Individualisation des parcours et différenciation des prises en charge.
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1. de cause et une strat gie qui perdure par inertie parce que personne n a eu le temps ou les moyens de la r valuer Optimiser un parcours de formation c est l infl chir si et seulement cela semble pertinent Pour le savoir il faut mobiliser du temps de l intelligence de l information m me si c est pour d cider de continuer L cole ne sera jamais en mesure d optimiser constamment toutes les situations Ce serait d ailleurs invivable en regard du besoin de continuit des personnes et des groupes s int grer un groupe ou se joindre une activit sont des processus psychosociaux et des investissements affectifs qu on ne saurait casser n importe quand m me si la t che n appara t pas aussi optimale qu on l imaginait ou perd vue d il en efficacit On ne retire pas un enfant d un projet au milieu du gu sous pr texte qu il n apprend plus on ne le change pas de groupe en l arrachant sine die une activit en cours ou des engagements coop ratifs Ce dilemme est en r alit assez rare car bien avant de devoir arbitrer entre continuit psychique et relationnelle d une part efficacit didactique de l autre on se heurte l impossibilit mat rielle d valuer constamment la progression de tous les apprenants de concevoir une ventuelle r orientation optimale de leur activit et plus encore de la mettre concr tement en uvre Il importe cependant de d f2. rein ou une op ration cardiaque Si l cole publique ne garantit rien de plus que l atteinte des objectifs pourquoi s opposerait elle ce que les parents les moins solidaires aillent chercher dans le secteur priv l quivalent des cliniques de luxe Il n y a toutefois aucune raison que la collectivit prenne en charge le co t de cette scolarit Le service public est d une certaine fa on un service minimum m me si ce minimum s l ve au fil des d cennies pour r pondre aux transformations de nos soci t s Il est regrettable que ce principe soit perverti par certains consommateurs d cole dont le seul souci est d obtenir le maximum pour le prix du minimum au m pris de toute solidarit Il importerait donc que le d veloppement de cycles d apprentissage soit l occasion de clarifier le droit et le devoir de discrimination positive en le reformulant dans ce nouveau contexte l institution scolaire et les professionnels s engagent amener tous les l ves ma triser les objectifs de fin de cycle ni plus ni moins ils s autorisent donc tout fait l gitimement et ouvertement investir moins de force et d intelligence p dagogique et didactique lorsque les apprentissages suivent leur cours normalement Pour mettre ces orientations en pratique au del de la volont politique et de la clart de la doctrine il reste videmment identifier les l ves qui ont besoin d un
3. In Educateur n 11 octobre 2001 pp 26 31 Individualisation des parcours et diff renciation des prises en charge Philippe Perrenoud Facult de psychologie et des sciences de l ducation Universit de Gen ve 2001 Dans l article pr c dent j ai plaid pour deux options indispensables si l on veut que les cycles d apprentissage pluriannuels r duisent l chec scolaire et les in galit s 1 Renoncer diversifier les parcours de formation au sein d un cycle essentiellement en jouant sur le temps nombre d heures de semaines ou d ann es 2 Redimensionner les objectifs pour qu ils soient atteignables par tous dans le m me temps au prix d une p dagogie diff renci e efficace supposer que l on ait au niveau d un syst me ducatif pris des options audacieuses sur la modulation du temps scolaire et sur les objectifs de formation il resterait faire l autre moiti du chemin am nager les parcours de formation de sorte que chacun atteigne ces objectifs red finis en un temps gal ou presque Aucune r novation curriculaire ne cr era elle seule les conditions de l galit des acquis Quels que soient les programmes il y aura toujours des l ves rapides int ress s actifs soutenus par leur famille disposant d un important capital culturel et d autres qui plac s dans les m mes conditions apprendront moins vite moins volontiers moins s rement moins durableme
4. aitement ad quat groupe et activit alors qu une vision plus constructiviste et interactive fait plut t cr dit aux r gulations en cours d activit La conception m me des activit s p sera sur l organisation du travail et l optimisation des situations d apprentissage un extr me on trouvera des activit s pr cises calibr es dot s d un mat riel ad hoc autocorrectives destin es ventuellement un l ve travaillant seul et fonctionnant en autonomie la lecture silencieuse avec fiches individuelles en est un exemple de l autre on trouvera des activit s plus collectives moins pr visibles moins bas es sur un mat riel que sur une nigme ou un projet des activit s dans lesquelles tous les l ves ne font pas exactement le m me travail des activit s qui exigent que l enseignant joue un r le de r gulation certains moments strat giques et assume aussi une part d tayage individualis De plus certaines quipes travailleront sur des objectifs interm diaires relativement fragment s d autres mettront l accent sur des objectifs longue port e ce qui induit des contraintes tr s diff rentes pour les activit s et leur r gulation La flexibilit des dispositifs la nature et la densit des d cisions d pendent aussi du degr d individualisme qui convient une quipe p dagogique Autant il me semble ind fendable de concevoir un cycle pluriannuel o l on se born
5. atif ne dit pas aux enseignants qu ils ont le droit et le devoir d accorder la priorit aux l ves les plus loign s des objectifs certains se donneront ce droit d autres non en fonction de leurs convictions et de leur audace e ensuite en termes de visibilit on ne peut constamment pr tendre traiter tous les l ves comme gaux et faire exactement le contraire Il me semble qu il faudra un jour affronter ouvertement ce probl me et proposer un contrat de solidarit aux parents de l cole publique Il suffirait qu elle s engage faire en sorte que chaque l ve atteigne les objectifs ni plus ni moins ce qui l autoriserait inviter fermement et ouvertement les enseignants ne pas surinvestir dans l encadrement de ceux qui progressent sans grandes difficult s et s int resser au contraire plus intensivement ceux qui ont besoin d une prise en charge plus soutenue Dans les h pitaux publics il est admis qu on r serve les traitements intensifs les technologies de pointe et les meilleurs sp cialistes aux patients qui en ont le plus besoin Chacun aimerait b n ficier des m mes ressources pour une affection b nigne mais il se fait une raison au nom de la raison justement d une certaine id e de l quit et de la solidarit Ou il s oriente vers une clinique priv e si l ablation d un kyste ou le traitement de sa cellulite lui paraissent aussi importants qu une greffe de
6. embre pp 23 29 Perrenoud Ph 1999 Trois conditions pour apprendre en cycles ducateur n 1 5 f vrier pp 26 31 Perrenoud Ph 2000 De la gestion de classe l organisation du travail dans un cycle d apprentissage in Revue des sciences de l ducation Montr al Vol XXV n 3 pp 533 570 Perrenoud Ph 2001 Les trois fonctions de l valuation dans une scolarit organis e en cycles Educateur n 2 9 f vrier pp 19 25 Tardif J 1992 Pour un enseignement strat gique Montr al ditions Logiques Wandfluh F et Perrenoud Ph 1999 Travailler en modules l cole primaire essais et premier bilan ducateur n 6 7 mai pp 28 35
7. endre une conception de la p dagogie diff renci e comme qu te d une activit optimale pour chacun optimale d abord sous l angle de sa praticabilit de son sens de sa capacit de mobiliser les l ves concern s optimale aussi et surtout sous l angle des apprentissages qu elle engendre Perrenoud 1999 Qu on n y parvienne pas chaque instant est dans l ordre des choses l important est d y tendre et de mettre en place l organisation du travail la plus propice dans le cadre des moyens existants C est dans cet esprit que l hypoth se modulaire et le travail en flux tendus prennent leur sens Wandfluh et Perrenoud 1999 Si l on estime que trop d l ves sont trop souvent engag s dans des t ches peu f condes c est d abord un mangue de ressources strat giques qu il faut mettre en vidence montrant travers des exemples concrets que faute de temps et de forces les parcours de formation ont t pilot s de fa on trop espac e ou incertaine donc inefficace Si l on passait des revendications rituelles centr es sur le nombre d l ves par classe une analyse fine des ressources requises pour prendre de bonnes d cisions peut tre sortirait on du dialogue de sourds autour des ressources humaines Bien entendu le nombre d l ve n est pas sans importance mais on ne peut aujourd hui le dissocier de l organisation du travail et des comp tences des professionnels Des dispo
8. erait r partir les l ves pour un an entre des enseignants travaillant d s lors chacun dans son coin autant il serait irr aliste de tout d cider en quipe Une quipe ne survit qu en respectant l autonomie de ses membres donc en conciliant d cisions collectives et d cisions individuelles Le degr de d centralisation des d cisions varie fortement d une quipe une autre mais aussi en cours d ann e avec des temps forts de concertation et des temps de fonctionnement plus autonome Ici encore l gif rer pour tous ce serait faire abstraction des diff rences entre enseignants dans la capacit et la volont de coop rer aussi bien que des contraintes et ressources locales Enfin les outils disponibles sont imparfaits et volutifs Que faire de sp cifique dans le groupe classe Faut il le concevoir comme groupe d appartenance port d attache tour de contr le base d orientation Que peut on attendre des d cloisonnements Quelles sont les vertus de groupes h t rog nes Pourquoi constituer des groupes homog nes et selon quels crit res Travailler en modules est ce une solution g n ralisable l ensemble des apprentissages ce stade aucun syst me ne s impose comme une organisation optimale dans tous les contextes Groupe de pilotage de la r novation 1999 a et b Perrenoud 1997 a 2000 Wandfluh et Perrenoud 1998 L enjeu est plut t de d velopper des comp tences individuelles
9. et collectives d organisation du travail en cycles Cela n exclut pas au contraire que le syst me ducatif mette disposition de tous des ressources concepts exemples r cits outils mod les d organisation r flexions critiques L essentiel est de ne pas perdre de vue une id e simple mais constamment menac e les dispositifs ne sont que des moyens d optimiser les situations d apprentissage pour chaque l ve et l individualisation des parcours n est que le signe d une p dagogie diff renci e digne de ce nom Pour juger d une organisation du travail ou d une autre il n est pas inutile de scruter sa lisibilit et sa coh rence d interroger ses intentions et ses fondements p dagogiques Mais au bout du compte la question d terminante est de savoir si les l ves sont aussi souvent que possible confront s des t ches et des d fis qui les font progresser vers les objectifs de formation Pour ces diverses raisons il serait absurde de concevoir une organisation du travail unique qui ferait abstraction de la diversit des conceptions p dagogiques et didactiques des enseignants aussi bien que des contraintes locales Ressources rares qui accorder la priorit Ajoutons une dimension cette complexit une organisation du travail qui optimiserait constamment les situations d apprentissages pour tous les l ves engendrerait une formidable aggravation des carts Les l ves lents ou en dif
10. ficult progresseraient mieux et plus vite que dans une p dagogie frontale mais il en irait de m me pour les l ves rapides Et ces derniers b n ficieraient davantage de l optimisation dans la mesure o ils peuvent plus facilement trouver du sens la t che et la g rer de fa on autonome En soi ce n est pas un probl me sinon sous l angle de l ventuelle dissonance entre l ge de certains l ves et leur niveau scolaire Que faire d un l ve qui atteint en trois voire en deux ans les objectifs d un cycle de quatre ans Une p dagogie diff renci e efficace et tendue tous les l ves permettrait certainement quelques uns de passer leur bac quinze ans C est d ailleurs ce qu attendent des cycles pluriannuels certains parents de tr s bons l ves S engage alors un d bat sur la question de savoir s il est souhaitable de condenser en dix ans une scolarit de base que d autres accomplissent en quinze si ce qu on gagne en acquis scolaires ne se perd pas dans le registre de la socialisation de l appartenance un groupe de la solidarit Je prendrai ici le probl me sous un autre angle m me avec un ratio ma tre l ves favorable m me avec une organisation du travail tr s efficace et des enseignants tr s comp tents l cole n a pas et n aura jamais les moyens d une optimisation des situations d apprentissage pour tous D o une question cruciale qui acco
11. investissement important et ceux qui progressent sans efforts et atteindront les objectifs dans les temps 7 En conclusion diff rencier moyens limit s c est optimiser s lectivement les situations d apprentissage et la prise en charge p dagogique dans la perspective d une discrimination positive Ce qui m ne accepter sans que cela fasse scandale que les l ves les plus favoris s se retrouvent assez souvent dans des groupes de grande taille ou travaillent de fa on largement autonome Que ces conditions ne soient pas optimales n est pas dramatique si elles e ne compromettent pas l atteinte des objectifs de fin de cycle e lib rent de l nergie et du temps pour permettre aux enseignants d offrir aux l ves en difficult les conditions de travail et l encadrement dont ils ont eux v ritablement besoin On peut craindre h las que ce contrat social soit difficile tablir dans une soci t o les nantis attendent de l tat des services la hauteur des imp ts qu ils paient Les vrais enjeux de l individualisation des parcours On s en rend compte ces enjeux sont pour une part techniques construction de situations et de dispositifs d apprentissage efficaces organisation optimale du travail valuation formative d cisions r gulations Tout cela exige des enseignants une forte expertise p dagogique et didactique tant individuelle que collective Mais les enjeux sont aussi philo
12. iques Il est inutile de lui proposer un simple exercice de rem diation une s ance de soutien Mais il serait plus f cheux encore de lui prescrire un traitement durable par exemple l attribution pour un an au groupe des lecteurs faibles ou des g om tres en difficult M me en m decine en d pit des technologies des savoirs scientifiques et d un ratio soignants patients plus favorable que le ratio enseignants l ves il est impossible d optimiser constamment les processus de d cision Certains traitements se prolongent au del du n cessaire certaines r orientations sont envisag es trop tard Il est impossible de confirmer ou de r orienter une strat gie th rapeutique toutes les cinq minutes ni m me toutes les heures sauf aux soins intensifs ou dans les moments de crise Le pilotage strat gique permanent exige des ressources humaines dont on ne dispose que dans les activit s hauts risques ou la comp tition de haut niveau Il est donc inutile d enfermer l cole dans une vision maximaliste de l enseignement strat gique Rappelons cependant que construire une strat gie n quivaut pas changer constamment son fusil d paule Le suivi conduit assez souvent persister dans la strat gie engag e soit parce qu elle appara t efficace soit parce que les doutes sur son efficacit sont encore tayer Il y a toutefois une diff rence immense entre une strat gie dans laquelle on persiste en connaissance
13. n ais de p dagogie diff renci e ont r v Legrand 1976 de conna tre l l ve a priori pour l attribuer durablement un traitement p dagogique optimal On se situait dans la droite ligne des travaux am ricains sur les interactions aptitudes traitement Aujourd hui gr ce notamment aux travaux de Meirieu 1990 et de plusieurs didacticiens on sait que l id al est de travailler ce qui fait obstacle la progression donc de diff rencier en fonction de l exp rience en renon ant d finitivement d cider de ce qui est bon pour un l ve des semaines voire des mois l avance Contrairement aux apparences on est alors au c ur de ce qu on peut appeler avec Tardif 1992 un enseignement strat gique Une conduite strat gique ne consiste nullement arr ter un plan et s y tenir quoi qu il arrive Il s agit au contraire tout en gardant le cap sur les objectifs finaux d infl chir la strat gie et de redessiner le chemin et les tapes qui y conduisent cela chaque fois que l tat de la progression les obstacles rencontr s et le temps qui reste l exigent L individualisation des parcours telle qu elle est con ue ici refuse la fois le coup par coup et la voie trac e d avance Elle requiert des strat gies mais des strat gies ouvertes et mobiles Pensons un l ve qui bute sur un obstacle important lorsqu il s agit d apprendre lire ou construire des figures g om tr
14. nt Si l on renonce jouer sur le temps il faut videmment jouer sur les moyens donc accepter l id e ce d une prise en charge diff renci e des l ves dans l esprit de la discrimination positive et de chacun selon ses besoins Courriel Philippe Perrenoud pse unige ch Internet http www unige ch fapse SSE teachers perrenoud Laboratoire Innovation Formation Education LIFE http www unige ch fapse SSE groups LIFE 1 La p dagogie diff renci e n est pas toujours associ e l id e de parcours individualis s Elle peut se limiter une prise en charge plus intensive des l ves en difficult tous progressant vers les m mes objectifs de fa on synchrone tous suivant le m me parcours de formation du m me pas Dans un cursus structur en tapes annuelles il est assez difficile de diversifier les parcours Les cycles pluriannuels rendent possible cette diversification Mais le jeu en vaut il la chandelle Pourquoi individualiser les parcours En quoi cela enrichit il une p dagogie diff renci e classique La question est pertinente et m rite d tre prise au s rieux car l individualisation des parcours ajoute la complexit de l organisation du travail et si elle est mal ma tris e risque d accro tre les carts en fin de cycle ou de cursus Y a t il de bonnes raisons d affronter cette complexit et ce risque L individualisation des parcours comme simple cons q
15. projet Meirieu 1989 a et b Une p dagogie constructiviste a besoin des interactions Un parcours de formation prend consistance pas pas c est une dimension de l histoire de vie qui n est pas crite avant d tre v cue En ce sens ce n est pas un cursus scolaire au sens classique car ce dernier pr figure un parcours de formation prescrit un itin raire conseill ou obligatoire Insistons y l individualisation des parcours de formation n est pas entendue dans le sens d une personnalisation ex ante des parcours prescrits ou conseill s mais comme une diversification ex post des itin raires effectivement suivis Cela ne veut pas dire que le chemin parcouru r sulte du hasard ou d une suite de d cisions prises au coup par coup sans anticipation ni strat gie Il serait cependant tout aussi r ducteur de ne consid rer que la part d individualisation des parcours qui r sulte d une orientation vers un cursus pens d avance vers une voie balis e Cela reviendrait constituer au sein d un cycle des fili res parall les une forme de streaming dont on sait les effets amplificateurs des in galit s Cela signifierait surtout qu on rompt avec l id e d une optimisation constante des situations d apprentissage tout cursus programm si on s y tient rigidement confronte t t ou tard une partie des apprenants des situations didactiques inad quates et donc peu f condes Les premiers courants fra
16. r que cela soit vivable pour les personnes et compatible avec les forces disponibles mais aussi et d abord pour que les processus de formation suivent leurs cours Dans un jeu un sport la bourse ou dans certains m tiers la situation volue tr s vite et appelle des r orientations tactiques rapproch es En p dagogie on pilote vue des interactions et des activit s mais les apprentissages eux m mes sont des processus plus lents qui n exigent pas des d cisions nouvelles chaque instant et pourraient au contraire souffrir d un interventionnisme exag r Il s agit donc de trouver une voie m diane entre inertie et activisme entre un syst me tellement stable qu il installe durablement beaucoup d l ves dans des situations d apprentissage inad quates et un syst me en constante fibrillation dans lequel on passerait plus de temps r orienter les l ves vers d autres activit s qu faire fonctionner des situations d apprentissage bien pens es volont gale de diff renciation la tentation de certaines quipes sera d investir dans des dispositifs tr s mobiles et des d cisions rapproch es alors que d autres feront confiance des r gulations internes aux groupes et aux activit s Ces tendances auront sans doute partie li e avec des orientations p dagogiques et didactiques Une certaine vision de la p dagogie de ma trise donne de l importance l orientation des l ves vers un tr
17. rder la priorit Dans la perspective d une d mocratisation de l acc s aux savoirs la r ponse va de soi aux l ves les plus loign s des objectifs de fin de cycle Entre deux maux il faut choisir le moindre il est moins 6 grave de ne pas amener un bon l ve au del des objectifs que de ne pas tout faire pour un l ve qui pourrait ne pas les atteindre H las m me les syst mes ducatifs qui instaurent des cycles d apprentissage pour favoriser la lutte contre les in galit s ont int r t ne pas mettre les points sur les i On imagine mal un Ministre annoncer aux parents de bons l ves surtout si ce sont ses lecteurs que leurs enfants ne sont pas prioritaires On remet donc aux enseignants aux quipes p dagogiques et aux tablissements le soin de pratiquer discr tement une discrimination positive Discr tement veut dire accorder la priorit aux l ves en difficult mais ne jamais l avouer Sauver les apparences de l galit de traitement pour ne pas provoquer le m contentement des privil gi s de ceux qui n en n ont jamais assez Si ce rideau de fum e n avait aucune cons quence pourquoi s acharnerait on le dissiper Il permettrait simplement de lutter efficacement contre l chec scolaire sans mettre en vidence toutes les implications de ce choix L ennui c est que sauver les apparences se paie cher e d abord en termes de culpabilit si le syst me duc
18. s espaces dans les cycles Gen ve D partement de l instruction publique enseignement primaire Legrand L 1986 La diff renciation p dagogique Paris Scarab e Legrand L 1996 Les diff renciations de la p dagogie Paris PUF Meirieu Ph 1989 a Itin raires des p dagogies de groupe Apprendre en groupe I Lyon Chronique 8 sociale 3 me d Meirieu Ph 1989 b Outils pour apprendre en groupe Apprendre en groupe II Lyon Chronique sociale 3 me d Meirieu Ph 1990 L cole mode d emploi Des m thodes actives la p dagogie diff renci e Paris Ed ESF 5e d Paul J J 1996 Le redoublement pour ou contre Paris ESF Perrenoud Ph 1997 a P dagogie diff renci e des intentions l action Paris ESF 2 d 2000 Perrenoud Ph 1997 b G rer la progression des apprentissages Voyage autour des comp tences 2 ducateur n 12 17 octobre pp 24 29 repris dans Perrenoud Ph Dix nouvelles comp tences pour enseigner Invitation au voyage Paris ESF 1999 ch 2 Perrenoud Ph 1997 c Concevoir et faire voluer des dispositifs de diff renciation Voyage autour des comp tences 3 Educateur n 13 7 novembre pp 20 25 repris dans Perrenoud Ph Dix nouvelles comp tences pour enseigner Invitation au voyage Paris ESF 1999 ch 3 Perrenoud Ph 1998 Les cycles d apprentissage de nouveaux espaces temps de formation Educateur n 14 18 d c
19. sitifs raisonnablement flexibles Concevoir l individualisation des parcours comme la simple cons quence de l optimisation des situations d apprentissage propos es chacun a de vives implications pour l organisation du travail dans un cycle d apprentissage pluriannuel Cette conception de l individualisation comme effet d une diff renciation bien men e conduit d abord refuser de penser un cycle comme un ensemble d itin raires pr construits l enjeu majeur tant d attribuer rapidement chaque l ve celui qui serait cens lui convenir le mieux On vitera m me de r partir les l ves entre des groupes de niveaux pour de longues p riodes disons plus de 4 6 semaines la limite les groupes de niveaux devraient devenir des groupes de besoin centr s sur certaines difficult s d apprentissage et certains obstacles rencontr s dans une discipline Il n est pas impossible alors que certains l ves de six semaines en six semaines se retrouvent dans le m me groupe de besoin finissant par constituer le groupe de ceux r put s faibles en math matique par exemple Recomposer les groupes toutes les six semaines pourrait tre un simulacre si dans la t te des enseignants certains l ves sont d finitivement faibles en maths Il importe donc de ne pas encha ner les groupes de besoin de marquer des pauses des ruptures de centrer de tels groupes sur une composante pr cise d
20. sophiques et politiques Il est navrant de voir plusieurs syst mes ducatifs adopter une structuration du cursus en cycle pluriannuels comme si c tait une simple modernisation id ologiquement neutre Ce qui les conduit dans les textes dans le discours public dissocier cycles et lutte contre l chec scolaire ou maintenir ce lien mais de fa on abstraite sans qu on voie en quoi les cycles tels qu ils sont mis en place pourraient infl chir les m canismes de transformation des diff rences extrascolaires en in galit s d apprentissages scolaires Du coup certains enseignants ne comprennent pas au nom de quoi on leur imposerait une gestion plus coll giale des dispositifs plus complexes des objectifs plus longue ch ance une valuation plus formative Si ces changements apparaissent comme un simple tribut aux id es du moment un simple alignement sur ce que font les autres syst mes ducatifs il n est pas conservateur d y r sister Ce qui justifie l innovation encore et toujours c est l espoir de mieux former ceux qui n apprennent pas tout seuls ou selon n importe quelle p dagogie R f rences Groupe de pilotage de la r novation 1999 a Diff renciation de l enseignement et individualisation des parcours de formation dans les cycles Gen ve D partement de l instruction publique enseignement primaire Groupe de pilotage de la r novation 1999 b La gestion des groupes du temps et de
21. uence L individualisation des parcours n est pas un but en soi C est une cons quence logique d une conception coh rente et ambitieuse de la p dagogie diff renci e Diff rencier consiste proposer chacun des situations d apprentissage optimales en regard de sa progression vers les objectifs Perrenoud 1997 a Les l ves tant diff rents 1l convient de leur proposer des situations d apprentissage diff rentes non seulement de temps autre mais chaque fois que c est pertinent Or qu est ce un parcours de formation sinon la suite des situations de formation que traverse et vit une personne Si ces situations sont diff rentes au moins en partie les parcours seront individualis s de facto Leur individualisation n est alors que la r sultante de choix successifs portant sur des situations des activit s des t ches donc aussi l attribution des l ves des dispositifs et des groupes de travail diff rents Certains de ces choix sont faits par les enseignants d autres par les l ves eux m mes en qu te d une t che optimale d autres encore seront sugg r s par un logiciel ou l quivalent d un centre de bilan tel qu il en existe en ducation des adultes Ne nous enfermons pas davantage dans l id e que des parcours individualis s conduisent des apprentissages solitaires pour une part ces choix portent sur l insertion dans tel ou tel groupe de niveau de besoin de
22. une discipline laissant une chance certains de se d brouiller mieux en g om trie qu en op rations arithm tiques par exemple de se donner les moyens d valuer les obstacles et les besoins travers des activit s sp cifiques sans se borner projeter sur chaque l ve un niveau qui serait en quelque sorte devenu l une de ses caract ristiques permanentes Une partie de l individualisation des parcours ne peut et ne doit se faire que dans le cadre d une activit qui sera en g n ral collective Il n est donc pas question de disposer d un arsenal d activit s individuelles en isolant les l ves Ce qui veut dire aussi que les d cisions optimisant les situations se prennent plusieurs niveaux Perrenoud 2001 la r gulation du travail de l l ve et de son tayage par l adulte dans le cadre de l activit en cours 4 l orientation de l l ve vers d autres activit s plus ad quates au sein du m me groupe l attribution de l l ve un autre groupe et donc des activit s d un autre type et ou d un autre niveau Il serait donc caricatural de se repr senter la gestion d un cycle comme la redistribution quotidienne de l ensemble des l ves entre des activit s et des groupes constamment recompos s On voit bien qu entre une organisation fig e pour un an et une organisation excessivement mouvante il convient de trouver un moyen terme non seulement pou
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