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1. Dois je carter cette tachycardie J coute un rien l s imprime l envers Car un typhon moudra ce vendredi Terrien fonc son ton change et l avere C est la mousson nuit d environ midi Te ceindra t on d engonc pull over T appris ce chant visc ral anguleux Qui mal vengeait rompu en ne r vant Qu rendre l me il augurait frileux Dix vers d hiver dits vers le vent levant TEXTE IMAGE Enfin selon le m me type de g n ralisation qui a donne lieu aux checs tridimensionnels mais ind pendamment de toute r f rence ce jeu de son propre aveu il a compose un diagonnet en 3D 21 Mai 2001 qu il pr sente ainsi Cube 4 x 4 x 4 de syllabes invariant par rotation de 120 degr s autour d une grande diagonale et tei que tout sous plan 4 x 4 constitue un diagonnet Il y a 3 6 facons quivalentes de lire ce po me Tout comme la structure des diagonnets impose certaines rimes int rieures certe variante de dimension 3 impose la r p tition de vers des emplacements pr cis V loi u V Vs amp Le temps s coule s y N KESBX Tant pis c est l heure hoe Be Cessez vos dits couleur d hiver Tant pis c est l heure e a N O 4St Yte amp N AosaX lt amp yvesA N AA A A w VHBB SE de A A N 3E Pitie la tr ve A A ax a3Ew scella tr s tot le r ve osseux WS VS amp A BSJOv O AAo
2. dynamique s abolit d elle m me 4 On doit cependant se demander si l mergence de la contrainte est un simple retour l ordre ou si elle ne s appuie pas la fois sur la rigueur des r gles et sur la liberto des avant gardes si donc elle n est pas la resul tante du d passement de cette opposition Il est utile pour cela d observer la recherche des nouvelles r gles de constater que le mouvement qui am plifie la rigueur des r gles acad miques pr tention universelle m me et surtout modernes vont les rendre insupportables et donc caduques ouvrant la voie d abord au triomphe de la libert puis dans un deuxi me temps au renouveau des r gles qui r investiront le domarne artistique en int grant du subjectif ou m me du d lirant ce qui donnera la notion actuelle de con trainte Il s agit donc de rechercher et mettre en vidence ces l ments qui forment la contrainte moderne et qu on peut retrouver dans l art du passe On peut donc sugg rer une ligne g n alogique partielle qui relie cette notion op rationnelle dans l art moderne certaines recherches du passe La dy namique de recherche qui a permis de regrouper les l ments qui forment la contrainte moderne commence avec les origines de l art mais elle a fait des avanc es consid rables depuis le d but du XXe si cle 2 La contrainte de mise en ordre Les pratiques et les th ories se sont cOtoy es depuis les temps les plus loign s dans les travau
3. Cf Chklovski V La marche du cheval Trad Michel P tris Editions Champ Libre 1973 p 7 Canel A Recherches sur les jeux d esprit les singularit s et les bizarreries litt raires principale ment en France T 2 Auguste H rissey vreux 1867 p 1 6 Murray H J R A History ofChess Oxford at the Clarendon Press 1913 p 54 BL e Lionnais F Bords de po mes in Oulipo La litt rature potentielle NRF Id es Gallimard 1973 p 292 293 Le Lionnais F et Maget E Dictionnaire des checs Presses Universitaires de France 1967 p 126 Le Lionnais F Le jeu d checs Que sais je Presses Universitaires de France 1974 p 6 3 Le Lionnais E Traductions figur es Change F vrier 1973 n 14 Transformer traduire p 94 96 Georges Perec Micro traductions Quinze variations discr tes sur un po me connu ibid p 114 Monk L Les tats du sonnet Biblioth que oulipienne 2001 n 116 p 8 10 Perec G Esp ces d espaces Galil e 1974 p 57 Perec G Quatre figures pour La Vie mode d emploi L Are n 76 troisi me trimestre 1979 p 51 Oulipo Atlas de litt rature potentielle NRF Id es Gallimard 1981 p 389 Perec G Cahier des charges de La Vie mode d emploi ed Hans Hartje Bernard Magne et Jacques Neefs Toulouse Zulma CNRS ditions 1995 p 40 Biblioth que de l Arsenal Fonds Perec 61 101 1 f gt 3SC Sion B Mate
4. marcel b nabou jacques jouet j r me peignot FORMULES 2003 NOESIS Revue publi e avec le concours du Centre National du Livre France de la Communaut Francaise de Belgique et de la DRAC de Picardie Formules est une publication de l Association Reflet de Lettres Saint Quentin Aisne avec la collaboration de la Fondation No sis Internatio nale et de l Association No sis France Formules est une revue traitant d un domaine particulier celui des litt ratures contrain tes Les envois spontan s sont encourages pourvu qu ils soient en rapport avec ce domaine toutefois Formules ne maintiendra pas de correspondance avec les auteurs des textes refus s qui ne seront pas retourn s Les auteurs publiant dans Formules d velop pent librement une opinion qui n engage pas la revue Cependant Formules se donne pour r gie de ne jamais publier des textes antid mocratiques ou contraires la dignit de la personne humaine Directeurs Bernardo Schiavetta et Jan Baetens R dacteurs Alain Chevrier et St phane Susana Assistente de r daction Beatrice Delpech Comit de lecture Jan Baetens Alain Chevrier Elisabeth Chamontin C cile De Bary Astrid Poier Bernhard Christelle Reggiani Bernardo Schiavetta St phane Susana Alain Zalmanski Conseillers la r daction Daniel Bilous Eric Clemens Didier Coste Pascal Durand Jean Lahougue Guy Lelong Mireille Ribi re Michel Voiturier Adresse de la r
5. Michelle Grangaud Calendrier desf tes nationales Ann e folle IL P O L 2003 201 p Michelle Grangaud recidive apr s son Calendrier des po tes voir Formules n 6 et nous offre nouveau une tonnante et alerte d clinaison quotidienne de 366 faits de tous ordres sans citation d ann e C est ainsi que se c toient le 1 mai entre autres la prise de possession des les Mar quises par l amiral du Petit Thouars Fassassinat du shah de Perse Naser ai Din une intervention d Aristide Briand l Assembl e nationale et une conces sion pr voyant l accroissement du nombre d esclaves convoyer annuelle ment par la Compagnie anglaise du Sud pour les colonies espagnoles De m me on observe chaque jour mais hors du temps des associa tions le 6 mai la sortie sur les crans du In girum imus nocte et consumir igni de Guy Debord le 7 mai la premi re du Roi d Ys de Lalo l Op ra Comique de Paris le 9 mai l audition New York de Canons de Webern textes latins pour voix et clarinettes Agenda ou calendrier avec prise notes rapides d o num ration style t l graphique esperluette remplacant syst matiquement et Les v nements cit s peuvent tre r currents isol s suivis sur plu sieurs jours cons cutifs ou non vraiment f tes nationales ou comm mora tions Il peut galement s agir de m mos extraits de nos subconscients par fois m chants ou incongrus souvent cruels toujours mati re r fle
6. ments esth tiques C est en analysant les outils les l ments qu ils d ploient sur la toile les gestes qu ils s autorisent que les artistes vont d velopper les aspects les plus significatifs de la contrainte Ils se rapprochent donc de l oeuvre et de l acte de cr er Il s agit ici de souligner cet int r t croissant pour l ana lyse de tout ce qui est en jeu dans la cr ation pour tout ce qui entrarne des effets analysables et des proc d s formalisables Ce faisant les artistes vont pousser aux extremes les effets li s la mat rialit de l oeuvre ou aux recherches formelles Ils vont donc utiliser des moyens anciens en les isolant en les mettant au premier pian en s en servant de facon syst mati que et obsessionnelle parfois en les additionnant et en les multipliant avec par exemple le carr blanc sur fond blanc de Malevitch Nous ne reviendrons donc pas sur les proc d s ou les contraintes classiques mais sur leur renouvellement par l introduction de nouvelles formes de contrainte au sein m me des l ments du passe Ainsi le renou vellement du collage est il m tamorphos par l addition de la geometrie l usage des couleurs par une sobri t extr me ou par l usage de Pharmoni sation des tensions et la r glementation des formes par une structuration visible et globale qui balise l ensemble du tableau le mariage des disciplines C est en utilisant des exigences venues d ailleurs que la contrainte se multiplie
7. Pierre Fresnault Deruelle Comment passe t on de certaines images visuelles leurs quivalents linguistiques ou Le dessin d humour comme transposition ou mise en figure de l imagerie verbale Avertissement Ce texte est la forme l g rement remani e d une conf rence faite Canberra en Juillet 2001 au Congr s d tudes francaises de lar gion du Pacifique Sud Que la directrice de ce congr s Louise Maurer soit ici vivement remerci e pour nous autoriser publier certe tude Contrairement certains je crois la vertu des exergues ces hors d oeuvre pour moi ont plus qu une valeur decorative ou rh torique En tant que signes avant coureurs les exergues peuvent pr disposer l esprit de ceux qui vous coutent ou vous lisent Tout d pend videmment des exergues et de l esprit dans lequel ils ont t pr par s Je voudrais vous en donner quelques uns rapidement en pointant leur valeur embl matique Ils sont d j des exemples mais pas encore des preuves ou plut t ils sont des illustrations qui voudraient tre de futures pi ces conviction Trois exerga bri vement comment s Illustration 1 Le polichinel dans le tiroir carte postale d but XX s 151 DOSSIER Cette carte postale du d but du si cle a pour titre La Surprise de la mari e cette epoque qui ne conna t pas la contraception moderne la surprise est ici celle de se retrouver enceinte En langage argotique avo
8. Sylviane Coyault Dublanchet La Province en h ritage Pierre Michon Pierre Bergounioux Richard Millet Gen ve Droz 2002 289 p Le livre de Sylviane Coyault Dublanchet propose un parcours large ment th matique dans l espace et le temps de la province litt raire limou sine en l occurrence alors m me que ses deux premi res parties sont respectivement intitul es Formes et usages de la langue et Figures de l crivain On regrettera d autant plus que la repr sentation balzacienne de l opposition Paris province dont l importance est videmment centrale dans l appr hension litt raire du motif ne soit pas pr cis ment convoqu e L inscription litt raire de la province conduisait pourtant d autres perspectives attentives par exemple la relation formelle qu entretient ce topos avec la marginalit qui s attache toujours peu ou prou la figure de l crivain On se r f rera sur ce point aux travaux de Dominique Maingueneau notammentLe Contexte de l oeuvre litt raire Dunod 1993 et Instances fronti res et ang lisme narratif Langue frangaise n 128 2000 qui sp cifient les ressources narratives et nonciatives propres 4 marquer ce d ca lage essentiel de l crivain C R Isabelle Dangy Scaillierez L Enigme cuminelle dans les romans de Georges Perec Champion 2002 387 p L nigme criminelle dans les romans de Georges Perec issu d une th se de doctorat propose une approche doubleme
9. TEXTE IMAGE OD La Lune se met elle m me entre parenth ses SLOW 1 Danser le slow vous retourne les sangs tout en vous taissant les pieds sur terre zioiu mols 2 L embottement ielle 3 Il n y a que les mous qui r pondent au ryth me qui convieni Encore faut il qu ils soient retourn s SIOM SOLE Au fond de la mer elle se marie avec lui sol sole SOIEIL Il ponctue nos vies 4 Wane y eco eX Extra t de Le Petit Peignot Ed des Cendres Je propose ici dot s de leur legende quelques uns des typo mes qui figureront dans le nouveau recueil intitul Typo mes auquel je travaille 171 ILLUSTRATIONS sfc Le ciel est un beau texte Malheureusement il est incompr hensible Le Cr ateur a oubli de rediger les notes en bas de page 172 TEXTE IMAGE fille Il est en elle 03 Oe Sans doute l id e de l Attraction pas sionn e de Charles Fourier tait elle belle Il n empeche faire de quelqu un l axe de sa vie c tait tourner autour de beaucoup d inconnues EX IL Le mot fait le lit de l absence bis pu Un go t de revenez y 173 ILLUSTRATIONS t soupiren ils Quand les coeurs bris s sont la clef D amp J EM i HJL lt amp EII x x x USL a 4 174 TEXTE IMAGE ms 2 x 3EII a 3E oul FEY WmmfMttmmmSSK Kimm lt fli_ _ T Won s Wiwa mfe HE S
10. ton visage tendu vers ce pian d eau transparent et serein o des reflets miroitent Sur la fine bande qui ceint ton front confus ment tu lis ton nom moins qu une autre voix ne le r p te encore encore encore pour aveugler dans tes yeux fascin s ce vieux regard qui te charge la t te de maint serpent te transmuant en pierre si d daigneuse et sourde et seule en soi ILLUSTRATIONS Le style d epoque comme contrainte L unite du go t d une epoque son esprit et son style peuvent se retrouver de mani re transversale dans les mceurs la philosophie l archi tecture la musique les lettres et les arts mais aussi dans les arts appliqu s et d coratifs dans le costume on tait renaissant mani riste baroque rococ romantique depuis les chaussures jusqu aux pens es Y a t il un style 2000 Peut tre pas Il y a un tutti frutti de styles et comme dans le monde fugace de la mode c est du d j vu Nos lettres et nos arts me semblent rre pass istes tourn s soit vers un passe clecti que chez les post modernes soit vers le passe vingti miste de nos amis n o modernes Les textes et dessins sign s du nom de Zagghi pourraient appartenir sans doute je ne sais quel renouveau lyrique si je les datais d aujourd hui Il me semble plus honn te de les siruer autrement Zagghi est bien entendu un auteur fictif un h t ronyme A la diff rence des auteurs imaginaires dont les oeuvres ne sont que des si
11. Fiction interactive et Modernit Litt rature n 96 d cembre 1994 p 32 On considerer donc Un conte votre facon de Queneau et L Augmentation de Perec comme des textes arborescents non hypertextuels 5 Italo Calvino Si par une nuit d hiver un voyageur Seuil coli Points 1982 p 272 6 Roland Barthes Le Plaisir du texte Seuil 1973 pp 20 21 7 Jacques Roubaud La Biblioth que de Warburg Version mixte Seuil 2002 p 56 8 Sur le caract re hypertextuel de la relation intertextuelle je citerai nouveau Calvino Chaque nouveau livre que je lis vient s ins rer dans le livre complexe unitaire qui forme la somme de mes lectures Cela ne se produit pas sans effort pour composer ce livre general chaque livre particulier doit se transformer entrer en rapport avec les livres lus pr c dem ment en devenir le corollaire le d veloppement la r futation la glose ou le texte de r f rence Si par une nuit d hiver un voyageur op cit p 274 9 Voir La Biblioth que de Warburg op cit pp 297 298 10 Gallimard 1999 11 Jacques Roubaud lui m me emploie le terme de r agencer propos d Autobiographie chapitre dix Jacques Roubaud Mandrin au cube entretien avec Pierre Lartigue L Ilu manit ler juillet 1977 republi dans Roubaud La Licorne Poitiers n 40 1997 p 160 12 La Boucle Seuil 1993 pp 242 244 13 Jacques Roubaud LAbominable Tisonnier de John McTaggart Ellis McTag
12. Francois dessine une carpe contre un S dans la cure de Rhum Andr Gal ron lui attend le bus dans le d sert avec un parapluie OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES Quant la page moi je elle est illustr e par des gravures s pia tir es de photomatons bien entendu ce sont les autoportraits de Raymond Queneau On ne peut ici citer tous les illustrateurs graphistes peintres pr sents dans l ouvrage il faut les regarder observer de pr s revenir sur tei d tail ielle couleur telle technique de dessin collage montage aquarelle ou autre Ils sont tous l nos plus grands illustrateurs francais pour la jeunesse cocorico accompagn s de quelques comparses d autres pays largement publi s en France Ross Blake Delessert et tr s connus dans les milieux litt rature jeunesse Quelques grands anciens du XX si cle se glissent ici ou l L ger Dubuffet Carelmann En fin de volume une biobibliographie tr s satirique de chaque illus trateur en quelques lignes figure sur le livret du haut escort e en bas par leur autoportrait tout aussi humoristique Tous sont l mais e est magnifique Euh tous Pas tout fait Un tr s grand absent Fr d ric Cl ment Mais o tait il ce jour l Les concepteurs de l ouvrage s excusent par pr caution en derni re page de n avoir pu y mettre tout le monde Allez on leur pardonne volontiers c est d j une telle jubila
13. Ordre RHINOGRADES Nasins Sous ordre MONORRHINA Uninases Section NASESTRIA Trib SCLERORRHINA P dinases Sous tribu HOPSORRHINIDA Saltonases Famille Hopsorrhinidae Saltonases s str Gerire Otopteryx Oreille Volant Habitat Tout l archipel Taille 11 cm Poids 18 g profondeur de champ tout en figeant des sc nes de chasse de d voration de combat de voi etc qui ne s animent v ritablement que par la parole Cette compl mentarit des deux supports verbal et iconique apparait dans les s quences d analyse anatomique A la t te se raccorde le nasur qui s articule sur le nasibia auquel se raccordent autonasalement les rhinanges avec leurs rhinangines et leurs rhinangettes L extension du nasur et du nasibia est assur e par des faisceaux particuliers du m extensor nasipodii tandis que les rhinanges sont mus par la musculature faciale et que les fl chisseurs du nasipode d rivent galement des muscles faciaux les longs aussi bien que les courts c est dire les fl chisseurs tant du zygonasium que de l autonasium De m me dans les suites d actions o interviennent des param tres signaux de communication gestuels missions d odeurs ou de bruits chan gements de chromatisme etc non manifestables dans les planches C est seulement lorsque le Columnifax a arr t ses mouvements de rotation et mis un long reniflement ressemblant un r le que le Pomponase s approche
14. l ments qui communiquent entre eux et qui cr ent la force interne d un texte po tique Le chemin parcourir de la litt ralit la litt rature le besoin du po te de prendre conscience des l ments de base de l criture du mat riau et du principe de la forme litt raire est un concept qui empreint tout le recueil mais qui se manifeste le plus nettement dans une s rie de son nets mati ristes ou lettristes qui sans m me employer des mots parlent un langage assez clair die axt des sturms 63 TEXTE IMAGE des hammerns Dar ber gehacktes Eines W liiililiPiAAJililliilMIIMISffttA gt gt A Une autre s rie de sonnets peut tre lue comme une r flexion sur le rythme et sa fonction dans un texte po tique de facon explicite comme dans die funfundsechzigste knospe n 177 p 65 de facon implicite dans plusieurs autres comme par exemple dans le sonnet n 73 p 4 o Czernin met des accents prosodiques qui ne correspondent pas ou pas toujours avec la structure prosodique d une lecture normale ce sonnet se caract rise par contre par une syntaxe conventionnelle 63 DOSSIER 73 w rd n k rn schal n w rd n fr cht saft nd dann wird auch in k rn in schal in fr cht d nn tm d n k rn h r rh da Ist die schal tnd k rn tind schal ztisamm n sind die in fr cht von viel n friicht n tind viel fr cht zisamm n sind 6ft Obst ind manc
15. notamment de Michel Decaudin Jean Marie Klinkenberg Line Me Mur ray Claude Rameil Artide d Umberto Eco sur le d couvreurs des fous litt raires Lettre de Jean Pierre Verheggen Int ressante tude d une de ses licences par Thierry Foulc Blavier maltraite t il l alternance des ri mes et r jouissante cr ation de Gerhard Dorr Les Incipit de la litt ra ture francaise illustrant les premiers septante cinq ans de la vie de Andr Blavier Collages d Odette Blavier Enfin Asdrir Boygues donne les prin cipaux l ments de la bibliographie du biblioth caire bibliomane Le second numero s ouvre sur trois articles Daniel Comp re mi nent sp cialiste de Jules Verne Raymond Queneau et Jules Verne Jac ques Lecarme R flexions sur ch ne et chien po tiques de la philoso 271 ESSAIS phie et Christelle Reggiani Po tique s de la philosophie propos de trois romans de Queneau Dommage que certe r flexion sur les rapports entre la litt rature et la philosophie se fonde sur la legende de Queneau scribe de Koj ve le manuscrit de Vintroduction la lecture de Hegel fut cependant enti rement redige de la main de Koj ve En t moigne le manuscrit a crit Dominique Auffret dans sa biographie Grasset 1996 p 259 Deux r cr ations Astrid Bouygues Queneau chez les Papous dans la t te et pour prolonger l mission Jean Bernard Pouy Com bien ca fait en euro
16. par Perec n est que partiellement lisible pour le spectateur Je citerai gale ment La Vie mode d emploi o certains clients de la miniaturiste Margue rite Winckler sont des bijoutiers qui lui demandaient de repr senter sur le fond d un pendentif destine recevoir une unique m che de cheveux le portrait de T tre ch ri r alis partir d une photographie le plus souvent douteuse 3 L adjectif fonctionne dans le contexte perecquien comme une v ritable pith te de nature P image photographique apparaissant de mani re generale comme un op rateur d indistinction et de vacillement r f rentiels Je voudrais interroger cette conjonction pour le moins paradoxale d un d dain affich et d une pr sence pourtant recherch e en l abordant sous un angle un peu inhabituel parce que non litt raire partir d un projet o Perec lui m me s est fait photographe lors de son voyage Ellis Island 47 48 DOSSIER 1 La photographie contre la trace Il ne sera pas question pour l instant des photographies qui illustrent le volume de R cits d Ellis IslancP mais des polaroi ds que Perec lui m me a r alis s lors de son voyage en cargo Ces polaroids sont caract ris s par leur geometrie tr s marqu e o revient la forme de la grille sur les clich s des containers qui donnent a voir un quadrillage perspectif sur ceux qui figurent une portion du bastin gage et sur le polaroid 65 qui repr sente un alignement de hu
17. 162 166 180 188 194 200 205 208 210 211 Jo l Guenoun Les mots ont des visages 212 Jean Wirtz La teratologie sous contraiate verbale 216 Use Kilic Anagrammes images 229 Use Kilic crire un mot 230 Antoine de Baif Grife d un chiffre 232 Dr Jean Francois Sacombe Une image fil e et expliqu e 233 Alain Zalmanski La cloche de La Roquebrussanne 235 Hors Dossier Cr ations contraintes Eric Clemens La fable inachevable 238 Jacques Perry Salkow La nuit syntone 240 Jacques Jouet Dos pens e po me revenant 243 Franz J Czernin Le diviseur de soi comme rabaisseur de soi 250 Observatoire des Litt ratures 4 Contraintes Jan Baetens Du bon usage des livres anciens 254 Christelle Reggiani Sur Le grand incendie 256 Chantal Robillard Litt rature jeunesse contraintes 265 C cile de Bary Les contraintes au bac 268 Observatoire des litt ratures contraintes 270 Revue des parutions r centes dirig e par Alain Chevrier Echo des Colloques 330 Rubrique dirig e par Christelle Regianni Jeux 335 Rubrique dirig e par Alain Zalmanski Une contribution de Jean Francois Jeandillou tait attendue elle n est h las jamais parvenue la r daction Certains esprits fac tieux ne manqueront pas d en d celer quelque trace improbable dans le pr sent numero o plus d une signature sent son pseudonyme Mais nous nous garderons bien de cautionner pareille sp culation Editofial DITORIAL Jan Baetens et Bernardo S
18. Ainsi ont t mises contribution de l oeuvre d art les math ma tiques la biologie ou simplement dans un deuxi me pian la d coration Ces influences sont d autant plus importantes souligner que c est pr cis ment par l alliance des math maticiens et des litt raires que se for mer l Oulipo Il faut surtout rappeler l importance d un troisi me axe TEXTE IMAGE la pr sence de l absurde et de la provocatoli ouvre la voie la recherche d l ments inattendus n s de la pure fantaisie ou au go t de l absurde comme on le voit chez Vanarsky qui propose de redresser le cours de la Seine en une ligne droite L id e de contrainte ne m ne donc pas n cessairement au traite ment d l ments simples concus pour tre manipul s par une machine ou un esprit math matique bien au contraire Le fait d utiliser le pouvoir de r p tition de division ou autre de la machine n est qu un aspect de la contrainte Une machine ne peut produrre les tableaux d Arcimboldo qui s im posait de construire ses portraits Faide de l gumes de fruits ou de livres Pour que le portrait reste lisible il faut allier la lisibilit des objets utilis s et celle de la figure humaine il faut donc respecter une doubl vision du tableau ce qui entraine une contrainte evidente et suppose une adresse prodigieuse Arcimboldo est d ailleurs reconnu comme l un des p res de la con trainte par les OuPeinPiens qui se sont attaqu s
19. Pastior est la recherche utopique d une langue paradisiaque comme il l a ex pliqu dans un de ses cours de po tique Francfort Das Unding an sich Frankfurter Vorlesungen 1994 une langue po tique tr s distante du lan gage courant une langue indemne non encore contamin e par le men songe et le pouvoir Pastior qui vient de f ter son 75 anniversaire en octobre de l an dernier a publi en m me temps un nouveau recueil de po mes accompa gno d un CD puisque la poesie de Pastior est destin e surtout l coute apr s avoir traduit les po mes intitul s Winterreise de Wilhelm Miiller 1794 1827 en y appliquant des transductions les plus diverses d o r sulte une autre belle dition de Urs Engeler Gimpelschneise in die Winterreise Texte von Wilhelm Miiller 1997 galement avec CD Pastior se concentre cette fois sur un seul po me baudelairien Harmonie du soir ou bien hds dans l abr viation qu il choisit Il l approche par des po mes anagrammatiques de plus en plus sp cifiques partir de baudelaire Charles baudelaire les fleurs du mal spleen et id al apr s l ana gramme sur harmonie du soir le lecteur a l occasion de lire la version originale de Baudelaire qui retrouve dans une anagramme horizontale vers par vers son quivalent en lettres dans le po me o du roher iasmin oh jasmin era Suit avec hasard du solde une version francaise
20. caniques dans un en trep t tei est le h ros et sa tache Le titre du roman semble extrait du catalo gue dont il parie Engrenages et Composants m caniques Les chapitres suivent les demi journ es de travail du hindi matin au vendredi apr s midi La plus grande part de ce livre consiste en des descriptions et des num rations interminables d objets Mais ici ne n est pas une provocation gratuite comme la description fameuse de la cafeti re chez Robbe Grillet encore que le dessin industriel puisse tre une exp rience commune aux deux crivains Le lecteur se met insensiblement la place du on du narrateur puisque c est aussi une forme de nous Il suit la camera subjective de ce film la troisi me personne il devient l oeil voyageur dans ce film Ce 279 ESSAIS on est moins un je que P quivalent d un homme ou m me une forme cras e de nous Il n y a pas le je ni le tu ou le nous et le vous du monde du dialogue et des changes ni le ils des groupes humains c est le monde de l on jet dans l adversit des choses ou plut t les produits manufactur s et Parchitecture d shumanis e Il y a un demi si cle on e t classe ce livre parmi les romans popu listes et prol tariens on retrouve la gamelle du travailleur mais le peuple et le prol tariat ont disparu et la sentimentalit n est plus de mise la con trainte litt raire impersonnelle s accorde avec
21. comme s il devait en r sulter la possibilit d couter enfin tous ces instantan s kaleidoscopiques simultan ment 315 ESSAIS L id e d une telle coute ou plut t d une conscience simultanee de toutes les versions que Pastior a tir es de Harmonie du soir fait proba blement partie comme celle d une langue paradisiaque des utopies mais comme toutes les utopies elle rafraichit l esprit Par ailleurs elle est l ex pression d une qu te et peut tre est ce justement cela qui donne le senti ment que l idiome pastiorien se pr sente comme une n cessit A P B Georges Perec Romans et R cits Edition tablie et pr sent e par Bernard Magne La Pochoth que Classiques modernes Le Livre de poche 2002 1439 p Aulu Gelle crivain latin du IP si cle recommande de s adresser aux classici cives plut t qu aux proletarii pour connaitre le bon usage en fait de langue D o le sens de classici scriptores crivains de premi re classe En francais est dit classique l crivain de premi re valeur qui fait autorit et est donc digne d erre tudi en classe C est dire que la publica tion des Romans et R cits de Georges Perec dans la collection des Classi ques modernes de La pochoth que marque un jalon important dans la reception de l oeuvre en manifestant ditorialement vingt ans apr s la dis parition de l auteur la reconnaissance par l institution litt raire de son sta tut de cl
22. daction en France 79 me Manin 75019 PARIS Adresse de la r daction en Belgique Parkstraat 171 3000 LEUVEN Adresse mail revue formules wanadoo fr Site internet http www formules net Web Masters Philippe Bruhat et Alain Zalmanski Collection Formules Association No sis France Revue Formules Reflet de Lettres Pour les textes Les auteurs ISSN 1275 77 13 ISBN 2914645 36 8 D pot legai en France AoGt 2003 Table des mati res Editorial DOSSIER TEXTE IMAGE Th orie Ziya Aydin De la R gie la Contrainte Jan Baetens Brassai Ecrivain Photographe Alain Chevrier Les Dessins de Robert Desnos Christelle Reggiani Perec Photographe Astrid Poier Bernhard Les sonnets de FJ Czernin Alain Chevrier Les chiquiers po tiques Francis Edeline La traduction de la poesie visuelle Marcel Benabou Textes Images et Manipulations Regine Detambel La contrainte du passe partout Etienne Lecroart Interview Pierre Fresnault Deruelle Sur les dessins d humour Alain Chevrier Gen se du sonnet monolettrique Illustrations Jerome Peignot De la Typo sie Bernardo Schiavetta Les M tamorphoses de Zagghi Patrice Hamel Une fois de plus la R plique n 29 Olivier Deprez Sur Le Chateau de Kafka M Kasper Prose br ve Ian Monk Twin Tower Gilles Esposito Far se Deux po mes Gilles Esposito Far se Ambibliographie Jacques Perry Salkow Tristan Isolde 10 28 32 47 60 72 94 106 132 140 151
23. du projet cr ent l impression que les sonnets qui ont pouss partir du premier sonnet ont produit des graines des germes qui pour l instant demeurent dans leur tat parfaitement potentiel En m me temps on peut conclure sans reconstruire toute la num ro tation des sonnets que celle ci n est pas tout a fait fiable comme toute la conception formelle d une couronne de sonnets amplifi e n est pas une contrainte au sens strict du terme Quant la num rotation il faut dire qu aux yeux de Pauteur elle n a pas vraiment une importance puisque Czernin a d cide apr s avoir rempli le schema des 14 couronnes de cr er une suite nouvelle et ind pendante de l ordre premier cette fois sans appli quer un proc de syst matique quelconque Pour Czernin l id e de question ner le genre du sonnet en 196 sp cimens plus ou moins proches de la forme traditionnelle du po me d finit les limites de ce projet dans ce cadre il lui reste beaucoup de jeu pour toute une gamme de sous ensembles qui ont tous pour but de th matiser d une facon ou de l autre l art du sonnet Un de ces sous ensembles que je voudrais encore mentionner est la s rie toujours dispers e des sonnets mode d emploi comme die hacke des unvergleichbaren n 34 p 26 dans lequel seul le dernier vers contient du vrai texte tandis que les autres vers semblent indiquer au lecteur comment il pourrait composer un po me 4 par
24. e Les autres sch mas de rimes ne donnaient pas des r sultats concluants Ce faisant nous avons t mis sur la piste du vers monolettrique ou unilitt ral pour suivre une suggestion de Dominique Buisset Par la suite comme nous tions galement sensibilis s des formes minimalistes et ultra troites telles que les po mes et les sonnets en vers monosyllabi ques et les po mes r sultant d une hai kai sation sans parler de la poesie verticale des haikus dans leur pr sentation originelle nous avons com pose un vrai sonnet en vers monolettriques TEXTE IMAGE LANUE Maz mzc lt mmm arom Certes le sch ma des rimes des quatrains et surtout des tercets n est pas r gulier abba acca defedj mais nous l avons admis compte tenu de la difficult Gilles Esposito Far se a propose de changer les tercets de ce son net en mettant a r e r gt ce qui permet de respecter le sch ma dde fej Ce po me a t suivi d une vingtaine de sonnets semblables pour les quels nous avons d recourir galement aux palindromes comme elle et erre aux anagrammes une nue et aux mots a syllabe redoubl e m me ECHO CHANGEE BERCEUSE EUTHANASIE EN ROCHER POUR CHIOT E D P L 0 L D P E O M B G A M B G E A F T P U O A T U N T T P U O A F U N 163 DOSSIER En fait cette contrainte trop serr e s est av r e peu productive C est pourquoi nous nous sommes tour
25. examinant leurs conditions de possibilit Sans vouloir bien entendu remon ter des probl mes comme celui des sources iconiques de P criture on cherchera surtout mettre au jour l existence de pratiques crois es ou parall les ainsi que le jeu des transferts des influences r ciproques qui marquent la d marche d un certain nombre de litt rateurs et de plasticiens au nombre desquels les auteurs de cet article A MANIPULATIONS TEXTUELLES Dans certe premi re section on examinera divers cas de manipula tions textuelles ventuellement en relation avec des images On se canton nera dans le domaine de la litt rature combinatoire non sans avoir pris soin de pr ciser le sens de ce terme qui rappelons le appara t pour la premi re fois chez Francois Le Lionnais dans sa postface aux Cent mille milliards de po mes de Raymond Queneau Car si tout texte est incontestablement le produit d une combinaison plus ou moins in dite d l ments pr existants il ne s ensuit pas n cessairement que toute litt rature puisse rre dite com binatoire On r serve en general certe appellation 4 un ensemble de textes qui peuvent tre extr mement divers de gerire ou d inspiration mais qui ont un point commun ils sont le produit d une d marche particuli re uti lisant les travaux des math maticiens qui pratiquent la discipline d nomm e combinatoire Il faut ici se souvenir que la combinatoire selon la d finition qu en donne
26. finition du beau Dictionnaire des ma th matiques Bouvier Georges Le Lionnais PUF 1979 et 1996 18 5 euros cela n est pas donne mais quel beau monde et que d id es Frustration de ma part Hyperbole et Parabole voient leur s mantique li e une tymolo gie grecque jeter par dessus ou jeter cot Explication facile pour le sens figures de rh torique Je n ai pas toujours pas saisi le pourquoi de l appellation des deux coniques d apr s ces tymologies A Z Val rie Beaudouin M tre et rythmes du vers classique Corneille et Racine Honor Champion 2002 620 p L auteure tudie 80 000 alexandrins du th tre de Corneille et Racine pris comme chantillon repr sentatif du vers l epoque classique Pour explorer les composantes phon tique morpho syntaxique et prosodique de ce vers elle a mis au point un outil informatique A partir d un phon tiseur elle a construit un analyseur nouveau le m trom tre Elle attribue alors des marquages divers l ments du vers la syllabe m trique son noyau vocalique sa position dans le mot int rieur ou fin du mot sa cat gorie syntaxique le fait qu elle porte ou non un accent et le nombre de syllabes du vers La di r se le e muet ou non et la liaison sont galement pris en compte Les r sultats obtenus par ces marquages constituent une base de donn es qui est ensuite soumise divers traitements statistiques En introduction on peut
27. l innovation structurelle se trouvant fmalement r duite une fid lit mim tique aux processus cognitifs La discontinuit de l op ration de r cit dans la vie de tous les jours qui est celle que mon sujet m oblige prendre comme r f rence formelle m a en quelque sorte im pose un type de conte a insertions des deux esp ces gt En outre lorsque l hypertexte passe par un op rateur p ritextuel comme l index celui ci en tant qu il participe la configuration d ensem ble devient comme l crit Perec propos de L Arbre un projet hypertextuel demeur inabouti non un suppl ment mais une v ritable et m me essen tielle partie du livre Le p ritexte se trouve autrement dit textualis la remise en cause de la continuit lin aire implique alors la litt rarisation c est dire la promotion textuelle d agencements discursifs qui ne pa raissaient a priori gu re susceptibles d tre recus comme textes C est dire que l autorit du mod le est d autant plus manifeste qu il en vient englober des l ments qui semblaient d abord ressortir sinon sa marge du moins sa p riph rie La Table descriptive de Math matique int riorise ainsi le processus en signifiant elle m me sa propre textualisation elle propose une description du dispositif du livre qui se termine par ce conseil au lecteur Chaque chapitre chaque ensemble d incises chaque bifurcation est d coup e en
28. le lieu de l absence de lieu le non lieu le nulle parts Ellis Island signifie ainsi une doubl absence encore approfondie par les modalit s particuli res de l inscription photographique de son approche S il est devenu commun de souligner depuis La Chambre claire de Barthes le lien de la photographie l absence et la mort Perec labore ici de mani re tout fait concert e une mise en sc ne photographique sp cifi que de l absence partir du choix tout sauf anodin du polaroid L esth tique photographique de Perec rench rit en effet sur certains caract res propres de l image polaroid sa basse d finition son type particulier de transparence qui cr e une profondeur trouble aquatique laineuse ou cotonneuse stagnante semi coagul es Perec a en d autres termes fait le choix d une image photographique qui opere en elle m me une dissolu tion des formes qu elle inscrit En ce sens les polaroids r alisent l exercice d une v ritable asc se photographique quant au travail photographique lui m me ostensiblement minimal r p titif affichant les marques d une ma ladresse concert e ou si l on veut assumant totalement la maladresse du photographe amateurio aussi bien que d un point de vue r f rentiel 49 50 DOSSIER J ai d j mentionn le nombre r duit des motifs peu signifiants a priori les inscriptions multiples d une d perdition r f rentielle Certe asc se vaut
29. levant dans diverses oeuvres d un peintre moderne chez Degas par exemple fig 10 des fragments abstraits constituer une oeuvre nouvelle Mais il faut pour obtenir des oeuvres coh rentes et diver sifi es choisir plusieurs fragments dans la m me oeuvre afm d avoir suffi samment d l ments semblables capables d unifier le tout choisir plusieurs fragments suffisamment clairs pour op rer des contrastes de valeurs rependre le proc de mentionn plus haut propos de la Joconde savoir une alternance des couleurs et ou de regroupements des valeurs sombres donner d s l origine aux l ments choisis des formes g om triques simples ou complexes formes qui seront structurantes puisqu elles com portent des l ments communs cr ateurs de rythme ce qui se v rifie aussi dans la langue Illustration n 10 L on voit que l on a affaire avec les organisations plastiques abstrai tes un syst me plus souple que celui qui g re le langage m me lorsqu il est po tique Si ce sont seulement les couleurs qui sont trang res les unes aux autres elles finissent par se neutraliser et donc une alliance est possible dans une structure forte La couleur est tr s souvent permutable dans les oeuvres magistralement construites comme celles des Constructivistes rus ses ou des membres de De Stijl On serait alors tent de dire que plus le TEXTE IMAGE mat riau de d part est complexe d sorganis ou dive
30. ments permutables dont Dewasne avec les membres de l OuPeinPo On peut en donner ici des exemples qui seront une occasion de pr ciser les probl mes que pose ce type de cr ation 1 Prenons une oeuvre de Pollock en la d coupant en carreaux et en redistribuant ces carreaux on ne d truit nullement la coh rence de l oeuvre car l oeuvre pourtant faite avec une grande libert a t rythm e par la longueur du bras et le pas de Pollock Les modules obtenus sont tr s pro ches les uns des autres et tout fait permutables Le tableau Eyes in Heat coup en huit rectangles et redistribu reste tr s proche de l origi nai avec une touche de rigueur en plus n 8 Iustration n 8 Toutes les oeuvres qui comportent une grande part de r p tition se pr tent naturellement aux permutations de leurs l ments d coup s tant il est vrai que la r p tition est structurante et n cessaire la permutation On TEXTE IMAGE pourrait donc classer les oeuvres d apr s leur potentiel permutatoire ces possibilit s donnant une indication sur le fonctionnement cr atif de leurs auteurs I va de soi que les oeuvres qui comportent d j des morceaux qui se r p tent avec seulement des variations de couleur comme c est le cas pour certaines productions d Andy Warhol autorisent des permutations en leur sein On pense alors pouvoir affirmer que la combinatoire se nourrit des l ments semblables qui sont permutables On ve
31. mondiale en particulier dans les Communications d Anny Dayan Rosenman Ecriture et Shoah raconter certe histoire la d chiffrer la lettre et de Hans Hartje Fet l histoire d une enfance en France centr sur la place du sport dans le texte de Perec et dans la France de Vichy De ce point de vue l article de Bernard Magne Coup d e H occupe une place part dans la mesure o il d laisse le signifi du calembour devenu topique de l ouverture du chapitre II de fFpour s int resser de pr s son signifiant caract ris par l homonymie l autonymie et l pellation c est dire trois m canismes formels qui ont tous un rap port essentiel avec ce qui est ici en question au pian m me de la significa tion globale la cassure dont l histoire est l instrument p 79 le calem bour perecquien repr sente une remotivation du signe qui fait d histoire un vocable cratyleen p 80 Au del Bernard Magne montre que la structure formelle de ce bref nonc par la surd termination qu il implique les trois op rations constitutives du calembour qui permettent d assimi ler l histoire une cassure sont des proc d s formels r currents dans l oeuvre perecquienne p 82 d finit tr s pr cis ment le rapport de Perec l histoire le calembour qui autorise certe assimilation fait lui m me appel plusieurs proc d s formels fond s sur la s paration Mais pa radoxalement
32. phruits de la terre ne trompent que celui qui n a pas invent la douche ou la paille coud e me jette la premi re tornate Eh bien je l ai recue en pleine poire Splashhh Un jour l occasion poivrons nous le nez de conserve en appelant sur son portable Hallo ween ainsi que Lulu le jardinier et m me les doryphores aussi vrai que le vandale a lui aussi son r le tenir 19 mars 2000 Paris Les revenants n en reviennent pas de la facilit avec laquelle on leur abandonne la nuit Leur inexistence autre qu en notre pens e folle est av r e par la langue l ombre a besoin de l ombre de la rar faction des promeneurs et la nuit permet qu on nuise Le revenant n est pas particuli rement noir Les noirs ont leurs revenants qui sont noirs et les revenants blancs sont dans la nuit noire noirs 20 mars 2000 Paris De fourmis d ankylose elles tremblent Et le pinceau les accompagne L artichaut qui refroidit la fen tre n a pas de particuli re angoisse commenter Je me suis beaucoup veng du navet aussi crucif re mais moins jaune que le colza lui coller ce handicap Ou qu est ce que l homme l homme qui se demande qu est ce que l homme qui se demande qu est ce que l homme qui se demande qu est ce que l homme qui se demande caisse il faut savoir arr ter une chaine 249 Franz Josef Czernin Le diviseur de soi comme rabaisseur de soi traduit de Pallemand autrichien par Je
33. po tis e au sens o elle chappe Puniversel reportage Mallarm Les pauses conti nuelles ces paragraphes s par s les uns des autres par des blancs une num rotation et un titre sont le mode le plus convenable la contempla tion C est en elles que l exercice spirituel trouve sa nourriture C est pourquoi alors que la prose v ritable de roman additionne et s lectionne drastiquement les voix les anecdotes et les gestes pour sou tenir la progression de ses phrases de ses paragraphes de ses chapitres la prose de la m moire s arr te et repart presque avec chacun d eux phrases paragraphes chapitres paragraphes surtout dans la vie quotidienne insu laire de la composition En d autres termes l criture du cycle autobiographique de Jacques Roubaud ne serait ce que dans la mesure o Le Grand Incendie de Lon dres reste un hypertexte de papier n assume pas la radicalit du projet hypertextuel Sans doute parce qu elle se d place vers un medium nou veau lectronique o elle s actualise pleinement l criture hypertextuelle laisse peu pr s en l tat les formes recues du livre Le Grand Incendie de Londres en l occurrence s accommode tout fait d une lecture lin aire En revanche il est tout aussi manifeste que l hypertextualit en mineur de la prose de la m moire rejoint pr cis ment certaines formes du texte medieval 2 Le scribe et l hypertexte la variance du tex
34. qui valent photographique d une telle op ration serait le masquage du fond au profit de la forme pratique de nouveau parfaitement d fendable mais diffi cilement avec l thique de non intervention pr ch e par les surr alistes et reprise du moins th oriquement par Brassai lui m me Une troisi me dif f rence fondamentale entre texte et image est que les fragments de Paroles en l air ne sont pas vraiment des fragments la diff rence de ce qui distingue si bien la photographie du X Xe si cle ils ignorent le cadrage nulle part dans Paroles en l air on ne trouve certe tension fondatrice de la photo graphie entre champ et hors champ le hors champ du texte est ici telle ment hors champ qu il devient comme inexistant En quatri me lieu il importe de souligner aussi que les textes ne laissent l imaginaire du lec teur qu une marge de manoeuvre tr s r duite au moment de l interpr tation d abord par la lourdeur de leurs signifi s il est partout question de Dieu des femmes du sens de la vie etc ensuite au niveau de l vidence rela tive de leurs messages qu il est difficile de lire autrement que litt rale ment Enfin la pr sence du narrateur est dans les textes infiniment plus visible que dans les photographies on voit beaucoup mieux qui tient les ficelles et qui fait le dispatching des voix soi disant transcrites l tat brut Que conclure de ce curieux d calage entre texte et image dans l oeuvre d un a
35. re des romans de Patrick Modiano ne provient elle pas d un certain bon usage des clich s Et le Journal de Charles Juliet dite l enseigne de l avant garde est il autre chose qu un triste ramas de clich s Quant aux romans pour la jeunesse de Philippe Djian leur style tout en clich s font qu on les laisse tomber au bout de trois pages Il est vrai que le clich envahit tout comme la mauvaise herbe Mais n est ce pas l encore un clich A C Pierre Le Pillou r Po mes jetables Postface d Otto Ganz Bordeaux Le bleu du ciel 2002 92 p Chaque po me fait le lien entre un mot et un autre produit le plus souvent par suppression d une ou plusieurs lettres trouver consiste le plus souvent trouer Ou il y a de la loque en logique Mais d autres proc d s sont employ s tels qu anagrammes PIED EDIP m tath ses Elles se sont fait secouer les prnues Et m me logogriphe ce qui s courte s coute secoue sue Et quelques autres il na t il fait il hait il sait il tait L auteur va tr s souvent la ligne pour distendre ses aphorismes Une poesie aux ras des mots et des lettres avec ses trou vailles mais aussi ses chutes de tension lire avec une loupe Minimaliste mais pourquoi jetable A C OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES Herv Le Tellier Encyclopaedia inutilis Le Castor Astrai 2002 137 pages et demie Contrairement
36. ront leurs bases cette bible compte car elle contient tout Outre 2000 contrep teries du patrimoine 18000 dix huit mille vous avez bien lu nou velles antistrophes viendront vous aider en toutes circonstances en tous lieux et ce grace une tr s belle organisation th matique Les grands recoivent hommages et les fictions de leurs crus sont amplement cit es d Oncial Lue Etienne et Jacques Antel On a ainsi le plaisir de conna tre des extraits de certains ouvrages puis s et de patap teries contrephysiques tr s peu connues bien qu la base de l origine du Coll ge La contrep terie de salon est l honneur avec pr s de 50 pages dans lesquelles on verra un Eric Satie satirique qui parait loyal cot de phrases dignes de Rrose S lavy ou de palindromes de syllabes Vous apprendrez tout sur la recherche de couples assist e par une banque de dons sur les contrepets enchev tr s doubles quadruples grace trois cycles d tude dont le dernier vous conduira un pastiche admirable devinez de quoi dont je vous donne le d but et la fin Massif en plein soleil un vieux bus trimballait un bien triste falot au coup long et bloqu afflig d un baba de bandit un peu follet avec sa petite tresse Je le revis sur le quai apr s cent vingt minutes coutant les conseils paternels sur les fripes d un esp ce d l gant qui lui p trissait le flanc huit contrep teries dans ce court extrait OBSERVATOIRE
37. tion sociologique n a pas encore t enti rement lucid e p 38 et 42 ou de r futations vigoureusement pol miques On fait compl tement fausse route si l on veut comme l a tent D Epp rattacher les Polyrrhines des Monorrhines nasestres Stult n 1948 Bromeante de Burlas 1949 A une telle interpr tation s oppose entre autres arguments que sans parler de la polyrrhinie elle m me la structure du nasarium est compl tement differente p 58 Toujours critique provisoire et exempt de finalisme le savoir positif implique une permanente reconception du champ typologique qui modi fiant r troactivement les classifications ant rieures ne s expose qu au ris que de la caducit La position syst matique des Rhinost lides est encore controvers e Alors que Spasman et Stult n estimaient encore en 1947 qu il convenait de les piacer dans une section speciale des Sedentaria oppos e celle des Peripatetica on se range aujourd hui plut t l opinion de Bromeante de Burlas et les incorporo la sous tribu des Epig orrhines Certe interpr tation est tay e surtout par la red couverte de Emunctator sorbens le Reniflard chuintant qui occupe une position interm diaire entre les Nasolimacides errants et les Rhinost lides s dentaires Au demeurant la rigueur didactique se trouve quelque peu infl chie ou temp r e par un certain nombre d indices de subjectivit A cot de notations ob
38. tique m canisant la construction de milliers d aphorismes dans le but de les d mystifier mais aussi de cr er des syst mes r currents qui en produisent d autres Beaucoup de ces aphorismes sont une r ponse po tique des points du Tractatus de Wittgenstein en relevant les laiss s pour compte Chaque cat gorie d aphorismes est dite non par le po te mais par des solipsistes abstraite ment construits sur des structures psychologiques Ainsi les cat gories premi res comme penseur de soi limiteur de soi po te de soi rehausseur de soi ou rabaisseur de soi correspondent des types de pens e Les signes entre les chiffres indiquent des relations de classification Ainsi dans l aphorisme 1 9 11 9 1 un penseur de soi 1 parie en tant que po te de soi 9 et placeur de soi 11 sur le po te de soi 9 en tant que penseur de soi 1 L Observatoire des litt ratures contraintes ESSAIS Jan Baetens Du bon usage des livres anciens Que faire des livres anciens qu on ne se d cide ni garder ni jeter ni revendre ni m me offrir Comme toujours l histoire lirt raire four mille d id es qu elle est heureuse de partager avec tous ceux qui l inspira tion fait momentan ment d faut Premi re id e la r criture soit indirectement par exemple sous forme d adaptation de modernisation de remake de continuation de glose etc so
39. ules DRE SANTE de Constantinople ISTOIR VIAN DE M T Solutions Affaire class e Parler dans le desordre Une paire de ciseaux Contravention Une dame avec un gros derri re Dix orangers Cube de giace Trou normand Quadrature du cercle Se mettre en quatte Point de riz Point de jersey Lettres de mon moulin Economies de bout de chandelle Chanter avec un accent espagnol Alexandre le Grand Souvent femme varie Onde Sophocle Fautes d impression Descendre en escalier Moules tr s fraiches Sainte Sophie de Constantinople Un roi sans air sans eau sans lit g mit dans un coin Histoire sans queue ni t te Vent debout Viande hach e 337 FORMULES Formules Sommaires des num ros pr c dents FORMULES n 1997 1998 CRIVAINS ENCORE UNEFFORTPOVR TRE ABSOLUMENTMODERNES R flexions Jacques Denis Bertharion Morph sis Mim sis Jesus Camarero La nouvelle critique des ann es 90 Didier Coste Le retour d Alexandre Sur les vers m triques contemporains Pol mi ques Jacques Jouet Ma m re grand que vous avez de grands dogmes Jean Lahougue Jean Marie Laclavetine Correspondance extra t Antec dente Daniel Bilous Aux or gines du mail art Les Loisirs de la Poste de Mallarm Giovanni Pozzi La tradition de la poesie visuelle Compo sitions textes de cr ation de Jan Baetens Marcel B nabou Michelle Grangaud Herv Lagor Pierr
40. un po me en morse Palphabet d j utilis dans un po me de Man Ray pas la langue de l animai polaire divers ready made catalogue de livres carte postale multilingue des mod les d crirure recopi s la copie des premi res strophes du Bateau ivre Le po me Desesperanto est le brefjournal d un fou envahi par des caract res tranges d autres 285 286 ESSAIS utilisent des n ologismes imprononcables la fin les lettres grasses entre m l es en un groupe compact semblent tre ses logogrammes Ce recueil qui apporte un plaisir visuel et conceptuel et t moigne d une grande vari t dans les recherches et trouvaiUes de l auteur est une r ussite pas un seul po me n est de trop dans cette anthologie et aucun n est gratuit On artend la prochaine anthologie qui sera de ce si cle ci A C Paul Braffort J amp I les deux combinateurs et la totalit Plein Chant 2002 137 p Rappel 37 x 2 1 73 37 et 73 nombres de Perec sont les seuls couples de nombres pre miere palindromes ainsi constructibles C est aussi le lien entre les Afables et les dessins de Paul Braffort et les gloses de Walter Henry Devinez le lien entre Braffort et Fort Alamo O finit l peu pr s et o commence Pholorime O finit l holorime et o commence la musique Les chemins du Tendre sont ils hamiltoniens Tout est devinette tout est d couvrir dans cet opuscule de 137 pages que Paul Braf
41. une r gie du jeu tablie par des gens qui s int ressent un domarne m me s ils n en sont pas des sp cialistes Il n est pas certain que les contraintes les plus fructueuses soient celles qui proposent un m canisme vident m me si l ennemi de la con trainte est bien l ineffable Pindicible l inexplicable L oeuvre la plus con trainte serait celle qui peut tre programm e et ex cut e par une machine au risque de sortir de l art pour tomber dans une sorte de technique 25 26 DOSSIER decorative A l oppose la liberto qui m ne l expression personnelle sans souci esth tique d borde aussi de l art pour tomber dans l expression pure Or les oppositions de plus en plus marqu es entre l ordre et la libert le souci esth tique et l expression vont s cr ter des recherches et des mou vements qui tiennent de plus en plus prouver l efficacit de leurs th ories et de leurs productions Elles vont du m me coup multiplier les d couver tes dans un champ comme dans l autre Et la contrainte se nourrira finale ment du fait que chaque artiste se voit oblig pour se sentir un vrai cr a teur de cr er ses propres normes et sa propre technique Ce qui donne x chez ceux qui sont attach s l ordre et oppos s la cr ation spontanee et intuitive une surench re dans le domaine des r gles nouvelles qu ils s imposent en les multipliant Il est donc logique que l art moderne con temporain voie se multiplier
42. 12 Ce po me visuel nous rappelle les r ticules rendus populaires lors de la publication des premi res photographies de la lune par les Apollo et autres Ranger Il se fait que la premi re photo publi e dans le New York Times comportait 14 lignes cha cune de 5 accents Ceci renvoyait automatiquement un autre code linguistique celui l celui des po mes dits forme fixe les 14 vers du sonnet et les 5 pieds du pentam tre i ambique Pour Mary Ellen Solt il n y a plus eu un seul sonnet valable adress la lune depuis la Renaissance et nous tenons peut tre ici la chance de revivifier un lyrisme lunaire exsangue grace au nouveau contenu scientifique qui fait de la lune un autre objet ir j Hto gt S amp T Mamrfw Some TM fT A i JL J J bL ALT A L JL JL JL b T y T b b 4 i 1 L JL J oj I JL JL JL J r TT LL rrT i i L UJLJ A r rT m e T T 12 101 DOSSIER Dans cette classe il existe aussi une poesie dite s miotique mais qui devrait plus justement s appeler inters miotique Elle a connu un d ve loppement particuli rement riche et abondant en Am rique du Sud apr s les travaux pr curseurs de Wlademir Dias Pino 1962 De nombreux po tes concrets s y sont int ress s Edeline 1980 1998 D Pignatari L A Pinto P Xisto R Azeredo et en Europe lan Hamilton Finlay et John Furnival C est sans doute un cas limite qui rejoint d une cert
43. 48 23 6 39 44 25 4 33 37 8 49 46 35 54 27 42 2247 36 S5 40 64 32 3 18 15 12 SI 62 34 2 57 13 10 17 20 59 52 29 64 16 19 14 11 30 63 68 1 En lisant suivant le proc de indiqu de 1 64 on verr se d rouler le po me suivant Sij aime la guerre Tr s peu C est que de la terre L enjeu Vaut plus que la gioire Un bruit Qu un simple d boire D truit J ai pour pr f rence Surtout Libert science Partout Travail qui d core La paix Arts qu on ne d plore Jamais Canel ne donne pas la date ni l auteur de ces vers aussi curieux que plats mais il nous parafi possible que certe profession de foi ait t compo s e par lui m me Le texte dispatcher de certe facon doit avoir une longueur donn e il faut composer un texte de 8 x 8 64 syllabes Pour ce faire il a choisi des vers impairs des pentasyllabes en fait des hexasyllabes car on doit 83 DOSSIER compter la syllabe f minine terminale soit 8 x 6 48 syllabes et les petits vers pairs des dissyllabes soit 8 x 2 16 syllabes ce qui fait en tout 48 16 64 syllabes Et de m me si l on consid re ces vers comme 8 octosyllabes de 6 2 8 syllabes on a 8 x 8 64 syllabes Canel donne un second exemple un chiquier de plus de 64 cases mais pair de 8 x 12 cases 2 extensions en haut et en bas de 8 x 2 soit 128 cases
44. Biologie des Rhinogrades donn e comme une traduction de Pallemand et plac e sous l autorit de l impro bable Professeur Dr Harald Stumpke conservateur du mus e de l Institut Darwin Hi Iay Mairuwili Asssortie d un sous titre prometteur Un nou vel ordre de mammif res l tude s appuie sur les connaissances zoolo giques de son temps pour mettre en question certaines des classifications h rit es de l volutionnisme biologique en d crivant les diverses esp ces de Nasip des d couvertes dans un archipel jusqu alors inexplor du Paci fique sud Mais les conditions de plausibilit de l argumentation et ce qu elles peuvent r v ler quant la constitution des syst mes pist molo giques en vigueur n y demeurent pas moins ambigues dans la mesure o l ouvrage semble pouvoir aussi se rattacher tant au genre du bestiaire fan tastique qu la cat gorie des supercheries scientifiques Tout commence en fait par une habile mise en sc ne puisque avant m me d avoir t officiellement reconnus les Rhinogrades en question avaient d j cesse d exister suite des exp riences atomiques tr s se cr tes gt ayant entrarne en 1957 la destruction totale des iles o ils s taient d velopp s Par chance Stumpke lui m me disparu dans ces p nibles circonstances avait pu rediger une description de la morphologie et surtout du mode de vie de ces mammif res encore inconnus Le docu ment qui fit d sorm
45. Ce petit ouvrage reprend en les enrichissant des essais publi s au cours de la derni re d cennie La premi re tude issue de l ouvrage phare Po sure amp Peintrie porte sur les calligrammes d abord appel s par Apol linaire id ogrammes lyriques en liaison avec le simultan isme avec une mention des tentatives d Henri Martin Barzun et de Fernand Divoire La deuxi me tude se centre sur un sujet originai les mots coll s on pourrait dire les motscoll s de Pierre Albert Birot po te naif mais cr ateur La derni re tude des rimes grammatiques au po me litt ral traite des let tres dans la perspective de la poesie visuelle et de la poesie sonore On y trouve des analyses tr s stimulantes comme celles sur l abandon de la capitale en d but de vers chez Rimbaud ou sur le lien entre le vers libre et la non ponctuation mallarm enne Mais on peut discuter de l existence des rimes anagrammatiques qu il d piste chez Rimbaud qui sont d ailleurs plut t hypogrammatiques On peut aussi discuter plus g n ralement l ex tension du terme poesie litt rale Celui ci notre sens devrait tre r serv aux po mes fond s sur des contraintes litt rales apparus dans la dernier quart du XX si cle comme les po mes anagrammatiques 281 ESSAIS dominante de l atelier d criture dont l alliance strat gique avec l criture contraintes r jouit ou r conforte les amateurs des contraintes si souve
46. Chaque case pouvant tre en effet consid ree comme une sc ne il s agirait donc d un palindrome de sc nes A ma connaissance il n y a pas encore de TEXTE IMAGE films enti rement palindromes ou peut tre des courts m trages exp ri mentaux Il existe par contre des films mont s l envers comme Memento Dans le domaine litt raire ca existe aussi la Fidche du Temps de Martin Amis est un livre construit l envers La vie du h ros commence sa mort et on arrive jusqu sa naissance apr s toutes sortes de p rip ties Il s av rera qu il a t un m decin nazi pendant la seconde guerre mondiale Un livre tonnant J ai d ailleurs travaill apr s la lecture de ce livre l application la bande dessin e de ce principe pour la r alisation d un exercice oubapien para tre en mars dans l Oupus 2 C est un exercice d expansion intitul Hors champ gt propose par Francois Ayroles Il s agit de lt gonfler gt une planche de 6 cases dessin e par lui pour en faire 6 planches de 6 cases La con trainte suppl mentaire que je me suis donc fix e est que chaque case soit ant rieure la pr c dente Formules Quand vous cr ez une bande dessin e palindrome que vous vient il en premier l esprit l image ou les mots EL Les mots Comme je vous le disais je suis un sc nariste avant tout Je fais certes des petites cases mais c est l criture qui est le point de d part Je cherche ensuite une facon
47. DES LITT RATURES CONTRAINTES De plus le livre permet 3 lectures une premi re lecture sans surprise car les contrep teries sont annonc es leurs solutions pr vues Si on pr te attention et on s y pr te vite on d tecte des phrases sournoises qui repr sen tentpr s de 10 des joyeuset s de l ouvrage Enfm elles seules les notes de bas de page sont d busquer et d guster comme Pecunie des jolis mots A tei point que l on risque apr s lecture d tre enti rement intoxiqu et de voir juste titre des contrepets partout des six Beinex Michel Leeb et de Perec en action aux oulipiens qui riment en lurte grace aux mots qu ils d couvrent avec les potes A Z Michel Martin Jeux pour crire Hachette ducation 1995 r dition 2002 256 p L auteur connait doublement son sujet comme le prouve sa biblio graphie de TEM Yaguello de l Oulipo aux Duchesne et Legay mais surtout par son exp rience sur le terrain de la p dagogie l apprentissage de l crit par sa dimension ludique Michel Martin maitre de conf rence PIUFM de Nice a en effet test plus d une centaines de jeux de l crit inspir s pour la plupart de l Oulipo quasiment cit toute les pages On est tonn de voir la diversit et la qualit des textes produits par des enfants du CP la 6 m me s il s agit de s lections dans des classes rompues ce type d exercices et d instituteurs convaincus de leur int r t A n
48. Einfuhrung in die informations theoretische Asthetik Rowohlt Hamburg CLUVER C 1996 Traduzindo poesia visual 5 Congresso Abralic Anais Cdnones amp Contextos voi 1 311 327 Univ Fed do Rio de Janeiro EDELINE F 1980 Poesie s miotique In Hui n 11 29 38 Amiens EDELINE F 1987 Vocaliques de quinque vocalibus Quaternaire Li ge EDELINE F 1992 Flowers and Fragments on Ian Hamilton Finlay and Mary Ellen Soit Poiesis 47 54 Edinburgh EDELINE F 1998 L espace temps dans la poesie s miotique The pictured Word 149 167 RODOPI Amsterdam EDELINE F 1999 Lin arit et poesie visuelle TI pleut un quintil bascule de Guillaume Apollinare in Langage et Lin arit 201 221 Septentrion Pr Univ Lille WAGENKNECHT Ch 1971 Variationen uber ein Thema von Gomringer Text Kritik n 25 14 16 Munchen Notes Ce texte est une version consid rablement remani e et d velopp e d une conf rence prononc e au centre Pompidou en mai 1987 pour accompagner une petite exposition de po mes visuels l occasion du dixi me Festival franco anglais de Poesie Ni Gomringer ni Jandl n utilisent de majuscules gt N B Tout po me de Dom Sylvester doit tre reproduit en respectant les caract res de sa machine crire Olivetti Lettera 22 105 DOSSIER Isabelle Dubosc Marcel B nabou et Jacques Roubaud Textes images et manipulations Quelques remarques et recettes La majeure partie
49. Eug ne Rollami Rimes et jeux de l enfance Maisonneuve amp Larose 2002 p 396 La somme du folkloriste Eug ne Rolland se voit r dit e pr s de 100 ans apr s sa parution en 1883 un prix enfin accessible Les lecteurs des anthologies de Philippe Soupault et de Pierre Lartigue pourront se reporter certe mine issue d enqu tes dans les coles Cet ouvrage heureusement empirique est ordonn selon le pian suivant Berceuses Jeux et formulettes pour amuser les tous petits Pri res enfantines Rondes Chansonnettes Randonn es Jeux et formulettes de jeux Gages et p nitences de jeux Devinettes Th tre enfantin Formulettes d limination au jeu Formulettes satiriques et fac tieuses Formulettes diverses Il suffit de remplacer formulettes par comptines un mot introduit par Pierre Roy pour que l amateur de formes br ves et de formules po tiques se retrouve en ter rain connu Aucun autre ouvrage n est plus exhaustif dans le relev de ces po mes et de leurs variantes selon les r gions du temps que la France tait fragment e en patois et langues diverses On peut s y rapporter pour sau ter par dessus l exploitation commerciale des comptines dans le secteur de l ditions pour enfants pour les parents et ducateurs Base de donn es pour les historiens de l enfance les sp cialistes de la mythologie et du conte populaire les linguistes et les m triciens cet ouvrage est un tr sor de poesie orale Ch
50. HORS DOSSIER Textes de Alain Andr Philippe Bruhat et Ren Droin Eric Clemens Bernard Magne Paul Louis Rossi Jeanne Vandepol Alain Anseeuw Regine Detambel Yak Rivais St phane Susana Michel Voiturier Claudette Oriol Boyer FORMULES n 3 1999 2000 DOSSIER PROSES CONTRA NTES Cr ations d Alain Andr Gerard Assayag Antoine Bello Jacques Bens amp Jacques Jouet Paul Braffort Alain Chevrier Eric Cl mens Regine Detambel Pascal Durand Patrick Flandrin Michelle Grangaud Pascal Kaeser Guy Lelong Herv Le Tellier Madame de Maintenon Ian Monk Didier Nordon Claudette Oriol Boyer Marc Parayre Chantal Robillard Eric Sadin St phane Susana Michel Voiturier Antoine Volodine Ant c dents Marcel B nabou A propos de What a man Marc Lapprand Trois points sur l Oulipo Pierre Le Pilloiier Caches de VArche Jean Ricardou La contrainte corollaire Hermes Salceda La r gie et le genre Etudes d oeuvres contemporaines Etudes sur Renaud Camus par Jan Baetens sur le roman Tom par Alain Chevrier sur Maurice Roche par Sjef Houppermans sur les proses contra ntes de l Oulipo par Marc Lapprand sur le roman de Jean Lahougue Le domarne d Ana par Guy Lelong sur Lartigue par Dominique Moncond huy sur la litt rature enfant ne francaise contra ntes par Chantal Robillard FORMULES n 4 2000 2001 DOSSIER Definir la Contrainte Dossier th orique Christelle Reggiani Contrainte et litt ralit Bernardo Schia
51. Marcel Duchamp Parmi ces calembours et plus g n ralement ces jeux de syllabes on note tr s peu d anagrammes strictes mon crane toile de nacre qui s tiole et quelques anagram mes hyperlaxistes luard devient lu des drafps Desnos joue peu avec les lettres mais on note quelques jeux de lettres dans L Aumonyme 1922 notamment dans P Oasis les Pan C les cranes KC les mains DCD un po me qui ressemble certaines singularit s litt raires Les cr ations de Desnos qui se rapprochent le plus des dessins anagrammatiques sont sa s rie de treize calembours verbo visuelsi4 le 41 42 DOSSIER terme a t propose par Marie Claire Dumas Il s agit de treize dessins sur quatre feuilles libres du fonds Desnos de la biblioth que litt raire Jacques Doucet o les noms de ses amis ou de po tes admir s sont rapport s la partie centrale d un corps f minin parfois d un corps masculin Ces calembours verbo visuels sont accompagn s sur la premier feuillet d aphorismes de Rrose S lavy dont le premier au point du jour Rrose Selavy vous fera traverser le pont du jouir est une allusion sexuelle en accord avec le th me de la plupart de ces dessins Sur une m me page on peut voir bas rond des fruits un peu pr s entre Baron et Larron des fruits le po me d Apollinaire Le Larron illustre par un fruit au bas du tronc Aile ou art Eluard une aile au m me endroit Un des
52. Moles et son manifeste de l art permutationnel en 1962 les productions cin tiques dans les grandes expo sitions entre 60 et 70 au Stedelijk Mus um d Amsterdam Stockholm en 1961 et Zagreb la m me ann e puis Paris et Venise avec les oeuvres de Jiri Kolar Le Pare Gh rasim Luca Soto Morellet etc Enfin la plupart des artistes travaillant sur ordinateur vont s int resser aux probl mes de combinatoire de mouvement et faire appel aux math matiques pour les r soudre De fait si les productions cin tiques du passe proposaient trop souvent des oeuvres qui bougeaient sans se transformer vraiment les tenta tives actuelles mettent trop souvent un cran entre le spectateur et l oeuvre Il reste donc beaucoup faire se risquer par exemple revenir aux l ments simples et sp cifiques aux structures fondamentales aux proc d s l mentaires et aussi explorer l interface entre sculpture et peinture Se pose alors le probl me des r gles Car alors que les Oulipiens dans leurs manipulations restent fid les aux grandes r gles de la rh torique et m me les durcissent plaisir force est de constater que chez les plasti ciens la tendance est plut t la deregulation au point qu on en arrive parfois se demander s il rester un seul principe d organisation accepta ble Cette deregulation ce recours l al atoire syst matis imposent d avoir une r flexion sur ce que l on pourrait appeler les
53. On appr ciera dans ce passage l exacerbation du polyptote lexical Les Holorrhinides dont lt les d placements s effectuent normalement la queue en avant rampent en arri re en sorte que leur extr mit morphologiquement post rieure est devenue physiologiquement ant rieure p 39 40 le nasarium des Scl rorrrhines s est transform en un organe de saut grace auquel ils ex cutent des bonds prodigieux qui cepen dant les rejettent en arri re en raison de la localisation du centre de gravite p 41 et 44 On est toujours surpris de voir YOtopteryx voler en arri re mais en somme cela se com prend si l on consid re que ce voi derive du voi piane des Hopsorrhines sauteurs effectuant leurs bonds vers l arri re p 50 chez Dolichoproata enfin les extr mit s post rieures 227 ILLUSTRATIONS fonctionnent seulement comme organes du tact lors de la marche retrograde p 77 Gilbert Lascault a consacr aux Rhinogrades quelques pages de sa th se sur le Monstre dans l art occidental un probl me d esth tique Paris Klincksieck 1973 un chapitre sp cifi que leur est en outre r serv dans les Supercheries litt raires de Jean Francois Jeandillou 1989 nlle ed Gen ve Droz 2001 Ce proc de rh torique constitue un astucieux moyen d illustrer le vieil adage d Ernst Haec kel L ontog nie recapitale la phylog nie C est d ailleurs en hommage au c l bre auteur d Anthr
54. On peut reprendre sur ce point les r flexions bien connues de Val ry lt iln y a pas de vrai sens d un texte Pas d autorit de l auteur Quoi qu il ait voulu dire il a crit ce qu il a crit Une fois publi un texte est comme un appareil dont chacun se peut servir sa guise et selon ses moyens il n est pas sur que le constructeur en use mieux qu un autre Du reste s il sait bien ce qu il voulut faire cette connaissance trouble toujours en lui la per ception de ce qu il a fair Les notices sont parfaitement fid les cette exigence m thodolo gique elles retracent bien sur chaque fois l histoire du texte mais elles 317 318 ESSAIS misent aussi sur la curiosit du lecteur en proposant des pistes sans vendre pour autant la m che e est ainsi au lecteur de d couvrir pourquoi Dou glas Haig meurt en poussant un mi tonitruant notice de La Disparition p 307 ou de comprendre comment une erreur apparemment anodine dans la localisation de l atelier du peintre Hutting peut mener loin mettons quelque part dans certe Pologne que la m re de Perec reverra sans avoir compris un certain jour de f vrier 1943 notice de La Vie mode d em ploi p 645 De mani re generale le commentaire est ici remarquablement homog ne son objet en accueillant en particulier de nombreuses citations implicites la pr sentation de Bernard Magne constitue moins un pr ambule pour reprendre la terminol
55. Personne comme Ulysse comme Nemo et encore Paul Pluriel etc Ce personnage souffre de mutisme et explose parfois en textes quasi tautogrammatiques Il passe par tous les m tiers du livre ou qui touchent de pr s ou de loin la chose crite Le collage des courriers de refus de publica tion et les lettres son psy sont l occasion d un traitement satirique fort r jouissant L auteur a parsem son ouvrage de listes bibliographiques al phab tiques type La biblioth que ideale Les r flexions th oriques qu il donne sur la lecture et l criture sont plus proches de l article pour grand hebdomadaire que de celui pour revue de th orie litt raire Des collages de pages enti res de Perec lui permettent de coller son crivain pr f r Cet ouvrage o Fon sent que l auteur a mis toute sa passion de la r alit litt raire se laisse lire agr ablement mais les contraintes trop facilitantes les collages de listes de mots donnent parfois une impression de remplissage Plus grave les vieux interdits du Nouveau Roman ont t repris pas de personnage pas d intrigue D s lors le r cit ne parie que de lui m me des mots de rien Or les contraintes chez Perec permettaient de r introduire le romanesque la Vie mode d emploi lei une fois le livre referm on a l impression d un patchwork d exercices de style souvent plaisants car l auteur ne manque pas d humour et ne recule pas devant un brin d ro tisme q
56. Pour quelques Jocondes de plus Luca Chiti Un Chant inconnu de La Divine Com die Bernardo Schiavetta Un Eclat de ta Voix Yak Rivais La R gie du Jeu des Demoiselles d A Plagiats et Faux Nicolas Graner La Version princeps du Desdichado Daniel Bilous Un In dit de St phane Mallarm Paul Braffort Philippe de Puy de Clinchamps Claudette Oriol Boyer L Affaire du faux Plagiat Th orie des R critures Pascale Hell gouarc h criture mim tique Pascale Hell gouarc h A la Mani re de Victor Hugo Anne Claire Gignoux La R criture Michel Butor Francoise Weck Le Pastiche selon Tardieu Daniel Bilous Le Concile des Pasticheurs Jean Lahougue Le Renversement du Style Jean Lahougue 26 Arguments d cisifs cantre l Imilation Gilles Esposito Far se 26 Argu ments enfaveur de l imitation Alain Chevrier Les Centons de Tristan Der me revisit s D bats Jean Bricmont Faux et Postiches Scientifiques Bernard Magne Le RAPT de Perec Jean Ricardou L Impens de la Contrainte Bibliographies Hors Dossier Cr ations Umberto Eco Po mes du SATOR Milorad Pavic L Escargot de Verre Patrice Hamel R plique n 18 St phane Susana Neige palindromes Vincent Tholom Deux Po mes pr ts l Emploi Raymond Federman Eating Books amp A hopeless Story Eric Angelini Ce Titre correspond Suites au numero pr c dent Gilles Esposito Far se Un Hologramme de Jean Lahougue Val rie Susana et Gregory Corroyer Textologie et Contrainte FORMULES n 6 2002 2003 DOS
57. Robert Desnos crits sur les peintres op cit p 223 227 Robert Desnos CEuvres op cit p 173 175 Desnos Des images amp des mots op cit p 140 142 15 Cahier de l Herne Robert Desnos dir Marie Claire Dumas 1987 n 54 p 73 16 Catherine Charpin Les arts incoh rents 1882 1893 Pr face de Francois Caradec Syros Alternatives 1990 p 66 et p 68 17 Anne Egger L activit plastique de Robert Desnos Du dessin du signe calligraphique et de l crit Desnos Des images amp des mots op cit p 103 18 Massin La Lettre et l image Gallimard 1981 1973 p 281 David Lee Fong Types aux graphics Grain d orage Zulma 2001 80 p 20 Georges Malkine Le vagabond du surr alisme Paris Mus es Pavillon des Arts 28 avril 29 ao t 1999 1999 p 23 21 Robert Desnos CEuvres op cit p 733 22 Ibid p 438 Robert Desnos Ecrits sur les peintres op cit p 233 Desnos Des images amp des mots op cit p 145 23 Jules Verne Cing semaines en ballon L Int grale Hachette 1996 p 115 24 Desnos Des images amp des mots op cit p 117 25 Cahier de l Herne p 61 70 Desnos Des images amp des mots op cit p 120 121 et p 134 26 Andr Masson Le rebelle du surr alisme crits Collection Savoir Hermann 1976 p 37 27 Desnos Des images amp des mots op cit p 131 TEXTE IMAGE Christelle Reggiani Perec photographe La photo
58. accompagne le promeneur un passage ou plut t une sorte de transvase ment s est opere Comme si vide de sa substance l homme n taitplus que l ombre de lui m me une ombre bianche notez l oxymore vampiri s e par le doubl noir comme gorge quant lui de la substance du prome neur exsangue D brayons quelques instants La question th orique pos e plus haut fait retour A nous suivre dans notre lecture on pourrait penser que tout ce discours n a t produit que pour culminer dans la r invention de Pexpres sion qu on vient de dire n tre plus que l ombre de soi m me S agi rait il d une expression heureusement trouv e remont e tout a coup la conscience Si l on ne peut nier le plaisir effectivement prouv la venue ou plut t la survenue de certe formulation ce point de notre analyse l on ne peut non plus laisser croire que nous avons interrog certe image parce qu elle nous intriguait Nous avions le sentiment confus que quelque chose hantait le dessin de Lionel Portier Un exemple ultime nous aidera nous faire mieux comprendre Dans un texte critique d di au peintre allemand Konrad Klapheck Andr Breton cite Fulcanelli l auteur trange des Demeures philosophales Interesse par les r bus dernier cho de la langue sacr e Fulcanelli voque certe an cienne publicit pour la marque Singer Illustration 7 Singer 159 DOSSIER Elle repr sente
59. agit pour le premier d une des cription d une photographie du p re le second largement imaginaire12 tant consacr la m re Si le projet autobiographique s est forme presque en m me temps que le projet d criture si le projet d crirure prend autrement dit tr s rapi dement une forme autobiographique sans que celle ci lui soit pourtant stric tement coextensive la description de la photographie du p re joue le role dans l economie mise en place par W d une presque gen se de l cri ture La photographie serait donc pour l crivain Perec sinon premi re du moins centrale en t moigne le fait qu elle puisse devenir ainsi Yimage d une origine possible de l criture Certe vertu originaire de la photographie se projette sur d autres tex tes perecquiens o la photographie se fait d une mani re ou d une autre generatrice du discours Je mentionnerai ici Fragments de d serts et de culture o le rapport la photographie est la fois cruciai et d cal Les Fragments perecquiens reprennent en effet une forme invent e par Denis Roche qui le texte est d di dans une r f rence explicite la photographie J imaginais je voyais litt ralement ce que pourrait tre certe criture nouvelle par quoi il me semblait que je me placerais par rapport TEXTE IMAGE ce qu on appelle litt rature comme un photographe se place par rapport la peinture La m thode mise au point
60. antiques la poesie romane implique toutefois une red finition th matique du genre par la s lection des seuls th mes adapt s la soci t contemporaine les loges les f tes l amour De ce point de vue l histoire de la cat gorie se joue alors en Italie autour de l oeuvre de P trarque l intronisation de P trarque rev t un poids d cisif dans la configuration de la classe lyrique car non seulement elle d termine la pr minence incontestable que le th me amoureux acquiert 301 ESSAIS mais elle rend galement compte de la r conciliation finale qui s opere entre l antique et le moderne avec l apparition d un mod le alternatif p 124 L histoire du genre lyrique est ensuite d termin e par la reception effective de la Po tique d Aristote par les th oriciens europ ens au milieu du XVP si cle qui impose de concilier la necessitd d une th orie de la poesie lyrique li e la revendication de la dignit des langues romanes et l autorit d Aristote qui s en tient une d finition mim tique de la poesie A ce conflit r pond l inventivit th orique des po ticiens qui exploitent les difficult s du texte aristot licien S labore ainsi une d finition nonciative de la poesie lyrique qui la rattache notamment au genre dramatique en distinguant sujet de l nonciation et sujet de l nonc en t moignent les lectures autofictionnelles du Canzoniere qui sont alors propos es C est dire
61. assigne ce que Barthes appellerai le punctum e du trompe l oeil son exposition au tempsi7 Ce n est pas la premi re fois que la peinture oppose au temps ses simulacres d ternit Mais je crois que ce qui me touche et me trouble le plus dans les photographies de trompe l oeil que Cuchi White nous donne voir c est pr cis ment le contraire le retour du temps l usure l effacement quelque chose comme la reprise en main par le temps r el par l espace r el de cette illusion sp culaire qui se serait voulue imp rissable 18 4 Les strat gies du faux Le lien tout fait troit qu tablit F criture perecquienne entre la pho tographie et le faux d construit passablement la fonction testimoniale parce qu indicielle classiquement accord e l image photographiques m me si l on ne saurait l y r duire au point que Fon peut parler d une v ritable d r f rentialisation de la photographie dans les crits perecquiens La pho tographie dans l oeuvre de Perec para t toujours li e un manque une incertitude ontologique rejoignant peut tre par l ses origines illusionnis tes les panoramas et dioramas du XIXe siedez0 Dans la pratique du polaroid la mise en cause ontologique prend la forme de notes de ce type A 1 Ih il se met faire tr s beau ce dont ne rend pas du t ou t c om pte la ph n IO 21 Dans les textes litt raires la photographie met en place un jeu avec le r el Jouer avec
62. aura opere une v ritable revolution dans ses projets sa conception de l art et des r gles artistiques et du rapport de l art avec les autres disciplines Ces mutations permettent de comprendre que la contrainte rec le divers l ments un peu comme les strates diverses du cerveau et qu elle se pr TEXTE IMAGE sente comme un syst me ouvert complexe et parfois paradoxal Il con vient donc d analyser les l ments qui ont t source de contrainte avant de les voir se d velopper s enrichir et se marier 4 R actions aux contraintes de la tradition XIXe et XXe si cles D j les impressionnistes avaient branl le socie des r gles ancien nes en privil giant les effets dus la lumi re en utilisant des couleurs de plus en plus vives et en multipliant les oeuvres alla prima en plein air Des contraintes nouvelles surgissent l vidence de cet int r t pour la lumi re et la couleur De plus la r alit commence se trouver remise en question car sa d pendance en particulier pour la couleur par rapport la lumi re va la rendre moins fig e dans l esprit des artistes Une des grandes sources de contraintes celle impos e par l exigence de la mimesis est mise en question par une nouvelle notion de la r alit qui n est plus concue comme immuable Le m me motif sera aussi la source d impressions diverses donc de variations dans la saisie de la r alit Ces impressions font place naturellement la subj
63. aux philologues restituant les continuations 5 ee 35 du dernier roman inachev de Chr tien de Troyes le Terceval On formulera d s lors une simple question alors que l hypertexte surtout lectronique r pond parfaitement 4 la revendication antiromantique qui d finit pour une part le projet litt raire de Jacques Roubaud pourquoi le mod le medieval lui est il manifestement pr f r Il me semble que ce privil ge tient ce que les formes du texte medie val impliquent un mod le antiromantique moins radicai qui multiplie les auteurs sans grande autorit mais n en supprime pas pour autant la figure un mod le aussi qui ne renonce pas l unite mat rielle du livre L cri vain Roubaud qui a plus g n ralement fait de l criture medievale l un des axes de son travail qu on relise Graal Fiction Graal Th atre ou encore La Fleur inverse Essai sur l art formel des troubadours choisit en somme de pr f rence la radicalit lectronique de l hypertexte contemporain de reinvestir sa pr figuration medievale L hypertexte roubaldien ne proc de donc pas v ritablement d une pens e technologique de l criture m me si la pratique de l criture lectronique informe ind niablement la prose de l auteur il propose de ce fait une utopie uchronie textuelle en douceur permise pr cis ment par la mobilit et la d localisation lectroniques En d autres termes plus brefs J
64. axe vertical soit selon un axe horizontal des translations en tous sens selon les deux dimensions de la page et des rotations de n degr s dans un sens ou dans l autre A noter que Desnos se servant d un stylographe moderne ne joue pas sur les pleins et les d li s comme le font les calligraphies anciennes Exceptionnellement ces lettres peuvent subir des ajouts ou des pr l ve ments tr s localis s Exceptionnellement aussi des signes typographiques autres que les lettres un filet des traits ou m me des esquisses figur es peuvent tre mis contribution TEXTE IMAGE Ces lettres sont utilis es pour leur valeur iconique ainsi par deux fois le v est une mouette ce qui est classique et le D renvers 90 une coque de bateau Certaines lettres fournissent des l ments polyvalents la hampe du i est un segment de droite commode le o un cercle et mais d autres lettres sont moins vocatrices visuellement et doivent tre ins r es en continuit avec d autres l ments le R par exemple Comme dans la geometrie du caoutchouc ces lettres sont parfois d form es Ainsi B pour les noms de Breton et de Baron est deforme lastiquement la figure deux trous se transforme en une figure un seul trou ce qui est une aberration topologique Pour Yvonne George le Y est scind en deux parties le f t et le V forme par ses deux branches et la ligne unique du N est d compos e en trois segments aut
65. c est leur affaire Oubliez vous sur eux Oubliez vos morts Si vous n oubliez pas les morts c est mauvais pour le cceur Oubliez les morts 7 mars 2000 Paris Navet Unge ceil de vieux aura fait quatre ans Dujour aura fait la suite davantage de temps une part a cheval compose de 1 La phrase de prose du jour 2 Qui va l 3 Le po me adress du jour 4 Le po me x du jour 5 Le po me du jour et de journal 6 Le po me portrait du jour annexe Po mes adress s aux souscripteurs de Navet Je suspends les portraits par lassitude des auto et petite d ception que les pistes lanc es aupr s d interm diaires culturels restent s ches Dos pens e po me revenant part en voyage je ne sais pas pour combien de temps 243 8 mars 2000 Paris po me de m tro Il me vient l id e que le plus terrible supplice entre deux personnes dont l une se serait donne pour devoir de supplicier l autre est de laisser celle ci toute nue sur le sol couch e sans un drap pour simplement s illusionner de prot ger son tre Elle a peur elle est nue elle est dans la terreur et elle laisse le pareo sous elle Elle ne cherche pas m me compulsivement s en couvrir C est trange J ai du mal croire certe acceptation pr senter son dos tous les diables de la terre m me celui qui rentre tard ivre et qu elle aime Elle a bien que couch e comme les mains en l air dans certaines ver
66. ce que laisse entendre son titre l ouvrage est une oeuvre salutaire d information de nos larges masses laborieuses Onze bio graphies permettent des c l brit s g n ralement m connues de vous de venir famili res et de briller en soci t Entre autres Karl von Bryar agent du chiffre allemand durant la guerre de 39 45 et son Farbensonnet sonnet des couleurs Hans Schweiger bruiteur professionnel inoubliable de Cecil B De Mille Les Dix Commandements et de Peter Yates Bullit Maxime Podgorski dont la liste avait eu connaitre il y a deux ans car il s essayait piacer sur un cube hongrois les 26 lettres de l alphabet avec une voyelle au centre de chaque face et les consonnes les plus fr quentes SRTNLCDM aux angles du cube en tracant graphiquement ou a l aide d une ficelle le chemin correspondant un mot ou une phrase on obtient un r seau plus ou moins nou dont Maxime tire des conclusions topologico linguistiques du meilleur effet Jacob Romanson un logicien doux dingue dont les travaux sont pr fac s par Wittgenstein lui m me et qui elabora sur le th me de la rose des vents des d fmitions extr mement coh rentes des mots de notre lan gue en fonction de la pr sence ou non de tout ou partie des lettres NOES un exemple parfait de classification Euphrase Balmer inventeur de l alexandrin ferroviaire et ami de Boris Vian et de Georges Perec Z phirin Dauvergne instituteur qui plor
67. ce qui s inclinait penchait grimpe ici comme la braise Il est vident qu un tei sonnet peut tre lu aussi comme la description d un des proc d s combinatoires qui semblent se trouver souvent la base de la production textuelle des sonnets Il est vident aussi que Czernin joue avec l autor f rentiel plusieurs niveaux et parie ici de la suite des vers qui dans certains sonnets est sciemment h t rog ne comme si l auteur avait essay de choisir les sonnets les plus divergents comme base combinatoire du nouveau sonnet comme dans nageln n 57 p 160 57 zum b die a geha ist worden alle ha ow plauch sia niek achsgew red zraunken driw chiwacht s a ft S a f saft r e l m U V V u V U auf dass satzgegenstande beigefiigter Hatte 82 90 106 117 128 168 172 190 11 23 38 43 60 144 indem ein tei des teilens sei geworden reim ae baid rauch stocke kahler stanne knospen sonetts asche ziehen erklettern haun sturine wachsen kraut afe gewachs die wird gepflanzt bautn vom damit sobald was keimt der trieb ist triebe blitten wachsen En y d couvrant la ligne en bloc noir ou en vers illisibles parce que superpos s maintes fois le lecteur aura reconnu les sonnets de source et il TEXTE IMAGE a raison de supposer l existence d un sonnet en chiffres c est pflaum n 64 p 18 pflaum 64 82901061171281681721901123 38 43 60144 99 126137 142 163 174186 10 36 55 61 73 91
68. cependant que le livre n a pas 100 chapitres mais 99 La petite fille de la page 295 et de la page 394 en est seule responsable Son sch ma s applique un damier de 10 x 10 cases l chiquier decimai existe Mais plus parlant encore est le damier qui fait coincider les pi ces de l immeuble et les chapitres qui les d crivent respectivement DOSSIER 59 84 15 10 57 48 7 52 45 54 9S 11 58 83 16 9 46 55 6 SI ss 60 97 14 47 56 49 B 53 44 12 99 82 87 96 17 28 43 50 5 SI 86 13 18 27 80 96 4 41 30 100 71 26 81 88 1 42 29 94 3 2E 62 89 70 19 36 19 2 31 60 72 65 20 23 90 69 34 37 78 93 63 24 67 74 33 22 91 76 39 32 66 73 64 21 68 75 38 82 92 77 Nous passerons sur le clinamen qui explique qu un chapitre manque d o un parcours irr gulier entre les positions 65 et 67 puisque la case 66 a dispaiti comme le coin inf rieur gauche du Petit Lu tenu par la petite fille Historiquement le probl me du Cavalier est tr s connu La recher che d une solution qui sature toutes les cases sans omission ni r p tition a de quoi fasciner l amateur de graphes et de contraintes Le terme Polygraphie d signe les nombreux chemins que le Cavalier peut parcourir mais il nous parafa pouvoir s entendre ici dans le sens d criture multi ple comme celle des polygraphes L auteur utilise la marche d une des figures du jeu d checs de la
69. ces est toujours repr sent e de deux quatre fois Au del de certe taxinomie m thodique il convient videmment de porter attention aux donn es thologiques soigneusement consign es dans la monographie Pour ce qui concerne le biotope d abord notons qu il a tout d un locus amcenus Au climat extr mement Constant comme cela est le cas pour beaucoup d iles du Pacifique centrai ou orientai gt p 4 s ajoute le fait que les armes taient l inconnues des indig nes petite peuplade pacifique se nourrissant de la richesse de la nature environnante Voila pourquoi le tr s singulier peuplement animai et vegetai de l archipel flit conserve intact en d pit de la pr sence humaine ce qui est d autant plus remarquable que presque tous les animaux terrestres auraient t rapidement extermin s par une chasse tant soit peu intensive ibid D h t rotopique par excellence qu il tait a l origine cet espace prot g est devenu proprement utopique apr s que des tensions tectoni ques impr vues provoqu es par une explosion nucl aire pourtant dis tante de 200 km eurent d clench Pengloutissement complet de l archipel p 85 La localisation topographique dont fait tat l introduction se re tourne donc dans la postface en un an antissement d finitif D une perennile sempiternelle rien n a chang depuis des mill naires on est passe une disparition sans retour qui concerne aussi bien le
70. ces th mes recoupent ceux de Desnos po te et de Desnos dessi nateur L interpr tation de formes quivoques est facilit e par l existence de dessins ant rieurs Pour identifier le ballon dirigeable de Breton on se repor tera au ballon dessin dans les Trois livres deproph ties 1925 s et surtout sa toile L p e au papillon e 1924 1925 o la partie sup rieure droite met en sc ne un ballon emport par le vent avec son cable et son ancres Le Sphinx cot d une pyramide forme un paysage miniature au bas du tableau Un rit e 1922 7 et ce paysage constitue l essentiel du dessin lei mourut Aragon e 1922 1923 La Tour Eiffel en forme de A avec un drapeau au sommet se trouve sur la toile Mort d Andr Breton e 1922 1923 s On peut voir une 39 40 DOSSIER fiche la t te demi enfonc e dans le dessin La comptabilit du po te e 1924 Dans ses dessins de nombreux bateaux portent des pavillons les mouettes sont en forme de V etc Les dessins anagrammatiques de Desnos n ont pas tous la m me valeur esth tique Les plus r ussis sont ceux o les lettres se fondent dans le dessin en se faisant oublier o la m tamorphose du texte en image est compl te Certains pr f reront un dessin comme la nef de Desnos pour son caract re compact et sa ressemblance avec le mod le D autres se ront s duits par le bocal de Tual qui semble effectu en quelques coups de pinceau comme un dessin chinois D autres enco
71. cette contrainte En fait il s agit de cr er avec la m me structure une seule et m me histoire J intercale des cases entre des cases fa gonfie comme une boule de neige Je suis d ailleurs la recherche un syst me d indexation informatique pour que je n aie pas recopier mes cases et pour que les cases identiques se modifient toutes lorsque j en modifie une Il me faudrait une representation de page avec un gaufrier simple 6 cases J aurais besoin d un g n rateur qui peut n tre que de texte Il me servirait simplement la construction de la bande dessi n e que je ferais ensuite la main Formules Que donnerait par exemple la contrainte S 7 EL Killoffer de l Oubapo l a r alis e dans l Oupus 1 Mais c est une contrainte tr s lirt raire Il l a fait de deux mani res ou plut t comme une planche avec deux versions un premier S 7 est applique au texte puis un autre tout ce qui tait repr sent dans l image Il a pour cela remplac des l ments de cette image par des l ments obtenus par S 7 la carte sur le mur devient une carthaginoise etc Il a conserve les personnages ini tiaux Les onomatop es ont t permut es par la m thode L 7 On peut certes reprendre les contraintes de texte et les appliquer aux textes des images mais je trouve plus int ressant de les transposer Quand j ai tudi mon premier palindrome dans Lapin j avais fait au d part un palin drome
72. ceux que Con peut lire avant la manipulation Dans la premi re dition le titre Pervenche et Victor devenait par exemple Perverse et Vicieux quand on pliait le rabat sur la premi re de couverture Le proc de avait d j t utilis sur des images uniques par Al Jaffee pour Mad ce que j ignorais l epoque TEXTE IMAGE J ai ensuite publi d autres bandes dessin es dont deux au Seuil Et e est comme ca queje me suis enrhum e et Ratatouille qui sont toutes deux bas es sur des structures formelles assez fortes Puis Cercle vicieux et bient t Le Cycle l Association Auparavant j avais fait quelques travaux pr oubapiens comme Pat et Tic ditions Hors Gabarit un flip book avec deux personnages ind pen dants qui se font des papouilles ou se tapent dessus selon l endroit o Fon met le pouce pour feuilleter les pages Ou encore La Vie exemplaire de Saint Sinus ditions Corn lius dans lequel j avais d tourn des gravures de Diirer pour cr er la vie imaginaire de Saint Sinus L diteur avait trouv des techniques pour vieillir le papier de mani re faire ressembler ce livre un vrai manuscrit ancien Ces bouquins ont t faits avant que l Oubapo n existe m me si certains ont t publi s apr s sa naissance L Astrophago typologie la port e de tous lui n a jamais t publi Les pages sont d coup es en trois dans la hauteur le lecteur affiche les signes du zodiaque occidental et chi
73. comme ces proc d s sont r currents dans l oeuvre perecquienne ce que favorise le calembour c est une v ritable mise en r seau d l ments disjoints c est dire une dynamique tr s exactement inverse de celle de l His toire Bref la catastrophe d une histoire qui r duit le passe z ro opposer l anastrophe de l criture et la potentialit de ses r seaux voil qui pour moi d finirait assez bien le rapport de Perec l histoire p 82 331 ESSAIS L histoire laquelle se confronte l oeuvre de Perec ne se r duit cepen dant pas celle de la Shoah on relira de ce point de vue Particle d Eliza beth Molkou et Regine Robin consacr de mani re generale la question de la m moire De l arbre l herbier PHistoire pulv ris e ainsi que ceux d Anne Roche Perec et le monde arabe et de Tania O Erum Perec et l avant garde dans les arts plastiques qui choisissent d arpen ter des terrains tout a fait diff rents L ouvrage fait galement une place la question de l histoire de l oeuvre deux articles sont consacr s respectivement la reception des Choses en Roumanie Yvonne Goga Les Choses histoire d une recep tion et la traduction de La Disparition en anglais Mireille Ribi re La DisparitionlA Void deux temps deux histoires sur la traduction de Gilbert Adair publi e chez Harvill en 1994 Il faut ici mentionner nouveau l article de Bernard Magne dont la d
74. comme le souligne Michel Ragon Lorsqu on consid re ces vingt cinq ann es qui se sont coul es depuis la TEXTE IMAGE renaissance des arts modernes apr s la Seconde Guerre mondiale on est saisi par l activit creative intense par la multiplicit des courants des coles des groupes par ses oscillations entre orare et d sordre 3 Cet ordre et ce d sordre illustrent le hiatus qui existe entre les recherches ra tionnelles de l art g om trique et celles du gestuel ou de l informel des diff rents courants d apr s guerre Encore une fois apr s la r volte des avant gardes leur opposition syst matique aux r gles du passe et le devoir de nouveaut qu elles ont instaur il devait fatalement se produire un retour l ordre et une r abilitation de la r gie La victoire d un camp semole mener son propre affaiblisse ment comme cela a t soulign l occasion de discussions sur la con trainte dans les ann es d apr s guerre dans la revue Formules L pui sement graduel de cette recherche de l Unique dujamaisfait du neufpour le neuf n chappe plus personne En effet la philosophie de la d composition des avant gardes avec leur formalisme transgressif se con tentait trop d liminer les mod les pr modernes Mais une r gie ne peut tre enfreinte de mani re v ritablement creative qu une seule et unique fois et comme il n y a pas un nombre illimit de r gles a enfreindre cette
75. connaissance pour tre soi on doit sans cesse l avoir diff r e 7 5 1 12 que l on pense que l on peut reagir soi exactement comme autre chose est pr cis ment Perreur que l on fait quand on est convaincu que l on peut se connaitre soi m me 7 5 1 8 parler soi m me et croire qu ainsi on peut apprendre quelque chose exag rer la dissemblance int rieure minime qui fait direy e 7 5 1 8 il est impossible de penser sans s abandonner compl tement soi ou sans tre abandonn par tout le reste 251 7 5 1 13 tout en moi est al atoire c est seulement parce que je reste pour moi une partie de moi que je peux m apparaitre comme quelqu un capable de s or donner 7 5 1 14 ce qu on nomme moi est l exception dont la r gie est ce que les choses entre elles arr tent 7 5 4 coh rence se diviser soi m me de facon ce que chaque partie se com prenne toujours faussement comme ce qui est soi m me ce qui divise intention l expression qui survient quand elle doit designer ce dont on ne peut savoir que cela survient 7 5 4 1 comprendre formuler la loi d une d composition de soi momentanee de la facon dont nous faisons l exp rience de nous m mes quand nous pensons dans une langue logique c est ainsi que nous sommes r els Note du traducteur Les textes originaux en allemand traduits ici proviennent d une oeuvre de Franz Josef Czernin en 8 volumes de 100 pages chacun plus un volume d index alphab
76. d un quart de tour vers la droite au corps de moins en moins gras au fur et mesure que Fon s loigne du premier pian figurent trois ponts avec leurs piliers L accent grave est laiss sur le E le plus proche et des 35 36 DOSSIER sine une d nivellation sur la rive situ e droite Le D retourn d un quart de tour vers la droite forme la coque d un petit bateau La boucle du 1 figure sa voile et le R ouvert vers le bas dessine un drapeau au bout de son fut En avant les deux branches obliques du V forment une mouette Au fond le A figure la Tour Eiffel par ses hampes inclin es et sa traverse tandis que sur sa pointe le second R ouvert vers le bas dessine un second drapeau 7 Leiris Au premier pian gauche un E retourn d un quart de tour vers la gauche forme une table ou un autel Les deux i figurent les deux bougies ou cierges les flammes qui les surmontent sont un dessin surajout A l ar ri re plan le L retourn 135 dessine le triangle d une pyramide Le S retourn d un quart de tour vers la droite contribue former les pattes et la partie inf rieure du torse d un sphinx Les points sur le i non utilis s moins que ce ne soit deux points surajout s figurent ses yeux Le R ma ladroitement trace dessine sa crini re 8 Baron f amp w p _ Le B est deforme sa hampe est comme tir e vers l ext rieur pour former un cceur Trois lertres le a retourn 170 le
77. d un tri n cessaire voil qui caract rise l esprit de la photographie qu on soit photographe ou crivain Que la distinction n im porte nullement se voit bien dans les exemples de l esprit de la photographie donn s par Brassai et qui s appellent Goethe et Tch khov Car alors que dans le cas de la photographie la camera soutient le regard attentif et s lec tif de l artiste dans le cas de l criture le magn tophone emp che juste ment de faire attention et partant de faire la bonne s lection Est ce dire que le paradoxe qui fonde la pratique de Brassai est une contradiction voire un contresens En fait l opposition est moins grande qu elle n en a l air En effet ce qui ressort de la comparaison des photos de graffiti et des paroles en l air est moins l criture peu surrealiste d un pho tographe surrealiste que la photographie peu surrealiste d un artiste dont les r f rences id ologiques demeurent massivement litt raires L esprit de la photographie dont se reclame Brassa t moigne en effet une conception minemment litt raire de l art photographique qui provient en ligne droite des discours les plus r actionnaires des photographes du XIXe si cle qui rejet s du syst me artistique traditionnel comme des copieurs m cani ques se sont longtemps ing ni s prouver la noblesse de leur art en insistant sur ce qui fait justement le socie des arts conventionnels pr photographiques si l on ose dire la p
78. d une typologie de la litt rature combinatoire Universit de Toulouse Le Mirail 8 Pour une analyse potentielle de la litt rature combinatoire Oulipo La litt rature potentielle Id es Gallimard 1973 43 57 Voir aussi Claude Berge et Eric Beaumatin lt Geor ges Perec et la combinatoire Cahiers Georges Perec 4 1990 p 83 96 Claude Berge Raymond Queneau et la combinatoire La Biblioth que oulipienne n 89 9 Voir son Dictionnaire des math matiques PUF 1979 10 Sur l usage du carr bilatin dans La Vie mode d emploi voir les indications contenues dans 129 DOSSIER Le Cahier des charges de La vie mode d emploi Notons au passage que l expression bicarr latin gt semble s tre impos e au moins chez les perecquiens aux c t s de l expression carr bilatin seule connue des math maticiens 11 Voir le doubl tableau que les Oulipiens appellent Table de Queneleiev in Oulipo Alias de litt rature potentielle Id es Gallimard 1981 73 77 12 L article cit de Beaumatin et Berge montre toute la complexit de l usage de la combi natoire chez Perec plus qu un outil de mod lisation bien autre chose qu un moyen de mise en forme Cahiers Georges Perec 4 1990 p 96 13V ir l article cit plus haut Pour une analyse potentielle de la litt rature combinatoire gt Distinction souvent reprise depuis voir par exemple Bernard Magne Esquisse d une typo logie de la litt rature combinatoire
79. dados y tablas compose sur l ordre du roi Castillan Alphonse X Le Sage 1283 probable ment pour mieux visualiser les mouvements diagonaux des nouvelles pi ces pr figurant la marche moderne du fou Outre les miniatures de ce trait on peut citer celle du Renaut de Montauban circa 1470 qui montre des chiquiers aux cases noires et blanches Un homme et une femme s affrontent dans le tableau de Girolamo da Cremona vers 1500 et dans un tableau de Lucas de Leyde 1515 certe fois ci devant un chiquier or et rouge aux pi ces jaunes et noires 81 82 DOSSIER Les figures que Gratien du Pont introduit m taphoriquement le quinault le mouton et la pie en les empruntant d autres jeux sont des pi ces animales comme celles qu on trouvait dans les variantes m di vales Le Griffon la Licorne la Girafe le Lion dans les Grands checs du ci devant roi Alphonse Le quinault signifie ici le singe L association du saut de la pie une danse lac d monienne porte ce noni du saut du mouton et du saut du singe semble vouloir dire un saut dans n importe quel sens L epoque de Gratien du Pont est marqu e par de grands ouvrages sur le jeu d checs L dition imprim e du livre du dominicain Jacques de Cesolles Liber de Moribus Livre des moeurs des hommes et des devoirs des nobles au travers du jeu d checs crit vers 1315 et consid rablement diffuse para t Utrecht en 1473 Le jeu est un symbole
80. de la sagesse humaine est contenue dans la combinatoire Quirinus Kuhlmann En litt rature comme dans les arts plastiques la production d oeuvres par manipulation d l ments simples est une pratique ancienne Il suffit d voquer pour la litt rature la longue lignee d crivains qui de Lucr ce Perec en passant par Borges concoivent la litt rature comme le produit d une combinaison d objets linguistiques l mentaires dans l ordre ascen dane les lettres ou les signes typographiques les mots les phrases etc Rappelons les propos depuis longtemps fameux du maitre de l picurisme latin sur la question R fl chis dans nos vers m me tu vois nombre de lettres communes nombre de mots et cependant ces vers ces mots est ce qu ils ne sont pas diff rents par le sens et par le son Tel est lepouvoir des lettres quandseulement l ordre en est chang K Et rappelons les lointains mais tr s reconnaissables chos que ces vers de Lucr ce ont trouv s chez Georges Perec D abord indirectement sous la piume du h ros d Un homme qui dort Tu peux encore t tonner que la combinaison selon des r gles finalement tr s simples d une trentaine de signes typographiques soit capable de cr er chaque jour ces milliers de messages Et puis quel ques ann es plus tard dans une d claration un journaliste propos de ce chef d oeuvre au sens medieval du mot oulipien qu est La Vie mode d em ploi un pav a
81. des ombromanies partir desquelles s accomplissaient pour rire mille m ta morphoses telle forme anodine par exemple se transformait en monstre Toutefois l ombre n est pas ici la forme aggrav e du personnage mais quelque chose comme son lieu tenant Ce passant ne fait que promener son noir reflet A l opposite de l imagerie fantastique l ombre est trangement passive En bref notre homme qui a l initiative para t main tenir ferme ment cette part nocturne que tentent de d explorer les psychanalystes Les choses on le devine ne sont pas si simples Cette ombre a t on dit est passive Mais il y a passivit et passivit Camp de la sorte l homme donne du corps cet autre lui m me qu il traine comme un poids mort et qui l ali ne Ce faisant le promeneur nous signifie plusieurs choses en m me temps TEXTE IMAGE 1 Ne pouvant coincider avec lui m me l homme est encombr de sa propre personne Certe schizographie qui nous vient de la grande n vrose romantique est une facon de dire qu en mal d unite c est dire sans projet par lequel se ressaisir ce passant est condamn battre la campagne la foule d sceuvr e des dimanches apr s midi est faite d individus de certe sorte 2 Chose plus importante certe shizographie est galement ce par quoi s effectue litt ralement la d vitalisation de notre personnage On veut dire que du corps blanc cens le repr senter positivement l ombre qui
82. diagonale et une franche de citron par sa pans Le G figure un cendrier avec une cigarette sur son bord ou une pomme avec sa queue 4 Malkine Mdsb TEXTE IMAGE Le A retourn d un quart de tour vers la gauche forme l trave du navire Le i ultra gras figure la chemin e de ce bateau vapeur et le point sur le i un nuage de fum e noire qui en sort Le E retourn d un quart de tour vers la droite dessine un habitacle sur le pont Le N retourn d un quart de tour vers la droite forme la poupe et par une de ses hampes en ligne ondul e le sillage du navire Le M retourn d un quart de tour vers la droite figure la soie chancr e du pavillon la poupe dont le f t du L incline dessine la hampe Le K galement retourn d un quart de tour vers la droite forme le pont par sa hampe et une vague par ses diagonales 5 Tual N Le U agrandi forme un bocal Le 1 en cursive sym tris figure un poisson Le t en cursive renvers et agrandi dessine la surface de l eau par sa traverse et par sa hampe la tige d une piante un roseau Colle par son extr mit sup rieure le a en cursive retourn d un quart de tour vers la gauche forme par sa boucle un rameau qui s en d tache et son contrepoincon figure une feuille 6 de la Rivi re K Les deux i aux hampes tr s allong es forment les deux rives parall les qui se rejoignent presque l horizon selon la perspective Les trois E re tourn s
83. dire Enfin il agite la feuille o la mite s agite fren tiquement et de une et de deux et balance l animai par la fen tre ouverte vers le ciel immobile et toil que les Romantiques allemands aimaient tellement C est une belle illustration des effets revigorants de la prose br ve lt lt lt 201 ILLUSTRATIONS Dans La croisade des enfants Marcel Schwob crivait Je suis plein d adoration pour saint Jean car il tait errant et prononcait des paroles sans suite Il me semble qu elles devraient rre plus douces Le fragment comme prose br ve Les extraits Economie de moyens simplification bri vet ou abr viation concision compression condensation En psychanalyse la condensation est un processus de r duction qui com bine des images latentes complexes afm de les manifester travers des formes oniriques frappantes Au fond ce qui int ressait Freud ce n tait pas le r ve lui m me qu il jugeait court mince laconique mais l inter pr tation souvent fort d taill e qu il en tirait En physique la condensation est un processus de r duction qui combine des mol cules complexes afm d en faire des gouttes ou des couches de liquide En alchimie la condensation est symbolis e par un oiseau volant vers le bas TEXTE IMAGE ca Prose br ve et photographie sont toutes les deux d mocratiques Putain tout le monde sait faire ca Pour certe ra son les critiques superficiels
84. entre les redondances attendues de la continuit et le n nouveaupas dans l ordre ou le d sordre qui attire notre attention 21 erte description rapide de revolution des l ments qui peuvent de venir contraignants tend donner l id e directrice de ce travail En effet la notion de contrainte devient plus darre quand on la met en rapport avec les courants qui la nourrissent courants abstraits d une part et figuratifs de l autre Chacun apporte la part d exp rimentation et d humour qui lui est propre et qui permetta d aboutir autour des ann es cinquante aux recher ches marquant un tournant d cisif en ce qui concerne la contrainte 23 24 DOSSIER 7 Des avant gardes aux ann es 50 la contrainte et ses diff rents mod les Des l ments d j mis en vidence seront utilis s dans l laboration de la notion de contrainte qui se fera plus tard autour des ann es cinquante On peut donc proposer une ligne g n alogique allant des ann es dix aux ann es cinquante Mais pour pr ciser comment la notion de contrainte est v cue et d crite dans le monde moderne il est de plus n cessaire de saisir le rapport nouveau tabli avec certains l ments que les amateurs de contraintes des ann es cinquante ont privil gi s Et pour mieux montrer comment cette notion devient op rationnelle pour les artistes au XXe si cle on suivra trois axes principaux l approfondissement et la valorisation syst matique des l
85. envers pour te donner lire un nom dans l eau pour que ta voix secr tement r p te la voix d cho la nymphe l amoureuse qui se tient l tout pr s de son aim si seul en soi plus d daigneux et sourd que ne le fut jamais nulle statue en ce jardin o nos voix se r p tent quand pour un temps pour quelques brefs moments elles s en vont nous oubliant d j 183 Ths TEXTE Reflets et chos Dans ce miroir ce n estpas un miroii mais une page ancienne o je corrige ces quelques vers tu vois une statue son marbr prend la forme d un jeune homme TAISONS TOUJOURS LE VIEUX NOM DE NARCISSE agenouill sur le bord d un tang mais laissons sourdre une allusion l g re OUI qu il revienne encore sa fontaine tout cornine moiie reviens ces mes mots le cou pench le visage tendu meduse vers ce pian d eau transparent et serein ou son ton reflet miroite Arr tons Id Ne parlons pas d un sculpteur ni d Echo car elle tait n est ce pas condamn e r p ter les voix les voix des autres tout cornine toi tu fais s teindre encore tout camme toi moti amour tu reprends tout camme toi tu fais revivre MA VOIX EN ME LISANT Sur la fine bande qui ceint ton front confus ment vois tu trembler ce nom qui fut le mien ILLUSTRATIONS 186 chos Dans ce miroir tu vois une statue son marbr prend la forme de ton corps agenouill sur le bord d un tang ton cou pench
86. homog n it de son domaine et la richesse des ses analyses cet ouvrage est ranger aux premiers rayons de la Bibliotheca metrica universalis que nous appelons de nos voeux A C Herv Laroche Dictionnaire des clich s litt raires Arl a 2003 I ed 2001 190 p Un petit livre alerte et sympathique qui ne pr tend pas l exhaustivit d un grand dictionnaire Heureusement l auteur ni le lecteur ne veulent mourir idiot Pour donner une id e des articles piquons au hasard sans tricher jur crach Fauteuil ne pas s y asseoir mais s y caler carrer peloton ner gffaler ou encore s y enfoncer Nul besoin pour cela que le fauteuil soit d fonc Alphonse enfonc dans u fauteuil tait sur la difensive Ne pas se lever d un fauteuil mais s en extraire Giron soit on s y r fugie soit on le quitte enfin souvent maternel Mais qu est ce que c est au juste Vague mais un peu cochon Les autres articles sont l avenant et ne sont pas sans voquer le Dictionnaire des id es regues de Flaubert A noter que le mot clich ne constitue pas un article mais qu on le retrouve 305 ESSAIS l article bourrelet C est pourquoi un texte peut tre bourr mais non bourrel de clich s Dans une br ve postface l auteur tudie le cycle de vie des clich s et il distingue les clich s des expressions usuelles lieux communs id es recues tics de langage Il ne donne cependant pas l origine c
87. il n a pas d argent pour payer et etc J ai utilis un peu le m me principe dans Le Cycle o j introduis des perturbations dans les cases comme un per sonnage sortant la main de sa case pour explorer l espace inter iconique et qui du coup met la main aux fesses d une dame situ e derri re lui dans la case Ce sont de petites perturbations de l espace temps que seule la bande dessin e peut permettre et qu il est curieux de ne pas voir plus exploiter Il est tellement amusant d exp rimenter tout ce que cela peut donner Formules Existe t il des crits th oriques comparables faits par l Oubapo EL Le seul vrai c est celui de Thierry Groensteen parus dans POupus 1 de l Oubapo qui recense les plagiats par anticipation et tablit une premi re classification des contraintes l epoque de son analyse le terrain tait peu d broussaill mais elle est toujours valable m me si des contraintes non explor es Font t depuis Il recense galement beaucoup d effets impossibles cr er en litt rature ou autrement Formules Avez vous explor toutes les contraintes explor es par l Oulipo EL Pas toutes videmment il y en a encore Et certaines purement litt rai res ont peu d int r t rre transpos es 145 DOSSIER Avec JC Menu nous avons explor la contrainte du tireur la ligne parue dans l Oupus 1 C est vraiment une contrainte faite pour nous Je travaille actuellement une variante de
88. il n a pas tabli de correspondance s mantique entre ce dont parie chaque vers et la pi ce du jeu correspondante Pas de Reine ni de Tour ni de Folle La forme litanique de l invocation originelle transparait Chaque vers est constitu d un syntagme nominai qui est le plus souvent un bimot pour reprendre l expression de Queneau pour ses Morales l mentaires savoir le bin me nom adjectif pith te On ne trouve plus qu un seul syntagme verbal en al tr s mal es vivante Chaque vers forme une unite autonome asyntaxique autorisant toutes les juxtapositions Au bout du compte on aura toujours un po me sous forme d une liste Dans son oeuvre po tique Gratien du Pont est un virtuose des com positions permettant des lectures en tous sens dont le sens retrograde Cette forme voisine avec de nombreux rondeaux en vers bris s isosyllabiques comportant plusieurs colonnes 4 colonnes de vers de 2 syllabes soit 24 mini vers par exemple pour un triolet de 8 vers qui peut se lire selon 4 sous po mes le po me entier L chiquier po tique n est que le prolongement de ses vers bris s et la transposition sous la forme iconique du pian de 8 x 8 cases Gratien du Pont a donne un second commentaire th orique sur l chiquier po tique dans son trait Art et Science de rhetoricque metriffiee 1539 Il se r p te mais apporte quelques pr cisions nouvelles De Leschiquier amp de sa forme Eschiquie
89. in zunehmendem Abstraktionsgrad 1972 77 fig 16 Timm ULRICHS Bien que le registre en soit tr s diff rent on peut sans doute rappro cher cet exemple du cas bien connu de la devise autrichienne AEIOU Celle ci a donne plus de 60 versions du type acrostiche dont les deux principales sont rest es comme devises officielles Alles Erdreich Ist Osterreich Unterthan Austriae Est Imperare Orbis Universo lei galement le ressort m me de l efficacit de la devise c est dire la d monstration de l universalit indiscutable de la puissance de l Empire austro hongrois r side dans sa traductibilit ainsi que dans le respect de la contrainte des cinq voyelles Edeline 1987 TEXTE IMAGE A l issue de cette pr sentation de la poesie visuelle du point de vue d un traducteur nous nous retrouvons avec une conclusion paradoxale Les l ments visuels de cette poesie n ont pas tre traduits puisqu ils ne font pas proprement parler partie de son contenu linguistique ils sont en principe trans missibles sans reste dans n importe quelle langue avec les nuances que l on a vues Quant aux l ments linguistiques ils sont tellement rar fi s qu ils sup portent sans difficult s soit une traduction mot mot soit un petit diction naire soit encore un commentaire aussi long que l on voudra On dira donc que la traduction de la poesie visuelle est tout la fois impossible et inutile Bibliographie BENSE M 1969
90. inconstestable il est resitu dans une tur TEXTE IMAGE bulente histoire des travaux de rhinogradologie dont t moignent quelques longues citations Nous emprunterons Skamtkvist Pexcellente des cription de leur fonctionnement suit une page extraite du journal de l ex plorateur p 80 et des r f rences pr cises aux naturalistes sp cialis s Initialement on n envisagea pas leur d rivation partir de Saltonases voir Gaukari Sudor Bouffon et Paignopoulos Entre temps Fon a obtenu quelques documents embryologiques montrant sans contestatici possible l apparition d bauches de nasur C est surtout Bouffon et son cole que nous devons aussi nos interpr tations des singularit s de l organisation orchidiopsidienne C est ainsi que Bouffon et Lo Ibilatze Sudur montr rent que chez les Orchidiopsides le mucus attirant n est pas forme la face nasale sup rieure Concue comme un work in progress la zoos miotique du vivant per met en somme de circonscrire des zones limit es de non savoir On ne sait rien de pr cis concernant l accouplement et la reproduction On ne sait rien des appareils g nitaux p 31 et 38 voire de les r sorber au prix d hypoth ses prudentes ce qui permet de supposer qu ils se mul tiplient par scissiparit transversale au niveau de l insertion nasale ce qui r sulte probablement de comp titions hi rarchiques dont la significa
91. jou de la pr sence le souvenir r v de W celui l irr el du passe de l enfance avec la m re qui rel ve effectivement d une biographie fictive Le d faut de r alit du trompe l oeil rejoint autrement dit tr s vite dans la pr sentation de Perec le manque biographique On peut le formuler l inverse le probl me optique du trompe l oeil la question de l illusion de r alit permet Perec de mettre en place une autre rase textuelle celle ci r fl chir obliquement en lui don nant la forme d une illusion tot d truite ou que l on s efforce de prolonger au del de sa vraisemblabilit m me2s l absence d ni e et pour tant reconnue de sa m re On notera que le texte de la pr face se clot sur un tei tressage impli cite du trompe roeil et du manque biographique sur le mur vandalis du trompe l ceil de l hotel Balestra San Remo il nous arrivera ainsi d oublier les graffiti la croix gamm e les claboussures les barbouillages les ta ches d humidit pour retrouver intacts et immuables derri re la vo te feinte le carrelage de marbr la grande cour avec ses deux statues le mur en arcades la balustrade le ciel bleu comme s ils devaient tre toujours l pour P ternit derri re une plaque de verre Si l on consulte la liste des l gendes la fin de l ouvrage on cons tate qu aucune des photographies n a t prise San Remo aucun des trompe l oeil du l
92. l ment iconographique et un l ment linguistique 153 DOSSIER Commencons par le plus simple 1 l l ment contextuel iconographique est le suivant cette image s ajoute au topos des personnages dont l ombre port e ne correspond pas ou pas exactement ce qu ils sont Une longue tradition sur laquelle nous n avons pas le temps de disserter veut en effet que l ombre objet magique d voile des aspects cach s de l individu Le Point titre Ce que savent les francais ann e 90 Sur une couverture le magazine Le Point fait sa une sur la cul ture generale des gens de l hexagone Ce n est pas brillant Un petit homme un lt petit adulte gt coiff d un bonnet d ne se tient devant le tableau noir qui est en m me temps une sorte d cran g ant o se d coupe son ombre agrandie Qu il est mediocre ce petit Francais d ge adulte devant Fim mensit de ses lacunes Il est trahi par son ombre Image de r ve d une inqui tante familiarit qui nous parie de nous de nous qui nous mettons tous peu ou prou sur la sellette 2 Revenons Honor A ce topos iconographique il s agit bien de cela s ajoute un second l ment linguistique celui la Consid rant le dessin en question j en arrive assez vite Fhypoth se de lecture suivante Le personnage aspire par le nez des particules de cocaine absorp tion nasale qui en francais peut se dire aussi inspiration On sait par ailleurs que
93. l espace Se faire photographier en soutenant la tour de Pise22 et surtout Pincertitude qu elle implique est manifest e dans P criture par deux ph no m nes principaux les modalisations qui tendent caract riser stylistiquement l ensemble des ekphrasis photographiques et sur le pian th matique la description de photographies repr sentant des personnages aux yeux ferm s qui paraissent ainsi figurer dans l espace plastique cons truit par l criture l incertitude voire la fictivit essentielle de tout regard photographique L oeuvre de Perec t moigne donc d une m fiance par rapport la photographie qui ressortit probablement une r ticence plus generale en vers le visible dans sa relation avec la m moire Plus exactement la photo graphie ne fait sens qu en relation avec une m moire vive ce qui tient sa d finition d ictique la notion de r f rence d ictique suppose en effet l ac cessibilit par la m moire ou le t moignage celui de la legende par exemple des conditions de la r alisation de l image photographique Le passage de Description d un chemin qui voque le rapport de Robert Bober la jud it le montre clairement la photographie dans le cadre d une tradition vivante devient pr cieuse elle peut tre signe d appar tenance TEXTE IMAGE tre juif pour lui e est avoir recu pour le transmettre son tour tout un ensemble de coutumes fragm
94. l exploration de toutes les contraintes y compris les moins videntes Il est impossible de predire ici o se dirigeront les recherches sur la contrainte leur but n tant pas forc ment un r sultat esth tique Ce sont davantage des recherches d instruments de mat riaux de proc d s et de programmes d id es permettant une utilisation nouvelle des l ments an ciens ou une integration d l ments nouveaux Mais l extension de la contrainte a des limites L usage d une con trainte suppose que l on puisse transmettre les r gles du jeu et qu elle soient exploitables par d autres une contrainte unique et sans reproduction pos sible serait incompr hensible Or le propre de la contrainte est de se d crire et de donner un mode d emploi On voit donc que si l on peut r ver des contraintes tr s fantaisistes et en retrouver certaines chez les OuPeinpiens il y a des limites certe notion Ces r flexions sur la nouveaut permettent d tablir une d finition generale de la contrainte on est amene tre soumis des contraintes d s lors que l on a defini des l ments qui seront concern s par l action venir et que l on peut nettement d crire le traitement que Fon va infliger ces l ments la notion de protocole ch re aux scientifiques et qui se simplifie en programme ou en proc de donne le cadre dans lequel s exerce la contrainte m me si ce traitement est absurde La contrainte moderne ressemble
95. la duret des nouvelles con traintes de travail et des transports Pour une fois que l usage des contrain tes n est pas associ e au narcissisme et aux complications intellectuelles Ce roman d crit la vie d un homme moyen coinc entre les grands ensem bles et les petits boulots Le monde d une nouvelle ali nation celui de la communication vit e et r duite au minimum Et on peut croire l auteur sur parole puisque dans le civil nous apprend la quatri me de couverture il est cadre dans les t l communications A C Nicholas Blincoe amp Matt Thorne ds Ali hail the new puritans London Fourth Estate 2000 204 p L on conna t assez depuis le succ s des films de Lars von Trier ou de Thomas Vinterberg le groupe de r alisateurs danois Dogme 95 et les Dix Commandements que ces auteurs disent respecter dans leur films anti hollywoodiens et que l on peut consid rer comme des contraintes n gatives des contraintes obstacles ou des contraintes handicaps si l on pr f re refus de son non direct refus de la violence gratuite refus d ef fets sp ciaux etc La nouveaut de ces contraintes que ces films n ob servent du reste que bien hypocritement mais c est un autre probl me est fort relative le cin ma v rit des ann es 50 allait bien plus loin d j et avec des r sultats autrement plus forts mais c est l encore un autre probl me Pour un public litt raire habitu des contraintes a
96. la rue Vilin en train de dispara tre sont des traces de traces plusieurs reprises au cours de ces derni res ann es je suis revenu rue Vilin pour tenter de d crire la fois les souvenirs qui me rattachent cette rue et les vestiges chaque fois plus effac s de ce qui fut une rue En m me temps Christine Lipinska photographiait les traces de cette cl tures Ce qui ne signifie pas que la photographie dans La Cldture soit nostalgique il me semble au contraire que ces photogra phies ne peuvent pr cis ment pas tre recues comme la mise en images d une d ploration de la disparition d un quartier parisien Je crois que comme les photographies d Atget les clich s de Christine Lipinska participent d une esth tique de la d r liction qui n est pas simplement li e au possible an antissement r f rentiel du mod le3s et retrouve en l occurrence tr s exactement des traits essentiels de la po tique perecquienne La photographie para t donc dot e d une proximit toute particuli re par rapport l criture perecquienne elle met en oeuvre des proc dures rejoignant des traits formels qui sont pour l oeuvre de Perec la fois autobiotextuels et proprement scripturaux en ce qu ils touchent la d fini tion de la contrainte Pour faire bref les traits d finitoires de la photogra phie se trouvent tre ce que Bernard Magne appelle des autobiograph mes Ou inversement les traits caract ristiques
97. la seule image qu il importe de lire les contributions de ce numero Les lecteurs de Formules ne seront pas tonn s de la diversit des articles et des cr ations Les uns s attachent la superposition du texte et de l image D autres se penchent sur les m tamorphoses du regime verbal en visuel et inversement D autres encore retravaillent les mille et une va riantes de l illustration Un dernier groupe se propose tout fait dans la logique globale de ce numero de montrer la part de visuel dans ce qui parait strictement verbal et la part de verbal dans ce qui se r duit apparem ment une pure image Partout l essentiel demeure pourtant le souci de la contrainte qui introduit une logique et une coh sion dans un domaine que notre soci t laisse trop souvent la dictature de l exp rience v cue et de l esth tique de la surprise Aussi le ton de plus d un article est il r so lument critique la cible premi re tant bien entendu les faciles amalgames du texte et de l image que Formules se plait dissocier pour mieux tre capable d en analyser la fusion et les innombrables clich s relatifs la culture du visuel dont ce numero se propose d examiner les heureuses complexit s Formules 7 le fait en privil giant encore le p le de l crit un 7 DITORIAL prochain numero de Formules le fera en insistant davantage sur le pole de l image mais pas au sens classique du terme bien entendu Comme pres que cha
98. la vie surgit et avec elle la voyelle e Suit le i et l l histoire commence se r v ler cruelle mirnichtsdirnichts fraB ein lebewesen ein anderes lebewesen comme si de rien n tait un tre en mangea un autre avec l introduction du o la mort appara t mais aussi sonne soleil mond lune et gott dieu La vie se diff rencie et il y en a qui pren nent des photos qui donnent des concerts qui inventent des mots ou qui lisent des romans Toutes les cinq voyelles sont disposition dans le cin qui me texte illumin d abord par la lumi re de l art les activit s cr atri ces naturelles devinrent art nun wurde kunst kunst mais c est aussi l epoque de l industrialisation du capitalisme Il y en avait qui taient contents mais on entendait aussi des hurlements de protestation pfuirufe Dans les textes 6 9 les voyelles se r duisent de nouveau 6 o 7 o et a parce que l univers das AH en avait marre de la civilisation 8 sans o a et i 9 ne reste que le e dans un po me anagrammatique partir de la phrase strenge regeln brechen proposition contenant deux nonc s Aussagen significations 1 briser des r gles s v res 2 des r gles s v res se brisent Deux pages de ce beau recueil proposent la peinture et P criture se lon des chiffres jeu de permutation par lequel on pourrait obt
99. leront en tant que feu des tincelles des flammes comme le balancement d nud et le bruissement vert ce qui est cultiv n est pas crois avec ce qui est seme cor l essartement n a pas bris ce que le brisement a fauch si avec des branches de secondes racines devenaient des troncs les clous taient vissant le clouage des marteaux bien que ce qui pourrit s ass che ce qui se fan se gate pour que cette piante soit plant e par l arbre comme tige En regardant le sonnet de base on constate que tous les motifs qu il contient sont li s l arbre part les l ments constitutifs de l arbre m me le tronc les racines les branches le feuillage les processus de croissance 11 2 et de pourrissement le faconnage du bois par des outils 11 1 et IV 1 des actions autour de l arbre monter grimper 1 2 3 d boiser 111 2 semer planter 111 1 et IV 3 le feu de bois 11 3 et ce n est pas un hasard Non seulement le tronc mais tous les 196 sonnets se reposent presque sur un seul champ s mantique et lexical comme l explique Czernin il s agit de plantes surtout d arbres leurs parties de ce qu on leur fait et qu on fait avec eux des outils qui servent les faconner des choses que l on peut en faire etc part ca on y trouvera encore quelques mots qui se r f rent l acte de l criture surtout au fait que ce sont des sonnets qui sont crits4 Les outils travailler le b
100. les ateliers de toutes nouvel les vocations Premi rement il dissocie atelier d criture et criture contraintes celle ci n tant plus qu un aspect certes capital mais point unique de celui l cette dissociation est en fait rendue possible par le passage de l atelier s ance l atelier processus Francois Bon prone radicalement le cycle d ateliers qui ouvre l criture des op rations bien plus vari es et bien plus riches que la seule effectuation d une consigne souvent ludique Deuxi mement il associe atelier d criture contraintes et v ritable projet d criture non en faisant croire aux participants que le passage par l atelier ferait d eux des crivains mais en concevant l atelier comme une initiation la discipline de l criture et ses param tres les plus difficile ment maitrisables comme le rythme ou le passage l oralit Dans les deux cas Francois Bon d fend une conception de la con trainte qui est comparable celle qu a toujours soutenue Formules l cri ture contraintes est un moyen non pas un but en soi elle est une condi tion de l criture mais non une condition suffisante La contrainte en d autres termes doit s associer d autres m canismes d criture comme le rythme trop subjectif et trop personnel pour rre quantifi ou fig en r gles prosodiques tout comme elle doit pouvoir rre relay e en cours de route par d autres m ca nismes qui ne rel vent pas forc
101. les d apparition quotidienne Un chapitre est consacr une ethnie hyperbor enne trop souvent m connue les Samoy des dont parlent H rodote et Tacite D favoris s par le climat rigoureux des banquises les Samoy des n ont ni alphabet ni villages ni loi et vivent selon des coutumes dont ils n ont pas la force de s carter tant ils sont frigorifi s Caract ristiques ils boivent de Phuile de phoque sati t et accomplissent l acte de procr ation tout moment et dans le froid le plus intense Brrrr Indispensable l ethnologue et aux curieux des bizarreries de la nature A Z Philippe Costa Petit Manuel pour crire des haiku ditions Philippe Picquier 2001 214 p Bruce Ross How to Haiku A Writer s Guide to Haiku and Related forms Boston Rutland Vermont Tokyo Tuttle publishing 2001 168 p Ce petit manuel para chez P diteur de la litt rature japonaise est un vrai r gal Les 61 petits chapitres d filent sous nos yeux comme autant de plats color s et app tissants sur le tapis roulant d un restaurant de sushis On les d guste au fil de la lecture et Pon se retrouve rassasi son terme Ces chapitres explorent les multiples conventions du haiku et du senryt pigramme satirique qui ne sont pas seulement formelles mais stylisti ques concision allusion quivoque contraste ponctuation temps des verbes calembours interjections et th matiques saisons noms Cet art d crire suppos
102. les facons de peindre comportant des contrain tes m me si elles ne sont pas nomm es ainsi d embl e Il n est donc pas inutile de pr ciser d abord ce que la contrainte con tient vraiment et ce que les d fmitions donn es peuvent nous apporter comme rep res pour ce travail Notes 1 Jacques Ranci re Le partage du sensible La Fabrique d Paris 2000 p 26 2 Vibert cit par Xavier Langeais La technique de la peinture l huile Ed Flammarion Paris 1959 p 19 3 Michel Ragon Vingt cing ans d art vivant chronique v cue de l art contemporain de l abstraction au pop art 1944 1969 ed Galil e 1986 Paris p 15 4Jan Baetens amp Bernardo Schiavetta Ecrivains encore un effort Revue Formules n 1 ed l Age d homme France 1997 p 12 s L onard de Vinci cit par Andr Lhote Les invariants plastiques ed Hermann Paris 1967 P 27 6 Matila C Ghyka Le nombre d or ed Gallimard Fraance 1931 renouvel en 1959 p 53 54 7 Xavier de Langlais La technique de la peinture i huile Flammarion Paris 1959 p 84 8 Charles Blanc Grammaire des arts du dessin ed H Laurens Paris 1908 p 496 premiere ed 1877 Michel Ragon Journal de l art abstrait ed SKIRA 1992 Gen ve p 8 Andr Nakov Le Constructivisme in Encyclopaedia Universalis Corpus 6 France 1996 p 446 11 Sarane Alexandrian Panorama du Cubisme ed Philipacchi Paris 1976 p 25 12 Ibid p 25 13 Pierre Daix Journal du Cubisme e
103. lois de recomposition optique celles qui sont utilis es de facon consciente ou inconsciente par le spectateur Car si le mouvement tonne d abord il 111 112 DOSSIER peut rapidement tourdir ou lasser il importe alors de donner au specta teur comme au lecteur dans certains textes combinatoires la possibilit d in tervenir pour interrompre le processus pour lui viter l obligation de subir passivement les formes et les couleurs impos es par l artiste D o la neces sito de trouver des r gles susceptibles de s appliquer m me l int rieur des syst mes les plus soumis l apparente anarchie de l al atoire R gles que l on discernera mieux en examinant successivement divers types de manipulations susceptibles de produire dans une oeuvre du mouvement 1 Faire tourner des l ments simples le boulier Des boules perc es forment par rangs successifs une surface colo r e mouvante Mais pour que le boulier ne demeure pas l instrument ele mentare que nous connaissons et permette des assemblages infmis n 1 il faut que ce syst me respecte certaines conditions que l on prenne soin de rendre les boules au moins bicolores qu une moiti des boules soit de couleur sombre et l autre de couleur claire qu une des couleurs primai res soit presque enti rement supprim e pour faciliter l harmonisation du tout que le nombre d l ments mis en jeu soit important mais non pas tei qu on ne distingue p
104. mas et tableaux abondent visant la transmission la plus compl te de Pinformation Rien d tonnant l auteure exerce une profession dans les t l communications C est aussi l exemple d une recherche multidisciplinaire puisqu elle travaille de concert avec Pierre OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES Lusson et Jacques Roubaud dans le giron du Cercle Polivanov Leur th orie du rythme perd de son abstraction et de son aura d sot risme n opythagoricien mais elle gagne en visibilit et en applications concr tes La bibliographie est tr s compl te en ce qui concerne les travaux des m triciens on aura compris qu il ne s agit pas d un ouvrage sur Corneille et Racine l usage des dix septi mistes Un seul regret le prix de ce livre en restreint la diffusion aux biblio th ques ayant des conservatemi clair s et aux amateurs fortun s A C Paolo Bellineri Maria Dedo Simonetta Di Sieno Cristina Turrini Sym trie etjeux de miroir ditions Pole 168 p Exceliente id e de la part des diteurs de Tangente de tradurre et adap ter certe compilation italienne sur la sym trie regard g om trique sur le monde la nature et les hommes issue d une exposition organis e par le d partement Math matiques de l universit de Milan et donc richement illustr e Un univers merveilleux un voyage dans le monde des sym tries sur toutes leurs formes des images r elles aux pavages d espace d Escher la c
105. mation d Etienne et quelles filiations revendique t il Les contraintes que s imposent les oubapiens ont elles quelque chose voir avec celles des oulipiens C est ce que Philippe Bruhat amateur clair de bandes dessin es et Elisabeth Chamontin journaliste sont all s lui demander pour Formules Formules Auteur de bandes dessin es est ce un m tier Etienne Lecroart Je dessine professionnellement depuis 1986 mais je n en vis reellement que depuis dix ans et ce n est pas en tant qu auteur de bandes dessin es Je suis en effet journaliste et plus pr cis ment dessi nateur de presse je cr e des dessins d humour pour plusieurs jour naux Les bandes dessin es surtout les oubapiennes ne suffiraient pas me nourrir Ceci dit les dessins d humour ont leurs contraintes aussi Formules Quel est le lien de l ensemble de votre travail EL C est l humour J aime les contraintes les structures nouvelles dans la mesure o elles am nent quelque chose de dr le de surprenant et permet tent de sortir du d j vu Formules Quelles sont les oeuvres qui jalonnent votre parcours EL Mon premier recueil de dessins d humour L re du Cornichon date de 1992 Quant ma premi re vraie bande dessin e intitul e Perven che et Victor elle date de 1994 Elle part d j d une contrainte en effet les pages se plient Fune sur l autre et le pliage r v le des textes et des dessins diff rents de
106. n est pas longue L pigramme n est pas l epop e L pigramme n est point en prose Pointe en vers elle n est pas n cessairement piquante Piquante elle n est pas n cessairement blessante L pigramme a le go t de la vari t Elle a le 287 ESSAIS gout de la variation L pigramme n est pas courte elle est br ve etc Ce r sum est lui seul une pigramme Dans le corps du livre des parties tr s quilibr es sont d vou es respectivement l pigramme grecque l auteur avait d j pr sente PAnthologie Grecque en deux volumes dans la defunte collection Orph e et l pigramme latine de Catulle S n que et Martial Claudien Suivent les pigrammes latines de la Renais sance p riode o certe forme fut red couverte et les pigrammes francai ses de la Pl iade Mallarm Verlaine et Apollinare en passant par Maynard Puis on bondit sur un choix d pigrammes de po tes contemporains en majorit in dites Si l on peut trouver que certaines sont flasques et d autres infimes la plupart sont d heureuses surprises d autant qu elles viennent de po tes plut t connus pour leur gravite On pourra regretter que faute de place apparemment et pas seulement cause de son parti pris antisatirique l auteur ait neglig le XVIIP si cle o culmina l art de la pointe intellec tuelle et qu il n ait pas redonn voix certains po tes fantaisistes au d but du XX si cle comme Jean P
107. o et la pans du R inverse vers la gauche figurent les trois gouttes de sang de la blessure La partie inf rieure de la hampe du R et sa diagonale dessinent les barbillons qui d passent de la t te de la fidche enfonc e dans le cceur Un segment de droite ajout part de la pans du R pour former le f t de la fidche Il rejoint la traverse d un N inverse vers la gauche qui figure le talon de la fidche tandis que les deux hampes de cette lettre dessinent les ailerons de Tem perine assez maladroitement car l une d entre elles est contre sens TEXTE IMAGE 9 Merle sM R Le Un premier dessin forme un visage de face Le M figure le col de v tement dont il emerge Les deux E dont l un inverse gauche plac s face face dessinent au dessus les maxillaires par leurs traverses inf rieu res les cavit s orbitaires par leurs traverses centrales et le haut du front par leurs barres traverses sup rieures qui se rejoignent Le R inverse gauche et retourn d un quart de tour vers la droite et dont la pans est ouverte forme la chevelure ou un couvre chef Le L inverse gauche figure Par te du nez A cot gauche les m mes lettres forment un second dessin un oiseau de profil Le M retourn d un quart de tour vers la gauche figure le bec Le e inverse gauche dessine le reste de la t te et sa boucle l ceil Le R forme le corps de l oiseau et sa pans non ferm e forme son aile repli e Le L renvers
108. par rapport aux r alit s ext rieures C est avec le cubisme que le processus d analyse et de d construction des formes observ es devait mener la d couverte de nou veaux l ments plastiques des l ments g om triques mais aussi de nou 17 18 DOSSIER veaux proc d s comme le collage La r p tition le morcellement la r duc tion aux formes g om triques la d formation permettent aux cubistes des compositions particuli rement harmonieuses Comme le dit Villon lui m me L id e s est ancr e en nous qu une toile devait tre raisonn e avant d tre peinte n Il est possible d affirmer que les membres de la Section d or entrai n s par Villon et Duchamp avaient pour priorit des pr occupations for melles telles que les d crit pour nous S Alexandrian Les probl mes que se posait cette epoque Jacques Villon taient ceux de la division pyrami dale de Vespace du rapport rythmique entre les lignes de force et de la synth se du mouvement par la continuit n Et Pierre Daix pr cise l in fluence de la physique et des math matiques sur les artistes Elle est telle qu on a pu comprendre que lt Metzinger sitot qu il a th oris sur le cubisme se soit r f r ce qui commencait se vulgariser de la physique moderne l expos d Einstein de 1905 sur la relativit restreinte qui s ouvre par une d finition de la simultan it 13 Simultan it utilis e par Duchamp dans les tab
109. par son veuvage se jet tera corps perdu dans l alcool puis dans l laboration d une m thode p dagogique d histoire bas e sur la contraction du temps Toute notre re chr tienne trouve place en 24 heures et Z phirin dresse une quivalence en tre une heure et la date d un v nement C est ainsi que les Arabes sont arr t s Poitiers 7 heures 32 que Marignan se passe 15 h 15 et qu Hitler arrive au pouvoir 19 h 33 Il fut interdit d enseignement 19 h 53 et en devint fou Etonnamment le portrait de Dauvergne a des airs d Herv Le Tellier Exerx s fils de Perthos d Istyle ou d Estyle en fin de biogra phie qui assista la cr ation du premier dod casyllabe Bien qu il faille une fin nous on en redemande R cit alerte et plein d humour de tranches de vie exemplaires de per sonnages peu communs ayant cotoy nombre de c l brit s de Queneau Botul de Darwin Alexandre le Grand Lehman et Angelini Il est dommage qu Herv Le Tellier ait laiss passer quelques erreurs peut tre dues ses sources Pour des raisons videntes de s curit il donne l ami d Euphrase Balmer le nom de Bison ravi En fin de r cit il cite Vian C est cousu de fil blanc et nous ne sommes pas dupes Pas plus que de la bibliographie extr 307 ESSAIS mement tendancieuse qui suit le syst me Dauvergne o l auteur se limite ses propres amis de Engels Julien Dray Calvin ou Jean Pierre Coffe Biographie
110. peut lire les colonnes soit en huitains de pentasyllabes soit en quatrains de d casylla bes en tout 48 possibilit s Mais les d casyllabes qu il veut reconstituer probablement sur le mod le des octosyllabes d un certain type de rondeau geometrie variable auraient t absolument irrecevables l epoque les vers c sur s 5 5 n taient plus pratiqu s ordinairement sans parler de la cesure pique Au pian du contenu on remarque que des cases de ce po me recou pent certaines cases du pr c dent La source est la m me les litanies la Vierge Marie Il s agit encore de la louer sous la forme la plus belle et la plus complexe possible dans une pri re o l on puisse r p ter ses qualit s Gratien du Pont culmination et fixation de cette forme Ce po te de Toulouse est un des derniers des grands rh toriqueurs sinon le dernier le plus flamboyant et le plus conteste et ridiculis du fait de sa monomanie scripturaire une misogynie forcen e mais historique ment situ e qu il exprime dans des formes de plus en plus complexes o il surench rit par rapport ses contemporains et ses devanciers Une de ces formes les plus sophistisqu es se trouve dans Les Contro verses des sexes masculins et femenins 1534 Sensuyt ung Eschequier faict en forme deue et selon le vray terme de eschequier Car cedict terme Eschequier a este pris du jeu des eschecz Et debvez notter que tout vray eschequier doib
111. pian l ombre port e de l homme se d tache sur le mur de son bureau Mais en lieu et place de la paille Honor a place la silhouette d un stylo plumes Certe distorsion entre la paille signifiant par m tonymie la prise de drogue et le stylo signifiant par m tonymie le fait de rediger pousse naturellement le lecteur op rer un travail mental dont le r sultat est peu pr s celui ci en prenant de la drogue l homme assis sa table de travail se donne les moyens artificiels certes de ne pas rester paralys devant sa page bianche La drogue l aide surmonter le handicap de la panne intellec tuelle gt autrement appel e lt l angoisse de la page bianche gt Le dessin est construit sur une aberration visuelle qui se pr sente aussi comme un habile court circuit o de la monstration simple ceci est une paille ceci est un stylo etc on passe sinon la demonstration du moins Pexplication la transformation de la paille en stylo signifie ici une relation de causalit cons quence Derri re la paille le stylo On retrouve le vieux mod le scholastique du post hoc ergo propter hoc apr s ceci donc cause de ceci o cons cution et causalit sont associ es En d autres termes parce qu il prend de la drogue ce personnage se donne les moyens de d passer un certain passage vide L invraisemblance de certe image est notre avis surmont e grace deux autres l ments contextuels un
112. poesie combinatoire encore plus performante et sont le plus souvent li s la pri re comme la Maria Stella qu on retrouvera parmi d autres labyrinthes poetiques recueillis dans les deux volumes du Primus Calamus du P Juan Caramuel de Lobkowitz 1663 et 1668 Historiquement nous ferons remarquer que Destr es intervient alors que les checs m di vaux sont devenus tr s proches de nos checs ortho doxes actuels ils sont sur deux couleurs et non seulement le nom de la Dame a t introduit mais il a t donne certe pi ce vers 1473 la possi bilit de se d placer volont au lieu de se d placer d un seul pas en diago nale c est la r gie dite de la dame enrag e contemporaine de la marche des fous selon une diagonale sans limite Et le pion apr s promotion peut d sormais tre chang en Reine On sait que ce jeu en Occident depuis fan Mil a vu ses figures f minis es du fait de l amour courtois et des jeux entre hommes et dames Est ce pour cela qu il peut fournir des clercs chez qui ne p sent plus les nombreuses tentatives d interdiction port es son encontre un champ d application la louange de la Vierge Marie Reine des Cieux Tour de David era ou la louange d une sainte De m me Pemploi des cases altern es pour l chiquier originaire ment d une seule couleur appara t dans les chiquiers des diverses varian tes recens es dans le fameux Juegos diversos de axesrez
113. probl matique formelle et ceux qui prennent en compte les remises en question de l esth tique avec de facon explicite un esprit de r volte En travaillant sur la forme les avant gardes travaillent d une facon implicite sur la contrainte Mais une contrainte plus ludique va aussi na tre de l esprit de r volte N anmoins certains artistes sentent tr s tot les dan gers de l acad misme abstrait et de la r p tition passive des nouveaut s formelles On voit s opposer ceux qui conserveront envers les l ments plastiques leur amour et leur volont de les mettre au premier rang et ceux qui s engageront tout coup dans une compl te remise en question de l esth tique Ces derniers paradoxalement ouvriront la voie d autres for mes de contraintes On peut aussi constater que cette remise en question de la peinture porte un plus vident mariage des disciplines Le souci esth tique sera donc remis en question avec les nouveaux apports venus des sciences et de la technique Il suffira de noter quel point la pr sence des machines avait d ailleurs d j une place dans l art grace aux constructivistes et aux futu ristes On voit quel point le dessin industriel est mis contribution Or ce dessin industriel ne peut exister sans une forte contribution des math mati ques On pourra dire que si le grand verre par sa nature prend la lettre les lois du dispositi perspectif ilparait aussi les illustrer il les commente
114. publica tion donna lieu 4 moult controverses et dans quelques in dits et brouillons pr paratoires Elle conclut sur le refus de l panchement lyrique apr s la rupture avec le surr alisme sa diss mination dans ses autres romans et ses po mes et son d passement final dans l objectivit et l universalisme de Morale l mentaire ainsi que des exp riences voisines d auteurs oulipiens comme Perec et Calvino A l appui de certe th se d fendue avec clart la documentation et la bibliographie sont tr s compl tes A C Pierre Fourny La Poesie 2 mi mots ALIS 2000 141 pages et un CD Gageure que de rendre compte d un dictionnaire de mi mots cons titu par essence d une liste sot rique de prime abord En fait il s agit d une analyse graphique des mots francais bas e sur un decoupage hori zontal par moiti de mots et combinaison de parties basses et hautes de mots diff rents pour aboutir d autres mots Une l g re modification de police de caract re conduit la creation de la police Coupable gt qui optimise le nombre de combinaisons possibles OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES On distingue les mots dont les moiti s sup rieures ou inf rieures sont semblables en minuscules ou en majuscules Avec les mots qui peuvent tre invers s comme mon nom on retrouve avec des possibilit s accrues le patagon A titre d exemple et dans ladite police ciel et c e peuvent changer le
115. que le th me de la foule du carnaval du bestiaire de la guerre ou de l rotisme d brid sont propices Paccumulation des indices donnant sens l image TEXTE IMAGE 37 Raymond Roussel Pourquoi je n ai crit aucun de mes livres Pauvert 1963 p 11 On peut penser au po me barre propose jadis par F Le Lionnais dont le principe tait de mettre des rimes l o il n y en a pas et de ne pas en mettre o l on en a d habitude Oulipo La litt rature potentielle Id es Gallimard 1973 235 ou aux variations minima les ch res Perec voir microtraductions 15 variations discr tes sur un po me connu Change 14 1973 p 113 116 38 Jean Margat Bizarre mai 1959 39 Voir Francois Chapon Le peintre et le livre l ge d or du livre illustre en France 1870 1970 Flammarion 1987 Pour les livres qui associent peinture et poesie Yves Peyr Peinture et poesie Le dialogue par le livre Gallimard 2001 pr f re avec raison la formule livre de dialogue 40 R Queneau Pictogrammes Batons chiffres et leltres Gallimard 1965 275 284 41 Voir par exemple Michel BUTOR Les mots dans la peinture 1969 Francis Edeline La spacialit contrainte de la poesie lettriste Formules 4 2000 211 225 42 Par exemple les po mes d Ulc ration Voir G Perec La Cl ture POL 1980 131 DOSSIER Regine Detambel La contrainte du passe partout En 1959 la galerie Daniel Cordier de Francfo
116. r sultat de l application de la m thode SVA 7 je cite les premiers vers voici vermiller les tendeurs o vieillissant sur sa timbale chaque flingot volue ainsi qu un ench risseur les sondes ultra sons et les parisiens tracent dans l aisselle du solde vanite membraneuse et lascive vespasienne p 18 traduit ensuite litt ralement comme dit Pastior en allemand litt ralement entre guillemets parce que cette traduction est un bel exem ple de la conscience langagi re et du pouvoir cr ateur de Pastior sie graben wurmer auf die spanner alternde auf ihrer kesselpauke der schieBpriigel geht um wie einer der das meiste bietet echolote wie pariser streifen durch den iiberschuB in achselhdhlen pergamentene blasiertheit und laszive anstalt von bedurfhis p 19 Une autre traduction que Pastior appelle oberflachenubersetzung traduction en surface portant le titre isoldes basar ne s oriente pas du tout vers les signifi s des lex mes mais vers leur surface phonique il ne s agit pourtant pas d une v ritable ten tative de traduction homophonique m me si quelques vers ou distiques en sont proches comme le troisi me vers de la premi re strophe bisone ultra sohne sparrispen tragen dann leise eishell isolde p 20 ou lassige OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES ziegenthrombose neben lottes komm gassi geh brise pour la cigu est trompeuse et belotte comme
117. recherche d l ments ou de proc d s capables d assurer l image une efficacit quelle qu elle soit Certe recherche peut aller jusqu r duire au minimum le souci de beaut pure au profit d une efficacit qui va dans le sens de la provocation de l tonnement de la d rision et m me de la laideur Il faut donc souligner le role qu ont jou des poques diff rentes des mouvements tels que le groupe Dada ou celui de la Pataphysique qui ont apporre des l ments essentiels la conception et la mise en place des nouvelles contraintes Ils n ont pas t les seuls d ailleurs s opposer ceux qui ont cr le nouvel acad misme qui a bien t Tessenti comme une contrainte dans le sens n gatif du terme Le courant minimaliste en sculpture va vite entreprendre de reagir contre les contraintes qu impose la geometrie La r gularit m me des formes commence apparaitre comme une entrave dont il faut se lib rer 26 C est aussi le cas en peinture Finalement c est le rejet de contraintes devenues st rilisantes qui engendrera de nouvelles contraintes plus f condes ou v cues comme tel les En fait on verr que c est en partie le combat entre les tenants de l ordre et ceux de la libert qui produrr la contrainte moderne la fin des ann es cinquante au moment o un m lange de libert et d ordre devient possible Comme le dit Gombrich la nouveaut nait d une tension Ilya toujours une tension
118. ridiction et la croyance qu elle risquerait de susciter La terminologie aussi abstruse que fantaisiste le Solinase de Pinocchio le Saute feuilles appel Phyllohopla les anagrammes Dulcicauda Dulcidauc les abr viations classificatoires Cephalanthus Br de B Corbulonasus Stu certains noms propres tels ceux de Boujfon TEXTE IMAGE grand sp cialiste du domaine qui travestit Buffon ou de Bromeante de Burlas y Tonterias qui signifie en espagnol Plaisantant par Tromperies et Sottises gt annulent toute vraisemblance Par del les r f rences bi bliographiques la fois savantes et factices par del les descriptions mi nutieuses et grotesques l univers construit demeure celui d une farce o le jeu des mots via le m chant calembour ou l vocation bizarre l em porte sur le souci de convaincre et affaire marcher le lecteur L intertexte n est d ailleurs pas absolument tranger au champ litt raire comme en t moigne la citation liminaire des Galgenlieder du po te allemand Christian Morgenstern Marchant dress sur ses narines Le Nasob me a fi re mine C est par ma lyre que d abord Il vit le jour gt Relative au Tetrarrhine que Stumpke opportun ment baptise Nasobema lyricum ou encore Stella matutina par transposition interlinguistique du nom Mor genstern certe invention po tique fut en quelque sorte amplifi e a poste riori par la constitution elle aussi langa
119. s en servir de Tristan Corbi re Les Amours jaunes un po me du Sanglot de la terre de Jules Laforgue Oui ce monde est bien plat et Acad mie M drano de Blaise Cendrars Sonnets d natur s En annexe un extrait de l Art po tique de Boileau v 82 94 rappelle les r gles de la forme fixe Une question d ensemble not e sur 4 points demande d analyser bri vement les diff rents traitements r serv s la forme du sonnet dans ce corpus et l effet produit lorsque ses rigoureuses lois ne sont pas respect es Le choix est ensuite donne entre trois travaux d criture 16 points commenter le texte de Laforgue disserter ou effectuer une cri ture d invention Certe derni re possibilit correspond des retrouvailles avec la tradition de Penseignement rh torique et ses discours dialogues et autres lettres lei on demande aux l ves d crire une revue de poesie pour lui adresser un des po mes du corpus qui leur para t correspondre plus particu li rement ce qu ils appr cie nt dans la poesie gt Quant au sujet de disserta tion le voici Pensez vous que les contraintes formelles puissent rre pour le po te un obstacle une expression libre et originale On est videmment tent de se r jouir de certe extension du domaine de la contrainte m me si certains regretteront qu apr s avoir t l instrument d une contestation litt raire d avant garde elle doive faire ch
120. sentants universellement reconnus Les surr alistes m langeaient les genres encourageaient la collaboration et recherchaient par le texte comme par l image une rupture avec les dogmes et les pratiques de l art de leur epoque Toutefois Pintervention surrealiste a toujours pam plus r volutionnaire dans le domaine de la letterature que dans celui de la peinture d apparence souvent acad mique Magritte et Dali plas tiquement parlant ne sont pas Picasso ou Braque Pour d passer ce pa radoxe l historienne de l art Rosalind Krauss a propose de sortir de la fausse antith se litt rature peinture pour mieux souligner Papport d cisif d un troi si me m dia la photographie qui constitue selon elle le mod le implicite de l criture comme de la peinture surrealiste Dans son livre Du photographi que1 elle postale que la photographie a permis de rompre avec l id e de l art comme repr sentation dans une telle perspective les signes de l art ren voient quelque chose d ext rieur et d introduire l id e de l art comme pr sentation ou pr sence dans une telle perspective les signes de l art coi n cident avec le r el lui m me et inversement Certe distinction parait simple ou anecdotique mais elle implique le passage d un syst me de signes cultu rels domin s par les notions de signification ou de symbolisation un syst me de signes naturels domin s par les notions de surprise ou d exp rience l artiste ne cr e plus
121. silencio silencio schweigen schweigen schweigen silencio silencio silencio schweigen schweigen schweigen silencio silencio silencio schweigen schweigen fig 1 3 Eugen GOMRINGER fig 4 variation par Christian WAGENKNECHT E E ww fig 5 Traduction en h breu par Harry WARSCHAUER se mesure pas en millim tres mais en secondes On peut donc dire que Gomringer avait d j traduit son po me du domaine du temps celui de la surface et du domaine de Poreille celui de l ceil Wagenknecht nous propose la traduction inverse o le rythme qui s tablit par les r p titions successives est brusquement et perceptiblement rompu On remarquera qu il a suffi de d placer un seul mot pour obtenir ce r sultat mais que de ce fait tout le statut des r p titions est boulevers Or ce statut est construit par le lecteur partir d l ments visuels et ces l ments visuels sont int gralement conserv s dans toutes les traductions on d couvre ainsi que l essentiel du po me visuel n a pas tre traduit parce qu il appartient un code universel ou tout au moins tr s general Cette universalit suppos e peut videmment tre questionn e car des l ments culturels interviennent TEXTE IMAGE certainement dans la structuration de l espace Meme non universelles dans leurs associations s mantiques les relations topologiques dont il s agit sont n anmoins bien plus exportables que les relations linguistiques Dan
122. sions de Manao Tupapau et pas dans d autres chienne de vie chien de fusil Celui qui est pose 1a f tiche c est le revenant le d mon que je ne connais pas qui concerne la femme en particulier qui le fait jamais ne garder rien par devers elle de ses plaintes dont elle charge le compagnon 9 mars 2000 Paris La sc ne est une sorte d ic ne laquelle Paul Gauguin revient souvent ainsi l image est suivre et ne cesse pas de suivre celui qui un jour y est entr C est une image pourtant de la douleur mais il faut le savoir pour le voir de la douleur telle qu elle est pass e du cot de la paix de la douleur parfois difficile lire C est la gravure qui est difficile lire les diverses gravures quand la toile est d taill e diurne trop clair le dos de la jeune fille canaque Les yeux qui tournent le dos au dos qui leur appartient ont mang certe image dans leur chambre noire mordu ou caress de la langue suivant qu il s agit de peinture ou de gravure Et si certe sc ne pouvait commencer ces jours me servir de point de d part de passage de penchement de pens e de po me alors chaque nuit deviendrait le nom du dos du jour 10 mars 2000 Paris Il est possible de se m fier du dos qui dort Un ceil ouvert sur le cot regarde au fond du drap traverse le divan Lithographies Xylographies Zincographies Monotypes Les pages se cachent les unes les autres et se tournent le dos Har
123. structure de palindrome Cer tes elle n est pas aussi stricte que la mietine dans la mesure o seules les images se r pondent en miroir Il y a eu aussi les fameux Upside down de Gustave Verbeek il s agit d une bande dessin e qu il faut retourner pour en continuer la lecture On peut voir de lui un pisode assez fabuleux reproduit dans l Oupus 1 de l Oubapo Une image d un cot repr sente un homme qui apporte un poisson sur une ile de l autre une mouette qui mange une enfant Et ca date de 1904 Formules Quelles sont les difficult s surmonter pour faire une bande dessin e palindrome EL Il y a en a beaucoup Je prends un exemple trivial si vous repr sen tez des gens qui mangent ou boivent un verre vous ne pouvez pas les faire r gurgiter De m me s ils meurent ou recoivent un coup la situation ne peut pas tre la m me avant et apr s Certe derni re difficult a d ailleurs t le point de d part de mon histoire Cercle vicieux J ai voulu travailler la r solution d une situation de ce type tout en conservant la coh rence de l histoire Ceci afin d viter d obtenir une histoire un peu piate qui se morde la queue ce que g nere souvent certe contrainte Je pouvais certes jouer sur l ambigu t de certains mots ou de certaines situations mais dans ce cas je voulais qu il se passe aussi quelque chose au niveau visuel Un tudiant en video m a propose d adapter certe bande dessin e en film
124. tait simple r p ter Pinfini en tant libre de m arr ter n importe quel moment une m me longueur de texte De m me qu un appareil photographique ne cr e pas une situation ou un geste ou un objet donn s mais les cadrant il les oblige comme lors d une r p tition exister nouveau Ainsi je d coupais des lignes qui taient strictement de la m me longueur mais chaque fois prises dans des crits diff rents vari s litt raires ou non 13 Les traits de certe forme photographique sont simples la d coupe de la ligne et le choix d une pratique intertextuelle o la citation comme op ration de pr l vement apparait comme une traduction scripturale du geste indiciel de la photographie Le mod le photographique est en somme doublement distant du texte perecquien dans la mesure o le lien des Frag ments la photographie est la fois indirect et distordu le texte de Perec reprend une forme d finie par r f rence la photographie et certe reprise n est pas sans impliquer un certain nombre d am nagements Toutefois dans la publication originale du moins les Fragments incluent trois photographies la Coupole d acier d un observatoire par Paul Virilio une photographie a rienne de la Mauritanie IGN et la repro duction d une oeuvre de Peter Klasen Grande grille noire14 Il semble donc que si Perec r interpr te au sens musical du terme le proc de rochien subst
125. te peu pr s la m me image il est certain que l on peut associer facilement les images cr es mais la ressemblance des d buts se traduira dans l oeuvre o elle s accu mule de facon ennuyeuse Or c est le passage d une forme donn e une autre vraiment differente qui est int ressant N est on pas saisi devant ces oeuvres anciennes peintes sur des surfaces ondul es qui donnent des ima ges tr s diff rentes selon qu on les regarde de face du cot gauche ou du cot droit relief r utilis par Agam pour des oeuvres abstraites Il semble donc int ressant de combiner des aspects tr s diff rents de la r alit 123 DOSSIER 5 On peut produire avec des l ments qui se combinent le passage d un paysage luxuriant un d sert Des lamelles peintes l endroit et l envers montrent ces deux aspects de la r alit Et en retournant progres sivement ces lamelles on m lange de facon harmonieuse les deux images jusqu substituer l une l autre n 12 et n 13 res DNE a a NE Illustration n 13 6 Si l on trouve des tableaux o les l ments formels sont bien dis tincts on peut remplacer des l ments f guratifs par d autres des person nages par d autres ou m me par des animaux ou des objets transformant TEXTE IMAGE une sc ne anim e en nature morte Transporter des personnages du passe dans des peintures repr sentant le monde moderne ou l inverse peut don ner des images surr
126. tensions La d couverte de certains effets d optique concernant en particulier la couleur avec l effet simultan utilis par Delaunay apporte l art une sorte de base scientifique L emploi des couleurs pures r duites parfois au noir donne une impression de puret et de rigueur C est pourquoi la p riode est fertile en th ories qui toutes cherchent de nouvelles bases solides et universelles pour l art En Allemagne avec le Bauhaus en Hollande avec Van Doesburg et De Stijl en France avec l Esprit nouveau et l orphisme en Russie avec les constructivistes en Italie avec les futuristes il est impos sible de suivre le foisonnement des coles et des th ories qui naissent dans les ann es 20 et 30 Dans le Bauhaus l int r t se fixe sur les l ments plastiques de base qui ont t r pertori s tudi s et utilis s dans les exp riences plastiques Ces recherches vont faire subir une revolution aux r gles traditionnelles de l art Il suffit pour s en convaincre de lire les textes de Itten de Klee et de Kandinsky Sans l tude de ces l ments de base on ne pourrait pas propo ser de jeux ni d exercices qui sont autant de contraintes utilis es plus tard par les artistes se confrontant aux probl mes de l abstraction ceux du salon R alit s nouvelles ou de l art abstrait g om trique des ann es 50 On retrouvera ainsi beaucoup d oeuvres qui ressemblent en fait des exercices propos s par les enseignants du Bauhau
127. texte se fait image comme dans les calligrammes les pictogrammes de Queneau certains collages o le texte forme une composition ou bien encore les productions des lettristes Isabelle Dubosc a mis au point des alphabets figur s dont les let tres sont fabriqu es partir de formes g om triques et de couleurs sim ples En transposant dans ces nouveaux alphabets certains textes qui repo sent sur des manipulations litt rales comme les po mes h t rogrammatiques de Perec on obtient des tableaux nouveaux en noir et blanc ou en cou leurs n 19 Illustration n 19 TEXTE IMAGE En ce qui concerne les Cent mille milliards de po mes elle propose un rouleau dont chaque partie mobile porterait plac s en des rectangles d ment d cor s et associ s sur la bande plac e sur le rouleau tous les premiers vers puis tous les seconds et ainsi de suite Ce qui permet de voir d un seul coup d oeil ou presque l ensemble des po mes de Queneau de les recomposer volont en cr ant de nouvelles organisations formelles et color es La mobilit peut ainsi servir rendre la poesie lisible Conclusion Comme on a pu le voir sur une s rie d exemples pr cis litt rature et arts plastiques s ils ont incontestablement des points communs qui les relient ne manipulent pas de la m me facon ni avec les m mes r sultats leurs l ments sp cifiques les l ments plastiques non soumis aux obliga tions qui so
128. tiques publication th orique plus ou moins trimestrielle de la Biblio th que nationale de Belgique Anim e par les po tes Fernand Verheesen et Frans De Haes certe revue modeste mais exigeante et rigoureuse a jou un r le irremplacable dans l ouverture de la poesie francaise aux litt ratures trang res fid le en cela aux bonnes traditions belges les traductions et les tudes d auteurs trangers s y taillaient la part du lion comme dans le maintien d un solide d bat th orique autour de la chose po tique les go ts fort diff rents des directeurs faisant que la revue a toujours pu rester fort soucieuse de modernit sans pour autant perdre son caract re cecum nique La nouvelle revue qui prend la rel ve du d funt CCIEP reprend sans aucun doute le meilleur de son anc tre mais ne se limite plus au seul domaine de la poesie Elle sera en principe bisannuelle et regroupera ses contributions aussi bien les cr ations que les articles th oriques autour d un th me r so lument contemporain On annonce pour la seconde livraison une r flexion sur Pactualit de la crise de vers et voici d j un premier numero dou bl pais mais tr s joliment pr sente et pas lourd du tout malgr le s rieux Constant des textes sur politique et style c est dire sur les va et vient entre engagement formel et engagement id ologique Tr s vari e quant aux tons et aux sujets abord s la nouvelle revue est une r ussite Si la r
129. traduit par A P B die kunst des sonetts 11 111 p 65 Remarque Certe tude est accomplie de m me que les comptes rendus de Astrid Poier Bernhard publi s dans ce volume Rubrique L Observatoires des contraintes litt raires dans le cadre d une bourse de l Acad mie Autrichienne des Sciences 71 72 DOSSIER Alain Chevrier Les chiquiers po tiques Figuration et lecture multiple Les ceuvres litt raires mentionnant le jeu d checs sont innom brables et ce d s son introduction au Moyen Age en Occident Cependant les histoires du jeu d checs et les ouvrages sur la litt rature et les checs ne distinguent g n ralement pas les oeuvres prenant ce jeu pour th me et celles o il est pris pour mod le de leur forme Ainsi Lewis Carroll le prend pour mod le du r cit dans De l autre cot du miroir tandis que Vladimir Nabokov le prend pour th me dans La D fense Loujine mais dans son recueil Poems and problems les po mes et les probl mes d checs sont juxtapos s sans interf rences De m me les po mes ayant pour th me le jeu d checs sont tr s nombreux alors que les po mes compos s d apr s la forme de ce jeu sont tr s rares Pour deux raisons il n en a probablement t crit qu un petit nombre et certains d entre eux sont difficiles d acc s qu il s agisse des manuscrits m di vaux ou de l Internet actuel Nous donnerons ici un premier balisage de ce domarne en faisant la recensio
130. tueur en s rie des trucs puis des choses des gens qui glandent autour d un distributeur de boissons chaudes et fraiches avec un choix de chocolats et d autres friandises puis d autres tueurs mais eux au sens figure un groupe de cr atifs de publicit avec leurs lunettes avec des paperboards pour les r unions les conf rences les stages avec toujours marqu s dessus les id es des projets des chiffres des graphiques des plans des camemberts de toutes les couleurs les feutres les r gles et les craies des gens encore des gens les tasses de caf vides ou pleines des cendriers vides et d coratifs avec quelquefois des punaises les bouchons des feutres des trombones d pli s et des elastiques laches ou coup s puis juste a cot les bouteilles d eaux et des jus de fruits sur un plateau des biscuits des des magn toscopes et les cassettes pour avoir des id es nouvelles une pil de choses utiles disques durs avec du courrier et du courriel priv s aussi professionnels puis tout un tas de fichiers et de docs et des archives des chiffres d affaires pour des comptables et encore des statistiques d achat et de vente puis ensuite des pr visions de pertes t de b n fices avec les cr ations de soci t s et de chomage une s lection hors pair d images porno pour tous les gouts avec les vieilles salopes les lolitas et tout ce qu on veut entre les deux puis gateaux des ba
131. vers et seize po mes de six vers soit d j quatre vingt seize po mes Je ne parie ni de la Sph re armillaire ni de la Carte sur un miroir pendentif qui allient de plus un aspect esth tique en soi Un dernier exemple d Qian Weizhi 942 1014 qui dispose vingt caract res en cercle En commencant par n importe quel mot dans un sens horlogique ou r tro horlogique on obtient quarante quatrains pentasyllabiques rimes crois es Ci apr s trois lectures Penetrante brume du soir paravent des montagnes Neige parsem e pavillon clair au loin Proche du ciel un kiosque bleu paisible A retenir la lune le store brillant est froid La neige pars me le paravent de montagnes le soir La brume p n tre de froid le store il brille La lune s en tient au paisible kiosque bleu Dans le ciel proche et lointain pavillon clair Proche et lointain pavillon clair dans la neige Des montagnes par touches paravent de brume le soir Froid p n trant sur le store brille la lune S y tient paisible un kiosque dans le ciel d azur OBSERVATOIRE DES HTT RATURES CONTRAINTES Selon Mich le M tail loin de se ramener une prouesse technique cet enchainement circulaire traduit l extr me sensibilit du po te A la tom b e de la nuit dans le froid et la brume la nature semble fig e En fait un infime processus de changement l anime La perception de la distance de la lumi re des couleurs varie constamment Diff ren
132. 0 ao t 1928 et qui porte une d dicace Andr Breton Ce dessin se trouve en bas de cette page qui est le papier bleu d une lettre en t te de Paris Matin date du 27 mars 1927 O Le D renvers d un quart de tour vers la droite forme la coque du navire Les deux segments qui prolongent l are du D au dela de sa hampe joints celle ci figurent les deux traverses sup rieure et inf rieure d un E renvers d un quart de tour vers la droite dont la traverse centrale tir e dessine le mat tandis que sa hampe se confond avec celle du D pour for mer le pont Le deux S c te c te et joints par leurs extr mit s sup rieu res et inf rieures figurent la voile Le N incline inverse gauche et re tourn d un quart de tour aux hampes un peu ondul es dessine le pavillon flottant en haut du mat A droite du mat le o forme le disque du soleil ou de la pleine lune dans le ciel On connait galement une s rie de 9 dessins a la piume chacun sur une page faite du m me papier bleu au dos d une lettre 4 en t te de Paris Matin et dat s du 18 d cembre 1927 janvier 1928 Tous ces documents en provenance de Youki Desnos se trouvent au fonds Desnos de la Biblioth que litt raire Jacques Doucet Ils ont t pu bli s pour la premi re fois dans les Ecrits sur les peintres 1985 3 et on peut les consulter dans la catalogue Desnos Des images et des mots paru lors d une exposition la Biblioth que historique de la Vi
133. 14 p Mac Nab repr sente le plus aigu de la poesie de cabaret lille naturelle du Parnasse Son oeuvre est tr s br ve compos es de deux recueils de po mes et de monologues en prose Po mes mobiles 1885 Po mes In congrus 1887 et de deux albums posthumes de chansons Elle tait jus qu alors peu accessible un seul recueil est lisible sur Gallica Dans ses monologues son style net et sans graisse le rapproche d Alphonse Allais On retrouve ici des chefs d ceuvre d ironie am re et d humour noir sou vent repris dans les ouvrages sur l humour fin de si cle comme Les Fcetus Les Po les mobiles sont un anc tre du collage publicitaire Plus de cors parodie aussi la reclame et rec le ce rare exemple de tm se portant sur une rime Je crois qu il est superflu d ex La formule est dans le Co dex Pliquer avec quoi je compose Mon onguent odorant et rose Un de ses monologues est sous titr sonnet britannique en prose bien qu il ne s agisse pas d une d finition formelle Le Ballade des accents circonflexes m rite le d tour Le Nain colibri s exprime en pseudo ture Chafoui a chafou la Tsi tsi tsi tsi Un duo t l phonique montre les probl mes d incommunicabilit dus aux d fauts de transmission de l epoque L ac tuelle vision politically correct ne saurait que s offusquer devant ses sar casmes portant sur divers handicaps physiques comme Les Culs de jatte ou la Ballade des d plaisants Culs de
134. 16 45 164 181 183 7 26 32 56 64 95 104 114 129 78 89 115 130148 155 175 196 9 27 40 47 62 72 108 60 125 135 147 173 188 8 18 29 53 59 80 96 112 05 192 4 17 35 50 67 71 97 121 140 146 166 170 41 48 74 93 110 122 134 143 156 169 193 14 19 70 3 15 33 51 68 81 94 102 133 154 167 176 184 124 91 63 79 85 101123 136153 159 182 12 20 30 46 58 76 92 103 119127 152 165 172185 13 28 37 45 25 34 54 57 77 88 100 120 131 150 157 177 195 79 1945 22 44 66 84 87 111 113 132 149 161 39 78 141 162 187 6 24 42 49 65 83 86 109 116 138 39 2 21 31 52 69 75 98 107 118 151 158 180 190 Ce sonnet qui contient les chiffres de 1 jusqu 196 peut tre inter prete comme une r flexion de la suite des sonnets particuliers comme la recherche d une suite organique panni les possibilit s infinies de com binaison ou comme un m ta et m ga sonnet contenant tous les sonnets du recueil chaque chiffre devenant le symbole pour un po me l arri re fond gt Chaque lt vers gt comporte 14 chiffres de sorte que la structure fondamentale de la couronne amplifi e 14 x 14 196 se r p te ici dans ce sonnet chiffres L id e de consid rer l ensemble comme une sorte de sonnet enorme est soulign e par l introduction de pages noires toutes les 14 pages num rot es bien sur de 1 196 Ainsi on n a m me pas besoin d ouvrir le livre pour tomber sur le chiffre 14 qui obtient comme fa le statut d un aspect essentiel du genre statu
135. 4 Editions Les impressions nouvelles 1996 un po me se compose de 4 l ments et on a 8 choix pour chaque l ment Mais comme le remarque justement Bernard Magne dans sa pr face dans ce recueil e est au lecteur de construire son po me en s lectionnant chaque strophe dans l un des huit po mes propos s 25 Voir L oeil d abord Cahiers Georges Perec n 6 ed du Seuil 1996 26 Jacques Roubaud et Christian Boltanski Ensembles ed 9 f vrier 1997 27 Le Chateau des destins crois s Seuil 1976 28 Sur le probl me plus general du rapport du visible et du lisible voir La licorne n 35 l image generatrice de texte de fiction 29 R Queneau Cent mille milliards de po mes Euvres compl tes I Pl iade Gallimard 1989 345 30 Jean Margat Bizarre mai 1959 31 M B nabou Un aphorisme peut en cacher un autre Biblioth que Oulipienne I Seghers 1990 32 Rappelons la remarque de Queneau la peinture de Miro est une criture qu il faut savoir d chiffrer dans Miro ou le po te pr historique Batons chiffres et lettres Gallimard 1965 311 33 On retrouve ici l exemple des T tes folles qui a inspir Queneau 34 Jean Margat Bizarre mai 1959 35 Jack Vanarsky Lamellisation permutative OUPEINPO Monitoires du Cymbalum pataphysicum n 21 p 44 48 qui propose un glissement progressif vers la sym trie 36 Cr e en 1995 pour une exposition faite l Atelier Ouvert sur rue Il va de soi
136. 50 g A ce dispositif logico s mantique s ajoute une granulante distincte des sous ordres et des classes qu ils englobent On compte 10 familles soit 20 genres chez les monorrhines contre 5 familles soit 8 genres chez les polyrrhines selon un rapport approximatif 2 3 1 3 Le contraste est encore accentu par la disproportion entre les esp ces y aff rentes 113 d un cot 25 de l autre selon un rapport global 4 5 1 5 En d autres termes il apparait que les repr sentants les plus atypiques au vu des con naissances biologiques sont aussi les moins nombreux ce qui ne va pas sans leur conf rer une valeur sup rieure celle des vulgaires monorrhines dont la raret et la bizarrerie est somme toute moindre Ces effets de masse ne doivent pas dissimuler l h t rog n it quantita tive des populations Aux huit genres 4 esp ce unique s opposent quatre genres trois ou cinq esp ces trois deux esp ces deux quatre onze ou quatorze esp ces un seul genre enfin sept huit ou dix neuf esp ces 219 ILLUSTRATIONS Esp ces par genre 1 2 3 4 5 7 8 11 14 19 Nombre de cas 8 34 2 4 112 2 1 On constate cet gard un fort antagonisme entre les cas extr mes premi re et derni re colonnes du tableau ci dessus et une diversit rela tive des distributions interm diaires si l esp ce unique se rencontre le plus souvent et le groupe dix neuf esp ces par exception la moyenne deux quatorze esp
137. 8 p Po te et universitaire belge dont le francais n est pas la langue pre mi re Jan Baetens a des rapports tendus avec sa langue Discret il multi plie les recueils brefs Le titre de celui ci vaut programme tout po me est un art po tique comme on a pu dire que tout texte contrainte parie de celle ci Les formes sont vari es plaisir rimes anagrammatiques du po me d ouverture hexam tres et autres m tres exacts blancs ou rim s mais aussi vers affranchis et m me vers libres dont un joli po me sur un nuage p 21 Il va jusqu aux mots coup s en fin de vers et l une de ses deux pi ces en palindromes de vers est fond e sur des contrep teries bou cl e par boucle chose bouche dose On go tera tout particuli rement ses sonnets ses quelques exemples de po mes strophes d croissantes et les s ries de tercets enjambements strophiques minimaux comme chez OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES W C Williams La poesie anglo saxonne appara t d ailleurs en filigrane avec des po mes sur l ordinaire des jours tr s visuels o l esth tique se r sout en thique Le po me Roman photo sur un des domaines de pr dilection de Fauteur avec la BD est retenir pour une anthologie M lant les registres les plus divers du pr cieux au familier cornine les anciens artistes flamands et tant pis pour Maurice Grevisse le po te ne manque jamais une occasion de se moquer en m me tem
138. 89 DOSSIER Apr s avoir transmis la liste Oulipo cette id e et suscit quelques remue m ninges Gilles Esposito Far se a recouru un chiquier pour ce diagonnet 8x8 sur la c cit de Jorge Luis Borges 29 juin 1997 la te ma la ku l R pa li Lentement la couleur palit te plongeant dans la c cit mangeant tout ce palais fiorai m 32 tu sa pa le fio Rai te pio 3 da la se si te La danse des ombres d effroi la da ss de Z bR3 de fkwa coule pas ondulant d oubli leur c l bre langueur sans art ku la pa z3 dy la du bB OBR le bRO l gCBR zaR Passif lot des doux sanglots d or nr as Litt ral froid blizzard dormant pa si fio de du sa glo dOR H te Rai fkwa Mi Z3R dOR Ma Il est passe ensuite de l chiquier au damier avec ce diagonnet 10 x 10 rime 26 mars 2001 un mini sonnet intitul L ger Regel doi j kar t si te ta ki kar di j cout un rien la sin pri mal an uer kar un ti fon mou dra se juan r amp di t jrien fon s son ton chan j la ver se La mou json nui dan ui ron mi di te sin dra ton fdan gon s pu lo ver ta pri se chan vi s ral an gu Le ki mal van j ron pu an ne ri van kar an dre La mi lo gu re fri Le di ver di jver di ver le Juan Le van
139. ATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES type Pen club dont l importance pour la chose litt raire est galement fort discutable lt Politique et style gt fournit la preuve que le politique e est le stylistique et inversement et devrait en ce sens inciter une nouvelle prise de conscience J B Stella Baruk Doubl Jeux Seuil 2000 254 p Il s agit d une fantaisie litt raire sur les mots math matiques r dig e par 40 romanciers sous forme de d finitions comme pour un vrai ou parfois faux dictionnaire L article Al atoire est sign Paul Fournel dont la grand m re est justement native de Thouars comme les articles Bicarr ou Sym trique Lapouge traite du Binarne de la Cardioide et de facon remar quable du slip de Moebius Marina Yaguello de YEllipse ou de Yinfini et Jacques Drillon le troubadour de la s mantique d fmissant Pi de facon liturgique c toie Harry Mathews et sa Sym trie 197 et des auteurs comme Leila Sebbar Francoise H ritier Bernard Pingaud ou Gilles Martinet Tou tes d finitions inattendues po tiques ou de pur non sens souvent illustr es par un texte d auteur ext rieur Allais B nabou Stella Baruk qui a sus cit ces d finitions les conclut par une postface pleine d humour r flexion sur la connivence entre la langue maternelle du romancier et celle de l rudit Pour rester s rieux et ne pas enduire d erreur les lecteurs on donne cependant pour chaque mot trait la d
140. Beaux Arts r duits un seulprincipe de l abb Batteux 1747 qui essaye de sauver la th orie aristot licienne en faisant des passions l objet sp cifique de l imita tion po tique et On the Arts Commonly Called Imitative de Porientaliste William Jones 1772 qui nonce sans ambages une th orie expressive de la poesie et ce faisant met la lyrique au premier rang des genres po tiques p 201 C R Georges Himelfarb Sigles et Acronymes Le francais retrouv Belin 2002 640 p Un dictionnaire de poche des sigles acronymes et abr viations en prise avec l actualit commode et pas cher L auteur est un enseignant ayant constitu ses dossiers par des glanes empiriques Dans la pr face il OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES se livre un exercice de style en hommage aux regrett s Raymond Que neau et Georges Perec sur deux pages enjou es satur es de sigles Le vehicule des NMPP le r veilla 7 heures GMT Il se leva en rouscaillant et se mit zapper sur la FM RTL FIP NRJ RFI etc L abr viation etc n est pas dans son texte Et ne peut on pas crire 7 h GMT L historique indique que l invasion des sigles date du XX si cle o se sont conjugu es bureaucratisation et acc l ration des Communications Paradoxalement piocher dans ces groupes opaques de lettres puis v rifier ou d couvrir leurs d finitions fait puissamment r ver On finit par parcourir le dict
141. Il l extrait de la Mode illustr e o elle fait partie des devinades charades nigmes logogriphes fcle d3 PPSJ e rPrilpS fu lei C est Le na t sem Ime trou e prtn pa delle TOUS gran Phi c est llaid de fieurs dont b a md ron fant et rouvr jeu son r m tout cen C L en dr Di vieii lard Or la des ve ons du ves sii le se ne des ne sar rait des vent loni tenE vieux feuil vet na cher de ne fe Le lu pa sen mure a le do ie Dan ture grice nia de cs lo nou le mur tale du sa ter Ja mor jte Sa Sou feurs ptin vec vant les dans es tent ver lelle veaux Glis toUH a pai saus re qu tl un f amp mps Qui SP champs lors pi lai Ce type d chiquier en forme de croix existe La solution de ce lt myst re a d brouiller gt est donn e au numero suivant Saluons le printemps c est la saison des fleurs C est le r veil b ni de la jeune nature Le vent tout parfum de suaves senteurs Glisse dans le feuillage avec un doux murmurc Soulevant le duvet des oisillons nouveaux Qui palpitent d j sous l aile maternelle Dans les champs reverdis descendent les troupeaux Le nid du vieux clocher se rouvre l hirondelle L enfant semble grandir et le vieillard rena t Tous f tent le printemps alors qu il reparait Orn de sa grace immortelle TEXTE IMAGE Ce po me
142. L entreprise litt raire de Queneau est en effet d une tout autre port e que celle des T tes folles Chez lui comme chez Quirinus Kuhlmann il ne s agit pas d un simple exercice de virtuosit formelle Le souci du sens et m me une vaste vis e m taphysi que ne sont nullement absents C est ainsi que G Pestureau examinant de pr s les motifs des dix sonnets initiaux de Queneau est parvenu la conclusion que c est lafois un itin raire intellectuel et moral unepein ture du monde et un bilan philosophique sur l homme son devenir et son destin A quoi il faut encore ajouter ceci l importance du r le d volu au lecteur vieille obsession quenienne depuis ses premiers crits puisqu ici c est le lecteur seul qui par son patient travail d assemblage compose ses po mes D une ambition peut tre moins grande mais fond es sur un principe analogue diverses tentatives combinatoires de Georges Perec Nous nous contenterons de rappeler pour m moire les 8 fiches cuisine o aucune place n est faite l image Quant aux 243 cortes postales en couleurs v ri tables ne nous laissons pas leurrer par leur titre les images que pourrait sugg rer le terme de cartes postales n existent pas en r alit comme dans le cas pr c dent nous n avons ici que des textes En revanche nous regarderons de plus pr s Un petit peu plus de quatre mille po mes en prose pour Fabrizio Clerica Ici et c est ce qui nous in
143. Le plus innocent d entre eux semblerait tre celui qui traduit un po me calligraphi la main en un texte typographique On sait pourtant combien les Calligrammes d Apollinaire ont donne de soucis leur auteur ce propos Un cas plus r cent est celui des Flowers in concrete de Mary Ellen Solt Dans sa version initiale le recueil tait calligraphi par l auteur mais John Dearstyne en tablit ult rieurement une version typographique Or l ex cution manuelle a des connotations tr s diff rentes de celles de la typographie les valeurs personnelles la sensibilit individuelle la marque d une personne qui ne pourrait r p ter exactement son criture une deuxi me fois tout cela est remplac par des valeurs plus universelles s cartant de l auteur comme individu Edeline 1992 En l occurrence ici certaines let tres w manuscrites taient l g rement d form es de facon les faire res sembler des p tales chancr s chose perdue dans la typographie Un autre consiste conserver int gralement le signifiant et lui don ner deux contenus diff rents l int rieur de la m me langue intralinguistique Ce sera le vers holorime Dans ces meubles laqu s rideaux et dais moroses Danse aime bleu laquais ris d oser des mots roses Charles Cros 97 DOSSIER La m me d marche s effectuant entre deux langues diff rentes donc interlinguistique a t appel e par Ernst Jandl important po te sonore
144. Les Parties de dominos chez Monsieur Lej vre Perec avec Freud Perec contre Freud Saulxures Circe 1996 pp 7 8 Michel Charles L Arbre et la Source Seuil 1985 Jean Claude Vareille L Homme masqu le justicier et le detective Lyon Presses Universi taires de Lyon 1989 p 172 De fait la speculante constitue d s l origine Poe Wilkie Collins un trait r current du genre L ouvrage est cit par Isabelle Dangy Scaillierez Robert Droguet Cent sonnets Illustrations de Paul Hickin In Marina s Scape Urdla Villeurbanne 2001 120 p Le titre a beau avoir t d ja pris de R Agn s Les Cents sonnets 1872 a Boris Vian voire 4 La Roupie de cent sonnets d Andr Blavier il convient au ton et au contenu de ce recueil On percoit qu un ronchon d blat re l espace d un sonnet sur des sujets 4 vrai dire difficiles 4 identi fier tant il digresse 4 tout bout de champ et modifie son propos tout en parlant Prof ou fonctionnaire la retraite photo l appui il m le citations latines souvenirs amers analyses de la derni re mission de t le n ologis mes et calembours des plus improbables Exemples il faut pour qu un Mekn s qu un Salonique Passez Lamennais Einstein dont le fils Frank fit peur tout Le monde etc Avec lui la br ve de comptoir s l ve la hauteur du sonnet La forme est aussi sympathique que d con tract e alexandrins blancs plus ou moins tir s fins de ver
145. Notons que C Berge mentionnait aussi la possibilit d une poesie fibonaccienne qui ne semble pas avoir connu de d veloppement 14 On sait que Perec a surtout travaill sur des formes particuli res de l anagramme l h t rogramme voir Alphabets Galil e 1976 La Cl ture Hachette 1980 et le palin drome voir Oulipo La litt rature potentielle 101 106 15 Marc Petit Po tes baroques allemands Masp ro 1977 p 122 123 16 Ibid p 124 17 Ibid 333 18 R Queneau Entretien avec Georges Charbonnier Gallimard 1962 111 19 On retrouve l comme un reste une trace lointaine de l enthousiasme ambitieux dont le jeune Leibniz faisait preuve dans sa Dissertano de Arte combinatoria de 1666 20 G Pestureau Cent mille milliards de bretzels dans la biosph re Temps m l s n 150 25 26 27 28 mai 1985 40 48 cit par Claude Debon dans le tome I des Euvres de Queneau dans la Pl iade 1317 1318 21 Tout r cemment une r dition des Exercices de style Gallimard Jeunesse 2002 a t concue pour permettre des lectures multiples 22 Georges Perec 81 fiches cuisine l usage des d but ants dans Penser Classer Hachette coli Textes du XXe si cle 1985 une recette de cuisine qui comporte 4 tapes et o l on a 3 choix pour chacune des tapes 23 243 cartes postales en couleurs v ritables L infra ordinaire Seuil 1989 33 68 un message comporte 5 l ments et on a 3 choix pour chaque l ment 2
146. R W W V V d i te n n n n n n f a lt d e t e t w w V V fig 8 9 Eugen GOMRINGER Ptdn X te EPTFHA LAMIUM IH Cina sr ey flg 10 flg Il Dans le second cas les zones textuelle et visuelle sont clairement et spatialement distinctes Le calligramme la facon d Apollinaire aussi bien que la constellation la facon de Gomringer en font partie Ils ne posent qu exceptionnellement des probl mes de traduction mais c est le cas pr cis ment pour J pleut d Apollinaire traduit en japonais faire basculer un quintil de facon tirer parti de la vectorialit de la lecture lin aire pour induire le signifi chute de pluie n a aucun effet en japonais o n im porte quel texte se lit de haut en bas Edeline 1999 Cependant dans la langue d arriv e les relations spatiales doivent avoir t reproduites l iden tique comme y insiste Claus Cliiver 1996 rapportant une mesaventure arriv e de Campos par suite d un texte mal align alt rant ou m me d truisant le sens TEXTE IMAGE Le troisi me cas fait intervenir une traduction inters miotique o des homologations sont pos es ou sugg r es entre des entit s plastiques et des entit s linguistiques Est ce de l ekphrasis Oui lorsque l nonc visuel est absent comme dans ce texte o Pierre Garnier propose un quivalent vi suel Rugby de Nicolas de Stael mais j ai plut t en vue des oeuvres comme le Moonshot Sonnet de Mary Ellen Solt fig
147. SESTRIA Tribu AS amp ZROmiimiA MAIACOmSBS Sous tribu FRIGEORRHNDA 13SR mSB5 HVPOGSORRHUnDA ZMQWSSS GEORKKNIDA FOSSJ SS FamiSe Archirrhinidae NasoUmatidae Shmostelidae Rhinosiptonidae RhimsfentOTidal Holo Priminases Hshcomses Czlumninases Probosdd wses Nautonases Sd Senr rchinhiiiOE Naso Riiino Emufic Dalcicauda Duici Colum Rhmotaeiua Rluiio Rhinostentor Rhisotalpa Eniero Hofontara Hmaceus limaceus jator dauca nifax TeMoiKiss siphonia Stimasi OSticonass Qastfonsie Ripetei 1 4 14 1 19 1 11 3 3 4 5 A M R C Rmyrnetrica submersusf E Kvaritgstui haecMii paiustrii conchicaudd sorbetti lacians 1 Miacnae ou spumonasts 1 dubius SAGE de Haeckei ffodisns Coftckycoh I jbefidus A 2285 SQUi ordre POLYRRHINA PtURimSES Phaicmge SSACHYPROATA SmWASSS DOUCWPKOATA LOmiNASES Tribu TEJMSRHMDA QUADm mimS XSJ mXMDA KSXAmSf DBS Famiile Maobemidae Ambuhnasss Tyranwnasidae horrhinidss Equinmes AnisoTrhinida Rhinochilopdae BeUicomses Sfn quviases Miil nases Geta e Nasobema Stella TyiaimosasiB Electonopsis Hexsnihus Cephalantitus Mamiwmtops Rhinocl bpos Qksebame ihsottin BeSteovas Potyponase RarmncuioTiaiiiS Un iiase MMe Nez ou P lahnase Bsp ces 5 i 1 5 3 1 2 H S T j suavisi Kregina Tiddis M R lyricum mstut fld CU mperator ierebelium TO3IU7KidOiQiVicauiis fthawna amp Qt on ursuliii ingmi musicui faeolus _ morgintsraii hh amp n Povlfe tou i
148. SIER Perec et le Renouveau des Ecritures Formelles Dossier th orique Gilles Esposito Far se Calligrammes Mireille Ribi re Vingt ans d tudes perecquiennes Bernard Magne A propos de W ou le souvenir d enfance Christelle Regianni Con trainte et romanesque Dominique Bertelli Hors programme Angelo Schiavetta Perec et la contrainte comme signe C cile de Bary Contre une litt rature r aliste David Bellos Wincklerfait tache d huile Roland Brasseur Suites Je me souviens de Je me souviens Alain Chevrier Bernard Magne Echange de lettres L Abb Louis de Court Vari t s ing nieuses Jean Francois Marmontel El mens de litt rature Alain Zalmanski Les voyages divers Shuichiro Shiotsuka Perec au Japon Gilles Esposito Far se Pentomino Cr ations Regine Detambel Barbara Suckfull Jan Baetens Alain Chevrier Michel Clavel Marie Etienne Michel Grangaud Marcel B nabou lan Monk Alin Anseeuw Jean Michel Espitallier Anne James Chaton Gilles Tronchet Jacques Sivan Alain Zalmanski Guy Lelong Jacques Perry Salkow Patrice Hamel Jean Noel Orengo L Observatoires des litt ratures contraintes L cho des Colloques Jeux Pour recevoir Formules envoyer pour chaque numero command un ch que de 22 euros port compris 6 euros pour les envois hors France l ordre de Reflet de Lettres et l adresser Revue Formules 79 me Manin 75019 Paris Adresse internet www formules net 339 Achev d imprimer en jui
149. UXi Di E zzx S A Fe 1 Que penser de la port e de cette musique 175 ILLUSTRATIONS au rebut Marques d pos es Compte pour du beurre et rien d autre 176 TEXTE IMAGE lt gt S O Grouillement d entreprises Certames rusions sont perceptibles 177 ILLUSTRATIONS Parterres du jardin des paragraphes 178 TEXTE IMAGE Grandes eaux de la ponctuation 179 ILLUSTRATIONS 10 m m 10 01 Ql Un atout de plus 180 TEXTE IMAGE Bernardo Schiavetta Les M tamorphoses de Zagghi 1890 1939 Elvio Zagghi Attilio Rezzaghi fils d un petit notable de Quistello pr s de Mantoue naquit en 1890 tudiant il mena une vie de boh me Rome o il participa au mouvement futuriste Il r alisa alors des tableaux l huile et une s rie de po mes affiches Carceri d Invenzione non r unis en volume Il pousa une mon gasque F licie Saulnier dont il g ra avec succ s la fortune Peintre et graveur ses heures il fut collectionneur de tableaux de Lhote La Fresnaye Matisse Valmier Carr De Chirico de Pisis Morandi et Oppi Tamara de Lempicka fit son portrait ainsi que celui de F licie Quoique fix Monaco il devint comme beaucoup de ses anciens camarades un admirateur de Mussolini Il crivit en francais la partie la plus importante de ses po mes publi s hors commerce et orn s de gravures de sa main D
150. Une nouvelle fois l inconscient linguistique doit tre interrogd on veut dire la langue en tant que r servoir d images verbales qui forme chez chacun d entre nous metteur et ou r cepteur graphiste et ou lecteur une m moire Par ailleurs Freud qui nous a expliqu sur quelle economie sym bolique reposaient certains mots d esprit doit tre mobilis ici Il est question de tristesse et m me de chagrin Or Portier nous mon tre un oeil qui coule Le mot couler veut dire deux choses en m me temps 1 qu un objet destine flotter un bateau sombre corps et bien 2 qu un liquide s chappe d un objet donne avoir le nez qui coule voire l oeil qui coule Les choses se pr cisent Le dessin se donne lire comme si Lionel Portier nous avait livr l image d un oeil qui coule qui s enfonce dans l eau en lieu et place d un oeil qui coule en train de verser des larmes confort inconsciemment par certe disposition mentale qui a pr side la cr ation de la formule syn th tique se noyer dans son propre chagrin drowning in one s sorrow Ce qui la lettre est en train de se passer La mise en figure la figuralisation est si active qu elle nous aveuglait litt ralement Comme l coute le regard doit tre flottant sij ose dire Nous tenons que ce dessin intitul Tristesse v ritable petit tr sor d humour est une manifestation de la pens e visuelle Certe pens e visuelle
151. a Nature est un tempie o de vivants piliers La Lucinade est un des chef d ceuvres m connus de la poesie medi cale un domarne lui m me bien oubli C est un po me didactique dans le style du XVIIP si cle consacr la science des accouchements auxquels pr side la d esse Lucine C est aussi un pamphlet crit dans le sillage de la Revolution d abord de 112 pages puis de 520 ce savant marginai pol mi quait contre l usage de la c sarienne une op ration alors toujours mortelle pour la m re Dans ce passage sous les festons et astragales du discours en vers bien balanc s aux rimes convenues et au vocabulaire po tique de conven tion o la figure cl est la p riphrase on assiste la construction d une all gorie en bonne et due forme On rapprochera certe image de celle du Tempie de l Amour en forme de phallus qu a dessin au m me moment l architecte Claude Nicolas Ledoux Dans le second livre de Bouvard et P cuchet Flaubert cite un autre passage du po me de Sacombe non moins sexualis qu il qualifie de rococco En fait le th me pastoral et l effusion sentimentale pr roman tique sont en parfaite continuit avec les idylles et l gies de l epoque comme il l est avec le grand po me sur les jardins de l abb Delille Quant au p ritexte rappelons que dans les po mes didactiques du temps les notes sont d un usage courant et g n ralement situ es en fin de chaque chant Elles contribuent a
152. a phrase verbe adverbe adjectif ou nom 311 ESSAIS De nombreux exemples sont donn s mettant de plus en vidence la m trique bien particuli re la poesie chinoise l utilisation de la symbolique du Yin du Yang et des hexagrammes ainsi que les diverses formes de lecture en fonction du po me de d part Gageure que d essayer d expliquer et de r sumer quelque chose d aussi monstrueusement complexe pour un esprit occidental Dans la lecture rebours le palindrome de mot chaque mot tant monosyllabique engendre une nouvelle signification pour le texte voire une multitude de significations lorsque le po me est circulaire et que l on peut commencer la lecture un point quelconque Le vent accompagne les fleurs parfum es rouges elles couvrent la terre La pluie fait cro tre les arbres printaniers verts ils frdlent le ciel Ce distique est compose des caract res feng song xiang hua hong man di yu zi chun shu bi lian tian Le ciel frole les arbres verts pluie abondante du printemps La terre se couvre de fleurs rouges vent charg de parfum Exemple simplissime pour ne pas dire trivial par rapport ces po mes avec rimes en cinq couleurs dont les blocs de m me couleur ont des modes de lecture identiques mais dont le sens de lecture varie avec les couleurs Ainsi les blocs vert aux quatre angles du po me sont des vers de trois syllabes avec vingt quatre modes de lectures qui g n rent 8 po mes de douze
153. a pr c dente je vous le garantis Pourquoi parce que les concepteurs de l album ont eu l id e geniale d appliquer Queneau ses propres r gles et de traiter l illustration de ces Exercices de style comme Queneau avait voulu ses 100 000 milliards de po mes sous forme de livrets pouvant se visiter individuellement page par page lei chaque illustration peut aller avec n importe laquelle des va riations invent es par Queneau sur homme au pardessus et au bouton de la ligne S les images sont en haut les textes en bas s par s en deux livrets qui se compulsent se consultent s examinent au gre de l imagina tion de chacun ou du hasard des pages tournantes pour la plus grande joie des lecteurs Celui qui ne voudrait pas entrer dans ce jeu l peut se contenter des pages correspondantes puisque toutes sont num rot es Mais quel dom mage ce serait de n en faire qu une seule lecture Cela ne ferait pas hon neur nos graphistes lesquels b n ficient chacun d une doubl page o leurs pr nom et nom figurent dans un petit carr noir r serv la pagina tion juste en dessous du numero de la page Pour le contenu de l ouvrage je ne vous ferai pas Pinjure de revenir sur le texte d sormais archi connu utilis use jusqu la corde de notre jeune centenaire 2003 Je vous parlerai de quelques images particuli re ment marquantes et originales d couvrir Christian Heinrich par exemple quitte pour une fois l aquarel
154. a suite comme si c en tait une continuation Anselme accueillant la r ponse de Gaunilon ajout a simplement ses propres commentaires ceux de Gaunilon en prescrivant que les deux ensembles de commentaires fissent dor navant ensemble partie int grante de la fin du texte Or tout comme Anselme se consid rait comme un lecteur au m me titre que d autres lecteurs comme Gaunilon Jacques Roubaud crivant la troisi me branche du Grand Incendie de Londres envisageait la possibi lit de m nager des espaces de commentaires au lecteur posant des ques tions au texte faisant des remarques et amenant en retour des r ponses et offrait Pierre Lusson qui figure comme personnage dans la branche 3 de reagir ce que je raconte de lui Le dessein anselmien de Jacques Roubaud n a cependant pas t mis en oeuvre dans Math matique l auteur ayant toutefois manifeste l intenti on de proposer 261 ESSAIS la suite du Grand Incendie de Londres sous la forme lectronique d un site Internet promettant donc une interactivit totale ses futurs lecteurs Plus largement Le Grand Incendie de Londres multiplie les r f ren ces explicites la litt rature medievale et ses modes d existence textuelle outre l organisation en branches je me contenterai ici de noter que la conception m me des versions br ve longue et mixte est empruntee par La Biblioth que de Warburg
155. abiques Les contraintes sur les mots po me utilisant les m mes mots que l originai mots abstraits se terminant en tion rimes en M 1 Contraintes g n riques po mes selon d autres types de vers chansons glose rondeaux comprine hai ku tanka fable ode no l morale elemen tare psaume grille de mots crois s pitaphe interrogatoire prose lettre th atre proverbes Les contraintes spatiales r sum s dilatation po me figure ambigrammes retour a l identique Les contraintes stylistiques style rabelaisien prose durassique sonnet mallarm en pastiche d Henri Michaux devoir scolaire publi dans Formules n 5 et selon divers OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES idiomes qu b cois faux patois latin culinaire langage informatique vieil francois Contraintes th matiques po me japonisant zoologique mili tant ch file hypochondriaque Ces derniers types de contraintes se rap prochent des parodies et pastiches classiques et donnent lieu aux r alisa tions les plus dr les Car la verve de certains auteurs p tille dans les coupes ou coule flots apr s qu ils ont fait sauter le bouchon le plus loin possible D un autre cot certaines contraintes sont complexes et donnent des r sultats nouveaux sonnets en vers palindromiques en vers anagrammatiques de l originai montagnes russes et l on y reconna t l esprit d exp rimen tation des scientifiques qui dominent cet ar opa
156. acques Roubaud la diff rence de certains praticiens de l hypertexte lectronique reste un auteur Un auteur l autorit certes affaiblie souvent d l gu e dans divers dispositifs intertextuels mais un auteur tout de m me qui trouve d ailleurs une con sistance fictionnelle dans le cycle d Hortense Cette autorit maintenue doit probablement tre rapport e la figure du po te historiquement attach e ne serait ce que par la m diation du maitre Queneau une conception orale de la litt rature le po te est d abord defini par une voix n cessairement singuli re En ce sens une criture po tique et e est bien ainsi que se pr sente la prose de la m moire roubaldienne ne peut que s opposer l absence de marquage singulier permise par la trace lectronique La variance medievale en re vanche lui donne les moyens formels de sa mise en oeuvre hypertextuelle OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES Notes 1 Walter Benjamin Le Narrateur R flexions propos de l oeuvre de Nicolas Leskov 1936 crits francais Gallimard 1991 pp 205 206 2 Le Grand Incendie de Londres R cit avec incises et bifurcations 1985 1987 La Boucle Math matique Poesie La Biblioth que de Warburg Version mixte Seuil 1989 2002 3 Paul Delany et George P Landow Hypermedia and Literary Studies MIT Press Cam bridge Massachusetts 1991 p 3 ma traduction 4 Jean Cl ment
157. acre aux grands crivains et qui rassemblent des in dits des tudes une biographie et une bibliographie une iconographie et surtout des t moignages sur l auteur ou sur l homme J ai bien dit une imitation puisque certe fois l ensemble devait rre consacr un cri vain imaginaire pp 11 12 Tous les lecteurs de Puech le savent depuis son premier livre le personnage de Benjamin Jordane auteur suppose et h t ronyme de Jean Benoit Puech sert d aimant une criture plac e sous le signe du doubl litt raire et de la litt rature comme duplication infime Or l imitation de Phommage qui s inscrivait pourtant dans la logique de l oeuvre de Puech n a pas eu lieu comme d autres livres virtuellement pr sents dans presque chaque texte de cet auteur le volume qu on a ici sous les yeux contient tout fait autre chose une introduction de Jean Benoit Puech six nouvelles attribu es Jordane une note explicative com mentant la derni re des nouvelles Plus Jean Benoit Puech commence son livre en expliquant pourquoi il y renonce et pourquoi fait autrement plus important il se s par du personnage de Jordane apr s avoir fait na tre cet crivain et s en tre servi pendant six livres le voici qui pense que le temps est venu de s en d tourner et de rompre avec la fiction illu sion pour les uns mystification pour les autres de cet crivain h t ronyme Bref du projet initial de Pr sence de Jor
158. agreste d Auguste Humbert paru dans la Mode illustr e 20 et 27 juillet 1863 a pour titre Le Saut du cavalier Canel pense qu il aurait pu donner ce noni tout son chapitre Pour l amateur de contraintes il ne s agit pas seulement d une nigme pos e par un sphinx aux cedipes comme on disait alors avant que ce mythe cognitif n acqui re des connotations sexuelles Il s agit d un mode d criture et de lecture non lin aire et discontinu partir d une proce dure simple mais r p t e Canel crit Je crois les vers chiquet s d invention toute moderne Si je suis bien renseign e est la Mode illustr e qui les aurait produits au grand jour vers le commencement de 1860 Certe forme de dissimulation remonte en fait l anc tre indien des checs le Chaturanga Dans le Kavyalankara un texte crit en sanscrit par Rudrata po te du Cachemire sous le r gne de Sankaravarman 884 903 sont num r es diff rents types de stances 1 celles qui ont la forme de diff rents objets roue p e are etc 2 celles qui doivent tre lues selon les figures du jeu d checs Il comporte un ensemble de versets ba s s sur des s ries de syllabes en relation avec les fameux parcours o le Cheval turagd doit parcourir tout l chiquier chaturangapithd sans ja mais passer deux fois par la m me case Rudrata parie aussi du parcours du Chariot irathd et de l l phant gajd The principle of construction i
159. aient un cubisme scientifique diff rent du cubisme intuitif de Picasso et de Braque 23 Certains auteurs insistent d ailleurs sur le caract re scientifique du cubisme La Section d Or fut une tentative de contr ler scientifiquement les donn es fournies par l instinct Picasso et Braque car Jacques Villon partir du cubisme de la Section d Or a toujours ob i des principes d organisation math matique du tableau 24 C est probablement parce qu il introduit aussi de l humour et du jeu dans son oeuvre que Duchamp sera adopt plus tard par les Oulipiens Il est important de souligner 4 quel point Duchamp d veloppe les deux param tres majeurs caract risant les recherches successives autour 21 DOSSIER de la contrainte la rigueur math matique et l humour rep rable aux titres donn s aitisi qu la conception tr s particuli re des images Cet humour qui lui vient aussi de la pi ce de Roussel Impressions d Afrique Duchamp n anmoins n utilisera pas le terme de contrainte m me s il utilise beaucoup celui de proc de ou de probl me technique son gout pour l amusement et donc la libert l en loignent sans doute cette epoque Il faudra Pexplosion du mouvement Dada et par la suite de la Pataphysique pour que la d rision et l humour soient utilis s explicitement comme de nouvelles contraintes D j avec les avant gardes s accentuent les clivages entre ceux qui restent attach s une
160. aine facon le MoonShot Sonnet de Mary EUen Solt Il s agit cette fois non d une lan gue r elle mais d un code invent pour lequel l auteur lui m me doit four nir un mini glossaire dans sa propre langue fig 13 L exemple choisi ici comporte comme c est souvent le cas seulement deux entit s visuelles qui interagissent selon une s quence lin aire tmto y k A 4 USO ANCttO MUTO gt gt fig 13 Po me s miotique TEXTE IMAGE Le mini glossaire n est normalement pas g nant pour le fonctionne ment du texte il Va m me dans le sens du mouvement tr s net par lequel on voit de nos jours se raccourcir le po me et s allonger son titre ou son commentaire Chez un Finlay un one word poem peut avoir un tr s long titre et un petit lt embl me h ro que gt peut requ rir plusieurs pages de com mentaires Si le commentaire doit s allonger pour expliquer les fmesses de la langue de d part c est presque tant mieux Ne faisant pas partie de la zone cr atrice de l oeuvre il n a pas tre litt raire et sa traduction ne pose pas de probl mes sp ciaux Cependant il est des cas plus discutables Soit le po me de H de Campos reproduit fig 14 Si on nous explique en legende que le mot c digo signifie code nous perdons le plaisir de d couvrir nous m mes ce mot dans le puzzle visuel que constitue cette image et pire encore si on attire notre attention sur le mot god qui s y trouve aus
161. ais office de t moignage fut transmis G rolf Steiner assez t t pour que ce dernier le m ne publication apr s en avoir assur l illustration au moyen des graphiques et des planches n cessaires R imprim vingt ans apr s sa premi re parution francaise le volume vient de conna tre la faveur d une nouvelle dition chez Dunod e est assez prou ver que ni son succ s ni sa valeur ne se sont d mentis depuis quatre d cen nies lei comme ailleurs le mort saisit le vif puisque l existence r volue de ces cr atures d exception p rennis e par le livre demeure soumise au crible de la communaut scientifique internationale Voil pourquoi la zoolo gie des Rhinogrades ne saurait se concevoir comme une sp culation fugi tive mais comme l tude physiologique et thologique d un ordre animai d ment situ dans l arsenal historique et pist mologique des sciences de la vie dans le paradigme de revolution sp cialement De nouvelles investiga TEXTE IMAGE tions suivies de nouvelles d couvertes durant les ann es quatre vingt de vaient en outre assurer une peu commune fortune cette entreprise au point que la notori t des nasins leur permet aujourd hui d occuper plu sieurs sites de l internet au texte originel fait d sormais suite une effer vescence interactive que viennent soutenir avec photographies couleur s quences anim es et liens hypertexte les riches moyens du multimedia De cette complexit typol
162. al base sur la section dor e comme celui que l on a reconstitu d apr s le Doryphore de Polycl te 3 Une m thode graphique permettant de moduler des variantes du canon id al se servant probablement de proc d s identiques ou analogues ceux de Hambidge pour la composition ou d composition harmonique 11 des surfaces et des volumes 6 L artiste qui est sensible aux proportions et aux rapports des choses entre elles ne peut qu tre attentif aux riches apports qui viennent de la liaison de l image et du chiffre De nombreux philosophes antiques donnent l exemple de certe tentative de mise en ordre du monde par le nombre Il y a les Pythagoriciens pour lesquels tout est arrang selon les nombres ainsi que d autres philosophes tels que le n o pythagoricien Nicomaque puis Platon Vitruve et surtout de facon tr s pr cise Euclide qui d crit d j ce qui sera appel plus tard le nombre d or On concoit donc d s l Antiquit que le nombre peut tre l essence de la forme et qu on Pappliquera a tout ce qui est visible Comme la nature est alors un mod le de perfection l artiste concoit son travail comme une ad h sion l ordre du monde une adh sion qui n est pas superficielle ou floue mais pr cise et m me math matique Le mimesis qui exige une action pr cise pour tradurre en image et de facon la plus efficace possible un sujet une id e et une motion impose des contraintes particuli res de lisibilit et
163. alistes comme chez Delvaux ou Magritte 7 Si l on reprend l exemple des signes forts on peut distribuer des personnages en noir ou des objets dans un espace plus ou moins irr el repris d une peinture ancienne ou cr de toutes pi ces decompose ou non comme l a fait Magritte En fait ces exemples montrent que l on joue avec la r alit que l on a tendance la tyranniser et qu en ce qui concerne la peinture figurative si l on veut rester r aliste les probl mes de continuit et de coh rence sont aussi complexes que dans la langue m me s ils ne rel vent pas des m mes r gles C est pourquoi on est tent par des syst mes qui permettent des permutations partielles IV Reprise et redistribution totale ou partielle des l ments d un ensemble donne L on en arrive divers cas de redistribution d l ments 1 On peut partir d une composition g om trique ou autre qui ser vir de base que l on r p tera autant de fois qu on le voudra n 14 et ajouter ces bases un nombre limite d l ments formels capables de tirer l ensemble vers un sens figuratif par exemple ici une foule n 15 Ce proc de qui opere donc la mutation d une organisation donn e est appel poesie spanale par Isabelle Dubosc L on a ici quelque chose qui rappelle la fameuse technique roussellienne des deux phrases presque identiques on garde le maximum d l ments et l on en change un minimum On peut d ailleurs essa
164. amie OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES Marie Chaix est tr s clairante on y apprend comment Perec a emprunt ce proc de une forme de r p tition anaphore liste peut tre d riv e de Gertrude Stein par le truchement notamment de Harry Mathews et comment il le proposa un temps comme un jeu de soci t ses proches Mais c est moins une comparaison entre les deux auteurs qu il convient de faire qu un parall le puisqu ils ne se rencontrent pas L artiste new yorkais donne des souvenirs tr s personnels touchant notamment son homosexua lit ou refl tant le mode de vie tr s mat rialiste de l Am rique des ann es d apr s guerre et il lui arrive de regrouper ces instantan s qui peuvent tre des souvenirs de fantasmes comme dans une r verie ou une autoanalyse L crivain francais de son cot explore les lieux d une m moire collec tive essentiellement verbale et les combine selon des contraintes cach es pour leur donner un mouvement al atoire Le sous titre Les choses com munes I qui reprend Les Choses place son livre entre la revue de socio logie Cause commune et tei classique japonais qui comporte des inventaires po tiques de diverses choses En tout cas si l on ne s est pas souvenu que le titre avait d j t utilis par Georges Simenon Je me souviens Presses de la Cit 1945 r d 1961 on se souviendra du livre de Perec La forme litanique de certe remembr
165. ammif res Robert Laffont 2003 486 p tymologique anecdotique linguistique cet ouvrage qui ne se veut ni ency clop die ni dictionnaire ni manuel scolaire se Ut en effet comme un roman Au fil de ses 441 pages avec pour seule contrainte mais quelle contraiate d pui ser origine connotations expressions sens cach s et autres l ments ludiques portant sur tous les noms de mammif res figurant au moins dans les trois diction naires usuels r cents de la langue francaise Si nous avons le plaisir de red couvrir dans ce bestiaire d un gerire nouveau le cynisme du chien sous la canicule ou le bceuf sous le septen trion nous sommes surtout merveill s par le savoir humaniste et encyclo p dique des auteurs qui nous permettent d avoir une vision globale des racines curieuses et insoupconn es autour des trente cinq th mes abor d s du loup au bonobo ainsi que de leur volution et des expressions de toute nature qui en ont d coul De phon tique articulatoire en recherche tymologique approfondie couvrant notre plan te de l algonquin P trusque l aide de cartes de diagrammes d anecdotes de r cr ations litt raires voire de tests de con naissance tout est clair organis souriant formateur Comme dans la m thode Assimil l amateur de mots aborde sans peine la toponymie du cheval de Penmarch au lion de Ceylan ou au singe de Bougie l onomastique de Bossuet Louvois ou la traduction de b
166. amp pulther Co htigieauda TEXTE IMAGE doubl exploration des possibles terminologiques et morphologiques dont la taxinomie tay e par des s quences descriptives ou des micro r cits parfaitement typ s constitue la parfaite exemplification Une l mentaire approche lexicologique permet ainsi de mettre en vidence des gradients dont la disposition progressive est logiquement su bordonn e la hi rarchie des sp cimens recens s Confronter la d signa tion de l esp ce avec hyponyme assorti d une pith te et celle de l ordre grace au pantonyme c est aussi inverser totalement le rapport entre intension et extension plus s accroit le champ de r f rence saisi plus diminue la pr cisison vis e r ciproquement le nombre de traits d finitoires augmente mesure que se restreint la classe des objets appr hend s A nsi le Remanonasus menorrhinus se d finit il comme nasin monorrhine nasestre asclerorrhine georrhine holorrhine nannonase alors que toute la phalange des Brachyproata ne comporte de traits g n riques que nasin et polyrrhine Le Nasobeme Nasobema lyricum Ordre RHINOGRADES Nasins Sous ordre POLYRRHINA Plurinases Phalange BRACHYPROATA Br vinases Trib TETRARRHINIDA Quadrinasides Famille Nasobemidae Nasob mides Gerire Nasobema Nasobeme Habitat Hidudiffy Taille 25 30 cm Poids 3
167. an Ren Lassalle Extraits de Die Aphorismen Eine Einfuhrung in die Mechanik 8 volumes 1992 Sonderzahl Verlag Vienne Volume 7 pp 9 12 7 5 ce que je dois me cacher pour rre moi m me e est ce qui me montre tout le reste tout ce que je dis ne me rend ni plus clair ni moins clair moi m me parler de soi se rendre inconcevable tout ce que l on fait est la tentative constamment chou e de se d truire en tant qu objet de soi aphorisme m me ceux qui se rendent leur bonheur insupportable imitent sans succ s leur ennemi la fin connaitre parmi un groupe d tats trouver celui isole qui soit appropri pour choir de lui m me ce qui choit d j moi effet de tout ce qui ne peut tre percu soi quand moi je me r ponds plus souvent avec oui qu avec non quand ca se r pond plus souvent avec non qu avec oui moi la g n ralisation qui se base sur une r gie qui consiste classer tout ce qui arrive comme une exception qui est aussi un hasard eS faire cas de rien c est rapporter tout soi il est impossible d imaginer comment ce serait si je nepouvais plus utiliser le mot je 7 5 1 aphorisme comprendre c est une facon de se ronger soi m me si l on avait tout compris il ne resterait rien il n y a pas d objet plus impropre tre discut qu un soi la r ponse la plupart des questions est celui qui les pose et qui le comprend en les posant est celui qui pourrait t
168. ance comme il aimait le dire a d ailleurs donne lieu sa disparition une progenitore copieuse dans les deux sens du terme et qui n est pas pr te de s teindre Pour ses qualit s intrin s ques et pas seulement pour son caract re de d clencheur du livre de Perec on se souviendra du Je me souviens de Joe Brainard A C Dominique Buisset D estoc amp d intaille L pigramme Essai de lecture et d anthologie Architecture du verbe Les Belles Lettres 2003 498 p Cette collection mythique rena t de ses cendres avec un superbe album blanc comme il se doit dont le format est inversement proportion nel la taille du po me en question ce qui le rend malheureusement hors de la port e des acheteurs non institutionnels 50 euros Il s agit de l ouvrage depuis longtemps attendu d un po te qui est l un des meilleurs connais seurs de la poesie grecque et latine doubl d un esprit qui ne se laisse pas marcher sur les pieds si l on peut dire Sei attique et travail de romain caract risent cet essai d anthologie Plut t que sur la pointe assassine l estoc l auteur insiste sur l aspect de miniature immediate Pintaille de l pigramme qui signifie litt ralement in scription Il affiche son point de vue sur la quatri me de couverture L pigramme n est pas une forme Ca commence bien L pigramme n est peut tre pas un genre Epi gramme est d ailleurs d un genre incertain L pigramme
169. ande dessin e contemporaine Mais je suis tonn de constater qu elles restent confin es dans un petit univers On ne voit jamais ou tr s rarement de grands d bats la t l vision ou la radio autour de la bande dessin e mobilisant des personnalit s qui prennent parti comme on en voit propos de cinema de litt rature ou de peinture Et quand il y en a c est presque toujours pour de mauvais pr textes une adaptation d une oeuvre litt raire en bandes dessin es par exemple Formules Que lisiez vous enfant et quels ont t vos mod les EL J ai lu tout Tintin bien sur puis Gotlib et les auteurs qui travaillaient dans Pilote autour des ann es 70 Fred G b Cabu Alexis Reiser etc Ensuite Goossens Surtout Goossens On constate qu il y a d ja des utilisations de contraintes dans tous ces classiques Par exemple beaucoup d auteurs de bande dessin e ont prati qu la contrainte de l histoire muette comparable au lipogramme ou de l it ration iconique Fred et Gotlib ont notamment exp riment de nom breux jeux avec les structures de la bande dessin e Fred a par exemple utilis le trac du personnage qui se balade dans les cases Gotlib dans une histoire de Gai Luron jouait avec les 2 cot s de la page Gai Luron recoit un seau d eau lance de l autre cot d un mur et de la page la page formant le mur entre les deux sc nes C est simple mais efficace Formules Dans l pisode 5 du comix am r
170. aque fois qu on l entrouvre on plonge dans un autre monde celui du vert paradis des amours enfantines A C Jean Pierre Saucy Paul P roman Calmann L vy 2003 294 p Un livre pais la couverture jaune cadmium Sur la photographie en quatri me de couverture l auteur fait grise mine Ce livre est l ceuvre d un passionn de litt rature disciple de Perec Ca a m me tout l air d tre son chef d oeuvre celui que l apprenti pr sentait ses ma tres du temps du compagnonnage L auteur pardon le narrateur appel calligraphe em rite a pour viatique La Vie mode d emploi Le personnage de papier nomm Paul R le r cit de sa qu te d identit ainsi que les techniques d criture proviennent en droite ligne de La Disparition Les figures de rh torique entre parenth ses voquent Quel petit v lo les descriptions de lieux Esp ces d espaces On se retrouve en terrain connu On reconnait ais ment les contraintes utilis es qui sont d j bien rod es pour ne pas dire rod es prolif ration de mots contenant un P que l auteur a tir s du Robert la version lectronique lui aurait grandement 325 ESSAIS facilito le travail textes monovocaliques en E puis bivocaliques en E et A puis E et U et quelques autres Des explications sont donn es a chaque fois Vendons la m che finale Paul P est un fils de P pas un fils de p c est le fils de G P en personne et ce nom veut dire aussi Paul
171. ard Manessier restent tr s attach s la spiritualit Au XXe si cle jusque vers les ann es 50 on voit se d velopper un souci de plus en plus grand pour les l ments formels de la peinture qui vont devenir le sujet m me de l art la couleur pour certains l agencement des formes simples pour d autres ou encore la d couverte de mati res tonnantes Un groupe de peintre orphistes a pu crire La couleur possed un potentiel suf TEXTE IMAGE Jisant pour tre elle seule le sujet is Affirrnation impensable pour les peintres du passe qui ne peuvent r duire la peinture un souci esth tique ou tout simplement un jeu ou une provocation comme c est le cas pour certains artistes modernes 5 La p riode des avant gardes la contrainte face aux nouveaux syst mes esth tiques Les nouvelles r gles esth tiques s affirmeront avec l av nement des avant gardes au d but du si cle Ces nouvelles r gles s laboreront partir du refus de la contrainte de la mimesis En effet le danger de la descrip tion mim tique qui abaisse l art est bien soulign par Robert Delaunay Tant que l art ne se degag pas de l objet il reste descriptif litt raire et s abaisse en employant des moyens d expression incomplets en se condam nant l esclavage de l imitation 16 Le rejet du r alisme et du naturalisme du XIXe si cle trouvera des moyens d expression nouveaux dans les langages formels qui son
172. arit d un regime parti culier des arts c est dire d un type sp cifique de lien entre des modes de production d oeuvre ou de pratiques des formes de visibilit de ces prati ques et des modes de conceptualisation des unes et des autres on sent bien qu il insiste sur le lien nouveau qui relie la pratique la conceptualisation de cette pratique et la conceptualisation de ce que l artiste cherche transmettre il nous met sur la voie de ce suppl ment de r flexion qui oblige le peintre reprendre les probl mes fondamentaux z ro contrainte de nouveaut oblige Ainsi sera aussi renouvel le lien entre la pratique et la r gie lien qui change s inverse m me parfois les formes engendrant la prati que la pratique engendrant la r gie et la r gie des id es sur ce qui peut devenir lisible Ces attitudes nouvelles pr sideront aux destin es de la contrainte 1 Entre la r gie et la contrainte un d nominateur commun La contrainte actuelle est paradoxale car elle exige une pr cision tr s grande mais elle autorise et m me suscite une part de libert pour assurer l invention de r gles nouvelles Les r gles qui autrefois s imposaient de facon si evidente qu on les acceptait sans les contester deviennent plus discutables Elles taient immuables elles deviennent mouvantes Elles re levaient d une n cessit absolue celle d un savoir faire sans lequel on ne pouvait pr tendre exercer le m tier de peintre elle
173. arne donc l id e que le livre pour se vendre le livre star n h site pas se faire grillard J en arrive l o je voulais en venir D un certain point de vue certe image participe de l expression m taphorique les dessous de la litt rature savoir les choses cach es comme les dessous d une femme demi dont les media la rumeur ou la critique se font une joie de parler Restons sur l isotopie rotico grillarde Il est question souvent de prostitution de la chose lirt raire ou parce qu il s agit d tre la page justement le sexe doit tre au programme S agirait il de quelque prix lirt raire F mina d voy Ironie de Phistoire le dernier livre de Catherine Millet vient de sortir L image de Billy Wilder reconfigur e par notre graphiste n est pas qu une parodie Elle constitue aussi le pr texte le texte avant le texte et le pr texte la raison qui suscite quelque chose dans lesquels Desclozeaux rep re ce qui se pr te son propos savoir d une part les pratiques discutables pr sidant au lancement de certains livres d autre part la f tichisation au sens freudien du terme des choses En un mot le d sha billage et le marketing dont le teasing est un proc de connu Ce qui en condensant ces deux notions pourrait s appeler le strip teasing Nul doute que Desclozeaux soit mille lieues de ce mani risme analytique lorsqu il fait son dessin Et pourtant Troisi me exemple Illus
174. artie Czernin fait abstraction de ces notions fonda mentales et n emploie que des termes qui peuvent designer des processus temporels comme passer ou rester tre ou devenir ce qui donne des sonnets particuli rement secs mais int ressants leur mani re Le carac t re philosophique marquant d j une grande partie des po mes de la pre mi re et la deuxi me partie y est nettement accentu l absence generale de sentiments ou d ambiance po tique y est pouss e l extr me Les sonnets y sont quasiment r duits aux relations possibles entre le pr sent le passe et le futur Czernin pratique un changement continuel de point de vue de sorte que ce qui para t d abord logique appara t absurde ou impensable au bout d un moment Comme dans la pratique d un koan boudd histe le moment o l intellect se relache apr s un effort intellectuel sans r sultat satisfaisant peut tre d une fraicheur surprenante Voil un de ces sophismes complexes et paradoxaux 7 comme Czernin d signe ces Zeitsonette sonnets de temps 69 DOSSIER bleibe wenn das was vergeht das ist was nicht vergeht dann ist das was jetzt das ist was ist das was jetzt das ist was war wenn das was jetzt das ist was ist jetzt das ist was verging dann ist das was nicht vergeht das was verging wenn das was jetzt das ist was verging jetzt das ist was war und das was ist was ist das ist was ve
175. assent le niveau du texte proprement dit Pour d autres c est T tre m me du litt raire qui rayonne partir de cet adieu la fiction En effet le personnage de Jordane pour fictif qu il soit ne r sulte nullement d un d sir de travestissement Il nonce au contraire la loi m me de toute criture qui compte la prise de conscience qu entrer en litt ra ture qu on le fasse comme crivain ou comme lecteur implique une ma ni re de d doublement et plus g n ralement encore une mani re de com munaut Je est un autre et il est le m me et cette d couverte une fois faite ne peut plus tre annul e par quelque rationalisation que ce soit Dans l oeuvre de Puech cette v rit litt raire est d sormais tellement tablie que l auteur ne ressent plus le besoin de l expliciter Faide d un tiers invent simultan ment mod le et rivai id al et repoussoir Jordane disparu Jordane absent tout cela n y change rien plus le personnage fictif est mis distance plus il est pr sent parce que c est dans un livre que cet effacement se communique parce que cela se passe dans le livre que le lecteur tient entre les mains parce que c est lui m me le lecteur qui sent qu il est devenu le Jordane dont chaque mot condition d tre lu affirme la pr sence paradoxale A l instar de Val ry Larbaud Jean Benoit Puech passe pour un cri vain pour crivains Cette d finition est absolument fausse puisque peu d auteurs
176. assique du XX si cle Certe dition en un volume des romans et r cits publi s du vivant de Perec le lecteur n y trouvera donc ni les crits proprement autobiogra phiques ni les essais procur e par Bernard Magne pr sente avec l gance des textes pr cis ment tablis Les Revenentes est bien absolument d pourvu de toute autre voyelle que le E et l index de Quel petit v lo guidon chrom aufond de la cour se fonde effectivement sur l ouvrage que le lecteur tient entre ses mains Le volume comporte en outre une pr face Georges Perec romancier suivie de rep res biographiques et bibliographiques et chaque roman ou r cit est pr c de d une notice Dans sa pr face Bernard Magne d finit par quatre traits caract risti ques le r alisme de Georges Perec romancier la recherche de l ex haustif un exhaustif lexical dans les romans lipogrammatiques le re cours aux emprunts la pr sence de l autobiographie et le go t du romanesque En quelques pages le lecteur perecquien presse si tant est que puisse exister un rre aussi chim rique trouve rassembl en une synth se pr cise l essentiel des recherches r alis es autour de ces ques tions pendant les vingt derni res ann es La pr face comme les notices mettent en avant deux points cen traux la place de l oeuvre romanesque de Perec dans le champ litt raire et celle du lecteur par rapport certe oeuvre S agissant de
177. ative en y ajoutant ou en retranchant certains l ments comme l ont fait Dali ou Duchamp On peut aller plus loin et apporter un personnage peint des modifications syst matiques comme l a fait Jean Margat avec la Joconde 4 On peut sans aucunement toucher aux l ments obtenir une sorte de combinatoire optique condition que le tableau comporte une super position de sens n 19 Le spectateur distinguer en un m me morceau du tableau soit une forme soit une autre et cette possibilit ira se r p tant il d couvrira donc suivant qu il privil giera tei ou tei aspect une multitude de tableaux diff rents On a l une amplification de l effet produit par tout tableau complexe comportant une part de myst re ce qui est le cas des 127 DOSSIER grandes osuvres Il en va de m me dans Pexemple de poesie spatiale pr sente plus haut on y voit tant t des visages tant t des animaux mais jamais toutes les formes iiguratives ensemble V Mariage entre litt rature et art plastique L on en attive enfin apr s ce long cheminement au mariage concret entre litt rature et art plastique On pense bien entendu imm diatement aux nombreux cas o de grands peintres ont illustre des osuvres litt raires et ce qu on appelle g n ralement livres d artistes Mais on trouve aussi bien d autres cas de m lange plus ou moins troits entre texte et image Les plus intimes de ces mariages tant ceux o le
178. autant qu il les incarne 25 On peut r sumer l histoire de ces transformations en consid rant que avec les avant gardes on est passe de la peinture sujet caract re souvent historico religieux ou social la domination des recherches for melles et donc au triomphe des l ments plastiques purs On assiste par la suite de nouvelle relations entre disciplines et donc Pannexion progres sive des buts et moyens venus de domaines annexes comme la d coration le dessin industriel la publicit ainsi que des savoirs en apparence plus loign s telles la biologie ou les math matiques Toutes ces mutations ouvrent la voie des recherches et des moyens d expression nouveaux qui entra neront le mariage de la contrainte et de la libert en autorisant des r gles purement individuelles C est ce moment TEXTE IMAGE l que le terme de contrainte sera employ semble t il pour traduire la recherche syst matique de ces r gles nouvelles et parfois absurdes Que ces moyens m nent des effets purement esth tiques est d ailleurs contestable C est peut tre pour certe raison qu on ne les a plus nomm s r gles On est donc tent de montrer que le terme de contrainte traduit un passage entre le souci dominant d une esth tique incontestable souci suc c dant lui m me la volont d utiliser des r gles de l art pour une repr sentation plus ou moins id aliste ou plus ou moins r aliste et le souci de
179. autri chien oberfl chen bersetzung En voici un exemple partir d un c l bre po me de Wordsworth my heart leaps up when I behold a rainbow in the sky so was it when my life began so is it now I am a man so be it when I shall grow old or let me die the child is father of the man and I could wish my days to be bound each to each by naturai piety William Wordsworth qui devient mai hart lieb zapfen eibe hold er renn bohr in sees kai so was sieht nahe emma mahen so biet wenn arschel grollt ohr leck mit ei seht steil dies fader rosse mahen in teig kurt wisch mai desto bier baum deutsche deutsch bajonett schur alp eiertier Ernst Jandl Avant que la mort ne Femporte Dom Sylvester Hou dard un autre po te visuel marquant bilingue car originaire des iles anglo normandes et obs d par les id es de sym trie et de r versibilit avait constitu une im mense collection de graphies utilisables 4 la fois en francais et en anglais Dans leur utilisation il aboutit tout normalement 4 un concept de traduction r versible o il est la fois l auteur et le traducteur et o il n y a pas de langue de d part ni de langue d arriv e chaque version tant authentique ment la traduction de l autre fig 6 La poesie visuelle comme son nom l indique tout en restant poesie c est a dire bas e sur des mots fait appel au moins partiellement a des configurations spatiales Sa traduction va donc poser des prob
180. bevor es trieb das was gewesen war bevor es gewesen ist indem was treibt so treibt wahrend es bliihen wird und das was trieb wahrend es bluht TEXTE IMAGE so ist jetzt da es treibt und also keimte und auch bliihen wird das was so keimt nachdem es keimte was gewesen ist nachdem es schon gewesen war wie jetzt da dies nun bluht und also trieb und reifen wird das was gewesen sein wird nodi bevor es sein wird das ist was erst reifte nachdem es reift o maintenant que cela germe et que cela poussera donc ce qui a pouss avant que cela pousse est ce qui aura t avant que ce ne soit par lefait que ce qui a pouss n a pas pouss pendant que cela fleurit mais ce qui a pouss a pouss aussi longtemps jusqu ce que cela pousse maintenant maintenant que cela murit et que cela a donc fleuri ce qui pousse avant que cela ne pousse est ce qui avait t avant que cela n ait t par lefait que ce qui pousse pousse ainsi pendant que cela fleurira et ce qui a pouss pendant que cela fleurit ainsi maintenant que cela pousse et que cela a donc germe et que cela murira est ce qui germe ainsi apr s que cela a germe ce qui a t apr s que cela avait d j t comme maintenant que cela fleurit alors et que cela a donc pouss et que cela murira ce qui aura t encore avant que ce ne soit ce qui m rissait seulement apr s avoir muri Dans la troisi me p
181. bliga tion cr e par les r gles en usage dans un milieu par les lois propres un domaine par une necessit etc on est force d admettre que la contrainte existait depuis toujours et qu elle se confondait alors avec la r gie Ainsi pour obtenir une couleur il faut r fl chir au pouvoir colorant de certaines mati res la facon de les obtenir partir de certains mat riaux de les int grer dans une p t de les d layer etc et Fon constate que certe science de la couleur existe depuis les d buts avec un ensemble de proc d s qui comme le souligne Vibert ne sont pas si loign s de notre approche ac tuelle Si rudimentaire que soit ce proc de il contient en germe tous les autres Les nombreuses mati res colorantes mises aujourd hui par la nature ou la science la disposition des peintres sont presque toutes des combinaisons de ces troisprincipes l argile les sels min raux et les tein tures v g tales 2 Principes d couverts par les hommes des cavernes qui connaissaient le pouvoir colorant de certaines terres ou de certaines plantes et qui avaient une technique pour les appliquer sur les parois des cavernes On peut donc trouver un d nominateur commun la r gie et la contrainte elles contiennent toutes les deux des recherches sur les l ments indispensables la technique et des processus contraignants certe proposition a l avantage d autoriser une comparaison fertile pour la com
182. blots La question du nombre parait ici pertinente Perec photographe adopte un type d approche s rielle que l on peut rattacher a la notion d puise ment Hormis les polaroids 6 trois hublots dont deux tronqu s et 24 deux cordages sur fond de ciel et mer les trente neuf clich s de Perec pr sentent trois motifs seulement les containers des portions du bastingage la mer et le ciel qui figurent par ailleurs sur l ensemble des clich s dans des configurations vari es Or l puisement est ici doubl s il rel ve pour une part de la dynami que exploratoire de Pencyclop disme perecquien il d signe galement une d perdition r f rentielle Les trente neuf polaroids de Perec apparaissent en effet comme la mise en s rie d une disparition photographique La disparition est signifi e doublement par des caract ristiques originelles des clich s cadrage exposition mise au point et du fait de leur vieillissement Les choix de cadrage sont parfois remarquables sur certains cli ch s on peut peine parler de motif dans la mesure o l objet photogra phie a comme tei une existence minimale par sa t nuit les deux corda ges du polaroid 24 ou sa situation aux bornes extr mes de l image dont il a presque enti rement disparu certe quasi disparition signifiant plus for tement que sur les clich s de mer Y videment r f rentiel Par ailleurs les photographies faites par temps de brouillard
183. cacegeg et diagonalement adadoror et chaque fois galement dans le sens retrograde klkbaba etc Ils forment alors des huitains wxwxyzyz aux rimes partiellement diff rentes chaque fois La lecture retrograde des colonnes est rapprocher de celle des vers du po me appel chapelet renvers forme d crite par Pierre Fabri dans son Grand et vrai art depleine rh torique 1521 et elle peut s tendre ici aux rang es Enfin il emerge ici un troisi me sens de lecture possible la lecture diagonale et son inverse Ce po me r sulte de la projection d une liste d items sur un cadre deux dimensions qui voque un chiquier Certe liste est issue des litanies de la Vierge de la poesie latine Les unit s qui servent ce passage sont des propositions syntaxiquement ind pendantes syntagmes nominaux ou ver baux recalibr es pour le nombre de syllabes et la terminaison A l epoque les po mes en vers bris s qu tienne Tabourot des Accords appeller les vers couppez gt taient compos s de telle sorte que leurs vers puisent tre lus selon les lignes horizontales et leurs sous vers selon les colonnes verticales En mettant entre parenth ses la discussion sur d autres partitions possibles et sur ses possibilit s combinatoires donnons l exemple de l oraison la Vierge de Jean Meschinot auquel ce po me marial fait d ailleurs suite sur le m me manuscrit en d gageant les rimes internes g
184. cach e On est donc tent de lier la contrainte un vaste mouvement un courant fondamental de l art une donn e permanente Et c est en d cri vant de facon rapide les caract ristiques de ce courant et de ses temps forts que l on comprend mieux sur quoi repose la notion de contrainte de quel milieu elle va emerger de quels l ments elle se nourrira Ce courant on pourrait l appeler le courant de l ordre au vu des divers retours l ordre mais il pourrait aussi s appeler le courant de la recherche et de Pexp rimen tation une recherche qui d s l origine est li e la science pour la confec tion et la stabilite des couleurs et plus tard la geometrie et aux math ma tiques pour la mise en place de la perspective courant qui d termine petit petit les r gles de composition et de technique picturale qui transmet les donn es traditionnelles et qui tente de fonder de nouvelles r gles universel les en demeurant l coute des sciences Car l art a toujours recherche une efficacit technique soit pour faire surgir des animaux et des dieux sur des parois et des murs soit pour reproduire la r alit soit pour la rendre sublime soit pour cr er de l imaginaire La recherche est donc consubs tantielle la d marche artistique recherche qui devient de plus en plus syst matique TEXTE IMAGE Quand J Ranci re affinile La notion de modernit esth tique recouvre sans lui donner aucun concept la singul
185. ccentu e chez les autres G orrhines p 36 ou r trospective lorsque ces chan gements sont vus comme accomplis la ciliature d Enterorrhinus s est tendue toute la surface du corps Le cerveau a perdu au moins ext rieurement toute trace de m tam risation p 37 les extr mit s post rieures des Saltonases sauf quelques vestiges rudimentaires des tibias et des f murs ont compl tement disparu le nez devenant le seul organe de locomotion p 41 Le Saltonase Hopsorrhinus aureus Ordre RHINOGRADES Nasins Sous ordre MONORRHINA Uninases Section NASESTRIA Trib SCLERORRHINA P dinases Sous tribu HOPSORRHINIDA Saltonases Famille Hopsorrhinidae Saltonases s str w Genre Hopsorrhinus Saltonase Habitat Tout l archipel Taille 12 cm Poids 16 g Sans vraiment s abandonner des postulations t l ologiques le dis cours savant presuppose donc une evolution orientee sur un axe avant apr s en m me temps qu il rend compte de stases distinctes Or confor m ment aux agencements sp culaires d j rep r s le vecteur chronique affecte aussi outre l objet tudi le protocole m me de la monographie car ce corps de savoirs qu a d termin la d couverte des Nasins se trouve lui m me cern sous le rapport de sa constitution progressive travers force vicissitudes incertitudes et bouleversements pist mologiques Loin de constituer un tout d fmitif et
186. chiavetta ditorial L criture telle que nous la connaissons et pratiquons est un objet qui se d ploie aussi bien dans le temps que dans Pespace elle est quelque chose qui se voit dans l espace mais aussi se parcourt dans le temps et m me quand nous ne faisons que l entendre l coute tant par d fimtion temporelle elle ne laisse pas moins de s appuyer galement sur des dimen sions visuelles la m moire par exemple qui est n cessaire toute com pr hension ob it aussi une logique de l espace L criture contraintes ne fait nullement exception certe loi generale M me s il existe des con traintes purement visuelles comme par exemple Pacrostiche ou purement temporelles comme par exemple Pisorythmie la plupart des r gles mises profit dans l criture contraintes rel vent manifestement des deux r gi mes Le cas de la rime est ici tr s parlant A premi re vue ce proc de parait relever essentiellement d un crit re temporel dans la tradition francaise la rime est ce qui marque ou rehausse la fin d un segment de longueur d ter min e la longueur en question n tant pas spatiale mais temporelle le vers n est pas exprim e en nombre d espaces typographiques mais en nombre de syllabes Toutefois il appara t tr s vite que dans les segments plus longs la rime ne devient perceptible que dans la mesure o elle est soulign e par un aspect visuel le passage la ligne il faut rappeler ici u
187. chiffre 8 jouant un r le important dans le texte et une histoire raconter Certe approche exp rimentale permettait 4 Widhalm d observer les effets de la combinai son d une syntaxe rompolienne donc peu labor e et r p titive avec le nouveau contenu qu il avait d cide d y fondre Comme le lecteur n a pas acc s au texte de d part du roman il ne peut pas v rifier l application de la contrainte dure de l homosyntaxisme Aux yeux de Widhalm cela n a pas d importance car un texte doit fonctionner ind pendamment Si Fon d finit un texte contraintes comme texte dans lequel l application des contraintes est objectivable le roman de Widhalm devrait alors plut t tre consid r comme un texte proc de syst matique et contraignant Le fonctionnement du rompol c est ce que Widhalm a d tudier profond ment pour ce roman dans lequel il m ne un jeu complexe et subversif avec ses structures et ses intentions Parmi les publications de Use Kilic je voudrais signaler un tr s beau texte crit sous la contrainte du prisonnier romanze vor einem zaun romance sous un verrou lire sur le site www dfw at wohnzimmer htm puis dans un recueil dite par Lisa Spalt portant le beau titre nach der thrillerpfeife aller aux fl tes mot cr en introdui sant un h et en transformant ainsi le sifflet roulettes en un sifflet thriller gt un texte de longs chos o chaque phras
188. commence par l examen de ce qui au sein des arts plastiques peut apparaitre comme la manipulation la plus sp cifique on ira voir du cot de celle qui porte sur des l ments formels pour les rendre mobiles Manipulation qui priori parait difficilement pensable en litt rature m me si les lettristes en coupant les lettres ont rendu cet l ment aussi manipulable qu une forme g om trique On sait que c est au Bauhaus que naissent et se multiplient sous la direction de Moholy Nagy et d Albers des tudes sur les l ments simples et par la suite des syst mes que l on peut classer parmi les premi res oeuvres dot es de mouvement Certains comme Du champ avec sa roue de bicyclette Gabo Tatline ou L ger s int ressent aussi tr s tot au mouvement des formes plastiques Depuis un certain nombre d artistes pratiquant l abstraction g om trique en Europe et aux USA dans le Hard Edge ont montr leur capacit d invention en cr ant des oeuvres o l on trouve une r p tition s rielle d l ments plastiques et en imaginant des syst mes d assemblages de formes en mouvement Agam d s 1953 puis en 1954 la Galerie Louise Ren pour l exposition le mou vement Poi Bury et ses cr ations dans les ann es cinquante Tinguely avec ses reliefs et sa machine peindre en 1959 Calder avec ses mobiles Jaquet et ses rouleaux la Galerie Breteau en 1962 le mouvement cin ti que et le groupe GRAV dans les ann es 60
189. cri tique d une maitrise auctoriale absolue y compris dans le champ de L CHO DES COLLOQUES P erreur Or le manuscrit de Stockholm offre un aspect mat riel fort diff rent dans ses deux parties la fragmentation tr s remani e de la pre mi re s oppose le manuscrit continu aux corrections peu nombreuses de la seconde et David Bellos propose d s lors de renoncer l id e qu un prin cipe unique pourrait rendre compte des erreurs de la partie souvenirs de W Il y a des erreurs et des approximations des silences et des esquives qui rel vent d une intentionnalit et d un travail d criture fait de d placements de r seaux et de subterfuges Il y a aussi des erreurs qui rel vent strement de l ignorance de fantasmes personnels ou d un travail de correction non abouti p 43 Certe place centrale accor d e a fFn emp che pas le volume d accueillir des contributions int grale ment consacr es d autres textes Les Choses Yvonne Goga Un homme qui dori John Pedersen La Disparition Mireille Ribi re La Boutique obscure Daphne Schnitzer La Vie mode d emploi Steen Bilie Jorgensen Un cabinet d amateur Manet Van Montfrans et le commentaire par Pe rec de la deuxi me partie de La Vie film e des Franqais 1930 1934 s rie t l vis e 1975 constitu e de films d amateurs C cile De Bary Quant a l histoire invoqu e elle est d abord celle de la seconde guerre
190. critique au go t du temps Pour plusieurs raisons une telle vue est erronee De mani re tr s generale il n est plus possible d en rester aujourd hui au clivage absolu de l image et du texte Tout comme le texte est traverse d un bout l autre par des m canismes visuels l image est quant elle oblig e de composer avec la langue crite ou parl e L image qu on le veuille ou non n est pas un langage articul ce qui ne l emp che pas d tre une force de communication essentielle et en pratique l immense majorit des messages visuels s accompagnent d un discours verbal quand bien m me ce dernier a perdu un rien de sa supr matie d antan De mani re plus particuli re il convient de voir dans la g n ralisation des formes mixtes d aujourd hui la forme explicite d une duplicit longtemps demeur e implicite tant du cot de l image que du cot du texte La photographie du 19 me par exemple n tait pas du tout une pratique purement visuelle les historiens apportent chaque jour de nouvel les preuves que ce genre d images ne pouvait tout simplement fonctionner sans l appui massif de toutes sortes de textes et de discours De son cot l mergence des formes br ves en poesie qui marquent en fait la naissance du lyrisme moderne est avant tout le r sultat d une rencontre des dimen sions temporelle et spatiale dans la parole po tiques C est dans certe pers pective l et non dans celle d un abandon du texte au profit de
191. cs conduisant en general la solution de l nigme Une troisi me tape am ne parfois un rebondissement par acros tiche nouvelle grille ou cryptogramme Les tapes de travail sont syst mati quement imprim es dans des pages s par es permettant de jouer avec gomme et crayon et dictionnaire sur le livre ne pas limiter aux enfants Les rudits pourront m me se chro nom trer ou tenter de r soudre les probl mes l aveugle sans utiliser les grilles A Z Oskar Pastior o du roher iasmin 43 intonationen zu Harmonie du soir voti Charles baudelaire Weil am Rhein Engeler 2002 Oskar Pastior le seul membre germanophone jusqu ce jour de l Oulipo a une longue exp rience de la poesie contraintes ayant pratiqu entre autres le sonnet Sonetburger l anagramme Anagrammgedichte 1985 le palindrome Kopfnufi Januskopf 1990 la contrainte vocalique Vocalisen amp Gimpelstifte 1992 la sextine Eine kleine Kunstmaschine 313 ESSAIS 34 Sestinen 1994 la villanelle et le pantoum Villanella amp Pantum 2000 Si toutes les formes de contraintes peuvent l inspirer Fune des caract ris tiques les plus minentes de ses po mes est la cr ation d une langue pri v e dans cet idiome qu il appelle parfois krimgotisch ou bien pastior l allemand semble lui servir de base accueillant des sons des syllabes des mots trangers latins italiens francais anglais ou imaginaire
192. cueillis par Elisabeth Chamontin et Philippe Bruhat TEXTE IMAGE Car ac b ar dL X ECE FECTINEMENT HEIN Nhs REN Fair CEST M w m A VAUT mrlR pety LR pre AT waqa Jesus sdRisveivttos FENDANT QUE JE CHARGEAIS HACHTS DE fienaie IM amp MSS tmm m 65 Momvxer ieue amp mr l coMtmrnwce Ut 5Am amp R 0 Te amp myAQUn ammsmemniti il tiecAAMie deMtmPoRisiioe A temim 149 DOSSIER Notes des r dacteurs 1 R dit e l Association en 1995 2 Al Jaffee Pour voir des exemples de ses pliages sur Internet http www lambiek net artists jaffee_al Jaffee_off jpg http www lambiek net artists jaffee_al Jaffee_on jpg 3 A paraltre en avril Pr fac par Gilles Esposito Far se 4 l Association maison d dition sp cialis e fond e par plusieurs auteurs de bandes dessin es 5 Charles Berb rian est un auteur tr s connu qui travaille toujours en tandem avec Philippe Dupuy Leur site web officiel est http www dupuy berberian com 6 http members lycos n1 amazingart E 60 html 7 http members lycos nl amazingart images verbeek_fish_story_up jpg 8 Dans l pisode 5 l h ro ine emprisonn e avec d autres personnages dans un monde paral l le la t l vision d chire la page traverse une parodie de publicit pour des comics books d occasion aux commentaires acerbes et r apparait directement dans l antre du m chant La librairie Arkham rue Soufflot ou Album rue boulevard Saint Ge
193. d Skira Gen ve 1982 p 71 14 Pierre Daix Ibid p 7 15 Revue R alit s Nouvelles n 1 Imprimerie Wolf Rouen 1947 P 25 article est sign un groupe de peintres orphistes Robert Delaunay Revue Der Sturm Cahier 144 145 Janvier 1913 Theo Van Doesbourg de l intuition la certitude in Revue R alit s Nouvelles nel Imprimerie Wolf Rouen 1947 p 3 TEXTE IMAGE 1s Gorin Le N oplasticisme et la Vie Sociale in Revue R alit s Nouvelles n 1 1947 imprimerie Wolf Rouen p 37 Ibid P 36 20 Sarane Alexandrian Marcel Duchamp ed Flammarion Paris 1976 p 19 21 ibid p 28 22 ibid p 18 23 ibid p 18 24 Sarane Alexandrian Panorama du Cubisme ed Philipacchi Paris 1976 p 24 25 25 Jean Clair Marcel Duchamp et la tradition des perspecteurs in revue Art Press interna tional n 4 F vrier 77 p 15 26 Lucie Schmith Edward les arts au XX me si cle ed Konemann Cologne 1996 p 283 27 Ernest Gombrich Didier Eribon Ce que l image nous dit entretiens sur l art et la science Ed Adam Brio 1991 Paris p 118 28 DOSSIER Jan Baetens Brassai photographe crivain Le surr alisme ou le faux m lange des genres Pour aborder les rapports entre texte et photographie dans l oeuvre de Brassai il est utile de rappeler que l interaction entre mot et image a toujours t consid r e comme un des principes fondateurs du mouvement surrea liste dont il flit lui m me un des repr
194. dane il ne reste au fond que le titre et bien sur le projet lui m me pr sente dans le texte introductif de Puech Toutefois le lecteur ne peut pas s emp cher de croire que cette d cision de rupture ou cet assassinat litt raire ne s oppose nullement la poursuite voire l approfondissement de la fiction L auteur nous tendrait il un nouveau pi ge Pr parerait il de nouveaux jeux en proclamant tout haut sa volont d abandonner tout nouveau jeu sur la confusion des identi t s Bien sur se dit le lecteur mais la question n est pas vraiment l Pour le lecteur de Puech et il est important de se rappeler que ce lecteur est un 323 ESSAIS lecteur fid le c est dire un lecteur qui s int resse l oeuvre toute l oeuvre et non pas un lecteur ponctuel distrati absent en quelque sorte des en jeux fondamentaux de cette oeuvre le d ni vient trop tard puisque Jordane existe en litt rature il n est plus possible de l annuler a posteriori Pour ce lecteur encore de tout autres interrogations se font jour elles ne portent pas sur la possibilit de l effacement d un personnage donne maintenant pour totalement invent on s en tait bien dout et la limite on pourrait dire que Puech n a jamais rien fait pour y faire croire vraiment mais sur les moyens de poursuivre un texte qui semble toucher sa fin Ceux qui n ont de la litt rature qu une conception triqu e diront que ces nouvelles questions d p
195. dans revolution de la poesie par exemple ou dans l attitude des po tes Sans doute y a t il parmi ces derniers des lt explorateurs gt qui se plaisent essayer des combinaisons in dites et cr er des distances cho quantes Mais ils ne diff rent du plus timore des traditionalistes que par le degr et nullement par l essence Le d sir de faire neuf n est pas davan tage moderne et il n est sans doute rien de pire que le moderne voulu moderne vilipende par Cingria qui trouvait use et fatigant ce petit genre continuellement blasph matoire ou r volutionnaire peu de frais qui s go sille dans les revues On me pardonnera donc de ne retenir pour la modernit que des cri t res tout ext rieurs et de ramener aussit t le d bat vers des probl mes de traduction Les probl mes sp cifiques de traduction de la poesie visuelle paraissent en tout cas le reflet direct de sa modernit si on accepte que je retienne pour indices de celle ci les deux d terminations suivantes 1 Avec Max Bense 1969 les po tes visuels affirment qu il n est plus question de faire quelque chose dans la langue mais bien avec la langue 2 Le mouvement visuel poesie concr te spatiale visive lettriste post concr te entretient une nouvelle relation par rapport aux langues on se situe non plus dans une langue d termin e mais dans une pluralit de langues ce dernier trait tant d j pr sent jusqu l obsession che
196. de l criture perecquienne sont aussi des traits d finitoires de la photographie Au del de la question de la po tique perecquienne de la photographie il semble donc que l on puisse parler en toute rigueur d une v ritable po tique photographique de l cri ture perecquienne aussi bien dans l expression du manque que dans la construction de sa r mun ration 57 DOSSIER Notes 1 Georges Perec Les Choses Une histoire des ann es soixante Union generale d ditions coli 10 18 1985 Julliard 1965 p 111 2 Georges Perec La Boutique obscure Deno l Gonthier 1973 r ve 83 3 Georges Perec La Vie mode d emploi Le Livre de poche 1990 Hachette 1978 p 309 4 Georges Perec avec Robert Bober R cits d Ellis Island Histoires d erronee et d espoir POL 1994 ditions du Sorbier 1980 5 Voir Perec Polaroi ds Texte en main Grenoble n 12 printemps t 1997 p 15 Les polaroids y figurent dans l ordre choisi par Perec 6 Georges Perec Un homme qui dori Gallimard coli Folio 1990 p 29 Deno l 1967 7 Georges Perec Cahier in dit notes crites au cours de la travers e transcription de Bernard Magne Perec Polaroi ds op cit p 42 8 R cits d Ellis Island op cit pp 55 56 9 Henri Vanlier Philosophie de la photographie Les Cahiers de la photographie 1983 p 63 10 Perec note ainsi durant la travers e Photo n 6 prise face au soleil int ressante q uan d m me cause de
197. de la face ventrale de son partenaire et du bout de sa queue lui pr sente la proie devant servir de troc Le Colonnard v rifie qu elle soit bien vivante et dans la negative arrose imm diatement le donateur de sa s cr tion nauseabonde p 47 et planche VIL p 45 Comme toutes les esp ces polyrrhines doivent 4 leur appareil pneumatique endonasal d mettre durant la marche un chuintement aigu qui s entend de loin le Tyrannonase est incapable de surprendre ses victimes par une approche silencieuse p 67 et planche XIII p 69 Si les proc dures textuelles de narrativisation ont pour fonction de rendre intelligible le sensible la mise en image vise rendre cr dible ou plausible peu ou prou les ph nom nes auxquels elle conf re une pr sence quasi tangible Mais il est aussi une caract ristique formelle des graphiques que le texte traduit explicitement plusieurs reprises absolument tous pr sentent TEXTE IMAGE x des sujets dont la t te est plac e 4 gauche et le post rieur 4 droite 4 quoi s ajoute le fait pour ceux qui se meuvent sur le nez que leur t te est en bas et leur post rieur en haut Ainsi se trouve figure le mode de locomotion retrograde d animaux qui tant t glissent sur une sole de reptation comparable celle de l escargot p 22 tant t marchent tant t sautent ou s envolent mais toujours vers l arri re L inversion des rep res usuels de deixis laterale et verticale pris p
198. de la soci t et son sens moral est infiniment comment Sont publi s des trait s comme celui de Luis Ramirez Lucena 1496 et celui du portugais Pedro Damiano en portuguais et en italien 1512 ainsi que le long po me latin de Jerome Vida v que d Albe Scacchia ludus Rome 1527 qui sera traduit par Louis des Masures en 1557 Ce contexte implique l existence de nombreux essais po tiques selon cette forme dont on devrait trouver d autres exemples Les vers chiquet s au XIX si cle En suivant la marche du cheval ch re Victor Chklovski faisons un long saut jusqu au XIX si cle avec un pas de cot vers un registre plus l ger L rudit normand Alfred Canel a consacr un chapitre de ses Recherches sur les jeux d esprit 1867 ce qu il a baptis des vers chiquet s Voici son premier exemple IL LL l rjii in Si TEXTE IMAGE Le point de d part est indiqu par la syllabe mise en caract res gras Pour trouver la pi ce de vers cach e dans cet chiquier il s agit tout simplement de proc der comme le cavalier du jeu des checs Or on sait ajoute t il que le cavalier des checs fait deux pas soit gauche soit droite en avant ou en arri re mais toujours en se dirigeant d une case bianche sur une case noire ou d une case moire sur une case bianche Pour les profanes il donne l chiquier chiffres qui suit nous supprimons les cases
199. de r serve qu on formuler ce choix du mode du commentaire con duit parfois l occultation de certains enjeux dans la mesure o la lecture en prenant r solument le parti de l immanence s interdit de consid rer P oeuvre en amont pour interroger les conditions sp cifiques de son cri ture Le commentaire exclut finalement hormis dans la premi re partie la po tique La question des contraintes pourtant centrale dans l criture perecquienne n est ainsi abord e que par une br ve mention dans la sec tion consacr e L Imaginaire de la loi toutes ces cr atures de fiction sont tr s efficacement prot g es de la n cessit de la difficult de la douleur de vivre et de se confronter leur propre d sir par le carcan des contraintes et des conventions dont ils se sont bard s dont leur cr ateur les a bard s comme il s est lui m me arme d une forte carapace de con traintes scripturales p 231 et celle de la m tatextualit remarquable OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES du texte perecquien exp di e en une courte note qui pr cise que les vols des Danglars peuvent tre compris comme un reflet des emprunts intertextuels pratiqu s par Perec p 205 alors m me qu elle se relie pr cis ment au caract re mallarm en constamment reconnu au gerire policier C R Notes Harold Bloom The Anxiety of Influence New York Oxford University Press 1973 2 Claude Burgelin
200. de ressemblance avec ce que l on connait L artiste n chappe pas plus que l artisan une interrogation sur la logique liant les fins et les moyens TEXTE IMAGE 3 Les r gles de l art contraintes mat rielles et savoir Onavu plus haut que depuis les temps les plus loign s on avait d j d couvert certaines couleurs et certaines fa9ons de les lier avec de l eau et de Pargile puis de les appliquer au moyen de certaines techniques On d couvre l trois points fondamentaux de l efficacit artistique La d couverte d un nouveau liant et surtout d un nouveau diluant sera l origine des r gles traditionnelles de la peinture l huile adopt es partir du XIVe et du XVe si cles apr s les admirables d monstrations de Van Eyck Il a donc fallu r soudre le probl me de la fabrication des couleurs de leur conserva tion de leur transparence et de leur fluidit de leur mariage et superposi tion mais aussi de la constitution d un fond capable d accueillir la couleur sans se d grader Une fois acquis ces l ments de travail la r alisation de l oeuvre suppose des tapes pr cises et un ordre de succession ainsi l esquisse sera dessin e d une main l g re la mine de plomb ou au charbon de saule il faudra laisser reposer quelques jours et retoucher de temps en temps pour l am liorer Cennini conseille ensuite de raffermir le trait avec un petit pinceau d cureuil bien pointu Puis le peintre bauchait en grisa
201. de texte puis j e me suis dit ce serait plus riche de faire un palindrome de cases Formules La mise en abyme est elle utilis e Par exemple une bande des sin e o le personnage rencontrerait son auteur comme dans le Voi d Icare de Queneau EL Oui beaucoup de dessinateurs ont fait fa Marc Antoine Mathieu par exemple Son h ros recoit une page de son histoire avant qu elle ne se produise A un autre moment on voit l auteur br ler la planche Matt Konture de l Association a aussi utilis ce proc de de confrontation entre le per sonnage et l auteur lui m me Moi m me je Putilise dans mon prochain livre Et il y en a d autres Formules Et la description de la contrainte dans l oeuvre contrainte EL Oui on peut dire qu il y a de fa dans Cercle vicieux puisque le sujet de cette bande dessin e palindrome est la mise en marche d une machine remonter le temps Au moment de la case centrale l o le palindrome se retourne les personnages pensent que la machine fonctionne et puis non TEXTE IMAGE ils se rendent compte qu elle ne marche pas Quoique puisque c est un palindrome peut rre que si quand m me Formules Avez vous essay de faire des ambigrammes textes lisibles l endroit et l envers EL J ai d couvert les ambigrammes r cemment lors de la f te du palin drome Lille le 20 02 2002 grace Gilles Esposito Far se J ai alors r a lis les ambigrammes de tous les noms d
202. deux cases par page Tel choix contraint mettre en sc ne la narration d une mani re plut t que d une autre J ai en outre chang la contrainte de facon ce que la grille form e par les deux cases ne forme qu un seul bloc En d autres mots l espace vierge ou espace intericonique qui court habituellement entre les cases a t limin du moins cet espace n est il signal que par un bord de case que se partagent les deux vignettes Sur le pian graphique certe contrainte agit notamment au niveau de la r partition des noirs et des blancs dans la case Grosso modo je distinguerais donc des contraintes produites par la lecture du texte source et des contraintes engendr es par le m dium de transposition dans le cas de mon travail la bande dessin e Les unes et les autres croisent leurs effets et produisent l aspect visuel tant entendu comme je l ai signal plus haut que cet aspect est d termin par d autres facteurs qui ne d pendent pas de la probl matique de la contrainte TEXTE IMAGE Une lettre de Klamm d apr s Le Ch teau de Franz Kafka extrait iy f 195 ILLUSTRATIONS Vi m MISMI r 44 ty gt gt oi 196 197 ILLUSTRATIONS TEXTE IMAGE mL pl AR ANSE QN I x a ILLUSTRATIONS M Kasper Prose br ve Pour definir la prose br ve il suffit d indiquer qu elle se limite une demi page la limite quelques pages et que les ligne
203. diff renciez de la majeure partie des cr a tions publi es par l Association comme les BD autobiographiques EL Effectivement ma facture est certainement plus classique que la plu part des livres de l Association mais je m y sens bien J aime leur style je trouve certaines de ces bandes dessin es magnifiques L autobiographie ne 141 DOSSIER m a pas tent pour l instant J aime jouer avec les strucrures narratives ce qui m am ne autre chose Formules crivez vous tous vos textes Avez vous d j travaill en tandem EL J cris tous mes textes etje ne travaill quasiment pas en tandem Si je le faisais ce serait d ailleurs plut t avec un dessinateur qu avec un sc na riste En effet si j adore dessiner c est surtout la cr ation de l histoire qui m int resse Lewis Trondheim en voyant un petit palindrome de 3 pages que j avais fait dans la revue Lapin de l Association m a un jour propose d crire pour lui un livre palindrome qu il aurait dessin Mais le projet m avait pam l epoque impossible Puis j y ai r fl chi pos ment et j ai d cide de le faire tout seul peut tre par crainte de m en sentir d poss d Et c est ainsi qu est n Cercle vicieux Formules Avec Cercle vicieux vous avez t le premier utiliser la struc ture du palindrome en bandes dessin es EL Non j ai eu quelques pr curseurs Je pense notamment Nogegon de Schuitten prononcez skeuiteri qui a une
204. disait il une femme assise travaillant la ma chine au centre d une S majestueuse sic on y voit surtout l initiale du fabricant quoique le r bus soit clair et de sens transparent Au rebours de Breton nous ne pensons pas que le r bus soit clair pour tout le monde et de sens transparent En revanche nous sommes pour notre part enclin voir dans certe publicit fameuse une forme plastique si tonnam ment pr gnante que la question m me de sa pl nitude affleure la cons cience certe pl nitude du personnage qui se love dans le S et lui conf re son statut de femme fut elle au foyer n est ce pas l image d Eve et du Serpent alli e celle d une maternit qui s annonce C est dire de la grosse S grossesse si justement pr gnante Comme si certe recla mante image cit e par Fulcanelli et Breton avant m me d tre un r bus constituait le chiffre par excellence de la f minit charme envottant et maternit Posons d s lors certe hypoth se ce r bus publicitaire aurait ici certe vertu d oeuvrer non pas comme une devinette signal e comme telle rien ne nous pr vient de nous r gler sur un tei programme de lecture mais comme un signifiant ouvert par o s interdirait s entredirait ce que Lyotard appelle le figurai Quelque chose s nonce en effet la grossesse sans pourtant se dire clairement et qui se suspend nigmatiquement dans une sorte d inaccomplissement propice la r
205. donnent voir une dissolution des formes qui appara t comme un v ritable choix esth tique les polaroi ds t moignant d une tendance presque constante la surexposition on se trouve face des clich s baignant dans une brume luminescente qui engloutit doucement les formes estompe les contours des objets Le ph nom ne dans sa r currence parait bien relever d une d marche concert e la lumi re medium de l inscription photographique l tymologie nous le redit se fait ici l instrument d un absentement en n inscrivant que les traces vanescentes d objets perdus A la limite on a l image compl tement bianche choisie par Perec pour ouvrir la s rie des trente neuf polaroids Le flou de l image produit autrement un effet similaire d estompage r f rentiel particuli rement sensible dans le polaroid 14 juxtapos dans l album r alis par Perec un clich plus net du m me motif Certe pratique d r f rentialis e du polaroid semble donner une incarnation visuelle aux TEXTE IMAGE photographies bri vement voqu es au d but d homme qui dort m taphorisant les souvenirs resurgis du passe images inertes et floues photographies surexpos es presque blanches presque mortes presque d j fossilese Or la d perdition r f rentielle li e la surexposition des clich s est redoubl e par l exp rience du temps dont ils sont le lieu En ce sens les polaroids de Perec mettent en jeu selo
206. e pas lents de tortues Vers l horizon t nu de l aurore aurifere Mineurs d sesp r s immobiles gel s La perspective en V du v cu coul Les a ratatin s amp jet s en enfer Le polissage est rosif TEXTE IMAGE Gilles Esposito Far se Eau de vie Osons donc Honorons nos bocks Gobons nos forts portos nos longs scotchs d Oxford Consommons nos bons gros grogs nos flots d or blond d Hong Kong nos tord colons d Oslo 6 formol Offrons nos bols dopons nos corps non stop Oh cool Trop cool Prononcons nos morts voltons nos photons fondons nos plombs Hors nos gonds sortons Cognons nos fronts rompons nos trognons Fr lons l hosto knock down Flottons somnolons tot sombrons dormons Clodos ronds Le tipografe tisse ses O 209 ILLUSTRATIONS Gilles Esposito Far se Ambibliographie Po 5 J gt A lt S i D 2 a we ee S lt gt Fe FE g lt E g aa SP D SE cor gt cn rvWYCi T lt 210 TEXTE IMAGE Jacques Perry Salkow Tristan et Isolde Craie et Fusain 211 ILLUSTRATIONS Joel Guenoun Les mots ont des visages Extraits E Il E 212 TEXTE IMAGE 213 mi re e mi ra le TEXTE IMAGE 215 ILLUSTRATIONS Jean Wirtz La teratologie sous contrainte verbale En 1962 para t aux ditions Masson et Cie lt Libraires de l Acad mie de M decine Paris une Anatomie et
207. e dition MAN RAY Extrait de Typo sie Ed de l Imprimerle nationale Le sug c s de Typo sie m a incit aller de l avant Ayant fait mes premi res armes dans cet ouvrage j ai prouv un grand plaisir compo ser ces mots images Il m a assur du bien fond de Pentreprise C est la raison pour laquelle je me suis d cide essay de devenir mon tour un po te concret TEXTE IMAGE En cours de route je ne tardai pas me persuader que ce que j cri vais l r pondait de mes obsessions de toujours Est ce dire que ce retour de l criture alphab tique aux pictogrammes sera ce que je laisserai de plus convaincant Ce n est l que jeu d enfant dans toute l acceptation du terme Peut tre et alors eS89 Aai Aro hretmms se 4 diabo o CROQHEI VHo pressa tbook 9 P ver appunta gumlaum essuies e amp giace hamac n a A o gH l8 y o a Q tic tac O i tic DOI X tirevwwvbouchan f lag prie thpe r Wx C NO lt vof amp iSbv t t rheos ta joujoujoujoujou Ibn Fe c amp W lt fe lino r vlilletmotin sandowwobnoe Vente l encan Extrait du Petit Peignot Ed des Cendres 167 ILLUSTRATIONS Les tatonnements par lesquels il m a fallu passer pour mettre cette criture au point m ont persuade que le sujet de l amour tait celui auquel elle se pr tait davantage Pour preuve hsornmmmse L amour Extrait de Toutes les Pommes s
208. e de po me concret la constellation repose sur la langue mais sur aucune en particulier Les po mes concrets sont pour la plupart tout fait intra duisibles ou traduisibles int gralement en n imporre quelle langue Dans les deux cas il n y a aucun probl me de traduction Et il poursuit en remar quant qu un po me concret fait de noms propres ne serait proprement parler en aucune langue A de tels textes s appliquerait strictement la phrase de Gomringer lt zu tibersetzen ist die konstellation nicht Pour montrer quel point le concept m me de traduction perd ici son sens habituel voyons quelques unes des variations publi es sur ce po me la variation tant en somme une traduction g n ralis e La plus astucieuse est celle de Harry Warschauer en h breu fig 4 o le signe h breu utilis est la lettre sh Christian Wagenknecht en offre une autre fig 5 Le po me initial de Gomringer rendait le silence visible comme place vide devant l ceil alors que le silence est plut t une pause pour l oreille le silence ne 95 96 DOSSIER sdiweigen schweigen sdiweigen silence silence silence schweigen schweigen schweigen silence silence silence schweigen schweigen silence silence sciiweigen schweigen sdiweigen silence silence silence schweigen schweigen schweigen silence silence silence silencio silencio silencio schweigen schweigen schweigen silencio silencio silencio schweigen schweigen schweigen
209. e des morceaux po tiques se lon diverses contraintes s mantiques selon les couleurs en marine pique etc Le po te dialogue avec son objet d amour ou lui laisse la parole le travestit en de multiples personnages y compris celui d erre pro teiforme l affuble de ses tats d me joie tristesse r verie rotique Amoureux des mots qu il fait vibrer musicien de la syntaxe et sachant jouer de ses accords et de ses silences son entrain est communicatif Il ne recule pas devant les peu pr s le sexe des anches d sanchant e Cet anchomane comme il se d finit est aussi un sonnetomane La forme de ses sonnets assume un classicisme sans complexe mais ironique et glissant souvent vers des dissonances jazzy Les sch mas de rimes varient et la forme de ces sonnets en alexandrins octosyllabes et hexasyllabes est parfois de type anglais ou prolong On note un sonnet quelque peu tran ger sur les escargots par ailleurs tr s bon et apr s quelques sonnets ins pir s des Bucoliques un sonnet en latin issu des pages roses du Petit La rousse p 79 Le sonnet final est une protestation des anches pour qu il arr te d crire sur elles On attend vivement le prochain recueil A C Jo l Martin La Bible du Contrepet Bouquins Robert Laffont 2003 938 p Ultimate comme disent les Saxons Source du bonheur pour les non initi s qui n auront plus d excuses comme pour les rudits qui conforte
210. e peu apr s de hegel egei combinaison surprenante puisque d habitude on n associe pas la sangsue au nom du philosophe On sent que Jaschke se sent l aise vogelfrei im kafig der 26 buchstaben libre comme un oiseau dans la cage des 26 lettres Wortfest Wien 2000 lire A P B D Joinul Dicomono Auto ditions Doubl Quark 2002 400 p On ne peut laisser sous le boisseau ce dictionnaire francais des mots monosyllabiques qui vient apr s plusieurs dictionnaires anglais et un dic tionnaire portugais para au Br sil Toutefois cet ouvrage du Docteur Pierre Joinul alias le peintre Pierre Maunoury rel ve moins des ouvrages de r f rence que des curiosit s litt raires entre l esprit potache attard de la Pa taphysique et le basculement frane du cot des h t roclites via peut tre la caution anartiste que lui porta Dubuffet qui a dite jadis un de ses livres En effet si l on doit admirer le travail de longue haleine avec un relev qui frise probablement l exhaustivit mais qui tient pourtant seulement sur quatre pages et demi au d but de l ouvrage il faut souligner que les cri t res choisis sont paradoxaux alors que les articles ne concernent que les monosyllabes stricts lait ou semi striets lai les exemples recourent galement aux monosyllabes au sens large laine Passe encore pour les abr viations mais les articles englobent aussi des pseudodiphtongues hair voire des diss
211. e Bach sans la moindre faute Les seules difficult s provinrent de l incapacit de produire des notes tenues l animai s en tira par des tr molos tr s rapides produits l aide de quatre nasules accord s sur le m me ton P 81 Clausule de l ouvrage cette indication qui conjoint art et science culture et nature est aussi embl matique de sa conception tout enti re De m me que le premier specimen d crit le Priminase de Haeckel p 19 amorce figurativement le mouvement de bascule dont proc der l ensemble des d rivations ult rieures son nez est encore tout fait incapable de ser vir d organe de locomotion et ne sert que d appui l animai lorsqu il avale les proies captur es de m me la polyphonie ultime apparait elle l abou tissement tant de la phylogen se animale que de l ontogen se discursive Eu gard sa conception globale l essai de syst matique manifeste par 1a une r flexivit m tas miotique fond e sur un isomorphisme entre i son univers de r f rence et ii sa propre manifestation textuelle Depuis le ren versement haut bas peine esquiss dans les pages liminaires jusqu la symphonie musicale et langagi re des derniers paragraphes se d ploie une 217 OHDRE DES MAMMTFERES NASINS ouRHINOGMDES ouNASIPEDESouPEDINASES cus ordr MONOHRHINA iUNINASBS Section PEDESTKIA NA
212. e Lartigue Daniel Marmi Gilles Tronchet Mixtes Jacques Roubaud Pr paration d une famille de contraintes Patrice Hamel Emergence de lettres Guy Lelong Ecr tpar son support Bernardo Schiavetta Commentje me suis mis crire le LIVRE Notes de lectures FORMULES n 2 1998 1999 DOSSIER TRADUIRE LA CONTRAENTE Le laboratoire des traducteurs Umberto Eco Introduction Exercices de style de Raymond Queneau Henry Gii Traduire Siles Sjef Houppermans La traduction en n erlandais des Nouvelles Impressions d Afrique de Raymond Roussel Jacques Lajarrige Les nouveaux hab ts de P trarque traduction et containte chez Oskar Pastior Marc Parayre La Disparition Ah le livre sans e El Secuestro Euh un livre sans a Ant c dents Dominique Buisset Traduire la contrainte isops phe de L onides d Alexandrie Heather Williams Taliesin VAlexandre gallois le retour de la cynghanedd Autour de la traduction David Bellos Le D mon de l analogie propos du dernier ouvrage de Douglas R Hofstadter Le Ton beau de Marot Douglas R Hofstadter Extraits de Le Ton beau de Marot Alain Chevrier Du sonnet au haiku les origines de l ha kaisation chez Raymond Queneau Guy Lelong La doubl entente mallarm enne Pratiques Traductions possibles ou impossibles de grands textes par Philippe Bruhat Gilles Esposito Far se Pascal Kaeser Jean Malaplate Leon Robel et Jean Michel Sterdyniak Autotraductions de Battus Annick Duny Paul Claes et John Lee
213. e aussi un art de voir et de sentir Mais Pauteur qui vit au Japon dissipe au passage de nombreux pr jug s exotiques sur cette culture le zen le go t de la nature Son humour fait mouche et son exposition est tr s p dagogique ni trop sp cialis e ni trop simpliste Il donne en exemple nombre de ses po mes comme tout th oricien qui en profite 289 ESSAIS pour couler sa production Un seul reproche les figures de rh torique cit es d apr s le Gradus de Bernard Dupriez en notes de bas de page sont comme ajout es au dernier moment et font corps tranger dans le livre Une bibliographie des ouvrages sur certe forme Cholley Coyaud Sieffert eta des traductions de po tes japonais et des livres de haikus en francais propose de nombreuses pistes au lecteur Un ouvrage qui incite fabriquer des haikus Joliment illustre on peut offrir ce livre en cadeau T tre aim pour lui faire plaisir et recevoir des haikus en retour En revanche s il est galement p dagogique la fantaisie manque dans un livre analogue de Bruce Ross para la m me ann e How to Haiku qui tudie le haiku le senryt et le haibun prose narrative int grant des ha ku mais aussi le tanka le ha iga dessin accompagnant le po me et le renga dans une perspective nord am ricaine la fois cologique et spiritualiste pour ne pas dire californienne e est celle qui est responsable de Pinflation de certe forme sur le Net A C
214. e commence par toute une suite de mots plac s la fin de la phrase pr c dente OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES A cot de leur pro jet d une criture deux exp riment e d j dans deux volumes d autobiographie commune Kilic et Widhalm pratiquent P criture quatre Avec l crivain Lisa Spalt et le compositeur crivain Clemens Gadenstatter ils forment une cellule litt raire active s appelant Werkschaft cet Ateliceuvre ou Syndicatelier vient de publier avec stellwerk 1 Wien edition eh 2002 un livre dans lequel un e auteur r agit sa facon contrainte ou non au texte d un e autre en suivant un pian d termin qui orne joliment la couverture Des textes contraintes diverses mais aussi quelques textes non contraints sont d couvrir dans le dernier recueil de po mes de Use Kilic Warum eigentlich nicht Apr s tout pourquoi pas 2 Il y a par exemple douze ab c daires semblables avec la constante des variables xy sous le titre hommage an das hilfreiche alfabeth hommage l alphabet secou rable des textes monovocaliques des po mes anagrammatiques des textes mont s de citations recycling l 4 Une suite de neuf petits textes parti culi rement int ressants commence au tout d but am anfang war das ali au d but il y avait Punivers sous le regime du a en tant que voyelle unique nach dem knall kam das leben apr s le big bang
215. e croquent Ed des Cendres ss ifo J ai vu le m canisme de ce qui se passe dans mon coeur et faute de meilleur mot je l ai ap pel cristallisation crit Stendhal propos de la naissance de l amour Extrait de Toutes les pommes se croquent Ed des Cendres 168 TEXTE IMAGE Enfm au moment de l orgasme chacun crut que son me le quittait Extrait de Toutes les pommes se croquent Ed des Cendres On ne peut manquer d erre sensible ces po mes soigneusement et habilement construits partir de diverses lettres de chiffres et de toutes sortes d autres signes utilis s en typographie m crivit Gallimard qui j avais propose mon Divertissement typographique en cing actes Mais il nous semble aussi que le plaisir pris leur laboration est sans doute sup rie r celui ressenti leur lecture Aussit t je m avisai que la justifica tion du refus m autorisait penser que je pouvais esp rer tre pris ailleurs Alors que les critiques comme les lecteurs s accordent penser que par excellence le plaisir qu un crivain a pris crire est le crit re de toute litt rature chez Gallimard au contraire c est l argument dont on se pr vaut pour refuser un manuscrit J ai eu raison de m obstiner Apr s les ditions des Cendres les ditions du Seuil sont en train de relever le gant 169 ILLUSTRATIONS Qu il s agisse de P criture pictographique de l criture hi roglyp
216. e d Unica Ziini L humour est aussi au rendez vous Ainsi Use Kilic illustre ses anagrammes de dessins faits avec sa souris sur l cran Igei Geil lt H risson lubrique gt corres pond un couple en action de ces animaux aie Retenons aussi ces anagram mes autor f rentiels de Neda Bei Anagrammgedichte Ich nagte grade am m et de Petra Nachbaur lt anagramma mm aaa gern gt A C OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES Jean Benoit Puech Pr sence de Jordane Seyssel Ed Champ Vallon 2002 158 p L crivain qui invente ses personnages leur doit aussi la vie plus exactement leur doit sa vie qu il tend souvent modeler sur l existence de ses cr atures imaginaires il suffit de penser Karl May et tous ceux qui fmissent par jouer dans la vie le r le de leurs h ros Quand l crivain se d cide faire mourir ses personnages souvent Findignation du public comme l ont bien prouv Conan Doyle et l re de la t l vision plusieurs sc naristes de feuilletons est ce d un suicide qu il s agit en l occurrence par personne interpos e ou y a t il d autres motifs qui entrent en jeu Pr sence de Jordane est un livre sur certe question essentielle qui est peut tre la question de la litt rature elle m me Au seuil de l ouvrage Jean Benoit Puech avoue le d sir qui tait le sien en pr parant Pr sence de Jordane r aliser une imitation des hom mage que l on cons
217. e d ima ges 35 puissance 3 fant mes ressuscit s par Boltansisi partir de 35 portraits d j utilis s par lui une image ou un portrait se compose de 3 l ments qui se pr sentent sous forme de languettes le front les yeux la bouche et on a 35 choix pour chaque l ment C est donc encore un rapport singulier entre texte et images qui est ici sugg r les images que le lecteur obtient en manipulant les languettes servent ressusciter les fanto mes qui peuplent les listes de la premi re partie leur donner un visage Il importe enfin de faire une place particuli re dans certe revue une tentative originale celle qui est l oeuvre dans Le Ch teau des destins croi s s d Italo Calvino En prenant comme l ments narratifs non des frag ments de r cits c est dire des textes mais les cartes d un jeu de tarots c est dire une s rie d images Calvino prend une direction feconde dans l utilisation du rapport texte image l image en effet dans le mutisme qui fait sa force ne saurait tre r duite une signification unique elle se laisse interpr ter de mani re differente selon le parcours dans lequel elle vient s ins rer et peut donc g n rer des textes divers Ce qui ouvre la voie dans la constitution des r cits des possibilit s plus nombreuses B MANIPULATIONS PLASTIQUES Avec ce dernier exemple nous sommes donc entr s dans un domaine o la manipulation d images est p
218. e de l entr e de l informatique des effets d vastateurs sur les individus des abus de pouvoir de la fausset du langage employ etc Inutile de chercher dans ce livre une intrigue encore moins amou reuse peu d action la plus violente tant l acte de diss quer des appareils t l phoniques Un livre faisant passer la lecture la monotonie triste des jours de la semaine et le dimanche l appr hension du lundi Sur un fond d abattement et d amertume quelques acc s de r volte contre le monstre Mais pas d id ologie juste une mention de Y loge de la paresse de Paul OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES Lafargue Un humour noir ou plut t gris la Kafka Pas d images le degr z ro de l criture et tous les clich s du style administratif relook marketing et management Essentiellement des descriptions Une histoire du t l phone Des num rations comme le catalogue au chapitre 4 noter au chapitre 18 deux inventaires amusants des mat riels de bureau alphab tiquement rang s ou des appareils majuscules personnifi s inaugur s par l Entraineuse de courrier Et last but not least un r cit en boucle comme chez Joyce ou Nabo kov avec comme le m me mot au d but et la fin le mot du titre Central Au total une prouesse stylistique que ce livre Avec une contrainte pas trop dure mais parfaitement adapt e le quoi dire collant avec le comment le dire Un crivain orig
219. e fois pour toutes en haut de la premi re page d j oubli Et recevoir ainsi certe doubl claque ne pas parler de soi la premi re per sonne se d personnaliser donc mais en plus utiliser la troisi me personne sans mentionner il ou elle Ne devenir ainsi qu une chose innomm e et innommable perdre la moiti de sa vie dans une non existence au travail se fondre dans un groupe un magma confus appel Entreprise sans doute monstrueux puisque laiss l interpr tation Mais encore quel point de d part pour ce choix d criture R ponse d velopp e la fin la lecture d un Glossaire des verbes propos s pour remplir la Description d emploi en vue d une valuation annuelle Une exp rience v cue tant l origine de ce livre v ritable exorcisme de la contrainte r elle par la contrainte litt raire La profession de l auteur ing nieur dans les t l com munications comme indiqu au bas de la quatri me de couverture Un usage Constant de l infinitif entrainant non seulement un effet de d personnalisation mais par son caract re souvent d obligation une im pression de contrainte de diktats Une description de l int rieur du monde de la bureaucratie de l ad ministration des hommes tout autant que des choses avec sa hi rarchie sa compartimentation la mesquinerie et la d shumanisation la r ification des rapports humains les rites du fonctionnariat Mais aussi une analyse criti qu
220. e fondatrice du r cit implique en outre des r flexions pr cises sur la langue et la litt rature sur la notion de contrainte en particu lier les contraintes nonc es par Yante scriptum tant bouscul es par un clinamen massif p 143 sur la dialectique plus generale qui associe m thode et hasard p 146 La r flexion th orique est souvent mise en r cit ainsi l empreinte indice de la morsure amoureuse s oppose in fine en restant lettre morte p 138 l arbitraire symbolique du signe linguistique Dans la deuxi me nuit la disponibilit rotique de la narratrice provoqu e par l incertitude de l identit de celle qui la d sire quivaut for mellement dans un enchantement comparable l attention redoubl e de la lecture qu engage le vacillement r f rentiel li 4 Pintroduction de la fiction dans la s rie de ces nuits il y en a une au moins une qui est une fiction Et tu ne diras pas laquelle p 144 l l ment fictionnel se trouvant d ailleurs explicitement pr sent dans la derni re s quence Au bord de l escalier tu te souviens t tre arr t e et l avoir retenue pour lui dire que tout ceci pourrait tre une histoire dans un roman que se racontent deux amantes au moment du d part p 138 C est dire que toute interpr tation directement autobiographique se trouve subtilement d samorc e dans l instauration d un regime instable de la lecture si l ouvrage porte la m
221. e lettres auquel elle est associ e puisqu elle a la particularit d tre celle du mot lui m me r fl chi retourn ou projet Et certe image forme son tour un mot loign ou proche malgr les transformations graphiques r sultantes du mot initial La R plique n 29 dans sa premi re version multiplie les images en utilisant deux axes de sym trie vertical et horizontal autorisant deux types d inversions Et le sens r it r indique chaque fois le fait m me qu il se r it re Patrice Hamel R plique n 29 2002 Version n l 2002 En d autres termes Centre d art du Pare Saint L ger photos 2 3 et 4 Andr Morin photo 1 Nolwenn Dequiedt Paroi en PVC partiellement perc e et clairee de mani re obtenir au sol une projection lumineuse des formes issues du percage Photo 3 verso de la paroi en PVC dont les lettres vid es sont clair es par un projecteur Photos 1 et 2 recto de la paroi en PVC avec ses lettres vid es et leur projection au sol permise par le projecteur situ de l autre cot Photo 4 reflet du verso de la paroi dans une fen tre en vis vis 189 190 191 192 r amp Vit si ae mt iM i gt 50 5 LA 34 my 1x SsJif 193 H ILLUSTRATTONS Olivier Deprez propos de la contrainte dans mon adaptation du roman Le Ch teau de Franz Kafka La s quence que Formules publie en ses pages est extraite d une am
222. e mot et c est dommage Il r pertorie les proc d s par lesquels les clich s sont fabriqu s m taphore son ceil langait des clairs association attendue marque inde l bile vocabulaire sp cifique s duisant brinqueballer outrecuidance expressions et tournures consid r es comme raffin es aimer tre baign de Il mentionne quelques r f rences et dictionnaires portant sur les domaines circumvoisins de Remy de Gourmont Charles Dantzig et au Journalisme sans peine de Burnier et Rambaud mais semble ignorer les travaux universitaires r cents sur les clich s et les st r otypes L amateur de contraintes se pourl chera le babines en lisant en entr e un texte de trois pages que l auteur a sature de clich s intitul pr cis ment Mise en bouche Alice s veilla en sursaut la gorge nou e d un cri qui ne parvenait pas franchir le seuil de ses l vres Dress e sur son Ut elle demeura quelques instants sur le qui vive piant les bruits de la nuit Sa poitrine r sonnait des battements pr cipit s de son cceur Au loin un mo teur vrombit puis le bruit d crut lentement Peu peu le silence l enve loppa etc Ne reconnait on pas l le style des livres populaires y compris ceux d aujourd hui comme ceux de Gerard de Villiers S A S pour le sexe masculin ou de la collection Harlequin pour le cceur f minin Mais dans la litt rature non populaire ne retrouve t on pas P quivalent l atmos ph
223. e plus ou moins bas dans la surface du cadre arr t qui se fait l aide d un syst me de pinces ou de noeuds le fil de nylon permet des ceuvres plac es l ext rieur utiliser aussi de facon figurative ce fil de nylon peut se combiner avec une grande roue pleine de clous auxquels seraient accroch s des l ments formels en bougeant la roue on fait bouger la place de ces l ments la construction ou sculpture en bois porteuse d l ments color s et mobiles comme l a r alis e Poi Bury la fixation sur un panneau de bois ou de metal des l ments qui tourneront plat autour de leur fixation on peut ainsi cr er un Delaunay mobile ou une composition mobile n 6 Illustration n 6 l accord on et donc la mobilit des l ments li s en accord on qui s tirent suivant que l on actionne la baguette qui les retient des deux c t s le circuit avec des boules color es l espace vide o l on regroupe des l ments plastiques un grand cube transparent rempli de mat riaux capables de glisser les uns sur les autres permettrait de former des configurations toujours nouvelles si on lui ajoute une paroi aimant e et que les l ments formels sont en metal chaque configu ration nouvelle est immobilis e pendant le temps que l on souhaite en ajoutant des cloisonnements on obtient des compositions plus ordonn es le kal idoscope en construisant d autres formules de multiplication de la
224. e tenir compte de la liaison entre l harmonie locale que l on a propos e sur chaque rouleau et l harmonie generale qui interesse l en semble des rouleaux mis en jeu de cr er un ensemble d l ments dot s de proportions en rapport les uns avec les autres jeu de proportions capable de cr er une liaison rythmique quel que soit l ordre d apparition de ces l ments 113 114 DOSSIER d viter de constituer une surface remplie de formes d j dynami ques et r p titives car en tournant elle cr ent un mouvement excessif qui donne le vertige et risquent de lasser par la similitude de leurs formes de faire en sorte que des ruptures soient possibles ruptures qui n existent que si une partie du rouleau est differente de l autre en valeur comme en rythme Il est possible d utiliser des formes figuratives des foules mais aussi des danseuses plac es sur des rouleaux qui tournent offrant des positions vari es et donc des danses diff rentes suivant la facon dont on tourne Mais l encore des temps morts sont souhaitables Illustration n 4 TEXTE IMAGE 4 D placer un aimant Autre facteur de mobilit l aimant qui porteur d une forme se d placera sur une surface m tallique L utilisation de l aimant peut rre d ve lopp e de diverses facons La superposition de ces formes n entraine pas de probl me majeur sinon celui de trouver des aimants de hauteurs diff rentes En grossissant les l
225. ectivit laissant surgir au sein de la r alit une modulation de plus en plus grande selon la personnalit du peintre On peut dire que la libert de changer de technique s accro t Ainsi voit on chez le Monet des Nymph as l utilisation d une peinture presque abstraite et en tout cas d une technique plus libre engen drant des formes floues On s achemine donc vers un renversement des priorit s les nou veaut s esth tiques et la subjectivit de l artiste devenant de plus en plus importantes par rapport au respect des techniques traditionnelles et la tradition iconographique Il faut attendre le XXe si cle avec le constructivisme pour que l oeuvre d art puisse tre v cue en tant que telle sans r f rence une pen s e m taphysique religieuse historique ou sociale C est en effet ce que souligne A Nakov qui s exprime ainsi R action l esth tisme philoso phique de la premi re abstraction 1910 1915 le constructivisme se ca ract rise par une opposition mat rialiste aux th ories trop m taphysi ques du spirituel dans l art de Kandinsky du mysticisme de Mal vitch et de l abstraction rigoureusement g om trique de Mondrian 10 Ce parcours vers de nouvelles recherches prendra en fait beaucoup de temps plusieurs moments de rupture et de r flexion Le cubisme apr s le fauvisme avait d j chang l interpr tation perceptive immediate du monde et engag de facon encore plus decisive le d tachement
226. effectivement dans l ordre du voyage comme une pr paration un exercice du sujet Je comprendrai donc ces trente neuf polaroi ds comme formant ensemble un exercice sinon spirituel du moins thique et Fon sait que les exercices d Ignace de Loyola taient essen tiellement fond s sur des images une pr paration asc tique donc au film venir l approche d EUis Island lieu litt ralement improbable pour le sujet Perec En allant vers Ellis Island lieu pour lui d une doubl absence Perec a choisi de pratiquer une photographie qui inscrivait selon de multi ples modalit s les formes de l absence et de la d perdition Plus tard dans Description d un chemin son criture saura les retrouver po tiquement La pratique photographique de l crivain Perec met autrement dit en avant trois traits donn s par l comme essentiels de l image photographi que par la geometrie qu elle met en sc ne la photographie est une cons truction plastique et elle consiste en un objet expos au temps dont la pertinence r f rentielle parafi des plus discutables 2 La construction photographique Perec crit dans W ou le Souvenir d enfance Le projet d crire mon histoire s est forme presque en m me temps que mon projet d crire Les deux textes qui suivent datent de plus de quinze ans Je les recopie sans rien y changer renvoyant en note les rectifications et les commentaires que j estime aujourd hui devoir ajouteri1 Il s
227. el illustre la fin du si cle pr c dent dans les expositions des Arts incoh rents tei le Porc traitpar Van Dyck de Bridet 1884 o l on voit un peintre d autrefois en train de traire un porc portrait par Van Dyck ou la Niche saints de Miss Ella 1886 repr sent e par un corset niche seins 16 Ces calembours visuels ou visuo verbaux sont dat s dans le catalo gue de l exposition la Biblioth que historique de la Ville de Paris circa 1927 28 ce qui en fait des contemporains des dessins anagrammatiques mais les aphorismes de Rrose S lavy qui les accompagnent nous paraissent les faire remonter une date bien ant rieure 1922 23 TEXTE IMAGE Anne Egger a rassembl juste titre les calembours visuels et les dessins calligrammatiques sous la cat gorie plus vaste des mots dessi n s17 On peut tablir une filiation purement morphologique Desnos passe du texte l image en s appuyant sur des dessins inspir s par une d compo sition phonique du mot homonymie en rapport avec la sexualit ara gon Puis il quitte la connotation sexuelle par exemple pour le dessin Apple in air Dans l tape suivante qu elle ait t contemporaine ou qu elle se soit produite bien plus tard ce n est plus le nouvel nonc de sens diff rent issu des syllabes recompos es homonyme qui va inspirer le sens du dessin mais ce sont les lettres qui vont quitter le mot perdre tout rap
228. ellerin Ne peut on pas consid rer certaines des Histoires naturelles de Jules Renard comme des pigrammes en prose Et au sein du surr alisme ou ses entours des auteurs brefs comme Cl ment Magloire Saint Aude ou Malcom de Chazal ne prolongent ils pas de certe forme A la fin du livre un choix d pigrammes dans les po sies d autres langues allant de Karl Marx Jaroslav Seifert mobilise les meilleurs sp cialistes des domaines hispanique d Am rique hispanophone italien russe etc et donne des pigrammes en arabe et m me en cornique Avec une rudition historique qui n appuie pas et qui est raviv e par la connaissance des enjeux de la poesie d aujourd hui l auteur pr sente un choix la fois tendu et personnel qui se lit avec plaisir et avec fruit Et pour une fois l diteur n a pas recul devant les quelques pages suppl mentaires d un index ce qui permet au lecteur de faire d autres promenades dans ce livre sans crainte de s y perdre A C Jean Claude Carri re Les mots et la chose Plon 2002 148 p Tout tout tout vous saurez tout sur le zizi panpan Malgr P normit de la chose l auteur vient bout de l preuve et vous apprend le kiskose le plus h t roclite et le plus r jouissant qui soit Expressions imag es pour toutes circonstances pour hommes ou femmes dans tout milieu social et tous pays Les instruments en cause ne sont pas plus oubli s que les pr liminaires positions d usage et leur
229. enir neuf tableaux diff rents ou 14 348 907 po mes preuve indiscutable et indiscut e que l univers po tique de Use Kilic est vaste A P B 329 ESSAIS L Echo des Colloques Revue coordonn e par Christelle Reggiani Steen Bilie Jorgensen et Carsten Sestoft diteurs Georges Perec et l Histoire actes du colloque international de l Institut de Litt rature compar e de l universit de Copenhague 30 avril I mai 1998 tudes romanes n 46 universit de Copenhague Museum Tusculanum Press 2000 213 p Le projet du colloque de Copenhague Perec et l Histoire reformule ce qui est devenu comme Bernard Magne le fait remarquer dans sa communication un topos de la critique perecquienne d ailleurs em prunt l oeuvre m me de Perec plus pr cis ment au chapitre II de W ou le Souvenir d enfance Je n ai pas de souvenirs d enfance je posais cette affirmation avec assurance avec presque une sorte de d fi L on n avait pas m interroger sur cette question Elle n tait pas inserite mon programme J en tais dispense une autre histoire la Grande l Histoire avec sa grande hache avait d j r pondu ma place la guerre les camps Le topos est bien ici un lieu commun de la r flexion et les diff rentes contributions en exploitent les ressources avec souplesse et vari t L en semble du volume fait ainsi parcourir un champ tr s vaste aux deux noms qui en constituent le titre le corpus pe
230. ente de la Recherche d j d compo s e par le roman pr c dent La D composition Grasset 1999 le grand oeuvre de Proust se trouvant ici prestement d pass par le post scriptum qui fait coincider dans l espace d une seule phrase les deux quilibres contraires de la veille et du sommeil qui marquent les bornes extr mes de l itin raire du narrateur Tu aurais d te livrer des orgies d criture pour rattraper le temps perdu te coucher si tard que tu peux de bonne foi assurer n avoir jamais cesse de te coucher de bonne heure p 142 L h t rog n it nonciative incorpore ainsi litt ralement la diff rence la voix de la narratrice On comprend d s lors que l vocation de la langue chi m rique de l amour La langue en laquelle vous vous criviez est la langue de tous tes amours une chim re de francais et d anglais travers e de jeux de mots de vertiges de langage d inqui tude du sens p 91 vaille aussi bien pour celle du roman Structurellement l optique de la diff rence implique Pinstallation d une distance qu Anne Garr ta nomme asc se du point de vue th matique il est ici question d un retrait du monde pr cis ment accord l incom mensurabilit des tats Unis d Am rique de l abstraction d un sujet qui para t chapper la distinction des genres et qui devient dans le territoire d soccup du Nouveau Monde personne p 81 On concoit que
231. ention roman la d dicace A NULLE r pondent les remerciements finaux Cette incertitude r f rentielle n exclut pourtant pas le registre de la satire sociale qu il s agisse de d noncer la religion de la subjectivit p 133 la tyrannie publicitaire du d sir pp 152 156 ou les moeurs du microcosme litt raire parisien le livre ne se refusant pas ici impliquer quelques cl s Michel Houellebecq et Catherine Millet sont ainsi pr sents p 155 Pas un jour ne ressortissant 299 ESSAIS pas la simple pol mique la satire y prend une consistance stylistique dans F incorporation de traits de la langue classique r currence de four et de figure construction de quelques verbes place de certains pronoms per sonnels On ne saurait vivre au milieu du monde et ne se pas prendre aux filets aux fils de ses frames p 126 Un mode d criture l vidence parfaitement accord 4 la soci t de cour qui d finit tels milieux contempo rains Tu n avais jamais vu les choses sous un tei angle celui de la riva lite de la conqu te de l empire Tu avais m me manqu de Fimagination d une telle perspective Savais tu seulement que cette soci t dans laquelle tu vivais parfois tait encore une soci t de cour Et que FAncien Regime n avait jamais fini Qu il s tait tout simplement multipli dif fract et d centr occulte r gnait plus souverainement que jamais p 123 C R
232. ents d oublis et de m moire gestes que l on retrouve sans les avoir jamais vraiment appris mots qui reviennent souvenirs de berceuses photographies pr cieusement conserv es signes d appartenance sur lesquels se fonde son enracinement dans l Histoire sur lesquels se forge son identit c est dire ce qui fait qu il est la fois lui et identique l autrez3 Cette fictivit essentielle de la photographie dans l univers de Perec se trouve pouss e jusqu au bout par le motif du trompe l ceil Perec publie Trompe l ceil po mes bilingues lisibles en francais comme en anglais ac compagn s de photographies de trompe l ceil de Cuchi White et il pr face L OEil bloui galement en collaboration avec Cuchi White On concoit en quoi le trompe I ceil pictural peut l int resser Le trompe l ceil n apparait comme tei que s il est reconnu dans son pouvoir de faire illusion c est dire d masqu De fait la pr face L CEil bloui entre lace les th mes de la ruse de la tromperie de la br ve et ph m re mystification Le trompe l ceil figure en somme Pobjet par excellence de la photo graphie repr sent et representation participant alors d une m me mise en oeuvre de la fiction Or cette relation la fiction qui est ici pi ge de la representation implique aussi tr s fortement l id e de manque Dans la pr face L CEil bloui Perec crit propos de la br ve et ph m re mystif
233. epuis 1978 poesie prose th tre et essais soit sur des questions de th orie litt raire soit sur d autres auteurs Pendant la derni re d cennie Das Stiick Ein Theater 1991 Sechs tote Dichter Uber Raoul Hausmann Franz Kafka Karl Kraus Robert Musil Reinhard Priessnitz Georg Trakl Aufs tze zur Literatur Sonderzahl 1992 Die Aphorismen Eine Einfuhrung in die Mechanik Sonderzahl 1992 die kunst des dichtens Droschl 1992 Marcel Reich Ranicki Eine Kritik Steidl 1995 natur gedichte Hanser 1996 Die Schreibhand Zu Reinhard Priessnitz Gedicht heldin Sonderzahl 1997 Anna und Franz Sechzehn Arabesken Sonderzahl 1998 Dichtung als Erkenntnis Droschl 1999 Apfelessen mit Swedenborg Essays zur Literatur Grupello 2001 Voir pour une bio bibliographie compl te www literaturhaus at 2 Franz Josef Czernin die kunst des sonetts Linz edition neue texte 1985 i Czernin die kunst des sonetts appendice Les tentatives suivantes de traduction sont des traductions s mantiques qui ont le seul but de rendre le texte originai plus accessible 4 die kunst des sonetts 2 tei die kunst des sonetts 3 teil Graz Droschl edition neue texte 1993 p 5 Le titre devient compr hensible si le lecteur pratique la m thode lt S n gt et remplace gestrauch broussailles par gerausch bruit die kunst des sonetts IIli p 13 7 die kunst des sonetts WII avant propos de la troisi me partie p 54
234. erni re section pose le probl me de la traduction du calembour hache lettre H et recapitale dans un tableau synoptique p 83 les choix de traduction en allemand anglais catalan espagnol finnois h breu italien japonais n erlandais norv gien su dois et tch que C R La M moire des lieux dans Voeuvre de Georges Perec universit du 7 novembre Carthage Tunis 19 21 f vrier 2003 Le colloque de Tunis dirige par Rabaa Abdelk fi et Hend Gaha a r uni des contributions qui approchant la m moire des lieux perecquienne de points de vue vari s ont pourtant manifeste une remarquable conver gence Ces Communications taient organis es en deux ensembles compl mentaires Le premier intitul Perec et la Tunisie regroupait les contri butions de Bernard Magne L image de la Tunisie dans La Vie mode d em ploi Danielle Constantin Autobiographie vesperale et lieux du sommeil tunisiens Kamel Ben Ouan s La Tunisie de l image l imaginaire Eric Beaumatin Motifs tunisiens Rab a Abdelk fi La M moire des lieux dans 53jours et Ch bila Boubaker L Espace sfaxien et l Exp rience de l an antissement dans Les Choses Quant au second Art et rh torique des lieux il r unissait les interventions de Christelle Reggiani Perec et l Art de la m moire Mohamed Habib Ben Slimane Esth ti que de la d construction dans Un cabinet d amateur Mireille Ribi re La M
235. es il oublie qu une harmonie est aussi affaire de valeur et d organisation 121 DOSSIER De plus comme on le verr plus loin il semble que la taille des l ments formels mis en jeu soit aussi importante pour que l on puisse obtenir du spectateur non pas un m lange optique mais une v ritable recomposition optique recomposition globale qui semble se faire natu rellement comme lorsque le spectateur reconstitue suivant les lois bien connues de la Gestalt la bonne forme g om trique ou non quand elle est bauch e devant lui lei cependant nous avons affaire des recompositions plus complexes mettant en jeu non des l ments formels connus mais un ordre dont l origine serait pr ciser qui reprend en general les grandes figures organisatrices de la nature I semble donc qu il existe un plaisir r el celui de mettre de l ordre dans un ensemble qui propose tous les l ments n cessaires cet ordre formes ayant des correspondances entre elles circulation possible d un l ment un autre de m me couleur con traste vident entre les l ments HI Permutations figuratives Le proc de de mise en l ments permutables des oeuvres du passe est beaucoup moins ais quand il s agit d ceuvres figuratives dont on veut garder le caract re figuratif 1 L exemple ici pr sente n 11 savoir le m lange d une oeuvre de Van Gogh et d une osuvre de Picasso a requis deux conditions que le sujet soi
236. es formes d criture les plus nouvelles s av rent toujours pourvues d une riche tradition Elles sont aussi anciennes que les autres Voici quatte exemples de prose br ve attest e dans l histoire la parabole narrative et mettant l accent sur la moralit la maxime qui semble defini tive et qui promeut la bri vet l esquisse fugitive qui fait s exprimer une personnalit et le po me en prose offrant une densit un rien decorative 19 nov Il pleut Je lis Le souffl d une bombe fait une impression Une telle impression est constitu e par son interruption m me Alexander Kluge Meme lorsque sa forme est tr s soign e l essence m me de la prose br ve tient de la conversation dans la mesure o elle permet son lecteur une prompte r plique Kleist est en train d crire une anecdote pour le journal du soir qu il dirige C est l ann e 1810 ce qui veut dire que puisqu on est juste avant l aube il se trouve une chandelle sur la table bancale pr s de l encrier au dessus duquel sa piume se tient en suspens on est l aube des temps modernes l aube des journaux modernes l aube de la prose br ve moderne inter rompue par une mite qui se brul la fiamme et tombe sur sa feuille de papier celle ci ne contenant encore que les premi res phrases d une fable sur un oiseau pris par une paire de vieux chiens avec cr pitement et un petit ploc Kleist regarde meduse avec des yeux d insecte si l on ose
237. es membres de l Oubapo Ainsi que du mot Oubapo J ai aussi cr notamment pour la revue Politis quelques dessins d actualit avec ce principe de r versibilit Formules Avez vous r ussi transposer le lipogramme EL On cherchait comment le transposer autrement que de facon pure ment litt raire De quoi s agit il sinon d enlever des l ments essentiels Si c est ca beaucoup de dessinateurs ont fait des lipogrammes sans le savoir En enlevant les bulles en se d brouillant pour qu on ne voit jamais les personnages ou qu ils soient r duits des points ou en supprimant totale ment l image sc ne de nuit par exemple Thierry Groensteen a propose de cr er un western sans cow boy ni arme feu Cela reste encore faire Formules Ou une bande dessin e sans cases EL Cela existe De nombreux auteurs y ont eu recours Reiser par exem ple D autres comme Marc Antoine Matthieu ou Fred ont fait sortir leurs personnages des cases Formules Pourrait on transposer la fugue en bande dessin e EL Ah oui Ce serait int ressant A voir Formules Qui sont les membres de l Oubapo EL Nous sommes neuf actuellement Pas mal de gens y sont pass s mais nous sommes neuf ou huit selon que Fon compte ou pas Thierry Groensteen qui s est mis en cong de l Oubapo comme pour l Oulipo on ne peut pas en effet d missionner Les membres sont d sign s par cooptation Il y a donc Anne Baraou qui vient de
238. es petits carreaux dont la fr quence est remarquable dans l ensemble du corpus photographique accueilli par l oeuvre de Perec notamment outre les pho 55 56 DOSSIER tographies de Lewis Hine illustrant R cits d Ellis Island grillages bar res2s dans les photographies prises par Christine Lipinska pour La da ture les trompe l ceil photographies par Cuchi White alignements de fen tres quadrillages perspectifs et les polaroi ds r alis s par Perec lui m me lors de son voyage vers Ellis Island La forme du quadrillage ou grille apparait d abord comme l inscrip tion r f rentielle d une structure formelle le cadre rectangulaire qui d finit les limites de l image photographique Certe inscription m ta photogra phique du cadre dans le champ de l image permet d y redire visuellement la coupure que marque tout clich en tant qu il est un pr l vement dans la continuit r f rentielle Les grilles repr sent es dans les photographies choi sies par Perec figurent donc visuellement une doubl qualit formelle con tradictoire la coh rence par le caract re unitaire de la structure qu elles r alisent et la rupture Par ailleurs la grille davantage encore lorsqu elle est r f rentiellement celle d Ellis Island lieu embl matique de la diaspora juive parait dot e dans le contexte perecquien d une valeur qu on dira autobiotextuelle Du point de vue le plus large la grille donne en effet figure l autob
239. es qui rendent la lecture d une nouvelle souvent si ennuyeuse et surtout si minemment pr visible Cela raconte aussi dm et sec sans tralala Cela parie de la soci t moderne la plupart des personnages passent leur temps regarder la t le s enivrer au pub se d foncer ou baiser dans cet ordre l avec une tr s nette pr f rence pour les deux premi res de ces activit s avec un naturel et une puissance que les auteurs francais se feraient bien d imiter de temps autre Cela vite enfin tout effet de r p tition chaque texte tant vraiment tr s diff rent des autres du moins quant au style et au rythme th matiquement les reprises l emportent pres que sur les variations Mais surtout il se degag de ces nouvelles une formidable energie narrative Voici des auteurs qui n y vont pas par quatre chemins pour raconter une histoire et qui ne s embarrassent pas d un excessif surmoi litt raire pour le faire Le r sultat est souvent savoureux et dans le domaine des litt ratures contraintes ce livre illustre coup sur une tendance peu repr sent e dans les lettres francaises On dit les Anglais allergiques aux fmesses formelles de l criture francaise Ali hall the new puritans montre clairement que la force d un texte peut s obtenir aussi par des moyens fort inattendus J B Jean Pierre Bobillot Trois essais sur la poesie litt rale DeRimbaud Denis Roche Al Dante amp Editions Leo Scheer 2003 196 p
240. es seront une constante chez les adeptes de la contrainte mais qui passera aussi par les recherches de Du champ Ce n est pas par hasard qu on la retrouvera la base de l exp rience des membres de l Oupeinpo et de Morrelet On assiste en fait en m me temps que Paffirmation de l art abstrait une s paration entre ceux pour qui les l ments plastiques sont les sim ples manifestations de r alit s cach es int rieures ou spirituelles comme 19 20 DOSSIER pour Kandinsky et ceux pour lesquels ces l ments se suffisent eux m mes et deviennent un nouveau langage concret comme chez Theo Van Doesburg Dans la d finition m me du neoplasticisme on retrouve ces l ments impersonnels et universels qui caract riseront le langage plasti que des amateurs de contrainte Degag compl tement de toute forme particuli re le neoplasticisme exprime l unicit humaine par la beaut des rythmes et des rapports plastiques cr s avec des l ments impersonnels et universels 13 On retrouvera ces m mes l ments dans le cubisme comme le rappellera l un des artistes de R alit s nouvelles C est ainsi que le neoplasticisme est n venant du cubisme et des id es futuristes 19 Dans les ann es 20 30 c est surtout le triomphe de la peinture abs traite qui semble ouvrir la voie au formalisme en apportant des r gles nou velles concernant le fonctionnement des lignes des formes des couleurs des quilibres des
241. eurs de ces entrelacs et 14 encore on peut y voir une interpr tation en vue de deviner l avenir comme de lire dans le mare de caf ou dans une boule de cristal De m me il a laiss une feuille 1922 porteuse de noms d amis ot des taches d encre sym triques obtenues par pliage du papier font des figures analogues celle du test de Rorschach27 L encore il s agit de figures ind termin es qui donnent mati re figuration et interpr tation encromancie De facon originale l activit po tique de Desnos s est port e sur l ho monymie et sur la d composition ludique des mots en syllabes en quoi il s est distingue de la plupart des disciples de Breton qui pratiquaient le seul eulte de l image surprise et se voulaient indiff rents au caract re sonore et visuel du mat riau verbal comme de la forme po tique DOSSIER Les dessins anagrammatiques sont apparus chez Desnos lors d un mo ment f cond au confluent de ces deux courants litt raire et plastique On y retrouve ses th mes et ses pr occupations et Fon ne saurait faire la part de P mulation du groupe du plaisir du jeu et de la croyance en la divination On peut d ailleurs consid rer ces oeuvres du seul point de vue esth tique Mais la compr hension de leur gen se permet de mieux appr cier l imagination et l ing niosit de l auteur car chacun d entre eux peut rre consider comme un v ritable test de cr ativit Ajoutons qu une repr sentation num
242. eux brefs recueils n o classiques en vers blancs Symposion et Jardins lafrangaise parurent sous le pseudonyme d Elvio Zagghi en 1929 et en 1931 Il rencontra peu apr s une peintre russe r cemment exil e Olga Abramova mari e un fmancier nicois Sa relation secr te avec Olga qui tait rest e proche des avant gardes russes influenca probablement les demi res productions de Zagghi Il concut vers 1932 le projet des M tamorphoses une s rie de gravu res faisant pendant des po mes ensembles construits selon un mod le ternaire une premi re version d inspiration assez acad mique est suivie d une autre qui montre des repentirs et des corrections pour aboutir la derni re tr s d pouill e o les r f rences classiques sont transform es et presque enti rement effac es La mort d Olga et d Elvio survenue dans un accident de voiture pr s de Blois suscita un bref scandale mondain Tant qu elle v cut F licie Rezzaghi s opposa la publication des ceuvres de son mari infid le Le manuscrit et les gravures de M tamorphoses sont rest s in dits jusqu ce jour 181 SS ws TY sx TEXTE IMAGE cho Dans ce miroir tu vois une statue son marbr prend la forme d un jeune homme agenouill sur le bord d un tang le cou pench le visage tendu vers ce pian d eau transparent et serein o son reflet miroite Sur la fine bande qui ceint ses cheveux le sculpteur a dessin des lettres l
243. eux de lettres dans les po mes pieux du Moyen ge Paradigme Caen 1993 p 98 BN fr 12475 fol 3r 2Brach J R La symbolique des nombres P U E Que sais je 1994 p 69 Fabri P Le Grant et vray art de pleine Rhetorique Ed A H ron Second livre Po tique Rouen Imprimerle Esp rance Cagnard 1890 p 74 Les Bigarrures et Touches du Seigneur des Accords Rouen Louys du Mesnil 1648 1 ed 1586 Cf Zumthor P Le grand lt change gt des rh toriqueurs Biologies et prosodies Colloque de Cerisy 1 Union generale d ditions 10 18 1975 p 217 Cf Roubaud J Notes sur les Litanies de la Vierge de Jean Meschinot gt ibid p 222 224 TJean Meschinot Les lunettes des princes Ed Christine Martineau Genieys Librarne Droz 1972 n 24 p XXXV Destr es Fr re chartreuse et po te du temps de Marguerite d Autriche publi par Holger Petersen Helsingfors 1927 Helsinfors Centraltryckeri Societas Scientiaram Fermicae Commentationes Humanarum Litterarum Tomus I Nr I 8 p 84 85 Zumthor P Le masque et la lumi re La po tique des grands rh toriqueurs Seuil 1978 p 260 Gratien du Pont Les Controverses des sexes masculins etfemenins Toulouse J Colomi s 1534 F 54 v Rabelais CEuvres compl tes Ed Guy Demerson Aux Editions du Seuil 1973 p 488 Po sure et Peintrie Centre de la vieille Charit 12 f vrier 1993 23 mai 1993 Mus es de Marseille R unio
244. evue manque encore d une ligne elle ne part ni d un manifeste ni m me d un programme clairement defini la qualit des textes et les d couvertes mul tiples qu y fait constamment le lecteur en rendent la lecture tout fait passionnante Les t moignages d auteurs fort clairants les tudes histori ques tr s fouill es et surtout l int r t porte des sujets un rien exotiques mais dans le bon sens du terme loign s de nous dans le temps et dans l espace mais aussi tellement proches qu ils nous apprennent quelque chose sur nous m mes font de ce premier numero de Balises un r gal Le m lange des sujets et des genres que la revue ne s efforce nullement de ca moufier ajouter sans aucun doute ce plaisir pour peu bien entendu qu on soit sensible aux lois du montage Balises parvient galement et c est presque un exploit brouiller les pistes entre sujets et objets le som maire m lange les noms tr s connus et moins connus voire pas connus du tout mais il arrive tout aussi bien qu une signature connue s exprime sur l oeuvre d un auteur plus confidentiel ou vice versa dans un v ritable es prit d mocratique qui se sent tout au long de ces pages Enfin Balises montre aussi que le th me du numero garde toute son acrualit et que certe actualit n est ni celle de certains groupuscules qui mettent la litt rature au service de telle ou telle cause politique ni celle de certaines associations du OBSERV
245. ffet perceptible un point de vue descriptif qui au lieu de se piacer hors du temps saisit son objet dans un continuum volutif Les structures morphologiques sont ap pr hend es de mani re non point statique mais constamment dynamique grace un ensemble de marqueurs adverbiaux ou lexicaux qui les projettent sur un parcours tensif 223 ILLUSTRATIONS Archirrhinos marche ENCORE sur ses quatre extr mit s comme les autres Mammif res et ne possed PAS ENCORE de nasarium diff renci p 19 chez les Asclerorrhines les R ORGANISATIONS du territoire nasal corr latives d une MODIFICATICI du mode de locomotion sont ENCORE TR S LIMIT ES mais certaines particularit s repr sentent des ACQUISITIONS NOUVELLES et leur nez constituant lt D J un vrai nasarium en ACQUIERT une tr s grande mobilit gt cependant que leurs extr mit s post rieures R DUITES OU MODIFIFES ne sont PLUS fonctionnelles p 21 22 la musculature d Holorrhinus n est PLUS stri e mais lisse Le cerveau est fortement REDUIT gt p 39 etc A l aspect soit inchoatif soit r sultatif ici attach au pr sent de l non ciation scientifique s ajoute une plus nette dimension prospective lorsque des verbes au futur viennent annoncer des mutations que pr sentent seuls les hom othermes d riv s Chez Rhinotalpa s bauche d j une parti cularit anatomique qui se r alisera de mani re beaucoup plus a
246. figure une patte Un E tr s incline et aplati forme les plumes de sa queue 10 Yvonne George Y etfyr eo r Les trois e li s en cursive forment les vagues La hampe prolong e du R figure le mat du premier bateau tandis que sa pans ouverte et sa diagonale dessinent un pavillon battant au vent Le Y forme le mat du se cond bateau surmont d une mouette pour ce faire les deux branches sup rieures du Y forment un V qui est isole du fut du Y Les deux o figurent un hublot l avant de chacun des deux bateaux Les deux G re tourn s d un quart de tour vers la gauche et tr s tir s dessinent les deux 37 38 DOSSIER coques de ces bateaux ainsi que leurs ponts les mats sont plant s l en droit de leur ouverture Les deux N retourn s d un quart de tour vers la droite et dont les deux hampes et la diagonale sont d sassembl es forment trois vergues chacun des deux mats Enfin le V figure une mouette qui vole entre les deux mats D finition et m canismes de formation Les lettres d un nom de personne forment une image L auteur part d un mot qui est toujours un nom et un nom de fa mille d un proche le sien inclus Il le decompose en lettres et utilise ces lettres comme l ments plastiques pour en composer un dessin Il y a donc un premier temps de d composition des lettres d un nom qui sont mises dans le d sordre Ce processus est le premier temps de la formation d une anagramme portant sur
247. fort vient de publier chez Plein Chant diteur auda cieux s il en est Le scientifique averti retrouvera quelques connaissance mais chaque lecteur pourra et devra trouver au d tour d un vers d un titre d une fausse rime d une association contraintes d dicataires allusion savante ana trivial r f rence cin matographique ou musicale comptine ou rengaine Et pourtant rarement la math matique ses applicateurs et ses applicandes f g h x auront d bouch sur autant de poesie et d humour A tei point qu on oublie la ou les contraintes et qu il faut artendre la glose finale pour ventuellement relire le tout pour voir si on a bien tout vu Et j aime Six r cits R my lascif a mis Sissi dos au sol J aime L amp J avec sa mort alit e bateau six zoos la rive hier au bord de l eau La rit vit erre aube hors de l eau Arriver combiner de facon implicite ET explicite Goldbach et Ver mot c est tr s brafFORT Alors oulipien certainement pataphysicien sans nul doute mais cela a t il une importance Quand on aime on ne cherche pas a classer ce qui est sans doute inclassable A Z Joe Brainard Iremember Je me souviens Traduit de l am ricain et pr fac par Marie Chaix Babel 2002 228 p Une r dition en format de poche a ne pas manquer Perec avait mis le nom de Joe Brainard en pigraphe a Je me souviens avant de ne lire l ouvrage de ce dernier para en 1975 La pr face de la traductrice et
248. galement p dagogique puisqu il s agit de pr senter les grandes familles de caract res typographiques Mais ces trente deux dessins partent de noms imaginaires et sont uniquement des visages Signification et fonction Le th me des dessins anagrammatiques est plus ou moins en rapport avec le nom de la personne ou avec ses activit s Les plus simples sont analogues aux armes parlantes des blasons Le nom de la Rivi re suscite tr s naturellement une rivi re Et c est un fleuve qu il connait bien la Seine il a pu se souvenir du vers d Apollinaire Berg re 6 Tour Eiffel le troupeau des ponts b le ce matin Le peintre 43 DOSSIER Andr de la Rivi re se retrouve sur une photo de groupe avec Malkine embras sant sa femme Yvette souvent prise pour un homme le sculpteur Lasserre et au centre Desnos dans un tat d ivresse d origine ind termin e e 1931 20 Eug ne Merle suscite un oiseau en l occurrence un merle Eug ne Merle est le directeur de Paris Matin le journal o Desnos travaillait cette epoque il semble avoir fait ces dessins pendant ou en marge de son tra vail ou en tout cas sur le papier de son entreprise Le rapport peut tre plus lointain pour Aragon la table voque les caf s chant s dans Le Paysan de Paris avec le cocktail comme rite des r unions surr alistes Pour Desnos parisien par toutes ses fibres le navire voque par sa forme celui du blason de Paris d
249. gart et autres vies plus ou moins br ves Seuil 1997 pp 40 42 14 Op cit pp 82 106 15 La Biblioth que de Warburg op cit p 89 16 Jacques Roubaud Le Grand Incendie de Londres R cit avec incises et bifurcations 1985 1987 Seuil 1989 p 35 17 Sur ce point voir Georges Didi Huberman L Image survivante Histoire de l art et temps des fant mes selon Aby Warburg Minuit 2002 18 La Biblioth que de Warburg op cit p 61 19 Op cit p 60 20 Georges Perec Lettre Maurice Nadeau 1969 Je suis n Seuil 1990 p 54 21 La question de la pertinence litt raire du p ritexte interesse d ailleurs Jacques Roubaud de mani re plus generale sur les quatri mes de couverture voir La Biblioth que de Warburg op cit pp 118 121 22 Jacques Roubaud Math matique Seuil 1997 p 253 23 Le Grand Incendie de Londres op cit p 48 24 Op cit p 365 Comme l crit Pascaline Mourier Casile Exp rience de prose roman Le Grand Incendie de Londres n en aurait pas moins pour effet pour principe et pour but de sa pratique scripturale de faire de son lecteur de tout lecteur un possible lecteur de poesie Jacques Roubaud aurait il decouvert par l le moyen d assurer la survie de la poesie dans la pentapole d sertique d un monde vou la prose Pascaline Mourier Casile Li v re Certe pratique Fragments d une lecture inachev e des deux premi res branches du Grand Incendie de L
250. ge Car c est un livre la fois foisonnant et rigoureux amusant et intelligent bref plein d esprit dans les deux sens du terme d autant que Camille Abaciar en a pour sept Il fait d ores et d j date dans l histoire de la parodie et du pastiche ainsi que dans revolution des techniques litt raires dites oulipiennes Cet ad jectif vient d entrer dans le Larousse Illustre certe ann e avec deux sens relatif POulipo et qui appartient l Oulipo et nous le prenons ici dans le premier sens plus extensif Il serait bon que ce livre soit utilis dans l enseignement secondane pour montrer aux l ves l aspect ludique de la cr ation et pour entretenir leur esprit critique Il peut aussi servir de mat riel de base pour l initiation aux litt ratures contraintes Enfin on peut souhaiter que ce livre stimulant ait une descendance qu il s agisse d une suite ou de l application des m mes contraintes appliqu es d autres texte cible ou m me de la poursuite de ces exercices de style par d autres crivains A C Les Amis de Valentin Bru Nouvelle s rie Un ami viervi tois Blavier janvier 2002 n 24 25 Les Amis de Valentin Br Nouvelle s rie Voyages au centre de l oeuvre n 26 27 Le premier numero est avant tout un numero d hommage sous le coup de l motion Andr Blavier Souvenirs de Francois Caradec Les joyeux mariniers Temoignages de ses amis belges francais et canadien
251. gi re d un monde exotique o ce qui parait n est pas Enorme pied de nez d ceptif l lucubration t ratologique n en de meure pas moins passible d une approche technique qui en Poccurrence s y exerce avec autant de pertinence que sur un document s rieux Au point de vue de l thos miotique il n est au vrai pas indiff rent que les Rhinogrades ces pseudo mutants qui reculent t te en bas viennent boule verser quelques unes des hi rarchies naturelles par ailleurs solidement ri g es Car toute th orie n o darwinienne du R gne animai reste affaire de structure verbale et en vertu m me des contraintes propres au simulacre de sens Notes Par Robert Weill Professeur la Facult des Sciences de Bordeaux Directeur de la Station biologique d Arcachon la pr face tait due Pierre P Grasse de PInstitut L originelle version allemande Bau und Leben der Rhinogradentia fut dit e 4 Stuttgart par Gustav Fischer Verlag Une traduction am ricaine est intitul e The Snouters forni and life of the rhinogrades par L Chadwick New York 1967 Cf notamment http vennarecci free fr Rhinogrades pagel htm et http gromit univ lehavre fr RhinoWeb ainsi que l article de S Hergueta Responsable p dagogique au Mu seum National d Histoire Naturelle de Paris Une fiction plus vraie que nature Sciences et avenir n 123 juillet ao t 2000 dossier Cr atures imaginaires gt P 43 et fig p 50
252. graphie qu elle soit ou non pr cis ment d crite est d s Les Choses un objet r f rentiel r current dans l criture de Georges Perec Jour apr s jour ils s install rent Ils coll rent sur tous les murs des dizaines de reproductions et sur un panneau bien en vue des photogra phies de tous leurs amisi Or cet objet constamment pr sent souvent mentionn e la photographie appara t aussi dans l oeuvre de Perec cornine un g n rateur de l criture et parfois comme une image effective est aussi un objet constamment d valoris Fragile et fictive la fois la photographie sem ble dans les crits perecquiens d pourvue de toute fiabilit ontologique Pour le dire d un mot la photographie est dans l oeuvre de Perec fondamentalement d ceptive ce que marque bien l un des r ves de La Boutique obscure Deux dissimulent des photographies dans les bo tiers de leurs montres Mais ces photographies dont le titre avait quelque chose d all chant ne sont que de minces rondelles de cuir pli es en deux et ne montrent que de vagues stries grisatres2 D ceptive la photographie l est ici doublement son ancrage r f rentiel n cessite apparemment un recours au verbal mais ce titre ne parvient pas emp cher P vanouisse ment radicai de toute repr sentation Certe m fiance pour la photographie est clairement d sign e par le film R cits d Ellis Lsland notamment dans les plans o l album feuillet
253. h s Obst das ist dann auch saftig b zleh ngsw is hat viel saft nt r d r schal d nn wo die schal ist da ist nicht viel saft vlell icht n ch w nig r saft hat d r k m b zlehtingsw is die k rn d nn wo d r kefn ist b zlehtngsw is die k rn sind da Ist w d r d r saft n ch die saft n ch die schal b zleh ngsw is die schal n Ist ab r w d r k rn b zleh ngsw is die k rn sind das 6bst Ou bien de facon purement visuelle comme dans le sonnet n 61 p 1731 aui voaue le Fisches Nachteesam de Christian Morgenstern 61 lt J v U v u v u gt V H u s ty L V D autres sonnets traitent des rimes de la phrase de la strophe ou bien du sonnet en tant que genre litt rarre Dix pages restent vides part des titres parfois tranges sous lesquelles on d couvre toujours la m me num rotation 196 pflanze p 2 gesaftet hier nichts sei die biute des geschalten p 21 zum beil die axt gehaut ist worden undzu hacken p 69 TEXTE IMAGE der kern der blatter p 75 die saaten des treibens der n gel p 98 die osche des hundertsiebenten p 107 weil nicht das roden knickte was das brechen mahte p 139 des rauschens nebensatze p 151 wort 158 die hacken des kahlen p 190 Pourquoi pas toute une lt couronne gt Je ne saurais le dire Mais ces pages vides qui se r f rent au dernier po me
254. hi que ou bien encore de l criture de l ile de Paques toutes sont dot es d un caract re sacre Elles le doivent cela que pour beaucoup leur cr ation est le fait d un pouvoir surnaturel Dans les religions juive et musulmane il en va de m me et e est la raison pour laquelle cette mesure que le recours aux images est interdit Interdit moins qu il ne s agisse d images g n r es par l criture Or grace la typo sie pr cis ment il est nouveau possible d crire coups d images d images alphab tiques mais d images quand m me Aucun po te ayant recours ce mode d criture l ne niera qu il conf re le sentiment de d tenir un pouvoir m phistoph lique L inou i surgissait dans leurs yeux Extrait de Toutes les pommes se croquent Ed des cendres Je reste tonn d avoir d constater la Maison des Ecrivains alors que j y pr sentais mon dictionnaire de typo mes intitul Le Petit Peignot et Toutes les pommes se croquent le refus de mes interlocuteurs de l Oulipo d admettre que la typo sie pouvait tre tenue pour une forme fixe comme une autre Mieux ou plut t pire ils se refusaient reconna tre que par l entremise de la typo sie Pinformatique tait en mesure de conf rer leur groupe une nouvelle dimension voire sa dimension pleine et enti re Pour tant les maitrises conjugu es de la langue et de l espace ne pourraient elles pas tre tenues pour le comble de l expression po tique
255. icain The Sensational She HuW de John Byrne para il y a environ 10 ans on trouve aussi ce genre d exercice TEXTE IMAGE EL Il faut aussi citer le travail pr et para oubapien de Marc Antoine Mathieu Certes Mathieu ne fait pas partie de l Oubapo mais il en est tr s proche et je sais qu il suit nos travaux de pr s Dans L Origine 1990 on voit une page avec une case vide qui manque ou plut t qui est remplacee par un trou dans la page par lequel on voit la suivante Quand on tourne la page on voit la page pr c dente il y a donc deux moments qui se r p tent C est ce qui est amusant dans la bande dessin e On peut se permettre ce genre d effet sur l espace et le temps de facon evidente Il y en a beaucoup d autres comme celui qu utilise Herg dans Tintivi au Tibet avec le m me panoramique pour plusieurs cases Formules Partagez vous les analyses de Scott McCloud sur le support des bandes dessin es EL Oui Elles m ont servi j ai pens lui en cr ant mon dernier bouquin Il observe en effet comment se construit une bande dessin e et notam ment le cot ellipse temporelle entre deux images certe illusion du temps que cr e la bande dessin e Il y montre quelques exemples d aberrations spatio temporelles que peut cr er ais ment un dessinateur Par exemple un doubl strip de Matt Feazell un type p che la ligne son propre billet situ dans la case du dessous et qu il tend pour payer son repas Du coup
256. ication du trompe l ceil Il y a l quelque chose qui est du domaine du r ve de ce trouble cette incertitude si bien d crite par Roger Caillois o d un seul coup tout un pan de notre r alit nocturne vacille avec les fleurs bleues de son papier peint sa suspension de fa ence bianche la cafe ti re de tole maill e la table ovale avec sa toile cir e carreaux la berg re couverte d un vieux tissu d indienne avec cette femme que l on avait ren contr e Biarritz dix ans auparavant et que l on n avait jamais revue et ce ministre pl nipotentiaire rappel d urgence par son gouvernement et vous confiant avant de monter dans l avion le manuscrit inachev de sa th se sur Eudes d Angerville et tout cela tait si vrai tellement plus vrai que la vraie vie elle m me que pendant quelques secondes on est presque parvenu se rem morer avec tous leurs d tails toutes les p rip ties de cette biographie fictive l histoire orageuse de ces relations passionn es la fuite la guerre le scandale lors de la representation de Rigoletto l Opera de Sofia avant de se rendre compte que l on n ajamais t Biarritz ni Sofia d ailleurs que l on n a jamais entendu Rigoletto qu on ne conna t aucun ministre pl nipotentiaire qu Eudes d Angerville n existe pas 53 54 DOSSIER La r p tition de la pr position avec met les notations r f rentielles de la premi re s quence num rative sur le m me pian que
257. icot le corps dans le plat d tain 11 mars 2000 Paris po me de m tro Le sommeil est une affaire qui ne se d crit pas elle m me Il fait la paix avec ses fourmis int rieures qui ne cessent pas de travailler buvant de la bibine et de la forte et d lirent Les gens disaient autrefois sans dormir que le whisky ca avait le go t de fourmi L activit de ces myriades de petites piquantes possibles partes Elles font retour une sagesse une folie difficilement commensurables difficiles d partager difficiles accepter difficiles refuser Parfois c est une effroyable terreur qui monte de cette soci t Les dents claquent Et rarement je reste une heure trembler de toutes mes fibres comme j cris l dans le m tro et que cela peut ressembler un tremble ment tellement je dois crire vite tracer vite les pattes de fourmis sur le papier Parfois on sort quelqu un de son sommeil avec l arme du t l phone Parfois on permet quelqu un de mieux dormir au moyen d une caresse de t l phone Si l esprit des morts revient quand on dort c est qu on est alle le chercher jusque dans son pays qu on l a r veill sans se faire voir et qu on est revenu dormir et qu on ne sait m me plus qu on a t r veill Le r ve existe mais il n est pas plus que le r ve pas beaucoup plus et dans la continuit de la camisole de la veille pas en rupture pas si en rupture que ca Elle ne dort pas El
258. ie de peindre de devenir un crivain qui peint Dans la Chambre d cho une ancienne tu diante des Beaux Arts trouve enfin sa voie dans la cr ation artistique Ex ploration Crise Transformation ce sont les trois substantifs qui structu rent ce roman en trois volets comme dans les triptyques peints Je suis repass e par l ensuite comme si j avais crit dans ce livre les phases le rituel d initiation auquel j allais moi m me me soumettre Il faut dit on atteler deux chevaux chaque valve pour obliger bailler malgr lui le plus gros coquillage du monde Mais si conna tre n tait plus briser l os pour sucer la moelle impr gn e de sang ou ventrer le coquillage si connaitre n tait plus disputer le noyau du fruit aux oiseaux et aux mulots si conna tre consistait surtout l cher la nacre ti de du Grand B nitier en lui donnant voir le dessus de la langue et toutes les l vres rader doucement la peau de la p che avec la palette apre des incisives pour en aspirer le jus changer avec lui le sucre le frais l acuite alors nous dresserions face au monde le drapeau d intelligence et la toque de 133 DOSSIER finesse qui nous servent de peau Nous lirions du bout des doigts du plat de la main nous empaumerions les histoires et les th ories nous masse rions les longues s quences effleurerions des styles et tous les romans s ach veraient par une friction ou une caresse du tranchant A tacher de li
259. ier les momes videmment certe entr e au bac implique certaines adaptations Ainsi nulle trace d une necessit d expression dans les manifestes de POulipo que men tionnent pourtant les Accompagnements des programmes Or le sujet de dis sertation la presuppose dans la logique de la place accord e par le programme que je cite aux attitudes et motions fondamentales communes tous les hommes qui prennent forme dans les genres et les registres de l expression Soit les tonalit s avec par exemple les registres lyrique et path tique qui doivent notamment rre abord s en Premi re OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES D apr s les chos que j ai pu recueillir les professeurs ont g n rale ment trouv ce sujet difficile en particulier les po mes eux m mes surtout les plus r cents mais aussi la dissertation Celle ci n est pourtant pas trop loign e des repr sentations que les l ves se font spontan ment de la poe sie la fois des vers et un moyen d expression Le probl me semble venir de la difficult trouver une coh rence entre enseignement programme et sujets Cette difficult a sans doute t augment e dans le cas de la poesie par l tendue des objectifs qui concernent la fois la mat rialit de la poesie oralit typographie les figures les formes et les genres po ti ques avec leur histoire les conceptions de la poesie et leur histoire no tamment autour des re
260. ille d gra d e en partant du fond du d cor du paysage des v tements et en termi nant par les chairs les mains et les visages Il attendait que certe premi re bauche soit bien s die Le tableau se continuait par des aplats color s qui respectaient l orare des valeurs impos es d s l bauche et toujours apr s un temps de s chage respectable il s achevait par les d tails contenant parfois quelque relief On constate que des exigences concernant la cou leur le liant le diluant le support et le fond persistent jusqu nos jours les r sines employ es tant de moins en moins riches Xavier de Langlais compare les techniques primitives aux n tres Techniques primitives base d huile cuite et de r sine Pat trans parente Le blanc tant g n ralement obtenu par le respect des valeur clai res du fond Technique moderne base d huile crue sans r sine R sultat une p t opaque amorphe dont les tons clairs comportent une quantit exces sive de blanc 7 Les contraintes mat rielles se retrouvent donc dans les normes du savoir faire artistique on sait quel point au XIXe si cle Charles Blanc dans sa Grammaire des arts du dessin insiste sur l ordonnance du des sin Proud hon n avait pas invent le motif mais il en inventait l or donnance Sur le champ il avait indiqu les grandes lignes jet les figures et leurs draperies pr vu leur pantomime balanc les masses a
261. inai suivre A C Thierry Beinstigel Composants roman Fayard 2002 226 p La promesse du pr c dent ouvrage est tenue Les contraintes utili s es dans ce livre sont plus souples et la lecture demande moins d effort lei pas de pr noms autres que ceux de la troisi me personne du singulier il elle on et le il impersonnel Le h ros sans nom est d sign par on Les pronoms exclus ne se retrouvent que dans les rares et brefs dialogues rapport s et dans des citations Cependant on lit p 23 ils concluent toujours relachement au terme d un passage en infinitifs vo quant la contrainte plus troite du pr c dent roman Monique Wittig dans YOpoponax avait d j utilis le seul pronom on pour son indiff renciation sexuelle et de facon plut t lyrique lei le choix de ce pronom correspond la r duction de la personne au monde de l on la r ification des rapports sociaux comme l avait expos Henri Lefebvre dans sa critique de la vie quotidienne qui ne fut pas sans in fluence sur Perec Le style sec de cet ouvrage sans images ressemble d ailleurs celui Esp ces d espaces Mais l o Perec dans les Choses d crivait l ali nation par la consommation du petit monde qu il connaissait grande bourgeoisie et boh me distingu e Beinstingel d crit l ali na tion par le travail des nouveaux producteurs de services Un int rimaire doit ranger des composants m
262. int ressante de mettre ces mots en images Lorsque je m attaque un upside down dans lequel c est vraiment l image qui est centrale cela me demande un enorme boulot Cf Le Peni La Maine dessin d humour la fois upside down et ambigramme AULAEN 3 24 SI XOM SN 143 DOSSIER Formules Utilisez vous une matrice pour fabriquer vos sc narios EL J ai videmment des cahiers des charges et des bidouillages divers pour mettre au point mon travail Souvent les personnes qui les voient ne comprennent pas sur quoi je travaille ce sont des colonnes avec des croix des piles de bouts de papiers reli s Formules Vous parlez toujours de bande dessin e et jamais de BD Quelle diff rence faites vous entre les deux expressions EL Le terme BD a une connotation p jorative evidente c est pourquoi je lui pr f re celui de bande dessin e C est aussi une des revendica tions de l Association qui veut sortir de l image post adolescente qui colle la bande dessin e On parie d ailleurs toujours d albums et ja mais de livres quand on parie de bande dessin e Un album n est qu un simple recueil d images qui ne m rite pas le statut de livre Parler d un univers BD propos d un film par exemple reste plut t d valo risant Pourtant les choses ont vraiment volu Il existe aujourd hui de nombreuses oeuvres tr s int ressantes qui prouvent la maturit de la b
263. introduit par le premier explorateur extermina les indig nes en l espace de quelques mois p 4 C est en somme une infection nasale qu est due cette extinction pathologique mais l ne s arr tent pas les ravages du coryza car tous les sp cimens de Rhinochilopus ou Mille Nez furent eux aussi d cim s par la m me epide mie devenue pizootie D o la doubl impossibilit qui en est d coul e d tudier et le langage des Huacha Hatschis et l thologie des polyrrhines m lomanes Il est clair que de telles contingences accidentelles ne font jamais qu annoncer donc redoubler par avance la catastrophe ultime sur quoi repose tout l difice S me isotopant s il en flit le trait nasal a une incidence cruciale sur le parcours figuratif des actants mis en sc ne Mais c est sans conteste au pian th matique qu il gagne sa pleine efficience il constitue lui seul l axe ou l appendice paradigmatique partir duquel s organise toute la syntaxe anatomique La reconstruction somatique des multiples genres et esp ces n est au juste qu une suite de variations ramifi es sur la morphologie du nez et sa conversion en organe plurifonctionnel en m me temps qu il perd son role habituel d volu la respiration et Polfaction il se dote de pro pri t s nouvelles pour servir tant t l alimentation tant t la phonation au saut parfois et au premier chef la locomotion La r duction generale des membres pairs qui demeu
264. iograph me du carr 29 mais on peut aussi penser que les connotations courantes du motif la prison l enfermement de mani re generale prennent face aux textes de Perec une valeur plus pr cis ment m tonymique en d si gnant indirectement les camps La grille photographique offrirait donc une convenance remarquable a P criture perecquienne30 Ouverte la suggestion autobiotextuelle elle marque formellement la fois la coh rence et la rupture elle apparait autrement dit comme la figure visible du r seau31 Je proposerai au terme de ce parcours d elargir l hypoth se de lec ture d ja labor e par Bernard Magne et Mireille Ribi re au sujet de certains des po mes d images de Perec La Cloture Alphabets M taux Trompe l ceil celle d une parente formelle forte entre l criture perecquienne en particulier dans ses manifestations les plus contraintes et les ceuvres plastiques qui l accompagnent alors Je dirais en ce sens que l oeuvre de Perec t moigne tout au long de son laboration d un d sir photographique qui tient 4 une convenance aux motivations multiples entre les pratiques de l criture et celles de la photographie La photographie parce qu elle produit des images c est dire des repr sentations par d finition tronqu es ne peut que rejoindre les d mar ches d une criture habit e par la pens e de la disparition du faux de la rupture Ce qui n est pas forc ment entendre en un sens t
265. ion naire tout entier savoir de Arobace ou Arobas ou Arobe selon son orthographe ZUS Zone Urbaine Sensible Une petite bibliographie ter mine cet usuel A C Gerhard Jaschke Mehr denn je Wien Herbstpresse 2001 Gerhard Jaschke est un crivain viennois n en 1949 de longue date qui s est fait un nom aussi pour ses activit s ditoriales Jaschke est l di teur et le co fondateur d une revue litt raire germanophone importante Freibord qui existe depuis 1976 Le numero 65 de 1985 comporte la documentation du colloque Anagramm 88 qui s est d roul Linz Dans les ann es 80 l anagramme a exerc une fascination sur beau coup d auteurs germanophones mais seulement quelques uns font culti v e encore apr s ce boum Parmi eux Jaschke occupe une place impor tante ayant publi plusieurs recueils anagrammatiques Einsame Ameisen Wien 1985 Faungabe Aufgabe Wien 1988 Ursachen rauschen Koln 1990 Treues Steuer Einwortdichtungen oder Endlich Arges gleich anders Berlin 1992 et l dition bibliophile Worttheater Alpnach 2002 L exp rience anagrammatique est sensible aussi dans des textes qui ne suivent pas syst matiquement une contrainte Mais l anagramme n est pas la seule contrainte pr sente dans l oeuvre de Jaschke On y trouve aussi le monovocalisme dans der rede wert Wien 1994 et Letternbretter Wien 1995 Mehr denn je Plus que jamais est le titre de son recueil le plu
266. ir Un fleuve sous leurs pieds 5 guide par deux Na ades 6 Ou s lance un torrent ou retombe en cascades Dans un bassin vermeil 7 de fleurs environn 8 Plus bas on voit l hymen 9 de myrthe 10 couronne Cache dans le parvis d o le Dieu du myst re Par un sentier troit 11 conduit au sanctuaire 12 De son auguste enceinte ouverte aux deux c t s 13 L ceil peut suffire peine saisir les beaut s Dans ce tempie sacre si f cond en miracles Venez de la nature entendre les oracles 1 Le mont de V nus 2 Sans tre anatomiste on peut conna tre le bois sacre du mont de V nus 3 Les parties internes de la generation 4 Le clitoris si ge de la volupt 5 Le canal de l uretre 6 Les nymphes 233 ILLUSTRATIONS 7 La vulve 8 Les blanches ne sont pas les plus recherch es 9 La membrane de ce nom signe de la virilit 10 Les caroncules myrthiformes 11 Le vagin 12 La matrice 13 Les trompes de Fallope Ce passage est extrait de La Luciniade ou L Art des accouchements Po me didactique par le Citoyen Sacombe Docteur en M decine et Chi rurgie de la Facult de Montpellier M decin Accoucheur et Membre de plusieurs Acad mies Paris Garn ry Devaux et Levigneur An premier de la R publique p 17 18 Les notes sont de l auteur et elles ont dispaiai dans les ditions ult rieures corrig es et augment es Paris 1798 et Nimes 1815 L
267. ir un polichinel dans le tiroir Or cette jeune ferrane d couvre une curieuse marionnette dans le tiroir de sa table de nuit On peut conjecturer que cette carte postale d un go t douteux mais rh toriquement fort int res sante ne fut pas d cod e par tout le monde Illustration 2 Lafemme dans l assiette cartepostale d but XX s Cette carte postale du d but du si cle est galement d un go t dou teux Elle est construite sur une gulliverisation du personnage Cette gulliv risation masque et veut signifier dans le m me temps que cette jeune personne entour e de frites et promise la consommation du client e est une nourriture sexuelle est bien dans son assiette 3 exemple non illustre On conna t l expression francaise avoir un chat dans la gorge qui n tonne personne Mais qu on s avise de prendre cette image verbale au pied de la lettre et le sentiment d incongruit est ce qui s impose d abord nous Entrons dans le vif du sujet Il y a une vingtaine d ann es le quotidien francais Le Monde publie un dessin d humour destine moquer la pratique illicite de la prise de drogue dans les milieux de la communication TEXTE IMAGE Illustration 3 Dessin d Honor Ce dessin illustre un article sur ce sujet L auteur du dessin Honor a repr sent un homme assis sa table de travail qui consomme par voix nasale et Faide d une paille un peu de cocaine Au deuxi me
268. ires encore comportant de simples combinatoires pour en tirer des lecons plus claires Car c est dans la simplicit la science le d montre amplement que l on met le mieux en vi dence les propri t s et le potentiel des l ments tudier C est en prenant les couleurs deux deux que l on a d couvert les lois de contraste simultan Certe recherche du potentiel des l ments de base est parall le celle de l Oulipo elle a commenc se faire syst matiquement d s que avec l art abstrait on a fait retour aux l ments les plus simples 117 118 DOSSIER Les manipulations qui mettent en jeu des l ments permutables sont tr s souvent enrichissantes surtout si l on s attache exploiter des oeuvres du passe ou le d j l de l art moderne et contemporain Et pour com mencer par le plus vident les permutations d l ments abstraits ou d art figuratif rendus abstraits par morcellement II Permutations d l ments abstraits Dans le cadre d une utilisation non mobile d l ments plastiques r p t s on trouve parmi les premi res recherches et les plus connues celles de Lohse et Bill qui choisiront un module unique et des degr s de couleur pr cis pour pouvoir utiliser des algorithmes et construire des oeuvres domi n es par les math matiques Le module sera repris avec des modifications de couleur ou d espace guid es par ces algorithmes Bien d autres cr a teurs tenteront d utiliser des l
269. issique d Elvio Zagghi encore un h t ronyme de Bernardo Schiavetta un texte d Elvire van der Kruk h t ronyme de Philippe Delaveau dont on ignorait certe manation et une lettre assez hyst rique de la mys t rieuse Jeanne Vandepol qui cite un de ses propres vers Car oeuvre est 321 ESSAIS auteur ce que perle est moule S agit il d une de ces moules perli res d crites par Gaston de Pawlowski la suite des poules merli res Le numero se prolonge par une interview de Guy Gofette et des traductions de po mes d Alan Sillitoe le romancier de Samedi soir dimanche matin ainsi que de po mes et chants de Kabylie Enfm puisque ce numero n en est pas un paradoxe pr s il est illustre par de fort beaux clich s r alis s par un photographe devenu aveugle A C Poesie 2002 Po tique de Georges Perec n 94 octobre 2002 128 p Pour le vingti me anniversaire de sa disparition cf Formules n 6 Perec est enfin c l bre comme po te Lui m me se le cachait ses propres yeux et de grandes r sistances se sont manisfest es chez ses pairs pour d nier tout statut de po me ses anagrammes et autres textes sous con traintes aux rythmes subtils pour reprendre une expression de Charles Cros R paration commence tre faite avec ce numero marqu par les contributions de perecologues Bernard Magne analyse une des missions radiophoniques de Perec Poesie ininterrompu Chris
270. it de soulignement Comparons les deux m thodes les futuristes utilisent comme Des nos des lettres mais aussi des signes de ponctuation voire des chiffres ces deux derniers types de signes absents chez Desnos puisqu il part des lettres d un nom Les lettres sont de diverses tailles forme et position comme chez Desnos Mais ces lettres peuvent tre choisies dans un stock ind fini pour les futuristes alors que Desnos est contraint de s en tenir aux lettres d un nom donne Enfin chez les futuristes elles figurent toujours un personnage anthropomorphe alors que Desnos varie les genres por traits nature morte paysages Une origine endogene Il y a de tr s grandes chances pour que Desnos ait trouv certe tech nique de lui m me pour ainsi dire partir de son propre fonds Les mots en libert avaient fait l objet d un interdit de Breton sou cieux de respect du mot et de la syntaxe et rejetant le travail sur les formes sonores et visuelles du mot d autant plus qu il voulait d marquer son mouvement des avant gardes modernistes qui en France avaient repris ces jeux de lettres et de sons En revanche Breton a donne son imprimatur pour les calembours de Desnos dans Rsose Selavy et il les a m me lou s outre mesure les mots les mots enfin font l amour pour autant qu il taient pr tendument dict s par l inconscient du m dium et plus extraordinaire encore le r sultat d une t l pathie transatlantique avec
271. it directement comme dans le cas c l bre de Pierre M nard que Borges fait r crire litt ralement mais sans r p tition aucune le Qui chotte de Cervantes ou dans celui tout aussi connu de Fahrenheit 451 o Bradbury invente des personnages apprenant par cceur les livres interdits Seconde id e la transformation du livre en livre objet selon une vari t de proc dures qu il n est gu re possible de d tailler en cette doubl page Cependant il peut tre utile de signaler que cette transformation porte g n ralement soit sur le volume lui m me qu on rend alors son opacit mat riologique soit sur le texte qu on traite alors comme une mani re de palimpseste c est dire de support d une nouvelle op ration d criture Une belle illustration de la premi re pratique fut le geste fondateur de Mar cel Broodthaers qui coula les invendus de son premier recueil de poesie en un bac de piatire de mani re transformer la poesie en oeuvre plastique c est dire en sculpture depuis ce jour Broodthaers cessa d tre po te pour devenir artiste on sait ce qu il en advint La seconde demarche est de nos jours souvent associ e l oeuvre du plasticien anglais Tom Phillips qui a entre autres choses r crit un roman victorien A Human Document tombe dans Poubli mais retrouv par hasard au marche des puces en des sinant sur chacune des pages de l exemplaire rescap une s rie d images dont les creux font appara
272. ituant notamment au principe de rupture qui commande le d p t un tressage par les enjambements P tablissement de continuit s et de r currences qui fait de Fragments de d serts et de culture un v ritable toutis il mette en place un jeu sensiblement plus complexe avec la r f rence photographique les Fragments abandonnent la photographie en tant que mod le d criture pour Paccueillir comme un espace plastique confront celui du texte 3 Le temps de la photographie Les polaroi ds atlantiques Pont montr mettant en avant ce qu ils donnent comme sous j acent tout clich la photographie est essentielle ment fragile et instable Je ferai l hypoth se que ce vacillement ontologique la rend d autant plus proche de l criture perecquienne qui se d finit pr ci s ment par son affrontement au faux et la fragilit de l rre la non fiabi lit ontologique de la photographie appara t alors comme ce qui justement permet d crire Or cette fragilit de l image photographique et notam ment des polaroi ds tient d abord son exposition au temps Je citerai ici un passage de la pr face de Perec L EU bloui recueil de photographies de trompe Pceil de Cuchi White Alors que le texte privil gie largement la premi re personne du pluriel il se termine c est l avant dernier paragraphe par un passage la premi re personne du singulier 51 52 DOSSIER o Perec
273. ivre ne correspondant d ailleurs la description donn e par Perec Or certe chute d ceptive le renvoi une photographie ab sente qui constitue ainsi un trompe l oeil verbal du pr facier inclut la TEXTE IMAGE mention d une croix gamm e la ruse textuelle qui r pond aux ruses visuel les de la repr sentation qui sont l objet m me du discours est donc aussi le lieu d un encryptage biographique La disparition de la photographie d crite de l espace du livre rejoint l inscription m tonymique de la mort de la m re en d portation l absence formelle se substituant une verbalisation directe apparemment impossible En d autres termes plus brefs dans la mesure o le discours auto biographique perecquien n cessairement oblique et lacunaire se propose d user des ressources de l image photographique il ne saurait que tirer la photographie du cot du faux ou du moins de l incertain en somme et du point de vue des images elles m mes faire du trompe Pceil la photographie exemplaire 5 La grille On peut r ver sur l id e d une photographie des origines dans l oeuvre de Perec Pourtant si le miroir y est bien pr sent les surfaces r fl chissan tes du daguerr otype en revanche ne le retiennent pas L histoire de la photographie commence visiblement pour Perec avec les premiers tirages papiers et je ne pense pas qu il y ait l un quelconque paradoxe En effet comme on commence l appr hender l ex
274. jatte On savait provoquer le bour geois en ce temps l Mais cet aristocrate vivant en petit employ se mo quait du monde d un point de vue r actionnaire or l ironie du sort a fait passer Le grand m tingue du M tropolitain pour une chanson r volution naire Francois Caradec donne une pr face clairante sur ce po te issu des cercles fantaisistes les Hydropathes Hirsutes et autres Fumistes et on lui saura gre d avoir tire de derri re les fagots de nombreux textes in dits publi s dans le Chat noir et le Courrier francais Une th se de doctorat Du mal aux cheveux et de la gueule de bois 1890 termine savamment l ouvrage L dition est fort jolie Dommage qu un ant c dent de rime quenellienne le populaire Jusque s accordant avec frusques pr sente dans la pr face ait disparu dans la chanson sur l Expulsion des Princes au profit de luxe p 125 celle o le sang du peuple crie vingince Mais au total ce livre est une r ussite et sera une d couverte pour beaucoup C R Didier Malherbe L Anche des m tamorphoses Sonnets Editions Comp Act 2001 144 p L auteur est un musicien et un saxophoniste reconnu Dans ce pre mier livre il a recueilli 134 sonnets sur un seul th me minuscule mais fondamental pour lui car situ au plus pr s de l organe o se fait la poesie 309 ESSAIS la bouche savoir cet objet temi l anche de son instrument Ces son nets sont des variations sur ce th me uniqu
275. jectivement neutres Pendant longtemps le ph nom ne re sista une observation pr cise p 68 figurent des valuations enthou siastes relatives au spectacle offert par la contemplation de la gent rhinograde Singulier ou collectif Pour tout visiteur de rarchipel les radeaux 225 ILLUSTRATIONS spumeux de Rhinostentor sont l occasion d exp riences tr s impression nantes Ce processus de poursuite et de fuite est pour Pobservateur d un aspect plut t comique gt p 33 et 62 le t moin n est plus passif mais imm diatement passionn par ce qu il lui est donne de voir Aussi bien certe disposition des affects articul e la relation du corps sensible avec son environnement peut elle aller jusqu la mise en place de s quences tex tuelles qui lui sont enti rement consacr es fut ce par le biais de discours rapport s Skamtkvist d crit l aspect de telles colonies comme tant le spectacle le plus magnifique qu il ait vu aux Aiaiales l clat des couleurs la rutilence des nez seraient absolument extraordinaires et le tableau de ces bestioles se balancant gracieusement sur leurs tiges caudales au souffl frais de la brise marine aurait quelque chose de fascinant Certe exceptionnelle beaut par laquelle ces cr atures nous merveillent n est certainement pas autre chose qu un perfectionnement in gal des leurres et appats qu elles proposent p 72 Certe euphorique sensibilit ne comprome
276. l mes parti culiers et quatre cas doivent rre envisag s Dans le premier il s agit de po mes visuels reposant sur des coi nci dences tout fait particuli res une langue par exemple en portugais Augusto de Campos LUXO LIXO luxe ordure ou en allemand Timm Ulrichs la sym trie du mot EHE fig 7 Parfois il arrive que ces coi nci dences se retrouvent miraculeusement dans la langue d arriv e le c l bre ping pong de Gomringer n a pas vraiment besoin de traduction quant au non moins c l bre wind il se fait qu en francais aussi le mot vent a quatre TEXTE IMAGE lettres et permet le m me jeu sur les quatre vents fig 8 et 9 Ces textes peuvent m me ne fonctionner qu au niveau de la d composition du mot en lettres et des lettres en graph mes comme I Epithalame III de Pedro Xisto fig 10 En japonais la chose est encore plus nette comme on le voit dans ce po me de Shutaro Mukai fig 11 La zone textuelle et la zone visuelle sont ici inextricablement li es De tels po mes sont intraduisibles au sens strict du terme mais peuvent tre saisis par tout lecteur tranger grace un mini glossaire fait de mots passe partout simples Nous examinerons plus loin si certe saisie se fait toujours sans perte ho Petit Troglodita Th 1 Ittl Troglodyte traduit par dsh tranulated by 48h fig 6 Dom Sylvester HOUEDARD fig 7 Timm ULRICHS Buch EHE Paar 1967 79 Livre couple marie 99 DOSSIE
277. l et en Suisse entre les mains d un ger manophone n en Bolivie et secr taire de Max Bill Ulm s est voulue d embl e internationale D s le d but toutes les revues qui ont compt Rot Noigandres Les Lettres De Tafelronde Poor Old Tired Horse Stereo Headphones etc accueillaient des po tes du monde entier On voyageait on s crivait on r digeait des d clarations pour Position I du Mouvement International gt para tre dans Les Lettres de Pierre Garnier Mais tait on pour autant polyglotte Assur ment Gomringer parie correctement quatre langues Jandl est professeur d anglais Garnier pro fesseur d allemand et Stephen Bann parie le francais comme vous et moi Dix autres exemples sautent l esprit On peut donc dire que dans une large mesure la traduction de ces ceuvres tait inutile et comme pour don ner l avance raison cette affirmation un Gomringer pouvait lui m me tablir les traductions de son po me Schweigen fig 1 initialement crit en allemand en 1953 en hispano portugais fig 2 silencio et en franco anglais fig 3 silence Christian Wagenknecht 1971 qui s est livr quelques variations sur ce th me souligne ce fait int ressant et curieux qu il a t ici possible de tradurre un po me dans deux langues la fois Il remarque cependant que le mot allemand schweigen est la fois nom et verbe et que ces traductions s lectionnent le nom Il conclut que ce typ
278. l oulipien Claude Berge dans ses crits et qui se trouve aussi chez le fondateur de l Oulipo Francois Le Lionnais est l tude des con figurations Elle vise entre autres d montrer l existence ou non de configurations ayant des propri t s donn es calculer leur nombre les classer ventuellement les d composer l exemple classique est celui des carr s magiques ou encore celui des carr s gr co latins ou bilatins dont on sait combien ils furent utiles Perec Plut t que de litt rature combinatoire nous pr f rons parler de textes combinatoires appel s ainsi parce qu ils sont le produit d une combina toire s quentielle une famille d objets tant donn e on cherche les confi gurations valables qu on peut leur affecter c est dire les mani res de les assembler en respectant certaines r gles ou contraintes Notons imm dia 107 DOSSIER tement qu en l occurrence ces objets peuvent tre soit des objets linguistiquo litt raires comme des mots des phrases des vers des para graphes des strophes des pages des chapitres soit des objets s manti ques comme des lieux des moments des sentiments des activit s Nous allons donc voir qu en ce domarne diverses voies ont t explor es par les Oulipiens et que les textes obtenus ne se ressemblent gu re 2 Nous sui vrons ici une suggestion judicieuse de Claude Berge qui avait propose de distinguer entre une litt rature facto
279. la lecon d tre au monde qui allie coincidence soi et au r el environnant ne puisse trouver place que dans le conte de la cinqui me nuit On com OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES prend aussi la r currence du motif du transport qui signifie la distance qu il s agisse d une exaltation esth tique ou amoureuse d un voyage a rien ou automobile on citer en particulier les deux longues m taphores fil es o la voiture d signe le roman puis la rencontre sexuelle rejoignant ainsi l homologie de l amour et de F criture En ce sens la contrainte roubaldienne de la prose de m moire en interdisant les ratures du repentir permet la diff rence de se d ployer dans le temps de l criture Ce qui veut dire simplement que tu t assigne ras cinq heures chaque jour un mois durant ton ordinateur te don nant pour objet de raconter le souvenir que tu as d une femme ou autre que tu as d sir e ou qui fa d sir e Le r cit ne sera que cela le d vidage de la m moire dans le cadre strict d un moment d termin Tu t interdis d utiliser tes instruments habituels pas de stylo rien que le clavier ne s agit il pas de recorder Pas de brouillon pas de notes recueillies dans un Cahier pas d architecture r fl chie et compos e nulle autre r gie que celles purement mat rielles et logistiques que tu donnes l acte Nul autre principe que d crire de m moire pp 11 12 L homologi
280. la premi re ques tion Bernard Magne montre d abord que l art perecquien du roman est situ dans un certain espace de r f rences le r alisme lukacsien Queneau Barthes en particulier pour sa red couverte de la rh torique antique Quant OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES au renouvellement que cette oeuvre repr sente par rapport au roman fran Qais il tient probablement sa mani re paradoxale d associer troitement le romanesque et la contrainte A partir de La Disparition en effet texte charni re bien des gards dans l ensemble des crits de Perec le roma nesque perecquien ne se concoit pas sans contrainte s Les p rip ties les meurtres les sagas familiales e est seulement avec le premier roman lipogrammatique qu ils apparaissent comme si romanesque et contraintes allaient du m me pas p 28 Ces rapports entre contraintes et roma nesque laissent d ailleurs place une grande diversit de mises en oeuvre l antiquit du lipogramme r pondent les contraintes de La Vie mode d em ploi dont les principales n appartiennent pas l h ritage litt raire tradi tionnel p 20 la totale d termination du texte de La Disparition par la contrainte lipogrammatique s oppose nouveau La Vie mode d emploi o les contraintes occupent une position interm diaire p 21 elles ne r gissent pas en effet directement le texte du roman mais un lt Cahier des charges partir du
281. lanches en lettres noires les rimes en ante Nous utilisons la notation actuelle mais sans la convention de la case bianche en bas droite dans le camp blanc puisque l auteur a mis une case noire a cette place Ce tableau ne pr sente plus de divisions dictinctes Selon les diverses files l ensemble des cases align es d un bord l autre de l chiquier on peut faire diverses lecrures donnant chaque fois un nouveau po me Des lecrures horizontales selon les rang es ou verticales selon les colonnes A ces lecrures lat rales s ajoutent des lecru res diagonales selon les diagonales Last but not least toutes ces lecrures peuvent tre r trogrades Cet ouvrage est omis dans une bibliographie francaise des checs Dans sa Bibliographie des Schachspiels Antonius van der Linde crit que Gratien du Pont basiert moralische Vorschriften auf das Schachspiel sans indiquer l originalit de sa forme po tique L invective morale contre la femme profane est dans le prolonge ment de la louange la Vierge Marie qui se poursuivait dans les concours des Puys comme celui de Rouen C en est l envers burlesque Son expres sion est aussi exag r e dans l ex cration qu elle l est dans l adoration Mais notre propos n est pas de faire un anachronisme psychologique ou une contre d nonciation f ministe r trospective il est de souligner que l auteur a gard le moule a
282. lauf am zeilenende har monie du soir est donc lire galement dans une lecture verticale de haut en bas comme d habitude mais galement de bas en haut la fin des vers et quize fois dans une lecture horizontale si l on combine les pre mi res lettres de chaque mot Les syllabes prononc es l allemande har mo ni du so ar deviennent le mat riau d une sextine en syllabes per mut es Le recueil conclut avec treize variations de tresses un zopfmodul compose de trois lignes verticales au milieu se trouve tou jours harmonie du soir gauche et droite de m me mais en commen cant d abord par armoniedusoirh puis par R etc Les suites de trois lettres qui en r sultent si l on fait la natte aha rar mrm omo non deviennent alors pour Pastior l chafaudage sonore d autres textes Magnifique aussi la postface de Pastior dans laquelle il s interroge sur la fascination qu a exerc e depuis longtemps le po me hds sur lui was aber hat mich an baudelaires hds so bezirzt damals wie nun in diesem neuerlichen langen anlauf den text zu sch tteln und zu riitteln und zu sch tteln als konnte im ergebnis man die einzelnen kaleidoskop momentfiguren letztlich einmal simultan zusammenhoren Qu est ce donc qui m a tellement envo t dans lt hds gt de Baudelaire jadis comme maintenant pour que j aie tant remu le texte dans ce nouvel lan que je l aie tant secou
283. le crase de son poids le lit sans rien imprimer La femme gouge sculpte une taille de matelas imperceptible oeuvre qui disparaft quand l outil n y est plus 245 246 12 mars 2000 Paris Je vois la nuit si profonde dans les bois de Noa Noa qu elle est consubstantielle au mat riau quoiqu on ne grave pas exactement dans l b ne Gauguin le buis Mais l ombre tout autant a quelque chose d une nuit qui r p te les caract res de sa grande ain e laquelle a aussi la sienne le non pays des revenants le non pays des disparus dinosaures de trib st gosaures carbonis s qui ont pris trop de place 13 mars 2000 Paris L angoisse d une femme est un effroi Une femme est couch e sur le ventre ou bien sur le flanc repli e Le peintre est de retour Il rentre chez lui o elle est Il a t mis au monde tout ce petit monde insulaire pour chasser le p re abusif qui n avait pas m me abus si Ca se trouve et l abus tait un change Le corps se l ve se lave et se secoue tous les jours en son nom au nom de l abus et de la relation conserv e Le sang ne se d crasse pas jusqu son rose L angoisse du peintre avance le visage obtus Il s arr te sous un treillis de feuilles de bananier elles m mes sont sous la nuit noire Sa force a le monde en horreur extr mement comme les couleurs du m me il les aime extr mement des soleils rouges je suis d sol des violets d coratifs monde qui rassemble d au
284. le I et le 3 sont d j parus Nous pr parons aussi un exercice plusieurs auteurs entre deux festivals en avril et une expo collective la Galerie Anne Barrault 22 rue Saint Claude 75003 Paris du 24 avril au 31 mai C est dans l Oupus 2 que doit parante l it ration iconique ci contre Caract riel J y utilise la m me contrainte que Perec dans sa pi ce Les horreurs de la guerre Il y a la fois une contrainte formelle et une contrainte litt raire et cela a l air de fonctionner car je l ai fait lire mes amis oubapiens qui n ont rien remarqu J ai d ailleurs note que le dessin fait souvent passer la contrainte plus facilement inapercue Formules Y a t il des liens entre l Oubapo et l Oupeinpo EL Pas vraiment Nous nous sommes crois s mais sans plus Formules Avez vous des projets en commini avec les autres ouvroirs EL H y a bien un grand projet commun tous les ouvroirs un projet de pi ce de th atre je ne sais pas si je d voile un secret ou pas Cela risque de rester un projet tellement c est enorme Il y a contrainte sur contrainte sur contrainte Chaque ouvroir apporre son grain de sei Nous devrions tra vailler sur les costumes je crois Le probl me avec les contraintes c est que l id e est souvent plus belle que sa r alisation Le r sultat est souvent en deca de ce qu on en attendai Il y a comme ca de nombreux projets qui trainent et n aboutiront peut tre jamais Propos re
285. le fait de trouver des id es se dit aussi inspiration tant entendu que la notion d veil spirituel ou intellectuel a partie li e avec le pneuma le souf fl mot qui renvoie la respiration au sens physiologique du terme V inspiration intellectuelle se fait par inspiration nasale de cocaine La synonymie est donc prise en charge par le dessin Quelque chose pro che de la devinette se fait jour ici Voulant y voir plus clair j cris Honor Je lui soumets ma facon de voir les choses Le dessinateur r pond par retour du courrier je n avais pas pens cela Mais maintenant que vous me le dites J en arrive alors la conclusion qu ayant illustrar un propos donne la prise de drogue fait physique pour pallier les insuffisances c r brales fait psychique Honor est arrive ce compromis visuel sublimi nal pour lui o les deux inspirations se condensent en un tout malgr tout red composable L auteur afigur chiffr une donn e verbale F inspiration puis e inconsciemment dans sa langue maternelle le francais Comment expliquer ce passage du propos tenir au dessin sans pas ser explicitement par la langue le mot inspiration alors que ce vocable se pr sente infine comme le fin mot de F image Je tenterai de r pondre plus loin certe question TEXTE IMAGE Prenons un second exemple Illustration 4 Le Livre Star Desclozeaux Il s agit d un dessin satirique de Pil
286. le qui lui va si bien pour un gerire nouveau qui lui convient tout autant le dessin avec photomontage de boutons il nous montre ces objets comme une exposition visiter dans un mus e tandis que par une porte ouverte s aper coit phares clair s l avant de l autobus dans le noir L arri re du v hicule 265 ESSAIS par une autre porte se profile encore en plein jour Etrange et belle illustra tion clarifier en repensant peut tre aux boutons de nos grands m res dans leurs boites en fer blanc Christian Broutin nous conduit dans un monde fantastique o un homme girafe t te de bouton montr par le divin Doigt descendant des nuages sur fond de mont Saint Michel attend sur plage le S A l arr t Saint Michel Massin le graphiste deforme bus et texte comme en un miroir con vexe Chabot invente une trange vitrine de boutique parisienne et n an moins oulipienne dans la me Raymond Queneau Kitamura nous en toure d animaux et de petites cases multicolores avec une vraie fausse faute d orthographe r p t e 4 fois Philippe Munch nous errimene quelque part en Asie avec une vache sacr e efflanqu e et des immeubles d labr s On se croirait dans un Blake et Mortimer n e t t l autobus bien parisien qui tourne au croisement Yann Nascimbene Martin Jarrie et France de Ranchin ont choisi eux le labyrinthe th me glacant pour le premier grincant pour le second dote d un S sans issue p
287. le sonde ras plus tu y trouveras de choses Lorsque l on passe de la litt rature factorielle la litt rature exponen tielle ce n est plus l ordre mais bien la nature des l ments combin s qui change L exemple le plus connu est videmment celui des Cent mille mil liards de po mes de Queneau qui reposent comme chacun sait sur un ensemble de dix sonnets dont les vers de m me ordre le premier le deuxi me etc jusqu au quatorzi me sont substituables il y a donc pour chacun des quatorze vers d un sonnet dix possibilit s Le nombre des combinaisons possibles est bien cent mille milliards ou 10 puissance 14 puisque nous avons un ensemble de 14 l ments dont chacun peut prendre 10 valeurs diff rentes Il importe de faire ici quelques remarques importantes pour notre propos Raymond Queneau a reconnu que pour la conception de cette oeuvre il s tait inspir du livre pour enfants intitul T tes folles Or ce dernier pour reprendre les mots m mes de Queneau consiste en figures de personnages coup es en trois ily a la t te le corps lesjambes onpeut TEXTE IMAGE fabriquer ainsi des bonshommes plus ou moins bizarres dr les C est donc une manipulation d images qui en Poccurrence a sugg r une mani pulation de textes et lui a servi de mod le Mais ce qui applique l image n tait que jeu d enfant s est singuli rement complexifi en s appliquant au texte au point de changer de nature
288. leaux o il int gre la quatri me dimension On peut donc affirmer avec Pierre Daix Depuis lors trois g n rations de pein tres ont eu affaire l h ritage du cubisme recueillant tei de ses enseigne ments en contestant d autres On verr ses grilles reprises par les pein tres abstraits mais aussi dans le dripping de Pollock et m me parfois dans la peinture optique Sa syntaxe a boulevers les images son vocabu laire de signes plastiques a forme la vision moderne u On sent donc bien comment se mettent en place des l ments indispensables aux cons tructions rigoureuses de l art moderne et l on devine que ces l ments seront aussi utiles pour celui qui pense la cr ation de formes sous con trainte Nous avons donc 1a une premi re piste celle de la r duction de la peinture 4 des l ments formels de plus en plus simples et aux lois qui r gissent tout ce qui peut tre utilis de facon pr cise Dans diverses p riodes du passe l oeuvre d art est davantage li e a la fonction pr cise d objet d votionnel d oeuvre celebrative etc Et cette efficacit semble tre mise au service d une cause L efficacit des l ments esth tiques n est pas recherch e en tant que telle elle doit servir autre chose au souci religieux historique social etc Or ce n est plus le cas pour certains artistes partir du XXe si cle m me si bon nombre d entre eux comme Mal vitch Mondrian Kandinsky ou plus t
289. les m prisent La prose br ve quand on l imprime devient dans la plupart des cas un ensemble de courts textes ind pendants qu on nomme prose br ve li bre Souvent les lecteurs pr f rent la prose br ve mise en s quence ou encore en chaine comme cet essai par exemple Braves prol tai res unissez vous vous n avez rien perdre La diff rence entre une nouvelle et un paragraphe Il n y en a pas Gertrude Stein Dans une certame mesure chaque phrase devrait tre toute Phistoire Lyn Hejinian Est ce qu il manque la prose br ve un vrai sentiment C est possible mais pas n cessairement Est ce qu elle tend alors au soupcon Euh opinant de la t te Les pieds des personnes tr s grandes d passent De sous leurs couvertu res de leur place dans les bus des planches entre lesquelles on veut faire glisser leurs cadavres etc C est pourquoi de telles personnes n enlevent 203 ILLUSTRATIONS pas leurs chaussettes en hiver portent toujours des chaussures pas trop voyantes mais suffisamment int ressantes et se font amputer avant de se faire inhumer etc En fait nos habitudes sont souvent le r sultat d une question de mesure Je ne suis pas grand ergo j cris de la prose br ve Nous autres lecteurs anglophones nous avons eu la chance d avoir pu lire grace des traductions privil ge imperiai tant de chefs d oeuvre de la prose br ve du monde entier com
290. les personnages de la biographie fictive la femme et le ministre pl nipotentiaire le tout basculant donc in fine dans la m me fictivit en un mouvement d ceptif qui rappelle fortement le finale A Un cabinet d amateur Or ces l ments du d cor nocturne r crivent d assez pr s la fin du chapitre XIII de Wou le Souvenir d enfance Moi j aurais aim aider ma m re d barrasser la table de la cuisine apr s le diner Sur la table il y aurait eu une toile cir e petits carreaux bleus au dessus de la table il y aurait eu une suspension avec un abat jour presque en forme d assiette en porcelaine bianche ou en tole maill e et un syst me de poulies avec un contrepoids en forme de poire Puis je serais alle chercher mon cartable j aurais sorti mon livre mes cahiers et mon plu mier de bois je les aurais pos s sur la table et j aurais fait mes devoirs C est comme ca que ca se passait dans mes livres de classe24 De W L CE il bloui des l ments sont d plac s on retrouve la toile cir e carreaux sans sa couleur le bleu passant au papier peint la porcelaine de la suspension devient fai ence la tole maill e n est plus le second l ment d une alternative mais se voit accorder un objet propre la cafeti re La r criture n en est pas moins flagrante C est dire que le r ve de L CEil bloui r inscrit encrypte pour reprendre un terme perecquien sous le signe du trompe l oeil du d sir d
291. li re A leurs appr hensions th oriques Et quoi r pondit il enfin contre toute vidence N aurais je plus aucune consistance Vive l expansion signe de l exc dance Et m me plus de l existence Niez vous le r el Universel C est dire l energie De ma mati re Jusqu la vie dans ses formelles apparitions Oh non r torqua l autre je ne m y risque pas Simplement J exige quelques compl ments Et d abord de langage Ainsi votre exc dance Ne va pas sans brisures Des v nements sans fins Ni m me commencements Nos servants n ont de cesse D introduire pareils microsuppl ments Je les attends Lanca Macro Convaincu de sa science Et de sa perception Instrumentale S il n y a ni dernier mot ni intuition Premi re ou terminale Souhaitons lui bien de la patience Et tant et plus La raison Enjeu A l hors sens de la jouissance 239 HORS DOSSIER Jacques Perry Salkow La nuit syntone sous les hyalins voyants du del contantplus d idylles qu il n y ade sons dans l hypnotique symphonie du van Il y a plus longtemps un soir Chypre vos yeux ravis br lants comme l ysir Un port chrysalide d un mythe Limassol Il y a foule C est Lysippos fumant son gris appuy sur son thyrse disant Il y a chez Fontus de l hypocras du vin d ophrys au pied d un grand lit de byssos Conduis ta nymphe qui s y donnera corps esprit Fuyant l affre
292. lire une br ve histoire de l alexandrin une discussion du caract re syllabique de l alexandrin avec deux positions 275 ESSAIS marqu es le rappel de la m trique generative am ricaine Halle et Keyser et de la th orie du rythme de Pierre Lusson prolong e par Jacques Roubaud qui concoit le rythme comme une alternance du m me et du diff rent et distingue un mod le hi rarchique abstrait et un mod le de r alisation con cr te cf le sch ma en arbre renvers p 51 qui en rappelle d autres dans les ouvrages en langue anglaise L ouvrage comporte un deuxi me volet consacr la rime En effet des niveaux d organisation sup rieurs au vers sont d finis par la rime paire de vers rimant ensemble et quatrain de deux paires de vers respectant Palternance en genre L auteure organise en cat gories les mots pouvant rimer ensemble rim mes Les nomenclatures des rimes sont bri ve ment discut es Grace son analyseur qui remplace le rimoscope intui tif des po ticiens l auteure constitue des r seaux de mots rimes par groupe de rimes qu on retrouve la fin sous la forme d une liste le rimarium C est un mot qui est attest et qui fait moins ann es 60 que rim mes Un probl me que cette m tricienne a identifi mais qu elle n a pas creus plus avant est celui des mots rimes monosyllabiques Par exemple si nous prenons le r seau des mots rimes en u p 125 en forme d archi pel nous vo
293. lle de Paris 1999 a 2 Breton Ste iny Carr ft DOSSIER Un B ouvert vers la gauche forme le ballon d un dirigeable incline Sa hampe est d form e en une courbe ouverte vers la droite Cette courbe est coup e par un segment de droite qui sert de hampe un E l g rement incline vers la gauche dont les traverses horizontales sup rieure et inf rieure r sultent de la d formation en une courbe de la hampe du B Jointe la traverse centrale ces deux traverses du E figurent les cordages reliant la nacelle au ballon L are d limit par la hampe du E sur la courbe de la hampe du B dessine la nacelle La hampe du E se confond avec la hampe du R inverse gauche dont la diagonale est constitu e par la hampe du T retourn 45 La hampe du T d limit maladroitement la pans du R dans la courbe de la hampe du B La traverse du T forme l ancre accroch e au bout du filin Le N apr s rotation d un quart de tour vers la droite et tire ment des ses hampes figure le zigzag d un clair Le O dessine la pleine lune Un segment de droite un filet ajout forme la ligne d horizon 3 Aragon Le O forme par sa rondeur le dessus d une table de caf Le N figure les pieds de cette table Les deux A renvers s dont la traverse r sulte de l intersection de ces deux angles avec la circonf rence de la table des sinent deux verres cocktails Dans celui de droite le R l envers semble former une paille par sa
294. llet 2003 sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery 58500 Clamecy D pot legai juillet 2003 Numero d impression 307100 Imprim en France
295. loque organis par la revue Cerisy la Salle en 2001 Enfin certains membres du comit participent galement la cr ation d une revue de r flexion th orique sur les formes de la poesie moderne FPC soit Formes Po tiques Contemporaines Cette revue an nuelle pr sent e l occasion du Marche de la Poesie a l ambition de poursui vre le travail de Formules au del du domaine des critures contraintes Notes 1 Ed du Seuil 1982 2 Pour une belle illustration recente voir Martha A Sandweiss Print the Legend Yale University Press 2002 3 Voir les travaux de David Scott Pictorialist poetics Cambridge University Press 1988 Dossier Texte Image Essais 10 DOSSIER ZiyaAydin De la r gie la contrainte un dispositif th orique de la cr ation artistique Si le terme d emergence a t choisi pour accompagner la contrainte dans le titre de cette recherche c est parce qu il contient la fois une progression une sorte de pouss e et une face cach e La contrainte mo derne serait elle m me le produit d une pouss e n cessaire sa construc tion Le terme d emergence est defini en general comme la sortie partir d un milieu quelconque en general liquide Quelque chose qui tait im merge va apparaitre C est un mouvement qui fait sortir des profondeurs quelque chose qui n est pas totalement nouveau une silhouette emerge de l ombre Dans l ombre de la r gie la contrainte se tenait
296. ls de sonnets exp rimentaux qui valent la peine d tre examin s de pr s et d tre pr sent s dans une revue de litt rature contraintes Le premier recueil die kunst des sonetts2 l art du sonnet contient 196 sonnets partir d un sonnet de base qu il appelle le tronc Czernin a cr e 14 couronnes de sonnets la couronne de base n est publi e dans sa forme originale que dans l appendice o Czernin explique ses proc d s Certes 14x14 196 convainc par sa simplicit et c est sans doute une raison pour la d cision de l auteur de ne pas y ajouter les 14 1 sonnets de base mais c est un autre concept un des concepts majeurs du projet qui y a sans doute jou un plus grand role l id e de la potentialit Il est vident que les vers du sonnet maitre se retrouvent dans les 14 couronnes rattach s au tronc En plus Czernin l a coup en petits morceaux et en a fait des titres qui doivent surprendre si on se penche sur un sonnet particulier sans conna tre cet aspect du proc de Ainsi les 196 sonnets contiennent la couronne de base mais non plus dans leur forme originale et le sonnet de base en faisant pousser les autres ne dispara t pas vraiment Comme une grande partie des sonnets le sonnet maitre n est pas lisible de facon habituelle il comprend trop de motifs trop d id es trop d l ments diff rents et ses structures grammaticales ses conjonctions vont vers par vers dans to
297. lus nettement chaque l ment qu on ait distribu suffisamment de couleurs vives pour que s annulent les ventuelles ten sions excessives que le spectateur puisse suivre ou effacer sa guise certains chemins color s en cr er d autres qu il va privil gier Illustration n l TEXTE IMAGE 2 Faire tourner des l ments ready made Si l on m lange ready made et mouvement on peut cr er des ta bleaux mobiles avec par exemple des pinces linge mont es sur des tiges en metal et peintes des deux c t s de couleurs diff rentes n 2 La forme stracturante des pinces impose un rythme plus perceptible que la forme de la boule qui correspond en fait un point alors que la pince cr e un trait Mais ce syst me doit garder les m mes caract ristiques que le pr c dent pour offrir au spectateur le maximum de choix On peut encore compliquer le syst me en utilisant des objets dissym triques qui en tournant pr sentent des formes diff rentes Il faudrait r pertorier tout ce qui est susceptible de tourner autour d un axe et jouer avec le ready made jouets boites bobines etc Illustration n 2 3 Peindre sur roue ou sur rouleau Autre possibilit plus complexe l usage d l ments mobiles plus grands comme la roue ou le rouleau si l on peint sur des rouleaux peindre n 3 et n 4 on dispose d une surface plus vaste pour cr er de petites compositions additionner Il est alors n cessaire d
298. lustrateur francais Desclozeaux qui moque le marketing litt raire Une femme en pied de trois quart mais le visage tourn vers la camera c est une poseuse semble vouloir rabaisser sa robe et ses jupons volages la fois inconstants et coquins ou encore l gers Curieusement ces v tements se pr sentent comme s il s agissait d un livre Certe image humoristique est intitul e Le Livre Star Elle est une pa rodie de la c l bre sc ne du film de Billy Wilder Seven Years Itch Sept ans de r flexion dans laquelle Marylin Monroe plac e sur une bouche d a ra tion s esclaffe tout en tentant de plaquer sa robe qu un vent fripon a sou lev e La robe retrouss e est elle aussi un topos de l imagerie grivoise Aussi n est il pas tr s tonnant de noter que le personnage ambigu sou hait prend un vif plaisir se sentir soudainement impudique C est une forme hyperbolique de coquetterie Nous sommes dans le monde du sex appeal mais la mani re qu a Desclozeaux de traiter son sujet est telle que nous sommes confront s une all gorie En bref ce n est pas tant une femme ressemblant un livre qui nous est montr e qu une femme livre il y a bien des femmes fleurs c est dire la personnification d un objet certe personnification d t elle 155 DOSSIER revenir une f minisation et l objet femme en question une marguerite effeuill e Quoi qu il en soit Desclozeaux inc
299. m me facon que Jacques Roubaud a utilis le jeu rivai dans son livre de sonnets o une partie de go sert ranger des po mes pr existants Il s agit d un ordre arbitraire impose de l ext rieur La marche du cavalier coupl e la fragmentation des r cits aboutit un criture et donc une lecrure discontinue Il reprendra la polygraphie du cavalier pour ordonner les l ments des ses Deux cent quarante trois cortes postales en couleurs v ritables 1978 mais sur un damier de 9 x 9 et ce damier ne figure pas certe oeuvre Enfin il donnera dans la rubrique Jeux int ressants de deux revues des proverbes cach s qu on peut lire sur un carr de 5 x 5 lettres en trouvant le bon parcours selon la marche du Cavalier l un octobre 1981 o Fon doit lire Les absents ont toujours tort et l autre o manque le coin sup rieur gauche janvier 1982 Nul n est proph te en son pays Le premier sera repris dans une somme sur les carr s magiques Parmi les d terminations du choix de certe contrainte nous insiste rons sur le fait qu en 1973 Perec avait montr en publiant son Histoire du lipogramme qu il avait pris cormaissance de l ouvrage d Alfred Canel et qu il en avait tire profit D autres ouvrages sur les jeux d esprit peuvent avoir galement jou un r le dans le choix de cette contrainte La seule TEXTE IMAGE diff rence est d chelle les syllabes taient prises comme l me
300. me J utilise le noir de Tenere de Chine le blanc des papiers divers et ce qui est plut t pale lave dans l acrylique et l aquarelle Je n ai rien de plus grand que le format 60 x 80 Je pr f re la couleur dans mes livres le noir et le transparent l eau dans mes tableaux Dans ma s rie lt Album gt j ai reinvent une sorte de technique pho tographique que j ai pu lire chez Le Gray des rais de lumi re sur des fonds tr s bruns s pia Il s agit d encres plus ou moins dilu es et qui prennent l apparence de paysages montagneux de ciels stri s d clairs de vagues d ferlantes de fonds sous marins Je prolonge l exp rience de F criture je la mouille je la salis je l lar gis Face l cran de mon ordinateur mon clavier depuis des ann es j avais hate de toucher nouveau du papier La parution en Folio de Gra veurs d enfance est peut tre pour quelque chose dans ma d cision de TEXTE IMAGE montrer ma peinture L envie aussi de cr er en un seul exemplaire Un dessin est unique Quand je travaille illustrar pour les ditions Fata Morgana un texte d Andr Pieyre de Mandiargues ou de Roger Caillois je donne une s rie de dessins originaux Je ne proteste pas contre le fait que j envoie mes romans par m i bien au contraire Simplement c est autre chose et je suis heureuse qu il y ait maintenant les deux Retour au corps du papier Et si c tait une mani re de retour au corps par l interm diai
301. me par exemple les r cits de Robert Walser Les petits chameaux du ciel d Elena Guro M ditation dans La Colonie p nitentiaire de Kafka les crits de Macedonio Fernandez La troisi me usine de Viktor Shklovsky Le savori de Francis Ponge les feuille ton de Kurt Tucholsky Meidosems d Henri Michaux Incidences de Daniil Kharms et Tropismes de Nathalie Sarraute i Quelques auteurs am ricains 4 retenir dans la production des derni res d cennies 1 John Cage 2 Russell Edson 3 Carol Berg 4 Marvin Cohen 5 Richard Brautigan 6 Michael Benedikt 7 Sherril Jaffe 8 Lydia Davis 9 Diane Williams 10 Peter Cherches dans la jungle du ciment des milliers de vitrines des tonnes de beton puis de l acier fer et cuivre de l aluminium et laiton des miroirs du bois pour les portes et les rampes des escaliers les cadres des fen tres chambranles des gens encore des gens ensuite un spaghetti qui est fait des c bles pour fournir l lectricit le t l phone l acc s rapide l Internet le fax puis un complexe de tuyautage pour fournir l eau et le gaz ensuite pour vacuer les eaux sales atteintes de liquide vaisselle des savons pour les mains et puis y a les gouts pour les d tritus humaines du pipi caca des gens et du papier toilette des gens ncore des gens puis les TEXTE IMAGE Jan Monk TWIN TOWERS un comptable un banquier une secr tair ncore un comptable quelques piles de courrier et des tr
302. ment du m me regime Bien entendu pareille pr sentation en ce qu elle se focalise exclusi vement sur la notion de contrainte ne rend pas vraiment justice tous les OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES aspects de l criture d atelier dont parie Francois Bon dans ce texte qui marie heureusement t moignage et manuel comme Raymond Roussel l auteur de ce livre offre g n reusement son exp rience et son savoir faire l usage des lecteurs qui les utiliseront comme ils voudront En effet si l atelier doit sans conteste aider les participants ici souvent en tat d ex clusion extr me immigr s SDF prisonniers trouver la voie de l cri ture une telle d marche repr sente aussi pour Francois Bon un moyen de rem dier ce qu il consid re comme le d faut principal de la langue litt raire de notre temps la coupure avec le r el Trop de choses n ont jamais t dites et le passage par l atelier est une mani re de ramener la langue sur la voie du r el Les exemples de textes d atelier que cite Francois Bon montrent quel point il est difficile de dire certaines r alit s contemporai nes ch mage violence exclusion conditions de vie extr mes Cepen dant ces textes contiennent aussi de nombreux fragments qui prouvent la place irremplacable et n cessaire de ce genre d ateliers dans une pratique vraiment moderne de l criture Cet enjeu on s en doute n est pas que litt raire Il est aussi et surt
303. ments la taille de petites toiles pourvues d aimants on obtient des permutations faciles et l on constate alors que les proportions ou le rythme l encore remplacent les raccords par bordure fig 5 La complexit de ce nouveau syst me peut s enrichir encore d un rapport avec un fond qui transformera radicalement le tableau d origine o les morceaux sont group s Le fond peut r server la surprise d l ments noirs ou blancs que l on peut faire appara tre ou disparaitre Il n est pas impossible de cr er des ceuvres figuratives avec ce syst me Mais quelle que soit la complexit du syst me utilis on retrouve toujours le probl me de la diversit maximale des possibilit s offertes au spectateur Illustration n 5 5 Utiliser d autres l ments favorisant le mouvement Si l on r pertorie les l ments qui favorisent le mouvement on trou vera en bonne place les substances liquides gazeuses ou celles qui comme le sable peuvent glisser d s que l on incline la surface sur laquelle elles sont plac es Poi Bury 115 116 DOSSIER le vent pour faire bouger des l ments suspendus Tinguely des girouettes regroup es en tableau ou des plastiques fins des h lices ou simplement des morceaux de papier aluminium superpos s dont les cou leurs diff rentes vont appara tre et disparaitre au gre du vent le fil de nylon ou autre auquel on suspend ou non des l ments formels Soto et que l on arr t
304. moire des lieux dans La Cl ture Narjess Messaadi M thamem Essai d analyse du traitement r f rentiel dans Tentative d puisement d un lieu parisien Jean Luc Joly La M moire totale des lieux Yosr Chammam La Structuration de l espace par le jeu du regard dans Un homme qui dort Tentative d puisement d un lieu parisien et La Tentation de saint Antoine de Flaubert Rafika Abb s De la discontinuit l unite dans l nonciation de l espace perecquien et Hend Gaha Le Lieu de la lettre sur W ou le Souvenir d enfanc Les actes seront co dit s par les universit s de Tunis et de Montpellier C R L CHO DES COLLOQUES Journ e Roussel de l Association internationale des tudes francaises Sjef Houppermans organise dans le cadre de l Association internatio nale des tudes francaises un colloque consacr Raymond Roussel qui se tiendra le 7 juillet 2003 Paris Sont pr vues des interventions de Pierre Bazantay Helga Finter Sjef Houppermans Christelle Reggiani et Hermes Salceda Deux des Communications devraient plus sp cifiquement porter sur le th tre roussellien La journ e aura lieu l cole normale sup rieure 45 rue d Ulm salle Dussane et les actes en seront publi s dans les Ca hiers de l Association internationale des tudes francaises C R Texte Image Colloque de Cerisy du 23 30 aout 2003 dirige par Liliane Louvel et Henri Scepi Le titre de ce numero de Form
305. moments num rot s dont le contenu est vo qu dans la table descriptive qui suit permettant au lecteur de s orienter Il ne serait peut tre pas inutile de commencer l la lecture Par ailleurs l hypertexte roubaldien implique de mani re pr cise la question des genres litt raires Le Grand Incendie de Londres associe en effet Phypertextualit la lecture de la poesie Pourtant ces bonds conti nuels dans mon livre que repr sentent virtuellement les bifurcations les incises toutes les esp ces du gerire insertion sont l quivalent d un des privil ges de la lecture pouvoir en ouvrant un livre rre aussit t n importe o privil ge qui dans la pratique est surtout utilis par le lecteur de poesie beaucoup moins par le lecteur de romans 259 ESSAIS L hypertexte appara t autrement dit comme un masque po tique de la prose qui parvient de mani re d tourn e la faire lire comme poesie S il donne ainsi une forme textuelle l exp rience de poesie lui permettant subrepticement donc plus efficacement qu en la citant de subsister dans la pentapole d sertique d un monde vou la prose c est dire que sa discontinuit importe bien davantage que sa mobilit La r f rence hugolienne convoqu e par un autre passage du premier volume publi le signale claire ment ce sont les blancs typographiques marquant les diverses insertions qui constituent la prose de la m moire une prose
306. mples titres ou des vagues r sum s les h t ronymes sont des personnages qui crivent des textes r els et poss dent une biographie Ils ne diff rent des auteurs r els que par leur inexistence Dans les deux cas r els ou fic tifs ils cr ent partir d une personalit pr alable les uns grace une expression vitale les autres grace une expression dramaturgique Dans le cas des M tamorphoses de Zagghi bien au contraire ce sont les textes et les dessins qui ont cr la personalit du po te plasticien Elvio Zagghi est issu d un style d epoque utilis comme contrainte le n o classicisme de l entre deux guerres Ce style a d termin un th me n cessairement n o classique les mythes des M tamorphoses Le titre m me de l oeuvre d Ovide a sugg r la construction d une forme picturale et po tique particuli re certe suite de reprises et de corrections les m tamorpho ses po tico plastiques qui aboutissent la transformation du th me classi que en th me contemporain d alors L occultation progressive du go t n o classique de l auteur et son retour a une disposition plus iconoclaste correspondent en apparence une donn e biographique sa relation avec Olga mais plus exactement cela personnifie une donn e de l histoire de l art Zagghi est certes mort depuis plus d un demi si cle mais ses oeuvres n ont pas fini d clore Il est un style personnel teint d un style d ep
307. mpleur monumentale du Projet l criture de Jacques Roubaud Pour tte certain absolument certain de ne pas retomber apr s la chute du Projet dans l erreur de l aspiration une totalit secr te se d ployant de la facon la plus ind pendante possible de l his toire de sa r v lation il me fallait non seulement faire vceu de m abstenir de chacune de mes ambitions ant rieures non seulement donner un but s v re ment modeste ma nouvelle tentative non seulement ne pas annoncer ce but l avance ni m me en fait le fixer de mani re irr vocable d s le d but mais m assurer que le d mon planificateur et anticipateur ne pourrait pas trouver s insinuer nouveau entre mes phrases faisant surgir en fait m me un degr beaucoup plus bas dans une chelle de pr tentions esth tiques et intel lectuelles tout simplement tout stupidement un ersatz de Projet La tr s forte discontinuit de la prose roubaldienne en particulier dans l criture de l essai et surtout le refus Constant d une autorit forte de l auteur marquent la distance prise par rapport aux postures roman tiques En t moignent notamment d un point de vue formel la polyphonie effective des ceuvres en collaboration et la pratique de la traduction de la poesie am ricaine ou de l emprunt la poesie japonaise L intertextualit massive qui caract rise Pceuvre entier s inscrit l vi dence dans la m me perspective Certe inte
308. mpose de vers courts crits sur un chiquier aux cases altern es en lettres blanches sur les cases noires et en lettres noires sur et les cases blanches Infaicte m sch nte Daultruy mm bien voullents Malsaige Patente De vices ae De mal regente ade Instiguante En mesdis fervente amp dieu malpiaisante Eschequier en forme deue Nous donnons ces lecons sous toutes r serves car les petits carac t res noirs sur fond blanc se lisent moins bien que les blancs sur fond noir On peut consulter la reproduction de l illustration originelle dans une di tion courante des oeuvres de Rabelais et dans le catalogue de l exposition D 12 Po sure et Peintrie 78 DOSSIER Gratien du Pont insiste sur le perfectionnement qu il a apport cette forme et il met au bas du po me le terme qui la d signe Eschequier en forme deue La confuse table des mati res mentionne deux renvois ce po me sous ce terme Eschequier faict en forme deue et selon le vray terme de Eschequier et Eschequier en forme deue faisant le saut de toutes ses pieces du jeu des eschecz le sault du quynault du mouton et de la pye quest aultant a dire que de par tout Son ouvrage t moigne donc d une fixation en cours de certe forme traditionnelle dont nous ignorons le nombre d occurrences ant rieures Voici son diagramme Les cases noires en lettres blanches comportent les rimes en esse les cases b
309. mystifications 1975 trad Paris Pierre Horay 1978 p 122 Sur cette notion on peut consulter notre essai M tadiscours et D ceptivit Paris Berne Peter Lang 1994 chap 2 5 TEXTE IMAGE Use Kilic Anagrammes images ternit genie J y J gt nuage lune 229 230 ILLUSTRATIONS Use Kilic crire un mot crire un mot ce muret noir 2 gt A migas croit une mer TEXTE IMAGE un merci rote Coeur mentir 231 ILLUSTRATIONS Antoine de Baif Grife d un chiffre Fais un cerne bien rond dessus mene bien droit Une ligne en longueur qui des deux bouts gale Du cerne les deux flans puis commence alendroit O le cerne elle touche une autre qui devale Contre bas pourfendant le cerne en deux demis Et la mene plus outre aussi loin que l espace Du cerne peut monter l le bout en soit mis Puis commencant du point o le cerne elle passe Sur ce qui sort dehors contourne un demy rond Et ce du coste droit puis la gauche tire Du point o elle joint l autre ligne amp le rond Une autre elle gale amp la fin faut lire Tout droit dessous le bout de la ligne d enhaut Qui peindra bien cecy de ma plus chere amie Et de moy trouvera la marque s il ne faut Des lettres de nos noms qui les premieres lie Ce po me est extrait du recueil de Baif Les Passetemps imprim chez Lucas Breyer en 1573 Grife
310. n vers une formule plus souple et plus feconde une forme un peu speciale de quatorzain monolettrique o nous n avions plus nous plier aux complications de la rime cf Formules n 6 p 148 151 Mais en cours de route en explorant deux formes limite le sonnet monorime ou it ratif et le sonnet en rimes ponctuationnelles nous avons fini par d boucher sur l association texte image et sur la poesie visuelle en m me temps que sur le silence SONNET EN LANGAGE POISSON SONNET SILENCIEUX O0 000 000 0 oo Texte Image Illustrations ILLUSTRATIONS Jerome Peignot De la typo sie L ouvrage Typo sie l anthologie de la poesie visuelle que j ai b tie comporte des typo mes tant des po tes qui ont lance ce mouvement dans les ann es vingt Gomringer Pignatari les fr res de Campos que des ceuvres datant des v nements de 1968 ou d autres encore de Cassandre Leiris Matisse Man Ray Zwart Les diteurs auxquels je proposais ce manuscrit me r pondaient tous de la m me mani re Il sort par trop de l ordinaire A l un d eux je m empressai de r pondre par crit Heu reusement que vous n avez pas pris mon livre Si vous l aviez d cide il se serait retrouv parmi vos publications ordinaires Finalement l Imprimerle nationale a eu le courage de tenter l aven ture Elle n a pas le regretter puisque ma connaissance nous en som mes largement au del de la troisi m
311. n apport pucelle deblasme aga reclame ancelle Pallai parsainct Vierge Carde moy Sente de Senile soubz toi Aulieude triumphant benefice consolant de vice valleur soufBsance gist moneur plaisance AuRoy Faypour Tiene de Parfaicte Gracieuse De tous an En gioire Conduictz ma souverain moy accora verta plani en supporti let belle geli dame temelle pauure ame Voici la formule de ses rimes a b a b k i k i e d e d m n m n a b a b k 1 k 1 e d e d m n m n e f e f o P o P 92 h g hi q r q r e f e f oo P 0 P 3 h g h q r q r Le po me est compose de deux parties droite et gauche chacune divis e en deux quatrains rimes crois es On peut distinguer en filigrane une figure cruciforme due sa partition en quatre quarts en termes de blason il est cartele 73 74 DOSSIER Le nombre de 8 x 8 64 vers peut venir d une sp culation num rologique L octonaire est symbolis par Marie dans le trait de Bo ce Mystique des nombres appliqu e l Arithm tique dite par Gerard Rous sel en 15212 Ce type de po me est l h ritier des carmina quadrata de la litt rature latine chr tienne avec ses vers isolettriques donnant lieu des jeux de lettres rubriqu es sur la page On y retrouve aussi le go t medieval des formes po tiques carr es Au total des huitains de pentasyllabes en rimes crois es peuvent tre lus horizontalement ababklkl verticalement a
312. n dernier roman est le livre de la diff rence bien plus que du d sir qui en constitue pourtant l objet apparent d cri d ailleurs autant qu exalt Si le d sir en effet est explor dans la vari t de ses modalit s d sir sexuel d sir des livres des voyages d sir rejet dans l irr el des math matiques c est la diff rence qui commande l ensem ble de la d marche diff rence du sujet lui m me dans la conversion amoureuse et litt raire diff rence maintenue par le d sir si mal nomm homosexuel Et tu peux affirmer sans rire tous ceux qui dans Pho mosexualit veulent voir l attirance pour le m me Pattrait de l indistinction le refbs de la diff rence ce nouveau shibboleth de la morale bien pensante ce mantra de pharisiens qui dans la diff rence s y croient et s y croyant la fixent et s en d corent revenant par l au m me that 1 beg to differ p 44 diff rence des jeux de l herm neutique qui impliquent la distinc tion du manifeste et du latent voire le cryptage du chiffre En quoi le d sir homosexuel rejoint l herm neutique en engageant le plaisir des signes p 43 li au secret De ce point de vue la tr s belle all gorie p 83 du d sir de PAm rique qui organise la s quence centrale t moigne 297 ESSAIS dans sa nature m me l all gorie est tymologiquement une parole dif ferente qui suppose un d tour du sens de certe val
313. n des Mus es Nationaux 1998 p 34 TEXTE IMAGE 8Gay J Bibliographie anecdotique du jeu des checs Paris Chez Jules Gay 1864 300 p R ed Bruxelles Emile Van Balberghe 1981 Van der Linde A Geschischte und Litteratur des Schachspiels Berlin 1874 Verlag von Julius Springer t 2 p 433 SZumthor R Le masque et la lumi re op cit p 261 Gracien du Pont Art et science de rhetoricque metriffiee Nouvellement Imprimee audict Tholoze par Nycolas Vieillard 1539 F 64 Slattane reprints Gen ve 1972 Cazaux J L Guide des checs exotiques amp insolites Chiron 2000 p 25 Cf Pozzi G La parola dipinta Milan Adelphi 1981 p 118 Cf C zar R de Poesia et Imagen Formas dificiles de ingenio literario S ville Ediciones El Carro de la Nieve 1991 p 528 529 DCF Schafroth C L Art des checs 2002 Trad Fadwa Miadi ditions de la Martini re 2002 176 p 21P chin J M Les checs Gallimard D couvertes n 335 1997 p 39 22Roswin Finkenzeller et coli checs 2000 ans d histoire La Biblioth que des Arts Paris Mausanne 1989 p 40 et p 172 Cf Jacques de Cessoles Le jeu des eschaz moralis Traduction de Jean Feron 1347 Ed Alain Collet Classiques francais du Moyen Age Honor Champion diteur 1999 cf Chomarat J Les checs d apr s Vida in Les Jeux la Renaissance Dir Ph Ari s et J C Margolin 1982 Vrin p 367 sq
314. n des oeuvres que nous avons pu rencontrer au cours de nos re cherches sur d autres formes po tiques et en les assortissant de quelques analyses de morphologie po tique Un po me marial en avant courrier Sous le nom de L chiquier de l oraison Gerard Gros a transcrit un po me lecture multiple qui ne porte pas de titre sur le manuscrit les lettres en caract res gras repr sentent les lettres Tenere rouge rubriqu s TEXTE IMAGE Tr s noble Mere de Filkde Fardivin Tr sdoulce Des sainctz Parta Mes cinq ens emperil tonpere Tonfili mistere Marie cieuli regente courtoisie re gente Tour de Roche de Vessel Clefde Fleur Riche Royne De grace puret excellence d equit sapience incomparable tresoxiexe agre ab le Ausmonniere Amoreux De excellent Reluysant Mes faictz Princesse ee Concierge Atoyiifi pourpris maieie robis amodexe anobl e ta tante de vie presente Clos d in Arche de Sallede Chambre de Vierg tr s Humble Vierge Des haube a ie i se lieiix tegxit prude nce pitie clemence Estabk chamberi re charit ble HER huissi re Sole Oysel Chasteau Soyes moy Recours Pfflerde Exemple Miroir de Source de militant propice soufrisant justice d honneur d esperance doucet vaillance y d P De Dieu Donjon De tr shum Manoir Fourfitable Benigne Carde moy umble Chascunte Tr shautain mainport tr scertai
315. n diff rentes modalit s la question du rapport au temps En effet si le polaroid implique une certame imm diatet du proces sus photographique par r duction de P cart entre prise de vue et d velop pement si la mise en s rie des clich s des m mes motifs propose un cer tain parcours temporel si la travers e de PAtlantique qui donne lieu ces clich s offre au sujet l exp rience tr s abstrait e d un temps suspendu le polaroid r alise galement en lui m me une certame exp rience du temps dans la mesure o l image polaroid est minemment fragile et se deteriore rapidement Les alt rations de la surface de l image traces de doigts d colo rations sont tr s apparentes sur de nombreux clich s L image polaroid retrouve ainsi la qualit pr caire des premiers tirages photographiques en ex hibant tout comme eux les marques visibles d une exposition au temps d autant plus radicale que le polaroid est une photographie unique non reproductible Or avec ces polaroids Perec a choisi de photographier l approche donc l absence d Ellis Island c est dire du lieu vide d une m moire vir tuelle loin de nous dans le temps et dans l espace ce lieu fait pour nous partie d une m moire potentielle d une autobiographie probable ce que moi Georges Perec je suis venu questionner ici c est Terranee la dispersion la diaspora Ellis Island est pour moi le lieu m me de l exil c est dire
316. n le suppose sur la valeur de v rit de la psychanalyse et filiation effective on aurait en somme aim que soit davantage pr cise le statut de la pr sence sous jacente p 248 du re flet p 250 du filigrane de la sugge stion gt gt p 351 invoqu s par l auteur Parce qu ils mettent en chec le m canisme ronronnant d une m moire triomphante et parce qu ils remettent en cause la nature m me du souvenir les romans policiers de Perec s inscrivent dans une r flexion philosophique qui englobe mais d passe aussi les d bats engendr s dans ce domaine par la pens e psychanalytique p 283 crit Isabelle Dangy Scaillierez en nommant h g liennement ce d passe ment gt gt sans Pinter roger pour lui m me Les r flexions de Claude Burgelin constituaient ce pendant des pr misses stimulantes ainsi dans l ouverture des Parties de dominos chez Monsieur Lef vre consacr aux relations de Georges Pe rec Freud ll s agit d une lecture de son oeuvre partir des questions qu elle pose la psychanalyse et des parcours en criture que la psychana lyse l a sans doute amene faire Or la r f rence la psychanalyse du texte de Bellemin Noel p 17 fonde une lecture immanente qui pr f re l optique du commentaire d ailleurs toujours pertinent clairant l approche rh torique pour re prendre les cat gories propos es par Michel Charles S en d duit la se con
317. n livre objet Le r sultat est tonnamment lisible et fort amusant m me et surtout pour ceux qui n aiment pas le gerire L essentiel toutefois est de remarquer ce que l exploit d Alatalo que d aucuns situent dans la seule mouvance conceptuelle doit en fait tout l criture contrainte En l occurrence la contrainte est doubl d une part celle du centon c est dire de l criture par remontage de fragments existants d autre part celle du cut up c est dire de l criture par remontage de fragments al atoirement d coup s contrairement au centon qui recompose un en semble en principe homog ne et signifiant partir de bouts de texte faisant eux m mes sens le cut up utilis en effet des fragments dessein incom plets voire non compl tables dans Anita M 28 le texte s interrompt bru talement en chaque fin de page et red marre en haut de chaque nouvelle page in medias res si l on ose dire Le roman final c est dire cha que exemplaire singulier et solitaire du texte intitul Anita M 28 n est ni un pur centon ni un pur cut up d abord parce que la question du sens et du non sens s y repose en des termes tout fait nouveaux et infiniment co miques ensuite parce que l op ration d extraction est absolument sans reste rien ne se perd tout se cr e l o dans le centon et le cut up le pourcentage des chutes est toujours consid rable Bref un livre dont il faut souhaiter que Formules pr
318. ncien TEXTE IMAGE Paul Zumthor d crit bri vement ce po me dans son ouvrage sur les grands rh toriqueurs Il le rapproche de celui de Destr es et consid re que le nombre de lectures possibles est infini Il trouve aussi que son commen taire ne brille pas par la clart En d pit de son style ampoul et redondant on peut appr hender les caract res anciens de certe forme et les caract res d riv s nouveaux qu il apporte 1 Les cases n ont que deux couleurs le blanc et le noir les rimes de ces vers courts pentasyllabes sont de deux sortes en esse et en ente Aux deux couleurs de l chiquier correspondent les deux terminaisons de la forme po tique Notons que le terme de couleur l epoque est d autant plus appro prio qu il signifiait dans les arts de seconde rh torique le timbre de la rime les rimes esse et ente sont de deux couleurs diff rentes a b Alors que dans le jeu d checs les deux couleurs des cases ne jouent aucun role dans la marche des pions et servent simplement faciliter la visualisation des parcours des chiquiers unicolores existaient on voit qu ici Gratien du Pont s en sert du point de vue formel Si comme les pr c dents auteurs il utilise des vers pentasyllabiques leurs rimes crois es suivent l alternance des cases blanches et noires alors que dans le po me marial les rimes taient ind pendantes de la juxtaposition des colonnes im paires en lettre
319. ne d signe pas la signature d un chat un griphe du grec griphos nigme primitivement filet de p cheur signifiait une nigme en derive le mot logogriphe Ce po me cache un amour secret Les rimes crois es entrelasch es de ce po me s entrelacent comme les initiales des deux amants qu il d crit Apr s de nombreux essais infructueux nous avons soumis quelques experts en nigmes ce probleme de reconstitution d une figure geom trique partir d une description verbale Ils commencent g n ralement bien dans l enthousiasme mais finissent par laisser tom ber leur r gie et leur compas Peut tre se trouvera t il des lecteurs de Formules pour d m ler cet cheveau particuli rement embrouill et trouver les deux lettres de l nigme Alain Chevrier TEXTE IMAGE Dr Jean Fran ois Sacombe Une image fil e et expliqu e La Luciniade 1792 Ma main va soulever le voile imp n trable Qui d robe nos yeux ton chef d oeuvre admirable O Nature pardonne ma t m rit L impatient d sir de voir la v rit Laisse moi de mes vceux lui pr senter Phommage Ou du moins embrasser sa consolante image Au pied d un joli mont 1 V nus consacr Dans un vallon charmant au sein d un bois sacre 2 Est un tempie fameux 3 dont la simple structure Semble indiquer l asyle o se plait la nature La sur un tr ne assis 4 l amour et le desir Du doigt en souriant app lent le plais
320. ne femme il utilise un des caract res d signant son th me p 30 La note de Makoto Ooka sur Renga renku et renshi cr ation collective en cha ne respectivement de tankas de haikus et de po mes modernes cette derni re forme ayant t mise au point par lui Po me visuel aussi la liste de Gozo Yoshimasu alignant des lignes de sept caract res selon la con trainte naturelle suivante Nombre d habitants de l ile portent un patro nyme un seul id ogramme C est la cons quence d une contrainte impo s e par la seigneurie de Satsuma mais en revanche le go t avec lequel les gens de l ile ont alors choisi leurs id ogrammes fut merveilleux ce fut une r sistance delicate A voir des patronymes comme VIE VCEU FETE CHOIX JOIE SOURCE SUIT CENTRE PAIX je me sens envahi par une impression de fraicheur p 112 On retiendra aussi le po me visuel Dans un monde o fut creus e une nouvelle tranch e p 141 de Masato Inagawa ce po te critique de cinema d crit sous forme de deux tranch es noires form es des lignes descendantes de ses lignes de vers le sentiment qu il eut lors de l attentat terroriste du 11 septembre voir dans ce numero de Formules un autre parti pris visuel avec le po me de lan Monk sur les Twin Towers L tude de Hisaki Matsura Kanji et kana la prosodie graphi que dans la poesie japonaise moderne p 197 sq est tr s pr cieuse et il donne trois exemples de prosodie gra
321. ne les lecons fondamentales de Benoit de Cornulier qui a d montr dans son Traile du vers qu au del de sept syllabes nous lt perdons le compte gt si bien que la rime plac e la fin de l alexandrin passerait moins voire pas du tout si elle n tait tay e par l architecture visible de l alignement des vers Il est m me possible de g n raliser certe importance du visuel dans le texte car me sure qu un crit se transforme en texte contraintes on pourrait dire qu il s loigne du mod le essentiellement temporel et lin aire de la parole pour se rapprocher petit petit d un mode mixte o temps et espace se renforcent mutuellement Le pr sent numero de Formules se propose d tudier certe intrication du temps et de l image d abord par une s rie d tudes critiques et historiques puis par une serie d exemples montrant Pint r t d une insistance plus avertie et rigoureuse sur l image et la dimension du visuel dans le texte FORMULES N 7 L explosion des images dans notre soci t du spectacle dont la rapi dit et le cot manipulateur se situent en quelque sorte aux antipodes de l criture contraintes dont les lenteurs se veulent un outil d mancipation intellectuelle et partant politique est analys e par beaucoup comme une rosion de la culture traditionnelle de l crit On pourrait penser d s lors que la mise en exergue de ce qui touche l image dans la production de l crit est une concession peu
322. nois qui lui correspondent ainsi que son plat pr f r et son portrait apparait avec un texte d crivant son caract re et le conseil de l astrophago typologue C est exacte ment le m me principe que mille milliards de po mes C est seulement apr s ces premi res r alisations que plusieurs personnes m ont fait d couvrir le travail de Raymond Queneau et de POulipo ce que je connaissais fort mal l epoque Je croyais nai vement avoir tout d cou vert mais malheureusement on n invente que rarement Il y a toujours quelque chose qui ressemble ce qu on a fait et qui a t fait avant Formules Quelle est votre formation et comment tes vous entr l Oubapo EL J ai fait les Arts D co Paris section Presse dition Mais ce n est pas aux Arts D co que j ai eu des cours de bande dessin e Cot litt raire je n ai pas vraiment de formation Je me suis bien sur inte resse l Oulipo mais je suis un lecteur modeste Je consacre d j une grande partie de mon temps de lecture lire la presse pour mon travail Le lien avec l Association s est fait quand Jean Christophe Menu m a t pr sente par un ami Charles Berb rian J y ai r alis ma premi re bande dessin e en 1992 l epoque m me o ils taient en train de cr er l Oubapo Si je n tais pas la premi re r union de l Oubapo j tais pr sent la deuxi me et depuis je crois que j ai assist toutes Formules Pourtant vous vous
323. nomatop ique pr sente des textes haute teneur en onomatop es allant parfois jusqu la saturation de Rabelais Th o phile Gautier et de Celine et Raymond Queneau San Antonio et Serge Gainsbourg quel festival Certes comme toujours dans un dictionnaire on peut toujours trouver des oublis pour notre part nous regrettons l ab sence de taratantara bruit de tromperte encore attestd au si cle dernier et surtout qu propos du ha redoubl les auteurs n aient pas voqu le mo nosyllabe tautologique du regrett Bosse de Nage cynoc phale papion Quoi qu il en soit cet ouvrage est sans parangon le Dictionnaire raisonn des onomatop es frangoises de Charles Nodier 1808 r dit depuis que Gerard Genette l a tudi dans ses Mimologiques ne vaut gu re que comme fantaisie cratylienne tandis que le livre d Orlando de Rudder Ces mots qui font du bruit 1998 ne parait plus en comparaison que la bluette d un amateur Ce fort savant petit dictionnaire concu par deux lexicographes aussi rigoureux que pince sans rire s avere un compl ment indispensable aux dictionnaires de r f rence les plus pansus Une suggestion parmi les autres mots laiss s pour compte les petits les sans grades 4 quand un dictionnaire des interjections A C Jean Michel Espitallier Le Th or me d Espitallier Poesie Flammarion 2003 152 p Au bout du compte on ne saura pas ce qu est le Th or me d Espitallier Ce tit
324. ns l anagramme mais c est pour aboutir non pas un nouveau mot mais une image un dessin Comme ils rel vent la fois du texte et de l image ces dessins anagrammatiques peuvent tre aussi bien tre d crits analytiquement comme des dessins en lettres que g n tiquement comme des lettres formant un dessin Analyse morphologique du corpus Passons d abord en revue tous ces dessins en t chant de reconsti tuer le mode de formation de chacun En partant des lettres du nom qui est son origine nous montrerons comment chaque lettre se retrouve dans le dessin et comment elle contribue sa composition Les solutions que nous avons trouv es pour ces devinettes pr sen tent divers degr s de vraisemblance qui vont de la certitude Pind cidabilit Mais la plupart sont tr s faciles le but de l auteur n ayant pas t de propo ser des nigmes Pour d crire la structure des lettres nous utiliserons des termes ty pographiques par pure commodit il ne s agit pas de divertissements typographiques mais bien d criture manuscrite et de dessin 1 Le premier exemple est l un des deux dessins la piume figurant sur un feuillet manuscrit qui se pr sente comme une couverture Le Se cret de l toile drame en 9 tableaux portant les dates 18 d cembre 1927 TEXTE IMAGE 5 janvier 19282 C est un projet pour La Place de l toile une pi ce qui paraitra en feuilleton dans Le Soir partir du 2
325. nt m pris s dans les cercles de la vraie litt rature mais dont il est temps de briser la bonne conscience Car tout atelier n a pas besoin de contraintes toutes les contraintes sont loin de se valoir et l chec d un atelier n est pas toujours la faute des pratiques d enseignement de la generation pr c dente qui auraient touff les potentialit s cr atrices des victimes nouvellement arriv es en atelier Or la confiance en l criture contraintes dans les milieux officiels des ateliers est tellement grande que n importe quoi est en fait permis sans que l on s interroge sur les v ritables enjeux de certe forme d criture C est avec certe id ologie que rompt Tous les mots sont adultes et on en voit tout de suite les raisons fondamentales d une part Francois Bon ne parie pas en p dagogue il ne d valorise pas d embl e les participants qui ne sont pas rel gu s des positions d assist s d autre part il refuse de confondre enseignement d atelier et cr ation litt raire il ne promet aucune ment qu un atelier se substitue l exercice de la vraie litt rature qui se trouve au contraire valoris e sans rre ni romantiquement d ifi e ni infantilis e ou b tement repli e sur l application de quelques recettes m caniques Par rapport la situation actuelle des ateliers Francois Bon accom plit une doubl revolution Non pas dans le but d en finir avec les abus et les naivet s du syst me mais afin d ouvrir
326. nt celle du langage apparaissent comme beaucoup plus sou ples plus favorables donc des jeux de hasard N oublions pas cependant l importance du role des crivains l audace par exemple des lettristes qui ont entrarne la litt rature sur les voies de l abstraction On a beaucoup proclam ces derni res ann es que l art tait mort commencer par la peinture Ce qui nous appara t au contraire et que les manipulations ici voqu es mettent en vidence c est qu il risque de proli f rer en mariant les genres les poques et les disciplines Mais ces mani pulations clairent aussi le besoin de bases solides permettant de cr er avec lucidit des ceuvres coh rentes Notes 1 Lucr ce De la Nature I 824 827 2 G Perec Un homme qui dort 3 Entretien avec P Fardeau France nouvelle 1744 avril 1979 p 46 4 Une approche dont notons le au passage les auteurs de ces tr s utiles compilations baptis es concordances ont su tirer les cons quences puisqu ils prennent soin de relever et de classer dans l ordre alphab tique la totalit des mots employ s dans une oeuvre donn e ou par un auteur donne 5 Voir Anne Marie Christin De l image l criture La lettre du D partement SHS revue du CNRS n 60 6 Francois Le Lionnais A propos de la litt rature exp rimentale in R Queneau Cent mille milliards de po mes Gallimard 1960 oeuvres compl tes I Pl iade 1989 345 7 Bernard Magne Esquisse
327. nt cependant tout fait sp cifiques Une incise du chapitre 2 de La Biblioth que de Warburg th matise cette pratique de P auto em prunt Une des caract ristiques vraisemblables de ce que sera la version longue de la pr sente branche sera l exasp ration exasp ration d une tendance l g rement perceptible dans les trois premi res branches publi es mais d j fortement aggrav e dans la quatri me introduire dans mon r cit des fragments de plus en plus importants de prose ou de poesie que j ai d j publi s ailleurs J ai dans chaque cas une bonne justification ces auto emprunts Mais je pourrais c est clair faire l effort de redire les choses qui y sont dites diff remment Or je le fais rarement Ce n est pas par paresse quoi que mais pour la raison un peu plus noble suivante tous les travaux que j effectue qu ils se traduisent ou non en livres ou articles ou autres publications accompagnent par la force des choses mon effort quotidien ou potentiellement quotidien pr matinal de composition des branches Un certain parall lisme naturel de pr occupations en r sulte Or l criture du Grand Incendie de Londres parait cependant t moi gner d une certame duplicit dans son choix de l hypertexte La structure du livre est en effet mod lis e par des m taphores organiques lt je me suis repr sent le grand incendie de Londres comme la lecture du r seau hydr
328. nt ied Redolente R alle que balme ancelle palme pucelle nn Entiere Organne Juste s beault sommiere reault Adju Nompa lju Noble ompa Super vant N reille nelle jouvencelle a rame dame celle Nave Engin LE om fertille favorable P utile rable me ee Je mona ma affabl file rable tille Pen AuRoy D accord Salut Aure droit nous gne de gt R ottroyer as turier imploire gioire Amen L acrostiche de ce po me forme la phrase Virgo sancta Vvenefreda pro nobis Cristum exora L Acteur l auteur introduit cette oraison en la d signant par le terme d chiquier Vous qui vouldr s ceste lettre asuree De hault en bas lyre et bien explicquer Lysant pour s par mettre mesuree Voyr oraison duplicquement aree Incorporee au sequent eschiquer 75 76 DOSSIER Ce Chartreux a fait de nombreux acrostiches acrobatiques carac t re figure dans ses po mes et un Contreblason des faulces amours Ses po mes sont les h ritiers de la tradition clericale des carmina quadrata Cependant en 1512 il se proclame disciple de Jean Molinet et ami de Jean Lemaire de Belges Le diagramme de ce po me rectangle vertical est de 4 x 8 32 cases soit un demi chiquier La formule des rimes mise sur une seule ligne est a b ab c de d a b a b eded efef g hgh efef g hgh On distingue deux parties une moiti sup rieure et une moiti inf rieure Paul Zumthor estime que du fait de l acrostiche on
329. nt novatrice des romans de Perec envisag s dans leur relation au mod le du r cit policier lui m me rapport la perspective psychanalytique Cet ouvrage remarquable et fort bien crit s organise en trois gran des parties la premi re Le Roman policier comme mod le narratif est OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES consacr e des questions narratologiques et offre notamment de pr cieuses analyses de deux br ves fictions polici res incluses dans La Vie mode d em ploi La piq re myst rieuse et L assassinat des poissons rouges Les deuxi me et troisi me parties s int ressent ensuite F imaginaire policier de l oeuvre celui de la transgression puis de l enqu te Dans certe optique La Vie mode d emploi et 53jours sont videm ment largement privil gi s au sein du corpus perecquien On formuler sim plement ce propos un regret m thodologique le d but de l ultime roman de Perec inachev comme on sait donne en effet lieu des analyses stylis tiques d taill es en particulier dans la section Loi et Signifiant pp 241 244 qui reposent sur des fondements bien incertains si l on consid re que le texte ainsi comment quoique contin ment redige aurait tr s probablement t remani par P crivain dans des proportions videmment impossibles d terminer Ce n est pas trapper d ill gitimit la stylistique des brouillons mais attirer l attention s
330. ntagmatiquement l isotopie du cognitif et paradigmatiquement par sa place en fin de vers o lui r pond le terme de piliers au domaine architectural tes listes tes s ries tes r gles tes grilles tes ingr dients tes pi ges tes piliers Beaux pr sents Belles absentes op cit p 43 31 Sur Fimportance du r seau dans l oeuvre de Perec voir Bernard Magne Pour une lecture r ticul e M langes Cahiers Georges Perec n 4 Valence ditions du Limon 1990 32 Voir Jean Ricardou Le Th tre des m tamorphoses Seuil 1982 p 188 33 On se reportera sur ce point Walter Benjamin L CEuvre d art l epoque de sa repro duction m canis e Ecrits frangais Gallimard 1991 34 Appel de souscription l dition originale de La Cl ture cit par Mireille Ribi re La Photographie dans La Cl ture Le Cabinet d amateur Toulouse n 7 8 d cembre 1998 p 111 On ajoutera que le trompe l ceil compris par Perec rejoint egalement ce paradigme indiciaire Ce n est pas la r alit videmment mais seulement ses signes ses indices qui constituent l art de ces architectures illusoires L CEil bloui op cit 35 Alain Buisine Eug ne Atget ou la M lancolie en photographie Nimes Jacqueline Cham bon 1994 p 173 59 60 DOSSIER Astrid Poier Bernhard Les sonnets potentiels de Franz Josef Czernin Franz Josef Czernin po te et essayiste autrichien1 est l auteur de deux recuei
331. ntin Gilles Esposito Far se Patrick Flandrin Nicolas Graner Pacai Kaeser Jacques Perry Salkow Alain Zalmanski rassembl s sous le nom ambisexuel de Camille Abaciar a engendr plusieurs dizaines de pastiches durant quelques tri mestres en une saine mulation en temps r el sur la liste Oulipo Ils ont t engrang s sur le site internet de Nicolas Graner Le cothurne troit Les auteurs ont choisi les meilleures pi ces pour les publier dans une nouvelle collection destin e aux jeux de langage appel e un bel avenir Un des grands anciens sollicit a donne une pr face qui n en est pas une et s est m le au jeu Fort p dagogiquement chacun des avatars est pr c de du nom de la contrainte utilis e et il est suivi de notes explicatives sur celle ci L index th matique recapitale les contraintes utilis es d apr s une classi fication fignol e par les auteurs pour cet ouvrage En faisant une lecture buissonni re on reconnait les contraintes classiques portant sur les lettres lipogrammes monovocalismes beau pr sent belle absente tautogramme acrostiche contrainte du prisonnier okapi vers isolettriques s quence vocalique homovocalisme vers plus complexes 13 premi res lettres de l alphabet Contraintes grammaticales texte sans nom sans verbe uni quement en noms masculins en noms f minins en mots neutres Con traintes sur les syllabes po me en monosyllabes tendus mots disyllabiques trisyll
332. ntrer s ils descendent ou bien s ils montent les lampes halog nes des n ons dans les couloirs et dans les salles de bain puis il y a les gens et il y a des r pondeurs t l phoniques qui clignotent parce qu ils ont des messages des voix des gens qui disent salut au revoir demain se regardent d cident 1 futur pour des gens dans d autres batiments sinon sur d autres tages dans d autres bureaux ou m me l autre bout des tats Unis ou plus loin encore un homme d affaires puis des trucs et des machins ncore des femmes qui se maquillent un ouvreur un groupe de r flexion pour bien tirer tout ce qu on peut du Tiers monde mais au m me temps des autres mondes des r unions avec les gens qui aiment leur travail avec ceux qui s emmerdent puis regardent le ciel et disent que 1 temps a suspendu son voi 207 ILLUSTRATIONS Gilles Esposito Far se Alexandrins fondants Ils marchaient droit vers l ouest orpailleurs pleins d entrain Pour gagner maints milliards sans qu ils soient des voleurs Ils cherchaient tout terrain tout cours d eau receleurs Mais leurs fouilles n offraient qu un phantasme restreint Ferrailleurs moins fougueux acceptant ce train train Ils conservaient l espoir de lendemains sans pleurs Les yeux brillants d un r ve embras de couleurs Ils d siraient trouver de lourds m taux citrins Rodeurs plut t blas s de ces vaines battues Ils avancent encor
333. nts dans le cas des po mes alors que ce sont les chapitres pour le roman s de Perec et des lettres pour ses jeux litt raires Une nouvelle forme le diagonnet Les recherches se sont poursuivies dans le sillage de l Oulipo Pascal Kaeser dans ses Nouveaux exercices de style 1997 a utilis la polygraphie du Cavalier ainsi que le probl me des 8 Reines en repr sentant la figure par un mot monosyllabique ou une syllabe et en inscrivant cet l ment selon son parcours dans les diff rentes strophes du po me En 2001 Gilles Esposito Far se a applique la polygraphie du cavalier au renga dans son Renga greco latin La forme et le nom du diagonnet a t propos e par Pauline Morfouace dans le numero 9 de la revue crire amp diter en juin 1997 En mettant jour une table de Quenei ef pour ce numero consacr aux contraintes d criture elle avait remarqu que la case matrice syllabes tait vide Elle a donc imagin une matrice 6 x 6 sym trique de syllabes et propose l exemple suivant qui a une valeur historique a le tari sur le fio le tron du pin sou ri tan du de son bre san sur pin son rap so dik le sou bre so neu fio ri san dik neu mon Haletant sur les flots Le tronc du pin sourit Tendu d un sombre sang S rs pincons rhapsodiques Les soubresauts haineux Florissant d ichneumons
334. oduise vite un quivalent en langue francaise Notes 1 Pour plus de d tails sur ces deux oeuvres comme pour un apercu global en la mati re voir le catalogue in gal d une exposition organis e Beaubourg Catherine Moeglin Delcroix Livres d artistes BIP Herscher 1985 2 Chicago IL Sara Ranchouse Publishing 1996 Pour quelques informations sur l auteur et le texte on peut se reporter au site de Printed Matter librairie new yorkaise sp cialis e dans le livre d artiste www printedmatter org vifs remerciements Michael Kasper pour m avoir r v l l existence de cet ouvrage 255 ESSAIS Christelle Reggiani Le Grand Incendie de Londres un hypertexte de papier En 1936 dans un article consacrd Leskov Walter Benjamin rep re un appauvrissement moderne de Pexp rience qui parait designer une dis parition du sens historique de la continuit Certe disparition de la continuit de l exp rience rend impossible la narration dans ses formes recues l art de narrer touche sa fin Il est ais de concevoir l une des causes de ce ph nom ne le cours de l exp rience a baiss Avec la Grande Guerre un processus devenait manifeste qui depuis ne devait plus s arr ter Ne s est on pas apercu l armistice que les gens revenaient muets du front non pas enrichis mais appauvris en exp rience communicable La pratique hypertextuelle de l criture s inscrit l vidence dans ce soupcon po
335. ogie de La Vie mode d emploi l oeuvre de Perec quelques pas avec le pr facier avant la lecture des romans qu une v ri table introduction o le lecteur dans un jeu avec l implicite est d embl e invite exercer son activit Sur ce point je citerai nouveau Paul Val ry Une uvre est solide quand elle resiste aux substitutions que l esprit d un lecteur actifet rebelle tente toujours de faire subir ses parties ce lecteur nergi que est le seul qui importe tant le seul qui puisse tirer de nous ce que nous ne savions pas que nous poss dions C R Notes Pour la discussion suscit e par les corrections apport es l index de La Vie mode d emploi voir la correspondance chang e par Alain Chevrier et Bernard Magne Formules n 6 2002 2 C est Val ry qui souligne 3 Paul Val ry Au sujet du Cimeti re marin Vari t Euvres tome I biblioth que de la Pl iade 1957 p 1507 4 Paul Val ry Rhumbs Tel Quel Euvres tome II biblioth que de la Pl iade 1960 p 626 Vicomte Phcebus Retoqu de Saint R ac Mes tats d Ante ou les Sept Chrysalides de l Extase Postface de St phane Le Cou dic Christian Soulignac et Herv Guineret 2002 Fornax diteur 254 p On doit saluer la r dition ou plut t l dition de cet ouvrage mythique qui n tait connu que dans le domaine p riph rique de la parodie litt raire L existence de ce livre imprim sous forme d pre
336. ogique faisons nous d abord une id e en consid rant sous l aspect d un tableau synth tique les 138 esp ces mises au jour ctfig page suivante L organisation horizontale de la configura tion correspond non seulement la diversification des familles et des gen res au fil des ges mais encore l agencement de la monographie r dig e par Stumpke de par sa disposition lin aire la glose savante s aligne sur l essor travers le temps des r f rents qu elle d crit Sans pour autant esquisser une histoire des rhinogrades ni retracer avec pr cision leur phy lum la classification suit un parcours parall le leur genealogie qui va de Archirrhinos haeckelii Rhinochilopus musicus en passant par Holorrhinus ammophilus ou Cephalanthus thaumasios Constamment explicatif et tiologique comme il se doit le discours scientifique ne progresse que pour autant qu il instaure une tension entre les tribus ancestrales souvent peu loign es de mod les connus par ailleurs et celles que caract rise une complexit sp cifique unique dans la s rie des Vert br s p 9 Il n est pas indiff rent en particulier que l individu longuement d peint infine apr s les nasip des marchant sur quatre nez et se nourrissant au moyen de deux autres utilise la bagatelle de 18 paires de nasules la facon d un orchestre de 36 instruments vent ind pendants Apprivois il fot capable de jouer deux fogues pour orgue d
337. ographique des rivi res au cceur du continent g ologi que du squelette dans le corps des nervures dans la feuille verte S gt qui l inscrivent dans une totalit dose La Biblioth que de Warburg ajou tant notamment cette liste le r seau ferroviaire pp 45 46 le projet warburgien de Mnemosyne celui du Shinkokinshu pp 159 163 Le OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES dernier volume publi reconnait d ailleurs la part croissante prise par le principe de continuit dans l criture l quilibre pr caire voulu pr caire entre la fixation interne plus ou moins vague des choses raconter et la variabilit consid rable offerte par le d mon de la digression auquel il tait indispensable que je c de un quilibre d s quilibr en somme s est peu peu d fait Il s est d fait au profit de la direction generale du droit chemin au d triment des d tours Je suis devenu capable de ma triser int rieurement le d roulement des instants des moments des chapitres jour n es de prose de le rendre continu dans le r glement de ses discontinui t s J essaye aujourd hui de briser cet engrenage Cependant par prudence j ai d cide de ne me livrer cette exp rience nouvelle de mise en r cit que dans une version longue de la pr sente branche L assimilation de la discontinuit des insertions la digression marque d j le refus d une v ri table mobilit textuelle
338. ois sont un sujet r current du re cueil ce motif est souvent repris comme m taphore du mat riau de la poesie et de ce que le po te en fait 61 DOSSIER Le lecteur constater de m me que Czernin fait un usage tr s libre de la langue allemande en ne respectant pas les normes de coh rence au niveau syntaxique et s mantique Et quant la forme du sonnet il ne suit pas un des mod les traditionnels du sonnet e est surtout la suite de deux quatrains et de deux tercets qui semble constituer la forme du sonnet pour lui parfois ce sont juste les quatorze vers ou encore d autres r partitions strophiques Ces contours visuels il les remplit Ce ne sont pas des textes dans le sens tymologique du mot qui prennent la forme du sonnet mais le sonnet pris comme moule Un moule que Czernin comble d l ments textuels de sorte que ce qui se trouve dedans rend davantage l id e de chaos que d ordre l id e du protoplasme bouillonnant que d un cristal ou d un po me parfait Je dis davantage parce qu il ne s agit pas dans le sonnet de base comme dans les autres d un chaos pur o des mots des vers se suivent n importe comment il est vident que sans suivre l ordre habituel de la pens e et de la parole l agencement des mots des syntagmes des phrases est bien r fl chi et ob it des concepts qui dominent les diff rentes couronnes Dans le chaos langagier mergent d j des structures des
339. ondres La Licorne op cit p 89 25 Le Grand Incendie de Londres op cit pp 100 101 26 Bernard Cerquiglini Eloge de la variante Histoire critique de la philologie Seuil 1989 pp 57 58 27 Jean Louis Lebrave Hypertextes M moires criture Genesis n 5 1994 p 13 28 Eloge de la variante op cit p 115 263 ESSAIS 29 Jacques Roubaud Dire la poesie Dors suivi de Dire la poesie Gallimard 1981 p 19 30 Mary Carruthers The Book of Memory A Study ofMemory in Medieval Culture Cam bridge University Press Cambridge p 215 ma traduction 31 The Book of Memory op cit pp 212 213 L ensemble de ces textes est donne dans l dition du Proslogion de Bernard Pautrat Anselme de Cantorb ry Proslogion Allocution sur l existence de Dieu Flammarion 1993 32 Loc cit 33 Jacques Roubaud Necessitd et conditions d un hypertexte propos de la composition d un ouvrage intitul Le Grand Incendie de Londres dans Michel Lenoble et Alain Vuillemin diteurs Litt rature et Informatique Artois Presses Universit Arras 1995 p 300 34 Jacques Roubaud Entretien avec Pascaline Mourier Casile et Dominique Moncond huy La Licorne op cit p 163 35 La Biblioth que de Warburg op cit p 61 Pour la version mixte voir p 69 36 Gallimard 1978 37 Deux volumes en collaboration avec Florence Delay Gallimard 1977 et 1981 38 Ramsay 1986 r dit par Les Belles Lettres 1994 39 L a
340. onstruction de kal idoscopes Suivent un panorama et une analyse des sym tries ou fausses sym tries classiques rre humain illusions musi que chimie arts et entrelacs architecture L dition francaise est enrichie d un titre en ambigramme sign de notre ami Gilles Esposito Far se On ne s tonnera pas de voir analyser en termes de rupture de sy m trie Le Vicomte coup en deux d Italo Calvino La sym trie dans la poesie francaise fait judicieusement l objet d un cha pitre sp cifique l dition francaise Joelle Pag s Pindon y aborde les diverses formes de figures graphiques calligramme palindrome tautogrammes ryth miques prosodie m tres homophonie ou lexicales refrains anadiplose chiasmes et autres figures de style La place qui lui a t impartie est sans doute trop rroite et son texte nous laisse cependant sur notre fairn De m me on ne franche pas mais est ce un d faut la sym trie est elle obligatoirement synonyme d esth tique A Z Thierry Beinstigel Central roman Fayard 2000 250 p Trouver enfin ce livre cherch depuis longtemps entrer dedans y rester malgr P tranget due la contrainte ou cause d elle En effet pas de formes verbales avec sujet nominai ou pronominai que des infinitifs ou des participes pr sents ou pass s D o surtout des phrases nominales ou verbales l infinitif Tr s rarement adjectivales Pas de relatives Certes quelques exceptions
341. ont autant qu eux le sens du lecteur le sens de sa proximit presque physique le sens aussi d une responsabilit son gard Larbaud disait crire pour appliquer une main fraiche au front du lecteur et c est aussi la sensation que procurent les meilleurs pages de Puech Mais aussi d finition incroyablement vraie puisque le lecteur de Larbaud et Puech est lui m me crivain Non pas au sens cul de la th orie litt raire des ann es soiante dix qui postulait que le texte est r crit par son lecteur mais au sens plus subtil qui reconnaft au lecteur l amour des livres et l amour du comme si c est dire de ce d sir qui transforme n importe quel lecteur en le Jordane de son auteur serait il ou non Jean Benoti Puech Les six nouvelles qui constituent le corps de Pr sence de Jordane ne racontent en fait rien d autre l merveillement devant les livres la convic tion que la litt rature compte la perplexit devant les mirages du verbe la certitude qu on se trouve force de se perdre dans un texte Le th me du OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES doubl qui sert de fil conducteur toute l oeuvre de Puech est modul ici avec un tei art de la variation de P cart et de la surprise mais aussi de la r p tition chose infiniment plus difficile r aliser que le lecteur peu peu se rapproche de la table de l crivain regarde par dessus son paule lui chuchote Poreille Pr sent J B
342. opog nie 1877 que l anc tre priminase des Rhinogrades porte le nom de Archirrhinos haeckelii Pour une critique contemporaine de l arbre phylog n tique concu par le savant allemand cf J L Hartenberger Une br ve histoire des mammif res Paris Belin 2001 p 79 104 et 261 On y apprend notamment que s il n avait certes pas pr vu l invention des Nasip des Haeckel ne se privait pas de trafiquer quelques donn es scientifiques afin de confirmer sa th orie volutionniste p 274 n 21 7 P 53 54 N B dans la derni re phrase une haplologie patente donne lire Orchiopsides au lieu de Orchidiopsides P 25 Voir aussi p 61 lt Le genre Stella n a t cr que tardivement gt Les toponymes n chappent pas cette d viation paronymique qu il s agisse des iles Aiea ieaies Ownavussa Owsuddowsa ou du volcan Iappamesch 10 Analogues sont les lt crits scientifiques gt de Perec r unis in Cantatrix sopranica L Paris Seuil 1991 Voir propos ces textes Parade en jargon l anglais scientifique de Georges Perec Humoresques n 3 Humour science et langage 1991 pp 75 92 11 Das Nasobem in Chansons du gibet 1905 trad fr Paris Obsidiane 1982 p 85 N B cette source germanique se justifie galement par la nationalit allemande de Gerolf Steiner auteur de la postface et professeur de geologie l universit de Heidelberg Cf P Dance Faux animala escroqueries et
343. oque choses reproductibles D autres mains que la sienne peuvent d sormais dessiner ses images et crire ses textes Non pas des pastiches ou des faux mais bien ses v ritables oeuvres Elles restent pour l instant simplement non encore trouv es Note une version differente des trois po mes de Zagghi sans les gravures a t publi e dans la revue Poesie 2002 Autres h t ronymes n 91 p 35 36 TEXTE IMAGE Patrice Hamel Une fois de plus la R plique n 29 Tout mot destine tre lu s appuie sur des sensations visuelles Celles ci permettant non moins d acc der la formation d images il est clair que ces derni res sont donc susceptibles de former des textes et r ci proquement Ainsi en est il lorsqu une certame disposition de phrases rap pelle la forme d un objet stylis on parie dans ce cas de calligramme ou quand une s rie d ic nes est agenc e de facon que soient percues certaines des particularit s communes aux signifiants scripturaux simultan ment re quis on conna t ces planches dessin es faites d entrelacs de corps dont les silhouettes imitent les contours de lettres de l alphabet Les R pliques reposent entre autres choses sur une telle structure permettant que deux objets s miotiquement distincts soient d duits des di verses caract ristiques d une m me forme visuelle Mais contrairement tant d autres images exog nes celle des R pliques n est pas indifferente au groupe d
344. orine dose de geometrie ca pable de cr er des liens entre droites courbes et angles On se rend ainsi compte que les r gles suivre pour construire des syst mes base de permutations ne sont autres que les r gles n cessaires la cr ation la pein ture classique ayant plus d l ments semblables que d l ments compl mentaires et la peinture moderne pratiquant en general l inverse On peut aussi recourir des l ments sp cifiques particuli rement fa ciles organiser les signes ou simili signes On constate que l instar des formes g om triques les lettres de couleur noire jet es au hasard sur un fond non structure suffisent struc rurer un espace On peut y ajouter comme chez Miro divers signes qui n ont pas de sens pr cis des formes simplifi es ou des taches comme ces taches de forme ronde qu on trouve chez Picabia qui se distribuent sans peine dans un espace vide Il est bon toutefois de pr voir pour ces signes un ordre de distribution qui exclut des regroupement trop anarchi ques et une dispersion trop al atoire On peut en conclure que l harmonisa tion d l ments abstraits pour tre satisfaisante doit respecter des r gles de rythme de similitude de contraste et de diversit mais aussi d organi sation generale Quand J Itten affirme qu il suffit de choisir certaines cou leurs plac es en forme de triangle isoc le sur le cercle chromatique pour qu elles soient harmonieus
345. orisation de l obli quit herm neutique L criture du livre adopte d ailleurs plus largement les formes de la diff rence volontiers digressive faisant place de nombreuses paren th ses la facture narrative du roman crit la deuxi me personne fonde nonciativement l inscription de la diff rence en lui donnant l assise de ce dialogue qui suppose la premi re personne Le pronomye est toutefois ex plicitement pr sent trois reprises la fin de la septi me nuit nuit par excellence de la diff rence dans la mesure o la femme rencontr e y est un transsexuel associ la reconnaissance dans le moment de l criture de l amour et de sa perte p 91 puis la r miniscence du commencement d une relation p 108 Ailleurs il est figure avec la plus grande economie de moyens par l agrammaticalit de tei nonc tu n y puis tenir p 36 Certe criture de la diff rence est relay e par l adresse du livre Yautre Tu n oublieras pas de recommander ceux qui t aiment de ne point jeter les yeux sur ce livre C est un livre que tu ne destines qu tes adversaires ou encore aux inconnues p 149 et le dialogisme Constant que repr sente son intertextualit massive on mentionnera simplement entre bien d autres exemples la r f rence au Grand Incendie de Londres de Jacques Roubaud manifeste d s Yante scriptum qui reprend le projet d une prose de m moire et la pr sence r curr
346. oter galement 16 exercices propres aux classes de maternelle Pour chaque exercice il est expliqu le but p dagogique de l apprentis sage du participe passe Padverbe de l aide la lecture la constitution d un thesaurus et le choix de la contrainte qui y r pond L accent est mis sur la capacit des exercices oulipiens jouer en groupe et par quipe Bien entendu la correction ou l valuation des r sultats ne peut tre Padmi nistration d une solution d livr e L auto valuation des groupes est une des m thodes choisie Des mots valises aux textes images des carr s lescuriens aux ab c daires l ouvrage est un panorama d taill et par Pexemple de Putilisation des contraintes oulipiennes pour apprendre r fi chir organi ser crire et cr er A Z Mich le M tail Huiwenshi po mes lecture retourn e Action Po tique n 170 janvier 2003 p 16 50 Dans ce numero Mich le M tail oulipienne qui a pris quelque distance avec POuvroir nous explicite les po mes chinois lecture retourn e dont elle est la sp cialiste incontest e L orignine de ces po mes remonte Fu Xian 239 294 et ils utilisent toutes les propri t s intrins ques de la langue chi noise Cette langue qui est presque sans r gie grammaticale hormis que le d terminant pr c de le d termin est concise polys mique et evocatrice Ainsi chaque mot peut tre en fonction de son positionnement dans l
347. ouc en vingt deux langues On d couvre m me des aptonymes noms pr desti n s avec par exemple le chimiste Chevreul qui a d couvert en 1816 l acide caproi que ainsi appel parce que pr sent dans le lait de ch vre Et bien sur on engrange des bestioles dont on ignore souvent l existence comme le saimiri le spalax le bubale le tenrec ou la polatouche Un peu de zoologie pour bien cerner les chapitres un trait de symbo lique h raldique biblique ou astrologique un soupcon de chimie mais sur tout une d monstration linguistique et tymologique de l omnipr sence des mammif res dans notre langue et notre vie quotidienne On trouvera ainsi l alopecie qui se cache sous le renard la fouine dans les for ts de h tre ou l cureuil l ombre de sa queue de m me que l vidence autor f rence du titre Ch ne et Chien du roman de Queneau et sans insistance les connotations sexuelles li es au lapin m me chaud Et on noter le caract re antif ministe des Latins pour qui la jument n tait qu un mauvais cheval Magnifique tude r sultant d un travail de plus de dix ans sur le sujet tay par pr s de cinq cents r f rences avec une amorce evidente de ta bleaux crois s vers une vie chantante des noms d oiseaux et une vie mouvement e des noms et pr noms Et maintenant je vais faire chabrot en mangeant une marmite dauphinoise en glouton Le bouquin d Henriette Walter et Pierre Avenas est aussi d guster san
348. our ainsi dire contrepied se constate jusque dans la conformation des nez tubulaires d Eledonopsis qui s enru bannent autour des tiges v g tales en circonvolution toujours senestre aussi bien pour les nez du cot droit que pour ceux du cot gauche du corps p 70 Le Polynase Eledonopsis suavis Ordre RHINOGRADES Nasins Sous ordre POLYRRHINA Plurinases Phalange BRACHYPROATA Br vinases Tribu HEXARRHINIDA Hexanasides Famille Isorrhinidae Equinases Genre Eledonopsis Polynase Habitat Mairuvili Miroovilly Taille 8 30 cm Poids 23 g Intervertir de la sorte les p les haut bas et avant arri re c est pr cis ment esquisser au sein d un monde l envers une thos miotique monstrueuse et carnavalesque dont le trait principal consiste marcher sur la t te D o le d figement ponctuel en discours de locutions que la langue ordinaire a st r otyp es les Nasestria sont d finis comme mar chant nez par opposition aux Pedestria marchant pied p 19 et 21 cependant que la proie de Tyrannonasus accroche sa queue une branche lorsqu elle ne peut plus s enfuir nez p 62 Mais il est notable que ce renversement spatial ne s accommode d aucune inversion de temporalit Bien au contraire l ordonnancement de l expos surimpose sans cesse l ontogen se une orientation diachronique qui rel ve in absentia de la seule phylogen se Est en e
349. our la derni re Jame s Prunier enferme Queneau dans les boutons d un pardessus Claude Lapointe nous perd dans des flaques d eau aux reflets inqui tants Andr Dahan fait flotter son bus la Chagall au dessus des toits de la capitale tandis que Maja le fait voguer all grement au milieu d une croie de la Seine Francois Place multiplie les horloges dans le vide et transforme l auto bus en devinez quoi Serge Bloch lance un coup de chapeau la NRF tandis que Georges Lemoine fait ses gammes sur le S fatidique Tr s Queneau Messieurs Carelmann se prend pour la reine Bathilde les fr res Limbourg des Riches heures ou encore pour Druillet Pierre Marie Valat lui nous m ne droit chez David avec un bus marqu SPQR et un bouclier bou ton du plus bel effet brandi par un fier comme il se doit guerrier grec Nathalie Fortier nous conduit dans l ar ne d un cirque o des per sonnages la Fred semblent perdus en eux m mes Semp nous fait ob server la loupe un embouteillage monstre boulevard Saint Germain Pef introduit Zazie dans le bus Quentin Blake croque d inqui tants Parisiens qu on pr f rerait ne pas croiser dans la rue Nicole Claveloux nous fait huit exercices de croquis avec tr s peu de couleurs contrairement ses habitudes Le very scottish Tony Ross d crit une tr s lisab thaine taverne d nomm e Le Lost Button Anne Tonnac fait s cher des sardines sur la ligne S tandis qu Andr
350. out social et politique Tous les mots sont adultes est un des tr s rares livres o engagement politique et engagement litt raire s paulent mutuellement La parole litt raire n est ici pas mise au service d une cause politique ou inversement il y a au contraire un change permanent et une stimulation du textuel et du politique Le livre de Francois Bon rend non seulement l espoir ceux qui d sesp rent de la soci t il offre non moins des solutions tous ceux qui n attendaient plus rien d un atelier d crirure J B Jean Francois Bory Anthologie provisoire Editions Al Dante 2002 140 p Bien connu galement comme pour sa poesie sonore Jean Francois Bory donne ici un choix de po mes relevant en tout ou partie de la poesie visuelle parus entre 1964 et 2000 c est dire au si cle dernier crit il conscient de leur historicit On retrouve parfois des silhouettes fami li res notamment de la poesie concr te allemande mais chaque fois la nouveaut et la surprise jouent La langue elle m me est directe d pourvue de fioritures L humour ne manque pas ses errata doivent prec der ceux de l oulipien Paul Fournel Il fait danser les caract res de divers types avec les lettrines avec les photographies surtout de livres Dans ces po mes figur s on appr ciera particuli rement des jeux sur les blancs et les noirs par exemple un po me secret cache presque en entier par un rec tangle noir
351. out aussi bien se passer de questions et de r ponses hasard ne d signe pas seulement l attente constamment d cue de voir con firmer sa compr hension c est seulement parce que je pense ou dis souvent la m me chose que je crois posseder une intention quel que soit ce que je prononce ou ce que je tais je ne me cause ainsi ni bien ni mal cr tois dans la mesure o nous avons un passe et un futur nous ne som mes pas au pr sent dans la mesure o nous avons un pr sent nous n avons ni passe ni futur dans la mesure o nous avons passe futur et pr sent nous n avons ni passe ni futur ni pr sent que je puisse tenir ce que je fais pour une cons quence de ce que je suis et moi m me pour une cons quence de ce que je fais rend superflue la possi bilit que je me tienne pour quelque chose 7 5 1 hypoth se d s que je pense que je me d cide pour une chose et non pour l autre celle que j ai rejet e devient ce que je crois qui va m arriver par hasard 7 5 1 11 proportion plus on a besoin de phrases pour claircir ce qu on a l inten tion de faire moins ce qu on a l intention de faire se distingue de ce qui nous arrive par hasard 7 5 1 9 on pourrait ternellement explorer la grammaire en long et en large on ne trouverait rien de ce qu on veut dire quand on pense soi on combine les lettres les mots les pens es pour oublier qu on reste incom pr hensible soi m me d une mani re toujours nouvelle
352. ouver sur l chiquier m me vide un diagramme o il distingue les r gions suivantes le centre lui m me divise en un grand centre les 4 cases centrales et un petit centre les 16 cases centrales les 4 bandes les bords et les 4 coins ti nJr ficinct s tdic iJ nu r4 1 nan A 7 atj w re oe U i e l y Grand i t H ss sp 5 fc 5 6 lt PuXM cent PCs iV 7 4 ae g X lt mentee Az Uri l ppr sS T on ses we T e amp Bande v gt A 4SX O A ria poi a b c d f g h Dans son Que sais je sur Le Jew d checs pam en 1974 ces diagrammes sont repris selon une autre pr sentation Francois Le Lionnais est passe la r alisation dans le numero de Change Transformer tradurre pani en 1973 On peut y lire un pre mier sonnet vid qui r sulte d un pr l vement des bords du Tombeau d Edgar Poe autrement dit des quatre bandes Les deux autres sonnets sont des pr l vement circonscrits laissant vid l quivalent du grand cen tre puis du petit centre de l chiquier Il nous para t vident que le probl miste a projet les divisions de l chiquier sur le sonnet r duit un quadrilatere de m me que le math maticien avait applique d autres formes litt raires les images des plus simples de la th orie des ensembles r union intersection et Et rappe lons que le Tombea
353. parlant la vari t des caract res des titres et de leur position les vignettes et culs de lampe en rapport avec le texte en font un chef d oeuvre au sens du compa gnonnage On savoure le vocabulaire rare et les n ologismes du jargon d cadent Fuligineuse Nox occidente tu r ves Du Nirvana s tend le suaire frigide Mais l oeil d Eds d clos cependant que tu cr ves Ful gure rosoyant un long regard nitide L autheur se permet de tr s longs vers dans un sonnet Mon lan tardigrade s essore aux eurythmiques d couvertes Mais mon vers polypatte et veule est pollu d une rousse odeur d aisselles Il s en prend en effet souvent la mode des synesth sies et l exaltation la fois decadente et naturaliste des odeurs Surtout son but est de d gonfler le nietzsch isme en train de monter il parodie les paraboles du Zarathoustra ainsi que le mysticisme et l orientalisme du Bazar fin de si cle La seconde moiti de cet ouvrage A la poursuite du Retoqu est une enqu te sur l origine myst rieuse de ce livre Autant la partie initiale o les auteurs autopsient cet ouvrage analyse codicologique et tentent de reconstituer les circonstances de son impression est bienve nue et passionnante autant la piste litt raire o les auteurs se sont enfour n s s avere une fausse piste o ils tournent en rond dans un cercle vicieux interpr tatif Jules Romains tait certes un mystificateur dou et
354. partis d une lecture de certaines images pour tenter de reconsti TEXTE IMAGE tuer ce qui chez le dessmateur avait bien pu se passer Nous ne sommes pas familier de la pens e des cognitivistes comme on a pu le comprendre mais nous avons voulu progresser dans leur direction partir de nos propres sch mas rh toriques et en postulant qu un inconscient linguisti que informait la pens e visuelle des graphistes Notes Klapheck Konrad La Machine et Moi Paris L Echoppe 1997 2 Marion Philippe Les images racontent elles Variations conclusives sur la narrativit iconique Recherches en Communications Image et narration n 8 1997 Universit de Louvain la Neuve 161 DOSSIER Alain Chevrier Gen se d une formule le sonnet monolettrique force d enregistrer les sch mas de rimes des sonnets et de les rumi ner il nous est venu le sonnet suivant sur le mode du drame alphab tique Ah b b A SSEZ d e ssais d c dez OT AVA WwW WWR Explication L auteur s adresse un abb po te mettons du XVIP ou du XVIIP siede qui est plut t content de lui ou grand ouvert la Divinite source de toute inspiration il le tient pour pu ril et lui conseille d arr ter ses tentatives et m me lafin il l invite disparaitre Nous pensions avoir trouv Le sonnet le plus court de la poesie francaise du moins si on consid re sa formule non d velopp
355. phallique testicules verge voire jaculation A l epoque Desnos ne se serait pas risqu taire consciemment cette plaisanterie douteuse sur son ami Pour Michel Leiris le Sphinx est peut tre en rapport avec son voyage en gypte de 1927 communication personnelle de Marie Claire Dumas Chacun de ces dessins est fait pour un de ses amis Il est unique et il a une fonction non seulement ludique mais probablement divinatoire L ana gramme est d ailleurs une forme d onomatomancie de divination par le nom nomen omen le destin est inscrit dans le nom On sait que Desnos pratiquait aupr s de ses amis l interpr tation des r ves et celle des lignes de la main Il a jou le r le de m dium pendant la p riode des sommeils Sa croyance dans la magie du nom avait deux justifications elle relevait du TEXTE IMAGE surr el dont Breton h ritier de l occultisme et des sciences psychiques pronait l exploration et elle faisait partie de son milieu de culture popu laire Le Grand et le Petit Albert la consultation des voyantes et carto manciennes On retrouve les m mes noms de ses amis dans Trois livres de proph ties 1925 qui sont des lectures de l avenir rest s in dits de son vivant L activit plastique de Desnos a commenc presque galit avec son activit litt raire puis certe derni re l a emport Il a surtout laiss des dessins et des peintures m diumniques ou oniriques Dans certains il p
356. phique L un est un po me de OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES Yoshioka Minora Nature morte o alternent savamment les caract res id ogramatiques d origine chinoise les kanji et les caract res phon tiques les kana en relation synesh sique avec les r f rents des mots qu il com posent la sensation de dur oppos e celle de doux Le second Pay sage de Yamamura Bocho mime un champ de colza par la r p tition d un vers perte de vue fleurs de colza exclusivement en kana Le dernier datant de 1917 est un pseudo po me chinois compose exclusivemrent en kanji et qui est le premier po me qui ne veut rien dire en japonais Le un po me de non sens Cependant nous ne pouvons le suivre dans sa mise en correspondance entre kanji et conscient et kana et inconscient Ce numero se termine par diverses tudes sur Arechi le mouvement d apr s guerre baptis d apr s The Waste Land la musique la voix le cinema Naruhiko Teramoto Les Chants de Maldoror film s par Terayama Sh ji et bien d autres sujets sans oublier un article du grand crivain de tankas Oka i Takashi Que peut faire le tanka sur les rapports de certe forme traditionnelle qu il en ruines et au del des ruines avec le divertissement et l actualit p 231 Un numero foisonnant A C Poesie 2002 H t ronymes n 91 f vrier 2002 126 p Au seuil de ce numero Angelo Schiavetta invoque les mane
357. pie plus de deux cent vingt pages adaptation en bandes dessin es et engravure sur bois du roman de Franz Kafka Le Ch teau Le livre est publi par Fr mok Paris Bruxelles Il s agit d une sc ne voquant la remise d un message K par Barnab Barnab tant en quelque sorte l agent de liaison entre K et l administration du Chateau Quant la r alisation contrainte des planches en gravure sur bois La cr ation de la version en bandes dessin es puise pour une part son programme d criture plastique ses contraintes pour ainsi dire dans une lecture en l occurrence la lecture du Ch teau le roman de Kafka Ma lecture qui n engag que moi du r cit kafka ien a degag au moins deux contraintes Primo Pobligation de dessiner de telle mani re que le dessin ait un aspect inachev et secundo opter pour un style minimaliste ou lt pauvre gt Il faut aussit t ajouter que ce programme est quelque peu enrichi et pourrait on dire brouill par des influences qui d bordent tr s largement le livre du po te pragois Mon propos cependant se concentre sur la notion de contrainte je laisse donc de cot la question des influences ce qui ne signifie pas que cet aspect est moins important loin de l Le support ou le m dium de la transposition impose pour une autre part ses contraintes Choisissant la bande dessin e j ai opt pour une grille qui aujourd hui est un canon tr s r pandu la juxtaposition de
358. port son sens et constituer un dessin par leur seule forme Ces jeux ne furent d ailleurs qu une flamb e sans lendemain dans l oeuvre de Desnos Et ils rest rent confidentiels puisque ils ne furent pas publi s l epoque Un des d dicataires Michel Leiris s en est rapproch par une r alisa tion unique et tardive le po me Amour 1939 Le roc dans l urne dans le cercle vicieux dans le mur ravin dans la doubl chelle o le R roc est dans l U urne qui est dans le O cercle vicieux qui est dans le M Mur ravin qui est dans le A doubl chelle figure qui peut d ailleurs s inter pr ter comme un zoom voyeuriste Cependant il devait exister une tradition populaire de ces jeux puis que Massin donne un calligramme ex cut 4 l aide des lettres du pr nom Hubert extrait de Guignol journal pour enfants 1935 18 Plus pr s de nous David Lee Fong a pr sente une contrainte voisine dans un petit livre humoristique intitul Types aux graphiesi9 2001 Ce sont des portraits de personnages repr sent s l aide des lettres de leur nom et pr nom eux m mes issus d un jeu de mot Ainsi Jean Saigne a des lunettes form es par un g retourn d un quart de tour les yeux figur s par des a les cheveux par des N inclin s un nez par deux j la bouche e les dents par deux E retourn s d un quart de tour dont l un inverse gauche le menton par un s retourn d un quart de tour Le but de ce livre est
359. poumons qui sont dessous qui ne jouent pourtant pas de l accord on 16 mars 2000 Saint Genis Pouilly po me portrait d Eliott Allwright Tout petits cils et grandes joues le visage est surtout certe paire de joues que nourrit la bouche active dont la langue cherche sortir en bavant un peu Qui sait si le front n est pas une troisi me joue peine marqu e de blond Les yeux se ferment h sitent dormir ou chercher voir le peu qu on voit deux mois z yeux par du bleu pourtant si dense si rond fentes si effil es La fameuse fossette en trace de pointe de compas creuse un menton sculptural sous les trous de nez plus ronds que deux billes noires 247 17 raars 2000 Gen ve Se dit couch e sur le ventre le lit de ses entrailles comme dit Paul Muldoon Qu est ce qu il fait en venant par dessus par dedans sinon lui rajouter un bout d extraille qui entrant devient entraille La depose du sperme peupl de neuf chasse l esprit des morts car il n est pas de revenant de spermatozo ide d funt Milliards de milliards de myriades de revenants ca fait beaucoup 18 mars 2000 Paris Toute r veill e dans le jour et mise en joie de la revoyure la nuit ne se reconnait plus comme possible D o avait elle extrait tout son no ir qui alterne si heureusement avec la lumi re de ses traces verniss es po me adress Isabel Jakob 1 La langue parie de grosses l gumes et les l
360. pourvu de la devise Fluctuat nec mergitur Mais quel rapport entre Baron et le coeur transperc et sanglant du symbo lisme populaire moderne que Desnos exalte dans un article de 1932 sur l art du tatouage21 Le bocal peut tre apport par une association avec la derni re syllabe de Tual La chanteuse populaire Yvonne George son inaccessible amour est connue pour ses chansons de marins comme Valparaiso Nous rappro cherons de ce dessin en lettres un vrai dessin de Desnos la piume repass Tenere de Chine voquant Yvonne George qui juxtapose un navire voguant toutes voiles d ploy es et au premier pian un gramophone avec son pavillon en forme de corner2 L image du ballon dirigeable pour Andr Breton nous parait l vi dence d river de lectures d enfance comme Cing semaines en ballon de Jules Verne Meme silhouette piriforme et filin trainant C est un des pi sodes les plus path tiques repris en illustration Le Victoria au milieu de Porage23 On peut inf rer de ce choix le sens suivant au pire Breton est une baudruche qui peut se d gonfier au mieux il est un instrument d l vation au dessus du r el le sur r alisme mais ce h ros prom th en pris dans la temp te sera frapp par la foudre Desnos a associ ailleurs Breton au feu Cette r f rence iconologique sp cifique nous permet de cong dier l interpr tation facile et passe partout en terme de symbole sexuel une image
361. pr hension des diff rences entre la contrainte comme norme generale pour l art du passe et la contrainte moderne Elle a en outre l avantage de faire face aux interrogations de ceux qui posent la question mais n y a t il pas de la contrainte partout et toujours en art En effet e est en mettant l accent sur les caraet ristiques des r gles contraignant les peintres du passe et les processus contraignants choisis par les peintres acruels que l on peut le mieux comprendre com ment on est passe des uns aux autres comment une nouvelle notion de contrainte a pu se faire jour et s imposer La comparaison permet d tre attentif au d veloppement des l ments constitutifs de la contrainte de les voir se construire et s associer et donc de rep rer les racines de la contrainte On sent bien au sein de la peinture et surtout avec l apparition des avant gardes une tension entre ceux qui sont attach s la r gie et ceux qui sont artach s la libert de l art Ces derniers par exemple au XXe si cle l cole am ricaine affir meront volontiers qu il n y a pas d art sans libert Les autres comme ceux qui ont pratiqu l abstraction dite constante diront qu il n y a pas d art sans r gie On observera les avane es des uns et des autres Certe lurte et ces remises en question f condent d autres avane es Ces deux courants oppos s se remarquent d ailleurs par un antagonisme particuli re ment violent dans les ann es cinquante
362. pr sentations de la modemit ainsi que les moda lit s de la signification po tique comme de l expression de la subjectivit Et s il est conseill d enseigner Phistoire du genre il l est aussi de s int resser un recueil Cette tendue implique pour les professeurs des choix drastiques puisque la poesie n est qu un des objets d tude parmi huit objet d tude par ailleurs facultatif en Seconde De plus cette tendue rend les axes essentiels moins perceptibles D ailleurs le programme ne mentionne pas la notion de contrainte qui a pu d s lors sembler secondaire Voil qui ne saurait durer 269 ESSAIS L Observatoire des Contraintes Litt raires Revue des parutions r centes coordonn e par Alain Chevrier Notes de lecture par Jan Baetens J B Alain Chevrier A C Astrid Poier Bernhard A P B Christelle Reggiani C R Alain Zalmanski A Z et al Camille Abaciar Je suis le t n breux 1001 avatars de Nerval Pr face de Francois Caradec Editions Quintette 2002 142 p Avec cet ouvrage collectif le sonnet de Nerval El Desdichado de vient le po me francais qui a suscit le plus de pastiches bien loin devant Le Corbeau et le Renard et le sonnet d Arvers Sa c l brit et probable ment aussi sa beaut et son obscurit avaient attir Queneau qui lui avait applique une contrainte et il fut suivi par Perec et quelques autres Sous ces auspices une pl iade d auteurs Elisabeth Chamo
363. ps de sa prose De m me son invite le lecteur dans un po me de 13 vers de 13 syllabes ne doit pas tomber dans l oreille d un sourd N h site pas lecteur d cortiquer le po me Surtout s il t envotite et continue te hanter Sois sans crainte en dressant l inventane de ses th mes Sculpt s comme vip res dans un bloc imprim La poesie peut rre chose grave mais non s rieuse A C Jan Baetens Le texte comme espace tudes grammatextuelles Romanice Weidler Buchverlag Berlin 2001 166 p Ce petit volume rassemble treize tudes sur la grammatextualit s chelonnant de 1988 1995 Le grammatexte est une notion propos e par Jean Gerard Laparcherie pour designer les aspects visibles et spatiaux de l crit et l auteur utilise certaines perspectives qui avaient t ouvertes jadis par Jean Ricardou sur l criture et plus r cemment par Gerard Ge nette sur la typologie textuelle hypotexte p ritexte et Un premier volet th orique aborde la grammatextualit largie Le transcripturaire la figu ration cach e d un po me comme La Musique de Baudelaire le sch ma comme figure de discours Qu est ce qu un texte circulaire une tude de r f rence sur certe forme une critique argument e des abus de la cri tique g n tique et enfin une analyse de la fonction des couleurs dans la version lectronique des textes un sujet qui mergeait Un second volet met en application ces concept
364. que contribution du numero peut se lire comme un appel la cr a tion nous esp rons vivement que le prochain numero de la revue porter de nombreux chos du champ nouveau que nous commencons explorer en ces pages Par rapport aux num ros pr c dents de Formules le pr sent numero apporte aussi deux changements structurels Le premier est sans conteste le renforcement de l observatoire qui s est impose en peu de temps comme la r f rence absolue en son genre pour en savoir plus sur ce qui se publie dans le domaine des critures contraintes les chroniques r unies dans l observatoire sont devenues Pinstrument de travail par excellence de qui conque s int resse la contrainte Logiquement l observatoire s ouvrira bient t la recension des critures contraintes ailleurs que dans le seul imprim Le second changement concerne les activit s ditoriales du groupe Formules qui vont s augmenter consid rablement dans les ann es venir Apr s le succ s de son numero 6 bis consacr aux jeux Formules sou haite publier r guli rement en collaboration avec d autres revues ou d autres instirutions des num ros sp ciaux fortement ax s sur un objet ou un th me particulier L4ann e prochaine paraitra ainsi en collaboration avec Les amis de Valentin Br un recueil sur Raymond Queneau De la m me facon Formules s appr te inaugurer la collection du m me nom avec un pre mier volume qui reprend les actes du col
365. que le genre lyrique renaissant est clairement inscrit dans le champ de la fiction rien ne para t plus tranger la r flexion generale des po ticiens que le point de vue r f rentiel intimiste et autobiographique de la lyrique romantique p 175 La mise en forme th orique de la cat gorie lyrique quivaut en somme la d construction du syst me aristot licien qui lie n cessairement mim sis praxis action et muthos configuration unitaire des actions Au del de l oubli du genre par les po tiques du XVIF si cle cette d construction lyrique du syst me aristot licien trouvera d ailleurs son aboutissement au XVIIP si cle bien que la classe s ef face pendant presque un si cle elle sera le cheval de Troie qui du cceur m me de la th orie d Aristote mettra fin au r gne de l imitation po tique p 184 La reception effective du Traiti du sublime du pseudo Longin par tir de la seconde moiti du XVIP si cle provoque en effet un changement radicai d esth tique o la poesie se trouve d sormais d finie par l expres sion des passions partir du moment o sous l influence du pseudo Longin la passion devient l l ment centrai de la d finition de la poesie la classe lyrique commence jouer un r le paradigmatique qui la transforme en l essence m me du po tique p 191 L av nement de l esth tique romantique peut tre ainsi pr cis ment date entre le Traiti des
366. quel chapitre apr s chapitre s labore la fiction p 20 En r alit ce que La Vie mode d emploi doit aux contraintes c est d une part la place des histoires dans le r cit et d autre part certains d tails de l univers fictionnel En termes de rh torique on pourrait affirmer que le cahier des charges du roman en d termine la disposition et P locution mais non l invention p 30 D s lors le cahier des charges de La Vie mode d emploi para t constitue r pour l crivam qui r ve de renouer avec la grande tradition romanesque une sorte de blanc seing pr alable rendant possible l acc s au romanesque ce qui permet d ailleurs d expliquer la d sinvol ture avec laquelle il arrive Perec de traiter ses propres r gles pp 30 31 Le volume des Romans et R cits de Perec appartenant une collec tion de grande diffusion on comprend que la question de la place du lecteur soit centrale aussi bien dans la pr face que dans les notices Or Bernard Magne l nonce on ne peut plus clairement cette place ne saurait tre une image en miroir de celle de l auteur M me si le caract re la fois ludique et extr mement concerie de l oeuvre de Perec para t favoriser Pillusion m ca nique o le d montage refait en sens inverse les gestes du montage l id e d une criture qui soit un jeu qui se joue deux entre l crivain et son lecteur n implique nullement l quivalence des positions des joueurs
367. r alit par un jeu de miroirs mobiles N Sch ffer TEXTE IMAGE le store est un objet mobile qui permet aussi des peintures mobiles du store on peut passer au rideau et des surfaces plus ou moins transpa rentes et color es qui glisseront les unes devant les autres un peu comme certains d cors de th tre ce syst me permet des productions figuratives peintes sur des films transparents que Fon peut superposer et faire bouger les tiges grace des trous fabriqu s dans une planche on peut planter des tiges cylindriques comportant des l ments divers Agam les cubes sur lesquels on peint de petites peintures figuratives ou non fig 7 Illustration n 7 Beaucoup de ces syst mes ont d j t exploit s mais dans le tissu trou de l art d chir par ceux qui le tirent en avant on est loin d avoir explor de facon syst matique tout ce que la mobilit des l ments peut apporter les premi res tentatives ayant t comme nous l avons dit assez rapidement d bord es par la mobilit due aux moteurs la lumi re et aux m canismes des ordinateurs ou des champs magn tiques Et ce mouvement brouille quelque peu les accords fondamentaux entre les l ments De plus en revenant des syst mes plus simples on s apercoit que certains d entre eux peuvent rre exploit s de facon cr er des images figuratives C est pourquoi il ne semble pas inutile d tudier des syst mes plus l menta
368. r sence subjective de l artiste oppo s e syst matiquement Pintervention objective et machinale de l artisan Paroles en l air une criture anti photographique Il ne faut pas s tonner d s lors que les textes de Paroles en l air ne ressemblent nullement des instantan s transcrits sur le mode de l ins tantan photographique mais qu ils se pr sentent au contraire comme des textes de part en part crits c est dire domin s par les param tres typi ques du m dia litt raire Qu on me permette d en donner rapidement quel ques exemples qui ne pr tendent nullement tre exhaustifs Premi rement on ne peut qu tre frapp par le taux de narrativit fort lev des pi ces r unies qui se distinguent entre autres par un sens du fini et de la pointe que l image photographique au sens que recher chaient les surr alistes ne pouvait aucunement avoir lei les textes ont un d but et une fin exactement comme des r cits ce ne sont pas des frag TEXTE IMAGE ments pr lev s du r el susceptibles d amener le public inventer lui m me ses propres histoires A cela s ajoute que les crits de Brassai ne compor tent pour ainsi dire pas de parasites ce qu on nous offre ce sont des conversations rien que des conversations et rien que des conversations compl tes tout le reste des propos insignifiants ou des bruits de fond qui menacent la compr hension de l crit se voit soigneusement censure L
369. r est une forme de Rithme de laquelle na este faicte aulcunne mention aulx oeuvres des Rhetoriciens qui ont compose sur lart de ladicte Rhetoricque metriffiee en francoys A tout le moins qui nous soyent jusques ici venues notice Et notez que ce dict terme eschiquier este pris du jeu des eschecz parquoy tout Eschiquier doibt estre demonstre en practique amp figure la forme dung Tablier de quoy lon joue aulx Eschecz amp en tout ledict Eschiquier ny doibt avoir que deux terminaisons tout ainsi que audict Tablier ny a que deux couleurs blanc amp noir ou blanc amp rouge Car communement toutes les cellules ou carreaux du dict Tablier pour jouer ledict jeu sont desdictes couleurs Si sont aussi toutes les pieces dudict jeu Au lieu desquelles sont les lignes courtes ou longues au plaisir du composeur le contre poix dudict femenin amp diete mesure observee Parquoy ny doibt avoir que deux terminaisons comme est dict Dadvantaige toutes lesdictes lignes qui sont au lieu desdictes pieces doibvent estre subjectes faire touz les saulx desdictes cellulles comme du Roy de la Dame des Folz des Chevalliers des Rocz amp des Pions Et pource que toutes lesdictes cellulles soyent fournyes il y fault de chascune diete terminaison trente et deux lignes qui font en tout Ixiiij Notez ung bon moyen amp regie pour plus facillement composer lesdictz Eschiquiers subgectz ausdietz saulx Soyent toutes lesdictes lignes Epitetes ou
370. r l oubli le jeu d checs dans La Vie mode d emploi de Georges Perec in Berchtold J dir Echiquiers d encre Le Jeu d checs et les Lettres XTX XX si cle FJroz 1998 p 487 496 Magn B Deux cent quarante trois cartes postales en couleurs v ritables Le Cabinet d ama teur n 1 printemps 1993 p 29 55 Perec G Nouveaux jeux int ressants Zulma 1998 p 28 et 64 Perec G Jeux int ressants Zulma 1997 p 57 et 120 Descombes R Les carr s magiques Histoire th orie et technique du carr magique de l Anti quit aux recherches actuelles 2000 p 466 Perec G Histoire du lipogramme in Oulipo La litt rature potentielle NRF Id es Gallimard 1973 p 77 93 Kaeser R Nouveaux exercices de style Jeux math matiques et poesie Diderot diteur 1997 p 52 54 Cf Esposito Far se G http www2 iap fr users esposito oulipo9 html 270601 SE sposito Far se G communication personnelle Esposito Far se G http www2 iap fr users esposito gillipo html 290697 Hamel P Au Sens Propre ditions y ean mchelplace 2002 60 p 93 94 DOSSIER Francis Edeline La traduction de la poesie visuelle et ses probl mes La tradition est ce qui change sans cesse disait T S Eliot condam nant ainsi par l absurde le concept m me de modernit en litt rature C est un concept en tout cas qui ne parait pas eclaircir quoi que ce soit sinon en creux
371. race une disposition en colonnes D onneur sentier Confort seur et parfait Rubi chieris Safir tres precieux Cueur doux et chier support bon en tout fait Infini Pris Plaisir melodieux Esjouy Ris Souvenir gracieux Dame Defens Mere de dieu Tres nette Apuy Rassis Desir humblejoyeux Marne Desfens tres chiere Pucelette La forme du second po me marial semble r sulter de ces vers bri s s Elle en est comme un prolongement et un aboutissement grace a trois modifications 1 les unit s sont semblables en nombre de syllabes 2 elles peuvent alors former avec le nombre de rang es un po me carr TEXTE IMAGE m me tr s r duites les unit s ne pouvaient correspondre au nombre de vers d un rondeau ou d un huitain 3 les colonnes et les rang es peuvent rre plus nombreuses que dans les formes ant rieures Un chiquier chez Destr es Dans un manuscrit contenant trois po mes sur trois saintes Destr es donne en dernier un po me hagiographique Vie de sainte Wenefred L ar gument Sainte Winifred a t tu e par un jeune homme libidineux Alam mais elle est ressuscit e par saint Beunous qui lui recolle la t te elle de vient alors sup rieure du couvent et meurt en cet tat en 660 La derni re strophe de ce po me LIV est une oraison en 32 vers pentasyllabiques VIeRGE Puri i Vaisseau Scat Concord ag i de bont 3 redoubt li re huysiere Odora
372. rco et des magnetophones les diapos projet es sur les crans montrant les m mes id es projets camemberts plans chiffres et courbes mais dans un tat plus avance des gens encore des gens mais avec autres esp ces animales des mouches qui survolent les gateaux et les blattes qui habitent dans les conduits et les araign es dont une toile TEXTE IMAGE les images p dophiles de filles et de gargons des familles asiatiques puis portoricaines mais aussi indon siennes des choses et trucs en profusion un agent de change puis les h tesses d accueil sages et souriantes avec leurs grandes dents encore des comptables quelques gens qui t l phonent vraiment pour le boulot mais avec pas mal qui causent avec est encore plus ph m r qu ailleurs tellement la tour est lav e et gard e nickel des scarab es des cloportes et des cousins avec en plus une myriade de bact ries des guerres intenses dans les waters leur mari leur copine la m re le p re les enfants gard s par leurs nounous portoricaines asiatiques indon siennes les choses dans les bureaux dans la salle de r union o tout un tas de gens discutent et les gouts avec tout une cit prodigieusement petite et violente cette bataille pour territoire et survie mais surtout y a des gens et encore des gens les machines et les ascenseurs leurs fils et leurs cables des boutons des t moins pour mo
373. re Est il tot Chut L ylang ylang sent si bon nul ptyx Tu nommeras Fils du Dy mon enfant Fils du Dy Je nominai lt kylix gt sa bouche Puis m employant a son bien j y bus myope humain son baiser j y bus sa vie Pour Dy 1 Pierre philosophale sous forme s che 2 Limassol o d apr s la legende Aphrodite aurait emerge de l eau n e de l cume de la mer 3 Le byssos tissu estim des Anciens tait un genre de lin tr s fin ressemblant la baptiste 4 Sumac v n neux ou poison ivy 5 Cypris Aphrodite d esse de Chypre 6 Vase ancien de tr s grand prix 7 Lynx nom grec de la bergeronnette oiseau qui symbolisait chez les Grecs les d sirs amoureux il tait consacr la d esse Aphrodite 8 Ce hi roglyphe se pr sente en forme de triangle isoc le avec un m me petit triangle sa base La traduction courante de ce signe est offrande l vation 9 Kylix sorte de coup ou de vase boire utilis par les Grecs Jacques Jouet Dos pens e po me revenant Les po mes du jour de Dos pens e po me revenant partent d une image un bois grave de Paul Gauguin intitul Manao tupapau 1893 1894 traduction Elle pense au revenant ou le revenant pense elle Aujourd hui 26 d cembre 2002 j y suis toujours JJ 6 mars 2000 Paris Oublie tes morts Oublions donc les morts Les morts oubliez les ton mort Laissez les ne pas vous oublier
374. re contrainte s appelle Prinzip i storyboard Il s agit d un story board accompagno de textes genre hybride qui combine le film avec la BD Certe fois seulement le i est disposition Falkner est donc oblig e de construire des phrases sans articles sans infinitifs et sans propositions relatives mis part tout le lexi que ne suivant pas le principe i La derni re partie contient schmutzige tricks une bande dessin e d j publi e dans ABC Falkner y travaille avec des citations d images des ann es 40 dans le genre hard boiled la m me s rie de dessins est donn e deux fois comment e de textes qui sont obte nus par deux syst mes de chiffrage au lieu de la phrase Das Telefon klingelte le t l phone sonna on lit Tusch Telefilm klikte ou Tasch Terebam krikte pour le plaisir phonique mais aussi pour le plaisir du d chiffrage A P B Alessandra Ferraro Raymond Queneau L autobiografia impossibile Forum Udine Editrice Universitaria Udinese 2001 194 p Cet ouvrage tudie les rapports de Queneau avec l criture autobio graphique Ses liens avec des figures tut laires comme Breton puis Bataille ou Sartre et sa cure analytique sont abord s dans certe perspective L auteur tudie les strat gies de d tournement du moi dans ses trois ouvrages autor f rentiels Les Derniers Jours Odile Chine et Chien mais aussi dans Sally Mara dans ses interviews dans ses Journaux dont la
375. re liront le dessin le plus complexe le paysage pour de la Rivi re Ant c dents avant gardistes Des essais analogues de passage du texte l image ont t exp ri ment s par une avant garde injustement m connue en France le Futu risme Il est tr s possible que ces essais ont t connus de Desnos pendant sa jeunesse mais il n en a pas fait tat Chez Marinetti et ses disciples les mots en libert deviennent tr s vite des syllabes voire des lettres en libert notamment par le biais des interjections Ces syllabes et ces lettres d autre part sont l objet de mani pulations typographiques grossissements divers et d placements en tous sens sur la page On peut voir les premiers exemples de certe poesie visuelle avant la lettre dans deux personnages de Francesco Cangiullo 1919 extraits de Caff Concerto Alfabeto a sorpresa 1919 tels qu ils sont reproduits dans l anthologie de Jerome Peignot Typo sies Le dessin intitul Je te donne mon coeur et tu me donnes ton amour montre un couple La femme est constitu e ainsi un O pour le visage un V pour le buste deux Z pour les bras deux L pour la robe ou un V l envers un accent pour un pied un trait pour le bas de la robe Et l homme un 5 et une parenth se fermante pour le visage deux V pour le buste et les bras un W pour les jambes deux accents pour les pieds On retrouve d autres personnages dans cinq autres s quences de son livre th at
376. re il fallait le faire Mais un livre de poesie n est pas fait pour savoir Avec celui ci on en prend plein la gueule De quoi De tout Col lages de listes alternants Listes d objets en tout genre o l on aime la comparaison du pylone lectrique et du chateau d eau Liste interminable de noms propres De chiffres De sigles Enonc s base d enchainements logiques Mots inconnus On compte les moutons qui sautent on saut avec eux les pages Le th tre des op rations affiche des op rations portant sur les chiffres Une liste passe en bande sur les d couvertes scien tifiques scand es par un refrain mais je n y comprends rien Histoire liste des premiers rois de France G o Des points de vue des parcours dont un de Paris Pondich ry qui vaut le d tour Un interrogatoire hale tant tout en bifurcations interpelle le lecteur Notes en multiples renvois Utilisation de divers caract res Figurations typographiques Au d but et la fin l image des deux cercles d un appareil optique blanches puis noires et les lettres qui s inversent en blanc sur fond noir puis tout sombre e est le cas de le dire dans le noir On se laisse emporter on ne peut garder une OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES distance critique on ne peut que mimer croire que la technique et son vocabulaire sont ing rables indig rables Mais ce livre est machine ce n est pas seulement du brut de d coffrage Jugez le tou
377. re Caf chantant reproduites dans l anthologie de Giovanni Lista Le Livre futuristero Le fr re de Francesco Cangiullo Pasqualino a expos avec lui dans une galerie de Rome en 1918 Mari netti en fit le catalogue manifeste L alfabeto a sorpresa On peut voir un personnage fait avec les lettres de son nom dans la m me anthologie1 Angelo Rognoni dans Autorittratto alfabeticoiz autoportrait alpha b tique une encre de chine sur papier utilise des S pour les boucles des cheveux des 2 pour les oreilles un 4 pour le nez un 1 pour la bouche etc Mais le point de d part n est pas un nom D o il peut utiliser autant de lettres qu il en a besoin et m me des chiffres TEXTE IMAGE Il existe galement un dessin du futuriste russe El Lissitzky Projet pour les 4 op rations 1923 reproduit dans Panthologie de Jerome Peignot13 Il fut publi dans Merz 1923 la revue qu il amimait avec Kurt Schwitters suivi d un manifeste dont Particle 1 proclame Les mots imprim s sont vus et non lus Il s agit d un personnage un grand A paissi forme le corps le tronc et les jambes Un O le surmonte qui figure la t te A l int rieur un o beaucoup plus petit dessine l ceil tandis que la hampe d un point d interrogation forme l ceil droit et l ar te du nez et que son point figure la bouche Deux L dont l un renvers dessinent les bras Cet homme tient une banni re dont la soie est form e d un M fix e sur un long tra
378. re d un innocent Casini fondeur de la Reverende Fabrique de Saint Pierre au Vatican Alain Zalmanski 235 Hors Dossier Cr ations contraintes HORS DOSSIER Eric Clemens La fable inachevable Macro depuis toujours r gnait sur l univers Fier conqu rant de ses rep res Pour ses mati res Pourtant au fri du temps l espace Devint un champ O la gravitation n avait d action Que sans distance En relation l espace temps Macro n en crut pas moins Comme si mati re rimait n cessairement avec terminaison Garder toute la maitrise Des d terminations Joutons causales pour tre net Micro surgit alors Macro dit par traitrise Permettez moi susurra t il de troubler quelque peu Vos chers am nagements Arrangements Arraisonnements Par trop ob issants Comment articuler certe gravitation L ind termination Des forces nucl aires Un quanton s il existe Echappe vos rep res Foin des mod les atomiques pas de g teau d anniversaire Pas m me de noyau plan taire Plus encore vous ne pouvez ignorer Qu outre ces forces insaisissables Celles lectriques et magn tiques N entretiennent avec vous Visible Plus aucune connivence Nous voici donc en pleine d coh rence CR ATIONS CONTRAINTES Sans lumi res sur la lumi re Macro avide de solution Eut beau battre et rebattre Le rappel De ses serveurs math matiques Il ne fit que pr cipiter Sa d pendance singu
379. re du papier Je l ai dit je ne touche plus beaucoup le papier pour crire mes livres J ai perdu aussi le contact avec la peau de mes patients Je sais que le papier est une peau vivante ou morte ou bien dans Pentre deux comme le v lin qui est une peau de veau mort n J ai crit sur le V lin Julliard 1993 Et puis dans ma s rie des Ab c daires je jouis de pouvoir crire sans rien dire Un jus d acrylique tendu coups de pinceau de mousse me permet de tracer des pages d criture au kilom tre L aussi le passe partout s impose et donne ces pages un cadre des limites une marge Je cherche dans mes Ab c daires donner voir des critures diverses en somme des chantillons larges et color s de graphologue Ce que je ca resse le projet de retrouver par ces Ab c daires l instant o notre criture baton d enfance rencontre soudain notre corps pubere pour deve nir Padolescence une crirure personnelle reconnaissable sign e J cris vraiment dans ma s rie mulsions Une mulsion est une impossible alliance M ler intimement l eau du texte et l huile de l image serait une folie une ambition risible puisque depuis toujours un lecteur et un spectateur sont deux tres diff rents Ce qui me secoue le plus c est de voir en marche les bouleverse ments que l criture cr e en moi Je ne suis pas dupe je sais que lorsque j ai crit la Chambre d cho Seuil 2001 naissait l env
380. re en surface le chatoiement du sens connaitre surtout la peau du livre mais sans y plonger sans mettre un point d honneur lui fouiller les visc res j en viens me pencher surtout sur la large d froque de Tenere d imprimerie tal e ouverte d ploy e d roulante Et faire de certaines de mes lectures un moment de peinture Ou l inverse Je peins pour lire Je recr e la peau des livres en versant de Tenere sur une feuille de papier couch J apprends que le volume n est pas tout Je sais que je n crirai plus de la m me mani re qu avant la peinture Mes flux d encre dilu e me servent d sormais de provocateurs optiques J y vois autrement je lis autrement Il faudra probablement des ann es pour que je d veloppe une vraie technique picturale En attendant je sais que j ai abord 1a le premier mouvement d une intuition o je vais bient t trouver ce qui est mien TEXTE IMAGE 2 emur crayon aprefe x Ligne 135 DOSSIER oo 5 Vj v 4m Abcdaire 1 136 TEXTE IMAGE PRET TOR Abcdaire 3 137 DOSSIER Album Le Gray 138 TEXTE IMAGE Lapirouette quefit Eva 139 DOSSIER Etienne Lecroart Formules Une interview d Etienne Lecroart Etienne Lecroart memore de l Oubapo Ouvroir de Bande Dessin e Po tentielle est connu pour ses bandes dessin es palindromes dont Cercle Vicieux Comment devient on memore de l Oubapo Quelle est la for
381. re figures pour La Vie mode d emploi lequel venait de para tre en 1978 Ce texte sera repris et amplifi dans VA las de litt rature potentielle 1981 Apr s le bi carr latin orthogonal d ordre 10 propose l Oulipo par Claude Berge sur lequel il plaque son immeuble en coup de 100 apparte ments il d crit son recours la polygraphie du cavalier pour ordonner les chapitres de son livre Il aurait t fastidieux de d crire l immeuble tage par tage et appartement par appartement Mais la succession des chapitres ne pouvait pas pour autant tre laiss e au seul hasard J ai donc d cide d appliquer un principe derive d un vieux probl me bien connu des amateurs d checs la polygraphie du cavalier cf Francois Le Lionnais Dictionnaire des checs PUF 1974 pp 304 305 il s agit de faire parcourir un cheval les 64 cases d un chiquier sans jamais s arr ter plus d une fois sur la m me case Il existe des milliers de solutions dont certaines telle celle d Euler forment de surcroit des carr s magiques Dans le cas particulier de La Vie mode d emploi il fallait trouver une solution pour un chiquier de 10 x 10 J y suis parvenu par tatonnements d une mani re plut t miraculeuse La division du livre en 6 parties provient du m me principe chaque fois que le cheval est passe par les quatre bords du carr commence une nouvelle partie Et apr s avoir donne le graphe des parcours il crit On remarquera
382. recquien comme l histoire avec laquelle il est mis en rapport sont entendus de mani res diverses plus ou moins attendues W ou le Souvenir d enfance se trouve sans surprise place au premier pian voir les Communications de Hans Hartje Bernard Magne Elizabeth Molkou et Regine Robin Anny Dayan Rosenman On retiendra en particulier l article de David Bellos Les erreurs historiques dans W ou le Souvenir d enfance la lumi re du manuscrit de Stockholm qui pr sente le manuscrit retrouv de la partie souvenirs un sommaire en est donne p 24 et quelques feuillets sont reproduits au cours de l article et met en avant deux points importants pour la compr hension de l oeuvre publi e Le manuscrit permet d abord de d terminer le moment de l in vention de la structure binaire caraet ristique du texte d finitif par oppo sition la structure ternaire d abord projet e ce moment se situe au chapitre Vili lorsque Perec se trouve confront la grande difficult de d partager entre souvenir et intertexte les commentaires qu il se devait de faire sur les textes anciens p 30 qu il choisit d incorporer ce chapitre Le manuscrit permet galement de reformuler sur nouveaux frais une des questions herm neutiques centrales de l oeuvre de Perec l hy poth se esth tique du tout expr s p 43 de fait le caract re extr mement concert des crits perecquiens aboutit parfois la projection
383. relier la dualit rep r e l intertextualit massive qui caract rise l criture perecquienne C est dire que l ouvrage est appel faire r f rence d autant plus qu il comporte l intention du suffisant lecteur des r capitulatifs tr s utiles une Circonscription du territoire Rom Poi dans l oeuvre de Georges Perec pp 21 40 et en annexes un Tableau r capitulatif des crimes et d lits dans La Vie mode d emploi un Inventaire des meurtres dans La Vie mode d emploi et 53jours et un Inventaire des escroqueries malver sations et autres d lits dans La Vie mode d emploi et 53 jours 291 292 ESSAIS On terminer par deux r serves la deuxi me apparaissant comme un corollaire de la premi re Si le statut du r cit policier est d sign sans ambi gu it par le titre de la premi re partie il joue ici le r le d un mod le narratif ce que l ouvrage d montre d ailleurs de mani re tout fait con vaincante celui de Pinterpr tant psychanalytique l est en revanche beau coup moins S agit il justement d un interpr tant convoqu par la lecture critique sans qu il implique de pertinence g n tique L approche psycha nalytique serait elle au contraire susceptible de constituer un mod le infor mant l criture que celui ci puisse ou non tre rapportd Yintentio auctoris Eco Sans qu il soit pour autant question de trancher entre parente p 280 objective gag e o
384. remi re Vaste domaine en v rit car comme le notait F Le Lionnais avec sa pertinence coutumi re le prurit combinatoire exerce ses ravages au del du domaine du langage Mais comme nous venons de le voir la cohabitation en mati re de manipulations combinatoires entre pratiques d crivains et pratiques de plasticiens re pose sur quelques bases communes la r f rence des mod les math ma tiques partag s ainsi que la prise en compte des grandes r gles de compo sition de coh rence et d harmonie A partir de ces bases communes appa rai ensuite chez certains la tentation d aller plus loin et d envisager des rapprochements d un autre genre plus troits encore C est pr cis ment un cheminement de ce type qui on va le voir est l oeuvre dans les recherches d un peintre comme Isabelle Dubosc qui n est d ailleurs pas un cas isole Si elle utilise volontiers dans certaines de ses ceuvres des m canismes de manipulation en particulier de permutation proches des pratiques combinatoires oulipiennes ou directement inspir es de celles ci son int r t se porte aussi vers une alliance plus troite de sa peinture avec la litt rature ce qui l am ne proposer des directions nou velles une sorte de poesie spanale ainsi qu une mise en forme plastique de textes oulipiens comme Ulc rations de Perec ou les Cent mille mil liards de po mes de Queneau TEXTE IMAGE I Permutations et mobilitd Si l on
385. rent souvent pr hensiles mais ne sont plus mo teurs s accommode d un d placement ou d voiement des fonctions vi tales l oxyg nation par exemple est assur e par le canal lacrymal chez le Nasob me p 58 et d une modification fondamentale des r les jou s par la queue ou les oreilles La premi re permet notamment Orchidiopsis de reposer immobile sur une branche p 54 Tyrannonasus d immoler ses proies l aide d une griffe terminale Corbulonasus de se fixer d fini tivement au milieu d un champ fiorai son excroissance caudale devenant une sorte de tige plant e en terre au sommet de laquelle l animai se balance en guettant des insectes p 72 Quant aux oreilles elles sont remarquable ment r adapt es aux n cessit s du voi piane chez Otopteryx volitans p 48 Naturellement tributaire d un cosyst me aussi pr gnant que singu lier cette redistribution des fonctions organiques qui entrarne des muta tions morphologiques complexes ne saurait tre bien comprise et admise sans l appui des planches qui maillent le texte Faute d en examiner ici tous les enjeux on observera qu elles servent la fois de caution aux des criptions techniques et d aide la conceptualisation Assurant une visibilit des corps que le discours technique ne peut montrer les illustrations les resituent dans leur environnement via des effets de perspective ou de 221 ILLUSTRATIONS L Oreille Volant Otopteryx volitans
386. res transforma tions topologiques os es Comme lorsque l on compose des anagrammes l auteur a marqu par des subscriptions les lettres des noms au fur et mesure de leur utilisa tion jusqu ce que toutes aient t mises contribution Ces marques touchent les noms les plus longs il ne s en sert pas pour Tual Baron Merle Breton a droit des barres verticales Malkine des tirets et tous les autres noms sont marqu s par des points en dessous de chaque lettre Remarquons galement que ces anagrammes en dessin ne s appli quent qu des noms et non l association nom pr nom sauf pour Yvonne George L association au pr nom permet d obtenir une base d un plus grand nombre de lettres ce qui facilite la fabrication de l anagramme lei il suffit de quelques pr formes les lettres du nom pour faire ces des sins qui sont des esquisses rapides Prendre en compte galement les lettres du pr nom rendrait le dessin beaucoup plus compliqu faire Le r sultat rel ve de diff rents genres de dessins un tableau histori que ou anecdotique Breton un paysage de la Rivi re un paysage orien taliste Leiris une marine Malkine George une nature morte Aragon Tual un portrait Merle un dessin animalier Merle On trouve aussi des symboles conventionnels le blason de Paris Desnos et le cceur trans perc d une fl che Baron lequel rel ve plus des graffitis et de l art des tatouages cher Desnos Tous
387. rgeht und das was verging das ist was war ist dann das was verging nicht das was nicht vergeht reste si ce qui passe est ce qui ne passe pas alors ce qui est maintenant ce qui est est ce qui est maintenant ce qui a t si ce qui est maintenant ce qui est est maintenant ce qui est passe alors ce qui ne passe pas est ce qui est passe si ce qui est maintenant ce qui est passe est maintenant ce qui a t et ce qui est ce qui est est ce qui passe et ce qui est passe est ce qui a t est ce que alors ce qui est passe n est pas ce qui ne passe pas S il y a beaut po tique dans l art du sonnet de Czernin et il y en a mon avis elle ne r side videmment ni dans le domaine des sentiments ni dans la beaut soit du langage soit des images mais dans une approche en quelque sorte philosophique du temps et du langage de la forme du sonnet de la potentialit de la croissance et de l criture Certe approche n est pour tant pas la txaduction d une r flexion faite mais le t moignage d un question nement qui cache autant qu il d montre qui n offre au bout du compte pas TEXTE IMAGE de message Le lecteur est libre d accepter ou non l invitation de l auteur se poser des questions approfondir ses concepts sur P criture le temps et l art du sonnet ce qu il ne pr tend pas avoir r alis Notes Franz Josef Czernin n Vienne en 1952 publie d
388. rielle et une litt rature exponentielle Dans la litt rature dite factorielle certains l ments du texte sont sou mis des permutations Ce traitement ressemble celui que l on fait subir aux lettres de Palphabet lorsqu on pratique l anagramme On sait que le nombre de configurations possibles pour un ensemble de n l ments est gal factorielle n soit 1 x 2 x 3 x n Un exemple ancien et tr s souvent cit est celui du 41 baiser d amour de Quirinus Kuhlmann intitul L al ternance des choses humaines Le po me se pr sente comme un sonnet o les douze premiers vers contiennent chacun 13 substantifs permutables tandis que les deux derniers vers Tout alterne tout veut aimer tout parait hai r quelque chose Seul qui m dite ce principe aura acc s la sagesse qui sont charg s d expliciter le message philosophique de port e universelle transmis par le po me restent inchang s Voici d ailleurs en quels termes enthousiastes Kuhlmann commentait son propre travail Ce Baiser d amour dans ses douze premiers vers contient l ensemble des com binaisons Laisse leur place de chaque vers le premier et le dernier mot enpermutant les 13 autres et sans alt rer rime ni sens 6 227 020 800 combinaisons sont possibles Dans ce po me sont contenues comme en un condense toutes les semences de la logo rh to tho philo arithmo g o acoustico astro m dico physio juridico graphologie et plus tu
389. ris e des lettres et des images avec une animation sur cran des modifications de forme des lettres et des leurs d placements pour former ces dessins et des liens hypertextes ses autres oeuvres plastiques pourrait donner l occasion au lecteur spectateur de se mettre pour ainsi dire la place de l auteur dans les conditions m me de la cr ation et ce d une facon moins laborieuse que par le seul truchement du discours imprim R f rences Marie Claire Dumas Calligraphie et autres jeux de Robert Desnos La Quinzaine Litt raire 16 31 janvier 1975 n 202 2 Robert Desnos CEuvres Quarto Gallimard Ed Marie Claire Dumas 1999 p 444 3 Robert Desnos crits sur les peintres Pr face de Marie Claire Dumas Flammarion 1984 p 228 231 4 Desnos Des images amp des mots Textes r unis par Yves Peyr Catalogue tabli par Jean Paul Avice et Anne Egger ditions des Cendres 1999 p 142 143 5 Robert Desnos CEuvres op cit p 265 6 Ibid p 309 Desnos Des images amp des mots op cit p 122 7 Robert Desnos Ecrits sur les peintres op cit p 12 8 Desnos Des images amp des mots op cit p 136 9 Jerome Peignot Typo sie Imprimerie nationale ditions 1994 p 172 173 10 Giovanni Lista Le livre futuriste De la lib ration du mot au po me tactile Mod ne Editions Panini 1984 p 118 Ibid p 124 12 Ibid p 54 13 Jerome Peignot Typo sie op cit p 171 14
390. rivain s est fait Brassai photographe En suite j essaierai aussi d indiquer pourquoi une telle cassure a pu chapper Pattention critique de l auteur lui m me qui est intimement convaincu de faire en crivain ce qu il fait en photographe Paroles en l air l oeuvre d un photographe passe l criture Dans Paroles en l air qui reprend quelques textes des ann es 40 et 50 Brassai dit faire pour la litt rature ce qu il a fait pour la photographie avec ses images de graffiti Le livre reprend un certain nombre de conver sations entendues dans des bars ou d autres endroits semi publics puis transcrites dans ce que Brassai appelle l esprit de la photographie Une introduction th orique ajout e par Brassai lors de l dition definitive per met de pr ciser tout de suite certe analogie Tant les paroles en l air que les graffiti sont en effet des confessions crites les unes comme gra v es dans le zinc des caf s zinc qui au moment de l occupation tait remplac par un morceau de bois les autres directement entaill s dans le mur o le photographe les a trouv s Et tant les paroles en l air que les graffiti sont comme des objets trouv s surr alistes anonymes d pouill s de leur instance d nonciation originale puis repris par Partiste observa teur qui s interdit d y faire quelque modification que ce soit La pratique toutefois ne ressemble gu re la th orie Car pour peu qu on creuse Pintrod
391. rmain vendent des comics Mais ceux ci sont assez anciens 9 Scott McCloud Auteur de Understanding Comics et Reinventing Comics lei on parlait de Understanding Comics qu Etienne avait dans sa traduction francaise L Art invisible Site officiel http www scottmccloud com 10 Dans Cerebus par exemple de Dave Sim et Gerhard deux personnages rencontrent leur auteur et l un d eux refuse d y croire C est un comic book publi aux Etats Unis publi tous les mois 22 pages environ L objectif de l auteur est de publier une s rie de 300 pisodes prenant le h ros depuis l ge de 26 ans jusqu sa mort pr vue l pisode 300 La fin est programm e pour 2006 et la s rie a commenc en 1987 Ce qui repr sente plusieurs milliers de pages en noir et blanc Les deux personnages Cerebus et Cirin sont emmen s dans les cieux et rencontrent leur cr ateur qui essaye de leur faire comprendre sa vision du monde 11 Matt Madden est un auteur de bandes dessin es illustrateur and crivain vivant Broo klyn On trouve ses oeuvres dans des anthologies comme Top Shelf Dirty Stories Coober Skeber 3 Ses critiques et articles ont para dans The Comics Journal Indy et le webzine francais Du9 Son dernier livre Odds Off vient d tre publi par Highwater Books Exercises in Style est visible sur Internet l adresse suivante http www indymagazine com co mics style shtml TEXTE IMAGE
392. rop directement biographique on peut tr s bien la suite de la formulation ricardolienne de la notion de biotexte32 ne pas poser d ant c dence expressive directe entre le v cu du sujet de l enfant Perec et les ressources de l criture TEXTE IMAGE contraintes de l crivain du m me nom et formuler au contraire l hypo th se d une s lection du biographique par F criture De ce fait la rupture par exemple est aussi bien biographique que textuelle sans que cette rela tion s assimile le moins du monde une causalit deterministe Cette troncation essentielle peut se trouver r mun r e de deux mani res Par l ouverture de la photographie la multiplicit des images33 la photogra phie constitue ais ment des s ries la s rialit rejoignant l vidence la notion perecquienne puisement Par le travail en collaboration galement on re trouve l la politique de l criture et de l amiti propre l Oulipo Plus largement toute photographie la fois loin du r el et construite par d coupe donne figure structurellement l absence et ce doublement elle est l empreinte fragmentaire d un r el disparu La photographie m me si elle tend apparante dans les crits perecquiens comme un signe trom peur rel ve donc du paradigme indiciaire de la question de la trace qui informe globalement l oeuvre entier de Perec et tout particuli rement La Cldture o les photographies de
393. roph tisait la mort de ses amis les Ci git Au sein de ses tableaux les mots et les jeux de mots ont toujours eu une place ainsi sa gouache de 1922 Un rit pour INRI une transgression qui rappelle une oeuvre de F licien Rops o le Christ clate de rire sur la croix D autre part Desnos a beaucoup pratiqu ce qu Anne Egger a bap tis les dessins et aquarelles entrelacs Nous y reconnaissons une forme de dessin automatique apr s avoir trace au hasard les entrelacs d une seule ligne l auteur souligne au crayon la figure qui s en degag 2s femme oiseau coquillage etc ou il la remplit l aquarelle Dans ses crits Andr Masson a d crit certains de ses dessins selon ces deux temps celui du gribouillis selon son terme et celui de la figuration2e Ce deuxi me temps voque r image devinette et le ph nom ne psychologique de la projec tion comme le vautour que Freud la suite du pasteur Pfister avait voulu voir dans les sinuosit s des v tements de la Vierge d un tableau de L onard de Vinci l essai Un souvenir d enfance de L onard de Vinci de 1910 ne sera traduit qu en 1927 mais il tait d j connu dans le monde de l art Le psychanalyste anglais Winnicott d couvrira dans les ann es 1950 une tech nique projective sensiblement analogue aupr s des enfants qu il rendra c l bre sous le nom de squiggle prononciation enfantine de scribble gri bouillage Desnos a fait plusi
394. rostitu e tu e par le serial killer Le r cit enchass dans la couleur est donc le r cit de la conqu te de soi Celle ci prend la forme d une enqu te qui paradoxalement a pour objet l assassi nat d une femme C est donc un renversement des r les que proc de cette partie du r cit Ainsi surgit la figure d un chiasme Telle figure ne sugg rerait elle pas que telle l inversion du n gatif en photographie le noir et blanc serait la figure renvers e de la couleur Grace cette supposition l on pourra avancer que Modo Quid loin de n tre que le r cit banal d une enqu te polici re serait d abord une tude graphique sur les rapports com plexes que la couleur et le noir et blanc peuvent entretenir Surtout et c est fondamental il semblerait que ces rapports couleurs versus noir et blanc ne sont pas arbitraires Du coup si telle hypoth se devait se v rifier dessiner en couleur ou en noir et blanc n aurait rien d un choix al atoire et gratuit Le passage la couleur ne serait pas simplement un enjolivement de la bande dessin e comme le pratiquent parfois les maisons d dition La couleur n est pas seulement un argument de marketing C est pour moi une des lecons tr s fortes du livre de Jean Christophe Long Olivier Deprez OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES Maurice Mac Nab Po mes mobiles GEuvres compl tes Pr face et notes de Francois Caradec Collection Le Chat Noir L Atelier des Brisants 2002 3
395. rr que ce n est pas si simple parce que ces l ments semblables ne sont pas toujours vidents trouver et que les l ments contraires ou compl mentaires jouent parfois le role d l ments semblables ou un r le structurant indispensable 2 Prenons une oeuvre figurative classique en la r duisant des frag ments de taille semblable suffisamment petits pour que le caract re figura tif disparaisse on obtient des l ments qui sont permutables Un anti puzzle en quelque sorte Ainsi la Joconde coup e en petites lamelles irr guli res permet des recompositions abstraites fig n 9 qui ne correspondent ni aux clivages op r s par Jean Margat dans sa Jocondoclastie ni son par piller Mais l encore un certain nombre de conditions sont n cessaires qu il se trouve parmi ces fragments beaucoup de noir ce qui permet une recomposition structur e que les permutations soient r gies par un processus d alternance des couleurs qui emp che la cr ation de morceaux trop gros pour tre assimilables que l on redistribue les noirs de facon plus satisfaisante moins que l on ne regroupe au contraire les noirs de facon former plusieurs grands ensembles Illustration n 9 119 DOSSIER La recomposition pourrait se faire de facon totalement al atoire si Fon ajoute une quantit non n gligeable un quart de la surface de petits l ments formels diversifi s et noirs 3 On peut en pr
396. rr t le cadre Dans son acceptionplus restreinte la composition n est autre chose que l ordonnance c est dire l art de mettre en ordre les l ments 15 16 DOSSIER du tableau de les disposer de les combiner ou si l on veut de distribuer les r les aux acteurs du drame s Charles Blanc montre que le peintre a plusieurs autres soucis les lois de la perspective le clair obscur le mou vement les lois de la couleur le caract re de la touche etc On voit donc les innombrables exigences auxquelles il doit se soumettre pour r aliser une oeuvre digne de ce noni Et ces exigences ont t transmises depuis les d buts de la peinture par la vision des grands artistes On peut donc dire que jusqu au XIXe si cle malgr les variantes de style et de technique les grands param tres techniques demeurent les m mes En effet d j dans le passe l artiste qui voulait rendre en deux dimensions le monde tei qu il le voyait ou tei qu il voulait le faire voir allait rechercher des r gles qui facilitaient sa tache Au XVe si cle Alberti d cou vrira les r gles de la perspective qui supposent une r flexion et une solu tion g om trique Mais au XXe si cle les contraintes anciennes plus tourn es vers le rendu pr cis d un monde qui ressemble m me s il est id al au monde r el feront place des contraintes diff rentes apr s la naissance de l art abstrait Certains comme Michel Ragon n h
397. rsifi plus la struc ture organisatrice doit tre simple lisible et qu en revanche plus le mat riau est simple vident plus la structure organisatrice doit tre complexe Ainsi ceux qui comme Lohse ont choisi des modules simples le carr par exemple sont tr s vite pass s l utilisation d algorithmes compl xes qui permettent des d rives progressives brisant la monotonie des r p ti tions Meme ph nom ne pour les oeuvres relevant de l esth tique num ri que dont on sent encore quoique de moins en moins la pesanteur du m canisme qui les sous tend Mais on voit aussi des utilisateurs de formes simples comme Mondrian et certains constructivistes russes faire appel des structures simples et videntes c est donc que ces derni res peuvent servir dans tous les cas de figure Des structures fixes plus ou moins origi nales jouant un role analogue celui des moules dans les aphorismes oulipiens permettent des changes d l ments qui trouvent en leur sein une place toute pr te 2 4 Si l on cloisonn une surface donn e de facon r partir suivant une organisation simple comportant ventuellement des vides des l ments formels que l on y jettera de facon al atoire on a des chances de cr er des assemblages satisfaisants pour peu que les l ments soient judi cieusement choisis c est dire de facon avoir des aspects tant t sem blables tant t compl mentaires ainsi qu une b
398. rt Henri Michaux qui l on demande quelles sont donc ses intentions de frotteur de gratteur et d encreur r pond Je secoue ce qui n est pas d finitivement stable en moi et qui ainsi Va pouvoir qui sait partir d un mouvement soudain soudain neuf et vivant Un autre mouvement du nouveau c est ce que je cherche en jetant sur du papier couch brillant des flots d encre de Chine et d eau Dans le but de r apprendre la lecture ma facon de lire un texte ne me satisfait plus depuis quelques ann es je prom ne un passe partout donc un passe une fen tre une ouverture sur de larges nappes d encre brune et s che puis j en isole un fragment lire passionn ment puisqu il est seul nu et sans contexte En somme j apprends le sacrifice des d tails On se dira qu un crivain qui s adonne la peinture et prend le risque de s exposer au regard des sp cialistes en art ce n est pas si courant mal gr Michaux Klossowski ou Novarina Mais justement je ne crois pas qu il s agisse l de peinture Dans mon travail en tout cas Ou alors il s agis sait d j de peinture dans mes livres Beaucoup d crivains disent qu ils proc dent par juxtaposition de taches color es Ce que je peux dire de mon travail pictural j tends les encres sur une plaque de verre comme un photographe du XIX si cle avec la main et le poignet rarement le coude et l paule Pourtant je crois que je peins de tout mon corps tout de m
399. rte encore plus fortement apr s la seconde guerre mondiale sur tout discours qui se donnerait pour un flux continu et n cessaire En choisissant ici un objetparticulier l ensemble des volumes publi s du Grand Incendie de Londres de Jacques Roubaud j essaierai de pr ciser les enjeux du recours aux formes hypertextuelles dans les modalit s sp cifiques qui sont les leurs au sein du projet roubaldien 1 Texte hypertexte L criture hypertextuelle fond e sur le discontinu travaille remet tre en cause la lin arit et l unicit du texte romantique Dans les termes de Paul Delany et George Landow tant que le texte a t li un medium mat riel les lecteurs et les crivains ont tenu pour acquises trois propri t s cruciales le texte tait lin aire limite etfix hypertexte peut se definir comme l utilisation de l ordinateur afin de transcender les qualit s de lin arit de limitation et de fixit du texte crit traditionnel En ce sens comme le souligne Jean Cl ment l hypertexte n est pas un simple r cit arborescent dans la mesure o les notions de causalit de temps et d espace y sont beaucoup plus profond ment d construites Au del de la multiplicit des parcours de lecture possibles l arbre hypertextuel est toujours en mouvement il est l agent d une variabilit ouverte du texte OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES C est pourquoi l criture hypertextuelle ne pe
400. rtextualit est aussi bien res treinte qu largie le projet d Autobiographie chapitre dix donne P autobiographie po tique la forme du centon le dernier recueil publi 257 ESSAIS 10 La forme d une ville change plus vite h las que le cceur des humains apr s un titre emprunt au Cygne de Baudelaire non sans tre l g re ment modifi se place sous le patronage de la poesie urbaine de Que neau Quant l intertextualit restreinte son r seau serre fait de l oeuvre une collection d unit s mobiles toujours extractibles et r utilisables dans un agencement diff rent Ainsi L Abominable Tisonnier de John McTaggart Ellis McTaggart et Autres Vies plus ou moins br ves reprend en le modifiant l g rement un passage de La Boucle pour en faire Hermog ne ou la Vitesse la Vie br ve de Francois P trarque suivie de la disposition num rologique du Rerum vulgarum fragmenta r crivant comme le pr cise le texte lui m me le n 47 de La Biblioth que oulipienne La Bi blioth que de Warburg quant elle inclut notamment une conf rence sur l Oulipo pp 218 231 la fin de Poesie p 245 des fragments de Description du Projet pp 296 299 Si la pratique n est videmment pas nouvelle elle flit celle par exemple de Diderot faisant de telle lettre Sophie Volland quasiment in chang e un article de VEncyclop die son ampleur aussi bien que sa port e semble
401. rtiste du reste tout fait passionnant D abord qu en surr alisme texte et image sont sans doute moins facilement r conciliables que ne le souhaite Rosalind Krauss Ensuite que le surr alisme n est peut tre pas l tiquette la plus satisfaisante pour caract riser de Brassai Sur l un et l autre de ces deux points le d bat m rite d tre relanc Notes 1 Du photographique Pour une th orie des carts Paris Macula 1990 il s agit d un recueil d articles sur la photographie traduits de l anglais mais jamais r unis en volume dans cette langue 2 Paris Jean Claude Simoen 1977 31 32 DOSSIER Alain Chevrier Les dessins anagrammatiques de Robert Desnos Robert Desnos a compose des dessins en utilisant les lettres de noms propres comme l ments graphiques Pour les designer Marie Claire Dumas a propose le terme de dessins calligraphiques en suivant l emploi que Desnos avait fait de ce qualificatif dans un passage de La liberti ou l amour Si ce terme a l avantage d vo quer les calligrammes d Apollinare qui fot un des mod les du jeune Desnos il pr sente un caract re pl onastique graphique peut se rapporter aussi bien au dessin qu reclinare et il ne degag pas assez la sp cificit de ce jeu C est pourquoi nous proposerons pour d crire le m me r f rent le terme voisin de dessin anagrammatique Desnos part en effet des lettres d un texte un nom de famille et les permute comme da
402. rutti faisant r f rence KRAZY KAT de George Herriman sur six cents cartes fen tres blanches sur papier noir le lecteur peut poursuivre le texte principal les indications sc niques et parfois des notes en bas qui ne respectent pourtant pas la contrainte du texte d crite dans la premi re note ot il est question de Karls Lautaussparungsgrundsatz le principe de restriction phonique de Karl selon lequel seulement les voyel les A et U sont permises und darum summa summarum auch das AU gt Au Aie La partie suivante intitul e AUTOREVERSE contient un beau persi flage du palindrome fameux mais peu convaincant de Schopenhauer Ein Neger mit Gazelle zagt im Regen nie Falkner d veloppe une conversation non moins absurde Ein Neger mit Forelle entre plusieurs personnes dans laquelle les noms des parleurs et les indications sc niques font partie de ce texte palindromique d une page Une autre cr ation palindromique amusante est une petite suite de BD th oriquement illimit e dans laquelle un homme d apparence suspecte demande dans un magasin avec la d si gnation improbable Verbrecherbedarf Besoins de criminels un 295 ESSAIS Radebrecherbrevier Br viaire pour baragouiner la r plique negative du vendeur Aus provoque Sauerei de la part de l homme frustr et une autre tentative qui n aura pas plus de succ s La troisi me partie de ce recueil d critu
403. s La seconde moiti du numero o s activent Astrid Bouygues et Bernard Tassou est compos e de notes de lectures et de glanes quenelliennes fort stimulantes qui en fait une mine de sujets pour les tudiants Des notes aussi sur la pr paration du Centenaire et sur deux disparitions Jacques Bens oulipien qui ne fut jamais reconnu sa propre valeur et Eugen Helml qui fut plus qu un traducteur A C Jacques Antel Le Tout de mon cru ditions La Musardine 2002 159 p Le Tout de mon cru est un classique du genre et son auteur Jacques Antel un maitre en la mati re auquel Lue Etienne rend hommage dans son introuduction L ouvrage vite puis lors de sa parurion en 1975 ou de sa r dition en 1987 vient d tre r dit en format de poche chez La Musardine Il regroupe 500 contrep teries originales class es par rubrique Il permet d initier les d butants de convaincre les herm tiques et de doter les initi s d un bagage pour toutes circonstances tonnants d actualit Qu est ce que vous trichez au foot ball Je n aime pas les couleurs de la Deux Le consul d Angleterre est en Cor e Sortir le pian de la gauche Je cherche une chute bien habile car j aime polir les mots Concret ca Alain dit Alice qui peint Rappel Jacques Antel est galement l auteur de Mots crois s palindromiques et d holorimes Vers verts A Z Jan Baetens Aris po tiques ditions Comp Act 2003 7
404. s as follows certain syllables are placed in the various squares ofa half chessboard in such a way that whether the syllables be read straight on as if there were no chessboard or be read in accordance with the moves ofa particular piece the sanie verse is obtained gt La litt rature indienne rapprochait donc depuis longtemps les po mes figur s de type calligramme et les po mes encrypt s crits selon le par cours des figures chess puzzles Francois Le Lionnais et le sonnet comme chiquier Dans la bo te id es de La Litt rature potentielle 1973 Francois Le Lionnais a jet une note programmatique Bords de po me o il d clare Un po me tant donne nous appelerons Bords de ce po me le premier vers le dernier vers la liste obtenue en prenant le premier mot de chaque vers et la liste obtenue en prenant le dernier mot de chaque vers Le reste c est dire l int rieur du po me sera consid r du point de vue qui nous occupe comme n gligeable Le rapprochement ne semble pas avoir t fait entre les pr l vements qu il pr conise et le jeu d checs Or dans son Dictionnaire des checs premi re ed 1967 l article chiquier il a donne deux diagrammes divisant l chiquier en quatre 85 86 DOSSIER zones les deux camps noir et blanc et les deux ailes ou c t s Ouest ou Dame et Est ou Roi Puis en relation avec les potentialit s que chaque pi ce peut tr
405. s concentrant le travail sur un l ment fondamental ou sur une forme g om trique 6 L clatement de la r gie l ironie et la rigueur de la science Par ailleurs d s 1912 parall lement aux recherches de l abstraction g om trique Duchamp se propose d introduire le mouvement et l humour dans ses oeuvres tant t en prenant en compte la r alit tant t en escamo tant le rapport avec celle ci Il commence d s 1911 repr senter le mouve ment par une fl che dans un petit tableau figurant un moulin caf Il se TEXTE IMAGE penche sur les photos de Marey et ses sch mas de marche ce qui l am ne revoir ses id es sur le mouvement Alexandrian nous d crit le projet de Duchamp Duchamp entrevit la possibilit de repr senter le mouvement non pas comme l ceil tait capable de le voir mais en d taillant tous ses tats successifs du d but la fin de la trajectoire Il se proposa de faire mieux que Kupka peignant dans Plans par couleur 1911 l action d une femme se retournant pour regarder derri re elle 20 Mais Duchamp ne s arr te jamais un syst me et ne se r p te pas Ainsi voit on dans le titre de son tableau Le Roi et la Reine travers s par des nus en vitesse un projet qui inclut l image d un mouvement mais introduit d j de l absurde qui sera amplifi dans ses projets suivants En effet il en vient un projet de tableau hilarant o se m lent des jeux de mots et des transpo
406. s r cent qui contient 32 textes monovocaliques sur 62 pages et comme en allemand le graph me E correspond un seul phon me il n y pas non plus de variations vocaliques audibles D j la lecture des titres fait plaisir puisqu ils sont pour une grande partie de belles trouvailles Quand Jaschke les piqu dans le langage cou rant ils s y entourent tout de suite d une aura ironique par exemple Der Menschen edles Streben l aspiration sublime des hommes Quellen des Lebens sources de la vie Nervende Werterwechsel change ments nervants de temps Pour la plus grande partie Jaschke les cons truit mais sans cr er un langage artificiel comme le fait souvent Oskar Pastior en profitant simplement de la possibilit que lui offre la langue allemande de cr er des substantifs compos s Ainsi son vocabulaire reste 303 ESSAIS parfaitement compr hensible LETTERNBERGWERKE mines de lettres est un titre que l on pourrait prendre pour la devise du recueil puisque Jaschke y exploite mine de rien de nombreuses mines de la lan gue Certains textes se caract risent par des surcontraintes par exemple l inclusion d un mot dans un autre dans une suite de questions et de r ponses en une parole heben eben hecht echi heck eck hecke ecke hecken ecken heckenschere eckenschere premi re surprise ciseaux de coins qu est ce que cela pourrait bien designer suivi
407. s containers Cahier in dit notes crites au cours de la travers e op cit p 42 11 Georges Perec W ou le Souvenir d enfance Gallimard coli L Imaginaire 1993 Deno l 1975 pp 41 42 12 Op cit p 46 13 Denis Roche La Disparition des lucioles r flexions sur l acte photographique ditions de l toile 1982 pp 54 55 14 Georges Perec Fragments de d serts et de culture Traverses n 19 juin 1980 pp 115 116 et 119 15 Voir Jan Baetens Belle et fid le Fragments de d serts et de culture Le Cabinet d amateur n 3 printemps 1994 p 22 16 Roland Barthes La Chambre claire Note sur la photographie Cahiers du cinema Gallimard Seuil 1980 p 49 17 Barthes finit d ailleurs par identifier une exp rience du temps le punctum de toute photographie Je sais maintenant qu il existe un autre punctum que le d tail Ce nouveau punctum qui n est plus de forme mais d intensit c est le Temps c est l emphase d chirante du no me ca a t sa repr sentation pure Op cit p 148 18 Georges Perec Pr face L CEil bloui photographies de Cuchi White Ch ne 1981 n p 19 La photographie comme empreinte produit des images achiropoi tes le terme est emprunt la r flexion sur l image des Byzantins de l espace temps en cela par d finition cr dibles m me si elles ne sont videmment pas identiques leurs r f rents 20 Daguerre d abord d corateur de
408. s d lectables cependant lire sans mod ration A Z Jean Christophe Long Modo Quid Paris Bruxelles Fr mok 2002 120 p Dans le livre de bandes dessin es de Jean Christophe Long que le FRMK vient de publier ce qui d embl e s impose la lecture outre l usage de la xylographie et de la gravure sur linoleum ainsi que la grande qualit et l homog n it graphique de l ensemble c est l enchassement du noir et blanc et de la couleur En quelque sorte la couleur agit comme le ferait une parenth se puisqu en effet la partie liminaire et la denti re partie du livre sont imprim es en couleurs alors que ce qui court entre ces deux chapitres est imprim en noir et blanc Du point de vue des conventions telle dispo sition a une cons quence narrative L on sait que la couleur naturalise alors que le noir et blanc a tendance rendre plus abstrait Telle partition appelle sans doute maints ajustements n anmoins la couleur construit un monde plus vivant quel que soit son usage alors que le noir et blanc en comparaison demeure toujours plus abstrait Sur le pian narratif ce pas sage de la couleur au noir et blanc signifie donc le passage un niveau plus abstrait Or l enjeu du r cit ne serait rien moins que de r cup rer un corps une existence De fait la s quence d introduction montre l assassinat du commissaire de police Modo Quid par une prostitu e On noter que l auteur inverse le sch ma traditionnel de la p
409. s dans une s rie de microlectures de textes tr s divers On retrouve une analyse subtile des signifiants de couleurs dans Un petit pan de mur jaune ou la cuisine de Marcel Proust les jeux spatiaux dans une fiction valeur d monstrative de Jean Ricardou une penetrante interpr tation du texte nature morte de Perec Stili Life Style Leaf un compte rendu d un livre de l crivain contraintes par trop m connu Jean Lahougue l analyse de la typographie du titre de Val ry Larbaud Jaune bleu blanc dans la collection L Imaginaire et enfin une tude sur Un livre maladroit Ecuador de son compatriote Henri Michaux On appr ciera la finesse des analyses qui confine parfois au microscopique la clart p dagogique et l ab sence de jargon d falcation faite des n ologismes sur le mot texte qui ont prolifere l epoque et dont il a t publi un petit volume l usage des tu diants Il nous para t significatif de voir certe exploration exigeante d boucher sur la notion de contrainte cf le chapitre entrave et contrainte p 92 Depuis Jean Baetens a poursuivi sa r flexion dans la revue qu il codirige Formules c est dire ici m me A C 273 ESSAIS Balises n 1 amp 2 Cahiers de po tique des archives amp mus e de la litt rature Bruxelles Numero th matique sur Politique et style 2002 290 p Il y a deux ans disparaissait le Courrier du Centre International d tu despo
410. s de Fer nando Pessoa et ce suppl ment de biographie que suppose le recours aux h t ronymes Car le vrai lieu de naissance d un po te le creuset m me de son identit est d abord sa langue Et quel auteur est plus pr sent son texte que celui fictif qui y puise sa raison d tre L auteur suivant Bernardo Schiavetta semble tre un h t ronyme du pr c dent et pourtant il appara t comme tant le maitre d oeuvres de ce numero en chair et en os Il disserte sur les diverses notions de scripteur et d auteur d auteur orthonyme de pseudonyme et de cryptonyme de nom de piume d auteur suppose d auteur allonyme et enfin d h t ronyme Il met l hypoth se que la poesie lyrique avec ses notions de sinc rit et d authenticit datant du romantisme se trouve remise en sc ne dans les personnages dramatiques relevant de la poesie dramatique lorsqu un po te fait appel ses h t ronymes Dans un Discours sur les auteurs imaginaires par l un des leurs un des h t ronymes de cet auteur imaginaire s adresse lui On peut lire en suite un fragment de VextraoramaireTintinabulum de Barbara Suckfull jour nal d une folle intern e pr fac par Otto Ganz nom de piume d un crivain belge un extrait en est pam dans le n 6 de Formules des sonnets classiques d Alexis Saint Amand h t ronyme de Didier Coste d apr s le Who s Who final un texte de Jonas Ekr h t ronyme de C J Sandler un po me narc
411. s deviennent accessoi res Elles tendaient vers l universalit elles deviennent l attribut particulier de chaque artiste Jusqu au XIXe si cle la r gie li e au savoir faire demeurait la base de Penseignement acad mique qui tait tr s normatif les artistes int riorisaient cette contrainte sous forme d une norme pr cise et incontourna ble Jusqu au XIXe si cle donc l artiste tait soumis aux normes on verr le contenu de ces normes un peu plus loin Les ma tres exigeaient alors non seulement un dessin parfait et une qualit technique irr prochable mais aussi une composition int ressante et un sujet trait avec originalit e est avec ces atouts que les oeuvres pr sent es aux Grands Prix de peinture et de sculpture des salons pouvaient pr tendre tre s lectionn es Or la con trainte moderne semble relever plus d une force relative ou contestable d un choix personnel que d une norme acad mique Malgr tout et m me actuellement la contrainte garde quelque chose de la r gie Il reste donc un doute tenace et l gitime les r gles de l art sont elles tellement diff rentes de ce qu on nomme maintenant contrainte et n y avait il pas d j dans le passe une notion de contrainte qui gisait au sein de l art C est en tudiant la question que l on peut peut tre mieux voir emer ger la nouvelle notion de contrainte 11 12 DOSSIER Quand on prend la d fmition de la contrainte la plus banale o
412. s en contre rejets acrobatiques et surtout enjambements interstrophiques donnant une allure conversationnelle et une unite au po me Cet auteur est un cas que le Conseil r gional de la r gion Rhone Alpes a bien eu raison de soutenir La couverture de sa boite 4 malices est joliment ray e de rose et de noir mais les illustrations des vulves velues sont 1a comme des cheveux sur la soupe C est un moyen de faire moderne et on voit pire dans les revues de poesie en ce moment Bref un auteur originai dans son genre qui vaut le d tour A C Pierre Enkell et Pierre R zeau Dictionnaire des onomatop es Presses universitaires de France 2003 584 p Sur la couverture d un vert clatant une grenouille semble rappeler que les onomatop es remontent Aristophane mais c est aussi l animai que Pierre Brisset a mis aux origines de l Homme La pr face explique que l onomatop e est un mot imitant un bruit animai humain provenant de la nature ou issu d un produit manufactur etc et qu elle se distingue de 293 ESSAIS l interjection qui est parfois une onomatop e De Ah Zzz les mots ici list s forment un tr sor d une richesse insoupconn e D autant plus que les auteurs ont adjoint les variations provinciales ou des autres pays franco phones souvent savoureuses On appr ciera les exemples donn s puis s surtout dans les litt ratures populaire et polici re comme il se doit A la fin une Petite anthologie o
413. s le cas pr sent il s agit de cette zone bianche entour e du mot schweigen r p t et dispose en forme de cadre Pour le lecteur exerc et sensible des homolo gations m taphoriques surgissent aussit t Ce cadre pourrait tre celui d un miroir Dans son ouvrage sur la symbolique extr me orientale Dietrich Seckel 1976 consacre son dernier chapitre au Zen et ses symboles Il y rel ve le cercle vide le miroir et la pleine lune dont le trait commun est l image vide la forme sans forme et le silence tonitruant en allemand donnernde Schweigen Et Kandinsky affirmait que le blanc sur notre me agit comme le silence absolu L analyse de ce premier exemple montre que la traduction peut tre intras miotique ou inters miotique mais que dans les deux cas elle repose sur des homologations D autre part tout nonc comporte un pian de l ex pression et un pian du contenu La traduction pose donc le probl me gene ral d une doubl transposition et non d une seule Traditionnellement on donne la priorit la traduction du pian du contenu mais le bon traducteur cherchera pr server aussi le pian de l expression non sans parfois quel ques anomalies Meschonnic faisait remarquer que jusqu en 1960 les tra ducteurs russes remettaient des rimes et des m tres aux po mes francais en vers libres alors que la traduction du russe vers le francais se faisait en vers libres Dans ce cadre des cas extr mes peuvent tre imagin s
414. s mod ration A Z 327 ESSAIS Fritz Widhalm Warum starb der sch ne Mann Kein Kriminalroman von dem ganz Wien spricht Wien Ritter 2001 Use Kilic Warum eigentlich nicht Wien Herbstpresse 2002 Depuis des ann es le couple d crivains viennois se manifeste r gu li rement dans le domaine de l criture contraintes En 1996 Use Kilic avait publi un roman lipogrammatique avec le titre Oskars Moral dans lequel elle avait invent une esp ce de lipogramme dynamique en n uti lisant que les voyelles d un nom de protagoniste quand celui ci parie ou quand il est question de lui les voyelles s additionnent quand deux ou plusieurs personnages entrent en contact P largissement de la gamme vo calique correspondant ainsi l ouverture de Phorizon provoqu e par la com munication Fin 2001 un roman de Fritz Widhalm parut Warum starb der sch ne Mann Kein Kriminalroman von dem ganz Wien spricht Pourquoi mou rut le bel homme Pas un roman policier dont parie tout Vienne S il m rite l attention d un public formulien c est qu il s agit d un roman homosyntaxique avec la particularit que le roman de base dont il suit mot par mot la syntaxe est d j lui m me le r sultat d un proc de Widhalm a fait un collage de phrases tir es de rompols de quatre sous suivant le principe ne jamais tirer deux phrases successives d un roman ensuite il a concu un inventaire de 16 personnages en fait 2 x 8 le
415. s noires et des colonnes paires en lettres rouges 2 Les sauts des pi ces ce que nous appelons la marche de celles ci fournissent d autres types de lecture possibles Ce sont les pi ces actuelles le Roi la Dame les Fous folz d rivant du mot arabe FU l phant les Cavaliers chevaliers les Tours rocs d rivant du mot Rukh chariot donnera la Tour faite de rocs et les Pions La lecture selon la marche des pions est horizontale dans le cas de la Tour diagonale dans le cas du Fou la fois laterale et diagonale dans le cas de la Dame et du Roi Le saut c est le cas de le dire du Cavalier est le plus difficile car la lecture qu il induit est non lin aire par deux de ses caract res elle est la fois trans ou digrossante un pas de cot et dis continue un saut Partons de gi A dieu malplaisante Nous arrivons a f3 Rude lyonnesse ou h3 Faulce accuseresse Puis partir de f3 huit possi bilit s sont offertes au Cavalier qui sont toutes des rimes en esse Donc le po me continue d etre en rimes crois es puisque la case de d part est d une couleur differente de la case d arriv e Ces parcours sont plus riches que dans les chiquiers ant rieurs Il crit que l on peut prendre trois lignes vers dans n importe quel sens et l on y trouvera toujours sens et rithme ce qui n est pas le cas avec les chiquiers pr c dents 79 DOSSIER Remarquons qu
416. s r sidents tradition nels que les chercheurs envoy s sur place en mission Le corps m me de l ouvrage constitue alors comme une poche r tensive o le discours scientifique assure sinon la pr servation du moins la m moire persistante de ce monde disparu qu il reconstitue tant par le verbe que par l image Quoique les r f rents soient tous pass s de vie tr pas on peut consid rer qu ils sont re pr sent s dans une sph re de lan gage o la non vie coincide avec une non mort Sans quivaloir pr cis ment la suspension d incr dulit que requiert la lecture d une fiction cette parenth se uchronique impose une reception qui n ait pas affaire aux crit res de v ridiction ni vraie ni fausse mais potentialis e la th orie g n tique ici labor e en devient virtuellement pertinente Mieux encore on pourrait affirmer qu elle est esth tiquement pro bante dans la mesure o elle repose sur une formalisation sp culaire De m me que la progression du texte se calque on l a vu sur revolution biologique des Rhinogrades de m me ce macro v nement qu est la dis TEXTE IMAGE parition du monde exotique se trouve prefigurd et mis en abyme par des micro v nements qui en sont la r p tition partielle et anticip e Sans doute ne faut il pas interpr ter autrement le fait que la population humaine les Huacha Hatschis ou Hooakha Huchy se soit peu peu teinte d s 1941 lt car le rhume malencontreusement
417. s raffinements Les sources po tiques sont nombreuses de la flamboyante chandelle aux deux orphelines Belle contrainte que de ne parler que de ca plaisir solitaire que de le bouquiner En vrac et pour tous les go ts je vous fais une gaterie battez le velours comme Saint Simon faites catleya comme Proust prenez le caf du pauvre racontez vous le plaisir du monde f tez r guli rement la Saint Priape pour aller au Paradis prenez soin de votre bijou doux milieu OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES trou des merveilles petit couffin corde sensible lampe merveilleuse et autres joyeuses noisettes En bref un livre lire en tournant les pages avec les genoux Et s il faut mourir mourons d amour A Z Jean Cortot Suppl ment l histoire naturelle de Monsieur de Buffon Le Daily Bul 1994 50 p dont 20 de dessins Joliment pr fac par Anthelme Lorilleux secr taire de la Soci t pour le Progr s des sciences et des arts de Romorantin cet ouvrage d crit dans le d tail cher notre Bouffon des animaux des plantes ou certaines esp ces humaines bien connus mais dont nous ignorons le plus souvent l essentiel De l arax bleu parasite du cervan l astiac plus connu bien sur sous le nom d ouvaro du cailoup au dendrosaure les esp ces et cultivars sont d taill s On y apprend que la foug re sempercrescente v ritable ca lendrier des Incas fournit le jour de Pann e et l heure grace ses denticu
418. s s arr tent n importe o La poesie a ses r gles la fiction et le th tre ont leurs conventions la prose br ve est le genre sans loi WIEU S tos asi f gt s te iz es IWWWMUTB jlip Cwjfli f mj amp 36 osa IO ss tvstJatp9 fvVi 6 Mftu 1 sai e fag Www t bii pj m K S JO fcfe ie feiipte lt T kf scemasi ecowifj jtvy ivs p amp i VIS O gt 4 BI KMIKSW S SAT nifi gt n idat naSJif ws oli Ie flvai S efelWii3 tle J tOIBh X simitai f amp HW amp lt AnS jiiaftir G jjprognatijhter n l eri rw y Miti ewigwis 47 dt mjftww S UAffi gt W KltTip t BfcIK lt f S ttt tuj la Misi lt fa t B et Wjii i ifiiil K5 JKIJW t p f jn filfr ni Aui gt 5 amp AS fic e wfti je sbmps Mf v nfwA jUULB amp a titpsf Ui AJAytALS gt tB taiiiij V ut in umfcoww tfiiw Qr itqara iccpii tifo rwig Longtemps le marche des livres a t totalement domine par le roman Depuis peu la nouvelle commence empi ter sur le terrain du roman sans doute pour des lecteurs qui trouvaient qu ils manquaient de temps Est ce dire que l avenir appartient la prose br ve Celle ci accepte voire ex ploite le fait que le public moderne sait moins longtemps faire attention La prose br ve est tout sauf nostalgique TEXTE IMAGE Plus de d fil du texte plus de page suivante La prose br ve tient tout enti re en un cran lt lt lt Evidemment l
419. saN EWX a I e Sfc Vev ALA Cessez vos dits C est l tr s t t vos rets toil s dits au L th V io A A1 u A YBLX ed amp A a vo EX Ka Va Vvx amp Viss 4i Vve Couleur d hiver le r ve osseux dit au L th a B a Verse tes flots VsraML M W AsasaVaEv a A sa Sur la m me liste Didier Bergeret et Robert Rapilly se sont galement mesur s avec certe forme tandis que dans la revue Pour la Science Didier Nordon pestait contre la futilit de ces exercices oulipiens poursuivant la tradition de la d nonciation des difficiles nugae Une triple lecture horizontale verticale et diagonale des syntagmes de differente longueur pour chaque page se retrouve enfin dans le livre objet de Patrice Hamel Au Sens Propre 2002 sur 5 lignes et 3 colonnes associ e une quatri me lecture en paisseur permise par un jeu de transparences Les mots crois s ou les carr s magiques en lettres susceptibles d une lecture tabulaire ont fourni le mod le des po mes carr s syllabiques bien plus probablement que le jeu d checs mais par leur forme ils nous parais sent ranger parmi les chiquiers 91 92 DOSSIER R capitulation Les chiquiers po tiques sont une forme tr s rare et plut t complexe apparue la fin du Moyen Age et au d but de la Renaissance Leur point de d part es
420. se comptant sur les doigts d une seule main mais voir qu elles sont toutes volontaires en Poccurrence des citations de textes avec pronoms et verbes conjugu s Et comment consid rer Vive Pinfor matisation p 80 un imp ratif et son sujet Non une expression adver 277 ESSAIS biale Et dans la phrase p 144 Ne pas pouvoir utiliser m me un seul sujet et surtout pas le Je noter que ce n est pas un pronom sujet mais un pronom substantiv compl ment d objet Jamais de licences la rigueur Avec des formulations parfois elliptiques et m me tr s comme disant qu en ce temps l suivi d un point final p 69 Un grand art pour utiliser les adverbes pour r introduire la dimension temporelle Un recours la ponc tuation deux points pour pr senter un fait et les points d exclamation ou d interrogation pour moduler les sentiments mais tr s rarement le flou des trois points terminateurs Bref dans ce texte outre l infinitif le triomphe du g rondif et de l ablatif absolu Mais assez fait le grammairien pointilleux Autant reproduire la contrainte explicit e selon la contrainte au chapitre 3 par l auteur narrateur ou plut t puisque pas de je par la narration Car les verbes les crire ainsi l infinitif ou la troisi me per sonne du singulier sans mentionner ni pronom personnel ni sujet celui ci tant suppose contenu dans le nom propre la seule chose nous apparte nant crit un
421. se rep re dans nombre de trouvailles de ce type dont l economie repose sur le d placement de couler 1 couler 2 et la condensation op r e par la fabrication du signifiant graphique Le lecteur lui est con front une petite nigme dont la r solution se transforme videmment en 157 158 DOSSIER jubilation Nous ne sommes pas loin de l esprit du r bus Plus pr cis ment e est lt mi mots gt sans remonter explicitement la m taphore verbale se noyer dans son chagrin que nous comprenons ce dessin Allons plus loin et risquons ceci la liaison que nous op rons entre le titre Tristesse et la reconnaissance de cet ceil qui s enfonce dans l eau nous suffit Elle nous suffit car cette liaison titre dessin est une sorte de court circuit dont la teneur est d autant mieux prouv e qu elle est intuitivement percue Nous avons commenc avec des exemples d ombres projet es qui trahissaient leurs propri taires Je voudrais pour terminer revenir sur ce lieu commini de la rh torique iconique Je vous ai montr un premier dessin de Portier en voici un second intirul Solitude Illustration 6 Solitude Du point de vue de l iconographie ce dessin est la fois nouveau et familier On veut dire que si Lionel Portier a effectivement innov en nous proposant cette image impossible et pourtant si juste l auteur s inscrit dans le droit fil de la tradition voqu e plus haut En particulier celle
422. si dissimuld Il ne faut pas sous estimer la dimension ludique de la poesie visuelle fig 14 Augusto de Campo C digo 1973 Une possibilit tr s singuli re a t explor e dans les Po mes Franco Japonais 1977 r sultats d une collaboration entre le Japonais Seiichi Niikuni et le Francais Pierre Garnier Le po me demoiselle fig 15 repose quasi exclusivement sur le concept de traduction On pourrait dire que c est la traduction juxtalin aire pouss e son degr extr me Pinterp n tration On voit directement que l oeuvre est la fois inters miotique dans sa partie francaise et interlinguistique dans sa conception globale 103 DOSSIER xd moi e eA fig 15 Pierre GARNIER et Seiichi Po me franco japonais La traduction n est plus une op ration compl mentaire post rieure la cr ation mais une op ration constitutive de la cr ation La c l bre phrase tautologique de Gertrude Stein a rose is a rose is a rose is a rose a engendr plusieurs transpositions en poesie visuelle Dans celle de Timm Ulrichs fig 16 le premier mot rose est remplac par une rose r elle le second par une rose en plastique et le troisi me par la photographie d une rose pour terminer par le mot selon une progression d abstraction crois sante traduction inters miotique pure 4Ek ISA 1 ISA ROSE HOMAGE TO GERTRUDE STEIN Homage to Gertrude Stein A rose is a rose is a rose is arose
423. sin magrittien avant la lettre montre une plaine avec une maison et en l air une pomme de la vari t pomme en l air avec la legende Apple in air un peu pr s bilingue sur Apollinare Une t te d oiseau d ara devant un sexe f minin est l illustration qui correspond aux mots d fmition de l amour ara gon Certe conjonction sugg r e par Aragon est issue d un peu pr s con gon La phrase matri cielle du dessin suivant est presque une anagramme arbre des tetons atre de breton Un petit homme devant un pont avec pour legende l autre est amont Lautr amont semble anticiper le dessin de la Rivi re dans la mesure o son pont para t forme de deux E retourn s d un quart de tour vers la droite et ses rives des hampes d un L et d un T Enfin un os incline devant le pubis d un corps f minin d aine os un peu pr s sur Desnos Ce jeu de mot permet de comprendre un autre dessinis une figure de femme nue ayant La revolution surrealiste crite en spirale la place de la t te et le m me os phallique pour le moins au m me endroit du corps avec en face le nom de Robert Desnos Robert correspondant aux roberts mais non l explication par certe d compo sition syllabique Ces calembours Mallarm male arme sont des holorimes dans le droit fil des jeux sur l homonymie de L Aumonyme mais P quivalent trouv est dessin C est ce qu on a appel le calembour visu
424. sitent pas voir dans l av ne ment de l art abstrait un moment de rupture f cond pour le renouvellement des th ories et des techniques Le passage de la figuration jusque l inh rent toute l histoire de l art en Occident l abstraction repr sente un tei saut qu il parait ses premiers r alisateurs un bond dans le vide Pour se rassurer pour expliquer le sens d une d marche aussi insens e les premiers artistes abstraits ont recours l criture Il tait plut t tradition nel que les peintres n crivent rien ou si peu qu il s en remettent pour expliquer leur d marche des sp cialistes critiques d art po tes roman ciers essayistes Mais devant l nigme de la non figuration les artistes troubl s chafaudent des th ories publient des manifestes L artiste lui m me devient critique de son ceuvre 9 Ce grand saut ne suffit cependant pas expliquer la naissance et les caract ristiques de la contrainte moderne m me s il permet de compren dre que la nouvelle notion de contrainte ne pouvait pas naitre avant 1910 D autres l ments doivent expliquer la naissance tardive de la con trainte en tant que telle naissance qui a lieu dans certains textes des ann es cinquante Si l on s attarde ici suivre certains changements dans l art c est que l mergence de la contrainte ne semble se produire qu au terme d un certain nombre de mutations la contrainte moderne naitra lorsque l artiste
425. sitions d tres humains en m caniques comme le rappelle Alexandrian Ayant concu la mari e comme un moteur avec un arbre type Duchamp cherche quelle forme conviendrait son partenaire le c libataire Il enfit d abord le chef des 5 nus c est dire le conducteur d une 5 chevaux sur une route tendant vers la ligne pure g om trique sans paisseur ensuite il enfit un cycliste 21 En introduisant dans sa pein ture les mouvements humains puis le mouvement m canique il d place le centre d int r t de sa peinture il nous loigne des valeurs esth tiques con ventionnelles Il ouvre une voie vers un art qui comporte une part d hu mour et d absurde Ce qui ne l emp che pas de s int resser un nouvel emploi des math matiques qu il tudiait grace au Traiti l mentaire de geo metrie quatre dimension d Esprit Jouffret et aux explications de Princet agent d assurance que les cubistes fr quentaient Maurice Princet qu ils prenaient pour un genie m connu leur faisait des cours de vulgarisation sur l hyperspace 22 D ailleurs au cubisme pur avaient succ de les recherches de la Section d Or Duchamp et son fr re Villon avaient cr le groupe de la Section d Or dans le but de rendre le cubisme plus scientifi que Les trois fr res Duchamp prirent une telle importance dans le cu bisme que l on nomma groupe de Puteaux les peintres qui se r unissaient le dimanche chez Jacques Villon et qui d fend
426. socialistes tour n s vers le si cle nouveau et la recherche de nouvelles formes En attendant que des chercheurs en histoire litt raire corroborent par des preuves externes cette conjecture nous n avons pas la place pour la d montrer mais nous venons d apprendre que Barbara Pascarel dans une publication du Coll ge de Pataphysique a mis la m me hypoth se cf Histoires litt raires 2002 n 12 p 140 qu on se precipite pour lire l ouvrage si longtemps retoqu du Vicomte il devrait entrer dans le domarne centrai de la litt rature au m me titre que le Parnassiculet contemporain ou le recueil d Ador Floupette A C Po amp sie Poesie japonaise n 100 2002 304 p Ce tr s beau numero 100 coordonn par Michel Deguy et Claude Mouchard pr sente des po tes des trente derni res ann es qui ont suc c de la generation d apr s guerre La plupart des po mes sont en vers libres modernes et on note la pr sence significative de nombreuses voix f minines cf Toyomi Arai propos de la poesie f mmine au Japon p 82 Les amateurs de contraintes et de po me visuels retrouveront avec plaisir le po me figure de Niikuni Seiichi Rivi re ou banc de sable un carr partag en deux triangles faits de deux caract res r p t s diff rents p 26 Dans un po me Yasuo Fujitomi joue sur des mots dont les caract res ont en en commuti la m me cl et dans Portrait d une belle dame un dessin d u
427. sortir avec Sardon l Association une BD d s magnifique Coquet le g n rant 1296 strips Lewis Trond heim Thierry Groensteen Killofer Jean Christophe Menu Gilles Ciment Jochen Gemer qui vient de sortir TNT en Amerique aux ditions de l Am poule une relecture tonnante d un l album d Herg Etienne L croart Francois Ayroles 147 DOSSIER Nous gravitons tous plus ou moins autour de l Association Nous envisa geons la possibilit d elargir notre groupe Plusieurs personnes ont t ap proch Marc Antoine Mathieu dont nous parlions F murr Olivier Douzou Benoit Jacques Il y a aussi un auteur aux Etats Unis Matt Madden qui s int resse beaucoup POulipo et l Oubapo il a fait des exercices de style la Queneau sur une histoire tr s simple et utilise certaines de nos contrain tes Il y a Sergio Garcia qui a fait des bandes dessin es avec des circulations crois es dont une sur le th me du petit chaperon rouge pour Comix 2000 oeuvre collective de l Association Il a fait avec Lewis Trondheim Les Trois chemins un livre pour enfants avec plusieurs personnages Les Trois chemins sont repr sent s sur chaque double page sans cases comme une sorte de carte tr s simple Les personnages se croisent chacune de leurs histoires interagit avec celle des deux autres Formules Quelles sont les prochaines parutions oubapiennes EL Un recueil de nos travaux paraitra en avril l Oupus 2 de l Oubapo
428. straction Si l on tient tre figuratif de nouveaux probl mes se posent Les jeux d enfants constitu s de cubes sur lesquels on a colle des reproduc tions ne sont pas faits pour permuter chaque face au contraire appelle celle qui flit sa voisine comme dans un puzzle En revanche les livres o l on associe grace des lamelles la t te d un animai le corps d un autre et le bas d un troisi me sont tr s appr ciables ils sont la fois imm diate ment lisibles et susceptibles de grandes m tamorphoses Il y a donc des possibilit s l encore de r utilisation 4 Si l on coup en lamelles une oeuvre comme l a fait Jean Margat pour la Joconde et plus tard Vanarski pour la Grande Odalisque d In gres la Gestalt qui permet reconnaitre la bonne forme fonctionne tant que les lamelles gardent un certain ordre par rapport l originai mais de vient plus probl matique quand les lamelles sont m lang es de facon plus anarchique Si on veut cr er un processus combinatoire il est bon pour ne pas se heurter certaines incoh rences de respecter des contraintes de bordure de rythme de proportions ou de structure Il faut donc cr er des fragments qui permettent des permutations lisibles en tenant compte du fait que la combinatoire de formes r alistes ou non est d autant plus fe conde qu elle entrarne elle aussi le plus de diversit possible tout en main tenant haut l exigence de coh rence Si l on r p
429. t en train de na tre Et ces moyens nouveaux seront si importants que leur usage persister et servir beaucoup plus tard Quand la fin des ann es 50 la notion de contrainte sera au centre d une th orisation et d une utilisation li e un programme pr cis c est ce moment l que les enjeux de la contrainte seront repris et analys s avec attention dans la revue R alit s nouvelles On est en 1947 et c est ce moment l qu on voit se d velop per la probl matique d un art fonde sur un souci de manipulations harmo nieuses ou audacieuses des l ments formels C est en effet dans la mou vance de certe revue que l on retrouve un artiste comme Dewasne qui fera partie de l OuPeinPo La proximit et la continuit entre les premi res ten tatives des avant gardes et les recherches li es l abstraction g om trique des ann es 40 50 fond es sur les contraintes de l abstraction formelle est particuli rement frappante et utile souligner C est toutefois bien avant l apparition du salon de R alit s nouvelles que Theo Van Doesburg commence utiliser des l ments g o m triques et des structures simples Il fait d ailleurs figure de precurseur quand il d clare Ce qui peut donner une valeur culturelle la peinture d aujourd hui est le contr le math matique ou plut t arithm tique x Le salon R alit s nouvelles lui rendra hommage en le citant dans sa revue et en l exposant Ces contr les math matiqu
430. t estre faict amp figure de la sorte que cestuy ci vous monstre par exemple auquel na que deux terminaisons tant seullement ainsy que au champ des eschecz na que deux couleurs Cest assavoir blanc amp noir car les places amp cellules des pieces dudict lieu aultrement dictes cases les unes sont communement blanches les aultres noires Par ainsy ny doibt avoir que deix terminaisons signifians ce dessus D autre part doibt estre ledict eschequier subject a tous les saultz des pieces dudict jeu comme du roy de la dame des folz des chevalliers des rocz et des pions ainsy quest cestuy cy car il peult faire le sault de toutes les dictes pieces entre lesquelles est le chevalier qui a le sault le plus difficile de toutz Et sy faict encore dadvantaige cestuy cy Car apres toutz lesdictz saultz faict le sault du quynault du mouton et de la pye quest autant a dire de par tout Car ne scauriez prendre mot audict Eschequier saillant ou il vous TEXTE IMAGE plaira que vous ne trouvez sens et sy ne scauriez prendre troyes lignes de quelque sorte que les saichez prendre que vous ny trouvez sens et rithme ce que les aultres eschequiers que Jay encores veuz ne font au moindz ceulx que lon faict communement Et ne doibt estre figure eschequier par roues comme les figurent plusieurs qui se meslent de faire eschequiers ignorans lorigine dudict terme Eschequier lesquelz ne sont sy bons que ceulx cy Ce po me est co
431. t nullement l appareil scien tifique m me quand de m diatis e elle se fait directement expressive via l usage de la premi re personne Stiimpke en personne avoue par exemple que les Corbulonases pr sentent une s rie des plus jolies Rhinogrades que nous connaissions p 71 A la position observante et au souci infor matif s associe en pareil cas une posture locutoire o l exclamation signal r actif s il en est vivifie une parole o l austerit n est pas de mise Pour les d tails structuraux de leur nasarium voir plus bas p 77 La modu lation des tats du sujet sollicite par l une empathie ou une sympathie active du lecteur qui n est plus simplement enseign mais complice des motions exprim es On l aura compris certe simulation scientifique ne se signale jamais explicitement comme un faux ni m me comme un pastiche parodiant les crits des naturalistes C est de la haute improbabilit des fac ties relat es qu on doit induire leur fictivit dans la mesure o la th orie g n tique y afferente d sormais non falsifiable appara t toujours d j falsifi e Le ris que serait alors de conf rer auxdits vert br s une existence physiologique et une l gitimit gu re plus imaginaires que celles de leurs homologues r els mais comme le but de l exercice n est pas de mystifier une suffi sante dimension ludique perceptible notamment dans la nomenclature burlesque vient invalider la v
432. t proche bouquet d un cot nature morte de l autre que des raccords permettent le fonctionnement gestaltique de reconnaissance des formes chez le spectateur moderne rompu ce type de d chiffrement Il y aurait donc un seuil de reconnaissance en dec duquel le spectateur pourrait avoir une r action de fatigue ou d amusement d pr ciateur signalant qu il ne sait plus s il est dans la figuration ou l abstraction Illustration n ll TEXTE IMAGE 2 Les ceuvres de Gh rasim Luca qui associent des l ments figura tifs tr s reconnaissables comme une main ou un visage et les m lent des l ments abstraits ou rendus abstraits par le morcellement demeurent lisi bles grace la taille des fragments qui introduisent un vrai morceau de r alit Mais on est alors moiti dans le figuratif moiti dans l abstrait un peu comme les cubistes et les permutations introduisent du d sordre Pour que les permutations soient possibles quand on prend une oeuvre figurative il est n cessaire de d couper plusieurs fois la m me oeuvre en morceaux assez gros pour ne pas perdre la repr sentation des objets on peut constituer des ensembles coh rents d l ments permutables 3 Si l on prend des oeuvres cubistes on obtient une amplification de la coh rence au d triment de la lisibilit et du caract re figuratif de l oeuvre on passe donc du cubisme analytique au cubisme synth tique ou du cu bisme synth tique l ab
433. t qu on lui accorde aussi traditionnellement Mais le recueil contient aussi des po mes moins conceptuels d un caract re nettement plus po tique Dans le sonnet das gestrauch des ziehens der sage s n 70 p 112 l aspect fourre tout de certains sonnets combinatoires a t substitu une r duction extr me sobald was keimt der trieb ist triebe bluten wachsen sobald was keimt der trieb ist triebe bluten wachsen sobald was keimt der trieb ist triebe bluten wachsen sobald was keimt der trieb ist triebe bluten wachsen 67 68 DOSSIER sobald was keimt der trieb ist triebe bluten wachsen sobald was keimt der trieb ist triebe bluten wachsen sobald was keimt der trieb ist triebe bluten wachsen sobald was keimt der trieb ist triebe bluten wachsen sobald was keimt der trieb ist triebe bluten wachsen sobald was keimt der trieb ist triebe bluten wachsen sobald was keimt der trieb ist triebe bluten wachsen sobald was keimt der trieb ist triebe bluten wachsen sobald was keimt der trieb ist triebe bluten wachsen sobald was keimt der trieb ist triebe bluten wachsen Malgr le fait qu il n est pas facile de faire une traduction litt rale de ce vers parce que le mot Bluten n a pas d quivalent direct en francais j essaye de le faire d s que ce qui germe est pouss e poussent des pouss es des bourgeons La r p tition de ce constat pe
434. t religieux il s agit d crire selon un tableau quadrill les litanies de l oraison la Vierge Marie Projet s sur ce cadre medieval la lecture multiple exp riment e dans les vers bris s des grands rh toriqueurs a abouti la fixation de cette forme avec pour attracteur un jeu parvenu l acme de sa diffusion dans le monde des cours C est Gratien du Pont qu il est revenu d avoir pouss au plus loin la correspondance entre la forme po tique et son mo dale iconique Il a introduit deux caract res d riv s la correspondance couleur rime et la lecture selon la marche des pions la figuration le calligramme s est ajout e la possibilit de parcours de lecture correspon dants aux diff rentes figures du jeu Au XIX si cle l criture de po mes selon la polygraphie du Cavalier est apparue dans des jeux litt raires pr figurant l usage qu en fera Geor ges Perec dans la construction de son Grand Roman Enfin la fin du XIX si cle des po mes carr s lecture multiple sont r apparus au sein de la poesie syllabique et dans un environnement typogra phique riche en nouvelles virrualit s celui de la litt rature num rique Mais m me si certains d entre eux restent virtuels ces po mes plus que toute autre r f rence litt raire au Jeu des Rois nous paraissent m riter d tre qualifi s d chiquiers d encre Notes Gros G Le Po te marial et l art graphique tude sur les j
435. t tr s moderne Pari gagn par l auteur du Th or me un des repr sentants les plus actifs du formalisme transgressif dans la poesie francaise A C Brigitta Falkner Fabula Rasa oder die methodische Schraube Wien Ritter 2001 229 p x Brigitta Falkner commence 4 se faire connaitre en Autriche malgr sa r ticence prononc e envers les m dias Apr s quelques expositions et trois livres ayant travaill l anagramme le palindrome le lipogramme et le monovocalisme son profil est nettement celui d un crivain a contraintes Son premier livre publi en 1992 qui s appelle ABC Anagramme Bildtexte Comics contient des textes anagrammatiques d une longueur in solite Au lieu de composer quelques beaux vers ou quelques strophes en permutant des lettres Falkner d veloppe des situations cr e des dialogues raconte des histoires kein sterbenswortchen pas le moindre mot est le titre d un texte anagrammatique de vingt pages grand format Tobrevierschreiverbot 1996 privil gie le palindrome toujours de let tres qui se trouve aussi mis en sc ne dans la bande dessin e le cartoon le collage le r bus Son dernier livre Fabula rasa Oder die methodische Schraube Fa bula rasa Ou la vis m thodique est divise en quatre parties Il com mence par un texte lipogrammatique qui raconte l histoire d amour obses sionnelle de deux hommes s int ressant une femme les protagonistes karl paul et
436. te medieval Le texte medieval est manuscrit c est dire qu il s agit d un texte variable parce que manipulable par un lecteur actif le scribe Dans les termes de Bernard Cerquiglini L oeuvre litt raire au Moyen Age est une variable Qu une main fut premi re parfois sans doute importe moins que cette incessante r criture d une oeuvre qui appartient celui qui de nouveau la dispose et lui donne forme Cette litt rature s oppose en cela l authenticit et l unicit que la pens e textuaire l id ologie mo derne du texte associe la production esth tique Toujours ouverte et comme inachev e l oeuvre copi e la main manipul e est appel l inter vention la glose au commentaire On retrouve pour une part les caract ristiques de l hypertexte dont la variabilit et la mobilit sont de m me li es la promotion d une lecture OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES active interventionniste La lecture devient une activit dynamique qui fait participer le lecteur au processus de production de Pobjet Le lecteur peut cr er son propre parcours l int rieur de l hypertexte en choisissant un mode de circulation dans le r seau Il peut aussi cr er un hyperobjet originai l int rieur de l hypertexte en exploitant la propri t de granulante et en cr ant ses propres liens Il peut enfin ajouter lui m me de nouveaux blocs qui feront d s lors partie de la base text
437. telle Reggiani com mente ses deux po mes d clar s non contraints David Bellos soul ve clai rement un sujet sulfureux pour le public francais le silence des crits de Perec sur la sexualit L oulipologue Marc Lapprand s attach au grand palindrome Sp cialiste de la parodie Daniel Bilous ajoute un onzain h t rogrammatique Alphabets Enfin un bouquet est offert par des po tes proches ou lointains Jacques Roubaud Composition rythmique sur les consonnes du nom de Perec Marie Claire Bancquart Un Paris et non un pari lipogrammatique Jean Pierre Faye Paul Louis Rossi et enfin Marcel Benabou Dans le sillage de Perec selon une contrainte proche de Je me souviens Reproduction de quelques brouillons d h t rogrammes et portrait du po te chevelu et barbichu d couper Toutes les contributions sont d un grand int r t traitant souvent de po tique dans son sens extensif mais ce numero est loin d puiser le sujet A C Der Pudel n 3 2000 Der Pudel Dopplergasse 5 23 1100 Wien Les po mes anagrammatiques sont un genre beaucoup plus florissant dans la litt rature de langue allemande que dans celle en langue francaise La revue viennoise Der Pudel Le Caniche pr sente quatre anagrammeuses conform ment la surrepr sentation f minine des auteurs utilisant cette forme Neda Bei Petra Nachbaur Use Kilic Barbara Zanotti Chaque auteure explique sa d marche initi e par Pexempl
438. teresser les po mes ne sont pas seuls Le volume porte un second titre Un petit peu plus de quatre mille dessinsfantastiques et contient une s rie de dessins de Fabrizio Clerici compos s selon le m me principe que les po mes 4 l ments et 8 choix pour chaque l ment Nous avons donc un strict parall lisme entre le trai tement applique aux textes et le traitement applique aux images sans que pour autant le texte d crive l image ni que l image soit une illustration du texte On ne s tonnera pas de trouver chez Perec cette coexistence du texte et du dessin on sait assez l importance de la place qu occupent les arts plastiques et singuli rement la peinture dans sa pens e comme dans son oeuvre La r flexion th orique sur les rapports entre le textuel et le visuel de m me que l exploitation pratique des ressources qu offre la col laboration de ces deux domaines est constamment pr sente chez lui et ce depuis les premiers articles de l epoque de la Ligne generale D une nature l g rement differente mais juxtaposant aussi texte et image est le travail combinatoire commun accompli par Jacques Roubaud et Christian Boltanski dans un volume intitul Ensembles Il contient deux s ries d l ments en premi re partie 99 listes de noms propres consti tu es par Jacques Roubaud partir de trois ouvrages de Boltanski dont il a 109 110 DOSSIER diversement r ordonn le contenu en deuxi me partie une s ri
439. termes generaulx amp feront facillement lesdictz saulx car ainsi faisant ne scauriez prendre ligne dudietz Eschiquier que ny trouvez sens parfaict Et ne scauriez prendre ligne contre aultre de blanc en blanc ou de noir en noir que ne trouvez TEXTE IMAGE sens amp Rithme Si ne scauriez croyser tant blancz que noirs que si en prenez troys lignes vous ny trouvez sens amp Rithme de quelque part que les sachez prendre saillant amp croyant ou vous playra a droict de travers amp a toutz biez Pour en veoir bon exemple retirez vous audict livre des Controverses au fueillet liiij tourn quest le premier quon aye veu de la forme susdictes Car auparavant on les figuroit roues amp y avoit plusieurs amp diverses terminaisons par ignorance de lorigine de ladicte espece amp forme Ayant defini un type d chiquier nouveau et parfait il rejette les chiquiers en forme de roues ant rieurs Il ne nous para t gu re possible que ce soit une allusion aux chiquiers circulaires qui remontent au X si cle et taient populaires la cour de l Empire Byzantin et celle de Tamerlan eux aussi taient 64 cases en 4 couronnes concentriques Il nous para t bien plus probable qu il fait allusion aux po mes permutationnels en langue latine en formes de bandes circulaires emboit es dont la rotation engendre une multiplicit de combinaisons entre leurs diff rents nonc s Ces po mes rel vent d une
440. tes perspectives sont l oeuvre elles donnentau lecteur la sensation de pouvoir se d placer dans le paysage Les r f rences certains po mes m di vaux dans lesquels la cos mologie la numerologie et le nom cache sont d terminants devraient ravir tous les ex g tes de la contrainte Fascinant A Z Bernard Myers et Anne Marie Lereboullet 40 Jeux litt raires pour tous POLE 2003 96 p Ce livre conseill en classes de 4 et 3 est le premier d une s rie qui se veut compl ter des cours de francais ou de litt rature destin s des l ves de coll ges ou lyc e Ludique et plein de fantaisie il contribue l apprentissage de la ri gueur et laisse une large part la cr ativit tout en faisant d couvrir les difficult s les surprises et les richesses de notre langue En cela chacun pourra se divertir loisir en apprenant ou en r visant ses connaissances Jeux tr s diff rents des habituels tauto lipo et autres ana grammes propos s aux jeunes pousses ou dans des stages d criture Chaque exer cice est constitu par une nigme qui se decompose en au moins deux tapes n cessitant attention pr cision et culture La premi re consiste retrouver un ou plusieurs noms ou mots partir d indices fournis par un texte contrainte une liste ou des d finitions L tape suivante utilise les mots ainsi trouv s dans des grilles lecture orient e ou des textes dans lesquels on doit remplir les blan
441. th tre ouvrit son diorama en 1822 place de la R publique 21 Cahier in dit notes crites au cours de la travers e op cit p 43 22 Georges Perec Esp ces d espaces Galil e 1974 p 115 23 R cits d Ellis Island op cit p 60 24 W ou le Souvenir d enfance op cit p 95 25 L EU bloui op cit 26 Des photographies de tournage montrent ce type de dispositif dans le livre pp 35 et 92 27 Andr e Chauvin et Mongi Madini La Remont e des images sur les R cits d Ellis Island Le Cabinet d amateur Toulouse n 6 d cembre 1997 p 55 28 Voir notamment pp 74 76 80 81 86 On pense aux d cors de cage mentionn s par les Anagrammes de Georges Condominas Georges Perec Beaux pr sents Belles absentes Seuil 1994 p 49 Il convient de pr ciser que les photographies en nombre beaucoup plus restreint de l dition de 1980 privil gient d j ce type de motifs 29 Voir Bernard Magne Georges Perec Nathan 1999 pp 75 80 30 Le lien ne peut cependant qu tre tr s m diat entre ces grilles repr sent es et la notion de grille d interpr tation centrale dans l article de jeunesse sur Antelme Georges Perec Ro bert Antelme ou la V rit de la litt rature L G une aventure des ann es soixante Seuil TEXTE IMAGE 1993 pani en 1963 dans Partisans m me si deux vers de I El gie de Pierre et de Denise Getzler installent l amphibologie en rattachant la lexie grilles sy
442. tion un tei plaisir de lire et relire voir et revoir cet album Il devrait troner dans toutes les biblioth ques publiques et priv es Ce sera c est d ja une r f rence de ce que l dition actuelle peut faire en mati re d album pour la jeunesse Lecteurs de la pr sente revue si vous ne vous tes jamais int ress s l illustration si vous avez toujours cru que c tait pour les enfants r vi sez au plus vite votre jugement et voyez ce que la contrainte litt raire peut donner appliqu e l illustration Puisque POupeinpo et l Oubapo existent quand un Ouillpo Nous avons l tout ce qu il faut tous ceux qu il faut pour le cr er En attendant cet heureux jour joyeux anniversaire Raymond Ah j oubliais certe critique est un lipogramme Eh oui il manque un bouton Devinez quelle lettre a rate ce bus Mais non pas le S je n aurais pas pu n exag rons pas tout de m me 267 ESSAIS C cile de Bary Les contraintes au bac Au mois de juin 2002 l preuve anticip e de Francais destin e aux l ves de Premi re L portait sur les r gles du sonnet et plus g n ralement sur les contraintes litt raires Certe session inaugurant un nouveau programme a par ailleurs corres pondu des modifications concernant la nature de l preuve De fait notre sujet comprend un corpus de quatte textes d abord le sixi me sonnet des Regrets Las o est maintenant Un sonnet avec la mani re de
443. tir du mat riau des sonnets ce qu il ne fera probablement pas vu qu il prendrait trop long temps pour retrouver les diff rents sonnets die neunte zeile des achtundneunzigsten sonetts die zweite zeile der siebenten seite die dritte zeile der siebenten seite die vierte zeile des dreiunddreissigsten sonetts die funfte zeile der siebenten seite die sechste zeile des dreiunddreissigsten sonetts die siebente zeile des dreiunddreissigsten sonetts die achte zeile der sechzigsten seite die neunte zeile der sechzehnten seite die zehnte zeile des vierunddreissigsten sonetts die elfte zeile des vierundvierzigsten sonetts die zwolfte zeile des neunundfunfzigsten sonetts die dreizehnte zeile der funfunddreissigsten seite damit was neigte bog sich als die glut hier rankte 65 DOSSIER la la la la la la la la la la la la la neuvi me ligne du quatre vingt dix neuvi me sonnet deuxi me ligne de la septi me page troisi me ligne de la septi me page quatri me ligne du trente troisi me sonnet cinqui me ligne de la septi me page sixi me ligne du trente troisi me sonnet septi me ligne du trente troisi me sonnet huiti me ligne de la soixanti me page neuvi me ligne de la seizi me page dixi me ligne du trente quatri me sonnet onzi me ligne du quarante quatri me sonnet douzi me ligne du cinquante neuvi me sonnet treizi me ligne de la trente cinqui me page pour que
444. tr me pr cision de la d finition du daguerr otype son inalt rabilit en font un objet aux antipodes de l image photographique dont a besoin l criture perecquienne Si la photographie peut rre dite originaire dans l oeuvre de Perec c est donc au sens o elle est susceptible de figurer comme trace des origines familiales disparues La photographie redouble alors une absence premi re ce que signifie avec clart outre la r verie sur les photographies des parents absentes du texte dans W les photographies in situ dans le film R cits d Ellis Islandis Ces images privil gient en effet des jeux de mise en abyme La grille qui constitue l arri re plan de tei portrait se prolonge en dehors de son cadre car elle y est accroch e La photogra phie d une m re et de ses deux enfants se d tachant sur une large baie vitree en plein cintre divis e en carr s par des petits carreaux figure comme en abyme sur fond de large baie vitree petits carreaux27 Comme l ana lysent Andr e Chauvin et Mongi Madini ce scrupule de la coi ncidence de lieu accuse le contraste temporel indique un coulement un cart Il signale la volont de susciter une pr sence par d faut et donc de signifier une absence et ce d autant plus que ces images fixes sont de mani re r currente au cours du film mises en relation avec un commen taire en voix off Je voudrais partir de deux d tails de ces clich s la grille et l
445. tration 5 EXIF rii r lt t fti ijpr Revenons au journal Le Monde avec ce dessin de Lionel Portier inti tul Tris tesse Ce dessin n a aucun lien particulier avec la mati re journalis tique de la page il fonctionne ici comme une plage d humour son sujet f t il morose destin e a rer la page TEXTE IMAGE En observant ce dessin nous sommes un peu perplexes Un objet difficile nommer est entour de cercles concentriques pareils ceux qui d notent sur les images les ronds dans l eau Ce n est pas le bouchon d un p cheur quoique Pobjet incline et demi immerge fasse penser une sorte de flotteur Le va et vient entre le titre signifi et le signifiant graphique nigmatique qui nous est propose aiguise notre d sir d analyse et notre besoin de nommer mis en difficult Autrement dit comment neutra liser ce bruit visuel explicitement introduit par l auteur Malgr tout le demi cercle noir ressemble une pupille entour e de son iris Quant l are il est la forme simplifi e d une paupi re Serait ce d un oeil qu il s agit D un oeil presque r vuls D un oeil qui donnant de la gite s enfoncerait dans quelque mare Le titre le fait que nous sachions que la tristesse se manifeste entre autres par la nature du regard voire l tat des yeux nous m nent comprendre que cet oculus curieusement pr sente signifi bien la tristesse Mais est ce l tout qui guide notre lecture
446. tre leur tour un texte dans le texte logique ment le livre qui en est derive et que l on trouve toujours au catalogue de Thames amp Hudson s appelle A Humument Troisi me id e le tressage d une facon ou d une autre de ces deux m canismes Sans vouloir d fricher le terrain d exp riences qu on esp re mutliples et fructueuses il convient de signaler ici une oeuvre exception x nelle dont la r ussite doit beaucoup l esprit de l criture contraintes OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES Dans Anita M 28 A Rearranged Affair ouvrage aujourd hui malheureu sement puis Salla Alatalo a invent le dispositif suivant Ayant achet en kiosque un certain nombre de romans sentimentaux les romances de type Harlequin l auteur a d abord arrach les pages des couvertures origi nales puis les a r unies sous une nouvelle couverture en appliquant un programme on ne peut plus contraint Dans le premier volume d Anita M 28 il a utilis la premi re page du premier livre originai la deuxi me page du deuxi me livre originai etc dans le deuxi me volume il a utilis d autres pages des m mes originaux etc jusqu puisement du stock complet Chaque livre du tirage artisanal est donc un exemplaire unique et constitue selon les dires de l auteur une sorte de m ta histoire on pourrait dire ici une histoire d riv e partir d une r criture par transfor mation e
447. tres beaucoup d autres abusifs contre lui seul En attendant il faut bien baiser fut ce tout seul avec sa main dans le tabou d une et la hauteur d une autre J ai sous les yeux des reproductions d sesp r es techniquement d sesp r es des bois de Gauguin pour Noa Noa Jean Jacques Pauvert et compagnie 1988 et plus que devant un livre des peintures encore je ne sais pas comment voir ces tirages je ne sais pas Il faut que je voie le papier fini qu a vu Gauguin lui m me qui tirait lui m me 14 mars 2000 Paris po me de m tro Une boucle de chaussures passant au cou du pied et c est le jour qui est affirm d une femme pas la nuit Allons elle marche paisiblement elle dort paisiblement Je me souviens d une lectrice de Des ans et des dnes me corrigeant Les femmes ne lisent pas paisiblement Pourtant il y a de la paix qui se signe sans pri re parce qu on a simplement besoin de repos en confiance L effroi ne se lit pas forc ment dans le motif Manao Tupapau Paul apporte lui un petit d jeuner jus de mangue et donne lui l amour dont tu es capable c est d j ca C est seulement dommage que les pourquoi soient des murs mont s par nous m mes macons de nos propres murs qu on ne demande qu partager tant ils sont lourds avec l objet de notre d sir c est g n reux 15 mars 2000 Paris Le peintre dit Je viens voir d autres t tes Il avait assez vu certaines autres et les
448. u de Poe peut tre vu comme une dalle quadrilatere noter que dans le m me numero de Change la variation discr te du po me de Verlaine qui enl ve une syllabe orphelin Orph e et Gas para gars nous para t pouvoir tre d crite comme la suppression des deux coins Est du po me originel De m me on pourrait consid rer certains types d haikaisation comme le pr l vement de la huiti me colonne TEXTE IMAGE En note de bas de page de Bords Le Lionnais a d crit l op ration inverse en utilisant la m taphore de l pluchage qui nous para t rappeler l expression d Andr Saint Lague peler un poly dre et de l extraction des noyaux deux m taphores qui masquent celle de l chiquier L origine chiqu enne de ces pr l vements risque d tre encore plus enfouie dans l oubli depuis qu Ian Monk dans Les tats du sonnet 2002 a rapport des exemples de ce gerire une forme propos e par Marcel B nabou sous 33 x Pine le terme de sonnet lt gigogne gt qui en est manifestement d riv e Georges Perec et la polygraphie du cavalier La polygraphie du cavalier utilis e par Perec est une contrainte litt raire mais nous la prendrons ici comme une contrainte po tique poi tique au sens large Il l voque propos de son futur livre dans Esp ces d espaces 1974 mais c est dans le numero special de L Are qui lui est consacrd en 1979 qu il donne Quat
449. u plaisir tout intellectuel que le lecteur d aujourd hui peut encore tirer de certe poesie Alain Chevrier TEXTE IMAGE Fabrique de Saint Pierre du Vatican La cloche de La Roquebrussanne V LAS AS AL V S LAS ATA SAL S A T R T A S TRE R T R E C ER c R U X E C I CE A H G EL Z C a C T Ho T C M I H I HI M V I H I M I H c V I G V I M X MI ME e GV F ERI HI MX V XD O M I N IME V F E RI Hi MX VR V YX D 0 MI N I M F E R I HI MX VR C RV X D 0 MI N I V F ERI HI HX VR V X D O MI NIM G V F E RI HI MX V X D 0 M I N I ME I G V S E X E S ME C V I T SET S C v M Q T S T Q M V OT Q V S T H O M a S A V Q V A de A Q V I H O MA V A M S MA MS ES MS E M ES EM P M E M P E F M P E A REPERA 0 DA RE RA D O 0 R 0 DA RA DO R 0 Une cloche extraordinaire en bronze anime la chapelle de Notre Dame de La Roquebrussanne Import e du Vatican en 1730 cette cloche est d cor e d un palindrome forme de 295 caract res dispos s sous forme de mots crois s L inscription mesure 21 cm de haut et 15 8 cm de large dat e MDCCXXX avec en pied OPUS INNOCENTY CASINI ROM FVND REV FABR S PETRI IN VATICANO Le d cryptage et la traduction en ont t assur s par l abb Menin cur doyen de La Roquebrussanne et figurent ci apr s La Croix est pour moi le salut certain C est la Croix que toujours j adore Croix Ang lique La Croix du Seigneur est avec moi La Croix La Croix est pour moi un refuge Saint Thomas d Aquin Fan du seigneur 1730 oeuv
450. uand la contrainte l y pousse Mais la fin de son parcours ce livre n est plus qu une montagne de papier devant laquelle on reste fig en at tendant qu une souris en sorte pour nous donner un signe de vie un petit cri un clin d ceil Apr s Tom le roman monosyllabique de Ren Droin voil donc un nouveau livre d un des enfants de Perec ranger aupr s de ceux du p re qu il a adopt et de ses grands oncles de l Oulipo Le motif de l entreprise est louable et plus encore le travail effectu mais on aurait aim plus de distance plus d originalit par rapport au mod le A C Fabrice Vigne T S L ampoule 2003 179 p Apr s une T S Tentative de Suicide ce qu on n apprendra qu la fin un ado raconte au psy de service sa vie dans son coll ge dans son quartier dans sa famille dans sa t te Le fond est un bon compte rendu psychosociologique de cette generation L criture est ais e unie mais l ensemble est assez grisatre Des rappels d articles du Petit Larousse 1940 son garde fou ponctuent le r cit L auteur aime manifestement les mots mais on se prend regretter l humour des approximations langagi res de La Vie devant soi d Emile Ajar o un jeune narrateur produisait un dis cours dans les m mes conditions Mais il faut bien commencer un pre mier roman prometteur A C OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES Henriette Walter et Pierre Avenas L tonnante histoire des noms des m
451. ucs et les trucs un assureur les gestionnaires encore un comptable des plantes un patron une secr taire qui est aussi une amante des secr taires qui sont l juste pour bosser des femmes de m nages porto ricaines et chinoises et indon siennes ainsi pour ces derni res musulmanes encore un comptable avec une secr taire qui tait sa maitresse avant qu il la quitte pour une autre plus jolie un patron des boites informatiques qui harc le ses gens jusqu ce qu ils veuillent tous se jeter par une fen tre un autre patron qui pour l instant demeure plut t 205 ILLUSTRATIONS papiers peints de toutes les couleurs qui cachent le beton le pl tre et le mortier et les peintures choisies pour taire chez soi un peu mais pas trop des calendriers avec les femmes presque nues avec les sportifs d biles des stars de cinema et de la chanson ou bien un choix de paysages exotiques et des posters pareils puis des photos de famille la femme les enfants ou des chiens et chats puis des quipes de base ball des facs de basket ball puis de foot am ricain ou les photos de promotion avec toutes les copines et ou tous les copains ensuit sympathique mais il sera sans doute aussi m chant que ses comp res bientot encore un comptable avec ni maitresse ni femme d m nage et a la place une connexion a l internet haut d bit puis quelques peres de famille d vou s plusieurs violeurs et un
452. uction de Brassai et que l on se penche sur la nature m me des textes r unis dans Paroles en l air de curieuses divergences avec les images de graffiti se manifestent Une premi re diff rence con cerne videmment la mani re m me dont l auteur dit proposer les conver sations Pattention du lecteur contrairement ce qu il fait lorsqu il pr sente au spectateur des fragments du visible il s abstient ici de tout re cours un appareil d enregistrement ou de reproduction Brassai ne fait confiance qu sa m moire refusant explicitement l emploi du magn to phone aveu d autant plus tonnant que certaines conversations n auraient t transcrites que dix ans apr s avoir t entendues au comptoir En soi pareille pratique n a videmment rien de r pr hensible Mais quand on 29 DOSSIER appuie tellement sur l esprit photographique qui a guide l exercice le pro bl me est cruciai Or Brassai insiste bel et bien sur le caract re photogra phique de son criture Ce geste ne devient compr hensible que lorsqu on d couvre la d finition brassai enne de l esprit photographique qui n a rien voir avec la reproduction m canique du r el mais qui s enracine fonci re ment dans une conception tout fait classique de l artiste seul capable de faire dans le r el la s lection qui s impose grace ses dons d observation et d application Regarder avec plus d attention qu autrui puis faire le geste personnel et cr ateur
453. uelle C est pourquoi Bernard Cerquiglini propose de definir l criture me dievale et l inscription informatique par la m me notion celle de variance On peut invoquer ici un po me de Jacques Roubaud qui relie la mo bilile du texte l id e de variante elle m me rattach e la pratique d une lecture courante Il est possible d envisager cela le maintien de po mes dans un tat de variantes perp tuelles d eux m mes chaque po me n est qu une variante il n y a pas de vraie version comme une extension relativement mesur e r gl e intentionnelle limit e d une pratique de lecture qui est extr mement banale ancienne r pandue puisqu en general involontaire et par hasard Mat riellement le Moyen Age avait inscrit l hypertextualit dans le dispositif du livre glos que Mary Carruthers d crit de la facon suivante les commentaires compil s sont crits tout autour du texte autorit et y renvoient par des liens soulignements 4 Tenere rouge symboles heu ristiques et autres signes de ponctuation La proximit du texte medieval et de l hypertexte se retrouve ainsi jusque dans la possibilit d un interventionnisme extr me o la lecture ajoute de la mati re discursive au texte lu L histoire de la reception initiale du Proslogion d Anselme de Can terbury est ici clairante un lecteur inconnu Gaunilon fit une criti que du texte d Anselme qu il crivit simplement s
454. ules tait choisi quand nous avons d cou vert celui de ce colloque www ccic cerisy asso fr texteimage03 html Ces col ncidences sont fr quentes en histoire des sciences et dans la mode On ne peut que se f liciter de certe convergence A C 333 JEUX LITT RAIRES DINGBATS Alain Zalmanski Dingbats Quoi de plus normal dans ce numero Texte Image que ces jeux tout simples sur des mots mis en sc ne Entre le r bus qui joue sur le dessin pour repr senter mots et syllabes et les repr sentations strictements phon tiques LNAETOPY RVNEA3 ch res Alphonse Allais ou Louise de Vilmorin le Dingbats utilise lettres et chiffres en jouant sur leur typographie leur absence ventuelle et leur mise en forme Certains sont des classiques consid r s comme devinettes ou r bus bien avant l apparition du mot Dingbats qui est maintenant la marque d pos e d un jeu de soci t A titre d exemples des nigmes introu vables comme oncle Sophocle la devise dArago ou le fameux grand abb plein d app tit qui a traverse Paris sans souper On s amusera d couvrir des phrases et expressions d apr s les pr sentations suivantes AAEEFFIR rlaerp 000000 Contre Sion 000000 UNEDAMEUN O00000000C GLACE N RMAND SE RO ME ND RE mai le eliam rang gnar mai lle eliam rang gnar RUBRIQUE JEUX OnMi L HANDELL Ch nter aLExandre FeMme Femme FeMME FemMe femmE FEMME FEmmE N Inpresion DES CEN MO
455. un ensemble de signes pour renvoyer une certame r alit int rieure ou ext rieure fictive ou r elle peu importe il est celui qui trouve dans le r el m me les signes d une r alit differente D finie de la sorte la pr sence n est videmment pas simple co ncidence du signe et du r el mais le m canisme qui permet au r el de se s parer de lui m me et de s ouvrir un processus herm neutique sans fin L oeuvre de Brassai dont les images de graffiti radicalisent d s les ann es 30 le projet de t moignage social entam dans Paris de nuit 1933 est une belle illustra tion de certe d marche typiquement surrealiste TEXTE IMAGE L objectif de la pr sente contribution n est pas de discuter la justesse ni la pertinence de la th orie de Krauss fascinante et s duisante en ce qui me concerne Ce qui va me retenir est une tout autre question qui tient Fune des cons quences pratiques que l on peut d river de son postulat m me En effet s il est vrai que le mod le du photographique comme cart permet de donner au surr alisme la coh rence que semble lui d nier l h t rog n it de son intervention dans divers m dias peut on en con clure que les surr alistes travaillaient de la m me facon lorsqu ils passaient d un m dia l autre L exemple de Brassa f dont le caract re surrealiste n est gu re mis en question prouve qu il n en est rien Je tenterai de mon trer d abord en quoi Brassai c
456. un nom de famille Mais au lieu que dans le second temps ces lettres composent un autre mot par un arrangement diff rent selon un vecteur lin aire ici les lettres sont prises pour leur valeur figurative et e est sous certe nouvelle forme qu elles entrent comme l ments dans un dessin en se fondant avec les autres l ments dans un espace 4 deux dimensions Entre ces deux temps de d composition et de recomposition il s est produit un temps interm diaire virtuel de passage de l crit au figure Lors de ce temps interm diaire l auteur ne se contente pas de trier les lettres et d identifier la forme qu il voit en elles mais il intervient en leur faisant subir des modifications alors que pour les anagrammes les lettres ne sont pas modifi es et sont r arrang es sur la m me ligne Ces modifications peuvent porter sur trois param tres 1 leur forme les lettres de d part qui sont de trois types que nous appelerons par approximation capitales romaines ou cursives peuvent changer de forme une lettre de cursive peut devenir une capitale etc 2 leur taille celle ci peut tre agrandie ou r duite mais les modifica tions peuvent porter seulement sur leur hauteur lettre allong e ou rac courcie leur largeur lettre troite ou tir e en largeur ou leur paisseur lettre amincie ou paissie 3 leur position les lettres de d part peuvent subir des inversions soit droite gauche selon un
457. un norma lien pur jus mais ni lui ni Georges Chennevi re n taient attach s ces pr occupations philosophiques ces conceptions po tiques et ces aff teries de style toutes fin de si cle au point d crire un tei chef d oeuvre satirique Celui ci est de la patte d un autre crivain avec une griffe aussi rapide et m me plus cruelle que celle d un Georges Fourest pour prendre un parangon du temps Comment ne pas penser Jean Dayros dont un exemplaire du recueil Les Solitaires vers 1898 est mentionn sur le ca talogue Les Fatidiques du libraire Pierre Saunier qui dispersait des livres de No Arnaud On peut consulter ce livre en microforme la BN imprim en blanc sur papier d emballage noir c est d j une parodie de F cole symbolarde qui pr sente d tranges ressemblances avec Mes tats d ame concernant la liste burlesque des ouvrages parafare les jeux avec les titres sous titres et pigraphes les mots majuscules les n ologismes le m lange des tons les vers libres sagement rim s le go t laforguien de la pedanterie jointe la blague la critique des synesth sies et de l orchestra tion instrumentale de Ren Ghil etc Cet auteur qui s affirme sympathisant 319 ESSAIS de l cole romane donc lui m me fort r actionnaire avait plus lieu de pour suivre d anciens r glement de comptes avec diverses coles artistiques et philosophiques Nietzsche Marie Jean Guyau que les deux
458. une grasse reprise p 18 Selon la m thode des po mes timbr s que Michelle Grangaud a d j pratiqu s Pastior p se aussi le po me baudelairien A 1 B 2 eta hds ayant 169 unit s Toutes les transductions qui suivent s mantiques antinomi ques syntaxiques r ductionnistes respectent la structure de r p tition du po me de d part qui est celle d un pantoum Dans la s rie des travaux qui se concentrent sur les consonnes et les voyelles du po me originai il se trouve un po me de quatre quatrains que Pastior qualifie de vokalpalindromase palindromase vocalique en general chaque vers constitue un palindrome vocalique dans le refrain o quatre mots sont permut s trois reprises l axe du palindrome se trouve dans chaque mot gingolabobi banjobiloba gobidschamingo tschingapsolarti Ce refrain voque le po me Gingo biloba de Goethe qui fait partie du recueil West ostlicher Divan dans lequel la forme de la feuille de l arbre ginkgo devient le point de d part d une r flexion sur la nature unique et doubl de celle ci mais pas seulement de celle ci Le secret que le sage tente de saisir dans la contemplation de la feuille peut claircir aussi la nature du palin drome un texte deux bouts lire en deux sens unique et doubl en m me temps Apr s quelques improvisations inspir es de certaines sonorit s on d couvre un akronymakrostichon mit gegen
459. ur dessus en minuscules et de m me que PAPA et AFIN en majuscules Nous sommes encourag s partir de ces l ments jouer sur l effet visuel du rapprochement de la forme des lettres de deux ou plusieurs mots pour tablir une relation de sens entre les mots La transformation d un mot vers l autre peut tre mise en sc ne en un gerire d ambigrammes anim s et les exemples du CD sont bien videmment beaucoup plus d monstratifs que les textes explicatifs du dictionnaire Jouant sur la substitu tion l angle de rotation le temps de lecture video la forme des lettres qui invite aux d tournements symboliques la moiti du mot oeuf est dans le mot poule le nombre de combinaisons th orique possibles tout est mati re recherche pour utiliser au mieux la contrainte qu est la coupure des mots et cr er un v ritable spectacle comme d ailleurs certaines anima tions de mot s de Scott Kim ou de Gilles Esposito Far se On trouve alors la justification du titre La Poesie 2 mi mots A Z Anne F Garr ta Pas un jour Grasset 2002 160 p Un vers de Mallarm disait ensemble la tristesse de la chair et P pui sement de la lecture Anne Garr ta le r crivant au passage La chair sera fade et vous croirez lire toujours le m me livre p 157 associe Mallarm luard en fondant sur l homologie de l amour et de la litt rarure le projet de Pas un jour pas un jour sans une femme p 11 C est pourquoi so
460. ur une diff rence g n tique majeure Le travail d Isabelle Dangy Scaillierez dans son l gance enrichit consid rablement la critique perecquienne Mentionnons en particulier son analyse de la fantaisie macabre de La Vie mode d emploi tout sp ciale ment sensible dans l vocation des caves Un puissant imaginaire de l or dure et du d chet ou du r sidu peuple les caves de l immeuble abondam ment d crites selon un processus num ratif qui renforce leur pouvoir de sugg rer la d composition p 152 Si bien que c est le roman tout entier qui dans cette perspective se d finit comme un roman du cadavre Les r cits policiers si discrets sur ce th me d robent rapidement au re gard le corps de la victime mais celui ci r appara t partout ailleurs vestige rebut d pouille moisissure d sint gration p 154 Le romans perecquien est finalement lu de mani re tr s neuve comme le roman familial de l enfant mort la particularit du roman familial dans La Vie mode d emploi est qu il s agit de la r verie paradoxale de l enfant mort Le r cit vient imaginer l o l enfant mort ne peut plus le faire pp 174 175 Citons galement les r flexions sur la r currence dans l oeuvre entier du th me du doubl qui r inscrivent Perec dans la tradition romantique europ enne On ajoutera sur ce point que la notion d anxi t de Pinfiuence formul e par Harold Bloom pourrait permettre de
461. urs alexandrins des po tes grecs Aristophane de Byzance Photius Proclus Didyme IV IIP si cles avant notre re qui la d finissent par la perfor mance musique danse qu elle implique La r flexion alexandrine s op pose en cela au silence d Aristote la place centrale du concept de mimesis dans la Po tique rend impossible la formulation d une cat gorie lyrique C est cependant Pinfiuence d Horace qui sera decisive pour la for tune de la cat gorie malgr les travaux alexandrins le silence de la Po tique ne trouve historiquement aucun contrepoids si ce n est par l in term diaire du prestige de l oeuvre d Horace Grace lui la cat gorie g n rique entre d fmitivement dans les grammaires latines qui la projettent au del de l Antiquit et se recycle dans le domarne des mod les d criture tr s loin d j de Poralit originelle p 55 Horace fait passer la poesie lyrique de Poralit l criture en en proposant une d finition la fois m trique et th matique Or l Europe romane du XV si cle voit l essor d un v ritable eulte d Horace o le po te lyrique supplante tr s nettement le moraliste du Moyen Age au d but du XVP si cle Horace est la fois l arch type du po te lyrique et l autorit supr me en mati re de po tique p 78 C est dire que la Po tique d Aristote ne peut alors tre recue qu au travers des cat gories horatiennes La transposition des th ories
462. us les sens Meme un germanophone aurait du mal comprendre ce texte tant Pemploi du langage est d constructif du point de vue du rapport entre les l ments Il me semble que ce sonnet n est pas fait pour tre lu ou interprete en tant que sonnet ind pendant mais je pense qu il est quand m me int ressant d y jeter un regard was baume seien dem wald sei laub den blattern wo wind bestiegen worden war der sturm erklettern wenn sprossen leitern waren spane pfostenhaft die frucht auch schale wird gewesen sein und saft TEXTE IMAGE zum beil die axt gehaut ist worden und zu hacken sobald was keimt der trieb wird triebe bliiten wachsen womit als feuer funken flammen werden glilhn so wie das schwanken kahl war und das rauschen griin das angebaute nicht gekreuzt wird mit gesatem weil nicht das roden knickte was das brechen mante ob mit den asten zweiten wurzeln wurden stamine die nagel waren schraubendes das nageln ha mmer obwohl was morscht das durre wird welken verfault damit vom baum gepflanzt wird dies gewachs als kraut 3 ce que les arbres seraient lafor t lefeuillage le serait auxfeuilles ou le vent avait t monte la temp te grimper si les barreaux taient des chelles des copeaux des poteaux lefruit aura t il t aussi pelure etjus la hache a t fagonn e en merlin pour hacker des que ce qui germe estpouss e poussent despouss es des bourgeons avec quoi br
463. ut tte sans cons quences quant l id ologie m me du texte le texte romantique continu et unitaire dont la monumentante est garantie par l autorit de son auteur ne saurait sub sister comme tei dans le r seau dynamique constitu par l hypertexte De ce point de vue on peut consid rer que l hypertexte met formel lement en oeuvre les quelques traits qui d finissent la pratique quotidienne et refoul e de la lecture courante ainsi d crite par Italo Calvino La lec ture est une op ration discontinue fragmentaire Ou mieux l objet de la lecture est une mati re punctiforme et pulv ris e On renverra galement l vocation de la tm se qu implique ce type de lecture dans Le Plaisir du texte le r cit le plus classique porte en lui une sorte de tm se affaiblie nous ne lisons pas tout avec la m me intensit de lecture un rythme s etablit d sinvolte peu respectueux l gard de Vint grit du texte l avidit m me de la connaissance nous entrarne survoler ou enjamber certains passages pressentis ennuyeux pour retrouver au plus vite les lieux br lants de l anecdote nous sautons impun ment per sonne ne nous voit les descriptions les explications les consid rations les conversations Ces La discontinuit et la mobilit hypertextuelles paraissent en somme on ne peut mieux convenir la perspective fondamentalement postromantique qui d finit dans le renoncement a Pa
464. ut inciter le lec teur ne pas consid rer la croissance comme un processus familier cyclique ternel sans surprise mais regarder de pr s pour s tonner de certe force trange capable de transformer apparemment une chose en une autre La continuit de ce processus se refl te dans la r p tition du m me vers tandis que la diff rence visible entre ses diverses tapes est voqu e par les nombreuses c sures qui sont bien sur visuellement accentu es par la r p tition les blancs verticaux cr ant un effet bien insolite La deuxi me partie publi e en 1993 comprend 56 sonnets Czernin y introduit quelques autres champs semantiques le corps la nourriture la maison la pens e la sensation etc Les sonnets qui ont pour sujet les processus germer pousser murir et faner forment la transition avec la troisi me partie Le sonnet wie wohnen qui rappelle galement le sonnet n 70 du premier recueil est un de ces sonnets dans lesquels diff rents moments d une suite chronologique sont permut s et mis en relation dans une logique en quelque sorte folle ce qui est sans doute une des figures de pens e majeures du projet jetzt da es keimt und also treiben wird ist das was trieb bevor es treibt das was gewesen sein wird bevor es sein wird indem was trieb nicht trieb wahrend es bluht sondern was trieb so lange trieb bis es nun treibt jetzt da es reift und also bluhte ist das was treibt
465. uteur y est en effet explicitement distingue en se voyant attribuer certains segments textuels du narrateur comme des personnages Ainsi dans L Enl vement d Hortense entre bien d autres exemples le man ge secret d Hotello dont Laurie et Carlotta ne semblaient pas conscientes m intriguait Je sais maintenant puisque je suis en train d crire ce roman donc puisque je sais tout quel avait t le but d Hotello en s installant dans ces lieux Jacques Roubaud L Enl vement d Hortense Seuil coli Points 1996 p 68 40 Voir notamment La Biblioth que de Warburg op cit p 91 41 Si Jacques Roubaud peut affirmer L art oulipien on le sait et on le v rifie sans cesse plus est en grande partie un art orai La Biblioth que de Warburg op cit p 208 il n en reste pas moins que l ceuvre d un auteur comme Perec se situe beaucoup plus du cot de la lettre que de la voix OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES Chantal Robillard Litt rature jeunesse a contraintes Des boutons et des lettres Exercices de style I Raymond Queneau illustre par 70 graphistes et illustrateurs Gallimard jeunesse 2002 160p Ah que voila un bel album qui ravira petits et grands Un ouvrage assez cher mais qui vaut la peine d tre achet conserve lu et relu feuillet et re feuillet Pr cipitez vous avant que l dition ne soit puis e Aucune de vos lectures et relectures de ce livre ne sera semblable l
466. utrement plus ing nieuses ou stimulantes les Dix Commandements peuvent pa rafare un rien simplistes Toutefois l exemple du recueil compose par Blincoe et Thorne montre qu il n y a pas lieu de condamner a priori de mani re peut tre un rien hautaine ce genre d exp riences Directement inspir s de l exemple du groupe danois ces auteurs anglais en partie anonyme Blincoe tant le pseudonyme d un collectif non identifi proposent ici un chan tillon de nouvelles certaines br vissimes d autres proches du r cit d j qui pr tendent obtemp rer mais dans le domaine litt raire certe fois ci des contraintes un peu analogues premi re vue les r gles choisies pa raissent carr ment r actionnaires on veut avant tout raconter une his toire on pr f re le contenu la forme on refuse la ponctuation so phistiqu e on cherche intervenir sur la pian thique etc et il est difficile de voir en quoi les contraintes choisies pourraient stimuler l acti OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES vite cr atrice de l crivain Que penserpar exemple d une r gie qui interdit les interventions d auteur ou qui impose le recours aux vrais noms de mar que pour designer les objets de la soci t de consommation environnante Et pourtant le volume en question offre de tr s bonnes surprises et s avere d une qualit presque constante On est loin ici de tous les st r otypes et de toutes les ficell
467. uves en 1904 dont on ne connait ce jour que trois exemplaires fut r v l e par Noel Arnaud et Francois Caradec dans leur Encyclop die des farces et attrapes 1964 et St phane le Couedic le presenta au Colloque des Invalides de 2001 Les D liquescences d Ador Floupette qui ce recueil est d di ouvrait la poesie decadente et symboliste ce recueil la ferme pour ne pas dire l xach ve Le pseudonyme sonne comme le Comte Robert de Montes gwiou Fesensac Citons le d but de son Manifeste exot rique au ton fracassant Le romantisme est d funt Le r alisme est crev dans les immondices Le symbolisme s vapore en un vague processus de pr cio sit s supercoquentieuses Que reste t il MOY La vie c est la mort a dit Claude Bernard Et moy je dis la mort c est la vie Etc Ce moy se OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES rapproche du l orthographe des maurassiens Le Roy et l on rencontre aussi quelques graphies derridiennes avant la lettre comme l autheur Il a recours trois types de formes des po mes en vers r guliers des po mes en vers libres Rythmes amorphes la Franc Nohain et des pro ses Quelques aphorismes accrochent l oeil Ferme les yeux et tu verras Tout est peu et rien n est beaucoup Les mentions des nuances mestissimo adagio afefetuosi languido et tutti quanti ponctuent ces tex tes comme des pi ces de musique Typographiquement
468. ux Lysippos nous vimes Gladys un grand bois de lys dormant lyrique sous les hyalins voyants du ciel Car vous y vites le nid d un alcyon panni les lys non sur un lit anonyme vii vos yeux Gladys nous primes pension Gladys Chut CR ATIONS CONTRAINTES Viens Un layon dans les lys conduit sur la syrte Vois les chrysis partout Gladys Mon pied nu est sourd l ivy des chrysis Amour Mon satyre suis ta nymphe Chut Moi d opiner aux lys aux symbioses mystiques hochant panni les lys o s hydrocutaient les chrysis Car vous vouliez Gladys un enfant lys voir la mer o Cypris naquit l Olympe aux poneys gris cyan et souffrir l hymen donnant fruit A moi yeux d oaristys feux ma nymphe qui font rougir Cher larynx qui voyage sur trois syllabes Faisons le Purs lys seins joyaux surgis syncop s dans le layon qui s illuna Soyez lui noyers puissants symboles chibres du layon Vous petits tyrans du sol myriades fuyez A moi nymphe a son pubis dans l onde du myrrhin Nymph as du soir 241 Opium des grands lys L iynx J attouche Tout y est vrai Triangle nu Dy d Aigypte Cou nymphal Voir brul Hanches yin ou yang Cuisses d or la cyprine vous parfume Sois lynx annexion Plus lynx encor Ily a du thym N oublie pas mon pied nu Gladys Jouis gypan Jouis saty
469. vec quelques milliers de lignes compos es de let tres des motspris dans le dictionnaire qui ont t rassembl s d une autre fagon Toute oeuvre dans certe perspective n est donc qu un ar rangement singulier une mise en ordre particuli re d une quantit d ter min e de lettres ou de mots Si l on passe du texte l image il est clair que d s PAntiquit les frises ainsi que toutes les figures d coratives fon d es sur la r p tition et la combinaison d l ments g om triques simples ont t pr c d es d une r flexion sur les conditions d un assemblage effi cace de droites et de courbes faut il rappeler combien le nombre les pro portions ont obs d ceux qui se sont int ress s la repr sentation et TEXTE IMAGE l image La reprise d une m me forme au sein d un m me d cor montre que les artisans avaient compris la valeur esth tique de la r p tition On sait quelle influence ont eue pr cis ment les coles d coratives sur les peintres au d but du XX si cle epoque o l on voit fusionner certaines de ces coles avec les coles des Beaux Arts et o le Bauhaus s organise autour du projet d integration des diff rentes techniques permettant le travail du bois des m taux du verre etc Il est donc int ressant de dresser un tat des diverses manipulations qui dans ces deux domaines du texte et de l image ont t exploit es et de celles qui resteraient encore explorer en
470. verie Le lecteur flotte entre le visuel et le phon tique comme l expression tre l ombre de soi m me se situe dans le silence loquace du dessin de Portier Revenons ce dessin Solitud Un dispositif de contamination s mantique est bel et bien en place Bien que c te c te les figures bianche et noire forment une structure commutative De sorte que malgr la relation syntaxique nettement affi ch e la poign e de mains le clivage entre les deux entit s homomorphes ressortirait au paradigmatique tant il est vrai que de la valeur bianche 4 la valeur noire se cin tiserait une sorte de virage chimique jeu entre plein et vide positivit et n gativit pr sentation et repr sentation r el et virtuel Dans un r cent et bel article Les images racontent elles Philippe Marion rench rit sur ce point qui pose que l image est toujours susceptible d or ganiser ses composantes de sorte que le spectateur soit amene co pro duire l id e d une transformation temporelle n cessaire 4 toute mise en intrigue Va et vient mental donc qui fait de l expression tre l ombre de soi m me une formule d cid ment surd termin e Pour terminer ceci est aussi un abstract je dirai ceci Passer de certains dessins d humour leurs quivalents linguistiques est une d marche pr supposant qu une traduction est op rable A tout le moins qu un pr texte est a l origine des dessins en question Nous sommes
471. vetta et Jan Baetens Definir la contrainte Milie Von Bariter Une d finition potentielle de la contrainte Jean Marie Schaeffer Qu est ce qu une conduite esth tique Philippe Bootz Textes contraintes Jeanne Vandepol L acontrainte Benjamin Desgraves La contrainte prose Cr ations Umberto Eco Jean SOMMAIRES DES NUM ROS PR C DENTS Lahougue Regine Detambel St phane Tuff ry Patrice Hamel Pierre Lartigue Rossano Rosi Jacques Sivan Chantal Robillard Sokris Bardeche Philippe Beck Martha Lavou Claudette Oriol Boyer Daniel Bilous Michelle Grangaud Gilles Esposito Far se Marc Texier Didier Nordon Jerome Peignot Armel Louis Jacques Perry Salkow Jacques Perry Salkow Michel Taurines St phane Susana Alain Chevrier Etudes d oeuvres contemporaines Jef Houppermans Les mots et les couleurs Francis Edeline La spacialit contrainte de la poesie lettaste Michel Voiturier Nuit de ma nuit par Gaston Comp re Pascal Durand Sur la po tique des noms chez Mallarm Michel Gauthier Sur La prescription de Michel Falempin Jean Ricardou Les lecons d une erreur Alain Chevrier Oulipo Compendium Jan Baetens Electronic Book Review Clemens Aris Notes et critiques FORMULES n 5 2001 2002 DOSSIER Pastiche et Collages Cr ations Postiches et collages Albert Kies Les Sardines l instar Michelle Grangaud Sartrepo te Marcel B nabou Pastiche et Collage Ian Monk Les Revenantes des Revenentes Herv Le Tellier
472. x des artistes L art s est donc confront la contrainte d une r flexion th orique sous jacente la n cessit de mise en ordre dans la repr sentation du r el Tr s t t on a compris qu partir du 13 14 DOSSIER moment o l art propose autre chose que du d sordre il contient une con trainte de mise en ordre et donc une r flexion th orique sur le pourquoi et le comment de certe mise en ordre C est si vrai que des peintres comme L onard de Vinci insistent sur le travail th orique La pratique doit tou 11 jours tre difi e sur la bonne th orie s Depuis PAntiquit d ailleurs les investigations concernant l Uni vers se sont appuy es sur la rigueur des nombres et de la geometrie On peut citer les artistes de la Grece ancienne Le fait que l esprit des artistes est li la rationalit de la pens e philosophique de leur temps notamment par rapport au Beau et aux normes rationnelles est bien soulign par M C Ghyka Il examine leur facon de concevoir le corps humain II est permis de croire que pour les proportions du corps humain les sculpteurs et les peintres grecs avaient tabli I Un canon arithm tique pratique coefficients arithm tiques entiers ou fractionnaires dont nous trouvons les l ments chez Vitruve et qui s est transmis jusqu nos jours par Pacioli L onard de Vinci et les peintres g om tres de la premi re Renaissance 2 Un canon g om trique id
473. xion 1 1 Chine Sun Yat sen proclame R publique pr te serment comme pr sident promet tol rance en mati re religieuse amp remplace calendrier lunaire par calendrier solaire 14 7 Irak coup d tat militaire dirige par le general Kassem renverse monarchie assassine roi Faycal II amp proclame R publique 31 12 Les Alains les Su ves amp les Vandales franchissent le Rhin non loin de Mayence OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES L abondance des v nements des personnages en cause et de certains th mes r currents comme l v nement culturel quotidien se retrouvant au fii des jours n a sans doute pas permis a Michelle Grangaud de fournir les sources et index correspondants comme elle l avait fait tr s opportun ment pour son Calendrier des po tes Peut tre une invitation aux lecteurs de tisser les fils reliant les quanti mes en de multiples facettes A Z Gustavo Guerrero Po tique et Poesie lyrique Essai sur la formation d un genre Seuil 2000 210 p Le livre de Gustavo Guerrero retrace l histoire th orique d un genre la poesie lyrique dont le romantisme a fait l arch type de toute poesie Po tique et Poesie lyrique se propose donc de d passer l vidence roman tique pour redonner la poesie lyrique sa profondeur historique de l Anti quit grecque et latine l Europe moderne surtout romane France Espa gne Italie La notion de poesie lyrique ou m lique apparait chez les dite
474. yer de transposer ce syst me la cr ation po tique sous la forme sui vante faire un po me partir d un vers que l on r p te mais qu il faut transformer radicalement en y ajoutant par exemple un minimum de lettres Illustration n 14 125 126 DOSSIER Illustration n 15 2 On peut partir d une m me image ici une affiche n 16 que l on d coupera de plusieurs facons diff rentes et dont on r assemblera chaque fois les fragments d une facon differente raffiche utilis e ici a t trans form e en une sc ne de carnage puis en une sc ne de contemplation n 17 et n 18 Ce qui montre que l on peut utilement travailler sur des l ments faisant partie d un m me tout sans rien y ajouter cornine cela se fait aussi parfois en litt rature lorsque l on s astreint crire un nouveau texte avec le seul lexique d un texte source Mais en art plastique on a le droit de d couper les formes que l on veut les l ments utilis s plus mall ables que les mots pourront tre diff rents chaque organisation Cependant comme en litt rature l effet de surprise est grand car on ne s attend pas des modifications aussi importantes Et la fantaisie de l oeuvre nouvelle est d autant plus appr ciable qu elle utilise de facon plus inatten due le mat riau de l oeuvre source 1 mars au 31 mai 1995 UiSl UI a iti TEXTE IMAGE Illustration n 18 3 On peut transformer une oeuvre figur
475. yllabes francs chaos mani Les autocitations font moins sourire qu elles ne laissent le lecteur perplexe ou en proie un certain ma laise Et les citations dont l auteur propose une tr s riche collection ne sont pas suivies du nom de leurs auteurs Ce Dicomono est surtout un d conomono N anmoins il peut rendre service aux praticiens de cette contrainte ils pourront le consulter sur le net www dicomono com et ventuellement en commander le polycopi chez l auteur A C K6ji Kawamoto The Poetics ofJapanese Verse Imagery Structure Meter Trad Stephen Collington ef al Pr face de Haruo Shirane University of Tokyo Press Tokyo 2000 344 p La traduction anglaise de l ouvrage de Koji Kawamoto professeur de litt rature compar e l universit de Tokyo permet d avoir acc s un travail de r f rence sur la poesie japonaise prise dans sa globalit Le pre mier chapitre examine tr s finement les topoi de cette poesie fond e sur OBSERVATOIRE DES LITT RATURES CONTRAINTES tout sur des conventions th matiques Le second La po tique de l haiku traite du dessin de cette forme design haii o l auteur propose de distinguer une section de base based section et une section surajout e superposed section Il propose deux figures prises dans un sens large l hyperbole par insistance r p tition etc et l oxymoron opposition pour mieux appr hender la s mantique de ce po me Une anal
476. yons que des ponts dont un des piliers est toujours un mot monsosyllabique pu vu eu lient des amas formant les divers ilots plus ou moins grands Cela veut dire que les rimes monosyllabiques pu peu vent rimer avec d autres mots mono ou plurisyllabiques qui n ont pas la m me consonne d appui rendu vu voulu Ce n est pas seulement un ph nom ne linguistique tudier sur le pian de la description empirique apr s avoir mis entre parenth ses les ouvrages de versification Car cette r gie se trouve dans des ouvrages prescriptifs de l epoque lesquels taient suivis par les po tes Ces ouvrages n en donnent pas la raison mais l on peut convoquer de nouveau la linguistique pour la trouver les mots mono syllabiques sont souvent en francais des mots qu on doit utiliser souvent mais qui n ont que peu de rimes correctes correspondantes d o cette permission d exogamie Cela dit ce point n est pas vital En annexe est donne un rimarium qui constitue une paisse p 425 589 et solide base de donn es pouvant servir d autres horri bles travailleurs Cet ouvrage de m trique est impressionnant par l ampleur du corpus lapertinence des th ories insuffl es l originalit de la m thode Mieux qu une somme c est une machine explorer le vers en qu te de nouveaux ter rains Hugo semble le prochain mais il y aurait aussi revisiter les derniers moments du vieil Alexandre Le style est scientifique et sch
477. yse appro fondie d un haiku c l bre de Basho sur la voix des cigales d voile la ri chesse de ses harmoniques Le troisi me chapitre interesser au plus haut point les m triciens Apr s avoir r sum les th ses ou hypoth ses des pion niers japonais de la m trique il propose la sienne le vers japonais n est pas purement syllabique mais c est un m tre morai que Il doit tre rapport un sch ma temporel ext rieur consistant en 4 mesures de deux temps chaque temps correspondant l unite appel e mora qui correspond la dur e d une voyelle br ve Pour faire coincider l imparit de 5 et 7 syllabes avec la parit des 8 unit s du sch ma ext rieur il introduit des pauses et des soupirs La d marche peut paraitre quelque peu procust enne rappelant les tentatives d analyse en mesures temporelles d Edgar Poe pour le vers anglais et de Becq de Fouqui res ou d Etienne Souriau pour l alexandrin mais nous ne pouvons en juger car l auteur explique que ce sch ma correspond la diction de ces po mes en japonais Il tend cette hypoth se aux vers hyperm triques et aux po mes longs en vers de 5 7 et ceux de 7 5 syllabes Au cours de cet ouvrage qui recoupe l histoire des diverses formes de po mes japonais l auteur confronte la m trique japo naise avec les m triques anglaise francaise et chinoise de m me qu il dis cute de la perte des connotations dans les traductions dans ces langues Pour l
478. z Joyce qui allait jusqu tradurre les noms propres Ce caract re est sans doute un corollaire des voyages et de la plan tarisation de la culture Peut on dire que la poesie visuelle la poesie sonore la poesie con cr te soient modernes Au vrai on ne peut m me plus dire qu elles sont contemporaines puisqu elles ont vu le jour il y aura bient t un demi si cle Tout au plus peut on lier historiquement leur apparition au d veloppement de certaines techniques le magn tophone pour la poesie sonore la th orie des codes pour le po me s miotique Et Eugen Gomringer le p re incon test de la poesie concr te a insist souvent sur la n cessit de faire bref d tablir une communication synth tique et rapide dont le mod le serait TEXTE IMAGE l quation alg brique la manchette de journal le slogan publicitaire La constellation forme invent e par Gomringer 1951 1968 r pond certe exigence et r ussie trouverait sa place ideale dans un a roport Nous avons donc affaire des cr ations tr s marqu es par la technique et que n auraient pu imaginer ni Rabelais m me s il a crit sa c l bre Dive Bouteille ni Th ocrite m me s il a crit sa non moins c l bre Syrinx Il devient alors int ressant d examiner les probl mes particuliers que pose la traduction de telles oeuvres La question est la fois r elle et paradoxale En effet la Poesie con cr te n e simultan ment au Br si

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