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1. encourager leurs d marches les valoriser tout en les engageant faire mieux Il ne s agissait pas de leur faire r aliser des prouesses mais que chacun am liore son intervention au fur et mesure des s ances Il s agit l d un vrai travail sur la gestuelle tre pr cis faire joli mais aussi sur la notion de libert est ce que la libert c est faire ce que je veux comme je veux ou bien c est au sein de contraintes fortes parvenir faire ce que je d sire Les enfants ont dit avoir ressenti une impression de libert au cours de la s quence je leur ai fait remarquer qu il y avait cependant beaucoup de limites pos es Ils m ont r torqu que justement c est a qui est bien dans les limites tu nous a laiss s faire ce qu on voulait De l comprendre que les limites sont fondatrices de l id e m me de libert et que sans interdits pas de libert il n y avait qu un pas qu h las nous n avons pas eu le temps de franchir 2 Apprendre faire et go ter le silence Qu est ce qu on entend dans le silence leur ai je demand On entend mieux ce qu on veut faire m ont ils r pondu C est une r ponse qui rend bien au silence la valeur qu il peut avoir pour des apprenants l opportunit de se recentrer O j en suis O je veux aller Quels moyens j ai ma disposition etc J ai constat que2. Mais il y a derri re cette vision des choses une image d Epinal sur cette image les l ves sont peu nombreux et civiques Dans une classe surchauff e tous les sens du terme avec des l ves survolt s la question de l autorit se pose de mani re envahissante presqu tout instant Certes c est rassurant l autorit Mais pour un peu courte qu elle soit cette affirmation t moigne de mani re provocante d une interrogation qui demeure pour moi sans r ponse quelle est la place que nous devons vraiment faire la relation d autorit de quelle autonomie enfantine parlons nous vraiment quels pans de l ducation sont authentiquement abord s galit avec les l ves Car on voit bien sur le terrain que nous avons souvent recours une autorit incontestable surtout avec des enfants qui d bordent tout instant et rendent le fonctionnement de la classe p rilleux Assieds toi et coute moi On sait bien ou apres avoir expliqu patiemment et clairement qu il faut descendre l escalier en rang sur le c t droit pour laisser aux autres la place de monter il demeure imp ratif de l ass ner p remptoirement et multiquotidiennement si l on souhaite vraiment que cela passe infimenent dans le domaine de la r alit Y a t il l exc s d autorit D viance paramilitaire Il y a donc un dilemne pour socialiser mes l ves c est dire les aider devenir
3. tais alors animatrice p ri scolaire Paris dans une cole maternelle coinc e entre le p riph rique et le boulevard ext rieur 20 Certains enfants taient maltrait s beaucoup taient suivis sur le plan psychologique Vu l ge des enfants il n tait pas vraiment question de violences verbales r p t es envers les ducateurs et les comportements pathologiques taient encore suffisamment embryonnaires pour que nous puissions y faire face sans trop handicaper le fonctionnement g n ral des groupes Mais il s agissait cependant d enfants en perte de rep res souvent perturb s brutaux fatigu s et d un niveau d expression orale tr s sommaire Or ils pouvaient faire preuve d une grande capacit acqu rir de multiples comp tences Je pla ais pour ma part en pr alable aux activit s une grande exigence quant au calme et l attention Cela n cessitait un rapport de force clairement d fini C est l ducateur qui commande et un recours permanent cette autorit de fait Je prenais la peine de justifier cet imp ratif de discipline aux yeux des enfants une bonne fois pour toutes c est la condition d tre pos s que nous pouvons r aliser des choses int ressantes Une sorte de contrat tait pass les enfants respectaient la discipline de l ducateur qui les reposait d une existence souvent anarchique et celui ci en retour proposait des activit s gratif
4. avec les l ves de l cole Jules Simon rue de la M diterran e Montpellier nous tions convenus apr s une vraie bagarre de cour et un vrai d bat en classe et nous l avions copi dans le cahier du jour que celui qui est le plus fort ce n est pas celui qui frappe mais celui qui arrive s en emp cher M me les jeunes enfants sont non seulement concern s par ces questions mais tr s int ress s et aptes en d battre Qu est ce qu un tre humain Ouest ce que le bonheur sont des questions qui permettent de red finir une morale avec les l ves Cette r flexion est le contre pouvoir d une culture pub et d un matraquage id ologique qui tentent de leur imposer le tee shirt Nike la Game Boy et le sac Eatspack comme les attributs n cessaires et suffisants du bonheur A cet gard nous sommes plus que jamais et encore les hussards de la R publique une r publique mise mal fondamentalement non par les petits barbares qu on pr tend qu ils sont mais bien par une partie de la soci t incarn e par des faiseurs d argent en tout genre dont beaucoup ont pignon sur rue Les enfants sont m me d entendre que ce qu on leur propose via la publicit et certains films am ricains est un peu court comme nous savons nous m mes que notre r ussite ne s incarne pas dans la consommation quotidienne de caf Grand m re et la possession d une voiture ch re Je ne p
5. dans le cas d accouchements violents la mise en lumi re de certains aspects de cette vie sociale comme le poids et la valeur des paroles prof r es ou l importance de ce qui est abouti engendre des tensions qui peuvent para tre nous mettre en contradiction avec nos objectifs La finalit 34 de l enseignant demeure de promulguer une certaine forme d tre social riche de ses savoirs et de ses savoir tre 35 BIBLIOGRAPHIE GOLDING William 1954 Sa Majest des Mouches Gallimard IMBERT Anne Marie et Francis 1973 l Ecole la recherche d une nouvelle autorit Bourrelier Education Armand Colin LE GOFF Jean Pierre 1999 la Barbarie douce La Decouverte MEIRIEU Philippe l Ecole mode d emploi 1985 ESF et l Ecole ou la Guerre civile 1997 Plon MICH A Jean Claude 1999 l Enseignement de l Ignorance Climats UNIVERSIT D T juillet 1997 Clermond Ferrand Construire la loi l cole CRDP d Auvergne VARELA Francisco J 1996 Quel savoir pour l thique La d couverte 36
6. doit raconter aux enfants de cycle 3 en quoi cela 15 consiste concr tement de quelle horreur il s agit comment toute dignit y est bannie combien tout cela est loin de toute id e de bonheur de toute id e d honneur Cela suppose un travail de r flexion avec les enfants sur des questions aussi essentielles aussi fondatrices de la morale que celles du bonheur de la dignit de l amour et plus particuli rement de l honneur On ne peut alors chapper la question pr alable de la conscience on peut lire en classe avec les l ves la lettre de Manoukian sa femme tant pis tant mieux si tout le monde pleure qui dit Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand Ce perdant quand on meurt c est qu on a tout perdu est en fait le vainqueur de ses bourreaux parce que sa conscience reste au dessus de leur indignit On doit r fl chir avec les enfants cette question de la conscience sans laquelle toute morale risque d tre trop souvent vaine Il faut faire comprendre aux enfants que la morale ne se juge pas l aune d un bonheur apparent imm diat mat riel mais l aide de crit res d un autre ressort du ressort de lhumain au sens o Aristote le d finit un animal politique c est dire un tre vivant dans la cit des hommes un homme avec les autres hommes Dans notre monde en effet celui qui gagne n est pas n cessairement celui qu on croit
7. gef hrdet somit die soziale Integration Eine m gliche Antwort w re es der Sozialisation unserer Sch ler im Laufe ihrer schulischen Karriere einen gr sseren Platz einzur umen Die vorliegende Arbeit die das Thema auf keinen Fall ersch pft versucht die Wurzeln dieser Entsozialisierung zu verstehen und einige konkrete Eingriffsm glichkeiten aufzuzeigen das heisst durch das Praktizieren einer k rperlichen Ausdrucksweise in diesem Fall der Tanz Mots cl s Repr sentation sociale Sujet Socialisation Morale Valeurs Autorit Mention et opinion motiv e du jury Sommaire PR LIMINAIRE eee p 5 B REFLEXION TH ORIQUE 1 Pourquoi ce choix de sujet p 5 2 Un bref historique ege ere eegene se p 6 3 Conna tre les l ves p 10 4 Socialiser moraliser p 11 a La loi et les morales b La morale de combat c Socialiser pourquoi C PRATIQUES E p 19 1 Une pratique ant rieure p 20 2 Une s quence de danse en CE2 CM2 n annanna p 22 a Descriptif du travail b Analyse de la s quence au jour des objectifs de socialisation 3 Des changes langagiers p 29 RR RI ENEE p 32 A PRELIMINAIRE En pr alable il me semble n cessaire de rapp
8. histoire son temp rament sa culture L accumulation de capital des fins personnelles pour tout fait l gale qu elle soit n en n est pas moins immorale pour un communiste L homosexualit heureusement parfaitement l gale est encore de nos jours condamn e par certains sur le plan de la morale S armer de pied en cape pour se prot ger d un ventuel cambrioleur n est pas l gal mais se justifie pleinement pour certains sur un plan moral 13 Et pour revenir plus pr s des pr occupations enseignantes telle attitude en classe haussement d paules refus de r pondre insulte prof r e voix basse sera selon la morale du professeur admissible ou non Chacun est juge de ce qu il pourra ou non admettre en classe et de ce qu il professera comme tant moral C est pourquoi deux points concernant la transmission d une morale me semblent importants e Tout d abord on ne peut pas faire en tant Ou enseignant l conomie d une v ritable tude introspective quelles sont mes valeurs et sont elles vraiment justifiables Par exemple moi en tant que femme je serai peut tre plus sensible qu un enseignant aux atteintes sexistes et par l m me plus vigilante Je m assume clairement comme f ministe et je dois donc tre capable de d velopper sur cette question une strat gie p dagogique et un argumentaire convaincant Il en est de m me pour la plupart des valeurs qui n
9. humour et humanit ils siv plient souvent de bonne gr ce b La morale de combat La seconde question qui se pose en ce qui concerne la transmission d une morale l cole peut se d composer en deux sous questions e Comment argumenter de la n cessit d une bonne morale aupr s d enfants auxquels leur existence prouve quotidiennement que les plus forts les plus heureux sont les plus immoraux e L acquisition d une morale gr ce l cole les rendra t elle plus forts dans cette soci t plus gaux cf M Verdeilhan La langue que nous leur apprenons doit elle leur servir communiquer gentiment Ne doit elle pas aussi leur servir se battre dans un monde qui d truit ceux qui ne se battent pas En bref existe t il une bonne morale de combat C est dire peut on les armer pour qu ils ne deviennent pas les m mes victimes sociales que leurs p res tout en les aidant devenir de vrais citoyens la fois critiques et respectueux de la loi r publicaine Je r pondrai ainsi ces deux aspects de la question et cette r ponse est aussi un argumentaire destination des l ves D abord ceux qui semblent si forts autour d eux dealers et ca ds en tout genre sont ils heureux Comment et par qui sont ils aim s respect s Que vont ils devenir dans la dur e Je connais quelqu un qui a fait r cemment trois mois de prison Villeneuve les Maguelone On
10. image globale de ce travail ils savent que sur un film on a une vision g n rale Je pensais que cela les aiderait construire le mouvement d ensemble 8 Etre gratifi dans un domaine nouveau la qualit du travail et la conscience qu en ont les enfants sont saisissantes et donc appr hender positivement l univers de la danse Il s agit bien d un objectif socialisant en ce sens que la culture dans laquelle ils baignent en g n ral ne favorise pas toujours une ouverture vers d autres p les sociaux que les leurs La s quence d crite ne changera certes pas la face de leur monde mais il s agit bien cependant d une fen tre ouverte vers une autre culture et qui plus est ouverte par eux m mes puisqu elle leur a travers le corps La projection de la bande vid o a t importante pour eux Mais presqu un mois s tait coul depuis la fin de la s quence et j ai d faire 3 visionnages pour leur permettre de d passer certaines attitudes je ne regarde que moi m me je me moque des autres J avais choisis de parler de l activit au fur et mesure qu elle se construisait pour qu au stade du visionnage ce ne soit plus qu un cadeau sans imp ratif d analyse de retour en arri re Je voulais que ce travail se solde pour eux par un moment de plaisir gratuit une gratification pleine et enti re Je crois que c est le propre de toute activit de ce type chor graphie th tre mus
11. les enfants de milieux sociaux d favoris s devenir des apprenants c est dire des individus aptes recevoir et construire des savoirs et surtout des m thodologies d apprentissage La r flexion et l exp rience m ont amen e cotoyer cette r ponse autour de laquelle s articulera mon m moire avec une p dagogie tr s socialisante parce qu on ne r ussit dans une soci t qu la condition d tre convaincu d appartenir celle ci de s identifier elle et moralisante parce ce qu on ne devient sujet d une telle soci t qu au travers de l acceptation d un certain nombre de codes Le pr alable tant bien s r de consid rer l enfant comme un sujet part enti re parce qu on ne Va jamais vers rien ni personne si on n a pas au d part une bonne image de soi Valoriser socialiser et moraliser me paraissent devoir accompagner toute p dagogie soucieuse de refuser l in luctable ghetto sation de l enseignement c est dire le maintien d une scolarit deux vitesses celle des riches et celle des pauvres En effet tout enfant est a priori et quelle que soit sa r alit sociale un apprenant potentiel Ou plus prosa quement tout enfant est dot d une curiosit immense Cependant l tude statistique l exp rience et les recherches en sociologie de l ducation montrent que de nombreux enfants issus de milieux d favoris s r
12. m me si ne nous leurrons pas la peur du gendarme est un garde fou qui nous sauve tous un moment de notre existence d un acte hors la loi moins d tre un ange Mais faire sentir aux l ves l extr me gravit de certains propos est imp ratif nous travaillons avec des enfants encore jeunes et impressionnables apr s c est plus difficile qui d autre que nous le fera Moraliser c est donc ici rappeler la loi au travers de mots choisis d images fortes convaincantes C est en amont de l interdit formel dans lequel ils vivront toute leur vie transvaser au plus profond d eux m mes cette certitude dans laquelle nous sommes que sans loi le bonheur serait impossible Il faut convaincre Thomas que lorsqu il r pond une gifle de Samira par un coup de pied dans le tibia c est son bonheur lui qu il met en p ril Et faire comprendre Djamil qui traite la s ur de Pierre de putain que ce sont toutes les s urs du monde qu il insulte dont les siennes Moraliser c est mettre en exergue quotidiennement un ensemble de valeurs qui sans tre forc ment explicit es par le Code p nal n en demeurent pas moins constitutives d une certaine id e de l tre humain Quel tre humain quelle id e quelles valeurs Et quel enseignant devrais je dire tant il est vrai qu au del d un corpus commun la morale est une vaste boutique o chacun s habille sa mani re selon son
13. m mes 4 Rester immobile Apr s la phase dans e l l ve doit s immobiliser totalement Devenir immobile ici c est s effacer pour laisser l autre appel par l enfant lui m me le r le principal C est aussi se priver de le regarder de comparer de moquer de juger ou m me simplement de profiter L l ve doit admettre qu il n est pas spectateur mais acteur il est l pour donner pas pour prendre C est enfin sur le simple plan des apprentissages moteurs savoir faire taire l impatience du corps bouger toujours c est comme je leur ai souvent dit souvent mettre le cerveau dans la t te au lieu d tre command toujours par les pieds ou les bras 5 Apprendre que les autres sont touchables quels que soient leur ge j avais des CE2 et des CM2 m lang s leur sexe leur culture 26 Cela pour moi c est fondamental Le principe est le suivant l autre m est proche plus proche que diff rent Il est ami avant d tre ennemi au pire il ne m est rien mais dans tous les cas le toucher est possible nulle barri re n est infranchissable On sait ou apres de Sarajevo la Sierra Leone en passant par le sud de l Espagne la vie d joue tout cela ta religion ta peau ton camp feront de toi mon irr ductible ennemi avant m me que tu m approches et m me parfois apr s avoir t mon voisin et ami Raison de plus donnons leur les bases d
14. mon cheminement ult rieur en mati re de p dagogie J avais vingt ans je n avais aucune formation dans ce domaine et il s agissait de g rer au mieux un groupe tr s cons quent d enfants en grande difficult sociale L int r t de pr senter m me tr s succintement cette exp rience aujourd hui est d en rep rer les pratiques empiriques qui sont l origine des id es d velopp es dans ce m moire La deuxi me pratique relat e la plus cons quente est r cente J ai choisi d illustrer mon propos par une s quence de danse je pr f re cette appellation celle plus cibl e d expression corporelle car il s agit somme toute assez peu d expression au sens o on l entend dans ce domaine J ai trouv que cette s quence contenait suffisamment d objectifs en relation avec la socialisation des l ves pour que son analyse en claire des concepts essentiels tels que celui de construire ensemble La troisi me exp rience que Ia choisi d exposer est une sorte de condens exemplaire du type d intervention langagi re que j ai pu avoir avec les l ves autour de questions li es la probl matique de la transmission d une morale 1 Une pratique ant rieure J ai travaill il y a vingt cinq ans avec de petits enfants issus de familles en tr s grande difficult sociale parents alcooliques m res abandonn es sans ressources Africains r cemment d barqu s de leurs lointains villages J
15. place d une morale Celles ci me semblent constituer une piste tr s int ressante dans la lutte de l enseignant contre l in galit des chances Dans ce m moire j ai donc tent de traiter la notion sp cifique un peu oubli e dans les ann es 1970 celles o ont grandi c est important de le rappeler les parents de nos l ves ainsi que les enseignants fra chement dipl m s notion encore un peu maudite et ringarde quoique remise au go t du jour de pr occupation morale Il s agit d une pr occupation morale double rendre aux enfants de pauvres une id e d eux m mes porteuse reconna tre en eux comme le pr conisait Freinet dans un autre contexte des sujets part enti re et assumer face eux la fonction d ducateur moral 3 Les conna tre Qui sont ils d o viennent ils et qu est ce qui peut bien les s parer trop souvent du plaisir de comprendre de la n cessit d apprendre du bonheur de retenir 10 Si personne chez eux n a t en mesure de les convaincre de l importance de l acte d apprendre c est bien s r nous enseignants que cette mission incombe Mais sommes nous bien convaincus nous m mes de la priorit de l acte d apprendre ou plut t n en sommes nous pas convaincus depuis si longtemps depuis toujours nous qui sommes majoritairement issus de milieux o la culture se d livre au biberon que cet acte de convaincre bien souvent no
16. une autre attitude donnons leur voir autre chose rendons les plus intelligents J ai observ l aussi une progression remarquable au cours de la s quence Au d but les enfants s alignaient en rang d oignon une main sur le coude du voisin le contact tait minimal l engagement physique tr s restreint J ai tent de les convaincre de la pauvret de l ensemble de sa monotonie Je leur ai rappell qu ils taient constitu s de plein de facettes et que en jouant sur les positions et les contacts ils pouvaient constituer une grande statue belle et compliqu e Je leur ai demand de ne pas se placer par rapport moi mais d tre entre eux Je suis toujours tonn e de voir combien ces enfants sont peu blas s combien ce type d argument Vous pouvez faire de tr s belles choses est porteur pour eux Tr s vite ils inventent de nouvelles mani res d approcher l autre couch sur le sol une main entourant sa cheville par derri re les deux mains sur ses paules devant lui un bras rejet en arri re vers sa main Au fil des s ances une vraie statue s labore jamais la m me faite de leurs corps immobiles et extr mement divers dans leur posture Le contact est progressivement assum parce que leurs inhibitions et leurs rejets s effacent derri re le projet chor graphique qu ils s approprient avec une tonnante bonne gr ce 6 Apprendre et go te
17. y a l place pour une r flexion sur la culture le sens et l importance de l acquisition d une certaine culture pour les l ves Il doit tre possible de les convaincre que plus on est comp tent plus ais ment on trouve place dans la communaut humaine On peut m me l exprimer de mani re plus brutale de fa on tre entendu On do te de vous on vous rejette on ne croit pas en vous Relevez le d fi Montrez de quoi vous tes capables R ussir en volant en frimant en dealant c est un truc de minable de pauvre type Les vraies femmes les m prisent Un jour ou l autre leurs copains les lachent Les vrais durs ce sont ceux qui se battent pour de vrai pas avec les poings mais avec la t te Etc On peut et on doit inverser le syst me de valeurs de certains enfants tout en utilisant une partie de ces valeurs l honneur la force le courage Un vrai mec ne se r sume ni son blouson ni ses clopes ni son couteau le vrai mec n a besoin de rien de tout cela au fond Il se domine met sa force au service du faible et surtout il acquiert des comp tences pour occuper la place qu il m rite dans la soci t Cette morale construite et mise en d bat chaque jour avec les l ves qui n mane pas de normes du bien ou du mal dict es d en haut par des sp cialistes 17 de l thique cf Varela d j cit est bien une morale de combat C est une mora
18. IUFM DE L ACAD MIE DE MONTPELLIER CENTRE DE MONTPELLIER LA SOCIALISATION PAR L COLE DES ENFANTS EN PERTE DE REP RES MORAUX En quoi la socialisation des enfants en particulier ceux qui sont issus de milieux sociaux d favoris s est elle une mission essentielle de l cole d aujourd hui Auteur Nadine RAGUET Directeur Marc Durand Assesseur Niveau scolaire cycle 3 Ecoles Jules Simon et Marc Bloch Les Tours Montpellier Ann e de soutenance 1999 2000 On observe de la part de nombreux l ves une perte de rep res moraux qui se solde dans les classes par un climat souvent peu propice aux apprentissages Ce ph nom ne ne fait qu aggraver l in galit des chances en mati re de r ussite scolaire et donc d int gration sociale Une r ponse possible est probablement de donner une place accrue la socialisation des l ves dans nos enseignements Ce m moire qui ne pr tend nullement l exhaustivit tente de comprendre les racines de cette d socialisation et de donner quelques pistes d intervention concr te en particulier au travers d une exp rience dans la discipline de la danse Bei zahlreichen Sch lern kann man einen Verlust an moralischen Anbhaltspunkten feststellen der sich in den Klassen vor allem in einem schlechten Lernklima ussert Dieses Ph nomen verschlimmert deshalb umso mehr die Chancengleichheit in Bezug auf das Gelingen der schulischen Laufbahn und
19. avec le poing et que quelques l ves jouent les engraineurs dans leur langage ce sont ceux qui excitent les opposants je tonne un Silence propre r veiller un mort Je rappelle que cette sc ne d une grande violence a dur 4 secondes e LL change J impose un silence absolu Je foudroie les deux protagonistes du regard regard dans lequel je fais passer toute l horreur et m me un peu plus de ce que m inspire ce que j ai entendu L ensemble des l ves est fig dans une attente anxieuse Je marque des temps de pause importants pour pour donner un poids tr s cons quent ce qui se dit L enseignante E Ce que tu as dit Hamza a veut dire quoi Houari a veut dire faire l amour E Toi tu fais l amour avec ta m re Hamza Hamza tr s choqu Ah non E Pourquoi Nabil C est interdit ma tresse c est mal E C est mal pour qui Hamza Hamza se tait col re rentr e Nasserdine C est mal pour ma m re il a trait ma m re Hamza T as trait ma grand m re E Il l a fait apr s on va en parler Thomas Ma tresse niquer c est pas faire l amour c est violer E Ah mais c est grave Tu veux un monde o on viole les mamans Hamza c est a que tu veux Tu veux qu un de ces quatre on viole ta maman Hamza Ah non c est trop moche Et lui il dit qu il fait je sais pas quoi ma grand m re
20. belles choses que vous pourrez faire ricanements pars Tu n es pas d accord Miloud Achraf Si si c est comme quand j avais dit que le bonheur c est l amour ils ont rigol et apr s ils taient d accord que quand on fait l amour c est pour s aimer et tre heureux de bonheur sic E Donc vous salissez une belle chose avec un mot qui est nul Ensuite vous salissez les mamans et les grands m res vous insultez votre propre maman Et en plus vous vous abimez vous m mes vous vous faites du mal vous m mes Continuez c est super Nasserdine Je m escuse apr s lui ma tresse Hamza S il le fait plus je le ferai plus non plus Promesses qui ne valent que jusqu la prochaine fois Nous avons pass 20 minutes d nouer cet accident mais ce genre de sc ne s est r it r e en moyenne 2 ou 3 fois par semaine pour des coups des gestes des insultes en r alit de petits pisodes similaires mais trait s en moins de temps taient quotidiens La relation de cet pisode me semble importante en ce sens qu elle illustre bien ce que peut tre la pratique quotidienne d un enseignant en mati re de moralisation Ce dernier terme pour contestable qu il puisse appara tre dit bien le r le dont j entends parler ici c est dire celui de r f rent social 31 D CONCLUSION Ce qui appara t peu dans l analyse que j ai faite de la s quence de danse r alis e e
21. ce questionnement sur l autorit que j ai exp riment e l poque sans avoir l interroger vraiment qui m a amen e la probl matique de la socialisation Cette autorit pr alable ne servait en effet qu instaurer un climat apais propice aux activit s Et je pense aujourd hui que c est sous l clairage de la morale que ce climat prend sens aux yeux des enfants 2 Une s quence de danse en CE2 CM2 J ai fait mon premier stage en responsabilit dans une classe de l cole l mentaire Jules Simon Montpellier Le quartier proximit de la gare fait partie d une zone en r habilitation La classe se composait de 25 l ves d origine sociale assez peu m lang e Hormis 2 ou 3 enfants de cadres la grande majorit des l ves provenait de familles revenus faibles voire tr s faibles monoparentales pour un tiers d entre elles et d origine magr bine pour plus de la moiti Ia d sir mettre sur pied une s quence de danse la suite d une observation men e dans une classe de CE2 cole Jean Moulin Montpellier de profil similaire J avais t s duite par la beaut de la chor graphie r alis e chor graphie dont manait une impression de paix et de partage remarquable dans ce type d activit et de milieu scolaire Je suis donc partie de ce que j avais observ qui tait alors en phase finale une mise en spectacle collective J ai remont le fil ma mani re re
22. certaine lite populaire se d gageait de ses rangs mais n est ce plus le cas aujourd hui De nouvelles p dagogies ont alors vu le jour qualifi es de constructivistes en ce sens qu elles privil gient la construction du savoir par les enfants eux m mes au travers de leur mise en projet de diverses et parfois syst matiques mises en situations probl mes du d veloppement de leur autonomie pour tenter de parer l in galit des chances face l acquisition du savoir Dans le souci honorable pour certains les p dagogues d galiser les chances et moins avouables pour d autres les capitaines d industrie d adapter les apprentissages aux nouveaux besoins du march on a r form ou tent de r former les m thodes d enseignement dans le sens de ces p dagogies constructivistes On a plac ou cru placer l enfant au centre des apprentissages Les p dagogues pensaient ainsi accro tre les chances des plus d munis la primeur des m thodologies sur les contenus fournirait tous les l ves sans distinction de sexe de culture ou d origine sociale la possibilit d acqu rir par eux m me au long de leur existence les contenus disciplinaires Et d autres avaient pour objectif d accro tre les capacit s d adaptation des futurs salari s aux volutions de plus en plus rapides et draconniennes du monde du travail Mais la r alit a peu volu en 1960 un fils d
23. cole ou la Guerre civile Quelles propositions de r ponse ces auteurs apportent ils la probl matique de l in galit des chances en mati re d apprentissage Car faut il rappeler que ce qui en d finitive sanctionne le parcours scolaire des individus est plus que jamais du ressort de leurs origines sociales et non de leurs pseudo et suppos es comp tences inn es Les enfants d aujourd hui qu ils s appellent Radoine Bastien ou S kou sont encore moins adaptables l univers scolaire que ne l taient les enfants de Jules Ferry Les Trente Glorieuses ont en effet accouch d un univers que les p dagogues de 1950 n imaginaient pas Les enfants des classes populaires d aujourd hui sont bien plus souvent des enfants d exclus sociaux que des enfants d ouvriers Ceux ci avaient une repr sentation sociale qui leur accordait une future place dans le monde place d ouvrier de man uvre d artisan Ceux d aujourd hui ont souvent un grand fr re qui deale un p re ch meur une m re qui ne s en sort pas des parents d pass s qui ne punissent jamais ou qui frappent trop souvent et des grands parents qui v g tent tristement dans un village d sormais d sert Ils ont d s lors des rep res essentiels brouill s la valeur du travail du r le social de chacun de l effort du partage du silence voire la valeur m me de l autre Faire tourner des ateliers valo
24. de mani re ferme il s agit d un travail comme un autre sa n cessit ne se conteste pas et rassurante Ce n est pas vraiment de la danse comme vous l imaginez ce n est pas difficile on ira doucement 2 Je compl terai au fur et mesure l analyse de ce travail l cole Jules Simon par les observations faites La Paillade 23 Ia aussi pr cis quoi a servirait de faire cela tre plus calme tre plus l aise les uns avec les autres tre moins agressif peut tre ainsi que l aspect gratifiant Si a se passe bien je vous filmerai e L nonc des consignes Ce qui ne se contestait pas c tait le calme absolu pendant la pr sentation de l activit et l nonc de la consigne J ai requis des enfants une attention soutenue On me regarde et on m coute ainsi qu une vraie disponibilit physique On ne gesticule pas on ne s agite pas on ne se pend pas la main courante du gymnase Cette exigence d attention maximale me para t quant moi incontournable de toute mise en activit Il y va du respect d toute personne prenant la peine de communiquer un message et il y va d une garantie minimale en ce qui concerne la qualit de la r ception dudit message Il s agit d un imp ratif disciplinaire au sens o la discipline doit tre simultan ment l incarnation d une position morale et d un souc
25. des hommes dans la cit des hommes suis je vou e en faire des l ves moutons ob issant par peur de la sanction des r gles sans cesse r p t es Est ce l la socialisation dont je r ve Non d autant que cette socialisation l on sait o elle m ne les l ves d crits par W Golding dans Sa Majest des Mouches bons petits soldats chapp s de l institution scolaire victorienne r instaurent un v ritable tat de barbarie fait de cruaut et de luttes pour le pouvoir 33 En fait il me semble qu on peut sortir de ce dilemne condition d instaurer un lien de continuit en amont et en aval de la relation d autorit en amont avec la morale et en aval avec la socialisation Ce qui justifie l autorit en aval c est qu elle fait le lit d une authentique socialisation on fait le silence pour pouvoir parler et non pour se taire ind finiment Le projet de l enseignant est la longue de l cher la bride c est m me son seul projet Cette autorit ne sert qu permettre l apprentissage de son d passement Et cette autorit ne portera r ellement ses fruits que sont les comportements socialis s que si elle est en permanence tay e en amont par des justifications morales Je vous oblige circuler en rang dans les couloirs non pour que vous ressembliez un rang de soldats dont pas une t te ne d passe mais pour que vous appreniez occuper un espace votre
26. du chewing gum pendant les le ons alors il vaut mieux pour tout le monde que je pr cise o se situe justement mon seuil de tol rance C est la souffrance rentr e de certains enseignants qui les conduit la d prime dans les coll ges en particuliers Une professeur de musique me disait en d but d ann e qu elle ne supportait pas les bruits parasites dans son cours 14 mais qu elle ne se sentait pas habilit e exiger le silence ou tout au moins un certain calme de la part d l ves pleins de vitalit Les l ves ne l ont pas loup e elle est aujourd hui en cong maladie Qui a gagn quoi Il n y a pas l l expression au premier degr de valeurs morales proprement parler encore que la prise en consid ration des limites de l autre quand elles ne sont pas compl tement timor es fait partie des apprentissages Il y a souvent au travers de ces imp ratifs de l enseignant mati re tablir un lien avec des notions essentielles de l thique en tant qu action incarn e au sens d velopp par Francisco J Varela dans Quel savoir pour l thique l homme vertueux n est pas celui qui agit d apr s un ensemble de r gles morales mais plut t celui qui incarne un savoir faire Enfin m me si la plupart de nos exigences ou petites manies sont incontournables on doit toujours pouvoir les justifier aux yeux des l ves si les choses sont pr sent es avec
27. e Les l ves s expriment ainsi et c est bien des l ves dont il est fondamentalement question Sauf croire que leurs changes verbaux au sein de la classe ne nous concernent pas et sont sans implication sur le climat social de cette classe il me para t imp ratif de partir de ceux ci pour rendre aux l ves la mesure de leurs paroles e Les faits Nous sommes dans la classe Les l ves planchent sur un probl me de math matique dit complexe Ils travaillent en groupes de 4 et je veille maintenir un niveau sonore qui permette tous de r fl chir et d changer Certains ont plus de difficult s que d autres rentrer dans l activit ce ne sont pas toujours les m mes cela d pend de leur tat du moment Hamza et Nasserdine ont peut tre un contentieux qui d te de la r cr ation ou de la veille toujours est il que bien que n tant pas dans le m me groupe ils se cherchent en permanence Je les s pare je g re au mieux je d samorce mais j ai 22 autres l ves autour qui ne sont pas n cessairement des enfants paisibles Dans un laps de temps tr s court leur relation s envenime Nasserdine lance Hamza un N ta m re peine audible auquel Hamza r torque cinglant 29 WC ta grand m re UO prof r en arabe et instantan ment traduit par Houari Alors que Nasserdine dans un tat de nerfs indescriptible s appr te r pondre
28. e ch meur maghr bin dans la classe de 6 russe premi re langue du coll ge Joffre Montpellier On a adapt on fait ce qu on peut le niveau monte sans aucun dote Mais l cart reste le m me entre ceux qui r ussissent et ceux qui restent en arri re Les r sultats de l valuation nationale l entr e en 6 t moignent de cette disparit les enfants d origine sociale ais e restent nettement au dessus de la m l e Et on observe un nivellement de ces valuations selon le coll ge consid r la moyenne de l valuation nationale d entr e en 6 au coll ge Alexandre Dumas d Epinay sur Seine en banlieue nord de Paris gale 63 Cette moyenne est de 91 dans un tablissement public du 7 arrondissement de Paris r sultats collect s par l auteur du m moire Dans le contexte actuel houleux et souvent pessimiste certains p dagogues ou sociologues cf Jean Pierre Le Goff d j cit et Jean Claude Mich a dans l Enseignement de l Ignorance reprochent aux p dagogies modernes explicit es en particulier par Philippe Meirieu dans Ecole mode d emploi d abandonner la fonction essentielle de l cole la transmission de savoirs et du patrimoine culturel au risque av r selon eux de voir le niveau des apprentissages baisser consid rablement Ne s agit il pas de l ternel reproche du nivellement par le bas et d un retour frileux en arri re cf Meirieu l E
29. e cadre sup rieur avait 24 fois plus de chances qu un fils d ouvrier de rentrer l Ecole polytechnique En 1990 il n en a plus que 23 fois plus chiffres cit s par P Meirieu dans Ecole ou la Guerre civile Choix tradition inad quation du langage scolaire par rapport certains publics importance des conditions mat rielles origine sociale des enseignants eux m mes Aucune de ces raisons ne peut nous consoler de cette implacable r alit les fils de RMiste d aujourd hui sont pour un grand nombre les RMistes de demain et ce ne sont pas les quelques petits poissons qui de tous temps sont pass s au travers des mailles du filet qui doivent nous faire oublier que l objectif de l cole n est d cid ment pas atteint donner tous les m mes chances d apprendre Car on voit bien que tous n ont pas les m mes chances Les fondateurs des ZEP puis des REP en donnant plus de chances ceux qui en ont moins taient probablement anim s de ces pr occupations La p dagogie diff renci e et l objectif de toute une classe d ge au baccalaur at ressortent du m me effort d adapter l enseignement l h t rog n t des publics Phillipe Meirieu d nonce longueur d ouvrage les m faits de ce qu il nomme la consanguinit sociale tous les chelons de l ducation scolaire mais rien ne change dans les faits Des guettos se cr ent et on ne trouve aucun enfant d
30. e des disciplines Elle peut lui tre intrins quement li e au travers d une intense pratique de l change oral valoris structur pas pas et jour apr s jour Elle peut aussi faire l objet de moments sp cifiques Nous devons tre conscients et convaincus que cette socialisation est en quelque sorte prioritaire par rapport aux apprentissages disciplinaires en tant que tels Parler avec les l ves de leurs comportements et de ce qui peut justifier ou condamner ceux ci n est pas une perte de temps c est travailler l dification d une base sur laquelle s rigeront leurs apprentissages Une enseignante de La Paillade quartier nord de Montpellier riche d une exp rience longue et authentique sur le terrain me confiait que pour elle le reste suivait Je l ai moi m me observ l cole des Tours dans ce m me quartier des enfants qui ont parl avec l enseignant qui ont t cout s et qu on a su aider dans la construction de leur pens e sur des sujets tels que le courage la 18 solidarit ou le bonheur sont plus disponibles recevoir des enseignements M me si au travers de ces changes c est parfois se taire que l l ve est amen s entra ner e L enseignant peut int grer dans son emploi du temps 30 minutes quotidiennes de r flexion philosophique Il peut par exemple choisir un th me hebdomadaire pr sent sous la forme d une question crite a
31. eler bri vement la justification de cette question de la socialisation et de l un de ses vecteurs la morale Cela doit se faire au regard de la mission fondamentale de l cole la transmission des savoirs dont le savoir apprendre et d un h ritage culturel Je tenterai donc de montrer qu un climat de classe moralis est propice la transmission des savoirs et que en ce qui concerne la transmision d un h ritage culturel elle est bien videmment li e la socialisation de l l ve En effet pour recevoir cet h ritage l enfant doit tre convaincu d appartenir au groupe social qui le lui l gue c est dire la soci t au sein de laquelle il vit Il sera l question de valorisation de l enfant en tant que sujet et de d veloppement des liens sociaux entre individus C est aussi cette question de la repr sentation sociale de l enfant qui explique l int r t particulier accord dans ce m moire aux l ves issus de milieux d favoris s La socialisation de l l ve l cole et la transmission d une morale par l enseignant sont trait es au travers d exp riences et d observations sur le terrain et envisag s au jour de lectures et de questionnements personnels B R FLEXION TH ORIQUE 1 Pourquoi ce choix de sujet La question qui a pr sid mon choix de m moire et qui mane d observations et de pratiques scolaires et autres est la suivante comment aider
32. ense pas quant 16 moi et contrairement ce que nous a expliqu le directeur fran ais de l entreprise am ricaine Kraft Jacobs Suchard qui poss de les caf s Jacques Vabre Montpellier qu il incombe aux industriels de cr er le monde de demain sous le pr texte qu ils connaissent mieux que nous nos vrais besoins sic A La seconde sous question relative une morale de combat est plus prosa que Comment faire le lien aupr s des enfants entre ce d bat sur la morale ce qui est bien ce qui est mal et la possibilit pour eux d chapper des perspectives sociales peu enviables Si je pensais qu il n existe pas une bonne morale de combat je ne pourrais ni vivre ni enseigner Je ne pourrais pas tre professeur ni parent si je ne croyais pas du tout en la soci t dans laquelle je vis l ducation la citoyennet serait inconcevable dans la n cessit de la transformer moins d tre aveugle et dans l importance d un certain niveau de culture pour y parvenir La morale de combat devient alors celle qui arme les enfants concr tement pour acc der ventuellement un autre statut social que celui de leur parents En d but de m moire j ai pr cis que la morale serait envisag e en relation avec l acquisition des savoirs fondamentaux Et a ouvert ce chapitre en rappelant aussi qu une classe tr s socialis e donne sens aux enseignements Il
33. espace dans le respect de celui des autres Je vous demande de vous taire non pour vous brimer mais pour que vous laissiez l autre la place sonore de s exprimer et que vous lui accordiez votre coute Vu comme a c est fatiguant l autorit C est le contraire de ce qu on croyait Cette question ne fait donc en fait que nous renvoyer et c est heureux sa finalit L enseignant autant que faire se peut doit savoir une bonne fois pour toutes ce qui justifie ses exigences sur le plan de l ambiance g n rale de la classe Sartre crivait que la libert c est choisir ses ali nations Apprenons nos l ves choisir les leurs pour qu ils ne deviennent pas victimes des pires de toutes Or pour choisir parmi l ensemble des contraintes sociales encore faut il que les enfants soient clairement inform s de ce qu elles sont Je pense que cela fait intrins quement partie de nos enseignements Nous sommes en quelque sorte les repr sentants l gaux de cette soci t civile dans laquelle nous souhaitons qu ils s int grent au mieux A ce titre valorisons ce qui justifie pour nous notre m tier d enseignant c est dire un certain go t pour tout ce qui fonde notre humaine soci t et dont nos enseignements qu il s agisse des math matiques de l histoire ou de l art plastique sont partie prenante M me si cette valorisation s accompagne parfois de moments difficiles Comme
34. estent sur le seuil des connaissances Au mieux ils acqui rent certains savoirs mais non les m thodes n cessaires de nouveaux apprentissages et trop souvent perdent au cours de leur scolarit cette curiosit qu on observe chez les petits Or l exp rience sur le terrain montre que ces enfants souffrent souvent d une perte importante de rep res moraux incivilit violence manque de confiance en soi font probablement le lit d un grand nombre d checs scolaires Cette persistante corr lation entre origine sociale et aptitude ce que l on nomme ordinairement la r ussite scolaire r ussite qui sans tre une panac e reste cependant un indice pr pond rant du niveau de culture des individus adultes ne peut que d ranger ceux qui militent par leur fonction m me pour l acc s de tous les enfants de France un certain niveau de connaissances La mauvaise image sociale que ces enfants ont d eux m mes d une part et des comportements fortement associaux d autre part me semblent handicaper gravement leur acc s un vrai statut d apprenant Motiv int ress concern lon sait que l enfant n entre efficacement et durablement en action d apprentissage qu cette derni re condition 2 Un bref historique A la sortie des ann es soixante l cole fran aise reproduisait d j en grande partie l in galit sociale m me si comme le rappelle J P Le Goff dans a Barbarie douce une
35. et vous dites rien E Tu as une mamie Nasserdine Nasserdine J en ai deux elles sont au bled E Alors imagine une seconde tes petites mamies qui un sale coquin va faire ce que tu as dit a te pla t c est a que tu veux pour tes mamies 3 J ai renonc crire ici les verbes effectivement utilis s Leur prononciation est choquante Mais at n anmoins choisi de les prononcer dans leur totalit lors des changes qui ont suivi par souci d efficacit envers les l ves 30 Nasserdine s enfonce sur sa chaise E Si on fait a une maman ou une mamie alors c est qu on peut le faire toutes les autres c est que c est possible Sacha Ma tresse peut tre qu ils disent a sans y penser E a ne tas pas bless ce qu a dit Hamza Nasserdine Et toi Hamza a ne ta rien fait Hamza Si a touche hein a touche au fond E Les mots a compte beaucoup dans notre vie a salit celui qui on les dit mais a salit aussi celui qui les dit Lila Ah ouais parce qu ils ont pas eu le courage de s en emp cher de le dire Nasserdine Elle confond tout c est pas du courage Lila Si m me que c est Houari qu avait dit que le courage c est quand on arrive s emp cher de dire un truc moche pour pas que a d g n re en bagarre E Alors je r sume Quand vous dites a vous salissez l amour parce que l amour c est une des
36. faire le silence est pour certains enfants une gageure presqu impossible A l cole des Tours en particuliers r apprendre le silence n cessite dans certaines classes des heures de travail avec des ruses de sioux et des contraintes dragonesques Et pourtant le jeu en vaut la chandelle Leur agitation leurs bavardages permanents qui sont souvent des soliloques le niveau sonore engendr sont contraires la disponibilit mentales que requiert tout apprentissage Alors pour obtenir le silence c est dire cette chose dont il ne connaissent pas toujours les avantages je l ai d abord impos comme une obligation certes momentan e mais infranchissable il a d abord fallu menacer de punir puis punir en excluant du groupe tout en les convaincant de l horreur d une pareille sanction J ai donn croire ce qui tait vrai que ce silence tait incontournable et absolument indispensable Quand je l ai obtenu j ai tent de leur en faire sentir la jouissance avec leurs mots eux On est bien dans ce calme on se sent comme neufs on entend presque son c ur on r ussit tout ce qu on tente 25 A noter au passage que m me avec des grands comme cela il est essentiel de ne pas lever la voix souvent le calme appelle le calme paradoxalement une voix faible peut en imposer condition d en dominer les inflexions Dans les IUFM le travail de la voix devrait tre
37. i d efficacit Il est difficile d obtenir d enfants de cet ge et surtout ces enfants l qu ils se tiennent tranquilles pendant la pr sentation de la consigne Mais dans la mesure o on est persuad que cette agitation perp tuelle les dessert il est important de l imposer J ai constat que certains enfants tr s agit s si on leur prenait la main ou si on leur touchait l paule durant ces moments s apaisaient plus facilement e Quelques objectifs li s la socialisation 1 Exprimer une gestuelle dans un espace balis sur un signal donn et dans un temps court avec la possibilit de transformer ou d affiner cette gestuelle chaque nouvelle mise en uvre environ 3 mises en uvre par s ance C est l aspect du travail qui volue le plus vite tant est grand en g n ral leur plaisir d tre en mouvement Dans un premier temps j ai observ d affligeantes paralysies surtout La Paillade J ai d rassurer surpositiver le peu qui avait t fait me mettre un peu en sc ne pour ridiculiser l effet d une travers e paules rentr es et d marche tra nante Dans un second temps chacun leur mani re ils y sont tous venus par le biais du hip hop du rap de la gymnastique en marchant sur les mains ou de mouvements timides et gracieux chaque s ance s est enrichie d un engagement 24 et d une prise de risques accr s des l ves J ai bien veill
38. i la seule fa on de survivre c est dire de r investir une certaine unit 4 Socialiser moraliser Une ma tresse de cours pr paratoire s tonnait de ce que je passais trop de temps faire ce qu elle appelait de la discipline Or il me semblait moi que l enseignement se d roulerait mieux dans un contexte assaini o la place et le r le de chacun seraient clairement d finis o les r gles seraient connues de tous et rappel es en temps voulu bref dans un climat socialis Socialiser la classe c est lui donner sa raison d tre parce que dans une telle classe les apprentissages sont int gr s un fonctionnement social qui leur donne sens Apprendre c est alors vraiment se pr parer tre un homme les math matiques la musique ou la grammaire sont dans une classe fortement socialis e intrins quement li s un mode d tre et un rapport au monde qui sont positifs constructifs optimistes Si le lieu o l on tudie qui est le lieu social par excellence est un lieu de s curit de partage et de bien tre c est que la soci t elle m me peut tre cette image la soci t galement prend sens et cesse pour l enfant d tre le lieu de l exclusion de la violence du chacun pour soi La soci t devient le lieu possible d un accomplissement de soi Or dans nombre de classes on constate que le climat social fait obstacle au d roulement des ap
39. iantes C tait difficile pour eux tre sages et c tait difficile pour moi les mettre en activit Mon autorit tait forte mais en retour je tentais sans rel che qu ils se passionnent pour ce qu ils faisaient J essayais de proposer des activit s qui d une part leur apportent la structuration qui faisait tant d faut leur milieu de vie respecter un code appliquer une consigne et d autre part les revalorisent en tant que sujets eux qui n avaient comme mod les sociaux dans leurs familles que des personnes souvent d chues par exemple dessiner en d tail de minuscules sc nes sur des diapositives vierges qui projet es sur grand cran devenaient de v ritables tableaux dont ils s enorgueillissaient Ja retrouv aujourd hui en tant qu enseignante stagiaire aupr s d enfants plus g s le m me souci double d asseoir une autorit et de susciter tant que faire se peut une vraie motivation Quels sont le sens et le r le de cette autorit pr alable pourquoi ne suffit 1l pas de promouvoir une p dagogie attrayante p dagogie de la diff renciation de la mise en projet de l autonomisation pour que les l ves issus de couches sociales en grande difficult deviennent tout naturellement de bons apprenants 1 Par souci d all ger le style du texte les subjonctifs imparfaits ont t remplac s par des subjonctifs pr sents 21 C est
40. ique il y a un intense travail pr alable qui se solde par un moment de narcissisme de contentement de soi Je voulais que ce soit cette succession effort gratification qui soit attach e l image de la danse Je terminerai cette description analyse en signalant une forte adh sion des l ves des deux coles cette s quence 28 De retour en classe nous parlions de ce travail sous tous ses aspects et cela nous a amen s hormis la pratique m me que les l ves en avaient eue d battre de questions fondamentales du domaine de la socialisation 3 Echanges langagiers Il est difficile d exposer une pratique qui a de fait impr gn quotidiennement mes interventions dans la classe et dans la cour J ai donc choisi de condenser avec le plus d exactitude possible une ou deux sc nes tr s typiques de ce qui a pu se produire dans la classe de l cole Marc Bloch La Paillade Par ailleurs pour que ce m moire soit v ritablement repr sentatif des probl mes rencontr s sur le terrain et pour que ma pratique d enseignante stagiaire puisse constituer la base m me infime d un d bat sur l pineuse question de la moralisation au travers d changes langagiers j ai choisi de mettre jour cette pratique de mani re authentique Les termes utilis s pour extr ment crus qu ils puissent para tre dans le cadre de ce type de document me semblent cependant y trouver leur plac
41. le qui arme contre la barbarie tout en refusant les armes sournoises et mat rialistes de la barbarie c Socialiser pourquoi Vivre ensemble se parler se conna tre ne sont ce pas les valeurs sociales auxquelles nous sommes attach s auxquelles nous croyons Cette fameuse ma trise de la langue dont nous nous gargarisons tant et qui est au centre de nos enseignements quoi sert elle donc d autre qu communiquer avec les autres Que fabriquons nous donc dans nos coles des individus isol s riches de leur seuls sp cificit s inaptes la solidarit seulement engag s dans une course aveugle vers la r ussite personnelle Et d ailleurs cela a t il seulement un sens Pour qui cherchent les savants pour qui peignent les artistes pour qui chantent les po tes Qui sommes nous hors l autre son regard son attente sa contribution En tant qu enseignant il est essentiel que nous soyons persuad s que le sens m me de la citoyennet est d tre citoyen parmi les autres citoyens Il y va de la finalit de nos enseignements Reconvaincre les enfants de milieux d favoris s qu ils ont une place parmi les autres que cette place leur est due mais que paradoxalement elle se conquiert aussi au travers de certains types de comportements et que d autres attitudes leur en interdisent l acc s est l un des enjeux de notre m tier La socialisation passe bien s r par l apprentissag
42. n stage de responsabilit mais que j ai n anmoins abord dans l introduction la partie pratique du m moire et qui transpara t dans l change verbal avec les l ves de La Paillade c est la question de l autorit Or quand on va sur le terrain en particulier dans des secteurs d favoris s de la soci t cette probl matique nous saute la figure J utilise sciemment cette terminologie parce qu elle image bien ce que ressent l enseignant novice professeur des cole ou des coll ges que son bar me professionnel assigne en premier lieu des postes qui requi rent de l autorit Comment faire de telles classes des lieux de socialisation de respect mutuel de r tablissement des valeurs essentielles quand on n est pas entendu au sens premier du terme L activit que j ai d crite n a t possible que parce que j ai instaur avec les l ves une relation d autorit qui m a justement permis d tre non seulement entendue mais cout e Et c est cette autorit pr alable qui permet aux enfants d tre eux aussi cout s pour se parler il faut d abord faire silence Il me para t p rilleux de conclure un travail de r flexion sur une probl matique aussi noble que celle de la socialisation des l ves par une question aussi vaste sur le plan th orique et aussi contest e voire taboue sur le plan pratique que celle de l autorit Cette dimension taboue me semble confirm e
43. obligatoire comment donner entendre si on ne sait pas comment dire 3 Appeler l autre Dr le d objectif Pas tellement a leur a t difficile J ai videmment observ des r ticences les gar ons n appelaient pas les filles les musulmans n appelaient que des musulmans les CM2 n appelaient pas les CE2 Pai progressivement et gentiment raill ces comportements pour leur en faire sentir le ridicule l absurdit voire les p rils id ologiques les enfants sont tr s sensibles tout cela Tiens tiens les gar ons de cette classe ont peur des filles Ou bien C est les arabes d un c t les Fran ais de l autre comme Le Pen peut dormir tranquille Ou encore Les quilles la vanille restent entre elles comme les vieilles poules Il ne leur est pas si simple non plus de nommer l autre sans crier clairement sereinement c est une sorte d offrande qui se fait On offre l autre de dire son nom et on lui offre du m me coup un tour de piste pour lui tout seul D o l importance qu ils se brassent que cette offrande circule de gar on fille de blanc noir de grand petit Ce qui est contraignant ici c est aussi de devoir appeler un autre alors que l on danse que l on est pour soi Il a fallu plusieurs s ances La Paillade pour qu ils se rappellent d appeler l autre alors qu on vient de les appeler eux
44. ous tiennent c ur La solidarit n est pas une obligation mais pour moi elle est constitutive de la d finition m me de l tre humain La libert pour certains c est avant tout la d finition d un certain nombre de droits Il y a en la mati re un tr s beau travail faire avec les enfants pour beaucoup de philosophes comme Rousseau ou Sartre c est au contraire la d finition des devoirs qui fonde l id e de libert Toutes ces valeurs sont mettre en r flexion dans la classe et j cris mise en r flexion parce que en amont l enseignant a des convictions et qu il est pr t les d fendre y compris celle d tre par rapport ses l ves d tenteur de v rit s qu ils ignorent ou dont ils ignorent qu ils les connaissent Je pense pour ma part qu il est essentiel d assumer l une fonction de guide moral fonction qui inclue de pouvoir dire parfois en connaissance de cause c est dire en y ayant pr alablement r fl chi Je sais ou Je do te e En de m me de cette probl matique il me para t n cessaire de vivre en paix avec son seuil de tol rance seuil qui n a parfois qu un rapport lointain avec la morale mais sans la conscience et l expression duquel il me para t difficile de travailler Si je dois souffrir de voir de l encre rose fluo dans les cahiers du jour des manteaux croul s au pied des tables des l ves qui m chent
45. par le fait que hormis dans le cadre d une option facultative le traitement de la question de l autorit ne serait ce qu au travers de sa mise en r flexion ne fait pas partie de la formation des professeurs des coles alors qu elle hante quotidiennement notre pratique L instauration d une relation d autorit ne semble d ailleurs pas concerner sp cifiquement l apprentissage de la socialisation on peut faire des math matiques ou de la musique de fa on plus ou moins autoritaire Ja observ un enseignant qui exige et obtient de la part de ses l ves un silence presqu absolu sauf attendre d eux des r ponses ses questions orales et ce durant toute la dur e des enseignements A l inverse il existe des ma tres qui travaillent dans un contexte extr mement mouvement et bruyant 32 Mais le fait que cette question de l autorit se pose syst matiquement en exergue de la question de la morale n est pas anodin est il moral d tre autoritaire Voil la vraie question que se pose le p dagogue soucieux de socialisation et confront au douloureux probl me de sa transmission aupr s de certains publics On peut bien s r r pondre cette question en la contournant une p dagogie attrayante fonde aux yeux des l ves une autorit reconnue La qualit des contenus et la mise en activit des l ves pargne en grande partie la question de l autorit l enseignant
46. prentissages Moraliser c est accro tre les chances d instaurer une socialisation dans la classe c est la fonder sur le plan th orique la justifier d une certaine mani re c est l imposer a La loi et les morales En amont est la loi Moraliser au sens o je l entends ici c est tout d abord rappeler la loi r publicaine Cette loi n est pas mettre en d bat dans la classe en ce sens la classe n est pas le lieu de l exercice r el de la d mocratie Cela me para t fondamental 12 A cet gard il est bon de rappeler aux l ves que les insultes sexistes et racistes sont punissables par la loi fran aise Interdire absolument que ne soient prof r es dans l cole et a fortiori dans la classe des paroles telles que salope ou p d ou sale Marocain je reviendrai dans la partie pratique sur les probl mes de gestion de ce type d exc s ce n est pas de la biens ance c est la loi Interdire les agressions physiques c est seulement rappeler la loi fran aise Elle ne se discute pas elle n est pas soumise la contestation ni m me la n gociation Mais il s av re souvent n cessaire en amont d une interdiction formelle de rappeler pourquoi ces interdits sont dans la loi Parce que respecter une loi quelle qu elle soit c est consentir cette loi du moins jusqu un certain point Nous ne voulons pas qu ils aient seulement peur du gendarme
47. que ce peut tre l occasion de monter combien des gens comme Mozart Louis Armstrong ou Maria Callas ont donn d eux m mes aux autres nous offrent nous quelque chose dans la classe et combien le monde apr s chaque artiste se trouve embelli Faire des maths c est mettre de l ordre dans sa t te c est arriver trouver ce qui s y cache et c est convaincre les autres Vous avez des tas de bonnes id es Alors apprenez les d nicher dans votre t te et les mettre bien en ordre Les maths a sert a on trie les choses vraiment importantes et on les arrange entre elles pour d couvrir le message cach et le faire conna tre aux autres Soigner son orthographe c est faire la toilette des mots quand on veut les offrir quelqu un C est tre poli avec celui qui on crit 19 Faire de l histoire c est essayer de comprendre ce qui s est pass avant pour y voir plus clair aujourd hui et construire nos lendemains C PRATIQUES Il est difficile d illustrer par un exemple concret un principe aussi large que celui de la socialisation dont j ai pr cis d une part qu il est souvent du ressort du simple bon sens et d autre part qu il baigne la totalit du temps scolaire Ja donc choisi de relater tout d abord une pratique ancienne que je n avais pas vraiment analys e l poque des faits mais qui repr sente l embryon exp rimental de
48. r s progressif de cette masse humaine jusqu ressembler une cr pe parfaitement tale et solidaire du plancher Toujours dans un silence total b D roulement et analyse Il me para t important de souligner que 4 s ances sont tout fait insuffisantes pour mener bien un tel travail Mais ce sont l les limites m mes du stage en responsabilit de la pratique que nous pouvons effectivement y mener et des enseignements que nous pouvons en retirer pour clairer la probl matique expos e dans le m moire Ce sont les limites impos es par le temps Ce qui se passe en 4 s ances n est qu indicatif de se qui pourrait se passer sur une ann e J ai constat par ailleurs en menant la m me exp rience avec les l ves de l cole des Tours La Paillade lors de mon second stage en responsabilit qu il a fallu ceux ci 3 s ances pour parvenir appeler un camarade tout en s exprimant corporellement eux m mes l o il n en fallait qu une aux enfants de l cole Jules Simon e La pr sentation de l activit Il est primordial quelle que soit l activit envisag e d en informer les l ves Cela les met en confiance cela permet de rappeler le sens de ce qui va se mener cela surtout dans le cas pr sent d samorce les pr jug s Quand on dit danse un gar on de 13 ans on a de fortes chances de le voir se replier dans sa coquille Il faut donc la fois le pr senter
49. r la lenteur Idem que pour le silence il a d abord fallu la leur imposer pour qu ils la ressentent pour qu ils en jouissent et pour qu ils en per oivent toutes les ressources Il s agit l bien s r d une lenteur mesur e domin e C est bien plus difficile que d tre rapide et cela leur apprend canaliser cette spontan it physique qui prend trop souvent le visage de l agressivit 7 Se voir en tant que partie d un tout Cette lenteur qui concerne surtout la derni re phase de la chor graphie lorsque la statue descend vers le sol est d autant plus difficile qu elle doit tre 27 collective nul ne doit s affaisser ni avant ni apr s les autres Cela oblige l l ve sentir le mouvement d ensemble d autant qu il ne doit pas tourner la t te pour voir o en sont les autres A ce moment l enfant fait partie d un tout dont la solidarit est rendue encore plus difficile par le mouvement Se retenir sentir les autres faire avec eux ce sont des comp tences qu ils exercent lorsqu ils jouent tous ensemble au foot ball par exemple Mais ce stade du travail chor graphique il n y a pas de place pour une r ussite personnelle pour une mise en avant de soi on est enti rement au service de l ensemble Je leur avais signal d s le d but de la s quence que si tout se passait bien je les filmerais J ai insist sur ce fait pour qu ils conscientisent une
50. riser une grammaire de texte ou mettre en place la pr paration la plus rus e du monde pour faire passer les pillules de l orthographe cela ne suffit pas La mise en projet pour g n reuse et ambitieuse soit elle bien souvent se brise contre le mur de l incivilit des l ves de leur opposition au ma tre de leur fatigue de leur inconsolable agitation cette soci t dans laquelle ils se sont structur s ne leur a offert que l image de l exclusion L enseignant est le repr sentant imm diat l gal de cet univers auquel ils n appartiennent pas sauf exception les enfants appartiennent l univers de leurs parents A ce titre quelle peut tre sa cr dibilit et celle de ses enseignements Comment ramener ces enfants issus de milieux sociaux non pr disposants souvent en grande errance quant certains crit res moraux qui nous animent dans le giron de l cole et des apprentissages Certains enseignants parviennent contre vents et mar es amener des enfants que rien ne pr dispose dans leur vie sociale ni les mod les ni les conditions mat rielles la r ussite scolaire un tr s bon niveau de langue orale et crite de brillants r sultats en math matiques des curiosit s durables en mati re d histoire de g ographie de litt rature On constate que souvent ces p dagogues ont plac au centre de leurs apprentissages la question de la socialisation des l ves et la mise en
51. s de vie de comportement de savoirs Mais que savons nous vraiment de son enfant et de cette base existante sur laquelle nos enseignements vont devoir s riger Que pr tendons nous apprendre des personnes que nous ne connaissons pas On ne peut pas construire une maison sur un terrain dont on ignore la nature Rendons leur la confance qu une certaine forme d intox nous incline leur refuser Misons sur eux sur leurs ressources sur leur diff rence S kou est porteur d une culture o les anciens sont entendus et respect s sachons le lui rappeler et le valoriser au travers de cette valeur essentielle qu est la reconnaissance d une sagesse ant rieure Les anc tres de Radoine s appellent Avicenne Averro s qui dut se battre contre un int grisme musulman qui n a pas toujours exist loin s en faut Leur culture a nourri la n tre replongeons 11 avec les jeunes beurs dans ces racines en ce qu elles nous sont communes et fondent une fiert aussi l gitime que Jeanne d Arc ou Pasteur Un enfant que son origine culturelle et sa r alit scolaire divisent en deux ne sera pas un enfant de l cole Il exacerbera instinctivement ce qui le distingue de ses camarades et caricaturera ce qu il pense tre fondateur de son identit m me si ce ne sont parfois que les traits cons cutifs d une certaine d liquescence culturelle li e la pauvret ou au d racinement C est pour lu
52. trouvant pas pas des pr occupations p dagogiques qui me sont ch res l coute le partage le silence l expression de soi et la construction collective l apprentissage de gestuelles fines Jai donc labor un exercice collectif j insiste sur cet aspect avec une consigne pr cis ment nonc e exercice dans le cadre duquel les enfants pouvaient en th orie lib rer et affiner progressivement des gestuelles dans es et qui comportait une gratification presqu imm diate ce qui se faisait collectivement tait rapidement perceptible en tant que produit construit et fini a Un bref descriptif de ce travail Les 24 l ves sont assis le long de trois murs un groupe de 8 enfants par alignement Je nomme un enfant qui rejoint en dansant le centre de la pi ce appelle ce faisant un enfant du 2 groupe et s immobilise totalement 22 LL enfant appel rejoint le centre de la pi ce en dansant appelle un enfant du 3 groupe entre en contact physique avec le It enfant un seul contact celui qu il d sire et s immobilise totalement et ainsi de suite l ve apr s l ve Le tout se d roule dans le silence le plus absolu qui soit Une statue humaine se forme dont les diff rents l ments sont en contact par une main sur une t te un pied contre un pied une paule sur une fesse La fin de la chor graphie consiste en un effondrement tr s t
53. u tableau qu est ce que le bohneur Pourquoi l on frappe A quoi sert de parler Ou mieux sous la forme d une phrase commenter Je suis libre parce que j ob is une loi e L enseignant peut prendre le temps de ne rien laisser passer ni petite insulte ni geste injurieux ni ton de voix m prisant Il est important de r agir tr s fort ce qui ne veut pas dire en criant afin que l enfant prenne toute la mesure de son acte Il faut en symboliser la gravit relier cet acte ce qui compte pour cet enfant la fiert de sa m re ses valeurs religieuses son sens de l honneur sa tendresse pour une petite s ur ou une a eule afin qu il s approprie le sens r el de cet agissement irr fl chi Il n y a pas l perte de temps On apprend tellement plus facilement quand on est en paix avec soi m me e L enseignant peut relier presque tous ses enseignements la socialisation cela ne doit pas tre tr s difficile puisque c est bien l int gration une soci t humaine qui donne du sens aux apprentissages On peut mailler nos enseignements de petites anecdotes qui leur rendent une raison d tre sociale Ecrire c est mettre au soleil ce qu il y a de beau en vous On a tous des tr sors l int rieur du corps et quand on crit on en donne un bout aux autres Pas grave si le bout est un peu froiss pas tr s au point on arrange apr s Enseigner la musi
54. us l omettons Objectifs pr requis et autres comp tences transversales dans l expos desquels nous sommes pass s ma tres ne nous masquent ils pas la for t touffue o errent trop d l ves Ne sommes nous pas tout pleins encore de notre scolarit de bons l ves sinon serions nous l les derni res personnes susceptibles de comprendre ce qui leur fait d faut et handicape en amont leur acc s nos magnifiques pr parations de s ance Les conna tre c est donc tout d abord reconna tre en eux ce que nous n avons majoritairement jamais t les exclus du savoir pour cause sociale Il faut les convaincre de la raison d tre de l cole eux qui sont d sarm s de tout ce dont nous nous nourrissons depuis l enfance Leur dire ce qu ils font l quoi a leur sert sans d magogie Les conna tre c est aussi les reconna tre enfin comme sujets Une formatrice qui demandait une stagiaire l issue d une visite lors de son premier stage en responsabilit quel tait son projet de stage et qui elle r pondit un peu h berlu e qu ce stade elle d t avoir un projet Je tente tout d abord de les conna tre remarqua Io s v re qu elle n avait pas de projet de stage Nous nous pensons tous implicitement plus int ressants socialement que la Gitane qui fait la queue au supermarch devant nous Notre culture privil gie certaines forme
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