Histoire secrète de la V République
Contents
1. Histoire secr te de la V R publique Sous la direction de Roger Faligot et Jean Guisnel Avec R mi Kauffer Renaud Lecadre Fran ois Malye Martine Orange et Francis Zamponi La D couverte 2006 Introduction par Roger Faligot et Jean Guisnel Ceux qui avaient moins de cinquante ans la sortie de ce livre et qui vont s y plon ger n ont le plus souvent pas id e de la mani re dont est n e en 1958 la France dans laquelle ils vivent et dont ils constatent aujourd hui combien elle fonctionne mal Le voyage au c ur des cercles de pouvoir de la V R publique que propose cet ouvrage a pour ambition de les clairer eux et leurs a n s Il est organis en sept cheminements th matiques et compl mentaires regroupant au total une centaine d articles et de por traits L int r t de cette organisation est d aider comprendre combien les mille et un secrets petits et grands qui jalonnent l histoire fran aise du dernier demi si cle ont jou un r le central dans les volutions de la face visible de notre R publique Le poids de l h ritage colonial Les deux premi res parties Aux origines la guerre d Alg rie et La d coloni sation et l h ritage colonial permettent ainsi de mesurer quel point les circonstan ces de la fin de l Empire colonial fran ais et en particulier la longue guerre d ind pendance alg rienne ont structur pour des d cennies le comport2. Bon gr mal gr et sans abandonner toujours les mauvaises habitudes ces services ont d voluer vers une fonction de protection face aux nouveaux d fis l islamisme radical violent le crime organis international l espionnage conomique et technologique ou la guerre dans le cyberspace On lira le d tail de toutes ces affaires et des questions que se po sent l gitimement les professionnels du renseignement eux m mes et les citoyens sur l emploi des premiers Car les cas de rechute restent fr quents on verra ainsi com ment sous la pression de la seconde guerre d Alg rie et de ministres de l Int rieur in d licats certains agents de renseignement ont r endoss leur tunique de barbouzes On le verra enfin avec la description minutieuse du r le des agents secrets dans l affaire des fr gates de Ta wan et Clearstream au cours de laquelle le pi ge s est re ferm en 2006 sur un des as des services secrets de la R publique le g n ral Philippe Rondot Le nucl aire et les grands corps de l tat au c ur de la R publique Cette affaire illustre un sch ma constant dans l histoire de la V R publique la convergence de la raison d tat principalement incarn e par l action des services se crets et la raison conomique principalement incarn e par le soutien de l tat aux grands groupes industriels et financiers commencer par ceux li s au nucl aire la d fense nationale et
3. ration et notamment auteur de Les RG l coute de la France 1998 et de La Police combien de divisions 1995 il tait le mieux plac pour d cortiquer les affaires parall les transversales autant que les faits divers politiques qui ont boulevers la V R publique de l affaire Ben Barka aux fr gates de Ta wan Plus r cemment il a sign des romans policiers teint s de son exp rience d enqu teur dont Mon colonel 1999 sur la guerre d Alg rie devenu un film adapt par Constantin Costa Gavras et r alis par Laurent Herbiet sorti sur les grands crans heureux pr sage en m me temps que ce livre Nos sept samoura s de l investigation pr sent s il nous reste en expliciter la m thode et le mode d emploi chaque auteur y compris aux deux r dacteurs de cette introduction a t impos e la m me r gle qui tient en deux mots rigueur et pr cision Et une exigence que leurs articles puissent tre lus et compris sans avoir se r f rer tout un savoir pr alable r serv aux seuls sp cialistes Au lecteur de juger si ce double d fi a bien t relev Sur le plan pratique nous devons signaler que chaque article est simplement sign par les initiales de son auteur Et qu un syst me de renvoi original gt permet cha que fois de retrouver les ant c dents d une affaire ou au contraire sa projection dans le futur ou de suivre la trace tel personnage ou te
4. au p trole Pour le comprendre il faut revenir au diamant noir de la V R publique la force de frappe nucl aire seconde priorit de De Gaulle avec la fin de la guerre d Alg rie quand il revient aux affaires en 1958 presque effac e de l histoire officielle l pop e du nucl aire qui co tera sans qu il le sache assez fort cher au contribuable a fa onn un point largement m connu la vie conomique et politique de la France pendant au moins quatre d cennies Tel est l objet de la troisi me partie de ce livre Le nucl aire et le complexe mili taro industriel qui voque notamment la mise en place de la force de frappe et du nucl aire civil partir des ann es 1950 La V R publique n est pas arriv e de ce point de vue en terrain vierge Mais elle a poursuivi avec une ardeur et des moyens accrus les efforts de la IV dans une voie qui pour tre synonyme de grandeur aux yeux des dirigeants fran ais qui se sont succ d depuis la Lib ration n en pose pas moins mille questions Les corps d ing nieurs fonctionnaires la cr me de la cr me de la R publique qui ont forg l outil nucl aire ardents et s rs que leur savoir n est rien d autre que leur bon droit et que celui ci se confond avec le bien de tous les sommes colossales consacr es ces programmes par l tat jusqu ce jour ont contribu de mani re d cisive fa onner sur longue p riode les stru
5. fran ais Ainsi on apprendra comment l loignement de la Seconde Guerre mondiale la purge du SDECE par Alexandre de Marenches en 1970 sa refonte par Pierre Marion en 1981 sa modernisation par Claude Silberzahn partir de 1989 ont progressivement loign ce service d un emploi politique et partisan vers un service de renseignements politiques strat giques et conomiques dont a besoin le pays dans le monde troubl qui est le n tre Reste enclencher vraiment comme d crit ici le contr le parlemen taire de ses actions Reste galement reconna tre ce qu on ignore trop souvent que les services secrets peuvent aussi agir secr tement certes en mettant en avant le bien commun en relation avec des administrations r ellement soucieuses de l int r t public et pour sauver des vies humaines il existe de bons usages des services sp ciaux nous voquons ici le r le de la DGSE dans des m diations interafricaines dans le soutien des processus de paix dans le d nouement de crises d otages La fin de la guerre froide a fait beaucoup par ailleurs pour faire voluer le r le de venu presque banal au fil des ann es de police politique de la DST voir les affaires des taupes rouges ou les manipulations des s paratistes bretons des RG en Corse ou au Pays basque et de certaines unit s sp ciales comme la cellule antiterroriste de l lys e affaires des coutes t l phoniques sous Mitterrand
6. plus tard cette fois au Rwanda L arm e fran aise interviendra grande chelle en 1994 dans cette ancienne possession belge et se trouvera au c ur d un g nocide que la R publique n aura pas su ni en r alit voulu viter La guerre d Alg rie ne provoque pas seulement la chute de la IV R publique Elle se trouve la source de la naissance de la V accompagnant durant un lustre ses actes fondateurs tout en les pervertissant en m me temps On a bien oubli aujourd hui que c est un coup d tat froid qui fait revenir Charles de Gaulle au pouvoir avec l op ration R surrection D s lors qu il sera install Matignon avant de devenir gr ce une nouvelle Constitution un v ritable monarque r publicain de Gaulle aura une priorit majeure conduire la guerre son terme c est dire l ind pendance de l Alg rie en n gociant avec le FLN l ennemi de la veille les conditions de l acc s de l ancienne colonie la souverainet nationale Cette ind pendance sera pilot e dans un contexte tr s particulier et surtout contraire aux id aux r publicains de la plupart de ceux qui avaient consid r l ancien chef de la France libre comme le garant du passage de la France vers une d mocratie adulte Pour faire chec la r bellion de l arm e puis POAS l h te de l lys e s installera dans une pratique politique peu conforme aux principes souvent g n reux qu il avai
7. ab mes de r flexion Organisations invisibles et groupes de pression Souvent li s ceux du domaine r serv les r seaux occultes que nous vo quons dans la septi me partie ont jou d s l origine un r le essentiel dans la gestion au jour le jour et dans nombre de d cisions politiques majeures de la vie politique et sociale sous la V R publique Certes le personnel politique lu imprime sa marque tous les niveaux de l tat comme c est la r gle dans une d mocratie Du haut en bas de l chelle qui voit le pr sident install au sommet l appareil d tat agit comme une gigantesque structure de commandement r gie par les r gles constitutionnelles Mais il faut nuancer et admet tre que l apparence du pouvoir n est pas sa r alit Ou plus exactement qu il existe une double r alit l ex cutif agit sur l administration prise au sens large laquelle re pr sente une part majeure des emplois salari s en France cinq millions de fonctionnai res soit un emploi salari sur cinq appartiennent aux trois fonctions publiques d tat territoriale et hospitali re ce qui en fait une masse lourde et souvent cog r e avec les organisations syndicales Or on le sait peu cette administration puissante est souvent dirig e depuis l lys e car le pr sident nomme personnellement chaque an n e par d cret les 6 000 plus hauts fonctionnaires et autres respo
8. convenu d appeler le domaine r serv Lequel permet cer tes au titulaire de la magistrature supr me de d cider de construire tout b timent public qui bon lui semble n importe quel prix mais surtout de n avoir de comptes rendre personne dans deux secteurs essentiels la d fense et la politique trang re Le Par lement pourrait s en offusquer il s en accommode sans un mot en France on ne dis cute pas une d cision pr sidentielle Il convient sans aucun doute d y voir une des cau ses du malaise institutionnel actuel Au bout d un demi si cle cette organisation a at teint ses limites On le verra sp cialement en d couvrant dans la quatri me partie l ampleur du champ des diplomaties secr tes conduites par l lys e En fait sous le pr texte a priori admissible de pallier les insuffisances de l administration du Quai d Orsay souvent confite dans une pesante pusillanimit un respect inad quat des pratiques di plomatiques et au final une inaction insuffisamment compens e par une vraie r activi t durant les crises internationales chacun et d abord le Parlement s est accommod d une d rive pla ant le pr sident et sa petite quipe lys enne au point nodal de l action diplomatique de la France Cette attitude est parfois un gage d efficacit et de clart d autant plus acceptable quand elle est en phase avec l opinion publique et la repr sentation nati
9. ctures non seulement de la R publique mais aussi du capitalisme fran ais Et surtout la fa on largement secr te et peu d mocratique dont ces efforts militaires ont t conduits explique bien des habi tudes de dissimulation voire de coups tordus en tous genres que l on retrouve dans diff rents domaines la finance et les m dias sixi me partie la diplomatie qua tri me partie ou la politique septi me partie La sixi me partie Finances et jeux d influences porte pr cis ment un regard aiguis sur l un des l ments cl s du pouvoir en France les grands capitalistes leurs pompes pas seulement finances leurs uvres leur fatigante impunit leurs solida rit s invisibles leur extraordinaire richesse et tous ces liens embrouill s y compris de pr varication et de concussion qui les ont rattach s et les rattachent encore au pouvoir politique et l administration L une des moins reluisantes des particularit s fran aises r side assur ment dans cette symbiose profond ment ancr e entre des hommes et quelques tr s rares femmes commen ant leur carri re dans les cabinets minist riels et la poursuivant dans les grandes et juteuses entreprises d tat O ailleurs qu en France pourrait on voir comme ce fut le cas dans le scandale du Cr dit lyonnais des pertes inimaginables 50 milliards d euros pay es rubis sur l ongle par le contribua ble sans qu auc
10. des convictions qui ont pr sid la conception de ce livre passe d abord et avant tout par l lucidation des effets tr s tranges des caract ristiques singuli res l chelle internationale de la Constitution de la V R publique La France constitue une pyramide de pouvoirs partant de ceux locaux et profond ment ancr s dans le tissu social national d une base lue comptant plusieurs centaines de milliers de personnes dans les conseils municipaux des 36 000 communes du pays Le z nith de ce syst me repr sentatif ne se trouve nulle part ailleurs qu l lys e Sous la IV R publique un coll ge de 80 000 grands lecteurs d signait le pr sident Charles de Gaulle y a mis bonne fin en faisant lire pour la premi re fois le pr sident au suffrage universel En France personne n a depuis autant de pouvoirs que le pr si dent de la R publique dont l autorit proc de directement du peuple Rien n illustre autant sa pr minence que sa capacit exclusive appuyer sur le bouton rouge du feu nucl aire Elle ne se partage pas davantage qu elle ne se discute et sous tend l ensemble de la vie publique Nous avons voulu expliciter pourquoi cette aptitude consubstantielle la fonction pr sidentielle n est pas n e par hasard avec la V R publique Alors que ce point n est pas inscrit dans la Loi fondamentale le pr sident fran ais se trouve de surcro t aux manettes de ce qu il est
11. ement des lites fran aises politiques comme conomiques Pour ne prendre que l exemple des conflits n s de la d colonisation de l ancien Empire fran ais devenu ensuite la Com munaut nous avons revisit plusieurs de ces combats difficiles de la guerre secr te contre la Guin e 1958 1973 au bourbier ivoirien des ann es 2000 en passant par la terrible et oubli e guerre sp ciale conduite au Cameroun dans les ann es 1960 1964 ou l incroyable op ration de Kolwezi 1978 La dimension militaire de la pr sence fran aise en Afrique a toujours jou un r le essentiel et m connu profond ment marqu par l exp rience coloniale Au d but des ann es 1960 la V doute si peu de la justesse de ses vues qu elle en tend m me agir en Afrique dans des r gions qui n taient pas les siennes durant la colonisation C est ainsi qu elle s aventurera en territoire anglophone au Nig ria de 1967 1970 en s engageant dans le soutien p rilleux la s cession du Biafra sous la houlette de l un des hommes qui aura l influence la plus consid rable dans l entourage du g n ral de Gaulle Jacques Foccart Souvent reli e ce qu il est convenu d appeler le complexe de Fachoda cette obsession d une France soucieuse de la pr servation de son influence aux abords de cette part d Afrique colonis e par d autres puissances europ ennes se retrouvera un quart de si cle
12. iolence sans tricheur sans voyou Mais de celle voulant que dans ce monde bru tal il demeure possible d agir y compris secr tement en ne d voyant pas les principes de base du mod le d mocratique Services secrets barbouzes et coups tordus Or les pages qui suivent le d montrent amplement la V R publique a parfois si non souvent agi avec des m thodes indignes Qu elles aient t le plus souvent d ci d es par le pouvoir politique manant des urnes ou tr s couramment par des services de l tat ou bien par certains de leurs fonctionnaires d voy s ces pratiques inadmissi bles ont t institutionnalis es durant la p riode de pouvoir de Charles de Gaulle ont perdur sous Georges Pompidou et sous Val ry Giscard d Estaing avant de ne point dispara tre apr s l arriv e pour quatorze ans de Fran ois Mitterrand et d embellir enfin sous Jacques Chirac Car la France est ainsi faite que les diff rents pr sidents de la R publique ont toujours imprim une forte marque leur poque Chacun d entre eux eut certes de bons c t s Le lecteur nous pardonnera de nous tre surtout int ress s leurs faces obscurs Celles qui justement plongent d abord leurs racines dans les arcanes des services secrets et dans le monde opaque de la raison d tat Il n est pas indiff rent de savoir que les uns et l autre sont n s sous Louis XIV avec une monarchie forte et centralis e en France Et q
13. ire des d couvertes tonnantes tout en nour rissant ses r flexes critiques face l information Y compris la n tre Car nos yeux et nous l esp rons ceux de nos lectrices et de nos lecteurs au del des multiples r v lations que comporte cet ouvrage un autre int r t majeur tirer de sa lecture est de d couvrir l ampleur insoup onn e des mutations du r gime de la V R publique apr s les monarchies gaullienne et pompidolienne la transition gis cardienne a conduit aux basculements successifs dans tous les domaines survenus sous les deux septennats de Fran ois Mitterrand L ardeur et l ambition initiales ont d finitivement disparu avec Jacques Chirac mais pas les mauvaises habitudes de se cret et de corruption Et c est presque une autre R publique affaiblie et plus que ja mais min e par les r seaux occultes politiques et conomiques qu il laisse la France l issue de ses deux mandats Il n entrait videmment pas dans notre propos de proposer des solutions pour Pavenir de la V R publique dont nombreux sont ceux qui pensaient en 2006 qu elle avait largement atteint ses limites Plus modestement journalistes mais aussi citoyens nous esp rons avoir d montr dans ces pages que le syst me voulu et mis en place par Charles de Gaulle n est plus convenablement adapt la vie d une d mocratie mo derne que le pouvoir largement sans partage exerc par l h te de l
14. le coordinateur des services sp ciaux officiels apr s avoir t le cofonda teur de la police parall le connue sous le nom de Service d action civique SAC Comme lui certains anciens r sistants heureusement pas la majorit d entre eux se sont retrouv s l avant garde des pires exactions dans les guerres de d colonisa tion Mais certains r sistants on le verra ont aussi combattu avec efficacit les ultras de l Organisation de l arm e secr te OAS qui mena ait la jeune V R publique On trouvera ici le descriptif pr cis de ces actions et des organisations qui y ont pr sid Et les r cits de moult affaires oubli es ou peu connues souvent enrichis de r v lations in dites gr ce aux enqu tes men es de longue date par les auteurs Les sur prises ne manquent pas dont la moindre n est pas la mise en vidence de la tr s trange pid mie de meurtres politiques plus d une cinquantaine de victimes tant fran aises qu trang res qui a frapp la France sous le septennat de Val ry Giscard d Estaing 1974 1981 Mais pour n cessaires qu ils soient ces rappels document s ne sauraient suffire Et c est pourquoi nous avons tenu selon un principe d ailleurs appliqu dans toutes les parties de cet ouvrage compl ter les r cits factuels et les portraits par des synth ses permettant de mieux saisir les enjeux techniques et politi ques du monde du renseignement
15. litiques et financiers avant ceux du public au prix des plus meurtriers des scandales Enfin deux institutions tr s particuli res ont justifi notre int r t car on les pr sente souvent comme des contre pouvoirs charg s de sanctionner ou de d voiler les turpitudes et d rives des autres pouvoirs la justice et la presse On le verra le tableau qui se d gage de leurs volutions durant pr s d un demi si cle de V R publique est plut t sombre Au cours des ann es 1980 et 1990 apr s deux d cennies de magistra ture couch e l appareil judiciaire a voulu intervenir bien davantage que par le pass 10 comme organe de r gulation et de sanction de pratiques inacceptables des politiques et des industriels li s l tat corruption magouilles passe droits libert s prises avec le fonctionnement optimal de l tat et de l conomie les magistrats ont mis leur nez par tout Au bilan que reste t il Pas grand chose Et il n est m me pas acquis que les pratiques ill gales ont cess pour autant Quant la presse que les auteurs connaissent parfaitement et pour cause elle est un cas vraiment part La crise profonde qu elle traverse au d but des ann es 2000 ne trouve pas seulement ses causes dans les difficult s conomiques amarr es au trans fert des budgets publicitaires de la presse crite vers les grandes cha nes de t l vision ou la r duction de ses ventes dont l appa
16. lle organisation Il est videmment possible de les retrouver aussi gr ce l index de quelque 3 000 entr es r alis par Vincent Maillet lequel a galement chafaud une chronologie tr s compl te qui per met alternativement de retrouver un v nement trait dans le corps du livre ou de le situer en relation avec les grands enjeux internationaux de l poque Nous ne sommes pas peu fiers de son travail la fin de chaque article nous proposons une orientation bibliographique vi demment non exhaustive pour en savoir plus Certains ouvrages ont t utiles l auteur mais d autres sont indiqu s afin de souligner la complexit d un sujet surtout quand il fait d bat certaines affaires de la guerre d Alg rie ou encore le g nocide du Rwanda certaines nigmes sur lesquelles les auteurs apportent une lumi re nouvelle sans pour autant les r soudre totalement etc Y figurent souvent des ouvrages contradictoires voire des m moires tr s partiaux de certains protagonistes peu distan ci s ou excessivement militants mais qu il nous semble utile de signaler pour retrou 13 ver le climat de l poque et les enjeux qui ont pr sid tel ou tel choix politique Le lecteur recherchant des clairages compl mentaires pourra s y reporter On n en vou dra pas aux auteurs d avoir choisi de m ler le souci du d tail une vision qui prend de la distance pour permettre au lecteur de fa
17. lys e ne permet pas la France de disposer de toute sa place dans l Europe en construction La V R publique poss de certes de beaux restes mais il est sans doute temps d entendre les voix r clamant droite comme gauche qu un nouveau syst me prenne sa place D aucuns r clament que la R publique se pr sidentialise que le pr sident exerce effectivement le pouvoir sans Premier ministre comme c est le cas aux tats Unis ou qu il perde la facult de dissoudre l Assembl e nationale De beaux esprits travaillent sur ces hypoth ses dont la lucidit la plus l mentaire oblige reconna tre qu il de vient plus qu urgent de les tudier 14
18. nsables des diverses commissions entreprises publiques et organismes divers Est ce bien raisonnable Une telle avalanche de nominations ne lie pas seulement le chef de l ex cutif aux cadres de la Nation Ce syst me fig laisse galement la porte ouverte des organisations invisibles des groupes de pression dont la discr tion n a d gale que la puissance empruntant des voies d tourn es pour faire passer leurs vues enchev trant connivences crois es client lisme t n breux et changes occultes de ser vices Nous nous sommes int ress s ces r seaux dont l importance est cruciale bien qu elle n apparaisse jamais dans les textes cet gard il nous a paru n cessaire de revenir sur le plus fantasmagorique de ces r seaux celui des francs ma ons qu il tait pertinent de remettre sa place avec luci dit et sans pathos Nous avons galement accord une attention particuli re au groupe de pression agricole auquel Jacques Chirac s est montr plus sensible que tout autre pr sident et qui a pourtant jou fond contre lui en mai 2005 lors du r f rendum sur la Constitution europ enne dont il n a pas peu contribu au rejet par les lecteurs fran ais Autre puissant lobby celui de la sant publique prise au sens large De l affaire du sang contamin celle de l amiante ses pesanteurs et ses appuis dans l appareil d tat ont permis qu il fasse passer ses int r ts conomiques po
19. nues Ils ont fait appel pour cela Roger Faligot et Jean Guisnel journalistes et crivains presque cinquante livres d enqu te leur actif eux deux pour piloter ce projet passionnant leur tour ils ont port leur choix sur des 11 auteurs et confr res qu ils estimaient les mieux m me de pr senter aux lecteurs chaque fois l enqu te historique la plus riche sur chaque th me R mi Kauffer tait un choix vident Non seulement parce qu il a publi une quin zaine d enqu tes historiques avec Roger Faligot mais avant tout pour sa comp tence d historien membre du comit ditorial d Historia fin connaisseur des m andres de la guerre d Alg rie son OAS histoire d une guerre franco fran aise est devenu un classique ou des arcanes de la R sistance et du r le des r sistants et de leurs r seaux dans la V R publique ce dont t moigne son roman vrai publi en 2006 Le R seau Buc phale Renaud Lecadre est journaliste Lib ration Son traitement pointilleux des grandes affaires politico judiciaires justifiait qu il compte parmi nos auteurs Il porte le regard aiguis de l enqu teur non partisan sur l une des particularit s de notre R publique les r seaux Son ouvrage crit avec Ghislaine Ottenheimer sur celui de la franc ma onnerie Les Fr res invisibles 2001 est devenu une r f rence Il participe gale ment au collectif de journalistes publiant sous le p
20. onale Ce qui fut le cas bien des reprises notamment sous Charles de Gaulle discours de Phnom Penh en 1966 sous Fran ois Mitterrand guerre du Golfe en 1991 ou Jacques Chirac Bosnie en 1995 invasion de l Irak par les tats Unis en 2003 Pour autant cette pratique comporte tant d inconv nients qu elle a fait maintes reprises la preuve de son inad quation Singuli rement quand il s est agi pour la France de mener une politique trang re domin e par l action secr te les solidarit s inopportunes avec de monstrueux despotes les ventes d armements parfois carr ment ill gales des r gimes condamnables sans oublier la prolif ration de la technologie donc de l arme nucl aire dont la France aurait avantageusement pu faire l conomie Nous sommes donc revenus non sur l ensemble de ces dossiers la t che eut elle seule exig plusieurs ouvrages mais sur certains de ceux qui sont rarement voqu s et qui nous ont paru significatifs Comme la solidarit inavou e avec Isra l d s les ann es 1950 l action pour le moins ambigu de la France lors de la guerre des Ma louines en 1982 le pr t de gendarmes fran ais la monarchie wahhabite d Arabie saoudite en 1979 les complicit s invraisemblables de Paris avec le r gime alg rien des ann es 1990 ou le r le m connu de la France dans la politique libanaise et la r solu tion 1559 de PONU en 2004 autant de dossiers qui ouvrent des
21. rition de la presse gratuite est loin d tre la seule cause D cr dibilis e par une connivence devenue criante avec le politique trop souvent actrice docile des jeux politiciens dirig e par des hommes dont la pratique quotidienne est intimement imbriqu e celle du pouvoir elle a pour l essentiel perdu sa noble fonction de contr le Nous n en faisons pas myst re bien que la potion soit am re Le comment de ce livre m thode et mode d emploi Ce n est videmment pas un hasard si cet ouvrage para t aux ditions La D cou verte dont les origines avec Fran ois Maspero qui a cr sa maison en 1959 et l histoire depuis 1983 ainsi que la profusion d ouvrages d enqu te et de r flexion cri tique ont accompagn troitement celles la V R publique Les publications de cette maison souvent des livres d enqu tes mordants ont fr quemment fait date Pour ne prendre que deux auteurs malheureusement disparus en 2006 on songe aux livres sur la torture en Alg rie de Pierre Vidal Naquet ou l enqu te d Anne Marie Casteret sur le scandale du sang contamin cit s en bonne place dans le pr sent ouvrage Fran ois G ze et Hugues Jallon les responsables de La D couverte ont caress le r ve de b tir un ouvrage la fois tonique rigoureux et le plus complet possible livrant le premier panorama global de cette sorte et privil giant les approches nouvelles sur des affaires qu on pensait con
22. seudonyme de Victor Noir dont le premier ouvrage a t remarqu Nicolas Sarkozy ou le destin de Brutus 2005 La plume de Martine Orange ancienne du Monde pass e Challenges puis La Tribune est une raret journaliste conomique pour qui aucune des grandes entrepri ses fran aises ne poss de le moindre secret elle sait comme personne d cortiquer les affaires les plus complexes et les rendre accessibles tous Le lecteur jugera sur pi ces avec entre autres son chapitre sur le dossier inextricable du Cr dit lyonnais Ses livres d enqu te Une faillite fran aise 2003 avec Jo Johnson et Ces messieurs de Lazard 2006 nous ont convaincus qu elle traiterait avec talent et efficacit les dossiers conomiques de la V R publique Nous ne nous sommes pas tromp s Fran ois Malye est journaliste au Point Enqu teur exigeant il peut porter son re gard curieux de tout sur bien des sujets Mais il a un th me de pr dilection la m de cine et Dieu sait si ce sujet si peu trait dans la presse et l dition fran aises se pr te une critique ac r e Auteur d un livre sur l une des pires catastrophes de sant publi que qu ait connues la France Amiante 100 000 morts venir 2005 il ne pouvait que nous rejoindre Nous nous en f licitons Francis Zamponi ne s est pas content d ouvrir l pineux dossier corse Ancien res 12 ponsable de la rubrique Police du quotidien Lib
23. t dit vouloir instaurer Gr ce aux pouvoirs sp ciaux avec les services sp ciaux on m ne des op rations sp ciales savoir non seulement secr tes mais surtout aux limites trop souvent franchies de l tat de droit En passant par la cr ation de polices et d officines parall les qui agissent hors de tout contr le d mocratique commettant des actes en contradiction avec la Constitution m me de la V R publique pourtant tout juste approuv e par le peuple souverain Cette influence des pratiques inacceptables enl vement meurtres attentats mani pulations dans le fonctionnement des services secrets RG DST SDECE et DGSE est pr cis ment voqu e dans la cinqui me partie Services secrets et raisons d tat Car c est encore au cours de la guerre d Alg rie que les agents des services ont appris s affranchir sans scrupule des r gles de base qui r gissent en principe l action des bras occultes de la R publique Aucune d mocratie au monde ne saurait sans doute se passer de services capables d agir aux franges de la loi parce que les guerres secr tes qui se m nent partout y compris contre la France ou ses int r ts ne sauraient se combattre exclusivement avec les r gles en vigueur dans les chancelleries Le probl me rencontr de ce point de vue par la V d s sa naissance et les critiques que ces pratiques ont suscit es ne proc dent donc pas d une foi na ve dans un monde sans v
24. ue leur symbole n tait autre que le Masque de fer Les plus anciens se souviendront comment dans les ann es 1960 Le Canard encha n tenait sous la plume d Andr Ribaud et illustr e par Moisan la Chronique de la Cour les cer cles du pouvoir gaullien y taient peints sous les traits du Roi Soleil et de ses courti sans tandis que le palais de l lys e prenait les allures du ch teau de Versailles Et le nouveau Masque de fer porte alors un nom celui de Mehdi Ben Barka dont le corps est sans doute jamais disparu apr s qu il a t kidnapp en 1965 par les services sp ciaux marocains avec l aide de barbouzes fran aises Et sur lequel l tat se re fuse toujours aujourd hui ouvrir toutes les archives au nom du secret d fense et de la raison d tat L affaire est devenue le symbole du mauvais usage des services sp ciaux Et ce la d autant plus qu l origine le SDECE plus tard rebaptis DGSE et la DST sont n s dans la r sistance au nazisme et sous l tendard de la France libre pendant la Se conde Guerre mondiale Les d rives et les bavures d anciens r sistants une fois de Gaulle au pouvoir et encore plus avec ses successeurs Georges Pompidou et Val ry Giscard d Estaing demeurent un vrai sujet de m ditation Le r le cl de Jacques Foccart qu on retrouvera souvent travers ces pages est cet gard embl matique puisqu il fut
25. une condamnation autre que symbolique ne vienne frapper les fautifs La connivence effarante liant entre eux les membres des grands corps de l tat au premier rang desquels l Inspection des finances suivi par le corps des Mines explique bien des choses Mais comment d gager les grands principes de cette solidarit et comprendre pourquoi et de quelle mani re ces quelques dizaines de hauts fonctionnai res ont pris les r nes des grandes entreprises pouss s par leurs corps tir s par les lus accompagn s par des l gislations accommodantes Nous nous sommes attach s d cortiquer ces l ments pour offrir au lecteur quelques d couvertes bouriffantes L immobilier les travaux publics le p trole l adduction et la distribution d eau les autoroutes les t l communications la banque les armements l nergie nucl aire m ritaient assur ment qu on d crypte leur fonctionnement opaque propice la corrup tion De m me on d couvrira quel point l efficacit technocratique a promu l intrusion du Big Brother informatique dans la vie priv e des citoyens tait il in vi table que ces d rives constituent le prix payer pour que la France soit un des pre miers exportateurs mondiaux ou que sa modernisation soit un succ s durant ce demi si cle Nous ne le pensons pas et nous essayons d expliquer pourquoi Domaine r serv et diplomaties secr tes Cette explication c est l une
Download Pdf Manuals
Related Search