Translucidité des couleurs – le phénomène décisif.
Contents
1. dada sme le cubisme le Bauhaus le d but de la peinture abstraite et du surr alisme Tous ces nouveaux courants ne correspondent toutefois pas sa vision des choses il s engage sur une autre voie Devenu autodidacte il va acqu rir le savoir dont il a besoin par des recherches personnelles en effectuant des comparaisons sur les originaux dans les mus es et en proc dant de fa on empirique dans son atelier Durant les d cennies consacr es ces recherches et parall lement ses activit s artistiques il r dige une tude sur la technique de la peinture l huile et aux r sines Vietinghoff y d finit galement la translucidit comme la quatri me propri t de la couleur Il semble que ce soit une premi re dans la litt rature sp cialis e e Translucidit saturation des couleurs par la lumi re le contraire r flexion matit Ainsi toute couleur et le blanc comme le noir peut tre translucide ou opaque L opacit ou la translucidit ne d pendent pas uniquement de la quantit appliqu e mais aussi des liants et de la densit des pigments autrement dit de leur quantit dans la compo sition Des couleurs p les peuvent aussi tre moins imperm ables la lumi re que des couleurs brillantes si elles la refl tent plus intens ment et ne laissent pas transparaitre la couleur de la couche inf rieure Au contraire des couleurs sombres peuvent tre d lay es et appliqu es de telle mani re2. vlistinohef Translucidit des couleurs le ph nom ne d cisif Les trois propri t s connues de la couleur sont e leton rouge jaune bleu vert etc e la valeur clair fonc e intensit lumineux cru p le notamment la suite des exp riences syst matiques qu il fait sur la technique picturale traditionnelle des couches superpos es et du maniement des glacis fines couches de couleurs Egon de Vietinghoff d bouche tout naturellement sur une autre sp cificit la translucidit En transmettant par la parole et la pratique leur savoir leurs l ves les ma tres de jadis ont obligatoirement d en d montrer les effets et les applications Mais on a momentan ment cess de s y int resser essentiellement pour les glacis fonc s l poque du rococo puis on y revint pour un temps Mais les impressionnistes y mirent d finitivement fin Lorsque Vietinghoff se met peindre il ne conna t aucune explication approfondie du ph nom ne ni un mode d emploi d taill du traitement pratique de la translucidit Elle n est plus enseign e dans les acad mies qu il fr quente et les maigres vocations et notes concernant cette mani re de peindre ne remplacent pas l enseignement issu de la tradition L veil de Vietinghoff son art sa formation et ses d buts surviennent l poque tardive de la modernit classique et de l expressionnisme ainsi que des r volutions que sont le
3. es qui la rendent translucide C est comme si l il pouvait d terminer par quels chiffres le nombre 20 a t obtenu et dans quel ordre 20 n gale pas tout simplement 20 voir ci dessus et bleu vert n est pas tout simplement bleu vert Ainsi s explique le fait que la technique des couches superpos es offre la possibilit d enrichir consid rablement le d grad des couleurs du spectre Si le but n est par exemple qu un message publicitaire ou que pour tout autre motif il n est accord aucune valeur des tons interm diaires translucides la peinture par couches superpos es peut tre un luxe Toutefois un art exigeant comme celui de Vietinghoff qui veut atteindre l essence des choses ne peut s en passer Car cela signifierait pour ce peintre ramener un d tail le spectre des couleurs la plasticit et l effet naturel de son sujet comme de cuisiner sans assaisonnement La peinture une couche pratiqu e depuis la seconde moiti du 19e si cle est le renoncement l un des acquis essentiels de Part pictural europ en Tout d abord volontaire il est ensuite d l ignorance car le lien avec la tradition a t rompu La fa on de s exprimer s est modifi e La r volution qui abat l immobilisme et le pathos de Pacad misme et du romantisme d passe son but En rejetant la tradition les artistes ont pay pour ces changements un prix tr s lev trop selon Vietinghoff Bien qu
4. qu elles semblent plus translucides que des couleurs claires Vietinghoff tudie ce th me de fa on approfondie afin de se faire une id e claire de la diff rence entre les m langes dits additifs d une part et soustractifs d autre part effets du m lange de plusieurs couleurs en une seule apr s superposition de couches translucides sur la toile elle m me La translucidit est le fondement de la peinture l hu le et la r sine ex cut e en couches superpos es Sans viser la translucidit cela n aurait aucun sens d utiliser ce proc d car l application conjugu e de toutes les couches translucides cr e mais seulement sur la toile de nouveaux effets que ne peut obtenir une seule couleur r sultant du m lange sur la palette Si bien que c est sa qualit translucide qui appa ra t l il Cela explique que l impression g n rale produite par l application de plusieurs couches p ex chez Vermeer Goya et C D Friedrich soit si fondamentalement diff rente de la peinture une seule couche p ex Monet van Gogh ou Kokoschka Et cela sans tenir compte de l expression personnelle ou de la tendance stylistique de chacune des poques La diff rence entre translucide et non translucide est la m me qu entre une diapositive et son tirage sur papier totalement identiques par la valeur des couleurs leurs tons et leur intensit lorsque la lumi re ne transpara t pas La couleur r sultant de couche
5. dotique ou le message ventuel ne int ressent pas le moins du monde C est pourquoi les uvres de Vietinghoff comme toutes celles n es de l art pictural transcendantal ne constituent pas tout d abord une illus tration et de ce fait ne s apparentent pas au naturalisme cf ce chapitre bien qu elles soient figuratives cf galement Egon von Vietinghoff DuMonts Handbuch zur Technik der Malerei Cologne 1983 1991 Manuel de la technique picturale Textes t l charger Egon de Vietinghoff Biographie et bibliographie Technique des couches superpos es d huile et de r sine un h ritage culturel europ en Translucidit des couleurs le ph nom ne d cisif Naturalisme et ressemblance avec la nature le grand malentendu Ecole de la contemplation pure une m thode transcendante Vietinghoff le mystique et ses contemporains L uvre de Vietinghoff sujet style et statistique L art de Vietinghoff l volution artistique tentative d une structure temporelle 9100 I LEON O ER SR ES Description d uvres de la collection appartenant la Fondation 10 Description d autres uvres 11 Egon de Vietinghoff et Marguerite Yourcenar 12 Fondation Egon von Vietinghoff et ses buts www vietinghoff org Fondation Egon von Vietinghoff
6. e leurs motifs aient davantage t issus de crises plus artisanales et techniques que d ordre spirituel motionnel ils ont sacrifi les acquits pr cieux et pratiques de g n rations enti res pour s orienter pr cipitamment vers de nouveaux styles et cela avec finalement la m me insatisfaction La perte du savoir artisanal a entra n des probl mes relatifs la repr sentation picturale du sujet que l on a cru r soudre en partie par de nouvelles visions du monde Ainsi en 19 le peintre s est gar dans cette docte sentence Plus c est plat plus c est de la peinture On n avait pas d poussi r la pr cieuse argenterie familiale on ne Pavait pas nettoy e et fait briller pour la servir lors de nouvelles invitations on ne l avait pas modernis e non on l avait flanqu e la cave pour que la prochaine g n ration s en d bar rasse Ce fut l uvre du dada sme mais le savoir li la translucidit et son application faisait partie de l histoire ancienne et l image de la modernit n avait rien en faire Pour Vietinghoff les r actions aux styles nouveaux qui mergent intervalles toujours plus proches sont comparables au traitement pr cipit des sympt mes d une maladie Pour sa part il s attaque aux racines du sujet qui le pr occupe d une part la technique prouv e des couches superpos es d huile et de r sine avec ses possibilit s exceptionnelles notamment des
7. er oit toujours quelque chose qui transpara t des profondeurs la somme des couleurs tal es les unes sur les autres donne celle qui en r sulte une qualit et une plasticit propres l objet La reconnaissance du sujet par l il n est pas due la copie des formes ext rieures mais une saturation des couleurs par la lumi re qui cr e l effet naturel Le m lange de couleurs par soustraction est soumis aux lois immuables de loptique Les facteurs suivants influencent le parcours de la lumi re et la translucidit de la couleur d fi nitive Pr paration de la couleur 1 densit distincte des pigments c d quantit de poudre en fonction du volume du liant 2 formules diverses pour les liants p ex proportions selon qu il s agit de r sine de m l ze ou de cerisier avec ou sans cire etc B Application de la couleur 3 paisseur distincte des glacis la perm abilit de la lumi re diminue en fonction de la quantit de couleur appliqu e 4 ordre variable des applications de couleurs sur la toile La translucidit de la couleur n est pas la m me selon que la couleur A transpara t sous la couleur B ou le contraire B n gale pas B de m me que le r sultat 20 peut tre obtenu par l addition de 4 6 7 3 ou de 2 9 2 4 3 etc Une telle logique ne joue pas pour la peinture une seule couche car une couleur aussi subtilement soit elle m lang e avant son utilisa
8. glacis fonc s d autre part le fondement philosophique de la cr ation artistique telle qu il la ressent et la reconna t dans les uvres de ses mod les La plasticit et l impression de proximit de la nature ne d coulent pas principale ment dans la peinture couches superpos es de la capacit de rendre l effet de perspective ou d habiles d grad s Une copie fid le en ce qui concerne les proportions et les perspecti ves peut comme un dessin scientifique repr senter l espace de fa on vidente Il n en demeure pas moins qu elle n exprime ni le volume ni la sensualit En revanche une autre repr sentation avec un minimum de v ritables perspectives et des ombres discr tes peut d gager une plasticit plus grande si effet sensuel produit est d l action en profondeur de la couleur elle m me Si les surfaces color es sont cr es de l int rieur et semblent vivantes gr ce la translucidit due plusieurs couches la plasticit immanente de l objet est rendue visible La lumi re qui se refl te sur plusieurs niveaux donne du volume la couleur la laisse respirer de sorte qu elle se montre plus charnelle sans pourtant avoir t appliqu e en couches paisses L impression de profondeur qui en d coule semble plus naturelle que si elle est le r sultat de perspectives manifestes et de hachures ou d ombres Une luminosit int rieure qui semble merger de la somme des couc
9. hes elles m mes ainsi que des structu res et des rythmes pleins de vie issus des glacis alternativement clairs et fonc s remplacent bien des effets et des trucs n cessaires la reproduction de l espace et de la perspective qui s imposent dans une autre fa on de peindre La m thode Ecole de la contemplation pure tablie par Egon de Vietinghoff part du principe de la vision orient e sur la couleur Autrement dit le contenu formel et id el se dissout dans une sorte d immersion de m ditation terme que Vietinghoff n a person nellement jamais utilis L cole de la contemplation pure est un des aspects spirituels de sa conception de l art La technique des couches superpos es de glacis fait partie de son outillage artisanal qui repose sur la translucidit de la couleur Associ e P cole de la contemplation pure elle permet de transmettre la structure intime la vibration des objets L artiste qui travaille dans le sens de la peinture transcendantale cf ce chapitre plonge pendant cet tat m ditatif dans un jeu de couleurs d la dissolu tion optique de l objet Il transcende ainsi sa forme ext rieure et atteint sa nature m me Il s introduit dans le c ur de l objet il en caract rise l essence et la dynamique par des moyens strictement visuels c d sans intention intellectuelle et rend visible sur la toile uniquement l apparence des couleurs La translucidit de
10. la couleur d finitive qui d pend de la r fraction dans chacun des glacis est un ph nom ne physique d une part dont l application provoque de subtils effets optiques D autre part elle permet de percevoir lessentiel soit d appr hender me des choses Dans la transformation et la transmission des exp riences visuelles la translucidit tient un r le d terminant aussi bien au niveau artisanal que philosophique Ainsi Vietinghoff lui m me se situe dans la polarit physique m taphysique et se range de facto m me si c est involontaire parmi les mystiques cf Vietinghoff le mystique et ses contemporains Il s agit d une perception ax e aussi bien sur le c ur que sur la chair de l objet ainsi que d une construction de celui ci par couches de couleurs partir de l int rieur On pourrait dire aussi que l objet n est pas peint appliqu sur la toile mais plut t issu des couches successives par modelage C est le r sultat d une fa on de travailler contemplative ou dans un sens largi du terme m ditative Ce que Vietinghoff conna t de la translucidit de la couleur et sa ma trise de l utilisation de celle ci sont pour lui les conditions th oriques et techniques qui lui permettent de transmettre sa vision au spec tateur La forme n est qu un mod le puis apr s le processus artistique qu un r sultat appa raissant comme une transposition En effet le contenu anec
11. rs comme telles uniquement par le flamboiement des pigments sous l effet de la lumi re mission de photons elles peuvent donc appara tre dans d innombrables nuances gr ce ces infinies possibilit s de r fraction de la lumi re Si le ciel p ex est peint sur la toile avec la couleur issue du m lange sur la palette de plusieurs couleurs en tubes et cela en une seule couche plus ou moins couvrante il n y a pas de translucidit la couleur apparente est plate Le m me ciel en revanche peut surgir de l application de plusieurs glacis La couleur alors o l on retrouve les trois fameuses qualit s ton valeur intensit et qui peut tre comparable celle mentionn e en premier se distingue par sa translucidit due aux couches superpos es la uleur para t plus profonde la lumi re plus naturelle la repr sentation plus authentique D ailleurs dans la r alit galement le bleu du ciel est translucide puisqu il r sulte de effet de l atmosph re sur l espace sombre de l univers En effet la n bulosit de l atmosph re laiteuse agit sur nos yeux comme un glacis sur un arri re plan Dans la repr sentation de la nature la peinture couches superpos es offre l avantage de cr er une analogie avec celle ci C est vrai aussi bien pour la r alisation des nuages et de Peau pour les yeux la peau et les cheveux les toffes et la c ramique que pour les arbres les fleurs et les fruits On p
12. s superpos es doit sa translucidit au fait que la lumi re n est pas renvoy e la surface mais la p n tre et est r fract e sur plusieurs niveaux travers les diff rentes couches de couleur Selon la d finition de Vietinghoff la couleur de chacun des glacis en tant que mat riel n est pas translucide mais plus ou moins perm able la lumi re Il utilise le terme translucide pour le degr de saturation de lumi re de la couleur optique finale soit celle due la super position des couches G n ralement plusieurs couches de peintures fluides et plus ou moins transparentes dites glacis sont tendues les unes sur les autres En raison de la perm abilit in gale des diff rentes couches de couleur la lumi re se refl te en d grad aux diff rents niveaux des glacis La lumi re en profondeur est celle qui atteint l appr t clair apr s avoir travers les diff rentes couches et que de l elle est refl t e sans que cet effet soit g n ra lement ressenti consciemment Au retour elle est transform e nouveau car elle agit par en dessous sur les pigments des glacis qu elle a travers s Paller Les r fractions provo quent de nombreuses interactions imperceptibles certaines de couche en couche d autres dans une seule couche aussi bien l aller ventuellement jusqu au support qu au retour depuis les couches plus profondes jusqu la surface Or nous prenons conscience des couleu
13. tion se caract rise par une consistance homog ne et est appliqu e comme telle de sorte que le r sultat souhait ne peut tre modifi que par l paisseur de la couche C est ce savoir que sont dus l effet de profondeur la chaleur et la luminosit des oeuvres aussi bien des Anciens que de Vietinghoff et qui les rend si typiques Un blanc semi transparent tal sur un fond noir sec et isol appara t bleu tre un glacis noir sur un fond blanc brun tre Un orange clair glac sur du noir devient gris verd tre un glacis bleu de Prusse sur du blanc volue vers le vert etc Les Hollandais et les Flamands notamment Rubens van Goyen et Jan Bruegel l Ancien qui ont fait un grand usage de glacis clairs et fonc s ont obtenu selon qu ils ont appliqu la m me couleur sur une autre plus claire on plus fonc e des tons gris chauds ou froids dont la beaut n aurait jamais t atteinte avec des couleurs pr alablement m lang es par addition E v Vietinghoff Handbuch zur Technik der Malerei Manuel de la technique picturale Plus les glacis de couleur sont soumis la lumi re plus les effets sont complexes Tous les facteurs agissent sur la translucidit et l il humain est un organe si subtil qu il per oit ces nuances pour ainsi dire infinies selon qu une couleur a t m lang e avant son application puis tal e en une couche ou qu elle a t obtenue par des couches superpos
Download Pdf Manuals
Related Search