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Histoire, problèmes, projets de la coopération ouvrière

1. propri t et de droit d usage communautaires d entraide dans le travail de secours mutuel des protections coutumi res t l gales d l ancien r gime Un exemple c est l application du Cod forestier d 1827 parachevant la mise en place des formes privatives de propri t et d exploitation des for ts et supprimant les droits communautaires d usage affouage vaine p ture qui provoque en 1831 dans l Ari ge la guerre des demoiselles Et c est dans la population traditionnelle des m tiers traditionnels qu est n e l association ouvri re 1 02 La classe ouvri re et le mouvement ouvrier Le monde ouvrier pendant cett premi r p riode tait encore tr s h t rog n t les salari s au sens moderne du terme taient loin d en repr senter la plus grande partie Les statuts sociaux taient tr s diff rents manouvriers lou s la saison t semi prol tariat rural employ dans les fabriques de chandelles de tuiles ou dans les forges artisans et travailleurs ind pendants travaillant seuls ou employant quelques compagnons et apprentis chefs d atelier par exemple dans la soierie lyonnaise travaillant domicile employant eux m mes de la main d au del souvent familiale et soumis au bon vouloir des fabricants t cherons ouvriers des manufactures sans compter le grouillement des petits m tiers sans statut le bas pe
2. 1 04 Les coles socialistes Ce projet spontan s alimente une contestation radicale de l ordre tabli du d sordre tabli exprim e par un certain nombre de proph tes qui en m me temps aident structurer un projet alternatif d organisation d l entrepris t ou de la soci t critique de l organisation de l autorit et du syst me politique et conomique par SAINT SIMON du commerce et de la civilisation r pressive par FOURIER de la concurrence et du mode d tablissement des salaires par BUCHEZ mais aussi par Agricol PERDIGUIER dit Avignonnais la Vertu de la propri t par CABET d abord PROUDHON ensuite qui y ajoute la critique de la r cup ration par le seul entrepreneur de la plus value obtenue par l emploi combin de plusieurs travailleurs de l Etat du laissez faire par Louis BLANC A ces critiques correspondent des mod les et des exp rimentations des colonies communautaires ou communistes de CABET et de l anglais Robert OWEN lui m me inspirateur indirect du projet des Equitables Pionniers de ROCHDALE des phalanst res post fouri ristes de l association coop rative de production de BUCHEZ et du journal L Atelier Apr s les p res fondateurs du socialisme dit utopique les p res fondateurs du socialisme dit scientifique cr ditent ux m mes la coop ration t sp cial
3. 28 pratiquer par exemple la protection sociale de m m lle n est plus la seule proposer un alternative aux relations traditionnelles des travailleurs l entreprise Sans doute la Coop ration ouvri r astell conscience que son statu continue de la distinguer deux fois des autres parce qu il lui fai franchir un point de non retour parce qu il pr vient chez elle le risque et dissipe l ambigu t de formes modernes de gestion et de participation CT a qui ne seraient que manipulatrices Mais en se proposant l gitimement et sans doute utilement d sS mettre l gard des autres dans une position de dialogu t d change d exp riences lle admet implicitement de se placer sur un m me plan pas ailleurs ou au del D o comment faire prosp rer dans les coop ratives des m thodes modernes m me emprunt es aux concurrents propres vivifier la d mocratie coop rative soutenir la responsabilit des coop rateurs amplifier l efficacit de l entreprise n les ajustant aux postulats moraux et statutaires de la coop ration Comment dans cet change faire passer le message coop ratif que les m thodes institutionnelles ou manag riales sont une condition utile t n cessaire d l mergence d une forme d entreprise plus humaine plus quitable et plus performante mais pas suffisante si ne sont pas en m me temps pos es les trois questions de la pr
4. g r qu J chef de l entreprise D o enfin le plus souvent pas de contrats de louage de services anc tres des contrats de travail ou de salaires au sens moderne la relation du coop rateur l entrepris st r gl e par le contrat d association la r mun ration est un partage des gains communs quelquefois avec des formules tr s sophistiqu es ainsi dans la tradition fouri riste 5 12 de ceux ci pour r mun rer l apport du travail 4 12 pour r mun rer l apport du capital 3 12 pour r mun rer l apport du talent participation la gestion fonctions hi rarchiques primes pour l innovation Pendant cette p riode la coop rative est souvent multifonctionnelle Elle assume plusieurs fonctions non ou mal trait es par la soci t dominante elle est unit de production mais dans une combinaison nouvelle des facteurs de production le capital au sens de biens de production d actifs immobilis s est l objet d une forme non privative de propri t le travail est consid r la fois comme facteur de production et comme initiateur de la combinaison des facteurs et ce titre investi du pouvoir enlev la propri t Mais elle est aussi quelquefois organisatrice de la distribution et de la consommation y compris quand elle se confond ou fait route avec la coop ration de consommation comm TT st organisatrice de la formation h ritage compagnonnique de la solidarit et de la protection so
5. Quan repli aux SCOP apr s les plus que r serves des Centrales syndicales et le de la CGT succ dant ses tentatives sans suites dans les ann es 1981 1984 d en de treprises accul es mobilisation la disparition pour le red marrage lles ne peuvent l appui les institutionnel mouvements de l Economie chacune d de l in dit membres de lles n peut tr des syndicats aussi De m me Sociale les contraintes pour tout le monde en coop ratives plus compter sur la division du travail entre qui p sent sur l incapacit penser leur permettent plus de compter sur l appui strat gique des la famille 3 08 L Etat Le pouvoir a chang de mains tradition d mocratique assignait deux missions soci t s choix d t rendr aux nationale managers ou internationale 11 n appartient plus aux politiques des comptes leurs lecteurs recyclables entre la grand l Administration qui la t g rer des 11 appartient ou publique organisations proposer ntrepris et priv les 26 urop ennes et qui ont deux caract ristiques leurs crit res de d cision sont exclusivement d ordre conomique ce qui n a qu la marge un rapport avec les choix d soci t t ils n ont le plu rendre qu eux m mes s souvent de comptes Cette modif
6. coop ratives aux sir nes de la banalisation ou ce qui revient au m me plus fid les que beaucoup d entre elles une histoire des valeurs et des principes o elles continuent voir les l ments d un projet D o leur r sistance certaines modifications Mais celles ci ont t rendues possibles parce que la coop ration n appara t plus ses propres yeux aux yeux de ceux qui l observent comme un projet mais comme un objet un ntreprise comme les autres et comme les autres la fois victime et acteur du d clin de l utopie de l alternative 27 3 10 Un mouvement coop ratif mieux arm Le processus de d veloppement des instruments et organismes techniques de la Coop ration de production s est acc l r avec la d centralisation de 1985 et la g n ralisation de la r vision coop rative 1985 1989 le nombre des d l gu s r gionaux s augmente n m me temps sont cr es des institutions comme les soci t s r gionales de caution mutuelle SPOT SCOP INVEST Toutes ces cr ations ne rencontrent pas un gal succ s ou ne r pondent pas de la m me fa on soit aux besoins des coop ratives soit des strat gies bien clarifi es Leur gestion et plus encore la gestion de leurs compl mentarit s ou concurrences et la dissipation de la chaleur qu engendrent leurs difficilement vitables frottements consomment beaucoup de temps Inversement et ma
7. la classe des propri taires s est substitu cell des industriels et des banquiers puis au 20 si cle quand celle ci s est substitu e dans l exercic r el du pouvoir celle des managers t des techniciens substitution sans rupture violence ou expropriation mais dans le m me moule id ologiqu t avec les m mes pratiques sociales Aujourd hui nouveaux produits et nouveaux march s sant communication culture loisirs LT nouvelles techniques et nouvelles organisations informatique concentrations et mondialisation gestion en r seaux ont t parfaitement colonis s par un capitalisme qui a su faire en douceur et sans changement de l ordre social merger former et canaliser de nouvelles couches de dirigeants que plus rien ne pr pare vouloir changer les r gles du jeu A quoi s ajoute un autre ph nom ne qui n est pas neutre Dans la premi re Stap celle des grandes esp rances l ordre social tait caract ris par les in galit s de statut celles ci s opposait naturellement une r pons de caract re statutaire droit au travail association suppression du salariat et du capital et proph tiqu pr paration d une soci t nouvelle Dans la deuxi me p riod celle de la division du travail les in galit s d statut ont t progressivement gomm es par la g n ralisation du salariat les in galit s sont devenues cat gorielles carts de
8. 1 09 Un projet de soci t mais pas une force de transformation sociale La croyance tait que l association ouvri re r pondait si exactement aux besoins et aux sp rances d la classe ouvri re que son d veloppement serait irr sistible d s lors qu les pers cutions politiques ne le compromettaient plus Dans cette perspective la Coop ration n tait pas seulement un proph tism 11 annon ait en les pr parant des temps nouveaux elle tait aussi un au del elle proposait la bonne nouvelle toutes les classes sociales participant l activit conomique la lutte des exclus contre leur exclusion n tait pas une requ te d tre admis dans la soci t qui les bannissait mais une proposition faite aux autres de les inclure dans la soci t qu ils pr paraient D s lors que comme le disait l conomiste anglais Stuart MILL la production a besoin de capitaux elle n a pas besoin de capitalistes et que les fonctions de management taient encore rustiques tous les producteurs ouvriers artisans chefs de fabrique patrons pouvaient coop rer sur la base d un statut les reconnaissant d gale dignit et de m me aptitude la responsabilit Par hypoth se tout le champ de l conomie tait coop ratisable les ouvriers 10 propri taires de leur m tier n taient que le d tachement pr curseur de c mouvement de conqu te et ceux que BUCHEZ cartait de l ass
9. Mais elle a t go ste la fois repli e sur elle m me et transform e en une machine de promotions individuelles l int rieur de la promotion de chaque groupe fonctionnant plus au b n fic d ses membres du moment t q leurs successeurs dans l entreprise qu elle ne se proposait aux autres comme leur recours et leur appui Aujourd hui elle doit tre rigoureuse parce qu elle a la charge de vies de travail de patrimoines et d pargnes ouvri res t que des exigences m me dures sont le prix n cessaire de leur pr servation Elle doit tre novatrice parc que menac d rosion elle ne peut survivre qu en inventant de nouvelles techniques pour des situations nouvelles des strat gies nouvelles pour de nouvelles plages de d barquement Peut redevenir altruiste mais tr s concr tement 7 n imaginant qu elle pourrait aller au devant des exclus des d saffili s du nouveau prol tariat de la marginalisation Que reprenant la requ te du droit au travail qui nourrissait son action dans les ann es de sa jeunesse elle s fasse une obligation de chercher lui donner m me tr s modestement les satisfactions que lui refusent l Etat d sengag et l conomie des go smes triomphants Mai 1996
10. architectes lamaneurs ou en voie de multiplication nouveaux travailleurs ind pendants avec le statut coop ratif D o la recherch xiste t il un moyen de r soudre dialectiquement c est dire pas sous la forme d un compromis radical socialiste d une sort d moyenn arithm tique mais dans une combinaison nouvelle et originale surpassant des l ments antagonistes la contradiction entre les xigences d flexibilit pouvant aller jusqu l acceptation des libert s et contraintes d une situation de quasi artisans ou travailleurs ind pendants t les exigences des protections et garanties du droit du travail salari Cell ntr les comportements go stes qu peuvent entra ner des pratiques d individualisation du travail et de la r mun ration et les exigences d une vie coop rative impliquant communaut et solidarit 3 12 2 question Statut coop ratif et pratiques participatives Le mod le traditionnel d l entrepris st mis en question dans les faits par la diffusion de proc dures nouvelles d int ressement aux r sultats de participation au capital de gestion dite participative et dans la th orie par la multiplication de la litt rature qui l gitime l entreprise capitaliste en sugg rant son aptitude int grer compl tement le personnel dans des proc dures t des structures d chang t qd responsabilisation De m me que la coop rative n tait d j plus la seule
11. ensemble l histoire des SCOP et celle de leur organisation f d rative t ont donn aux unes et l autre leurs caract ristiques modernes D abord les fondateurs le buch zien Auguste OTT qui avant la naissance de la l gislation moderne a d fini d apr s BUCHEZ les traits originaux de la coop ration de production fran aise le fouri riste Henri BUISSON fondateur en 1881 de l Association des Ouvriers Peintres Le Travail premier pr sident de la Chambre Consultative qui il donna la devise inspir e de FOURIER capital travail talent et qui cr a la Banque Coop rativ n 1894 avec l aide d un don de 500 000 francs 16 or d un autre fouri riste Faustin MOIGNIEU qui avait fait fortune comme confiseur aux Etats Unis Alexandre VILA secr taire g n ral de la Chambre Consultative de 1885 1906 qui fut l artisan de son d veloppement et qui accompagna la cr ation de nombreuses SCOP apr s le court pisode de DUMAY puis d Auguste MANOURY secr taires g n raux en 1906 et 1907 Edmond BRIAT fondateur en 1892 du syndicat des ouvriers en instruments de pr cision et en 1896 avec VIARDOT de la SCOP Association des ouvriers en instruments de pr cision AOIP secr taire g n ral de la Chambre de 1907 1940 et ce titre n gociateur de toutes les relations avec l Etat et la CGT Puis apr s la guerre et l occupation avec comm secr tair g n
12. Coop ration Au fil de ces dix d cennies 1l mouvement ouvrier conna t une double inflexion Il est d abord porteur de ou port par un projet r volutionnaire dont la manifestation paroxystique fut le th me de la gr ve g n rale suppos e de nature mettre le capitalisme genoux et rendre possible la conqu te du pouvoir d Etat Il s est ensuite converti peu peu dans les pratiques sinon dans les discours un projet r formiste Ce projet r formiste lui m me s inscrit dans le r le croissant du syndicalisme d abord syndicalisme r volutionnaire puis syndicalisme de n gociation m me quand des pisodes violents voire sanglants jalonnent 21 son histoire La classe ouvri re s est ainsi trouv e plus que dans la premi re p riode en mesure d agir comme force de transformation sociale effectifs massifs d une population de m me condition et m me statut organisation puissante syst me conceptuel de contestation de l ordre tabli fourni par l analyse marxist m me si celle ci a t mal traduite et abusivement dogmatis e par les marxistes fran ais Mais d une part la coexistenc d deux projets r volutionnaire et r formiste ou plut t d organisations rivales se combattant sur l un ou l autre projet t ne se r unissant qu pisodiquement au moment des pour les grandes conqu tes ouvri res a fait que cette force de transformation a agi comme fac
13. comme projet personnel spontan et comme projet alternatif de soci t Et dans l un et l autre cas ou il baignait dans une classe ouvri re dont il exprimait les attentes ou il tait soutenu malgr les d saveux doctrinaux par des solidarit s professionnelles syndicales ou locales quelquefois tribales quelquefois politiques tr s fortes Rien de tout cela aujourd hui Sans doute les SCOP n ont elles jamais t aussi nombreuses ce qui prouve combien cette mauvaise herbe est vivace et combien potentiellement sont encore nombreux ceux qui la d couvrant presque par hasard n red couvrent spontan ment les principes et qu ils sont ad quats aux valeurs qui leur paraissent essentielles Cependant elle est d sormais seule pour d finir et conduire sa strat gie Il est vrai que choisir le terrain de celle ci c est s exposer un choix crucifiant En termes d allocations de ressources n termes d image en termes aussi de coh rence avec ses valeurs et ses principes d une fa on ou de l autre dans les deux p riodes pr c dentes le projet coop ratif m me quand il tait t bien l gitimement un projet de promotion individuelle pour une quipe tait aussi un projet collectif pour les autres pour tous les exclus de la soci t dominante pour ceux qui 30 chappaient au processus d affiliation par le licenciement le lock out
14. congr s avait mis l accent sur le syndicat mais n oubliait pas la Coop ration privil giant m me la Coop ration de Production cependant il recommandait que ces associations ouvri res soient la fois commandit es par les syndicats et contr l es par eux Le 3 Congr s lui est celui de la rupture domin par la tendance guesdiste il retient comme syst me de pens e collectivisme marxiste comme explication de l histoire et comme strat gie la lutte des classes comme objectif la conqu te du pouvoir d Etat et comme moyen d action le parti politique Il n exclut pas syndicats et coop ratives mais les consid re comme des moyens subordonn s d agitation r volutionnaire et de propagande pour la diffusion des id es collectivistes et r volutionnaires Passant aux actes il donne naissance au premier parti politique de classe la F d ration des Travailleurs Socialistes fran ais qui de scissions en regroupements aboutira la S F I O de 1905 Mais cette position est loin de faire l unit dans le mouvement ouvrier apr s la formation des grandes f d rations syndicales F d ration fran aise des Travailleurs du Livre 1881 F d ration nationale des syndicats 1886 et la cr ation de la CGT 1895 le syndicalisme fort de ses gros bataillons dispute aux partis ouvriers le leadership du combat pour le changement social Et le Congr s historique d AMIENS 1906 non seulement procla
15. est valid ou soutenu par pratiquement toutes les doctrines socialistes mais il se heurte l hostilit quelquefois meurtri re des Pouvoirs publics Il est impr cis dans sa formulation technique mais il mobilise de grandes esp rances inscrites dans une grande diversit d exp riences 2 Puis 1880 1980 le temps de la division du travail coop rations syndicalismes socialismes une classe ouvri re devenue homog ne pour qui le salariat devient un v ritable statut protecteur et facteur d inclusion sociale mais dont les organisations n adh rent plus au mod le coop ratif Celui ci n revanche re oit le soutien des Pouvoirs publics Inscrit progressivement dans un droit qui l identifie il est d sormais moins un projet pour la classe ouvri re qu un recours pour des travailleurs 3 Aujourd hui le temps des questions repos es projets d entreprise projets coop ratifs projets de soci t une Coop ration de production qui n est plus soutenue par les Pouvoirs publics devenus non pas hostiles mais indiff rents mais qui n est pas pour autant r cup r e par une classe ouvri r redevenu h t rog n t o se d veloppe un nouveau prol tariat de l exclusion ou de la d saffiliation Le syst me coop ratif est d sormais livr lui m me comme il est menac de banalisation Il est dans la fid lit ses valeurs et principes la recherche d une actualisatio
16. mat rialisme d guis s sous les bons sentiments 1 05 Des exp riences multiformes sans cadre l gal Les exp riences se multiplient De l Association des bijoutiers en dor 1834 aux centaines de coop ratives de 1849 ou aux associations qui se red ploient partir de 1865 elles ont en commun la spontan it et la diversit des mod les xp riment s sans statut l gal propre M me quand ils ont t connus en France les statuts des Equitables Pionniers de ROCHDALE qui ont t ult rieurement la matrice des l gislations coop ratives n ont que rarement inspir les statuts des premi res associations ouvri res Celles ci se glissaient dans le statut des soci t s ordinaires souvent soci t s en commandite puis soci t s anonymes partir de la loi de 1867 en t chant d y inscrir n premier lieu des commandements moraux et sociaux pri re en commun solidarit formation en second lieu des dispositions originales de typ n g n ral buch zien r serves collectives indirectement rendues possibles comme substitut du capital par la variabilit de celui ci titre III de la loi de 1867 et quelquefois fouri riste Familist re de GUISE mais celui ci pr par pendant plus de dix ans ne re oit qu en 1880 de son fondateur le compagnon et industriel GODIN sa forme juridique de soci t en commandite britant des r gles et un fonctionnement coop ratifs Tr s so
17. r gime g n ral des salari s des membres des coop ratives de production comme d autres cat gories statut incertain gar ons de caf porteurs de bagages ouvreuses de cin ma g rants minoritaires de SARL et P D G de S A r Mais la pratique du contrat de travail s tait en fait tendue des travailleurs non associ s les auxiliaires aux travailleurs associ s sous la pouss e de la g n ralisation du salariat moderne non plus indigne mais l ment d un statut d int gration sociale C est en fait l obligation de justifier d une assurance accident du travail que la loi de 1898 ne rendait obligatoire que pour les salari s qui a conduit les SCOP organiser sous la forme d un contrat de louage d services d travail la relation de travail distincte du contrat d association de soci t avec tous leurs associ s employ s Et en 1978 alors que les lois ant rieures taient impr cises la loi SCOP en partie pour viter la remis n question du d cret de 1969 appliquant aux SCOP l ordonnance de depuis longtemps 15 1967 sur la participation des salari s a re u une r daction qui s interpr te naturellement dans le sens associ travailleur associ salari 2 08 L entreprise coop rative succ s et limites Dans cette deuxi me tape la coop rative se sp cialise dans ses fonctions d entreprise Ses fonctions soc
18. salaires diff rences dans la protection sociale elles ont suscit des r ponses cat gorielles et collectives sous la forme des luttes ouvri res l int rieur et pour l am lioration d un m me statut 25 Aujourd hui s in galit s ne sont plus ni statutaires ni cat gorielles Devant les probl mes d emploi et d exclusion elles sont individuelles A ces situations per ues par chacun comme un preuve personnelle v cue dans la solitude m me lorsqu elles sont celles d un tr s grand nombre ce ne sont plus des critiques des projets des luttes des instruments collectifs qui s opposent mais des requ tes individuelles auxquelles ne r pondent que les incantations contre l argent roi et la mondialisation et les manifestations de la compassion 3 07 Naissance d une th orie de l Economie Sociale Ou encore et pour en revenir la coop ration de l association ouvri re avait dans la deuxi m p riode succ d la doctrine rassurante de la coop ration de consommation A celle ci a succ d d s 1980 la th orie de l Economie Sociale comme institution d un 3 secteur entr ntreprise traditionnelle et l Etat l utopie mobilisatrice l 1 Initialement l conomie sociale d finissait une approche th orique de la science conomique pour WALRAS c t de l conomie pure mod lis e par les math matiques enad l conomie appliqu e le fonctionnement de
19. salari s Le salariat n est plus la caract ristique des seuls ouvriers ou employ s de commerce ou domestiques mais de 8 sur 10 des personnes qui travaillent extension quantitative d un d nominateur juridique mais pas pour autant g n ralisation d une m me culture c t du salariat ouvrier s est largement d velopp un salariat bourgeois porteur d int r ts sp cifiques accroch la d fense de la diff renciation et de la hi rarchie sociales Plus encore qu au sujet des deux premi res parties il faut rappeler que ce texte a t r dig en 1996 note de f vrier 2007 22 D autre part l int rieur de ce salariat qui a d abord t en expansion la classe ouvri re en tant qu elle tait identifi e aux ouvriers de l industrie des mines du chemin de fer et du b timent st devenue deux fois minoritaire minorit quantitative ses effectifs ayant diminu au profit des activit s de services de l administration au commerce et la banque en passant par tous les services mat riels et intellectuels aux ntreprises et aux particuliers la communication etc et minorit en influence dans la mesure o elle a conscience de ne plus tr derri r les cadres les chercheurs et les gestionnaires l l ment indispensable au fonctionnement de la machine sociale 3 02 Le salariat menac En troisi me lieu et si l on fait exception du cas
20. 157 96 06 05 96 HISTOIRE PROBLEMES ET PROJETS DE LA COOPERATION OUVRIERE DE PRODUCTION EN FRANCE Fran ois Espagne ancien secr taire g n ral de la Conf d ration g n rale des Soci t s Coop ratives Ouvri res de Production Les pages qui suivent sont compos es d deux textes qui avaient t h tivement tricot s pour r pondre une demande de certains coop rateurs puis qui ont t cousus ensemble grands points et sans pr caution et qui ont t enfin ravaud s et rapi c s dans la pr cipitation Elles ne donnent de l histoire des SCOP qu un aper u rapide et incomplet o la n cessit d tre bref comme le d sir de trouver dans l exub rance des faits un semblant de coh rence ont fait perdre en rigueur scientifique ce qu ils n ont pas fait gagner en analyse politique elles proposent de leurs probl mes et de leurs projets une description o le subjectif pour ne pas dire le passionnel l emporte sur la seule observation m thodique Le lecteur plus prudent que le r dacteur ne prendra ces pages qu avec mille r serves et pr cautions Il se rappellera que cette esquisse a t gribouill e en 1996 ce qui peut expliquer l inactualit de propos que leur auteur ne r cus pas mais ne formulerait sans doute pas aujourd hui exactement dans les m mes termes Cependant il a pens plus convenable de ne pas modifier sa r daction initiale f vrier 2006 SOMMAIRE Avant propos bp
21. 2 I 1830 1880 Le temps des grandes esp rances Socialistes de la plume et socialistes de l tabli Da 3 1 01 R volution bourgeoise et r volution industrielle D 3 1 02 La classe ouvri r t le mouvement ouvrier p 4 1 03 L Association Ds 5 1 04 Les coles socialistes p 6 1 05 Des exp riences multiformes sans cadre l gal p 6 1 06 Travailleurs associ s mais non salari s Dix T 1 07 Le f d ralisme avort p 8 1 08 L Etat hostile p 8 1 09 Un projet de soci t pas une force de transformation sociale D 19 II 1880 1980 Le temps de la division du travail Coop rations syndicalismes socialismes p 10 2 01 Les congr s ouvriers de 1876 1879 p 10 2 02 La classe ouvri r t le mouvement ouvrier p 11 2 03 La coop rative ascenseur social p 12 2 04 Les doctrines socialistes p 12 2 05 La voie mensong re de la Coop ration pa 13 2 06 La coop ration encadr t identifi e par la loi Pz 13 2 07 Du contrat d association au contrat de travail p 14 2 08 L entreprise coop rative succ s et limites O S 2 09 Le d veloppement du f d ralisme coop ratif p 15 2 10 L Etat attitude de bienveillance p 16 2 11 ou politique de r cup ration D x 17 2 12 Syndicats et syndicalistes D T7 2 13 Coop de consommation et coop de production D L8 2 14 Un d
22. ans son formalisme juridique d appliquer les proc dures de la S A de droit commun et dans sa fonction d entreprise d mim tiser les mod les classiques de l organisation du travail et des pyramides hi rarchiques 2 09 Le d veloppement du f d ralisme coop ratif C est aussi dans cett deuxi m stape 1l d veloppement r gulier m thodique des institutions coop ratives de 2 degr l organisation politiqu n premier lieu Chambre Consultative des Associations Ouvri res de Production en 1884 devenue Conf d ration G n rale des SCOP en 1937 et donnant naissance d s les ann es 1900 aux sections r gionales puis aux unions r gionales et plus tard aux f d rations professionnelles puis les tablissements financiers Banque coop rative des Soci t s ouvri res de production en 1894 donnant naissance en 1971 la B F C C puis FEC en 1960 donnant naissance la SOCODEN en 1965 enfin instruments d appui technique projet de soci t ou service d assurances avec le nom fouri riste de Le Garantisme dans les ann es 1900 devant revivre en 1957 avec la cr ation de la SCOP AS soci t d appui technique SODECO en 1958 dont l exp rienc st reprise avec la cr ation du r seau des d l gu s r gionaux en 1974 Il faut ici rappeler les noms et l action de tous ceux qui pendant cette deuxi me p riod ont tiss
23. ar exemple il n y a ni une sociologie de l emploi comparable la sociologie traditionnelle de la coop ration ni une tradition de pr sence coop rativ Et le champ r put largement ouvert des emplois de proximit et des services aux personnes n repr sent potentiellement une demande susceptibl d g n rer des mplois nombreux qu au prix d une solvabilisation suppos e incomber un Etat qui ne sait plus comment faire face ses autres obligations Jusqu ici la coop ration ouvri re n a r pondu qu un seul de ces nouveaux d fis ou n a saisi qu un seul d ces opportunit s la cr ation d emplois coop ratifs par reprise r animation d entreprises n liquidation Mais la mise en question des aides ch meurs cr ateurs et la difficult d les remplacer par de vrais capitaux propres montrent les 29 limites de cette strat gie D o la recherche Quelles plages de d barquement nouvelles peuvent tr identifi es pour le d veloppement des coop ratives quelles client les nouvelles peuvent tre rep r es mobilis es n termes d adh sion une hypoth se coop rative si n cessaire solvabilis es ou mises en tat d acc der aux financements n cessaires t lesquels Selon quels crit res faisabilit technique retour sur investissement possibilit s juridiques effet d imag d cider de faire porter l effort sur tel ou tel segment de client
24. changes Ils souscrivent volontiers l accord CGT Chambre consultative de 1923 18 les coop rateurs sont dispens s de gr v n cas de gr ves corporatives mais sont tenus de verser une partie de leur salaire au fonds de gr ve et les coop ratives doivent appliquer r troactivement les revendications satisfaites comme elles doivent respecter le monopole syndical d embauche Cet accord est mis mal au moment des gr ves de 1936 et ne survit pas la guerre Autre exemple plus p renne de collaboration la cr ation commune en 1929 de l USCAB Union des syndicats et des soci t s coop ratives pour l apprentissage dans le b timent qui vivra jusqu aux ann es 1960 Positions voisines des autres centrales syndicales apr s leur mont e en puissance des syndicalistes nombreux cr er des coop ratives mais une grande m fianc des organisations syndicales y compris de la CFDT au m d oment o elle d veloppait le th me de l autogestion Au total la division u travail syndicalisme coop ration ne s est pas compl t e par des partenariats que les coop rateurs ont longtemps recherch s au nom d une origine et d un projet communs Mais beaucoup de cr ateurs de coop ratives ont t form s leur mission t peut tr veill s leur vocation par leur exp rienc d action syndicale Au hasard syndicalistes les fondateurs de la Verrerie ouvri re d Albi comme ceux de
25. ciale caisses de secours et de retraites dans la foul e des soci t s mutuelles Elle est enfin un projet proph tique de et pour la classe ouvri re et quelquefois un projet de soci t totale communaut s icariennes phalanst riennes etc 1 07 Le f d ralisme avort Au foisonnement des projets et cr ations d Associations ouvri res correspond un identique foisonnement de projets t d cr ations de F d rations ou structures collectives Parmi ceux ci quelques rep res illustres le projet d Union Ouvri re de la militante f ministe socialiste Flora TRISTAN disciple de Pierre LEROUX philosophe socialiste et lui m m cr ateur d une colonie agricole et industrielle et d une association coop rative d imprimerie dans la Creuse et grand m re de GAUGUIN 1843 l Association des Associations Fraternelles ou Union des Associations de Travailleurs ou Association fraternelle et solidaire de toutes les Associations 1849 interdiction par la police en 1850 sous l impulsion de la ling re saint simonienne puis fouri riste Jeanne DEROIN et de l institutrice Pauline ROLLAND le Comit central des Corporations 1845 1851 le projet de Banque du Peuple de PROUDHON mis en prison avant d avoir pu 1l r aliser t plus p renne le Cr dit au Travail de BELUZE disciple de CABET Mais les effets combin s de l individualisme des querelles d col hostil
26. de l application de la coop ration en Russie surtout pour l agriculture dans un sens tr s voisin de la position de son vieil adversaire BAKOUNINE 2 05 La voie mensong re de la Coop ration GUESDE lui m me orateur et pol miste infatigable et d une grande efficacit tait un ennemi farouche de la voi mensong r d la Coop ration Pour lui la coop ration de production tait chim rique cause de l impossibilit de r unir les capitaux n cessaires l industrie Et la coop ration de consommation tait deux fois dangereuse parce que si elle r ussissait faire baisser les prix la loi des salaires qu il empruntait LASSALLE ferait due concurrence baisser ceux ci t parce que dans le m me hypoth se 11 mettrait au ch mage 800 000 petits commer ants venant concurrencer les ouvriers sur le march du travail Sans doute toute la pens e socialiste ne s est elle pas r duite GUESDE et aux qguesdistes t moins Jean ALLEMANE typographe communard et d put socialiste de PARIS qui transformera lui m me en SCOP en 1885 l imprimerie La Productrice qu il avait cr e peu de temps apr s son retour de dix ann es de d portation Jean JAURES d ailleurs pouss par les allemanistes soutenant lui m me en 1895 la cr ation de la Verrerie Ouvri re d Albi et demandant Charles GIDE de lui conc de
27. des salari s de la fonction publique le statut salarial s il s est enrichi de multiples protections sociales a perdu son caract re relativement protecteur de la s curit de l emploi Il n y avait qu un million de ch meurs au plus fort de la crise de 1930 nfin c t du contrat de travail classique dur e ind termin s ultiplient les formes de travail plus ou moins pr caire contrats dur e termin e et int rim temps partiel peu ou pas choisi et transfert de alari s vers des statuts de travailleurs plus ou moins ind pendants travailleurs domicile petites unit s de sous traitance chauffeurs de axi locataires stages parking et formations post apprentissage plus u moins confondues avec des temps de travail petits boulots ntermittents HO Gta 3 EH 3 03 L id ologie capitaliste lib rale justifie la disparition du travail On proclame la mort des id ologies mais ce qui a disparu ce n est pas l id ologie de la soci t dominante ce sont les id ologies alternatives ou utopies L id ologie dominante est il est vrai devenue tr s silencieus son triomphe est discret et plus personne ne se risque c l brer les m rites de la propri t priv e au moment o elle se concentre de la valeur du travail quand il n est plus un facteur d int gration sociale de l entreprise libre quand elle ne peut plus assurer l plein emploi et la progression ou m me le main
28. e la main d au del dans les 30 m tiers les plus importants ses effectifs restaient massifs dans la premi re moiti du 19 si cle Interdit par les lois r volutionnaires par la suite alternativement tol r t r prim il continuait d assurer malgr ses divisions une triple fonction de d fense des int r ts des ouvriers de solidarit et de formation la fois professionnelle et sociale Il a t l un des chaudrons o se sont mijot s cent projets associationnistes Enfin ce n est que tardivement que le monde du travail s est identifi lui m me comme une classe sociale en 1864 quand le Manifeste des soixante 60 signataires dont de tr s nombreux responsables d associations ouvri res proclame contre l opinion de PROUDHON que les ouvriers forment une classe sp ciale de citoyens ayant besoin d une repr sentation directe 1 03 L Association Le monde du travail ouvrier porte alors l Association la fois comme le principal moyen d am lioration imm diate de sa condition et comme projet de transformation sociale Sans doute ce projet st il ncor la fois complexe et confus l Association c est nsembl un r action contre l interdiction de tout droit de r union et d action collective r sultant de la loi LE CHAPELLIER de 1791 et un projet o se confondent coop ration de production coop ration de consommation cr dit mutuel mutuelles qd secours et de pr voyance c es
29. ement la coop ration de production d une aptitude significativ tr agent d transformation sociale ainsi ENGELS d crivant avec faveur les colonies coop ratives d Am rique et reconnaissant la paternit des socialismes utopiques et MARX admirateur de Robert OWEN et Charles FOURIER t r dacteur d l adresse inaugurale et des statuts de la 1 Association Internationale des Travailleurs LONDRES 1864 o il c l br peut tre il est vrai un peu par concession aux disciples de PROUDHON les m rites des xp riences coop ratives d production et o il invite les travailleurs les g n raliser Ainsi co existent et s opposent alors deux id ologies D un c t une id ologie dite bourgeoise et capitaliste de la soci t dominante ensemble des valeurs proclam es des croyances des doctrines par lesquelles la soci t dominante justifiait elle m me son r le historique et sa pr tention organiser la vie politique conomique sociale etc sur le mod le choisi et d fini par elle comme de nature servir ses int r ts De l autre et en opposition une id ologie des classes dites d favoris es ou plut t une utopie au sens de contre id ologie pratiquement unitaire malgr les diff rences d col l association ouvri re comme mod le d organisation mais aussi comme porteuse de valeurs morales et spirituelles oppos es l exasp ration de l individualisme et du
30. f de cabinet Gaston COUGNOUX directeur de la SCOP l Avenir lectrique de Limoges 2 11 ou politique de r cup ration Mais cette sollicitude n tait pas neutre en 1872 les Pouvoirs publics dissolvent l Union syndicale 1 grande F d ration de syndicats cr e par le militant coop rateur BARBERET celui qui avait provoqu et organis les premiers congr s ouvriers En 1880 ils nomment le m me BARBERET qui fut ce titre l inspirateur des grands lois de 1884 sur les syndicats et 1901 sur les associations chef d un Bureau des Soci t s professionnelles coop ratives mutuelles syndicats cr comme par hasard just apr s l chec d la solution coop rative au congr s de MARSEILLE 1879 le succ s des guesdistes et la cr ation du premier parti ouvrier Que la coop ration soit ainsi apparue comme un contre feu un facteur de paix sociale un moyen de d tourner les nergies ouvri res des dangereuses s m ductions du socialisme explique en partie le discr dit dans lequel elle tait tomb e aupr s de nombreux socialistes Mais cette probable volont de anipulation ne doit pas faire sous estimer ce qu il y avait de sinc re chez beaucoup d hommes d Etat r publicains pour qui la coop ration tait ainsi comme un prolongement dans le champ de l conomie priv e de leu
31. flexibilit allant jusqu la pr carisation loin d tre la cons quence d une situation objective n est pas plut t une technique d lib r e permettant d all ger les co ts fixes des entreprises afin d optimiser dans la perspective des concentrations les plus values tir es de leur cession Ainsi on ne peut pas se d fendre d un triple sentiment de d sarroi devant la multiplication des manifestations d une id ologie laquelle ne r pond plus aucune id ologie alternative ou utopie d appr hension que le discours dominant soit non scientifique mais manipulateur d irritation devant les certitudes pr somptueuses des pr visionnistes d aujourd hui qui l gitiment la r signation l in luctable comme les pr visionnistes d hier se d claraient certains de la prolongation ind finie des trente pr tendues glorieuses comme si la disparition du plein emploi d hier tait irr versibl t ne laissait comme solution que la gestion du sous emploi et de la pr carit dans une organisation inchang e des entreprises et de l conomie comme si l exigence du retour au plein emploi ne posait pas d abord la question du changement de cette organisation 3 05 Plus d utopie de l alternative La prolif ration canc reuse des livres sur l entreprise du 3 type le capitalisme l allemande ou l anglo saxonne le mod le japonais la mobilisation des ressou
32. hui dans le d sert parce que les l ments requis pour qu existe une force de transformation sociale ne sont pas r unis il ne suffit pas qu existent une critique ou contestation m thodiques de l ordre existant et un projet alternatif de soci t il faut aussi que l un et l autre soient port s par un groupe social la fois massif homog ne et organis Pas d utopie de l alternative donc parce que pas de force de transformation sociale au mieux une th orisation de la r signation l in luctable ponctu e par quelques micro grands soirs des banlieues de la mis r t quelques revendications corporatives 3 06 Deux changements majeurs Aussi bien il ne suffit pas qu il existe une force de transformation sociale pour qu elle provoque un changement profond de l ordre social Elle n op re ce changement que lorsque le d veloppement de nouveaux moyens et de nouvelles forces de production l attente de la satisfaction de nouveaux besoins sont touff s par le parasitisme des anciennes classes dirigeantes C tait bien avant MARX l analyse de SAINT SIMON en m me temps que le fondement de son projet Cette condition s est trouv e remplie en 1789 Avec des cons quences voisines dans leur contenu si elles ont t diff rentes dans leurs manifestations lle a t remplie dans la deuxi me moiti du 19 si cle avec la r volution industrielle quand
33. iales et ducatives malgr des survivances importantes caisses de retraite cole professionnelle de 1l AOIP USCAB Union Sociale r sistent mal y compris cause de l impossibilit d empiler les co ts la concurrence des grands syst mes modernes d apprentissage et de formation professionnelle d un c t de protection sociale de l autre Et sa fonction proph tiqu st d l gitim e quand la coop ration est remplac e dans ce domaine par le d veloppement massif du syndicalisme et du socialisme de conqu te du pouvoir d Etat Elle n aspire plus sauf l pisode fugitif des communaut s de travail de 1943 1955 tre un mod le pr curseur de soci t totale Dans sa fonction d entreprise elle accuse cinq succ s significatifs elle d montre son aptitude fabriquer des capitaux fixes investissements n dehors de la loi de propri t privative des instruments de production susciter la formation d une pargne salariale et son investissement dans l entreprise permettre la naissance de nouvelles lites dirigeantes en dehors des groupes sociaux o celles ci sont habituellement produites et renouvel es d velopper un fort sentiment d identification l entreprise et pr server la stabilit et l efficacit du pouvoir dans un syst me paradoxal de d signation des dirigeants par les dirig s Mais malgr bien des tentatives elle se contente le plus souvent d
34. ication n est pas neutre pour les coop ratives contrairement ce qu elles croient l Etat ne leur est pas hostile elles lui sont parfaitement indiff rentes Il n entend pas les brimer comme ce fut le cas souvent pendant la premi re p riode pas plus qu il n a de motifs bons ou mauvais de leur t moigner de la sollicitude comme pendant la deuxi me p riode sauf lorsqu il leur demande d apporter une contribution au probl me de l emploi Il ne peut que difficilement prendr n compte leurs particularit s parce qu elles n rentrent pas dans sa vision de l entreprise Et il croit leur rendre servic sans doute de toute bonn foi en les aidant adopter les mod les et formes de la rassurante soci t dominante autant qu une infid lit la tradition coop rative et dont l utilit reste prouver la loi de moderni illustration de la pens e unique d sormais commu sation de 1992 est une ne l Etat au syst me capitaliste et aux chantres du lib ralisme pur et dur 3 09 Le processus de banalisation Cette loi de 1992 n est pas arriv e par hasard vieille plainte des coop ratives elles m mes sur le moyens financiers la fin de l inflation et de 1l un d but de solution satisfaisante pour les SCOP de participation plans d pargne provision pour Elle a r pondu une s insuffisances de leurs expansion a mis nu le probl me de la formation de leurs capitaux propres Ce pr
35. it des buch ziens aux projets de Flora E O gs RISTAN et de Jeanne DEROIN des confusions tout la fois d fense des uvriers propagation de l association ouvri re bourses de marchandises cr dit de l inexp rienc chec d la banque de BELUZE et de la r pression polici re firent tr s t t avorter tous ces projets 1 08 L Etat hostile Port par le monde ouvrier le projet coop ratif est consid r comme subversif par la soci t dominante et par l Etat Il est subversif un double titre les cercles o il se mijote sont souvent des foyers d agitation politique carbonari r publicains et conspirateurs bonapartistes sous la Restauration et LOUIS PHILIPPE opposition r publicain t quelquefois orl aniste sous NAPOLEON III aussi et peut tre surtout il met radicalement en cause dans la doctrine et dans les faits les principes et fondements de la soci t bourgeoise l organisation du travail th me qui habille souvent la r flexion et les projets coop ratifs c est le contraire de la libert du travail th me qui depuis TURGOT puis la R volution fran aise permet de justifier par l efficacit conomique la totale domination des ma tres sur les ouvriers ou des fabricants ou donneurs d ordre sur les artisans ou t cherons et l association c est la fois la n gation du principe d autorit qui structu
36. l conomie en flux mon taires lle d crivait s ph nom nes du travail de sa r mun ration de la r partition des revenus Puis pour GIDE elle a aussi englob la description des organismes construits sur la base du volontariat et des rapports contractuels ou le cas ch ant de l aide ext rieure Etat m c nat social pour rendre plus heureus t mieux prot g e la vie de leurs adh rents ou b n ficiaires Aujourd hui 11 d sign non institutionnel des coop ratives par la participation des int ress s solidarit et le aide toi toi m me l absence de but d enrichissement personnel Cet ensembl institutionnel n a plus pour d nominateur commun d tre porteur d une utopie de l alternative mais d tre un simple mod le de gestion pour des missions que les autres acteurs conomiques n assurent pas ou en tout cas pas dans l int r t des usagers Elle ne f d re pas des sp rances en vue d un projet mais des gestions en vue d un lobbying Elle met n videnc des identit s d inspiration dans les histoires les principes les fondements statutaires sans doute aussi dans les finalit s t les r gles morales mais ne suscite et n organise pas des solidarit s pour des conqu tes communes et des renforcements r ciproques pas un objet d tude mais l ensemble associations et mutuelles caract ris es Cual contr le d mocratique la T Pi
37. l A O I P syndicalistes LADOUSSE ancien communard fondateur en 1884 de l Association des Ouvriers Tapissiers de Paris LEDUC fondateur en 1906 de l Union Typographique Saint Georges ou encore Salomon ABRAMOVITCH dit LOZOVSKI migr russe secr taire du syndicat des ouvriers casquettiers fondateur en 1912 d une SCOP de fabrication de casquettes qui revenu en URSS apr s 1917 devait mourir dans un camp de concentration stalinien en 1952 ou Honor COMMEUREC fondateur en 1910 des Imprimeries R unies de Rennes mort en 1944 dans un camp de concentration allemand syndicalistes aussi Nestor HARASSE cr ateur de la SCOP de peinture L Essor en 1919 dont le premier si g social tait la Bourse du Travail ou Antoine CHARIAL secr taire du syndicat des ma ons de Lyon puis de l union d partementale CGT du Rh ne qui devait cr er la m me ann e la SCOP L Avenir l un et l autre devenus pr sidents de la Conf d ration et plus proches syndicaliste Georges RINO cr ant en 1964 sous forme de coop rative de consommation pour y associer les syndicats comme repr sentant les usagers la soci t le Ch qu D jeuner avant de la transformer en SCOP en 1972 etc 2 13 Coop ratives de consommation et coop ratives de production Pendant toute la premi re p riode associations ouvri res de production et coop ratives de consommation ont fait route commun m
38. l int rieur de leurs groupes sociaux Hyn D tu TD U al nfin la classe ouvri re conomiquement sinon juridiquement exclue de la propri t et dont cette exclusion rendait la situation plus pr caire encore dans les cas de maladie ou vieillesse n acc de toujours pas cette propri t sinon depuis la 2 guerre mondiale celle du logement e ik S n tout cas pas celle des moyens de production Mais partir de 1935 es assurances sociales partir de 1945 les retraites d la S curit ociale partir de 1956 les retraites compl mentaires la font acc der un droit d usage d un pargne collective mutualis e qui lui donne des garanties de revenus de remplacement comparables dans leurs effets sinon dans leur nature aux revenus de la propri t de pr voyance 2 03 La coop rative ascenseur social Une classe de managers s installe progressivement ntr cell des capitalistes et celle des ouvriers La fonction d entrepreneur ne se r duit plus l aptitude prendre un pari d entreprise lle suppose d sormais une double capacit d leadership et de comp tence technique L exp rience syndicale la capacit d engagement militant restent souvent la base de l engagement coop ratif mais servent plus d velopper un projet d entrepris qu nourrir un projet social Les coop ratives naissaient ant rieurement d une d marche commune e
39. la condamnation au ch mage ou entendaient refuser la forme insidieuse d ali nation que pouvait repr senter leurs yeux l incorporation dans la servitude m me modernis t adoucie du salariat Quel projet et pour qui aujourd hui Dans sa premi re p riode l association ouvri re a t r actionnaire en cela tr s pr cis ment qu au r gne de l individualisme et de la libert carnassi re ouvert par la R volution de 1789 elle a oppos le recours aux formes communautaires ant rieures mais modernis es d entraide de travail et de propri t et que la confiscation par la nouvelle aristocratie de la propri t du message de libert de la R volution elle a oppos une exigence de parach vement de celle ci par la lib ration de la pl be Elle a t aventureuse sS lan ant dans des projets fous avec des moyens d risoires et contre l avis des sages Elle a t altruiste construisant un projet pas seulement pour elle mais pour les autres aussi annon ant aux autres la bonne nouvell t ouvrant pour les autres le chemin de la terre promise Dans sa deuxi me p riode lle a t conservatrice en cela qu elle a accumul des patrimoines collectifs jalousement pr serv s des gourmandises t des aventures Ell a t prudente mettant entre parenth ses le r v des paradis futurs pour bien g rer son temps pr sent
40. le nouvelles classes de d cideurs ou entrepreneurs potentiels cadres des m tiers traditionnels professionnels des m tiers traditionnels ou des nouveaux m tiers successions de PME nouveaux travailleurs ind pendants etc Quel prix politique et financier le Mouvement peut il accepter de payer pour s ouvrir sur ces march s de nouveaux d bouch s pour coop ratiser au sens culturel et non juridique ces populations nouvelles pour accro tr l esp ranc de vi d entreprises coop ratives par hypoth se menac es d un risque fort de mortalit infantile EN FORME DE CONCLUSION Pour les SCOP la zone de chalandise celle qui contient leur client le potentiell n est plus tr s facile rep rer Dans la premi re p riode c tait pour BUCHEZ et le journal L Atelier toute la population des ouvriers propri taires d une culture professionnelle et d un m tier pouvant tre exerc sans quipements lourds pour Louis BLANC les fouri ristes les proudhoniens toute la classe ouvri re d s lors que l Etat aiderait l acquisition des capitaux fixes ou que les moyens de cr dit seraient mobilis s par des banques du peuple Dans la deuxi me p riode c taient soit les ouvriers exclus de leur emploi pour les coop ratives syndicales soit les lites professionnelles dans la tradition buch zienne Dans l un et l autre cas le projet coop ratif s identifiait tout autant
41. le de la coop ration principalement de consommation et d cr dit E QUI s d ploi n des rameaux la ques et des rameaux chr tiens les unes et les autres diversifi es en une infinit de courants et de pratiques alternativement aliment es par et alimentant les syndicalismes ux m mes porteurs de leurs propres valeurs doctrines et pratiques 13 Le fait d cisif a t partir de 1878 1879 la domination de la pens e socialiste par le marxisme introduit et diffus en France par Jules GUESDE Or MARX paraissait avoir lui m me vir sa cuti sur la coop ration En 1875 dans sa Critique du programme de GOTHA charte fondatrice du Parti Social D mocrate allemand il avait condamn les r f rences positives la Coop ration de production que BEBEL et LIEBKNECHT r dacteurs de ce programme avaient h rit es du socialiste et buch zien allemand LASSALLE Motif l inexistence d une v ritable classe ouvri r n Allemagne rendait alors chim rique et dangereuse l id d un programme politique qui en faisant la part trop belle l action coop rative st riliserait le m canisme de la lutte des classes e ruinerait la possibilit de la conqu te r volutionnaire du pouvoir On n a su que beaucoup plus tard que 6 ans apr s dans sa correspondance avec les populistes russes et Vera ZASSOULITCH MARX approuverait comme au contraire f con
42. lgr quelques critiques de fonctionnement bureaucratique l attitude des coop ratives l gard de leurs organisations communes est davantage une requ te de plus de pr sence d cout t de services qu elle n est une contestation des initiatives Et les SCOP ont dans leurs trois derniers Congr s bien pos les trois termes de leur projet collectif de d veloppement comm ntreprises et en r seau 1987 comme porteuses d une identit et de valeurs 1990 comme partenaires dans la cr ation d emplois et dans la recherche de pratiques participatives 1994 La Coop ration ouvri r st seule mais mieux arm e pour rechercher des solutions originales au moins trois questions 3 11 1 question Quelles formes d emploi pour les coop rateurs L volution du travail et de l emploi pose plusieurs probl mes celui de la flexibilit des temps de travail qui devrait viter que le licenciement ne reste la seule variable d ajustement des charges d exploitation aux cycles d activit hypoth se les assouplissements r cents ne corrigent pas assez les rigidit s du droit du travail celui du renforcement du comportement des coop rateurs comme co responsables de l entrepris th m du coop r acteur du co entrepreneur du co entreprenant celui de la coh renc d certains statuts professionnels existants professions lib rales ou paralib rales
43. me l ind pendance syndicale l gard de l Etat et ainsi des appareils politiques de conqu te de l Etat mais aussi revendique pour le n syndicat tout la fois le monopole de l organisation de la production e de l chang t celui de la lutte r volutionnaire pour l tablissemen d une soci t sans classes Mais KEUFER l Secr taire de la F d ratio fran aise des Travailleurs du Livre s oppose en 1907 contre le souhait de la Chambre consultative des associations ouvri res de production au projet de loi de WALDECK ROUSSEAU qui en donnant aux syndicats une capacit commerciale leur aurait permis de s engager plus activement dans la cr ation et le contr le de coop ratives 2 02 La classe ouvri re et le mouvement ouvrier Pendant cett p riod ouvert par le Congr s de MARSEILLE la classe ouvri re devient homog ne l parpillement des situations sociales qui caract risait la premi re p riode succ de progressivement un tat d unit juridique dont le statut du salariat est l l ment f d rateur Les progr s du droit du travail exorcisent peu peu le concept de salariat indigne en m me temps que les progr s de l industrie et du commerce augmentent la proportion des travailleurs li s l entreprise par un v ritable contrat de travail Plus encore le contrat de travail s inscrit dans un double mouvement l gi
44. me si en 1848 les premi res occupaient le devant de la sc ne et si dans les ann es 1865 1870 les secondes ont paru prendre la t t A la fin du 19 si cle les trajectoires s distinguent A un d veloppement lent des AOP s oppose un d veloppement rapide de la coop ration de consommation ou plut t jusqu au pacte d unit de 1912 de deux coop rations de consommation la premi r celle de la Bourse des Coop ratives socialistes s accommode des partenariats avec le syndicalisme et l action politique accepte de leur tre subordonn e et partag avec certaines SCOP un projet d typ r volutionnaire Elle accueille dans ses rangs en 1896 la Verrerie Ouvri re d Albi qui cependant n adoptera le stat l gal de coop rative ouvri re qu en 1931 ou en 1901 l Imprimerie Communiste l Emancipatrice communiste parce que tous les b n fices devaient rester dans l entreprise La second cell de l Union coop rative plus prudente b n fici comme la coop ration ouvri re des sympathies de l Etat et plus qu elle du soutien de grands bourgeois lib raux d universitaires t m me de chefs d entreprise Mais 19 surtout c est au sein de la seconde que se nourrit la conviction que seule la coop ration de consommation est porteuse de possibilit s d am lioration imm diate du sort des travailleurs qu seul 11 incarne avec la primaut du consommateur un au
45. ment les r gles ROCHDALE un homme une voix non un dividende limitation de s depuis 1844 1854 par les Pionniers de r mun ration du capital par un int r t et l int r t impartageabilit des r serves d volution altruiste de l actif net de liquidation Troisi me temps pour les SCOP retour aux l gislations sp ciales plus particuli rement d cret de 1969 adaptant aux coop ratives de production le m canisme des accords de participation et de la provision pour investissements t loi de 1978 modernisant leur statut dans le cadre des principes coop ratifs codifi s par la loi de 1947 2 07 Du contrat d association au contrat de travail Le contrat de travail se distingue comme une cat gorie propre combinant contrat individuel et contrat collectif d une part droits ou obligations personnels de type contractuel et droits ou obligations collectifs de type institutionnel r gimes sociaux etc d autre part Mais le statut des coop rateurs associ s reste la marge Dans la th orie juridique de l poqu comme largement dans la pratique ils ne sont pas proprement parler des salari s leur r mun ration c est le b n fic partag sous r serve d acomptes r gularisables C est toujours le syst me des coop ratives espagnoles de travail associ Il faudra m me en 1945 une disposition de l ordonnance sur la S curit Sociale pour tendre explicitement l affiliation obligatoire au
46. mine de RIVE de GIER 1887 de la mine de MONTHIEUX 1891 de la verrerie de RIVE de GIER 1894 le mod le pour lequel se battra JAURES pour la V O A en 1895 Avec ses forces collecte de capitaux instrument de solidarit de la classe ouvri re quilibrage des pouvoirs int rieur et ext rieur et ses faiblesses l affaissement quand la pr sence syndicale n agit plus comme aiguillon D autre part 1 mod l beaucoup plus fr quent de la coop rative des ouvriers contr l e par ses seuls membres conform ment non plus au mod le syndical d fendu par le congr s ouvrier de 1878 mais au mod le buch zien de la coop ration autonome en 1896 l Association des Ouvriers de Production A O0 I P comme un alternative au mod le de la Verrerie Ouvri re L autre r alit est que la coop ration ouvri re comme projet est remplac par la coop rative ouvri re comme recours de 1890 la premi re guerr mondiale se multiplient les SCOP cr es par des salari s mis au ch mage par la faillite de l entreprise ou la crise conomique ou lock out s et inscrits sur les listes rouges des mployeurs pour faits de gr ve ou simplement victimes d insupportables brimades cr ations spontan es et autonomes comme l Imprimerie Coop rative Ouvri re de DIJON apr s la gr ve des ouvriers du livre de 1906 ou comme les 12 SCOP cr es Morlaix de 1894 1924 ainsi l Union des Ouvriers couvreurs de 1894 La Frater
47. n 1897 de BOYVE co quipier de Charles GIDE aide la cr ation Nimes de l Association ouvri re d imprimerie La Laborieuse en 1902 la coop rative de consommation l Union d Amiens entre en partenariat dans La Cordonnerie Ouvri re soci t coop rative de production bases socialistes cr e dix ans plus t t et en 1945 c est Maurice CATELAS directeur de la m me coop rative de consommation qui toujours Amiens fait red marrer en SCOP le quotidien r gional Le Courrier Picard A Saint Claude apr s qu Henri PONARD pris en 1896 la direction de la coop rative de consommation La Fraternelle celle ci suscite et anime un r seau dense d institutions municipales r gie coop rative de production et distribution d lectricit et de SCOP La Pipe Le Diamant ADAMAS La Tournerie Ouvri re R ciproquement beaucoup de militants de la Coop ration de Production cr ent et animent des coop ratives d consommation 2 14 Un d veloppement r gulier Dans ces conditions la coop ration n appara t plus comme le projet de la classe ouvri re ou de la partie activement militante de celle ci Pourtant apr s la nuit sociale qui suit pendant plusieurs ann es la r pression de la Commune et avec le retour des d port s lle red marre En tout petit sa cr ation en 1884 la Chambre consultative des associations ouvri res de production gro
48. n des SCOP aux march s de l Etat le m me L on BOURGEOIS dont la doctrine du solidarisme s appuyait sur la Coop ration apporte en 1911 le soutien de l Etat la Banque Coop rative Paul DOUMER qui avait t rapporteur du projet de loi FLOQUET sur la Coop ration tir de la commission WALDECK ROUSSEAU modernise en 1931 la r glementation sur la participation des SCOP aux march s publics En 1880 modernisation de la vieille patente de 1791 mais exon ration explicite des associations ouvri res confirm e en 1917 17 1975 et 1980 En 1915 et 1917 deux lois d finissent le statut l gal respectivement des SCOP et des coop ratives qd consommation et r organisent leur profit le syst me d avances de l Etat remplac en 1938 par la cr ation de la Caisse Centrale de Cr dit Coop ratif initialement organisme distributeur de ces avances qui avaient t cr es par une loi DELCASSE de 1893 En 1947 loi RAMADIER portant statut g n ral de la Coop ration 1969 d cret d au g n ral de GAULLE et Michel DEBRE am nageant l ordonnance sur la participation pour son application dans les SCOP 1978 l occasion de la refonte du statut l gal des SCOP extension celles ci des encouragements l acquisition d actions par les salari s Pour tre complet il faut rappeler aussi qu en 1936 L on BLUM Premier Ministre du Gouvernement du Front Populaire eut pour che
49. n de son projet I 1830 1880 LE TEMPS DES GRANDES ESPERANCES Socialistes de la plume et socialistes de l tabli 1 01 R volution bourgeoise et r volution industrielle Une croyance assez g n ral fait na tre la coop ration ouvri re comme un r action aux grandes mis res engendr es par la r volution industrielle sous l effet d l expansion brutale du machinisme multiplication des grandes fabriques et usines entassement dans les villes d une population ouvri r d racin t mis rable explosion du salariat Certes Mais la r volution industrielle n a pas eu en France le caract re de bouleversement rapide qu elle a eu en Angleterre commenc e beaucoup plus tard elle n en tait encore qu ses balbutiements quand en 1821 et 1824 SAINT SIMON publiait Le syst me industriel et le Cat chisme des industriels o le mot industriel s entendait comme industrieux appartenant l conomie de la production quand Charles FOURIER faisait diter de 1808 1829 la Th orie des quatre mouvements et des destin es g n rales puis le Trait de l association domestique agricole puis Le nouveau monde industriel et soci taire quand clatait en 1831 la r volte des canuts lyonnais qui appartenaient un syst me de production encore archa que ou quand la m me ann e Philippe BUCHEZ proposait le mod le de l association ouvri re Sans doute de grandes manufac
50. nelle de 1904 La Laborieuse de 1905 ou coop ratives syndicales comme la V O A apr s la gr v t le lock out de CARMAUX dans les deux cas avec en g n ral une forte mobilisation de la solidarit locale ou syndicale Le ph nom ne continu ntre les deux guerres exemple la Cristallerie de HARTZVILLER en 1934 suscit e aid e et contr l e par la C F T C mais interdite de s jour la Chambre consultative parce que catholique elle ne sera admise qu apr s 1945 Mais il est accompagn d un autre ph nom ne les coop ratives qui se cr ent alors ne sont plus seulement le produit d un projet de soci t d une critique de la soci t dominante et de l opposition celle ci d une utopie inscrite dans une pratique Beaucoup d elles sont des coop ratives d occasion form es par des coop rateurs d occasion beaucoup devenant ensuite des coop ratives authentiques avec des coop rateurs devenant leur tour des militants authentiques les ann es 1930 voient ainsi na tre au plus fort de la crise par exemple les Ma ons Parisiens Arthur et Maurice MORTEGOUTTE ou l ACOME cr e par un syndic pour continuer les march s d un ntrepris n faillite mais qui son deuxi me directeur Charles LACROIX insuffl un me coop rativ t une rigoureuse adh sion aux principes coop ratifs 2 15 Un projet de transformation sociale sans la
51. nse et l illustration de la Coop ration ouvri re 2 10 L Etat attitude de bienveillance Apr s avoir t hostile t quelquefois violemment aux Associations coop ratives ouvri res l Etat manifeste pour elles une grande sollicitude D celle ci on peut cueillir de multiples t moignages GAMBETTA st 1 premier r clamer la libert pour les associations ouvri res WALDECK OUSSEAU croit en la coop ration outil de la paix sociale et facteur de promotion individuelle Il lance en 1883 une grande enqu te qui aboutit en 1888 un projet de loi enterr apr s 10 ann es de discussions parlementaires qui aurait donn aux trois familles coop ratives agriculture consommation y compris cr dit et logement production un statut autonom t moderne Il soutient la cr ation et sugg re le nom en 1884 de la Chambre Consultative des Associations Ouvri res de Production SES appellation jusqu en 193 de la Conf d ration G n rale des SCOP FLOQUET qui comme Pr fet de la Seine avait organis en 1879 la gestion du legs RAMPAL de 1880 1934 plus de 200 pr ts aux SCOP 3 ans et 3 5 et ouvert aux SCOP en 1881 les march s de la ville de Paris prend en 1888 avec L on BOURGEOIS qui les tend en 1893 aux collectivit s locales les premiers textes organisant le droit de pr f renc t la dispense de cautionnement pour la participatio
52. obl me avait re u la fois par les accords investissements etc mais cette technique n a que des effets limit s et par la solidarit coop rative SOCODEN mais les moyens d cel D autres familles n ont m me pas ces possibilit s le ci restent sStroits La loi r pondu cette plainte par une hypoth se d appel des capitaux ext rieurs suppos s mobilisables sous condition d offrir des avantages comparables ceux du secteur capitaliste pouvoir d o le vote proportionnel aux parts et plus value d o l incorporation autoris e des r serves Mais elle r pondu aussi une hypoth se de strat gie d organismes financiers de l Economie Sociale visant la fois des investissements en capital risqu t un ventuelle cotation en bourse d o l autorisation de sortie du statut coop ratif r put e permettre au b n fice de l investisseur l externalisation des plus values latentes Les techniques retenues pour r pondre ces attent s se sont traduites par l introduction dans la loi coop rative qui jusqu ici identifiait clairement les coop ratives comme des institutions d une nature particuli re ob issant des principes particuliers z d r gles ou possibilit s qui sont typiquement celles d l entrepris capitaliste processus de banalisation et de d sidentification Les SCOP sont sans doute moins sensibles qu les autres familles
53. ociation ouvri re par la raison de l importance des capitaux n cessaires la rejoindraient lorsque les moyens techniques coop ration de cr dit ou politiques L Etat banquier des pauvres selon Louis BLANC seraient r unis Cependant le mouvement ouvrier presqu nti rement identifi la Coop ration de production mais aussi de consommation et de cr dit tant les trois projets techniques s entrecroisaient alors pour ne constituer que trois aspects d un m me projet politique tait sans doute porteur d une force de contestation et de proposition mais pas de transformation sociale Les coop rateurs fer de lance du mouvement ouvrier avaient pour eux de porter une contestation rationalis e de l ordre social ils disposaient d un projet alternatif de soci t ils tiraient une grande force de leur sentiment inspir par SAINT SIMON d tre indispensables au fonctionnement de la machine conomique Mais ils ne disposaient pas cause de la multiplicit des coles et des interdits politiques d une organisation structur e ils n avaient pas la mass a t peut tre 1 caract re alternatif de leur projet de soci t tait il insuffisamment mobilisateur soit parce qu il ne pouvait f d rer qu une petite partie de la classe ouvri re en raison de ses bases sociologiques et professionnelles soit parce que la multiplicit des projets embrouillait leur percep
54. oitation des ateliers d sert s par leurs patrons partis pour Versailles 1 06 Travailleurs associ s mais non salari s Pendant toute cette premi re p riode les cat gories juridiques d finissant les diff rentes formes d emploi sont impr cises Le contrat de louage de services contrat de travail se confond largement avec le contrat de louage d industrie contrat d entreprise Il reste comme celui ci fond sur le principe de la n gociation individuell ntr L ma tre et l ouvrier et ne s en distingue la limite que par une plus forte relation d autorit subordination D o la notion de l indigne salariat et le th me de l abolition du salariat l un et l autre conduisant la revendication ouvriers libres association Et d ailleurs une bonne parti des premiers coop rateurs venaient des rangs du prol tariat des artisans et de leurs compagnons pas des salari s des grandes fabriques ou manufactures D o le th me de BUCHEZ les ouvriers dans l association ouvri re seront r gl s selon les usages de la profession salaire ou autrement c tait indiff rent en un temps d inexistenc de toutes cotisations et prestations sociales comme c tait indiff rent du point de vue de l exercice de l autorit dans des associations fortement galitaires o le g rant ou g rant commandit tait plus le mandataire d un groupe auto
55. opri t du pouvoir et du profit 3 13 3 question La recherche de nouvelles plages de d barquement Globalement l emploi diminue la crise et les concentrations font dispara tre des entreprises depuis 15 ans la coop ration appara t comme un recours non plus un ascenseur social moins encore un projet ou une promesse de soci t nouvelle mais le prix payer pour viter le ch mage et l exclusion A l int rieur d une population au travail dont le poids diminue dans la population en ge de travailler la part relative de l emploi industriel diminue encore plus vite Le nombre des exclus augmente au point toutes cat gories confondues non emploi et emplois haut pr carit ou formations parkings de former une non classe d un volume grossi rement gal la moiti de la population industrielle ou toute la fonction publique le renouvellement d une partie importante des patrons de PME est mal assur parce que l pargne n est pas ou plus ou est mal orient e vers le rachat d ces ntreprises taux de retour sur investissements trop faible et parce que la disparition de celles ci rend possible la cannibalisation non de leurs quipements et postes de travail mais de leurs parts de march Dans les activit s qui continuent se d velopper voire qui sont en expansion toutes les formes modernes de la communication p
56. r action pour 1l d veloppement d l instruction publiqu t d l esprit civique 2 12 Syndicats et syndicalistes D abord seules face aux coop ratives ouvri res la CGT et la F d ration des Bourses du Travail ont leur gard une position claire La CGT la d finit par exclusion son Congr s d AMIENS 1906 c est le syndicalisme qui est appel devenir le groupement de production et de r partition base de la r organisation sociale lui pas les coop ratives S il peut en susciter c est sous la condition qu il les contr le M me position chez Fernand PELLOUTIER l inspirateur et f d rateur des Bourses du Travail livr e elle m me la coop rativ st menac e par l go sme le repliement sur elle m me la mim tisation du mod le de l entreprise patronale Elle n est concevable que sous la forme de la coop rative syndicale Mais part des exemples au total assez rares comme la V O A en 1896 la SADAG en 1965 les coop ratives syndicales restent peu nombreuses Le syndicalisme ne se r v le pas cr ateur d associations ouvri res Beaucoup d entre elles sont sans doute cr es par des syndicalistes et les syndicalistes sont nombreux leur t te comme la t te de la Chambre consultative des A O P puis de la Conf d ration Les coop rateurs sont l gard du syndicalisme demandeurs d appuis de solidarit s d
57. r que son coop ratisme n tait pas autre chose qu un collectivisme tr s vivant et tr s souple ou Marcel MAUSS Albert THOMAS Paul RAMADIER th oriciens et engag s dans l action coop rative Mais partir de Jules GUESDE la pens e socialiste se d finit essentiellement partir du et par r f rence au marxisme retient comm ssentiel et prioritaire le th me de l action politique et ignore la coop ration ou la rel que sa fonction d auxiliaire de l action politique 2 06 La Coop ration encadr e et identifi e par la loi Inexistant pendant la premi re p riod sauf la possibilit ouverte aux coop rateurs dans la loi de 1867 sur les soci t s commerciales d s glisser dans la petite niche de la variabilit du capital le droit coop ratif na t t s d velopp pendant la seconde Pour commencer WALDECK ROUSSEAU propose en 1888 une l gislation unitaire concernant les trois familles production consommation y compris cr dit agriculture mais la discussion fut bloqu e pendant dix ans cause de l hostilit aux coop ratives de consommation du lobby du petit commerce Apr s cet chec vint le temps des l gislations s par es d cret de 1906 fixant les r gles statutaires des coop ratives agricoles pr tendant aux 14 concours du cr dit agricole organis en 1894 sur le mod le du cr dit mutuel de l allemand RAIFFEISEN en 1915 loi s
58. ral Raymond FROIDEVAL ancien secr taire du syndicat CGT de la serrurerie et ce titre co auteur avec BRIAT de la cr ation de l Union des Syndicats et des Coop ratives pour l Apprentissage dans le B timent USCAB mais qui s tait compromis dans ses relations avec VICHY le long et fructueux secr tariat g n ral de 1945 1980 d Antoine ANTONI qui avait fait ses premi res armes de coop rateur dans la SCOP Entrepris g n ral coop rative de peinture Marseille et qui fut l artisan de la CG SCOP modern relanc t r unification morale apr s 1945 int gration avec Marcel MERMOZ de la Communaut BOIMONDAU des communaut s de travail dans la Conf d ration d veloppement de ses fonctions techniques cr ation du Fonds d Expansion Conf d ral t de la SOCODEN survie et rebond de la Banque Coop rative par sa fusion avec la Banque fran aise de Cr dit Coop ratif en association avec son pr sident Maurice DURAND cr ateur de la SCOP IMCARVAU en 1946 et Pierre LACOUR fondateur de la Caisse Centrale de Cr dit Coop ratif en 1938 participation l laboration du statut g n ral de 1947 institutionnalisation du dialogue avec les autres mouvements coop ratifs avec la cr ation du Groupement national de la Coop ration et ouverture sur l Europe avec la cr ation du Comit europ en des coop ratives de production et par la plume et la parole une action incessante pour la d fe
59. rativ enqu t de 1865 et appui de l Empereur une banque pour les Coop ratives mais saisie et interdiction du journal L Association et interdiction du congr s coop ratif international de 1867 Et le red marrage coop ratif de la Commune est cass avec la r pression de celle ci 18 000 morts 13 000 arrestations et d portations un quart de la population ouvri re de PARIS Le soutien tardif de quelques grands bourgeois lib raux Louis Casimir PERIER fils du ministre de LOUIS PHILIPPE qui avait combattu la r volte des canuts lyonnais et p re d un futur Pr sident de la III me R publique l conomiste L on WALRAS lui m me fondateur malchanceux de la Caisse d Escompte des Associations Ouvri res contraste avec l hostilit violente ou larv e de l Etat mais ne la modifie pas Sym triquement et apr s la chute de la R publique presque coop rative de 1848 les coop rateurs m fiants ne veulent accepter aucun cadeau de l Etat ils expriment leur hostilit un projet de loi imp riale sur les coop ratives pour n accepter que le statut de droit commun loi de 1867 sur les soci t s commerciales avec la clause de la variabilit du capital titre III qui doit leur permettr de glisser furtivement dans leurs statuts de soci t s de droit commun leurs r gles propres sur la double qualit l entr t la sortie des associ s les r serves collectives
60. rces humaines ne constitue pas seulement une biblioth que d quelquefois tr s bonnes recettes de cuisine mais aussi l habillage d un id ologie non pas de la lib ration mais d un capitalisme d autant plus triomphant qu aucune id ologie alternative ne lui est plus oppos e Et habillage qui ne dissimule pas grand chose la r conciliation des citoyens avec l entreprise qui paraissait inscrite comme un projet politique du socialisme occidental dans la premi re partie des ann es 1980 n a pas dur Pour trois raisons parce que l entreprise la crise aidant a perdu son aptitude tre un lieu et un instrument 24 d int gration sociale pour tre per ue comme une machine fabriquer de la d saffiliation ou de l exclusion parce que la mondialisation aidant elle a largement chapp l influence de ceux qui y travaillent et parce que le lib ralisme allant jusqu au bout de sa logique la gestion financi re y a pris le pas sur la production de valeur ajout e industrielle A supposer qu il existe quelque part un FOURIER dans lequel la mode est de ne plus lire que les pr tendues polissonneries sur la lib ration sexuelle un BUCHEZ qui inscrivait le projet imm diat d association ouvri re dans la critiqu t le projet long terme de SAINT SIMON un MARX b b trop vite svacu avec l eau du bain du totalitarisme sovi tique ils pr cheraient aujourd
61. re une soci t restant de type f odal catholique et le d menti d l alibi que la charit chr tienn t le paternalisme donnent l autorit absolue des ma tres Cette hostilit ne vise pas que les seules associations entre ouvriers quand l entrepreneur d peintur Jean LECLAIRE commence en 1842 int resser ses ouvriers aux b n fices une d cision administrative lui enjoint de mettre un terme cette pratique au pr texte de son ill galit L Etat condamne donc la coop ration et ses militants interdictions et sanctions apr s le coup d Etat de 1851 et au d but du Second Empire quelquefois r pression sanglante fusillades et d portations de juin 1848 et la chute de la Commune Au mieux il manie alternativement la carotte et le b ton la Z2 R publique commence par proclamer le droit l Association et la n cessit de l encourager par des pr ts mais elle d voie compl tement le projet d ateliers sociaux de Louis BLANC en les transformant sous le nom d ateliers nationaux les rateliers nationaux diront les critiques lib raux en chantiers d terrassement pour les ch meurs puis elle les dissout d o l meute de juin 3 000 morts 15 000 d port s mais elle maintient ensuite le Comit d encouragement pr ts apr s juin 1848 sous l Empire dit lib ral la fois projet de l gislation coop
62. slatif d s la fin du 19 si cle le contrat de louage de services commence tr ncadr par des dispositions plus contraignantes pour le ma tre plus protectrices pour l ouvrier qu il s agisse de la dur e du travail de la protection de certaines cat gories d ouvriers de la prohibition de certaines pratiques comme le marchandage etc et ces progr s iront en s amplifiant jusqu aux grandes conqu tes de 1936 et 1945 en outre et peut tre plus encore car elle rompt le dialogue singulier et d s quilibr du ma tre et de l ouvrier la loi de 1919 ins re le contrat individuel dans les conventions collectives L une et l autre volution transforment le salariat en un v ritable statut comme on dit statut de la fonction publique 12 Rendue homog ne par la diffusion du salariat investie d un v ritable tatut la classe ouvri re devient aussi plus unitaire du point de vue rofessionnel les artisans qui se confondaient initialement avec elle en distinguent peu peu non seulement du point de vue du statut uridique mais aussi et surtout en revendiquant leur identit de ravailleurs ind pendants et les nouvelles populations salari es mploy s cadres fonctionnaires bien que juridiquement identifi es au alariat par le d nominateur commun du contrat de travail sont tr s ttentives se distinguer de la classe des ouvriers par le v tement l habitat l ducation le mariage
63. t aussi ensemble un mod le imm diat d organisation de l entreprise et un projet long terme d organisation de la soci t ou plut t une multiplicit de mod les c est enfin un projet litiste ou aristocratique mobilisant ssentiellement une aristocratie professionnelle culturellement f d r autour de la possession d un m tier la diff rence par exemple de l Italie o la Coop ration ouvri re a pris tr s t t un caract re d organisation de masse parce qu elle s est d velopp e dans les imposantes cohortes des braccianti les brassiers ou manouvriers ouvriers agricoles qui n ont que leurs bras Mais d s que le monde ouvrier la fois prend la parole et passe l action 1831 apr s l infructueus r volt des canuts lyonnais 1848 sous la 2 R publique 1864 apr s la suppression du d lit de coalition 1871 sous la Commun et m me quand des projets alternatifs premiers syndicats mutuelles LC S font jour c est d abord la projet de l association de production qu il exprime et qu il met en oeuvre Et ce projet est lui m me le point d aboutissement d une doubl requ t i E droit au travail et le droit aux fruits du travail derri r lesquels s dessine le pouvoir sur le capital d o l appropriation des moyens de production leur subordination la classe ouvri re c est dir la suppression du salariat du capital et de leurs relations r ciproques
64. t quasi anonyme de professionnels se transformant en coop rateurs elles proc dent d sormais de l adh sion donn e par des hommes en tat de disponibilit l initiative mobilisatrice d un entrepreneur latent que la r union et le soutien des premiers transforment en entrepreneur r v l D o trois ou quatre g n rations de chefs d entreprises coop ratives d une envergure exceptionnelle D o un fonctionnement comme ascenseur social machine propre assurer des promotions individuelles dans une soci t inchang e Enfin l expansion de l emploi t sp cialement de l emploi industriel maintient abondants les gisements o s recrutent les coop rateurs et o s ourdissent les projets de coop ratives ouvriers et techniciens mais dans les industries traditionnelles 2 04 Les doctrines socialistes L id ologie dominant st rest e la m me L utopie ouvri re reste impr gn de deux convictions la classe ouvri re est porteuse d une mission de changement de l ordre social l ordre actuel est de toute fa on ph m re Mais elle s miette une utopie minoritaire celle de la coop ration des utopies majoritaires d une part celles de la r volution du collectivisme de la conqu te du pouvoir d Etat par le socialisme d autre part celles du socialisme r formiste qui croise parfois cf JAURES GIDE cel
65. teur d am lioration de la situation ouvri re et donc indirectement de consolidation de l ordre social et non comme facteur d substitution d un ordre social nouveau l ordre social existant d autre part ni l un ni l autre projet n a fait une place la coop ration ouvri re moins encore ne l a retenue comm l ment d terminant d une soci t alternative III LE TEMPS DES QUESTIONS REPOSEES Projets d entreprise projets coop ratifs projets de soci t 3 01 La classe ouvri re devenue minoritaire Quatre modifications ont affect la composition du monde du travail dont l homog n it s tait construite pendant la 2 p riode partir de deux instruments le salariat encadr par la loi et les conventions collectives qui lui avaient donn un v ritable statut aux variantes locales professionnelles et circonstancielles pr s lequel lui avait son tour inspir une culture et des attitudes sociales et politiques apparaissant vus de Sirius relativement uniformes D une part le statut de salari s est tendu une partie croissante de la population en 1982 plus de 82 de la population active au travail tait salari e professions lib rales t chefs d entreprise artisans et membres de professions autrefois travailleurs ind pendants sont pour des raisons juridiques ou fiscales ou de protection sociale de plus en plus nombreux tre
66. thentique projet coop ratif Cette conviction est aliment e par la doctrine dite de l Ecole de NIMES et Charles GIDE m me si ce dernier garde une attitude d int r t et de sympathie pour les SCOP Cette Internationale Celle ci se veut d s sa cr ation la fin du 1 gardienne du message des Equitables Pionniers de ROCHDAL TECEN position est largement celle de l Alliance Coop rative g e si cle Mais elle ne t d C messag qu les r gles t principes d l entrepris D T coop rative n oubliant que les pionniers avaient inscrit ceux ci dans la per concen logeme spective d un projet plus global celui de la cr ation en cercles triques autour de la coop rative de consommation de coop ratives d nt puis de coop ratives d production puis de coop ratives agricoles L abandon par ROCHDALE dans un premier temps par l A C I dans un deuxi me temps d cett dimension strat gique ou politique ou proph tique du projet initial laisse la coop ration ouvri re part dans la doctrine coop rative internationale comme l Ecole de NIMES la laissait part dans la doctrine coop rative fran aise Pourtant des partenariats se d veloppent en 1896 les coop ratives de consommation de la Bourse des coop ratives socialistes sont avec la CGT et Jean JAURES au premier rang des fondateurs de la Verrerie Ouvri re e
67. tien des revenus Mais depuis l effondrement des socialismes totalitaires le capitalisme lib ral qui n a plus d ennemi que ses checs est arriv justifier ceux ci par trois raisonnements qui sont en train de devenir des dogmes Premier dogme ce n est que pendant une br ve p riode de l histoire de l humanit que le travail a t consid r comme une valeur un facteur d panouissement personnel un moyen de la domination de l homme sur la nature un instrument de socialisation il est maintenant en voie de disparition selon un princip d d g n rescence spontan e et il appartient la soci t tout enti re et pas aux entreprises d inventer de nouvelles formes d occupation ou d activit s pour donner des raisons de vivre ceux qui n en auront plus les moyens Mais on pourrait aussi bien se poser la question de la r partition du travail ou se demander si cette hypoth tique loi historique ne vient pas point nomm exon rer le syst me conomique de sa responsabilit dans la r partition des gains de productivit et d ailleurs personne ne se risque dire par quels moyens et quel prix une conomi lib ral t aux fronti res ouvertes pourrait assurer une redistribution des revenus propre 23 garantir le gagne pain t la dignit de ceux qui ne travailleraient plus ou qui seraient occup s dans des activit s pour lesq
68. tion soit parce que ces projets se divisaient au del en deux grandes familles oppos es projet chr tien de r conciliation des ma tres et des ouvriers projet radical de novation compl te de l ordre social II 1880 1980 LE TEMPS DE LA DIVISION DU TRAVAIL Coop ration syndicalismes socialisme 2 01 Les congr s ouvriers de 1876 1879 Il est difficile de dater la fin qui s est tal e sur plusieurs ann es de la 2 p riode Sa naissance caract ris e par un basculement presqu complet des caract ristiques de la 1 p riode peut inversement tr dat e avec pr cision la s rie des trois premiers congr s ouvriers tenus apr s la naissance de la III me R publiqu t les premiers retours des d port s de la Commune PARIS 1876 LYON 1878 et MARSEILLE 1879 Ils avaient tous les trois d finir le mode d emploi des trois instruments d action l association coop rative et mutualiste le syndicat le parti qu une conjoncture politique nouvelle mettait alors la disposition de la classe ouvri re Le premier congr s avait mis l accent sur la coop rative reconnaissant celle ci sous ses 3 formes production consommation cr dit comme un efficac moyen d mancipation conomiqu imm diate t invitait les chambres syndicales provoquer la cr ation de coop ratives t tous les travailleurs s engager dans cette voie 11 Le 2
69. tures des soci t s importantes avec leurs effectifs nombreux de salari s existaient elles d j la fin du Pets si cle et se sont elles multipli es au d but du 19 Mais l industrie a t au moins jusqu aux ann es 1850 1860 caract ris e par la coexistence avec la grande industrie naissante de structures traditionnelles avec leurs marchands fabricants leurs ateliers familiaux leurs ouvriers agriculteurs t une immense quantit de micro entreprises et d artisans Et le prol tariat des usines n tait pas majoritaire pas plus que anesth si par son indicible mis re il n tait porteur d un quelconque projet de transformation de l ordre social Bien plus qu une r action contre la r volution industrielle le projet coop ratif est n en r action contre les cons quences de la R volution de 1789 et le syst me juridique et social totalement lib ral qu elle permis de d velopper le d cret d ALLARDE de 1791 supprimant les jurandes les privil ges professionnels et toutes les ntraves la libert des ntreprises et des entrepreneurs la loi LE CHAPELLIER de 1791 interdisant les corporations et toutes les associations d ouvriers ou de patrons le d cret de 1792 liquidant les confr ries la vente des biens nationaux partir de 1792 le Code Civil de 1804 jalonnent tout un processus de destruction des solidarit s traditionnelles des formes ant rieures de
70. uelles il n existe pas aujourd hui de demande solvable 3 04 Elle justifie l rosion du salariat et des protections sociales Deuxi me dogme plus encore que le travail le travail salari encadr dans les normes du contrat de travail et de la l gislation sociale est une forme fugitive de l emploi Son remplacement par d autres formes de relation l entreprise travail ind pendant etc est inscrit dans la multiplication des types nouveaux d activit cr s par le progr s des techniques de communication t l travail etc Mais on pourrait aussi bien s demander si ces activit s nouvelles pr sent es comme l in luctable cons quenc des techniques nouvelles ne sont pas d abord des moyens mis au service d une d march ntrepreneurial de flexibilisation des co ts et de maximisation des profits Troisi me dogme le concept de stabilit de l emploi et des garanties ou protections sociales qui lui sont attach s st galement condamn dispara tre parce que non seulement il est facteur de rigidit s elles m mes destructrices d emplois mais parce qu il correspond une poque r volue de plein emploi simple accident historique o en m me temps les innovations techniques fabriquaient des gains de productivit et o naissaient de nouveaux produits qui absorbaient la main d oeuvre d gag par ceux ci Mais on pourrait tout aussi bien s demander si la
71. upe 22 SCOP sur 51 existantes Parmi celles ci des associations ouvri res cr es dans les derni res ann es du Second Empire comme avait l Imprimerie Nouvelle fond e en 1865 par le buch zien MASQUIER qui t dans les ann es 1840 1850 un des r dacteurs du journal l Atelier ou comme l Association g n rale des ouvriers ferblantiers cr e en 1868 avec dans ses statuts la r gl qu les soci taires qui ne scolarisaient pas leurs enfants seraient exclus de l atelier social ou d autres cr es apr s la naissance de la III me R publique comme l Association des peintres L Travail Henry BUISSON 1881 ou les Charpentiers de la Villette cr s en 1881 par le compagnon Louis FAVARON Saint Gaudens la Cl des coeurs qui quitte cette premi re SCOP en 1893 pour f onder la m me ann e les Charpentiers de Paris Mais elle progresse les adh rentes de la Chambre consultative sont 38 en 1891 110 en 1900 20 plus de 200 en 1907 sur les 358 SCOP recens es 476 en 1912 pratiquement le m me chiffre en 1950 plus de 1 200 l aube des ann es 1980 Toutefois cette progression dissimul deux r alit s La premi re est la confusion des projets coop ratifs d une part le mod le de la coop rative ouvri re n appartenant pas ses membres mais cr e soutenue contr l e par le syndicat c est apr s les exp riences de la
72. uple des villes ramoneurs et porteurs d eau d bardeurs portefaix et sans compter les innombrables domestiques et les grimauds de boutique Beaucoup taient travailleurs ind pendants m me si la plupart vivaient dans une fort d pendanc conomique mais non juridique l gard des fabricants donneurs d ouvrage etc Tr s peu taient salari s au sens modern c est dir titulaires d un contrat de travail les mettant sous l autorit d un ma tre pour des prestations organis es et continues mais la situation de ceux qui avaient ce statut tait tout aussi pr caire t tr s souvent beaucoup plus mis rable le princip d libert t l interdiction de toute n gociation collective faisaient que leurs contrats de louage de services taient la seule discr tion du ma tre et toujours r vocables sans pr avis Aussi bien le salariat tait il tenu pour une condition non seulement d asservissement mais d indignit pour les ouvriers professionnels propri taires d un m tier et qui se voyaient menac s par les progr s de la grande industrie de basculer dans le salariat abolition du salariat acc s la condition d ouvriers libres et projet d association entre ouvriers mais aussi entre ma tres et ouvriers taient pratiquement synonymes Un seul l ment structurant dans ce fouillis des m tiers et des statuts le compagnonnage A la fin du 18 si cle il contr lait 30 d
73. ur les coop ratives ouvri res de production en 1917 loi sur les coop ratives de consommation S agissant des seules SCOP la loi de 1915 a deux caract ristiques c est une loi de circonstanc lle a t promulgu e pour donner un cadre l gal aux ateliers destin s accueillir les mutil s de la guerre de 1914 afin qu ils puissent b n ficier r guli rement des pr ts et subventions de l Etat et c est une loi tr s discr te qui se borne une d finition exercice en commun de la profession des associ s l ouverture de trois types de soci tariat les membres employ s de l entreprise les membres non employ s mais ouvriers de la profession les non employ s et non ouvriers et quatre r gles les associ s non ouvriers de la profession ou non employ s ne pourront avoir qu un tiers des si ges au Conseil d administration la coop rative pourra tout moment les exclure par remboursement c est eux seule et pas aux deux autres cat gories que s appliquent la limitation de l int r t au capital et l impartageabilit des r serves enfin les employ s non associ s auxiliaires participeront avec les travailleurs associ s la r partition d au moins un quart des b n fices nets r Il faudra attendre la loi RAMADI les autres formes de coop ration coop ratives qui avaient t fix ER de 1947 pour que pour les SCOP et pour soient d finies l gale
74. uvent des principes comme l unicit des voix ou la limitation de l int r t au capital n taient pas appliqu s et celui de double qualit travailleur associ se heurtait une forte tradition professionnelle aristocratique limitation du soci tariat Mais la conjoncture politiqu t quelquefois conomiqu rend ces associations fragiles PARIS d une ou deux dizaines en 1848 elles passent 99 en juillet 1849 255 fin 1849 et on en compte la m me date 175 en province Cependant beaucoup avaient t cr s par des travailleurs que la crise de 1847 avait priv s d emplois La reprise de 1851 vide certaines d entr lles de leurs membres r embauch s dans les ateliers classiques Et surtout apr s le coup d tat de 1851 elles sont pour la plupart dissoutes et liquid es leurs membres dispers s quelquefois emprisonn s Puis apr s l amnistie de 1859 et surtout le passage l Empire lib ral elles red marrent dans les ann es 1864 1870 en grande partie en r action la crise conomique de 1866 et port es par la vague de cr ation de coop ratives ou mutuelles de cr dit celles ci leur tour inspir es soit par des bourgeois lib raux soit par des disciples de PROUDHON soit par les exemples allemands de SCHULZE DELITZSCH ou RAIFFEISEN Et en 1871 un d cret de la Commune organise la reprise en associations ouvri res de l expl
75. veloppement r gulier D 19 2 15 Un projet de transformation sociale sans la Coop ration p 20 III Le temps des questions repos es p 21 3 01 La classe ouvri re devenue minoritaire p 21 3 02 Le salariat menac Bis 22 3 03 L id ologie capitaliste lib rale justifie la disparition du travail p 22 3 04 comme elle justifie l rosion du salariat et des protections sociales pr 28 3 05 Plus d utopie de l alternative Diet 23 3 06 Deux changements majeurs p 24 3 07 Naissance d une th orie de l Economie Sociale D 25 3 08 L Etat D 25 3 09 Le processus de banalisation p 26 3 10 Un mouvement coop ratif mieux arm Dre 27 3 11 Quelles formes d emploi pour les coop rateurs Ds 24 3 12 Statut coop ratif et pratiques participatives p 27 3 13 La recherche de nouvelles plages de d barquement p 28 En forme de conclusion Dis 29 o o o AVANT PROPOS L histoire de la Coop ration ouvri re fran aise peut tre d coup n trois grandes tapes aux caract ristiques assez contrast es m me si dans chacune d elles persistent des constantes ou se combinent et se succ dent des volutions disparates qui rendent artificiel ce d coupage 1 D abord 1830 1880 le temps des grandes esp rances socialistes de la plume et socialistes de l tabli la Coop ration comme projet collectif d une et pour une classe ouvri r ncore h t rog ne mais soumise une identique condition de servitude et exclusion Ce projet

Histoire, problèmes, projets de la coopération ouvrière

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