Catherine Bodet
Contents
1. Le rapport d veloppement durable de B n voque pas les dispositifs formels d accompagnement de la mobilit des salari s ni les cons quences des multiples changements de poste voire de m tiers en mati re d identit de stress ou de souffrance au travail Bien au contraire le titre du rapport de d veloppement durable est vocateur de l exclusion y compris lexicale du social Une croissance responsable Responsabilit d entreprise et d veloppement durable Le terme social habituellement utilis dans Responsabilit Sociale des Entreprises dispara t La RSE perd son S galement dans les titres des rapports des ann es suivantes RSE et souffrance au travail gt Colloque ACFAS Ottawa 12 13 Mai 2009 Cette disparition lexicale se retrouve galement dans le titre du chapitre consacr aux enjeux sociaux qui s intitule La mobilisation de toutes les comp tences ainsi que dans l encadr Feuille de route 2006 2008 qui pr voit la Mise en place d une veille r glementaire europ enne dans les domaines de l Hygi ne de la S curit et de l Environnement HS amp E La terminologie est l encore r v latrice de la disparition du social chez B puisque le terme conditions de travail habituellement associ l hygi ne et la s curit dispara t Dans ce dernier exemple 2 l ments centraux sont retenir pour notre analyse la tendance l crasement du social au profit de l environnement e2. RSE et souffrance au travail gt Colloque ACFAS Ottawa 12 13 Mai 2009 Du rapport de d veloppement durable au rapport CHSCT Tension sur l expertise sociale dans l entreprise Catherine Bodet catherine bodet AT wanadoo fr Thomas Lamarche thomas lamarche AT univ lille3 fr R sum La contribution repose sur une synth se de quelques rapports d expertise pour les CHSCT de quelques grands groupes Puis elle propose de les confronter la communication de ces groupes en mati re de RSE Cette d marche permet de comprendre sur un plan socio conomique les modalit s et les conditions d une mise distance du social de la souffrance et de fa on g n rale des effets sociaux de la production Au del des discours g n raux et soci taux sur la RSE que d veloppent ces grands groupes appara t ainsi une r alit sociale d cal e Le travail et les rapports sociaux restent centraux dans la production alors que la RSE s en d tache Cet apparent paradoxe s explique en resituant les enjeux de pouvoir dans et hors de l entreprise notamment le pouvoir des managers La RSE complexifie l action syndicale elle peut tre l occasion de contre expertises L analyse des conditions de la production de l information en mati re soci tale et les modalit s d intervention des experts permet de poser des jalons pour comprendre le processus conflictuel d institutionnalisation d instrument et outils de mesure de la responsabi
3. acception anglo saxonne qui englobe la soci t dans son ensemble RSE et souffrance au travail gt Colloque ACFAS Ottawa 12 13 Mai 2009 Cette d claration de principes est tr s loin du v cu d crit dans le rapport au CHSCT notamment parce qu elle est g n rale et s adresse plus globalement aux cadres et dirigeants de l entreprise qu aux ouvriers des cha nes de montage Plus proche des pr occupations d crites dans le rapport au CHST un chapitre du rapport annuel s intitule Nos exigences s curit sant et conditions de travail Un s int resse aux maladies professionnelles Pr server le capital sant des salari s Les maladies susceptibles d avoir une origine professionnelle font l objet de d marches pr ventives dans le Groupe Des actions orient es vers le d veloppement de postes l gers sont aussi engag es Elles sont essentielles dans la pr vention des maladies professionnelles Rapport d veloppement durable A Face cette d claration de principe qui pourrait tre reprise par les repr sentants du personnel pour faire valoir les droits des salari s et notamment le droit la s curit physique les extraits du rapport au CHSCT montrent une volution diam tralement oppos e Evaluant les risques pour la sant de la r organisation de cha nes de montage le rapport indique Cette analyse confirme les inqui tudes des lus du CHSCT et explique les plaintes des op rateurs
4. des ONG par exemple sur le terrain de l aide au d veloppement ou des agences conseil propos de la compr hension des enjeux de la RSE comme ph nom ne global en confrontant ces deux cat gories de documents la RSE appara t plus que jamais comme un ph nom ne traitant de questions globales en produisant des informations g n rales agr g es s lectionn es Au contact du v cu concret du travail la lecture des rapports de DD fait ressortir la dimension de r cit de storytelling que rec le la RSE Lamarche 2009 Si l on se r f re l analyse en termes de contrat de lecture les rapports de DD semblent s adresser plusieurs cat gories cadres gate keepers porteurs d images m dias agences de notation mais pas aux travailleurs L enjeu de valorisation soci tal est tr s englobant de nature politique il s adresse la soci t quitte tre d connect du r el Ceci n est pas sans risque de retour de boomerang en effet les engagements et d clarations peuvent ou pourraient car la jurisprudence est r duite donner lieu proc dure notamment au nom de droit commercial La confrontation de ces crits renvoie la RSE une contradiction alors m me que c est l inscription de l entreprise dans la soci t dans son ensemble qui se joue c est une forme de d r alisation l gard des conditions sociales de mise en uvre du travail qui nous appara t propos de la rel
5. gation des probl matiques relatives au travail dans la RSE L objet strat gique de la RSE valorisation symbolique crasement du social par d placement des enjeux vers l ext rieur est cependant contrari par des productions d analyses contradictoires elles m mes institu es Les difficult s dans la production d une information contradictoire celle de la direction acc s aux sources d information aux ateliers aux donn es sont celles de la production des repr sentations de l entreprise en son milieu La nature du compromis social est en Voir les travaux de V ron 1985 RSE et souffrance au travail gt Colloque ACFAS Ottawa 12 13 Mai 2009 jeu en effet durant la p riode fordiste on sait que l intensification du travail et donc de la souffrance qui en r sulte est permise par l accroissement r gulier des salaires par une dynamique de progr s social et par un sentiment d appartenance et de reconnaissance de la classe ouvri re La tension entre les rapport de DD et les rapports CHSCT illustre la d gradation radicale qu a connue le compromis fordien depuis 20 ans et ce sur les trois points cit s ci dessus et son corollaire la rel gation du travail et de ces probl matiques La crise industrielle ayant d bouch sur une crise du travail ces crises d bouchant sur les d r glements financiers il nous semble que la RSE comme objet de r pondre une critique sociale par une revalorisation de ce q
6. m me et quant ses engagements Il ne s agit pas tant des discours des personnes que de la production immat rielle informationnelle et communicationnelle de l organisation I nous appara t que ces discours constituent des investissements qui sont devenus essentiels la production et aux produits valeur environnementale sociale soci tale de la production mais aussi lengendrement des dispositifs institutionnels chartes codes normes proc dures Pourtant ces discours port s en interne par la hi rarchie contrastent tr s fortement avec d autres mani res de voir l entreprise et ces conditions de travail c est la th se de cette contribution Sur le pouvoir des managers voir Reb rioux 2007 et propos de leur pouvoir par l interm diaire des strat gies RSE voir Lamarche 2009 RSE et souffrance au travail gt Colloque ACFAS Ottawa 12 13 Mai 2009 Le d veloppement des pratiques en mati re de RSE induit un important chantier d valuation les entreprises sont incit es voire progressivement somm es de produire des preuves et justifications que ce soit volontairement ou suite de demandes ou injonctions multiples investisseurs clients r glementation Ce sont ainsi des preuves et des justifications qui sont produites par les protagonistes eux m mes Cette notion d auto production est un caract re cl de la RSE qui repose sur des pratiques volontaires et d claratives sans di
7. nous nommerons A le second est un groupe de service que nous nommerons B 2 1 Cas 1 La n gation des sp cificit s industrielles du travail Le contexte de l entreprise A est celui de la restructuration industrielle d une usine en France dans laquelle un atelier de montage automobile passe de 2 flux ou lignes de fabrication un seul flux Les experts CHSCT ont t mandat s pour valuer les cons quences de ce projet sur les conditions de travail des salari s affect s par la r organisation l objectif de la direction tant de passer de 1260 v hicules jour sur 2 cha nes de montage 1000 v hicules jour sur une cha ne en diminuant le nombre total d encadrants techniques et d op rateurs de production Alors que la communication RSE du groupe Rapport annuel d activit et de d veloppement durable gt affiche des objectifs sociaux l expertise CHSCT fait appara tre une n gation de la responsabilit de l entreprise face aux risques des postes de travail sur la sant des salari s et un report de cette responsabilit sur les individus eux m mes Plus largement on peut poser la question de la n gation par le groupe de son caract re industriel et de ses cons quences sociales La communication institutionnelle de l entreprise propose une fiche regroupant les 10 objectifs du groupe en terme de d veloppement durable Un seul sur ces 10 points concerne la responsabilit sociale Mettre en oeuvre la
8. s r aliser telle ou telle op ration contraignante la dur e des pauses etc Ces dissonances marqu es sont un frein la mise en oeuvre d une politique de pr vention durable des risques professionnels dans Ligne de Montage 2 RSE et souffrance au travail gt Colloque ACFAS Ottawa 12 13 Mai 2009 l usine il est particuli rement d licat de lancer un d bat ou un dialogue entre des acteurs aux repr sentations aussi loign es Rapport CHSCT A Des chiffres indiquant la r duction du nombre d accidents du travail sont publi s dans le rapport annuel Face ces d clarations on peut opposer les strat gies d crites par les auteurs du rapport au CHSCT de minimiser les accidents du travail et les maladies professionnelles en incitant voire en obligeant les salari s ne pas les d clarer Pour ceux qui ont mal il est conseill de patienter souffrir et d viter d tre trop mal vu d consid r la parade est simple il suffit de prendre avec discr tion un peu d arr t maladie De la sorte le co t de l accident ou de la pathologie professionnelle est transf r sur l assurance collective nationale Pour s arr ter il ne suffit pas d avoir mal de sentir et de dire sa douleur il faudrait d montrer des signes cliniques de la blessure ou de la cassure L arr t du travail est per u comme une d faillance individuelle dans l effort collectif pour tenir Or la d faillance du salari l effo
9. 80 a t consid rablement d stabilis la flexibilisation du travail et la remise en cause des r gles de d termination du salaire s tant faites au d triment des salari s On peut consid rer qu il y a une concomitance d faut d une causalit qui pourrait plaider en faveur de l id e selon laquelle les engagements en mati re de responsabilit sociale viennent compenser des d g ts sociaux et environnementaux de l activit des entreprises Postel et al 2006 Pour nombre de promoteur de la RSE au sein des entreprises la RSE appara t comme l instrument d un compromis reposant sur une configuration de pouvoir entre managers et composantes ext rieures mais il nous semble n cessaire de l interpr ter comme une configuration particuli re d un rapport de force Il nous semble que la finance de march d une part et l environnement d autre part constitue deux forces qui s imposent de fa ons tr s diff rentes toutefois aux directions des grands groupes La notion de rapport salarial financiaris a t propos e en partant de la caract risation du cas am ricain Boyer 1999 Aglietta amp Reb rioux 2004 Elle est marqu e par le repli des acteurs qui ne repr sentent pas les actionnaires Lordon 2000 dans le sens d un affaiblissement du travail et de ses repr sentants Les fonds de pension acqui rent un r le central et d veloppent une capacit orienter le gouvernement d entreprise ainsi que le rappo
10. ciens propos des modalit s de la mise au travail elle se d veloppe au moyen de la ma trise de l information mais se heurte cependant des formes adverses d expertise et d information La confrontation de ces instances d expertise de leur modalit de mise en uvre de leur l gitimit constitue un pr cieux mat riau pour analyser le changement institutionnel dans l entreprise propos des modalit s de la production d information quant au travail r el et aux conditions v cues de la production la confrontation des documents analys s nous renseigne sur la difficult d exercer des contre expertises et de les faire agir Sans avancer trop sur des comparaisons complexes qui demanderaient plus de m thodes et un programme de recherche des diff rences notables entre diff rents espaces de responsabilit apparaissent L espace des conditions de travail est plus institu et r glement que les autres responsabilit s soci tales par exemple effets 5 La collecte des informations aupr s de la direction par les experts mandat s par les CHSCT se r v le parfois difficile voire impossible certaines entreprises ne divulguant pas les donn es demand es par les experts RSE et souffrance au travail gt Colloque ACFAS Ottawa 12 13 Mai 2009 sur les communaut s lien au d veloppement du sud L emprise des directions direction d entreprise ou direction du DD sur ces th mes nouveaux et faiblement insitu s sur les
11. d avantages concurrentiels voire de barri re l entr e fondant des strat gies de monopoles Si la possibilit de penser une RSE strat gique offensive appara t dans la p riode tr s r cente pr cisons que l mergence des discours propos de la responsabilit provient d une pression ext rieure qui constitue une sorte d obligation pour les entreprises de r pondre des effets induits par leurs activit s productives les externalit s l gard de la soci t dans son ensemble Les entreprises dans leur ensemble et quelques une de fa on plus visible GAP NIKE Shell Total ont t interpell es et ont fait l objet de contestation de revendication de critique voire d action collective dite citoyenne boycott Les entreprises sont vis es au nom de leur irresponsabilit soci tale Descolonges amp Saincy 2004 mais plusieurs niveaux de responsabilit sont invoqu s e D une part un niveau g n ral de critique l gard du d veloppement des injustices et des in galit s des scandales financiers des d g ts cologiques et sociaux e D autre part des mouvements sociaux contre des actions particuli res plate forme Shell fermeture de site Danone Sweat shop de Gap et c est cela qui induit des strat gies de communication d abord d fensives puis proactives L engagement tre responsable se traduit par un des discours plaidant pour une internalisation de certaines externalit s e
12. de 20 ans dans le sens d une flexibilisation Boyer 1986 Les strat gies de l gitimation qui reposent sur la RSE peuvent tre analys es comme des productions de discours et actes visant agir dans le registre politique elles sont d importantes manifestations de force de la part des metteurs les entreprises elles m mes et en leur sein ceux qui les promeuvent La l gitimit qui ressort de ces d marches ou qui est recherch e est une composante immat rielle de la valeur de produite et forme un ainsi un investissement Elle constitue un enjeu non seulement l interne pour la construction de compromis sociaux autour de valeurs ou de projets qui prennent sens dans la mobilisation du travail mais aussi l externe vis vis des actionnaires et des clients la responsabilit l gard de l environnement et plus largement l gard de la soci t dans son ensemble devenant une composante de l offre elle m me L analyse de l entreprise par sa communication organisationnelle refl te les conditions concr tes de construction de discours d outils de gestion mais plus largement elle met en perspective d importants volets d action pour les directions des Ressources Humaines ainsi que pour le d veloppement de la culture de l valuation Les conditions de production interne externe sollicit e de l valuation et de sa mise en forme ainsi que l utilisation de cette valuation sont constitutives de l voluti
13. e semble naturaliser les changements par exc s de prudence et par scission strat gique entre conception de projet en amont et mise en uvre concr te et visible en aval Face cela les salari s ont t moign des sentiments d incompr hension de d ception vis vis de cet loignement et indiquent un d ficit de loyaut et de reconnaissance leur gard Synth se du rapport CHSCT B RSE et souffrance au travail gt Colloque ACFAS Ottawa 12 13 Mai 2009 Le caract re collectif de l organisation du travail et de l efficacit est exclu par un management harcelant Le CHSCT devrait tre donc vigilant sur les attitudes manag riales visant intensifier la comp tition entre coll gues au besoin de soutien et aux n cessaires moments de convivialit La mise en urgence continue d j d cel e dans les propos des salari s se confirme ici Si on l ajoute aux lourdeurs proc durales qui pour 66 de notre population sont p nalisantes avec les objectifs commerciaux ou incompatibles avec les d marches qualit l efficacit collective semble atteinte Synth se du rapport CHSCT B Plus encore les r organisations sont g r es de fa on individuelle et excluent le collectif de travail Dans un contexte de restructuration et de r organisation les r gles de gestion de personnel sont point es du fait de l absence de r gle collective claire et affich e un manque de transparence dans les proc d
14. e valeur comme rh torique et comme pratique G n alogie et sociologie de la valeur actionnariale L Ann e de la R gulation 4 117 165 LORIOT D 2008 Que peuvent encore nous apprendre les accidents du travail IN DOUGUET F amp MUNOZ J Eds Sant au travail et Travail de sant Rennes Universit de Bretagne Editions de l EHESP MICHALET C A 2007 Mondialisation la grande rupture Paris La d couverte MONTAGNE S 2008 Le trust fondement juridique du capitalisme patrimonial IN LORDON F Ed Conflits et pouvoirs dans les institutions du capitalisme Paris Presses de sciences Po PORTER M amp KRAMER M 2006 Strategy amp Society the link beetween competitive advantage and corporate social responsibility Harvard Business Review Spotlight POSTEL N ROUSSEAU S amp SOBEL R 2006 La responsabilit sociale et environnementale des entreprises une reconfiguration potentielle du rapport salarial fordiste Economie appliqu e LIX 77 104 REB RIOUX A 2007 Does shareholder primacy lead to a decline in managerial accountability Cambridge Journal of Economics 31 507 524 RUBINSTEIN M 2008 Approche strat gique de la responsabilit sociale des entreprises rentes de monopole et nouvelle gouvernance d entreprise Conf rence EA PE CNAM Paris TH VENOT L 1985 Les investissements de formes Cahiers du Centre d tudes de l Emploi 29 21 71 V RON E 1985 L analyse du cont
15. lit des entreprises Abstract The contribution is based on a synthesis of some reports of expertise for CHSCT of international firms Then it offers to confront them with the CSR communication of these firms This approach allows to understand on a socio economic level modalities and conditions of a distanciation of the labour suffering and generally speaking social effects of production Beyond general and social speeches on CSR which develop this firms an other reality appears Labour and social relations remain central in production while CSR move away from it This visible paradox explains by re locating stakes of power in and out of the firm notably the manager s power CSR complexifies union action it can be the opportunity of second opinions The analysis of the conditions of the production of social information and the modalities of intervention of the experts helps to understand the controversial process of institutionalization of instruments and tools of measure of the responsibility of firms Mots cl s RSE CHSCT Expertise Rapport salarial Souffrance au travail Reddition Key words CSR CHSCT French Security amp working condition comity Expertise Wage nexus Suffering at work Accountability RSE et souffrance au travail gt Colloque ACFAS Ottawa 12 13 Mai 2009 Du rapport de d veloppement durable au rapport CHSCT Tension sur l expertise sociale dans l entreprise Le poi
16. nt de d part de cet article repose sur le d calage observ entre la communication RSE des entreprises Bodet amp Lamarche 2007 et la r alit sociale vue notamment travers l expertise CHSCT Loriot 2008 A partir d changes entre conomistes et sociologues d une part et avec l apport de sociologues praticiens intervenant en entreprises la demande de CHSCT d autre part nous souhaitons interroger le fait que les transformations du travail les plus r centes qui entament la qualit de la vie au travail et qui augmentent les p nibilit s et la souffrance au travail voir notamment Dejours 1998 sont ignor es ou d ni es dans les discours RSE des managers et celui de l entreprise On assiste en effet une individualisation des relations sociales dans l entreprise qui renvoie vers l individu la responsabilit de la souffrance voire de la maladie ou du handicap g n r dans l activit de travail La Sant au travail comme responsabilit de l employeur tend tre exclue du d bat social pour tre port e par le seul salari Plus largement dans certaines entreprises on le verra c est le social dans son ensemble qui tend tre exclu des discours de responsabilit de l entreprise Les grandes enqu tes Conditions de travail de la DARES puis les enqu tes SUMER ont amplement mis au jour le cumul de facteurs d organisation du travail efforts r p t s rythme soutenu d pendance aux flux etc comme les ca
17. nt en premi re place pour initier cette r ponse sur le terrain plus que jamais d actualit de la sant au travail Bibliographie AGLIETTA M amp REB RIOUX A 2004 D rives du capitalisme financier Paris Albin Michel BODET C amp LAMARCHE T 2007 La responsabilit sociale des entreprises comme innovation institutionnelle Une lecture r gulationniste Revue de la R gulation htto regulation revues org 1 BOYER R 1986 La flexibilit du travail en Europe Paris La d couverte BOYER R 1999 Le politique l re de la mondialisation et de la finance le point sur quelques recherches r gulationnistes L Ann e de la r gulation 3 13 75 COMMENNE V 2006 Responsabilit Sociale et environnementale l engagement des acteurs conomiques Mode d emploi pour plus d thique et de d veloppement durable Paris Editions Charles L opold Meyer DE LA BROISE P amp LAMARCHE T 2006 Responsabilit sociale vers une nouvelle communication des entreprises Lille Septentrion DEJOURS C 1998 Souffrance en France Paris Seuil RSE et souffrance au travail gt Colloque ACFAS Ottawa 12 13 Mai 2009 DESCOLONGES M amp SAINCY B 2004 Les entreprises seront elles un jour responsables Paris La dispute LAMARCHE T 2009 Les nouvelles institutions de la mesure de la RSE entre communication et valuation Revue de l organisation responsable 3 LORDON F 2000 La cr ation d
18. nvironnementales sociales et soci tales RSE et souffrance au travail gt Colloque ACFAS Ottawa 12 13 Mai 2009 On peut dans ce contexte appr hender la RSE comme une recherche de compensation des effets n gatifs induits par la production Commenne 2006 e r ponse aux pressions des acheteurs ou donneurs d ordre Il s agit alors de strat gies d acc s au march les strat gies de construction des march s constituant une composante des formes de concurrence Bodet amp Lamarche 2007 e ordre d fensif ou r actif il s agit de mettre en uvre une strat gie de redressement de l image de l entreprise ou restauration de la confiance perduel de la Broise amp Lamarche 2006 e ordre pro actif il s agit de la tentative collectivement et non l chelle micro de produire les r gles encadrant leurs actions Cette strat gie vise limiter l intervention publique en r affirmant le caract re volontaire et unilat ral des politiques RSE des entreprises Lamarche 2009 Incit es plus que somm es de rendre des comptes les grandes entreprises se sont donc engag es dans des pratiques de reddition multiples Les rapports de d veloppement durable en sont un des outils privil gi s ils ont t rendus obligatoires en France par la loi NRE de 2001 1 2 L environnemental contre le social Les parties prenantes contre l interne L volution du rapport salarial depuis le milieu des ann es 19
19. on d un projet important d introduction de nouvelles technologies articles L 434 6 et L 432 7 Des experts ind pendants de la direction des entreprises peuvent ainsi aider les repr sentants du personnel qui les ont choisis propos de questions tr s concr tes li es au travail et son organisation mais aussi aux r percutions sur la sant et la s curit des salari s Dans le contexte de g n ralisation des probl matiques de RSE et de d veloppement durable il nous a sembl int ressant de comparer les id es de responsabilit de l entreprise sur les th mes soci taux telles qu elles sont diffus es par les rapports d veloppement durable avec les rapports d experts ind pendants r alis s pour les repr sentants du personnel Notre constat est que des d calages existent entre les visions institutionnelles et les visions ext rieures l entreprise La r f rence aux engagements pris par les entreprises dans leur communication institutionnelle est en mesure fournir une source potentielle de renouvellement du dialogue social Elle peut constituer un RSE et souffrance au travail gt Colloque ACFAS Ottawa 12 13 Mai 2009 talon de revendication d une part et favoriser d autre part le contr le interne de ces engagements Deux exemples seront d velopp s lls concernent deux grands groupes fran ais dont nous garderons l anonymat les rapports CHSCT n tant pas publics Le 1 est un groupe industriel que
20. on des entreprises Ces d marches nous montrent comment l entreprise anticipe une question sensible qui l entreprise rend elle des comptes et sur quels terrains juridiques notamment se r glent les diff rends Les formes de reddition et les destinataires des documents de reddition nous guident pour comprendre les logiques de pouvoir dans l entreprise La RSE et son valuation r v lent les tensions entre les insiders managers salari s partenaires sociaux eux m mes et entre ceux ci et des outsiders actionnaires clients mais aussi pouvoirs publics La logique de la production de preuve et ainsi d expertise prend son sens dans la pr paration d une judiciarisation possible RSE et souffrance au travail gt Colloque ACFAS Ottawa 12 13 Mai 2009 2 De l organisation du travail la souffrance au travail comparatif entre les discours RSE et les analyses pour les CHSCT des m mes groupes Depuis 2001 et la publication de la Loi sur les Nouvelles r gulations conomiques les entreprises c t es ont l obligation de fournir en plus des classiques donn es financi res des donn es sociales et environnementales dans leur rapport annuel Certaines r alisent ainsi un rapport D veloppement durable ou rapport de Responsabilit sociale d autres int grent de nouveaux chapitres leur rapport annuel Quels qu en soient la forme et le nom les entreprises communiquent de fa on croissante propos de leur
21. pratiques et surtout sur les discours RSE est tr s forte l inverse de ce que l on peut faire dire la th orie des parties prenantes la RSE ne semble pas tre un processus d information partag e mais au contraire un processus d information ma tris e contr l e Lire les rapports CHSCT en contrepoint des Rapports de DD informe sur la faiblesse des contre expertises dans les d marches RSE La rivalit d expertise conduit la question sensible de l accr ditation des experts ou des interm diaires Dans le cas pr sent l expertise commandit e par les CHSCT suit un processus l gal donc l gitim en France par la loi Cela permet d ouvrir une r flexion sur le terrain soci tal propos des ONG accr dit es ou non travailler avec les groupes industriels La capacit d acteurs ext rieurs investiguer dans l entreprise au sein du processus de production suppose une l gitimation Dans le cas des conditions de travail et donc propos de la souffrance au travail cette l gitimation provient d une d finition l gale de l intervention des repr sentants du personnel d finition l gale qui est elle m me issue des confrontations sociales Ce sont ainsi les responsables des CHSCT qui accr ditent les experts dans le cas des nombreuses questions soci tales qui composent les objets de la Responsabilit soci tale de l entreprise ce sont les directions qui accr ditent d ventuels experts qui peuvent tre
22. r l exclusion 1 Si le projet de contribution et la r daction sont sous la responsabilit des deux signataires la confrontation entre ces deux cat gories de document rapport de DD et rapport au CHSCT n aurait pas t possible sans les travaux men s par Daniel Loriot et Guy Friedmann de SocialConseil soci t coop rative agr e par le minist re du Travail comme expert CHSCT RSE et souffrance au travail gt Colloque ACFAS Ottawa 12 13 Mai 2009 des probl matiques sociales et d organisation du travail La RSE est ainsi pens e en dehors des rapports de force constitutifs des rapports sociaux Nous souhaitons mettre cette exclusion en parall le du pouvoir que d veloppent les managers en mati re de RSE Les managers sont en mesure de construire une forme de rente informationnelle en fa onnant par la norme et la pratique et instruisant par la ma trise interne des proc dures de gestion et de circulation des donn es brutes la plupart des canaux de divulgation de l information sociale et environnementale Ce sont eux qui produisent le chiffre la preuve La production d information et en amont la normalisation de fait en mati re de reddition constituent pour les entreprises et leurs dirigeants un investissement immat riel qui est un investissement de forme au sens de Th venot Th venot 1985 alors que les contre expertises constituent une information encr e dans le r el et proposent une transformation effecti
23. rat de lecture une nouvelle m thode pour les tudes de positionnement des supports de presse REP 203 228
24. responsabilit sociale de A l chelle mondiale La prise en compte de l chelle mondiale est une demande forte de la soci t civile adress e aux multinationales dont les strat gies d externalisation des risques ont t largement analys es Michalet 2007 Pourtant cet objectif ainsi que le chapitre du rapport consacr au social nous incite poser la question de l occultation par la communication institutionnelle des sp cificit s industrielles du travail notamment en France Il ne s agit pas dans le cas de cette entreprise d occultation du social en tant que tel puisqu un chapitre du rapport annuel s intitule Un contrat social durable On y lit entre autres La politique de ressources humaines du Groupe favorise la coh sion sociale autour de valeurs de solidarit de tol rance et d engagement Elle accompagne le d veloppement professionnel des salari s gr ce l enrichissement des comp tences la valorisation du capital humain et des volutions de carri res ainsi que des r mun rations fond es sur la performance et l quit Ouvert sur les questions soci tales le dialogue social donne lieu une dynamique contractuelle dans tous les pays Il se concr tise par la signature d accords innovants et pr curseurs Rapport d veloppement durable A 3 Ici le terme social est utilis selon son acception fran aise c est dire concernant le travail et les salari s et non le social selon son
25. responsabilit soci tale de la Broise amp Lamarche 2006 C est cette communication institutionnelle qui nous int resse ici et que nous mettrons en relation avec des analyses r alis es pour les CHSCT Comit d Hygi ne de S curit et des Conditions de travail Le CHSCT est une instance de repr sentation du personnel d centralis e dans chaque tablissement et qui peut faire appel une expertise ext rieure financ e par l entreprise dans certaines situations particuli res Art L 236 9 du Code du travail L existence d un risque grave pour la sant ou la s curit des salari s lorsqu un risque grave r v l ou non par un accident de travail une maladie professionnelle ou caract re professionnel est constat dans l tablissement En cas de projet important modifiant les conditions d hygi ne et de s curit ou les conditions de travail Le comit est consult avant toute d cision d am nagement important modifiant les conditions d hygi ne et de s curit ou les conditions de travail et notamment avant toute transformation importante des postes de travail d coulant de la modification de l outillage d un changement de produit ou de l organisation du travail avant toute modification des cadences et des normes de productivit li es ou non la r mun ration du travail Art L 236 2 De plus le Code du travail donne le droit au Comit d entreprise de recourir un expert l occasi
26. rt collectif est suspecte et elle peut tre sanctionn e Rapport CHSCT A Alors que le rapport annuel montre une responsabilit de l entreprise pour r duire les risques encourus par les salari s l analyse de terrain fait ressortir au contraire une d responsabilisation de l entreprise qui reporte sur le salari la responsabilit de l accident ou de la maladie La mise en cause de la responsabilit individuelle des ouvriers dans la souffrance physique les arr ts de travail et les maladies professionnelles est le signe d une tentative de n gation du risque industriel par l entreprise et de l occultation de la responsabilit effective de l organisation du travail sur la sant des salari s 2 2 Cas 2 R organisations et stress comme type de management analyse d un centre d appel d un groupe fran ais Ce deuxi me exemple tr s diff rent du premier se base sur un rapport d expertise CHSCT r alis suite au projet de restructurations internes d un des tablissements parisiens du groupe B principalement centre d appel mais aussi back office Le rapport analyse l ensemble des conditions de travail affect es par les r organisations projet es et pointe une naturalisation des changements dans une entreprise en restructuration depuis de nombreuses ann es Ce d ni gestionnaire des mondes du travail vide de sa substance la notion de conditions de travail Ce manque de formalisation et cette mise en urgenc
27. rt salarial au service de la valeur actionnariale En fin de compte les relations salariales elles m mes sont mises sous tension des repr sentations v hicul es par la finance Montagne 2008 Le pouvoir de l actionnaire est alors central il met distance le salari C est un l ment majeur de remise en cause du compromis fordien RSE et souffrance au travail gt Colloque ACFAS Ottawa 12 13 Mai 2009 Ce cadre g n ral de d stabilisation du rapport salarial atteste de la puissance structurante de la finance Les formes de concurrence dans lesquelles se trouvent ins r es les entreprises particuli rement les grandes entreprises qui se structurent l chelle internationale en constituent un principe moteur A l articulation Etat rapport salarial qui constituait le pivot de la p riode fordienne se substitue un enchev trement dans lequel la force des formes de concurrence impose un nouveau compromis institutionnalis au sein duquel la RSE n est pas absente Les rapports salariaux nationaux sont d stabilis s par le jeu concurrentiel que se livrent les groupes industriels notamment l chelle internationale ils voluent dans le sens des nouvelles modalit s de l accumulation du capital et de la transformation des formes de r gulation collectives et publiques du travail C est l ensemble des m canismes de formation des salaires d utilisation des revenus et d organisation du travail qui est remis en cause depuis plus
28. spositifs l gaux de contr le ou de validation Les entreprises sont donc en charge de la production des informations concernant leurs pratiques Ce point essentiel sur lequel on reviendra lie les formes de valorisation identit corporate des entreprises et la pr paration anticipation des conflits de nature juridique ou commerciale l valuation et la production d instruments de mesure pr parant des argumentaires qui peuvent servir sur le terrain juridique 1 1 La RSE comme r ponse la d gradation du Rapport salarial La RSE a t progressivement int gr e la pens e strat gique Porter et Kramer 2006 ont notamment utilis la notion dans le cadre de d veloppement de la notion d avantages concurrentiels lls mettent en avant deux grandes approches une strat gie d fensive qui constitue une r ponse une pression ext rieure et une strat gie offensive ou une RSE strat gique gt selon laquelle la RSE est m me de fonder des avantages concurrentiels et de soutenir la diff renciation qualitative des produits L int gration de la RSE dans la pens e strat gique est indissociable de la question de la profitabilit int grer des composantes environnementales ou sociales la strat gie de groupes de marque ou de produits appara t ainsi comme une voie de la construction de rentes de monopole Rubinstein 2008 La mise en avant de performances environnementales peut dans ce sens servir la construction
29. sur l accroissement important de la p nibilit du travail ce poste La survenue de TMS et de dorsalgie est un risque vident pour ces postes en particulier au M24 au regard de toutes les contraintes qui p sent sur les op rateurs dans la r alisation de leur travail Il n existe aucune forme de souplesse qui leur permette d ajuster leurs postures leurs mouvements et de r duire la fatigue durant le poste Les op rateurs sont contraints maintenir un rythme de travail tr s soutenu Tous les op rateurs font tat de fatigue g n ralis e en fin de poste et en fin de semaine L ajout de t ches suppl mentaires apr s la suppression du poste amont et l augmentation des responsabilit s et d autres facteurs de pression sont des l ments susceptibles de mettre en danger l tat de sant et la s curit des op rateurs en situation de travail mais galement hors de l entreprise Rapport CHSCT A La probl matique du dialogue social est galement voqu e dans le rapport au CHSCT qui pointe une incompr hension mutuelle entre la direction et les ouvriers On constate une dissonance marqu e entre ce qu avancent sur ce sujet la direction et les encadrants et ce que per oivent des moniteurs ou des op rateurs sur ligne l origine des manifestations de TMS ou des lombalgies est rapport e aux personnes et leur histoire tandis que les op rateurs font le lien avec leur travail la cadence de la ligne les difficult
30. t du soci tal dans le rapport d veloppement durable est effectivement v cue par les salari s notamment en lien aux restructurations souvent ressenties comme brutales la n gation des enjeux sociaux des restructurations qui en d coule est en d calage complet avec les engagements pris dans la communication institutionnelle Il en r sulte une r elle difficult pour les salari s et leurs repr sentants avoir une prise sur ces th mes ni s par le management En guise de conclusion Production institu e de repr sentation de l entreprise et conflit d int r t La confrontation des rapports de DD et des rapports aux CHSCT permet de saisir une importante contradiction au sein de l entreprise propos de la r alit concr te du travail v cu et de la repr sentation que l entreprise donne d elle m me et de sa responsabilit soci tale Cette confrontation nous fournit plusieurs r sultats e propos des modalit s de la production d information quant au travail r el e propos de la compr hension des enjeux de la RSE comme ph nom ne global e propos de la rel gation des probl matiques relatives au travail dans la RSE L ensemble acte non pas d un ancrage plus affirm de l entreprise autour de sa responsabilit r elle et assum e mais autour d une forme de d r alisation de l activit de l entreprise mise en sc ne par elle m me La RSE consiste ainsi en une recomposition de conflits an
31. ue produit l entreprise en int grant les externalit s La RSE largit la production de valeur au registre des externalit s c est dans ce sens qu elle vise ma triser non seulement une partie de ces externalit s mais aussi surtout leur comptabilisation La confrontation des expertises mais aussi le caract re strictement interne de la r ception des expertises CHSCT restreignent les probl matiques sociales un p rim tre interne alors que les analyses RSE tentent d irriguer le monde plus largement La confrontation de ces documents permet d avancer dans la th se que nous avions propos e propos de la RSE comme un crasement du social En fin de compte la confrontation de ces crits renforce un des aspects trop oubli s des politiques RSE sa nature de rapport de force d institution de pouvoir l enjeu des Rapports de DD est en effet celui d une criture volontaire et d clarative port e g n rale proposant une vision enchant e enchantement qui vise d une part une mobilisation des cadres et des travailleurs post industriels et vise une valorisation symbolique de l entreprise comme un tout La RSE complexifie radicalement l action syndicale elle suppose de mener des contre expertises sur des terrains complexes et vari s L enjeu est aujourd hui que la RSE lanc e par les entreprises de fa on unilat rale s en retourne tel un boomerang transform e par l action du mouvement social Les CHSCT so
32. ures d attribution des postes double filtre ainsi que la complexit des r gles de mutation Dans les services supprim s du fait de la mutualisation chaque manager a pour consigne de g rer de fa on personnelle et confidentiellement l accompagnement qu il apporte aux salari s concern s Mais dans un autre service certains salari s indiquent qu ils n ont re u aucun soutien pour trouver un nouveau poste Cette disparition de la dimension collective au b n fice d un traitement diff renci individualis semble provoquer jusqu un sentiment d injustice chacun se d brouille nm c est chacun pour soi Synth se du rapport CHSCT B Cette analyse a t r alis e en 2006 Dans son rapport d veloppement durable 2005 publi au moment m me de l analyse le groupe B fait tat de ses engagements concernant l accompagnement des volutions du groupe et le dialogue social associ ces volutions Le dialogue social accompagne les volutions d effectifs au sein du Groupe Toute d cision d volution de l organisation ayant des impacts significatifs sur les emplois et l organisation du travail donne lieu une information et un dialogue avec les institutions repr sentatives des salari s Rapport d veloppement durable B 2005 L cart entre cette d claration et la r alit observ e concomitamment dans l entreprise est significatif de la n gation des enjeux sociaux des restructurations dans l entreprise
33. uses directes de p nibilit de maladie et d accidents Plus encore la r cente enqu te Samotrace sur la sant mentale au travail montre que cette donn e est vraie galement pour les travaux non physiques il n y a pas que la cha ne qui ab me la sant des salari s Dominique Huez m decin du travail et co responsable de Samotrace indique que les r sultats de l enqu te constituent un fait scientifique prouvant que l anxio d pression qui p se sur le corps et sur les rapports sociaux a un vrai lien avec les d terminants essentiels de l organisation du travail et qu elle est une des cons quences du management Cf Sant amp Travail n65 Janvier 2009 L id e force de cet article est de situer les conditions de l exclusion des probl matiques sociales et a fortiori de la souffrance des strat gies RSE Nous souhaitons montrer que cette exclusion fait partie int grante du conflit capital travail conflit qui dans le cas pr sent s exprime travers la production d information d expertise et donc l accountability en mati re de RSE Lorsque l on compare les affirmations ou assertions des entreprises dans les rapports RSE ou de d veloppement durable et les analyses des experts nomm s par les CHSCT sur les m mes entreprises l cart abyssal est repr sentatif de la coexistence de deux mondes qui s ignorent Une mise en perspective de la question de la souffrance au prisme des discours en responsabilit permet de saisi
34. ve de la sph re de la production 1 Rapport salarial et RSE mergence d un discours en termes de responsabilit La dimension communicationnelle des politiques RSE s av re fondamentale les principales d finitions de la RSE couramment retenues mettent en effet toutes en avant la notion d engagement volontaire en mati re sociale et environnementale la notion d engagement est prise dans le sens d objectifs que se fixent les entreprises De fa on plus g n rale le faible niveau des contraintes associ es la RSE conduit les entreprises produire elles m mes l valuation de leurs propres pratiques en mati re de responsabilit C est ainsi que sont li es communication valuation et analyse de l entreprise et que se traite la question des repr sentations sociales de l entreprise et de la responsabilit qu elle d clare assumer dans le cadre de ses activit s productives La communication ne peut pas tre consid r e comme une composante secondaire dans l organisation de l entreprise au contraire elle nous semble prendre une place qui devient essentielle dans le processus de transformation des organisations et dans le changement institutionnel Nous nous r f rons la notion de discours des entreprises dans une acception largie pour caract riser la production d informations reporting dans une logique d accountability mais aussi promotion valorisation de son activit de l entreprise propos d elle
Download Pdf Manuals
Related Search