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1. L ge de l autogestion Paris ditions du Seuil p 7 3 Commune et autogestion Critique Socialiste Revue th orique du PSU n 26 27 octobre d cembre 1976 Roland CAYROL 1975 L univers politique des militants socialistes Revue fran aise de science politique ann e 25 n 1 pp 26 27 Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 12 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative sociales particuli res elle ne dure pas La d mocratie directe ce n est m me pas v ritablement une forme d organisation c est d abord la manifestation d une aspiration profonde bouleverser l ordre des rapports sociaux et l ordre du pouvoir La d mocratie directe manifeste une exigence plus qu elle n exprime une structure du pouvoir On retrouve de nos jours avec le lexique de la d mocratie participative une m thode innovante qui s duit tous les partis politiques de gauche avec certaines nuances Cette d marche permettrait d associer un nombre limit de citoyens la d finition des politiques publiques afin d att nuer le caract re de professionnalisation de la politique Ainsi il est int ressant d analyser l esp rance investie dans la th matique participative au prisme de celle qui l tait sur l autogestion dans les ann es 1970 Les concepts ou les ma tre mots d une poque peuvent tre d chiffr s suivant la fa on d2. Simple conseiller 9 g n ral Dont vice pr sident 43 Dont pr sident Simple conseiller r gional Dont vice pr sident Dont pr sident 19 35 10 3 Conseiller municipal conseiller g n ral Dont vice pr sident 2 Conseiller municipal 10 conseiller r gional Dont vice pr sident 3 Maire conseiller 48 g n ral Dont vice pr sident Maire conseiller r gional Dont vice pr sident Conseiller g n ral Conseiller r gional Dont pr sident de conseil g n ral vice pr sident de conseil g n ral Conseillers de Pars 8 i4 M B Ek Les lus locaux revendiquent la l gitimit du suffrage universel et la proximit avec les habitants ils sont au centre de l espace public local et ne tol rent pas que d autres institutions se cr ent en dehors de leur influence La discussion autour des jurys citoyens et du tirage au sort n a fait que raviver cette crainte dont Laurent Fabius et Dominique Strauss Kahn se sont fait les porte parole Force est de constater que le syst me repr sentatif fran ais ne fonctionne pas bien car Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 20 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative par rapport aux autres pays europ ens nous sommes le pays comptant le plus d lus par habitant En effet nous avons un lu pour 118 habitants alors que l Allemagne compte un lu pou 350 hab
3. de dispositifs de participation des habitants Le cumul des mandats est l origine de ce verrouillage du syst me repr sentatif puisque les d put s maires ont souhait contr ler le d veloppement de ces pratiques En tant au Parlement ils ont n goci une loi restreignant fortement ces instruments de participation Selon les donn es qu a recueillies Guillaume Marrel en novembre 20037 sur 577 d put s 239 sont maires soit 41 4 et sur 321 s nateurs 22 7 le sont La majorit des parlementaires cumulent des mandats puisque seuls 53 d put s sur 577 et 62 s nateurs sur 321 poss dent uniquement le mandat parlementaire En France l enracinement local est une condition sine qua non de la durabilit politique le local est donc un passage oblig dans la carri re d un homme politique Les lois de d centralisation ont reconfigur le syst me politique local fran ais tout en accentuant la n cessit de cet enracinement Le tableau 3 donne une id e pr cise du cumul des mandats l Assembl e Nationale et au S nat le premier novembre 2003 Il existe un lien direct entre le cumul des mandats et la volont de contr ler troitement les espaces publics locaux Jean GLAVANY 1991 Vers la nouvelle R publique ou comment moderniser la Constitution Paris ditions Grasset p 131 Lorsque l on regarde a posteriori les d bats ayant eu lieu sur le projet de trait constitutionnel on remarque une forte demande de d mocr
4. l action des lu e s Madame Royal fait reculer les fronti res de la R publique La R publique c est la D mocratie c est dire le vote du peuple dans son ensemble et non par tirage au sort Cela reviendrait substituer le sondage au suffrage universel D signer dans la veine de l antiparlementarisme le plus sommaire les lu s comme des irresponsables potentiel le s qu il faudrait mettre en examen permanent pour flatter les lecteurs rel ve d une d magogie proche du populisme Interview la LCI 23 octobre 2006 Elle a notamment plaid en faveur de l introduction de jurys citoyens dans les d bats du 22 11 2002 l Assembl e Nationale 8 Elle a inaugur le colloque international Des exp riences de d mocratie participative au niveau local et r gional un dialogue entre l Europe et l Am rique latine 02 06 2005 la Maison de la R gion et elle voque la fa on dont elle a travaill le champ de la d mocratie participative en s inspirant des travaux de Lo c Blondiaux et d Yves Sintomer Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 7 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative d cisions sur certains secteurs avec des l ves de l cole C est bien la d mocratie participative comme autogestion partielle et rigoureusement pilot e qui est d fendue par la candidate Cependant toute d marche de partic
5. locaux La d mocratie participative s inscrit en France dans l h ritage de la participation d mocratique et de l autogestion Comme le souligne Pierre Rosanvallon le th me de l autogestion s est clips du paysage politique fran ais la fin des ann es 1970 Il n est pas tonnant que S gol ne Royal reprenne cet h ritage et l adapte son parcours personnel en en faisant l une des innovations en cas de victoire de la gauche En effet la d mocratie participative est une tape dans la r flexion de la gauche d passant la loi de 7 La charte des GAM eut pour objectif de promouvoir un id al de d mocratie authentique et non formelle fond e sur la participation des citoyens tous les niveaux o se prennent les d cisions Robert DE CAUMONT Marc TESSIER 1971 Les Groupes d action communale Paris ditions universitaires p 46 38 Marc Wolf fut l un des premiers maires en France avoir recours ce type de r f rendum budg taire totalement ill gal mais la base d un contrat avec les habitants Marc Wolf a t maire de cette commune pendant trois mandats 1977 1983 et 1995 avant d tre battu aux lections de 2001 Il a eu recours trois fois aux r f rendums communaux et a labor d autres dispositifs sondages aupr s de la population correspondants de quartier r unions dans les immeubles Conseil d trangers non communautaires Marc WOLF Jacqueline OSSELIN 1979 Les ascenseurs de la ZU
6. naissance leur anciennet ou leur science ait s incliner devant la loi du sort Le tirage au sort est d autant plus mal v cu qu il remet en question l exp rience des lus et leur professionnalisation Il ne faut pas exag rer l importance de ce m canisme car il ne Lors du Grand Oral IEP Bordeaux Sud Ouest du 28 octobre 2005 elle a affirm que si la concertation est collective la d cision elle reste solitaire Le r le de l lu est de consulter encore plus et d associer les citoyens pour l gitimer des d cisions importantes cet exercice devant se d ployer tous les niveaux Les budgets participatifs ont t exp riment s dans une quarantaine d tablissements Le Conseil R gional du Poitou Charentes a d cid de financer les 292 projets class s en t te parmi les assembl es du Budget Participatif dans chaque tablissement S gol ne Royal revendique cette formule novatrice de la d mocratie participative sur son blog de campagne L id e est de proc der des d bats participatifs au cours desquels des synth ses d arguments sont propos es r guli rement Laurent Fabius est maire adjoint du Grand Quevilly commune proche de Rouen tandis que Dominique Strauss Kahn est maire adjoint de Sarcelles Y Bernard MANIN 1996 Principes du gouvernement repr sentatif Paris ditions Champs Flammarion p 66 Le choix de l lection comme mode de s lection des gouvernants distingue les r gimes repr sentatif
7. peine feinte s il se pouvait qu il y en e t une digne de ce nom qui ne le soit pas Le mot ne doit pas primer sur la chose et seule une d finition rigoureuse de ses instruments permet de comprendre ses avantages et ses limites Hasard des calendriers un colloque Toulouse sur la d mocratie participative en Europe s est tenu du 15 au 17 novembre en m me temps que le premier tour de l investiture socialiste La d mocratie participative est d une certaine fa on une mise en abyme voire un pr texte la r novation des institutions sujet port par de nombreux candidats la pr sidentielle plut t qu un nouveau style caract ris de faire de la politique 6 Pierre MERLE 2005 Le nouveau charabia le fran ais est une langue trang re Cahors ditions Milan p 91 amp Colloque organis Toulouse par le Laboratoire d tudes et de recherches appliqu es en sciences sociales LERASS Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 22
8. retiendrait Le th me de l autogestion a influenc le domaine de l entreprise et celui de l ducation S gol ne Royal dans la r gion de Poitou Charentes a instaur des instruments de d mocratie participative au sein de certains lyc es En tant qu ancienne ministre d l gu e l ducation nationale elle s est int ress e de pr s la fa on dont les l ves pouvaient intervenir dans le budget de l tablissement pour mener des projets qui les concernent Le Parti Socialiste a proc d une consultation de ses militants en d cembre 2004 sur la position du Parti quant au projet de Trait Constitutionnel europ en L Hebdo des socialistes 24 juin 2006 p 15 dans les six mois apr s les pr sidentielles un r f rendum proposera une r forme ouvrant la voie une nouvelle R publique parlementaire L Express semaine du 24 au 30 ao t 2006 Si j tais pr sident p 28 Ces discussions sont d licates puisque la 5 R publique n est selon Nicolas Baverez ni pr sidentielle ni parlementaire Nicolas BAVEREZ 2006 Que faire Paris ditions Perrin p 37 Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 16 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative J ouvrirai la possibilit de lois d initiative citoyenne et permettrai la saisine directe du Conseil constitutionnel Nous d velopperons la participat
9. P Contr le populaire et autogestion municipale Paris ditions Fran ois Masp ro 3 Les appropriations du th me de l autogestion ont t adapt es l id ologie de chaque parti de gauche Rappelons que l exp rience yougoslave a t au c ur des d bats sur la fa on dont l autogestion pouvait tre import e dans d autres pays Comme l crivait Albert Meister la fin des ann es 1960 l une des fonctions de l autogestion est de cr er une nouvelle lite gr ce la s lection d mocratique faite dans les organes lectifs de toutes sortes Albert MEISTER 1970 O va l autogestion yougoslave Paris ditions anthropos p 271 Pierre ROSANVALLON 1976 L ge de l autogestion Paris ditions du Seuil Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 15 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative D mocratie de proximit du 27 f vrier 2002 qui a rendu obligatoires les conseils de quartier pour les villes de plus de 80 000 habitants Dans la pratique d autres communes avaient d j institu ce dispositif bien avant la loi La commune d Arcueil dans le Val de Marne a instaur ces conseils avec une enveloppe propre et un habitant relais dans les ann es 1996 La plupart du temps ces conseils restent tr s d pendants de la municipalit et visent communiquer sur le travail municipal plut t qu faire d li
10. Revue lectronique internationale www sens public org Malentendus sur la d mocratie participative r flexion sur les primaires socialistes CHRISTOPHE PR MAT R sum Les primaires socialistes viennent de s achever avec la victoire de S gol ne Royal qui devient la candidate officielle des socialistes pour les lections pr sidentielles de 2007 Lors des d bats internes une divergence s est accentu e autour de la notion de d mocratie participative qui ne sonnait pas de la m me mani re chez les trois candidats Au del de la strat gie de S gol ne Royal qui en a fait sa propre m thode il importe d effectuer une br ve g n alogie de ce cette notion pour voir en quoi elle est un h ritage incomplet de l autogestion th me qui fut cher la gauche dans les ann es 1970 et comment elle permet de poser en filigrane la question de r novation des institutions de la 5 R publique et de la pratique politique Mots cl s d mocratie participative instruments autogestion r novation Abstract The vote among the French Socialist Party s members resulted in S gol ne Royal s victory who becomes the official candidate of the Socialists to the presidential elections of 2007 When we look up to the debates we notice that the notion of participatory democracy was not seen in the same way by the three candidates Although S gol ne Royal considered strategically it as her own method it is important to investigate its genealogy in o
11. atisation des institutions et une floraison de sites revendiquant l int gration d outils participatifs Etienne Chouard l un des h rauts du non a cr un site amalgamant toutes ces proc dures d intervention des citoyens dans la vie publique Lib ration 9 d cembre 2005 De mani re g n rale l ajout de l article I 47 sur la d mocratie participative avec la vague id e d une p tition ou d une initiative populaire de plus d un million de personnes traduit la difficult qu ont eue les conventionnels pr ciser cette id e 5 Guillaume MARREL 2003 L lu et son double Cumul des mandats et construction de l tat r publicain en France du milieu du XIX si cle au milieu du XX si cle Th se IEP de Grenoble 8 Albert MABILEAU 1997 Les g nies invisibles du local Faux semblants et dynamiques de la d centralisation Volume 47 n 3 4 p 345 5 Source th se de Guillaume Marrel cit e par lodie GU RIN LAVIGNOTTE ric KERROUCHE 2006 Les lus locaux en Europe un statut en mutation Paris La documentation fran aise p 78 Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 19 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative Tableau 3 Cumul des mandats l Assembl e nationale et au S nat en France D put s Effectif total 577 parlementaires cumulants i 3 2 1 Simple conseiller 76 1 32 municipal Simple maire
12. b rer les habitants sur les politiques publiques qui les concernent Si ce th me permet la candidate d afficher des propositions nouvelles c est parce qu il est fondamentalement li l id e de r novation des institutions et de pratique du pouvoir La d mocratie participative et la question institutionnelle Le recours aux consultations des militants et aux d bats pour les primaires sont mettre au compte de l volution des pratiques au sein du parti socialiste Il n emp che que la question de r novation des institutions est en filigrane au centre des d bats puisqu il s agit de savoir quelles sont les conceptions de la pratique du pouvoir des divers candidats l investiture Dominique Strauss Kahn milite clairement pour une pr sidence forte avec l id e d un r gime pr sidentiel ou le pr sident n est plus un monarque en recul par rapport la vie politique mais au premier plan tandis que Laurent Fabius d fend l id e d un r gime plus parlementaire et d une r vision de la Constitution qui devrait tre approuv e par r f rendum en septembre 2007 Toutes ses propositions proviennent du projet socialiste telles l instauration d une proc dure permettant au Parlement de destituer le pr sident en cas de faute incompatible avec l exercice de son mandat la suppression de l article 49 3 et du vote bloqu le mandat parlementaire unique Il reprend l id e de d mocratie participative tout en pr cisant les instruments qu il
13. blic 10 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative m canismes de cogestion C est en terme de pratique du pouvoir qu il faut resituer cette controverse au sujet de la d mocratie participative Les socialistes la participation et l autogestion Les socialistes se sont fait les promoteurs de l id e d autogestion apr s 1968 pour se d marquer de la droite qui revendiquait celle de participation On doit d ailleurs Michel Rocard cette confidence sur le sens du mot cette poque plut t que d autogestion les socialistes eussent parl de participation eux aussi si le g n ral n en avait t l inventeur L image de la soci t que veulent les socialistes e t t plus claire Dans l id ologie gaulliste une soci t de participation vise d passer les conflits id ologiques et politiques et promouvoir l int r t de la nation Dans son discours sur La nouvelle soci t Jacques Chaban Delmas avait insist sur l id e de participation des citoyens la vie conomique et sociale Le nouveau levain de jeunesse de cr ation d invention qui secoue notre vieille soci t peut faire lever la p te de formes nouvelles plus riches de d mocratie et de participation dans tous les organismes sociaux comme dans un tat assoupli d centralis Nous pouvons donc entreprendre de construire une nouvelle soci t 7 Il ne s agit pas de la promotion de la d m
14. c org article php3 id_article 353 Sens Public 11 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative Parler de l autogestion c est d abord s interroger sur la fortune d un mot Un mot nouveau c est il y a une quinzaine d ann es seulement qu il a fait son apparition dans notre langue encore ne s est il v ritablement impos qu apr s 1968 Un mot au sens tymologique restreint l autogestion c est la gestion par soi m me Et pourtant autogestion est devenu l un des mots clefs du vocabulaire de la gauche fran aise Tous les partis politiques de gauche en ont fait leur credo cette poque car l autogestion apparaissait comme une m thode innovante de r gulation des rapports sociaux que ce soit dans l administration l entreprise l cole et d autres sph res sociales Permettre aux travailleurs de s organiser et aux communes de se g rer fut le mot d ordre dans beaucoup de partis politiques dont le PSU Un questionnaire avait t donn aux militants socialistes participant au Congr s de Grenoble 22 au 24 juin 1973 qui portait sur les th mes importants de l poque dont celui de la construction d un socialisme autogestionnaire 55 9 des socialistes ont trouv que la construction d un socialisme autogestionnaire tait tr s important lorsque l on proc de aux d tails des tendances 41 des socialistes de la tendance Mitterrand en font une priorit contre 85 6 chez les militants de la mou
15. conf rences de consensus lorsqu elle traverse plusieurs chelons territoriaux L id e est d associer en dehors des lections les citoyens l laboration de politiques publiques De ce point de vue l id e m me de r f rendum n est pas forc ment ranger du c t des instruments de d mocratie participative sauf lorsqu il est assorti de l initiative populaire Le tableau 1 recense les instruments de d mocratie participative ayant t exp riment s dans certains pays 4 St phane ROZ S septembre octobre 2006 Comprendre la pr sidentielle Le D bat n 141 pp 65 66 5 Certains instruments ont t institutionnalis s comme le d bat public cr par la loi Barnier du 2 f vrier 1995 cr ant une Commission Nationale du D bat Public d pendante du Minist re des Transports La loi du 27 f vrier 2002 a rendu la CNDP ind pendante de ce Minist re afin de garantir sa neutralit dans les d bats qu elle organise La premi re conf rence de consensus a eu lieu en France en 1998 propos des OGM Daniel BOY Dominique DONNET KAMEL Philippe ROQUEPLO 2000 Un exemple de d mocratie participative la conf rence de citoyens sur les organismes g n tiquement modifi s Revue fran aise de science politique Volume 50 n 4 5 pp 779 810 7 Dans les commentaires du 2 d bat t l vis sur la cha ne parlementaire Roger Karoutchi s nateur UMP a oppos suffrage universel et tirage au sort en conc da
16. d mocratie participative lus rendent des comptes sur l usage qu ils ont fait ou font de la confiance qui leur a t accord e par leurs mandants Une partie du NPS avait soutenu la synth se finale du Congr s alors qu Arnaud Montebourg l avait rejet e pour cr er le courant R nover Maintenant jugeant cette synth se trop timor e la fin de l t 2006 Arnaud Montebourg a annonc son ralliement S gol ne Royal en devenant l un de ses porte parole Ce dernier trouve en la candidate une nergie capable de porter certains th mes des r novateurs alors que d autres dont le secr taire du mouvement Micha l Moglia ont choisi de soutenir Laurent Fabius en raison de sa position sur le projet de Trait Constitutionnel et de sa position en faveur d une r publique parlementaire On retrouve les m mes recompositions dans les soutiens l int rieur du NPS de Vincent Peillon et d Henri Emmanuelli qui ne se rangent pas derri re le m me candidat Cela montre quel point les pr sidentielles bousculent les courants internes du Parti socialiste Parmi les responsables socialistes circonspects face la d mocratie participative on mentionnera Jean Glavany Cette position est une constante dans son parcours puisque Jean Glavany affirmait notamment son hostilit au principe du r f rendum d initiative populaire qui avait t souhait par le pr sident Mitterrand dans sa Lettre aux Fran ais de 1988 Motion pr sen
17. de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 2 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative participative ne permet pas tous de participer la d cision mais permet un nombre limit de citoyens d clairer en amont la d cision des lus sur un sujet particulier alors que le mandat qui leur a t confi et la responsabilit qui leur a t accord e sont g n raux enfin la d mocratie directe permet au plus grand nombre de d cider de fa on ultime La d mocratie participative vise une qualit de d lib ration au sujet d une politique publique sp cifique alors que la d mocratie directe vise l approbation du plus grand nombre Cependant dans la pratique il existe des instruments de d mocratie directe pouvant favoriser la d lib ration collective Le r f rendum local et l initiative populaire en tant qu instruments de d mocratie directe peuvent susciter ces d bats centr s sur une politique publique particuli re alors m me que le r f rendum national porte sur des enjeux plus g n raux C est pourquoi il est int ressant d analyser la fa on dont les candidats l investiture socialiste se sont r f r s aux instruments de participation sachant que le projet socialiste proposait d am liorer des l ments de d mocratie participative et d inclure des l ments de d mocratie directe dans un cadre repr sentatif r nov Lor
18. de ne le consid rer que comme un simple effet de communication et de ne pas envisager ses implications Tout comme l exp rience yougoslave servait de r f rence aux utopies autogestionnaires dans les ann es 1960 les budgets participatifs institu s Porto Alegre deviennent galement un mythe re structurant pour une partie de la gauche fran aise carter la d mocratie participative sous pr texte qu elle favorise la d magogie c est m conna tre la mani re dont elle fonctionne m me si elle ne saurait constituer une formule magique cens e r soudre les lodie GU RIN LAVIGNOTTE ric KERROUCHE 2006 Les lus locaux en Europe un statut en mutation Paris La Documentation Fran aise p 14 5 Pierre MEND S FRANCE 1987 Pour une R publique moderne tome IV 1955 1962 pp 89 90 Le th me de la d mocratie participative est cher aux r novateurs du Parti Communiste Philippe Herzog a instaur un atelier de r flexion sur cette question amp Dans la conclusion de l ouvrage de Michel Lobrot on peut tout fait remplacer autogestion par participation Michel LOBROT 1966 La p dagogie institutionnelle Paris ditions Gauthier Villars p 275 Pour que l autogestion ne soit pas un mythe et puisse porter tous ses fruits il faut qu elle s enracine profond ment dans la psychologie des gens qu elle modifie leur comportement qu elle transforme la vie des groupes Publication de l article en ligne 2006 12 h
19. e faisant la candidate de la d mocratie participative Cette personnification a alors pouss les deux autres pr tendants attaquer cette dimension pour lui opposer une vision classique de la d mocratie repr sentative Comment faut il d chiffrer le clivage entre les candidats sur ce th me pr cis Une d mocratie participative incongrue Il convient tout d abord de distinguer la d mocratie participative des deux autres modes de d mocratie savoir la d mocratie repr sentative et directe Comme l affirme Dominique Bourg Si l on entend par d mocratie l institution et l organisation de l influence que les citoyens exercent sur la prise de d cision publique il convient alors de distinguer les trois modalit s suivantes d exercice du pouvoir d mocratique les d mocraties lective participative et directe La d mocratie lective permet aux citoyens de choisir ceux qui exerceront en leur nom le pouvoir de d cision la d mocratie Strat giquement S gol ne Royal utilise la d mocratie participative comme une m thode d viante par rapport aux lignes classiques du parti et base une partie de sa communication sur cet aspect l Elle devient outsider au sens o l entend Howard S Becker sur un th me largement approuv par l opinion publique Howard S BECKER 1985 Outsiders tudes de sociologie de la d viance Traduit de l am ricain par J P BRIAND et J M CHAPOULIE Paris ditions M taili Publication
20. enda 21 ou certains plans communautaires en g n ral bas sur les associations parfois sur les usagers mobilis s en assembl e r guliers le plus souvent consultatifs parfois d cisionnels diff rentes chelles top down et bottom up Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 ponctuels consultatifs diff rentes chelles Sens Public 6 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative On remarque un assemblage relativement h t roclite et l tat d exp rimentation d o il est n cessaire de parler d instruments de d mocratie participative plut t que d outils d action publique pour insister sur leur dimension de perfectibilit La d mocratie participative par rapport aux d mocraties directe et repr sentative a un caract re beaucoup plus exp rimental et plus mall able et donc plus flou d une certaine mani re Elle a souvent t pr sent e comme la troisi me voie n cessaire pour revivifier le lien civique c t d une d mocratie repr sentative jug e oligarchique et d une d mocratie directe jug e d magogique et inapte aux syst mes politiques modernes Le fait que la d mocratie participative se soit introduite dans les d bats sur la pr sidentielle n est pas totalement incongru car en dehors des strat gies individuelles elle est devenue une norme du discours politique Les r actions de Laurent Fabius
21. es r les des institutions lorsqu elles se trouvent confront es cette situation nouvelle Ainsi les maires examinent les signatures au niveau communal les conseils g n raux s occupent des niveaux r gionaux et interr gionaux et les conseils r gionaux se concentrent sur les initiatives nationales Dans cette proposition de loi on insiste l g rement plus sur la gen se de la question que sur son r sultat m me si des seuils d approbation sont indiqu s afin d viter les protestations minoritaires Le projet socialiste remet sur la table la discussion autour d un renforcement de la l gitimit du gouvernement repr sentatif avec notamment l introduction de proc d s de d mocratie directe et de d mocratie participative La discussion autour des l ments de d mocratie directe et de d mocratie participative s enracine dans une culture qui n est pas trang re la gauche fran aise qui avait promu l id ologie autogestionnaire la fin des ann es 1960 La distinction entre l autogestion et la participation est fondamentale puisqu elle porte sur la r f rence au syst me politique Dans une pratique autogestionnaire les individus revendiquent une autonomie totale et une ind pendance par rapport un quelconque pouvoir de d cision alors que la participation renvoie des 2 Proposition de loi n 1726 article 14 Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Pu
22. et de Dominique Strauss Kahn ont t vives le premier r affirmant le primat de la d mocratie repr sentative et du r le des lus le second rappelant que les instruments de participation taient d j suffisamment vari s pour ne pas y ajouter de confusion En r alit la conversion de S gol ne Royal aux th matiques participatives ne date pas de cette investiture ni de son si ge de pr sidente de r gion Poitou Charentes conquis en 2004 Ancienne ministre de l cologie elle s est int ress e de pr s ces th mes Lors des d bats de l assembl e nationale sur le projet de loi D mocratie de proximit du 27 f vrier 2002 du gouvernement Jospin elle avait d fendu l id e de jurys citoyens et s tait consid rablement engag e dans ce d bat Sa victoire aux r gionales lui a permis d exp rimenter la d mocratie participative l chelon de l cole avec cette id e de partage des Roberto Unger MANGABEIRA 1998 Democracy realized the progressive alternative Londres New York ditions Verso 1998 pp 263 277 1 Pierre LASCOUMES Patrick LE GAL S 2004 Gouverner par les instruments Paris Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques p 12 La r action d Andr Laignel proche de Laurent Fabius et secr taire g n ral de l Association des Maires de France est vocatrice de l hostilit d un certain nombre d lus locaux cette proposition en proposant qu un jury populaire juge
23. g n ralisait l initiative populaire tous les chelons tout en d taillant les modalit s de la recevabilit des questions r f rendaires En fait elle a pour m rite de r introduire le tirage au sort qui est par excellence l outil de d mocratie directe Des lecteurs sont tir s au sort pour la pr s lection des questions pos es au r f rendum articles 12 13 l article 14 talonnant le tirage au sort en fonction de la taille de la commune Pour l organisation des r f rendums d initiative populaire communaux 25 des lecteurs seront tir s au sort pour les communes de moins de 1000 inscrits Pour les communes dont le nombre d inscrits se situe entre 1001 et 30 000 300 personnes seront tir es au sort Pour les communes dont le nombre d inscrits d passe le nombre de 30 000 1 des personnes inscrites sera tir au sort Il s agit de tirer au sort un petit nombre d lecteurs capables de d finir des questions relevant d un int r t collectif afin de produire une haute qualit de d lib ration collective Cette proposition combine la fois des l ments de d mocratie directe tirage au sort et de d mocratie participative association d un petit nombre de citoyens pour examiner la proc dure et cr ation d un lectorat sp cifique pour chaque r f rendum L id e du d put est de d finir clairement des proc dures impartiales capables de traduire une demande ext rieure au syst me politique et de red finir l
24. ion citoyenne partout o elle est possible et utile budgets participatifs conseils d usagers des services publics droit de p tition assembl es de circonscription comptes rendus de mandats Laurent Fabius r affirme son hostilit l id e de jurys citoyens dans une r ponse un militant Je suis pour une R publique parlementaire nouvelle Je suis pour un citoyen acteur pas pour un citoyen procureur Ce qui exclut les jurys de surveillance des lus S gol ne Royal pr ne la revalorisation du Parlement et l institution d instruments de contr le tels que le r f rendum d initiative populaire et les jurys citoyens qui peuvent tre mobilis s sur des questions pr cises Chacun des candidats a choisi une focale sur le projet socialiste pour y apporter sa conception Laurent Fabius privil gie l instauration d une R publique parlementaire Dominique Strauss Kahn la responsabilit du chef de l Etat et S gol ne Royal la d mocratie participative comme m thode C est dans l annonce des priorit s que les divergences sont importantes et non pas tant dans les carts avec le projet socialiste Il est int ressant d analyser au del des strat gies de d marcation des candidats ce que r v le cette fracture entre les trois candidats et la fa on dont elle est per ue par les militants socialistes Les lections primaires brouillent les cartes l int rieur du parti puisque les r novateurs ne se rep
25. ipation n est pas n cessairement recens e comme relevant de la d mocratie participative on pourrait ici pointer cette impr cision dans la pr paration strat gique de S gol ne Royal En effet la mise en uvre de d bats participatifs gt aussi audacieuse cette d marche f t elle fait partie de la campagne et para t difficilement tre comptabilis e comme instrument de d mocratie participative Il est risqu de baser sa campagne sur cette d marche sachant que l institutionnalisation des proc dures de d mocratie participative peut contribuer touffer des mobilisations de la soci t civile L encore le m lange des genres pr te confusion Les divergences entre les trois candidats tiennent une r alit Fabius et Strauss Kahn sont deux lus locaux aux conceptions classiques de la politique pour qui le suffrage universel est le seul mode de l gitimit Lors de ce d bat S gol ne Royal a radicalis sa conception en d ployant sa vision de la d mocratie participative Le tirage au sort m canisme par excellence de d mocratie directe a t remis sur la table alors qu il n a pas t voqu depuis des ann es dans ce type de d bat Comme l crit Jacques Ranci re pour les Ath niens Le tirage au sort est la proc dure d mocratique par laquelle un peuple d gaux d cide de la distribution des places Le scandale est l un scandale pour les gens de bien qui ne peuvent admettre que leur
26. is neuf ans et les consid re comme une forme d valuation La sanction Le vote Micha l Moglia r cuse ce type de proc dure et montre que c est une erreur de diagnostic Julien COLLETTE Micha l MOGLIA L avenir passe par une 6 R publique Lib ration 26 octobre 2006 51 associations d partementales sur 68 ont choisi de soutenir la d marche de ralliement la candidature de S gol ne Royal lors du Conseil d administration du courant le 6 octobre 2006 Interview de Jean Glavany Le Point J ai un doute quant cette aventure personnelle 5 octobre 2006 Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 18 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative Si je rejette le r f rendum d initiative populaire ici c est que je crois que cette id e entra ne la captation de la d mocratie par des minorit s extr mistes et que la succession de ces d bats souvent passionnels excite la d mocratie pour reprendre l expression de Robert Badinter plut t que de lui permettre de vivre sereinement S gol ne Royal n a pas seulement utilis un th me qui a les faveurs de l opinion elle a li explicitement l usage de la d mocratie participative au contr le des lus Cette id e a t mal accueillie car la d centralisation fran aise a accentu le pouvoir des maires qui vivent difficilement l instauration
27. itants ce gain quantitatif ne garantit pas la qualit de la vie d mocratique d o le souhait de certains d ajouter aux lections des instruments de participation instaurant un autre type de rapport entre les citoyens et la politique La question du contr le des lus fait galement partie de l h ritage id ologique de la gauche fran aise puisque Pierre Mend s France en avait fait l un des piliers d une d mocratie r nov e Un cran s interpose entre les institutions et le peuple le peuple ne se reconna t ni dans les candidats au moment de faire des choix ni dans les lus lorsqu ils exercent leurs fonctions Ce serait l int r t bien compris des hommes politiques qui revaloriserait ainsi le cr dit du r gime et leur cr dit propre d accepter certaines dispositions organisant d une mani re directe le contr le de l opinion publique sur la situation personnelle de ses mandants Cette conviction a t expos e lors d un discours sur la crise de la d mocratie Evreux en juillet 1955 propos des probl mes que traversait le r gime de la IV R publique Ainsi en conjuguant l id e de d mocratie participative au contr le des lus et la limitation du cumul des mandats la candidate Royal a soign sa strat gie de d marcation dans le champ de la r novation d mocratique Le th me de la d mocratie participative personnifie la strat gie de S gol ne Royal ce serait n anmoins une erreur
28. lume 28 n 2 p 260 Source d apr s Christophe Wargny Mairies frapp es d autogestion ditions Syros 1978 Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 13 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative Tableau 2 Bilan des exp riences autogestionnaires en 1978 Nombre d habitants Dispositif participatif mis Equipe municipale en place en place Vandoncourt Doubs 650 habitants Une f te par jour Jean Claude Maillard Salins maire depuis 1971 conseiller g n ral PS Le but r aliser un village sans maire ou au moins sans chef Wargny 1978 26 Coupvray Seine et Marne 1300 habitants Atelier public Bernard Castagner d urbanisme PSU but de l Atelier Conseil municipal rassembler les habitants souvent transform et des sp cialistes pour en r union publique concevoir et d finir les Mouvance projets communaux autogestionnaire Wargny 1978 41 Maire non candidat en 1983 Marle Aisne 3000 habitants Budget labor en Maire PSU liste concertation autogestionnaire PS PC Droite Lutterbach Haut Rhin 5000 habitants Comit s de quartier Roger Winterhalter Banlieue qui veut rester PSU un village les structures de d mocratie directe sont mises en place conseil municipal ouvert laboration des d cisions dans des commissions o chaque citoyen peut trouver sa place information m
29. ndait peu probable l examen de propositions contraires l int r t g n ral et aurait eu pour effet de s lectionner celles qui trouvent un cho dans la population Le droit de p tition et l initiative populaire taient con us pour contourner la violence du droit d insurrection L un des rares d put s avoir fait une proposition de loi sur l initiative populaire et le r f rendum tous les chelons a t le d put communiste Andr G rin en 1999 L article 7 de cette proposition de loi 19 El onore KOEHL Yves SINTOMER Juillet ao t 2002 Les jurys de citoyens berlinois Rapport final pour la D l gation Interminist rielle de la Ville p 48 2 Anne C cile MERCIER juillet 2003 Le r f rendum d initiative populaire un trait m connu du g nie de Condorcet n 55 Revue fran aise de Droit constitutionnel pp 483 513 7 Proposition de loi n 1726 22 juin 1999 http www assemblee nat fr propositions pion1726 asp Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 9 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative pr voyait le tirage au sort d un coll ge de onze citoyens d une m me commune charg d examiner avec le maire les initiatives pour un d lai d un mois et la fa on dont on pourrait en tirer des questions r f rendaires Ce coll ge pourrait tre renouvel tous les deux ans Par ailleurs cette proposition de loi
30. nt l id e d une respiration d mocratique entre deux mandats op r e par des r f rendums et des r f rendums d initiative locale 24 10 2006 8 Source Marie H l ne BACQU Henri REY Yves SINTOMER dir 2005 Gestion de proximit et d mocratie participative une perspective comparative Paris ditions La D couverte 2005 p 23 Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 4 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative Tableau 1 typologie des dispositifs participatifs locaux D organis s mobilis s de citoyens citoyens r le ponctuels informel des ou r guliers associations le plus souvent informatifs ou consultatifs chelle microlocale le plus souvent top R f rendums ponctuels consultatifs ou d cisionnels diff rentes chelles top down pl biscites et bottom up d initiative Assembl es Conseils de quartier souvent des formes mixtes avec plusieurs coll ges diff rents types de participation sollicit s r guliers le plus souvent informatifs ou consultatifs chelle microlocale le plus souvent top down peuvent impliquer selon les cas des associations des citoyens mobilis s ou des citoyens tir s au sort r guliers d cisionnels chelle microlocale top down Budgets participatifs une majorit repose sur les citoyens mobilis s mais beaucoup impliquent cependan
31. ocratie participative notion qui a t d finie la fin des ann es 1980 mais de participation des citoyens leur vie professionnelle et sociale avec en arri re plan l id e d un tat social d centralis En fait ce discours reprend implicitement l id e d une r forme en profondeur de l tat que De Gaulle avait tent d instaurer lors du r f rendum du 27 avril 1969 Apr s les v nements de 1968 la gauche a abondamment d velopp l id e d autogestion dans le cadre de l entreprise puis dans le cadre communal Pierre Rosanvallon crivait en 1976 que 3 H l ne DESBROUSSES PELOILLE 1986 Repr sentations de l autogestion Revue fran aise de science politique volume 36 n 5 p 606 Andr Farine Nord Eclair 30 11 et 01 12 1977 De Gaulle avait l art du mot qui fixe l id e Ainsi ayant intuitivement per u l aspiration des Fran ais tre constamment ma tres de leur destin peser de mani re plus continue sur leurs conditions d existence propulsa t il sur la sc ne publique le terme de participation 3 Andr Farine Nord Eclair 30 11 et 01 12 1977 2 Discours de Jacques CHABAN DELMAS devant l Assembl e Nationale 16 septembre 1969 7 Discours de Jacques CHABAN DELMAS devant l Assembl e Nationale 16 septembre 1969 Le r f rendum visait une transformation du S nat ainsi qu une revalorisation du r le des r gions Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens publi
32. ont ils ouvraient un horizon Koselleck a montr dans sa vision de l histoire le r le de ces futurs pass s Les concepts ne reposent que partiellement sur des donn es d exp rience et l attente qu ils placent dans le temps venir est en proportion inverse de l exp rience qui leur manque Il s agit l de concepts temporels de compensation La phase de transition entre le pass et le futur est chaque fois recompos e comme dans un kal idoscope par chaque concept qui se cr e L analyse des synth ses id ologiques permettrait de comprendre la fa on dont ces esp rances d ues se recyclent dans le discours politique Lorsque l on se situe la fin des ann es 1970 la promotion du socialisme autogestionnaire est incontestablement devenue un r f rent du r pertoire socialiste Le tableau 2 fait tat de ces mairies acquises par la gauche dans les ann es 1970 et instituant ces dispositifs 32 Pierre ROSANVALLON 1976 L ge de l autogestion Paris ditions du Seuil p 65 3 Rainer SCH RMANN 1996 Des H g monies bris es Mauvezin ditions Trans Europ Repress Reinhart KOSELLECK 2000 Le Futur Pass Contribution la s mantique des temps historiques Traduit de l allemand par Jochen Hoock et Marie Claire Hoock Bonn Paris ditions EHESS p 291 3 Philippe GARRAUD 1978 Discours pratiques et id ologie dans l volution du Parti socialiste Revue fran aise de science politique vo
33. ortent pas tous sur le m me candidat En effet avant le Congr s de Dijon en novembre 2005 le Nouveau Parti Socialiste NPS cr par Arnaud Montebourg et Vincent Peillon avait fait sien le th me de la VI R publique plus responsable et plus d mocratique La motion du NPS avait accentu l id e d un renouveau d mocratique des institutions il manque en France tous les niveaux une v ritable culture et une organisation de la responsabilit politique qui implique que les gouvernants et les Laurent FABIUS L Hebdo des socialistes n 423 Le candidat reprend les l ments pr sent s dans le projet socialiste sur la modernisation des institutions droit de p tition loi d initiative citoyenne R ussir ensemble le changement Le projet socialiste pour la France 2006 Laurent FABIUS L Hebdo des socialistes n 423 Y On peut saluer cette respiration d mocratique que constituent les primaires Aux Etats Unis les primaires constituent l un des moments importants de la vie d mocratique Michael BEHRENT 2005 Iowa 2004 une authentique exp rience d mocratique dans 7issage 3 pp 20 35 8 Arnaud MONTEBOURG Fran ois BASTIEN 2005 La Constitution de la 6 R publique r concilier les Fran ais avec la d mocratie Paris ditions Odile Jacob Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 17 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la
34. rder to understand how it is an incomplete heritage of the topic of self organisation which was popular in the French left during the seventies and how it is a way to renew the political institutions of the Fifth Republic and the way of doing politics Key words participatory democracy instruments self organisation renewal Contact redaction sens public org Malentendus sur la d mocratie participative r flexion sur les primaires socialistes Christophe Pr mat e deuxi me d bat t l vis pour l investiture interne d un candidat socialiste aux lections pr sidentielles de 2007 a fait surgir des divergences de fond quant la compr hension de la d mocratie participative et de ses instruments Ces divergences sont r v latrices des ambivalences du Parti Socialiste l gard de ces proc dures qui existent dans de nombreux pays et qui ont d mal s implanter en France Nous souhaitons analyser cette querelle et la mettre en perspective par rapport aux enjeux des pr sidentielles de 2007 Certes le d bat s annon ait plus tendu en raison d une volont de d marcation des candidats les uns par rapport aux autres Cette strat gie a amplifi et radicalis les positions des candidats sur plusieurs sujets parmi lesquels la d mocratie participative dont on n aurait pu supposer qu elle ne serait pas l une des fractures id ologiques entre les candidats En r alit S gol ne Royal a monopolis cette question en s
35. rt sur les instruments h t roclites de la participation avec le fait que S gol ne Royal a bas sa strat gie de rupture et de r novation sur la m thode participative Les instruments de d mocratie directe voqu s ont t ceux de r f rendum d initiative populaire et d initiative manant d un million de citoyens provenant de trente d partements diff rents propositions relevant d ailleurs du projet socialiste Cette initiative populaire nationale pourrait aboutir un r f rendum national et ressemble trangement au syst me qu avait imagin Condorcet dans son projet de Constitution du 24 juin 1793 Condorcet voulait inventer un m canisme d invention diff rent du veto ou du r f rendum consultatif qui permettrait aux citoyens d mettre des v ux et de les faire remonter l Assembl e Nationale En r alit un syst me de filtres permet de garantir la conformit du v u l int r t g n ral Dans un ouvrage politique intitul Censure du peuple sur les actes de la repr sentation nationale et du droit de p tition r dig en f vrier 1793 il a expliqu les principes de cette p tition qui lorsque 50 citoyens d une m me assembl e primaire la signent est transmise l assembl e primaire de l arrondissement de la commune qui d lib re et d cide ou non de la transmettre l assembl e primaire de la commune puis celle du d partement chaque fois un soutien de 50 signatures est exig Ce syst me re
36. s modernes des d mocraties antiques o le syst me du tirage au sort assurait une r partition galitaire des charges politiques 18 Jacques RANCI RE 2005 La haine de la d mocratie Paris ditions La Fabrique p 47 Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 8 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative s applique pas au cadre repr sentatif mais aux jurys citoyens pouvant tre institu s dans des cas tr s concrets Yves Sintomer et El onore Koehl dans leurs travaux sur les jurys citoyens berlinois ont rapport le fait que les jurys taient cr s dans certains quartiers pour piloter des projets de r novation urbaine o de cr ation artistique Dans le cas des jurys berlinois 49 du jury est compos des forces vives locales associations experts et 51 des membres sont tir s au sort parmi les habitants Le tirage au sort n est certainement pas surd terminer dans le cas des jurys mais les r percussions que cette proposition a eues sont r v latrices du climat politique fran ais S gol ne Royal a d velopp l id e de jurys citoyens en mentionnant le fait qu elle pourrait se faire sur des questions d importance nationale telles que l indice des prix La repr sentation al atoire comme mani re de compl ter la repr sentation lective a t vigoureusement d fendue Dans ce d bat institutionnel la querelle a po
37. s de citoyens mode d emploi Paris ditions Charles L opold Mayer Paris p 5 3 L tude des jurys citoyens berlinois par El onore Koehl et Yves Sintomer a t l une des premi res sur la question en Europe El onore KOEHL Yves SINTOMER Juillet ao t 2002 Les jurys de citoyens berlino s Rapport final pour la D l gation Interminist rielle de la Ville 135 pages Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 3 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative Les valeurs phares sont celles du rassemblement de la nation et de la dimension spirituelle de la fonction pr sidentielle elles concernent la d finition ultime du contrat pass avec le pays elles portent sur le souhaitable Les valeurs balises sont celles qui d finissent le vivre ensemble ici et maintenant les guides de la vie quotidienne qui orientent les comportements individuels Ainsi voquer les instruments de participation nous plonge dans les valeurs balises tandis que la discussion plus g n rale sur les combinaisons de la participation et du cadre repr sentatif articule en profondeur les valeurs phares et les valeurs balises La d mocratie participative se d cline en une palette d instruments allant des conseils de quartier des ateliers d habitants lorsqu elle est pratiqu e l chelle de la commune aux jurys citoyens aux d bats publics et aux
38. s du premier d bat t l vis du 17 octobre 2006 S gol ne Royal avait explicit sa m thode celle de la d mocratie participative pour r soudre un certain nombre de probl mes pos s aux Fran ais Le deuxi me d bat a permis une br ve introspection dans le contenu de cette d mocratie participative savoir l id e de jurys citoyens tir s au sort en partie qui associ s aux lus pourraient d livrer un avis d expert sur certaines questions susceptible d clairer les d cisions des lus et en m me temps d activer un int r t pour les affaires publiques Cette proposition a fait scandale aussi bien au sein de la droite qui lors des d bats l Assembl e Nationale du 25 octobre a compar les jurys citoyens aux tribunaux populaires des anciens pays communistes qu au sein de la gauche o les r actions ont t quelque peu mitig es Cette id e est propre S gol ne Royal puisqu en dehors du Parti Socialiste on ne retrouve cette position ni chez les Communistes ni chez les Verts ni chez les Trotskystes tous trois ayant galement des propositions fortes en mati re de r novation de la d mocratie fran aise Certes la d mocratie participative est une m thode de communication permettant la candidate de se d marquer par rapport aux autres ou plut t de s investir comme le souligne St phane Roz s dans la promotion de valeurs balises En effet pour ce dernier Dominique BOURG Daniel BOY 2005 Conf rence
39. t e par le NPS au Congr s de Dijon en novembre 2005 Contribution du Nouveau Parti Socialiste au diagnostic de la soci t dans le cadre de l laboration du projet du Parti Socialiste Document interne p 62 Arnaud Montebourg est l un des rares responsables politiques pr ner le contr le des lus et notamment des budgets des diverses collectivit s territoriales Arnaud MONTEBOURG 2000 La machine trahir rapport sur le d labrement de nos institutions Paris ditions Deno l p 131 il faudra bien finir par obliger les administrations locales donner des informations aux citoyens sur simple demande et offrir aux contribuables la possibilit de contester tout moment et de participer la d lib ration Donner galement aux citoyens la possibilit de saisir les chambres r gionales des comptes afin d obtenir v rification et contr le rapide de d lib rations qu ils contestent 51 L Express 26 10 2006 Montebourg Citoyenne S gol ne propos recueillis par Elise Karlin p 76 la mise en place des jurys citoyens est une proposition inspir e de la d mocratie ath nienne o les lus rendaient compte de leur mandat et acceptaient d valuer leurs propres choix devant les citoyens La proposition de S gol ne Royal se situe dans l esprit du projet de Vie R publique que les r novateurs d fendent avec constance Je pratique moi m me ces comptes rendus de mandat dans ma circonscription depu
40. t les associations et quelques uns les citoyens tir s au sort ou des lecteurs enfants r guliers consultatifs ou d cisionnels chelle municipale et ventuellement microlocale ou majorit top down Fonds de quartier Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 5 Organes de d veloppement communautaire Jurys citoyens Conseils consultatifs Plans strat giques plans communautaires agendas 21 Repr sentation des usagers CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative reposent g n ralement sur les citoyens mobilis s mais impliquent parfois des secteurs de la population indig nes r guliers consultatifs ou d cisionnels chelle microlocale mais peut peser au niveau municipal bottom up reposent soit sur des acteurs trangers jeunes personnes g es soit sur les associations associent souvent les groupes d int r ts g n ralement r guliers parfois ponctuels le plus souvent consultatifs diff rentes chelles top down le plus souvent formes mixtes impliquant secteurs de la population citoyens organis s et groupes d int r ts parfois les citoyens mobilis s ponctuels plans strat giques plans communautaires ou r guliers Agenda 21 le plus souvent consultatifs chelle microlocale et municipale top down plans strat giques ag
41. ttp www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 21 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative probl mes des Fran ais Le probl me est qu elle ne suffit pas faire un programme et qu elle risque d occulter des questions jug es primordiales par les Fran ais La difficult pour S gol ne Royal consiste faire reposer sa d marche sur des instruments en cours d exp rimentation et qui n ont pas suffisamment prouv leur efficacit sur des politiques publiques de grande ampleur Tout comme l autogestion par le pass il est risqu de parier sur ce type d instrument qui par d finition doit garder une part de spontan it et s accorder aux circonstances de son usage Pierre Merle avait d ailleurs rep r lors de la campagne pr sidentielle de 2002 une f cheuse tendance la convoquer dans beaucoup de d bats Je relevai l expression sur France Inter le 12 f vrier 2002 ce qui ne veut naturellement pas dire loin de l qu elle n avait pas t utilis e auparavant Mais l a fusait litt ralement tous azimuts aux c t s d autres types de d mocratie comme la d mocratie scientifique et m me la d mocratie de proximit existerait il une d mocratie d loignement par hasard Il est vrai qu on tait en p riode pr lectorale pr sidentielle mais enfin D mocratie participative donc Et moi de me demander alors aussi sec et avec une na vet
42. unicipale Wargny 1978 66 L Isle Jourdain Gers 5000 habitants 216 participants aux Michel Ghirardi PSU commissions municipales Wargny 1978 78 Louviers Eure 20000 habitants d mocratie directe Municipalit d Action commissions de gauche commissions de Liste CAG PSU quartiers commissions CAG Comit Publication de l article en ligne 2006 12 http www sens public org article php3 id_article 353 Sens Public 14 CHRISTOPHE PREMAT Malentendus sur la d mocratie participative municipales de gestion d Action de Gauche commission pl ni re Wargny 1978 91 93 Mons en Baroeul Nord 29 000 habitants R f rendum sur le MarcWolf CERES bar me des imp ts maire en 1977 locaux La Roche sur Yon Vend e 50 000 habitants Assembl es de quartier Jacques Auxiette commissions PS ex du PSU municipales ouvertes victoire en 1977 r le des commissions ouvertes Il est signaler l influence des Groupes d action municipale GAM dans la r flexion sur la d mocratie locale avec l animation des quartiers et la participation des habitants aux grandes d cisions locales Dans ces exp riences on retrouve le th me de la transparence des d cisions et la participation des habitants la vie politique institu e ainsi que des dispositifs innovants permettant aux citoyens de collaborer la politique budg taire de la municipalit budgets de quartier r f rendum sur le bar me des imp ts
43. vance CERES Jean Pierre Chev nement 62 5 pour les militants du courant Bataille Socialiste proche de l ancienne SFIO et 47 1 pour ceux de l ERIS tendance de Poperen 13 4 des membres de la tendance Mitterrand estimaient m me que le th me de l autogestion tait anecdotique 1 8 des membres du CERES 12 5 de la Bataille Socialiste et 6 7 de l ERIS La question de l autogestion devient int ressante lorsqu on la rapporte l analyse sociologique des militants En effet elle trouve beaucoup d chos chez les cadres sup rieurs 65 et les employ s 72 4 Pour les cadres sup rieurs il s agit d une tape id ologique r aliser alors que pour les employ s l autogestion est une possibilit d volution de l entreprise L autogestion tait vue comme un sujet moderne permettant aux militants d tre en phase avec les terrains de la contestation sociale Les lections municipales de 1977 ont d ailleurs permis la gauche de d velopper le th me de l autogestion et de faire appara tre la figure du maire autogestionnaire souhaitant innover dans des dispositifs de participation des habitants la vie locale Il ne s agit pas d identifier l autogestion la d mocratie directe qui sont deux notions diff rentes Selon Pierre Rosanvallon la d mocratie directe n est pas un mode de gouvernement une v ritable forme de pouvoir une pratique de gestion naissant dans des situations historiques ou 2 Pierre ROSANVALLON 1976
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