Un fragment de rôle comique
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1. dit par Mario Roques dans Classi ques fran ais du moyen ge N 5 Paris 1912 Sur la date attribu e cette pi ce R Levy Chronologie approximative de la litt rature fran aise du moyen ge dans Beihefte zur Zeit schrift f r romanische Philologie fasc 58 T bingen 1957 p 23 78 du th tre comique En effet entre les deux pi ces d Adam de la Halle le Jeu de la Feuill e et Robin et Marion qui sont d un style si particulier et le Dit des Quatre Offices et le dialogue de Ma tre Trubert et Antroignart dus Eustache Deschamps c est dire entre les alentours de 1260 et la seconde moiti du si cle suivant c est le vide presque absolu Mentionnant les pi ces de Deschamps Petit de Julleville a crit Voil tout ce que nous fournit en fait de com die fran aise l histoire litt raire du XIVe si cle Et il se demande Que faut il en conclure Y eut il interruption presque absolue de la veine comique au th tre entre le temps de Philippe le Hardi et celui de Charles VII Ou bien les com dies du XIV si cle quelle que f t la forme qu elles avaient pu adopter soit qu elles rappelassent les satires et les pastorales d Adam de la Halle soit qu elles annon assent comme il est plus vraisemblable les farces et les moralit s du si cle suivant ont elles p ri tout fait sans laisser aucune trace La pr sence m me de notre fragment dans une reliure de terrier explique tr2. 30 Ms Com Le sens est videmment qu on 31 Ces deux mots sont pour moi incompr hensibles Peut tre ont ils t mal copi s dans notre fragment 32 Remettrai Le mot est suivi de certaynemant ratur et remplac par par cove nant crit par notre copiste 33 Donnez mwen trois 344 Forme hypercorrecte du pluriel d axonge saindoux dont F Godefroy Diction naire de l ancien fran ais t VIII p 202 donne trois exemples anciens 76 Si deux de ces mots ne se pr tent pas l tude de la localisation de notre texte du fait qu oton automne ne se rencontre gu re d apr s l Atlas linguis tique de la France en dehors de la Suisse romande qu en de tr s rares points de la Haute Savoie et de la Vall e d Aoste de m me que ola oula marmite d apr s le m me Atlas 3 n appara t que dans l Ain l Is re le nord du d partement du Rh ne la Dr me et la Vall e d Aoste alors que nous savons par d autres sources qu au moyen ge il tait bien connu en ancien fribourgeois en ancien dauphinois et en ancien lyonnais quelques autres de nos termes m ritent qu on s y arr te Fea brebis correspond videmment au f ye de la Suisse romande Mais une zone plus m ridionale du franco pro ven al conna t des formes bien plus proches de la n tre l Atlas donne en effet f ya dans les d partements de l Ain de l Is re et de la Dr me ainsi qu en
3. est sans int r t pour nous de remarquer que la liste des b n ficiers a t tablie post rieurement au terrier lui m me tant donn qu il mentionne d une part apud Sanctum Germanum Brunet dol Pasquer lequel para t sous le nom de Brunetus de Pascua en 1259 et en 1270 et qu il a d mourir avant 1302 1304 puisqu un texte parle alors du filio Bruneti dol Pasquer de Sa vesia 4 et que d autre part notre recueil donne le nom d un heres Lamber de Olmona correspondant la mention d une terram quam colebat quondam Lambertus d Ormuna figurant dans un relev des cens et revenus du chapitre de Sion dress entre 1267 et 1276 15 S il est donc possible que la liste des chanoines figurant la fin du terrier a pu tre dress e post rieurement la compilation de ce dernier s il est malheureusement exact que la mention du Willelmus dapifer du texte utilis par la couverture dudit terrier ne nous fournit qu une donn e approxi mative pour la datation du cahier de reconnaissances et approximative encore pour celle du fragment litt raire qui seul nous int resse il n en reste pas moins que quoi qu on fasse nous nous heurtons toujours aux derniers lustres du XIIIe si cle date qui s accorde merveille avec les donn es pal ographi ques pouvant servir la datation tant du terrier que des deux pi ces qui en constituent la couverture J ajouterai cependant que l criture de notre reste de rollet
4. Un fragment de r le comique datant du d but du XIV si cle retrouv dans un manuscrit d pos aux Archives cantonales du Valais Sion Paul AEBISCHER Les archives s dunoises sont connues des sp cialistes qui s occupent de l histoire du th tre m di val fran ais gr ce une pi ce fort importante qui y a t retrouv e la fin du si cle pass le fragment d un ancien myst re qui nous a conserv quatre vingt sept vers que B dier qui l on en doit la publi cation data de la premi re moiti du XIV si cle apr s qu il en eut examin tant l criture que la langue Comme ce texte est sans aucun doute peu connu en Valais et nous verrons pourquoi je prends la libert en guise de pro me de r sumer ici ce qu en a dit son diteur qui tait alors au d but de sa carri re scientifique comme premier titulaire de la chaire de litt rature fran aise l universit de Fribourg nouvellement fond e Ce fragment m est venu entre les mains d assez curieuse fa on Il y a quelque temps mon ami M le Professeur Franz Jostes de passage Sion y visitait la vieille glise de Val ria Dans une crypte soigneusement cach sous des pierres et du pl tre il trouva un vrai monceau de parchemins tout rong s par l humi dit du lieu Il y fouilla en fit s cher un grand nombre c tait un amas de pi ces d archives toutes crites en latin et qui paraissaient offrir de l
5. ar messages Quant nos duy somes biaz 8 sire Pierre Car danz de feyr ou danz de pierre 10 Avroyz oyant an cest outon Ben mangiez fea ou mouton De ce ly qu achetey vos aye Car deis chastrons je ne m emaye Gras e maygre menu e grous 18 Ms Quen sennye 17 Ms meschoyr 18 Beau Ce mot est suivi d un mot gratt et absolument illisible 19 Il s agit sans doute de l adv oan ouan en cette pr sente ann e 20 Automne 2 La lecture de ce mot n est pas s re Ms que achetey 233 Ms ie nen me maye Je ne m effraie pas cela m importe peu 42 15 VI emant mays il sont tous Si pou formant qu en aucun tans Ne puet un voyr se noyrs ou blans An myo de lour soyt gris ou ros S il ont feseyri ne la tos 6 20 An voustre afayre suy aploy e z 7 Mays je remayn li mal loyez 8 Et je vos pri que celz porchec C om puist mangier an secochez Aucy chapons avoy gelines 25 En un ola car les eschines Ou les chambes certeynemant Vos trametrey par covenant Tres men doneyz e les ensonges is menssonges Je ne surprendrai personne je pense si j avoue tout uniment que je ne pr tends pas avoir compris tout ce pauvre texte Qu est ce en particulier que le an secochez du vers 23 Je n en sais rien Tel qu il est notre fragment permet certaines conclusions qui nous allons le voir ne manquent certes pas d int r t Tout d a
6. bord s il est crit incontestablement en fran ais ce fran ais est assez fortement teint de franco proven alismes qui sont outon automne vers 10 fea brebis vers 11 grous gros vers 14 feseyri douve du foie des moutons vers 19 ola marmite vers 25 chambes jambes pattes vers 26 24 Cette mendation n est pas absolument assur e le ms a qe surmont du tilde lequel para t tre suivi de l abr viation pour cum suivie elle m me de deux jambages et d un u tild 25 Cette lecture n est nullement certaine seules les deux premi res lettres my sont nettes 286 S ils ont la douve du foie ou la toux Le mot feseyri dont j ai trait plus haut n est plus attest actuellement en franco proven al Mgr Gardette consult ce propos ne conna t pas ce terme 27 Ms aployz C est le part pass de aployer employer en ancien fran ais 28 Mais je suis toujours le mal pay c est dire celui qui re oit un salaire in suffisant 29 Mgr Gardette in litt traduirait je vous prie que vous pourchassiez ceux l et verrait justement me para t il dans porche une deuxi me personne ou du singulier ou du pluriel du subjonctif pr sent d un verbe correspondant l ancien fran ais porchacier il ajoute que l ancien lyonnais connaissait porchet action de pourchasser identique com me formation l ancien fran ais pourchas
7. de quelques ann es Bout de rollet qui contient vingt huit octosyllabes plus ou moins complets et un ou deux mots d un vingt neuvi me vers L criture elle m me est assez soign e le scribe a cependant oubli parfois des signes abr viatifs et il a mal copi sans le comprendre un mot que je ne reconstitue que par conjecture au vers 15 Malheureusement les premiers mots des vers 9 19 sont plus ou moins effac s et l utilisation des rayons ultra violets ne m a pas per mis d en compl ter la lecture d autant plus que tout le vers 9 ainsi que les vers 15 et 16 ont presque disparu du fait des trous et des d chirures qui g tent le fragment Il faut insister aussi sur le fait que ce dernier n est qu une copie une copie due un copiste qui n a pas toujours compris ce qu il trans crivait Dans le texte que je pr sente plus loin j ai us de v et de u de i et de j selon l usage actuel usage que j ai suivi aussi en ce qui concerne la ponc tuation et l emploi des majuscules D autre part j ai plac entre crochets car r s les lettres que j ai pens pouvoir ajouter et lorsque j ai proc d quelque amendement j ai donn en note la le on du manuscrit Et voici donc notre texte Mays il vos est venu a nos De moy e de Piere dou Pocce Qu ensennye 16 avons trestot ce A ce vos pooyz bien veoir 5 Car il n en puet pas mesch e Joyr 7 A prodome qui dos tant sages Tient par marchanz e p
8. e 25 cm environ de longueur sur 13 5 cm de largeur et c est ce fragment qui sur une face seulement la face actuellement interne con tient un texte qui tout comme celui du fragment B dier est en fran ais et en vers Inutile de remarquer que notre fragment de rollet car il s agit videmment d un bout de r le n est pas dat pas plus que l autre partie de la couverture laquelle manquent et les premi res lignes et la fin sans compter que les premiers mots de chaque ligne de ce qui reste ont t excis s et que le tout a t fortement endommag par l humidit Toutefois la partie encore lisible de ce document montre qu il s agit d un brouillon de testament ou peut tre mieux d un testament partiellement modifi en vue d tre re copi Testament dont le testataire tait incontestablement un eccl siastique poss dant une assez grosse fortune sans doute un chanoine de la cath drale 4 J B dier art cit p 86 5 Voir en particulier E Roy Le Myst re de la Passion en France du XIVe au XVIe si cle Dijon et Paris s d 1903 p 41 Le manuscrit de Sion de Sion il laisse en effet au chapitre de cette ville divers immeubles dont une grange qu il acheta a domino Willelmo domni episcopi Sedun dapifero ainsi qu une maison qui avait appartenu a Willelmo de Solneria et filio quon dam Nicholay Au m me chapitre il laisse encore tous ses autres biens meubles et i
9. i en cons titue un document d un int r t extraordinaire Nous avons vu tout l heure qu il a d tre crit au d but du XIV si cle Quel que soit le contexte dans lequel il s ins rait nous avons avec notre texte un des t moins les plus v n rables du th tre fran ais en langue vulgaire Que le lecteur veuille bien noter que pour l instant je ne parle que de th tre d une mani re g n rale sans sp cifier de quel genre comique ou dramatique il pouvait s agir Car il n est pas facile de pr ciser quel genre J Gilli ron et E Edmont Atlas linguistique de la France carte N 75 automne 3 J Gilli ron et E Edmont op cit carte N 818 marmite 37 Voir en particulier W von Wartburg Franz sisches etymologisches W rterbuch vol VII p 349 33 J Gilli ron et E Edmont op cit carte N 173 brebis J Gilli ron et E Edmont op cit carte N 585 foie 40 J Gilli ron et E Edmont op cit carte N 709 jambe P Aebischer La christianisation du Valais la lumi re de quelques faits linguisti ques dans Vallesia vol XVII 1962 pp 193 195 77 appartenait notre fragment Le r le de notre acteur n tait pas un r le unique en d autres termes il ne s agit pas d un bout de monologue puisqu il est question d un autre personnage qui devait sans aucun doute donner la r plique personnage d nomm biaz sire Pierre vers 8 lequel ne peu
10. il avait dot d une rente annuelle de cent sous mauriciens or il n est pas invraisemblable qu il ait r dig ce tes tament dans les derni res ann es de sa vie qui correspondraient l extr me fin du XIII si cle ou aux toutes premi res ann es du XIV En cons quence nous ne risquons gu re de nous tromper si nous attribuons notre testament ayant fini comme couverture au dernier quart du XIIIe si cle Nous disposons certes encore pour nous faire une religion du terrier proprement dit Mais c est que les huit feuillets qui constituent ce texte ne contiennent pas la moindre date eux non plus Il s agit videmment d un regis tre de reconnaissances en faveur d un tablissement religieux sans doute du chapitre de la cath drale les reconnaissances concernent un nombre consi d rable d individus habitant les environs de Sion les villages de Vernami ge Grimisuat Savi se St Germain Ormone mais je le r p te aucune n est dat e Seul le recto du dernier feuillet contient d une criture contempo raine celle des reconnaissances mais non identique celle du reste la mention In ista obediencia accipiunt isti canonici ainsi que d autres person nages la mention tant suivie d une liste contenant entre autres les noms de dominus Nicholaus de Bagnes Anthonius Hubodi dominus Nicholaus de E Mottaz Dictionnaire historique g ographique et statistique du canton de Vaud t II Lausa
11. int r t pour l histoire locale La plus ancienne de celles qu il examina tait dat e de 1290 d autres du XIV si cle la plupart du XV Comment se trouvaient elles en cette cachette Personne Sion n en sait rien Peut tre y ont elles t apport es par quelque ancien archiviste aux jours de l invasion fran 1 J B dier Fragment d un ancien myst re dans Romania 242 ann e 1895 pp 87 90 2 J B dier art cit pp 87 et 91 3 Le professeur Jostes tait titulaire de la chaire d histoire de l art dans la m me universit 71 aise puis quand le d partement du Simplon devint le canton du Valais l archiviste tant mort et l glise ayant cess de servir au culte nul ne sut retrouver le d p t jadis confi la crypte Au milieu de ces documents continue B dier M F Jostes remar qua un feuillet de parchemin seul de son genre car il tait crit en fran ais et en vers Avec l agr ment de deux conseillers d Etat qui l accompagnaient il l emprunta ainsi qu une douzaine d autres pi ces Il voulut bien me communi quer le fragment fran ais et fit part de ses autres trouvailles des rudits qui s occupent d histoire suisse Il faut croire que ces documents sont de m diocre valeur car depuis le temps coul ils ach vent si je ne me trompe de moisir au fond de leur crypte 4 Inutile de vouloir d terminer le sort qui a t celui des documents mis au
12. interdisait au copiste d crire sur les deux c t s du rouleau Guenille donc mais ch re guenille dirons nous avec le bonhomme Chrysale que notre fragment s dunois Non seulement parce qu il atteste l existence de pi ces comiques au d but du XIV si cle mais parce qu il r v le quelques d tails curieux et amusants sur la mise en sc ne dans le th tre de cette poque Du point de vue de l histoire litt raire ce mis rable bout de parchemin si nul qu en soit le texte n en est pas moins un des plus pr cieux joyaux que conservent les Archives de Sion 48 Sur ces pi ces en fran ais ou en patois voir mes tudes Le lieu d origine et la date des fragments en franco proven al dans Archivum romanicum vol XV 1931 pp 512 540 et L auteur probable des farces en franco proven al jou es Vevey vers 1520 dans Archivum romanicum vol XVII 1933 pp 83 92 4 P Aebischer Fragments de moralit s farces et myst res retrouv s Fribourg dans Romania vol LI 1925 pp 513 518 80
13. jour par Jostes le fait est qu plus d une reprise depuis quarante ans j ai tent d avoir des informations concernant le texte dramatique heureusement publi par B dier personne n en a jamais entendu parler Sans doute sa valeur litt raire tait elle des plus m diocres mais son int r t est de premier ordre pour l histoire des myst res et de leurs origines 5 du fait de la date m me qui lui est attribu e B dier a imagin qu il tait de provenance tran g re le fait est que la langue dans laquelle il est crit ne pr sente pas le moin dre franco proven alisme qui p t laisser croire qu il aurait t copi sinon compos Sion m me Mais nous allons voir qu en ce d but du XIV si cle cette ville appr ciait d j le th tre et que le fragment B dier n est pas le seul indice du go t des S dunois pour les manifestations artistiques de ce genre En effet dans le fonds Flavien de Torrent d pos aux Archives canto nales du Valais se trouve un manuscrit cot A T FL ms 3 de huit feuillets de parchemin larges de 12 cm et hauts de 22 em manuscrit qu avec son amabi lit habituelle M A Donnet a bien voulu me signaler et me confier momenta n ment Ce qui nous int resse directement est que ledit cahier a t muni d une couverture constitu e par un fragment de parchemin de 23 cm de haut sur 18 cm de large auquel a t cousu avec de la ficelle un autre fragment de parchemin d
14. labile lesdits acteurs s aidaient eux m mes Autour de l index de la main gauche ils tenaient enroul e une longue bande qui contenait le texte qu ils devaient r citer plus les derniers mots de celui des personnages auquel ils devaient donner la r plique A mesure qu ils parlaient ils d vidaient leur rollet et lorsque leur m moire avait un trou lisaient partie de leur r le Il s ensuivait donc que dans la pratique l organisateur d un spectacle pouvait commander au dehors ou bien le manuscrit ou plus tard l imprim complet de la pi ce qu il entendait faire repr senter ou bien seulement les rollets des divers acteurs Mais m me dans le premier de 43 L Petit de Julleville La com die et les m urs en France au moyen ge Paris 1888 p 42 4 G Cohen Histoire de la mise en sc ne dans le th tre religieux fran ais du moyen ge nouv dit Paris 1951 p 171 sqq 47 G Cohen op cit dit cit p 173 79 ces cas il prenait la pr caution de copier ou de faire copier chacun des r les que comportait la pi ce Nous avons de ce d tail un exemple typique avec le double texte d une farce ou d une moralit jou e sans doute Vevey aux alentours de 1524 8 j ai retrouv il y a pr s de cinquante ans aux Archives de l Etat de Fribourg une quantit consid rable de fragments de r les d acteurs ayant repr sent des pi ces en patois ou en fran ais et en particulie
15. me para t tr s l g rement j insiste sur ce tr s post rieure celle des pi ces que nous venons d examiner en attribuant celui ci la premi re moiti du XIV si cle je fais en r alit preuve d une telle prudence que j ose m me pr ciser que notre fragment date selon toute vraisemblance 1 J Gremaud op cit t II pp 431 1291 440 1292 451 1293 et 527 1299 Ces dates extr mes sont relev es galement par H A von Roten Zur Zusammensetzung des Domkapitels von Sitten im Mittelalter I Teil dans Vallesia vol I 1946 p 52 12 J Gremaud op cit vol cit pp 233 et 312 Voir galement H A von Roten art cit II Teil dans Vallesia vol II 1947 p 57 Petrus de Monjovet a d mourir peu apr s qu il eut fait son testament infirmus corpore le 28 f vrier 1297 J Gremaud op cit vol cit p 500 13 J Gremaud op cit vol cit p 86 1263 etc etc et p 455 1294 Cf H A von Roten art cit I Teil p 52 14 J Gremaud op cit vol cit pp 38 et 152 ainsi que p 123 15 J Gremaud op cit vol cit p 171 74 du premier quart de ce XIV si cle C est alors qu un notaire s dunois pour fabriquer une couverture au terrier aura tir de ce qui correspondait notre actuelle corbeille papier deux morceaux de parchemin qu il aura cousus l un l autre un projet de testament datant de 1300 environ et un bout de rol let post rieur
16. mmeubles l exception d un psalterium glosatum qu il donne aux Fr res Mineurs de Lausanne et de quarante sols mauriciens qu il l gue aux Fr res Pr cheurs de la m me ville Enfin il constitue une rente en faveur de l autel d di la Sainte Vierge saint Maurice et ses compagnons qu il rigea en l glise de Val re Etant donn que l glise des Dominicains de Lau sanne a t construite en 1234 et que c est en 1258 que les Fr res Mineurs c est dire les Cordeliers s tablirent dans la m me ville 6 il nous est interdit de dater notre testament d avant 1258 D autre part le dominus Willelmus domni episcopi Sedun dapifer appel plus souvent dominus Willelmus senes calcus sedunensis appara t dans de multiples documents partir de 1265 7 et jusqu en 1303 8 par contre en 1307 il est question d une domum quondam dnus Willermus senescallus Sedun preuve que ce personnage ne vivait plus cette date Et comme notre testament ou brouillon de testament le men tionne sans qu il le fasse pr c der du quondam fatal il est probable qu il est ant rieur cette date de 1307 Ce qui semble confirmer cette hypoth se est que nous poss dons une charte du 19 ao t 1301 dans laquelle ce m me domi nus senescalcus Sedun est dit avoir in testamento ultimo difi un autel in honore beati Anthonii et sancti Mauricii sociorumque sui infra ecclesiam beate Maria Sedun inferiorem autel qu
17. nne 1921 pp 54 et 55 7 J Gremaud Documents relatifs l histoire du Vallais t II dans M moires et documents p p la Soci t d histoire de la Suisse romande t XXX Lausanne 1876 p 99 8 J Gremaud op cit t III dans M moires et documents t XXXI Lausanne 1878 p 63 J Gremaud op cit vol cit p 130 10 J Gremaud op cit vol cit pp 21 22 73 Rarogne dominus Huldricus et Petrus de Moniovet Or en juger d apr s les textes publi s par Gremaud et la liste des chanoines de la cath drale de Sion dress e par M H A von Roten le chanoine Nicolas de Rarogne est mentionn entre 1291 et 1299 11 Anthonius Hubodi clerc et chanoine de Sion est d nomm Anthonius Huboldi clericus en 1279 et figure en compagnie pr cis ment de Pierre de Montjovet dans un acte de 1282 o il est question d Antho nium Hubodi et Petrum de Montejoveto canonicos Sedun Il s ensuit que la liste de b n ficiers ne peut tre ant rieure 1279 puisqu cette date Antho nius Hubodi n tait pas encore chanoine mais qu il est improbable qu elle soit post rieure 1300 tant donn que Nicolas de Rarogne n appara t plus apr s cette date En bref nous sommes avec ladite liste dans le quatri me quart du XIII si cle constatation corrobor e par cet autre d tail que Nicolas de Bagnes chanoine de Sion figure dans de tr s nombreux documents qui s talent entre 1252 et 1294 15 Il
18. op bien h las ce qui a d se produire partout une fois la repr sentation achev e les textes des r les ne pr sentant plus d int r t disparaissaient et ce n est que par suite d un hasard qui tient presque du miracle qu on en peut retrouver quelque trace dans une reliure Fin lamentable d autant plus pr visible que beaucoup de ces pi ces se transmettaient non point par un texte comprenant l ensemble de l uvre mais sous les esp ces de multiples rouleaux sur chacun desquels ne figurait qu un r le Sans doute Gustave Cohen a t il justement insist sur l importance qu avait lors des repr sentations des grands myst res l ordonnateur qui non seulement avait la charge des d cors de l enr lement des acteurs et de leur surveillance de la perception du prix des entr es et de tant d autres choses sans doute a t il dit que sur la sc ne il se multiplie livre en main b ton lev il sert de souffleur et de metteur en sc ne que c est lui qui porte le livre c est dire le texte complet du myst re que l on repr sentait Mais ce livre n existait que pour les spectacles importants lorsqu il s agissait de simples farces de dialogues de peu d tendue les choses se passaient autrement de fa on bien moins compliqu e Etant donn que le souffleur tait un auxiliaire alors inconnu et que la m moire des acteurs m di vaux comme celle de leurs successeurs modernes tait parfois
19. r un fragment imprim d une moralit sans titre ainsi que trois fragments manuscrits l criture est de la seconde moiti du XV si cle d un r le f minin celui de la Fille qui apparaissait d j dans le fragment imprim Sans doute ces deux textes l imprim et le manuscrit ne se superposent ils pas sans doute la partie manuscrite du r le en question ne rend elle pas une partie du texte imprim elle ne fait que la continuer et la continuer incompl tement N emp che que cette menue d couverte montre que quelqu un l impresario dirions nous aujourd hui poss dait le texte imprim complet de la pi ce et que d autre part il recopia chacun des r les sur des rollets qu il confia aux diff rents acteurs Mais si l ensemble des fragments d couverts Fribourg prouve la fr quence de cet usage vers 1500 alors que naturellement ces rollets taient des bandes de papier cousues les unes aux autres dans le sens de la longueur notre fragment s dunois suffit d montrer que l utilisation des rollets tait bien plus ancienne puisque alors que le papier tait pratiquement inconnu on n h sitait pas employer le parchemin Car pour prouver que notre texte est bien un d bris de rollet et non pas celui d un texte complet d une pi ce de th tre quelconque il n y a qu remarquer que l on ne l a utilis que sur l une de ses faces son mode d emploi m me
20. t tre que ce Pierre dou Po ce mentionn au vers 2 Vers qui au surplus fait tat de deux comp res tant donn qu il dit De moy e de Piere dou Pocce de m me que le vers 8 a clairement Quant nos duy somes biaz sire Pierre quand nous sommes deux beau sire Pierre Mais cela tabli nous ne sommes gu re plus avanc s S agit il d un fragment de r le de fou servant par exemple d introduction un myst re Ou d un fragment d un simple dialogue comique La premi re de ces hypoth ses ne peut tre cart e sans autre tant donn que d j dans la Passion du Palatinus texte tr s proche du fragment s dunois publi par B dier on a un r le comique celui de l H te et qu au surplus c est un fait bien connu que dans les myst res plus r cents r les et pisodes comiques se font de plus en plus nombreux Qu il me suffise ici de citer les r les du Badin et du Fou r les dans lesquels les allusions la mangeaille foisonnent du Myst re de saint Martin v que de Tours jou Saint Martin la Porte pr s de Saint Jean de Maurienne en 1565 Mais c est l il faut l avouer un cas s par du n tre par deux si cles et demi si bien qu une autre hypoth se me para t meilleure du moins pour l instant nous aurions dans notre fragment le reste d un de ces dialogues dont le plus connu est Le Gar on et l Aveugle pi ce qui daterait de 1276 en croire M R Le
21. un point du Rh ne Feseyri douve du foie m a tout l air d tre un d riv en aria d un fese foie qui se retrouve sans doute dans le f dze de la Suisse romande mais mieux encore dans le f dho de la Haute Savoie de la Savoie du point 924 de l Ain 3 Le pluriel chambes avec son ch initial qui s oppose au j du jambes fran ais correspond un type qui occupe toute la moiti sud de la France et qui est normal en particulier en franco proven al o on le rencontre en Suisse romande dans le sud du Doubs du Jura et de la Sa ne et Loire ainsi parfois avec un d veloppement un peu aberrant en Haute Savoie et en Savoie dans l Is re et quelques points plus m ridionaux Il r sulte de ces observations que s il est impossible de localiser exacte ment la provenance de notre fragment au moyen de crit res lexicologiques nous pouvons cependant admettre que l auteur de la pi ce ou du moins le copiste de celle ci devait tre plut t que Valaisan ou Suisse romand origi naire d une r gion m ridionale peut tre venait il des environs de Lyon ou m me de Valence J ai dit nagu re que le christianisme s tait introduit en Valais en partant de Lyon et en remontant le Rh ne bien plus tard la litt rature a d suivre la m me route Lyon tant au moyen ge le centre spirituel le cerveau du franco proven al Mais c est surtout la date vraisemblable de notre fragment qu
22. vy A quelque genre qu il appartienne d ailleurs et si nulle que soit sa valeur litt raire notre fragment pr sente un int r t historique incontestable Avec celui qu a publi B dier il t moigne en premier lieu de la faveur qu avait la population s dunoise pour les repr sentations th trales en ce lointain d but du XIV si cle repr sentations tant de pi ces religieuses que de pi ces comiques Mais son importance n est pas que locale par sa date m me il constitue un jalon dans une poque pour laquelle nous sommes bien mal renseign s en ce qui concerne le d veloppement du th tre et particuli rement 42 Voir Gr Frank La Passion du Palatinus myst re du XIVe si cle dans Classiques fran ais du moyen ge N 30 Paris 1922 pp III et VI note 1 L diteur op cit p X dit propos de cette pi ce qu elle pourrait dater du XIIIe si cle mais que les remaniements dont elle a t l objet sont du commencement du XIVe 43 Le texte de ce myst re a t publi par Fl Truchet Histoyre de la vie du glorieux saint Martin dans Travaux de la Soci t d histoire et d arch ologie de la Maurienne vol 5 1881 pp 200 367 Jen ai moi m me reproduit les tirades en patois dans ma Chrestomathie franco proven ale dans Bibliotheca romanica edendam curat W von Wartburg series altera Scripta romanica selecta III Berne s d 1950 pp 77 81 44 Le Gar on et l Aveugle jeu du XIIIe si cle
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