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Les dangers de la télé pour les bébés » (link is external)

1. 62 Le mythe des programmes adapt s Agression meurtre viol T ous les jours la t l dif fuse des images violentes Personne n y chappe ni les adultes ni les ados ni m me les jeunes enfants Nombreux sont en effet ceux qu on laisse devant la t l le temps d une mission destin e aux adultes Ne vaut il pas mieux les installer devant des programmes con us pour eux Cette id e apparemment g n reuse est l axe fort de la campagne publicitaire des cha nes de t l vision destin es aux enfants et aujourd hui aux b b s Nous verrons que rien n en d montre la justesse bien au contraire Mais pour l instant prenons cette publicit au s rieux oui les programmes pour enfants sont tr s bien adapt s eux si on garde l esprit qu il s agit d en faire le plus vite possible des consommateurs voire des prescripteurs de consommation familiale Une emprise en quatre pisodes Un programme rien que pour eux Depuis la fin de la seconde guerre mondiale les enfants constituent pour les annonceurs un public s duire et conqu rir Cette volution a connu trois phases successives qui tiennent en trois dates clefs 1947 1977 et 1998 L arriv e de cha nes enti rement consacr es aux b b s au d but des 1 L ensemble de ce paragraphe est r dig partir de l enqu te me n e par J P Desbordes Mon enfant n est pas un c ur de cible Arles Ac
2. Collectif Pasde0Odeconduite Pas de 0 de conduite pour les enfants de 3 ans Eres 2006 Courrier International janvier 2006 L abus de t l tue la cr ati vit galement cit par le mensuel Psychologies janvier 2006 Desbordes J P Mon enfant n est pas un c ur de cible Arles Actes Sud 2007 Fassin E 1997 Un change in gal sexualit et rites amoureux aux tats Unis Critique 596 597 pp 48 65 Gerbner G Pouvoir et danger de la violence t l vis e Les cahiers de la s curit int rieure IHESI Paris La Documentation fran aise n 20 2 trimestre 1995 pp 45 46 Himmelweit H Oppenheim A N et Vince P Television and the Child and Empirical Study of the Effect of Television on the Young London School of Economics and Political Science 1958 Huston A et al 1990 Development of TelevisionViewing Patterns in Early Childhood A Longitudinal Study Jeffrey G Jonhson Patricia Cohen Elisabeth M Smailes St phane Kasen Judith S Brook Television Viewing and Aggressive Behavior During Adolescence ans Adulthood Consommation t l visuelle et comportement agressif lado lescence et l ge adulte Science vol 295 n 5564 29 mars 2002 pp 2469 2471 Kohut H Le Soi Paris PUF 1974 Levi Strauss Cl L identit S minaire au Coll ge de France 1974 1975 PUF Quadrige 2000 Racamier P C Les schizophr nes Paris Payot 1980 53
3. 30 on feuillette un livre d images ou comme on va voir une exposition de photos avec des amis c est dire comme un support de communication Il est tr s difficile de dire des enfants qu il faut regarder moins la t l vision et c est souvent encore plus difficile de le dire des adultes Mais apprenons au moins la regarder autrement comme une m diation relationnelle et pas comme un reflet de la r alit Prenons un exemple Si un b b voit une magni fique publicit pour des biscuits qu il aime beau coup il risque d essayer de les prendre avec sa petite main sur la page de papier glac C est bien s r la preuve qu il ne fait pas encore bien la distinc tion entre les biscuits r els et l image des biscuits Il est tentant de rire de la na vet de l enfant mais ce serait une erreur parce que m me tout petit celui ci est extr mement sensible aux manifes tations d ironie qu il per oit chez ses parents En revanche ils peuvent efficacement accompagner leur enfant dans sa d couverte de la diff rence essentielle entre le monde de la r alit et celui des images en lui disant par exemple Regarde c est une image on n utilise pas une image de la m me mani re qu un objet r el on ne mange pas les images m me si elles repr sentent des choses manger etc Mais l image n est pas qu une p le imitation de la r alit dont nous devrions apprendre nous m fier Elle a aus
4. L id e qu un film ou un programme de t l vision puisse g n rer de fabuleux profits en produits d riv s tait n e Et depuis les publici taires l ont largement exploit e tel point m me qu aujourd hui la t l vision ce ne sont plus les produits d riv s qui sont adapt s au contenu des programmes propos s aux enfants mais les conte nus des programmes qui sont pens s en fonction des produits d riv s qu il est possible de vendre au jeune public Par exemple la perspective de vendre des produits alimentaires aux noisettes ou au miel impose au r alisateur d une s rie enfantine que le h ros soit un cureuil comme celui de Baby First ou une abeille Une loutre ou une taupe sont des h ros videmment plus difficiles caser en agro alimentaire La g n ralisation des grandes surfaces et des courses le samedi en compagnie des enfants a accentu cette tendance Les parents soumis une vie o le temps partag avec leurs enfants se 4 Have it your way campagne Burger King Te r duit comme une peau de chagrin sont tent s de s acheter une bonne conscience en c dant aux caprices de leur prog niture Des caprices qui ont t eux m mes dans l tape suivante int gr s au programme publicitaire Le facteur caprice En 1998 une soci t sp cialis e dans les tudes de march publie un rapport intitul Le Facteur Caprice Il r v le qu un caprice habilement me
5. nous ne sommes pas des b b s mais nous n avons sans doute jamais t aussi proches dans notre r ception des programmes de leur d sarroi fascin face des crans qui m lent un rythme tr pidant le vrai et le faux le document et la fiction le possible et l impossible explicitement envisag l impossibilit pour le spectateur de savoir si ce qu il voyait tait de l ordre du document ou de la fiction Puis les docu fictions apparus dans les ann es 2004 ont tendu l actualit les principes qui avaient fait le succ s de la t l r alit Et du c t des images de fiction les rep res sont tout autant brouill s Il n est pas rare aujourd hui que des films soient lanc s avec une publicit qui nous explique que l acteur ne joue pas certaines sc nes mais qu il les a v cues pour de vrai Voir S Tisseron Vir tuel mon amour Albin Michel 2008 25 La t l perturbe la construction de la repr sentation de soi Un jeune enfant interagit avec le monde par tous ses sens suffit de le regarder jouer pour s en apercevoir Il se tra ne par terre en m me temps qu il pousse ses jouets et pr f re ceux qui sont un peu lourds et lui offrent une r sistance ceux qui ne p sent pratiquement rien d o le succ s cet ge de ceux qui sont en bois En m me temps il les porte sans cesse sa bouche et il recherche le bruit qu ils font et sait d ailleurs les ren
6. tition constitue pour eux une forme 28 Tisseron S Le Jeu des Trois Figures en classes maternelles Temps d arr t Lectures Bruxelles 2010 t l chargeable sur www yapa ka be _45 d apprentissage des comp tences par imitation Elle se poursuit et s intensifie partir de trois ans l enfant prouve alors un grand plaisir imiter les comportements du parent du m me sexe que lui en esp rant souvent s duire ainsi le parent du sexe oppos Mais cette imitation d apprentissage est galement constamment intriqu e avec une imitation ludique L enfant sait bien qu il n est pas un adulte et il joue On dirait que ou on ferait comme si L imitation qui tait d abord centr e sur l apprentissage est rapidement per ue par l enfant comme une mani re de faire semblant Elle passe d un statut de r alit un statut de fic tion Cette imitation pour faire semblant n ces site que l enfant ait pu se constituer des premiers mod les sur lesquels s appuyer comme sur une identit personnelle afin d en explorer d autres Lorsqu il fait semblant il sait bien que ce n est pas pour de vrai mais prend plaisir s inventer des his toires Plus les enfants sont invit s imiter pour de rire dans un cadre qui soit garant de leur jeu et moins ils sont menac s par la tentation d imiter pour de vrai en se comportant comme agresseur ou victimes d sign es Il existe
7. 6 mois et deux ans le c ur de cible des cha nes destin es aux b b s ne l oublions pas la seule interaction possible passe par le vis vis regarder l enfant lui parler faire des bruits de bouche et des mimiques voil ce qui le mobilise et le r jouit et pas d tre c t de lui une sorte de voix off de l cran Daniel Stern appelle cette forme d change entre un adulte et un enfant le dialogue tonico postural pr coce 118 II lui donne un r le essentiel dans le d sir du b b d interagir avec son entourage humain et dans la constitution de l aptitude l em pathie pour un interlocuteur En effet si le dialogue tonico postural semble se r duire pour l observa teur une situation d imitation ludique l enfant et l adulte proposant alternativement des gestes des mimiques et des phon mes que l autre reproduit sa fa on en le d formant l g rement il constitue en r alit beaucoup plus ce que l enfant cherche approcher tout au long de ces jeux c est l tat mental de son interlocuteur Ces jeux sont en cela le creuset o s labore la capacit d empathie de l enfant Une capacit d empathie qui risque bien d tre au contraire fortement limit e quand le vis 8 Stern D Le Monde interpersonnel du nourrisson PUF Paris 1989 15 vis propos l enfant est un cran comme nous le verrons plus loin Les interactions en c te c te ne s
8. Rapport The Nag Factor Soci t Western International Media Company Schram W Lyle J et Parker E B Television in the lives of our Children Stanford University Press 1961 Spitzer Manfred L emprise des crans in La tyrannie technolo gique ditions de l Echapp e 2007 Stern D N Le Monde interpersonnel du nourrisson une perspective Psychanalytique et d veloppementale Paris PUF 1989 Tisseron S Enfants sous influence les crans rendent ils les jeunes violents Paris Armand Colin 2000 Tisseron S L intimit surexpos e Paris Ramsay 2001 Prix du Livre de T l vision 2002 R ed Hachette Litt ratures 2002 Tisseron S Les Bienfaits des images Paris Odile Jacob 2002 Prix Stassart de l Acad mie des Sciences morales et politiques 2003 Tisseron S Virtuel mon amour Paris Albin Michel 2008 Wendy L Josephson tude sur les effets de la violence t l vi suelle sur les enfants selon leur ge Centre national d informa tion sur la violence dans la famille Sant Canada 2004 Winnicott D W 1942 Pourquoi les enfants jouent ils L enfant et le monde ext rieur Sciences de l homme Paris Payot 1997 _54 En Belgique uniquement Une campagne de yapaka MA TRISONS LES CRANS AVANT 3 ANS LA MELLEURE MSSEN QUE WL CRE WH NE a affiches disponibles gratuitement www yapaka be AVANT 3 ANS LA MELLEURE MISSION CELLE QU L CR E LUI M ME P
9. Susann Heenen Wolff e Les premiers liens Marie Couvert e Fonction maternelle fonction paternelle Jean Pierre Lebrun e Ces familles qui ne demandent rien Jean Paul Mugnier e v nement traumatique en institution Delphine Pennewaert et Thibaut Lorent e La grossesse psychique l aube des liens Genevi ve Bruwier e Qui a peur du grand m chant Web Pascal Minotte e Accompagnement et alliance en cours de grossesse Fran oise Mol nat e Le travail social ou l Art de l ordinaire David Puaud e Protection de l enfance et paniques morales Christine Machiels et David Niget e Jouer pour grandir Sophie Marinopoulos e Prise en charge des d linquants sexuels Andr Ciavaldini e Hypersexualisation des enfants Jean Blairon Carine De Buck Diane Huppert Jean Pierre Lebrun Vincent Magos Jean Paul Matot J r me Petit Laurence Watillon e La victime dans tous ses tats Anne Fran oise Dahin e Grandir avec les crans Serge Tisseron Ouvrage puis En Belgique uniquement Les livres de yapaka disponibles toute l ann e gratuitement sur simple demande au 0800 20 000 9 S S R POUR LES ENFANTS 0 UNE V Livre de 80 pages 60 000 ex an Diffusion gratuite chaque l ve de 4 me primaire tre parent POUR LES PARENTS D ENFANTS Livre de 80 pages 60 000 ex an Diffusion gratuite via les cr ches coles associations fr quent es par le
10. besoin de s approprier le monde par le biais de plusieurs sens en m me temps 15 Christakis amp Zimmerman University of Washington and Seattle Children s Hospital Research Institute auteurs du livre The Ele phant in the living room Make television work for your kids d Rodale Books 22 ao t 2006 l l phant dans la salle de s jour Faire fonctionner la t l vision pour vos enfants 927 Le r sultat est que pour chaque heure par jour pendant laquelle un b b regarde des DVD ou des vid os ses apprentissages en vocabulaire dimi nuent de six huit mots par rapport aux enfants qui ne regardent pas ces programmes Chez les enfants g s de plus de 17 mois et jusqu 24 mois ces m mes DVD et vid os n ont d effets ni positifs ni n gatifs sur le vocabulaire La quantit de temps pass regarder ces pro grammes est donc directement corr l e avec le ralentissement des acquisitions Cette tude est d autant plus importante que les m mes cher cheurs ont montr que 40 des b b s de 3 mois regardent r guli rement la t l vision aux tats Unis et que ce pourcentage monte 90 partir de 2 ans Bref non seulement il n y a pas d avan tages vidents mettre un b b devant la t l mais il y aurait m me plut t un danger Une seconde question laquelle ont tent de r pondre ces chercheurs est la diff rence existant entre des enfants qui regardent diff rents types d
11. des jeunes fran ais est le h ros humanitaire Mais r ver d tre un tel h ros est souvent une fa on de tenter d chapper un pr sent angoissant Et tel est bien la situation de tous les enfants qui s imaginent victimes Rien ne prouve pourtant que ce soit le fait de regarder les actualit s t l vis es qui produisent cet effet car le fait de laisser un enfant regarder ces programmes peut tre un l ment parmi d autres d un syst me d interactions familiales susceptible de g n rer une posture victimaire chez un enfant Cette posture et le fait de regarder les actualit s seraient alors deux cons quences parall les d un certain syst me ducatif Les chercheurs semblent malheureusement plus int ress s tudier les cons quences des images quand elles s exercent dans le sens des comporte ments antisociaux que dans le sens de la d pres sion ou de la soumission et pourtant ce danger est tout aussi grand La t l m duse Chez le b b le plus important ne consiste pas en repr sentations d action mais en sensations et en motions22 II est engag dans la construction de diff rents invariants de l exp rience de soi plut t que dans la m morisation d actions sociales Il apprend se percevoir comme un tre qui ressent qui agit et qui a des perceptions au sujet de son propre corps Ces premi res exp riences organis es autour de la perception de soi comme agent ou spectateur du mon
12. du r el n est pas encore install e En tout cas nous voyons que la t l vision des tination des b b s pose des probl mes graves et sp cifiques sans commune mesure avec ceux de la t l pour les enfants Avec elle il ne s agit plus seulement de g rer l incursion t l visuelle en termes de qualit des programmes et de contr le du temps pass devant l cran Il s agit de savoir quel type de soci t et d tres humains nous voulons pour lavenir 29 C est hypoth se que d veloppe mon livre Virtuel mon amour Paris Albin Michel 2008 5i Bibliographie Abraham N et Torok M L corce et le noyau Paris Flammarion 1978 Bowlby J 1969 1980 Attachement et perte Paris PUF 1978 1984 3 tomes Carmagnat F et Robson E Qui a peur des tamagotshi tude des usages d un jouet virtuel R seaux n 92 93 CNET Herm s Sciences Publication 1999 Christakis amp Zimmerman University of Washington and Seattle Children s Hospital Research Institut auteurs du livre The Elephant in the living room Make television work for your kids d Rodale Books 22 ao t 2006 L l phant dans la salle de s jour Faire fonctionner la t l vision pour vos enfants Christakis D et Zimmerman F Enqu te d partement de p dia trie de h pital pour enfants de Seattle Washington publi e dans la revue am ricaine Journal of Pediatrics 4 April 2004 vol 113 pp 708 713
13. e une sorte de pr matur physiologique dont l organisation c r brale inachev e n cessite des pr cautions particuli res R sumons maintenant les arguments expos s tout au long de ce livre Ils se ram nent quatre Tout d abord en d tournant le b b d activit s qui engagent ses cinq sens la t l vision le d tourne d une conscience de son propre corps Notre corps est en effet toujours plus ou moins un autre pour chacun d entre nous mais il risque de le devenir bien plus encore pour les b b s encourag s s endormir se r veiller et interagir avec un cran allum Perdront ils le go t du corps corps En tout cas lorsque le corps le toucher et la possibilit d un contact physique s effacent l attitude mentale change et le m canisme psychique qui s impose est celui que Freud a appel le d ni c est dire la possibilit de penser tout moment que la part de r alit qui me d range n existe pas _49 En second lieu le b b pr cocement captiv par le rythme rapide des couleurs et des sons y compris dans les soi disant programmes adapt s court le risque d int rioriser celui ci dans sa personnalit en formation Ainsi peut s installer un cercle vicieux tragique dans lequel les parents placent leur b b devant la t l parce qu elle semble le calmer alors qu il grimpe aux murs et court partout aussit t qu elle s teint Le fameux m diateur
14. en effet une corr lation directe entre la capacit de faire semblant et celle de sur monter la frustration des situations d cevantes L enfant et l adulte qui ne sont pas capables de jouer prouvent beaucoup plus de difficult s pour g rer les v nements p nibles auxquels ils sont confront s Ils ne disposent notamment pas de l humour cette capacit de plaisanter sur les situations r elles d plaisantes Du coup ils sont tent s de g rer ces d ceptions et ces frustrations par le d ni ou la violence et souvent par les deux Bref encourager partout les activit s de jeux de r le et cela d s l entr e la maternelle pourrait _ 46 bien s imposer bient t comme l antidote une soci t du tout virtuel une v ritable cologie de l esprit malmen par les mirages des crans Conclusion La t l vision pour les b b s on le voit n est qu une pi ce du gigantesque dispositif que les marchands de temps de cerveau disponible construisent pour imposer leurs rep res et leurs valeurs Mais cette pi ce est essentielle parce qu elle est un v ritable cheval de Troie dans la sensibilit et les repr sentations de nos enfants Une fois install e elle leur ouvrira toutes grandes les portes de leur esprit Cette raison serait d j bien suffisante pour que la r sistance s organise mais il y en a d autres Toutes sont li es au fait que le b b reste jusqu la fin de sa seconde ann
15. leurs produits d riv s C est la g n ralisation par petit cran interpos de la strat gie inaugur e en 1977 par George Lucas et qui marche d j tel lement bien avec les enfants plus grands comme le prouve le fabuleux succ s de tous les produits d riv s de la s rie Dora l exploratrice Une cha ne pour b b s rapporte en effet tr s peu relativement aux crit res de rentabilit fix s par les actionnaires dont la pr tention en terme de gains peut atteindre 25 par an Mais les produits d riv s et notam ment les produits alimentaires et les jouets sont un gigantesque march potentiel autant dire une manne C est l que le petit cureuil de Baby First anim de fa on indigente et probablement peu co teuse peut rapporter des millions une fois associ une marque de biscuits ou de barres chocolat es Bien s r dans ce cas et la diff rence de ce qui s est pass au moment de la sortie du premier pi sode de La Guerre des toiles les produits d riv s peuvent difficilement tre lanc s en m me temps que les programmes pour enfants Cette co nci dence risquerait d attirer l attention des parents et de leur mettre la puce l oreille C est pourquoi le lancement en France des deux cha nes consacr es aux b b s Baby TV et Baby First s est d roul sur fond d argument philanthropique Enfin des programmes adapt s pour les b b s et sans publi cit s Un philanthropism
16. merger les processus imaginaires 9 Ibidem _16 Bien s r mais quel parent va payer un abonnement une cha ne de t l vision qui diffuse en continu pour mettre son b b devant elle cinq minutes par jour D autant plus que ces cha nes annoncent fi rement avoir des programmes sp cial endor missement la nuit pour les b b s insomniaques et sp cial r veil le matin La tentation sera grande pour certains parents d utiliser cette cha ne payante 24 heures sur 24 Et m me pour ceux qui essayeraient d en faire un usage mod r rappelons qu une cha ne de t l vision n est pas un DVD Le propre d une cha ne est en effet de faire se succ der les programmes en continu et ce n est pas du tout la m me chose que de choisir un DVD parmi d autres et de le revoir plusieurs fois En regardant plusieurs reprises le m me DVD l enfant apprend en effet anticiper la succession des actions et faire fonctionner sa m moire Au contraire sur une cha ne de t l vision les programmes se succ dent sans aucun lien entre eux et m me un spectateur adulte y perd la notion du temps Tout enfant install devant un cran risque de rester tr s longtemps devant le poste sans m me s en apercevoir aux d pens de toutes les activit s interactives et d ve loppementales qu il aurait sans cela Mais venons en maintenant aux quelques tudes s rieuses dont nous disposons sur la question Ell
17. rimentales r alis es ce jour ne prouvent pas que a ne sert rien de mettre un b b devant la t l vision mais que c est pr judiciable ses acquisitions la diff rence de l adulte il n a en effet pas encore constitu de repr sentations internes stables Qu est ce que cela signifie Pour le comprendre envisageons ce qui se passe lorsqu un spectateur adulte regarde un programme Par exemple lorsque je vois un feuilleton je peux imaginer que le h ros _13 pourrait agir d une mani re diff rente dans telle ou telle situation ou m me que l ensemble de l histoire pourrait se passer autrement Ce sont des attitudes mentales possibles chez un adulte mais justement impossibles chez un b b Chez les tout petits l interactivit mentale a constam ment besoin de s appuyer sur l engagement de la motricit et notamment sur la possibilit de manipuler les objets qui leur servent de supports repr sentatifs Comme nous le savons depuis les travaux de Piaget et de Wallon la d couverte du monde passe par l engagement moteur le fait de se d placer dans un espace d explorer de trouver des objets et de les manipuler Les sp cialistes de la petite enfance d signent cette forme particuli re de relation au monde sous le terme d intelligence sensorimotrice Enfin il est douteux qu un enfant commence percevoir la coh rence narrative d un r cit 9 mois D apr s des tudes canadienn
18. supportent mal lls allument la t l vision et l enfant ou les enfants s il y en a plusieurs se rangent en ligne sur le canap l il rond dans une relation intense l cran Que se passe t il alors dans leur t te 26 Ricoeur P Soi m me comme un autre Seuil Paris 1990 42 La prison de comportements qui s auto renforcent Lorsqu un enfant de moins de trois ans regarde la t l vision tout lui para t si incompr hensible qu il cherche avant tout retrouver des rep res sur les quels s appuyer Et pour cela il choisit bien souvent d attacher son attention celui des personnages qui lui para t le plus proche de lui m me par ses r actions Mais comme les h ros de ces s ries sont assez st r otyp s l enfant s identifie finalement toujours au m me mod le celui qui commande ou bien celui qui est command celui qui cherche ou bien celui qui est cherch ou encore celui qui frappe ou bien celui qui est frapp En s identifiant toujours au m me profil de h ros les enfants courent alors le risque de renforcer un registre relationnel exclusif En pratique ils prennent l habitude de se percevoir d une seule fa on comme agresseur comme vic time ou comme redresseur de torts Le danger est alors qu ils adoptent syst matiquement la m me attitude dans la r alit C est pourquoi le danger de la t l vision pour les tr s jeunes enfants n est pas l adoption des mod les pr
19. tranquilli sant se r v le tre un tr s puissant excitant En troisi me lieu et cela va dans le m me sens que ce qui pr c de le b b install r guli rement devant un cran risque de constituer celui ci en miroir privil gi d interaction Ce danger est d autant plus grand que les crans incitent toujours davan tage les enfants une relation de familiarit de confiance et pour tout dire d attachement en tous points semblable celle qu ils ont avec des tres humains Je pense notamment Dora l exploratrice qui doit beaucoup de son succ s aux situations d interactions que son h ro ne pr tend tablir avec les jeunes spectateurs Dora en gros plan sur l cran invite l enfant qui la regarde r p ter apr s elle certains mots voire l invite sauter pour viter une pierre qui roule du fond de l cran ou lever les mains pour attraper une balle qu elle lui envoie Plus un enfant a cherch pr cocement dans un cran les interactions qui lui faisaient d faut dans la r alit et plus il risque d attendre plus tard cho et approbation d autres crans Ce serait en quelque sorte le troisi me stade des crans apr s celui de t l vision qui nous a permis de nous informer sur le reste du monde est venu l cran d ordinateur qui nous a permis d interagir avec nos semblables Ce troisi me stade favoris par une consommation t l visuelle pr coce serait d engager
20. un nombre de plus en plus important d enfants vers la constitu tion des crans en partenaires part enti re sus _ 50 ceptibles de leur donner approbation de ce qu ils pensent et ressentent Enfin et c est le quatri me probl me pos par les cha nes pour b b s la t l vision est en train de bouleverser les processus pr coces d identification avec des cons quences qui sont d j mesurables l cole maternelle comme l adolescence Elle appauvrit le foyer vivant des identifications chez les tout petits et les am ne enkyster pr cocement certaines identifications unilat rales que ce soit un agresseur une victime ou un redresseur de torts Ainsi s explique le passage de l enfant qui regarde trop la t l vision l adolescent scotch aux jeux vid o Le second tente de reconstruire par les crans interactifs une fluidit identificatoire que les crans non interactifs ont d truit dans son enfance Bien s r l adolescence a toujours t un moment o l identit est remise sur le m tier mais la t l vision et les jeux vid o ont donn cette phase un nouvel enjeu Ce qui montre au passage l ineptie qu il y a riger aujourd hui en priorit la prise en charge des adolescents alors que l adolescence se pr pare en grande partie dans la petite enfance et que la d pendance aux crans peut commencer d s le plus jeune ge un moment o la conscience de soi de l autre et
21. Des cha nes pour b b s g s de 6 mois trois ans s installent actuellement dans les foyers sous un argument ducatif Le psychiatre Serge Tisseron soul ve ici les questions que cela pose notamment du point de vue de la sant mentale du tout petit En d tournant le b b d activit s qui engagent ses cinq sens l cran ne risque t il pas de l loigner d une conscience de son propre corps et de perturber son rapport lui m me et aux autres Que deviennent les processus d attachement et d identification face un cran Les h ros des programmes pour enfants deviendront ils leurs tuteurs et leurs guides notamment pour la consommation de produits d riv s Et entre l enfant qui regarde beaucoup la t l et l adolescent scotch devant ses jeux vid o existe t il une continuit Tous ces probl mes engagent la question de savoir quel type d individus nous souhaitons pour la soci t de demain Les professionnels de l enfance ont un r le majeur jouer dans la r ponse leur apporter Serge Tisseron est psychiatre et psychanalyste directeur de recherches de l Universit Paris Ouest Nanterre Il est l auteur de nombreux ouvrages dont Petit manuel l usage des parents dont les enfants regardent trop la t l vision 2004 Bayard Virtuel mon amour 2008 Albin Michel Qui a peur des jeux vid o 2008 Albin Michel Les dangers de la t l pour les b b s 2008 yapaka R ver fantasmer virtua
22. Smet Deborah Dewulf Nathalie Ferrard Ingrid Godeau Louis Grippa Fran oise Guillaume Pascale Gustin G rard Hansen Fran oise Hoornaert Perrine Humblet Marie Thonon et Juliette Vilet Une initiative de la F d ration Wallonie Bruxelles de Belgique diteur responsable Fr d ric Delcor F d ration Wallonie Bruxelles de Belgique 44 boulevard L opold II 1080 Bruxelles Deuxi me dition Avril 2013 Sommaire Le mythe des programmes adapt s 5 Une emprise en quatre pisodes 5 Des arguments contestables 9 La t l avant trois ans 19 L impact de la forme 19 La s duction t l visuelle 22 Les quatre sources de la violence des images 23 La t l perturbe la construction de la repr sentation de soi 26 La t l retarde le langage 27 Apprendre regarder autrement 29 Le formatage des cerveaux 33 Le pouvoir du pr sentateur 33 Des mod les sexu s et conformistes 36 La t l m duse 38 L enkystement des premi res identifications 40 Conclusion 49 Bibliographie 53 Une campagne de yapaka
23. ZA PAS DE TV aa AVANT 3 ANS GS satsmen DS osve ammm menu ETECRE POURQUOI Tout d abord nous savons aujourd hui que le 1 d veloppement d un jeune enfant passe par la motricit et la capacit d interagir avec les objets qu il rencontre L intelligence cet ge est en effet sensorielle et motrice plus que conceptuelle ou imag e Il est craindre que le temps pass par l enfant devant les programmes d une cha ne pour b b s qui rassurera les parents parce qu elle est pr sent e comme fabriqu e pour les tout petits 58 ne l loigne des activit s motrices exploratoires et interhumaines fondamentales pour son d veloppe ment cet ge relation satisfaisante au monde qui l entoure que s il peut se percevoir comme un agent de transformation de celui ci C est ce qu il fait quand il manipule de petits objets autour de lui Il est craindre que l installation d un tout petit devant un cran ne r duise son sentiment de pouvoir agir sur le monde et ne l enkyste dans un statut de specta teur du monde 2 Nous savons aussi que l enfant n tablit une t l vision comme moyen d apaiser l enfant mais elle leur vite en r alit un travail du catif sur lequel il pourrait s appuyer pour grandir Prenons deux exemples Tous les parents savent comme le coucher d un tout petit est difficile l en fant rappelle les parents y retournent puis quittent
24. as si en contrepartie ces enfants se sentent faire partie de la famille virtuelle constitu e par les personnages de leurs s ries habituelles mais je n en serais gu re tonn La t l retarde le langage Certains DVD et vid os sont explicitement conseil l s aux parents dans le but d augmenter l appren tissage du langage chez leurs enfants Il s agit notamment de supports comme Baby Einstein ou Baby Mozart Mais deux chercheurs de l Universit de Seattle aux USA ont montr que non seulement ces productions n accroissent pas la capacit linguistique des enfants qui les regardent mais qu elles ralentissent au contraire les enfants de 8 16 mois dans leurs apprentissages Cette recherche a consist mettre en place des interviews avec des parents d enfants g s de 8 mois 16 mois en les invitant relever les mots utilis s habituellement par ceux ci dans une liste de quatre vingt dix mots Cette liste incluait par exemple des mots comme mamy ou nez Les parents d enfants g s de 17 24 mois furent sol licit s de la m me fa on pour un nombre de mots plus importants Dans ce second groupe d ge les mots typiques taient par exemple ballon camion ou g teau 14 Ibidem Le m me article voque galement les travaux du docteur Manfred Spitzer neurophysiologiste et directeur m dical du CHU d Ulm Allemagne qui confirment le fait qu un cerveau a
25. de impliquent le regard ou d autres sens et participent l dification du premier noyau de soi 22 Stern D op cit 38 C est pourquoi le b b la diff rence de l adulte est plus enclin int rioriser des sensations des rythmes et des motions que des mod les compor tementaux 3 Du coup c est videmment dans cette direction que va s exercer l influence t l visuelle sur lui Le probl me est qu il s agit le plus souvent de s quences d interactivit de courte dur e et dont l interruption est brutale Pour en comprendre les effets prenons l exemple d une situation d interaction r elle un adulte sourit un b b celui ci r pond par un sourire plus large encore dans une spirale r troaction positive En revanche si le b b regarde un visage qui lui sourit Sur un cran il va sourire son tour mais ce visage ne va pas se modifier sous l effet de ce sourire La boucle d interaction est bris e Pire encore un changement de plan va faire appara tre autre chose sur l cran de telle fa on que la situation motionnelle et sensorielle du sourire partag est interrompue Le nourrisson est dans la situation d tre et de n tre pas la fois avec un autre et il int riorise des relations en cho constamment avort es Autrement dit sans bouger et les yeux riv s l cran cet enfant apprend l instabilit Et c est l qu un quiproquo tragique s insta
26. dire en famille on demande l enfant ce qu il a mang la cantine s il a bien fait ses devoirs et ensuite on regarde la t l vision en silence ensemble au salon ou chacun de son c t Quel dommage d utiliser si mal les images qui nous entourent Et comment s tonner que quelques ann es plus tard le m me enfant devenu adolescent s enferme dans sa chambre pour se retrouver seul face un jeu vid o Le formatage des cerveaux Chacun se souvient de la petite phrase de Patrick Le Lay alors PDG de TF1 disant que le but des pro grammes de t l vision tait de vendre du temps de cerveau disponible aux annonceurs publici taires On avait alors juste titre parl de forma tage des cerveaux Mais le paysage audiovisuel ne formate pas le cerveau de nos rejetons de la m me mani re que le n tre Le pouvoir du pr sentateur L influence du paysage audiovisuel sur les adultes est maintenant bien connue Elle s exerce de deux fa ons compl mentaires en invitant les auditeurs spectateurs s int resser certains v nements plut t qu d autres et en orientant leur jugement sur ce qui leur est propos La premi re de ces deux formes d influence est quantitative et concerne l impossibilit de s int resser tout la seconde est plut t qualitative et concerne la valeur donner l information que chacun privil gie Commen ons par la fa on dont l information nous impose cer
27. dre tous bruyants en les tra nant sur le sol Autrement dit la relation du jeune enfant ses jouets est multisensorielle asso ciant la vue louie le toucher et l odorat C est dans cette intrication permanente que se tisse son image inconsciente du corps et que s installe son sentiment d tre la fois dans son corps et au monde Peter Winterstein p diatre allemand a montr en utilisant le dessin d enfant que cette premi re fonction est perturb e chez les enfants gros consommateurs de t l vision La consigne dessine moi un bonhomme propos e dans les m mes conditions tous les enfants qu il a re us pendant trente cinq ans am ne de plus en plus sous le crayon de ceux ci des repr sentations de corps d form s voire amput s et pour les plus gros consommateurs de petit cran compl tement aberrants Quant au sentiment de se sentir au monde c est dire pour le jeune enfant dans sa famille il semble bien affect lui aussi comme l indique une autre tude r alis e sur un chantillon de 55 000 enfants regardant la t l vision entre 71 minutes et 108 minutes par jour Cette tude montre 13 L abus de t l tue la cr ativit in Courrier International gale ment cit par le mensuel Psychologies janvier 2006 26 en effet que plus ils la regardent et moins ils se sentent faire partie de leur famille 4 Les auteurs ne nous disent p
28. e programmes Ils ont pour cela cr quatre cat gories les DVD et les vid os sp cialement destin s aux b b s comme les programmes des cha nes Baby TV et Baby First les programmes objectif ducatif explicite ceux qui n ont pas d objectif ducatif et dont la seule ambition est le divertissement comme Bob l ponge ou Toy story et enfin les programmes de t l vision pour adultes Contrairement aux id es re ues ces programmes tr s diff rents ne semblent pas avoir de cons quences diff rentes En d autres termes pour un enfant de moins de 24 mois il est impossible de parler de programmes adapt s Seul compte le nombre d heures pass es devant l cran 28 Le fait que les programmes dits adapt s n aient pas plus d effets positifs sur l acquisition du langage que les autres est li au fait que ces programmes s accompagnent d une bande son incapable d adapter ses intonations l tat psychologique du b b D autres recherches ont en effet montr que c est la capacit de l adulte de moduler sa voix en fonction de ses propres tats motionnels en har monie avec ceux du b b qui compte Les parents ajustent leurs intonations leur regard et leur attitude corporelle de telle fa on que les acquisitions linguis tiques des enfants soient support es non seulement par les mots qu ils entendent mais aussi par les regards chang s et les attitudes corporelles des uns e
29. e qu un v nement d une gravit extr me ne leur rappelle que la r alit ne se laisse pas oublier si facilement Le second aspect de ce contr le des esprits consiste dans la valeur motionnelle donner chaque v nement Le monde est si complexe que nous savons de moins en moins quelle valeur lui accorder Par exemple si les tats Unis annoncent la mise au point de nouveaux moyens de surveillance cer tains se r jouiront aussit t de cette protection plus efficace contre le terrorisme tandis que d autres y verront une menace de plus sur les libert s Mais la plupart de nos concitoyens auront certainement l impression que le mode d emploi de cette informa tion leur manque Que faut il en penser comme disent parfois certains journalistes avant de donner leur point de vue Pourtant si on fait exception des m dias ouvertement partisans une position _34 trop tranch e sera en g n ral vit e Elle risquerait de para tre trop ouvertement manipulatrice Alors comment faire La solution qui est difficile trouver dans la presse est en revanche facilement mise en place en radio et plus encore en t l vision Ce sont les intonations et les mimiques du pr sentateur qui sont charg es de transmettre la valeur motionnelle attribuer l v nement La t l vision est de ce point de vue le m dia id al Le visage du pr sentateur qui regarde chaque t l spectateur dans les yeux a en effet le pouv
30. e tout relatif bien s r mais auquel certains psychologues semble t il se sont laiss s prendre Des arguments contestables Arr tons nous maintenant sur le discours des parti sans des cha nes pour b b s ou tout simplement de ceux qui pr tendent les justifier 9 Je m appuierai dans ce qui suit sur la seule inter view d un professionnel du champ psychologique qui reprenne son compte en leur apportant sa caution les arguments des fabricants de ces cha nes Elle consiste la fois pr senter comme des certitudes des choses dont nous ne savons rien et ne rien dire de ce que nous savons et qui pourrait inqui ter Des programmes adapt s la question Cette nouvelle cha ne pour les b b s de 6 mois trois ans est elle adapt e aux tout petits le psychologue d fenseur des cha nes pour b b s r pond Oui dans la mesure o les programmes sont simples de courte dur e sans publicit et d nu s de violence On reconna t ici l argument majeur en faveur des cha nes pour les b b s Mais cet argument pr sent comme indiscutable pose en r alit bien des probl mes Non seulement rien ne prouve que les programmes pour b b s soient adapt s mais en plus les rares tudes men es ce jour notamment celles de Christakis et Zimmerman dont nous reparlerons semblent indiquer qu ils ne le sont pas du tout C est pourquoi on ne peut que rester r veur devant la r
31. ement chacun des r les agresseur victime ou redresseur de torts Ainsi ceux qui ont tendance s enfermer dans certains profils notamment l agression ne seraient pas mon tr s du doigt mais invit s prouver d autres positions possibles et les exp rimenter Ils pour raient du coup plus facilement se d coller de leurs identifications enkyst es Ils retrouveraient une marge de man uvre ou pour le dire autre ment de libert sans qu aucun d entre eux ne soit stigmatis 8 Ceux qui tendent se fixer dans un profil de soumission y d velopperaient d autres repr sentations d eux m mes tandis que ceux qui se per oivent en toutes circonstances comme des chefs auto d sign s apprendraient y prouver de l empathie pour les autres En second lieu ces activit s constitueraient des espaces dans lesquels les enfants pourraient assi miler et dig rer l environnement audiovisuel auquel ils sont confront s tout en s engageant dans une meilleure ma trise du langage et en d veloppant des formes nouvelles de socialisation ce qui cor respond aux objectifs ducatifs les concernant Enfin ces activit s permettraient de r introduire la distinction entre le pour de vrai et le pour de rire qui a disparu du paysage audiovisuel mais qui est essentielle l tre humain Les enfants r p tent en effet les attitudes et les comporte ments qu ils ont observ s d s le berceau Mais cette r p
32. ent violent Par exemple les dix 11 Racmier P C Les schizophr nes Payot Paris 1980 23 premi res minutes du film de Steven Spielberg ll faut sauver le soldat Ryan sont consid r es comme tr s violentes par pratiquement tous ceux qui les ont vues Cette d finition est toutefois relative une culture et une p riode d termin e les images consid r es comme violentes ne sont pas les m mes toutes les poques et dans toutes les parties du monde Cette d finition est pourtant essentielle car elle guide les sp cialistes charg s de d cider de l interdiction de certains spectacles aux mineurs La violence des images est tout autre chose Elle est ce qui peut perturber un spectateur pr cis un moment pr cis Cette d finition n est donc pas statistique mais personnelle elle concerne chacun Elle est cependant extr mement importante pour guider les parents et les ducateurs Mais qu est ce qui fait qu une image peut faire violence Il y a quatre raisons cela La premi re concerne bien entendu les images qui ont un conte nu objectivement violent La seconde concerne la possibilit pour certaines images de r veiller des traumatismes personnels pass s un enfant qui a t soumis un deuil ne regarde pas un film mettant en sc ne un d c s de la m me mani re qu un enfant qui ne l a pas t et une personne qui a perdu ses parents dans un accident de montagne ne r agit pas comme
33. er f es quand ce n est pas de simples figurantes rimelis es Les gar ons qui regardent ces s ries sont donc invit s s identifier des personnages invincibles et ont du coup tendance recourir la violence plus facilement puisqu ils se r vent volontiers invuln rables En revanche les filles invit es s identifier des poup es ne courent pas le m me risque Bien s r ces programmes ont forc ment des effets sur elles aussi mais ils n ont pas ma connaissance fait l objet d aucune tude D apr s mes propres recherches les enfants de quatre ans qui regardent le journal t l vis pr sentent deux diff rences majeures par rapport ceux qui ne le regardent pas ils ont d abord tendance s imaginer beaucoup plus souvent en situation de victime mais lorsqu on les invite pri 20 Christakis D et Zimmerman F Enqu te d partement de p diatrie de l h pital pour enfants de Seattle Washington publi e dans la revue am ricaine Journal of Pediatrics 4 April 2004 vol 113 pp 708 713 21 Etude men e en 2007 et 2008 sur trois coles maternelles de Paris Argenteuil et Gonesse 95 Tisseron S 2010 Le Jeu des Trois Figures en classes maternelles Paris Fabert t l chargeable sur www yapaka be 37 vil gier une posture parmi plusieurs ils pl biscitent celle de redresseur de torts Cette tude confirme celles qui indiquent que le profil r v de la majorit
34. es sur yapaka be search _61 Temps d Arr t Lectures d j parus Retrouvez nos auteurs sur yapaka be pour des entretiens vid o conf rences en lignes e L aide aux enfants victimes de maltraitance Guide l usage des intervenants aupr s des enfants et adolescents Collectif e Avatars et d sarrois de l enfant roi Laurence Gavarini Jean Pierre Lebrun et Fran oise Petitot e Confidentialit et secret professionnel enjeux pour une soci t d mocratique Edwige Barth lemi Claire Meersseman et Jean Fran ois Servais e Pr venir les troubles de la relation autour de la naissance Reine Vander Linden et Luc R giers e Proc s Dutroux Penser l motion Vincent Magos dir e Handicap et maltraitance Nadine Clerebaut V ronique Poncelet et Violaine Van Cutsem e Malaise dans la protection de l enfance La violence des intervenants Catherine Marneffe e Maltraitance et cultures Ali Aouattah Georges Devereux Christian Dubois Kouakou Kouassi Patrick Lurquin Vincent Magos Marie Rose Moro e Le d linquant sexuel enjeux cliniques et soci taux Francis Martens Andr Ciavaldini Roland Coutanceau Lo c Wacqant e Ces d sirs qui nous font honte D sirer souhaiter agir le risque de la confusion Serge Tisseron e Engagement d cision et acte dans le travail avec les familles Yves Cartuyvels Fran oise Collin Jean Pierre Lebrun Jean De Munck Jean Pa
35. es dont nous parlerons plus loin les enfants ne commencent appr hender les contenus qu partir de deux ans et demi Auparavant ils ne voient que des suc cessions de formes color es et des personnages Mais placer cette possibilit l ge de 9 mois a tout pour s duire les fabricants de programmes pour les b b s si un enfant est sensible la narration d s cet ge cela justifie des programmes qui proposent un sc nario adapt La r alit comme nous le ver rons plus loin est que pour un b b il n y a gu re de diff rence entre les programmes Interagjir avec b b face l cran la question Comment accompagner le b b dans sa d couverte des images le m me interview r pond II faut viter de le laisser seul 7 Voir infra chapitre 3 _14 devant l cran Ce sont les interactions autour des images qui sont sources d enrichissement Il suffit de venir c t de lui de lui poser des questions sur ce qu il voit Un programme m me adapt peut tre d stabilisant Par exemple un lion qui b ille peut faire peur avec ses crocs sauf si on explique que le lion ouvre grand la gueule parce qu il est fatigu L enfant est encore dans une sensorialit forte les parents doivent tre l pour le prot ger des stimulations ext rieures H las Cette affirmation valable pour un enfant de plus de deux ans et demi n a gu re de sens pour un tout petit Entre
36. es et leurs intonations ce qu il faut prouver Et c est finale ment la m me chose Des mod les sexu s et conformistes Un spectacle de t l vision quel qu il soit propose des mod les C est la conclusion laquelle sont arri v s les premiers travaux men s sur la t l vision aux USAT7 et en Angleterre 8 la fin des ann es 1950 et au d but des ann es 1960 Hilde Himmelweit et ses coll gues l origine de l tude anglaise notent par exemple que la t l vision exerce une influence consid rable sur la conception que les enfants se font du travail de la r ussite sociale Ils concluent m me qu elle peut pr cipiter les enfants mo tionnellement fragiles dans des comportements agressifs bien qu elle ne puisse pas tre consid r e comme une cause directe de violence En fait les enfants qui poss dent le langage m mo risent des encha nements qui constituent les unit s de base de leur d veloppement cognitif et de leur m moire autobiographique II peut s agir d v ne ments qu ils ont r ellement v cus ou d v nements qu ils ont vus repr sent s dans un dessin anim ou un film Par exemple le d roulement d un anni versaire implique d accueillir les invit s d ouvrir les cadeaux de chanter joyeux anniversaire de souf fler les bougies de couper le g teau et de le man ger Mais il peut s agir aussi d une s quence v ne mentielle vue dans un f
37. es montrent ce que beaucoup de parents pres sentent la t l et les b b s ce n est pas fait pour aller ensemble La t l avant trois ans Un b b n est pas un enfant comme les autres Chez lui la t l vision affecte la construction m me des rep res et des fonctions psychiques alors que ceux ci sont d j en grande partie constitu s chez l enfant plus g En pratique nous allons voir que la confrontation du tout petit au paysage audiovisuel a trois s ries de cons quences sur la construction de l image de soi et de sa famille sur les acquisitions linguistiques et sur les mod les internes qui r gissent son rapport au monde Nous allons aborder les deux premiers de ces aspects et garderons le troisi me pour le chapitre sui vant Mais commen ons par r sumer les r sultats d une recherche canadienne la seule existante sur les effets compar s de la t l vision par tranches d ge L impact de la forme Avant l ge de 6 mois les b b s ne peuvent fixer un cran que durant de tr s courtes p riodes Apr s quelques minutes ils manifestent pratiquement tou jours des signes de fatigue notamment des pleurs de l irritabilit et des b illements En fait ces mani festations traduisent la fatigue psychique caus e par la tension du regard vers l cran C est seulement partir de 6 mois que les b b s acqui rent la capacit de regarder les images pendant peu pr s un quart d heure pou
38. ie quotidienne Elle devient un quivalent technologique de la relation pathog ne hyperstimulante et intrusive D un c t les parents ont recours la t l pour que leur enfant reste tranquille et d un autre ce m me enfant r v le une agitation croissante aussit t que l cran s teint De nombreux travaux d thologie y com pris appliqu s la relation m re enfant ont montr combien l tre humain est capable de s accrocher aux l ments les plus pr sents de son environnement d s les d buts de sa vie et notamment ceux dont il a l impression qu ils le regardent Il est craindre que les jeunes enfants ne d veloppent une relation d attachement aux mod les de la t l semblable celle qu ils ont avec les adultes qui les entourent On voit com bien l argument qui consiste dire que ces cha nes ne contiennent pas de publicit est fallacieux tous leurs programmes constituent des supports publicitaires pour les produits d riv s que l enfant demandera aussit t qu il les verra 60 Certains enfants pourront m me tablir une relation d attachement aux crans ind pendamment de tout contenu lls ne se sentiront s curis s que si l un de ces fameux crans est allum pr s d eux Jusqu devenir plus tard des adolescents qui attendent une approbation de ce qu ils pensent ressentent et sont des crans Poursuivez la th matique par des vid os des text
39. ilm par exemple sourire 17 Schram W Lyle J et Parker E B Television in the lives of our Child ren Stanford University Press 1961 18 Himmelweit H Oppenheim A N et Vince P Television and the Child and Empirical Study of the Effect of Television on the Young London School of Economics and Political Science 1958 19 Nelson K Greundel J M Generalized event representations Basic building bloks of cognitive development in Lamb M E and Brown A L Eds Advance in development psychology Vol 1 Hillesdale NJ Erlbaum 1981 36 quelqu un qui vous a insult puis l attaquer aussit t qu il a le dos tourn Ces s quences pr sentent un danger d autant plus grand d tre constitu es en r f rence qu elles sont vues par un jeune enfant en train de constituer ses premi res unit s cognitives et motionnelles de base Plusieurs tudes ont approfondi cet aspect de l influence t l visuelle Contentons nous d un seul exemple le plus r cent notre connaissance Parmi tous les enfants qui regardent beaucoup les dessins anim s les gar ons pr sentent un risque lev de devenir violents l adolescence alors que ce risque n existe pas chez les filles En fait la raison de cette diff rence se trouve dans les programmes eux m mes La plupart des dessins anim s pour enfants exaltent l hyper puissance des h ros masculins tandis que les h ro nes sont souvent r duites de sup
40. l action au fur et mesure avec votre bambin c t de vous les autres spectateurs vont videmment vous demander de vous taire en vous disant qu ils ont le droit de regarder le film sans tre d rang s En revanche m me si un adulte ne regarde la t l vision qu un quart d heure par jour avec son enfant il est tr s important que pendant ce laps de temps il adopte une attitude active Il doit donner son jugement sur les images et inviter enfant faire de m me afin que celles ci deviennent un support d changes et non pas de fascination Nous croyons parfois que quand il y a un cran allum chez nous il est fait pour tre regard C est une erreur Habituons nous l id e qu il est fait pour tre com ment C est m me toute la diff rence entre crans de t l vision et cran de cin ma Le mod le que nous devons apprendre d velop per vis vis des crans est finalement celui d un livre d images Lorsqu un parent ouvre un tel livre avec un enfant ce n est pas pour se contenter de le regarder en silence Mon fils il y a tr s longtemps me disait papa fais la parole Le tout petit attend du parent qu il mette sur les images des mots qui lui sont directement destin s qui sont des mots qu il est capable de comprendre et qui l introduisent une relation m diatis e par les crans Nous devons apprendre regarder tous les crans domestiques qui nous entourent comme
41. les autres un spectacle d accident de montagne La troisi me raison pour laquelle certaines images peuvent faire violence concerne le montage et l utilisation de bandes son souvent agressives m lant des percussions des bruits cardiaques des bruits respiratoires et des r les dont on ne sait jamais tr s bien s ils sont de plaisir ou de _24 souffrance L existence de tels accompagnements sonores explique qu un spectateur se sente par fois malmen par des images sans en conna tre la raison il l est non pas cause des images mais cause de l accompagnement sonore Ce qui se passe dans un tel moment pour un adulte peut nous permettre de comprendre le trouble qui peut envahir un b b face des images angoissantes et ind cidables Enfin la quatri me raison pour laquelle les images peuvent faire violence r side dans leur capacit bousculer les rep res et provoquer la confu sion Pour essayer de comprendre ce que ressent un b b face certaines images nous pouvons nous appuyer sur ce que nous ressentons parfois nous m mes Car le paysage audiovisuel peut tre fascinant et terrorisant la fois tout ge Qui de nous ne s est pas surpris un jour garder les yeux coll s sur un cran sans rien comprendre ce qui s y passe et pourtant incapable d en d tacher son regard Et cela est de plus en plus fr quent car le paysage audiovisuel est devenu de plus en plus ind cidable Bien s r
42. liser du virtuel psychique au virtuel num rique 2012 Dunod be Coordination de l aide aux victimes de maltraitance Secr tariat g n ral F d ration Wallonie Bruxelles de Belgique Bd L opold II 44 1080 Bruxelles M TE LE CNE TELE RelS 3 F D RATION WALLONIE BRUXELLES GRANDIR AVEC LES CRANS SERGE TISSERON yapaka be N oo LES DANGERS DE LA T L POUR LES B B S Serge Tisseron Les dangers de la t l pour les b b s Serge Tisseron apaka bDe Temps d Arr t Lectures Une collection de textes courts destin s aux professionnels en lien direct avec les familles Une invitation marquer une pause dans la course du quotidien partager des lectures en quipe prolonger la r flexion par d autres textes 8 parutions par an Directeur de collection Vincent Magos assist de Diane Huppert ainsi que de Meggy Allo Delphine Cordier Philippe Dufromont Sandrine Hennebert Philippe Jadin et Claire Anne Sevrin Le programme yapaka Fruit de la collaboration entre plusieurs administrations de la Communaut fran aise de Belgique Administration g n rale de l enseignement et de la recherche scientifique Direction g n rale de l aide la jeunesse Direction g n rale de la sant et ONE la collection Temps d Arr t Lectures est un l ment du programme de pr vention de la maltraitance yapaka be Comit de pilotage Nicole Bruhwyler Fran ois De
43. mment ali ment et potentialis par un cran Et il peut m me s ennuyer devant la t l vision voire plus tard devant un cran de jeux vid o L enkystement des premi res identifications Nos petits sc narios int rieurs Les petits sc narios que nous portons tous l int rieur de nous jouent un r le essentiel dans nos vies 4 Ils expliquent par exemple que l un d entre nous ait tendance r agir une agression verbale par la fuite alors qu un autre r agit par une r ponse agressive un troisi me par une r ponse mod ratrice et un quatri me en d clenchant une bagarre Ces mod les sont plus ou moins nuanc s chez chacun 24 Les chercheurs en sciences cognitives les appellent les mod les internes op rants ou encore les repr sentations internes g n ralis es Ils comportent toujours la fois des repr sentations d action des motions et des sensations _ 40 et il vaut mieux qu ils le soient plus car c est ce qui permet de r agir d une fa on qui tienne compte de tous les param tres d une situation Par exemple si quelqu un m insulte il vaut mieux appr cier avant de r pondre si celui qui m a insult est dans son tat normal ou sous l emprise de la boisson L ducation apprend normalement nuancer les mod les internes de fa on viter les r actions excessives et inadapt es Le jeu spontan y contri bue galement Mais la t l exerce malheure
44. n par un enfant peut augmenter les achats parentaux de 30 dans tous les domaines parc d attrac tion cin ma restaurant Dans une bonne logique publicitaire le but est donc d aider les enfants manier le caprice Les publicit s s en font l cho Parents qui voulez conna tre vos enfants inutile de lire des livres de psychologie regardez plut t avec eux les publicit s qui fa onnent leurs com portements votre gard La mise en sc ne du caprice devient dans les ann es 2000 un must des s quences publicitaires montrant des enfants et des parents Ceux ci s amusent de voir mis en sc ne ce que leurs enfants font d j ou se r jouissent de voir ce que leurs enfants ne font justement pas Dans tous les cas leurs rejetons d couvrent le bon maniement d une arme qu ils l aient d j employ e ou non Le march des b b s C est la quatri me et derni re tape celle laquelle nous assistons avec le lancement des cha nes pour les b b s Car si les b b s s expriment mal ils sont capables de faire des caprices et aussi de recon na tre la silhouette d un animal familier qu ils ont vu la t l vision lorsqu ils la d couvrent sur l embal lage d un produit alimentaire Car tel est l espoir 5 The Nag Factor dit par la Soci t Western International Media Company _8 secret des promoteurs de cha nes pour b b s mettre le facteur caprice des tout petits au service de
45. ncours de la famille Marie Claude Blais e Les dangers de la t l pour les b b s Serge Tisseron e La clinique de l enfant un regard psychiatrique sur la condition enfantine actuelle Mich le Brian e Qu est ce qu apprendre Le rapport au savoir et la crise de la transmission Dominique Ottavi e Points de rep re pour pr venir la maltraitance Collectif e Traiter les agresseurs sexuels Amal Hachet e Adolescence et ins curit Didier Robin e Le deuil p rinatal Marie Jos Soubieux e Loyaut s et familles L Couloubaritsis E de Becker C Ducommun Nagy N Stryckman e Paradoxes et d pendance l adolescence Philippe Jeammet e L enfant et la s paration parentale Diane Drory e L exp rience quotidienne de l enfant Dominique Ottavi e Adolescence et risques Pascal Hachet e La souffrance des mar tres Susann Heenen Wolff e Grandir en situation transculturelle Marie Rose Moro e Qu est ce que la distinction de sexe Ir ne Th ry e L observation du b b Annette Watillon e Parents d faillants professionnels en souffrance Martine Lamour e Infanticides et n onaticides Sophie Marinopoulos e Le Jeu des Trois Figures en classes maternelles Serge Tisseron e Cyberd pendance et autres croquemitaines Pascal Minotte e L attachement un lien vital Nicole Guedeney e L adolescence en marge du social Jean Claude Quentel e Homoparentalit s
46. nt sa t l pendant que les plus grands sont au salon et on voit les cons quences sur le tout petit en terme de v cu d abandon Soit le b b aura droit sa t l aussit t qu il quittera l espace commun o il aura regard la t l des adultes avec eux ce qui est le plus probable aura alors double dose de t l vision une premi re dose comme les grands la m me que par le pass et une seconde dose pour les b b s Autant dire qu il aura une overdose Soyons honn tes s occuper d un b b plein temps c est puisant la question En quoi cette cha ne peut elle tre un outil pour les parents le psychologue interrog r pond Soyons honn tes s occuper d un b b plein temps c est puisant En rentrant du travail le parent n a pas toujours la force ou les moyens d tre en interaction avec son b b Un programme attrayant peut devenir un alli un m diateur suppl mentaire tranquillisant Mais attention il ne faut pas que la t l vision prenne la place des vrais moments partag s comme l histoire du soir La t l vision est pr sent e ici comme un alli pour un parent qui n a plus la force d tre en interaction avec son b b Son r le serait d tre un m diateur tranquillisant assurant donc la fois la tranquillit du b b et celle de l adulte Le probl me est que si le parent est all travaille
47. oir de r veiller chez lui un souvenir enfoui mais prompt tre r activ celui du visage1916 qui lui signifiait par ses mimiques et ses intonations quand il tait enfant la valeur affective accorder chaque v nement nouveau cette poque lorsque surgissait un impr vu une mimique souriante et une voix d tendue signifiaient l enfant qu il ne fallait pas s inqui ter Au contraire un l ger froncement de sourcil et une voix un peu plus forte alertaient sur un danger possible Nous avons tous oubli ce premier visage mais la vue en gros plan du pr sentateur t l vis en r active la m moire C est que aujourd hui comme jadis un monde incompr hensible ins curise voire paralyse Nous avons non seulement besoin de conna tre ce qui arrive mais aussi de savoir si nous devons nous en r jouir ou nous en inqui ter Alors le pr sentateur para t Tel est son pouvoir que bien des politiques lui envient et qui le rend si redoutable Les figures rondes des dessins anim s pour enfants qui leur parlent les yeux dans les yeux avec des mimiques fortement expressives en sont les pr curseurs Comme eux les pr sentateurs t l vis s qui vitent de dire trop nettement ce qu il faut penser font 16 Celui de notre m re le plus souvent mais ce pouvait tout aussi bien tre celui d un p re d une s ur plus g e ou d un grand parent 35 largement comprendre par leurs mimiqu
48. oivent comme des combattants invuln rables mais de les aider tous sortir de situations fig es dont ils ne sont souvent pas capables de se d p trer Autrement dit il s agit de leur offrir un appui nouveau pour qu ils puissent imaginer les diff rents possibles sans se sentir contraints dans un r le st r otyp et r p titif Dans ce but on peut imaginer que des activit s de jeu de r le soient propos es d s les classes maternelles Les enfants seraient invit s par leurs enseignants jouer les situations d images dont ils ont envie de parler d abord en choisissant la place qu ils d sirent puis en jouant chacune des autres Ces activit s associeraient trois avantages Tout d abord comme nous venons de le voir elles permettraient de lutter contre la tendance des 27 Le rapport d expertise de l INSERM pr conisant le d pistage des troubles des conduites chez les jeunes enfants a eu l int r t d attirer l attention sur ces questions mais l inconv nient de pro poser comme pr vention une m dicalisation pr coce des jeunes concern s collectif PasdeOdeconduite Pas de 0 de conduite pour les enfants de 3 ans Eres 2006 _ 44 enfants adopter pr cocement une identification privil gi e dans laquelle ils se figent Pour cela il faut les inviter jouer les situations d images dont ils ont envie de parler non seulement selon leur souhait mais aussi en les invitant prendre successiv
49. on par ces mots Aujourd hui les petits se retrouvent trop souvent devant les dessins anim s de leurs a n s quand ils ne regardent pas le 20 Heures avec leurs parents L au moins on a affaire un univers prot g o les images les sons l habillage et le montage forment un tout coh rent et rassu rant C est en effet le second argument majeur des par tisans des cha nes pour b b s Gr ce elles les parents pourraient non seulement montrer leurs b b s des programmes adapt s mais ils auraient aussi la possibilit de ne plus les contraindre aux programmes pour les adultes comme les actualit s du 20 Heures Le probl me est que les parents ne mettent pas leur b b devant un programme destin par choix Ils le laissent simplement regarder ce pro gramme quand ils le regardent eux m mes ou qu un fr re ou une s ur plus g s le regarde On imagine mal que les parents s imposent de regarder la t l pour les b b s 19h la place de leur feuilleton _11 habituel ou 20h la place des actualit s parce que leur b b est pr s d eux Quant emp cher les plus grands de regarder leur programme et les aligner sur le pu n pour qu ils regardent ensemble la t l pour les b b s c est un r ve dont tous les parents mesureront le caract re irr aliste Que se passera t il en r alit De deux choses l une soit le b b sera laiss seul dans sa chambre deva
50. ont pourtant pas inutiles avec un b b de moins de deux ans et demi mais condition de faire une large place son d sir d imiter l adulte Et cela suppose que ces activit s fassent se succ der deux moments l observation du comportement de l adulte puis son imitation Par exemple un parent tourne les pages d un livre d images ou anime des jouets et l enfant essaie ensuite de limiter selon une dynamique qu on pourrait appeler d accordage diff r Dans tous les cas il est essentiel que ces jeux fassent se succ der deux moments celui o l enfant regarde l adulte agir puis celui o il tente de limiter Or c est ce temps qui est rendu impossible face la t l vision Le m diateur tranquillisant des tenants de la t l pour les b b s risque de se r v ler rapidement un alli d bilitant La t l vision nurse cathodique la question Et si la t l vision devient le m dia teur unique l interview r pond Le principal danger est le ph nom ne de la t l vision nurse cathodique Pour un enfant de deux ans plus d une heure par jour devant le petit cran c est trop M me chose si les parents la regardent tout le temps En grandissant l enfant risque de d ve lopper une vraie d pendance Le deuxi me danger est d emp cher le petit de s ennuyer en le mettant syst matiquement devant le poste Or l ennui est primordial I permet de faire
51. ponse du m me psychologue la question de savoir ce qu est un bon programme pour b b s Les b b s adorent tout ce qui est r p titif car ils aiment ma triser ce qui les entoure En r sum un bon programme pour b b s est une mission qui ennuie les parents Comme les T l tubbies Comme la plupart des programmes pour enfants sont incroyablement r p titifs pour des raisons de co ts de production plus c est r p titif moins c est cher la boucle est boucl e c est en ser rant les prix la production qu on pr tend servir 6 Celle de Micha l Stora parue dans le journal Elle en d cembre 2007 _10 la qualit Les programmes r p titifs r alis s moindre co t et vendus aux cha nes au m me prix que les programmes non r p titifs rapportent plus aux actionnaires Pour beaucoup de parents le fait que le b b reste le regard fix sur l cran serait un signe d attention H las chez le b b qui ne trouve pas d interaction d velopper dans son environne ment vivant l int r t apparent port l cran peut masquer une forme de d pression Le probl me des cha nes pour b b s est moins comme nous le verrons le programme que l cran Elles sont regar d es parce qu elles sont allum es bien plus que pour ce qu elles racontent Mais restons en pour l instant l argument des programmes Un univers prot g Le m me psychologue continue son argumentati
52. r dehors tout le jour le b b lui a probablement d j _12 beaucoup regard la t l chez une nounou des grands parents ou l autre parent rest seul avec lui la maison En fait que le parent reste la maison ou qu il aille travailler la t l sera un bon alli pour lui Dans le premier cas s occuper d un b b plein temps c est puisant Et dans l autre En rentrant du travail le parent n a pas toujours la force etc moins que l interview ne veuille dire que le parent qui rentre du travail puis ne puisse pas s occuper de son b b plein temps apr s sa journ e de travail En fait a n a pas d importance Seul compte ici le ton de bonhomie joviale destin pr senter le b b comme un tre envahissant et la t l comme la solution Apr s 9 mois il commence percevoir la coh rence narrative du r cit Continuons la reproduction de cette interview d ci d ment fort int ressante Avant 9 mois le tout petit est attir par la surface lumineuse de l cran sans comprendre ce qui s y passe Apr s 9 mois lors de la phase d veil il commence percevoir la coh rence narrative d un r cit Mais je pense qu avant 18 mois voire 24 mois c est dire quand il commence parler cela ne sert rien de le mettre devant la t l vision sauf pour les parents Le probl me est que comme nous le verrons les seules tudes exp
53. r autant qu ils soient plac s proximit d un t l viseur 10 Wendy L Josephson tude sur les effets de la violence t l visuelle sur les enfants selon leur ge Centre national d information sur la violence dans la famille Sant Canada 2004 zigi et qu ils maient rien d autre d int ressant faire Un b b de cet ge plac deux heures devant un cran ne sera pr sent ce qu il voit que 10 du temps Est ce pour cela que les programmes pour les b b s sont si souvent r p titifs Mais en m me temps ces 10 le rendent capable d imiter une partie de ce qu il a vu C est ce que d montre un rapport r alis au Japon aupr s d un groupe de b b s t l spectateurs d une mission ducative populaire Ces b b s tapaient des mains comme la t l vision beaucoup plus t t que les autres IIS r agissaient aussi la pr sence des h ros qu ils reconnaissaient sur l cran par exemple en pointant leur doigt vers eux d s l ge de 10 mois Les b b s reconnaissent donc les h ros t l vis s au m me titre que les membres de leur famille S attachent ils aux uns et aux autres de la m me fa on Les personnages vus sur l cran prennent ils pour eux la m me place que les membres de leur famille en chair et en os Si tel tait le cas cela rendrait compte de l attachement que nous avons tous aux h ros t l vis s qui ont marqu notre petite enfance Et cela donnerait raison au
54. ract re rapide impr visible et stressant du montage qui am nerait ensuite l enfant d placer son attention vers les programmes pour adultes seuls m me de continuer lui procurer des sensations identiques Les programmes pour enfants commencent en effet l ennuyer d s l ge de sept ou huit ans et c est l qu il est tent d explorer les programmes pour adultes dans lesquels il retrouve les m mes principes de constructions formelles montages rapides ruptures musiques agressives flashes color s etc mais pouss s plus loin Malheureusement ces programmes s accompagnent aussi de contenus explicitement violents tels que meurtres en tous genres et de sc nes ouvertement sexuelles L impact de ces programmes sur le corps des enfants ne fait aucun doute Face un spectacle qui les malm ne leurs mains se rejoignent et se tordent ils crispent leurs doigts mordent leurs l vres jettent des regards effray s alternativement vers l cran et vers leurs camarades ou encore ils miment avec des gestes leur certitude que les choses ne peuvent que mal tourner pour le h ros Bien entendu ce stress motionnel n est pas condamn rester sans solution L enfant choqu par des images a toujours le d sir de s en donner des repr sentations personnelles afin de favoriser 22 l coulement des tensions qu il prouve Pour cela il dispose de trois moyens compl mentaires le langage le dessin e
55. s ann es qui suivent de nombreux travaux sont men s visant rendre les enfants plus captifs des crans publicitaires Parall lement les publicistes tentent de leur inculquer la conviction qu ils pour raient pr tendre au rang de prescripteurs familiaux y compris pour des produits qui concernent a priori leurs parents comme le choix d un v hicule D j des slogans publicitaires affirment aux enfants 2 Baby TV est arriv en France en 2005 puis Baby First en octobre 2007 trois ans apr s son lancement aux tats Unis 3 Il s agit de Hovely Doody 2 Gi c est vous qui d cidez C est l poque o les enfants sont consid r s comme la pierre angulaire de la famille et pour les agents publicitaires cela signifie qu ils sont des cibles de profits toujours plus convoit es C est ainsi que les spots dans lesquels les enfants sont au premier plan se multiplient bien t t dans tous les programmes L invention des produits d riv s La seconde tape de ce processus d emprise des m dias sur le jeune public survient en 1977 Cette ann e l sort le film de George Lucas La Guerre des toiles Sa r alisation a co t tr s cher et l inqui tude est qu il ne soit pas rentable Lucas fait alors un pari original et audacieux celui que les produits d riv s du film rapportent autant que le film lui m me Et c est ce qui arriva 307 millions de dollars d un c t et 307 millions de l autre
56. s parents POUR LES ADOLESCENTS DE 12 15 ANS Shea c e u Mic Livre de 80 pages 60 000 ex an Diffusion gratuite via les associations fr quent es par les adolescents Livre de 80 pages 60 000 ex an Diffusion gratuite via Les coles associations fr quent es par les parents
57. sa chambre pour revenir un peu plus tard attir s par de nouveaux cris et finalement lui apprendre s endormir tout seul Installer une t l vision dans la chambre de leur enfant facilitera peut tre son endormissement mais lui vitera d affronter les angoisses de s paration qu il trouvera t t ou tard sur son chemin Par ailleurs l enfant doit apprendre faire face l absence au vide l ennui c est ce qui lui permettra plus tard de ne pas tre dans une incessante avidit de consommation achat inutiles alcoolisme partenaires kleenex Edulcorer la douleur de la frustration risque d entra ner l enfant dans une pseudo satisfaction par le biais d objet externes qui ne l apaiseront jamais car le manque est interne 3 Les parents peuvent tre tent s d utiliser la _ 59 En outre le b b pr cocement captiv par le rythme rapide des couleurs et des sons qui se succ dent sur l cran risque d int rio riser ce rythme dans sa personnalit en formation Ainsi peut s installer un cercle vicieux tragique dans lequel les parents ne voient plus d autre solution pour calmer un enfant que de le placer devant un cran o des images et des sons qui se suc c dent un train d enfer contribuent accro tre son instabilit La t l vision devient ce qui l excite sans cesse selon un rythme toujours impos par elle et avec une intensit largement sup rieure aux stimulations habituelles de la v
58. sent s en r f rence comme pour les enfants plus grands Il r side dans le fait que l enfant petit parce qu il ne comprend rien fige son d ve loppement psychique en prenant l habitude de se voir toujours dans un seul r le La bo te outils des identifications pr coces se r duit et les possibilit s du bricolage identitaire s appauvrissent La t l vi sion a enferm l enfant dans la prison de comporte ments qui s auto renforcent Pour une cologie de l esprit Les cons quences en sont partout visibles D s l ge de trois ans les enfants ont d j des profils _43 psychologiques marqu s certains se per oivent comme des dominants et des agresseurs potentiels d autres comme des victimes craintives et d autres encore comme des redresseurs de torts Du coup on assiste aujourd hui de la part d enfants jeunes des attitudes d intol rance la frustration d impul sivit voire de violence qui taient pratiquement inconnues il y a encore dix ans 7 Comment y faire face mon avis l ducateur doit aujourd hui savoir aider l enfant sortir de ses identifications fig es en lui permettant d laborer des sc narios dif f rents de ceux dans lesquels il s est enferm Pour cela il doit constamment inciter les enfants imaginer se d brouiller ou agir autrement qu ils ne le font spontan ment Il ne s agit videmment pas de transformer en justiciers les enfants qui se per
59. si le pouvoir de provoquer des motions agr ables Une image peut donner envie de manger ce qu il y a dessus c est vrai mais elle peut aussi rendre heureux L enfant est rassur que ses parents reconnaissent le pouvoir qu ont les images de don ner des motions et des sensations comme par exemple celle d tre dans un paysage magnifique s il s agit d images de voyage 31 Cette attitude est d autant plus importante que la machine images ob it totalement des lois conomiques sur lesquelles nous n avons aucun contr le La t l vision est faite aujourd hui pour les actionnaires et non pour les t l spectateurs Ceux ci ne sont qu un rouage interm diaire entre les fabricants de programmes et les actionnaires Si un programme marche il est fabriqu sans tat d me par les producteurs et les r alisateurs Si un programme ne marche pas quelles que soient sa qualit son intelligence sa pertinence et sa valeur p dagogique il est supprim C est vraiment une relation diff rente aux images qu il faut apprendre avec l id e encore une fois que ce qu il faut d velopper ce sont les liens et les m diations bien plus n cessaires que l ducation aux images les m diations qui fabriquent du lien et les liens appuy s sur des m diations Quand on se met parler des images qui nous entourent on devient intarissable parce qu il y en a partout Et pourtant beaucoup de gens ne voient pas quoi se
60. t au contenu et notamment le contenu narratif Prenons par exemple les cinq premi res minutes de Bambi de Walt Disney Un adulte voit un petit faon qui vient de na tre et tous les animaux de la for t qui se rassemblent autour de lui Un enfant de 3 ans voit un hibou faire les gros yeux puis des petites cailles courir puis des lapins s agiter dans tous les sens puis une maman avec son b b Il ne comprend pas du tout que ces diff rents v nements sont encha n s et que le hibou appelle les animaux de la for t venir voir la maman et le b b C est pour quoi il est tr s important avec un enfant de 3 ou 4 ans que l adulte commente les images en insistant chaque fois sur les actions et leur encha nement C est galement la raison pour laquelle il est tou jours pr f rable de proposer un jeune enfant de regarder un DVD plut t que la t l D abord il est incit choisir chaque fois un spectacle plut t qu un autre et ensuite il apprend peu peu comprendre l encha nement de ses films pr f r s _ 21 La s duction t l visuelle Nous voyons donc que la violence des programmes pour enfants ne tient pas au contenu ventuellement violent de certaines images mais leur forme les ruptures visuelles la trame musicale les st r o types qui juxtaposent sans cesse des comporte ments identiques Selon l tude canadienne c est d ailleurs cet int r t pr coce accord au ca
61. t des autres En revanche le fait de lire ou de raconter tous les jours une histoire est corr l avec une habilet lin guistique importante Ce n est pas surprenant dans la mesure o ces activit s encouragent chez l enfant non seulement la compr hension mais aussi la r p tition des mots du vocabulaire Les parents qui lisent souvent des livres avec leurs enfants ou leur racontent r guli rement des histoires potentialisent donc consid rablement les possibilit s linguistiques de ceux ci Il est bien vident que d autres recherches sont n cessaires pour examiner les effets long terme des DVD et des vid os destin s aux tout petits sur leur d veloppement cognitif Mais la meilleure fa on de se comporter semble bien tre de pr server les enfants le plus possible de la t l vision Apprendre regarder autrement Nous aborderons au chapitre suivant la derni re cons quence de la t l sur les b b s et les moyens d y faire face Mais tout ce que nous avons voqu 29 jusqu ici est d j assez pr occupant pour que nous disions quelques mots des moyens dont disposent les parents et les p dagogues cet effet Pour cela quand l enfant grandit et acquiert ses rep res la pr sence interactive de l adulte reste plus que jamais n cessaire La t l vision ne doit pas se regarder comme un film au cin ma Au cin ma les gens ont pay leur place S il vous prend l id e de commenter
62. t le jeu avec ses fr res s urs ou camarades Mais le plus souvent l enfant n a pas le partenaire privil gi qui lui permettrait de r aliser cette laboration Et c est d autant plus le cas quand il regarde la t l vision le matin II n a pas le temps de parler Il lui faut se d p cher pour ne pas arriver en retard l cole et il part sur le chemin submerg par ce qu il a vu C est peu dire que cette surcharge d images complique ses apprentissages Il doit pourtant s en accomoder Et le lendemain il recommence Mais toutes ces images absorb es et non assimil es laissent des traces qui s accumulent Et ces traces ont deux s ries de cons quences La t l vision devient ce qui l excite et le calme la fois selon un rythme toujours impos par elle et avec une intensit largement sup rieure aux stimulations habituelles de la vie quotidienne Ainsi la t l vision impose t elle l enfant un quivalent technologique de la relation pathog ne hyperstimu lante et intrusive que le psychanalyste Paul Claude Racamier a d sign sous le nom de s duction maternelle primaire 11 Les quatre sources de la violence des images La violence que les crans font aux b b s nous oblige distinguer deux domaines souvent confon dus les images dont le contenu est violent et la violence des images Commen ons par les images violentes Elles peuvent tre d finies comme celles qui ont un contenu objectivem
63. tains sujets plut t que d autres Ce n est un secret pour personne que la r daction de nombreux journaux papiers ou audiovisuels choisissent leurs sujets en fonction des attentes des usagers La une doit retenir l attention du plus grand nombre possible de personnes et elle le fait d autant mieux qu elle correspond aux attentes d une majorit de consommateurs On peut bien s r s interroger sur la question de savoir si le r le 33 de l information est bien de proposer ce qu une majorit de gens attendent Mais la question va plus loin en veillant la curiosit du public par des titres accrocheurs et souvent mensongers et en le tenant en haleine sur des faits tr s secondaires ces m dias entretiennent videmment la tendance qu ils pr tendent suivre voire la suscitent chez des personnes qui sans cela n auraient pas song s en pr occuper Cette propension des m dias alimenter la restric tion des int r ts de chacun est malheureusement sur le point de trouver un alli de choix dans ce qu on appelle l Internet et le mobile affinitaires Bient t les ordinateurs embarqu s dans nos machines quo tidiennes apprendront rep rer les sujets qui nous int ressent afin de nous les proposer en priorit Le risque est videmment que ceux qui n aiment que les concours canins et les matchs de foot finissent par croire que le monde s y r duit tout au moins jusqu c
64. tes Sud 2007 5e ann es 20007 est la quatri me de ces phases Mais l enjeu reste toujours le m me il s agit de transfor mer les enfants en sources de profits importants de pr f rence Commen ons donc par le premier pisode de cette enqu te En 1947 la t l vision am ricaine d cide de proposer aux enfants une mission rien que pour eux 3 Le programme leur est en effet parfaitement adapt puisqu il met en sc ne un pianiste une marionnette et un public d enfants le tout diffus un samedi matin donc de fa on doublement rassu rante pour les parents puisqu il n y a pas de devoir faire ni d incitation veiller tard En plus c est un moment que les parents sont invit s savourer plus tranquillement puisque leurs enfants ont leur programme gt Notons au passage que ces deux arguments n ont pas pris une ride et qu ils sont repris l identique par les partisans de Baby First et autre Baby TV Nous en reparlerons Restons en pour le moment la signification r elle de cet acte apparemment philanthropique atteindre les enfants de fa on plus efficace bref les transformer en consommateurs plus t t Car tel est bien d em bl e l objectif avou de ces programmes pouvoir regrouper sur une tranche horaire sp cifique les publicit s destination des enfants est en effet tr s appr ci par les publicitaires C est m me le vrai coup d envoi des recherches dans ce sens Dans le
65. tre 26 et qui lui permettra ult rieurement de r pondre la question Qui suis je Tous les jeux spontan s des jeunes enfants remplissent ce r le quel que soit leur degr de sophistication technologique un simple caillou que l enfant fait rouler sur une route imaginaire lui permet de s identifier successivement au conducteur au v hicule ou l obstacle aussi bien qu une voiture en plastique co teuse Apr s la p riode du jeu solitaire viennent tous les jeux de groupe Et l plus encore l enfant joue alternativement un r le ou un autre que ce soit la cr che ou au jardin public dans la cour de r cr ation ou d immeuble en interagissant de la voix et du geste Il apprend aussi adopter des r les diff rents selon les situations il est bon parfois de savoir rester calme face une agres sion et bon d autres fois d y r pondre C est ainsi que les enfants exp rimentent diff rents types de r ponses sociales Ils pr cisent ainsi celles qui leur conviennent le mieux mais tout en gardant la possibilit d prouver de l empathie et de la proxi mit avec ceux qui choisissent d incarner d autres tendances La r partition des r les dans un jeu est en effet toujours moins rigide que dans la vie Elle reste ouverte et permet aux enfants d explo rer toutes les places de mani re enrichir leur comp tence sociale Le probl me est que c est souvent quelque chose que les parents
66. ul Mugnier Marie Jean Sauret e Le professionnel les parents et l enfant face au remue m nage de la s paration conjugale Genevi ve Monnoye avec la participation de B n dicte Gennart Philippe Kinoo Patricia Laloire Fran oise Mulkay Ga lle Renault e L enfant face aux m dias Quelle responsabilit sociale et familiale Dominique Ottavi Dany Robert Dufour e Voyage travers la honte Serge Tisseron e L avenir de la haine Jean Pierre Lebrun e Des dinosaures au pays du Net Pascale Gustin e L enfant hyperactif son d veloppement et la pr diction de la d linquance qu en penser aujourd hui Pierre Delion e Choux cigognes zizi sexuel sexe des anges Parler sexe avec les enfants Martine Gayda Monique Meyfr t Reine Vander Linden Francis Martens avant propos de Catherine Marneffe e Le traumatisme psychique Fran ois Lebigot e Pour une thique clinique dans le cadre judiciaire Dani le Epstein e l coute des fant mes Claude Nachin e La protection de l enfance Maurice Berger Emmanuelle Bonneville e Les violences des adolescents sont les sympt mes de la logique du monde actuel Jean Marie Forget e Le d ni de grossesse Sophie Marinopoulos e La fonction parentale Pierre Delion e L impossible entr e dans la vie Marcel Gauchet e L enfant n est pas une personne Jean Claude Quentel e L ducation est elle possible sans le co
67. ure Ses parents le voient immobile devant l cran et en d duisent que la t l le calme Mais lui est bien plut t hypnotis par le d filement rapide de formes et de couleurs accompagn de rythmes et de sons tranges Les parents croient que c est la t l t t alors que c est la t l m duse Rien d tonnant si aussit t que la t l s teint cet enfant est plus nerv que jamais Et c est tout naturellement qu il passera d s l ge de huit ans la recherche de programmes adultes un peu comme le consomma teur d une drogue peut tre amen en augmenter 23 lbidem 39 un jour la dose pour produire les m mes effets Puis vers l ge de douze ans le m me encore passera des crans de t l vision ceux des jeux vid o C est ainsi que l enfant plac t t devant un cran de t l vision risque bien ensuite de se scotcher celui de l ordinateur Mais comme le temps a pass et qu un cran a remplac l autre les parents sous estiment facilement leur responsabilit dans cette volution pour en accuser les seuls crans A l inverse le jeune enfant qui prend l habitude de jouer sans t l vision apprend trouver en lui m me la source de stimulations dont il a besoin Un tel enfant a non seulement appris organiser sa rela tion au monde autour d activit s diff rentes mais aussi autour de son propre rythme int rieur et il a moins besoin que celui ci soit consta
68. use ment l effet inverse La fonction du jeu Les premi res identifications auxquelles l enfant est invit se conformer sont bien entendu celle que lui proposent ses parents C est ainsi par exemple que certains enfants sont plus invit s l initiative et d autres la passivit ces voies encourag es par les parents consciemment ou leur insu ne constituant videmment qu un facteur parmi d autres des influences g n tiques et biologiques intervenant aussi dans ces premi res mises en place Mais Penfant a en m me temps un moyen pour nuancer ces identifications pr cocement propos es ses jeux Il s agit d abord de ses jeux solitaires o il mobilise des identifications sans cesse diff rentes C est lui qui invente les histoires qu il se raconte et pour cela il s identifie alternativement chacun des p les des situations qu il imagine Par exemple il est successivement celui qui commande et celui qui est command celui qui embrasse et celui qui est embrass ou encore celui qui frappe et celui qui est frapp Il apprend ainsi explorer les possibles de son identit cette sorte de foyer virtuel 25 25 Levi Strauss Cl L identit S minaire au Coll ge de France 1974 1975 PUF Quadrige Paris 2000 41 auquel il est indispensable de pouvoir se r f rer C est cette exploration par jeux interpos s qui lui permet de se percevoir lui m me comme un au
69. x fabricants de produits d riv s qui r vent de faire des h ros de s ries t l des prescripteurs part enti re l gal des parents voire plus D apr s ce m me rapport les jeunes enfants sont fascin s par la forme plut t que par le contenu mouvements rapides des personnages change ments des d cors impr visibilit des sc nes intensit des effets sonores voix tranges ou inhumaines etc D o leur pr f rence pour les dessins anim s qui correspondent totalement ces attentes Ce n est qu partir de 2 ans 12 selon l tude cana dienne que les enfants commencent reconna tre les contenus de ce qu ils voient lls entrent alors 20 dans le monde des t l spectateurs proprement parler C est ainsi qu l ge de 3 ans ils d clarent pour la plupart avoir une mission favorite ils sont pass s d une relation l cran une relation un programme Ils continuent alors reproduire ce qu ils voient sur l cran et aussi ce qu ils y entendent comme le d montre la tendance de jeunes t l spectateurs r p ter des phrases publi citaires Enfin c est entre 3 et 5 ans que l enfant apprend progressivement affiner sa perception et sa com pr hension et en m me temps construire des liens logiques entre les diff rentes bribes du spec tacle qui se d roule sous ses yeux Il continue tou tefois garder un point de vue qui privil gie la forme par rappor

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