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un droit fondamental - Institut International des Droits de l`Enfant

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1. Le droit de conna tre ses origines un droit fondamental Lucy Mus um d histoire naturelle Gen ve 1 La pr sente contribution trouve ses origines dans la th se de doctorat de l auteure publi e en d cembre 2014 G MATHIEU Le secret des origines en droit de la filiation Waterloo Kluwer 2014 600 p La pens e de l auteure a toutefois volu depuis gr ce notamment aux nombreux changes qu elle a pu avoir avec des associations telles que donorkinderen Belgi Nederland www donorkinderen com FIOM https fiom nl ainsi qu avec le docteur Sharon Pettle psychologue clinicienne et psychoth rapeute syst mique travaillant au Royaume Uni depuis plus de 30 ans autour de la sant mentale de l enfant et sa famille Elle les en remercie vivement L auteure remercie galement chaleureusement la Fondation Brocher www brocher ch pour le cadre exceptionnel de travail dont elle a pu b n ficier propice l inspiration et la cr ation lors d un s jour de recherche en f vrier 2015 Tromper un enfant sur sa filiation peut le rendre fou D ROUSSEAU Les grandes personnes sont vraiment stupides Ce que nous apprennent les enfants en d tresse Paris Max Milo Editions 2012 p 11 Quand je suis n ma m re m a abandonn dans l anonymat le plus total Sur mon acte de naissance il y a une grande croix un X la place du nom de ma m re Je ne lui en veux pas J aimerais juste savoi
2. Les origines dans leur dimension biologique renvoient l axe corporel de la filiation le parent d origine d un enfant est alors au sens troit son g niteur La parent d signe ensuite laxe juridique de la filiation Elle renvoie un ensemble de droits et d obligations dans le chef du parent et de l enfant et permet d inscrire l enfant dans une lign e Le lien juridique de filiation ne prendra en effet naissance de plein droit ou au travers d un acte juridique que dans la mesure o l une des hypoth ses l gales de l tablissement de la filiation maternelle ou paternelle est r alis e Ainsi la biologie seule ne donne pas plus d l ments filiatifs que la volont seule si elle ne s accompagne pas d une reconnaissance par le droit La parentalit enfin s entend de l axe ducatif et socioaffectif et renvoie de facto l exercice des attributs de l autorit parentale c est dire des fonctions d ducation et de soins Si les parents g n tiques peuvent videmment tre les parents l gaux de l enfant axe de la parent et en prendre soin au quotidien axe de la parentalit tel ne sera pas toujours le cas C est pr cis ment en cas de dissociation de ces diff rentes composantes que la question de l acc s aux origines se pose b Le contexte de l tude A l origine il y a toujours quelque chose A l origine il ne se peut pas qu il n y ait rien L nigme des origines a tou
3. ou par la personne pr sente lors de l accouchement si celui ci n a pas eu lieu dans un tablissement hospitalier L acte de naissance doit par ailleurs obligatoirement mentionner le nom de la m re ainsi que celui du p re ou de la coparente si la paternit ou la coparent est tablie L inscription du nom de la m re dans lacte de naissance tablit de plein droit la maternit C est l application de l adage Mater semper certa est la m re est toujours certaine Le Code p nal rige par ailleurs en infraction d une part le fait de ne pas d clarer une naissance d autre part le fait de substituer un enfant un autre d attribuer une femme un enfant dont elle n a pas accouch de d truire la preuve de l tat civil d un enfant ou d en emp cher l tablissement N anmoins l occasion de la m diatisation de faits divers tragiques d p t d un nourrisson dans une bo te b b abandon sauvage infanticide faits sociaux certes interpellant mais qui n en restent pas moins heureusement d ailleurs marginaux le d bat sur l opportunit d introduire dans notre droit la possibilit d un accouchement anonyme est syst matiquement relanc Plusieurs propositions de loi ont ainsi t d pos es sans jamais aboutir et c est heureux Les propositions de loi visant instaurer un accouchement anonyme selon le mod le fran ais doivent tre fermement condamn es en ce qu elles oc
4. une incapacit de la femme d investir ou d assumer l enfant parce qu elle se sent trop jeune ou pas pr te en particulier lorsqu il y a eu d ni de grossesse 19 Quelques jeunes femmes refusent l enfant qu elles voient comme un obstacle la poursuite de leurs tudes ou leur carri re professionnelle 5 La crainte du rejet familial ou de la communaut pousse 11 des femmes cacher leur maternit Cette liste de motivations n est pas exhaustive on peut y ajouter l adult re un handicap de l enfant ou de la femme une maladie g n tique le d c s d un enfant ou celui du p re pendant la grossesse l tat de sant l alcoolisme ou la toxicomanie de l un des parents de naissance L tude r v le par ailleurs que le d lai l gal d IVG est d pass dans 85 des cas Les r sultats de l tude sont disponibles sur le site du CNAOP 78 En ce sens Institut europ en de bio thique Le droit de savoir d o je viens probl matique de l accouchement sous X Les dossiers de l Institut europ en de bio thique novembre 2007 www ieb eib org fr de Voyez not sur la situation des m res d origine musulmane pour qui l irruption dans leur vie d un enfant confi en adoption pourrait emporter des cons quences graves en raison des repr sentations socio religieuses propres leur soci t LAMMERANT L adoption et les droits de l homme en droit compar Bruxelles P
5. coucou expression famili re utilis e pour d signer les enfants adult rins a matre de l autre les enfants dont la paternit n est pas tablie en raison d un choix de la m re libre ou contraint de taire l identit du g niteur Les responsables de l Aide la Jeunesse en Communaut fran aise rencontrent souvent des enfants non adopt s n s d une femme c libataire et vivant seule qui partent la recherche de leur p re biologique voire la recherche de leur fratrie Dans le chef d un enfant la question est susceptible de se poser de deux mani res soit il n a pas de filiation paternelle tablie soit cette filiation est tablie mais elle s av re ne pas correspondre la v rit biologique La diff rence avec les situations tudi es ci avant est fondamentale en ce que ce n est plus le l gislateur qui est l origine de la cr ation du secret et de son maintien Il ne s agit pas ici pour le droit de rencontrer un d sir d enfant inassouvi ou de permettre une confidentialit sur l identit d une paternit L ventuel secret sur les origines de l enfant n est dans ce cas organis ni par la science ni par le droit Ni la science ni le droit ne contribuent en effet la naissance secr te d un enfant adult rin a matre ni au choix d une m re de taire le nom du p re biologique de l enfant 150 Le d ni de grossesse et l accouchement clandestin excluent par d finition c
6. l Etat partie de prendre les mesures qui s imposent pour que toutes les informations sur les parents soient enregistr es et archiv es afin que l enfant puisse autant que possible et au moment opportun conna tre l identit de son p re et ou de sa m re En mars 2005 galement il recommandait l Autriche de prendre toutes les mesures n cessaires pour viter le recours aux berceaux d accueil et d adopter et d appliquer sans tarder des dispositions juridiques et une r glementation relatives l enregistrement s par de toutes les donn es m dicales et autres donn es pertinentes sur le ou les parents en particulier le nom et la date de naissance du ou des parents et de permettre l enfant d y avoir acc s au moment appropri En ce sens galement M F NicoLaAs MaGuIN L enfant et les sortil ges r flexions propos du sort que r servent les lois sur la bio thique au droit de conna tre ses origines D 1995 chronique p 79 J P ROSENCZVEIG Peut on sortir de l opposition biologique affectif pour consacrer le droit de l enfant son histoire Contribution au colloque V rit scientifique lien psychique et droit de la filiation samedi 10 f vrier 1995 www rosenczveig com P VERDIER N sous X op cit note 23 p 74 La jurisprudence suisse partage galement cette seconde acception La restriction dans la mesure du possible qui se r f re galemen
7. ce aux tests ADN Il est aujourd hui possible de caract riser la constitution g n tique de chaque personne c est dire son g notype patrimoine g n tique d un individu d pendant des g nes h rit s de ses parents qu ils soient exprim s ou non et ainsi d identifier chaque individu partir d un chantillon organique Le recours l expertise g n tique permet de s assurer avec une certitude chiffr e le plus souvent aux alentours de 99 99 de l existence ou raison d une certitude de 100 du d faut de lien biologique entre deux personnes de quoi bouleverser le droit de la filiation dans les syst mes juridiques tels ceux de la France et de la Belgique qui ont toujours cherch r server une place c t de la v rit du sang la v rit socioaffective comme fondement de la filiation La multiplication des familles recompos es a galement particip certes dans une moindre mesure l clatement des dimensions constitutives de la filiation La relation de l enfant avec son beau parent s inscrit d sormais dans une logique non plus exclusivement substitutive mais le plus souvent additionnelle la recomposition familiale tant auparavant la cons quence de la disparition pr coce de l un des parents alors qu elle est aujourd hui le plus souvent la suite logique d une s paration Toutes ces situations nouvelles ont contribu complexifier la donne en impliquant soit dans l engendr
8. d Gen ve Schulthess 2014 pp 274 ets Ts BESSON Das Grundrecht auf Kenntnis der eigenen Abstammung RDS 124 2005 p 39 Une mission de t l r alit consacr e la recherche des origines par les enfants n s suite une ins mination h t rologue Generation Cryo a m me t lanc e sur MTV l automne 2013 c est dire Voyez www mtv com shows generation_cryo series jhtml Tg MarINOPOULOS Paroles d origines in La recherche des origines Colloque national Berne 31 mai 2007 p 49 www espace adoption ch Ibid p 53 Salu s par certains stigmatis s par d autres ces progr s de la science divisent assur ment D aucuns vont jusqu y voir un d clin irr versible de la nature au profit de l artifice G Davin La filiation gagn e par l artifice in M langes en l honneur de Jean Michaud Droit et Bio thique H Gaumont Prat coord Bordeaux Les Etudes Hospitali res 2012 p 224 Dans ce sens galement X Dion Droit naturel Tome 1 Les questions du droit Paris PUF 1998 pp 165 et s D LE BRETON La question anthropologique de la gestation pour autrui in Les incidences de la biom decine sur la parent Approche internationale Collection Droit Bio thique et Soci t B Feuillet Liger dir Bruxelles Bruylant 2014 pp 337 et s sp c p 348 De mani re plus nuanc e A Mirkovic Repenser le don de gam tes in M langes en l ho
9. de quasi universel Ce texte a marqu une tape importante dans le droit international de l enfant puisque la Convention part de l id e que l enfant est d abord une personne et ce titre peut invoquer les droits de l Homme Il est d sormais consid r comme un sujet de droit et non plus comme un simple objet Un Comit des droits de l enfant compos d experts ind pendants est charg de surveiller l application de la Convention dans tous les pays qui l ont ratifi e L article 7 1 de la Convention relative aux droits de l enfant dispose que J enfant est enregistr aussit t sa naissance et a d s celle ci le droit un nom le droit d acqu rir une nationalit et dans la mesure du possible le droit de conna tre ses parents et d tre lev par eux Une premi re difficult pos e par cet article est que le terme parents n est pas d fini Or aujourd hui plus que jamais ce terme est susceptible de recouvrir diff rentes r alit s s agit il des parents de naissance des parents adoptifs des auteurs du projet parental qui ont eu recours la procr ation m dicalement assist e de celle ou celui qui a fourni ses gam tes du g niteur de celui ou celle dont le nom est crit dans l acte de naissance de la personne qui duque l enfant Rachel Hodgkin et Peter Newell dans le Manuel d application de la Convention relative aux droits de l enfant retiennent une d finition plurielle du terme parents Ils con
10. l objet d interpr tations divergentes Elle fut ajout e en raison de l opposition de certains Etats r ticents l id e de conf rer au droit de l enfant de conna tre ses parents un caract re absolu L expression est videmment ambigu puisque la mesure du possible peut tout la fois s entendre de l absence d obstacles mat riels ou psychologiques ou de l absence d obstacles l gaux et la diff rence est de taille Trois situations peuvent tre distingu es 1 La premi re situation est celle o il est impossible pour des raisons mat rielles d identifier l un des parents par exemple lorsque la m re ne sait pas qui est le p re ou lorsqu il s agit d un enfant abandonn dans la rue Dans ce cas et m me si la Convention impose que la l gislation ne comporte pas de discrimination l gard de ces enfants les Etats parties ne peuvent pas faire grand chose Il s agit d une hypoth se o l identification n est techniquement pas r alisable 2 La deuxi me situation est celle o la m re refuse de d voiler l identit du p re pour des raisons de convenance personnelle ou pour des raisons plus graves cas extr mes tels que l inceste ou le viol S il est concevable d obliger l galement les m res donner le nom du p re la question de la sanction ad quate en cas de refus n est pas simple On con oit mal en effet que la m re puisse se voir retirer la garde de l enfant vo
11. mais aussi son impuissance l gard des choix des adultes qui le concernent Ainsi l enfant se voit il imposer les circonstances dans lesquelles il a t con u et n a videmment aucun contr le sur le silence entourant ses origines 1 Les origines c est quoi Etymologiquement le terme origine vient du latin oriri qui signifie surgir appara tre mais aussi tirer son origine de sortir de provenir de Il d signe d s lors la fois le commencement d une chose et ce qui a produit la chose ce d o elle est sortie En tant qu tre humain le terme origines renvoie ainsi l v nement de notre venue au monde soit notre naissance mais aussi au processus causal ant c dent le ph nom ne m me de la gen se de ce moment v nementiel Les origines d une personne renvoient avant tout la dimension corporelle aux origines dites biologiques La recherche de ses origines vise donc tout naturellement l obtention d informations 18 Comit consultatif national d thique France Avis n 90 du 24 novembre 2005 relatif l acc s aux origines anonymat et secret de la filiation p 5 disponible sur www ccneethique fr 7 Frs er BROCHER sur ceux qui ont permis que nous venions au monde Cette dimension g n tique de la qu te des origines a t fortement accentu e ces derni res ann es en raison des d veloppements de la science Les progr s scientifiques ont en effet permi
12. mais est aussi acteur de son histoire La recherche de ses origines ne devrait d s lors jamais tre la fin d un voyage Nous rappelons enfin que l identit d un individu n est pas unique Cette identit est plurielle et n est pas donn e une fois pour toutes mais se construit tout au long de sa vie A chacun de nous une part de son identit chappe Certaines choses tel le regard de l autre participent la construction de qui nous avons t de qui nous sommes et de qui nous serons Puisse cette part de myst re ne jamais tre perc e Caminante no hay camino Marcheur il n y a pas de chemin Se hace camino al andar Le chemin se fait en marchant Al andar se hace camino En marchant se fait le chemin Y al volver la vista atr s Et en regardant derri re soi Se ve la senda On voit le chemin Que nunca se ha de volver a pisar O jamais on ne marchera de nouveau G raldine MATHIEU Ma tre de Conf rences UNamur Charg e de projets D fense des Enfants International www dei belgique be Centre interdisciplinaire des Droits de l Enfant www lecide be Travail r alis l occasion d un s jour de recherche la Fondation Brocher www brocher ch 174 Caminante no hay camino Extraits Antonio MACHADO po te espagnol 1875 1939 44 Tables des mati res Introduction sssssinsessihissaenunsssinesdn nant sta een E tale E ete 3 a Pr alable les termes du d bat 3 b Le con
13. p 223 135 Sur la complexit du d sir d enfant voyez not G DELAISI DE PARSEVAL Le d sir d enfant saisi par la m decine et par la loi Esprit novembre 1989 pp 86 98 N Galus Le droit de la filiation op cit note 40 p 375 ca Voyez cet gard la d cision M c Pays Bas dans laquelle la Commission europ enne refuse de voir une vie familiale entre le donneur de sperme et l enfant le lien g n tique ne suffisant pas assurer l effectivit du lien Comm eur D H 8 f vrier 1993 M c Pays Bas req n 16944 90 Bulletin des droits de l homme n 1 1993 p 81 A propos de cet arr t voyez supra note 626 127 Sur ces risques de d rives qui foisonnent notamment dans le discours politique fran ais voyez les propos de la sociologue Ir ne Th ry Les impasses fran aises du d bat bio thique www laviedesidees fr 7 f vrier 2011 28 122 Frs er BROCHER La question est complexe l enjeu est de taille et touche la conception m me du don peut on concevoir de reconna tre une place au donneur qui ne le cantonnerait pas un fournisseur de gam tes fonctionnels ou encore un mat riau interchangeable de reproduction qui ne r duirait pas celle des receveurs mais au contraire conforterait ceux ci comme tant les seuls et uniques parents selon le droit de la filiation et qui permettrait in fine l ment fondamental de notre questionnement l enfant issu du don d av
14. t dans le but de le remettre d s sa naissance une personne ou un couple avec qui elle a pass un contrat cet effet Deux cas de figure sont traditionnellement distingu s selon que la m re porteuse est ou non galement la m re g n tique de l enfant Dans la premi re hypoth se on parle le plus souvent de maternit de substitution de basse technologie partial surrogacy Le sperme peut dans ce cas provenir du p re d intention ou d un donneur Dans la seconde hypoth se celle o la m re porteuse n est que la gestatrice la gestation pour autrui est alors qualifi e de maternit de substitution de haute technologie full surrogacy Cette seconde hypoth se peut conna tre diff rentes variantes selon que l embryon transf r dans l ut rus de la m re porteuse est con u partir des gam tes du couple d intention du sperme d un donneur et de l ovule de la m re d intention du sperme du p re d intention et de l ovule d une donneuse ou encore du sperme d un donneur et de l ovule d une donneuse La pratique de la gestation pour autrui en ce qu elle implique l investissement charnel d une autre femme dans le projet parental d autrui se distingue fondamentalement des autres formes de procr ation m dicalement assist e telles que nous les avons tudi es dans le point pr c dent 143 aise PATES 212 A 2 ie oz m Commission de l thique de la science et de la technolo
15. test ADN pour v rifier la nature du lien qui nous unit Ce rejet me fait terriblement souffrir J ai tant besoin d une reconnaissance de la part de cet homme m me purement symbolique pour exister ses yeux exister tout simplement 2 T moignages anonymis s recueillis l occasion de nos recherches doctorales de 2010 2014 Nous nous basons par la force des choses sur les t moignages des enfants qui ont ressenti le besoin d exprimer leurs difficult s tir es de l impossibilit de conna tre leurs origines personnelles Tous les enfants confront s au secret de celles ci ne rencontrent pas syst matiquement de souffrance psychique particuli re Il reste que les difficult s tir es de l impossibilit de conna tre leur histoire personnelle pour de nombreux enfants m ritent que l on prenne en compte l intensit de cette souffrance Si la r ponse l gislative n est certes jamais suffisante nous sommes intimement convaincue qu elle est n anmoins n cessaire pour prot ger le droit des plus faibles en l occurrence ceux de l enfant eu gard sa plus grande vuln rabilit mais aussi son impuissance l gard des choix des adultes qui le concernent 2 A tous ceux qui souffrent de ne pas savoir Introduction a Pr alable les termes du d bat Pour bien comprendre le d bat sur l acc s aux origines il est n cessaire de distinguer clairement les concepts d origine de parent et de parentalit
16. tre pleinement renseign sur les l ments de l identit de ses parents d origine par les adoptants et par toute autorit comp tente Comme c est le cas chez nous mais galement en Allemagne en Espagne et aux Pays Bas 5 Ce syst me est pratiqu en France et au Luxembourg o la transcription du dispositif du jugement d adoption tient lieu d acte de naissance de l adopt ainsi qu en Angleterre et en Irlande o l inscription se fait dans un registre sp cifique l Adopted Children register dont un extrait vaut acte de naissance i Voyez toutefois supra les r serves mises propos de la possibilit d instaurer un accouchement confidentiel 7 J M BR MOND Parents adoptifs et origine s de leurs enfants Accueil n 144 Origine s et filiation Echos du Congr s EFA de Lille ao t septembre 2007 Paris Enfance et Familles d Adoption p 21 38 S BLANCHY La transmission de son histoire l enfant adopt extraits de l article du Docteur Sixte Blanchy publi dans la revue Enfance Majuscule n 115 2010 reproduits dans la revue Accueil n 165 d cembre 2012 Paris Enfance et Familles d Adoption p 18 39 Voyez I LAMMERANT L adoption et les droits de l homme en droit compar op cit note 78 p 538 note 34 et r f rences cit es 100 6 TISSERON Les secrets de famille op cit note 29 p 117 24 BROCHER Dans ce contexte il ne faudrait d s lors pas en r ac
17. 2012 req n 33783 09 44 5 Cour eur D H arr t Pretty c Royaume Uni 29 avril 2002 req n 2346 02 8 61 54 Cour eur D H arr t Bensaid c Royaume Uni 6 f vrier 2001 req n 44599 98 amp 47 15 Frs er BROCHER Le respect de la vie priv e exige aux yeux de la Cour qu une personne puisse acc der aux informations lui permettant d tablir quelques racines de son histoire La Cour a ainsi reconnu sur cette base le droit pour un individu d avoir acc s aux informations relatives sa petite enfance contenues dans un dossier de l assistance publique arr t Gaskin le droit de conna tre ses origines et les circonstances de sa naissance arr ts Odi vre et Godelli et le droit pour un enfant f t il g d avoir acc s la certitude de sa filiation paternelle arr t J ggi Elle se montre galement favorable la qu te identitaire de l enfant cherchant faire tablir sa paternit biologique La Cour qualifie ainsi de vital l int r t de l enfant m me devenu adulte obtenir les informations qui lui sont indispensables pour d couvrir la v rit sur un aspect important de son identit personnelle dont l identit de ses g niteurs fait partie et faire reconna tre ces origines par le droit Si la Cour reconna t que l int r t pour une personne d acc der aux informations lui permettant d tablir les d tails de son identit d tre humain est l git
18. C est la solution actuelle en droit belge en cas d inceste absolu Pratiquement ce sera toujours la filiation paternelle qui ne pourra tre tablie la maternit d coulant en droit de belge de l accouchement et de l inscription du nom de la m re dans l acte de naissance La Cour constitutionnelle a toutefois consid r que dans certains cas il peut tre dans l int r t de l enfant issu d une relation incestueuse de faire tablir sa filiation l gard de ses deux parents si les avantages sont plus grands que les d savantages Cet arr t doit videmment tre approuv en ce qu il a pour effet de permettre que l enfant incestueux comme n importe quel autre enfant b n ficie de l tablissement de son double lien de filiation si cela est dans son int r t Ensuite en multipliant le nombre de personnes impliqu s dans le processus de procr ation sous le couvert de l anonymat le droit augmente le risque d unions entre des personnes qui partagent sans le savoir des g nes communs Une piste de solution pourrait tre de mettre en place un syst me permettant toute personne qui sait ou soup onne tre issue d une modalit particuli re de conception procr ation m dicalement assist e avec donneur ou gestation pour autrui de s adresser une instance comp tente pour savoir s il existe une ventuelle proximit g n tique avec la personne laquelle elle entend s unir Pareil syst me suppose videmment
19. TR HODGKIN et P NEWELL op cit note 39 pp 123 et 124 42 Il y a videmment une obligation dans le chef de l Etat de faire une enqu te En Belgique une d claration de naissance est par ailleurs obligatoire sous peine de sanctions p nales S Voyez par exemple Proposition de loi belge visant r glementer l usage des analyses g n tiques des fins d identification en mati re de filiation Doc parl Chambre 2010 n 53 0192 D veloppements p 10 Avis de la section de l gislation du Conseil d Etat belge n 39 474 39 475 39 476 39 477 39 478 et 39 525 Doc parl S nat 2005 2006 n 3 417 3 p 37 Comit consultatif de bio thique de Belgique Avis n 27 du 8 mars 2004 relatif au don de sperme et d ovules p 10 N Gallus Le droit de la filiation R le de la v rit socio affective et de la volont en droit belge op cit note 40 pp 532 et 533 13 Frs er BROCHER l expression dans la mesure du possible doit tre comprise dans le sens de lorsque la loi n y fait pas obstacle de sorte qu il n est pas exclu que des enfants soient con us dans des circonstances o les deux parents sont inconnus procr ation m dicalement assist e h t rologue accouchement dans l anonymat ou encore qu ils soient con us et naissent dans le cadre d une gestation pour autrui Une telle interpr tation revient en r alit vider la port e de la r gle de toute sa substance puisqu el
20. agit sans aucun doute d un des d bats de soci t les plus d licats de ces vingt derni res ann es Pourquoi ce d bat a t il quitt la sph re de l intime et du priv pour se poser avec autant d acuit dans l espace public Ce sont les adopt s devenus adolescents ou adultes qui sont d une certaine mani re l origine des questions sur les origines Ces questions sont en effet apparues dans l espace public au travers de paroles d adopt s qui ont ressenti le besoin de raconter leurs v cus intimes leurs constructions leurs difficult s au regard de leur situation d enfants adopt s Plusieurs g n rations de ces enfants sont devenues adultes depuis l essor de l adoption internationale et interpellent d sormais les intervenants dans le domaine de l adoption notamment sur la question de leurs origines Parall lement gr ce aux progr s scientifiques avenus au cours des derni res d cennies il est aujourd hui devenu possible d isoler des cellules humaines de les reproduire et de fabriquer des enfants hors sexualit hors corps En multipliant les intervenants dans le processus 5 N PRIEUR La transmission de l origine dans les nouvelles formes de filiation Cahiers critiques de th rapie familiale et de pratiques de r seaux 2007 1 n 38 p 176 Sur la question inverse du droit de conna tre sa descendance voyez not Ph MEIER et M STETTLER Droit de la filiation 5
21. aura aid es plonger Comme le rel ve Pauline Tiberghien gyn cologue et obst tricienne fran aise farouche opposante l anonymat la signature de l acte d abandon sous X se fait dans l urgence et la peur Les femmes ne sont pas forc ment averties ou n ont pas forc ment compris les cons quences long terme de l anonymat pour elles et leur enfant Il ne restera aucune trace crite aucune existence l gale de leur grossesse Pire elles n ont jamais accouch Ces m res de l ombre sont condamn es vivre ce secret dans la culpabilit et la honte Cette loi n est pas un droit donn aux femmes mais un d ni de la femme L abandon anonyme d un enfant est un acte extr me qui suscite au sein de la soci t mais aussi au plus profond de chacun et plus encore de chacune des r actions extr mes susceptibles de fausser le d bat Soit nous r pugnons envisager qu une femme puisse en venir un acte aussi terrible soit nous pr f rons gommer cet acte inhumain en faisant comme si de rien n tait Comme le souligne Catherine Girard responsable du service AGE MOISE Paris en 1995 Une femme enceinte se confronte n cessairement des d sirs ou des sentiments contradictoires faisant merger en elle un conflit intrapsychique plus ou moins difficile surmonter Parfois dans certaines situations exceptionnelles l abandon de l enfant la naissance appara t comme la seule issue possible Or l abandon d
22. avec notre histoire notre singularit ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes l endroit o nous sommes pour nous r concilier avec notre pass construire notre avenir comprendre d o nous venons et o nous allons La question des origines touche notre appartenance ethnique sociale et culturelle mais aussi in vitablement et avant tout notre ascendance notre filiation notre g n alogie notre famille et notre place au sein de celle ci La famille est en effet le premier groupe auquel nous appartenons et au sein duquel nous nous construisons son r le dans la transmission des origines est cet gard primordial Comme le rel ve Nicole Prieur n on seulement elle est le lieu originel mais encore elle sera le lieu des premi res paroles que l enfant pourra entendre sur ses origines Car sa naissance lui m me ne peut rien en dire Il ne peut entendre le r cit de ses origines que de la parole d un autre L origine institue d office l alt rit L existence de l enfant prend corps dans des paroles ext rieures la sienne Si le questionnement sur les origines n est pas neuf jamais il n a t pos avec autant de force Sous l impulsion d tudes men es en sciences sociales et psychologiques la question de la recherche des origines suscite d sormais de nombreux d bats galement dans le monde juridique et on assiste une v ritable revendication d un droit d acc der ses origines Il s
23. d accueil pourront le cas ch ant assumer une fonction subsidiaire voire substitutive d ducation lorsque les p re et m re font d faut pour une raison ou une autre Si les parents g n tiques peuvent videmment se trouver engag s tout la fois dans le processus de transmission et d identification axe de la parent et dans la fonction d ducation axe de la parentalit tel ne sera pas toujours le cas Les r gles de la parent rel vent de choix soci taux fondamentaux qui loin de se fonder sur la seule connaissance de la v rit g n tique trouvent leurs sources dans les racines culturelles et l tat des mentalit s l gard des valeurs jug es essentielles une poque donn e dans une soci t d termin e D s lors que le l gislateur assigne aux origines biologiques une place dans la filiation d un enfant le cadre juridique doit permettre que la parent ne se calque pas n cessairement sur celles ci La compl mentarit entre la r f rence aux origines biologiques la parent et la parentalit n quivaut pas une stricte galit des r les et des fonctions des personnes concern es puisque chaque adulte intervenant est renvoy un registre propre et que les statuts et les r les sont diff renci s permettre la venue au monde axe biologique inscrire l enfant dans une lign e g n alogique axe de la parent s occuper de l ducation et de l entretien de l enfant axe de la p
24. de droit international priv s Voyez cet gard les r sultats de l enqu te men e par le SSI CIR Service social international Centre international de r f rence pour les droits de l enfant priv de famille au sein de son r seau propos du droit et des modalit s d acc s aux origines et laquelle ont particip une vingtaine de pays dont six pays d origine Afrique du Sud Br sil Burkina Faso Croatie Mexique et R publique dominicaine et quatorze pays d accueil Allemagne Andorre Australie Belgique Canada Espagne Hong Kong Italie Norv ge Nouvelle Z lande Pays Bas Portugal Su de Suisse Acc s aux origines droit et modalit s d acc s publi en 2012 a Pareil syst me est galement pratiqu en Allemagne aux Pays Bas ainsi qu en Espagne Comme le rel ve Isabelle Lammerant il y a dans ce cas une r elle obligation de conna tre ses origines Voyez I LAMMERANT L adoption et les droits de l homme en droit compar op cit note 79 p 577 Cest le cas en Autriche en Gr ce en Italie et en Suisse 92 1 LAMMERANT L adoption et les droits de l homme en droit compar op cit note 79 pp 541 et 542 23 Frs er BROCHER r v lation par une autorit tierce La loi devrait d s lors selon nous pr voir une obligation charge des adoptants d informer leur enfant sur le fait qu il a t adopt et sur son droit de conna tre ses origines Certes la violati
25. de l enfant ne sera certainement pas rencontr par la r v lation brutale et parfois m me non souhait e d une v rit g n tique qu il n est peut tre pas pr t ou pas d sireux recevoir Le droit la connaissance de ses origines est un droit minemment personnel Jane Fortin attire pr cis ment l attention sur les d rives d un droit la connaissance de ses origines r appropri par l homme qui d sire tablir ou contester sa paternit parfois l encontre de l int r t et du bien tre de l enfant now consider that although it is clear that some children will certainly benefit from knowing the identity of their parents we may have gone too far too fast with our assumption that all children have a right to knowledge of origins It seems clear that this concept of children s rights can be utilised as a blanket proposition in a way which transforms an idea which should produce greater well being for children into one which does the opposite The other side of this particular coin is that fathers can now establish their paternity via the child s right Nous partageons cet gard la position de Nathalie Hustin Denies qui d fend aussi le droit de l enfant au secret de sa filiation Si le droit de l enfant au respect de sa vie priv e et familiale consacr par les articles 8 et 14 de la Convention europ enne des droits de l homme doit tre entendu comme son droit pr server le secret de sa filiatio
26. enfant au 20 si cle dans notre soci t d range il nous d range dans nos certitudes p VERDIER N sous X op cit note 23 p 78 7t La question du respect du droit des adoptants se pose manifestement en France voyez not J TREMINTIN L interruption volontaire d anonymat va t on vers un avortement pour l accouchement sous X J D J n 303 France mars 2011 pp 60 et s Elle ne nous pr occupera pas L adoption vise donner une famille un enfant et non un enfant une famille de sorte que les adoptants seraient bien malvenus de revendiquer un droit obtenir un enfant a fortiori un enfant vierge de toute histoire 7 Propos de Jacques Tr mintin J Tr mintin L interruption volontaire d anonymat op cit note 71 pp 60 et s 2 Voyez cet gard le t moignage d une assistante sociale sp cialis e C LEC UR Comme si de rien n tait in Cahiers de Maternologie L accouchement sous X en question n 5 1995 pp 47 et s 3 Propos cit s dans le dossier r alis par l Institut europ en de bio thique Le droit de savoir d o je viens probl matique de l accouchement sous X Les intervenants sur le terrain confirment ce constat et s accordent pour dire que les m res accouchant sous X s exposent des difficult s psychologiques importantes parce qu elles savent qu elles ne pourront jamais ni retrouver ni reconna tre leurs enfants Parall le
27. enfant d acc der un jour s il le souhaite ses origines 149 D LE BRETON La question anthropologique de la gestation pour autrui in Les incidences de la biom decine sur la parent Approche internationale Collection Droit Bio thique et Soci t B Feuillet Liger dir Bruxelles Bruylant 2014 pp 343 et 344 34 e Le secret de la paternit A chacun de mes enfants je n ai transmis que la moiti de ma dotation g n tique et je n ai eu aucune prise sur le choix de ma moiti Pas de quoi tre fier En revanche j ai t avec leur m re en premi re ligne dans la cohorte des humains qui leur ont apport ce qu il fallait pour qu ils deviennent quelqu un Albert JACQUART Petite philosophie l usage des non philosophes 2006 Les circonstances dans lesquelles les origines d une personne peuvent tre frapp es du sceau du secret ne se limitent pas aux situations d crites ci avant adoption accouchement sous X ou dans la discr tion procr ation m dicalement assist e h t rologue et gestation pour autrui Le voile du secret peut galement entourer les circonstances de la conception d un enfant issu d une relation sexuelle ordinaire hors ou durant le mariage Contrairement la grossesse et l accouchement le fait g n rateur de la paternit n est pas une affaire publique Dans ces conditions le secret peut videmment tre plus fr quent D un c t il y a les enfants de
28. est videmment inacceptable en ce qu il aboutirait une discrimination dans le chef des enfants ainsi con us Nous remercions cet gard le Professeur Jehanne Sosson d avoir relay notre position ainsi que le r sultat de nos recherches lors de son audition la Chambre le 24 f vrier 2015 135 Et il est de taille notamment en France comme le montre le rapport de l Assembl e nationale propos de la derni re r forme des lois bio thiques Un des arguments d cisifs pour refuser la lev e de l anonymat consiste pr tendre que pareille r forme modifierait la conception sociale et affective de la famille a lev e de l anonymat dans le cadre de l AMP pr sente le risque majeur de remettre en cause la primaut symbolique du caract re social et affectif de la filiation Rapport Ass nat commission sp ciale Doc A N n 3111 du 26 janvier 2011 p 42 disponible via www assemblee nationale fr 13 pdf rapports r3111 ti pdf Cet argument a t valid par le Conseil d Etat dans un avis contentieux du 13 juin 2013 Conseil d Etat Avis contentieux 13 juin 2013 M M req n 362981 8 11 136 L BRUNET Le principe de l anonymat du donneur de gam tes l preuve de son contexte Analyse des conceptions juridiques de l identit in Donner et apr s La procr ation par don de spermatozo des avec ou sans anonymat Springer 2010 pp 235 252 Andrologie 2010 vol 10 n 1 p 249 71 TH ry De
29. le temps et laisse souvent place des fantasmes destructeurs tels que je suis l enfant d un viol d un inceste d un adult re Plus la r v lation est tardive plus le risque qu en d coulent des cons quences n gatives est important La r v lation du mode de conception induit obligatoirement un bouleversement des donn es objectives de l histoire personnelle de l enfant Plus il a t inform tardivement plus il est oblig de relire et de reconstituer son histoire personnelle Les l ments pr cis de son mode de conception et la d cision de ses parents d avoir utilis ce proc d puis de l avoir gard secret jusqu cet ge l ont une dimension que l enfant a des difficult s concevoir Pour B sz rm nyi Nagy il est capital que l enfant ne perde pas confiance en ses parents Ainsi interrog pr cis ment sur la question de l ge opportun pour une r v lation l enfant de ses origines sa r ponse avait t p remptoire Un jour avant les voisins 4 Que pr voient les instruments juridiques internationaux a Les articles 7 et 8 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l enfant La Convention relative aux droits de l enfant a t adopt e New York par l Assembl e g n rale des Nations Unies le 20 novembre 1989 Parmi les 193 Etats reconnus par l ONU seuls les Etats Unis et le Soudan du Sud ne sont pas parties ce trait qui peut donc tre qualifi
30. maternit D un statut limit au droit pour l enfant d acc der la connaissance de ses origines pourrait il alors merger un statut cr ateur d effets juridiques patrimoniaux et extrapatrimoniaux L enfant ne pourrait il pas demander au donneur une pension alimentaire De m me le donneur ne pourrait il pas revendiquer un droit de visite et d h bergement Devons nous craindre une d rive qui tendrait vers la r duction de la filiation sa seule dimension g n tique 120 C LABRUSSE RIOU L anonymat du donneur tude critique du droit positif fran ais in Le droit la m decine et l tre humain Propos h t rodoxes sur quelques enjeux vitaux du XXI si cle Facult de droit et de science politique d Aix Marseille Collection du Laboratoire de Th orie Juridique vol 9 Aix en Provence Presses universitaires d Aix Marseille 1996 p 94 11 Ibid Voyez en ce sens galement l avis contentieux du Conseil d Etat fran ais rendu le 13 juin 2013 voyez supra note 98 Dans les consid rations g n rales prises en consid ration pour justifier le maintien de l anonymat figure en effet c t de la sauvegarde de l quilibre des familles et du risque majeur de remettre en cause le caract re social et affectif de la filiation le risque d une baisse substantielle des dons de gam tes Conseil d Etat Avis contentieux 13 juin 2013 M M req n 362981 8 11 a jp ROSENCZVEIG 1 1 1 1 1 Le co
31. ne se situe pas dans l axe de la parent c L objet de l tude In matters of truth and justice there is no difference between large and small problems for issues concerning the treatment of people are all the same Albert Einstein Les th mes du secret et de l anonymat reviennent r guli rement en mati re d adoption d accouchement sous X de procr ation m dicalement assist e de gestation pour autrui d interdit de l inceste d empreintes g n tiques Face ces situations nouvelles nous avons souhait nous pr occuper du sort des enfants priv s de leurs origines et de la souffrance que cette privation peut engendrer Le l gislateur peut il refuser un tre humain de savoir d o il vient La loi devrait elle reconna tre et garantir tout individu le droit de conna tre ses origines maternelle et paternelle Sur le plan international devrait on consacrer un droit de la personne conna tre ses origines Et d ailleurs qu entend on par origines Ce sont de telles interrogations que la pr sente contribution entend r pondre dans une approche combinant droit international droit compar psychologie et sociologie Dans un premier point nous introduisons la th matique tudi e et d veloppons le concept d origines Nous expliquons ensuite dans un deuxi me point pourquoi il est important de transmettre l enfant ses origines avant d aborder plus pr cis ment dans
32. primordial par des intervenants sp cialis s certes mais aussi en amont et d abord par ses parents ce qui contribuera instaurer un climat de s r nit et asseoir aux yeux de l enfant la l gitimit de sa qu te Par ailleurs l histoire d un enfant avant son adoption ne repose pas que sur des faits objectivables et la fa on dont ils seront racont s par les parents adoptants est tout aussi importante pour l aider construire son identit On comprend ainsi que la mani re de restituer son histoire l enfant est capitale et les dangers pour son quilibre se situent tr s souvent dans ce contexte Des maladresses dans le discours sur l adoption peuvent devenir aussi n fastes que le secret de m me qu imposer trop de d tails l enfant peut s av rer inutile voire dangereux Certains pays ont fait le choix de pr voir dans la loi une obligation charge des parents adoptants d informer la personne adopt e de son adoption C est le cas notamment de la Croatie la Norv ge et la Gr ce En Croatie le Family Act dispose que les parents adoptants doivent informer l enfant qu il ou elle a t adopt e avant l ge de sept ans En Norv ge l article 12 alin a 1 de la loi sur l adoption du 28 f vrier 1986 dispose que les parents adoptifs diront d s que souhaitable l enfant qu il est adopt L article 1559 du Code civil grec reconna t quant lui l adopt majeur le droit d
33. que des instances comp tentes conservent dans des registres ad hoc les renseignements qui permettront de rendre ce droit effectif et accessible Ainsi par exemple au Royaume Uni l enfant majeur peut interroger une instance pour conna tre l identit des autres enfants issus du m me donneur si ceux ci y consentent mais aussi partir de seize ans s il est ou pourrait tre apparent la personne avec laquelle il souhaite se marier contracter un partenariat civil voire simplement nouer une relation physique intime Il n y a toutefois pas d emp chement mariage entre les enfants issus d un m me donneur et leurs enfants auront droit l tablissement de leur double filiation De la m me mani re le droit portugais qui impose pourtant l anonymat du donneur l inverse du droit britannique permet quant lui aux personnes n es d une procr ation m dicalement assist e avec donneur de demander au Conseil national de procr ation m dicalement assist e une information sur l ventuelle existence d un lien de sang qui en l absence de procr ation m dicalement assist e correspondrait un emp chement mariage reposant sur la parent tout en maintenant la confidentialit sur l identit du donneur sauf si celui ci autorise express ment la lev e de l anonymat A l instar de ce qui se fait au Royaume Uni mais aussi en Su de il devrait tre possible pour l enfant qui soup onne tre issu d une techniq
34. renseignements sur ses origines garanti par la Constitution droit qu il peut exercer l encontre de ses parents notamment sa m re dont le refus de communiquer ces renseignements ne peut tre consid r comme tant d ordre discr tionnaire Ce droit n est toutefois pas absolu Une pes e des int r ts sera n cessaire La jurisprudence f d rale semble toutefois admettre que l int r t de l enfant l emporte largement sur d ventuels int r ts priv s contraires 1 En Allemagne depuis un arr t de principe de la Cour constitutionnelle du 31 janvier 1989 l enfant dispose galement d un v ritable droit de conna tre ses origines g n tiques fond sur le droit g n ral de la personnalit lui m me fond sur le droit fondamental la dignit et au libre panouissement de la personnalit La Cour a ainsi souhait riger en valeur constitutionnelle le droit la connaissance de ses origines Si elle a pris le soin de pr ciser que le droit de conna tre et de faire proclamer juridiquement sa filiation biologique ne rev tait pas un caract re absolu la Cour constitutionnelle suivie en cela par la jurisprudence des juridictions civiles a n anmoins tendance estimer que l int r t de l enfant conna tre ses origines l emporte sur l int r t de la m re la protection de son intimit xk k Enfin on rel vera que l absence de r glementation nationale et internationale les fronti res nationales n
35. respect de la vie priv e du donneur elles devraient automatiquement tre communiqu es l enfant mineur qui en fait la demande accompagn de ses parents voire seul partir d un certain ge A sa majorit ou m me avant eu gard son degr de maturit l enfant pourrait galement solliciter l acc s l identit du donneur En cas de refus de ce dernier une balance des int r ts in concreto devrait pouvoir tre r alis e toujours dans cette optique selon laquelle seul le risque d un pr judice grave pour autrui devrait permettre de faire obstacle au droit de l enfant de conna tre ses origines Enfin l enfant devrait galement avoir la possibilit de s adresser une instance officielle pour obtenir l identit des autres enfants issus du m me donneur si ceux ci y consentent x k k La tendance actuelle en Europe est nettement la lev e de l anonymat du don au nom de l int r t de l enfant plus particuli rement au nom de son droit d acc der ses origines personnelles Le r el d fi dans ce domaine est sans doute de faire voluer les mentalit s pour envisager la reconnaissance d un lien qui rende compte de la v rit des origines et qui se juxtapose la filiation juridique sans menacer celle ci Il s agit de privil gier la compl mentarit des statuts et des r les afin de valoriser le geste altruiste des donneurs tout en confortant les receveurs du don comme tant par d finition les
36. s par d embl e la naissance A cet gard le p dopsychiatre Luc Roegiers insiste sur la diff rence symbolique quant la dette de vie qui en r sultera pour l enfant par rapport un simple don de gam tes u n don de gam te est m ritoire mais n am ne pas une dette de vie consid rable Une gestation est un engagement d un tout autre degr La femme met en jeu son corps mais aussi ses motions et la possibilit d un attachement Cette d marche maternelle ne peut que questionner l enfant et activer une dette de vie significative Le recours la gestation pour autrui ne s apparente pas davantage une situation d adoption classique Tout d abord l enfant est susceptible d avoir un lien g n tique avec un sinon les deux parent s d intention Plus fondamentalement il s agit d s le d part de cr er un enfant pour r pondre au d sir des parents intentionnels de sorte que le d sir d enfant de cet enfant l pr existe sa conception m me Il ne s agit plus de mesure de protection ni d abandon d enfant mais d aide la procr ation L enfant ne subit donc pas d abandon par une m re de naissance ni de placement en pouponni re en institution ou en famille d accueil mais sera si tout se passe bien imm diatement reli ses parents d intention Par ailleurs des liens se noueront tr s souvent lors de la grossesse entre l enfant na tre et ses parents intentionnels Enfin le ma
37. secret conduit l annulation psychique d un l ment fondateur ou structurel du lien familial et ses effets pervers peuvent se transmettre de g n ration en g n ration Lorsque la loi joue elle m me le jeu de HA KERMALVEZEN N de spermatozo de inconnu Paris Editions J ai lu 2010 p 31 Voyez en ce sens l avis contentieux du Conseil d Etat fran ais rendu le 13 juin 2013 au terme duquel il a t jug que la r gle de l anonymat des donneurs de gam tes figurant parmi les principes fondamentaux de la bio thique proclam s par la loi du 29 juillet 1994 et confirm s par la loi du 7 juillet 2011 n tait pas incompatible avec les dispositions de la Convention europ enne des droits de l homme et notamment avec l article 8 garantissant le droit au respect de la vie priv e et familiale Le Conseil d Etat a en effet estim que plusieurs consid rations d int r t g n ral ont conduit le l gislateur carter toute modification de la r gle de l anonymat notamment la sauvegarde de l quilibre des familles et le risque majeur de remettre en cause le caract re social et affectif de la filiation Conseil d Etat Avis contentieux 13 juin 2013 M M req n 362981 8 11 Voyez propos de cet avis S L Bapa Le principe de l anonymat des donneurs de gam tes passe le cap du Conseil d Etat in Lettre Actualit s Droits Libert s du CREDOF 4 juillet 2013 KE FRITH Gamete do
38. tentative de se r approprier sa propre histoire 2 Transmettre l enfant ses origines pourquoi Comment savoir qui on est lorsqu on ignore d o on vient La recherche de ses origines est indissociable de la r flexion de tout tre humain sur son identit personnelle c est dire sur ce qui le constitue en tant qu individu diff renci des autres individus mais intimement reli eux Le questionnement sur les origines rel ve d ailleurs d un processus psychosocial spontan chaque tre humain un moment donn et selon un degr d intensit variable ressent le besoin de mieux conna tre ses origines afin de forger son identit Il s agit de s approprier son histoire de comprendre son pass de solidifier ses racines afin de mieux appr hender le pr sent et l avenir Le d veloppement de la psychologie a mis en vidence le r le consid rable que la connaissance des origines joue dans le d veloppement de la personnalit De nombreuses tudes ont pu montrer que l tre humain pour grandir et se d velopper dans les meilleures conditions possibles a besoin d s son enfance de se situer par rapport son pass origines au sens large et son avenir Cette qu te identitaire peut prendre une dimension toute particuli re lorsque les origines sont ombrag es L existence ou la suspicion d un secret attise le besoin de savoir et celui qui touche aux origines n chappe pas la r gle Le
39. 0 La filiation aujourd hui Er s 2010 p 10 wr FORTIN Children s right to know their origins too far too fast op cit note 165 p 341 N HUSTIN DENIES Note concernant la recherche de la paternit biologique d un mineur par le recours la comparaison des empreintes g n tiques en dehors du cadre d une proc dure judiciaire annex e l avis du Conseil national de l Ordre des m decins du 19 octobre 1996 G n tique Recherche de paternit Communication de r sultats d examens g n tiques des tiers B C N n 75 p 25 Leu Draper et Ives observent cet gard It is somewhat ironic that what people may want and expect to flow from this kind of genetic information is some form of social relationship The fact that the wish to know one s genetic history is so often coupled with the wish to form substantial relationships means that knowledge comes with the risk of the harm of rejection if genetic parents or siblings do not wish to form a relationship H DRaPeR et J Ives Paternity testing a poor test of fatherhood Journal of Social Welfare and Family Law 2009 vol 31 n 4 p 414 http dx doi org 38 168 ONDALON BROCHER Tout d abord lorsqu un enfant na t d une relation incestueuse le l gislateur peut tre tent de maintenir le secret de sa naissance et donc d emp cher l tablissement de sa double filiation au nom de la protection de son int r t
40. 007 relative la procr ation m dicalement assist e et la destination des embryons surnum raires et des gam tes M B 17 juillet 2007 130 Art 22 alin a 2 et 57 de la loi belge du 6 juillet 2007 Art 28 et 57 de la loi belge du 6 juillet 2007 Art 36 et 65 de la loi belge du 6 juillet 2007 G MATHIEU Le secret des origines en droit de la filiation op cit note 1 pp 335 et s 134 Nous n approuvons d s lors pas la r cente pproposition de loi modifiant la loi du 6 juillet 2007 relative la procr ation m dicalement assist e et la destination des embryons surnum raires et des gam tes en ce qui concerne l anonymat dans 29 129 131 132 133 Frs er BROCHER en place d un syst me de recueil syst matique des donn es concernant les donneurs qui devrait au minimum porter sur les informations m dicales susceptibles de s av rer importantes pour le d veloppement sain de l enfant ce qui est d j le cas actuellement mais aussi sur les caract ristiques physiques du donneur sa formation sa profession son ge sa situation familiale ainsi que toute autre information que celui ci souhaiterait laisser telle une description tablie par lui m me en r f rence une liste de caract ristiques ou encore un r sum de ses motivations ou une explication sur son intervention dans le processus de procr ation Dans la mesure o la divulgation de ces informations ne porte pas atteinte au droit au
41. EZEN N de spermatozo de inconnu Paris Editions J ai lu 2010 110 26 Frs i QAN BROCHER parents que j ai Au contraire l auteur reconna t son p re comme tant l homme qui l a lev Et de se justifier encore l gard de ceux qui veulent voir dans sa d marche la volont de retrouver un p re dans la personne du donneur il r pond ce n est pas parce que je cherche une part de ma filiation g n tique que je rejette ma filiation juridique et sociale J aime la famille dans laquelle j ai grandi et j aime particuli rement mon p re J ai une histoire dans cette famille l et pas dans une autre Mon p re c est celui que ma m re a d sign comme p re de ses enfants C est celui qui m a donn son nom C est lui qui s est coltin mon ducation lui qui m a mis la pression pour les tudes et qui m a donn le go t des challenges C est l homme passionn de langage qui m a appris choisir mes mots celui l plut t qu un autre l homme que j ai voulu d passer pour me construire Tout comme nous avons d montr dans nos deux premiers points le caract re n faste du secret de l adoption et de l anonymat absolu de la maternit nous consid rons que l anonymat absolu du tiers qui participe au projet parental d autrui est tout aussi insoutenable De la m me mani re qu il n est pas possible de nier la r alit de l adoption ou celle de l accouchement il n est pas plus con
42. Etats ayant adh r la Convention de La Haye sont tenus d int grer dans leur l gislation les prescriptions contenues dans la Convention notamment quant la conservation et l acc s aux informations ils continuent b n ficier d une large marge d appr ciation en la mati re Certains 34 L CASSIERS Le v cu de l adoption op cit note 25 p 19 Sur l volution des mentalit s quant l importance de la r v lation l enfant voyez I LAMMERANT L adoption et les droits de l homme en droit compar op cit note 79 pp 531 et 532 gt Voyez pour plus de d tails G MATHIEU Le secret des origines en droit de la filiation op cit note 1 pp 205 et s 86 x j E g dB Convention de La Haye sur la protection des enfants et la coop ration en mati re d adoption internationale sign e La Haye le 29 mai 1993 Pour un tat actualis des pays signataires et ratificateurs de la Convention voyez www hcch net index_fr php act conventions status amp cid 69 22 BROCHER Etats accordent un acc s illimit aux informations aux enfants qui ont atteint l ge de la majorit parfois m me avant cet ge D autres au contraire subordonnent cet acc s au consentement des parents de naissance M me si les r ponses apport es la question de la recherche des origines par les Etats varient encore ce jour en fonction des traditions juridiques et des cultures on constate t
43. Ramonville Saint Agne Er s Fondation pour l enfance 1999 pp 11 21 IDEM De l une l autre De la grossesse l abandon R vigny Hommes et perpectives 1997 77 Une tude men e en France entre le 1 juillet 2007 et le 30 juin 2009 par la chercheuse Catherine Villeneuve Gokalp portant sur les diff rents portraits sociologiques et d mographiques des femmes demandant accoucher dans le secret publi e le 21 septembre 2011 fait appara tre une multitude de raisons l origine de la d cision d une femme d accoucher sous X Pour justifier la remise de l enfant les femmes avancent prioritairement les raisons qui leur paraissent les plus faciles exprimer et pour lesquelles elles ne se sentiront pas jug es ou coupables Ces raisons existent bien m me si elles ne sont pas les seules Rien d tonnant alors ce que les motivations les plus fr quentes se rapportent principalement aux relations avec le p re de naissance 43 les femmes voquent leur s paration d avec lui 24 ou son refus de devenir p re 7 ou bien elles le d crivent comme un homme violent ou marginal inqui tant d linquant en prison toxicomane ou alcoolique 10 des femmes D autres femmes ou les m mes voquent leur situation conomique et sociale pr caire 28 Pour 12 des femmes difficult s des relations avec le p re de naissance et difficult s conomiques se cumulent Viennent ensuite les raisons associ es
44. ants une obligation l gale d information l gard de l enfant adopt Il nous para t en tout cas n cessaire dans un premier temps que le droit impose aux intervenants dans le processus d adoption d attirer l attention des candidats adoptants sur l importance de la connaissance par l adopt du fait de son adoption Nous souhaitons toutefois aller plus loin et consid rons que le droit de l adopt de conna tre ses origines serait vid de sa substance si en amont il ne devait pas tre inform du fait m me de son adoption Nous sommes par ailleurs convaincue que les adoptants sont les premiers responsables de l ducation de leur enfant et qu il leur appartient ce titre d informer celui ci du fait de son adoption outre qu un dialogue familial sera en tout tat de cause plus b n fique l enfant qu une di Voyez European Network of National Observatories on Childhood Results of the working Group n 1 Access to the origins ChildONEurope Seminar on post adoption Florence 26 janvier 2006 disponible sur www childoneurope org Les minutes du rapport du groupe de travail sur la question de l acc s aux origines contiennent des informations sur la l gislation applicable au Danemark en Estonie Malte en Hongrie en Croatie au Luxembourg en Irlande ainsi qu en France 38 Dans le cadre d une adoption internationale ces diff rences de conception peuvent videmment poser des questions pointues
45. arentalit Dans cette acception il convient de placer toute personne qui a contribu la venue au monde d un enfant par ses potentialit s reproductrices sans souhaiter vivre des liens de parent ou de parentalit dans le registre des origines biologiques Ces personnes ont particip la procr ation d un nouveau sujet humain A ce titre elles doivent tre reconnues et ne peuvent tre anonymis es car elles font partie de l histoire de l enfant Une fois les registres scind s et les r les attribu s il devient alors possible d appr hender la lev e du secret des origines sa juste valeur et de mani re plus sereine Reconna tre la l gitimit de la qu te 173 2 A x 4 EL Nous nous inspirons des crits de la sociologue Ir ne Th ry consacr s la PMA voyez not Des humains comme les autres Bio thique anonymat et genre du don Paris Les Editions de l EHESS 2010 que nous largissons tout contexte de dissociation entre les origines la parent et la parentalit 41 P BROCHER de l enfant qui cherche conna tre ses origines ne devrait menacer ni le statut ni la valeur attach e la filiation socioaffective La coexistence des parents de naissance du g niteur de la m re porteuse d une part des parents adoptifs ou des auteurs du projet parental d autre part n est plus probl matique si le droit accepte d s le d part de conf rer chacun sa place son r le sa
46. aris Bruylant L G D J 2001 pp 380 et 576 20 Frs er BROCHER int r ts lesquels peuvent videmment fluctuer dans le temps C est le syst me mis en place en Allemagne en 20141 x k k Adopter et accompagner un enfant adopt c est accepter leur premi re histoire de vie le d sir et la pulsion qui ont pr sid cette naissance sans jugements ni pr jug s Inversement confier un enfant en vue d adoption sous r serve d un accompagnement respectueux et patient c est reconna tre celui ci son droit interroger ce d sir inscrit en lui comme Tarbre est dans l oiseau qui le quitte b L adoption Je te pr sente ma m re c est elle qui a fait grandir tout ce que tu avais laiss en moi Elle m a aim chaudement Elle a fait germer en moi le meilleur de toi Toi tu m as fait pousser elle elle m a cultiv Toi maman tu es repartie en laissant un trou b ant ouvert dans ta vie Comment t as v cu apr s Toi maman tu es venue me chercher l a roport avec papa sans me conna tre sans douter m me de pouvoir m aimer un jour faisant juste confiance la vie Extrait du spectacle Le Chemin de la Belle Etoile S bastien BERTRAND et Yannick JAULIN 2009 L adoption permet un rel chement adoption simple ou une rupture totale adoption pl ni re du lien entre l enfant et sa famille d origine pour le confier en principe dans son int r t un ou des adoptants Ce contexte de r
47. ationnelle d une autre femme le couple d intention a fortiori s il s agit d un couple d hommes ne pourra que tr s difficilement taire son entourage ce qui ne pourra passer inaper u A l inverse du don de gam tes invisible la gestation est au contraire bien visible Aucune forme de d ni ne saurait d s lors tre organis e l anonymat n y aurait aucun sens et tout secret serait totalement illusoire garder Concernant la r glementation de la gestation pour autrui nous consid rons que les propositions de loi belges permettant de nier compl tement les origines de l enfant en privil giant l inscription imm diate dans l acte de naissance du nom des parents d intention sans qu apparaisse l intervention de la m re porteuse sont inad quates Si la libert et la l gitimit du d sir de ceux qui souhaitent devenir parents par le recours la gestation pour autrui sont respectables nous plaidons de lege ferenda pour une l gislation respectueuse de la femme qui a accept de se mettre au service de ce d sir mais surtout de l int r t de l enfant ainsi mis au monde Dans cette optique la logique compl tive qui implique de passer par une transmission des droits et devoirs parentaux de la m re gestationnelle aux parents d intention l instar du Parental Order de droit britannique nous para t tre la seule option susceptible de ne pas nier l investissement de la m re porteuse Elle permettra en outre l
48. ceptions aux contours parfois flous Tant t les Etats sont appel s faire le maximum pour progresser vers la reconnaissance et la mise en uvre de ce droit tant t il est tr s clairement dit que l int r t de l enfant ou de toute autre personne impliqu e peut justifier que celui ci n ait pas acc s certaines informations La Convention de La Haye pose certes des balises pour garantir l acc s de la personne adopt e ses origines mais en aucun cas il ne s agit d un droit absolu pour la personne ni un principe contraignant pour les Etats contractants D une part l acc s aux origines doit tre rendu possible et par la loi de l Etat o la personne est domicili e et par celle de l Etat d origine d autre part la Convention n a vocation s appliquer qu aux adoptions internationales et pas obligatoirement aux adoptions internes m me si bon nombre d Etats contractants l instar de la Belgique ont profit de la ratification de la Convention pour r former leur droit de l adoption en int grant les prescriptions de la Convention dans leur droit national Il reste que le principe est pos et les Etats doivent tenir compte de cette volution Il serait d s lors inacceptable de tol rer que le l gislateur ignore celle ci en avalisant des propositions ou projets de loi allant contresens de celle ci L acc s de l adopt aux informations concernant ses origines est tr s diversement trait selon les pays Si les
49. cevable de nier l intervention d un tiers dans le processus de procr ation En garantissant la disparition du donneur le droit confisque d lib r ment l enfant une partie de ses origines Au nom de quoi Certains soutiendront qu il s agit avant tout de garantir la paix des familles et de respecter la vie priv e des auteurs du projet parental Le secret des origines est alors pos comme une garantie de stabilit de la relation ainsi cr e Or dans le domaine du psychisme les conomies court terme co tent toujours long terme tr s chert Le deuil d un v nement traumatique tel celui de la st rilit 8 dans ce cas pr cis ne peut jamais proc der d un effacement magique qui entretiendrait ici l illusion que les parents sont les g niteurs de l enfant La psychanalyste fran aise Genevi ve Delaisi de Parseval souligne ainsi que le dispositif qui consiste reconna tre le statut de quelqu un pour dans le m me temps l annuler met en uvre un m canisme psychique pathologique bien connu qui s appelle le d ni L anonymat accro t ainsi le risque d vitement de la v rit psychique du don que les parents connaissent et sont en m me temps invit s m conna tre En incitant ces derniers adopter une position qui p rennise l illusion qu ils sont les g niteurs alors qu ils ne le sont pas la loi devient complice d une tentative d annuler la port e symbolique de l acte procr atif Le
50. ction appropri e de l Etat Cela signifie donc que si la loi de l Etat permet que l enfant soit priv d une partie de son identit la protection de l article 8 ne s appliquera pas puisque l ing rence sera dans ce cas l gale Nous consid rons toutefois que si les Etats parties restent souverains dans laboration de leurs lois il leur appartient de respecter leurs engagements internationaux Enfin il convient de ne pas perdre de vu que la Convention vise la protection de l enfant au sens de tout tre humain g de moins de dix huit ans sauf si la majorit est atteinte plus t t en vertu de la l gislation qui lui est applicable Si l on peut certes d fendre l id e que certains droits de l enfant devraient id alement tre reconnus de la m me mani re aux adultes il reste qu une interpr tation respectueuse de la Convention interdit d tendre l application des droits qu elle consacre une personne devenue majeure Dans la rigueur des termes les articles 7 et 8 ne peuvent d s lors plus tre mobilis s si enfant la recherche de ses origines est devenu majeur C est alors vers la jurisprudence de la Cour europ enne des droits de l Homme qu il convient de se tourner b L article 8 de la Convention europ enne des droits de l Homme On rappellera tout d abord que la Convention europ enne des droits de l Homme s applique au sein des Etats parties toute personne relevant de leur juridiction et do
51. deuil d un g niteur puisqu on ne peut faire le deuil de rien ou de personne 1 Une autre critique r currente d s lors que l on aborde la question d une ventuelle lev e de l anonymat tient la crainte d une diminution des dons levez l anonymat et vous tarirez la source rresponsables Vous allez ass cher la rivi re du Sperme fertile qui d ailleurs n est d j qu un ru A notre connaissance aucune tude scientifique n a pu ce jour d montrer que les Etats ayant autoris la lev e de l anonymat du donneur ont d faire face une chute des dons long terme En tout tat de cause on rappellera que si le d sir d enfant en l hypoth se d un enfant non adopt est l gitime et peut ce titre tre reconnu par le droit il ne saurait rev tir un caract re absolu et ne peut en aucun cas se traduire par un droit l enfant Par cons quent il n est pas permis de mettre en balance d une part le fait que les couples demandeurs devraient attendre plus longtemps au cas o le nombre de candidats donneurs potentiels diminuerait d autre part l int r t pour l enfant de conna tre ses origines Ces deux premi res critiques cart es d autres ne manqueront pas de surgir qui proc dent d une confusion entre les concepts d origines et de parent lever l anonymat ne conduirait il pas terme pour le donneur au risque d endosser la responsabilit de la paternit ou de la
52. dit sur l origine et l histoire emp che tout simplement l enfant de penser et inaugure un destin de souffrance Les enfants ont en effet des antennes particuli res pour entendre le non dit quand bien m me ils ne poseraient pas de questions la mani re des adultes On comprend ainsi qu il est crucial de ne jamais cacher aux enfants les secrets relatifs leurs origines que le secret porte sur l h ritage biologique l adoption la conception par un tiers la composition familiale comme par exemple l existence de demi fr res ou s urs vivant ailleurs Le secret doit tre lev car les origines de l enfant au sens le plus large qui soit lui appartiennent Dans le domaine de l adoption L on Cassiers psychiatre et psychanalyste belge insistait d j en 1990 sur l importance de r v ler l enfant le fait de l adoption d s son d but Tous les auteurs d crivent les souffrances et m me les perturbations psychiques parfois graves qui r sultent d une politique de secret en la mati re Tous s accordent sur le fait qu il n y a pas d ge sp cifique pour annoncer l enfant son statut d adopt Ceci doit tre pr sent d s le premier jour et redit comme un fait d vidence que nul ne conteste Cette position unanime correspond aussi totalement notre exp rience clinique Le statut d adopt doit donc galement tre public au m me titre que le statut d identit de tout un chacun Fran oise Dolto
53. e iii 40 CONCIUSIONS 55e nn don en ne donne S E are Sendo n ee S EE lanss ET tune 42 45
54. e absolu au sens o il ne tol rerait aucune exception D autres int r ts divergents peuvent en effet entrer en conflit avec celui de l enfant Il reste que le droit de conna tre ses origines appara t comme un droit fondamental qui participe de la dignit humaine de sorte qu il ne devrait tre limit que de mani re exceptionnelle et uniquement s il existe un risque de pr judice grave pour autrui LEE S il nous para t crucial que chaque Etat fasse le maximum pour progresser vers la reconnaissance et application du droit de chacun conna tre ses origines il reste que face cette question le droit se r v le fort indigent Si ses prescriptions sont n cessaires elles ne sont sans doute pas suffisantes car acc der ses origines d passe largement la reconnaissance et l exercice d un droit Acc der ses origines pour une personne signifie tre capable si elle le d sire de se r approprier son histoire et celle de ses proches pour donner sens sa vie A ce titre la qu te des origines renvoie avant tout au processus actif et personnel de la re connaissance de son identit par le sujet Formulons d s lors un double v u Transmettre l histoire de ses origines un enfant incombe en premier lieu sa famille Non seulement elle est le lieu originel mais elle sera galement celui des premi res paroles qu il pourra 43 Frs er BROCHER entendre sur ses origines A ce titre notre premier so
55. e adoption sur la base du choix de la m re de ne pas associer le p re la proc dure d adoption 153 Sur cette question voyez plus sp c T M Young Removing the veil uncovering the truth a child s right to compel disclosure of his biological father s identity Howard L J vol 53 n 1 2009 2010 pp 217 244 154 Art 331octies du Code civil belge Cass 7 mars 1975 Pas 1975 p 692 Civ Bruxelles r f 21 octobre 1999 J T 2000 p 35 198 Voyez not Li ge 27 f vrier 2007 J T 2007 p 464 Lorsqu il est impossible d effectuer un pr l vement sur la d pouille mortelle l expertise peut se faire sur du mat riel g n tique subsistant ou sur celui de membres de la famille proche voyez par exemple Bruxelles 8 janvier 2009 Rev trim dr fam 2009 p 787 expertise ADN sur les collat raux Civ Arlon 1 ch 9 janvier 2009 Rev trim dr fam 2009 p 830 expertise ADN sur les collat raux 157 J P St Trond 24 novembre 2009 J D J 2010 somm p 59 SE Trib jeun Namur 30 avril 2012 Rev trim dr fam 2013 p 1055 note G Mathieu 53 Voyez propos de cette affaire G MATHIEU Les papas fant mes et l adoption pp 1064 et s 36 155 Frs er BROCHER Mais le droit peut aller jusqu imposer la m re une obligation de divulgation du nom ou des noms p res potentiels Ainsi en Suisse l enfant dispose d un droit l obtention de
56. e constituent d sormais plus un obstacle r gissant l utilisation des empreintes g n tiques des fins de preuve en mati re de filiation a entra n ces derni res ann es une augmentation de leur usage des fins priv es en dehors de toute proc dure judiciaire sans aucune garantie notamment quant l intervention de professionnels de la sant et quant la fiabilit des r sultats Le nombre de sites apparaissant sur Internet la suite d une recherche mentionnant test de paternit est cet gard impressionnant Ces sites proposent aux internautes de r aliser peu de frais un test de paternit pr sent comme fiable 99 99 Ces tests pouvant se r aliser linsu de la m re et de l enfant leurs r sultats peuvent servir de moyen de pression ou de chantage dans des s parations pour des questions financi res ou d h bergement Dans ce contexte il est capital de recentrer le d bat autour du propos qui nous pr occupe celui de l int r t de l enfant conna tre ses origines en cas de secret de la paternit en dehors du recours la procr ation m dicalement assist e L int r t de l enfant la connaissance de ses origines ne doit pas se confondre avec un droit voir sa filiation tablie l gard de son g niteur Comme le rel ve Jane Fortin if indeed all children really did have a right to have their parents identity established the next logical step would be to i
57. e temps elle lui donne indirectement de l importance en imposant de la dissimuler pour pr server la parent sociale et la paix des familles Dans ce contexte o se trouve encore la logique d un syst me qui tant t survalorise la v rit biologique tant t l occulte compl tement O et comment trouver une coh rence dans ce grand cart N y a t il pas pr cis ment l intersection de ces deux logiques antagonistes la place pour la conjugaison de ces deux v rit s celle du sang et celle du c ur La volont seule ne peut fonder la filiation La volont seule n a jamais permis personne d engendrer elle doit s accompagner soit de l union d un homme et d une femme soit tout le 172 Pour plus de d veloppements voyez G MATHIEU Le secret des origines en droit de la filiation op cit note 1 pp 400 ets 40 Frs i QN BROCHER moins de l intervention de la science pour faire se rencontrer les gam tes masculins et f minins La volont a donc besoin du corps ou de son mat riel g n tique A l inverse le corps seul ne permettra jamais de fonder la filiation sans un investissement affectif qui va permettre une personne de na tre parent et d assumer r ellement le r le de p re ou de m re et une autre de na tre fils ou fille Ni le corps seul ni la volont seule mais la conjugaison des deux En d autres termes si la filiation est fond e sur la seule composante intent
58. echerche de ses origines personnelles est videmment toujours celui de l enfant pris en consid ration en sa qualit de personne mineure mais galement en tant qu adulte fille de ou fils de La personne en recherche de ses origines n est pas toujours un enfant p riode de vie mais elle reste toujours l enfant de ses parents Si la qu te des origines rel ve d une initiative de l enfant la lev e du secret des origines est susceptible d impliquer d autres personnes dont les int r ts peuvent tre divergents Ainsi dans le cadre d une adoption la recherche de ses origines par l adopt affectera directement ses parents de naissance et ses parents adoptifs Dans l hypoth se de la participation d un tiers dans le processus d engendrement dons d embryons ou de gam tes gestation pour autrui la recherche de l enfant affectera directement le donneur la m re porteuse mais aussi les auteurs du projet parental Nous abordons d s lors in vitablement la question d licate de la pond ration des int r ts contradictoires en pr sence notamment celui du parent de naissance ou du tiers ayant particip au projet parental d autrui Enfin notre raisonnement est construit en filigrane sur la notion de respect primordial d l int r t de l enfant La r f rence l int r t sup rieur de l enfant s attache notamment la n cessit de protection de l enfant eu gard sa plus grande vuln rabilit
59. elle aussi crivait propos du secret de l adoption Certains parents adoptifs d sirent garder le secret concernant les origines des enfants ce qui me semble relever essentiellement de l imaginaire Comme si l ignorance de ses origines rapprochait davantage l enfant de ses parents adoptifs ou dans un autre sens comme si l enfant qui ne sait rien de ses parents tait l enfant biologique du fantasme des parents adoptifs L exp rience nous dit le contraire La th rapie des enfants nous apprend que consciemment ou inconsciemment ils savent tout de leur histoire et que seul le non dit le mutisme des intervenants et de leurs parents ne les autorise pas en prendre conscience Le non dit les lacunes dans l histoire personnelle engendrent des traumatismes graves qui sont souvent la base de n vroses voire de psychoses chez ces enfants Dans le contexte des procr ations m dicalement assist es les premiers enfants n s d un don anonyme se font entendre Ils s expriment dans les cabinets de professionnels au sein d associations aupr s des l gislateurs dans la presse et les m dias mais aussi devant les tribunaux C est le cas notamment en France o le nombre d actions visant faire valoir le droit de conna tre ses origines se multiplie Les t moignages de ces jeunes adultes laissent appara tre un sentiment d incompl tude un vide g n rationnel une rupture d cisive tenant l effacement de la transmissi
60. ement soit dans l ducation soit dans la trajectoire de vie de l enfant plus d un homme et d une femme Il devient ainsi de plus en plus rare qu un seul homme et une seule femme cumulent dans leur chef l ensemble des dimensions constitutives de la filiation l axe l gal le parent devant la loi registre de la parent l axe biologique le parent de sang registre des origines et l axe ducatif et socioaffectif le parent qui prend soin de l enfant registre de la parentalit La w Voyez not sur cette question A CADORET L homoparent un r v lateur de l ordre familial Recherches familiales 2007 1 n 4 pp 47 57 E GRATTON La filiation l preuve de la paternit gay Recherches familiales 2007 1 n 4 pp 59 69 M Heinis dir Le Bulletin Freudien Les Homoparentalit s Bruxelles 2009 54 11 Sur les questionnements de l enfant face l homoparent voyez not N PRIEUR Origines parent et filiation perspectives et risques Le journal des psychologues 2011 9 n 292 pp 37 ets 12 Sur cette question voyez not S CADOLLE Allons nous vers une pluriparentalit L exemple des configurations familiales recompos es Recherches familiales 2007 1 n 4 pp 13 24 I CORPART Les enfants l preuve des reconstitutions familiales un point de vue juridique Recherches familiales 2007 1 n 4 pp 35 46 B VERON H ritage
61. est pas tant d obtenir des r ponses toutes ses questions mais d tre reconnu dans l int gralit de son histoire et dans la possible souffrance exprim e ou non de son abandon Ces l ments font partie de ses origines et marquent pour lui le commencement de son existence La reconnaissance parentale de cette histoire pr adoptive et des souffrances qu elle v hicule est capitale pour que l enfant se sente compris rassur accept Mais la demande de l enfant adopt n est pas seulement entendre comme un Pourquoi m a t on abandonn mais aussi Pourquoi m as tu adopt Il a besoin d tre rassur sur ce qu il entend et qui lui fait peur l cole ils ont dit que tu n tais pas ma vraie maman Il a besoin que cette famille particuli re qui s est construite par adoption lui donne une assurance n cessaire sur la l gitimit de ce qu ils partagent ensemble Ainsi faut il comprendre que le d sir d origines particuli rement chez l adolescent est la fois une demande de reconnaissance de sa double inscription g n alogique mais aussi une demande d tre origin dans le d sir de ses parents L enfant ne se d finit pas seulement comme un adopt mais avant tout comme un sujet libre en volution en plein devenir et ce titre il doit pouvoir travers son histoire et celle de ses parents adoptants reconna tre sa propre valeur dans leur d sir car c est avant tout dans le regard de se
62. et l id e d une inscription donor conceived sur lacte de naissance estimant qu il tait pr f rable d inciter les parents r v ler l enfant les modalit s particuli res de sa conception plut t que de forcer les choses via l annotation de l acte de naissance 9 En Belgique toute personne d sireuse d adopter un enfant doit suivre une pr paration organis e par la Communaut comp tente Cette pr paration est une obligation l gale que ce soit pour l adoption interne art 346 2 al 1 du Code civil ou pour l adoption internationale art 361 1 al 2 du Code civil En Communaut fran aise le cycle de pr paration comprend trois phases une s ance collective d information sur les aspects juridiques culturels thiques et humains de l adoption une sensibilisation collective aux enjeux psychologiques familiaux et relationnels de l adoption enfin une sensibilisation individuelle qui prend la forme de trois entretiens psychologiques Un des th mes examin s lors des s ances de sensibilisation collective porte pr cis ment sur la famille d origine et l abandon questions travaill es par des mises en situation et des t moignages La notion d identit et les interrogations qui gravitent autour de la recherche des origines sont tr s souvent au c ur des discussions L un des enjeux capitaux dans l accompagnement est en effet de permettre aux familles de r pondre aux questions que l enfant se p
63. ette publicit II reste que ces situations sont exceptionnelles PTS PANET Enfant de coucou filiation et tests de paternit Filiatio n 6 avril mai 2012 www filiatio be enfant de coucou filiation et tests de paternite L auteure fait tat d une tude parue dans The Lancet en 2009 dont les conclusions laissent appara tre qu un enfant sur trente en moyenne n aurait pas t biologiquement con u par son p re l gal 152 i 3 de z 7 2 Conseil sup rieur de l adoption Avis sur les r centes propositions de loi relatives l accouchement dans la discr tion et la maternit de substitution Bruxelles 24 septembre 2008 p 10 35 Frs er BROCHER Si ce n est pas le l gislateur qui d cide la base d organiser le secret il est n anmoins amen jouer un r le en choisissant de permettre ou non une totale transparence sur les origines Il peut ainsi imposer la m re de d voiler le nom du p re ou tout le moins un maximum d informations permettant son identification Il peut aussi plus simplement affirmer et mettre en uvre un droit l expertise biologique dans tout litige en mati re de filiation voire tol rer le libre acc s aux tests g n tiques priv s Autant de strat gies visant combattre le secret dont il n est pas cette fois l origine En Belgique dans tout litige relatif la filiation le juge peut ordonner m me d office un examen sanguin ou t
64. gie qu b coise Ethique et procr ation assist e des orientations pour le don de gam tes et d embryons la gestation pour autrui et le diagnostic pr implantatoire 2009 p 68 disponible sur le site www ethique gouv qc ca 32 BROCHER Du point de vue de la m re porteuse tout d abord il est ind niable que son r le ne peut en aucune mani re se comparer celui d une donneuse de gam tes tant de par son investissement dans le temps que de par la nature m me de son intervention Du point de vue des auteurs du projet parental ensuite la situation est galement diff rente d s lors que la m re d intention ne fait pas l exp rience de la grossesse ni de l accouchement Le don d ovocytes que l on pourrait qualifier de don g n tique diff re sensiblement du don gestatif dans la mesure o dans le don d ovocyte la m re sociale qui est aussi la m re ut rine porte et nourrit le b b d s le stade embryonnaire partageant ainsi avec un f tus avec lequel elle n est pas g n tiquement reli e une certaine cat gorie de substances corporelles du sang de l oxyg ne le placenta A l inverse de la GPA o c est un autre clivage qui se joue Du point de vue de l enfant ensuite qui devra parvenir int grer dans l histoire de sa conception et de son d sir l intervention de cette femme avec laquelle il aura n cessairement construit des liens pr nataux durant neuf mois et dont il aura t
65. gique que ce soit en affaiblissant le r le de la possession d tat ou en recourant syst matiquement aux expertises biologiques d s lors que la filiation est en cause D un autre c t ces m mes progr s scientifiques ont contribu d valoriser la composante biologique de la reproduction lorsqu elle n appara t que comme un moyen technique pour fabriquer un enfant comme dans les procr ations m dicalement assist es ou le recours la gestation pour autrui Le primat du biologique dans le fondement de la filiation se trouve ici supplant par l engagement des auteurs du projet parental seuls l gitim s en tant que parents Certes cette dimension intentionnelle a toujours exist dans l adoption mais la particularit de celle ci tout le moins en droit belge est pr cis ment de ne pas ignorer la filiation d origine m me en cas d adoption pl ni re Dans les techniques de procr ation m dicalement assist e h t rologue le droit dissocie d embl e l aide de la science certes la procr ation et la filiation et succombe souvent la tentation de gommer l intervention des personnes qui ont fourni les gam tes et qui ne sont pr cis ment pas anim es d un projet parental Cette anonymisation laisse appara tre un paradoxe elle donne penser que l origine biologique n a finalement que peu de poids dans la d termination de la parent face l investissement socioaffectif mais dans le m m
66. iation questions thiques psychologiques juridiques et scientifiques C Bourg dir Bruxelles De Boeck 1992 p 124 104 J M BR MOND Parents adoptifs et origine s de leurs enfants op cit note 97 pp 17 ets lbid p 22 S BLANCHY La transmission de son histoire l enfant adopt op cit note 98 p 17 F VALL E Parents par adoption Responsables de l avenir d positaires du pass in Accueil n 165 d cembre 2012 Paris Enfance et Familles d Adoption p 23 105 106 107 25 Frs er BROCHER origines et la famille de naissance Ainsi sans nier l importance de louverture et de l accompagnement des parents adoptifs sur le pass de leurs enfants il reste que c est avant tout l ancrage de ces derniers dans leur filiation adoptive qui va s av rer d terminant pour leur permettre de traverser sereinement leur ventuelle qu te des origines tel un bateau qui part au loin et revient parce qu il sait pouvoir compter sur son port d attache Au demeurant le savoir n est pas une fin en soi Conna tre son histoire son pass n a d int r t que pour arriver ensuite s en lib rer ou tout le moins l int grer afin de pouvoir investir pleinement son nergie psychique dans la construction de son avenir Certains psychologues d fendent ainsi non pas le droit de ne pas savoir mais celui d oublier Oublier n est pas ignorer c est avoir su pouvoi
67. ige qu il puisse conna tre ses origines si tel est son souhait 3 Transmettre Venfant ses origines oui mais comment Enfant Tu n es pas ma vraie maman M re Ah bon je ne suis pas ta vraie maman Enfant Oui les copains ils ont dit a M re Et toi qu est ce que tu en penses Enfant Que c est vrai tu n es pas ma vraie maman M re Mais c est quoi une vraie maman Enfant Ben c est celle qui m a eu dans son ventre M re Ah bon mais moi je connais des mamans qui n ont pas eu leur petit enfant dans leur ventre elles sont fausses mamans alors Enfant Ben oui comme toi M re C est vrai qu elle a eu de la chance de t avoir dans son ventre mais moi je suis devenue ta maman apr s et je suis ta vraie maman qui ne t a pas eu dans son ventre Dialogue fictif permettant d illustrer la fa on dont un enfant peut tre guid dans une pens e r flexive sur son identit extrait de la conf rence Paroles d origine donn e par Sophie Marinopoulos lors du colloque La recherche des origines Colloque national Berne 31 mai 2007 pp 47 55 www espace adoption ch 28 T moignage de Pascal au colloque Droit aux origines Coordination des actions pour le droit la connaissance des origines CADCO Paris 4 f vrier 1998 p 9 10 Frs er BROCHER Le secret s apparente au silence Il ne s oppose pas la v rit mais la parole Mais que dire Car le parad
68. iger dir Bruxelles Bruylant 2014 pp 230 ets 1 FINE Parent liens de sang et liens de c ur in La parent en question s V Bedin et M Fournier dir Auxerre Sciences Humaines Editions 2013 pp 42 ets Frs er BROCHER Le cinqui me point tudie les diff rents domaines du droit susceptibles d tre concern s par le secret des origines et les r ponses que le droit y apporte La question de l acc s aux origines se pose en effet dans des situations radicalement diff rentes Dans l adoption la volont de sortir un enfant d une situation de d tresse rejoint le d sir d enfant d un couple ou d une personne seule Dans l accouchement secret il s agit de faire face au souhait d une femme d accoucher de mani re confidentielle pour des raisons qui lui sont propres Dans le recours aux techniques de procr ation m dicalement assist e h t rologue ou la gestation pour autrui il s agit de rencontrer le d sir d enfant d un couple qui ne peut pas ou ne veut pas recourir la procr ation naturelle Nous abordons galement la question des empreintes g n tiques ainsi que celle de l inceste qui sont en lien direct avec le secret des origines Enfin dans un dernier point nous montrons qu il est tout fait possible de r concilier les concepts d origines et de parent Le point de vue abord tout au long de l tude est celui de l enfant L angle d approche d une r
69. ime et m me vital elle consid re en m me temps qu il peut exister des motifs permettant de ne pas assurer une totale transparence sur les origines et notamment de ne pas r v ler l identit des parents de naissance qui ont eux aussi le droit au respect de leur vie priv e Ce droit est garanti toute personne La difficult r side d s lors dans la d licate mise en balance d int r ts contradictoires tous prot g s par l article 8 de la Convention Ainsi par exemple dans l arr t Odi vre c France en 2003 la Cour a mis en balance le droit de l enfant la connaissance de ses origines et le droit la vie priv e d autres personnes dont celui de la m re qui doit aux yeux de la Cour se voir reconna tre le droit conserver l anonymat pour sauvegarder sa sant en accouchant dans des conditions m dicales appropri es La Cour a galement invoqu le droit au respect de la vie pour faire pencher la balance du c t de l anonymat le souci de prot ger la sant de la m re et de l enfant lors de la grossesse et de l accouchement d viter des avortements clandestins ou encore des abandons sauvages n est ainsi pas tranger aux yeux de la Cour aux buts que recherche le syst me fran ais 5 Cour eur D H arr t Gaskin c Royaume Uni 7 juillet 1989 req n 10454 83 56 Cour eur D H arr t Odi vre c France 13 f vrier 2003 req n 42326 98 5 Cour eur D H arr t Godelli c Italie 25 septe
70. informations non identifiantes sa demande seul ou accompagn de ses repr sentants l gaux eu gard sa capacit de discernement sans ce que l exercice de ce droit ne puisse tre limit par un refus de la m re biologique Il devrait galement avoir la possibilit dans les m mes conditions d acc der l identit de celle ci Dans ce cas toutefois en cas de refus de la m re une pes e des int r ts en pr sence serait effectu par un juge ou tout autre organe officiel et impartial Dans la balance l int r t de l enfant m me devenu adulte devra videmment primer et ne pourra s effacer qu en cas de danger grave pour la vie ou l int grit physique ou morale de la m re Si la demande de l enfant devait tre cart e une nouvelle demande pourrait tre introduite intervalles r guliers pour r examiner la balance des FC GIRARD Les secrets de l accouchement anonyme in Cahiers de Maternologie L accouchement sous X en question n 5 1995 p 35 2 Voyez not sur cette question S BABIN Des maternit s impansables Paris L Harmattan 2001 Ph DUVERGER et K NARDIN GopET Accouchement sous X et filiations Enfances amp Psy n 50 La filiation aujourd hui Er s 2010 pp 44 56 S MariNoPpouLos De l tat d tre enceinte l attente d un enfant maturation psychique et repr sentation in Naissance et secret le droit ses origines M P Poilpot dir
71. intien de contacts ult rieurs avec la m re porteuse sera parfois envisag Quoi qu il en soit le lien gestationnel qui unit un enfant la femme qui l a port pendant neuf mois et qui l a mis au monde est fondamental Nul ne peut plus nier aujourd hui l interaction qui se tisse durant la grossesse entre la gestatrice et le f tus ind pendamment du partage d un patrimoine g n tique commun Nier l intervention de la m re porteuse revient nier l environnement hormonal dans lequel baigne le f tus et m conna tre les d veloppements de la science qui ont pu montrer les comp tences sensorielles acquises durant la vie f tale Ce que l enfant aura v cu in utero et les attitudes de la m re biologique d une part l irruption de la m re juridique avec d autres attitudes un autre rythme d autre part induiront sans doute une rupture dont il est difficile d valuer l impact Il est en tout cas important de construire avec l enfant un r cit sur le fait qu il a fait l objet 144 N Gallus Le droit de la filiation op cit note 40 p 396 G DELAISI DE PARSEVAL Famille tout prix Paris Seuil 2008 p 116 L ROEGIERS Gestation pour autrui essai sur le point de vue de l enfant in La gestation pour autrui vers un encadrement G Schamps et J Sosson coord Bruxelles Bruylant 2013 p 50 147 A CADORET Peut on rapprocher la gestation pour autrui de l adoption Recherches socio
72. ionnelle d sincarn e le droit ne peut gommer l intervention du tiers qui a galement contribu donner la vie les parents de naissance le donneur de gam tes la m re porteuse A l inverse si elle se fonde sur la composante biologique il s agit de s assurer qu elle s enracine aussi dans une volont de cr er la parent L enfant a besoin d un auteur certes mais aussi pour ne pas dire surtout d un parent qui choisit d tre p re ou m re A cet gard nul doute que l attachement filial ne se mesure pas l aune d une empreinte g n tique Pour aborder sereinement le d bat sur l acc s aux origines il est donc n cessaire de distinguer plus clairement les concepts d origine de parent et de parentalit Les origines dans leur dimension biologique renvoient l axe corporel de la filiation le parent d origine d un enfant est alors au sens troit son g niteur La parent d signe ensuite l axe juridique de la filiation qui renvoie un ensemble de droits et d obligations dans le chef du parent et de l enfant et qui permet d inscrire l enfant dans une lign e La parentalit enfin s entend de l axe ducatif et socioaffectif et renvoie de facto l exercice des attributs de l autorit parentale l exercice quotidien des fonctions d ducation et de soins La parentalit sera le plus souvent li e la parent mais pas exclusivement beau parent grand parent ducateur famille
73. ions dont ils disposent d autre part le centre de f condation reste tenu de rendre inaccessible toute donn e permettant l identification du donneur que le don soit anonyme ou non et toute personne travaillant pour ou dans un tel centre qui prend connaissance de quelque mani re que ce soit d informations permettant l identification des donneurs d embryons ou de gam tes est tenue au secret professionnel D s lors aucune information identifiante ne peut tre communiqu e par le centre de f condation Concernant les informations non identifiantes relatives au donneur taille ge poids profession centres d int r ts tat de sant le centre de f condation ne peut communiquer que les informations de nature m dicale susceptibles de rev tir une importance pour le d veloppement sain de l enfant et surtout il ne peut communiquer ces informations qu la receveuse ou au couple receveur qui en fait la demande au moment de faire un choix ou au m decin traitant de l enfant de la receveuse ou du couple receveur pour autant que la sant de l enfant le requi re Force est d s lors de constater qu en organisant de la sorte la disparition du donneur le droit belge confisque d lib r ment l enfant une partie de ses origines Nous plaidons d s lors pour une modification de la loi belge dans le sens d une lev e de l anonymat Nous appelons la mise 128 bid p 12 Loi belge du 6 juillet 2
74. ire l autorit parentale L astreinte financi re comme moyen de pression pourrait s envisager avec les limites inh rentes celle ci notamment en cas de faibles revenus de la m re 3 La troisi me situation renvoie l hypoth se o l Etat d cide que le parent ne doit pas tre identifi Par exemple lorsque le l gislateur limite l acc s de l enfant adopt aux informations sur ses parents g n tiques lorsqu il prescrit l anonymat des dons d ovules ou de sperme dans le domaine des f condations in vitro lorsqu il impose une falsification d identit sur l acte de naissance par exemple pour un enfant dont le p re n est pas le mari de la m re ou encore lorsqu il fait obstacle l tablissement d une filiation pourtant connue telle une filiation incestueuse Cette troisi me cat gorie pr te videmment controverse quant l interpr tation des termes dans la mesure du possible puisqu elle peut dans certains cas appara tre comme un d ni volontaire du l gislateur du droit de l enfant conna tre ses parents Pour certains en effet 3 R Hoockin et P NEWELL Manuel d application de la Convention relative aux droits de l enfant Publications des Nations Unies Bureau r gional pour l Europe Gen ve Atar Roto Presse 2002 pp 123 et 124 1 N GaALLUS Le droit de la filiation R le de la v rit socio affective et de la volont en droit belge Bruxelles Larcier 2009 p 532 note 220
75. it d s lors pouvoir d couvrir d o il vient qui sont ses parents de naissance quelle est son histoire Nos origines font partie de nous elles nous construisent et s int grent notre identit Priver un enfant de ses origines c est en quelque sorte l amputer d une partie de lui m me Le plus important 42 Fred BROCHER pour l enfant est sans doute de savoir que l information est conserv e quelque part qu elle ne lui est pas cach e d lib r ment et qu il pourra toujours y avoir acc s quand il le souhaitera quand il se sentira pr t Dans le domaine de l adoption par exemple plusieurs recherches ont pu d montrer que les adopt s se posent moins de questions sur leurs origines quand ils savent que les informations leur sont accessibles et que le jour o ils auront besoin de conna tre la v rit celle ci ne leur sera pas cach e La reconnaissance de ce droit d acc s suffit pour rassurer une grande partie de personnes qui n entameront jamais de plus amples recherches Chaque enfant a le droit de conna tre son histoire et le droit de faire le choix de chercher plus loin ou pas Si la Convention relative aux droits de l enfant reconna t l enfant au sens d une personne de moins de 18 ans le droit de conna tre ses parents dans la mesure du possible art 7 et impose aux Etats de pr server son identit art 8 nous avons vu que la mani re dont ces deux articles sont r dig s laisse malheure
76. jours t au c ur des questionnements de l tre humain Notre esprit a besoin de se raccrocher un point de d part dans l espace comme dans le temps A un niveau collectif Quelle est l origine de l humanit D o vient l homme Pourquoi y a t il quelque chose plut t que rien In puisables questions auxquelles toutes les civilisations ont tent d apporter leurs propres r ponses sous forme de mythes de croyances ou de r flexions 3 A JACQUARD Petite philosophie l usage des non philosophes Collection Le Livre de poche Paris Calmann L vy 1997 p 135 t Toutes ou presque Bouddha choisit d carter toutes ces sp culations Quelles choses ont exist en premier Quelles choses ont exist en dernier D o vient et o va le monde Combien de cosmos se sont form s Combien de cosmos se sont d truits D o vient et o va le cosmos Telles sont les choses inassignables Soutra de l Ornementation fleurie cit par C Wei Il tait une fois in Le Nouvel Observateur Hors s rie n 77 L origine du monde janvier f vrier 2011 p 3 BROCHER A un niveau individuel ensuite Qui suis je D o viens je Quelle est l histoire de mes parents De mes grands parents De mon d sir et de ma conception Ce ph nom ne n est pas nouveau puisqu il participe de la condition humaine Nous rencontrons tous des degr s divers des moments diff rents le besoin de renouer
77. le permet alors aux Etats de limiter le droit reconnu l article 7 en fonction de choix que lui seul estimerait opportuns Il suffit alors d invoquer cette mesure pour prendre des dispositions de nature malmener le droit de l enfant de conna tre ses origines Il faut au contraire consid rer que l expression dans la mesure du possible renvoie l absence de limites mat rielles et non l gales C est d ailleurs la position adopt e par le Comit des droits de l enfant qui consid re que le droit pour un enfant de conna tre ses parents garanti par l article 7 1 de la Convention est d ni par les Etats parties qui autorisent l accouchement anonyme ou sous X les bo tes b b s le secret de l adoption ou encore l anonymat du don de gam tes ou d embryons Ainsi dans ses observations finales l gard de la France rendues en juin 2004 le Comit recommandait l Etat partie de prendre toutes les mesures voulues pour assurer la pleine application des dispositions de l article 7 en particulier le droit de enfant conna tre dans la mesure du possible ses parents eu gard aux principes de la non discrimination art 2 et de l int r t sup rieur de l enfant art 3 En mars 2005 il priait instamment le Luxembourg de prendre toutes les mesures n cessaires pour emp cher et liminer la pratique de l accouchement dit anonyme Si cette pratique devait se poursuivre il appartiendrait
78. lit biologique de leur existence Le t moignage de Pascal lors d un colloque organis par la Coordination des actions pour le droit la connaissance des origines CADCO est loquent Vous pouvez comprendre pourquoi je suis un homme en col re Savoir qu il y a des gens qui en savent plus que moi sur moi est injustifiable r voltant Je veux conna tre mon histoire pour ne plus en tre le sujet Je veux me r approprier mon histoire pour en devenir enfin l acteur J ai le droit de la conna tre parce qu elle m appartient Tr s souvent ces jeunes adultes t moignent d une part d ombre qui entrave leur construction identitaire et supportent difficilement de ne pouvoir visualiser leurs ressemblances physiques avec le donneur La question de l apparence physique est ainsi r currente de sorte que bon nombre d entre eux souhaiteraient simplement disposer d une photo du donneur sans n cessairement vouloir conna tre son identit ou le rencontrer La question des autres enfants con us avec les paillettes de sperme du m me donneur est galement tr s fr quente avec en toile de fond la peur d une rencontre incestueuse Jamais toutefois il n est question de revendiquer un p re ni de changer de parent leur vrai p re est celui qui les a voulus accueillis reconnus et lev s Si le secret sur les origines est donc potentiellement toxique pour l enfant le respect de son int r t sup rieur ex
79. logiques et anthropologiques En ligne 41 2 2010 p 20 mis en ligne le 9 f vrier 2011 consult le 2 novembre 2012 http rsa revues org 241 18 L embryon prend le nom de f tus entre la huiti me semaine de grossesse et la naissance Son c ur commence battre trois semaines et huit semaines ses organes sauf le cerveau sont en place 33 145 146 Frs er BROCHER d une commande et que la femme qui l a port n aura pas de r elle place dans sa vie alors qu il a v cu en son sein pendant des mois et qu elle l a mis au monde La question de l acc s de l enfant ses origines si cruciale soit elle n a pourtant pas t une des pr occupations majeures des Etats ayant choisi d autoriser et d encadrer la gestation pour autrui Tout d pend du mode de rattachement de l enfant ses parents d intention Dans les Etats o les parents d intention sont les parents juridiques de l enfant d s la naissance aucune place n est a priori faite la m re porteuse qui restera dans l ombre d faut d une r v lation de son identit l enfant A l inverse dans les Etats o un transfert des droits parentaux la naissance est n cessaire l instar d une adoption le nom de la m re porteuse appara tra dans l acte de naissance de l enfant qui aura alors la possibilit d acc der ses origines En tout tat de cause autoriser le recours la gestation pour autrui et permettre q
80. manich enne opposant implacablement le droit de la femme au droit de l enfant Cette opposition confine selon nous le d bat la st rilit Comme le soulevait d j Pierre Verdier en 1995 ces droits ne s opposent pas ils s articulent Tel est notre credo passer d une logique de hi rarchisation une logique de pond ration des droits en pr sence respectueuse de la dignit de la m re et de l enfant Les souffrances au demeurant ne sont pas faites pour tre hi rarchis es mais respect es Il est galement n cessaire dans un d bat aussi passionnel afin d viter un trop rapide clivage entre les deux camps de faire preuve d une r elle ouverture d esprit condition sine qua non pour appr hender l ensemble des int r ts en pr sence et notamment pour arriver entendre et reconna tre la souffrance de l autre sans jugement ni parti pris Ce n est qu au moyen de cette ouverture d esprit que le d bat voluera dans ce qui est pr sent de part et d autre comme simple et l mentaire puisqu il ne s agit dans chaque camp que de d fendre ses propres int r ts Si nier compl tement la r alit de l accouchement en effa ant toute trace de celui ci rencontre certes l espace d un temps le besoin de confidentialit d une femme en d tresse ce processus aboutit dans le m me temps ignorer totalement leur souffrance plus long terme tir e du d ni dans lequel le l gislateur les
81. mbre 2012 req n 33783 09 58 Cour eur D H arr t J ggi c Suisse 13 juillet 2006 req n 58757 00 16 ZE ex BROCHER 5 Quels sont les diff rents contextes dans lesquels l enfant pourrait tre emp ch de conna tre ses origines a accouchement sous X Peut on na tre de rien sans n tre rien E e E DJ D Ja uder 19Y N Ei J ran mit neuf enguaraute e u i cugl eus andie AGneures LT J 1 ronm 2C 5 Nbikelld ilii nr Gbotuadette 4 Mer l Q lafon he heur usdite d un enfant du 1 6 l TUTE el i lonn les pr noms d ei ernade EE SATE t au t Un accouchement sous X ou dans l anonymat tel qu il est actuellement autoris en France suppose que la femme sollicite au moment de son admission dans un tablissement de sant que son anonymat soit pr serv sans que la loi puisse l obliger fournir la moindre information relative son identit Elle reste videmment libre de laisser des indications non identifiantes l attention de l enfant son ge sa nationalit ainsi que sous pli ferm son identit avec la garantie toutefois que le secret sur celle ci ne sera lev qu avec son accord L acte de naissance ne mentionne pas le nom de la m re la filiation n est pas tablie et l enfant n de m re inconnue est confi aux organismes sociaux en vue d une adoption L accouchement anonyme a ain
82. ment ils d noncent l information b cl e donn e aux m res au moment de la naissance et la douleur qui s ensuit V Provost Le droit de conna tre ses origines personnelles une vidence qui n en est peut tre pas une op cit note 21 p 23 19 ES er BROCHER nos mythes dans nos valeurs La loi sur l accouchement anonyme n est qu une r ponse ce malaise et rend ce comportement socialement acceptable tout en le d personnifiant La cl du probl me r side sans doute dans l largissement du d bat l abandon d enfant est intrins quement li la difficult d tre m re qui s explique pour diverses raisons Il convient d accepter que certaines femmes ne peuvent assumer une maternit sans les juger ni les condamner Vouloir tout prix faire comme si rien ne s tait pass sous pr texte de les aider revient finalement stigmatiser l acte d abandon l o il est possible de reconna tre et valoriser l acte responsable pos par une femme en d tresse qui fait le choix conscient de confier son enfant en adoption Dans ce contexte nous sommes favorable un syst me qui permettrait une femme de donner naissance dans la confidentialit avec recueil obligatoire des l ments la concernant tant identifiants que non identifiants lesquels seraient conserv s titre confidentiel durant les premi res ann es de vie de l enfant L enfant pourrait ensuite acc der aux
83. mpte doit tre bon in Le Monde fr Secret des origines 24 novembre 2008 http jprosen blog lemonde fr 124 Ainsi en Su de premier pays au monde avoir lev l anonymat en mati re de don de sperme en 1985 le nombre de dons en l g re chute dans un premier temps a commenc remonter d s 1992 avec une modification du profil des donneurs l ventail est d sormais plus diversifi et plus altruiste les donneurs sont plus g s et ont d j eu leurs propres enfants K OrFaui PMA et lev e de l anonymat la Su de entre une tradition de transparence et un statut novateur de l enfant in Procr ation m dicalement assist e et anonymat Panorama international B Feuillet Liger dir Collection Droit Bio thique et Soci t Bruxelles Bruylant 2008 p 258 Cette modification du profil des donneurs a galement suivi la lev e de l anonymat au Royaume Uni voluant de l arch type du jeune tudiant en m decine au p re de famille trentenaire l THERY Des humains comme les autres Bio thique anonymat et genre du don Paris Les Editions de l EHESS 2010 p 64 Sur ce constat voyez aussi J COUSINEAU L anonymat des dons de gam tes et d embryons au Qu bec et au Canada Essai th orique sur l internormativit entre le droit positif et l thique de la sollicitude dans la r solution du conflit Th se de droit compar Universit McGill Montr al 2011 http digitool library mcgill ca
84. n le d voilement non consenti par lui totalement inutile et nuisible son int r t d une v rit biologique en contradiction avec la v rit l gale porte assur ment atteinte ce droit En conclusion nous consid rons que l importance grandissante reconnue au droit de l enfant conna tre ses origines ne peut en aucune mani re servir de pr texte pour verser dans une id ologie de la transparence absolue et l gitimer le libre acc s aux tests de paternit au nom d un droit la v rit biologique avec le risque d imposer l enfant qui n a rien demand une v rit inutile et m me parfois dangereuse Au contraire nous plaidons pour une intervention des l gislateurs afin de baliser l acc s aux tests g n tiques priv s A d faut le risque est grand de permettre qu une v rit brute soit communiqu e l enfant sans le moindre accompagnement et sans possibilit terme d obtenir sur le plan de la filiation voire seulement sur le plan humain une r ponse satisfaisante Le risque est encore plus grave que cette v rit des g nes lui soit impos e malgr lui et s accompagne de surcro t d une perte de son lien de filiation f L inceste La question de l inceste est susceptible de rejoindre celle du secret des origines de deux mani res 166 N Coupoinc et Ph PEDROT Egalit v rit stabilit et volont fronton du droit contemporain de la filiation Enfances amp Psy n 5
85. nation and anonymity The ethical and legal debate Human Reproduction 2001 p 822 http humrep oxfordjournals org p 822 ec Halmos Pourquoi l amour ne suffit pas Paris Nil ditions 2006 p 56 Selon l Organisation Mondiale de la Sant un couple sur dix en ge de procr er souffrirait d infertilit Sur la souffrance des couples touch s par un probl me d infertilit voyez not J DARWICHE F MAILLARD A CoRBoz WaRNEY H TISSOT et P GUEX Familles issues de la m decine de la procr ation de la grossesse aux interactions entre p re m re et b b in Les nouvelles familles Bruxelles De Boeck 2010 pp 281 et s A propos plus sp cifiquement de la st rilit masculine voyez P JOUANNET Procr er gr ce un don de sperme accueillir et transmettre sans g ne in S minaire Droit des femmes face l essor de l int r t de l enfant La Revue des Droits de l Homme n 3 juin 2013 http revdh files wordpress com pp 95 et s 119 G Derais DE PARSEVAL L anonymat des dons en AMP un point de vue de psychanalyste L anonymat vite la v rit psychique du don op cit note 31 p 55 115 118 27 Frs er BROCHER ce secret en offrant comme mod le aux parents le camouflage de leurs secrets elle les prive de la possibilit de se d livrer des effets pathologiques de la situation Quant l enfant il lui sera tout simplement impossible de faire le
86. nc aussi aux enfants C est sous l angle de l article 8 de la Convention et plus pr cis ment du droit au respect de la vie priv e que la Cour europ enne des droits de l Homme a d velopp sa jurisprudence sur la question de l acc s aux origines personnelles Elle consid re que le respect de la vie priv e prot ge le droit l identit et l panouissement personnel Pour la Cour le droit l identit fait m me partie du noyau dur du droit au respect de la vie priv e en ce qu il est une condition essentielle du droit l autonomie et l panouissement Comit des droits de l enfant observations finales sur le rapport pr sent par la R publique tch que CRC C CZE CA 3 4 5 Art 1 de la Convention relative aux droits de l enfant t En ce sens R J Blauwhoff the recognition of a right to know on the basis of Article 7 1 UNCRC should be regarded as a significant step in the recognition of individual identity rights in general thereby including adult offspring Furthemore doctrinal commentaries add force to the assumption that the right to know one s parents does not lose significance after the child reaches the age of eighteen or ceases to be a minor R J BLAUWHoOFF Foundational Facts Relative Truths A comparative law study on children s right to know their genetic origins Anvers Oxford Portland Intersentia 2009 p 58 52 Cour eur D H arr t Godelli c Italie 25 septembre
87. nnelle rendu public au mois d avril 2014 recommande en ce sens que soit examin e la question des demandes manant de deux personnes souhaitant savoir si elles sont issues du m me don I THERY et A M LEROYER Rapport Filiation Origines Parentalit Le droit face aux nouvelles valeurs de responsabilit g n rationnelle 2014 pp 227 et s disponible sur http lettre ehess fr 171 39 BROCHER de nature jouer un r le d incitant la lev e du secret quant au mode de conception Cette intervention suppl tive nous semble par ailleurs respectueuse du droit de l enfant de ne pas savoir puisqu elle proc de d une d marche volontaire 6 La fin d un droit de la filiation bic phale plaidoyer pour la r conciliation des origines et de la parent l galement institu e A l issue de notre tude un paradoxe merge D un c t les progr s de la science avalis s ou non par le l gislateur ont permis de s assurer avec une certitude quasi absolue de l identit des g niteurs avec la cl le risque d une valorisation sans pr c dent de la v rit biologique en cas de conflit de paternit ou exceptionnellement de maternit A cet gard la jurisprudence belge sous couvert d un consensus europ en grandissant autour du droit de l enfant de conna tre ses origines dans une acception erron e qui confond ce droit avec celui de faire tablir sa filiation survalorise l importance de la v rit biolo
88. nneur de Jean Michaud Droit et Bio thique H Gaumont Prat coord Bordeaux Les Etudes Hospitali res 2012 pp 285 297 FRS er BROCHER d engendrement la science souvent cautionn e par le droit a ainsi multipli les occasions de susciter des recherches d origines puisqu il peut y avoir aujourd hui jusqu cinq personnes l origine de la naissance d un enfant une femme qui fait don de ses ovocytes un homme qui fait don de son sperme ou un couple qui fait don d un de ses embryons une femme pour porter l enfant et les parents qui souhaitent l duquer et faire de lui leur enfant m me en l absence de lien biologique les reliant lui La reconnaissance progressive de l homoparent a encore accentu la dimension du questionnement Au sein des couples homosexuels le secret qu il porte sur le fait de l adoption sur le recours la procr ation m dicalement assist e combin e ou non la gestation pour autrui est intenable par nature L enfant lev par un couple de m me sexe sera en effet t t ou tard confront une vidence l esp ce humaine tant sexu e il ne peut avoir t con u que par un homme et une femme ou tout le moins par la rencontre des gam tes des deux sexes Il s interrogera ainsi n cessairement sur ses origines Dans le m me temps les progr s de la g n tique ont permis d tablir avec une quasi certitude l origine biologique d un individu gr
89. ntroduce compulsory DNA testing for all babies and adults prior to the birth registration process Les origines g n tiques et la filiation juridique n ont pas n cessairement vocation se confondre La filiation juridique d signe le lien de droit qui unit un enfant un homme ou une femme Elle n est 169 Voyez l article 119 alin a 2 littera g de la Constitution f d rale qui mentionne que toute personne a acc s aux donn es relatives son ascendance 161 Pour plus de d tails voyez G MATHIEU Le secret des origines en droit de la filiation op cit note 1 p 429 et s 152 BVerfG 31 janvier 1989 FamRZ 1989 pp 255 et s 1 Pour plus de d tails voyez G MATHIEU Le secret des origines en droit de la filiation op cit note 1 pp 433 et s zo Voyez par exemple www easy dna be dont l antenne belge est situ e Braine l Alleud ou encore la firme GENDIA bas e en Flandre www paternity be D FORTIN Children s right to know their origins too far too fast Child and Family Quarterly vol 21 n 3 2009 pp 354 et 355 37 Zm er BROCHER pas de l ordre du fait mais de l artifice en ce qu elle n existe pas par elle m me mais est une cr ation du droit La composante biologique constitue l vidence un crit re important dans la construction juridique de la paternit mais ce crit re n est pas d terminant Par ailleurs il est important de souligner que l int r t
90. oir le choix de conna tre ou de pr f rer ignorer l identit de la ou des personnes qui lui ont permis de voir le jour Notre objectif est pr cis ment de d montrer qu il est parfaitement envisageable de concevoir pareil mod le qui placerait le donneur en dehors du cadre traditionnel de la parent ou de la parentalit dans le but de permettre l enfant d acc der des informations sur celui qui a aussi d une mani re certaine particip sa mise au monde x k k En Belgique la loit autorise titre gratuit le don de sperme d ovocytes et d embryons Les parents au sens juridique du terme sont les auteurs du projet parental Il est donc impossible d tablir un lien de filiation entre l enfant n gr ce un don et le donneur ou les donneurs de gam tes ou d embryons Quant l anonymat du donneur la loi tablit une distinction entre le don de gam tes et le don d embryons Elle impose l anonymat pour ce dernier mais autorise le don non anonyme de gam tes lorsqu il r sulte d un accord entre le donneur et le ou les receveurs Toutefois l anonymat n est dans ce cas lev qu entre le donneur et la receveuse ou le couple receveur Hormis par l interm diaire de ses parents l enfant n la suite d un don non anonyme de gam tes n a aucun droit d acc s aux informations relatives au donneur D une part l enfant ne dispose d aucun recours pour forcer ses parents lui communiquer les informat
91. on de cette obligation l gale sera en tout tat de cause difficile sanctionner Elle aura au moins le m rite d exister et incitera nous l esp rons la lev e du secret D s lors que l on consid re que l information de l adopt sur son statut est un droit tout en reconnaissant que l obligation de r v lation institu e charge des adoptants sera avant tout d ordre symbolique nous estimons qu il appartient l Etat de suppl er au silence ventuel des parents soit par la mention de l adoption en marge de l acte de naissance soit par un syst me de publicit de l adoption pl ni re au moyen d une inscription sp cifique dans un registre distinct permettant l adopt qui demande une copie de son acte de naissance de recevoir pareille inscription l informant du fait de son adoption et si possible de l identit de ses parents d origine kkk Pour terminer nous souhaitons attirer l attention du lecteur sur l importance dans le contexte de l adoption de ne pas survaloriser la dimension biologique des origines Bien plus qu acc der un nom ou un dossier les personnes adopt es ont besoin de s inscrire dans une histoire dont la singularit est d avoir connu une discontinuit Pour un enfant ou un adulte adopt acc der ses origines est avant tout avoir en face de lui quelqu un qui lui parle de ses origines On comprend d s lors que l accompagnement de l enfant dans sa qu te est
92. on de la vie Ils ont le sentiment que leur histoire personnelle est amput e ressentent un trou dans leur filiation et prouvent souvent le besoin de se comparer quelqu un comme 2 Ibid p 18 2 p VERDIER N sous X in Cahiers de Maternologie L accouchement sous X en question n 5 1995 p 78 24 E IMBER BLACK Le poids des secrets de famille Quand et comment en parler Ce qu il faut dire et ne pas dire Paris Editions Robert Laffont 1999 p 205 25 L CASSIERS Le v cu de l adoption in Adoption et formes alternatives d accueil Droit belge et droit compar M Th Meulders Klein dir Bruxelles Story Scientia 1990 pp 19 et 20 26 E Dorro et N HaMao Destins d enfants Adoption familles d accueil Travail social Entretiens Paris Gallimard 1995 pp 79 et 80 4 Voyez notamment l association Donorkinderen Belgi Nederland www donorkinderen be 9 FRS er BROCHER eux Ils peuvent galement ressentir un sentiment profond d injustice et de discrimination se retrouvant malgr eux dans la situation d orphelin g n tique sans aucun contr le de la situation Une partie de leur histoire leur chappe et leur est rendue l galement inaccessible Leur souffrance est accentu e par le fait que quelqu un en l occurrence une institution en sait plus sur leur origine leur intimit qu eux m mes Ils contestent un syst me qui occulte compl tement la r a
93. osera in vitablement un moment ou un autre et de faire ainsi le lien avec la premi re partie de sa vie L accent est d s lors in vitablement mis sur la l gitimit de ce questionnement ainsi que sur l importance de l accompagnement et du soutien que devraient id alement tre m me d offrir les parents adoptifs leur enfant afin de diminuer autant que faire se peut la probabilit de survenance d un conflit de loyaut entre ses deux familles 10 En ce sens galement L PLuyM Het recht van het kind om zijn ouders te kennen art 7 1 IVRK na heterologe medisch begeleide voortplanting adoptie en draagmoederschap in Belgi T J K 2012 p 22 141 art 18 1 de la Convention relative aux droits de l enfant La responsabilit d lever l enfant et d assurer son d veloppement incombe au premier chef aux parents ou le cas ch ant ses repr sentants l gaux Ceux ci doivent tre guid s avant tout par l int r t sup rieur de l enfant 14 Voyez supra 31 BROCHER Un pas de plus pourrait tre franchi en mentionnant sur l acte de naissance le recours une procr ation m dicalement assist e h t rologue sans que n apparaisse imm diatement le nom du ou des donneurs Cette mention ne serait pas de nature porter atteinte la vie priv e de l enfant dans la mesure o tout le moins en droit belge un extrait de l acte de naissance ne mentionnant pas la filiation est suffisant pour la plupart des ac
94. out autre examen selon les m thodes scientifiques prouv es Le recours l expertise g n tique permettant de v rifier ou d exclure la paternit avec une certitude quasi absolue il est normal que les juges privil gient ce mode de preuve lorsqu il existe un doute quant la paternit Le droit au respect de l int grit corporelle implique toutefois que la personne puisse refuser de se soumettre l expertise ordonn e et personne ne peut l y contraindre manu militari La plupart des juges refusent toutefois de consid rer l expertise g n tique comme une atteinte inadmissible au droit au respect de la vie priv e ou au droit au respect de l int grit physique de la personne dont la paternit est recherch e Ils estiment juste titre que le droit l int grit physique n est pas absolu et que le simple bon sens permet de consid rer que la pr tendue atteinte l int grit physique de la personne consistant pr lever l extr mit du doigt une ou plusieurs gouttes de sang est insignifiante par rapport l int r t de l enfant de voir sa filiation tablie En cas de refus de se soumettre une expertise g n tique certains juges sont par ailleurs favorables au nom du droit de l enfant voir tablir sa filiation de prononcer une astreinte Le recours l expertise g n tique post mortem est galement autoris e et les juges n h sitent pas ordonner cette fin exhumation du cadavre du p re su
95. outefois que de plus en plus de pays pr voient explicitement dans leur l gislation l instar de la Belgique un droit l information sur l identit des parents de naissance et conservent cet effet des informations sur les origines de l enfant x k k Au terme de nos recherches nous avons acquis la conviction que le fait de l adoption ne devrait tre cach ni par les adoptants ni par un syst me juridique qui modifierait lacte de naissance Nous plaidons d s lors en faveur d un r el droit de l adopt de conna tre le fait de son adoption D une part le seul fait pour une personne de savoir qu elle a t adopt e n entre pas en conflit avec le droit la vie priv e et familiale des parents de naissance D autre part le potentiel conflit entre le droit de savoir que l on a t adopt et le droit la vie priv e et familiale des adoptants qui souhaiteraient cacher l adopt son statut doit tre selon nous sold au profit du droit de l enfant de conna tre ses origines au sens ici de son statut d adopt Le droit de l adopt la connaissance de son statut est implicitement reconnu dans les l gislations telle la n tre qui organisent la publicit de l adoption par une mention en marge de l acte de naissance Il est ignor par contre par les l gislations pr voyant la destruction de l acte de naissance initial de l enfant Est il toutefois concevable de faire peser sur les adopt
96. oxe est que si le secret sur les origines est le plus souvent toxique pour l enfant aucune v rit n est th rapeutique en soi La v rit sur les origines ne sera ni jamais compl te ni la m me pour tous Telle information fera sens pour un enfant pas forc ment pour un autre Pour certains avoir un nom c est tout avoir pour d autres c est ne rien avoir Le paradoxe est lev si on accepte l id e que ce qui est traumatisant pour l enfant n est pas tant l v nement tu en lui m me que l absence de parole dite sur cet v nement soit le non dit Nier quelque chose ne fait qu accentuer le poids de ce que l on cache Le p dopsychiatre Donald Winnicott relevait d j en 1955 propos des enfants adopt s que ceux ci se d brouillent toujours d une mani re ou d une autre pour apprendre la v rit et le fait de d couvrir que la personne en qui ils avaient confiance les a tromp s a beaucoup plus d importance que ce qu ils ont d couvert La v rit n est pas probl matique en soi si c est la v rit Il est en revanche pouvantable pour l enfant de ne pas savoir si telle ou telle chose est vraie si c est un myst re ou un fantasme Pour vacuer le caract re pathog ne du secret il appara t d s lors essentiel de sortir du non dit ce qui n implique pas n cessairement de tout dire Sortir du non dit c est avant tout parvenir restituer l enfant une parole vraie sinc re authentique su
97. part propre de responsabilit sans confusion des statuts L enfant porte en son corps la marque de la rencontre d un homme et d une femme et la pluralit de ce corps s accentue lorsque parents et g niteurs sont diff rents L int r t de l enfant commande alors de donner chacun son d Lorsqu existe une dissociation entre la filiation juridique et les origines g n tiques de l enfant la norme doit pouvoir am nager la coexistence de ces deux dimensions fondatrices de l individu Car si le respect de la dignit humaine implique n cessairement de ne pas r duire la personne son origine g n tique pareille r duction emportant une n gation d une partie de son identit il n est pas plus acceptable d vacuer compl tement la dimension corporelle de l tre humain Mais au del de ce constat nos recherches nous ont permis de mieux cerner ce que pouvait signifier pour une personne acc der ses origines En fonction des diff rentes situations envisag es cette entreprise peut s entendre de diff rentes mani res conna tre les modalit s de sa conception et de sa naissance tre issu d un don de gam tes d une m re porteuse voire d un inceste ou de son mode d entr e dans la famille adoption obtenir certaines informations concernant son donneur sa m re porteuse ou son parent de naissance s il ne nous a pas lev s enfin acc der l identit de celui ci voire le rencontrer La lev e d
98. ppos estimant que le respect d au mort et l int grit d une d pouille mortelle de m me que le respect d aux proches du d funt ne peuvent tre pr f r s au droit d un enfant d tablir sa filiation paternelle et d obtenir tous les l ments de preuve cette fin Il reste que ni la loi ni la jurisprudence ne font peser sur la m re une obligation de d voiler si elle ne le souhaite pas le nom du g niteur de l enfant La jurisprudence a toutefois t amen e assortir le refus de la m re soit de divulguer l identit du p re soit de l informer de la naissance de l enfant de cons quences parfois justifi es parfois plus discutables Ainsi il a t admis par le juge de paix de Saint Trond que le refus d lib r de la m re d identifier le p re de l enfant justifi sur la base de ses droits de la personnalit ne pouvait avoir pour cons quence de rendre sa propre m re en tant que grand m re maternelle d bitrice d une obligation alimentaire l gard de son petit enfant sur la base de l article 205 du Code civil eu gard la hi rarchie des obligations alimentaires De par son attitude en effet la m re de l enfant s est priv e d lib r ment de la possibilit de faire application tant de l article 203 du Code civil que de l article 336 du m me Code De mani re plus surprenante une d cision du Tribunal de la jeunesse de Namur r form e en appel a refus de prononcer un
99. questionnement identitaire passe n cessairement par une re mise en question des origines personnelles et est accentu dans les filiations qui comportent plus d inconnues et pour lesquelles les r ponses apporter sont susceptibles d tre plus compliqu es abandon adoption procr ation m dicalement assist e avec don anonyme ou m re porteuse 8 D ROUSSEAU Les grandes personnes sont vraiment stupides Ce que nous apprennent les enfants en d tresse Paris Max Milo Editions 2012 p 19 20 TH RY Anonymat des dons d engendrement Filiation et identit narrative des enfants au temps du d mariage op cit note 13 p 103 1 V PROVOST Le droit de conna tre ses origines personnelles une vidence qui n en est peut tre pas une J D J mars 2007 p 19 Frs er BROCHER s paration des parents et perte de contact avec l un d eux ou encore simple doute sur sa filiation naturelle Si les secrets de famille ne sont pas tous pathog nes les secrets sur les origines le seront le plus souvent Quel que soit l v nement originel sur lequel il porte le secret sur les origines peut en effet g n rer de r elles souffrances psychologiques et porter une atteinte fondamentale l estime de soi La psychanalyse depuis pr s de cent ans nous apprend que l histoire du d but de notre vie et les circonstances de nos origines s impriment en nous l insu de notre savoir imm diat et que le non
100. r l enfant de ses origines Chaque r ponse concr te d pendra du contexte familial et relationnel propre chaque situation L important est ae TISSERON Les secrets de famille Paris PUF 2011 p 114 30 Assembl e nationale fran aise 13 l gislature Mission parlementaire sur l accouchement dans le secret Rapport de Madame Brigitte Bar ges 12 novembre 2010 www cnaop gouv fr 31 G DeLaisi DE PARSEVAL L anonymat des dons en AMP un point de vue de psychanalyste L anonymat vite la v rit psychique du don in Procr ation m dicalement assist e et anonymat Panorama international B Feuillet Liger dir Collection Droit Bio thique et Soci t Bruxelles Bruylant 2008 p 60 L auteure fait r f rence aux travaux de Sandor Ferenczi contemporain de Freud 32 Ibid p 57 3 Dw WINnicoTT Les adolescents adopt s 1955 cit par G DeLaisi DE PARSEVAL L anonymat des dons en AMP un point de vue de psychanalyste L anonymat vite la v rit psychique du don op cit note 31 p 57 a Propos de Serge HErEz Contre l homophobie de certains psychanalystes Le monde fr 22 octobre 2010 11 Frs er BROCHER sans aucun doute que l enfant apprenne la v rit sur ses origines de la bouche de ses parents et que ceux ci parviennent trouver les mots pour la lui r v ler avant qu elle n clate au grand jour malgr eux Le poids du non dit s accro t en effet avec
101. r le rapport pr sent par la France n 24 CRC C 15 Add 240 47 Comit des droits de l enfant observations finales sur le rapport pr sent par le Luxembourg n 29 CRC C 15 Add 250 48 Comit des droits de l enfant observations finales sur le rapport pr sent par l Autriche n 30 CRC C 15 Add 251 14 eici ejr BROCHER Enfin en juin 2011 le Comit se pronon ait dans le m me sens l attention de la R publique tch que A c t de l article 7 1 de la Convention l article 8 m rite galement d tre mentionn Il oblige les Etats parties respecter le droit de l enfant de pr server son identit y compris sa nationalit son nom et ses relations familiales tels qu ils sont reconnus par la loi sans ing rence ill gale Si un enfant est ill galement priv des l ments constitutifs de son identit ou de certains d entre eux les Etats parties doivent lui accorder une assistance et une protection appropri es pour que son identit soit r tablie aussi rapidement que possible Les origines de l enfant font partie de son identit Elles devraient donc id alement tre prot g es par l Etat Le probl me est que l article 8 oblige les Etats respecter le droit de l enfant voir son identit pr serv e sans ing rence ill gale tandis que ce n est que lorsque l enfant se trouve ill galement priv de son identit ou d une partie de celle ci qu il a droit l assistance et la prote
102. r pourquoi elle n a pas voulu de moi J ai t adopt l tranger Je voudrais consulter mon dossier d adoption conna tre mon histoire savoir dans quel orphelinat j ai grandi avant d arriver ici car je ne me souviens de rien Je voudrais aussi retrouver ma m re savoir si j ai des fr res et s urs Je pense souvent elle eux m me si je ne les connais pas ils font partie de moi Je ne ressemble ni mon p re ni ma m re tout le monde me le fait remarquer dans la famille a me met mal l aise je ne sais plus quoi penser Je crois que j ai t con u par procr ation m dicalement assist e Chaque fois que je croise un homme qui me ressemble dans la rue j ai envie de l accoster pour savoir si tout hasard il a t donneur de sperme une poque J ai l impression de devenir fou Je suis n d une m re porteuse tout le monde le sait dans mon entourage Mes parents refusent toutefois de me dire qui est cette femme qui m a port durant neuf mois et qui je pense souvent Je voudrais tant pouvoir la remercier Je suis n d une ins mination artificielle ma copine aussi Nous avons peur d tre issus du m me donneur Que se passera t il si nous avons un enfant Et pouvons nous nous marier Je ne connais pas mon p re il a quitt ma m re avant ma naissance Ma m re refuse de me dire qui il est J ai ma petite id e mais l homme que je soup onne tre mon p re refuse de subir un
103. r se rem morer librement s lectionner et recomposer ses souvenirs pour pouvoir avancer Comme le rappelait tr s justement S ren Kierkegaard La vie ne se comprend que par un retour en arri re mais on ne la vit qu en avant c La procr ation m dicalement assist e avec don anonyme A la diff rence de l enfant adopt l enfant n gr ce une technique de procr ation m dicalement assist e n a pas t abandonn seulement d sir Il n a aucune exp rience de vie pas m me intra ut rine avant son int gration dans sa famille Il n a pas d histoire personnelle complexe affronter pas besoin de se r concilier avec sa propre naissance ni de panser la blessure de l abandoninitial Si la qu te identitaire des enfants issus d un don de gam tes anonyme est certes d une nature radicalement diff rente de celle des adopt s et peut sembler a priori plus l g re elle n en reste pas moins tout aussi vive et l gitime comme en attestent les nombreux t moignages sur le site de l association Procr ation m dicalement anonyme Je suis l enfant d une femme et d un petit tube en verre L enfant d une ins mination artificielle Sur le principe tout va bien J ai t aim e par deux personnes mes parents Jamais il ne sera question de mettre en cause le fait qu ils sont mes parents Mais je veux savoir qui est l homme qui m a engendr e Quand je suis face au miroir je ne veu
104. r son histoire bien plus que viser la transmission int grale froide neutre et m canique de l ensemble des informations existantes sur celle ci Transmettre ses origines l enfant s entend ainsi avant tout d un processus narratif qui va lui permettre de retracer le fil de l histoire de son histoire Pour le psychanalyste Serge Hefez le plus important est que l on puisse raconter l enfant une histoire juste du sens de sa venue au monde histoire qu il pourra se raconter lui m me transformer sa guise en interpellant quand il le peut tous les protagonistes du r cit L origine ne fait sens que par les questions qu elle pose et par la parole qu elle fait circuler autour de son myst re Elle est toujours cr er elle se trame dans un conte jamais inachev que la famille se raconte Ce sont videmment les parents qui sont les premiers acteurs de cette transmission Etant donn qu ils sont les premiers garants de l ducation de leur enfant et de la protection de son int r t sup rieur il leur reviendra videmment de d cider du moment et de la mani re de lui r v ler son adoption ou les circonstances de sa conception en fonction de leur vision de son int r t Cette d cision ressortit l exercice l gitime de leur autorit parentale Dans la mesure o il n existe pas une seule bonne r ponse nous estimons que le droit n a pas r pondre la question de savoir quel ge il faut parle
105. ravers d une pr paration ad quate des auteurs du projet parental l instar de celle qui est pr vue pour les candidats adoptants Il est n cessaire que ces personnes disposent d une information claire concernant les b n fices d une r v lation pr coce et les risques d une information tardive De mani re plus g n rale nous pensons qu une obligation l gale charge des parents d information de l enfant quant son mode de conception procr ation m dicalement assist e h t rologue ou gestation pour autrui ou quant son mode d entr e dans la structure familiale adoption devrait tre instaur e Une norme directive dans la loi ne pourra certes jamais garantir la mise en uvre d une r elle transparence l gard de l enfant et aura sans doute une port e essentiellement symbolique N anmoins il nous semble qu une telle norme constituera un incitant suppl mentaire la lev e du secret Etant donn que les parents sont les premiers garants de l ducation de leur enfant et de la protection de son int r t sup rieur il leur reviendra videmment avec l aide de professionnels le cas ch ant de d cider du moment et de la mani re de lui r v ler son adoption ou les circonstances de sa conception en fonction de leur vision de son int r t Cette d cision ressortit l exercice l gitime de leur autorit parentale 138 4 7 4 PAT PE P r Le gouvernement a toutefois r cemment rej
106. s d une part de multiplier les intervenants dans le processus de procr ation donneur de gam tes donneur d embryon recours une m re porteuse d autre part de v rifier avec une quasi certitude l origine biologique d une personne gr ce l expertise g n tique ou test ADN Mais les origines d une personne ne sont jamais uniquement biologiques L enfant prend aussi racine dans le d sir de ses parents Le p dopsychiatre fran ais Daniel Rousseau rel ve ainsi propos de la r v lation un enfant de ce qu il est issu d un don de gam tes r v lation certes n cessaire par respect pour lui qu il convient aussi de lui exprimer qu il est d abord le fruit d un amour mais une fructification aid e par un don Il ajoute qu il n est nul besoin d entrer dans des consid rations de techniques m dicales d taill es I enfant n a pas devoir s identifier une paillette de sperme ou une prouvette en verre mais se situer dans le d sir que ses parents ont eu de l accueillir La qu te des origines c est aussi la qu te du sens le d sir de reconstituer une histoire lui redonner une unit effacer des ruptures Ainsi la qu te identitaire d passe souvent la seule r f rence des donn es biologiques Elle est avant tout qu te de soi m me Elle ne peut en tout cas se comprendre comme une valorisation de la nature contre la culture ou de la biologie contre la volont mais plut t comme la
107. s parents que l enfant va se construire Il s agit pour eux apr s avoir pu reconna tre ses blessures li es l abandon et l avoir aid trouver du sens son histoire de naissance se r concilier et accepter ses origines de l aider aussi se r parer narcissiquement et le conforter dans son sentiment d appartenance sa famille porteuse du d sir de le voir grandir et s panouir comme tout enfant Il est d s lors une certitude que le d sir des parents adoptants fait galement partie de l histoire de l enfant adopt et il est capital de le lui restituer La qu te des origines peut d s lors aussi se tourner vers l histoire de la famille adoptive o se trouve pr cis ment l origine du d sir d accueillir cet enfant l Il est d ailleurs int ressant de constater que plus il y a de transmission autour de l histoire de la famille adoptive moins forte se r v le tre le questionnement sur les Wep L vY Soussan Entretien avec le docteur Pierre L vy Soussan Propos recueillis par J G Cosculluela juillet 2007 in Accueil n 144 Origine s et filiation Echos du Congr s EFA de Lille ao t septembre 2007 Paris Enfance et Familles d Adoption p 46 wg BLANCHY La transmission de son histoire l enfant adopt op cit note 98 p 17 103 R CL MENT Entre le biologique et le symbolique l adoption in L infertilit procr ation m dicalement assist e adoption fil
108. s humains comme les autres Bio thique anonymat et genre du don op cit note 124 pp 65 et 66 30 BROCHER Si la loi peut abolir l anonymat a t elle le pouvoir de contraindre les parents d voiler les circonstances de sa conception l enfant Aucune l gislation n impose aux parents de r v ler l enfant qu il est issu d une technique de procr ation m dicalement assist e Dans certains pays toutefois l Etat est amen suppl er le silence ventuel des parents Ainsi au Royaume Uni par exemple tout enfant peut d s l ge de seize ans s adresser une autorit centrale afin de savoir si sa naissance r sulte d une procr ation m dicalement assist e Cette instance peut galement lui communiquer l identit des autres enfants issus du m me donneur si ceux ci y consentent et lui permettre de s assurer qu il n est pas apparent la personne avec laquelle il souhaite nouer une relation intime Cette intervention suppl tive de l Etat via la reconnaissance pour l enfant de ce droit de savoir en cas de silence de ses parents incite videmment ceux ci lever le secret quant au mode de conception Nous consid rons au demeurant que lorsque le droit cr e une situation susceptible d engendrer un secret relatif la procr ation et la filiation il importe que le cadre normatif incite la lev e du secret Il y va de la responsabilit des Etats Cette incitation peut notamment tre r alis e au t
109. s symboliques et rapport aux lign es dans les familles recompos es Recherches familiales 2007 1 n 4 pp 25 33 13 1 TH RY Anonymat des dons d engendrement Filiation et identit narrative des enfants au temps du d mariage in D fis contemporains de la parent E Porqueres i Gen dir Paris Les Editions de l EHESS 2009 p 100 Ibid 5 La psychologie accro t encore ce caract re multidimensionnel de la filiation L axe social parent ducatif est distingu de laxe affectif parent de c ur Un cinqui me axe l axe exp rientiel est parfois pr sent comme relevant de l ordre des repr sentations du v cu subjectif Voyez les travaux de Guyotat 2005 Kinoo 2005 Houzel 1999 Barbe 2012 5 Frs er BROCHER conception indivisible de la filiation qui a toujours pr valu dans nos soci t s occidentales se trouve ainsi bouscul e par l volution de la science des m urs et du droit La difficult provient de ce que notre syst me de filiation bilat ral qui a la particularit de tenir compte de mani re gale des lignes paternelle et maternelle s accompagne d une norme d exclusivit au contraire d un grand nombre de soci t s africaines ou oc aniennes notamment chaque individu n est en position de fils ou de fille que par rapport un seul homme et une seule femme Cette particularit explique la tendance vouloir gommer le tiers g niteur lorsqu il
110. seuls et uniques parents selon la filiation La sociologue Ir ne Th ry voque cet gard le passage du ou au et qui consiste conforter les places respectives de parents et de donneurs en abandonnant l ancien principe de rivalit pour une seule place qui impliquait l effacement du donneur au profit d un principe de compl mentarit des places On passe en quelque sorte du ou au et en d couvrant peu peu que la coexistence de donneurs d engendrement et de parents autrefois impossible est non seulement tout fait possible mais n a peut tre rien d inqui tant d s lors que leurs attributions et pr rogatives respectives sont clairement distingu es par une soci t capable de s auto instituer d une fa on compr hensible par tous en construisant le pluralisme des configurations familiales en r f rence de grandes valeurs communes D s lors que le droit assure que chacun n est pas une menace pour chacun il devient possible de passer du mod le traditionnel ni vu ni connu un nouveau mod le de Responsabilit le cadre d un don de gam te Doc Ch n 0618 001 2014 2015 Cette proposition envisage un syst me la carte avec un choix possible tant pour le donneur que pour les auteurs du projet parental entre cinq possibilit s allant de l anonymat complet tel qu il existe aujourd hui la connaissance respective du donneur et des parents d s le d but du traitement Pareil syst me
111. si pour cons quence directe que l enfant est condamn rester dans l ignorance de toute information relative la femme qui l a mis au monde sauf volont contraire de celle ci A l inverse de l accouchement dans l anonymat l accouchement discret ou secret impose la m re de laisser une trace de son identit qui ne sera toutefois pas mentionn e dans l acte de naissance 5 Nous nous sommes permis de reprendre tant elle nous a interpell e cette question violente pos e par Pierre Verdier P VERDIER N sous X op cit note 23 p 70 i Voyez les articles 326 du Code civil 57 alin a 1 du Code civil et L 222 6 du Code de l action sociale et des familles disponibles sur www legifrance gouv fr 17 ES er BROCHER ainsi que des informations non identifiantes conserv es confidentiellement par une autorit tierce La confidentialit de ces informations n est alors que temporaire et une lev e ult rieure du secret est envisageable sous certaines conditions l exclusion du consentement de la m re sans quoi le syst me mis en place s apparente alors un r el accouchement dans l anonymat Le droit belge ne conna t pas l accouchement sous X Chaque naissance doit tre d clar e l officier de l tat civil par le p re la m re ou depuis peu la coparente ou lorsque ceux ci s abstiennent de le faire par la personne qui assure la direction de l tablissement ou son d l gu
112. sid rent qu il s agit tout la fois 3 J L CL MENT L ins mination artificielle avec donneur les enfants donnent leur avis Andrologie 2010 p 49 36 Iv n B sz rm nyi Nagy psychiatre am ricain mort en 2007 est un des pionniers de la th rapie familiale et le fondateur de la th rapie contextuelle a Propos cit s par C Ducommun Nacy Nouvelles familles nouvelle d finition de la loyaut familiale in Les nouvelles familles S d Amore d Bruxelles De Boeck 2010 p 265 38 II convient de souligner tant le raccourci est vite fait que l article 7 de la Convention ne garantit que le droit de conna tre ses parents et non pas le droit de voir sa filiation tablie juridiquement l gard de son g niteur La diff rence est de taille 12 BROCHER des parents g n tiques ce qui est important pour l enfant ne serait ce que pour des raisons m dicales des parents de naissance c est dire la femme qui a port l enfant et l homme qui pr tend sa paternit du fait de sa relation avec la m re au moment de la naissance mais aussi des ventuels parents nourriciers qui ont pris soin de l enfant pendant des p riodes prolong es et qui sont donc aussi intimement li s l identit de l enfant Une seconde difficult est que l article 7 1 de la Convention ne garantit l enfant le droit de conna tre ses parents que dans la mesure du possible Cette restriction fait elle aussi
113. t au droit d tre lev par ses parents ne doit pas tre entendue s agissant du droit de conna tre l identit des parents comme une restriction de nature juridique lorsque les parents peuvent effectivement tre identifi s ce droit doit exister ATF 128 63 R D A F 2003 pp 399 405 Les bo tes b b sont des compartiments o des m res peuvent abandonner anonymement leur nourrisson Elles se pr sentent sous forme de larges coffres forts vitr s l int rieur desquels se trouvent un lit autochauffant une cam ra ainsi qu un mode d emploi rudimentaire G n ralement situ es proximit d h pitaux l on peut y d poser un nouveau n dans le plus parfait anonymat tout en enclenchant un signal pour avertir de la pr sence de l enfant Ph nom ne inqui tant un chercheur de l universit de Nottingham Kevin Browne qui a tudi pendant deux ans le ph nom ne attire l attention sur le fait qu ill y a de plus en plus de preuves que ce sont fr quemment des hommes ou des proches qui abandonnent l enfant ce qui pose des questions sur la situation de la m re et sur son consentement cet abandon Spread of baby boxes in Europe alarms United Nations The Guardian Sunday 10 June 2012 L tude est disponible via le lien suivant www netzwerkkinderrechte ch fileadmin nks aktuelles Verschiedenes 12_EU_child_abandoned_manual pdf 46 Comit des droits de l enfant observations finales su
114. tes de la vie courante Seul le mariage n cessite que la personne d livre un copie conforme de cet acte Par ailleurs seules les autorit s publiques la personne que l acte concerne son conjoint o son conjoint survivant son repr sentant l gal ses ascendants ses descendants ses h ritiers leur notaire et leur avocat peuvent obtenir une copie conforme d un acte de l tat civil datant de moins de cent ans ou un extrait de cet acte mentionnant la filiation des personnes que l acte concerne art 45 1 alin a 2 du Code civil belge d La gestation pour autrui Porter un enfant est bien plus qu abriter son d veloppement autarcique en soi Michel Dupuis La gestation pour autrui br ve note anthropologique in La gestation pour autrui vers un encadrement G Schamps et J Sosson coord Bruxelles Bruylant 2013 p 45 La litt rature utilise une multiplicit de termes pour d signer le processus au terme duquel lequel une femme accepte de porter un enfant pour autrui gestation pour autrui maternit de substitution pr t d ut rus procr ation ou encore conception pour autrui Pour la clart de l expos nous choisissons le terme de gestation pour autrui en tant que formule g n rique La gestation pour autrui englobe en g n ral toutes les situations o une femme poursuit une grossesse non pas dans l intention de garder l enfant et d assumer envers lui le r le social de m re mais plut
115. texte de l tude 2 48204e ins enen ee ARE ERRE ea aee iiaae eae ENEE 3 c L objet de l tude Re a ne nn ner en en tm 6 l Les origines c est QUOI 72e rire en einer crrmeeene ere srmenelenad ere cran intennc ere ei ita ni foencereeeusistee 7 2 Transmettre l enfant ses origines pourquoi ii 8 3 Transmettre l enfant ses origines oui mais comment ssssssssesrrssssssrrenrrssssssrrennnssssesrneennesno 10 4 Que pr voient les instruments juridiques internationaux senssssessseenssennnssrensseennnserenssernnsseene 12 a Les articles 7 et 8 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l enfant 12 b L article 8 de la Convention europ enne des droits de l Homme 15 5 Quels sont les diff rents contextes dans lesquels l enfant pourrait tre emp ch de conna tre ses 0 LT Le PR iia eiaa a E a E a ea A EE aea e ea a E Ea eaaa 17 a Laccouchement sous Xe 17 D L adoption na RM EEEE aR Ee EEEE este 21 c La procr ation m dicalement assist e avec don anonyme esssesssesssesrsssrrssrrssrnssrnssrnssns 26 d La gestation pour autrui suscitent tante aride anet eanrae 32 Lesecret dela paternit unten AR ta Monnet tie 35 fi L INCRSTE n e 2 Ds t te teens ete DS Media dt nn eine dites 38 6 La fin d un droit de la filiation bic phale plaidoyer pour la r conciliation des origines et de la parent l galement institu
116. tie supr me de cette vie familiale cr e par la seule volont humaine Aujourd hui toutefois l opinion est quasi unanime le fait de l adoption doit tre r v l au plus t t l enfant et r p t comme un fait d vidence que nul ne conteste Vient ensuite d s lors que le fait de l adoption est r v l le secret sur l histoire pr adoptive de l enfant Dans cette histoire pr adoptive le secret peut aussi se situer diff rents niveaux Il s agira de distinguer le secret maintenu sur l ensemble des l ments relatifs au pass de l enfant avant qu il n int gre sa famille adoptive du secret qui ne serait maintenu que sur l identit du ou des parents de naissance avec acc s des informations non identifiantes par ailleurs origine socioculturelle informations m dicales aspect physique et statut social des parents de naissance lettres photos raisons de l abandon etc xk k l ensemble des textes internationaux qui traitent de la question de la connaissance des origines en mati re d adoption va dans le sens d une reconnaissance du besoin et de la n cessit pour la personne adopt e d obtenir un maximum d informations sur son pass pr adoptif L acc s de l adopt ses origines n est toutefois nulle part consacr explicitement comme un droit absolu Tout en insistant sur la n cessit de reconna tre et d organiser ce droit la majeure partie des textes recens s am nagent des ex
117. tion la logique du secret sur les origines dont les effets pathog nes ne sont plus d montrer passer une logique de surinformation voire de survalorisation des origines qui peut se r v ler tout aussi pathog ne Survaloriser la culture d origine risque par ailleurs de d valoriser la place des parents 1 Si la r alit des faits et des circonstances peut et doit tre dite il ne faut jamais perdre de vue que leur transmission a pour vocation premi re d aider l enfant se construire non le violenter une nouvelle fois ce sont l ge de l enfant sa capacit de compr hension sa curiosit qui d terminent son int gration de l histoire mais galement ce qu il a toujours su de la violence de son abandon et l image que la soci t lui a renvoy e de lui m me de sa famille d origine et de sa famille adoptive La r v lation sans pr caution de traumatismes connus par une histoire trop d taill e mais dont il ne se souvient pas peut entra ner des dommages psychiques et une sur victimisation La question est d s lors de savoir comment voquer suffisamment les interrogations du pass pour que celui ci ne fasse ni trop myst re ni trop nigme afin que l avenir ne soit pas path tiquement vou devenir inconsciemment une entreprise permanente d lucidation du pass qu il puisse tre autre chose qu une qu te perdue des origines Ce qu un enfant adopt attend de ses parents adoptifs n
118. troient la m re un droit absolu l anonymat et m connaissent l volution actuelle du droit international Le Comit des droits de l enfant a en effet eu l occasion de d clarer plusieurs reprises que les Etats qui organisent l anonymat de la maternit violent l article 7 de la Convention relative aux droits de l enfant de la m me mani re que ceux qui tol rent les abandons sauvages dans les bo tes b b s On rel vera par ailleurs qu il n existe aucune donn e objective qui ferait appara tre un lien entre l accouchement anonyme ou discret et le nombre d infanticides plut t li une d tresse psychique intense de la m re qui n est plus en tat de raisonner Une loi sur l accouchement anonyme ou discret n aurait d s lors probablement aucun impact sur ce nombre x k k ST Pour un exemple voyez la loi allemande adopt e le 5 juillet 2013 entr e en vigueur le 1 mai 2014 qui met en place un syst me d accouchement confidentiel Cette loi a t adopt e par le Bundesrat pour permettre aux femmes d accoucher confidentiellement tout en permettant l enfant d s l ge de seize ans d acc der aux informations relatives ses origines maternelles Une pes e des int r ts est alors op r e par le tribunal En cas de refus l enfant garde la possibilit de saisir le tribunal tous les trois ans de mani re appr cier une nouvelle fois les int r ts en pr sence au regard de la situation act
119. u secret des origines ne se limite pas exclusivement la r v lation de l identit du g niteur Le concept d origines s il englobe n cessairement une r f rence au donn g n tique renvoie une multitude d autres facteurs de donn es de valeurs qui ne se confondent en rien avec un diktat de la transparence biologique Tout enfant toute femme et tout homme se vit incarn mais sait aussi que son identit ne se limite jamais son corps Par ailleurs lorsque le concept d origines renvoie cette dimension d identification du g niteur nous avons montr l importance de ne pas confondre la revendication d une lev e du secret sur les origines avec celle de l tablissement d une filiation conforme la v rit g n tique Tout au long de l tude il s est d s lors av r n cessaire afin de ne pas se tromper de d bat de scinder le registre des origines et celui de la parent voire de la parentalit Conclusions Truth exists only lies are invented Georges Braque L amour de parents adoptifs de parents qui ont eu recours au don de gam tes d une m re c libataire aussi grand qu il soit ne pourra jamais combler le besoin de comprendre d o nous venons C est une condition essentielle pour savoir qui nous sommes panser les blessures ou fractures qui nous habitent l int rieur Tout enfant qui en ressent le besoin il ne saurait en effet y avoir d obligation de conna tre ses origines devra
120. ue de procr ation m dicalement assist e h t rologue de s en enqu rir partir d un certain ge aupr s d une instance officielle Cette instance devrait galement pouvoir lui communiquer sa demande l identit des autres enfants issus du m me donneur si ceux ci y consentent et lui permettre de s assurer qu il n est pas apparent la personne avec laquelle il souhaite nouer une relation intime L intervention suppl tive de l Etat via la reconnaissance pour l enfant de ce droit de savoir en cas de silence de ses parents serait par ailleurs 170 C C 9 ao t 2012 n 103 2012 La question de la rencontre des autres enfants issus du m me donneur appara t d sormais pour les jeunes issus de dons comme celle qui a le plus d importance I TH RY Des humains comme les autres Bio thique anonymat et genre du don op cit note 124 p 53 En ce sens Dominique Mehl rel ve La connaissance des demi fr res et s urs du nombre de dons f conds de leur propre donneur les pr occupe norm ment avec souvent la clef la peur d une rencontre incestueuse avec un enfant issu d un m me donneur D MEHL Conna tre ses origines Controverses bio thiques in La parent en question s V Bedin et M Fournier dir Auxerre Sciences Humaines Editions 2013 p 202 En France le Rapport Th ry Leroyer intitul Filiation Origines Parentalit Le droit face aux nouvelles valeurs de responsabilit g n ratio
121. ue le nom des parents d intention soit directement inscrit sur l acte de naissance revient nier totalement la place et le r le de la m re porteuse et viole par l m me le droit fondamental de l enfant de conna tre le nom de celle qui l a port durant neuf mois et qui fait galement partie qu on le veuille ou non de ses origines Quels que soient les choix pos s en interne les Etats doivent aujourd hui faire face aux probl mes li s l internationalisation que ce soit dans le cadre du processus de gestation pour autrui ou concernant le libre acc s aux tests g n tiques priv s Cette internationalisation appara t comme in vitable Le d veloppement des connaissances et des techniques scientifiques coupl la mobilit des individus tout le moins des classes moyennes et favoris es dans un contexte mondialis a rendu possible l mergence d un tourisme procr atif Chaque ann e des hommes et des femmes h t rosexuels ou homosexuels gagnent l Inde l Ukraine ou la Californie dans le but de satisfaire leur d sir d enfant et le nombre de cas de gestation pour autrui transfrontali re est en plein essor Au del de ce que le l gislateur d cidera taire l enfant les circonstances particuli res de sa venue au monde m conna t son droit fondamental la connaissance de ses origines outre que cela semble pratiquement irr alisable Le recours la gestation pour autrui mobilise la capacit gest
122. uelle qui pourrait avoir chang La loi qui est entr e en vigueur le 1 mai 2014 ne supprime toutefois pas l existence des Babyklappen Voyez cet gard S H PPNER New law to give orphans right to know mother s identity Deutsche Welle 10 juin 2013 L MARGUET Entre ACCOUCHEMENT anonyme et accouchement secret le l gislateur allemand se saisit de la question de l accouchement confidentiel in Lettre Actualit s Droits Libert s du CREDOF 14 novembre 2013 Loi belge du 5 mai 2014 portant tablissement de la filiation de la coparente M B 7 juillet 2014 Art 57 du Code civil belge 64 Art 312 du Code civil belge Art 361 du Code p nal belge 56 Art 363 du Code p nal belge a Depuis sa cr ation en 2000 ASBL Moeders voor Moeders n a recueilli que quatre nourrissons en 2007 2009 et 2012 Voyez Une bo te b b d Anvers re oit un nouveau n www lesoir be 25 juillet 2012 en novembre 2012 Un quatri me nourrisson dans une bo te b b www lesoir be 4 novembre 2012 Fe Voyez supra 9 Rapport Unicef L accouchement discret Position d Unicef Belgique janvier 2009 18 BROCHER Concevoir et mettre au monde d un c t na tre et se construire de l autre qu on le veuille ou non sont deux dimensions indissociables Il est d s lors un pr alable indispensable si l on souhaite aborder sereinement le d bat qui nous occupe sortir d une logique
123. uhait est que chaque parent confront cette question puisse trouver sa fa on et avec ses ressources une parole qui permettra l enfant de se r approprier l histoire familiale et de se d gager de l enfermement et du carcan dans lesquels le secret l aurait ventuellement plong Transmettre l enfant un r cit sur ses origines avec tact et d licatesse dans le souci du respect de son int r t et de son bien tre est avant tout un acte d amour inconditionnel gratuit sans attente en retour et le droit n a que peu de prise sur un tel don Notre second v u est que la qu te des origines si importante soit elle pour la construction de l identit n en devienne pas pour autant survaloris e L enqu te g n tique ne pourra jamais dire notre gen se A l origine il ne se peut pas qu il n y ait rien Un quelque chose fait partie de la construction identitaire de tout individu des degr s et avec une intensit variables selon l histoire de vie de chacun Les origines d un individu font partie de son identit et ce titre elles doivent lui tre restitu es Mais le commencement de la vie appelle n cessairement la suite de la vie et s il peut s av rer crucial de partir la recherche de son pass de ses racines de son histoire il est tout aussi capital de parvenir ensuite s en d tacher pour mieux avancer aujourd hui et demain Toute personne est issue de la rencontre d autres personnes
124. un couple homosexuel Par 0 Pour plus de d veloppements voyez G MATHIEU Le secret des origines en droit de la filiation Waterloo Kluwer 2014 pp 476 ets aa Voyez supra note 61 82 BRETONNI RE FRAYSSE D sir d origines aux origines du d sir Le journal des psychologues 2006 6 n 239 p 30 La diff rence fondamentale entre l adoption pl ni re et l adoption simple est que la premi re rompt tout lien avec la famille d origine sauf les emp chements mariage et assimile l adopt l enfant de l adoptant tandis que la seconde laisse subsister des liens avec la famille d origine En Belgique l adoption pl ni re n est possible qu l gard d un mineur La question du secret des origines dans l adoption ne se pose videmment que dans l adoption pl ni re 21 Frs er BROCHER ailleurs pr server le secret de l adoption n cessite que l on limine ou que l on rende inaccessible l acte de naissance original en le rempla ant par un nouvel acte qui tient les parents adoptifs pour les parents d origine Longtemps il a t conseill de taire la filiation de l enfant adopt afin qu il ne se sente pas diff rent des autres membres de la famille et qu il ne souffre ni du fait de savoir qu il a t rejet ni du sentiment d tre diff rent qui en r sulte ni finalement de l ignorance de ses origines Le secret de l adoption tait consid r comme la garan
125. un troisi me point la mani re dont il convient d voquer cette question avec l enfant Dans un quatri me point nous nous interrogeons sur l existence d un droit fondamental de la personne la connaissance de ses origines A cet gard la Convention internationale relative aux droits de l enfant ainsi que la Convention europ enne des droits de Homme demeurent les r f rences incontournables en la mati re Intervention d Isabelle Duret Service psychologie du d veloppement et de la famille Facult des Sciences psychologiques et de l Education U L B lors du Colloque organis par l association Parole d enfants De c ur ou de sang Quand la filiation questionne l enfant l adolescent la famille le professionnel Palais des congr s de Li ge 30 et 31 mai 2013 16 ER OUELLETTE Les usages contemporains de l adoption cit e par G DELAISI DE PARSEVAL Comment entendre les demandes de lev e du secret des origines Esprit mai 2009 p 174 Pour une remise en cause de ce mod le traditionnel de biparent au Canada o l on assiste l mergence dans le contexte du d veloppement des techniques de procr ation m dicalement assist e de la figure du troisi me parent voyez D GouBAU Biom decine et droit de la filiation au Canada entre audace et retenue in Les incidences de la biom decine sur la parent Approche internationale Collection Droit Bio thique et Soci t B Feuillet L
126. upture peut videmment tre l origine d une multitude de secrets autour des origines de l enfant Du point de vue de la personne adopt e pl ni rement le secret des origines peut se situer deux niveaux Le premier touche au secret du fait de l adoption Le second d s lors que l adopt est au courant de son adoption touche au secret des informations sur sa famille d origine Ce n est videmment que lorsque l enfant a connaissance de son statut d adopt que la question de la recherche de ses origines peut trouver sa place Le secret sur le fait de l adoption consiste cacher l enfant son statut d adopt L adoption en elle m me n est jamais secr te puisqu elle r sulte en principe d un jugement prononc en audience publique Mais dans l ignorance de ce jugement l enfant a t il ou non la possibilit de d couvrir son statut en dehors d une r v lation volontaire des adoptants Si le secret est maintenu ce niveau les autres questions relatives au secret de l adoption s envolent comme par magie Maintenir le secret sur le fait de l adoption suppose videmment que l avis ou le consentement de l enfant n ait pas t requis qu il ait t accueilli suffisamment jeune dans sa famille adoptive pour n avoir conserv aucun souvenir conscient de son adoption qu il n y ait pas de diff rence flagrante en termes d apparence physique avec sa famille adoptive et que l adoption ne soit pas le fait d
127. usement une certaine marge de man uvre aux Etats La position du Comit des droits de l enfant est pourtant limpide il condamne fermement les Etats parties qui autorisent l accouchement anonyme ou sous X les bo tes b b s le secret de l adoption ou encore l anonymat du don de gam tes ou d embryons L article 8 de la Convention europ enne des droits de l Homme englobe par ailleurs la protection du droit l identit et l panouissement personnel A ce titre il prot ge l int r t l gitime qualifi m me de vital par la Cour europ enne des droits de l Homme de tout individu donc aussi de l enfant la connaissance de ses origines Si l int r t de l individu acc der ses origines est reconnu comme fondamental il ressort de la jurisprudence de la Cour qu il n a toutefois pas un caract re absolu Il pourra entrer en conflit avec d autres int r ts qui p seront plus ou moins lourd suivant les situations envisag es l int r t de la m re d origine du mari de la m re du p re d origine des parents adoptifs du donneur de gam tes mais aussi de la m re porteuse ou de la fratrie Pour accro tre la protection du droit fondamental de chacun de conna tre ses origines il est n cessaire que ce droit soit express ment et clairement consacr l chelle internationale dans un trait ainsi que dans la Constitution belge Certes il n est pas question de conf rer ce droit un caract r
128. x plus jamais me demander de qui me vient mon nez Je ne veux plus en allant chez le m decin r pondre je ne sais pas la question des probl mes cardiaques du c t du p re Je ne veux plus assise dans le bus regarder l homme en face de moi et me dire qu il pourrait tre mon g niteur T moignage de Julie n e en 1992 sur le site de l association Procr ation m dicalement anonyme www pmanonyme asso fr Con u par ins mination artificielle avec donneur en France Arthur Kermalvezen t moigne des ravages que l anonymat absolu peut provoquer malgr tout l amour et la bienveillance re ue de ses parents pose galement de mani re claire les termes du d bat En militant pour le droit d acc s mes origines je ne reproche pas aux m decins d tre n dans la famille qui est la mienne ni d avoir les 108 Exp rience clinique du p dopsychiatre Jean Louis Le Run relat e lors du colloque organis Paris le 21 janvier 2013 par Enfance et Familles d Adoption sur l accouchement sous X et la recherche des origines 109 J M BR MOND Parents adoptifs et origine s de leurs enfants op cit note 97 p 23 S DEKENS Apr s le droit d acc s aux origines le droit l oubli des origines in Accueil n 165 d cembre 2012 Paris Enfance et Familles d Adoption p 38 111 Ibid 112 Maximes et pens es 1813 1855 1 www pmanonyme asso fr Voyez aussi le t moignage de A KERMALV

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