainsi s il n a pas t possible de conna tre le d tail des actions perp tr es Evian et des suites qui leur ont t r serv es en revanche Vichy un groupe d entre cinquante et trois cents activistes autonomes a provoqu une meute aux abords du lieu de r union des ministres et s rieusement bouscul les forces de l ordre charg es d en assurer la s curit Les chiffres des interpellations n ont pas t communiqu s mais la presse nationale ne s est pas non plus fait l cho de condamnations ventuellement prononc es suffisamment importantes pour susciter son attention A Strasbourg durant le sommet de l OTAN il a t proc d de nombreuses interpellations mais tr s peu des trois cents individus constituant le black bloc semblent avoir t traduits en justice tandis que s agissant de la r pression de l meute qui a engendr la destruction par incendie de nombreux difices publics et priv s l information judiciaire subs quemment ouverte ne semble dirig e que contre trois mineurs habitants du quartier Enfin Poitiers une vingtaine de personnes a t interpell e con
100. le de la France les a conduites pour garantir la s curit des chefs d Etat invit s soumettre l ensemble des habitants de la ville aux contraintes d un dispositif s curitaire particuli rement invasif et contraignant Or des lections r gionales taient pr vues en 2010 et l Alsace tait et demeure la seule r gion m tropolitaine d tenue par la majorit Il n est donc pas aberrant de penser que comme l occasion des cantonales de 1979 les autorit s tatiques ont facilit l action des casseurs des fins lectoralistes livrer le quartier le plus pauvre de la ville aux manifestants avant d intervenir pour les disperser permettait de montrer la population ce dont elle avait t prot g e par les contraintes auxquelles elle avait t soumise durant le sommet et de produire des images de r pression toujours appr ci es d un lectorat qui r clame de l Ex cutif de la fermet contre les casseurs Il est en effet difficile sauf postuler l incomp tence des forces de l ordre que le reste des op rations diligent es d ment de trouver une autre explication satisfaisante pour comprendre comment un dispositif aussi impressionnant que celui d ploy n a pas permis que soit mis un terme rapide des exactions perp tr es par environ trois cents personnes ni surtout que soient interpell es certaines d entre elles S agissant des v nements de Poitiers quelq
101. les autorit s charg es du maintien de l ordre et les manifestants et informatives qui consistent dans le recueil de renseignements des fins pr ventives et A 135 r pressives en amont et au cours des manifestations Par ailleurs le pr jug de l ordre ne doit jamais occulter le principe selon lequel dans un Etat de droit l action de ceux qui ont la charge de maintenir l ordre doit imp rativement prendre place dans un cadre juridique qui am nage 15 H Vlamynck Le maintien de l ordre manifestations r unions publiques et attroupements AJ P nal Dossier n 7 8 2009 p 289 14 O Fillieule La police des foules in X Crettiez et L Mucchielli Les violences politiques en Europe Un tat des lieux La D couverte coll Recherches 2010 p 214 cf aussi D della Porta Mouvements sociaux et violences politiques in X Crettiez et L Mucchielli Les violences politiques en Europe Un tat des lieux La D couverte coll Recherches 2010 p 277 35 D Della Porta et H Reiter The Policing of Transnational Protest A Conclusion in D Della Porta A Peterson H Reiter The Policing of Transnational Protest Ashgate coll Advances in Criminology 2006 pp 175 189 198 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE la conciliation entre les n cessit s de l ordre public et les libert s publiques Cette conception lib rale s est d velopp e partir de la fin du d
102. les internationales pr par es par les int ress s lors de rencontres dans des squats 4 p 1 et 1 et 2 p 2 122 Au del de ce mode de vie communautaire les observations r alis es sur le groupe permettaient d av rer sa volont d agir de mani re concert e et violente afin de porter atteinte l Etat ses repr sentants et ses infrastructures Ainsi les investigations men es sur le nomm J C permettaient d tablir qu il avait particip comme il l avait fait pour le sommet du G8 Evian en juin 2003 ou en septembre 2004 Isola San Gorgio aux affrontements entre forces de l ordre et manifestants lors de la 73 foire internationale de Thessalonique s tant tenue en Gr ce entre le 6 et le 14 septembre 2008 Dans la m me veine la surveillance exerc e sur l int ress le 3 novembre 2008 permettait de l observer organisant les d bordements ayant lieu au cours de la manifestation organis e en marge du 193 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE relev s En premier lieu parvenu au tiers du rapport les actes de sabotage des voies de chemin de fer n ont fait l objet que d une mention laconique en introduction En revanche l implication du groupe dans des black blocs est abondamment d taill e et l attention port e celui qui a op r Vichy une semaine plus t t t moigne de l importance que le service de police accorde cette affaire En deuxi me l
103. lgr la d rive qui affecte la r pression d exception qui les frappe certains anarcho autonomes ne franchissent pas un pas suppl mentaire dans la radicalisation Si tel devait malheureusement tre le cas il serait difficile de faire l conomie d une interrogation sur le degr de responsabilit support par ceux qui auront contribu cr er les conditions qui l ont rendue possible Pour l viter il serait probablement temps que soit relu aux minist res de l Int rieur et de la Justice un auteur qui a priori les inspire Lombroso crivait En principe je ne suis point oppos la peine de mort lorsque cette peine doit garantir la vie de nombreuses personnes Je crois cependant qu il vaudrait mieux ne pas l appliquer l gard des anarchistes S il est n cessaire de supprimer les criminels n s ou les criminels tels que Ravachol qui se cachent sous le masque anarchiste il faudrait par contre viter l application de la peine de mort l gard des anarchistes tels que Vaillant chez qui le penchant vers le mal rev t une forme altruiste et qui m me par leur violente soif de nouveau peuvent rendre des services l humanit Du reste la suppression des anarchistes ne saurait avoir aucun effet pratique car les fanatiques et les n vropathes ne reculent point devant le ch timent Bien au contraire ce sont les ch timents qui enflamment leur imagination et comme on l a vu d apr s les atten
104. lleurs s il devait s av rer que les qualifications terroristes ne sont pas fond es pour la r pression des membres du groupe de Tarnac la proc dure diligent e s apparenterait une anticipation de la r pression 2 1 Instrumentalisation du maintien de l ordre des fins politiques S agissant de Strasbourg les t moignages recueillis a posteriori sur place conduisent penser que les l ments radicaux ont t sciemment dirig s par les 2 M Delmas Marty Libert s et s ret dans un monde dangereux Seuil coll La couleur des id es 2010 cours au Coll ge de France 2009 pp 119 139 Seul le d tournement de l Etat de droit au sens o l auteur le d finit semble pargn 205 C est dire durcie contre certaines cibles au risque de contaminer tout le syst me par dilatation de la figure ainsi d sign e comme l ennemi cette strat gie permettant de contourner les garanties substantielles et ou institutionnelles de l Etat de droit pour mettre en place de v ritables r gimes d exception caract re plus politique imposant au nom de la s ret de l Etat et de la protection de la s curit des restrictions allant au del de la stricte n cessit d mocratique particuli rement marqu dans les atteinte la s ret et la vie priv e pp 127 128 206 G Agamben Etat d exception Homo Sacer Seuil coll L ordre philosophique 2003 p 86 212
105. minelle de la Cour de cassation l gard de tels actes est connue Proposant une analyse des diff rentes formes qu est susceptible d pouser la pratique des provocations polici res O Fillieule num re le retardement des interventions les facilitations tactiques offertes aux casseurs et l utilisation d agents provocateurs Sans qu il soit possible d affirmer que tel a bien t le cas il est vraisemblable que les deux premi res techniques ont t utilis es lors du sommet de l OTAN Strasbourg Cela permettrait d expliquer qu au moment du d part de la manifestation le black bloc a t s par des autres manifestants et dirig vers le quartier le plus pauvre de la ville dont un pan semble lui avoir t livr pendant plusieurs heures tandis que les forces de l ordre l encerclaient sans intervenir bien qu elles fussent extraordinairement nombreuses dans la ville Ne reste donc tablir que la constitution de zones s curis es accompagn es d une pr sence polici re massive et d une grande visibilit pour que l existence de l ensemble des d rogations aux m thodes ordinaires et ou l gales d administration des manifestations identifi es par la doctrine en mati re de maintien de l ordre sur les contre sommets altermondialistes o op rent des black blocs et donc la soumission des anarcho autonomes un policing d exception par les autorit s fran
106. mps apr s avoir t lib r s ont annonc dans la presse leur intention de se soustraire dor navant aux obligations de leur contr le judiciaire cet acte de d fiance n a suscit aucune r action efficace ni du minist re de l Int rieur ni de la Chancellerie Par ailleurs si les v nements de Poitiers n ont donn lieu qu une modeste r pression 2 Discours de N Sarkozy ministre de l Int rieur H tel de Police de Toulouse 8 novembre 2005 texte reproduit in D Dufresne Maintien de l ordre Enqu te Hachette Litt ratures coll Les Docs 2007 annexe 5 pp 267 274 Loi n 95 73 du 21 janvier 1995 d Orientation et de programmation relative la s curit Chapitre NI Dispositions relatives au maintien de l ordre public JO du 24 janvier 1995 p 1249 7 Par exemple article 74 de la loi n 2007 297 du 5 mars 2007 relative la pr vention de la d linquance JO du 7 mars 2007 p 4297 correctionnalisation des infractions pr vues l article 21 de la loi du 15 juillet 1845 relative la police des chemins de fer D cret n 2009 724 du 19 juin 2009 relatif l incrimination de dissimulation illicite du visage l occasion de manifestations sur la voie publique JO du 20 juin 2006 p 10067 D cret n 2009 1249 du 16 octobre 2009 portant cr ation d un traitement automatis de donn es caract re personnel relatif la pr vention des atteintes la s curit publique JO du 18 octobre 20
107. n cessaire et injustifiable Alors je crois qu il faut lui garder son caract re exceptionnel pr cis ment et la resserrer dans les limites qu on peut Mais dans un monde o l on s emploie justifier la terreur avec des arguments oppos s je pense qu il faut apporter une limitation la violence la cantonner dans certains secteurs en l emp chant d aller jusqu au bout de sa fureur J ai horreur de la violence confortable C est un peu facile de tuer au nom de la loi ou de la doctrine A Camus Dialogue pour le dialogue J J Rousseau Du contrat social ou des Principes du droit politique Livre II Chapitre V du droit de vie et de mort 1762 S Dagerman La dictature du chagrin amp autres r cits amers 1945 1953 Agone 2009 p 19 3 In D fense de l Homme n 10 juin 1949 pp 2 3 in Lou Marin Albert Camus et les libertaires 1948 1960 Egr gores 2008 p 80 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE Apparu en Allemagne au d but des ann es 1980 le ph nom ne des black blocs constitue selon le minist re de l Int rieur un avatar de l ultra gauche mouvance anarcho autonome Il s agit de regroupements ponctuels d individus ou de groupes affinitaires constitu s le temps d une manifestation qui tous v tus de noir recourent une forme d action collective qui consiste man uvrer group s de sorte prendre l apparence d un bloc a
108. nce mais parce qu ils pr sentent le triple avantage d tre un st r otype unanimement accept du trouble l ordre public d tre le fait d individus auxquels l lecteur n est pas susceptible de s identifier et qui suscite d j chez lui une r ticence et de l gitimer pour la combattre le renforcement des moyens d volus aux services de s curit Le passage du d mon populaire l ennemi int rieur n est que le r sultat d une volution du paradigme sur lequel l Etat choisit de fonder son fonctionnement et t moigne de son adh sion au mod le labor par Carl Schmitt Apr s l avoir mis en vidence F Jobard est en mesure de montrer que la construction de l ennemi est conditionn e par l importance du crit re situationnel c est la situation critique qui en Les lecteurs les plus attach s l acad misme universitaire nous pardonneront peut tre cette fantaisie de plan qui r sulte probablement de l influence qu exerce le sujet sur l auteur 4 S Cohen Folks Devils and Moral Panics the Creation of the Mods and Rockers Routledge 2002 initialement publi en 1972 4 S Hall C Critcher T Jefferson J Clarke and B Roberts Policing the Crisis Mac Millan 1978 175 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE appelant le r tablissement de l ordre am ne la n cessit de disposer de l ennemi int rieur et en cons quence que l ennemi ne gagne son statut que par
109. ne qui a pr c d que 300 activistes autonomes qui convergent de toute la France vers la m tropole qu est Poitiers ont pu le faire sans attirer l attention d aucun membre du service de renseignement policier puis repartir sans tre inqui t s En d autres termes soit la DCRI est une entit totalement incomp tente et par d f rence envers Fouch comme consid rant le co t d un tel service pour les finances publiques il est urgent de la r former drastiquement ou de la supprimer soit l Ex cutif s est dans cette histoire moqu des citoyens L hypoth se selon laquelle les autorit s ont laiss se produire cet incident pour justifier la cr ation par d cret des fichiers est soumise moins de co ncidences f cheuses Les doutes que font surgir les r v lations op r es propos de la proc dure diligent e contre le groupe de Tarnac conduisent former des craintes plus cons quentes encore 2 Une punition extrajudiciaire S agissant de l affaire de Tarnac les informations communiqu es dans la presse sont trop parses pour qu une quelconque hypoth se puisse tre formul e Pour l heure il n est possible que de constater la proximit dans le temps entre les faits de direction 20 Cit par G Cogn La bataille de Poitiers d crypt e Lib ration 19 octobre 2009 p 4 210 Assembl e nationale commission des lois Avis sur le fichier Edvige 24 septembre 2008 cf aussi P Con
110. nesse urbaine qui est de plus en plus utilis par les organisations terroristes comme un moyen de parvenir leurs fins criminelles Les informations qui seront chang es concerneront des individus connus de la police pour des faits en lien avec le terrorisme mais tout Etat pourra en accord avec sa l gislation nationale changer des informations sur des individus qui ne satisfont pas cette exigence Emanant des autorit s espagnoles cette proposition ne doit pas surprendre puisqu il est tabli que certains mouvements de jeunesse basques particuli rement Jarrai constituent des viviers de PETA 4 et aguerrissent leurs membres en fomentant des meutes urbaines Le lien entre violences l occasion de manifestations et terrorisme peut donc tre valablement d duit N anmoins si la sp cificit de la situation espagnole justifie un tel amalgame son extension l ensemble des Etats membres demeure discutable puisque notre connaissance aucun d entre eux n est confront une difficult similaire 12 D cision cadre 2002 475 JAI du 13 f vrier 2002 du Conseil relative la lutte contre le terrorisme JOCE L163 du 22 juin 2002 p 3 et D cision cadre 2002 584 JAI du Conseil du 13 f vrier 2002 relative au mandat d arr t europ en et aux proc dures de remise entre Etats membres JOCE L190 du 18 juillet 2002 p 1 15 Doc 5712 02 ENFOPOL 18 13 f vrier 2002 disponible en anglais sur www statewatch org n
111. nfraction de droit commun est perp tr e le motif politique qui l a d termin e ne doit pas tre pris en consid ration Il est vrai que cela est peu critiquable puisqu en droit p nal les mobiles sont indiff rents N anmoins s agissant des actes perp tr s au cours de manifestations sur le territoire fran ais la situation ne saurait tre appr hend e si simplement d s lors que le Code p nal fran ais pr voit pour r primer ces comportements des infractions politiques d attentat de complot d insurrection et d attroupement C est aux Etats Unis suite aux attentats du 11 septembre 2001 que les militants anarchistes ont t pour la premi re fois depuis la vague d attentats qui avaient frapp l Europe les Etats Unis et la Russie la fin du dix neuvi me d but du vingti me si cle assimil s d ventuels terroristes int rieurs Certains universitaires ont alors propos un parall le entre les men es des black blocs l occasion des contre sommets altermondialistes et les actes perp tr s pour le compte d AI Quaida Dans ce contexte il n est pas surprenant que l Union europ enne ait elle aussi suite aux dramatiques v nements intervenus l occasion du Sommet europ en de G teborg en juin 2001 c d cette tentation 107 H Laurens et M Delmas Marty dir Terrorismes Histoire et droit CNRS d 2010 p 166 En th orie le terrorisme pourrait
112. odes de gestion des manifestations dans une logique de best practices et de la contrainte des manifestants exclusion ventuellement coercitive de certains activistes arrestation pr ventive et ou massive isolation 156 D cret n 2008 609 du 27 juin 2008 relatif aux missions et l organisation de la direction centrale du renseignement int rieur JO du 28 juin 2008 texte n 4 157 T Sommier R flexions autour de la menace ultra gauche en France in X Crettiez et L Mucchielli Les violences politiques en Europe Un tat des lieux La D couverte coll Recherches 2010 pp 53 55 Il s ensuit une p nalisation des mouvements sociaux et une gestion du maintien de l ordre des manifestations entretenant une certaine porosit avec les pratiques de la lutte antiterroriste arrestations pr ventives entraves la libert de circulation et au respect de la vie priv e recours croissant aux techniques de surveillance vid o Trois autres tendances m ritent une attention plus soutenue D une part l extension de la d finition des groupes risques et du profilage ici centr e sur les squats les modes de vie et la participation des luttes altermondialistes ou de solidarit avec les sans papiers ou les prisonniers Cette surveillance des ennemis int rieurs potentiels s accompagne d autre part d une logique de suspicion l gard des mouvements sociaux leur participation
113. ors En d autres termes ces actes meutiers atteignent d autant plus le gouvernement fran ais que s il n est videmment pas question de consid rer qu ils r pondent l ill gitimit de son action ils sont dirig s contre des pans de sa politique qui ne suscitent pas le consensus r publicain et certains parmi eux sont susceptibles d affecter son image internationale Il est donc naturel qu il les d nonce dans les mots ou les faits avec une vigueur peut tre exag r e En revanche les magistrats soumis aux exigences de la l galit criminelle se voient pr senter des affaires d une gravit relative dans lesquelles sont g n ralement impliqu s des individus dont la t mibilit n est pas tablie Les peines qu ils prononcent sont donc en ad quation avec la lettre de l article 132 24 du Code p nal On le per oit imm diatement cette explication peut justifier pour partie le paradoxe pr c demment relev mais elle ne permet pas de le r soudre int gralement D autres d terminants doivent donc tre envisag s Nous exclurons ceux induits par les actes accomplis par les autonomes Nous avons rappel qu ils ne se distinguent pas des infractions perp tr es par d autres manifestants habituellement violents qui pourtant ne suscitent pas des r ponses tatiques similaires Il convient donc de placer cette tude dans la perspective de l analyse de la r action sociale Pour ce faire les trav
114. ours de rassemblements sur la voie publique 187 Dans la ligne des travaux de N Christie Crime Control as Industry Towards Gulags Western Style Routledge 1993 il serait certainement int ressant d tudier l influence du lobby des fabricants de ces mat riels sur l volution de l administration du maintien de l ordre Particuli rement lorsque l on conna t le co t sid rant de la s curisation des sommets internationaux par exemple A P louas Une facture au sommet Le Monde Magazine 26 juin 2010 p 10 fait tat d une facture de sept cent quatre vingts quatorze millions d euros pour les trois jours de sommets des G8 et G20 qui se sont d roul s cette ann e en Ontario au Canada 8 Fillieule Du pouvoir d injonction au pouvoir d influence Les limites de l institutionnalisation in O Fillieule et D Della Porta dir Police et manifestants Maintien de l ordre et gestion des conflits Presses de Sciences Po 2006 p 101 18 Assembl e nationale Rapport n 1734 fait au nom de la commission des lois constitutionnelles de la l gislation et de l administration g n rale de la R publique sur la proposition de loi n 1641 renfor ant la lutte contre les violences de groupes et la protection des personnes charg es d une mission de service public 10 juin 2009 Il est ainsi d montr que les autorit s fran aises ont introduit la combinaison des forces de police sp cialis es dans le mainti
115. pendant deux motifs nous d tournent de c der un sentiment si d sabus Le premier participe de l esprit de r sistance invoqu par G Giudicelli Delage Au risque de conservatisme nous ne pouvons admettre que les principes 211 O Bosc La foule criminelle Politique et criminalit dans l Europe du tournant du XIX si cle Fayard 2007 212 S Sighele La foule criminelle Essai de psychologie collective Alcan 1901 215 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE du droit p nal h rit s des Lumi res soient ainsi m pris s sans que soit tablie l imp rieuse n cessit de le faire Or l tude des incidents provoqu s par les anarcho autonomes ne parvient pas convaincre que cette derni re soit d une quelconque mani re caract ris e tandis que la volont de masquer les checs r p t s d une politique p nale d magogique en se contentant de renouveler arbitrairement les cibles ne suffira jamais l tablir Le deuxi me a trait au choix m me des anarcho autonomes Il t moigne cruellement de l absence de culture sinon du cynisme qui affectent ceux qui l ont d cid ou valid En effet l histoire nous enseigne que les anarchistes ont toujours accept l escalade dans la violence chaque fois que des gouvernements leur ont offert la possibilit de le faire I Sommier rel ve justement que si elle l ve le co t de l engagement la r pression n induit pas n cessairem
116. publique r introduction des contr les frontaliers et refus d autoriser l entr e sur le territoire des activistes perquisitions Il est donc tabli qu un droit d exception destin l administration du maintien de l ordre lors des sommets internationaux a t d velopp Il est apparu et s est d velopp apr s les v nements de Seattle en 1999 ce qui confirme que son origine est rechercher dans l action des black blocs En cons quence il satisfait la d finition d un droit p nal proc dural de l ennemi Ce droit d exception a t adopt par les autorit s fran aises et il constitue aujourd hui le mode habituel d administration du maintien de l ordre lorsque sont impliqu s les anarcho autonomes A Dans ces conditions le paradoxe signal en introduction de la pr sente tude pourrait trouver quelques l ments de solutions dans l instrumentalisation de la r pression des black blocs B A J aime mieux commettre une injustice que de souffrir un d sordre Dans un entretien accord au magazine Le Point B Squarcini Directeur central du renseignement int rieur d clarait Notre mission consiste d tecter les personnes dont le comportement pr sente des risques pour l Etat et la soci t les surveiller pour anticiper le moment o elles seront tent es de passer l acte et d intervenir pour viter des drames Il ajoutait une s rie de
117. que depuis quelques ann es la France conna t une situation de crise politique que caract risent incontestablement les alternances quasi syst matiques chaque lection ou lorsque tel n est pas le cas le choix d une politique de rupture le poids politique des extr mes et la r currence des manifestations de rue Cette crise politique est d autant plus aig e qu elle se double d une crise conomique et sociale renforc e par la mondialisation que depuis plus de trente cinq ans l Etat s est montr incapable de juguler Elle a connu des pisodes paroxystiques l occasion des meutes de novembre 2005 et des manifestations du printemps 2006 La situation conomique qui pr vaut depuis 2008 et la mobilisation sociale qui l accompagne comme les r sultats des lections r centes t moignent de ce que cette situation n est pas en phase de r solution Or M Dobry a montr que l existence d une crise politique engendre une conjoncture fluide qui modifie les relations entre les acteurs sociaux les r seaux de consolidation r ciproque par l effet de l incertitude structurelle laquelle ils se trouvent confront s tant conduits changer des coups directs et attracteurs c est dire susceptible de cristalliser l attention par leur caract re symbolique plus que par leur efficacit r elle qui conditionneront l interpr tation de la situation par les autr
118. regard de cette tude d une part les forces de l ordre et le gouvernement et d autre part les diff rents groupes altermondialistes L effondrement des d finitions routini res des situations provoque l inhibition de l activit tactique des acteurs qui ne savent plus comment op rer dans une telle conjoncture 35 Au regard de cette tude par exemple il n est pas important que l affaire de Tarnac se termine par un succ s judiciaire il faut pour l Etat qu ait exist publiquement sa d termination recourir la l gislation antiterroriste pour lutter contre des activistes autonomes 172 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE services de police et du gouvernement une instrumentalisation de la loi p nale dont il convient de rechercher les manifestations et les objectifs Dans cette perspective leur choix de se concentrer sur l ultra gauche mouvance anarcho autonome est ais e expliquer Au nombre des contempteurs de la politique gouvernementale qu il s agisse de l opposition parlementaire des droitsdel hommistes ou des groupes altermondialistes ces contestataires sont les seuls appeler de leurs v ux la guerre civile Or J C Caron a r cemment montr que cette notion ne conna t pas de d finition philosophique sociologique ou juridique et ne se d finit que comme repoussoir utilis par les gouvernements qui se sont succ d depuis le d but du XI
119. rent de notre d mocratie 2 En se revendiquant comme un scientifique du droit p 7 G Jakobs pr vient toute conclusion oppos e aux siennes d s lors que la v rit scientifique n est pas quivoque G Giudicelli Delage Droit p nal de la dangerosit Droit p nal de l ennemi RSC 1 2010 p 79 O Fillieule Strat gies de la rue Les manifestations en France Presse de Sciences Po 1997 p 100 la rh torique s curitaire est fallacieuse en cette mati re mais elle se traduit concr tement par des mesures l gales qui ont conduit une restriction de la libert de manifestation et l aggravation des peines encourues par les manifestants interpell s 174 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE Pour ce faire nous v rifierons titre de prol gom nes que les anarcho autonomes ont bien t l objet d une construction comme ennemi la satisfaction de cette condition pr sidant la validit de nos d veloppements subs quents Nous tudierons ensuite les implications de ce droit p nal de l ennemi en termes substantiel 1 puis proc dural II PROL GOM NES CONSTRUCTION DE L ENNEMI ANARCHO AUTONOME 5 Il n est pas question ici de nier la r alit des faits de d linquance perp tr s par certains activistes issus du mouvement autonome Nous ne contestons en aucune mani re que ces actes doivent tre r prim s lorsqu ils surviennent En revanche nous pr
120. rer que le ph nom ne n est gu re important et que si raison de la violence inacceptable des actes accomplis il appelle certainement une r ponse r pressive dissuasive cette derni re ne doit pas n cessairement tre exceptionnelle dans la forme qu elle Sur cette notion cf S Schifr s Le mouvement autonome en Italie et en France 1973 1984 M moire de Master II en sociologie politique sous la direction de D Lindenberg Universit de Paris VII septembre 2008 S Schifres La mouvance autonome en France de 1976 1984 m moire de maitrise d histoire sous la direction de A Steiner et G Le Beguec Universit de Paris X Nanterre 2004 Sur l id ologie d inspiration op ra ste des Black blocs cf I Sommier R flexions autour de la menace utlra gauche en France in X Crettiez et L Mucchielli Les violences politiques en Europe Un tat des lieux La D couverte coll Recherches 2010 pp 51 52 I Sommier La violence r volutionnaire Presses de Sciences Po coll Contester n 4 2008 pp 54 56 monographie anonyme Appel ao t 2003 non publi e I Mandraud et C Monnot L archipel des autonomes Le Monde Horizons 8 9 novembre 2009 pp 18 19 I0F Dupuis D ri Les black blocs La libert et l galit se manifestent 3 me d Lux coll Instinct de libert 2007 pp 164 et 168 1 M thode dite du coucou 12 Au cours de la manifestation des groupes altermondialistes org
121. res de la proc dure l occasion des op rations de maintien de l ordre diligent es contre les meutiers Un constat identique peut tre op r s agissant de l administration du policing des protagonistes de black blocs confirmant s il en tait besoin qu ils sont bien soumis une proc dure d exception peu respectueuse des exigences du proc s quitable et ce titre symptomatique d un droit p nal proc dural de l ennemi Les droits des manifestants sont en l esp ce d autant plus n glig s que la manifestation pr sentant un caract re international le faible niveau de contr le d mocratique et l implication des services sp ciaux r duit encore la coordination interne et les contr les externes particuli rement judiciaires de l action polici re Ainsi la coop ration d velopp e sous l gide de l Union 177 P Piazza La biom trie usages policiers et fantasmes technologiques in L Mucchielli dir La fr n sie s curitaire Retour l ordre et nouveau contr le social La D couverte 2008 cf aussi P Piazza Violence symbolique et dispositifs tatiques d identification in X Crettiez et L Mucchielli Les violences politiques en Europe Un tat des lieux La D couverte coll Recherches 2010 p 233 et 238 18 Premier ministre Centre d analyse strat gique Enqu tes sur les violences urbaines Comprendre les meutes de novembre 2005 l exempl
122. ret n 2009 1249 du 16 octobre 2009 portant cr ation d un traitement automatis de donn es caract re personnel relatif la pr vention des atteintes la s curit publique JO du 18 octobre 2009 p 17244 D cret n 2009 1250 du 16 octobre 2009 portant cr ation d un traitement automatis de donn es caract re personnel relatif aux enqu tes administratives li es la s curit publique JO du 18 octobre 2009 p 17245 176 Cf s agissant de ces fichiers Assembl e nationale D Batho et J A B nisti Rapport d information n 1548 d pos en application de l article 145 du R glement par la Commission des lois constitutionnelles de la l gislation et de l administration g n rale de la R publique sur les fichiers de police 24 mars 2009 sur CRISTINA CE 16 avril 2010 Association Aides et autres n 320196 206 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE x plus uniquement des objectifs d authentification et d identification mais s appuie pr sent sur de vastes dispositifs fond s sur l accumulation l change et l exploitation d innombrables donn es biom triques des fins de tra abilit des individus qu il devient possible de rep rer de localiser et de suivre distance par le biais d un strict contr le de leurs mouvements dans le temps et l espace afin de permettre d effectuer un tri social des personnes qui s op re en fonction de crit res qui hi rarchisent des niv
123. ropos e pour expliquer le regain d int r t port aux autonomes au milieu de l ann e 2007 A Bauer aurait d couvert par hasard sur un site de vente par correspondance un ouvrage sign du Comit 58 L Bonelli La France a peur Une histoire sociale de l ins curit La D couverte coll Cahiers libres 2008 p 406 5 I Sommier R flexions autour de la menace utlra gauche en France in X Crettiez et L Mucchielli Les violences politiques en Europe Un tat des lieux La D couverte coll Recherches 2010 p 55 rel ve pertinemment que Fragilis s par le processus ces services RG ont tout int r t face la premi re DST maintenir vivace la seule menace dont ils ont historiquement le monopole de traitement les politiques On doit relever la similitude entre le proc d utilis par les services de police et la pratique du l gislateur sous l empire des politiques criminelles fond es sur le Law and order L incapacit agir sur un ph nom ne pourtant choisi est palli e par la substitution continuelle des pr occupations De m me qu en mati re p nale une loi chasse l autre pour d tourner l attention des effets limit s produits et permettre le renouvellement continuel de la r pression une nouvelle menace est imm diatement propos e par les services de police pour que l attention ne se concentre pas sur leur chec contenir la pr c dente Cel
124. s s dans la lutte antiterroriste Aussi lorsqu ils vont tre impliqu s dans la coop ration aux fins de s curisation des sommets internationaux ils vont importer leur culture et leur m thode de travail La rencontre de ces contingences techniques et de l adh sion unanime des acteurs politiques impliqu s dans ces sommets aux th ses de la nouvelle p nologie et du Law and order va permettre l mergence de nouvelles modalit s de gestion des manifestations articul es autour des concepts de protection et de gestion des risques en rupture avec les principes de n gociation et de coercition minimale h rit s de la nouvelle d fense sociale Il en r sulte une dualit des modes d administration du maintien de l ordre articul e autour d une distinction des acteurs du mouvement social Le maintien de l ordre n goci fond sur des strat gies persuasives est r serv aux manifestations qui n impliquent que les protagonistes jug s acceptables par l autorit publique tandis qu est appliqu e aux autres groupes un policing l galiste Selon D Della Porta et H Reiter ce dernier se caract rise par la pr valence des strat gies coercitives fond es sur le recours des m thodes et des technologies articul es autour de la collecte du renseignement pr ventif et r pressif circulation internationale des informations et coordination des actions polici res circulation des m th
125. s des hommes politiques 4 Cf dans le m me sens P Lascoumes et al L Europe de la r pression ou l ins curit d Etat Actes printemps 1978 p 8 et G Giudicelli Delage Droit p nal de la dangerosit Droit p nal de l ennemi RSC 1 2010 qui voque une d formation de la r alit par la s lection des cibles M Rigouste L ennemi int rieur La g n alogie coloniale et militaire de l ordre s curitaire dans la France contemporaine La D couverte 2009 pp 152 166 et 194 195 5 Affaire dites du Pasteur Douc et des coutes du bureau du Parti socialiste 176 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE les int r ts de certains policiers des RG pour les violences urbaines vont pouvoir se d velopper en interne pour devenir une vitrine publique du service La construction du ph nom ne va s op rer selon une m thode initi e par R Marcellin et perfectionn e sous le minist re d A Peyreffite Les policiers mettent en avant les comp tences qu ils ont d velopp es pour g rer un ph nom ne d linquant particulier Ces derni res sont confirm es par des experts Concomitamment l attention de l opinion publique est capt e par la publication d une s rie d articles dans la presse qui relayent opportun ment la pr occupation des services de police Le minist re de l Int rieur va alors la valider d s lors que trois exigences sont satisfaites soutenir le
126. se montrent plus critiques reprochant le caract re formel de l infraction et les faiblesses r dactionnelles du texte A nouveau l anticipation de la r pression avant qu une quelconque infraction violente ait t perp tr e est patente En outre l intention de l auteur du d cret est clair e dans un rapport fait l Assembl e nationale selon lequel cette interdiction permettra aux services d ordre des manifestations de pr venir les d bordements en pr venant l irruption de personnes ext rieures dont les motivations seraient tout autres que la manifestation Si l interpellation de personnes au sein m me des manifestations semble difficile ce d cret devrait en revanche permettre aux services d ordre internes des grandes manifestations d en expulser les contrevenants On per oit ais ment quelle responsabilit p se alors sur lesdits services d ordre et plus g n ralement sur les organisateurs de la manifestation qui devront expulser des rangs de celle ci les potentiels fauteurs de troubles pour ne pas risquer d tre suspect s de les avoir tol r s Pourtant s agissant d une contravention elle ne semble pas pouvoir constituer un fondement l gal suffisant pour justifier telle expulsion Enfin terminant le mouvement de prohibition de la dissimulation du visage dans les manifestations la loi n 2001 201 a instaur ce comportement en circonstance aggravante des d lits de violences
127. sion duquel un arsenal substantiel est disposition des forces de l ordre et des juridictions p nales n a suscit non sans contradiction que d une part des sanctions p nales bienveillantes et d autre part une m diatisation virulente du minist re de l Int rieur un affront au Parlement et le recours une proc dure d exception pour le traitement d une de ces affaires Une explication parcellaire peut certainement tre recherch e dans le rapport particulier qu entretient la R publique avec l meute Le progr s social est en France intimement corr l avec des pisodes de contestation violente 1789 1848 1936 1968 ce qui engendre une mystique r volutionnaire Mais la bourgeoisie fran aise se trouve plac e dans une position ambig e d s lors que parce qu elle lui a permis d arriver puis de revenir au pouvoir elle est consciente que l meute peut provoquer la chute d un r gime politique Cet antagonisme peut toutefois trouver se r soudre sur le terrain de la l gitimit comme le r sumait admirablement l article 35 de la D claration des droits de l homme et du citoyen dans sa version de 1793 qui pr voyait Quand le gouvernement viole les droits du peuple l insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple le plus sacr des droits et le plus indispensable des devoirs En d autres termes d s lors que l action de l Etat n est pas en contradiction ave
128. stence de soixante dix passages l acte violents susceptibles d tre attribu s des autonomes depuis le d but de l ann e 2006 ferait tat de faits et comportements observ s sur notre territoire similaires ceux recens s la fin des ann es 70 qui avaient t pr curseurs de la constitution du groupe Action directe et valuerait le nombre de ces activistes entre mille et deux mille militants dont trois cents radicaux Le 11 novembre 2008 la SDAT proc dait l interpellation du groupe de Tarnac Le lendemain C Cornevin faisait para tre dans Le Figaro un article reprenant la version polici re de l affaire et regroupant nombre d informations tr s inqui tantes sur les individus arr t s Aux termes de ses d clarations subs quentes le ministre de l Int rieur d clarait que d s son installation place Beauvau en mai 2007 elle avait demand aux RG de suivre ce ph nom ne une pr occupation n e il y a quelques ann es quand elle eut 51 Ce qui semble quand m me tr s surprenant pour un livre qu il n avait pas encore lu 2 G Dasqui Le terrorisme d ultragauche id e fixe d Alliot Marie Lib ration 24 novembre 2008 p 13 Selon I Mandraud L obsession de l ultra gauche Le Monde 3 d cembre 2008 la note mentionnerait aussi ou plut t processus intellectuel qui ressemble extraordinairement aux origines d Action directe amp
129. t invisible L insurrection qui vient La Fabrique 2007 N anmoins contrairement aux raccourcis op r s dans la communication du minist re de l Int rieur la constitution d un black bloc au sein d une manifestation n emporte pas syst matiquement perp tration d exactions En outre les modes d action adopt s par les autonomes ne sauraient se r sumer l exercice de violences I Pereira Anarchistes La ville br le coll engag e s 2009 pp 108 109 C Rollot Jeudi noir ou les squatteurs surdipl m s de la place des Vosges Le Monde 26 novembre 2009 p 13 L Noualhat La tactique du commando v lo Lib ration 16 d cembre 2009 p 19 S Maurice L Etat emp che un nouveau Sangatte Calais Lib ration 8 f vrier 2010 ni m me d actes ill gaux groupes de clowns l occasion du Sommet de l Union europ enne de G teborg en juin 2001 T Blair avait qualifi les protestataires de anarchist travelling circus cirque anarchiste itin rant En r action des activistes fond rent lors du sommet du G8 de Gleneagles en 2005 la Clandestine Insurgent Rebel Clown Army Arm e clandestine insurrectionnelle de clowns rebelles devenue depuis lors un groupe r current des contre sommets altermondialistes dont l activisme consiste principalement dans le blocage des voies de circulation et l ex cution de pitreries aux abords des zones dites vertes 166 POLITIQUE CRIMINELL
130. tats de Barcelone et de Paris les trop s v res punitions des anarchistes ont t toujours suivies de crimes encore plus violents et plus dangereux Une mesure plus radicale surtout en France serait de les couvrir de Sa E LA E 218 ridicule Les martyrs sont v n r s jamais les fous En deuxi me lieu et comme le relevait E R Zaffaroni Tous les Etats de droit de ce monde sont en r alit un processus de contradiction permanente entre l Etat de droit et l Etat de police qui reste enferm l int rieur de l Etat de droit encapsul contenu mais avec des pulsions constantes essayant de perforer et si possible de faire clater la capsule Aussit t que la contention s affaiblit Etat de police merge avec la tendance d river vers un Etat absolu Dans ces conditions il peut tre appr hend qu au pr texte de r primer les anarcho autonomes le cadre juridique de la domestication de la rue protestataire ait t install Quelques motifs incitent le penser Il est d abord ind niable que depuis quelques ann es le droit p nal a t utilis comme un moyen de rendre la rue silencieuse et pacifi e Le dispositif r pressif d velopp contre les activistes impliqu s dans des black blocs s inscrit dans un mouvement plus g n ral qui m le d une part la volont de faire dispara tre de l espace public ce qui d range et d autre part une intensit nouvelle
131. te De la sainte Edwige du nouvel ordre moral et d autres sujets divers la contribution des lus la vie du droit p nal Droit p nal 10 2008 Rep re n 9 pp 1 2 214 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE et ou de participation au black bloc de Vichy ville ch re B Hortefeux dont la nomination place Beauvau tait pressentie et les interpellations Nous nous contenterons donc de relever que si les charges de terrorisme devaient tre abandonn es ne demeureraient au vu du rapport pr cit et en consid rant que tous les faits signal s sont av r s que des violences en r union contre des titulaires de l autorit publique un d lit d entrave la circulation des trains et des faits de d gradations de biens servant l utilit du public S agissant de pr venus apparemment sans condamnation au casier judiciaire il est vraisemblable que les peines prononc es leur encontre seraient mod r es Le temps pass en d tention provisoire et la soumission l opprobre d une d signation comme terroriste appara traient alors comme des punitions bien s v res Tout en esp rant vivement nous tromper force est de consid rer que si une seule de ces hypoth ses devait se v rifier il serait possible de consid rer que le traitement p nal r serv l ultragauche mouvance anarcho autonome a d finitivement bascul dans le champ du droit p nal de l ennemi CONCLUSION Parvenu a
132. tion et la manipulation des anarchistes et des autonomes ont toujours fait partie des m thodes des services de renseignement de la police et il est vraisemblable que l poque actuelle ne les ait pas vus se d partir de la pratique N anmoins et par d finition les preuves de tels actes sont rarement port es sur la place publique et lorsqu elles le sont elles sont encore plus 13 Articles 2 2 30 39 2 46 et 55 1 S Maurice L Etat emp che un nouveau Sangatte Calais Lib ration 8 f vrier 2010 p 14 15 Encart Lib ration 29 mars 2010 p 14 cf aussi CNDS Rapport 2009 2010 pp 34 35 interpellation de masse pour contr le d identit l occasion d une manifestation anti CPE 6 BR et D S Tarnac L enqu te d raille grande vitesse Le Canard Encha n 20 janvier 2010 p 3 K Laske Tarnac des oreilles trainaient ill galement Lib ration fr 25 f vrier 2010 17 B Fuligni dir Dans les archives secr tes de la police Quatre si cles d Histoire de crimes et de faits divers L iconoclaste 2009 pp 290 291 J P Pochon Les stores rouges Au c ur de l infiltration et de l arrestation d Action directe Ed des Equateurs coll t moignage 2008 J P Brunet La police de l ombre indicateurs et provocateurs dans le France contemporaine Seuil 1990 210 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE rarement confirm es de source polici re La r ticence de la Chambre cri
133. tionnalisation in O Fillieule et D Della Porta dir Police et manifestants Maintien de l ordre et gestion des conflits Presses de Sciences Po 2006 pp 85 86 cf aussi F Dieu Maintien de l ordre et gendarmerie nationale Droit et d fense 1993 2 pp 17 20 140 P Bruneteaux La production de la force d mocratique Les Cahiers de la s curit int rieure n 27 1997 pp 126 131 cf aussi O Fillieule et D Della Porta dir Police et manifestants Maintien de l ordre et gestion des conflits Presses de Sciences Po 2006 p 12 O Fillieule Strat gies de la rue Les manifestations en France Presse de Sciences Po 1997 pp 270 304 1 Cf D Dufresne Maintien de l ordre Enqu te Hachette Litt rature coll Les Docs 2007 pp 44 47 Interlude I Malik Oussekine l ind passable bavure 14 A l occasion du sommet europ en en 2001 la police d pass e a fait feu sur les activistes balles r elles blessant gravement plusieurs personnes 18 A l occasion de la r pression des manifestations organis es pour protester contre la r union du G8 dans cette ville un manifestant a t tu d une balle dans la t te par un policier 199 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE cette derni re affaire la Cour europ enne des droits de Homme a par une d cision r cente d cid que l homicide du manifestant satisfait au vu des circonstances aux exigences de la l gitime d fense Cependant outre q
134. tre aussi distingu de formes tr s proches comme la violence politique l anarchisme l assassinat politique ou la gu rilla En pratique toutefois les glissements dans les usages du terme semblent in vitables d autant que ces diverses formes rel vent de strat gies tant t internes tant t internationales tant t globales 108 A Huet et R Koering Joulin Droit p nal international PUF coll Th mis droit 2005 pp 435 436 10 Articles 412 1 412 6 et 431 3 431 12 du Code p nal 110 L J Freeh directeur du FBI Threat of terrorism to the United States rapport d pos le 10 mai 2001 devant le comit s natorial sur le renseignement puis D L Watson assistant ex cutif au directeur du FBI Threat of terrorism to the United States rapport d pos le 6 avril 2002 devant le comit s natorial sur le renseignement H1 Par ex L Panitch Violence as a Tool of Order and Change The War on Terrorism and the Antiglobalization Movement Monthly Review vol 54 2 2002 190 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE Ainsi le 13 f vrier 2002 tandis que le Conseil adoptait les d cisions cadres relatives d une part la lutte contre le terrorisme et d autre part au mandat d arr t europ en le groupe de travail sur le terrorisme du Conseil de l Union europ enne approuvait une initiative du Royaume d Espagne tendant l adoption d une d cision du Conseil introduisant un formulaire standard pour l c
135. ts et il est vraisemblable que les autonomes doivent tre compt s au nombre des tudiants jeunes privil gi s casseurs sans raison qui attirent sur eux la hargne polici re 147 O Fillieule et D Della Porta Variations de contexte et contr le des mouvements collectifs in O Fillieule et D Della Porta dir Police et manifestants Maintien de l ordre et gestion des conflits Presses de Sciences Po 2006 p 21 148 O Fillieule Strat gies de la rue Les manifestations en France Presse de Sciences Po 1997 p 305 18 D Tartakowky Les manifestations de rue en France 1918 1968 Publications de la Sorbonne coll Histoire de la France au XIX et XX si cle n 42 1997 150 Par exemple le recours la technique dite du coucou permet de contourner les dispositions de Particle 3 du d cret loi du 23 octobre 1935 portant r glementation des mesures relatives au renforcement du maintien de l ordre public qui organise le r gime juridique des manifestations et particuli rement le risque d interdiction de la manifestation susceptible de provoquer un trouble l ordre public 51 O Fillieule Du pouvoir d injonction au pouvoir d influence Les limites de l institutionnalisation in O Fillieule et D Della Porta dir Police et manifestants Maintien de l ordre et gestion des conflits Presses de Sciences Po 2006 pp 106 107 1 D Montjardet Le maintien de l ordre technique et id
136. u milieu duquel chacun pr serve son anonymat afin d indiquer la pr sence dans la manifestation d une critique radicale du syst me conomique et politique ventuellement en s attaquant des cibles symboliques Structure informelle et d centralis e le black bloc 4 L expression black bloc est une traduction de schwarze block qualificatif labor par la police allemande pour d signer les groupes d autonomes qui au cours des ann es 1980 se sont pour divers motifs affront s aux forces de l ordre lors de manifestations tudiantes Berlin d cembre 1980 pour la d fense des squats Hambourg 1986 contre la visite du pr sident des Etats Unis d Am rique Berlin 1987 ou contre la r union de la Banque mondiale et du Fonds mon taire international Berlin 1988 Pour une autobiographie du ph nom ne cf D Young Autonomia and the Origin of the Black Bloc 2001 disponible sur www ainfos ca Selon la formule adopt e par Mich le Alliot Marie ministre de l Int rieur pour qualifier le groupe d individus arr t s Tarnac le 11 novembre 2008 Le qualificatif anarcho autonome appara t pour la premi re fois dans le rapport des Renseignements g n raux au gouvernement intitul Extr me Gauche 2000 remis en juin 2001 Il remplace l expression anarcho libertaire utilis e ant rieurement mais s mantiquement pl onastique Il est utilis dans une note de la Sous dire
137. u terme de ces d veloppements deux constats peuvent tre dress s En premier lieu l hypoth se formul e en introduction a t v rifi e et il est possible d affirmer que au regard du droit substantiel comme du droit proc dural la r pression des black blocs s op re au moyen d un avatar du droit p nal de l ennemi En effet tant les infractions nouvellement cr es pour servir ce dessein que les proc dures appliqu es pour le r aliser sont largement exorbitantes du droit commun les activistes anarcho autonomes tant priv s de la protection de nombreux principes qui sous tendent dans le mod le lib ral l laboration et l interpr tation de la norme p nale ou le proc s quitable Il semble ainsi qu apr s les mineurs gar s les r cidivistes et les personnes affect es par des troubles mentaux le l gislateur proc de un nouvel emprunt au positivisme italien et qu apr s celle de Ferri la pens e de Sighele ait t promue au rang de r f rence pour l laboration de la politique p nale Ce qui se joue dans la confrontation entre le minist re de l Int rieur et les autonomes ressemble une triste r p tition de la querelle qui opposa jadis Le Bon Sorel la pertinence des arguments et des m thodes n ayant d un c t comme de l autre rien gagn avec le temps Nous pourrions donc alors nous contenter de jeter sur cette foire d empoigne un regard afflig Ce
138. ue l volution des pratiques polici res est d abord conditionn e par la modification des formes d expression emprunt es par les manifestants A ce titre le black bloc constitue une rupture avec la pratique des acteurs traditionnels de la contestation sociale que sont les syndicats et les partis politiques Les difficult s qu il pose sont d autant plus d licates r soudre pour les autorit s charg es du maintien de l ordre qu il fait un usage perverti du droit fondamental de manifester et qu il refuse de se soumettre la r gle de la mise distance pour rechercher la confrontation directe ne laissant aux forces de l ordre que le choix de l escalade ou du retrait Dans ces conditions le black bloc correspond aux termes de la d finition polici re de la taxinomie des cat gories de service d ordre id al typiques la pire des situations c est dire celle o la violence loin d tre ritualis e se rapproche plut t d une situation de guerre situation dans laquelle les adversaires cherchent sciemment provoquer des dommages notamment sur les forces de l ordre Ici la mise en place du service d ordre est directement conditionn e par un imp ratif de r duction et de dispersion de l adversaire En outre D Montjardet a tabli que l attitude des forces de l ordre dans le d roulement des op rations est largement fonction de la mani re dont ils per oivent les manifestan
139. ue la jurisprudence de la Cour n est pas en cette mati re exempte de byzantinisme aucun Etat n est a priori dispos assumer les cons quences d un tel v nement en termes d image et de r putation Il est donc possible de conclure avec O Fillieule et D della Porta que dans la p riode contemporaine le maintien de l ordre se caract rise par trois grandes 14 CEDH Giuliani et Gallo c Italie 25 ao t 2009 Req n 23458 02 renvoy en Grande Chambre le ler mars 2010 5 Aux termes de l article 2 2 CESDH la mort n est pas consid r e comme inflig e en violation de cet article dans les cas o elle r sulterait d un recours la force rendu absolument n cessaire 3 pour r primer conform ment la loi une meute ou une insurrection Cependant en de nombreuses occasions la Cour europ enne a rappel le caract re fondamental du droit la vie dans une soci t d mocratique qui appelle une interpr tation stricte de cette disposition CEDH Mc Cann et autres c Royaume Uni 27 septembre 1995 s rie A n 324 CEDH Andronicou et Constantinou c Chypre 9 octobre 1997 recueil 1997 VI Selon sa jurisprudence l article 2 1 astreint l Etat s abstenir de provoquer la mort de mani re volontaire et irr guli re CEDH Osman c RU 28 octobre 1998 rec 1998 VIIT CEDH LCB c RU 9 juin 1998 rec 1998 II CEDH Celniku c Gr ce 5 juillet 2007 req n 21449 04
140. ues l ments chronologiques doivent d abord tre rappel s Le black bloc est entr en action un samedi Le lundi suivant le Premier ministre Fran ois Fillon d clarait que les forces de police avaient t surprises tandis qu un des responsables du SDIG expliquait il n y a pas eu d faillance de la police C est un ph nom ne nouveau et il va 207 O Fillieule Strat gies de la rue Les manifestations en France Presses de Sciences Po 1997 pp 345 349 208 T impliquait un nombre consid rable de policiers et particuli rement de forces sp cialis es dans le maintien de l ordre qui avait permis de proc der des arrestations d activistes tant aux abords du camp altermondialiste que durant les chauffour es ant rieures des agents infiltr s et la coop ration entre les services de renseignements europ ens Il a en outre permis de modifier au dernier moment le parcours n goci de la manifestation et de contenir pendant plusieurs heures les manifestants sur place 213 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE falloir trouver les armes pour lutter contre mettre des moyens humains et mat riels et que les syndicats de police rappelaient que le fichier EDVIGE n avait toujours pas t remplac Le mardi Brice Hortefeux s engageait ce que les services substitu s aux RG disposent incessamment des fichiers qu ils r clamaient Le dimanche les d crets l galisant lesdits fichiers taient publi s A
141. ussi Vous frappez tort et travers Discours de Fran ois Mitterrand et Michel Rocard 29 avril 1970 Points coll Des discours qui ont marqu l Histoire 2009 35 Assembl e nationale Rapport n 1734 fait au nom de la commission des lois constitutionnelles de la l gislation et de l administration g n rale de la R publique sur la proposition de loi n 1641 renfor ant la lutte contre les violences de groupes et la protection des personnes charg es d une mission de service public 10 juin 2009 p 28 184 POLITIQUE CRIMINELLE APPLIQUEE responsabilit p nale pour des faits commis par un tiers et qu elle ne porte atteinte ni la pr somption d innocence ni aux droits de la d fense Enfin est rejet le grief tir de la m connaissance du principe de proportionnalit des peines Cette d cision est donc dans la ligne de la jurisprudence tr s respectueuse de la volont du Parlement d velopp e en mati re p nale depuis 1999 Le texte est entr en vigueur dans la forme pr c demment rappel e Certes l insistance du S nat corriger les exc s r pressifs a permis de ch trer les ambitions de voir restaurer la loi anti casseurs Cela a certainement vit que ne se mat rialisent les craintes l gitimement exprim es par la doctrine la lecture de la proposition de loi et des premiers d bats parlementaires Reste que pour le juriste convaincu que les principes du juste et de l utile doiv
142. uvent pr tendre au b n fice de la Loi D s lors il affirme que s est l gitimement d velopp un droit p nal de l ennemi droit d exception tant d un point de vue substantiel recours aux mesures de s ret et anticipation de la r pression qu au point de vue proc dural par la restriction ou la suspension des garanties fondamentales Ayant pr tendu en introduction de son propos la neutralit scientifique l auteur valide l existence de ce droit p nal de l ennemi au nom du r alisme Ce faisant il place le contradicteur ventuel dans le camp des dogmatiques G Giudicelli Delage a pourtant relev le gant et apr s en avoir tudi les implications elle conclut son tude de la proposition de G Jakobs en relevant que l important est qu en pr sentant comme une vidence neutre l existence d un droit p nal de l ennemi en le th orisant Jakobs ne l aurait il pas voulu le l gitime comme une cat gorie du pensable Or c est cette l gitimation m me que l on doit interroger du moins lorsque l on ne pr tend pas la neutralit scientifique et que l on croit en l esprit de r sistance Il faut d passer l ironie pour retrouver la pertinence du propos L analyse de G Jakobs est en effet orient e id ologiquement et proc de selon la m thode habituelle des thurif raires de la nouvelle p nologie d une pr sentation pr tendument emprunte de neutral
143. x modes quitables de la re pr sentation de ses int r ts cat goriels Par ailleurs l influence des strat gies r pressives utilis es par les premiers ministres britanniques M Thatcher et T Blair sur la politique d velopp e depuis une dizaine d ann e en France n est plus d montrer Or au Royaume Uni les modes exceptionnels de gestion des manifestations d velopp s pour an antir au d but des ann es 1980 les gr ves de mineurs ont t ult rieurement utilis s pour g rer d autres mouvements sociaux Enfin et surtout aucune disposition ni dans les textes aff rents aux infractions nouvellement cr es ni videmment dans les proc dures d rogatoires pour l administration du maintien de l ordre public l occasion des sommets internationaux ne pr cise que la mise en uvre de ce droit d exception doit tre r serv e au contr le et la r pression des anarcho autonomes En outre certaines pratiques contra legem ont d j t utilis es pour r primer des manifestations qui si elles impliquaient des anarchistes n avaient pas conduit la formation d un black bloc Or la crainte de voir ce droit d exception tendu la gestion de tout mouvement social serait probablement excessive s il n existait le pr c dent du d lit pr vu et r prim l article L 622 1 du Code de l entr e et du s jour des trangers et du droit d asile Tandis que le ministre de l Int

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