« L`Autre » juif américain : l`emprunt lexical au yiddish dans l`anglais
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1. Allen 1998 30 Meshugana est la d rivation nominale de l adjectif meshugah Ornstein Galicia 1992 457 recense les graphies adjectivales meshuge meshige crazy nuts et leurs d rivations nominales meshugener masc meshugene fem and pl crazy person s dont nous retrouvons une forme l g rement alt r e dans l exemple ci dessus Pour Mencken 1977 261 l adjectif mashuggah quivaut crazy C est galement le synonyme choisi par Wentworth amp Flexner 1968 217 qui le recensent l entr e meshuga Crazy eccentric From the Yiddish the Yiddish feminine ending a is used for both sexes Marckwardt 1969 56 souligne la diffusion de cet adjectif dans la population am ricaine Many people in the metropolitan centers irrespective of their background can identify mishuggah trente ans avant la sortie de Deconstructing Harry et le COCA le recense galement l oral Le co texte est ici particuli rement significatif la r plique est vulgaire comme le confirment les occurrences voisines fucking et cunt Et le contexte situationnel justifie pleinement ce niveau de langue La motivation est donc clairement celle de l insulte Dans le sc nario dit en version bilingue la traductrice fran aise introduit alors une incr mentialisation Harry Ecoute j ai pas l intention de rester plant sur ce putain de toit supplier la reine des m dailles d or de2. L Autre juif am ricain emprunt lexical au yiddish dans l anglais am ricain des films de Woody Allen un enjeu pour le doublage r pev 1 Fr d rique Brisset R sum Si Allen est consid r comme l h ritier des grands burlesques am ricains dont les Marx Brothers il est comme ces derniers l incarnation d une tradition d humour juif Sa jud it certes plus culturelle que religieuse se traduit notamment par l autod rision appliqu e ses alter ego qui renvoient le plus souvent la tradition du Schlemiel et implique l utilisation r currente d emprunts lexicaux au yiddish Ceux ci sont majoritairement int gr s par les locuteurs am ricains car l apport linguistique du yiddish l anglo am ricain et son influence d passent largement le cercle de la communaut juive des tats Unis Cet impact est d une pr sence massive dans le monde du spectacle et des media et la facilit d int gration lexicale et syntaxique du yiddish dans la langue am ricaine de par leur filiation germanique commune Au del des motivations technique et sociolinguistique habituelles de l emprunt une motivation expressive sp cifique se d gage de leur usage car nombre d entre eux connu une extension s mantique en int grant le lexique anglo am ricain Cette donn e ainsi que la charge culturelle qu ils portent impliquent des probl mes sp cifiques lors de leur transfert dans une tierce langue comme on peut le
3. Lui m me explicite d ailleurs syst matiquement les emprunts au yiddish tels que fallith 173 casher bar mitsva ou shtetl l aide d incr mentialisations au fil de son article L o ces vocables peuvent tre consid r s en anglais am ricain comme rentr s dans le lexique et devenus une servitude Vinay amp Darbelnet 1977 47 ils rel veraient tout au plus en fran ais de la couleur locale avec un effet stylistique marqu Les cas extr mes dans la typologie de Paillard 2000 115 sont assimil s au x nisme un emprunt install dans le lexique sans tre assimil qui reste per u comme tranger Ornstein Galicia 1992 455 classe pour sa part les yiddicismes en trois cat gories 1 Non integrated 2 Semi integrated 3 Fully integrated tout en remarquant que la majorit de ces emprunts se retrouvent en cat gorie 2 suivie par la cat gorie 3 Il est probable que ce sch ma serait invers en fran ais avec pr dominance de la cat gorie 1 qui renvoie donc au x nisme d fini par Paillard Si pour comprendre l humour d un peuple il est indispensable de conna tre son histoire Stora Sandor 1984 24 la m me remarque peut s appliquer la compr hension d une grande part de son vocabulaire ph nom ne plus facile pour un Am ricain que pour la majorit des Fran ais en ce qui concerne le yiddish pour les raisons culturelles et cultuelles que nous avons
4. translation dubbing Doctorante agr g e EA 3980 LILT centre TRACT Universit Paris 3 Sorbonne Nouvelle Orl ans 158 If there ever were a multilingual and multicultural society the United States embodies it par excellence Gentzler 2008 10 Introduction L emprunt lexical qui consiste int grer dans une langue un lex me venu d une autre langue illustre un ph nom ne linguistique proprement paradoxal Even the noblest language will remain ontologically incomplete On the other hand no language however primitive will fail to actualize up to a point the inner needs of a community Steiner 1998 87 L anglais am ricain langue du pays des hyphenated identities such as Cajun American Asian American Chinese American or even more local hybridizations such as Nuyorican all of which underscore the difficulty of ever arriving at a unified monolingual American identity Gentzler 2008 31 appara t donc a priori comme un corpus lexical potentiellement riche d emprunts Ces emprunts sont attest s dans les dictionnaires de langue am ricaine voire m me dans des dictionnaires anglais tels que le Cambridge Advanced Learner s Dictionary CALD Le fonds en provenance du yiddish a t particuli rement popularis par les media et le monde du spectacle Apr s avoir pr cis les caract ristiques de notre corpus et rappel quelques donn es diachroniques relatives la
5. 117 L auteure impute cette volution aux connotations ironiques du pr fixe shm en am ricain qui auraient ainsi affaibli la vulgarit et la violence du s me initial Georges Dutter traducteur du sc nario en fran ais a tent de maintenir d notation et connotation dans l dition bilingue Annie Pourvu qu il ne soit pas un gland comme les autres Allen amp Brickman 2000 81 Mais le doubleur a pr f r remplacer gland par chnoque non pour des raisons de synchronisme labial puisque nous sommes en mode sous titrage mais sans doute pour effacer l allusion sexuelle Cette strat gie confirme ainsi la tendance g n rale l ethnocentrisme observ e au doublage qui conduit l effacement des marqueurs d trang it 3 2 Int gration s mantique Les deux derniers exemples d emprunt tudi s dans la pr c dente section putz et shmuck illustrent l volution de termes issus du champ lexical sexuel vers le vocabulaire certes vulgaire mais d sormais int gr s mantiquement dans le fonds commun de l anglais am ricain Souvent d ailleurs le locuteur n a pas conscience du sens initial de l emprunt en ce qui concerne schmuck par exemple Third generation Jews and non Jews are often unaware of the scatological sense of this and other terms Ornstein Galicia 1992 453 E Gold 2002 116 fait la m me constatation chez les locuteurs canadiens Many speakers use it now ob
6. 54 voit lui dans cette sp cialisation le r sultat des modalit s d int gration du yiddish dans l anglais am ricain Curieusement les yiddicismes ont t propag s autant par les humoristes que par les immigrants et on ne s tonnera pas de noter que beaucoup de ces termes sont argotiques ou burlesques D Gold 1982 284 donne pour sa part une autre justification diachronique du considerable number of vulgarisms and jocularisms of Yiddish origin in American Jewish English All Jewish languages except Hebrew have traditionally been stigmatized in the United States by most of their speakers descendants La motivation sociolinguistique et la fonction expressive se rejoignent donc comme l a d montr Bourdieu 1982 49 dans son analyse des usages de la langue comme fonction sociale de distinction dans les rapports entre les classes Dans le syst me narratif des films d Allen la pr pond rance des com dies voire du burlesque en d but de carri re influe galement sur le lexique Wentworth amp Flexner 1968 284 insistent sur le niveau de langue sp cifique de many Yiddish or Yiddish sounding words often used for humorous effects Ornstein Galicia 1992 451 a d ailleurs regroup ce type d emplois sous la rubrique affective borrowing the process aims at affect rather than the filling of gaps in terminology for cultural innovations Toutes les conditions sont donc r un
7. les Juifs ne sont pas consid r s comme une minorit par les autres groupes ethniques Ouzan 2008 161 Dillard 1976 85 pour sa part justifie l expansion ult rieure des yiddicismes sur l ensemble du territoire national par deux facteurs la pr sence New York plus sp cifiquement d environ deux millions de Juifs chiffre qui s tablissait encore 1 412 000 en 2002 United Jewish Appeal 2002 online et ensuite l importance dans cette cit des industries de la communication et du divertissement Le Webster s Online Dictionary le confirme Largely because of the influence of Jewish entertainment figures many Yiddish words have entered the American English lexicon E Gold 2002 118 la suite de Ornstein Galicia 1992 452 attribue d ailleurs explicitement Woody Allen parmi d autres amuseurs publics une responsabilit dans la propagation de ces emprunts sur le territoire nord am ricain The use of these words in the press advertising and entertainment on television and in the movies through such comics as Woody Allen and Jerry Seinfeld have led to their increased popularity Deux vecteurs de propagation se conjuguent alors the growth of electronic entertainment media and of various media of communication bringing an ever increasing familiarity with Yiddish tinged English to the entire nation Dillard 1976 85 et la vitalit Am ricanismes terme
8. recens par Mencken 1977 260 dans la rubrique expressions most of which are originally German which are familiar to non Jews as well L Oxford Concise Dictionary 1977 1012 lui attribue l tymologie yiddish de shlumiel Wentworth amp Flexner 1968 283 indiquent en tymologie From the Yiddish from sclemazel Ces diff rentes transcriptions m me si elles ne concernent pas le spectateur de cin ma qui n est confront qu leur production oralis e pourraient impliquer qu il ne s agit donc pas d un emprunt stricto sensu tel que le d finissent Claude amp Jean Demanuelli 1995 61 savoir un ensemble signifiant signifi qui faute d un quivalent dans la langue cible est int gr tel quel celle ci Pour d autres auteurs cependant tels Ducrot amp Schaeffer 1995 23 la variation orthographique ne s oppose pas la qualification d emprunt Il y a emprunt si b a t consciemment form sur le mod le de a qu on est all exhumer ainsi h pital a t fabriqu une poque d termin e par imitation du latin hospitale Jean Tournier 2004 174 souligne d ailleurs la fragilit des accents et des signes diacritiques dans les emprunts entre langues latines En ce qui concerne l instabilit orthographique des emprunts au yiddish elle est due en partie aux probl mes de transcription de l alphabet h breu l alphabet latin mais la variation gra
9. 3 mars 2007 13 MARCKWARDT Albert H American English New York Oxford University Press 1969 1958 revised by DILLARD Joey Lee American English New York Oxford University Press 1980 MENCKEN Henry Louis The American Language New York Alfred Knoff 1977 1919 MESCHONNIC Henri Traduire ce que les mots ne disent pas mais ce qu ils font Meta XL 3 1995 514 517 consult le 15 02 2009 http www erudit org revue meta 1995 v40 n3 003640ar pdf ORNSTEIN GALICIA Jacob L Linguistic Patterns and Devices in American Jewish Humorous Discourse Meta XXXIV 1 1989 125 127 consult le 15 02 2009 http www erudit org revue meta 1992 v37 n3 002786ar pdf Affective Borrowing From Yiddish in Colloquial American English Meta XXXVII 3 1992 451 464 consult le 15 02 2009 http www erudit org revue meta 1992 v37 n3 002786ar pdf OUZAN Fran oise Histoire des Am ricains juifs de la marge l influence Bruxelles Andr Versaille diteur 2008 PAILLARD Michel Lexicologie contrastive anglais fran ais formation des mots et construction du sens Gap Ophrys 2000 PETTIT Zo Translating Register Style and Tone in Dubbing and Subtitling The Journal of Specialised Translation Issue 4 July 2005 consult le 07 04 2008 http www jostrans org issue04 art pettit php PINSKER Sanford The Schlemiel as Metaphor Studies in Yiddish and American Jewish Fiction Southern Illinois Univer
10. 5 Traduire les emprunts Accords et d saccords Le technolecte religieux pose des probl mes particuliers de traduction en fran ais La France pays de langue latine recense selon les sources entre 0 6 Le Bars 2008 et 1 CSA Tincq 2007 de citoyens de confession juive soit un effectif dix fois moindre qu aux tats Unis les allusions sinon le lexique historiques culturels et parfois religieux f tes rituels sacrements titres risquent fort de ne pas y tre appr hend s au del du folklore burlesque La s cularisation de la soci t fran aise dans son ensemble contribue galement la distinguer fortement de la soci t am ricaine sur ce point En cons quence un nom comme yarmulke tudi dans la section ci dessus est par exemple compl tement lud en VF 5 1 Emprunt et x nisme Par del les justifications num riques mergent des raisons culturelles ces diff rences de traitement des emprunts au yiddish entre am ricain et fran ais Ouzan 2008 163 consid re la position des Juifs am ricains comme r v latrice d une double all geance qui aux tats Unis ne pose pas probl me contrairement la France Et Blumenfeld 2006 33 rappelle dans un article sur la nouvelle culture juive new yorkaise Un tel mouvement semble impensable en France o l affirmation d une minorit est fatalement assimil e un communautarisme mena ant et une remise en cause du pacte r publicain
11. Deux millions et demi de Juifs deviennent ainsi citoyens am ricains la fin du XIXe et au d but du XXe si cles Chevillet 1991 1491 Gentzler 2008 23 24 situe galement les pr mices de ce mouvement vers la fin du XIXe si cle probably the strongest tradition and the one that best survives to the present has been the Hebrew Yiddish tradition with over 600 Yiddish periodicals published since 1870 in the USA Le processus historique de construction des tats Unis a ensuite facilit les proc d s d emprunt lexical In theory the ideology of the country aspires to integrate all incoming languages and cultures into one inclusive united whole Gentzler 2008 9 L immigration ph nom ne d mographique aux cons quences sociologiques a de la sorte un impact linguistique ind niable 2 1 Yiddish et am ricanismes En cons quence 7 des am ricanismes seraient constitu s d emprunts des langues trang res Forgue 1992 46 mais parmi ceux ci l apport linguistique juif l anglais am ricain et son influence d passent largement le cercle du Jewish group who makes up less than three percent of the US population some 5 700 000 souls in all Ornstein Galicia 1992 450 Cette population est relativement stable Fran oise Ouzan 2008 11 estime leur nombre actuel aux USA autour de 5 275 000 Mais il faut prendre en compte selon lui leur statut particulier En raison de leur r ussite
12. Scripts 1987 Crimes et d lits traduction Michel Lebrun Paris Editions du Seuil 1993 Deconstructing Harry sc nario bilingue traduction Jacqueline Cohen Paris Cahiers du cin ma 1998 Hollywood Ending sc nario bilingue traduction Jacqueline Cohen Paris Cahiers du cin ma 2002 ALLEN Woody amp BRICKMAN Marshall Annie Hall sc nario bilingue traduction Georges Dutter Paris Cahiers du cin ma 2000 Manhattan sc nario bilingue traduction Georges Dutter Paris Cahiers du cin ma 2000 l Mes remerciements vont Christine Raguet directrice du centre TRACT l universit Paris 3 Sorbonne nouvelle et aux membres du comit scientifique de Lexis pour leurs commentaires et leurs conseils sur la premi re version de cet article 177 Sources secondaires ANTOINE Fabrice Argots et langue famili re quelle repr sentation en lexicographie bilingue in Fabrice Antoine d Argots langue famili re et accents en traduction Cahiers de la Maison de la recherche n 31 Lille Univ Charles de Gaulle d cembre 2004a 11 23 Aux prises avec quelques accents diff rents in Fabrice Antoine d Argots langue famili re et accents en traduction Cahiers de la Maison de la recherche n 31 Lille Univ Charles de Gaulle d cembre 20046 127 138 BALLARD Michel Le nom propre en traduction Gap Ophrys 2001 BJ RKMAN Stig Woody Allen entretiens avec Stig Bj r
13. backbone of commercial lingo There is an auction jewelry jargon as well as a furniture jargon and a shoe business cant Ornstein Galicia 1992 4521 y ajoute the garment industry Forgue 1992 55 r pertorie de m me au del des termes argotiques ou burlesques les yiddicismes int gr s au lexique de l alimentation ou de la vie religieuse ceux l m mes pour lesquels la motivation de l emprunt est au d part technique on importe le terme en m me temps que l objet ou la technique ou la pratique sociale Chuquet amp Paillard 1989 222 4 1 Emprunts et culture Mais motivation culturelle et motivation technique sont souvent m l es Si le groupe initialement restreint des initi s aux yiddicismes a pu au fil du temps s tendre l ensemble des locuteurs des tats Unis comme nous l avons soulign pr c demment le concept de langue culture initi par Meschonnic est ici tout fait pertinent pour valuer la reconnaissance dont b n ficient les Jud o Am ricains en tant que communaut et leur place dans la soci t C est bien videmment le cas aussi pour les autres langues qui ont aliment le melting pot de la langue am ricaine The kind of words the Americans have borrowed from other languages are not the results of mere whim or chance but contrariwise they bear eloquent testimony to the nature of our contact with the culture that each of those languages represents Marckwardt 1
14. cette expansion en faisant usage de ces deux cat gories d emprunts la premi re majoritairement mais pas exclusivement dans ses com dies burlesques de d but de carri re et la seconde principalement dans ses r alisations d inspiration autobiographique Cet emploi cin matographique est aussi le reflet d un tat de la langue et de la soci t am ricaines puisqu il est r current sur les vint cinq ann es couvertes par notre corpus Le processus s est trouv facilit par la parent germanique du yiddish et de l anglais mais pose en cons quence des probl mes particuliers de traduction dans les langues latines telles que le fran ais Les viddicismes repr sentent en effet un enjeu particulier pour le 14 C est l auteur qui souligne 15 Selon Tournier 2004 19 on peut estimer que parmi les nouveaut s lexicales de l anglais apparues dans les vingt derni res ann es environ 4 sont des emprunts 176 traducteur adaptateur qui lors du doublage doit anticiper leur r ception par un public dont l horizon d attente et la familiarit avec ces lex mes reste fort limit e et contraste avec celle du spectateur am ricain M me si le public est impliqu dans la co construction du sens en tant que destinataire final du message filmique le doublage doit contribuer lui faciliter au maximum ce travail Les emprunts au yiddish souvent incongrus en fran ais risquent d s lors de dispara tre en
15. literary language Or had it already surpassed Hebrew in terms of currency and thus deserved the title of the national language of the Jewish people York University 2008 online On retrouve d ailleurs aussi dans la filmographie d Allen des occurrences d emprunts l h breu comme ceux qui suivent Rabbi Parmi les titres emprunt s l h breu la figure tut laire du rabbi est ainsi convoqu e dans de nombreux films alleniens soit en tant que r f rence spirituelle Crimes and Misdemeanors Deconstructing Harry ou tout au contraire avec une vis e satirique Manhattan Radio Days Hollywood Ending Le nom rabbi issu de l h breu est d fini comme a religious leader and teacher in the Jewish religion CALD 2008 1168 Il peut tre utilis galement en formule de salutation et a donn une forme adjectivale d riv e rabbinical qui t moigne de son int gration s mantique et syntaxique en anglais Dans ses emplois ironiques on rel ve cet exemple issu du film Manhattan lorsque Ike s essaie d fendre son ami Yale devant la ma tresse de celui ci Mary Ike Yale has his problems as we all do you know I m starting to sound like Rabbi Blitzstein here Allen amp Bricksman 2000 116 La VF traduit la seconde phrase par C que j peux dire comme platitudes mais c est pas vrai Le rabbin est ici r duit un arch type risible mais il n y a pas d extension s mantique
16. peut t appeler un jour de Seder Allen 2002 105 Ainsi le public apprend il qu il s agit d un soir sp cifique le contexte visuel r union de famille et hommes coiff s d une kippa permettant d en inf rer le caract re religieux Cette strat gie introductive permet de traduire l autre r plique litt ralement en fran ais Al Quoi Qu est ce qui se passe Je suis chez ma s ur pour le Seder Allen 2002 107 Et l trang it du lex me est pr serv e Cette trang it vient rappeler aux spectateurs la place importante occup e par la communaut juive dans l industrie cin matographique am ricaine Elle est en m me temps un clin d il autobiographique d Allen au spectateur selon son biographe Eric Lax 1992 25 en effet la maison on observait toutes les f tes juives on ne manquait aucun Seder 4 3 Emprunts et anthroponymes Dans les r alisations d Allen nombreux sont aussi les anthroponymes d origine biblique emprunt s l h breu tels ceux du h ros de Manhattan Isaac ou de Judah dans Crimes and Misdemeanors Isaac Isaac signifie l homme qui rit et r f re dans la Gen se au fils de Sarah qui accueillit l annonce de sa grossesse tardive par un immense clat de rire Cette motivation onomastique passe sans nul doute inaper ue pour les spectateurs non juifs alors que le surnom du personnage Tke obtenu par troncation m diane est vocateur plus en
17. puisque le lex me garde son sens premier Cependant c est la port e connotative qui est ici traduite au doublage la dialectique du rabbin figure de l ex g te qui examine et retourne les arguments en tous sens est ici parodi e par Ike qui veut soutenir tout prix son ami Seder De m me certaines c r monies dont le nom a t emprunt directement l h breu sont elles repr sent es dans Hollywood Ending Allen joue un metteur en sc ne qui devient aveugle pendant le tournage de son film Son agent se trouve en train de f ter Seder chez sa s ur lorsqu il re oit un appel t l phonique pour l avertir de ce facheux incident Al Why What s wrong I m at my sister s for a Seder Allen 2002 106 169 Le Seder est ainsi d fini ritual for the first or first two nights of the Passover COD 1977 1027 Il s agit plus en am ricain d un lexique de reconnaissance que d un emploi assimil au del de la communaut juive Mais le terme n a pas int gr le vocabulaire fran ais le traducteur a donc pris soin de pr venir le spectateur Dans la s quence qui pr c de la r plique ci dessus le sc nario am ricain indique Seder guests indistinct overlapping comments of disapproval continues under following dialogue Allen 2002 104 Cette s quence est beaucoup plus explicite en version fran aise Voix 1 Oh non pas ce soir Qui est ce Voix 2 Oh Ah qui
18. r f rences culturelles sp cifiques CSR qui posent probl me en traduction audiovisuelle la rubrique holidays and festivities Elle cite alors Katan qui recense diff rentes strat gies pour leur traitement In order to handle such references as in written translations translators opt for either a chunking up and making CSR in the target language more general than those in the source language through the adoption of hyperonymy b chunking down by replacing them with more specific references in the target language or c chunking sideways and replacing CSR with same level equivalents Katan 2004 147 Dans la version fran aise de Deconstructing Harry c est une quatri me option qui est pourtant retenue Bar Mitzvah est report tel quel Harry voix off r cit Max and Dolly Pincus sont mari s depuis trente ans Ils ont lev deux enfants et il n y a jamais eu un mariage ou une Bar Mitzvah dans la famille auxquels ils n aient pas g n reusement particip Allen 1998 123 Le doubleur a visiblement estim qu il s agissait une r f rence culturelle d sormais reconnue par les locuteurs fran ais Par ailleurs le contexte et le co texte privil gient la couleur locale la sc ne se d roule dans une synagogue et les occurrences de Mazel Tov ont galement t report es en version doubl e 172 Yarmulke On rel ve galement dans le champ lexical religieux utilis par Al
19. substandard English qui inclut aussi les niveaux de langue familier et populaire 1 2 Une fonction expressive Cette large diffusion sort le yiddicisme de son emploi communautaire Several hundred Yiddish lexemes and phrases are employed in varying degrees by American English speakers Ornstein Galicia 1989 125 L usage de l emprunt conna t alors des motivations plurielles Selon Jean Marc Chadelat 2003 34 ces mots trangers signalent au moyen de leur tranget m me leur valeur expressive et la diff rence des n ologismes form s r guli rement et int gr s la langue ils n ont pas en effet pour fonction exclusive de combler les lacunes lexicales Cette constatation vaut bien s r aussi pour l emprunt au yiddish dont la valeur expressive tient souvent la connotation comique de nombre de ses lex mes int gr s dans le vocabulaire am ricain courant au fil des g n rations As Yiddish has declined it has generally become a ludic language i e one used for language play for many of its speakers children and grandchildren Gold 1982 284 Le personnage incarn de fa on quasi syst matique par Allen synth tise ainsi ces deux usages de l emprunt en renvoyant la tradition du schlemiel 4 Nous souscrivons ici la d finition de Forgue 1992 93 Les limites tant vagues on peut admettre que l argot SLANG est la fraction des argots sp cialis s qui est pa
20. 968 235 avec deux autres transcriptions paluka et palooker et d fini comme 1 an inferior or average prize fighter 2 a wrestler 3 any stupid or mediocre person 4 an oafish hoodlum Ces acceptions successives relatent bien l volution s mantique du nom qui appara t tout d abord dans le technolecte sportif avec une connotation d valorisante le COCA parmi les 13 occurrences propos es donne cet exemple issu du magazine Forbes to watch Tyson demolish palooka Peter McNeeley in 89 seconds Pour finir il va s appliquer tout rat quel que soit son milieu On constate donc un largissement de l extension du terme que relate la progression des d finitions ci dessus Le sens premier n est plus d s lors qu un hyponyme l acception m taphorique s tant impos e Le x nolexique est tr s souvent affect par ce ph nom ne diachronique En effet le processus d volution s mantique av r pour tout l ment lexical The phonetic sign the word may have remained stable being arbitrary but its meanings the signifi do not rappelle Steiner 1998 352 l est plus encore pour l emprunt l assimilation par une langue trang re l loigne en effet de son contexte et ses r f rents culturels originels Putz A nouveau dans Deconstructing Harry une s quence de fiction en abyme imagin e par Harry pr sente la Mort qui vient par erreur chercher Harvey alors qu il a inves
21. 969 57 En effet selon Paillard 2000 112 il n y a pas de raison proprement linguistique l emprunt une langue peut toujours puiser dans ses ressources propres pour exprimer une notion nouvelle L apport yiddish dont la large diffusion est soulign e par Mencken 1977 262 even some terms more or less closely associated with Judaism are known by non Jews porte donc t moignage de la solide implantation de la communaut juive aux tats Unis et de la place accord e au fait religieux dans la soci t am ricaine 168 4 2 Yiddish et h breu Le yiddish a emprunt certains de ses lex mes l h breu Yiddish may contain ten to twenty percent loans from Hebrew the language of ritual Ornstein Galicia 1989 125 Il est noter cependant que le fonds lexical h breu et non pas yiddish a donn naissance nombre d emprunts am ricains relevant du champ s mantique religieux car l h breu est connot comme langue plus noble que le Yiddish Hebraisms in general English are either old loans which first appeared in Bible translations or recent borrowings from Israeli Hebrew D Gold 1982 282 ce que confirme Ornstein Galicia 1992 451 Hebrew serves as the language of ritual and religion L un des enjeux de la conf rence de Czernowitz cit e plus haut concernait d ailleurs cette diff rence d usage Was Yiddish to rise to the level of Hebrew a prestigious liturgical and
22. Brickman 2000 80 Nous avons affaire ici l un des yiddicismes les plus r pandus en anglais am ricain prononc par Annie personnage issu du Wisconsin Le COCA en propose 24 exemples sous cette orthographe et 153 avec la graphie schmuck Mencken 1977 261 qui le transcrit schmo en retrace l tymologie of schmock the membrum virile a stupid person David Gold 1982 284 l orthographie shmok et offre en synonyme dope jerk SOB quant Ornstein Galicia 1992 457 elle en recense trois graphies shmok schmuck shmuck et le traduit par jerk fool idiot Le nom appara t m me dans le CALD 2008 1273 l entr e schmuck noun mainly US informal a stupid or silly person C est donc un emprunt largement assimil Le lex me schmock a pourtant connu une histoire mouvement e puisqu une fois emprunt l allemand shmuck ornement par le yiddish il a pris un sens scatologique pour d signer le membrum virile recens par Mencken Cette premi re tape du processus m tas mique est fond e sur le m canisme de la m taphore que l on retrouve dans l acception figur e des bijoux de famille par exemple en fran ais Mais le glissement de sens s est poursuivi quand shmuck a t nouveau emprunt par l anglais am ricain phase durant laquelle il r int gre un lexique simplement familier A vehement obscenity has shifted to a light insult E Gold 2002
23. core l poque du film Manhattan du pr sident Eisenhower Sa caract risation par les spectateurs de la VF risque d en tre affect e Non seulement comme le signale Tournier 2004 163 la forme tronqu e appartient au substandard English c est dire un niveau de langue familier ou populaire ou argotique mais l indice d appartenance ethnique que constitue le pr nom Isaac dispara t dans le diminutif Ike C est tout le probl me du transfert culturel en traduction qui est ici pos Peut on d ailleurs encore parler d emprunts s agissant des noms propres Dans sa terminologie Ballard 2001 16 pr f re la qualification de report et r serve celle d emprunt l int gration d un terme tranger dans une langue L emprunt est un ph nom ne de langue le report un ph nom ne de discours L emprunt lexicalis est en effet l aboutissement d un processus diachronique collectif alors que le report reste un choix 170 nonciatif individuel et ponctuel li l unicit du r f rent ainsi d sign dans son environnement contextuel Le report n implique pas l int gration du lex me dans la langue d arriv e au contraire de l emprunt Judah Un autre exemple repr sentatif est celui du personnage de Judah dans Crimes and Misdemeanors Le traducteur du sc nario dit en fran ais Michel Lebrun a gard le pr nom l identique mais dans le film en VF ce
24. de l exp rience 175 familier et les injures Pourtant selon Tournier 2004 157 en langue de d part l usage d emprunts pour ce type de lexique est souvent un moyen d viter l emploi de mots tabous La r introduction de ces mots tabous en fran ais va donc modifier le niveau de langue per u par le spectateur de la VF Le maintien du yiddicisme n appara t que dans le cas o il est int gr au lexique de reconnaissance fran ais ou quand la couleur locale est privil gi e si le contexte l cran permet une explicitation visuelle indirecte Cette derni re option s applique principalement mais pas syst matiquement au technolecte du juda sme d signateur premier de la diff rence culturelle qui r git le rapport au fait religieux en France et aux tats Unis Les choix de traduction des emprunts au yiddish oscillent ainsi entre la r duction ou tout au contraire la mise en avant de ces marqueurs d une double alt rit L emprunt de par sa charge culturelle devient alors la figure embl matique de l enjeu traductionnel entre texte source et texte cible comme le r sume Cordonnier 1995 56 plus l implicite culturel tranger est m connu de la part du destinataire de la traduction plus les possibilit s de solutions de la traduction sont r duites pour le traducteur En fait les r sistances la traduction r v lent l tat des interactions culturelles Conclusion L importance des e
25. e des marqueurs sub lexicaux cf Chadelat 2008 84 et Tournier 2004 105 1091 167 The mocking reduplicative prefix shm is itself borrowed from Yiddish English speakers interpret words beginning with schm as being funny or ironic whether or not the words have such connotations in Yiddish Le r le jou par les humoristes juifs am ricains dans la diffusion de nombre de ces emprunts ainsi que la volont des descendants d immigrants de s affranchir de leurs origines ont fortement influ sur cette cat gorisation du lexique v 1 3 Elle ne s est pourtant install e que dans un second temps en anglais am ricain le processus de lexicalisation des emprunts tant un ph nom ne minemment diachronique 4 Les emprunts motivation technique whatever works Ayant volu bien au del de sa communaut originelle d immigrants juifs l emprunt au yiddish par le lexique am ricain proc de d une motivation sociolinguistique plus extensive que celle d finie par Paillard 2000 112 la volont de marquer son appartenance un groupe social techniquement ou culturellement initi Mais son usage porte aussi trace d une premi re motivation technique de l emprunt constitutive de ce groupe d initi s Dans le cas du yiddish Roeback cit par Mencken 1977 260 soulignait en effet la constitution d un v ritable technolecte d s 1938 Numerous expressions derived from the Yiddish constitute the
26. ent tranger de fa on purement d notative ce sont des signes linguistiques dot s d une valeur symbolique qui connote une conception intellectuelle et morale au sens large imbriqu e dans une repr sentation collective de la soci t et des groupes sociaux qui la constituent Chadelat 2003 35 Fabrice Antoine 2004b 131 souligne d ailleurs combien le Yinglish c est dire des mots yiddish emprunt s par la langue am ricaine d abord anglaise ensuite et ils sont nombreux pose nt des probl mes de traduction Le doublage destin un public de masse est de plus souvent guid par l anticipation de la m connaissance des r f rents culturels par le spectateur expected low mass audience comprehension of cultural diversity has often been posited as the explanation for consistent reductionist translational strategies in an attempt to widen the appeal of art films in the target culture Denton 1999 46 On sait enfin que le processus dramatique s appuie sur les ph nom nes d identification du spectateur au personnage Un lex me incongru tel qu un x nisme entendu dans le dialogue pourrait avoir un effet perturbateur sur ce point La traduction de Hollywood Ending en dition bilingue comportait ainsi un x nisme relevant d une strat gie d exoticisation marqu e puisque la VO n en comporte pas cet endroit Lori jeune actrice sans avenir justifie son refus d accompagn
27. er s Online Dictionary Specialty Definition Yiddish language consult le 20 04 2008 http www websters dictionary online org definition JIDDISCH WENTWORTH Harold amp FLEXNER Stuart Berg The Pocket Dictionary of American Slang New York Pocket Books Simon and Schuster 1968 1960
28. er Val sur son tournage Lori And that Il be the one night that Steven Spielberg comes to see the play Or or Harvey Weinstein Val Yeah they re not coming believe me They re they re fasting Allen Cahiers du Cin ma 2002 26 Val Eux ils ne viendront pas tu peux me croire ils peuvent pas c est Kippour Allen Cahiers du Cin ma 2002 27 Ce x nisme a t supprim au doublage puisque le spectateur entend en VF Val Eux ils ne viendront pas a tu peux me croire ils sont ils sont en p riode de je ne Allen DreamWorks Pictures 2002 7 10 Yom Kippour est plus connu en France comme le jour du Grand Pardon une c l bration juive solennelle qui implique un je ne de 25 heures La premi re traduction marquait de fa on appuy e le juda sme des deux producteurs cit s mais le doubleur a choisi une strat gie plus fid le l original et plus neutre pour le public fran ais vitant ainsi le risque de stigmatisation communautaire Plus g n ralement chez Allen les strat gies des adaptateurs Georges Dutter jusqu la fin des ann es 1980 puis Jacqueline Cohen l heure actuelle vont de la suppression du terme emprunt sa francisation L effacement de l emprunt concerne principalement le lexique 5 Voir aussi Tournier 2004 42 43 sur la notion de contrainte s mantique sur le contenu du signifi qui s appuie sur la r alit extra linguistique et le champ
29. exprim es plus haut On peut d s lors appliquer la connaissance du lexique cette affirmation d Anne Marie Laurian 1989 6 relative la r ception de l humour La g ographie et la linguistique sont solidaires Elle propose en cons quence une typologie des pr suppos s cognitifs partager par le locuteur et l auditeur ils concernent la fois les langues aux plans phonologique et lexical dans leur d not et leur connot mais aussi les discours styles et types de textes en m me temps que les cultures valeurs des locuteurs actualit et histoire 5 2 Doublage et entropie Les maladresses des alter ego alleniens l cran font toujours rire mais il est peu probable que la figure du shlemiel par exemple soit spontan ment reconnue comme d origine sp cifiquement juive par un spectateur fran ais En effet gaffeurs peureux ou malchanceux apparaissent dans toutes les traditions Le personnage a pourtant son importance the schlemiel was a point of reference for the community which surrounded him As the acknowledged fool he was free to criticize in a way that those with more vested interest in the realities could not Pinsker 1991 online Cette dimension sociale et politique est perdue pour le public fran ais Elle proc de en effet de la convention qui pr side l criture du dialogue cin matographique telle que l a d finie Claudia Bubel 2008 56 celle de la co constructi
30. fr quemment comme issus du lexique yiddish Kosher Le cas de kosher est r v lateur des passerelles entre h breu et yiddish il s agit d abord d un emprunt du yiddish l h breu et ensuite d un emprunt de l am ricain au yiddish Dans le film Radio Days le p re de la pittoresque famille juive mise en sc ne rapporte constamment la maison des poissons qu on lui a offerts ce qui implique quelques sp culations m taphysiques de la m re Ceil Are eels kosher Allen 1987 110 La premi re acception de cet adjectif est d finie par Wentworth amp Flexner 1968 200 comme clean and acceptable according to Jewish dietary laws Par extension Allen l emploiera plus tard dans Deconstructing Harry comme qualificatif pour un tre humain la s ur de Harry trop port e sur la religion son go t Harry She was a wonderful kid She had a flair for physics Suddenly overnight she s kosher Allen 1997 146 Traducteur et doubleur maintiennent ici l emprunt sous la transcription fran aise kasher 171 Harry C tait une fille formidable avec un super don pour la physique et du jour au lendemain elle est kasher Allen 1997 147 Si cet emploi ironique et p joratif est motiv par la d rision il peut appara tre comme une transition paradoxale vers le sens second figur de kosher indiqu par Wentworth amp Flexner honest valid authentic ethical Le CALD aussi d finit le sen
31. ies pour retrouver des occurrences de ces emprunts dans les dialogues de Woody Allen dont le naturel et la v rit sont reconnus comme un trait distinctif par les critiques Gillain 2005 95 2 Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le yiddish Le yiddish est la langue des Juifs ashk nazes principalement install s l origine en Europe Centrale la diff rence des S farades que l on retrouve majoritairement sur le pourtour m diterran en Il s est constitu entre le IXe et le XIIe si cles et s il a adapt l alphabet h breu pour sa transcription il reste distinct de la langue h bra que La diff rence de statut entre les deux langues au d but du XXe si cle est d ailleurs telle qu une conf rence 161 mondiale est alors organis e Czernowitz capitale de la Bucovine dans l ancien empire austro hongrois pour la faire reconna tre comme langue du peuple juif The 1908 Czernowitz conference aimed to raise the prestige of Yiddish often derided as a mongrel jargon York University 2008 online Il serait aujourd hui parl par environ quatre millions de personnes de par le monde Webster s online dictionary Les premiers contacts significatifs entre le yiddish et l anglais britannique et ou am ricain sont recens s par Ornstein Galicia 1992 452 comme advenant partir des ann es 1880 suite l migration massive provoqu e par les pogroms en Russie et Roumanie
32. ion et la propagation argotiques Or les personnages des films de Woody Allen voluent majoritairement en milieu citadin le plus souvent circonscrit New York voire m me Manhattan et dans les sc nes r trospectives Brooklyn Il n est donc pas tonnant qu ils soient galement de fr quents locuteurs d argot emprunt au yiddish sans toujours en percevoir l origine d ailleurs Ce brouillage des genres pose alors des probl mes sp cifiques en traduction audiovisuelle Les notions de registre ou de niveau se r v lent insuffisantes pour l op ration de traduction filmique car elles proposent en fran ais un syst me de classement confus Elefante 2004 193 En effet les lexiques argotiques ont souvent vocation int grer la langue famili re Selon Fabrice Antoine 2004a 11 12 si au d part l argot a une fonction conniventielle et identitaire il permet aux membres du groupe de se reconna tre et se comprendre entre eux et de se d marquer des autres groupes ensuite le lexique circule les mots d argot peuvent donc se banaliser au point d tre compris voire utilis s par tous ou presque A l issue de ce processus la langue famili re puise volontiers dans les argots c est pourquoi il est souvent difficile de les distinguer ce lexique particulier n assurant plus sa fonction cryptique initiale Jean Tournier 2004 208 explique ainsi On entend par slang le
33. kman trad Sylvie Durastanti amp Jean P cheux Paris Cahiers du cin ma 2002 BLUESTEIN Gene Anglish Yinglish Yiddish in American Life and Literature Lincoln University of Nebraska Press 1998 1989 BLUMENFELD Samuel La nouvelle culture juive new yorkaise Le Monde 2 30 d cembre 2006 30 33 BOURDIEU Pierre Ce que parler veut dire l conomie des changes linguistiques Fayard 1982 BUBEL Claudia Film audiences as overhearers Journal of Pragmatics vol 40 n 1 2008 55 71 consult le 15 02 2009 http cullibrary org 8000 c1il Fulltext journal_of pragmatics Vol_40 1 2008 article 4 pdf BURGESS Anthony New York Amsterdam Time Life 1976 CHADELAT Jean Marc Le vocabulaire militaire fran ais en anglais tude de la fonction expressive des emprunts fran ais en langue anglaise Les cahiers de l APLIUT vol XXII n 3 octobre 2003 27 39 Le symbolisme phon tique l initiale des mots anglais l exemple du marqueur sub lexical lt Cr gt Lexis n 2 2008 77 103 consult le 08 02 09 http screcherche univ lyon3 fr lexis IMG pdf Lexis 2 _Chadelat pdf CHEVILLET Fran ois Les vari t s de l anglais Paris Nathan 1991 CHIARO Delia Issues in Audiovisual Translation in Jeremy Munday d The Routledge Companion to Translation Studies Abingdon Routledge 2009 141 165 CHUQUET H l ne amp PAILLARD Michel Approche linguistique des probl mes de traducti
34. langue yiddish nous examinerons donc ici les emplois qu en fait Woody Allen lui m me c l bre Juif am ricain au fil de sa filmographie et les enjeux que repr sente ce lexique pour le doublage en fran ais de ses opus 1 Woody et les emprunts Reconnu comme l h ritier des grands burlesques am ricains dont les Marx Brothers auxquels il se r f re explicitement d s le d but de Annie Hall le cin aste incarne en effet comme ces derniers une tradition celle de l humour juif forme de protection d un peuple qui la souffrance a t trop longtemps famili re et qui a appris s en d fendre par le rire en prenant plaisir s amuser des contradictions humaines Quilliot 2004 35 Desser amp Friedman 2004 1 le confirment amp his films rely heavily upon the classic characteristics of Jewish humor 1 1 Motivation et genre filmique Sa jud it est certes plus culturelle que religieuse et se traduit notamment par des emprunts au yiddish dans le fonds lexical auquel il recourt dans ses dialogues Nous verrons qu un type de motivation prime dans l utilisation de ces emprunts en effet si la motivation technique appara t dans certaines sc nes de flash back qui plongent le spectateur dans l enfance du personnage jou par Allen la motivation sociolinguistique est primordiale dans ses dialogues Sa jud it est alors parfaitement assum e et revendiqu e l cran il en fait un ressort co
35. len le nom d origine yiddish yarmulke synonyme de kippah galement orthographi yarmulka a small circular cover for the head worn by Jewish men especially at religious ceremonies CALD 2008 1692 Dans Deconstructing Harry lorsque la s ur de Harry s av re exasp r e par son cynisme quant la religion juive elle lance Doris Yeah wait Il he gets cancer He Il be the first one in the synagogue sitting in the front row in a yarmulke Allen 1998 132 Ind pendamment de sa signification vestimentaire yarmulke est porteur de connotations religieuses fortes soulign es par Ouzan 2008 252 dans son glossaire l article Kippa calot appel Yarmulke en yiddish Se couvrir la t te est consid r par la tradition juive comme un signe d humilit devant Dieu et comme un marqueur du juda sme L adaptatrice du film traduit ainsi la r plique Doris Attends qu il ait un cancer Il sera le premier la synagogue pour faire ses pri res au premier rang Allen 1996 53 La pri re devient alors l quivalent du port de la yarmulke Ce n est donc plus le s mantisme du lex me qui est traduit mais sa valeur symbolique en tant que signe religieux ostentatoire Alors qu il a int gr le nom kippa le fran ais n a pas emprunt yarmulke au yiddish et l adaptatrice ne peut s appuyer sur une strat gie de report Elle pr f re donc l allusion l explicitation par quivalence
36. livious of its vulgar connotations Si les mots recens s ci dessus tout comme le schlemiel qui nous a int ress s au d but de cet article restaient cantonn s l argot en cons quence une vari t tr s sp cifique de l am ricain ce serait un indicateur certain de leur limite en termes d int gration lexicale en anglais am ricain Mais nombre de ces termes on l a vu sont reconnus par la communaut des locuteurs nord am ricains Items such as kibitz or shlemiel are so widely diffused that they are readily understood by a majority of American English speakers Ornstein Galicia 1992 455 166 D Gold 1982 290 recense galement shlemil en soulignant son anciennet these words have had a century or more to diffuse into American English it is not surprising that they are generally better known to non Jews than most of the more recent loans Et Elaine Gold 2002 115 rel ve la large diffusion de schmuck en anglais canadien li e son anciennet en tant qu emprunt puisqu il appara t d s 1892 dans un dictionnaire britannique tel que le Oxford English Dictionary OED Les deux caract ristiques sont selon elle corr l es Present day recognition is related to the length of time the word has been in English 3 3 Int gration graphique L int gration graphique des emprunts dans la langue d accueil pose des probl mes sp cifiques Prenons l exemple de schlemiehl d j
37. lui ci est devenu Jude On a donc bien ici traduction de l anthroponyme En fran ais il y a en effet homophonie entre Judah et Judas Les connotations bibliques qui lient alors in vitablement le pr nom la trahison du Christ ont sans doute sembl l adaptateur trop pr gnantes pour le spectateur fran ais Et le respect de la motivation onomastique qui a guid Allen en sort quelque peu bafou Questionn par Stig Bj rkman sur ce choix 2002 205 le r alisateur r pondait en effet C est un nom d origine biblique empreint d une certaine sagesse selon moi Judah est un nom tr s charg empreint de sagesse sic qui conf rait au personnage un c t patriarche qui servait l histoire Bien s r de nombreux pr noms ont leur traduction ou du moins leur quivalent en fran ais Mais les connotations dont ils sont porteurs diff rent dans les deux langues Il faudrait plus encore ici qu ailleurs traduire ce que les mots ne disent pas mais ce qu ils font Meschonnic 1995 514 Car la signifiance du nom propre d passe largement son r f rent puisque selon Ballard 2001 18 20 les anthroponymes ont la fois une fonction d identificateur social et une fonction de rep re culturel 4 4 Le technolecte religieux Les cas d emprunt direct l h breu restent cependant relativement isol s chez Allen lorsque le religieux est int gr la vie courante les emprunts apparaissent en effet plus
38. mique r current notamment par l autod rision qu il applique ses alter ego selon Nous entendons ici l adjectif am ricain sous son acception restreinte originaire des tats Unis d Am rique Nous laissons au lecteur le soin de retrouver dans l abondante filmographie d Allen les uvres dont s inspirent les titres des diff rentes parties de cet article emprunt oblige 159 Rivet 2001 online Woody Allen accentuated his seeming disadvantages to construct his persona Elle cite un trait physique the same huge horn rimmed glasses which became part of his identity rapidly mais aussi his Jewish social and cultural background La motivation sociolinguistique des emprunts dans leur ensemble est soulign e par Chuquet amp Paillard 1989 222 Dans le cas du yiddish les auteurs consult s pour cette tude soulignent tous l implantation urbaine principalement new yorkaise des immigrants juifs et donc des emprunts au yiddish The influence of Yiddish upon American has been felt at least in the past mainly in the urban areas Mencken 1977 260 Hebrew and Yiddish were very strong in New York City and other urban areas Gentzler 2008 24 Et Marckwardt 1969 56 attribue une majorit d habitants des grandes m tropoles des tats Unis une comp tence de reconnaissance de ce lexique sp cifique L environnement urbain serait galement plus propice la cr at
39. mprunts au yiddish dans le lexique am ricain n est pas un ph nom ne nouveau Certains sont attest s depuis 1880 au moins suite aux mouvements d immigration massive vers les USA r sultant des pogroms en Europe Centrale Nombre d entre eux ont t popularis s par les media et le monde du spectacle qui leur ont donn une audience d passant largement les cercles juifs des grandes cit s de la c te Est et ont permis leur assimilation s mantique et phonique par la langue am ricaine Ces emprunts lexicaux sont devenus si fr quents qu ils se regroupent sous le n ologisme Yinglish et qu ils s exportent aujourd hui vers d autres vari t s de l anglais au Canada par exemple Ce dernier ph nom ne illustre ainsi la grande richesse du proc d de l emprunt comme facteur de renouvellement lexical Deux motivations principales sont la source de ces emprunts l une expressive a t initi e par l humour juif bien implant dans le monde du show business qui a permis d installer dans la langue am ricaine courante des vocables yiddish Ceux ci ont d s lors pris une connotation comique souvent au prix d une modification de leur extension s mantique L autre motivation plus pratique est li e la diffusion d un technolecte dans les activit s pratiqu es majoritairement par la communaut juive parmi lesquelles nous incluons le champ lexical religieux La filmographie de Woody Allen confirme et contribue
40. on anglais fran ais Gap Ophrys 1989 1987 CORDONNIER Jean Louis Traduction et culture Paris Hatier Didier 1995 CSA TINCQ Henri Les Fran ais sont de moins en moins catholiques Le Monde 10 janvier 2007 Czernowitz at 100 The First Yiddish Language Conference in Historical Perspective consult le 04 06 2008 http www arts vorku ca conferences czernowitz DAVIES Mark The Brigham Young University Corpus of Contemporary American English COCA consult le 22 02 2008 http www americancorpus org DEMANUELLI Claude amp Jean La traduction mode d emploi glossaire analytique Paris Masson 1995 DENTON John Domestication Vs Foreignizing Humour Cinema Translation and Culturally Embedded Stereotype Transfer in Fabrice Antoine amp Mary Wood ds Humour culture traduction s Cahiers de la Maison de la Recherche n 19 Lille Univ Charles de Gaulle 1999 45 53 DESSER David amp FRIEDMAN Lester The Schlemiel as Modern Philosopher American Jewish Filmmakers Traditions and Trends University of Illinois Press 2004 1993 consult le 07 12 2008 http www myjewishlearning com culture Film Film_TO Filmmakers _Prn htm 178 DILLARD Joey Lee All American English New York Vintage Books 1976 DUCROT Oswald amp SCHAEFFER Jean Marie Nouveau dictionnaire encyclop dique des sciences du langage Paris Le Seuil 1995 1972 ELEFANTE Chiara Arg e
41. on du sens par le public au moment de sa r ception Cette fonction assign e au spectateur implique donc d s la conception du dialogue la prise en compte de ce que Bubel appelle un common ground qu elle explicite ainsi The film production crew has to construct the dialogue on the basis of the knowledge patterns they expect the future audience to share with them 2008 69 Ce terrain d entente n cessite donc un nouveau balisage lors de l op ration de doublage En effet selon Bubel le champ commun aux concepteurs et r cepteurs du dialogue est d termin par leur communaut d exp rience collective et personnelle 2008 63 Si la condition humaine implique sans doute un large champ d exp riences personnelles partag es avec le reste de l humanit savoirs et convictions communautaires peuvent varier 12 Mais cet usage de l incr mentialisation reste r serv la traduction crite du fait des contraintes de l audiovisuel en mati re de synchronisation et de la sp cificit du dialogue oral qui ne saurait s interrompre comme peut le faire un texte crit 174 infiniment d une communaut notamment linguistique une autre Ceci conduit alors en version doubl e des risques soit d occultation soit de surtraduction des l ments qui les distinguent et les emprunts lexicaux sont concern s au premier chef En effet Ce ne sont pas des termes neutres qui renvoient un r f r
42. phique des exemples tudi s plus haut r sulte aussi d une adaptation phonique Pour Ballard 2001 28 L assimilation phon tique et graphique tirent le signe tranger vers la langue r ceptrice constituant une tape du figement lexical r sultant de l op ration d emprunt L anglais am ricain n y a donc pas chapp 3 4 Int gration phonique Qu il s agisse d assimilation phonique chez Tournier 2004 175 ou d int gration phonologique chez Paillard 2000 113 le processus d crit est constant une fois int gr s collectivement par la langue d accueil les emprunts sont prononc s avec les phon mes de cette derni re m me si des variations d usage peuvent subsister Ballard y voit un processus vivant caract ristique des langues en contact et qui affecte aujourd hui encore les emprunts faits d une langue l autre 2001 28 Le yiddish pr sente cependant une particularit la motivation phon tique d une majorit de ces emprunts vis e perlocutoire Elle est soulign e par D Gold 1982 290 Most of the loans from Jewish into non Jewish English are vocabulary items including productive morphemes like nik and shm v 3 2 Ces affixes exotiques seraient porteurs de connotations comiques imm diatement identifiables par les locuteurs am ricains Elaine Gold 2002 116 le souligne 10 Ce sont les auteurs qui soulignent 1 Sur la notion de valeur id ophoniqu
43. re and lexicon of Yiddish reflects Middle High German of the Frankfurt Am Main area Et Mencken 1977 260 d crit le m me processus diachronique There are many German loan words in Yiddish Ces lex mes allemands ont donc d abord t int gr s par le yiddish avant que celui ci n abonde le fonds am ricain Mencken recense ainsi parmi les emprunts au yiddish les plus anciens en am ricain des mots tous utilis s par les ma tres d cole allemands Baltimore Maryland dans les ann es 1880 tels que kosher mazuma ou schekels Chevillet 1991 172 a synth tis ces deux apports dans la formule suivante Le jud o allemand ou yiddish contribue en permanence l enrichissement lexical de l anglais d Am rique L emprunt d passe d ailleurs le champ lexical puisque Dillard 1976 85 a pu mettre en avant la sp cificit de certaines constructions syntaxiques idiomatiques sp cifiques very similar to a Pennsylvania German English idiomatic pattern In the long run these common expressions may reflect the importance of German in the formation of both Yiddish and Pennsylvania German L influence du yiddish sur l anglais am ricain ne se cantonne pas en effet au lexique mais a des cons quences galement sur les tournures syntaxiques et certains sch mas prosodiques Au plan syntaxique on peut remarquer l ant position du compl ment d objet Ornstein Galicia 1992 458 donne l exemple s
44. s meshuganas mot yiddish de m pargner Allen 1998 31 La version doubl e l cran ne peut bien s r utiliser cette strat gie et gomme ici la jud icit du lex me initial en privil giant l explicitation Le doubleur fran ais remplace ainsi meshuganas par folles dingues dans la r plique La fonction expressive de ce type d emploi d passe la simple motivation sociolinguistique il ne s agit plus ici de marquer son appartenance un groupe social sp cifique mais bien de viser un effet de discours l utilisation du lex me yiddish accentuant la port e p jorative de la r plique Palooka Dans Radio Days le jeune Joe et ses parents rencontrent Sandy un des petits g nies de Afin de faciliter la localisation des exemples nous les transcrivons en caract res gras et donnons en r f rence en lieu et place du minutage des s quences audiovisuelles la pagination du sc nario dit dont la date peut donc diff rer de celle de la sortie du film Ils sont ensuite compar s leur traduction fran aise issue de l dition bilingue du sc nario et la transcription effectu e par nos soins de la bande son de leur version doubl e 164 l mission radiophonique Whiz Kids chez un glacier Le p re de Joe fait alors le commentaire suivant sur son propre fils Father This palooka can t pass a simple arithmetic exam Allen 1987 66 Palooka est recens chez Wentworth amp Flexner 1
45. s figur informal humorous legal able to be trusted and therefore good Cette volution s mantique est repr sentative de la tendance indiqu e plus haut la banalisation et l ironie qui s appliquent au lexique yiddish m me religieux en diachronie Bar Mitzvah Chez Allen les f tes religieuses juives sont voqu es dans les souvenirs d enfance et les r unions de famille souvent comment es en voix off ou dans ses films d poque situ s dans les ann es 30 Ainsi dans le film Deconstructing Harry une c r monie de Bar Mitzvah est comment e en flash back par Harry jou par le cin aste Les invit s s y congratulent grand renfort de Mazel Tov emprunt recens par Mencken 1977 261 sous la transcription mazel tof et employ on serious or ceremonial occasions Harry voice over Max and Dolly Pincus were married for thirty years They raised two children and there was never a family wedding or Bar Mitzvah where they were not generous participants Allen 1998 122 Recens par Mencken 1977 262 sous l orthographe bar mitzva et d fini comme the Jewish confirmation ceremony for boys le nom barmitzva est transcrit en un seul mot par Forgue 1992 55 Ornstein Galicia 1992 453 souligne que son int gration en am ricain est telle qu il a donn lieu au d riv verbal to be bar mitzvahed Mais en dehors des tats Unis il est class par Chiaro 2009 157 dans les
46. s ou locutions n s sur le territoire de ce qui est pr sent les tats Unis ou qui y ont pris ou conserv un sens ou des sens particuliers Forgue 1992 11 7 Selon Anthony Burgess 1976 40 ils repr sentent le quart de la population du Grand New York 162 de la production litt raire des auteurs issus de cette communaut Yiddish is one of the strongest and liveliest sources of new English or Yinglish partly because of the excellence of American Jewish novelists from Malamud and Roth to Grace Paley Howard 1986 69 Il faut noter enfin la filiation germanique commune l anglais et au yiddish qui a facilit l int gration lexicale et syntaxique de cet idiome dans la langue am ricaine Ornstein Galicia 1989 126 Cette parent fait qu il n est d ailleurs pas toujours ais de distinguer le fonds lexical initial de l emprunt An interesting group of borrowings related to or really an extension of the German loan words are those which have Yiddish as their source Marckwardt 1969 56 Dans certains cas le yiddish appara t en effet comme une tape transitoire d emprunt entre l allemand et l anglais am ricain 2 2 Yiddish l emprunteur emprunt Thomas Pyles cit par Dillard 1976 84 calls the language basically German with a large number of words from Hebrew and Slavic Ornstein Galicia 1992 451 pr cise cette filiation linguistique the structu
47. sity Press 1991 QUILLIOT Roland Philosophie de Woody Allen Paris Ellipses 2004 179 RIVET Marie Woody Allen The Relationship Between the Persona and Its Author in K Kimball ed Woody Allen A Casebook New York Garland Publishing 2001 consult le 28 07 2008 http www rivet translations com fr publications htm STEINER George After Babel Oxford Oxford University Press 1998 1975 STORA SANDOR Judith L humour juif dans la litt rature de Job Woody Allen Paris PUF 1984 SZABO D vid La place de l emprunt dans l argot de Budapest La linguistique vol 38 n 1 113 128 consult le 23 02 2009 http www cairn info revue la linguistique 2002 1 page 113 htm TOURNIER Jean Pr cis de lexicologie anglaise Paris Ellipses 2004 1993 UNITED JEWISH APPEAL FEDERATION OF NEW YORK The Jewish Community Study of New York 2002 consult le 22 01 09 http www ujafedny org atf cf 7BAD848866 09C4 482C 9277 51ASD9CD6246 7D J commStudyHouseholdandPopulation pdf VINAY Jean Paul amp DARBELNET Jean Sfylistique compar e du fran ais et de l anglais Paris Didier 1977 1958 Dictionnaires et glossaires Cambridge Advanced Learner s Dictionary CALD Cambridge Cambridge University Press 2008 1995 Concise Oxford Dictionary of Current English COD Oxford Oxford University Press 1977 1964 Harrap s Slang Dictionary Edimburgh Chambers Harrap Publishers 2003 Webst
48. ss e dans le domaine public sans pour autant y gagner en respectabilit Cette langue parall le est plus ou moins connue de chacun et ce qui la distingue ce sont les situations dans lesquelles elle s emploie 5 C est l auteur qui souligne 160 the little man at odds with his environment that remains an apt metaphor for the Jewish experience in history an image of a man eternally bewildered by a hostile universe Desser amp Friedman 2004 2 Le nom schlemiel les deux orthographes sont recevables mais shlemiel appara t 6 fois seulement dans le Brigham Young University Corpus of Contemporary American English COCA alors que la graphie schlemiel y est relev e 51 fois est r pertori dans le Harrap s Slang Dictionary 2003 105 avec la traduction minable et l annotation North American Il est galement attest dans The Pocket Dictionary of American Slang Wentworth amp Flexner 1968 283 avec en variante une troisi me graphie schlemihl et la d finition An oaf a fool esp A stupid awkward clumsy fellow a jerk 1 3 Yiddish et argot On remarquera qu il s agit l de dictionnaires sp cialis s en argot ce qui connote donc particuli rement le terme Si David Szabo 2002 117 constate que le tsigane et le yiddish langues tr s peu connues en dehors des communaut s concern es ont t volontiers mis contribution par les argotiers de divers pays Forgue 1992
49. t pop ces abr viations qui donnent les jetons aux traducteurs dialoguistes Meta XLIX 1 2004 193 207 FERGUSON Charles A amp HEATH Shirley Brice Language in the USA Cambridge Cambridge University Press 1982 1981 FORGUE Guy Jean Les mots am ricains Paris PUF 1992 1976 GENTZLER Edwin Translation and Identity in the Americas London Routledge 2008 GILLAIN Anne Manhattan Woody Allen tude critique Paris Armand Colin 2005 1997 GoLD David L The Speech and Writing of Jews in Charles A Ferguson amp Shirley Brice Heath eds Language in the USA Cambridge Cambridge University Press 1982 273 292 GOLD Elaine English Shmenglish Yiddish Borrowings into Canadian English Actes de l Association Canadienne de Linguistique 2002 108 120 consult le 17 02 2009 http www chass utoronto ca cla acl 2002 Gold_2002 pdf HOWARD Philip The State of the Language Harmondsworth Penguin Books 1986 1984 KATAN David Tranlating Cultures Northampton St Jerome Publishing 2004 LAURIAN Anne Marie Humour et traduction au contact des cultures Meta XXXIV 1 1989 5 14 consult le 17 02 2009 http www erudit org revue meta 1989 v34 n1 003418ar pdf LAX Eric Entretiens avec Woody Allen trad Philippe R Hupp Paris Julliard 1992 LE BARS St phanie Si le catholicisme reste la religion la mieux tablie dans l Hexagone 27 6 des Fran ais se d clarent ath es Le Monde
50. ti l appartement et le peignoir de son ami Mendel Harvey No stop calling me Mendel Please l m just using his pad Death Right They always have an excuse Let s go move it you little putz Allen 1998 38 Le nom yiddish putz est pour Wentworth amp Flexner synonyme de prick Il serait d un usage relativement r cent car il n appara t que dans la seconde partie du Pocket Dictionary of American Slang le Supplement of New Words r dig par Flexner en 1968 Quarante ans plus tard le CALD 2008 1159 l identifie explicitement comme US slang a stupid person et le COCA en propose 69 occurrences A l inverse de nos pr c dents exemples il a fait l objet d une assimilation graphique et phonique stable facilit e par sa structure monosyllabique Le doublage traduit le niveau de langue vulgaire de la r plique La Mort Mais oui Ils ont toujours une bonne excuse En route Magne toi trouduc Allen 1998 39 Mais une fois encore priorit est donn e au sens et toute r f rence au yiddish a disparu Shmuck Dans Annie Hall lors de la premi re rencontre d Annie et Alvy le r alisateur a choisi de faire appara tre l cran sous forme de sous titres les pens es des personnages tout fait diff rentes des dialogues entendus par le spectateur La voix int rieure d Annie est ainsi transcrite Annie God I hope he doesn t turn out to be a shmuck like the others Allen amp 165
51. uivant Me she wants to help et cite aussi des cas de d placement d adverbes et l emploi al atoire de so qui peuvent aboutir des phrases du type So stop already Concernant la prosodie il rel ve un sch ma h rit des r citations de pri res one that consists of a series of rises punctuated by a mild descending tone and ending with an interrogative upward one Et Fabrice Antoine d crit un autre de ces emprunts prosodiques un proc d rh torique typique du yiddish affirmative avec intonation interrogative valeur sarcastique 2004b 133 3 La fonction expressive des yiddicismes argot mais pas trop Sur le plan lexical ce sont les emplois effectivement int gr s par la population 8 Voir aussi sur ce point Fran oise Ouzan 2008 102 106 163 am ricaine au del de la communaut juive que nous retrouvons chez Allen dans les dialogues en am ricain familier ou non standard tels que ceux pr sent s ci dessous La plupart ont connu une volution s mantique notable au cours de leur int gration en anglais am ricain Nous en avons retenu quatre exemples significatifs 3 1 Occurrences filmiques Meshugana Dans le film Deconstructing Harry Lucy ex belle s ur de Harry avec qui elle avait eu une liaison est venue le poursuivre chez lui arm e d un revolver Harry Look l m not going to stand on this fucking roof eh with a world class meshugana cunt and beg for my life
52. version doubl e sous peine d tre incompris par le public Mais ce choix traductionnel entra ne alors une perte stylistique en gommant l trang it des termes d origine illustrant le dilemme auquel est confront l adaptateur audiovisuel Bibliographie Corpus Films Annie Hall Dir ALLEN Woody sc nario Allen Woody amp Brickman Marshall perf Woody Allen Diane Keaton Tony Roberts Carol Kane Paul Simon 1977 United Artists Corporation Metro Goldwyn Mayer Studios 1h29 Manhattan Dir ALLEN Woody sc nario Allen Woody amp Brickman Marshall perf Woody Allen Diane Keaton Michael Murphy Mariel Hemingway Meryl Streep 1979 Metro Goldwyn Mayer Studios 1h36 Radio Days Dir ALLEN Woody sc nario Allen Woody perf Mia Farrow Julie Kavner Seth Green Jeff Daniels Diane Keaton 1987 Orion Pictures 1h25 Crimes and Misdemeanors Dir ALLEN Woody sc nario Allen Woody perf Alan Alda Woody Allen Mia Farrow Anjelica Huston Martin Landau 1989 Orion Pictures 1h40 Deconstructing Harry Dir ALLEN Woody sc nario Allen Woody perf Woody Allen Billy Cristal Mariel Hemingway Tobey Maguire Demi Moore Robin Williams 1996 Sweetland Films B V amp Magnolia Productions 1h35 Hollywood Ending Dir ALLEN Woody sc nario Allen Woody perf Woody Allen Tea Leoni Debra Messing Treat Williams 2002 DreamWork Pictures Gravier Productions 1h47 Livres ALLEN Woody Radio Days London Hollywood
53. voir dans les versions doubl es en fran ais des films de Woody Allen Mots cl s emprunt Anglais am ricain Yiddish cin ma Woody Allen traduction doublage Kk k Abstract Woody Allen is considered the heir to the greatest American burlesque artists first of all the Marx Brothers for he embodies a Jewish humor tradition as they also do His Jewishness is more cultural than religious as can be seen in the self derision applied to his own alter egos clear references to the traditional Schlemiel character It also implies the repeated borrowing of Yiddish words Those loan words are largely assimilated by American speakers since the linguistic contribution from Yiddish to American English and its influence widely outgrows the Jewish American circle This impact can be ascribed to a massive Jewish presence in the media and entertainment industries and to the easy transfer process from Yiddish to American English due to their common German origin But far beyond the usual technical or cultural reasons for borrowing Yiddishisms often have an affective aim in speech due to specific lexical shifts which occur while these loan words are integrating the American language This and the cultural connotations they bear imply special difficulties when translated into a third language as can be seen in the French dubbed versions of Allen s films Keywords loan words American English Yiddish cinema Woody Allen
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