Les fractures culturelles françaises. Marie Thonon
Contents
1. elle est tout simplement populaire Le peuple a pris la parole ceci est notre histoire Mais a t on r ellement per u et d voil dans quelles conditions Elle sera largement ouverte tout particuli rement avec le t l phone mais Yves Stourdz faisait tr s justement remarquer que c tait sous la forme du murmure Philippe Breton dit de la d mocratie qu elle est le r gime du convaincre Il d crit bien la condition d acc s la parole donn e sans le mode d emploi L exercice de la parole n est plus enseign sa th orie se d lite son thique se d sa gr ge 4 La R publique si soucieuse d ducation a trahi cette valeur cen trale de ses actions Quel est alors le moyen de la souverainet de ce peuple maintenu en position de servilit volontaire et abus sur son pouvoir Et Pon relit volontiers La Bo tie Quen est il donc de l lite responsable des lites quand des recherches leur propos Elitisme traditionnel n o litisme r habilitation populiste enfin toutes ces attitudes ont un point en commun celle de penser globale ment le peuple amus devant son cran exactement comme on pensait jadis le peuple ignorant et violent 5 Le t le de l cole le r le de P lite des lites ne devraient ils pas tre au c ur de toute d mocratisation Les d veloppe ments industriels et technologiques ont jou leur partie et il serait erron de leur renvoyer toute la responsabilit des2. fiction Cette diff rence c est le sens Le sens c est dire le r sultat de la m tamorphose que les formes op rent sur les messages pour que la vie puisse advenir dans les langages les pratiques signifiantes et les syst mes symboliques Si linsens et l insignifiance peuvent se parer de belles plumes et tre de bons leurres esth tiques quelles sont les formes des patoles des gestes des images des sons que les fictions contemporaines pourraient prendre afin de repr senter nouveau le d sir de sens dans une culture commune Les in galit s sociales d nonc es ne peuvent se contenter de se voir uniquement opposer l galit de tous Les places des meilleurs seront toujours conqu rir en quelque domaine que ce soit avec des preuves de travail de comp tence ou de talent faut il encore 7 Dany Robert Dufour 2005 On ach ve bien les hommes Paris Deno l p 58 83 MEI n 24 25 tudes culturelles Cultural Studies 2006 pouvoir les donner La dialectique de reconnaissance entre le peuple et les lites doit exister pour que le lien social soit fort Double je triple je etc beaucoup de sujets en sont maintenant les vivantes incarnations et les exp rimentateurs L lite qui voyage et parle plusieurs langues mais aussi l immigr et le paysan qui se soignent avec des plantes et d cryptent l IRM sont de nouveaux sujets Que de pratiques nouvelles et tonnantes dans ces vies contem
3. qu elle vienne Nous nous pr parons une r p tition insens e de toutes les formes de notre culture en attendant un autre v nement impr visible Jean Baudrillard n est pas tou jours la Cassandre attendue car c est bien ce quoi nous assistons r p tition insens e multiculturalisme fou appropriations nigmatiques accords souterrains etc Dominique Pasquier citant Olivier Donnat rel ve qu il souligne l hybrida tion croissante des univers culturels particuli rement sensibles chez les g n rations n es depuis l Apr s guerre cons cration de la culture juv nile spectacularisation de cer tains aspects de la culture cultiv e d veloppement de formes d clectisme culturel per mettant des combinaisons plus nombreuses et plus vari es d clin du pouvoir distinctif de certaines pratiques culturelles comme la lecture Ceci r sume bien ce qui ressort des tudes actuelles o les chercheurs tentent de re fabriquer des cartes et des boussoles la recherche Olivier Donnat d termine les sept univers culturels des Fran ais Bernard Darras tablit un plan des diff rentes conceptions de la culture et des pratiques se superposant ou se juxtaposant J sus Martin Barbero pr ne quant lui la perspective historique Il est vrai que le travail en histoire culturelle est relativement r cent On doit signaler l Histoire culturelle de la France de Maurice Crube lier parue en 1974 mais sa
4. s oppos es il y est pris acte des mutations culturelles issues de la hausse des niveaux de vie de la consommation comme mode de vie de la croissance des foules urbaines de l invention de m thodes nouvelles de la repr sentation et de techniques de repro duction des paroles des crits et des images de l apparition des masses et de l homme sans qualit s En m me temps des romanciers et des diteurs d battent s engagent s essaient une litt rature populaire et industrielle et posent d j les jactho wanadoo fr Pour n en citer que quelques uns Ortega y Gasset Julien Benda Oswald Spengler Ren Gu non Jean Huizinga Paul Val ry Sigmund Freud et bien s r l cole de Francfort et Hannah Arendt MEI n 24 25 tudes culturelles Cultural Studies 2006 termes du questionnement qui n a cess de r sonner jusqu aujourd hui Serions nous en retard aurions nous t partiellement sourds cette crise ces bauches d analyse que notre histoire r cente nous engageait prendre tr s au s rieux Sans doute ou alors avons nous pens lavoir r solue en nous abandonnant la g n reuse id ologie r publicaine conduite en politique par l tat et dont l chec patent nous am ne reprendre le questionnement des ann es 1930 Bernard Darras terminait un crit r cent sur les conceptions de la culture par cela ainsi en est il des tr s importantes questions suiv
5. 24 25 tudes culturelles Cultural Studies 2006 faire des citoyens alors que la campagne est laiss e sa suppos e puret originelle son authenticit paysanne de primitifs Il s agit dans tout ce triage d viter les conflits de classe Il ne s agit aucun moment de reconna tre d autres cultures ni celle des ouvriers ni celle des paysans La fameuse premi re recherche de Van Gennep 1937 est un inventaire des traditions et coutumes de ce pays rural avant lindustrialisation C est ainsi que s est construite la cat gorie savante comme le fait remarquer Roger Chartier de culture populaire sorte de mixte indistinct de culture ouvti re urbaine et industrielle et de culture paysanne villageoise et rurale Elle en fait noy la diversit de ces cultures sous cette appel lation ce qui en tout cas permettait de pr server la culture savante de tout m lange Basse culture qui saura englober la culture de masse lorsque la consommation et la t l vision auront gagn l ensemble des couches sociales Comme le dit Genevi ve Pujol es Fran ais croient dans les vertus de l duca tion L ducation devrait permettre de cr er un autre rapport politique entre le haut et le bas Dans les ann es 1950 la culture va remplacer P ducation dans cette fonction Remani e sous la forme de l animation socioculturelle dans les ann es 1960 Puis d s les ann es 1980 tablie au service de la politique c
6. donn s ici Nous n en avons pas la possibilit mais nous pouvons remarquer qu un certain nombre de caract res sont dores et d j mis en relief comme les l ments essentiels des fictions communes la simplicit dont on sait que c est du grand art la r p titivit celle de l enfance le rire les larmes la transgression le suspense le st r otype le jeu du vertige Cette histoire des formes et de leurs embrassements pourrait redonner le go t de la recherche de fond si la politique culturelle jouait son r le La notion de litt rature industrielle a t trouv e on le sait par Sainte Beuve en 1839 tre sur ces m mes positions aujourd hui c est tre en retard d un d bat et d une poque Hollywood premi re industrie du cin ma nous a montr que l art c toyant la s rie B ne s y est pas perdu Witold Gombrowicz 1984 Souvenirs de Pologne Paris Christian Bourgois p 67 Milan Kundera L art du roman Les testaments trahis Le rideau Essais Paris Gallimard Umberto Eco Jesus Martin Barbero Jean Mottet 84 Les fractures culturelles fran aises M Thonon au prix bien s r des combats constants men s par les meilleurs et leur r sistance permanente Les singularit s surgissent l o elles peuvent de la pauvret de la guerre du bonheur du commerce du savoir et du d sir dans tous les cas C est la responsabilit des lites de veiller au divertissem
7. e par Charles de Gaulle Une vraie continuit dans la hi rarchie culturelle mais qu il serait d sormais possible de gravir gr ce aux bons soins de l tat r publicain et d mocra tique Telle est la destin e d une r publique qui en faisant uvre de culture n en accepte que les attributs monarchiques comme si la politique culturelle n tait que l expression d mocratique du d sir du prince f t il r publicain Jacques Attali n a t il pas dit de Fran ois Mitterand qu il fut le dernier roi de France D s lors c est bien s r le peuple qu il est question de hisser ces som mets Disons les choses simplement et en gros Joseph Fredman tait une brute I buvait et il cognait Son instruction a d tre peu pr s inexistante si on excepte qu il savait lire crire et compter Ses centres d int r t taient loin d tre sophisti qu s Voil ce peuple inculte barbare et grossier et dont la qualit ouvri re lui permettrait cependant d tre susceptible de r demption Ce qui se mettra en place sous le titre d ducation populaire Le dangereux peuple des villes sera alors Pobjet de sollicitations ducatives tonnantes nombreuses ralliant la cs et catholiques pour instruire les ouvriers et en Michel Authier et Marie Thonon 1982 Secret et s curit SPES DGT Jean Michel Djian Op cit p 38 Henning Mankell 2000 Le guerrier solitaire Paris Seuil p 277 73 MEI n
8. fractures culturelles fran aises M Thonon Les tudes culturelles la fran aise pr venues des cueils rep r s sous les fractures sont riches de possibilit s Si la th orie de la l gitimit hi rarchique est globalement contest e il n est pas pour autant question de croire qu il n y a aucun rapport entre l origine sociale et les choix cultu rels vouloir se d faire de cette th orie vouloir r parer on prend le risque d une l gitimation rebours perverse de tout ce que laudience pl biscite L analyse de la culture de masse ne doit pas servir de blanc seing sa valeur propre ce qui n est pas quivalent sa qualit nouvelle norme technique et professionnelle quand elle n est pas seulement poli tiquement correcte Autant nous trouvons riches et percutantes les pro positions d ric Maigret et d ric Mac sur les m diacultures autant nous adh rons aux r serves d Armand Mattelart et d ric Neveu sur les d rives des Cultural Studies actuelles La question de l offre en mati re de culture doit rester en filigrane des analyses car la puissance h g monique des groupes industriels n a d gale que sa n cessit d homog n isation des contenus Nous avons alors terriblement besoin des conomistes de la culture Ce n est pas un secteur suffisamment d velopp car ceux ci n ont gu re t encourag s On se tourne vers eux lorsque la crise latente explose au grand jour
9. m me culturelle et esth tique d vore use et consume toutes les cr ations N a t on pas comptabilis que la publication la plus lue au monde apr s la Bible c est le catalogue IKEA avec 160 millions d exemplaires Les jeunes r volt s contre le CPE n ont ils pas inscrit avec ironie P sur une banderole Nous voulons consommer rappelant qu il faut bien en passer par l quitte savoir quoi et dans quelles conditions Daniel Bougnoux 2005 MEI n 22 p 17 Charles Fourier in Bernard Maris 2005 Antimanuel d conomie Paris Br al p 328 Jean Boniface 1961 Arts de masse et grand public Pr face d Alfred Sauvy Paris Editions ouvri res La Stampa cit e par Courrier international 2006 N 807 78 Les fractures culturelles fran aises M Thonon Les tudes culturelles Venus de diverses disciplines des Sciences humaines de nombreux cher cheurs ont travaill sur les tenants et aboutissants de la politique cultu relle et sur les mutations culturelles depuis une trentaine d ann es Mais les tudes culturelles restent un genre flou selon l expression de Clif ford Geertz Il faut cr diter les Sciences de l information et de la communication d avoir commenc les rassembler et de les avoir encou rag es par l attention qu elles ont port l analyse des m dias et lPanalyse de leur r ception Il faut aussi reconna tre aux Cultural Studies dont il faut d cid ment
10. Les fractures culturelles fran aises Marie Thonon Universit Paris VIN Vincennes Saint Denis CEMTI MSH Maison des Sciences de l Homme Paris Nord En France les tudes culturelles sont encore relativement dispers es comme des cerises sur le g teau de la recherche saupoudrant de ci de l les tudes en communication en histoire en sociologie en philosophie en anthropologie en conomie en sciences politiques en g opoli tique L interdisciplinarit semble cette fois essentielle penser la crise de la culture et de la d mocratisation Les tudes fran aises sont anciennes et nombreuses Bouscul es par les Cultural Studies elles se sont vues contraintes de r v ler leurs sonbassements qui aujour dhui volent en clats Nous souhaitons ici identifier ces fractures afin de poursuivre la recherche en y conservant n anmoins la passion fran aise pour la culture Le d sespoir est un manque d imagination Georges Dum zil Et lon se prend r ver que tous et chacun d cident de tout arr ter que raisonnablement tous et chacun d posent les cartes sur la table et m me les r gles du jeu On arr te tout on r fl chit et on travaille Crise de la culture voire de la civilisation apr s tout le diagnostic n est pas r cent Depuis 1930 les ouvrages de chercheurs et d crivains qui lPabordent en ces termes sont abondants et unanimes Avec des points de vue et des analyses souvent tr
11. Pour citer quelques pionniers en la mati re Pierre Jean Benghosi Laurent Creton Xavier Greffe Pierre Michel Menger Armand Mattelart op cit p 79 Bernard Mi ge Capitalisme et industries culturelles Pr face la deuxi me dition p 80 81 MEI n 24 25 tudes culturelles Cultural Studies 2006 v ritable politique de emploi se trouve en d cadence et de plus en plus livr une concurrence dont Bernard Maris estime qu elle conduit tou jours la mauvaise solution et qu au demeurant elle est inefficace Les tudes de r ception ont souvent tendance confondre la r ception et la demande Ce que regardent les t l spectateurs exprime partiellement la demande mais surtout leur r action l offre 1 Aucune enqu te ne prouve que le grand public entre deux missions d gal int r t choisit syst matiquement la plus m diocre 2 Dont acte Si le th tre public se meurt faute de fr quentation si Part contemporain reste litiste ou se mue en spectacle de foire ou en files de consomma teurs d v nementiel la t l vision ne cesse d augmenter son offre et ses audiences Nous savons que nous devons traduire et ainsi revaloriser le peuple Le peuple n est pas le people mais renverser la loi de Baumol ne dispense pas pour autant de questionner l offre dans tous ses tats dans l institution et sur le march On croyait la t l vision r publicaine
12. antes qu est ce que la d mocratisation de la culture que doit on d mocratiser dans la culture pour qui comment pour quelles raisons et pour quelles finalit s Jean Michel Djian terminait ainsi un bilan r cent de la politique culturelle fran aise pourquoi ne pas lancer solennellement une commande publique une douzaine d intellectuels patent s pour leur sugg rer de repenser la fonction de la culture dans notre soci t ric Maigret et ric Mac ont lanc quant eux un programme en forme de manifeste provocant qui met en cause d finitivement le mod le th orique de la l gitimit partir des analyses des m dias produites par les Cultural Studies 4 C est qu en effet la France pays de la culture pays de la politique cultu relle pays de Pexception culturelle est peut tre plus que toute autre nation troubl e et en plein d sespoir culturel Nulle part ailleurs les socles les structures les institutions de culture n avaient suscit une telle croyance tablie en r publique et en d mocratie depuis plus d un demi si cle la culture faisait l objet d un consensus national que les sondages confortaient r guli rement m me si les pratiques leur chappaient et en faisaient vaciller la ferveur n arrivant plus en dissimuler les fractures qui mettent mal le mod le lui m me Que ce soit l cole ou l univer sit que ce soit propos des arts et des artistes que ce so
13. baisser Ah oui se divertir qui revient tel un boomerang qui a pris le pas sur toutes les autres dimensions et n a jamais t pris au s rieux Il faudra toute la t nacit et l imagination des artisans de la t l vision pour malgr tout proposer des genres nouveaux au public La culture m diatique sera accept e mais seule la revue d Edgar Morin Communications portera une attention soutenue la t l vision sa r alit de miroir de la soci t et lui fera dire sa v rit miroir mon beau miroir Par ailleurs la recherche des ann es 1960 m prise la t l vision Le para doxe fran ais c est que beaucoup de responsables politiques en particulier d cident de ce que doit tre la t l vision alors qu eux m mes l utilisent tr s peu Au fond ils consid rent que c est un instrument de bas tage sauf quand ils passent de l autre c t Sauf aussi lorsqu elle peut servir tre un instrument de contr le de Pinformation sauf aussi lorsque l on regarde le sport et le reste en secret comme on s encanaille La t l vision c est bon pour le peuple Revenons pourtant ce divertir Le divertissement auquel Pascal avait pris la peine de penser Souvenons nous il le recommande afin de sau ver le roi de la v rit impossible entendre que Nietzsche retrouve en recommandant Part pour ne pas mourir de la v rit Jean Giono invente un m tayer qui est comme le roi quelqu un q
14. comme ce fut le cas pour les intermittents du spectacle Ana lyser des productions artistiques ou des pratiques culturelles sans vo quer les contextes de leurs conditions de production de diffusion de communication de promotion n est rien moins que la dissimulation d une donn e essentielle de leur existence N en pas faire mention laisse filer la priorit naturelle du march la hi rarchie implicite et chiffr e des produits le march tant parfois aussi la r sultante de r seaux de milieux qu il serait tout fait int ressant de conna tre et de rendre plus transparents Quant la t l vision il n est plus question aujourd hui de lexclure du champ des tudes L analyse de la r ception est poursuivre mais il serait utile de lui adjoindre analyse de la conception Nous savons tr s peu de choses sur le nouveau milieu des professionnels que sont les produc teurs les programmateurs les sc naristes les techniciens du num rique les internautes les cr ateurs Autant de nouveaux m tiers ou activit s qui font face aux enjeux techniques venir aux directions de cha nes et de canaux voire aux financiers Ils sont en situation de n gociation perma nente de Pavenir Le glissement du concept de culture vers la communication a aussi renvers l ordre des formations et des pratiques professionnelles Les artistes d fendent mal leurs int r ts devant les industries et le milieu sans
15. crises L acc s conomique la culture travers la production industrielle et la multiplicit des sup ports techniques a t assur en tout cas pour les couches moyennes largies celles qui ne sont pas exclues du travail Ma s pour tout le reste Dominique Wolton 1993 Pour le public Herm s n 5 11 12 p 12 Michel Souchon 1993 Le vieux canon de 75 Herm s n 5 11 12 p 242 ric Mac 1993 La t l vision du pauvre Herm s n 5 11 12 p 161 Philippe Breton 1997 La parole manipul Paris La D couverte p 169 J r me Bourdon 2005 La t l vision et le peuple ou le retour d une nigme Herm s n 42 p 112 82 Les fractures culturelles fran aises M Thonon la part du symbolique celle qui fait sublimer les pulsions celle qui fait devenir un sujet critique et sur laquelle les lites doivent veiller que s est il pass Trahi le peuple s est transmu en grand public et il incarne d s lors un grand retour du refoul qui d vore la t l vision et la culture Les lites sont dans leur principe ce qu il y a de meilleur dans un groupe une communaut une soci t lues et choisies ce titre devant servir par leur savoir et leur thique conduire les groupes sociaux telles un rempart contre la barbarie aussi light soit elle Leur l gitimit leur vient du peuple qui les soutient en confiance Qu en est il de la d mocratie q
16. des Le vice de notre syst me social est de ne pas savoir mener de front les plaisirs et l industrie 2 Ni la R publique qui souhaitait avec la t l vision une seconde cole ni le pouvoir qui l instrumentalisa ses fins ni l industrie qui pervertit le plaisir n ont t r ellement confront s une critique qui aurait revendiqu le divertissement avec vigilance le laissant bient t devenir un loisir addictif O se situe la ligne troite fragile et toujours menac e du divertissement dont toutes les cultures humaines ont eu inventer les formes Des formes des histoires cruelles et dr les tragiques et comiques tout ensemble Le peuple le public a pris la t l vision comme il a pris la Bastille Il a r v devant cet cran de divertissement salutaire or il s est retrouv consommateur quantifi r ussissant malgr tout se faire reconna tre peut tre sans plus de connaissances Mais il en r ve toujours En 1950 la Commission Sup rieure des Conventions collectives laborant son budget type r servait un poste aux loisirs et la culture I y avait officiellement un consommateur culturel 12 4 km de culture pratiquez un sport l extr me allez au Louvre Telle est la derni re campagne de communication du Louvre Demain soir risquez vous la culture sur France2 Telle est la promotion de mission Campus de Guillaume Durand La consommation devenue elle
17. e ne semblent suffisam ment convaincantes Nietzsche r pondait sur PArt rien que sur PArt Cette conception de la culture que l on a dite bourgeoise savante la haute culture s est en effet confondue avec Part et la R publique s est install e sur cet h ritage de l aristocratie lettr e du XVII si cle poursui vant ainsi le mod le d organisation hi rarchique de la pyramide soci tale fran aise Que Pon se souvienne pour exemple comment l invention de la photographie a t furieusement adopt e par la bourgeoisie friande de se faire faire les portraits daguerr otyp s de son ascendance et de sa des cendance l image des galeries d anc tres de la noblesse Cette m me n cessit de reconnaissance a reconduit l art comme seul signe de culture laissant d ailleurs de c t la science qui pourtant au XIXe si cle commence prendre une place consid rable dans la pens e et la conduite des hommes C est ainsi que de la R volution fran aise en pas sant par la R volution industrielle jusqu aujourd hui la culture tr s naturellement ce sont les beaux arts ceux que Andr Malraux entre prendra de d mocratiser cette perspective s est bien s r ajout e la volont r publicaine de don ner tous en toute galit et en toute g n rosit acc s cette haute culture par le biais d une politique qui sera port e par la gauche de 1936 agie par Jean Vilar et son TNP sanctifi
18. ent du peuple devenu souverain comme elles veillaient au divertissement du roi Moli re revint de son exil Brecht crivit un op ra m lodrame de quatre sous on entend encore les esclaves noirs dans le blues le rock et le jazz Coluche fut le bouffon du peuple l oralit est r cup r e dans les eno velas chacun fredonne les m mes chansons Si l tat doit rester un acteur essentiel de l ducation et de la culture c est en se donnant les moyens de continuer cultiver ses lites et en leur donnant les moyens de travailler pour r sister la domination des formes norm es du march Comme l crivait John Cage en 1976 Et l important ne me para t pas de toucher tel public plut t que tel autre il est plus efficace de faire comprendre aux musi ciens ce qui est la base de leur propre effort ils finiront bien par le dire aux ouvriers 1 John Cage entretiens avec Daniel Charles 1976 Pour les oiseaux Paris Belfond p 238 85
19. fois tr s diff rent Ce qui permettrait aussi den mesurer lenjeu anthropologique et le formidable d fi de la red finition de la culture sur laquelle la soci t devrait s accorder H faut beaucoup de culture pour cr er quelque chose comme un second tat de nature et pour que les produits de l industrie humaine puissent symboliser les grands th mes anthropologiques l identit la relation le destin 1 I nous faut toute la force du pass Pier Paulo Pasolini pour reconstruire Pordre symbolique revenir au sens initial et ancien du mot culture le latin cultura qui signifiait le soin apport aux champs et au b tail Non pas revenir la nature dans sa mythique puret mais au travail permanent des humains se doter d une seconde nature Les d bats actuels de l industrie agro alimentaire et des probl mes de ressources naturelles de notre plan te nous semblent parfois plus en phase avec l urgence de la situation Et pourtant il y a aussi urgence pour la et les cultures Ainsi tout porte la 1 Marc Aug 1994 Un ethnologue dans le m tro Paris Hachette p 94 79 MEI n 24 25 tudes culturelles Cultural Studies 2006 r conciliation des tudes et des chercheurs Une moralisation de n ces sit qui pourrait simplement s appeler Pinterdisciplinarit pratiqu e au del de toutes les appartenances territoriales Il faut beaucoup de culture mettre en commun d o
20. garder appellation anglaise tant elles ne sont pas un quivalent des tudes culturelles de les avoir provoqu es et conduites remettre en question les socles m mes des conceptions de la culture la fran aise Toutes les tudes qu elles soient sociologiques conomiques juridiques politiques historiques sont regrouper Si Pon reprend la longue his toire de la notion de culture depuis le XVIII si cle o elle s est affirm e jusqu aujourd hui on doit constater qu elle s est immerg e dans le dis cours ordinaire o elle est devenue op ratoire mais de plus en plus incertaine conceptuellement Elle s est vue adjoindre de multiples qualifi catifs qui pr cisent malgr tout l ordre ou le d sordre social qu elle accompagne au del de la culture populaire et de la culture savante de la culture de masse et de la culture m diatique on assiste actuellement une d clinaison infinie du qualificatif culturel qui d signe tous les groupes sociaux et toutes leurs situations d activit de travail et de loisir toutes les variables de sexe ou d ge s y retrouvant galement L usage social de la notion loin d tre une assise scientifique exprime n anmoins les id ologies et les espoirs les int r ts et les go ts Sa diffusion sociale serait en elle m me un objet d enqu te de terrain significatif sur le sens que chacun entend sous le m me vocable et qui serait probablement chaque
21. il soit enfin en France habilit entrer dans Part Art et industrie la contradiction est pos e et Pon sait le double destin du cin ma fran ais et am ricain En France le cin ma ne fut jamais r ellement une industrie mais plut t un artisanat quitte accepter au fil du temps la singuli re appellation d industrie de prototypes qui permettait de retrouver l art devenu cin ma 1 Armand Mattelart 2005 Diversit culturelle et mondialisation Paris La d cou verte p 32 75 MEI n 24 25 tudes culturelles Cultural Studies 2006 auteur Hollywood on le sait le cin ma a tout de suite t une industrie la s rie la division du travail la construction et la conqu te des march s en font foi En bonne logique industrielle Hollywood saura innover dans ses produits en accueillant les immigrants forc s que furent les juifs allemands fuyant le nazisme et en portant attention par le biais des ind pendants la Nouvelle vague fran aise Ce double apport four nira les id es nouvelles dont Pindustrie a besoin pour se renouveler Pour les intellectuels fran ais il s agit alors d aller au cin ma comme on va la messe de croire Part dy avoir des r v lations cependant que le peuple comme les Am ricains y va pour s amuser se divertir La valeur n en est plus l art mais l enferfainment Que ces conceptions se soient croi s es entrechoqu es oppos es ne signifie pas qu elle
22. it propos de la t l vision publique donc de tous les supports et enjeux de la d mocra tisation culturelle il y r gne un vent de catastrophe qui nourrit de mul tiples d bats Un champ de ruines y appara t mais quand on y d ambule on peut aussi songer que ce sont des anticipations d avenir Yves Stourdz Pour autant faut il encore les explorer y faire face creuser les fractures et y refaire surgir ce beau souci fran ais de la culture qui est toujours de transmuer les relations sociales en objets de repr sentation afin de parer l angoisse du retour l ind termination de l humain Pour n en citer que quelques uns Gallimard Hachette George Sand Joseph Kessel Pierre Mac Orlan Georges Simenon Francis Carco Arthur Londres Witold Gombrowicz etc Bernard Darras 2003 tude des conceptions de la culture et de la m diation MEI n 19 p 83 7 Jean Michel Djian 2005 Politique culturelle la fin d un mythe Paris Gallimard coll Folio p 151 ric Maigret amp ric Mac 2005 Penser les m diacultures Paris INA amp Colin 72 Les fractures culturelles fran aises M Thonon La fracture id ologique Une conception unique de la culture en France qui la place tout en haut comme un id al atteindre comme un salut potentiel comme un para dis qui donne sens et saveur la vie Sur quoi fonder une civilisation lorsque ni la religion ni la politique ni la scienc
23. n ais de l entre deux guerres r v lent surtout un habitus national la r ticence croiser culture et conomie 1 Lorsqu on parle d art on ne parle pas d argent c est grossi rement ainsi que cela se manifeste On sait l histoire des artistes soumis aux caprices du prince que ce soit pour les peintres de la Renaissance italienne les caves des mus es contiennent des chefs d uvre qui repr sentent le peuple que ce soit pour les musi ciens allemands du XVIII si cle errant d un salon l autre en Europe et Mozart s y puisa en passant par l exil de Moli re en province pendant 17 ann es Comment ne pas produire alors au XIX si cle une id ologie de soutien le fameux mythe romantique de lartiste maudit mis rable et fou que Van Gogh accomplit Parler d argent serait salir ce sacr auquel on tient tant et qui demande des crucifi s et des saints de lart La cri tique artistique moderne ne parle que d art jamais d argent ni m me des conditions de production des uvres Comme si seule la souffrance tait le prix et la source du g nie jusqu l exc s actuel de ne le mesurer qu au chiffre des ventes Quand on parle d art on ne parle pas non plus d industrie Pourtant lorsque na t le cin matographe en 1895 c est bien en tant qu industrie qu il se d signe C est aussi parce qu il rencontre un succ s foudroyant aupr s du peuple qu il fait fuir la bourgeoisie avant qu
24. ns oublier Pascal Ory il faut attendre 1989 pour qu une avanc e d cisive s effectue en faveur d un d veloppement de Phistoire culturelle qui r unira de belles tudes Le terme de culture de masse sera adopt par Dominique Kalifa d s 2001 et l tude des m dias y sera int gr e Sous les diff rents travaux des id ologies sont perceptibles mais ils nous permettent de reconsid rer la diversit des go ts travers des pratiques souvent consid r es comme vulgaires ou mineures L histoire culturelle r gionale devrait aussi faire l objet de recherches sans la r duire au devoir de m moire locale ou de folklore On peut y rep rer des processus tr s modernes et tr s inventifs de combinaisons de nouvelles formes des formes anciennes 4 La diversit est pr sente dans les petits territoires et la cr ativit tout autant Milan Kundera rapporte qu une des formes majeures dans l art de raconter les histoires la saga fut invent e au XIV si cle en Islande le plus petit pays d Europe Jean Baudrillard 2005 Le complot de l art Paris Sens et Tonka p 26 Dominique Pasquier 2005 La culture populaire l preuve des d bats sociologiques Herm s n 42 p 64 Jean Fran ois Sirinelli et Jean Pierre Rioux 1997 Pour une histoire culturelle Paris Seuil Par exemple Alain Quella Vill ger dir 2004 Poitiers 1800 1950 Une histoire culturelle Poitiers ditions Atlantique 80 Les
25. poraines Sans parler des contacts internautaires Qu y deviennent les distingo de la distinc tion Si les couches moyennes ont repouss la fronti re sup rieure et la fronti re inf rieure elles ont favoris des transports de formes du haut vets le bas et du bas vers le haut Explos es en nomadisation oblig e les formes culturelles sont en transit pr tes sans doute se fixer pour peu qu elles soient identifi es Au si cle dernier le grand crivain polonais et argentin Witold Gombro wicz recherchait une criture qui soit simple et fasse comprendre la vie guid par cette conviction que dans la culture ce n est pas seulement l inf rienr qui doit tre cr par le sup rieur mais galement l inverse 1 C tait r soudre lP quation de la d mocratisation avant la lettre Sur ses traces Milan Kundera grand crivain europ en a effectu une magistrale g n alogie du roman comme genre depuis Rabelais et Cervantes Ce travail doit sortir de la maison Litt rature c est aussi cela l interdisciplinarit Alfred Hitchcock a produit des films populaires sur le th me commun du fran chissement de linterdit majeur tu ne tueras point que seul le roman policier avait abord dans sa modernit promu par Gaston Gallimard qui le fera en respectant les fronti res des collections Le temps leur a donn chacun films et romans la reconnaissance g n rale De tr s nombreux exemples pourraient tre
26. re vient brouiller la hi rarchie tablie Voici que la culture au sens large serait ce qui rapporte les mani res de vivre 1 Genevi ve Pujol 2005 ducation populaire une histoire fran aise Herm s n 42 p 126 George Sand 1835 Les Ma tres sonneurs Paris Ren Simon p 235 2 74 Les fractures culturelles fran aises M Thonon ce lien commun d identit de reconnaissance d appartenance une m me communaut ce tissu serr et secret d tre ensemble qui permet de se situer en tant que tel face l autre toujours tranger et de commu niquer avec lui sans crainte Seuls les barbares ne reconnaissent per sonne L o nous sommes tous des tres culturels plus ou moins culti v s et surtout in galement cultiv s selon les normes de la soci t Cet ordre culturel s est vu renvers par les crises crise du recul de la religion crise de l id al politique progressiste crise de l id e de progr s par la science crise de l conomie mondiale crise de Part crise des valeurs morales crise de tous ces rep res communs qu est une culture Se pose alors la question d un nouvel ordre construire d une culture au sens anthropologique et enfin d mocratique et non plus de d mocratiser La crise de la culture n est rien moins que cela c est dire l enjeu d une culture commune susceptible de devenir le bien public commun La fracture conomique Les termes du d bat fra
27. s sont hors de pro pos Mais on ne peut que constater que la r alit de l invention du cin ma fut en quelque sorte d ni e dans le d fi de modernit qu elle soumettait la soci t et l art de son temps Le cin ma a pous le d sir des masses de se rendre socialement visibles 1 Le peuple s est en effet reconnu comme signifi par le cin ma La double contrainte initiale tre la fois un art et une industrie a t finalement tenue par les producteurs les artistes et les techniciens par del les conti nents au prix de r sistances m morables qui ont fait du cin ma une industrie mondiale qui a su garder a part de l art selon la belle expres sion de Gilles Delavaud L conomie via le d veloppement technique et la mondialisation finan ci re met tous les arts sur le march en en multipliant les supports et en proposant de nouveaux produits culturels la consommation de masse On ne peut que revenir sur l histoire du cin ma dans la sp cificit de ses combats commun ment appr ci et reconnu massif et singulier pour imaginer le futur La fracture du miroir En 1993 un colloque intitul Res Publica r unit Montreuil nombre de chercheurs de qualit sur la culture L analyse de la t l vision en est exclue m me si un chercheur comme Bernard Mi ge note dans son intervention sur les industries culturelles et la cr ation artistique non marchande le r le essentiel de la t l vi
28. sion dans les nouvelles donn es culturelles Tenons cette absence pour un exemple significatif de la diffi cult faire le deuil d une conception de la culture Tr s peu d tudes sur la t l vision ont eu lieu avant les ann es 1980 et La folle du logis de Jean 1 Jean Michel Djian op cit p 80 Gilles Delavaud 2003 MEL n 16 Ce titre concernait la t l vision 76 Les fractures culturelles fran aises M Thonon Louis Missika et Dominique Wolton premi re histoire de la t l vision fut tr s mal accueillie dans le milieu de la recherche de m me que les enqu tes de Michel Souchon qui ne suscitaient pas alors grand int r t Lorsque na t la t l vision publique bien entendu son destin lui est assign tu devras duquer informer divertir Ceci permettra de d finir un avenir bien fran ais la t l vision selon un mod le prouv garanti celui de l cole On n envisage pas sauf les pionniers souvent issus du cin ma que ce support de sons et d images multiple dans ses contenus nouveau dans ses usages mondial dans sa communication pourrait ou devrait tre con u autrement qu une proth se domicile de P cole o Pon devra continuer de s informer et de se cultiver Jusqu aux arrange ments r alistes d Herv Bourges le populaire de qualit o il s agit de cultiver sans ennuyer d tre populaire sans tre vulgaire et de divertir sans a
29. uand le peuple a perdu sa confiance Qu en est il d ailleurs de la culture des lites dont certains l ments tre people tendance avoir la carte m ritent autant de m pris que certaines pratiques populaires jug es vulgaires et insanes La distinction d une marque de fillettes suffirait elle vous tablir d un autre monde nous n avons pas les m mes valeurs la visibilit bankable d un artiste d un produit audio visuel ou autre suffirait elle vous installer en mod le Nous savons bien que ceci n est que la partie visible de l iceberg mais nous croyons la vertu de l exemple ou de limitation Pas ou tr s peu d tudes sur les cultures des lites politiques artistiques scientifiques intellectuelles Leur pass et leur tat leur servent de qualit naturelle une autre fa on d tre bien n au c ur m me de la r pu blique Mais les ressources de ce capital culturel s puisent l aussi ou se d naturent cependant que des m langes des croisements in dits entre le haut et le bas entre Pici et l ailleurs devraient tre connus et rep r s Si Pon veut comprendre la culture du peuple il faut aussi comprendre conjointement la culture des lites en comprendre la d gradation r ciproque et la cr ativit mutuelle avec le m me int r t Les formes culturelles Il existe une continuit certaine autant qu un pas d cisif entre l hallucination et la
30. ui conna trait le besoin de cruaut de tous les hommes tant homme et voyant monter en lui cette cruaut se supprime pour supprimer la cruaut 4 Ce secret ontologique inou que seule la culture peut r soudre car e monde propre de chacun demeure en son fond inscrutable Et c est cela tre un sujet avoir des secrets y compris pour soi 7 Jean Louis Missika et Dominique Wolton 1983 La Folle du logis Paris Gallimard Selon la charte de la BBC de 1926 qui sera interpr t e tr s diff remment en France 7 Michel Souchon 2004 Le temps des m dias n 3 p 202 Jean Giono 1972 Un roi sans divertissement Gallimard 77 MEI n 24 25 tudes culturelles Cultural Studies 2006 m me Le peuple devenu entit divine son tour puisque devenu souverain a besoin aussi de tenir en se divertissant pour oublier la nos talgie d un tat o l homme s aimerait lui m me pour vacuer le senti ment ambivalent de Pabandon et du vide qui caract rise la condition humaine Rien moins que cela Le mot divertissement indique la dimension thiquement ambigu d une f te qui non seulement c toie lennui qu elle dissipe mais surtout fr le l ab me de la cruaut du meurtre ou du suicide Walter Benjamin dans sa relecture du drame baroque accordait beaucoup d importance la distraction en art Se divertir c est tenir debout et ceci m rite toute notre attention et nos tu
31. ulturelle des villes La culture est donc en France au c ur du politique mais respectant toujours la hi rarchie initiale dans sa d marche de d mocratisation et refoulant au titre du devoir de m moire ou du folklore les cultures du peuple paysan et ouvrier et leur diversit Or je te dis que Joseph est de ceux l et qu il y a m me en lui deux natures bien remarquables la nature de la plaine o il est n et qui lui donne des id es tranquilles fortes et douces et la nature de nos bois et de nos collines qui s est ouverte son entendement et qui lui a donn des id es tendres vives et sensibles Il sera un vrai ma tre sonneur un de ceux qui commandent les changements la coutume Il faudra par exemple dans les ann es 1970 tout le ressentiment breton pour faire d couvrir les musiques celtiques etc Il faudra d j en 1900 toute la nouveaut fascinante du cin ma pour faire d couvrir la culture urbaine des grandes villes Les instituteurs de la IVe r publique ont tout fait r ussi leur mission ducative Sous cette r ussite toutes sortes de cultures ill gitimes de langues aussi ont p ri au profit de l unit de la r publique Une diversit de pratiques artistiques cr ant du lien social ont t enfouies livrant le peuple d bout de ses mani res de vivre la consommation de l abondance Gr ce aux ethnologues des soci t s dites primitives une conception anthropologique de la cultu
Download Pdf Manuals
Related Search