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Agone 5 et 6

1. La musique des sons ne pr tend pas tre l av nement de la r alit soi m me la renaissance en esprit de cette Nature laquelle on n ajoute pas dit Mallarm Elle ajoute r solument au donn du monde et de ce fait m me d ailleurs elle peut d autant mieux en refl ter l unit au sein de ses propres structures et en r ver la Raison autant qu en imiter les d chirements 1 On trouve dans votre travail de composition un rapport tr s privil gi avec les lieux qui constituent votre mati re premi re La musique que vous composez partir de ceux ci ajoute elle quelque chose Y a t il pour vous une musique des lieux avant la musique des sons Agone 5 et 6 1 C cile Le Prado Il n y a pas pour moi diff rentes sortes de musiques Il y a des choses qui en leur tat pr sentent d j une donn e musicale parce qu elles ont une forme propre une structure propre une qualit d organisation des qualit s de mati re Des qualit s de d veloppement de positionnement dans l espace d existence Ces qualit s peuvent tre contenues dans certains lieux certains espaces au travers des donn es sonores qui les habitent naturellement C est l une premi re musique Intervenir ensuite sur ces donn es de timbre de morphologie d agencement etc permet de r v ler d autres facettes musicales et ces possibilit s sont multiples sans fin Ce sont alors d autres musiques provoqu es fabriqu es
2. Ce rapport d autorit est si g n ral si formel pourrait on dire que je n h siterai pas le repr senter sous l esp ce d une double quation A a tout pouvoir sur B A aime B qui ne l aime pas 15 Puisqu il s agit d quations rempla ons les variables par les constantes que Barthes nous livre Si la formule fonctionne pour Cr on et Antigone Pyrrhus et Andromaque N ron et Junie Roxane et Bajazet enfin Mithridate et Monine les autres couples r sistent Si Taxile aime Axiane il n a pas tout pouvoir sur elle Taxile n a que le pouvoir que lui donne Alexandre Si Ph dre aime Hippolyte elle n a aucun pouvoir sur lui elle provoque sa mort qu elle n a pas voulu par un mensonge qu elle n a pas commis B r nice aime et fuit Titus Titus l aime et la quitte Sans transition passons des amours galantes aux amours filiales Agamemnon a tout pouvoir sur sa fille et l aime mais Iphig nie n interdit elle pas Achille de s opposer son sacrifice ordonn par son p re 16 Sans doute Mardoch e aime t il sa ni ce Esther reine de Perse qui semble le lui rendre plut t bien mais il est vraiment incongru de se demander lequel a tout pouvoir sur l autre Enfin il faut tre Barthes pour avoir devin que la vieille Athalie aimait le petit Joas qui la tiendra finalement en son pouvoir Dans son projet de trouver une coh rence aux onze trag dies Barthes propose d en faire une trag die essentielle L
3. Mikhail Bakhtine La Po tique de Dosto evski Le Seuil 1970 Dans le chapitre La perspective d interpr tation tous les passages entre guillemets concernant Dosto evski sont extraits de cet essai 11 Nietzsche La Volont de Puissance op cit 385 page 433 12 Cf Gilles Deleuze Nietzsche et la Philosophie PUF 1988 chap 1 13 Cf Gilles Deleuze ibid 14 Nietzsche L Ant christ Gallimard 1990 43 page 57 15 Nietzsche Ainsi parlait Zarathoustra Aubier Montaigne tome 2 1969 page 237 Agone 5 et 6 13 16 17 18 19 20 21 22 23 24 Nietzsche ibid tome 1 page 69 Nietzsche ibid tome 1 page 63 Mikhail Bakhtine op cit pages 72 77 Michel Foucault Nietzsche Freud Marx in Cahiers de Royaumont op cit pages 183 192 Cf Dosto evski Le Sous sol Gallimard page 230 et suivantes Cf Dosto evski Crime et Ch timent Gallimard 1975 Nietzsche Ainsi parlait Zarathoustra op cit tome 1 page 85 Cf Gilles Deleuze Nietzsche PUF 1965 page 9 Cf Karl L with Nietzsche philosophie de l ternel Retour du M me Callman L vy 1991 Agone 5 et 6 14 Agone 5 et 6 Commentaire sur Jud it antis mitisme et historicit Zaffran Jacques Commentaire sur Judeit antis mitisme et historicit Savoir c est questionner dit Reb Mendel Que tirerons nous de ces question Que tirerons nous
4. ce qui serait int ressant Il n y aurait plus que cette probl matique des forces d attraction et de r pulsion de cin tique de transformation de mati re Et en ce sens je crois que c est peut tre la mani re la plus directe de s loigner de toute tendance de toute attirance du d coratif de l anecdotique de n en garder que la substance importante Il y a toujours une porte de sortie qui dans un premier temps doit faciliter le travail ou s curiser utiliser des l ments d histoire des parties anecdotiques sans prendre la distance de n en garder qu une ligne qu une infime petite chose qui contiendrait en elle m me tout cela Dans un travail sur une faille ou encore sur l horizon je crois que ce serait comme enlever tout parachute travailler v ritablement dans l abstraction AGONE Avec en plus la question d un autre temps d une autre chelle ramener par exemple le temps g ologique un temps humain C cile Le Prado Oui Mais pour le moment cette question ne s est pas pos e en tant que telle AGONE La musique vient elle redonner un temps au lieu C cile Le Prado Un autre temps Parce qu elle a son propre temps Elle vient lui donner un autre espace temps AGONE Parce qu il l aurait perdu pris dans d autres espace temps dans lequels il aurait t plong Agone 5 et 6 7 C cile Le Prado Non De toute fa on je pense qu un lieu dat a eu plusieurs espace temp
5. Agone 5 et 6 8 La chute est peut tre un peu optimiste mais r fl chir et m diter permettront certainement que l article paru dans l avant derni re livraison d agone atteigne son but Jacques Zaffran septembre 1991 Notes 1 Toute les citations mises ainsi en exergue sont extraites de l article de Jacques Vialle Jud it antis mitisme et historicit in AGONE 2 3 Hiver Printemps 1991 2 C est nous qui soulignons 3 Outre les r f rences d j indiqu es par Jacques Vialle je sugg rerai d autres articles parus dans la presse liste non exhaustive bien entendu M Bernsohn Retour aux sources in Le Monde 21 09 1979 G Hocquenghem Mieux vaut un Juif mort qu un Juif qui rit propos du livre de L Rozenzweig La Jeune France juive in Lib ration 28 06 1980 E Badinter M Rodinson amp L Rozenzweig Champ libre in Lib ration 01 07 1980 G Comte Prescription des crimes nazi in Le Monde 29 30 05 1979 4 in Lib ration 24 01 1981 R f rences Agone 5 et 6 9 Arvon H Le Juif et l id ologie PUF 1978 Buber M Les R cits hassidiques ditions du Rocher 1963 Chouraqui B Qui est goy Albin Michel 1980 Cohen A Le Talmud Payot 1980 Finkelkraut A Le Juif imaginaire Le Seuil 1980 La R probation d Isra l Deno l 1983 La Sagesse de l amour Gallimard 1984 Jab s E Le Liv
6. Dans les si cles venir on consid rera comme une grande incongruit de l histoire des math matiques que la premi res th ories correcte des nombres infinit simaux ait t d velopp e trois cents ans apr s l invention du calculm diff rentiel traduction de Robert Lutz Agone 5 et 6 10 Agone 5 et 6 Le g ne de l alcoolisme Une question d interpr tation Becquet Denis Le g ne de l alcoolisme Une question d interpr tation Si la communaut scientifique admet comme une sorte de fatalit que ses travaux soient abusivement interpr t s par les journalistes ou les hommes politiques elle se croit g n ralement elle m me l abri de tels d rapages Pourtant les publications o l on voit transpara tre le parti pris de leurs auteurs ne sont pas rares Les travaux concernant le d terminisme g n tique de l intelligence ou des d sordres psychiques et de fa on g n rale les recherches men es sur la part de l inn et de l acquis dans les comportements sont particuli rement expos es au risque d interpr tation partiale Certains chercheurs vigilants tels que Lewontin Rose et Kamin ont cependant brillamment critiqu le protocole et l interpr tation de plusieurs exp rimentations peu objectives Toutefois d s le titre de leur ouvrage Nous ne sommes pas programm s 1 ils affirment une position qui sans invalider leurs analyses laisse penser qu elles sont influenc es par une forme d
7. Propos recueillis par Serge Dentin Notes 1 Kreisleriana de Robert Schumann compos au printemps 1838 2 Ges nge der Fr he Opus 133 de Robert Schumann compos en octobre 1853 Schumann crivit son diteur F W Arnold Je ne d sire pas faire para tre les Fughettes opus 126 en raison de leur caract re essentiellement m lancolique et je vous propose la place une autre oeuvre termin e il y a peu intitul e Ges nge der Fr he savoir cinq pi ces caract ristiques pour le piano d di es la po tesse Bettina Ce sont des compositions qui d crivent les sentiments prouv s l approche du matin mais plut t comme expression des motions que comme peinture Agone 5 et 6 7 3 Claude Helffer in Le Texte et la note Agone 5 et 6 Agone 5 et 6 Entretien avec C cile Le Prado Le Prado C cile Entretien avec C cile Le Prado Le plus le mieux que l on puisse semble t il faire cherchant donner une preuve d amour est de laisser de la place autour de n importe qui de n importe quoi John Cage L installation dans un territoire r it re la cosmogonie Tout tablissement humain r p te la cr ation du monde Mircea Eliade Plus la reproduction de l objet naturel s loigne par ses dimensions de la r alit plus il rev t un caract re magique et mythique Rolf A Stein AGONE J aimerais vous lire le passage d un texte de Yves Bonnefoy concernant la po sie de Mallarm
8. 3 mile M le L art religieux du XIIIe si cle en France Armand Colin 1948 1898 page 11 4 Ce n tait pas son sujet N ouvrant que pr face et conclusion La Bible des illettr s semble plus une ficelle de litt rateur qu une hypoth se de savant Lire l hommage rendu Victor Hugo qui parle si bien du Livre de pierre page 703 5 Sur une critique des poncifs v hicul s par la litt rature semi savante propos de l image et des pratiques audiovisuelles cf Jean Claude Passeron Les yeux et les oreilles propos de l audiovisuel in Le raisonnement sociologique Nathan 1991 pages 175 184 et Pierre Bourdieu amp Jean Claude Passeron Agone 5 et 6 13 Sociologues des mythologies et mythologies de sociologues Les Temps Modernes 211 1963 pages 998 1021 6 Sur la notion de pr somption de sens comme crit re de d marcation entre objets symboliques et objets naturels cf Jean Molino Pour une histoire de l interpr tation les tapes de l herm neutique Philosophiques XII 2 pages 285 287 7 Michel Vovelle La religion populaire probl mes et m thodes in Le Monde Alpin et Rhodanien 1 4 1977 8 On trouvera un corpus de textes de r f rence sur les positions des glises chr tiennes en mati re d iconographie et de culte des images dans l ouvrage de Daniele Menozzi Les images l glise et les arts visuels Ed du Cerf 1991 9 Cf le d bat entre Saint Bern
9. Entretien avec Claude Helffer AGONE Vous avez enregistr il y a un certain nombre d ann es la Sonate pour piano de Jean Barraqu Dans la pochette qui accompagnait le disque figure un texte o le compositeur s exprime sur sa conception de la cr ation musicale En voici quelques extraits Mais toute musique qui n est que comptabilit chappe l histoire La musique m habite vingt quatre heures sur vingt quatre Je sais que dans la vie des autres il y a des partages deux heures pour l amour trois heures pour d jeuner quatre ou cinq heures pour les affaires huit pour ceci bon Pour moi la musique est tout Elle est toute la vie Il faut viser l objectif le plus grand tre compositeur c est tre cr ateur et la cr ation qu est ce que c est c est la mort 1 Je voudrais vous demander si en tant qu interpr te vous partagez ces conceptions ou sont elles propres au compositeur Claude Helffer Non je crois que c est un fait que l on ne peut pas tre interpr te sans tre habit par la musique et que cela vous poursuit tout le temps Non seulement au sens d tre habit mais aussi au sens d essayer de se perfectionner Je crois que c est Chopin qui disait Travaillez deux heures par jour et pensez y le reste du temps C est ce que nous faisons tous O que je sois c est vrai la musique me poursuit en vacances dans le train etc Le cerveau continue fournir de la musique et s
10. C est mon p re Seigneur je vous le dis encore Mais un p re que j aime un p re que j adore Qui me ch rit lui m me et dont jusqu ce jour Je n ai jamais re u que des marques d amour 17 Sur Racine op cit pages 14 15 18 Ibid page 9 Agone 5 et 6 13 19 C est encore Jacques Vialle que j emprunterai la formulation goodmanienne suivante de la confusion entre le sens d une oeuvre et l effet de sa r ception Si une multiplicit d tiquettes pr dicats jugements et descriptions peuvent tre appliqu es une oeuvre ces tiquettes ne sont pas les d notatas de l oeuvre ce sont elles qui d notent l oeuvre La signification d une oeuvre c est ce qu elle repr sente non l ensemble des tiquettes qui lui sont appliqu es Confondre les effets de r ception d une oeuvre avec sa signification est source d quivocit Tandis que si l on peut citer plusieurs versions de ce qu une oeuvre repr sente l une sera toujours plus juste que les autres Ne pas s accorder sur la signification d une oeuvre ne doit pas emp cher de s entendre sur le fait que ce que repr sente l oeuvre est sa signification et que cela est univoque La pauvret de telles conceptions est pour certains une exigence intenable nous pr f rerons la s cheresse de la v rit la luxuriance du faux 20 Ce programme est r sum par Erwin Panofsky dans le concept de Kunstwollen articles suscit s 21 Cf Pierre Bourdieu
11. Des rires Il a tout donn non non pas un seul moment consacr des plaisirs personnels Ha ha ha ha g n ralis et a leur a cass la baraque aux deux autres Ha ha qu ils aillent se faire pendre Et LE MESSAGER SE TAIT lui aussi Il tait temps qu il se taise APR S L ONZI ME jour on a eu l occasion d entendre ce que le Client dira lorsqu on lui redonnera la possibilit de verbalisation Par cons quent on lui a enlev le b illon et voil ce qu il a dit tout au long de la journ e Agone 5 et 6 15 Et maintenant je vais nouveau prier le camarade typographe d ajouter 24 lignes de blancheur Merci Il ressort qu il s est tu toute la journ e et s est endormi apais On avait la sensation que tout s tait termin au mieux et on se sentait ENSEMBLE pour la premi re fois depuis qu on tait ensemble heureux et victorieux L ex g se du seul mot prononc par lui apr s la reprise de sa verbalisation JE SUIS on allait la faire une autre fois AU DOUZI ME JOUR DE BONNE HEURE on a pr par la drogue de d mobilisation C tait encore Jenny qui lui a fait l injection aux environs de quatre heures trente minutes cinq heures et demie on l a d pos en tat d inconscience sur le trottoir du boulevard 30 avril vide cette heure l mais pas tr s loin de l entr e principale des usines Jupiter Aux alentours de six heures et trente minute
12. dans le jeu il faudrait ne pas penser du tout C est tr s risqu C est comme travailler sans filet Mais c est plus beau 1 Michel Oudar Au d part 1l y a toujours quelqu un Laurent Cabasso et Claude Helffer sont pianistes C cile Le Prado compositeur Trois g n rations trois lieux trois temps Des vies singuli res des points de vue diff rents Fa ons d tre de parler Des gestes qui changent Qui a dit que les points de vue qui ne sont pas des opinions transforment la g om trie de la sph re en celle du c ne est ce Leibniz ou Einstein Nous chercherons alors une chose laquelle nous rapporter un invariant comme la vitesse de la lumi re qui reconnecte les vies isol es qui rassemble les mes perdues Pour pouvoir communiquer sortir du ressassement Et pourtant restent la solitude de la musique la douleur et la joie m l es la folie guettante cette pr sence trop forte qui jamais ne peut se livrer Quel est alors le sens de ce qui nous est donn entendre Il nous faut retrouver la ligne de plus grande vitesse qui passe travers les mots retrouver la continuit qui est le propre de la vie Chacun tracera donc ici son propre dessin Notes Agone 5 et 6 1 1 Entretien avec le pianiste Michel Oudar in Mouli Marsi 6 d Atelier Vis Vis Marseille Propos recueillis par Serge Dentin octobre 1990 Agone 5 et 6 Agone 5 et 6 Entretien avec Claude Helffer Helffer Claude
13. les moments de sant comme valuation de la maladie 23 d passement de l illusion et de la r activit Le monde n a de centre que son fatum revenir une infinit de fois comme une multitude de centres Tant que l homme refuse de souffrir de ce qu il est il se s pare de lui m me et de ce dont il est capable il s enfonce alors dans la fiction aveugle du divin ou la dissolution comique du pessimisme Il n est pas le centre de lui m me tre un centre pour soi m me c est ne plus chercher savoir ce qu il faut faire pour sortir de soi m me pour s vader du monde tel qu il est mais laisser faire tout ce qui peut sortir de soi m me du monde tel qu il se d ploie Se s parer du monde et se s parer de soi m me sont une seule illusion Croire en cette illusion en cette s paration est le signe d une seule d cadence comme s affranchir de cette d cadence est la distinction du surhomme Le surhomme ose vouloir et veut ce vouloir l comme s il fallait le vouloir une infinit de fois Son exigence est d tre la mesure de soi m me c est dire la mesure du monde L exigence du poids le plus lourd pour s ouvrir l espace de la danse la plus l g re est le gai savoir par lequel le fatum impersonnel du monde rencontre la volont particuli re de l homme qui peut s attribuer le fatum lui m me comme destin 24 Et dans cette ouverture le vouloir en tant que tel se dissout lib rant l exp rience innocente de l innocence
14. sont tout aussi l gitimes que celles fond es sur Z F mais elles sont un peu plus riches Cette formalisation de la na vet est videmment tr s partielle On peut d finir une extension conservative beaucoup plus labor e que j appelle Z F L en l honneur de Leibniz dans laquelle le calcul infinit simal de celui ci prend tout son sens Son langage est celui de Z F et ses axiomes externes sont les suivants i Tout entier inf rieur un entier limit est limit ii 1 est limit ii La somme et le produit de deux entiers limit s sont limit s iv Il existe un entier non limit On d duit facilement des trois premiers axiomes que les entiers na fs sont limit s Mais on a ici tout ce qu il faut pour interpr ter formellement l id e de transition floue En effet il n existe pas de dernier entier limit sinon on lui ajoute 1 et il ne l est plus ni de premier infiniment grand sinon enlever 1 et cela reste infiniment grand bien qu il n y ait rien entre les limit s et les infiniment grands Et cela n est pas un paradoxe mais de la math matique bien comprise quoique inhabituelle pour nos esprits trop bien entra n s la fiction des coupures nettes mais tout fait habituelle nos sens Cette interpr tation math matique jette une lueur nouvelle sur l introuvable cha non manquant que l on cherche en vain dans les ph nom nes volutifs de la nature Lorsque les modifications
15. 1976 pages 195 273 28 Depuis Gotlob Frege cette distinction s exprime peu pr s de la mani re suivante soit deux descriptions d finies l toile du matin et l toile du soir toutes deux d signent la m me et unique r f rence la plan te V nus Pourtant chacune le fait d une mani re diff rente et l on appelle cette mani re son sens ce que l on d finira plus tard comme le chemin de la r f rence Sur ce sujet consulter L onard Linsky Le Probl me de la r f rence Seuil 1971 29 La participation pouss e du lecteur est au principe de certaines po tiques contemporaines qui pr sentent la r alit comme contingente l action on pense au Nouveau roman Le principe inverse se trouve l oeuvre dans certains passages de l Ulysse de Joyce o la description du monde est fonction de ce qui se pr sente l esprit du h ros et o elle tend par cons quent une extension et une complexit maximum Ces subversions du pacte de r ception r aliste sont d un int r t tout particulier pour l tude empirique de la r ception des oeuvres puisque les effets qu elles produisent peuvent tre rapport s des formes textuelles identifiables par le lecteur au sujet du principe de perceptibilit comme base empirique d une d finition du style cf Michael Riffaterre Essais de stylistique structurale Flammarion 1971 pages 27 30 30 Lettre de Joseph Panckoucke dat e de f
16. C cile Le Prado Au sens o c est un v nement qui ne doit pas tre mort qui puisse encore tre transform par la perception et par les v nements sonores ext rieurs Je suis int ress e par la possibilit laiss e l auditeur de n entendre qu une partie des choses qui ont besoin d tre investies pour se transformer Un peu comme l embo tement des poup es russes Il y a aussi la question de l ad quation de l criture la conception et au choix d architecture Il faut que cette ad quation soit tr s forte par elle m me et du fait de son rapport l espace Il ne faut pas que ce soit simplement la spatialisation d une pi ce musicale dans un lieu ext rieur comme on pourrait le faire dans une salle de concert Il faut trouver quelque chose qui d passe cette simple coloration ou mise en valeur des Agone 5 et 6 4 lieux qui ne soit pas une simple d coration rechercher une ad quation entre les choix de temps d espace et de mouvements AGONE Vous op rez une spatialisation du son et donc finalement une spatialisation du temps La musique n est plus simplement temporelle mais elle ram ne le temps l espace Une polarisation de l espace y est effectu e C cile Le Prado C est une question classique que de s interroger sur ce qui est de l ordre de l espace dans la musique Cette question est encore valable m me si la forme de ma musique est diff rente des autres Personnellement je me po
17. Cela vous sert il pour retravailler l oeuvre Laurent Cabasso Ce sont des choses que l on fait spontan ment Et peut tre que de prendre conscience de leur structure interne les d truirait Voil pourquoi il faut beaucoup travailler Il faut passer du temps d laisser l oeuvre la reprendre Mais il est aussi arriv que je doive pr parer tr s rapidement certains programmes de concert Et ce qui avait l air tout fait r ussi pouvait tre d l urgence de la pr paration cette concentration dans le travail J ai beaucoup jou les Kreisleriana et quand je les jouais trop souvent je les jouais mal parce que cela devenait automatique Il faut garder la capacit d tre mu Parce que dans le travail on retire cela Quand on a beaucoup travaill une oeuvre quelque chose de l ordre de l imm diatet dispara t c est une relation en perp tuel mouvement De m me la relation au public est tr s privil gi e Je suis tout fait sensible la qualit du silence quand je per ois une certaine vibration cela m engage plus encore transmettre mes id es et mes sensations AGONE Ces vibrations sont elles de m me nature quand on joue une oeuvre classique ou une oeuvre contemporaine Laurent Cabasso Oui partir du moment o une oeuvre est d fendue avec enthousiasme avec ferveur c est l l importance de l interpr te C AGONE Vous rapprocheriez les Chants de l au
18. De plus la perception que l on a d un v nement sonore ou musical est tr s subjective en perp tuel changement en tout cas je l esp re On n en reste pas une seule appr hension d un morceau on ne l entend jamais de la m me mani re Quand on intervient diff rents titres soit dans l enregistrement soit dans le retraitement il y a une des musique s qui sort ent Il y a une autre mani re un autre clairage un autre imaginaire Il s agit donc peut tre de faire clore des choses qui sont intrins quement contenues de les faire sortir et d essayer de ne pas refermer sur seulement une lecture seulement une qualit de mati re une interpr tation mais d essayer d largir toujours d ouvrir des portes De plus la musique que je fais prend appui concr tement sans faire de jeux de mots sur des sons qui existent d j Le point de d part qui est celui de la feuille de papier n est pas tout fait le m me que le mien Je crois qu il n y a pas de respect non plus au sens d une v rit qui est donn e par la musique des lieux On peut tout se permettre ici Elle n est pas intouchable elle a besoin d tre confront e d autres choses Comme le reste elle est vuln rable en mouvement Peut tre les situations int ressantes dans lesquelles on peut se trouver en tant que compositeur viennent elles quand on a trouv le point de dialogue possible avec ces choses trang res ce qui est souvent a
19. On retrouve en lisant Tout le savoir ant rieur savoir fig institutionnalis savoir mouvant traces et bribes travaille le texte offert au d chiffrement Il n y a jamais saisie autonome sens constitu impos par le livre mis en lecture 23 Une saine disposition positiviste nous donne penser que ces affirmations sont d pourvues de sens et qu il ne suffit pas d enregistrer diff rentes versions d une explication de texte pour en pointer du doigt l incontournable polys mie Celle ci n a rien voir dans l affaire et expliquer un texte n est pas la m me chose que le lire seulement une fa on de r pondre une question que les textes eux m mes dans leur grande majorit ne posent pas L erreur tient de la confusion entre lecture et interpr tation et de l usage incontr l du concept de polys mie lequel rappelons le d signe une propri t du lexique celle pour un signifiant de pr senter plusieurs signifi s 24 Mais l erreur vient aussi du fait que l on parle de lecture en g n ral non ant au mieux quelques r f rences choisies mais sans jamais pointer l oeuvre du doigt comme le font les historiens d art lorsqu ils nous expliquent comment lire un tableau N cessaire au commentaire des images ce principe de Agone 5 et 6 6 monstration dans la d monstration serait tout fait ruineux si on l appliquait sans vergogne au discours inspir de Jean Marie Goulemot A lir
20. ce qui tait le cas au XVIIIe et au XIXe si cles o d ailleurs interpr te et cr ateur se sont souvent m lang s J entendais hier soir que Rachmaninov a compos son troisi me concerto pour une tourn e aux tats Unis Stravinski a compos son Capriccio que je travaille en ce moment pour une tourn e aux tats Unis pour faire conna tre sa musique en m me temps qu il tait interpr te Il y a donc l m lange Personnellement je ne suis pas compositeur J ai fait des tudes de composition pour essayer de mieux comprendre ce que je faisais et j ai tout de suite compris que je n avais rien d un compositeur ce qui m int ressait tait aussi de voir comment cela fonctionne Donc je ne me place pas sur le plan d un cr ateur Je suis face au texte d un compositeur j ai quelquefois un contact avec lui et j essaie de faire vivre son texte Si vous allez une exposition de peinture il vous suffit de la regarder il n est besoin d aucun interm diaire Bien s r quelqu un a install l clairage dispos les toiles mais ce n est pas aussi important Tandis que si vous fournissez une partition la plupart des gens ne peuvent pas la lire Nous musiciens avons appris lire une partition avons acquis une coute int rieure Mais pour qu il y ait restitution il faut qu il y ait interpr te Nous sommes un interm diaire oblig On pourrait penser qu une machine pourrait suffire mais le c t vivant de l int
21. e c est s en figurer le sens se repr senter ce qu elle d crit c est y ajouter les r f rences La distinction entre sens et r f rence permet de comprendre pr cis ment le r le du lecteur dans ce qui fonde la cr ativit de la r ception le sens c est la forme grammaticale de la description la r f rence l image mentale que le lecteur produit partir de cette forme 28 Cette situation se complique du fait que le texte ne fournit jamais la description compl te d un monde ou des l ments de ce monde et que le lecteur doit compenser lui m me ce manque la description pour que le monde esquiss par le texte lui apparaisse comme un objet consistant 29 Mais cette participation du lecteur ne consiste pas en un allongement du texte C est par une s rie d inf rences que nous avons cette impression qu en lisant nous nous d pla ons dans un monde celui qui nous est d sign ce monde et non un autre Le texte est la lecture ce que le mod le est au r sultat d une simulation Mais de celle ci on ne peut rien dire seul le mod le est dou d une permanence empirique Les synth ses passives ou si l on veut les images mentales que nous formons en lisant rel vent de l axe temporel de la lecture et on ne peut les d crire sans d truire aussit t l impression de vie enargeia qui est au principe de leur existence C est pourquoi je ne peux amener quiconque se repr senter ce que je lis
22. e par Baudelaire dans Harmonie du soir dont le troisi me vers est le titre d un Pr lude de Debussy De m me la po sie de Verlaine aide beaucoup comprendre la musique de Debussy certaines poques il m arrive d avoir envie de subir des impr gnations Il peut s agir de paysages j aime aller voir le Salzkammergut qu ont parcouru les compositeurs viennois avec ses lacs de montagne J ai l impression que je les sens mieux Les apports ext rieurs sont importants pas seulement chez soi par la lecture mais en voyageant en s int ressant d autres arts Je me rappelle qu au mus e de Boston je regardais la grande fresque de Gauguin D o venons nous alors que le soir m me j avais jouer la Troisi me Sonate de Boulez J ai senti tout coup que je la comprenais mieux Ce n est pas tant qu une telle vision donne des solutions imm diates mais on a l impression que l on avance AGONE Vous parliez tout l heure de non fermeture en voquant le th or me de G del Y a t il d autres formes d ind termination dans le travail d interpr tation Claude Helffer L ind termination est aussi pour l interpr te fonction des instruments qu il va trouver Une fois que nous sommes en concert il y a la salle son acoustique l instrument le public Ce sont tous des facteurs qui vont peut tre compl tement changer notre interpr tation Vous allez vous dire avec le tempo que j ai et une salle aussi
23. en face duquel ils sont impuissants de ce point de vue ni pour le lecteur qu ils peuvent priver de plaisir par leurs censures Leur conception de la litt rature est structur e en termes de propagande et de contre propagande Mais m me dans ce cadre ci ils n taient pas fid les l id ologie qu ils d fendaient tant en fait comme je l ai dit des simulateurs En bref la relation crivain censeur tait devenue en Roumanie comme un jeu de cache cache dans lequel se trouvaient galement attir s le lecteur h doniste et le lecteur r volt Les deux conceptions la litt rature plaisir et la litt rature contre propagande se confrontant ou se confondant dans le champ de la lecture Les interventions souvent ind licates de quelques autres prisonniers de la conception de la litt rature comme propagande les commentateurs litt raires des radios Europa Libera Libertatea Vocea Americii etc 2 acqu raient une curieuse pertinence Obs d s par des motifs ais ment compr hensibles selon le mod le Soljenitsyne ils provoquaient souvent par leurs interventions valorisantes l alt ration du jeu le censeur tait cong di l crivain voyait ses chances de publication encore r duites et le lecteur se retrouvait frustr notamment de la lecture que Europa Libera lui avait recommand e Quand j tais libraire Agone 5 et 6 2 1982 1987 j ai observ qu un livre vant par Europa Libera tait achet le j
24. et l Asie Mineure de Mithridate juive correspond l histoire biblique Esther et Athalie et byzantine ne concerne que Bajazet S il s agit d une typologie elle est Agone 5 et 6 9 incompl te Alexandre se d roulant sur les bords de l Hydaspe aux Indes de plus Esther met en sc ne la peuple juif mais se passe Suze en Perse Enfin pour une typologie elle est plut t bancale le premier terme rassemble sept lieux r partis sur plus de 2 000 km au cours d un mill naire le troisi me n en concerne qu un seul localis dans une ville au XVIIe si cle Les exemples ne manquent pas qui tout au long de Sur Racine montrent que les trag dies ne sont que les d tours d une criture qui n oeuvre que pour elle m me Ses proc d s sont esth tiques r f rences impr cises appel la sensibilit aux souvenirs personnels utilisation d accords sonores d images etc et les arguments d autorit s formalisme structuraliste mythologie psychanalytique La critique inspir e ne l est pas seulement d elle m me Les constantes qui apparaissent l analyse d une oeuvre peuvent avoir chapp es l auteur mais il faut encore montrer qu elles sont pertinentes pour produire une explication Sans aucun doute certains effets de r ception chappent l auteur mais il s agit de les traiter comme tels Barthes ne d couvre pas Racine il le recouvre il n explique pas les trag dies telles qu elles sont mais tell
25. l tale avant de reprendre le mouvement La cohabitation avec le site est fragile et elle peut devenir triviale si un bon rythme entre l espace initial et l espace habit n est pas trouv Une relation intime est entretenue avec le lieu une certaine mise nu un rapport passionnel Paris le 6 janvier 1992 Propos receuillis par Serge Dentin Notes 1 Yves Bonnefoy Mallarm la musique de l intellect in Pierre Boulez clats d du Centre Georges Pompidou 1986 2 Follia Entretien avec C cile Le Prado par Philip de la Croix in Sites choisis Chosen sites Catalogue de l exposition juin septembre 1991 Ville de Niort Minist re de la Culture Agone 5 et 6 8 Agone 5 et 6 Agone 5 et 6 Les opinions esth tiques de la famille Galilei Canguilhem Philippe Les opinions esth tiques de la famille Galilei Galil e critique d art c est en ces termes que le c l bre historien de l art Erwin Panofsky intitulait il y a plus de trente cinq ans une fascinante tude consacr e aux opinions esth tiques du savant florentin un an plus tard dans le compte rendu qu il faisait de l ouvrage Alexandre Koyr le grand sp cialiste de Galil e l astronome lui en reprochait le titre trop troit et qui ne laisse m me pas soup onner le sujet v ritable et donc l importance et l int r t capital de son remarquable travail Il aurait d tout au moins le faire suivre d un sous titre Attitu
26. la fois vigne et vivant ndt 3 Adrian Paunescu tait le po te pr f r de Ceausescu il est responsable de l organisation de beaucoup de manifestions de masse Il fut aussi le promoteur d une alternative folklo patriotique au d veloppement du rock roumain Octavian Goga est un po te de Transylvanie d inspiration bucolique et patriotique il eut son heure de gloire dans l entre deux guerres il participait alors un gouvernement nationaliste fasciste ndt 4 Cette ancienne ville de vill giature de la haute bourgeoisie roumaine est situ e au pied des Carpates 90 km de Bucarest 5 Cet auteur de romans sans complaisance sur les ann es d apr s guerre a fini pr sident de l Union des crivains il a t d mis de ses fonctions en d cembre 1989 ndt 6 En fran ais dans le texte 7 Si le lecteur ressent ventuellement le besoin de se gratter juste ce moment l ou s il a oubli de donner un coup de fil quelqu un ou n a pas arr t un appareil n importe lequel s il a soif etc il est pri d interrompre un peu la lecture de r gler ses affaires et de la reprendre ensuite Bien s r s il en a envie nda 8 C est rien c est rien continuez la lecture nda Allusion au premier volume de l auteur Aventures dans une cour int rieure ndt 9 Utilisation conjointe et antagoniste d un travelling et d un travelling optique Proc d invent par George Huzum op rateur de Lucian Pintilie
27. la mise en quivalence puisque le v ritable premier lecteur ne peut tre que l crivain lui m me L criture n est ainsi qu un moment particulier dans l acte de production de sens que constitue la lecture L crivain est une esp ce dont le lecteur est le genre Ainsi parce que chaque lecteur dans chacune de ses lectures donne un livre un nouveau sens le nombre des sens possibles d un livre est virtuellement infini Chaque lecture d un seul lecteur est d j elle m me diff rente de toutes ses autres lectures H raclite oblige On peut donc dire que dans ce jeu d infinis virtuels chaque livre poss de toutes les significations et leurs contraires et encore un seul livre contient virtuellement le sens de tous les autres L auteur quant lui est dissout pour tre magnifi d un c t il est d poss d du sens de son oeuvre qui n est plus qu un sens parmi l infinit des sens possibles que chaque lecture ajoute la pr c dente d un autre il reste l auteur d un livre qui contient virtuellement tous les livres l gante version qui m lange la caresse de la flatterie avec le go t piquant du paradoxe ici tout le monde gagne De modestes lecteurs sont lev s au rang de leurs idoles des idoles creuses qui ne voient rien de cette chute r ver qu il leur suffit d tre lues pour que leurs phrases soient enrichies l infini Les Lecteurs lisant en quelque sorte crivent tandis que les Lecteurs crivant n
28. les sons taient d crits et expliqu s selon un proc d math matique tout fait platonicien et leur agencement r sultait de r gles fond es sur la nature c est dire gouvern es par les nombres Pour lutter contre l absurdit de ces r gles et pour rapprocher la musique de la po sie afin de retrouver les effets extraordinaires attribu s l art musical des grecs de l Antiquit Vincenzo Galilei s appuie sur un auteur qui selon lui exprime le mieux ses opinions esth tiques Aristote En choisissant comme mod le l auteur que son fils devait combattre toute sa vie Vincenzo ne constituait pas proprement parler une exception en cette fin de XVIe si cle En effet le plus c l bre des textes esth tiques d Aristote La Po tique servait de r f rence toute discussion sur les arts avant tout litt raires cette p riode D laiss e jusque vers 1500 La Po tiquefut traduite en latin et dit e partir de 1498 mais il faut attendre le milieu du si cle pour que sa diffusion soit vraiment importante travers la traduction italienne qu en fait Bernardo Segni en 1549 et les commentaires de l oeuvre qui fleurissent en Italie partir de 1550 13 L un des plus c l bres diteurs et commentateurs de La Po tique Pietro Vettori qui publie en 1560 ses Commentarii in primum librum Aristotelis de Arte poetarum est en rapport troit avec l un de ses anciens l ves Girolamo Mei philologue passionn par l tude des textes
29. les tribunes ils ont chang les fanions de deux quipes italiennes de renom Chacun a racont l autre qu il en avait chez lui une collection compl te et que justement la nouvelle pi ce lui manquait Cornelia a t mari e avec Geza quand il tait footballeur et ensuite avec Geza qui tait ma tre assistant la fac de T C M mais sous le nom de Mihaela elle avait t en plus promise par sa m re Veronica Christian qui venait de divorcer pour la deuxi me fois de Cornelia Maria Jenny n e Ioana Toujours un mercredi apr s le match G V et moi un autre moi en rentrant de la mer avec Veronica Zoia et Cornelia sont entr s en collision la hauteur de la borne 172 350 avec l automobile Dacia 1300 conduite par le chauffeur amateur Great Bibi en l ger tat d bri t 0 000001 Aucune victime n a t r pertori e C tait un jeudi parce qu on n a pas t enregistr s Jenny a trembl toute la nuit Nora lui a donn boire du lait froid et lui a racont des histoires avec des saint bernard Quand Gregor V est rentr vers le matin Veronica a dit qu elle allait se coucher chez Suzy et les a laiss s seuls Mais Ioana s est balad e dans les rues toute la nuit quant Mircea Nedelciu il a t l phon pour annoncer qu il arrivait Moi je sais pas ce qu il s tait encore pass car apr s une semaine j ai retrouv tous les autres chez Doru ils coutaient de la musique Il manquait plus qu eux
30. metteur en sc ne de La Reconstitution 1969 film culte de la jeunesse intellectuelle roumaine ndt Agone 5 et 6 19 10 L auteur demande la permission de revenir sur ce th me dans un ouvrage ult rieur intitul Amendement l instinct de la propri t nda 11 Statuette n olithique d couverte Hamangia ndt 12 Chef de la propagande roumaine depuis 1970 cet habile intellectuel a publi plusieurs romans traitant des erreurs du socialisme d avant Ceausescu Il a t d mis de ses fonctions en d cembre 1989 ndt 13 Tel quel dans le texte 14 En fran ais dans le texte Agone 5 et 6 20 Agone 5 et 6 Lecture en contexte de dissidence trouble Cornel Alecse Lecture en contexte de dissidence trouble J ignore l effet d tranget que peut procurer Claustrophobie au lecteur fran ais Il est possible que les deux attitudes des Occidentaux l gard de l Est soient l exotisme et la d fiance J ignore si Mircea Nedelciu est ou non une figure typique de l crivain est europ en Je voudrais encore ignorer le fait que Claustrophobie ne soit pas un texte comme les autres Apr s que les Temps Modernes eurent publi la traduction d une de ses nouvelles 1 Mircea Nedelciu restait pour le public fran ais une figure incertaine parmi celles qui constituent le fond d une explication de circonstance ou d une image confortable celle l m me que l on voit complaisamment s taler dans tout num ro sp cial
31. po tique par Galileo Galilei qui partage sur ce plan l les m mes points de vue que son p re et Giovanni Bardi On l aura compris la situation est pour le moins complexe et ne plaide pas en faveur de l emploi inconsid r d un terme par ailleurs controvers Ainsi et j arr terai l un d bat qui s il est peut tre pas in puisable deviendrait la longue certainement puisant comment expliquer si l on soutient avec la totalit des sp cialistes que les critiques de Vincenzo Galilei sont dirig es contre une attitude musicale typiquement mani riste les points communs qu il partage avec des th oriciens de l art qualifi s de mani ristes et en particulier Federico Zuccari et G P Lomazzo Une comparaison de leurs oeuvres avec celle de Galilei nous entra nerait bien trop loin et je ne citerai qu un seul exemple Zuccari dans son Idea de Pittoriparu en 1607 trait qui repr sente peut tre le mieux le courant mani riste contre lequel se battaient Cigoli et Galileo soutient l opinion suivante Mais je dis et je sais que je dis la v rit que l art de la peinture ne vient pas des sciences math matiques et point n est besoin d avoir recours elles pour apprendre les r gles ou les moyens de son art ou m me pour raisonner de mani re abstraite sur l art car la peinture n est pas la fille des Math matiques mais de la Nature et du Dessin 36 Nous voici revenus au point d o nous
32. rer l hypoth se d historien qui se trouve leur principe Dans un cas l affaire est promptement r gl e sans que l on ait sortir de l adage wittgensteinien ce que l on ne peut dire on doit le taire dans l autre il s agit de r envisager une question quel s usage s les illettr s du Moyen ge ont ils eu de l iconographie que l glise livrait leurs regards Aucun t moignage ne nous donne directement acc s l exp rience visuelle artistique ou iconographique des publics illettr s du XIIIe si cle le silence bien connu des pratiques populaires p se ici de tout son poids sur les attendus de l enqu te historique et l instar des recommandations de Michel Vovelle c est la rubrique des enseignements et prescriptions eccl siastiques concernant l image religieuse que l on r cup re les traces d une pratique illettr e des images condition toutefois de savoir les saisir au creux des discours officiels 7 S il semble d licat de ne s en tenir qu des t moignages de seconde main la question de l usage illettr des images au XIIIe si cle demeure la plus int ressante qui soit puisqu elle pr sente elle seule le type de contrainte et de d tour m thodologiques qu impose la question de la r ception des oeuvres pour peu qu elle soit correctement pos e Jusqu au XIXe si cle la v n ration des images semble tre le comportement le plus manifeste de la pi t populaire On sait qu elle d cha na les fure
33. s a t confront e tout ce que l on peut savoir d un ph nom ne naturel de mani re suspecter au d tour de chaque amas ou configurations de vestiges les marques d une activit humaine C est en effet l en n gatif dans les parages de tout ce qui n est pas la nature 26 dans tout ce qui vient contredire un ph nom ne reproductible l infini que l on peut esp rer trouver la pr sence d une signification Mais cet cart n est qu un indice un signe qui renvoie un nombre ind fini de pratiques possibles dont on peut donner une description g n rale en renon ant en toute rigueur expliciter quelque signification que ce soit moins de tomber dans un essentialisme na f Toute signification retrouver ne peut concerner que les arch ologies lieu propre il suffit de savoir manipuler les textes en vitant d y importer nos propres concepts ou cat gories terrain sur lequel bien des historiens sociologues ou ethnologues se sont charg s de nous d niaiser Je parle videmment et depuis le d but de la signification que certaines pratiques pouvaient avoir pour les acteurs pas de celle qu un individu ou groupe social peut donner des artefacts de l autre comme par exemple dans le go t des ruines l ge classique ou le folklore celticisant attach aux dolmens De m me que l inexprimabilit de la nature est la possibilit m me du langage 27 cette indiff rence est la condition n cessaire de l enregistr
34. sent en d tail un plan d vasion On br lait d impatience de savoir de quelle mani re le Client allait passer sa mise en pratique mais nous avons attendu toute la journ e pour rien J tais s r qu elle tait partie de chez elle apr s mes trois premiers jours d absence injustifi e et elle tait absolument dans son droit de le faire Donc le billet avec le plan d vasion tait videmment une petite farce eux RAPPORT DE L UNIT 261 r dig par le contrema tre Ilie Ilie Razachie pour son ami Bancescu C de Scorteni Bacau au QUATRI ME JOUR apr s le retour du premier de Sovata pour une dame jeanne de vin L Unit 261 pour le mois de Sept a pas suivi un plan tabli mais on a r alis la somme de 2 115 lei Commen ant le mois d Octobre depuis quand j ai prise en charge comme responsable de l Unit 261 on m a donn comme chiffre du plan la somme de 3 000 lei et alors on a r alis 3 470 lei ayant donc un d passement de 470 lei On aurait pu r aliser une somme plus belle si les cam coop rateurs ils avaient compris que le plan est pas b n vole mais que c est une tache r aliser C est du devoir de chaque coop recommander les services qui sont dans le tarif qui nous aide la r alisation du plan Je demande que quand l unit a besoin de certaines taches les cam Gervescu Vasile et Visinescu lon ne murmurent plus o bien r pondre toujours je fais pas ceci je vais pas avec le linge ou pour les mat
35. t es et en voilant soigneusement ces op rations sous le terme g n ral d hypoth se de travail dont on promet d apporter une preuve dans les travaux venir Il faudrait aussi analyser les attentes du public attir par l vocation des restes L arch ologue thaumaturge est l pour lui faire toucher du doigt le pass lui raconter comment c tait Notre joueur du fini a besoin d un public Il semble que Leroi Gourhan se soit livr avec Pincevent un jeu de cette sorte nous donnant une image bonne voquer la vie des chasseurs magdal niens que l on peut placer devant nous sans que cela ne nous perturbe dans le grand album de l volution de l humanit 31 c tait donc a un campement de chasseurs pal olithique D s que l on s interroge sur la connaissance des traces arch ologiques le jeu peut commencer basculer En tenant compte des conditions d observation l arch ologue joueur de l infini fait sa r volution quantique La production d un savoir l int resse tout autant que la critique de lui m me de ses concepts et de ses pratiques Il ne cherche pas de solution mais plut t comment s articulent les probl mes Pour lui il n y a de solution qu des probl mes techniques uniquement lorsqu on se d prend de la signification Ce n est pas un id aliste Il se moque d tre utile la soci t Le monde pour lui ne va pas de soi Agone 5 et 6 7 tant le g nie de lui m me 32 l origine de se
36. tions partis celui du r le des math matiques dans les arts qui apparemment fut aussi important pour Galileo qu insignifiant pour son p re Cette contradiction entre p re et fils ainsi que toutes celles que nous avons mises jour ne doivent pas nous faire oublier la plus importante d entre elles que l on peut r sumer de la fa on suivante d un c t farouchement oppos au mani risme et favorable une math matisation de la nature qu il voulait retrouver dans les arts tout au moins picturaux Galileo dans sa lettre Cigoli plaide en faveur d une musique qui puisse r veiller les mouvements secrets de notre me et muovere gli affetti il accepte donc implicitement l loignement de la musique de la sph re des sciences et du quadrivium et son divorce avec les math matiques Sur ce point au moins il est en totale communion avec les id es de son p re et son attitude est un acte de reconnaissance envers celui qui contribua de mani re d cisive imposer cette nouvelle vision de la musique Au d but du compte rendu qu il pr sente de l article de Panofsky Alexandre Koyr affirme que l historien de l art nous a donn une analyse extr mement pouss e et profonde de l attitude esth tique de Galil e pour en d montrer l unit et la coh rence parfaites 37 Je crains fort en particulier dans ma derni re remarque avoir quelque peu terni cette image m me si cela ne diminue en rien l int r t
37. tre juif Cette question merge parfois l ext rieur de la Eda plus ou moins bienveillante plus ou moins dangereuse Au sein de la Eda par contre cette question ne pr sente aucun int r t elle est d pourvue de toute pertinence D finir l Ivri le Juif le Passeur je ne dis pas l errant M D Ormesson dans un cadre si large soit il est mon sens antinomique d une existence juive bien men e Je vis cette existence comme m chappant continuellement vanescente en perp tuelle gestation en total d s quilibre Ma seule fa on d exister chapper la d finition largir constamment cette d finition si on cherche me l imposer dans un infini questionnement Tout cela a bien entendu d j t dit de Jab s Ouaknin en passant par Rab Ha m de Bratslaw en fran ais ou en h breu Comment me pr senter celui qui cherche me d finir alors que je suis un qui Talmud Babli Qui cherche me d finir d ailleurs et dans quel but M exclure Me r duire M effacer Chacune de ces options a eu et a encore ses adeptes Inutile de citer chacun pourra s il le d sire faire sa liste son fichier Je n crirai donc pas Agone 5 et 6 2 Le probl me de l identit est ainsi la racine et au coeur du projet de constitution d une historiographie du juda sme page 100 mais plut t Le bonheur de l effacement de l identit est ainsi la racine et au coeur Cela me permettra d
38. 1 Les historiens d aujourd hui prendraient de sages pr cautions oratoires avant d noncer une seule des propositions qu il semblait si naturel mile M le d affirmer mais sur lesquelles il n aurait sans doute pas pari sa chemise puisque les tenir ne l engageait pas les exemplifier 4 C est un certain sens commun qui lui faisait dire ce qu il n avait pas les moyens de dire et qui s exprime encore dans la prose de nos modernes sp cialistes des m dias de masse 5 c est un autre sens commun mieux fond cette fois qui emp che historiens et sociologues contemporains d annexer les effets d une oeuvre d art ses significations intrins ques Cette prudence bienvenue n est que la contrepartie du relativisme culturel que tant d enqu tes en histoire et en sociologie de la culture ont su imposer comme un constat empirique ind passable il existe autant de modes de consommation d une oeuvre que de compromis possibles entre une exp rience rudite et une exp rience profane en passant par tous les contre emplois contre sens et sur interpr tations que l existence et l insistance mat rielle de l oeuvre ne suffisent jamais limiter C est m me le contraire qui se passe parce qu elle est avant tout pr somption de sens une oeuvre d art place son spectateur ou son lecteur qu il le sache ou non en position d interpr te 6 Une chose est de montrer qu mile M le n a pas les moyens de ses assertions une autre de r cup
39. 6 1 L h t rog n it des extraits qui composent cette autobiographie ainsi que les intentions litt raires de l auteur ne doivent pas g ner l analyse de ce document qui pr sente toutes les caract ristiques d un t moignage de pathologie nerveuse NOTA La retranscription est fid le au manuscrit toutes les particularit s syntaxiques typographiques et de ponctuation ont t conserv es la pagination originelle est rapport e entre crochets page 97 il n y a plus douter douter serait d raisonnable tout est clair clair autant que possible et quiconque conna ftrait tous les l ments comme je les connais conclurait comme je conclus sans aucun doute ma d cision est la bonne c est la seule issue il n y a plus douter page 103 Si quelqu un pouvait conna tre tous les l ments comme je les connais il ne pourrait conclure autrement il conclurait comme je conclus forc ment Mais qui pourra un jour conna tre tous les l ments comme je les connais Personne ne le pourrait je resterai seul les conna tre vraiment Agone 5 et 6 2 tel qu il est n cessaire de les conna tre pour conclure comme je l ai fait page 106 ce n est pas autre chose car il est impossible qu autre chose puisse l expliquer mais il faut D MONTRER tout de m me recommencer depuis le d but sans rien oublier parce qu il faut que cela soit d montr M THODIQUEMENT par les faits D MONTR sans faille pour fl
40. Drake mis part le domaine de l optique il est difficile de trouver des exemples de d couvertes de lois math matiques ant rieures aux travaux de Vincenzo Galilei sur les cordes vibrantes 6 Certains des probl mes acoustiques soulev s dans le Dialogoet approfondis dans les ultimes crits que nous a laiss s Vincenzo seront repris et d velopp s par Galileo bien des ann es plus tard dans son dernier ouvrage publi les Discorsi e dimostrazioni matematiche intorno a due nuove scienze Leyden 1638 preuve qu il tait au courant des travaux scientifiques qui avaient absorb les derni res ann es de la vie de son p re 7 Ainsi la place de l affirmation selon laquelle Galil e a grandi dans un milieu plus humaniste et artistique que scientifique il serait plus juste de dire que ce milieu fut autant humaniste et artistique que scientifique Ce ne sont pas les rapports scientifiques qu ont entretenus Galil e p re et fils que je voudrais voquer ici mais plut t leurs opinions respectives sur l art gr ce au portrait esth tique de Galileo tel que nous l ont d peint Panofsky et Koyr et tel qu il appara t travers sa lettre Cigoli et ses prises de position sur Le Tasse et la lecture des crits de son p re notamment le Dialogo on s aper oit que les sujets esth tiques qui les ont pr occup s d faut d tre parfaitement identiques sont pour le moins extr mement proches Il est ainsi possible
41. HIT est associ 5 1 1 1 1 1 Appelons entiers na fs les l ments de N ainsi obtenus Une confiance exag r e dans les vertus de la formalisation confort e par une croyance g n ralement r pandue et d ment propag e par l ducation math matique peut faire penser que N est exactement comme pr vu l ensemble de tous les entiers na fs On lit d ailleurs tr s souvent dans les manuels didactiques N est l ensemble dont les l ments sont 0 1 2 etc Cela voudrait dire que tout l ment de N peut tre obtenu en ajoutant 1 autant de fois qu il faut ce que l on a d j obtenu Mais ce discours m lange le langage intuitif usuel et le langage formel de la th orie des ensembles ce qui lui enl ve tout cr dit Essayons donc d noncer l affirmation dans le pur langage formel Il faudrait dire tout l ment n de N v rifie n 0 ou n 1 ou n 1 1 ou n 1 1 1 ou n 1 1 1 1 ou n 1 1 1 1 1 ou n 1 1 1 1 1 1 etc Mais une telle phrase serait en puissance infiniment longue ce qui est videmment exclu dans un langage formel o au moins en principe chaque formule doit pouvoir tre crite dans sa totalit L abr viation etc couramment employ e dans la pratique math matique avec son sens intuitif cr e la confusion qui masque le fait mis en lumi re ici Ainsi l ad quation entre l id e intuitive de nombre entier et la th orie con ue comme son interpr tation formelle est impossible exprimer correctement
42. airs se signer vigoureusement et l avaient trouv e apr s carbonis e Il avait d donc attendre jusqu l ge de vingt ans pour conna tre son p re Sa grand m re Vasilica femme de Chapardescu tait une m m maussade et sans passion pour l ducation des enfants Elle en avait lev douze et ce neveu orphelin ne l int ressait pas Elle le nourrissait et c est tout Les enfants l appelaient Lame d apr s le surnom de son p re et ils ressentaient une sorte de plaisir pervers lui faire croire qu ils allaient le frapper Lame le junior donc r agissait tr s dr lement une telle menace que d ailleurs aucun enfant n avait jamais mise en pratique Il avait des fuites tr s cocasses et les pleurs aussi alors les gamins se tordaient de rire lorsqu ils le voyaient courant les deux cents et quelque m tres entre la route nationale et la maison de sa grand m re pleurant et criant M m M me si la menace n tait que formelle et cessait de toute fa on d s qu il se mettait courir Lame l enfant terroris ne se serait jamais arr t avant d arriver dans la cour de sa grand m re bien que en regardant derri re il voyait clairement que personne ne le poursuivait Ses oncles par contre accomplissaient leur devoir d ducateur en lui administrant surtout sans motif une grosse correction La Chapardescu ne r agissait pas du tout c est dire qu elle n arr tait pas les injures et les blasph mes qu elle prof r
43. aise Paris 1990 pages 112 113 17 in Les Images l glise et les arts visuels op cit page 20 Sur les conditions logiques et pragmatiques de la r ception des images cf Jean Claude Passeron L usage faible des images in Le Raisonnement sociologique op cit pages 257 273 18 Michael Helding Catechismus catholicus concio 24 1562 cit par Fran ois Lecercle in L Idol trie op cit page 42 19 Dans son commentaire de la Premi re p tre aux Corinthiens Pierre Lombard va jusqu d nier la qualit d idole aux objets l idole dit il est une fiction qui na t dans le coeur des hommes une apparence que l esprit se figure Cf Jean Claude Schmitt Les idoles chr tiennes in L Idol trie op cit page 116 20 Fran oise Frontisi Ducroux Le cr puscule des idoles in L idol trie op cit pages 86 87 21 Sur les deux derni res images du manuscrit de la Cit de Dieu illustr par Raoul de Presle entre 1371 et 1375 Isabelle Marchesin montre que l une d elle figure une assembl e d individus en train d adorer deux idoles plac es au dessus d eux l int rieur d une mandorle soutenue par des d mons l autre illustre la m me situation mais l idole y est remplac e par une image du Christ et les d mons par des anges L attitude et les gestes d adoration ont beau tre semblables en tout point dans un cas les personnages au sol sont des idol tres dans l autre ce sont des fid le
44. anmoins int ressant de conna tre l opinion qu avait Vincenzo de la po sie du Tasse qui lui est exactement contemporain S il ne nous a pas laiss d crits ce sujet nous poss dons un indice qui nous r v le une deuxi me fois que ses id es se rapprochent de celles de son fils Il faut voquer pour cela un personnage avec lequel Vincenzo eut des liens troits qui tait tout la fois son protecteur son m c ne et celui qui d clencha son go t pour l tude de la musique grecque le comte Giovanni de Bardi Ce noble florentin homme de lettres musicien et ami des arts organisait chez lui des r unions o l on parlait un peu de tout mais surtout de musique Ce c nacle dont faisait bien videmment partie Vincenzo prit le nom de Camerata fiorentina et il fut l origine de la naissance du Dialogo dans lequel l un des interlocuteurs n est autre que Bardi une mani re pour Galilei d honorer celui qui il devait tant Giovanni Bardi en 1574 devint membre de l Academia degli Alterati devant laquelle il pronon a en 1583 un discours sur un sujet qui allait enflammer les vingt derni res ann es du si cle celui l m me qui passionna Galileo dans sa jeunesse autrement dit la comparaison du Roland furieux de l Arioste et de La J rusalem d livr e du Tasse Dans ce discours intitul In difesa dell Ariosto Bardi critique s v rement le Tasse en particulier parce que l on peut dit il chanter les vers de l Arioste
45. attendent sans risque que d tre r crits le sens est toujours produit par les autres Dans l univers relativiste du Lecteur de l Auteur Borges l apocryphe et le plagiat valent les textes qualifi s d authentiques par les esprits troits Ainsi les tentatives de Pierre M nard pour apprendre l espagnol du XVIIe si cle ou revivre les batailles navales en galion ne sont que de vaines r gressions sans fin qui l loignent de la v rit du Don Quichotte Tous les d tours de son projet de r criture de l oeuvre ma tresse de Cervant s n aboutissent qu la recopie m ticuleuse de l original Le texte du Quichotte de Pierre M nard contient pr cis ment et dans l ordre tous les mots du Quichotte de Cervant s mais tandis que le sens du second n a que le sens tabli par Cervant s le sens du premier est celui qu a r v l Pierre M nard Et pour Agone 5 et 6 2 quiconque est assez clairvoyant les passages que Pierre M nard a r ussi r crire les chapitres IX XXXVIII et un fragment du chapitre XXII constituent un ind niable enrichissement du sens de l original 1 L abus d images vertigineuses parmi lesquelles le paradoxe se trouve en bonne place reste le d nominateur commun des nouvelles borg siennes Parfois le paradoxe est imparfait il devient contradiction ou absurdit mais le vertige faiblit peine Il n est pas vident que Borges cr t aux v rit s artificielles des mondes enfant s par ses proc d s Il n e
46. avec une plus grande facilit 32 Ce sujet devait s rement avoir t abord galement au sein de la Camerata et il n y a aucune raison de supposer que Vincenzo Galilei ait eu un avis diff rent de celui tenu par son alter ego Bardi Mais voici que nous nous trouvons face un paradoxe d une autre nature que ceux que nous avons eus affronter jusqu pr sent Le Tasse dans les nombreuses oeuvres th oriques qu il nous a laiss es discours et dialogues destin s se d fendre des attaques dont il tait l objet se proclame ouvertement aristot licien et se r f re en permanence La Po tique exactement de la m me fa on que nous avons vu Vincenzo brandir le livre VIII de La Politique dans son Dialogo Plus troublant encore Le Tasse lorsqu il fait allusion la musique est en parfait accord avec les id es exprim es dans le Dialogo un point tel que l on est en droit de se demander s il ne l a lu la fin de l un de ses dialogues intitul La Cavaletta 1587 Le Tasse aborde le probl me de la mise en musique des textes po tiques de la mani re suivante Forestiero Napoletano Quelle sorte de musique convient le mieux la po sie celle qui pla t aux jeunes lascifs dans les banquets et dans les danses ou celle qui convient aux femmes et aux hommes raisonnables Orsina Cavaletta Plut t cette derni re Forestiero Napoletano Nous laisserons donc de c t toute la musique qui s tant d
47. cache de l imposture auctoriale plus il se diss mine dans son oeuvre plus sa force de figuration litt raire est accrue Il faut voir l un v ritable programme de r demption litt raire par la dilution de l id e d autorit Il s agit avant tout d branler l image f tiche responsable du malaise litt raire de l poque la tutelle d un litt rateur charismatique qui se partage entre les conditions d crivain officiel et de dissident confus Cela ne va pas sans secouer l auto manipulation du public litt raire pris dans une complicit fallacieuse avec les crivains La d l gation de pouvoir de l auteur aux personnages n est donc ni un simple artifice litt raire ni une d mission et l autonomie des protagonistes de Claustrophobie qui retournent une pratique autoritaire en th rapeutique libertaire illustre l id e d une subversion de la r alit par le travail de la fiction J aime voquer deux figures singuli res de l imaginaire critique roumain galement pr sentes chez Mircea Nedelciu La premi re est un embl me en m me temps qu une le on d herm neutique le mur et la vigne vierge ou l opposition entre le pouvoir de l tat et le questionnement critique La seconde est un lieu commun du folklore contestataire le milicien Dans son roman La Galerie de vigne vierge paru dans les ann es 1970 Constantin Toiu inaugurait le recours la m taphore qui reformulait le r alisme socialiste en des termes nouveaux et antin
48. ce que l on va entendre dans le site Il y a continuellement des regards qui ne sont pas fix s qui peuvent tre aussi valables les uns que les autres c est ce que je d fends Un m me mat riau de d part ce pourrait tre une criture peut donner lieu des choses diff rentes contradictoires et avoir autant d int r t AGONE Les instrumentistes ont un texte et doivent s impr gner de toute une s rie de choses pour en tirer une interpr tation Pour vous c est un peu pareil dans un autre contexte Il y a impr gnation mais dans un lieu et qui doit tre retranscrite en sons Les instrumentistes poss dent des l ments objectifs qui sont le texte d un compositeur le contexte historique de votre c t il y a le lieu et son histoire Il y a bien interpr tation dans les deux cas Mais quand vous retravaillez la bande il s agit l d un r el travail de cr ation Pourriez vous nous parler de ces deux aspects celui des sons objectifs des lieux que vous investissez celui de la recomposition Comment retravaillez vous les sons C cile Le Prado Je prends en main des sons qui parfois existent encore sur les lieux Dans d autres cas il s agit d une esp ce de reconstitution Par exemple en ce qui concerne les peausseries de Niort il est vident que je ne pouvais pas r entendre les sons mythiques de foulons Je suis all e dans une peausserie en activit automatis e elle ne poss de
49. chapper l angoisse de me r veiller raciste cette difficult faire la diff rence entre soi et l autre Sibony Poursuivons cette bauche de commentaire De cette opposition entre le particulier et l universel vont na tre aussi bien les formes modernes de l antis mitisme que la morale assimilationniste des Lumi res juives pages 100 101 Il est vrai Les fractions dominantes de la communaut ont choisi la Haskala Cela n autorise pas cependant occulter les fractions minoritaires de la da qui ont fait un autre choix et qui ont continu vivre leur vies juives comme si de rien n tait Quand de plus on conna t les r ticences des penseurs juifs propos de la notion de consensus on est en droit de proposer une vision un peu plus nuanc e de l impact de la Haskala sur la da Dans cette histoire positive il n est plus de place pour l esprit du juda sme et l histoire juive devient le r cit de la stabiblisation progressive d isolats ethniques plus ou moins accultur s et dont la caract risation devient strictement g ographique l identit juive n est plus alors comprise que dans les termes de son environnement pages 102 103 La th se a t soutenue pouss e jusqu au bout de sa logique puis abandonn e par un penseur juif Alain Finkelkraut Il lui a t reproch juste titre mon sens de r duire la Eda aux notables nombreux il est vrai qui se sont jet s avec en
50. clarer que ces intentions l et rien d autre en amont du sens dont ils v tirent ces oeuvres l inverse les oeuvres d art brut priv es par d finition d intention d art ne doivent leur statut d oeuvre qu celle de leurs promoteurs Enfin la fortune critique du douanier Rousseau et de tout l art na f n est d e qu un coup de force du milieu artistique parisien du d but du si cle qui fort de ses positions a travesti d intentions r volutionnaires ce respect populaire de l acad misme qu ils combattaient dans leurs propres travaux 21 Et ce n est pas sans un long apprentissage que des artistes r ussissent aujourd hui Agone 5 et 6 10 peindre comme des peintres du dimanche ou plus difficile encore comme des enfants Il ne faut trouver l aucune contradiction le respect de l intention d un auteur s arr te celui de son intention d art juste ce qu il faut pour d finir l objet partir duquel toute la libert de la lecture va pouvoir s exercer La distribution des sens ne satisfait pas seulement beaucoup de monde parce qu elle flatte les amateurs et laisse libre les professionnels Elle est aussi distribution de la cr ativit l acte de lecture reproduit l acte d criture originel Nous avons voqu les principes po tiques de Val ry mais ceux d Artaud pour le th tre ne donnent pas seulement l interpr te toute latitude ils le font seul d positaire des mannes de Clio L oeuvre n est pas le texte mais
51. comme a que cela se passe je sais que du point de vue technique c est tel point qu il faut viser particuli rement parce que c est l que c est difficile Alors pour faire cette interpr tation je suis oblig de faire une analyse assez pouss e afin de voir comment s quilibrent les masses comment cela se retrouve comment cela s articule Il y a des gens qui n ont pas besoin de raisonner qui trouvent d un seul coup comme a ce sont des intuitifs Et il y a ceux qui aiment construire Je crois que l intuition peut vous faire compl tement d railler ou quelque fois aller droit au but l intelligence est l pour nous mettre des barri res pour nous dire Ici tu suis une fausse voie On a envie de faire ceci ou untel fait cela question de tradition ce qui nous semble une fausse voie par exemple on d couvre en raisonnant que cela va l encontre de la structure du texte Agone 5 et 6 3 Mais je crois que l intelligence le raisonnement ne nous donnent pas une interpr tation Ils nous donnent des garde fous C est ce que j essaye de dire dans mes cours d interpr tation Je ne peux pas dire faites ceci et je n aime pas dire faites comme moi Il ne faut jamais imiter quelqu un Mais attention voil les cadres voil ce que l on sait sur le compositeur sur son poque sur l oeuvre voil ce que dit le texte je vous donne des l ments qui vous emp cheront de d railler AGONE Est ce que vou
52. comme je me le repr sente m me si par ailleurs nous pouvons nous mettre d accord sur le sens de ce qui est lu Si les analyses de Wolfgang Iser nous montrent que les r cits de lecture sont essentiellement diff rents de l acte lui m me et si du m me coup cela rend caduques les fines r flexions de nos sociologues sur la polys mie d une oeuvre il reste se demander quel pourrait tre l objet d une tude empirique de la r ception des oeuvres litt raires En de du commentaire et au del de l introspection le sens d une lecture c est aussi la mani re dont elle nous affecte et le sens de l oeuvre les appr ciations qu on lui porte De quelqu un qui ne peut commenter ce qu il a lu vu ou cout qui ne trouve tablir aucune comparaison avec d autres exp riences ou d autres oeuvres dira t on qu il n a pas compris ce qu il a lu vu ou cout Comment expliquera t on alors qu il est susceptible de dire de cette exp rience qu elle fut sans int r t qu elle l a d rout ennuy et de l oeuvre qu elle n est pas une grande oeuvre une oeuvre d art ou tout simplement une oeuvre pour lui N y a t il pas au principe de ces jugements une logique de l appr ciation qui la mani re d un appareil critique et pour peu que l on se donne les moyens de le reconstituer nous permettrait de comprendre le sens d une oeuvre pour qui en fait l exp rience Dans un corpus de lettres in dites adres
53. comparer entre eux les jeux de langages o figurent les m mes esp ces de d notations 35 Dans L OEil du Quattrocento Michael Baxandall enqu te sur l appareil critique qu un amateur d art florentin du XVe si cle Cristoforo Landino mit en oeuvre dans ses commentaires sur quatre peintres de son temps Masaccio Filipo Lippi Andrea del Castagno et Fra Angelico 36 Aucune raison ni justification ne sont donn es par Landino sur ses propres jugements et Michael Baxandall se trouve dans la situation d un ethnologue face un membre d une peuplade inconnue pour retrouver la forme d exp rience qui est au principe des jugements du florentin il doit les r f rer aux oeuvres sur lesquelles ils portent et pour en laisser appara tre toutes les nuances tudier les tournures qu ils prennent dans le discours de ses contemporains Les commentaires de Landino tiennent en quatorze lignes aucune citation d oeuvre n y figure et le vocabulaire de l appr ciation esth tique se compose de seize termes 37 L absence de citation se trouve n anmoins compens e par un rep rage des oeuvres les plus comment es l poque de Landino et par le fait que les appr ciations relev es par Baxandall associent tr s largement la qualit d une oeuvre celle de son auteur La possibilit de comparer entre elles les oeuvres de ces diff rents ma tres et l existence de sources litt raires dans lesquelles on trouve les termes de Landino employ s dans de sembl
54. de toutes les r ponses qui nous entra neront poser d autres questions puisque toute question ne peut na tre que d une r ponse insatisfaisante dit le disciple La promesse d une nouvelle question r pondit Reb Mendel Il arrivera bien un moment reprit le disciple o il nous faudra cesser d interroger soit parce qu notre question il ne pourra tre donn aucune r ponse soit parce que nous ne saurons plus formuler nos questions alors quoi bon commencer Tu vois dit Reb Mendel au bout du raisonnement il y a toujours en suspens une question d cisive E Jab s Le Livre des questions Il y a un tat juif des noms juifs diff rentes d clarations auto affirmations et professions de foi envers ou contre le juda sme et la jud it page 99 1 Finement cisel dans l or l argent ou agressivement taill dans le bois le m tal un signe est apparu aux c t s de l toile de David Non reconnaissable par les non h bra sants ils sont nombreux cette m daille repr sente le mot hai vivant Il veut indiquer l un des attributs manquants oubli dans la liste ci dessus qui n est peut tre pas exhaustive Agone 5 et 6 1 Les manifestations de la vie des Juifs n ont jamais cess Parfois exub rantes parfois discr tes quelquefois parfaitement localis es et circonscrites un noyau r duit quelquefois d bordant les marges m mes de la Eda da
55. dire Le texte de Jacques de Voragine la main on d chiffre sans peine toutes les sc nes page 519 Ajoutons qu en plus du livre il est tr s utile aussi de poss der le mode d emploi des illustrations et de s armer d une volont de d tective L usage de tels instruments montre qu on est loin de l imm diatet gnos ologique que laisse entendre l argument du liber pauperum Toute comp tence iconographique est fonction d un niveau de connaissance Ce th ologien anonyme ne s y est pas tromp qui dans un trait arm nien du d but du viie si cle pose comme condition de la r ception des critures en images le fait que celles ci soient regard es par les yeux mais interpr t es par les oreilles 17 Malgr la popularit qu mile M le reconna t en son temps la L gende dor e on doute que l effort de pr dication auquel enjoint la remarque de notre th ologien oriental ait suffit d s le XIIIe si cle transmettre aux illettr s les codes d acc s aux contenus iconographiques On est d autant plus fond en douter que la figure de l illettrisme revient comme un leitmotiv dans les pol miques qui se m nent autour de l image la fin du XVe si cle Au moment o les th ologiens romains nient en bloc les accusations d idol trie ou d incitation l idol trie port es contre l glise catholique par les partisans de la R forme certains th ologiens allemands plus sensibles parce que g ographiquement et id olog
56. donc plus les m mes qualit s les m mes particularit s sonores Dans certains cas une id e des sons qui ont pu vivre dans ce lieu l me renvoie des l ments que je peux enregistrer moi m me Il ne s agit pas que l auditeur reconnaisse n cessairement la provenance et la source des sons Ce qui a de l importance pour moi n en a sans doute absolument aucune pour la plupart des auditeurs Ils ne l entendront pas Par contre je m alimente j ai besoin de m attacher des raisons particuli res des choses qui dans mon histoire m am nent vers tel ou tel son tel ou tel traitement Il y a dans le choix des sons des l ments que je d couvre comme s ils n taient absolument pas pr vus et que je prends comme tels M me s ils sortent du contexte premier partir du moment o ils sont pris o ils Agone 5 et 6 3 vivent dans un cadre qui a un lien direct avec ce que je cherche je consid re qu il y a eu interf rence Cette raison est suffisante pour que je les garde Je ne travaille ni la lumi re ni l image r elle Mais je sais que tout l ment ext rieur la prise de sons est toujours tr s important Dans certains cas il y a transplantation lors d un travail sur l eau qui a fait l objet d une installation dans un parc aucun l ment sonore ne venait de cet endroit J avais enregistr dans une usine de traitement d eau des sons de jets de pression avec les r sonances internes de conduits souterrains dans le jard
57. draps partage la place avec le moule du vrai voleur qui la libert d rob e se civilise au nom de la propri t Victime r pertori e il ne parviendra plus se d mettre du corps social dont il est devenu membre r champi par les contours du d tenu Entre les draps il a perdu ses r ves entre les barreaux Aa ne peut que r ver Agone 5 et 6 Agone 5 et 6 Dernier avertissement sur Claustrophobie Nedelciu Mircea Dernier avertissement sur Claustrophobie crire est avant tout un plaisir Un plaisir qu aucune puissance trang re ne peut confisquer Un plaisir qui pour survivre et cro tre demande d tre communiqu d urgence et au plus grand nombre Ainsi le plaisir d crire ne peut il tre complet qu en procurant la plupart des individus le plaisir de lire Toute d finition de la litt rature qui ne respecte pas ces v rit s est incompl te et m me suspecte On constate historiquement que la censure existe depuis plus de deux mille ans pendant la m me p riode qu existe la litt rature Le plaisir d crire ne peut donc tre emp ch par la censure Tout au plus le partage du plaisir avec le lecteur peut il tre au moins temporairement endigu par la censure Mais qu est ce que veut dire temporairement au regard de la dur e pratiquement infinie laquelle est promis le couple plaisir de l criture plaisir de la lecture Parce que les censeurs se basent toujours sur une d finition impropre de
58. en ph nom nalit historique 3 sans priori sur leur utilisation ou leur signification anciennes Expliciter les liens entretenus avec d autres probl mes plus g n raux concernant le langage et le monde terrain d frich par des g n rations de philosophes et d artistes que la plupart des arch ologues ignorent ou plut t contournent comme une for t de ronces Se demander pourquoi un des arch ologues les plus originaux de cette fin de si cle auteur d une stimulante synth se sur le corps le langage et l outil A Leroi Gourhan s est perdu dans des apories m taphysiques en voulant livrer l autopsie d un site magdal nien renouant ainsi avec le vieux probl me de l enargia de ce qui donne impression de vie 4 que l on croyait disparu des fins de la recherche historique Et pour commencer r organiser tous les mat riaux ainsi que l activit du chercheur autour des m mes concepts construits comme invariants anthropologiques concepts d velopp s par J B Carse 5 dans un ouvrage dont on ne s carte que difficilement comme je le suppose en fr quentant une grande intelligence Le champ de r flexion privil gi reste l arch ologie pr historique o la rencontre avec les mots n a pas de lieu les mots de l acteur jamais disparu bien entendu Rien redire rien reformuler commenter et exemplifier si ce n est ce langage qui accompagne la mise au jour des restes ces descriptions qui guid
59. et la profondeur du symbole r gressaient vers celles de l indice et le lecteur n tait plus anim que par le souci boulimique d une reconnaissance tautologique d un inventaire des impostures dictatoriales Dans le contexte de surveillance que l on conna t le complexe cr ation r ception r v lait des effets de superstructure paradoxaux D un c t la censure indiquait les livres qu il fallait lire parce qu il ne fallait pas les lire de l autre les libraires retiraient de la vente libre les livres censur s qu ils revendaient sous le manteau aux lecteurs de choix et fortun s qu taient les cadres du parti Dans cette complicit entre victime et bourreau chacun tait devenu n cessaire l autre la mani re du Client et du Commandant de Claustrophobie Dans ce pacte interlope o l impuissance de la critique se trouve compens e par la b quille de la censure la culpabilit de l crivain rejoignait celle de son public Dans un champ litt raire en plein tat de n cessit Nedelciu pose des probl mes de d ontologie pour commencer par s affranchir du fardeau compromettant de l auctoritas en disparaissant derri re ses personnages L abus d critures triviales bulletins d information proc s verbaux affiches lettres ou notes d un invisible metteur en sc ne et de th mes cultivant la quotidiennet la plus anodine lui permettent de retrouver les g n ralit s de la vie roumaine Mircea Nedelciu joue avec sagacit ce cache
60. faut adorer 12 Introduite d s l origine cette nuance sera compl t e plus tard par la th se de Jean Damasc ne v 749 pour qui l adoration rendue l image passe au prototype celui qui se prosterne devant l ic ne se prosterne devant l hypostase de celui qui est inscrit en elle 13 Fort de cette insaisissable abstraction l usage cultuel des images se trouve l gitim depuis l opportunit pastorale qu offre la g n ralisation de son succ s jusqu au plus haut niveau de sa signification th ologique Mais c est en Thomas d Aquin que la mise en forme th ologique de cette lasticit doctrinale trouva son ex cutant le plus dou Dans sa Summa Theologiae reprenant l argument de Jean Damasc ne le Docteur Ang lique d finit le type d honneur qui doit tre rendu au prototype culte de latrie pour le Christ et la croix d hyperdulie pour Marie de simple dulie enfin pour les saints S il commence par une condamnation du commerce idol tre avec les images le docteur subtilis propose une solution de compromis aussi satisfaisante pour l glise qu l gante dans sa formulation logique ce qui est condamnable dans l idol trie dit il c est la confusion entre le signe et la chose d s lors que l on prend l image pour une image de ce qu elle repr sente et que l on vise en elle non plus la circonstance mais l essence la v n ration est justifi e Comme dit Aristote il y a un double mouvement de l me vers l image l
61. ges li s sa position dans la hi rarchie Il est noter que en 1977 Ceausescu avait supprim la censure par l un de ses nombreux d crets En fait il avait partag la responsabilit de la publication donc le droit de censurer entre tous les participants de ce processus complexe d dition bureaucratis e du typographe jusqu au ministre de la culture Eh oui m me l ouvrier typographe il y a eu quelques cas pouvait s opposer la publication d un roman Sa vigilance tait sans doute r compens e L crivain particuli rement celui pour lequel crire est un plaisir apr s qu il a achev son oeuvre et qu il s est d cid prolonger le plaisir d crire dans celui de provoquer le plaisir de la lecture se trouvait donc au pied du mur 1 Autrement dit devant une longue s rie de censeurs doublement simulateurs avec lesquels il devait n gocier Ceux ci comme je l ai dit simulaient la tol rance son gard en m me temps qu ils simulaient l intransigeance au regard du pouvoir Mais ils ne pouvaient pas quoiqu ils fassent priver l crivain du plaisir qu il avait prouv en crivant La sup riorit de l crivain lorsqu il s assied la mis rable table de n gociation s appuie sur ce fait achev Mais les censeurs professionnels ou d occasion n tant pas crivains l exception de quelques cas tragiques ne con oivent pas la litt rature en terme de plaisir ni pour l crivain
62. go t d une oeuvre est le sympt me involontaire de l intention de son auteur sa visibilit La perspective d interpr tation doit tre ce par quoi l orientation majeure de l oeuvre peut tre ressentie et pens e elle doit s ancrer dans la vision du monde qui lui donne sa visibilit la plus large Chez Dosto evski cette vision du monde est d couvrir dans l architecture polyphonique de ses principaux romans plus que dans le contenu id ologique de ses personnages 10 Parall lement la doctrine de Nietzsche est appr hend e dans son troite intimit la vision tragique du monde sa profondeur hauteur sonde d mystificatrice et embl me de la transmutation des valeurs Vous n chapperez pas jeune homme au jeu incessant des discours qui tordent et d doublent l v nement originel de la cr ation croyant lui faire avouer ce qu il refusait de dire le d livrer de ce qu il feignait d tre et toucher du doigt son noyau pur Qu importe C est m affirmer librement dans ce jeu en sachant que ma parole ne le contiendra pas ce n est jamais que moi qui d ambule et divague travers lui et rumine sans autre limite que celle de mon imagination souffle avide gonflant les voiles d un voyage refaire Le monde qui se dessine dans les romans dosto evskiens est profond ment individu d sagr g en mille fragments quipollents ind pendants et pourtant irr m diablement li s les uns aux
63. il n en entend pas il la recrache en quelque sorte elle correspond certaines motions certaines sensations on se pose certaines questions tel moment et si l on est en train de travailler une oeuvre on trouve peut tre une solution un probl me d interpr tation Quant dire que pour moi la musique soit la mort il n en est pas question C tait l optique de Barraqu une optique un peu Tristan et Iseult celle de l Amour et de la Mort o il voyait l accomplissement de son propre destin Personnellement je vois mon destin sur un autre plan o la musique existe certes mais n est pas le moteur de mon existence Agone 5 et 6 1 AGONE Quand Barraqu dit La cr ation c est la mort n est ce pas aussi une fa on de parler de ce danger qu il y a toujours d tre dans une situation limite pour arriver donner quelque chose de nouveau Claude Helffer Je crois qu il y avait surtout l obsession de l ouvrage sur lequel il s tait appuy toute sa vie La mort de Virgile de Hermann Broch Tout venait de la perspective de Virgile mourant qui veut d truire ses oeuvres qui se trouve devant l inaccompli Octave le suppliant et obtenant que l on ne br le pas L n ide Ce rapport la mort tait toujours pr sent chez Barraqu la mort tait premi re avant la cr ation Je crois que l interpr te n est pas un cr ateur mais un re cr ateur moins qu il ne soit compositeur lui m me
64. il ne co te Notes 1 La Maison br l e Document et criture arch ologique AGONE 1 pages 23 44 2 Je fais ici r f rence la remarque de L Wittgengstein sur les lieux dans la fiche 713 Fiches trad J Fauve Paris Gallimard 1970 page 177 Agone 5 et 6 8 3 Voir J C Passeron Histoire et Sociologie identit sociale et identit logique d une discipline in Historiens et Sociologues aujourd hui Journ es d tudes annuelles de la Soci t Fran aise de Sociologie Universit de Lille 1 14 15 juin 1984 Paris d du CNRS 1986 pages 196 198 Voir aussi l id e de trait saillant dans les st r otypes H Putnam Repr sentation et r alit trad C Engel Tiercelin Paris Gallimard 1990 4 C Ginzburg Montrer et citer La v rit de l Histoire Le D bat 56 1989 pages 43 54 5 Jeux finis jeux infinis Le pari m taphysique du joueur trad G Petitdemange amp P Semp Le Seuil 1988 6 P Bruneau amp P Y Balut Positions Ramage 1 1982 pages 3 33 Il n est pas tonnant que ce point de vue ait t formul par des arch ologues travaillant sur une p riode o les rep res historiques dates noms propres r cits ne posent pas de probl mes 7 Voir les remarques sur les poubelles de Tucson dans notre article cit 8 A Grandazzi La fondation de Rome R flexion sur l Histoire Les Belles Lettres 1991 9 Nous ne reprenons ni les d coup
65. images puis es de retours mais pourquoi le jour ne projette t il pas les nuits baroques indisciplin es au r el lequel dispara t si lentement qu il semble in branlable Hh le regard coup se greffe sur le t l viseur yeux d tach s du concret et ins r sur une autre diorama Dissidence en Occident La chevauch e de l ne en course que monte Ww par conomie de marcher et c est une beaut de voir la vitesse des concurrences rompues l hippodrome lanc d une troupe serr e de chevaux dress s la comp tition des v locit s gales hors des sabots qui mitraillent la piste est corrompu d un ne trottant et Ww sto cien les jambes rythm es sur les flancs le public siffle ses moeurs efface la ligne d arriv e le regard compact d tourn de la trace de justice blanche vers l ne coercitif Agone 5 et 6 Le dernier jour Le dernier jour qui occupa le sol tait hier aujourd hui Az est dans le futur appliqu se positionner et t chera de ne pas d mentir ce qu il avait pr vu Az survivant la nuit meurtri re transvas par le miracle de l ordre dans les b vues de la continuit abus des sculptures que taille la lumi re et qui le sculpte d veil assidu la comparaison des choses chou es qui tout autour l entravent respire puis guid d une id e entre se d place oeuvre l arrangement en d liant des formes de leurs attaches irresponsables les pose sur des socles conformes
66. l obscurit mais on n a pas pu s enfuir nos pieds tant profond ment enlis s dans la glaise du sol une glaise dont on n avait pu soup onner la nature bien qu on sent t pleinement sa puanteur Me demander maintenant si apr s ce qu on a dit je vais mieux Se sentir bien est il vraiment un but Mais la souffrance est elle un but Et pourtant il n y a pas de nom pour l tat dans lequel tu te trouves lorsque avouant sinc rement tout ce que tu crois tu vois sur leurs visages une grande surprise ils s attendaient beaucoup de choses mais moins que tout la sinc rit Dans un roman peu comment paru il y a quelques ann es un personnage gagne un tricycle la f te foraine et refuse de le prendre quoi a sert se demande le vainqueur du jeu de quilles Son p re adopteur para t il l oblige le prendre en lui expliquant bri vement un jour tu pourras penser que jadis tu as r ussi tu auras la preuve mat rielle de ta victoire R G crivain roumain 1934 2022 le bar Apolodor le matin quand il dort les matins taient affreux il fallait cracher dans le lavabo les restes de vingt kilos de tabacs mac r s mais la surprise agr able tait que le m lange de tabac donnait chaque fois la mac ration un go t nouveau et insoup onnable Quant au sommeil je vais dormir sur la pelouse c t du Palais o il n y a pas longtemps les madames se promenaient pour faire jouer leurs
67. la litt rature leur action destructrice est limit e Ces pens es me sont venues apr s avoir lu la variante en langue fran aise d un texte que j ai crit en Roumanie dans les ann es 1970 et publi dans le m me pays en 1981 Devant quelques unes de ses propositions moi m me et surtout le lecteur qui prend contact pour la premi re fois avec le texte je me demande respectivement il se demande partir des donn es sur la soci t roumaine de ces trois derni res ann es 1989 1991 comment il est possible que le censeur de 1981 les ait laiss es passer vers l imprimeur Je veux dire que ces quelques propositions paraissent vues d aujourd hui des ironies transparentes des parodies peine voil es ou m me des attaques directes l adresse des valeurs id ologiques que la censure d alors tait charg e de pr server Dans le contexte actuel je pourrais tre tent d exploiter ces textes pour un profit personnel en les pr sentant comme des preuves irr futables d une dissidence de longue date J avoue en premier lieu qu une telle interpr tation est erron e et que si moi m me je faisais cette erreur je prouverais que je n ai rien compris ce que j ai fait ou ma propre identit Agone 5 et 6 1 Avant tout parce que de nombreux coll gues de ma g n ration peuvent aussi trouver dans leurs textes publi s des quantit s importantes plus ou moins grandes de propositions interpr tables comme dissi
68. la peinture sont muettes L autorit critique d un Sch nberg ne r side pas dans ses mots mais dans ses compositions et les justifications des impressionnistes ne comptent pour rien au regard de la critique de Giotto que r alise leur peinture Quant la richesse de communication que l on pr te avec emphase la musique elle n est que proportionnelle son mutisme On a d cid ment pris trop au s rieux les mots de Val ry De son Il n y a pas de vrai sens d un texte Eco comprend soit on peut faire l usage que l on veut d un texte soit on peut donner d innombrables interpr tations d un texte 8 Tout d abord la phrase de Val ry est autor f rentielle et en tant que telle se pr te facilement une forme paradoxale si un texte n a pas de vrai sens la proposition elle m me n en a pas non plus c est dire une infinit toutefois Eco en autorise deux lectures pour pr f rer la seconde Agone 5 et 6 6 Regardons comment il s y prend moins d entendre par usage d un texte caler une table ou d corer un salon qui sont des usages bien connus mais qui n ont tout de m me rien voir avec vrai sens usage d un texte signifie lire ce qui pour Eco quivaut interpr ter Dans ce cas usage que l on veut est bien synonyme de innombrables interpr tations Les deux lectures de Eco ne servent donc qu distinguer la lib ralit mesur e du th o
69. la valeur et l originalit des opinions sur l art exprim es par Galil e J esp re avoir simplement d montr que dans une poque aussi mouvement e culturellement artistiquement et scientifiquement il tait difficile voire impossible d avoir une attitude esth tique parfaitement unie et coh rente pas m me pour deux personnalit s aussi fortes que celles de Vincenzo et Galileo Galilei Ceci afin de nous loigner de la tentation d appr hender cette p riode l aide de termes r ducteurs qui trop souvent nous emp chent d avoir acc s une r alit originellement pleinement visible et per ue directement Agone 5 et 6 10 1 Erwin Panofsky Galileo as a Critic of the Arts La Haye 1954 Je me suis servi de la traduction fran aise tablie par Jacques Bonnet in Pour un temps Erwin Panofsky Centre Georges Pompidou Pandora d 1983 pages 203 259 Le compte rendu d Alexandre Koyr est paru originellement dans la revue Critique septembre octobre 1955 pages 837 847 Cet article est repris dans tudes d histoire de la pens e scientifique Alexandre Koyr Gallimard 1973 pages 275 288 citation page 275 2 La lettre Cigoli est imprim e dans Galileo Galilei Opere d Antonio Favaro 1890 1909 volume XI pages 340 343 Une traduction fran aise figure la fin de l article de Panofsky page 239 242 Les Considerazioni al Tasso se trouvent au volume IX des Opere de Galileo Galilei 3 Erwin Panovsk
70. le dernier adresse que petite blague nous pour les lectrices un peu sensibles la milice n a pas d couverte Les autres tests ont t bien pass s par le Client Finalement apr s qu on eut tabli sa profession photographe et l ge plus de 26 ans et le nom de son pouse Profira nom de villa bourgeoise Predeal 4 et les tudes bac plus deux et le nombre de caries et de dents manquantes et la pointure 40 juste et la gravit de toutes ses pr occupations extra professionnelles des po tiques de tous les genres peut tre que lui m me travaillait une po tique de l image photographique nous avons conclu que c tait pas forc ment une mauvaise prise qu on allait plut t se r galer avec lui pendant dix jours ou plus et on l a laiss aller se coucher C est dire qu on l a men dans la petite pi ce insonoris e et qu on l a enferm du dehors Le lit il allait bien le trouver tout seul surtout que c tait le seul truc qui rentrait l dedans et par le haut parleur mont sous le matelas on lui faisait couter le programme 4b compos de Vivaldi Bach Tcha kovski et Moussorgski Ravel interpr t par Emerson Lake amp Palmer Et puis apr s moi avec G V Le Peintre et Le Limier on s est assis pour jouer au poker et Nora Iloana Maria et L Am ricain discutaient d art Ils m ont arr t pile d une fa on bien dans leur genre avec un Vous avez pas du feu mais quand
71. le jeu Il existe des parties qui ont pour enjeu la vie ou la mort dans l esclavage par exemple ou sous une oppression politique rigoureuse refuser de jouer le r le exig peut se payer d une terrible souffrance ou de la mort 12 Si le texte est l enregistrement des changes r els entre les acteurs paroles ou actes 13 alors le travail de l historien consiste en premier lieu tablir le jeu fini selon les r gles duquel ce texte est compos le sens des pratiques Mais peut tre faudrait il commencer par se demander pourquoi ce texte a t enregistr et comment il est arriv jusqu nous Agone 5 et 6 3 Qu un jeu fini ait besoin d un public devant lequel il sera jou et qu un public ait besoin d tre particuli rement absorb par les v nements qu il suit montrent la r ciprocit d cisive entre un jeu fini et le monde Les joueurs du fini ont besoin du monde pour assurer une r f rence absolue leur compr hension d eux m mes de m me le monde a besoin d tre le th tre d un jeu fini pour rester un monde 14 Un monde c est par exemple un public et un public ne re oit pas son identit des personnes qui le composent mais des v nements qu il observe 15 On en d duira que pour qu un jeu soit intelligible il lui faudra la r f rence d un monde un monde n tant pas autre chose qu un des lieux propres dont nous avons d j parl la maison br l e est pour nous specta
72. le soit donc pour la m me raison n 2 n 3 etc Jusqu o va t on descendre Agone 5 et 6 1 Les Anciens m ditaient sur ce probl me propos des tas de sable Combien faut il de grains de sable pour faire un tas Si l on ajoute un grain quelques autres on n obtient pas un tas si l on enl ve un grain un tas cela reste un tas Ainsi on sent bien qu il ne peut pas exister un premier entier grand et pourtant on ne peut pas descendre trop bas Vers le haut il n y a pas de myst re si l on accepte l id e que la collection des entiers est illimit e Mais vers le bas il y a un vrai probl me de logique qui a beaucoup agit les philosophes en particulier Hegel et Engels et qui n a seulement t s rieusement r solu que vers 1960 Ce n est pas une erreur si vous lisez 1690 vous tombez sur Gottfried Wilhelm Leibniz lequel avait introduit un calcul sur des nombres infiniment grands en d clarant prudemment qui voulait l entendre qu il ne s agissait que d une mani re de parler qui facilite l invention Mais le calcul infinit simal de Leibniz n a pas surv cu la tentative de d finir les infiniment grands et petits dans le cadre des notions num riques labor es au XVIIIe et XIXe si cles Pourtant il y avait l d j la solution de ce probl me de fronti re floue inh rent l interpr tation math matique de presque toutes les transitions observables dans la nature Mais l homme
73. lt 2 lt es et les sommes 1 2 et 2 2 valent es lequel absorbe tout ce qu on lui ajoute Si l on enl ve 1 es la r ponse est incertaine cela peut tre n importe lequel des trois Plus tard ils ont raffin la pluralit es est devenu notre 3 et l on a invent des noms jusqu au plus grand nombre concevable sar la totalit de nos jours appel 3600 Il absorbe tout ce qu on lui ajoute mais cela arrive rarement car les additions concernent des nombres beaucoup plus petits pour lesquels les r ponses Agone 5 et 6 2 sont bien diff renci es comme 3 6 9 ou 23 12 35 On s approche de la totalit en multipliant Mais enlever 1 la totalit est un peu g nant car cela devrait la laisser insensible alors que cela donne un nombre plus petit Heureusement le probl me ne se pose pas puisque l on n utilise jamais la totalit Bien plus tard lorsque les n cessit s de la vie eurent fait grandir la totalit au del de l imaginable on put se permettre toutes les hardiesses D sormais tait consid r comme d finissant un nombre tout assemblage de signes qui raconte comment construire une collection d objets en y adjoignant des unit s de fa on r p t e m me si on ne fait cela qu en pens e Cela devient volutif et le vertige vous saisit devant l immensit qui peut sortir de cette libert de cr er des objets abstraits D j les mages parlent d infini potentiel et la totalit le nombre mythique qu
74. motions Ce qui peut para tre contradictoire Mais il faut toujours garder la capacit de se laisser aller tout en restant capable d tre conscient de ce qui se passe AGONE C est en quelque sorte le partage entre la rigueur de l analyse l intuition et l expression Laurent Cabasso Exactement Mais l analyse pouvant tre aussi r v l e par l intuition Je me pose justement en ce moment beaucoup de questions sur ces relations Par exemple quand j coute l enregistrement d un de mes concerts longtemps apr s qu il ait eu lieu je me rends compte de certaines choses dont je n tais pas conscient lors de l ex cution Des choses qui d ailleurs sont d autant plus int ressantes que l oeuvre a t beaucoup travaill e C est tr s curieux Elles participent la perception de la forme Lorsque dans une oeuvre un passage m ennuie je vais y consacrer plusieurs heures jusqu trouver une accentuation qui me satisfasse un balancement une carrure quelque chose qui soit organique Mais en fin de compte ce qui se d gagera du passage travaill pourra tre tranger cette recherche Agone 5 et 6 2 De m me cause du trac je me trouve pr occup par des probl mes de r alisation ne pas faire trop de fausses notes que ce soit le plus clair possible etc Mais lorsque j coute le r sultat il s est parfois pass quelque chose dont je n tais absolument pas ma tre Le travail r v le la forme AGONE
75. nat des Antiquaires 1989 pages 168 183 22 Bouche Essai sur l histoire de la Provence Marseille 1785 23 Boucher de Perthes Antiquit s celtiques et ant diluviennes Paris 1847 1 page 5 24 L expression est de Carse Agone 5 et 6 10 25 Dans la plupart des cas les ph nom nes naturels qui entrent en jeu dans l ensevelissement des vestiges sont beaucoup plus complexes Les interactions sont fr quentes non seulement pendant l occupation du site et peu apr s mais aussi bien plus tard lessivage des sols mouvements vertiques bioturbations etc 26 Ou plut t de ce que serait la nature en l absence de l homme qui est lui aussi de la nature 27 Carse op cit page 129 28 Voir J Molino Saussure et l conomie Revue europ enne des sciences sociales XXII 66 1984 pages 159 161 29 Voir par exemple la typologie de Laplace 30 Sur ce point g n ral voir la critique d A Gargani Regard et destin Le Seuil 1990 Des rapprochements avec la pens e utopique sont troublants notamment propos de l imp ratif du ma tre mot sans quivoque et qui n est jamais que le mot du ma tre in C Marouby Utopie et primitivisme Essai sur l imaginaire anthropologique l ge classique Le Seuil 1990 page 86 31 Je ne critique ici que les fins profess es Les moyens mis en oeuvre au cours de cette fouille sont par contre de remarquables outils pour continuer le questionnement sur l habitat P
76. pas aux projets Il ne partage pas leur morale mais leur d livre le titre de Grands Lecteurs car si leurs commentaires sont des trahisons sans scrupules de ses textes ador s elles restent ses yeux cl ments de Grandes Lectures 10 Racine ne serait plus apr s Barthes cet ennuyeux mondain que les sp cialistes poussi reux de la trag die classique ont impos l cole Barthes aurait rendu Racine lui m me lire sans attention le babillage mondain de ce Grand Lecteur on peut laisser chapper parmi les premi res phrases de son Homme racinien une perle Il suffit de visiter aujourd hui la Gr ce pour comprendre combien la trag die racinienne s accorde ces lieux que Racine n avait jamais vus 11 Faites une exp rience objective nous invite t il visitez les ruines du Parth non au dessus d Ath nes noy e dans les gaz d chappement et vous d couvrirez combien Racine qui n a pas visit la Gr ce du XVIIe si cle a su rendre dans ses trag dies qui mettent en sc ne la Gr ce antique la Gr ce ternelle Agone 5 et 6 7 Les Grandes Lectures de Barthes restent d lib r ment anhistoriques ne sont interrog es ni les r gles du genre fix es l poque ni les sources accessibles l auteur ni l influence des conditions de r ception de l oeuvre sur sa production La facilit n est pas seule en cause la mise jour des particularit s de la France de Louis XIV g neraient le placage des pr oc
77. perroquet australien nez de collection racontait un chauve l occasion d un contr le l entr e de l usine j ai d couvert sur les ouvriers qui se relayaient plus d une centaine de bouteilles de boisson que j ai confisqu es sur place Pourquoi dit le chauve moi ne comprenant pas ce pourquoi c est dire ce qui a motiv la centaine d ouvriers amener les bouteilles en cause ou pourquoi lesdites bouteilles ont t confisqu es et le bureaucrate lui r pond en choisissant la deuxi me variante Pour qu ils soient l abri d ventuels accidents de travail Oui je dis c est juste ce qu il nous faut Il a l air intelligent dit Nora Ioana Maria D cidons nous plus vite donc si on est tous d accord on passe l acte sinon on va tout rater Le Limier n a pas tr s bonne mine Sa passion nous faire la morale s est r veill e tout d un coup C est toi qui fais de la morale dit il avec ta gueule de nain infatu Merci bien Le Peintre dit Donc c est lui et va chercher la Volkswagen Nora loana Maria va plus vite que nous passe devant le Client et commence balancer des hanches Il soup onne quelque chose probablement en entendant nos pas derri re ou il est misogyne parce que par ailleurs il y en a peu qui restent indiff rents un corps comme celui de Nora oana Maria Ou il se croit trop laid petit et insignifiant pour regarder une fe
78. plus pr cis ment au livre viii de La Politique dans lequel Aristote nous affirme que l on conc de au vulgaire des musiques corrompues tout comme lui identiques celles d aujourd hui qu il admire et v n re tant et qui n ont rien voir avec la vraie nature de la musique Consid rez chacune des r gles des contrapuntistes modernes ind pendamment ou prenez les tout ensemble elles ne tendent rien d autre qu au plaisir de l oreille si l on peut vraiment parler de plaisir 16 L extrait choisi par Vincenzo Galilei pour se livrer la critique de la musique moderne se trouve au chapitre 7 du livre VIII de La Politique Aristote en effet nous fait savoir qu il y a deux genres de spectateurs les hommes libres et cultiv s d une part et de l autre le public vulgaire compos de travailleurs manuels d ouvriers salari s ou de gens de la m me esp ce et il faut accorder aussi ces gens l des concours et des spectacles pour leur d lassement 17 Ainsi il semble y avoir d s le d part une opposition nette entre Galil e le p re et le fils un d saccord profond qui concerne leurs r f rences culturelles et les principes esth tiques fondamentaux sur lesquels ils fondent leur pens e Ce quoi on pourra objecter sans doute avec raison qu il est difficile de comparer des domaines aussi diff rents que ceux du r le des math matiques dans les sciences et les arts avec des discours sur la musiqu
79. porteurs de terminer alcoolique Ce r sultat indiscutable permit au Dr Flavin Directeur du tr s v n rable National Council of Alcoholism and Drug Dependence de pronostiquer avec cette d couverte on va pouvoir pr venir la propagation de la maladie On n ose lui demander comment il compte s y prendre 4 Ailleurs on apprend que le d pistage syst matique de ce g ne permettra d viter aux enfants les situations qui augmentent les chances de devenir alcoolique Si l on regarde maintenant de plus pr s l analyse statistique on se rend compte qu elle ne permet pas toutes les pr dictions optimistes qu on a entendues ici ou l Il ne s agit pas de mettre en cause le nombre r duit des cas sur lequel a t construite l tude En effet 70 individus constituent une taille d chantillon dont il faut g n ralement se contenter dans de telles tudes La validit de celle ci d pend de la proportion r elle d alcooliques Les auteurs ont constitu leur chantillon comme s il y avait autant d alcooliques que de non alcooliques dans la population totale ce qui est faux En d autres termes les auteurs d duisent une r partition g n tique dans la population totale partir d un chantillon non repr sentatif pour reprendre un langage familier de tous les sond s que nous sommes Il n est pas ais d valuer le nombre d alcooliques de la population d un pays On peut reprendre malgr l impr cision li e ce type d
80. principalement des Juifs confondre racisme et antis mitisme c est porter atteinte la m moire Depuis les controverses sont rudes et les d rapages fr quents page 108 2 Je me situerai assez volontiers dans la seconde cat gorie A ce propos d ailleurs il me semble que confondre racisme et antis mitisme n a pas pour principal inconv nient de porter atteinte la m moire C est avant tout une erreur d analyse sur la nature des rapports ethniques dans le monde En ce qui concerne ce fameux consensus fort mal v cu par les non goyim les r ticences des penseurs juifs cette notion ont souvent t exprim es Marienstras Ouaknin Trigano L vinas Chouraqui Le principalement des juifs me para t galement peu pertinent oscillant entre na vet terrifiante affirmation et d rapage l un de ces d rapage d nonc s plus haut Sans d border du cadre de ce qu il est convenu d appeler la gauche je m y situe en m me temps qu AGONE pour simplifier deux objections me viennent l esprit Au premier chef le d bat me semblait loin d tre tranch entre les tenants de l antis mitisme inscrit dans le cadre g n ral du racisme et celui de l antis mitisme comme manifestation sp cifique Il est d ailleurs tout l honneur d AGONE ou de Jacques Vialle d crire un article sur l antis mitisme sans l inscrire priori dans le cadre plus g n ral du racisme position aussi classique qu id ologiquement con
81. priv des m mes arcanes Il parcourt des textes qu il ne comprend pas et dans lesquels il doit absolument trouver les passages qui justifient son salaire Un banal accident de voiture introduit dans un roman sera censur au moment o celui ci passe en commission parce que Nicu Ceausescu d frayait alors la chronique par l une de ses exactions de chauffard 4 Il est peu vraisemblable que Mircea Nedelciu ait sa place dans l imaginaire et le coeur des pompistes ou des marchandes de l gumes Jeune crivain il ne fut ni la voix autoris e des m dias ni un protagoniste des manifestations culturelles de masse Refusant l isolement du statut d crivain sa modeste trace mondaine interf re avec son ironie pratico litt raire Mircea Nedelciu qui menait la vie turbulente de ses personnages fut aussi un libraire fronde ou dandysme qui d tonne avec la communaut bucarestoise des crivains ravag s par l opium de leurs pr somptions S il n a pas t envoy la campagne comme cela aurait d se produire apr s ses tudes de fran ais ses premi res nouvelles sont peupl es de stagiaires r prouv s qui gagnent les grandes villes pour une vie pr caire ing nieurs chauffeurs de taxi illicites jeunes chapardeurs entass s dans des maisons mis rables tudiants exclus de la facult cause du pass de leurs parents etc La campagne reste l univers de r f rence les banlieues rappellent l enfance le pays
82. que bien que j aie regard attentivement l cran plusieurs s ries d images m avaient chapp ce qui est tout fait normal a m arrive aussi pour d autres films dans des Agone 5 et 6 9 conditions normales de projection Dans les images que vous voyiez est ce que vous reconnaissiez des endroits ou des figures humaines que vous auriez rencontr s ailleurs Non Absolument aucun Aucun Est ce que je peux continuer Allez y LE TROISI ME JOUR On voit maintenant une salle de r union dans laquelle est accueilli avec des applaudissements un important personnage L appareil s arr te longtemps patiemment sur quelques uns des visages de ceux qui applaudissent particuli rement sur ceux situ s le plus loin de la tribune et du personnage important qui serre les mains de quelques uns Il semblerait que l objectif essaye de distinguer sur ces visages la sinc rit ou la non sinc rit de leurs applaudissements Celui qui filme para t content de surprendre quelqu un qui se cure le nez ou un autre un homme de presque 28 ans chuchotant l oreille d une femme et oubliant pendant ce temps de continuer se frapper les paumes l une contre l autre La femme pouffe avec un rire qui ne laisse pas douter que ce qu on lui a dit voquait une certaine partie du corps masculin Mais d un coup elle redevient s rieuse et applaudit avec nergie Le film n tant pas parlant il faut imaginer l intensit des applaud
83. que si de tous les lieux o vivent les autres aucun d tail ne m est plus inconnu de celui ci je ne sais rien Agone 5 et 6 1 Les autres taient d j l quand je suis entr dans la salle attabl s seuls ou par couples et mur s dans leur habituel mutisme Ce n est qu en grand nombre qu ils g n rent ce cort ge d clats de voix et de gestes larges qui ne signifient rien pour moi Et m effraient tant Discr tement je me suis assis presque au milieu d eux sur leurs si ges si laids et sans confort Sur un signe que je devine convenu les autres par groupes ou seuls se sont pr sent s aux escaliers Est pour les gravir et dispara tre ma vue Mais rapidement et malgr la faible affluence quelque chose ou quelqu un a interrompu leur ascension Les autres dans une attente silencieuse se sont install s jusqu aux premi res marches immobiles Si beaucoup s assoient la majeure partie de ceux que je peux apercevoir reste debout Aussi il me semble qu il ne faut pas tenir ce rel chement pour une r gle mais comme l indice de la compr hension par ceux l de la signification de cette attente Du dehors intervalles irr guliers de nouveaux arrivants entrent s assoient sur ces chaises inconfortables o calmes et sans daigner surveiller les marches ni guetter un signe ils semblent savoir Car malgr l affluence croissante aux tables et m me au comptoir aucun ne vient grossir inutilement l attente aux escalie
84. r activit m me temps que l illusion s ouvrant en lui m me l innocente harmonie du monde Il est une conqu te et un privil ge Dosto evski esprit tortur et vagabond est peut tre l unique sujet de ses romans Mais par quelque c t qu on les aborde il s y maintient l avance dans l ubiquit multipliant les ombres et les reflets y explorant les tr fonds de sa pens e et de ses phantasmes ceux l m me qui le hantent et l aimantent qu il fuit et recherche qu il trouve et d nigre Il a cartel la fissure du doute jusqu l infranchissable limite du d chirement Agone 5 et 6 10 d truisant ses exigences de souverainet et de communion pour mieux les aimer C est pourquoi dans chacune de ses oeuvres toute chose voisine avec son contraire l ath isme avec la foi les sacril ges d mesur s avec les expiations pitoyables les crimes avec les ch timents Tout n y est que jouissance et an antissement jouissance dans l an antissement plaisir torve de la transgression absolue et volupt morbide de l autoflag lation l impossibilit de r primer ou m me de contenir ces pulsions qui s agitent en des vagues dominatrices s associe chez Dosto evski le scepticisme hautement vitaliste par lequel il s insurge face aux nouvelles modalit s de l ordre cette justice humaine qui s impose travers le socle positif rationnel et m caniste du savoir scientifique Il n y voit qu objectivation d valorisation chosifian
85. r gles r gissant la musique moderne de destiner de telles r gles produire une musique avec laquelle on doive exprimer les id es de l esprit il concetto dell animo au moyen de paroles et avec les motions affetti qui conviennent mais ces r gles taient plut t con ues pour le simple son des instruments artificiels tant cordes qu vent 23 Les deux pages qui suivent pr sentent un r quisitoire f roce contre la musique instrumentale qui ne peut que charmer le sens de l ou e et ce l aide d un simple morceau de bois concave sur lequel sont tendues quatre ou si cordes voir m me plus d intestin de vil animal ou d autre 24 M me si Vincenzo Galilei fait r f rence la musique instrumentale de son temps et non pas toute musique instrumentale quelle qu elle soit il affirme en effet toujours dans le Dialogo que celle des anciens grecs pouvait produire des effets similaires ceux produits par leur musique vocale il n en reste pas moins que pour lui la meilleure fa on d mouvoir l auditeur reste l expression musicale d un texte po tique et la meilleure preuve en est la narration d taill e qu il fait de la l gende d Arion et du pouvoir de son chant 25 Agone 5 et 6 6 Vincenzo et Galileo semblent avoir une conception de la musique bien diff rente et m me pourrait on dire radicalement oppos e Cependant il est possible de diminuer sensiblement la distance qui s pare le p re du fils en fa
86. re extravagante par des inventions chim riques fantaisistes et superflues 28 L historien de la musique pour peu qu il soit au courant de la situation musicale italienne de la fin du XVIe si cle n aura pas manqu de relever les ressemblances frappantes qui existent entre ces mots de Galil e et les critiques les plus c l bres que son p re adressa aux musiciens de son temps dans le Dialogo De m me il peut para tre surprenant voire choquant de m avoir entendu poser la question Vincenzo Galilei tait il mani riste puisque chacun sait combien il tait oppos toute anamorphose musicale qui oblige la narration normale originellement pleinement visible et per ue directement s adapter une signification all gorique implicitement comprise selon les propres mots de son fils Nous avons d j vu que son combat en faveur de la simplicit du chant la lyre pratiqu par les grecs est motiv par son d sir de retrouver une musique vocale qui ne fasse pas obstacle l expression du texte po tique 29 Voici son opinion propos de certains mani rismes musicaux si fr quents son poque nos contrapuntistes modernes pr tendent imiter les paroles quand parmi les id es qu elles contiennent il s en trouvera certaines qui diront fuir ou voler lesquelles seront prononc es avec une telle vitesse et si peu de gr ce qu il suffit seulement de se l imaginer Et p
87. res mesures de la Troisi me Ballade de Chopin 3 Laurent Cabasso C est une r flexion que je me faisais alors que je travaillais la Septi me Sonate de Prokofiev Quand j ai abord cette oeuvre je n y comprenais rien et j essayais au maximum de la rapprocher de quelque chose de classique Apr s cela finit par devenir un langage aussi clair qu une sonate de Mozart Quand on joue une oeuvre m me la musique la plus compliqu e du monde on doit essayer de raconter l histoire la plus simple possible D une certaine mani re c est cela travailler Je me souviens toujours de la premi re page des ditions de travail de Cortot travailler non seulement le passage difficile mais la difficult elle m me en lui restituant son caract re le plus l mentaire Ceci vaut galement pour la compr hension d une oeuvre Il faut regarder les choses le plus simplement possible et pour cela y passer du temps vivre avec elle et y penser sans cesse C est ainsi que l on finit par s approprier une oeuvre C Agone 5 et 6 4 Laurent Cabasso Pour revenir l interpr tation des Kreisleriana dans la derni re pi ce il est crit Schnell und spielend rapide et en jouant C est quelque chose que je n arrive pas comprendre C est pour moi une pi ce qui repr sente la mort Je la rapprocherais d ailleurs volontiers de la derni re pi ce du Voyage d hiver de Schubert avec ces quintes la main gauche C est quelque
88. riaux savon et eau de cologne En a qui concerne la caisse il est n c ssaire que chaque camarade comprenne parce qu on a pas de camarade caissi re il doit faire la rotation du service par sinc rit En a qui concerne le lieu de travail chaque coop rateur est oblig de maintenir en parfait tat de propret afin que quand il arrive d autre client il se sent bien Culturel Il est du devoir de chaque coop que quand il y a s ance culturel ducatif il prend part avec r gularit pour leur lever le niveau culturel qui lui aussi nous aide a la r alisation des chiffres du plan Nous jusqu maintenant on a pas particip mais on s engage de participer aux s ances caractaire ducatif Agone 5 et 6 12 Responsable Unit 261 SCORTENI Bancescu C 1 XI 79 et post dat en fait parce que la r daction a eu lieu le 24 X SE TAIT Au SEPTI ME jour il semblait que chacun attende des autres un ou plusieurs messages Fatache flottait au dessus de la conscience de G V avec des esp ces d ailes en bois et nous avons entretenu entre nous DES DIALOGUES Un bon bouououquin vachement bon Ouais il est bon je l ai lu moi aussi Et comment il s appelle Bonnard euh L nigme d un dimanche Ignacio Cardenas Acu as guindo Silence Une minute Ensuite quelqu un fredonne Ni na ni na ni na ni na Mais arr te un peu voir euh le truc de La Valise aux empreintes donc ui
89. rien de ce qu elle exprime ou repr sente le continent am ricain m me m taphoriquement ce qu exprime une oeuvre n est pas ce que son titre d note Pourtant si l on ne sait dire ce que repr sentent La Symphonie Pastorale et La Symphonie du Nouveau monde dire que l une pourrait repr senter ce que repr sente l autre est faux en quelque sorte la nature est La Symphonie pastorale ce que le continent am ricain est La Symphonie du Nouveau monde Un titre peut tre vu comme une fa on de caract riser l oeuvre une description minimale de sa signification pour l auteur sauf exception les titres ne sont donc pas en tant que tels interchangeables Enfin l ensemble des jugements et descriptions qui sont appliqu s l oeuvre n est pas sa signification d finir la signification d une oeuvre c est d finir ce qu elle repr sente C est pourquoi l interpr tation du r le de N ron participe de sa signification et qu en ces termes on ne peut discuter de la signification d une symphonie ce qui n a jamais emp ch personne d en parler 8 Lector in fabula op cit page 71 Agone 5 et 6 12 9 Apostille au Nom de la rose Grasset 1985 pages 11 15 10 Cf George Steiner R elles pr sences Les arts du sens Gallimard 1990 11 Sur Racine Le Seuil 1963 page 9 12 Ibid pages 30 31 13 Ibid page 36 14 Ibid respectivement pages 12 34 35 36 15 Ibid pages 28 29 16 Iphig nie III 6
90. rien quand j avais d j devin Mes derniers efforts de repr sentation furent ex cut s pour les aider croire l efficacit des traitements qu ils me d livraient l aveuglette Ce qui leur permit de d finir posteriori ce qui n tait pas all dans ce corps robuste Les satisfaire enti rement pour m en d barrasser pour rassurer tout le monde enfin pages 162 163 Voil bient t six mois que mon diteur m a fait parvenir plusieurs longs courriers Ils contenaient essentiellement des analyses qu un critique d licat envoyait avant publication que j tais cens lire et ratifier Je ne participais au jeu st rile des commentaires et pr sentations de mes ouvrages que dans la mesure o mon diteur me le demandait ce qu il faisait le moins possible m assurait il S il n en connaissait pas les motivations r elles il savait mon indiff rence active tous les d bats sur la litt rature contemporaine et la respectait Les raisons argument es de cet envoi consistaient en la consid ration de ces analyses comme particuli rement pertinentes bien document es et enfin motiv es par une admiration lucide respectueuse et juste Il avait raison au del de toute esp rance Mais ce qui ne signifiait pour lui qu un papier de qualit valeurisant l un de ses auteurs prenait sous mon regard une ancienne signification Il r veillait pour lui m me un v nement incompr hensible qu une discipline inavouable
91. rieure En Provence les druides avaient plusieurs retraites les plus connues taient celles d guilles et des Figons hameau voisin une lieue d Aix La curiosit m ayant conduit en 1770 sur les d bris de Carluc maison ruin e qui appartenoit anciennement aux Templiers et dont les domaines voisins appartiennent aujourd hui aux B n dictins de Montmajour une pierre angulaire sur laquelle toient grav s ces mots VOV DRUID me fut indiqu e par un habitant du voisinage Elle me donna lieu de penser que se pourroit tre l quelque reste d une ancienne habitation des Druides construite dans ce lieu ou que cette pierre toit un monument religieux lev en l honneur des Druides ou par les Druides en l honneur de la divinit Le lieu o je trouvois cette pierre est retir paisible environn de bois et toit fort propre aux myst res des anciens Pr tres Gaulois 22 Si on passe sur l id e d immuabilit de l environnement naturel qui pr te aujourd hui sourire il est int ressant de noter l attention exclusive des r f rences d ordre linguistique pigraphie et la recherche du monumental c est dire des restes destin s la c l bration de jeux finis Pour faire court on dira qu avec le d veloppement de la philologie et les premiers moments de la g ologie du quaternaire l arch ologue va d gager un tout autre type d indice D s l introduction de ses Antiquit s Celtiques et ant diluviennes 184
92. se passent qui ont trait l int r t que l on peut porter au lieu pourquoi ce lieu pourquoi pas un autre Cette exp rience l que l on n explique pas plus qu un coup de coeur une fois v cue reste la question de notre interpr tation du lieu pourquoi va t on aller fouiller dans telle ou telle partie de l histoire au sens tr s large de ce lieu Cela peut tre une histoire actuelle celle des v nements sonores qui l habitent encore Ce sont peut tre des choses qui renvoient un imaginaire des v nements qui ont pu Agone 5 et 6 2 s y passer C est ce qui alimente toutes les petites histoires que l on se fait apr s Ne me pla ant pas d un point de vue scientifique quand je pars faire une collecte d l ments sonores c est toujours dans le but de n en prendre qu un infime fragment en tant consciente que je me permets de taillader all grement dans ce que le lieu me propose c est dire d en faire effectivement une interpr tation une lecture une envie inexplicable d avoir telle circulation tel niveau sonore telle qualit de mati re qui vienne de l plut t qu ailleurs d avoir une sensation d ins curit ou plut t de chaleur etc en composant avec mes propres mati res sonores les sons ambiants et ce que renvoient les lieux l architecture Cela ne s arr te pas ici L auditeur se d pla ant dans le lieu il y a encore mille interpr tations possibles mille fa ons de comprendre
93. ses jeux infinis sur d autres jeux tout aussi infinis puisque c est ainsi que nous appara t l int grale des traces de l activit humaine Si l on carte les cas exceptionnels o l on peut reconstituer le sens de certaines pratiques un jeu d enfant dans le sable un rite annuel dans une for t profonde et une puissante activit conomique sont autant de pratiques qui donnent de fa on contingente un reste tout d pend de la position g omorphologique du site mieux vaut une grotte ou un fond mar cageux qu un versant de l irruption inattendue d un volcan ou de la succession incontr lable des mani res d exploiter un paysage Il n y a de devoir envers personne Le joueur de l infini sait qu il est ma tre de ses sources c est lui qui produit le document dont la qualit la possibilit d engendrer un grand nombre de questions d pend de sa volont de v rit rien n est plus ais que d arranger son document Il n h site pas faire violence son objet d tude il le d contextualise il le met en s rie 35 Il vit dans l intranquillit c est un tre vuln rable car il tente d chapper la logique du n cessaire Pour une soci t un joueur de l infini bon c l brer est un joueur mort Les deux figures de chercheurs que nous avons distingu es sont peut tre caricaturales Il conviendrait mieux de parler de p les Personne ne s tonnera que le p le fini soit le plus dens ment habit son climat rapporte plus qu
94. ses raisons et de meilleure disposition la facilit d emploi de ses mouvements o dans ces interstices il s questrera sa pens e les aises jusqu la tomb e de la nuit qui consacrera l apocalypse une nouvelle extr mit Que ferait il qui ne soit faire le temps n est il d essence obsol te La sensation de ruines brise son regard industrieux il voit ses fa onnages rig s de fini se disloquer son travail sans cesse corrig par l usure les imperfections se prononcer en cassures ses assemblages tenus d quilibres disjoints et ne reconna t pas de tels ravages dans ce qui est naturellement agr ment Az confronte la d su tude de ses intentions avec les puissances du mal du bien Agone 5 et 6 il ne sait Il visitera sa propri t pi ce par pi ce de son oeil dans un miroir jusqu l horizon qu il voit enfin envelopp d univers livre mains et t te li s l ouvrage x gt x M mento de Jk Extraire la quintessence sans l id e de raffinage viter de raboutir les pi ces enfouir les bases d mesurer les unit s interrompre la m thode grimer le grime x gt x R els adjuvants Za rompu l quilibre de sa figure de relief d ambule travers la juxtaposition des formes qui lui font obstacle et sur celles mises en sorte que son poids articul puisse s y appuyer en vitant l effort des escalades Agone 5 et 6 le sale s intercale entre les surfaces qui le p sent et les semelles
95. son Vocabulaire de l esth tique Etienne Souriau construit une syst matique des nuances de l ethos artistique partir de ce qu il nomme un retournement r flexif et contemplatif vers l oeuvre Cette entreprise le conduit d finir une rose des vents de l art o chaque essence repr sent e par son nom est figur e au p le oppos de son antitype avec de chaque c t les essences qui lui sont proches selon un gradient n gatif de compatibilit Le tragique est l antitype du joli il est incompatible avec lui De m me sont incompatibles le sublime et le comique Cependant le joli comme le tragique le comique comme le sublime sont des valeurs positives dans l art C est donc bien le grotesque seul valeur positive qui convient en face du beau Callot en face de Rapha l comme Aristophane en face de Pindare et Anacr on en face d Eschyle 32 S il pr tend juste titre que son tableau des valeurs artistiques est obtenu d une mani re tout empirique par t tonnements Etienne Souriau illustre n anmoins cette tendance qu ont les philosophes de l art chercher les bases d une esth tique pure dans le langage de l appr ciation consid rant que celui ci est un et que les termes g n raux dont il se compose doivent s expliquer par l existence de qualit s inh rentes aux oeuvres Dans ses Le ons et conversations sur l esth tique Wittgenstein rejette ce point de vue et inscrit le probl me du jug
96. totalement disparu de ses l vres si jamais elle tait arriv e aussi pr s de la sortie comme de sa pens e comme de la m moire de son esp ce En ce qui nous concerne on n est qu une bande h t roclite Quelques uns d entre nous ont voulu ont esp r ou m me ont t sur le point de se consacrer comme artistes comme sportifs ou comme les deux Maintenant il est probable qu on est irr m diablement rat s et c est a qui nous unit en quelque sorte Gr ce notre lucidit on s est fait embaucher dans des endroits honorables et de notre avenir artistique personne ne trouve n cessaire de parler On s occupe pourtant de mises en sc ne dans les lieux publics ou chez nous Les mise en sc ne sont elles aussi finalement des oeuvres d art ou des spectacles sportifs Non seulement elles sont totalement non reproductibles mais elles ont comme auteur et spectateur toujours le m me groupe de quelques personnes le n tre les autres participants tant seulement provoqu s l action et ne sachant pas en fait ce Agone 5 et 6 4 qui se passe ne peuvent pas tre appel s auteur ou spectateur ils sont plut t une sorte de mat riau de notre expression Quelques unes de nos oeuvres dont comme je l avais dit nous sommes les uniques spectateurs se passent dans une tribune ou sur une pelouse de stade comme dans quelque roman de D R Popescu 5 Les autres ont comme sc ne un trolley un tramway ou les endroits dans le
97. tout Il demeure c est dire le m me je suis le possesseur elle est la poss d e C est pourquoi dans leurs textes ceux de la non possession ils avaient raison d argumenter que le langage naturel nous refuse la possibilit de prendre un jour conscience d une situation dans laquelle on ne serait pas possesseur M me quand on ne poss de rien ce qui serait un cas id al ou lorsqu on est en fait poss d s ce qui a lieu quotidiennement on ne peut pas en prendre conscience Je ne leur reproche rien Je sens le liquide remuer dans la bouteille et j essaie d en devenir solidaire en le laissant s couler dans ma gorge La bouteille moi le liquide la main le gosier nous sommes maintenant dans une action de COOP RATION Au QUATORZI ME JOUR on est tous all s l H pital d Urgence l entr e se trouvait une vieille femme avec une expression de bont sur le visage qui nous a impressionn s d sagr ablement On veut tous passer pour des cyniques mais a marche pas tous les coups Quand on a dit le nom du Client la femme a commenc feuilleter soigneusement un registre Ensuite quand elle a trouv son nom elle nous a regard s encore une fois et a commenc pleurer Dans le registre l endroit du nom du Client quelqu un avait griffonn une croix au crayon ce qui probablement avait une signification pr cise Mais qu est ce qui lui est arriv bonne m re qu il s est donn la mort dit la femme qui main
98. tre lire en m me temps qu avancer aurait g n le cours de ma progression les obstacles m auraient bascul hors de ma dignit verticale les phrases ne se seraient elles pas m l es au r el emport es par mes pas trop pr sents pour qu ils puissent tre guid s des lignes litt raires engourdies de caract res de quoi le temps aurait il t fait le livre est fini enseveli sous le carton il est temps de relire pour permettre aux jours d exister Yeux Sur le site toutes les formes dimensionn es attendent d tre r v l es du jour introduites dans l obscurit et que la clart indiff re posent ext rieures aveugles sous le balai des photons Voir le jour et la lumi re entre par la simple ouverture des yeux mati re d emprunt des objets qu elle d porte des nuits discr tes aux pens es concentr es dans le camp des m moires Voir le jour composer les formes resserrer les espaces constituer les tailles tablir les mouvements et emporter ces mirages dans les valises de paupi res closes pour des voyages en wagon couchette Agone 5 et 6 Du lieu commun o Hh habite quand il s veille voit ce qu il attend malgr les images folles auto g r es qu il a r v es il voit d ordinaire par sa fen tre un bois tomber en pente sur le virage d une route et fuir dans la perspective contemporaine des lignes droites le ciel pr visible sans aventure les collines bleu lointain cisel es d arbres en marche
99. un fait d exp rience v rifi sur de petits nombres et l on n a jamais eu de mauvaises surprises en admettant sa g n ralit comme une loi de la nature et de la psychologie humaine Si l on fonde les math matiques sur une telle base intuitive li e la stabilit de notre perception du monde et celle de l individualit des objets mat riels il suffit d une s rieuse dose de confiance justifi e par l histoire pour utiliser le calcul comme un moyen de pr vision L inconv nient est que la preuve par vidences mises bout bout dite preuve finitairedepuis Hilbert est longue et difficile m me pour des propri t s arithm tiques tr s l mentaires En effet on ne peut accepter dans ce type de preuve la commodit du raisonnement par l absurde car la n gation d une propri t existentielle intuitive n a souvent aucun sens ainsi la propri t il existe un entier premier plus grand que 1000000000000 aurait pour n gation tous les entiers plus grands que 1000000000000 ont un diviseur autre que 1 et eux m mes Celle ci n a pas de sens car le concept de tous les entiers n en a pas il n existe que des entiers individuels susceptibles d tre construits par une m thode algorithmique par exemple mettre un b tonnet derri re L entier premier cherch doit tre construit ainsi ZX 2 La grande astuce du formalisme a consist laborer et d crire finitairement des langages formels l ai
100. vrier 1761 cit par Roland Galle La Nouvelle H lo se ou le commencement d une lecture nouvelle in La Lecture litt raire Glancier Gu naud 1987 page 224 Agone 5 et 6 16 Soulign par nous 31 Pour d autres d tails sur le lecteur rousseauiste voir la monographie de Robert Darnton sur Jean Ranson lecteur de La Rochelle 1774 La Lecture rousseauiste et un lecteur ordinaire au XVIIIe si cle in Pratiques de lecture op cit pages 126 155 32 Etienne Souriau Art et v rit Revue philosophique mars avril 1933 pages 186 187 La table des valeurs artistiques est figur e page 188 Pour conna tre le d tail de cette syst matique voir le Vocabulaire de l esth tique PUF 1991 33 Ludwig Wittgenstein Le ons et conversations suivi de Conf rence sur l thique Gallimard 1971 1938 pages 15 20 34 Voir la remarque 58 seule l application distingue r ellement les langages abstraction faite d elle tous sont d gale valeur Remarques Philosophiques op cit page 87 35 Nous utilisons le terme d notation au sens large que lui donne Nelson Goodman dans Esth tique et connaissance I s agit de cas de d nominations de pr dications de descriptions dans lesquels un mot ou un encha nement de mots s appliquent une chose un v nement etc Esth tique et connaissance Nelson Goodman et Catherine Elgin L clat 1990 page 17 36 L OEil du Quattrocento Ga
101. 7 Boucher de Perthes insiste sur le caract re infime des traces que l homme ancien peut laisser de sa pr sence L dans ses pauvres ustensiles est toute leur histoire toute leur religion l est leur langue la fois vulgaire et sacr e et c est dans ces rares et grossiers hi roglyphes qu il faut voquer leur existence et r v lation de leurs moeurs 23 C est au cours des premi res tapes de ce paradigme indiciaire selon l expression de C Ginzburg que le vestige est replac dans le concert des ph nom nes de la nature le royaume de l inexprimable 24 gt On distingue alors dans les stratigraphies ce qui correspond une activit humaine en place et ce qui doit tre attribu au d bordement d une rivi re ou aux effets du gel sur une paroi rocheuse Il n est pas tonnant que cette r volution scientifique affecte d abord les t n bres de la premi re humanit selon le principe du qui a le moins peut souvent le plus Il faut parfois attendre la deuxi me moiti du XXe si cle pour voir les arch ologies lieu propre Antiquit Moyen ge se soucier de ces interactions avec les ph nom nes naturels Agone 5 et 6 5 Dans le domaine pr historique la fouille de Pincevent men e par A Leroi Gourhan constitue l une des recherches les plus pr cises il est vrai dans un cas d cole un site inond par les crues d un fleuve 25 La r partition des vestiges soigneusement d cap
102. Agone 5 et 6 L imbrication circonstancielle d un nom propre et d une oeuvre doit au moins autant Anonyme L imbrication circonstancielle d un nom propre et d une oeuvre doit au moins autant des exigences respectables qu diverses contraintes indignes Que le lecteur ne r pugne pas poursuivre malgr la d go tante litt ralit du sens des phrases qui sont propos es ici sa lecture d licate qu il ne s tonne pas de l inhabituelle platitude de la mise en page car les mots qui suivent ne forment pas une composition graphique regarder mais un texte lire qu il ne s inqui te pas de l absence inaccoutum e de ces je qui n ont jamais garanti l existence d une subjectivit sans d fection Il n est pas sans tre tout fait inconnu que l anonymat volontaire se perde en premier lieu dans les limbes surcharg es d mes sans humilit inqui tes de ne pas tre reconnues par leur concierge l poque o les concierges fournissaient l essentiel de l information polici re ou par leur coiffeur l poque on l on ne trouve plus de barbier et en second lieu encore qu ici l ordre et la topologie ne soient pas m rement r fl chis dans les diverses contraintes que produisent les r gles sans alternatives du commerce Dans un roman qui n est pas le meilleur de ses livres mais reste tout de m me loin de port e du meilleur des livres de beaucoup d autres qui ne sachant pas quoi lui reprocher lui reprochent
103. En fait rien n emp che de consid rer autant de niveaux que l on veut ce qui permettra sans doute dans le futur des mod lisations extr mement raffin es dont pourraient faire usage les sciences dont les objets tudi s ont par nature une configuration o s enchev trent de mani re floue plusieurs niveaux de complexit Je pense en particulier aux sciences de la cognition R f rences succinctes CALLOT J L Trois le ons d analyse infinit simale in Actes de la D cade Le continu math matique Cerisy 1990 CARNOT L R flexions sur la m taphysique du calcul infinit simal A Blanchard 1970 DIENER F amp REEB G Analyse non standard Hermann 1989 DIENER M amp DELEDICQ A Le ons de calcul infinit simal Armand Colin 1989 LUTZ R R veries Infinit simales Gazette des Math maticiens 34 1987 Agone 5 et 6 9 LUTZ R La Force mod lisatrice des Th ories Infinit simales faibles in Actes de la D cade Le continu math matique Cerisy 1990 LUTZ R amp GOZE M Non Standard Analysis A practical guide whith applications Lecture Notes in Mathematics 881 Springer 1981 LOBRY C Et pourtant ils ne remplissent pas N Lyon Aleas 1989 NELSON E Internal Set theory a New Approach to Non Standard Analysis Bull Amer Math Soc 83 1977 ROBINSON A Non standard analysis Amsterdam Elsevier Science Publisher 1966 Notes 1
104. H Joly Gallimard 1983 page 20 13 Pour un tableau plus pr cis de la fortune de l oeuvre cette poque voir l introduction de Michel Magnien son dition de La Po tique d Aristote Le livre de poche 1990 pages 50 72 14 Sur les rapports entre Mei et Vettori d une part et Mei et Galilei d autre part voir C V Palisca Girolamo Mei Letters on ancien and modern music to Vincenzo Galilei and Giovani Bardi American Institute of Musicology 2 1977 15 Vincenzo Galilei Dialogo della musica antica e della moderna Florence 1581 dit en fac simil Rome 1934 page 80 16 Ibid page 85 17 Cit dans La Po tique d Aristote d Magnien appendice 3 page 178 18 Erwin Panofsky Galil e critique d art op cit pages 203 205 19 Ibid appendice 1 Lettre Cigoli page 241 20 Ibid page 240 21 Ibid page 241 22 Vincenzo Galilei Dialogo op cit pages 79 80 Agone 5 et 6 12 23 Ibid page 85 24 Ibid page 86 25 Ibid page 86 26 Michelangelo Galilei 11 primo libro d Claude Chauvel page 17 27 Cit par C V Palisca Vincenzo Galilei and some links between pseudo monody and monody The musical quartely 46 1960 page 358 28 Erwin Panofsky Galil e critique d art op cit page 213 29 Sur l utilisation du terme mani risme en musique voir les actes du congr s Manierismo in arte et musica publi s dan
105. Ioana a dit qu elle savait et il lui a r pondu qu il ne voulait plus que a se reproduise Quand ils sont mont s dans le train ils ont aussi vu Machin il disait qu il avait fini son bois de chauffage et eux lui ont r pondu t en fais pas le printemps sera bient t l Geza a pris position et bien s r Le Limier n a pas laiss le tzigane impuni C est comme a Agone 5 et 6 1 qu on est finalement arriv la maison un tage rue Le Sentier entre les Immortelles 2 num ro 4 c est dire le dernier Le Peintre a vendu la Dacia et s est trouv une Volkswagen d occase Jenny a d abord protest mais elle s est mise aimer la VW comme Nora d ailleurs Petre Mainescu allait sortir lorsque Veronica est apparue la t l et a r cit une po sie de Paunescu mais non plut t de Goga 3 il l a reconnue d apr s ses cheveux Mircea Nedelciu en rit et dit Tire toi mec c est pas elle Et puis apr s chacun a trouv un petit boulot et on ne se retrouvait plus qu en cong Il est arriv quelqu un qui a crit leur histoire Mais l criture de l histoire a t une dr le d histoire Lorsqu il se met crire il se pose sur la t te un vieux chapeau de son p re mais il l oublie presque aussit t Dans la cuisine immense et inond e par la lumi re il parle deux chats siamois souvent sur un ton de reproche cependant le magn tophone reste branch et enregistre Son mod le un mod le la fois stimulan
106. La lecture est une de ces activit s symboliques sur lesquelles chacun poss de sa petite th orie S il est un lieu commun que ces th ories reproduisent inlassablement c est l habitus scolaire aidant l id e qu un texte cela se comprend avant tout et qu il n y a de vraie lecture d une oeuvre que celle qui en d couvre le sens Si cette id e fait assez bien vivre les critiques et passablement plancher les coliers rien ne nous assure par contre qu elle soit le credo des pratiquants honn tes de la lecture Pourtant m me savamment nonc e on la trouve sous la plume de ceux qui pr tendent en d crire les m canismes hors des mod les re us de l institution scolaire ou de la critique inspir e Lecture plurielle r v lation ou r duction d une polys mie production autonome du sens sont autant d expressions oblig es de leurs savants propos toute lecture est une lecture comparative mise en rapport du livre avec d autres livres Comme il y a dialogisme et intertextualit au sens o Bakhtine entend le terme il y a dialogisme et intertextualit de la lecture elle m me Lire ce serait donc faire merger la biblioth que v cue c est dire la m moire des lectures ant rieures Pour une large part le sens na t de cet en dehors culturel tout autant que du texte lui m me et il est certain que c est du sens acquis que na t le sens acqu rir De fait la lecture est jeu de miroirs d marche sp culaire
107. Le champ litt raire in Actes de la recherche en sciences sociales 89 1991 22 Trait de la ponctuation fran aise Gallimard 1991 page 118 Agone 5 et 6 14 Agone 5 et 6 Les d sirs boviphages d un boeuf l tal Sochaba David O bouV boujagoV ou Les d sirs boviphages d un boeuf l tal et sur le bord de la roche effondr e l infamie de Cr te tait vautr e celui qui fut con u dans la fausse vache Enfer Chant XII Aussit t sortie de lui son me s tait mise en route avec quantit d autres et elles taient parvenues en un lieu extraordinaire o la terre avait deux ouvertures contigu s entre elles et le ciel de son c t deux autres qui en haut leur faisaient face La R publique X 61 La salle au rez de chauss e est d une taille imposante au regard de celles que je connais d j Les tables et les chaises y sont en grand nombre Un comptoir sommaire occupe presque tout un mur Munie de multiples entr es et vitr e sur toute une longueur quatre escaliers deux l ouest et deux l est la relient l tage sup rieur De ce qui semble tous familier je suis tranger C est lors d une br ve visite il y a de cela des mois que j ai vu le flux et le reflux qu imposent ces marches ascendantes Mais aujourd hui personne n a encore devant mes yeux os s y pr senter Et si je suis revenu ici maintenant c est d termin pour savoir en v rit tout ce que cela cache Parce
108. Mais vouloir d crire ce que ce genre de proposition engage d crire on en vient vite se demander ce qu il faut d crire Est ce de l ordre du jugement ou de la signification Faut il interroger un sujet sur ce qu il a compris d une oeuvre et pour cela le lui faire dire ou tudier la mani re dont au travers de jugements et de d nominations une oeuvre est d not e et une exp rience d crite Ces seules options engagent la possibilit m me de fonder une tude empirique de la r ception des oeuvres En retrouvant le sens de leurs diff rences nous tenterons de d finir les l ments d une m thode 2 Ce qu une oeuvre ne dit pas En 1898 dans sa pr face L art religieux en France au XIIIe si cle mile M le n h sitait pas crire Le Moyen ge a con u l art comme un enseignement Tout ce qu il tait utile l homme de conna tre l histoire du monde depuis sa cr ation les dogmes de la religion les exemples des saints la hi rarchie des vertus la vari t des sciences des arts et des m tiers lui tait enseign par les vitraux de l glise ou les statues du porche La cath drale e t m rit d tre appel e de ce nom touchant qui fut donn par les imprimeurs du XVe si cle un de leurs premiers livres la bible des pauvres Les simples les ignorants tous ceux qu on appelait la sainte pl be de Dieu apprenaient par leurs yeux tout ce qu ils savaient de leur foi 3 Agone 5 et 6
109. ONE S il y a une seule solution quel avenir pour les autres interpr tes Claude Helffer Il y a une solution par interpr te Enfin th oriquement on devrait pouvoir arriver un consensus En fait on n y arrive jamais Et cela va dans le sens de votre hypoth se sur les multiples faces d une m me r alit Mais l interpr te lui m me ne cherche pas dans cette direction Il est oblig de chercher dans une seule direction J ai souvent constat combien le compositeur est d sarm devant son oeuvre L oeuvre est tomb e dans le domaine public si l on peut dire et c est qui trouvera comment la faire vivre Alors comme vous dites il y a peut tre plusieurs solutions Mais l interpr te ne doit en chercher qu une seule Il existe aussi des cas de d formations d un texte par l interpr te qui ne respecte syst matiquement pas ce qui est crit Je pense quelqu un de tr s connu qui est mort et que je n ai pas envie de citer qui a donn certaines interpr tations que je r cuse absolument On peut consid rer ce qu il fait comme valable mais ce moment l ce n est Agone 5 et 6 5 plus Mozart ce n est plus Webern Personnellement j essaie d tre un interpr te honn te et l id e que doit avoir un interpr te honn te c est le compositeur n a pas pu se tromper C est un postulat Quand vous voulez travailler une oeuvre correctement il suffit d crire en gros dans votre t te ce t
110. On ne peut m me pas dire qu elle est parfaite ou non C est pour cette raison que l on peut croire qu elle l est sans trouver de contradicteur Ceci est l attitude courante parmi les math maticiens Agone 5 et 6 6 Une attitude encore tr s peu r pandue mais de grande port e dans la question qui nous int resse ici consiste largir la br che en exploitant plus avant les possibilit s de la formalisation On peut le faire plusieurs niveaux le plus labor tant actuellement celui de la Internal Set Theory I S T due E Nelson qui donne une pr sentation axiomatique de l Analyse Non Standard de A Robinson laquelle tait originellement exprim e dans le cadre de la th orie des mod les Il s agissait de la premi re pr sentation vraiment coh rente d un contexte o l intervention d l ments id aux en particulier de nombres infinit simaux permettait de rapprocher les math matiques de l intuition Notre but ici n est pas de pr senter ces th ories sophistiqu es mais seulement de mettre en vidence le fait que la prise en compte math matique des id es intuitives de grandeur et de transition floue est un b n fice inesp r d une formalisation bien comprise C est pourquoi nous allons nous int resser des th ories beaucoup plus rudimentaires mais significatives car les faits essentiels y sont d j pr sents Il est d ailleurs remarquable que ces th ories simples ne soient apparues dans toute leur v
111. Pollini Dans la p riode suivante celle que nous vivons l affirmation des personnalit s prime nouveau ce qui finit par devenir irritant Personnellement je me reconnais d avantage dans l poque pr c dente je serais plut t arri re gardiste si je puis dire Je trouve que l on a t un peu loin Je crois que c est ce qui va tre diff rent qui int resse les gens AGONE Paradoxalement sans diff rences il n y a pas non plus d originalit voudriez vous dire que ces musiciens essaient d affirmer une diff rence d image pour produire un certain effet Agone 5 et 6 5 Laurent Cabasso Oui c est cela Certains se servent de la musique pour se mettre en avant Au contraire un pianiste comme Sviatoslav Richter parle de cette volont de s effacer C est pourtant une tr s forte personnalit mais parce qu il a un monde int rieur tr s fort Finalement une bonne interpr tation consiste en la conjonction de deux composantes une personnalit et une oeuvre qui fusionnent et non pas une personnalit se calquant sur une oeuvre Je me sens tr s proche des classiques Jouer Mozart Haydn et Bach me para t fondamental C est ce qui va nous permettre d aborder avec ce qu il faut de rigueur des oeuvres qui demandent une plus grande libert La connaissance du style est importante il faut avoir beaucoup travaill ces compositeurs l pour pouvoir ensuite r ussir rester ma tre de
112. Yvonne Loriod aux concerts du Domaine Musical Paris le 23 F vrier 1954 9 Compos e de quatrains rimes crois es dans lequel le deuxi me et le quatri me vers sont repris par le premier et le troisi me de la strophe suivante Agone 5 et 6 9 Agone 5 et 6 Entretien avec Laurent Cabasso Cabasso Laurent Entretien avec Laurent Cabasso AGONE Je voudrais commencer par vous demander si quand vous entreprenez un travail d interpr tation vous avez le sentiment de vous engager dans une certaine forme de rapport passionnel Laurent Cabasso Ce fut par exemple le cas pour les Kreisleriana 1 Et je crois que c est ce qui se passe pour tous les gens qui abordent cette pi ce J en avais bien s r beaucoup entendu parler Comme tous les jeunes pianistes j allais assister aux concours internationaux qui avaient lieu Paris J y entendais parfois les Kreisleriana et cela m ennuyait profond ment Puis un jour je suis tomb sur l enregistrement de Vladimir Horowitz ce qui m a tout de suite donn envie de les travailler Quand j ai d couvert la partition avec tous ses lans ses forces contradictoires qui s affrontent 1l s est tabli en effet une sorte de rapport passionnel entre elle et moi AGONE Qu est ce qu une telle exp rience a repr sent pour vous Laurent Cabasso C est peut tre un peu pr tentieux de ma part mais quand je travaillais les Kreisleriana je pensais tre dans le m me
113. a r f rence la parano a ne me semble pas le meilleur moyen pour tablir le dialogue D ailleurs on ne discute pas avec un malade au mieux on le soigne au pire on le met au placard L argument m appara t ainsi tout fait fallacieux moins que sa fonction r elle ne soit tout autre que ce qui est g n ralement annonc Reconna tre la pathologie chez notre interlocuteur nous met l abri de plusieurs d sagr ments Agone 5 et 6 6 Celui tout d abord d une remise en cause de notre syst me de pens e Si l autre est malade son discours est invalid contrario nous sommes donc nous m mes dans le vrai Il est donc de notre devoir en toute objectivit et en toute modestie bien s r de garder la ligne Discriminer les manifestations antis mites de celles qui ne le sont pas revient nous qui sommes sains de corps et d esprit Comme de plus nous sommes de gauche il devient techniquement plus simple de trancher sans tenir compte des lucubrations du parano Ensuite puisque la pens e de l Autre est sujette caution nous devons tout mettre en oeuvre par charit pour convertir cet Autre notre fa on de voir Il sera alors devenu notre pote Magie des mots propos sous quel diagnostic Staline envoyait il ses dissidents l asile 2 La Shoah Beaucoup a t dit sur elle Peu de choses d finitives mon avis et elle garde encore son myst re Le mot myst re est entendre ici dans s
114. ables jeux de langage font appara tre une s rie d oppositions de diff rences et de variations entre termes qui sugg rent l existence de r gles d usage et font in vitablement penser aux grammaires de Wittgenstein Ces termes ont une structure ils s opposent ou s allient se recouvrent ou s englobent Il serait facile de tracer le diagramme o ces relations seraient figur es mais ce serait imposer une rigidit que les termes n avaient pas et ne devaient pas avoir dans la pratique 38 En insistant sur cette derni re id e Baxandall nous montre que s il y a grammaire c est dans le cadre d un certain jeu de langage celui de Landino et des contemporains avec lesquels il partage certaines dispositions culturelles et non par exemple celui des humanistes moins nombreux et de ce fait moins repr sentatifs chez lesquels l opinion esth tique doit tout la culture philosophique Dans les expressions employ es par les premiers on trouve un tonnant m lange de valeurs plastiques morales et sensibles L chantillon des jeux de langage dans lesquels ces expressions interviennent est trop r duit cependant pour que l on puisse proc der une analyse compar e des composants axiologiques du jugement de go t Mais se contenter de pointer du doigt l existence de ce buissonnement de valeur autant profiter de ce qu il nous apprend au grand dam des tenants d un esth tique pure la contemplation peine inspir e des oeu
115. age natal ne se d crit pas il se raconte Monde de torpeur et de conspiration de clocher la campagne est le fief de l homme nouveau hybride d ouvrier et d intellectuel vell itaire au verbe fruste et la fiert vernaculaire Ilie Ilie Razachie le chantre du festival Chantons la Roumanie Ses h ros surgissent de l espace villageois pour se retrouver dans l anonymat de la ville acteurs des grandes mutations qui ont secou la campagne roumaine la d population et le vieillissement les navetist qui vivent la campagne et travaillent la ville la transformation socialiste de l agriculture L espace villageois oscille entre la nostalgie de l enfance Mon souvenir s en est all En wagons avec du bl Qui voyageait n importe o Par des villages de plaines petits Envahis par des orties et les portraits de navetist le quai plein d hommes portant des chapeaux gris marron noirs et des cartables vieillis et bourr s probablement de vivres Agone 5 et 6 5 Les d buts de Mircea Nedelciu ont t surtout g n s par les limitations de la taille des ouvrages ou du tirage pour raison bureaucratique id ologique ou simplement par manque de papier Dans ce jeu obligatoire avec la censure l histoire significative d un texte n tait plus que la somme de tous ses refus officiels J aime me figurer Mircea Nedelciu dans sa jeunesse litt raire lorsque corrompu par les grandes obsessions fictionnelles de ce
116. ages de J P Milotte Pr cis de Protohistoire europ enne Armand Colin 1970 ni ceux de J Lichardus et M Lichardus Itten Protohistoire de l Europe Le N olithique et le Chalcolithique entre la M diterran e et la mer Baltique P U F 1985 qui ne tiennent pas compte de la nature des sources disponibles 10 Carse op cit page 11 11 Carse op cit page 12 12 Carse op cit page 20 Agone 5 et 6 9 13 Carse op cit page 26 14 Carse op cit page 115 15 Carse op cit page 115 16 Il existe toutefois quelques exceptions Voir C Malamoud Sans lieu ni date Note sur l absence de fondation dans l Inde v dique in M Detienne Trac s de fondation Peeters 1990 pages 183 191 17 M Foucault La vie des hommes inf mes Les Cahiers du chemin 29 1977 page16 18 S Lackenbacher Le palais sans rival Le r cit de construction en Assyrie La D couverte 1990 19 E Le Roy Ladurie Montaillou village occitan de 1294 1324 Gallimard 1975 20 Voir l analyse d A Momigliano Probl mes d historiographie ancienne et moderne Gallimard 1983 page 258 21 c est moi qui souligne Thucydide La guerre du P lopon se 1 10 trad D Roussel La Pl iade 1964 page 699 Nous ne partageons pas la pr sentation que donne R Chevallier de ce m me texte qui serait l indice d une arch ologie universelle ayant toujours exist L arch ologie des Anciens Bull de la Soc
117. ages porte aux travaux du savant sur les subtiles diff rences qui s parent le faux du vrai et celles qui s parent le faux de l authentique le vrai ne pouvant tre assimil l authentique celles ci et celles l ne peuvent tre confondues Si le marchand n h site pas le questionner le savant ne s interroge pas son compte sur les avantages moraux compar s du marchand qui go te tandis qu il compte sur celui qui ne go te que ce qu il compte peut tre se doute t il qu il n existe au fond que des inconv nients simplement d ordres diff rents Comme chaque fois le savant d couvre beaucoup plus de questions que de r ponses ce qui n arrange pas les comptes du marchand Si l authenticit peut se r soudre dans un premier temps un probl me d attribution de nom propre on n chappe pas l aporie que si l inauthentique est un faux de quelqu un elle est aussi forc ment un vrai de quelqu un d autre Ce qui pose un r el probl me car alors que des inauthentiques peuvent artistiquement valoir des authentiques sans d velopper les arguties qui invoquent l innovation au rang de premi re valeur artistique tous les noms propres ne valent pas le m me prix Moment de douleur profonde quand les difficiles diff rences tablies entre le faux et l inauthentique disparaissent derri re le seul mot sans subtilit d escroquerie Et le savant sans pudeur de rench rir qu il faut encore que le monde d origine de l oeuvre d art en que
118. agine l criveur du troisi me mill naire comme un individu complet capable d utiliser vertueusement un tas d appareils metteurs r cepteurs du r el cam ras microphones t l guid s ordinateurs satellites de communication mais continuant d tre un pr tre pr dicateur et un homme politique qui refuse la fois de manipuler et de se laisser manipuler d coince les canaux de communication surtout pour les rendre utilisables dans les deux sens oeuvre toujours avec les lecteurs et les personnages aux fondements de nouvelles institutions en m me temps efficaces et exemplairement d mocratiques Dans son texte toutes les surprises seront dig r es en cours de route et a sera une pr paration d autres et d autres surprises Il tourne de temps en temps le visage vers les deux chats Les injurie Ils se taisent et se l chent les poils avec un calme lumineux LE PREMIER JOUR Agone 5 et 6 2 En voil un dit G V allons l attraper Quelques instants avant on tait encore dans le trolley on se d lectait regarder la cohue bigarr e du dernier v hicule on sentait d tranges odeurs qui n voquaient ni le savon ni l eau on voyait gauche deux ouvriers dormant debout accroch s d une main la barre la t te pench e sur l paule comme sur un violon J ai du mal m expliquer pourquoi je suis tant pris des salopettes malpropres poisseuses des vieux outils des visages fatigu s droite un bureaucrate figure de
119. aire des images Car c est bien l image chose que le fid le manipule et v n re non l image signe une pr sentification non une repr sentation Utilis e comme signum efficax l image ne se pr sentait pas lui comme un signe d chiffrer ne f t ce que litt ralement elle n illustrait pas cette relation abstraite de translatio ad prototypum mais celle concr te et inverse de pr sentification Car ainsi que le dit Paul Veyne l idole est un moyen de rendre pr sente le dieu ou le saint elle est un capteur de rayonnement divin 15 Nul doute que pour donner lieu une rationalisation ce point sym trique l idol trie devait appara tre la conscience de Thomas d Aquin et de ses contemporains pour ce que r ellement elle tait 16 Ni v ritable incarnation ni n cessaire repr sentation l idole n offrait pas de l image l quivalence d un texte manipulable souhait et d usage priv elle n tait pas pour le simple un objet de savoir pas plus que de nos jours bas reliefs frontons et vitraux ne sont pour le commun des visiteurs pr textes rem morations lettr es Trop attentif capter dans la pierre ou le verre le moindre reflet des miroirs d un Vincent de Beauvais mile M le oublie qu il tra ne derri re lui une biblioth que tourdissante propos des vitraux de la cath drale de Chartres et de leur r f rence aux pisodes de la L gende dor e on le surprend d ailleurs
120. ait sans cesse et ne leur ajoutait aucun suppl ment de causticit cela n tant pas possible D o se peut il qu un homme connaisse aussi bien et en d tail le pass loign d un autre homme Surtout quand son aspect et son comportement pr sents ne laissent en aucune mani re supposer une enfance si boulevers e AU PREMIER JOUR plut t dans les premi res heures de son s jour dans la maison de la rue Le Sentier entre les Immortelles le Client tait bien d cid expliquer maintes et maintes choses par des co ncidences Il s imaginait l enl vement lui m me comme une regrettable confusion plus tard explicable Mais dans les jours suivants Camarade commandant j ai dit si j avais essay de vous raconter ma vie du moins aussi joliment et aussi pr cis ment que ces types l l ont fait je n aurais jamais r ussi En effet avant de les conna tre moi comme tant d autres je croyais que ma vie tait un roman C est pas la peine de raconter votre vie continuez votre d claration a t il dit et ce moment l j ai t certain que m me avec l aide de la milice je les retrouverai Agone 5 et 6 6 jamais LE MATIN DU DEUXI ME JOUR est arriv l improviste et nous a surpris tous dormant Lors du douzi me jour peu avant la lib ration le Client allait se rappeler le r ve affreux qu il avait fait ce matin l quelques instants avant d tre r veill par les coups de quelques pieds dans une porte No
121. alade d s lors qu elle est conscience de son tat captif de son ind termination Impossible est pour elle l oubli de ces pulsions tranges qui la hantent sans repos et qui agissent ses d pends comme dans un sortil ge irr pressible impossible supporter est la responsabilit dont elle est investie et qui l accable des actes que ses pulsions engendrent de la solitude qu elles dra nent comme l ombre invariable de leurs clats sordides D un c t l int gration la communaut au prix de la mutilation de l autre la libert dans le d sert En vain Contortionn e par les tenailles abruptes de ce choix impossible par ce destin insupportable qui la poss de et la torture la conscience s gare et s affole ch tivit absurde s enfuyant conqu rir le respect d elle m me sa souverainet perdue Elle culbute chute de marche en marche main crisp e d o s chappe sans cesse l impalpable illusion Toujours plus agressive d autant moins souveraine qu elle s irrite d autant plus irrit e qu elle est moins souveraine Telle est la conscience de L Homme du sous sol qui se lance dans un lan insens la poursuite de Zverkov et ses amis devant lesquels il vient de s humilier Il s crit Cela est pr destin cela est le destin 20 Mais quel est ce destin N est ce pas cet lan ou plut t la conscience aigu qu il est une course apr s l irrattrapable Car la r conciliation comme l oubli est impossible elle
122. ard et l abb Suger in Architecture gothique et pens e scolastique Erwin Panofsky Minuit 1967 pages 30 46 10 mile M le L Art religieux du XIIIe si cle en France op cit page 504 11 Andr Vauchez Le Saint in L Homme m di val ouvrage collectif sous la direction de Jacques Le Goff Seuil 1989 page 372 12 Gr goire le Grand Epistola Sereno episcopo massiliensi vers 600 cit par Daniele Menozzi op cit page 75 13 Horos du Concile de Nic e II 787 in Les Images l glise et les arts visuels op cit page 100 14 Summa Theologiae Wa 25 3 Cerf 1986 pages 197 198 15 Paul Veyne Propagande expression roi image idole oracle in L Homme 114 avril juin 1990 XXX 2 page 17 Agone 5 et 6 14 16 Le t moignage de Bernard d Angers dans son Livre des miracles est tr s r v lateur de cette conscience d doubl e de l glise en mati re de culte des images Les descriptions accablantes qu il fait des pratiques rituelles autour de la statue reliquaire de Sainte Foy de Concques et des images peintes sur les murs du sanctuaire n ont d gale en intensit que la conversion iconol tre qui le pousse soudain distinguer l antique erreur d idol trie de l honneur l gitime qui doit tre rendu la sainte et son sanctuaire Pour plus de d tails cf Jean Claude Schmitt Les idoles chr tiennes in L Idol trie Rencontres de l cole du Louvre La Documentation Fran
123. autres dans un rapport r solument attentif et tendu Comme dans la nacre on y d couvre tous les reflets de l arc en ciel nuances bigarr es impalpables et sans fronti re qui ne resplendissent que dans le contraste de leur proximit Le h ros dosto evskien n est pas un h ros type pr d termin par sa g n alogie sociale ou caract rologique se pr sentant comme une image r ifi e et objectiv e par l auteur Irr ductible toute d finition ext riorisante il est un sujet de conscience un sujet r vant incarnant une voix pure un discours particulier s interrogeant sur lui m me et sur le monde nous ne voyons pas qui il est ni l environnement dans lequel il se d bat mais seulement comment il se devine dans ses d formations des fant mes de la r alit De sorte que l action se d roule en m me temps ou successivement dans des sph res ontologiques compl tement disparates Agone 5 et 6 3 souvent tragiquement incompatibles mais jamais isol es formant entre elles un trange jeu de miroirs enti rement dialogis es elles se heurtent se juxtaposent s interp n trent pour s clairer r ciproquement Le r f rentiel dosto evskien appara t alors comme une structure diffuse et visqueuse de l espace l int rieur d une unit temporelle finie La conscience des personnages n est pas donn e historiquement travers les tapes de leurs devenirs mais dans les maillons m me de cette interaction dialogiq
124. avait occult pendant des ann es J allais mourir mon tour pris dans les m mes co ncidences qui m avaient fait provoquer la fin en m me temps que la secr te cons cration de trois grands crivains de mon si cle page 169 Il n y a plus douter encore douter serait d raisonnable sans aucun doute ma d cision est la bonne Agone 5 et 6 7 Agone 5 et 6 Agone 5 et 6 Lecture v rit et interpr tation Discepolo Thierry Lecture v rit et interpr tation Les bons auteurs sont rares mais les bons lecteurs sont d une esp ce plus rare encore crite la main en lettres capitales cette citation de Borges tr nait encore voil quelques mois derri re la caisse de l un de ces anciens gauchistes qui tiennent les quelques librairies o l on peut encore trouver des livres Le libraire comp tent participait ainsi l l gante confusion entre lecteur et auteur inversion axiologique entre crivain et critique acteur et spectateur Les cercles vertueux de Borges correspondent dans l imaginaire fictionnel l inflation barth sienne du sens Un d tour par le Racine de Barthes nous montrera que l infinit des sens possibles d un texte ne doit rien sa signification Romancier Umberto Eco joue de ses th ories du lecteur qui participent la fondation de la distribution toute moderne de la cr ativit Proc d litt raire la mise en quivalence des lectures est une erreur m thodologique du comme
125. be 2 d oeuvres contemporaines Agone 5 et 6 3 Laurent Cabasso Oui c est une oeuvre tr s moderne Certains disent que c est moderne parce que Schumann ne savait plus crire qu il n avait plus sa t te Personnellement je ne le crois pas Dans un autre genre la Grande fugue de Beethoven est aussi difficile couter qu une oeuvre du XXe si cle Celui qui n a pas l habitude d couter de la musique du XXe si cle aura du mal couter la Grande fugue C est une oeuvre visionnaire bien s r c est toujours une m lodie mais une compliqu e qui ne se chante pas Certaines pi ces de B rio par exemple passeraient mieux AGONE propos d affinit s entre oeuvres classiques et contemporaines j aimerais vous lire ce passage d un texte de Claude Helffer Je prends comme exemple le premier mouvement de la Premi re Sonate de Boulez Opposer les parties de r sonance celles de piano percut n offre pas de difficult autre que technique Mais on peut aligner les premi res mesures avec la plus grande exactitude rythmique et m me dynamique sans que cela ait un sens Si au contraire on consid re la premi re mesure et le d but de la seconde comme un ant c dent c est dire l quivalent d une question la fin de la deuxi me la troisi me et la quatri me comme un cons quent la r ponse tout me semble s claircir et on entend ainsi un discours musical qui s articule comme les quatre premi
126. bituellement interpr tation le travail de l ex cutant mais aussi parce qu il est bien connu qu il n existe pas de r ception Agone 5 et 6 5 neutre l coute du public et la lecture sont des interpr tations enfin le commentateur personne ne pourra le lui reprocher interpr te C est d appeler des choses diff rentes du m me nom qu elles deviennent identiques La confusion de l auteur et du lecteur n est pas seulement ici d magogique elle constitue une erreur m thodologique profonde 5 Une oeuvre de Boulez qui laisse l ex cutant le choix de ses combinaisons ne sera pas plus ouverte pour le public qu une fugue de Bach dont la partition ne lui a pas laiss ce choix explicite Et l ex cution d une po sie de Val ry ne r alise pas une po sie de Val ry comme l ex cution d une oeuvre de Boulez r alise une partition de Boulez Les libert s interpr tatives laiss es au lecteur d un texte ne sont pas de l ordre de celles laiss es l ex cutant d une partition mais de celles du public de son ex cution L ex cutant et le compositeur comme l auteur produisent en tant que telle une oeuvre qui r alise leurs intentions en mati re forme et sens et tout pourrait finir l Le spectateur ne fournit ni mati re ni forme il n a que son id e de tout ce que cela veut dire Mais encore ici parce que le spectateur peut tre un commentateur ou m me un auteur ou un ex cutant interpr ter est t
127. ce non la pers v rance doit contenir une v rit le format restera rep r sur le verre si je change de point de vue que voudra dire le ciel Ee lit maintenant la page o un avion traversa le cadre et Ff le h ros du roman ne parvint pas figer l v nement d ailleurs tait il important que cette apparition ph m re fut trac e Ff n en dormit pas de la nuit le lendemain il prit la d cision de figurer le vide de l avion mais comment proc der sur le bleu r pandu inalt rable dans un nuage l avion n aurait qu ajout du blanc il fit donc une d coupe aux ciseaux au travers des jambes du M du mois de Mai qu il eut du mal ne pas ab mer on peut voir cet avion le deux Mai mille neuf cent quatre vingt neuf transpercer le plafond j avais not en petits caract res deux Mai et une fl che d signant l avion je regrette aujourd hui ce surplus et le temps reconstitu par ma m moire apr s bient t dix ans d exp rience mes ciels ont pris de l assurance le plafond sera demain couvert d eux l ultime place libre sera prise alors il faudra bien penser au futur cette derni re phrase ne me concerne pas nous sommes le trente juin demain ne sera pas moment du dessin le premier juillet mais il est vrai j avais un rendez vous qui est remis je devais me trouver loin d ici marcher en campagne aurais je emport le livre s rement pas Agone 5 et 6 il est incommode d tre et se reconna
128. ce qu on en fait L infinit des lectures possibles d un texte ne lasse toutefois pas les qu tes de l gitimit Jacques Drillon remarque qu au XXe si cle les ponctuations donn es par les dramaturges classiques ont t modifi es sans doute afin de justifier les carts auxquels acteurs et metteurs en sc ne nous ont habitu s 22 Certains croyants du nombre infini des sens possibles d un texte n y croient peut tre pas tout fait il ne suffit pas que leur lecture soit une des lectures possibles il faut aussi qu elle soit juste Et le texte qui n tait rien doit tout de m me se plier leur interpr tation La proclamation du nombre infini des sens possibles d un texte que l on pourrait appeler l loge de la lecture ne sacrifie pas seulement la signification elle prive toute interpr tation de v rit Notes 1 Cf Pierre M nard auteur du Don Quichotte in Fictions Gallimard 1957 2 Cf Hommage Cesar Paladion et Ce qui manque ne fait pas mal pages 109 110 in Chroniques de Bustos Domecq J L Borges amp A Bioy Casares Deno l 1970 3 Cf Les Formes de la gloire in Nouveaux contes de Bustos Domecq J L Borges amp A Bioy Casares Robert Laffont 1984 pages 143 144 4 L OEuvre ouverte Le Seuil 1965 page 38 Agone 5 et 6 11 5 Ces distinctions n chappent bien s r pas Eco Il les balaie simplement depuis le fond d une note dans une m me attitude inter
129. ces vocables peut tre relatif dans le style de plus grand que ou absolu comme dans l expression Dieu est grand Du point de vue philosophique il est remarquable que l interpr tation math matique des grandeurs en vue de leur comparaison et des manipulations calculatoires ait progress tr s r guli rement depuis l poque sum rienne alors que celle des qualit s absolues de la grandeur a connu une histoire plut t dramatique Et pourtant nous avons une conscience aigu de ces qualit s la contemplation d un ciel toil nous offre le vertige de l infiniment grand alors que le grain de sable perdu dans le d sert sugg re l infime Le math maticien r torque s chement qu ses yeux tous les nombres ont le m me statut il en est de plus grands que d autres et cette comparaison se fait deux deux mais on ne peut rien dire sur la grandeur d un nombre tout seul Il existe bien un plus petit nombre entier positif notre brave unit auquel les Sum riens avait attribu le m me vocable ges qu homme videmment plac en premier la femme min venant en second Mais tre le premier est une qualit qui ne se partage pas alors que si un nombre entier n m ritait d tre consid r comme grand tous les entiers plus grands que lui le m riteraient aussi Ceci ne serait pas g nant mais dans l autre sens cela est moins vident si n tait grand il faudrait aussi accepter que n 1
130. chiens PRI RE DE NE PAS LIRE CE TEXTE DANS LE LIT O LA BOUILLOTTE AUX PIEDS I love you because cette fois j ai envie d autre chose 13 Toute intrigue captivante s appuie sur un mobile conomique du comportement des personnages En 1973 il a t vir de la fabrique de macaroni parce qu il crivait sur les bo tes la place de EMPAQUET le 31 08 comme c tait son devoir Longue vie Bonnes f tes Happy new year Bonne anniversaire 14 Vive le parrain Vive tout le monde Agone 5 et 6 11 l occasion d un contr le l entr e de l usine a on l a d j dit Celui ci est un texte documentaire qui ne porte pas de titre Les auteurs consid rent que l tiquetage est un acte de signification sp cifique au commerce et ils ont cette fois ci le pouvoir de le refuser Il est interdit d offrir le texte pour consommation mais pour utilisation Il vaut mieux empaqueter le fromage blanc et les tomates dans ce papier que le mettre dans la biblioth que et l pousseter de temps en temps Le droit la r plique et non pas au si ge d orchestre Mais c est d j ce que P Mainescu crit et appelle litt rature Au DIXI ME JOUR on lui a jet par la fen tre un petit billet comme de la part de sa femme Nora Iloana Maria avait imit l criture de l agenda mon mari pour le d but de l ann e une bonne pens e Dans le petit billet tait pr
131. chir l ombre m me du doute et installer partout la CLART blouissante de la V RIT causale page 111 L ont ils jamais devin ceux l qui sont morts de mes passions litt raires Ont ils compris en se sentant mourir comme je me sens mourir maintenant de quelle filiation leur fin participait Combien sont morts rassur s comme je le suis aujourd hui ou inquiets comme tous pages 123 125 Je me souviens parfaitement d y avoir pens d s la premi re fois tout de suite d s la premi re co ncidence ou plus pr cis ment d s que j eus conscience d une co ncidence r trospectivement il semble indubitable que ce fut la premi re J tais encore un tout jeune homme plut t joyeux et qui se livrait sans fatigue aux bavardages impertinents pourvu qu une pens e complice l y accompagn t Je dus en rire alors comme de l une de ces histoires que l on raconte des amis et auxquelles on s efforce tant de donner tous les aspects de la v rit que l on finit par ne plus trop savoir si l on n est pas arriv y croire vraiment Je ne racontais pas la cantonade les v nements qui m apparurent comme la seconde co ncidence Si j en ris ce fut tout seul pour me jouer des inqui tudes qui naissaient d j Et je me plongeais un peu plus profond ment dans les territoires que l universit me d livrait avec parcimonie Agone 5 et 6 3 J attendis longtemps avant de d couvrir la troisi me co ncidence mais pas ass
132. chose d obsessionnel de macabre qui tourne et revient sans cesse comme la mort sur son cheval De plus d s qu un l ment m lodique appara t il est interrompu par cet l ment sarcastique Finalement il y a l un probl me d interpr tation entre ce que je ressens et ce que Schumann a crit C Sur la question des influences dans l interpr tation la plupart des oeuvres que l on aborde aujourd hui ont t tr s jou es et entendues ne serait ce qu travers le disque Nous nous trouvons donc influenc s d s le d but Lorsque l on travaille une oeuvre on peut la conna tre dans une certaine version y revenant longtemps apr s notre perception est compl tement chang e ce qui est rassurant Notre regard n est ainsi jamais neuf C Il est en outre int ressant d tudier les cycles de l histoire de l interpr tation Les interpr tes du d but du si cle prenaient toute libert avec les textes ils ne gardaient quasiment que les notes Il est vrai qu ils avaient subi les exc s du XIXe si cle qui a produit de grandes choses et en a aussi d truit beaucoup certains op ras de Mozart furent d coup s en cinq ou six actes Dinu Lipati bien s r mais aussi Edwin Fischer qui tait un musicien rigoureux r agirent face ces pratiques On a commenc s int resser beaucoup plus aux oeuvres classiques ant rieures au XIXe si cle Cette tr s longue p riode a dur jusqu des pianistes tels que Maurizio
133. choses ont l air de tenir et presque tout le monde admet tacitement que Z F a de bonnes chances d tre consistante c est dire sans contradiction En fait ce qui rassure vraiment est que les th or mes de la math matique formelle sont en excellent accord avec ceux de la pratique math matique qui est un art fond sur l imagination contr l e par la discussion de coh rence au sein d une communaut de sp cialistes auxquels on ne peut pas faire croire n importe quoi La th orie formelle sert de r f rence un peu comme les dogmes d une religion mais non de moteur Celui ci se trouve dans la curiosit les traditions le d fi permanent des grandes conjectures l imagination cr atrice et aussi bien s r les probl mes li s la mod lisation des ph nom nes naturels comme dans le bon vieux temps Et l on revient la question qui nous obs de o sont pass s les nombres tr s grands pr sents dans notre intuition mais sans contrepartie dans la math matique formalis e La r ponse est tonnante de simplicit il suffit d interpr ter dans la math matique formelle les entiers finitairement construits et de les situer dans l ensemble des entiers au sens de la th orie formelle autrement dit de tol rer au del de la seule syntaxe l irruption de l intuitif dans le formel Les bienfaits de la tol rance Agone 5 et 6 5 On dit que la force de l empire romain venait de sa capacit tol rer puis assi
134. cupations de notre si cle mais surtout plus Racine restera responsable de ses trag dies et moins elles pourront se plier aux intentions du commentateur Sans doute Barthes at il visit la Gr ce des colonels planqu derri re les verres de sa Grande Lecture des trag dies raciniennes il dut m me avoir crois Ph dre dans les m andres d une ruelle encombr e de couleur locale Sans doute aurait il fallu plonger plus profond dans cette Grande Lecture communier pour acc der au sens qu elle pr tend d couvrir Au risque de tomber derri re une porte ouverte nous allons pousser plus avant nos questions car apr s tout Barthes nous livre un mod le de la trag die racinienne Dans une rh torique de l attribution les assertions affirmatives et globalisantes se succ dent l amour la mort la plainte le regard le trouble raciniens sont essentiellement ceci ou obligatoirement cela Des batteries de partout de toujours et de jamais rythment l laboration de la structure g n rale du th tre racinien Quelques num rations renforcent l aspect structurel de la structure on trouve trois M diterran e trois lieux tragiques trois espaces ext rieurs deux ros etc Enfin une mise en quation Tout l attirail de la rigueur Soit la typologie suivante B n chappe A que par la mort le crime l accident ou l exil 12 Pour qu une telle num ration nous apprenne
135. de de r gles de formation de formules par juxtaposition de symboles mat rialisables assorties de r gles de grammaire en nombre intuitivement fini Toutes les v rifications syntaxiques se font de mani re finitaire On introduit par ailleurs des r gles de d duction il n y en a que cinq dans la logique math matique usuelle l aide desquelles on peut construire des th or mes partir d un stock de formules grammaticalement correctes initiales appel es axiomes On peut m me accepter des sch mas d axiomes c est dire des recettes finitaires pour construire une collection potentiellement infinie d axiomes en effet on n en utilisera jamais qu un nombre intuitivement fini dans une d monstration Parmi les r gles de d duction on en trouve une qui formalise le raisonnement par l absurde de A implique B d duire nonB implique nonA o A et B repr sentent deux formules quelconques du langage consid r Elle est assortie d une autre tr s dangereuse de A et nonA d duire B En d autres termes si la th orie contient une contradiction n importe quelle formule est un th or me de sorte que tout est contradictoire Cette r gle est sans piti pour la faiblesse humaine si riche de ses contradictions Mais la belle poque du formalisme en pleine cr ation on tait si certain d arriver formaliser toutes les math matiques intuitives de mani re en donner une interpr tation parfaitement coh rente
136. de cent coud es touche le sol avant qu un boulet d une livre ait parcouru une coud e Je dis qu ils arrivent en m me temps On trouve en faisant l exp rience que le plus gros boulet distancie le plus petit de deux pouces Et derri re ces deux pouces vous voulez dissimuler les quatre vingt dix neuf coud es d Aristote Vous parlez seulement de la petite erreur que j ai faite et gardez le silence sur la sienne qui est gigantesque 10 En fait beaucoup plus que sur les erreurs de sa physique ou sur l aveuglement de ses partisans c est sur les principes m mes de la science d Aristote que Galil e se trouve en profond d saccord Ces principes ont t expos s l poque par Jacopo Mazzoni son ami et coll gue l Universit de Pise dans un livre qui comparait les philosophies d Aristote et Platon Pour Mazzoni aucune autre question n a donn lieu de plus nobles et plus belles sp culations que celle de savoir si l usage des math matiques en physique comme instrument de preuve et moyen terme de la d monstration est opportun ou non autrement dit s il nous est avantageux ou bien au contraire dangereux et nuisible Il est bien connu que Platon croyait que les math matiques sont particuli rement appropri es aux recherches de la physique ce pourquoi lui m me y eut recours plusieurs reprises pour expliquer des myst res physiques Mais Aristote soutenait un point de vue tout fait diff rent et il expliquait les
137. de comparer leurs opinions dans ce domaine et d essayer de retrouver les convergences de vue qui caract risent leurs pens es scientifiques Plus g n ralement cette comparaison permettra d illustrer les antagonismes esth tiques que l on trouve la fin du XVIe si cle et au d but du XVIIe si cle en Italie ainsi que les contradictions internes inh rentes certains courants artistiques de cette poque contradictions qui ressurgissent sur l ambigu t du sens de certains termes cr s par l histoire de l art qui ont servi qualifier ces m mes courants je fais allusion ici au tr s controvers mani risme Agone 5 et 6 2 Si l attitude scientifique de Galil e est r put e avoir influenc son jugement esth tique celui ci peut aussi bien tre consid r comme ayant influenc ses convictions scientifiques pour tre plus pr cis on peut consid rer que le scientifique et le critique d art ont ob i aux m mes principes 8 Ces principes sur le plan esth tique sont d crits par Panofsky comme un rejet total du mani risme travers la d fense par Galil e d un courant dont son ami Cigoli tait l un des chefs de file qui pr nait un retour aux valeurs de la Haute Renaissance Ce mouvement n entre 1590 et 1615 tait incarn par les Carrache qui se battaient la fois contre le mani risme trompeur et le naturalisme brut Avant d entrer plus avant dans l analyse de ses positions sur l art de son temps arr
138. de esth tique et pens e scientifique chez Galileo Galilei 1 Les th ses d velopp es par Erwin Panofsky s appuient sur deux sources la lettre du 26 juin 1612 que Galil e envoya son ami peintre Cigoli dans laquelle il exprime ses opinions sur les m rites relatifs de la sculpture et de la peinture ainsi que les fameuses Considerazioni al Tasso un essai manuscrit qui compare la po sie de l Arioste celle du Tasse dans lequel Galil e prend tr s clairement position en faveur du premier des deux auteurs 2 Comme le rappelle tr s justement Erwin Panofsky dans son article il n est pas surprenant que Galileo Galilei nous ait laiss des crits esth tiques car il a grandi dans un milieu plus humaniste et artistique que scientifique 3 Je voudrais m arr ter quelques instants sur cette affirmation pour la compl ter et la corriger en partie du moins Galileo est connu aujourd hui comme math maticien physicien et astronome mais il fut aussi peintre musicien et po te ses heures Son premier biographe Vincenzo Viviani t moigne de ses dons artistiques au d but de son Racconto istorico 1654 de la fa on suivante La musique pratique tait un de ses loisirs favoris et en particulier le jeu des instruments clavier et du luth avec lequel il parvint tant d excellence gr ce l exemple et l enseignement de son p re qu il se trouva plusieurs fois en comp tition avec les premiers professeurs de cet
139. de la culture la fois de celui qui interpr te et du public qui l entend On a des r sonances int rieures Je nous compare toujours une multitude de petits r sonateurs qui s allument au contact de telle ou telle musique Les r sonateurs sont fonction de nos cultures respectives La culture et la civilisation de l poque de Beethoven n ont rien de comparable aux n tres M me si on prend les instruments de Beethoven les bougies de Beethoven le chauffage du temps de Beethoven les perruques du temps de Beethoven on ne peut pas reconstituer l exp rience originale Il faut donc essayer d tre fid le un certain style Et le style est ce qui est le plus difficile acqu rir Nous avons la partition et il faut essayer de comprendre tout ce qu elle contient Le compositeur s est efforc d y placer tout ce qu il estime tre indispensable Mais on peut dire qu il reste toujours des approximations pour faire un rapprochement avec la science le th or me de G del montre qu un syst me math matique n est jamais enti rement ferm Le syst me de l interpr tation n est pas non plus ferm par le texte qu il enserre Mais encore faut il avoir un style qui corresponde ce que l on comprend ou ce que l on sait du style de l poque Et ce que nous comprenons du style d une poque n est pas ce que les gens de cette poque en comprenaient AGONE Dans un texte concernant les probl mes de l interpr tation vous pr venez contre l
140. de plonger le r el dans un virtuel plus grand o le r el serait alors le r el de la perception Claude Helffer Je connais le probl me du virtuel image r elle image virtuelle cela me rappelle des souvenirs de mes cours d optique Cette id e l a t reprise par certains musiciens comme Luciano Berio par exemple dans la Sequenza IV pour piano o vous avez toute une partie de sons r els frapp s puis ceux qui ressurgissent parce qu ils reviennent r activ s par la troisi me p dale qui est tenue On peut donc comparer ceux ci des sons virtuels au milieu des autres sons frapp s directement bien r els Mais cette id e de virtuel me semble quand m me bien th orique Chez Schumann plut t que virtuel il s agit de l id e d un son imaginaire qui est dans la t te du compositeur et qu il indique l artiste C est un peu le probl me g n ral de la variation Par exemple dans la variation ornementale chez Mozart la ligne m lodique du th me reste de fa on imaginaire partir de la grande variation chez Beethoven c est la structure du th me qui subsiste Mais je pr f re ne pas m aventurer sur ce terrain l je ne ma trise pas bien ces mots ivers des sciences physiques d tre coh rents Non pas une coh rence que vou Moi je suis dans le concret et du point de vue de la musique c est ce que l on entend qui est int ressant C est ce que je dis toujours mes tudiants il faut que tout
141. de son me Les oeuvres de Michelangelo elles comportent des rudes accords et des accents path tiques qui taient si nouveaux lors de leur publication que l auteur met en garde ses lecteurs de la mani re suivante Il se trouve dans cet ouvrage nombre de duret s et de dissonances que l on se gardera de consid rer comme des fautes d impression car ainsi doivent elles tre 26 La musique instrumentale dont parlent Vincenzo et Galileo n est donc pas comparable et les oeuvres pour luth de Michelangelo sont l pour t moigner du foss des g n rations qui s est creus en peu de temps Tout ceci tant dit et malgr cette explication qui d faut de r concilier Galileo et Vincenzo peut au moins att nuer la port e de leur d saccord leur vision de l art est fondamentalement diff rente et je voudrais clore la discussion en revenant une derni re fois Vincenzo Le Dialogo oeuvre th orique et pol mique n explique pas la mani re pratique d arriver retrouver la musique ancienne celle de l Antiquit et ses pouvoirs magiques En revanche cette pr occupation est pr sente dans ses derniers crits th oriques qui ne furent jamais publi s Or dans l un d eux Vincenzo Galilei nous apprend que la d clamation musicale des airs populaires est digne d imitation car elle se rapproche du langage parl En effet nous dit il chanter la mani re des grecs anciens doit tre dif
142. dentes Quelques uns ont d j commis l erreur nonc e plus haut ou ont laiss entendre qu ils taient d accord avec l interpr tation erron e pour s en faire une esp ce de capital de cr dibilit comme anciens anti communistes et s inscrire dans la vie politique de la soci t roumaine d aujourd hui du c t de l opposition d mocratique un pouvoir qui garde encore de nombreux r flexes communistes Il faudrait leur rappeler le fonctionnement original de la censure roumaine mais aussi la nature sp ciale du communisme roumain de ces deux derni res d cennies Le communisme de l tat roumain selon Ceausescu a commenc par se pr senter tous comme diff rent du mod le initial sovi tique ce qui n tait qu une parodie Le dictateur roumain ne continuait porter le nom de communiste que pour les yeux et les oreilles sovi tiques tout en parodiant le mod le pour gagner la sympathie des occidentaux Son but tait le but classique de tous les dictateurs garder le pouvoir Cette simulation dans deux directions contraires tait tr s r pandue dans la soci t roumaine et elle a probablement c est voir des racines historiques profondes Le cas particulier qui nous int resse le censeur la pratiquait lui aussi l gard de ses sup rieurs il simulait l intransigeance et l gard des crivains la tol rance Son but tait la conservation de sa place c est dire des privil
143. disparut l id e de nombre inimaginablement grand qui aurait pu se situer de mani re floue entre l infini potentiel et l infini formel Revenons maintenant dans notre si cle et voyons si la chose peut tre rattrap e Le nombre dans tous ses tats Agone 5 et 6 3 Quelle est la nature du nombre entier 10 Cela d pend du point de vue que l on adopte en mati re de fondement des math matiques Les uns disent qu il s agit de la propri t commune toutes les collections d objets telle que l on peut faire correspondre de mani re bi univoque les doigts des deux mains d un individu normal ces objets Cela suppose que l on fasse confiance la stabilit de cette correspondance dans le temps et aussi que l on accepte de ne faire la v rification qu petite chelle Reconnaissons donc honn tement que le nombre 10 est une intuition que nous partageons facilement avec nos amis et m me nos ventuels ennemis transmissible nos enfants et qui garde une tonnante stabilit depuis quelques mill naires En ce qui concerne le nombre 17654908712345876098 l intuition directe fait d faut mais l astuce de la num ration d cimale nous permet quand m me d voquer ce nombre de mani re transmissible autrui condition d admettre que si plusieurs personnes constituaient sans se concerter une collection d objets partir de l indication r sum e dans l criture condens e du nombre elles obtiendraient le m me r sultat Ceci est
144. du monde par del le bien et le mal Nietzsche est un Christ sans disciple Dosto evski un disciple sans Christ Notes 1 Cit e par Pierre Pascal Dosto evski l homme et l oeuvre Agora 1985 page 403 2 Nietzsche La Volont de puissance Livre de poche 483 page 512 3 Le concept de m taphysique d artiste est introduit par Eugen Fink dans La Philosophie de Nietzsche Minuit 1986 Ce concept regroupe les premiers crits de Nietzsche jusqu Humain trop humain 4 Nietzsche lettre Peter Gast du 13 02 1887 in Lettres Peter Gast Bourgois 1981 page 447 Agone 5 et 6 12 5 Nietzsche lettre Georg Brandes du 20 11 1888 cit e par A Schaeffner in Lettres Peter Gast op cit page 670 6 Georges Bataille Sur Nietzsche Gallimard 1973 tome 6 page 32 7 Charles Andler montre que Nietzsche a d couvert Dosto evski en f vrier 1887 date laquelle sa derni re philosophie est en entier construite De plus il signale que Nietzsche ne mentionne aucun moment Dosto evski dans Ecce homo o il nous fait la confidence de toutes ses nourritures spirituelles cf Nietzsche et Dosto evski in M langes offerts F Baldensperger H Champion 1930 pages 1 14 8 Boris de Schloezer Nietzsche et Dosto evski in Cahiers de Royaumont Minuit 1967 pages 168 176 9 Cf Boris de Schloezer op cit page 174 10 Le concept d architecture polyphonique est emprunt
145. e l aborder dans une contribution ult rieure Cela ne change en rien la validit des propos que j ai tenus plus haut sur les visions platoniciennes et aristot liciennes de la musique et des arts en g n ral Pour illustrer la vision math matique et platonicienne de la musique aux antipodes des effets produits par la katharsis aristot licienne voici l avis que formule un amateur florentin Cosimo Bartoli en 1567 elle la musique loigne les jeunes d une multitude d inconv nients si grande qu il est difficile de les num rer Et elle permet ceux qui sont plus vieux en consid rant les belles proportions et les distributions de nombre qu elle contient d apprendre ordonner non seulement le temps mais aussi toutes leurs actions ainsi que tout ce qui leur appartient avec une telle proportion qu il en r sulte une harmonie et un ordre bon et parfait de l ensemble de leurs actions Pas autrement que des proportions et distributions de la Musique r sultent une harmonie et un ordre bon et parfait de toutes les voix in Cosimo Bartoli Ragionamenti Accademici Venise 1567 f 35v Le texte italien avec un commentaire en anglais se trouve dans James Haar Cosimo Bartoli on Music Early Music History 8 d Iain Fenlon Cambridge 1988 pages 37 79 extrait traduit page 52 Toujours propos de la structure math matique de la beaut en musique et de ses origines pythagoriciennes et platonniciennes voir ga
146. e avec un support qui est loin d tre neutre Il s agit justement de trouver des points int ressants des points de fracture ou de d tournement des acc l rations de mouvements Cela se fait par approches successives C AGONE J aimerais vous faire r agir par rapport quelques homophonies Agone 5 et 6 5 La prise de sons La prise de sang Une diffusion transfusion de sons Une prise de sens La circulation du son Le sens du son Le son du sens Le don du sens C cile Le Prado Par rapport la premi re c est curieux il n y a pas tr s longtemps j tais partie sur une id e de triptyque qui tait l eau la circulation de l eau la circulation des conduits urbains la vitesse et la circulation du sang dans le corps J ai commenc faire des prises de sons pas des prises de sang des prises de sens aussi mais surtout de la prise de sons avec des doppler partir du passage de la pression sanguine Mais le son n tait pas utilisable ce n est pas le souci des constructeurs de ce type d appareils Je n ai donc men bien que deux parties de ce projet Je n ai pas continu travailler sur le corps parce que je n avais pas assez de sons justement Je voulais des micros qui puissent entrer dans les corps comme un endoscope La transfusion c est le transfert du son pris dans un certain contexte et r inject dans un autre La prise de sens ma musique e
147. e d doubler compl tement tre spectateur et acteur Agone 5 et 6 6 AGONE Diriez vous du travail d interpr tation qu il est un ach vement dans l inach vement sans cesse Laurent Cabasso Dans la mesure o l on peut consid rer qu une interpr tation est achev e Personnellement je ne l ai jamais senti Je joue beaucoup de musique de chambre notamment avec la violoncelliste Sonia Wieder Atherton Il nous arrive videmment de reprendre des oeuvres que nous avions d j beaucoup travaill es Sur un texte que l on a d j parcouru peut tre cinquante fois on d couvre toujours de nouvelles perspectives C est un peu comme dans les tudes du Talmud o l on ne cesse pas de tirer du texte de nouvelles significations Vue sous cet angle on peut consid rer l interpr tation comme un inach vement perp tuel J ai assist un jour un concert Paris de l ensemble Amadeus Ils ont jou entre autres choses le Quatuor en sol mineur pour piano et cordes de Brahms Il y avait Norbert Brainin au violon et Georges Pludermacher au piano Quand ils ont attaqu le finale de ce quatuor je me suis dit que Brahms l avait compos pour l entendre ainsi C tait a C tait exact Il y avait une v ritable coh rence une unicit Mais peut tre tais je le seul dans toute la salle les avoir prouv es j tais compl tement subjugu C est ce que j attends d une interpr tation Paris 5 janvier 1992
148. e danger de perp tuer les traditions les moins fond es 2 Perp tuer ces traditions n est ce pas finalement se fier une certaine norme de perception L interpr tation n est elle pas aussi une remise en question de ce que nous appelons naturel n est ce pas inventer une nouvelle nature Je pense cette phrase de Paul Klee L art ne montre pas le visible il rend visible Claude Helffer J aime beaucoup cette phrase de Paul Klee Mais ce qu il faut rendre c est quelque chose qui soit vivant C est tout Je crois que c est Pierre Boulez qui employait cette expression dans Penser la musique aujourd hui la chair nue de l vidence 3 La chair nue l id e de quelque chose qui vit Et je choisis toujours une autre comparaison qui est de Jean Louis Barrault Je compare toujours une oeuvre dramatique une personne dont on nous livre au d but en vrac les os la peau les nerfs et le sang Travail p nible et souvent aveugle qu est celui qui consiste rassembler ces l ments et faire oeuvre de cr ation humaine Mais quelle joie quelle motion nous prouvons le jour o nous entendons les premiers battements de son coeur le jour o sa peau rosit le jour o ses nerfs r agissent au premier spasme Un tre vivant nouveau est n 4 En ce moment je suis en train de travailler une oeuvre nouvelle Il y a des jours o tout d un coup je vois comment elle doit vivre l a y est c est
149. e des anciens grecs et ses rapports avec la musique italienne du XVIe si cle N anmoins il est ind niable que le nom d Aristote a d r sonner de fa on bien diff rente aux oreilles du p re et du fils Galilei et si l on reconnait et il n y a aucune raison de ne pas le faire apr s avoir lu la brillante d monstration de Panofsky que chez ce dernier le scientifique et le critique d art ont ob i aux m mes principes l esth tique de Galileo le platonicien devait tre bien diff rente de celle de Vincenzo l aristot licien D ailleurs en entrant un peu plus dans les d tails de leurs crits il est possible de le v rifier Le sujet d velopp par Galileo Galilei dans sa lettre Cigoli tait loin d tre neuf en 1612 le d bat concernant les m rites respectifs de la peinture et de la sculpture remonte l Antiquit et il a aliment les discussions artistiques durant toute la Renaissance tant voqu par l ensemble des th oriciens de l art de Leone Battista Alberti Michel Ange en passant par L onard de Vinci et son c l bre Paragone 18 Mais Galil e travers ce probl me d veloppe une v ritable th orie esth tique originale et int ressante qui peut se r sumer ainsi la peinture est bien sup rieure la sculpture car l imitation la plus estimable en art sera celle qui repr sente le relief sur ce qui lui est contraire c est dire le plan 19 gt Autrement dit l imitation est d autan
150. e dette en responsable des trames de son premier roman Autour d une m taphysique commune de l intertextualit la th orie du lecteur de l Italien correspond l esth tique du lecteur de l Argentin plus pr cis ment ils cultivent les m mes coquetteries Le Nom de la rosemet en sc ne des luttes d interpr tations la Sainte Inquisition s oppose l investigation de la philosophie nominaliste impliqu e dans une lutte de deux conceptions antagonistes de la lecture autour de la r cup ration d un livre disparu L Inquisition ne cherche pas la solution d une nigme mais des coupables qu elle trouve et qu elle trouvera toujours En ces p riodes troubl es elle constitue la seule autorit pour la compr hension des textes et le seul rempart contre les trames d un d mon infatigable Les nigmes qu elle r sout sont d j toutes trac es dans une interpr tation pr alable des v nements Ses arguments sont irr futables parce qu ils ne s prouvent pas L Inquisition ne r sout pas l nigme parce qu elle ne met jour que la confirmation de sa n cessit L investigation nominaliste est plus complexe Les morts myst rieuses suivent l ordre des sonneries des trompettes de l apocalypse elles d signent Jorge qui ne manque pas d en invoquer les images pour fustiger ses ouailles Jorge d Espagne pays des plus belles versions du texte de Jean Le biblioth caire occulte est effectivement le responsable de toutes ces morts puisqu i
151. e du destin roumain o la possession abstraite des moyens de production s est transform e en appropriation totalitaire Il est noter que Claustrophobie a t suivi par Amendement l instinct de la propri t son incompr hension de toute alternative fictionnelle le milicien oppose le langage de la terreur C est pas la peine de raconter votre vie continuez votre d claration Ailleurs on trouve une all gorie des limites de l entendement et de l imaginaire milicien Le colonel grimpait aux lacs de son pas lanc Pour admirer un chamois enclos dans une bergerie a ne lui a pas t permis Nora ou la ballade de la f e du Bilea lac On a exag r la rupture que la g n ration des jeunes crivains dite des ann es 1980 laquelle appartient Mircea Nedelciu ont op r entre leur imaginaire fictionnel et la r alit roumaine Les auteurs des g n rations pr c dentes se sont r fugi s dans une dissidence du narrateur refusant la r plique civique in agora leur r ponse d borde dans la fiction la parabole la m taphore jusqu au r alisme critique de circonstance Tous se r f raient aux erreurs du socialisme de l obsessionnelle d cennie ann es 1950 1960 pour mettre en cause le pr sent par un jeu de correspondances allusives Mais les jeunes textualistes ont port la critique sociale au coeur m me de la construction narrative produisant une v ritable r volution textuelle 3 La p
152. e l intention artistique une d claration faite pour brouiller les pistes 44 Agone 5 et 6 11 Pour tre sp cifique de la po sie et des arts plastiques le manque la description que cr e l absence de titre appara t parfois comme un effet anachronique de la r ception d oeuvres romanesques propos d un passage des Myst res de Paris dont nous avions volontairement soustrait les r f rences certains lecteurs ont jug le texte comme une parodie du grand style S ils ne se trompaient pas dans la perception de certains sympt mes d criture les descriptions difiantes l emphase des sentiments ou l intervention moralisante du narrateur ces lecteurs se sont curieusement tromp s sur leurs destinations Prompt d tecter l ironie chez nos modernes et ne sachant qu il s agissait d Eug ne Sue ou des Myst res de Paris ils ont envisag l hypoth se la plus compliqu e pour justifier l envie de rire que le ton path tique du texte provoquait chez eux la parodie s imposait eux plus que l archa sme aux lecteurs que cela ne faisait ni rire ni pleurer 45 Son nom semble convenir ses oeuvres Comment semble t il leur convenir C est une fa on de parler mais n est ce que cela C est comme si le nom faisait avec les oeuvres un tout solide Lisons nous le nom aussit t nous songeons aux oeuvres et r ciproquement Le nom devient un geste une forme architectonique 46 Qui a
153. e mondes et ces mondes sont reli s ensemble d une fa on tr s complexe ils forment une esp ce de r seau N y a t il pas face une m me r alit l oeuvre des compositeurs le monde physique une multitude d interpr tations qui seraient alors comme l invention d un nouveau regard d une nouvelle coute d un nouveau corps Claude Helffer Vous r pondez vous m me la question que vous posez Oui c est une vue qui est int ressante Elle est assez imag e quoique je trouve que l interpr tation soit tr s diff rente de la th orie Je vois les limites de votre comparaison dans le fait qu une interpr tation n est pas quelque chose de fig Si elle est fig e c est fini Vous pourriez dire que peut tre les disques en arrivent De plus une th orie physique est quelque chose d minemment rationnel vous avez un encha nement des causes vous utilisez des postulats en traitant d hypoth ses de travail et vous arrivez une conclusion En gros votre comparaison est jolie mais dans le d tail elle ne colle pas du tout Cela dit de m me que vous avez un monde de Ilya Prigogine un monde de Ren Thom vous avez l univers de Pierre Boulez ceux de Von Karajan de Sir Georg Solti ce sont des univers tr s diff rents et qui ont en commun avec l univers des sciences physiques d tre coh rents Non pas une coh rence que vous pouvez mettre sous la forme E mc2 mais une coh rence tout de m me Alors il y a d
154. e parti pris inverse qui leur interdit peut tre de poser une question int ressante D autre part on peut leur reprocher d avoir construit leur argumentaire partir d exemples largement emprunt s la psychologie et d y m ler l expos de fraudes scientifiques notoires Enfin refusant d aborder le niveau biologique du probl me ces critiques perdent de leur pertinence aux yeux d une partie de la communaut scientifique L exemple que je voudrais exposer ici fait appel aux techniques les plus r centes de la biologie mol culaire dont la rigueur scientifique n est contest e par personne Il est important que la question du fondement g n tique d un comportement soit pos e par une discipline qui poss de les moyens d y r pondre Toutefois s assurer de la rigueur d une exp rimentation ne garantit pas que ne puissent s y glisser plus subtilement encore les biais d un parti pris Blum et collaborateurs s attaquent au vieux probl me de l h r dit de l alcoolisme 2 Partant de la constatation effective que les fils d alcooliques sont plus souvent alcooliques que les fils de non alcooliques ils veulent d montrer l existence d une pr disposition g n tique de l alcoolisme Jusqu pr sent les scientifiques voulant tudier le d terminisme g n tique d un comportement n avaient leur disposition que peu de moyens Ils devaient comparer le comportement de vrais jumeaux ayant le m me patrimoine h r ditaire l aide de crit r
155. e une page de roman qui se retrouverait encore dans ses analyses Faisons le test De rage elle se pr cipita la cuisine s y enferma double tour s y promena de long en large grand bruit heureuse d inqui ter son mari Il frappa la porte lui demanda d ouvrir Elle sourit ne r pondit pas Il frappa plusieurs fois encore sans r sultat Soudain de peur un coup de sang le frappa la gorge Elle avait peut tre ouvert le gaz de la cuisini re pour se suicider et le punir et il trembla car il l aimait Ouvre cria t il ouvre sinon je d fonce la porte Elle r pondit qu elle n ouvrirait pas qu elle voulait mourir et il devina la gravit emp tr e de sa voix qu elle tait en train de manger Il se pencha regarda par le trou de la serrure Arm e d un long sandwich elle mastiquait avec une sombre et go ste animation Ce texte d Albert Cohen Carnets 1978 fait partie de quinze extraits d oeuvres litt raires que nous avons fait lire trois cents lecteurs dans le cadre d une enqu te men e l E H E S S Marseille depuis juin 1991 25 Nous avons pu constater que m me les textes non construits sur le principe d une esth tique r aliste tels ceux de Samuel Beckett ou de David Sochaba taient jug s par ceux qui en appr ciaient la lecture comme des textes dont le sens ne paraissait pas flottant Ceux qui ne les appr ciaient pas les trouvaient g n ralement incompr hensibles ou mal crits
156. emblait conna tre l installation du sujet dans ces lieux L appartement o a t d couvert le corps ne comporte qu une seule pi ce vide en dehors d un matelas pos m me le sol contre un mur de plusieurs dizaines de bouteilles d eau min rale et d un seau d aisance les volets taient ferm s l eau et l lectricit taient coup s Le corps reposait nu sur le lit allong sur le dos les bras le long du corps les paules et la t te cal es dans des coussins Quelques ouvrages cf la liste ci jointe des feuillets couverts d une criture claire et d li e un stylo encre et un flacon d encre noire taient rassembl s pr s de la t te du lit Les feuillets sont num rot s de 95 172 ils contiennent essentiellement des notes de lecture et des pr sentations critiques mais aussi quelques bauches de fictions et des r flexions g n rales qui ne concernent toutefois jamais l actualit les r critures de passages ant rieurs sont fr quentes Ces morceaux autonomes se succ dent sans liaison apparente ils sont s par s par de grands traits qui barrent la page aucun passage n est dat Parmi ces t moignages d une activit ordonn e et comme automatique d criture et de lecture le sujet tait professeur de litt rature fran aise et crivain il a t facile de reconna tre des passages de type journal Ce sont ceux l qui ont t rassembl s pour composer le document pr sent ci apr s Agone 5 et
157. ement d appr ciation l horizon d une philosophie du langage ordinaire si les termes de beau de joli de plaisant etc ne peuvent valoir comme d finitions et comme essences c est parce qu ils entrent Agone 5 et 6 9 dans des jeux de langage diff rents Et si nous ne distinguons pas la vari t de ces jeux lorsque nous parlons d un visage d une oeuvre ou d une action en employant les m mes pr dicats c est que superficiellement nous employons ceux ci comme autant de gestes ou d interjections 33 Mais si nous usons de mots et non de simples mimiques pour qualifier un objet ou traduire un affect complexe c est qu au principe de cet usage se trouve une grammaire dont le locuteur est le centre et dont la valeur se mesure l talon des jeux de langage 34 Or reconstituer une grammaire signifie pour Wittgenstein rendre compte de tous les jeux de langage qu elle autorise L entreprise est non seulement difficile elle est impossible et du m me coup comprendre en quoi consiste l appr ciation le devient galement Cette restriction de Wittgenstein vaut du moment que l on se donne pour r gle de ne pas sortir du cadre strict des jeux de langage Mais si mettant de c t le probl me de la grammaire on s int resse au sens d une appr ciation dans un jeu de langage donn une solution appara t qui consiste lui substituer l oeuvre les parties de l oeuvre ou les descriptions qu elle d note puis
158. ement de nos pratiques Tout ce que l on fait n chappe pas est toujours de la nature qu il s agisse d un beau jardin l italienne ou des d chets qui s amoncellent la p riph rie de nos villes Il n y a pas de dehors la nature Devant ce silence le langage nous permet de rendre le monde habitable Mais les mots ne r fl chissent pas le monde ils sont dans le monde Vibrations dans l air creux dans la pierre ou lignes d encre les mots assurent le transport de la signification de la m me mani re que la monnaie est une trace qui fait circuler des valeurs 28 transport qui n est videmment pas sans dommages Lorsqu un arch ologue se d cide ranger les poteries ou les silex qu il a d couverts dans son chantier il sait bien que les mots vont lui manquer pour chacune des pi ces qu il aligne sur la table il sait aussi que les mots ont manqu au fabriquant et l utilisateur de chaque outil Cet ensemble a t ordonn ces pi ces ont t regroup es autrefois certaines se ressemblent seuls quelques d tails permettent d isoler un individu L arch ologue fait alors le pari de mettre ses mots sur tout cela les mots de sa langue naturelle grattoir bol ou cuelle ou d un langage formalis 29 Cela non pour le plaisir tr s administratif de classer mais pour pr parer la liste la comparaison lui associer des centres le mobilier provenant d une activit sociale pr cise d une culture un moment donn et tendre ve
159. ent le geste du d capage ou ces discours essentialistes qui peuvent motiver une fouille car il serait na f de croire que les vestiges puissent tre appr hend s sans le souffle d un nonc dans leur nudit terreuse Dire que l on comprendra mieux l arch ologie en examinant d abord la p riode pr historique est une prise de position un coup de force dont il faut examiner la f condit Ne pas se limiter la fouille et donc l enfoui en tendant l arch ologie l tude des cr ations du travail humain dans le temps et l espace est un autre point de vue 6 qui nourrit d autres d bats mais lude quelques probl mes dont nous voudrions traiter Question de sensibilit philosophique peut tre La pr sentation que nous avons choisie partir de la pr histoire ne concerne pas seulement les p riodes et les peuples sans criture mais balaye toute l activit humaine en donnant chaque fois une orientation particuli re s alliant parfois avec des questions de sociologie en court circuitant ce qui est dit propos d une pratique 7 d ethnologie en tablissant une chronologie relative de certains traits culturels et bien s r d histoire Cette pr sentation n apportera pas grand chose celui qui s int resse aux amphith tres romains ou aux techniques de chauffe dans les thermes de la m me civilisation mais alimentera les confrontations entre ce qui a t dit et ce qui a t fait comme par exemple dans le pr
160. entation s y donnent forme et dur e L tre n est pas autre chose que la forme qu il prend sous l action de la Volont de Puissance et il n est d acc s l tre que celui de la manifestation de sa force de cr ation Nietzsche entend la Volont de Puissance comme affirmation de l Un et du multiple l Un ne s affirmant que dans le multiple 12 Cycle perp tuel au sens de la conservation immuable de la masse de force et de la continuelle ouverture de ses m tamorphoses l ternel Retour du M me est le temps du monde il est le principe du monde le temps est cercle et se love sans but n ayant jamais commenc ni cess de s enrouler ainsi l Un est le M me parcourant le temps Si bien que ce n est pas le M me qui retourne mais le Retour qui est le M me qui revient Seule persiste l affirmation de l Un dans le multiple le jeu qui divise et se reconstitue partir de cette division 13 Le monde nietzsch en est comme un breuvage qui ne se d compose jamais parce qu il se m lange sans cesse Ce monde de mouvance ternelle d bordant dans l ph m re est tragique il est changement et similitude enfantement et annihilation hasard et n cessit volont et destin cicatrice insondable et innocente d une impossible unit fig e Ce monde est en dehors de toute r conciliation son harmonie est sur humaine Sur la Mort de Dieu Dieu est mort annonce tragique L annonciation est l instant de la rupture et de la
161. erpr te est important Voil le r le de l interpr te tre quelqu un de vivant qui rend vivant quelque chose qui est sur le papier AGONE Je voudrais oser un parall le entre l interpr tation de la nature qui est un travail propre aux physiciens et l interpr tation de la musique Claude Helffer Vous tes sur une voie dangereuse AGONE Peut tre Dans le domaine des sciences l interpr tation des grands syst mes th oriques la m canique classique quantique la relativit etc est toujours r actualis e L interpr tation en ce sens subit une mutation sans que les th ories en question soient n cessairement p rim es Il s agit donc plus d un d placement d une mise en lumi re nouvelle d une optique diff rente En est il de m me pour l interpr te de la musique Claude Helffer Vous dites les th ories restent valables mais cela dans un certain champ d application La m canique de Newton reste valable au niveau macroscopique elle ne fonctionne plus dans le domaine Agone 5 et 6 2 quantique Par cons quent de ce point de vue le probl me est tout fait diff rent Maintenant vous avez parl de r actualisation qui est une id e int ressante En effet vais je interpr ter maintenant la musique de Beethoven comme on l interpr tait de son temps C est probablement un faux probl me Dans le domaine de l interpr tation on ne signale pas assez le ph nom ne
162. erres restait celui de l usurpation Les paradigmes les plus trangers la litt rature se reproduisaient prodigalement dans des dissections d autopsie parce que ceux l ne pouvaient plus d couvrir leurs myst res dans les urines des Agone 5 et 6 4 auteurs tous il importait peu de savoir ce qu un auteur avait voulu faire mais d imaginer sans fin ce qu un texte pouvait signifier en dehors de toute intention Contre un r alisme transcendantal des oeuvres je d fendais la r alit en acte d une communaut d auteurs et de lecteurs engag s dans un dialogue de biblioth que Quoiqu il en soit de mes combats toute cette intransigeance th orique ne pouvait tre gratuite Mais l essentiel restait secret Et ces d cisions soudaines n tonn rent vraiment personne Les co ncidences qui changeaient ma vie passaient inaper ues aux yeux de tous C tait mieux ainsi c est ce que je voulais pages 136 137 lino sale entre quatre murs blancs comme un go t de retraite monacale un bon lieu pour mourir qu importe d tre n posthume je sais je poss de une preuve devant laquelle toute oeuvre s efface je suis pauvre et maintenant sans honte faut il que je me sente puissant Moira elle m me est c t de moi page 143 Agone 5 et 6 Comme un mauvais r ve que l on finit par chasser de sa conscience diurne pour l avoir enfoui sous un quotidien sans repos au fond d une vie sans attente j avais oubli Et com
163. erreurs de Platon par son trop grand attachement aux math matiques 11 La c l bre phrase de Galil e tir e du Saggiatore l Univers est crit en langue math matique et les caract res en sont des triangles des cercles et d autres figures g om triques ainsi que la totalit de son oeuvre scientifique nous montrent fort bien le parti qu il avait choisi Platon et la math matisation de la nature contre Aristote et sa philosophie naturelle Agone 5 et 6 3 Ce choix qui a d termin ses recherches scientifiques n est pas exprim aussi clairement dans ses crits sur l art Ni Platon ni Aristote n apparaissent dans la lettre Cigoli pas plus que dans ses consid rations sur Le Tasse mais il est n anmoins possible de d gager les fondements de ses principes esth tiques travers son aversion pour le mani risme et son go t pour une peinture qui faisait rena tre les id aux de la Haute Renaissance id aux fond s sur la structure math matique de la beaut Platon encore une fois lui sert de r f rence puisque comme le souligne Panofsky dans un autre ouvrage la valeur d une cr ation artistique se d termine pour Platon comme valeur d une recherche scientifique c est dire en fonction de l intelligence th or tique et surtout math matique qui s y trouve investie 12 Le scientifique et le critique d art ob issent donc bien aux m mes principes et les r f rences avou es ou sous entendues de Galil e tant
164. es accordent les m mes vertus de miracle et d intercession Hors l glise les images de d votion se r pandent dans la vie priv e o elles sont l objet de manipulations diverses qui empruntent leurs significations psychologiques la thaumaturgie au f tichisme et au magisme mile M le rapporte que pendant les longues s cheresses le peuple irrit de l inutilit de ses pri res Saint M dard ma tre de l eau s amusait noyer sa statue 10 Ces gestes de respect ou d irrespect envers les images t moignent du caract re personnel de la relation qu instaurait le fid le avec tel ou tel saint cette relation n avait rien de commun avec les aventures mystiques que s offrait la pi t d lite ce n tait ni plus ni moins qu une forme de client lisme une simple nonciation suivie d un voeu impliquant la promesse d une offrande suffisait tablir entre le fid le et son protecteur c leste une relation susceptible de faire b n ficier le premier de l intercession du second 11 Tout cela se faisait sans condamnation majeure du pouvoir eccl siastique qui voyant couvrir ses glises de statues de fresques et de vitraux ouvr s multipliait les indulgences des pratiques d votes se d roulant en pr sence d images et reconnaissait un pouvoir surnaturel certaines repr sentations Une chose est d adorer une peinture dit Gr goire le Grand autre chose est d apprendre par une sc ne repr sent e ce qu il
165. es qu il se les repr sente Le succ s de ses interpr tations ne se mesure pas ce qu elles expliquent mais en ce qu elles se donnent comme le r cit d une visite plus badine qu rudite C est aux seuls profits de sa promotion que la critique barth sienne pratique d lib r ment la confusion entre le sens d une oeuvre et l effet de sa r ception 19 Enfin les pr misses m mes du projet de Barthes sont elles fond es Quelles raisons a t on de vouloir trouver une coh rence onze trag dies crites sur une p riode de vingt six ans Avons nous des informations indiquant que Racine ait eu l intention de suivre une quelconque structure De telles questions ne concernent pas tant une intention au sens de ce que l auteur a voulu exprimer que trouver les raisons pour lesquelles telle oeuvre a t produite ainsi raisons qui donnent seules acc s sa signification 20 Parce qu elles ne sont pas saisissables comme le sont les livres les intentions de leurs auteurs ont disparu des pr occupations des professionnels du commentaire Traitement injuste si l on remarque le respect absolu que ces m me professionnels invoquent quand il s agit de peinture ou de musique les silences ou les compositions stochastiques de John Cage ne sont des oeuvres d art qu en vertu de ses intentions et ce n est que gr ce celles de Duchamp que l on ne visite pas certaines de ses oeuvres pour y pisser Tous les faibles qui suivirent n eurent d
166. es difficilement objectivables dans des situations o ils ne contr laient aucun param tre Il tait donc facile de mettre en avant le caract re peu scientifique de telles exp rimentations Agone 5 et 6 Le probl me est ici diff rent puisque les chercheurs gr ce aux progr s du g nie g n tique peuvent montrer qu un g ne particulier a mut et que cette mutation est associ e de fa on statistiquement significative l alcoolisme Tout cela en utilisant un protocole exp rimental que l on peut au b n fice du doute consid rer comme irr prochable Nous allons montrer qu en ce qui concerne l interpr tation des r sultats les auteurs ne sont pas aussi irr prochables Pour bien juger la valeur de leur d couverte il suffit de conna tre un peu de biologie et un soup on de statistiques L exp rience peut tre divis e en deux temps 1 D monstration qu un g ne particulier existe sous plusieurs formes Pour simplifier disons que ce g ne a subi des mutations et qu l heure actuelle il est pr sent dans la population sous au moins deux formes all les l g rement diff rentes que l on appelera A1 et A2 2 Mise en vidence d un lien statistique entre un comportement d alcoolique et la pr sence d un des deux all les Les auteurs se sont int ress s au g ne responsable de la fabrication d une mol cule localis e dans le cerveau Cette mol cule le r cepteur D2 de la dopamine est charg e de reco
167. es gens qui ne marchent pas Boulez et qui marchent tr s bien Von Karajan et r ciproquement Je crois que vous avez des mondes diff rents mais j insiste sur leur coh rence et j insistee de sons r els frapp s puis ceux qui ressurgissent parce qu ils reviennent r activ s par la tr aussi sur le travail que font ces musiciens sur leur Agone 5 et 6 4 partition sur les oeuvres qu ils interpr tent Ils n y sont pas arriv s uniquement par l intuition AGONE Ren Thom parle de l activit de production th orique comme de plonger le r el dans un virtuel plus grand N est ce pas finalement le travail de l interpr tation savoir ne pas consid rer que l oeuvre ne pr sente qu une seule image qu entre le texte la note et le son il n y a aucun rapport de causalit aucun rapport m canique ensuite que la possibilit de multiples images n est pas un relativisme o l on affirmerait que toute interpr tation est valable mais plut t le reflet de la possibilit de trajectoires diff rentes dans un ensemble de relations tr s complexes le r el Il y a donc une oeuvre que nous pouvons sans d naturer clairer de fa ons tr s diverses Il y aurait alors de nouvelles interpr tations qui seraient comme de nouvelles r sonances Claude Helffer Je ne suis pas convaincu car on s efforce justement de trouver une interpr tation un moment donn on se dit c est l qu il
168. es livrets achev s pr ts l utilisation mais des compositions qui laissent certaines parties ind termin es l encha nement des phrases musicales le cadre temporel etc Tandis que l ex cutant d une oeuvre classique ne s exprime que dans les limites d une partition immuable l ex cutant d une oeuvre contemporaine labore sa partition avant de l ex cuter La libre interpr tation est ainsi donn e comme r gle de la construction musicale contemporaine Ce serait depuis le symbolisme et surtout avec Mallarm que la po sie s ouvre intentionnellement la libre interpr tation du lecteur Joyce ouvrant avec Finnegans Wake la litt rature aussi grand que possible En affirmant que C est l ex cution du po me qui est le po me Val ry ne tire pas seulement la po sie vers la musique il investit le lecteur du r le d interpr te d une partition que serait le texte po tique Eco ne proc de pas autrement quand il confond dans une m me attitude interpr tative la lecture la contemplation la jouissance d une oeuvre d art comme une forme individuelle et tacite d ex cution 4 Pr cis ment isolons en ce qui concerne la musique le compositeur de l ex cutant et du public et en ce qui concerne la litt rature l auteur du lecteur plus dans ces deux modes d expression un niveau suppl mentaire le commentateur critique th oricien historien etc On appelle ha
169. est la mort mais la mort elle m me n est qu un moment de la vie qu un moment du chaos Compar cet amas en bullition incessante cette multitude de forces s obstinant dans un rapport de tension et qui n ont d essence que cette action obstin e le monde conscient des sentiments des intentions des finalit s des cat gories etc n est qu un monde surajout et r actif Agone 5 et 6 9 La conscience est d termin e dans ce jeu nocturne ind termin et sans limite Elle est cette apparence qui dans le miroir d elle m me se consid re comme la mesure de toute chose l unit substantielle qui pense et veut Elle est cette cristallisation d une exp rience du monde qui se projette derri re et sur le monde Au point que le monde ne la pr c de plus mais qu elle m me l englobe et le conna t Dans le r ve de sa propre unit elle construit l illusion du monde comme tre l et se constitue comme son instance supr me ma tresse et r gente de ses lois Elle s institue en juge de toute action au nom de l intention et de la conformit avec ses lois comme garantie incontournable de l ad quation parfaite du tout avec ses parties et des parties entre elles source de contentement de paix Mais quelles lois quelle intention quelle volont Dieu est mort les masques s croulent et les mirages se volatilisent Ce qui veut dans la conscience est la Volont de puissance L Action du monde son devenir spontan et transformant
170. est sans conscience et le monde n est que cela Une Action au del de toute justification de tout jugement de toute estimation parce qu elle les pr c de et les d termine La conscience est essentiellement r active elle na t de la hi rarchie inh rente tout rapport de force elle est la r action de celui qui subi l ultime secours de la force domin e l action qui conserve et adapte qui bride et mutile l Action La conscience est malade de ne pas tre conscience de sa propre maladie son erreur est de croire l incurabilit de ses erreurs et de s y plier comme si elles n taient pas siennes Sur l Ath isme La conscience appara t chez Dosto evski comme l unique possibilit de ma triser la sauvagerie et l anarchie des instincts de rendre au monde son harmonie L ath isme lib rant les d bordements pulsionnels brise la sup riorit de la conscience il est d cadent Le plaisir que procure une telle d cadence n est pas exclu quoique le plus souvent illusoire et finalement autodestructeur La conscience est consid r e par Nietzsche comme une illusion masquant les instincts r actifs et la d cadence n est que l image de cette r activit L ath isme inachev brise l illusion par puisement par mauvaise conscience par r action Tout est vain l ath e car tout lui est vain Il est d cadent mais comme tout ce qui participe de la d cadence n cessaire l panouissement L ath isme achev brise la
171. et cela ne faisait aucun doute pour eux Comme le dit Jean Claude Passeron le pacte de lecture qui est au principe du texte r aliste exclut de fait toute polys mie D s qu un syst me efficace d effet de r el le fait entrer dans un pacte de croyance le lecteur doit s il veut continuer lire croire au monde entier o l introduit le roman car il ne peut y avoir pour le lecteur en train de lire qu un seul monde r el auquel il puisse croire comme r el 26 La lecture est production de sens ou conflit d interpr tation pour qui se pr te volontiers aux bats distingu s de la conversation litt raire ou aux d lices priv s de l herm neutique bibliologique Pour les autres il n est de diff rence que dans le plaisir ou l affectation entre lire suivre une conversation ou m diter entre deux paroles L acte lui m me est plus affaire d imagination que d interpr tation En ph nom nologue cons quent qui en sait plus long sur le sujet que la plupart des sociologues Wolfgang Iser observe que le texte litt raire indique au lecteur ce qu il s agit de se repr senter et qu ce titre il ne peut lui m me tre l objet vis Parler d un livre c est se repr senter la mani re dont une histoire est racont e le lire s est se repr senter l histoire elle m me le monde qu elle d ploie au fur et mesure qu elle le d crit 27 Agone 5 et 6 7 Se repr senter la mani re dont une histoire est racont
172. exige un choix une d termination propre Elle d pend de la r ponse la question qui hante d chire et murmure inlassablement ne suis je donc qu un rat Ce destin n est il pas la plaie qu il faut toujours largir pour ne pas s avouer pour ne pas mourir cette chute dont l ivresse est celle de la d liquescence C est la peur de r aliser ce qu ils sont qui poussent les grands maudits dosto evskiens devenir ce qu ils ne sont pas Jamais la mesure d eux m mes l garement leur tient lieu de pulsion l immobilisme hyst rique de destin IL Corr lativement ce syt me de valeurs n est rien d autre qu une interpr tation cr e par les hommes et oubli e en tant que telle ce que la vie a pos elle m me se pr sente elle de l ext rieur comme une valeur talon partir de laquelle elle aborde toute chose et partir de laquelle elle acc de elle m me C est l que nous reconnaissons le vaste et tumultueux chantier de Nietzsche d voilant partout cette inconsciente activit cr atrice des hommes expression agissante de la vie elle m me C est l que nous reconnaissons le refus radical de Nietzsche tranchant et m chant contre toute forme d id alisme divinis d couvrant l cette force contraignante de p trification de la vie cette puissance d abdication qui tente d endiguer par son inertie avari e et sa c cit morbide le ruissellement du monde qui l emm ne l cart le et la disloque L quilibre
173. ez pour avoir oubli les deux premi res Je restais seul alors avec mes inqui tudes sp culatives sans me risquer encore tenter des explications Je n en dis rien m me aux plus proches amis du moment Je n en riais plus J essayai quelque temps de me satisfaire de solutions simples mais j chouais faire s accorder l ampleur de l enjeu aux raisons que j inventais tout en restant incapable de balayer toutes ces co ncidences dans le m me panier sans fond des myst res bon march Il me fallait trouver quelque chose J avais besoin d une r solution radicale d finitive une solution qui radica les sources elles m mes de ces co ncidences Je d cidais enfin de cesser toute relation avec des litt rateurs vivants J en connaissais quelques uns que je ne revis plus et dont je ne voulus plus entendre jamais parler Je me suis gard depuis de toute nouvelle rencontre Je ne lisais plus une ligne qui f t publi du vivant d un crivain Ce qui me laissait apr s tout la plus grande part de la litt rature et celle qui m tait la plus ch re quoi qu il en soit de quoi explorer sans crainte jusqu la fin de mes jours de quoi ressourcer sans limite mon criture La justification de ces d cisions brutales se d roula comme un jeu En ce qui concerne la rupture avec le milieu de mes connaissances litt raires je n ai de le on recevoir de personne sur les mani res de se f cher sans attirer l attention sur les v ritables m
174. f rent du langage parl juste assez pour que l on puisse le distinguer du langage parl 27 Cette phrase c t de son aspect pr monitoire car l op ra na ftra dix ans plus tard de l invention du parl chant le recitar cantando brise d finitivement les r ves de ceux qui auraient aim rapprocher les points de vue esth tiques du p re et du fils Galilei C est une co ncidence vraiment troublante qui fait qu ils ont exprim tous deux des opinions radicalement oppos es dans une formulation similaire et sur un sujet identique Pour mouvoir l auditeur nous dit l un il faut que la musique soit vocale et que le chant se rapproche le plus possible du langage parl alors que l autre voit dans la musique instrumentale le sommet de l expressivit car l imitation est d autant plus merveilleuse que les moyens qu elle emploie sont plus loign s des choses imiter Apr s ce deuxi me constat d chec le p re et le fils ne s entendent ni sur les noms d Aristote et Platon ni sur le statut de la musique il nous reste discuter d un probl me sans fin un sujet si d licat qu il serait vain de pr tendre le r soudre en quelques phrases mais qui est in vitable lorsqu on aborde la question des rapports esth tiques entre Vincenzo et Galileo celui du mani risme Agone 5 et 6 7 Vincenzo Galilei tait il mani riste La question dans le cadre de cette tude m rite d tre pos e afin de faire le tour comp
175. faut chercher ne serait ce que dans la recherche d un v ritable tempo Il est difficile de savoir si le compositeur a indiqu le v ritable tempo Son m tronome tait il juste Il peut avoir plac de m moire les indications sur son texte sans se rendre compte de la r sistance physique de l instrument Et tel que le mouvement m tronomique est indiqu cela ne sonne pas C est un probl me que j ai beaucoup examin et j ai constat ces difficult s en travaillant avec un certain nombre de compositeurs En avan ant dans leur oeuvre ils ont envie qu elle sonne mieux et en g n ral ils nous font changer de tempo Le plus souvent il y a donc un tempo final Ce n est pas n cessairement vrai pour les oeuvres baroques qui sont des formes ouvertes o seules les hauteurs des sons sont indiqu es Dans une oeuvre de Jean S bastien Bach vous n avez aucune indication de dynamique tr s peu d indications d attaque aucune indication de tempo Alors peut tre pourrait on imaginer plusieurs solutions possibles l poque de Beethoven les indications commencent devenir plus pr cises Pourtant certaines indications m tronomiques de Beethoven sont absolument invraisemblables Seul Arthur Schnabel a essay de vraiment respecter celles de la Sonate opus 106 pour certains passages ce n est pas du tout convainquant Par cons quent c est peut tre ici que se trouve pour l interpr te la recherche d une seule solution AG
176. ffit montrer que la question de la r ception des oeuvres n offre pas le m me sens que celle de leur signification Elle nous montre aussi que le commentaire d une oeuvre n est pas la seule source laquelle doit se fier l historien ou le sociologue et que de simples gestes suffisent parfois l observateur pour d signer le registre de communication tabli entre le spectateur et l oeuvre Ces gestes il est possible de les reconstituer et d en appr cier la port e travers les discours que leur manifestation r ussit en son temps susciter chez ceux qui ne les produisaient pas mais en taient les comptables avertis Mais l encore nous sommes loin du discours direct et des m ticuleuses descriptions de l ethnographie quantitative nous avons affaire un vocabulaire d expressions canoniques biblia pauperum translatio ad prototypum etc dont il faut retrouver le code et en l occurrence le chiffre cach Ce que l usage scolastique du terme d idole nous apprend de la pratique ordinaire des images aucun idol tre non plus qu aucun th ologien catholique ne l e t jamais confi un texte 22 Mais une fois lucid e cette d signation vaut elle seule comme trace d une r ception particuli re des images C est autour de telles traces descriptions et d nominations mais aussi noms propres et jugements que nous allons tenter de d finir plus avant l espace op ratoire de l enqu te sur la r ception des oeuvres Que le lecte
177. fragment th orique tout fragment d analyse se traduise par quelque chose dans l interpr tation Nous jouons quelque chose qu il nous faut couter La distinction est toujours pour moi entre vivant et non vivant Agone 5 et 6 6 Dans les Contesd Hoffmann il y a une poup e Olympia qui s anime J en vois une traduction dans le milieu de la sixi me pi ce des Kreisleriana de Schumann o le magicien anime sa poup e et la poup e devient tout d un coup vivante Schumann tait nourri des Contes d Hoffmann Si vous voulez comprendre Schumann lisez les Contesd Hoffmann AGONE C est la question du rapport entre musique et litt rature Avez vous d j trouv la solution d un probl me d interpr tation dans une oeuvre de po sie ou concernant la po sie ou de philosophie ou d autre chose Claude Helffer S rement Je viens d ailleurs de vous en donner un exemple pr cis J aime beaucoup la po sie sp cialement allemande bien que je ma trise mal la langue allemande Je m int resse aussi beaucoup l ex g se de la Bible Je montrais hier soir ma femme une succession d inclusions qui avait t d gag e par un ex g te dans le Second Isa e Je lui disais que c tait presque le m me plan que Cant yodj ya de Messiaen 8 Celui ci pensait en quelque sorte par inclusions De la m me fa on le Pantoum une forme de po sie malaise 9 intervient dans le Trio de Maurice Ravel Cette forme est aussi employ
178. g n r e est devenue molle et eff min e et nous prierons Striggio Giaches de Wert Luzzaschi et quelques autres excellents ma tres de musique qu ils veuillent bien la rappeler cette gravit de laquelle elle s est d tourn e et dont elle a d bord de mani re telle qu il convient de la passer sous silence plut t que d en parler Et le mode grave que l on emploiera sera semblable celui qu Aristote appelle dorien qui est magnifique constant et solennel et qui plus que tout autre est adapt la lyre c est dire au chant la lyre 33 Et Le Tasse de conclure Ainsi notre po te fera attention ce que l assaisonnement de la musique ne soit ni lascif ni languissant ni souverain par rapport au texte 34 Vincenzo Galilei aurait tr s certainement accept de signer ce texte non seulement en raison de son caract re fortement aristot licien Agone 5 et 6 9 mais galement pour des raisons purement musicales sur lesquelles il n y a nul besoin de s attarder Ces phrases du Tasse sont si proches de ce qu crit par ailleurs Vincenzo Galilei dans le Dialogo 35 que nous sommes oblig s de formuler cette incoh rence la po sie du Tasse est mani riste et ses opinions sur la musique sont anti mani ristes Ou encore Vincenzo Galilei priori anti mani riste partage les opinions esth tiques en ce qui concerne la musique de Torquato Tasso lui m me critiqu pour son mani risme
179. grecs anciens et plus particuli rement ceux qui concernent la musique c est ce m me Mei qui est l origine de la r daction du Dialogo de Vincenzo Galilei avec lequel il fut en relation pistolaire pendant les dix ann es qui pr c d rent la publication de l ouvrage 14 Agone 5 et 6 4 Dans le Dialogo La Po tique d Aristote ne constitue pas une r f rence centrale bien que l id e principale qu elle pr sente la fameuse notion de katharsis ou purgation des passions soit omnipr sente dans la vision que le p re de Galil e se fait de la musique En revanche le livre VIII de La Politique ou Aristote fait galement r f rence la katharsis est abondamment cit utilis et mis en valeur dans le Dialogo Vincenzo s en sert avant tout pour critiquer vigoureusement la musique de son poque comparable dit il celle qu Aristote destinait la pl be et qui ne vise qu au simple divertissement ne provoquant aucune purgation chez l auditeur Aristote lui m me philosophe surnaturel recommande express ment dans les livres de La R publique La Politique que les enfants afin qu ils n aient pas l apprendre une fois devenus hommes apprennent la musique de fa on studieuse mais pas celle du Th tre faite pour satisfaire la pl be et qui est quasiment identique la n tre mais plut t celle qui convient aux nobles de naissance qui est la vraie musique et non la fausse 15 Un peu plus loin Galilei se r f re
180. gulier qui manque parfois sans raison grammaticale devrait peut tre tre r tabli dans ses droits MAIS Ion a connu Grig dans le train ils avaient peine d pass la station Gorgani G V Le Peintre et encore un autre se connaissaient du lyc e Nora Iloana Maria ladite Jeny ladite Cornelia a longtemps partag une chambre d internat avec Veronica mais a ne veut pas dire qu elles ont t des amies ins parables ou qu elles se faisaient des confidences Le Limier avait quitt son cole et il avait boss quelque temps comme serveur la m me poque Luiza Mircea Nedelciu et Christian avaient quelquefois d n ensemble Dans la queue la caisse de l entreprise IDSMNG moi et Great Bibi on s est salu s plusieurs reprises Autrefois Constantin rendait visite pour passer le temps un certain Geza qui avait construit un lit chauffage lectrique et en tait tr s fier Le lit a br l et l extinction de l incendie ont particip plusieurs amis parmi lesquels moi m me Jenny y tait Et Le Peintre qui tait venu a t soup onn de pyromanie G V lui a achet un tableau dont Nora loana Mariana est tomb e amoureuse pour toujours Ion Fils de Tica Le Maquignon s en est envoy une reproduction couleur la poste restante de la ville de Z sans que personne ne l ait encore retir e ni l galement ni frauduleusement Lors d un match de foot au stade 31 avril Grig et Le Limier taient dans
181. hors si l on suit sur ce point J Derrida tout un univers d objets cass s n glig s et oubli s coll s la boue ou us s dans le sable que l interpr te d crotte d abord avec ses mains avant de noircir des feuillets propos de leur signification dans ce monde priv de lumi re Loin d un expos g n ral et abstrait sur l interpr tation en arch ologie notre programme se posera ici en quatre points Reprendre les critiques formul es il y a un an dans cette revue autour de l id e de centre en pr histoire maison territoire culture 1 lieu attractif et noeud symbolique qui ne peut tre atteint m me au prix des techniques les plus sophistiqu es il existe des centres de la m me mani re qu il y a du sens au sein de ces vestiges m l s mais moins d tre guid par une description du monde historique d j l arch ologie antique je ne peux les montrer du doigt 2 ma main s talant apr s un mouvement tremblant D o il est sugg r en toute rigueur de s en tenir des portions d espaces tronqu s sanctionn s par des v rit s de fait du type un foyer a t entretenu dans cette grotte entre 10 000 et 11 000 av J C avant d tre partiellement Agone 5 et 6 1 d mantel par une fosse en admettant avec Val ry qu un fait est ce qui se passe de signification Encore faut il pr ciser que les noms communs de foyer et de fosse sont ici employ s avec une teneur descriptive minimum
182. i d passe l imaginable se trouve rejet e si loin que son existence para t inutile la description des grandeurs Bien plus tard encore force d voquer l infini les mages s enhardirent et se propos rent d en graver les lois sur des omoplates de chameau puis gr ce une technologie nouvelle sur de grandes plaques de marbre Ils invent rent le formalisme c est dire la mise en formules crites de toutes ces propri t s des nombres que l intuition ressentait comme videntes apr s quelque discussion frapp e de bon sens Mais l art oratoire peut emporter la conviction propos des pires b tises de sorte qu il fallut fixer les r gles qui ram nent les preuves des suites de d ductions susceptibles d tre crites et dont on v rifie par l vidence l ad quation ces r gles On inventa donc la logique formelle Il y eut ainsi l infini formalis et il partageait en paroles toutes les propri t s avouables de l infini potentiel sauf une il n tait pas l infini potentiel ou plut t l on n arrivait m me pas voquer clairement la possibilit qu il le f t Certain mages propos rent alors de ne plus jamais parler de l infini potentiel mais de s en tenir aux dogmes de la th orie propos de l infini formel La math matique tait n e parfaite rigoureuse avec l infini en formules tellement parfaite qu il n y avait aucun moyen de savoir si elle n tait pas totalement contradictoire C est ainsi que
183. i est statistiquement le plus probable alors aucun des deux ne peut tre la cause de l alcoolisme Par contre si la pr sence d un all le est li e l alcoolisme alors cet all le pourrait constituer un indicateur de l alcoolisme comme le port de la jupe permet de discriminer la femme de l homme sans tre responsable de la diff rence entre les deux sexes Agone 5 et 6 2 Pour mettre en vidence ce lien Blum et collaborateurs ont cherch la pr sence post mortem d un des deux all les sur 70 individus dont la moiti avait t alcoolique Les diagnostics d alcoolisme ont t tablis ind pendamment par les rapports concordants de deux m decins Je ne critiquerai pas leur d finition de l alcoolique que certains esprits chagrins pourraient trouver inexistante les critiques ce niveau ne trahissent trop souvent qu une peur de poser la question du d terminisme g n tique Absence de l all le Pr sence de l all le Total des sujets Non alcooliqies 28 7 35 Alcooliques 11 24 35 Total des sujets 39 31 70 Probabilit relative de l alcoolisme 0 282 0 774 Tableau 1 d apr s Blum et al Le tableau 1 montre que l all le fut trouv chez 24 alcooliques et seulement chez 7 non alcooliques Ensuite 11 sujets sur 39 ne poss dant pas l all le ont t alcooliques soit une fr quence de 0 282 Enfin dans la population porteuse de l all le la fr quence atteint 0 774 soit presque trois fois plus de chance pour les
184. iation qui sont l enseignement essentiel du Christ de ce Christ mill nariste et philanthrope qui sachant son semblable condamn sa propre mis re sa propre ind termination renonce absout et console La morale c est dire le renoncement soi m me dans autrui n est pas chez l crivain russe une morale abstraite de l au del mais une pratique qui s acquiert par l exp rience de la douleur et du doute Elle est la loi de la nature rejoignant celle de Dieu un miracle Dieu mort n est pas remplacer Vaincre Dieu c est vaincre aussi son ombre lever le nihilisme jusqu sa forme sup rieure sa ni me puissance intensifier la volont de n ant et le n ant de volont jusqu leur renversement en la volont de l ternel Retour Lutter contre le nihilisme c est rester sous l ombre de Dieu Il faut au contraire pousser sa logique de d cr pitude jusqu ses positions extr mes d truire pas pas chacune de ses formes pour d passer cette Agone 5 et 6 11 logique l puiser et l inverser Ayant d pass la logique du nihilisme on se d fait de sa n cessit Comment l esprit se change en chameau le chameau en lion et le lion en enfant pour finir 22 Le nihilisme trouve son ach vement et sa d chirure dans une m tamorphose des conditions int rieures de la pens e Transvaluation dit Nietzsche sensation nouvelle et diff rente fluidit des perspectives la maladie comme valuation de la sant
185. idence que r cemment alors que dans les ann es soixante le point de vue de Robinson s appuyait sur une forte technicit en logique math matique On rejoint l l tonnement de Kurt G del qui a crit propos de l Analyse non Standard in coming centuries it will be considered a great oddity in the history of mathematics that the first exact theory of infinitesimals was developed 300 years after the invention of the differential calculus 1 Pour formaliser l id e de grand nombre entier adjoignons au langage l adjectif limit en lui enlevant toute signification qu il pourrait avoir dans Z F tendons la th orie Z F en adjoignant ses axiomes le sch ma 0 est limit 1 est limit 1 1 est limit etc Noter que ici etc a le sens de continuez d ajouter 1 autant de fois que vous voulez propre aux sch mas d axiomes d une th orie formelle Dans la nouvelle th orie Z F ainsi construite chaque entier na f est limit mais nouveau on ne peut pas exprimer formellement une affirmation qui signifierait que tout entier limit est na f Par contre on peut maintenant crire dans le langage de Z F l affirmation tout entier est limit qui est externe au langage de Z F Mais si nous mettons cela dans les axiomes les deux th ories sont quivalentes Par contre si nous compl tons les axiomes de Z F par la n gation c est dire il existe un entier non limit nous
186. ier amenez moi les mecs moi aussi Sur la table il y avait des notes de t l phone d eau d lectricit de gaz et quelques lettres de clients Il m est venu une gigantesque naus e de ces papiers La libert je me l tais imagin e plut t autrement Je sens que les doigts devraient maintenant refuser de se recroqueviller sur l objet saisi et au lieu de l empoigner comme pour le prendre avec eux ils feraient beaucoup mieux de le caresser de le toucher seulement pour le conna tre et le saluer mais seulement a et rien de plus D ailleurs plusieurs fois j ai remarqu combien est ignoble et hideux vu de l ext rieur ce geste mill naire d empoigner et de prendre pour soi cette occasion les doigts se racornissent se rident vieillissent meurent ils sont tr s loign s de la superbe image de leur repos quand assis sagement tous les cinq ils donnaient l impression d une famille dont les membres d ges diff rents et r pandus dans divers coins du monde sont tous de retour la maison un apr s midi de fin d t pour se photographier ensemble Il faut quand m me observer une chose qui d s mon enfance m a paru tr s trange si je prends cette bouteille dans la main et que je parte avec dans la pi ce d c t pour m allonger sur le lit et en consommer le contenu on dit que j entre en sa possession et si je renverse la proposition et que je dis elle entre en ma possession le sens ne change pas du
187. ier le v ritable sens de tous ces noms c est de faire des enqu tes sur place Encore est il prudent de s adresser de pr f rence ceux qui ne sont pas suspects d avoir puis leur connaissance dans les livres 48 La disponibilit syncr tique des noms propres n a jamais t aussi vidente que dans le commerce que les fid les du Moyen ge entretenaient avec leurs saints Outre les r cits difiants dont la L gende dor e les aur olait leurs noms taient associ s des pratiques thaumaturgiques souvent sans rapport avec leur pass glorieux et la d finition de groupes professionnels religieux ou civils 49 Les investissements symboliques qui se faisaient autour des saints intercesseurs patrons embl mes h ros de l histoire du monde etc taient autant de d finitions des m mes noms propres Du m me coup on se prend penser qu un vitrail ou un bas relief repr sentant tel ou tel saint pouvait voquer au spectateur tel ou tel interpr tant que sa d finition mique d un nom propre lui fournissait Dans le domaine de la litt rature nous avons pu observer un certain nombre de ph nom nes li s la s paration d une oeuvre des noms propres qui lui sont associ s Lorsque le lecteur ne reconnaissait pas Agone 5 et 6 12 l auteur ou le titre d un extrait d oeuvre que nous lui faisions lire nous lui demandions de nous citer les r f rences que cet extrait lui voquait 50 Les associations
188. ils savaient critiques ils avaient appris transformer les passages trop explicites quand c tait possible dissimuler les oeuvres difficiles au milieu d oeuvres faciles ou encore faire attendre les textes trop br lants Agone 5 et 6 6 Si donc la censure roumaine en tait venue fabriquer une litt rature critique artificielle qui faisait les d lices des apparatchiks les censeurs est allemands furent les v ritables collaborateurs des crivains et diteurs un milieu sans doute assez ferm mais dans quel pays ouvert ne l est il pas ndlr Agone 5 et 6 7 Agone 5 et 6 Sur l interpr tation math matique de la grandeur Lutz Robert Sur l interpr tation math matique de la grandeur Il n est aucune d couverte qui ait produit dans les sciences math matiques une r volution aussi heureuse et aussi prompte que celle de l analyse infinit simale aucune n a fourni des moyens plus simples ni plus efficaces pour p n trer dans la connaissance des lois de la nature Lazare Carnot La grandeur est une intuition fondamentale de notre perception du monde Le vocabulaire usuel en t moigne abondamment travers les adjectifs grand petit norme infime immense minuscule macroscopique microscopique gigantesque menu ample troit tendu long court limit illimit spacieux restreint vaste r duit born moyen appr ciable n gligeable etc L utilisation de
189. in il n y avait rien de tel J aime bien me laisser faire par le son qu il me fasse d couvrir des choses que je n avais pas pr vues et qu au cours du traitement la mati re m me me guide vers la transformation D ailleurs c est une chose sur laquelle je me pose actuellement certaines questions Les machines sont tr s prolixes en sons d un petit l ment sonore peut ressortir une grande quantit d effets Quelquefois je m y laisse trop prendre et j obtiens quelque chose qui a perdu de sa particularit qui a pris la couleur de la machine ce qui ne m int resse pas Je me laisse trop envahir C est un point o il n est pas facile de lutter Mais c est avant tout une question de d cision que l on doit prendre avant pour ne pas se laisser emmener ailleurs Il est int ressant de se laisser emporter mais il y a des limites qui ne sont ni morales ni celles des r gles d harmonie je ressens une certaine fragilit comme si l essentiel du propos tait perdu AGONE Apr s ce travail d impr gnation d analyse des lieux sentez vous une direction pr cise vers laquelle vous voulez aller Une direction que vous ne voulez pas l cher en quelque sorte C cile Le Prado Il y a une chose que je ne veux pas l cher dans les traitements dans la structure que je vais r aliser une image vivante doit s en d gager une image qui soit le plus riche possible afin que les gens l entendent AGONE Une image
190. inceste la rivalit des fr res le meurtre du p re et la subversion des fils en tant les actions fondamentales 17 On peut facilement constater que cette liste pourtant longue qui d crit parfaitement La Th ba de et fonctionne encore pour Mithridate Britannicus Ph dre et Bajazet ne correspond en rien Alexandre Iphig nie Andromaque B r nice stheret Athalie Cette proposition n est qu un plaquage du mod le psychanalytique de base il est vrai favoris par la mise en sc ne de la destin e de la famille d OEdipe dans La Th ba de Rien d tonnant donc constater que ces onze trag dies n aient pas les m mes actions fondamentales Quoi qu il en soit on doit tenir pour une curieuse pirouette que s expliquant par la trag die la psychanalyse se trouve en retour quip e pour l expliquer Des remarques qui pr c dent on peut conjecturer que Barthes met d abord jour dans deux ou trois pi ces telle constante et dans deux ou trois autres telle autre constante du m me ordre jusqu l obtention d une liste La coh rence de la liste tient la formulation de ces constantes la liste est ensuite promue au rang de structure g n rale Soit l l gante formule Il y a trois M diterran e dans Racine l antique la juive et la byzantine 18 Pr cis ment antique comprend la Gr ce mythique La Th ba de Andromaque Iphig nie et Ph dre la Rome imp riale Britannicus et B r nice
191. incevent n est ici choisi que comme le sympt me d un mouvement beaucoup plus vaste dans le champ de l arch ologie 32 Carse op cit page 87 33 Gargani op cit page 32 34 D Milo Pour une histoire exp rimentale ou la gaie histoire Annales E S C 3 1990 page 719 Agone 5 et 6 11 35 D Milo La rencontre insolite mais difiante du quantitatif et du culturel Histoire amp Mesure II 2 1987 page 23 Agone 5 et 6 12 Agone 5 et 6 Une preuve indubitable Volonte Gabriel Une preuve indubitable DOC 37F 89 09 23 Bien que les entourages intimes et professionnels du sujet affirment formellement que celui ci ne montrait aucun signe notable de trouble comportemental le document pr sent ci apr s t moigne de la fa on la plus claire qu il souffrait depuis son adolescence de troubles parano aques critiques La discipline qu il s imposa durant la plus grande partie de sa vie semble avoir emp ch l expression des sympt mes majeurs de cette pathologie nerveuse mais un v nement tardif et soudain a visiblement r veill son interpr tation d viante et l a amen se donner la mort L autopsie n a pas d cel de foyer pathog ne sans aucun doute les causes du d c s sont le je ne que le sujet s est impos Le corps a t d couvert le 27 08 1989 par les voisins de palier que les odeurs de putr faction avaient alert s Le rapport de police pr cise qu aucun des proches ne s
192. incompr hensible incidence de deux v nements avec le parcours de mes lectures un litt rateur arrivait la fin de sa vie et acc dait la gloire au moment o je tenais la compl te compr hension de son oeuvre je consacrais ainsi sa post rit Moi qui ne l avais jamais rencontr Seule l insoluble absurdit de la co ncidence de ces v nements me dictait cette attitude radicale liminer une des causes de cette intersection emp cher d finitivement que s exprime ce que je ne pouvais r soudre par la raison Tous les crivains que je lirais dor navant seraient d j morts page 159 L tat de fatigue que j eus de plus en plus de mal dissimuler mes proches finit par inqui ter bien plus que ne voulait le laisser entendre ce vieux m decin bonhomme qui ne cessait de clamer depuis mon jeune ge la gr ce divine de ma sant Cette pl nitude tonique que mon corps affiche encore n est plus que le vestige vacillant de ces ann es d enfance et d adolescence d pens es nager et courir Toute cette nergie tait mise en oeuvre chaque jour comme pour engranger de la vigueur dans une machine que le restant de ma vie laissera immobile Cette vigueur disparut en laissant son empreinte sa forme trompeuse sur ma peau alors que depuis des mois je peinais pour donner le change en public n attendant que les moments de solitude pour me laisser Agone 5 et 6 6 aller tra ner enfin Les m decins ne trouvaient toujours
193. iquement plus expos s aux attaques calvinistes n h sitent pas en effet mettre toutes les aberrations du culte des images sur le compte de la faiblesse d esprit du peuple ignare idiotus L argument qui faisait de l image le liber idiotarum prend du coup une tournure paradoxale mais r v latrice de son caract re d euph misme et de la f cheuse proximit qu entretiennent inculture et idol trie Dans ces attaques le d nuement culturel est plac au point de rencontre entre d bilit infirmus et idol trie stolidus Et si l image n est pas elle m me mise en cause c est bien parce que la confusion entre simulacre et prototype est jug e comme une confusion tout intellectuelle Comment l glise du Christ aurait elle pu emp cher que les chr tiens faibles et grossiers ne fissent autrement que la doctrine catholique n avait prescrit Il faut distinguer les actes des faibles de la doctrine et tenir pour tabli que ce que prescrit et enjoint la saine et pure doctrine correspond parfaitement la v rit quand bien m me la plupart des chr tiens y contreviendraient 18 Agone 5 et 6 4 Pour le pouvoir catholique il semblait clair qu en elle m me l image ne devait rien l idole Seul l usage pouvait faire d un fid le un idol tre Formul dans le langage de nos linguistes cela revient dire que la qualit d idole n est pas du ressort d une s mantique de l image mais d une pragmatique et m me nous l avons vu d une anthr
194. is d argot et de patois Agone 5 et 6 4 Par un jeu o se succ dent sayn tes commentaires m tataxes et alternance de vocabulaires d emprunts l auteur installe d un c t une lecture participante et impose de l autre une distance sp culative aux fins de production d un effet de r alit Sa prose introduit dans la narration des pr m ditations notes indications et esquisses de l crivain qui ont statut de dramatis person conjonction de territoires litt raires et extra litt raires Ces l ments servant mettre jour les effets de trompe l oeil de la fiction traditionnelle De la m me fa on que les machinistes des films de Fellini coexistent l oeuvre qu ils cr ent De tels proc d s esth tiques donnent l oeuvre une transparence et une sinc rit nouvelles le lecteur est initi et l oeuvre n est plus d finitive et enferm e dans sa n cessit interne mais relative et multivoque Cette complicit esth tique entre l auteur le texte et le lecteur est souvent d concertante car elle interf re avec la transgression de certaines conventions litt raires Elle participe du moment de l histoire de la conscience litt raire o l oeuvre est con ue comme construction formelle au d triment de la vraisemblance de la fiction Mircea Nedelciu avoue avoir v cu l exp rience aga ante de la censure et jou le jeu sinueux de la fiction contre le pouvoir Le censeur appartient la m me famille que le milicien et il est
195. isant appel des crit res purement historiques En effet il ne faut pas oublier que la musique instrumentale laquelle Galileo fait allusion en 1612 n a rien voir avec celle que connaissait et pratiquait son p re trente ans auparavant Les graines que Vincenzo avait sem es en 1581 avaient pouss tant dans le champ de la musique vocale que dans celui de la musique instrumentale Comme nous le dit Galileo un instrument peut nous mouvoir l aide de rudes accords et d accents path tiques c est dire en utilisant un langage qui se sera lib r des r gles contraignantes tant vilipend es par Vincenzo D apr s les mots employ s par Galileo c est d un instrument cordes qu il s agit et les pi ces instrumentales auxquelles il pense pourraient tr s bien tre des toccate pour clavecin de Girolamo Frescobaldi ou Michelangelo Rossi mais et ceci pour rester en famille il est tentant d imaginer qu il ait pu faire allusion aux toccate pour luth de son propre fr re Michelangelo Galilei publi es en 1620 mais pour certaines compos es plusieurs ann es auparavant et que Galileo avait certainement entendues et peut tre m me jou es Les objectifs esth tiques de Michelangelo n en 1575 taient tout autres que ceux de son p re et premier professeur Vincenzo luthiste c l bre mais qui ne pouvait pas concevoir une musique instrumentale capable d mouvoir l auditeur de r veiller les mouvements secrets
196. issements C est quand m me bizarre voir une salle enti re applaudir et n entendre aucun bruit Apr s a un court vertige qui venait d en bas de l estomac m tait envoy de l bas comme un signal de faim et j tais incapable d en tenir compte en ayant assez de tout a et d sireux d avoir la paix N tre plus poss d c est dire par aucun signe Je suis descendu j ai serr plusieurs mains et j ai m me souri mais Je me sentais toujours poursuivi Ma tris c est dire surveill du regard On a entendu un gong et j ai suivi attentivement la vibration du cuivre jusqu au passage dans un autre monde En y passant avec elle j ai d duit que j tais totalement remis et j ai d cid de sortir juste pour f ter l v nement g n rant tonnement et protestations Un des regards tait si contrari et si implorant qu au del de sa na vet il me d go tait D ailleurs l entr e et la sortie sont des choses qui divisent contin ment mon existence Une des caract ristiques de ces textes l camarade commandant est le fait qu ils paraissaient crits par plusieurs personnes Des personnes qui en m me temps agissaient et d crivaient l action dans le m me texte D o quelquefois une sorte de non concordance de temps et de personnes qui pourtant ne compliquait pas l action mais au contraire rendait plus pr gnante la relation entre le locuteur et celle ci Leurs narrations n avaient pas de personnage mais une s
197. j ai vu combien ils taient je me suis rendu compte de quoi il s agissait Combien Cinq c est dire six avec la fille qui est arriv e de la direction oppos e et qui s est av r e faire partie de leur bande parce qu elle a d chir un bout de journal et m a essuy le nez avec Je veux savoir exactement six ou cinq Six Y compris celui qui est venu avec la voiture Y compris Bien Continuez MAINTENANT C EST NORA QUI PARLE au d but il n a rien dit Il para t que d abord il dormait et qu ensuite il ne comprenait pas grand chose ce qui pouvait aussi tre vrai mais en montant dans la voiture la peur r gnait d finitivement sur sa gueule candide peine maintenant donc il osait apr s un grand effort et moi je dis a pour montrer clairement dans quel tat de l chet se trouvait le Client on tait d j tout pr s de la rue Le Sentier entre les Immortelles demander Qu est ce que vous me voulez les gars Vous m amenez o Chut ta gueule lui a cri Le Peintre en citant des proses d un c l bre dramaturge roumain Et on a tout de suite vu l effet qu un durcissement de ton avait sur un psychisme comme le sien mis dans une situation d lib r ment impr vue En tout cas si tout l heure il lui tait pass par la t te de se demander pourquoi il avait t un peu gifl alors qu on le r veillait de son sommeil maintenant cette curiosit d fendue avait
198. ki est comme un homme endormi s imaginant tomber d une falaise qui sent pointer en lui comme un couteau mouss p n trant son sommeil le d sir r dempteur du r veil gr ce auquel l me et le monde se reconstitueraient Mais ce seuil est pr sent infranchissable Car ce moment pr cis plac dans l interstice gluant o le sommeil et la veille se confondent le dormeur veill regarde bahi et paralys les parois de la falaise d filer devant lui La chute est doublement redoutable peur de rester dans le vide et de s craser au sol peur d affronter le n ant mais aussi de le fuir Le vertige est le principe m me du mouvement dans l immobilit le r veur n est plus qu un point fixe la chute qu un mirage seul s enfuit le d cors et les mots avec lui L criture participe chez Dosto evski de l urgence de l introspection et de la n cessaire contamination Sur la psychologie Nietzsche et Dosto evski sont comme les deux faces d une m me pi ce indissociables ils regardent pourtant vers des horizons diff rents L un s expose l ext riorit de l instant l autre son int riorit Le mod le dosto evskien peut tre assimil une coupe transversale finement d tach e de l anneau temporel nietzsch en et plac e sous l oeil grossissant d un microscope au travers duquel elle prend paisseur et spontan it Agone 5 et 6 7 On d couvre sous l angle d un moment unique mais abyssal l explosion diff re
199. l il tait avec avec le pasteur et puis apr s euh Cent soixante mille cent quatre vingt exemplaires broch s ce travail l m affole compl tement Eh mec c tait quoaaa c tait quoaaa Le tirage De nouveau une courte pose Eueueuh Le botin en a vachement plus Comment s appelaiaiait Y a que le botin rien d autre peut faire un tirage pareil Comment il s appelait le chef nazi qui s est tir en Angleterre en avion Comme il s appelle hein mec Qu est ce tu dis Agone 5 et 6 13 Comment il s appelait le chef nazi qui s est tir en Angleterre en avion Il s occupait de quoi Il tait chef du parti le chef de la chancellerie Ah bon L aide de camp d Hitler non sinon aurait t Goering lui m me Euh Silence de plus longue dur e pendant lequel tout le monde fait semblant d essayer de se rappeler Mais il est impliqu dans quoi ou quelle occasion il s est cass Ben mec il s est cass parce queuh il a senti qu il se passait des saloperies t imagines c est dire et que bien s r que pour lui il s en fichait du reste et il a euh euh atterri sur le domaine d un duc cossais Ah ouais Mais a lui a pas pargn d tre arr t et il est rest le criminel de guerre le plus longtemps en taule tu vois Hmm p
200. l e estime que la musique instrumentale est plus apte que la musique vocale r veiller les mouvements secrets de notre me suivant le principe selon lequel l imitation est d autant plus merveilleuse que les moyens qu elle emploie sont loign s de la chose imiter Or il se trouve que Vincenzo dans le Dialogo avait voqu les rapports entre musique vocale et instrumentale selon une probl matique similaire Ainsi parlant d un musicien grec ayant mis un po me en musique il affirme Son oeuvre avec toutes ses qualit s fut tenue en tr s grande estime car la musique tait adapt e au sujet des paroles avec un tr s grand jugement et elle exprimait merveilleusement toutes les motions affetti qui avaient t pr sent es par le po te Les praticiens d aujourd hui ne prennent absolument pas en compte cette chose si importante et principale de l art de la musique Et pl t Dieu que leurs erreurs s arr tent ici mais il y a bien pire toutes les r gles et observations qu ils ont en usage sont directement contraires bien exprimer les motions affetti et les id es concetti de quelque po me que ce soit 22 Par contre ces r gles et observations sont parfaitement adapt es la musique instrumentale qui se contente de divertir l oreille et qui correspond la musique qu Aristote destinait la pl be D ailleurs poursuit il il ne fut jamais dans leur intention ceux qui invent rent les
201. l giste classificateur dogmatique ne supporte pas que les fronti res ne soient point nettes cela le met sans doute trop pr s de ses propres contradictions sans lesquelles la vie ne saurait tre v cue Aussi quel soulagement lorsque l chelle des nombres r els enfin fix e dans ses canons actuels par Dedekind aux environs de 1870 a fait appara tre un tel nombre comme une coupure entre les rationnels qui sont avant et ceux qui sont apr s Nous allons essayer ici de comprendre l interpr tation math matique actuelle de notre intuition des transitions floues elle fait partie de ces grandes aventures de l esprit humain au destin sinueux apparaissant un jour au gr d une n cessit f condant la pens e pendant une longue p riode puis disparaissant au profit d une autre mani re de parler qui facilite nettement moins l invention mais d finit ses concepts de fa on plus rassurante Chemin faisant nous tenterons de pr ciser partir de l exemple fondamental des nombres la nature de l interpr tation math matique du monde tel qu il appara t travers notre sensibilit Pour commencer nous allons tudier le ph nom ne sa racine en reconstituant fictivement la naissance du syst me num rique dans une tribu primitive qui n a jamais exist All gorie Au d but il y eut l un ges l homme le m le accompagn de son double min la femme et puis es la pluralit beaucoup L ordre tait videmment 1
202. l a fait du livre poison pour les mes un poison pour les corps un livre v n neux que seule sa v n ration de biblioth caire l a emp ch de d truire Un livre plus dangereux plus encore cach que les autres parce qu il a t crit par le Philosophe dont la red couverte des v rit s infirme le savoir de la chr tient Un livre qui enseigne que les apparences de la v rit ne sont pas celles du s rieux qu elle peut prendre toutes les formes et sortir de toutes les bouches Un livre qui assoit le simple au c t du sage pour que tous les coutent galement qui fustige les censeurs de la libre lecture qui laisse tous ses interpr tations Le V n rable Inceptor n tant pas sympathique au disciple du Docteur Ang lique Guillaume d couvre la solution de l nigme mais au moyen d une interpr tation fausse la succession des morts selon l ordonnance de l Apocalypse n est qu une co ncidence laquelle seule la pr sence obs dante du terrible texte de Jean donnait sens Le Pendule de Foucault poursuit la mise en sc ne de la libre lecture ludique Mais cette fois une interpr tation fausse n am ne pas seulement une solution vraie elle participe la cr ation de la r alit Agone 5 et 6 4 Trois intellectuels se prennent au jeu d une r criture de l histoire du monde par un brassage sans discernement de diverses traditions sot riques Causabon le narrateur est un jeune m di viste Belbo plus g un in
203. l esth tique parodique de Borges accompagner la morale de l usurpation interpr tative Une autre nouvelle publi e sous le pseudonyme de H Bustos Domecq met en sc ne le face face d un tudiant et de l crivain argentin dont il a fait le sujet de sa th se l Universit de New York Nous d couvrons que des quiproquos successifs ont permis une interpr tation perverse de l oeuvre du gros crivain satisfait un militant nationaliste et antis mite s est vu trait en a de des colonies d immigrants et chantre youpinophile Malgr la r v lation la th se sera publi e quelques temps plus tard sous le titre Ruyz le chantre des colonies d immigrants ce qui satisfait tout le monde l auteur qui pr f re tre lu de travers que plus du tout et l tudiant pour qui l oeuvre n est qu un vil d tritus seule comptant l image projet e par l auteur 3 Les paradoxes esth tiques sont loin ne restent que les d sordres avantageux de pratiques peu scrupuleuses Si Borges a imagin deux oeuvres diff rentes partir de deux textes identiques leur auteur pr s s il a parodi l appropriation in scribendo du texte par le lecteur l criture comme r criture ou abandon d lib r du sens la lecture il a aussi montr la distance qu une lecture sans scrupules peut tablir entre une oeuvre et sa Agone 5 et 6 3 signification Eco a souvent cit Borges qu il a repr sent comme on r gle un
204. la profession d arch ologue l histoire avec en particulier l histoire de l art plus rarement l anthropologie L tudiant la recherche d un titre pour pratiquer ses fouilles voit donc d abord d filer toute une s rie d oeuvres bien document es ayant fait l objet de multiples commentaires parfois du vivant de leur auteur on lui montre de belles synth ses sur la culture mat rielle de l occident m di val ou sur l amour courtois Il apprend que les mythes ne sont pas formul s n importe o et n importe comment que l arch ologie sera utile pour combler toutes les lacunes des archives ou des enqu tes ethnographiques Avec un tel traitement on comprendra que le sp cialiste des traces visera au mieux prolonger les m mes questions que celles de ses coll gues mieux document s au pire reprendre les grandes cat gories du savoir anthropologique ou historique Notre d favoris des sciences sociales se rattrapera en proposant des solutions dans le style historique sociologique ou ethnologique par un geste qui n est pas sans rappeler ce que l on appellerait ailleurs de l arrivisme entendu comme l art de rev tir les caract res d un groupe dominant en renon ant poursuivre au del de sa situation initiale Le b n fice symbolique doit tre la mesure de l in galit de d part on proposera un sc nario permettant de rendre compte de la configuration des traces sans se soucier de la s lection arbitraire d hypoth ses embo
205. le commentaire des tudiants avec toute l h t rodoxie que permet l anonymat il y a de tout dans ces commentaires de la paraphrase de la discussion politique ou id ologique du r cit des aveux des digressions de toutes sortes on est loin ajoute Molino du travail critique l ch appris et bien calibr qui correspond aux normes du discours critique officiel 42 Les jugements relev s par Richards portent aussi bien sur un contenu d id e sur le style ou le ton du po me ou encore la mani re dont il provoque ou ne provoque pas le sentiment certains tiennent du clich d autres par leur na vet ou leur violence t moignent d une r action authentique d autres encore affichent le point de vue doctrinal politique ou religieux qui les motive Pour que l enqu te prenne tout le sens que lui conf re la question de la r ception il resterait d gager du corpus r uni par Richards une typologie des jugements et des registres de r ception des po mes et tudier ensuite comment cette typologie r ussit d couper la population des lecteurs en groupes suivant la proximit que l appareil critique de chacun entretient avec les donn es de la typologie L encore la sociologie d en tirer toutes les cons quences m thodologiques 43 C Noms propres et descriptions L exp rience de Richards montre comme en n gatif l importance du nom de l oeuvre dans la r ception qui en est faite Les m sinterpr tations
206. le en France op cit page 588 note 8 Le choix des saints patrons se faisait parfois sur la base de calembours plus os s encore Saint Barth l my qui fut corch vivant tait le patron des tanneurs et saint Jean qui fut plong dans l huile bouillante celui des fabriquants de chandelles Un jeu de mots avait fait de sainte Claire la patronne des verriers Aucun trait de la vie du diacre saint Vincent ne le rendait propre devenir le patron des vignerons on le choisit cause de la premi re syllabe de son nom ibid page 534 50 Une consigne pr cisait au lecteur qu il ne devait r pondre cette question que lorsqu un au moins de ces deux noms lui venait sans trop de difficult l esprit Agone 5 et 6 19 Agone 5 et 6 Quelque part c t du texte Sur l interpr tation arch ologique Boissinot Philippe Quelque part c t du texte Sur l interpr tation arch ologique La seule valeur mes yeux est que je n dicte pas de lois mais suis un exp rimentateur exp rimenter est la seule chose qui m enthousiasme Je ne m int resse pas aux oeuvres d art vous savez la post rit la renomm e seulement au plaisir de l exp rimentation elle m me c est le seul domaine o je me sente vraiment honn te et sinc re Orson Welles L attention aux textes ne contient pas elle seule tout ce que l on entend dans le terme d interpr tation Il existe c t des livres mais pas en de
207. lement Robert Klein La forme et l intelligible Gallimard 1970 pages 154 155 36 Cit par Anthony Blunt Artistic Theory in Italy1450 1600 Oxford 2 1956 et en francais La th orie des arts en Italie de 1450 1600 Paris Gallimard s d pages 230 231 Sur ce point voir galement Erwin Panofsky Idea op cit pages 98 99 et notes 179 180 et 182 37 Alexandre Koyr op cit page 275 Agone 5 et 6 14 Agone 5 et 6 Nietzsche et Dosto evski Commentaires autour d une communaut de pens e Luzi Jacques Nietzsche et Dosto evski Commentaires autour d une communaut de pens e Le Christ s est tromp dites vous c est prouv Eh bien j ai le sentiment br lant qui dit je resterai plut t avec l erreur avec le Christ qu avec vous Dosto evski 1 Le Dieu sur la croix est une mal diction de la vie une invitation s en affranchir Dionysos cartel est une promesse de vie ternellement elle rena tra et reviendra du fond de l an antissement Nietzsche 2 Pr ambule Fils du si cle de l incroyance et du doute Nietzsche et Dosto evski ont produit malgr leurs sant s chancelantes deux oeuvres monumentales et labyrinthiques Quiconque s y introduit une fois ne peut r sister la tentation de s y replonger attir par le feu qui les porte comme un papillon vers la lumi re Et chaque travers e nouvelle l issue se modifie l ouverture s agrandit les entrelacs anciens s estompen
208. lent et contr le que ses mains militaires ne touchent pas ses jambes il restera veill sans savoir qu il existe comme la foule qui parvient ne pas s entraver illimit e de buts Muet il constate la douleur des circulations se dit qu il peut s extraire voyager Iz entrera par la porte d un monument o s alignent d autres mouvements ceux l marqu s d un sens sous les lumi res artificielles et les espaces ferm s de murs blouissants Un vrai voleur Aa qui a re u les dons de la vue tire son ombre nocturne au dessous du niveau des fen tres et men de silence dirige ses pas vers la porte o tout le monde passe sans souci de discr tion dans la serrure seule ouverture de l obstruction il introduit le passe entre avec la nuit et le rayon d une lampe de poche pr par e remplacer la lueur de la lune dans ses plus bas quartiers le tapis raba sse les bruits favorise la progression illicite puis les escaliers qui ne grincent pas le hissent d autres portes celles l Agone 5 et 6 simplement closes de loquets Cc propri taire entre chez lui la cl privil gi e ouvre le mur la lumi re brutale d couvre le hall les souliers crissent le cuir les escaliers qu il bat les portes dont il en ouvre une et referme en claquant l int rieur un lit entre les draps Aa intrus Aa ne sortira pas par ses propres moyens de la prison Dans la chambre Cc la pens e construite de nuits blanches entre les
209. les choses lorsqu il est apparu derri re nous v tu d une robe de chambre et aux anges de nous voir Il nous a serr les mains cartant de chacun tour de r le la surprise et la stup faction On lui a expliqu que peut tre sa femme le croyait mort la suite de l annonce ambigu parue dans le journal Ce qui ne semblait pas le d ranger On est tous sortis dans la rue en riant Il a propos de nous accompagner de venir avec nous de faire partie de notre groupe On a vot l unanimit pour C tait un matin ensoleill de janvier Notre dernier jour de vacances prenait fin et demain nous allions nous pr senter de nouveau avec un de plus aux usines Jupiter et reprendre possession de notre outillage comme chaque matin 7 heures Chaque matin 7 heures Chaque matin 7 heures QUI SE TAIT ET POURQUOI Traduit du roumain par Cornel Alecse amp Thierry Discepolo revu par l auteur Notes Agone 5 et 6 18 1 Cette nouvelle fait partie d un recueil intitul L Effet d cho contr l publi par Cartea Romaneasca Bucarest en 1981 Nous publions ici des extraits Les passages manquants sont indiqu s par une ligne discontinue Tous les protagonistes sont d j intervenus dans les textes ant rieurs du volume dont elle constitue une sorte de parabole et de conclusion ndlr 2 L adresse Potecuta dintre Vii litt ralement Le Sentier entre les Vignes joue sur le sens de Vii qui signifie
210. let des probl mes soulev s par les attitudes esth tiques de Galil e p re et fils Galileo on l a dit tait r solument oppos au mani risme et il le montre particuli rement bien dans ses Considerazioni al Tasso Bien qu il s agisse d un essai sur l art po tique et non pictural les r f rences la peinture y sont si nombreuses que l ouvrage d passe le cadre de son objet initial pour devenir un v ritable manifeste esth tique Comme nous l explique Panofsky Galil e compare les po mes all goriques comme La J rusalem d livr e du Tasse aux tableaux la perspective trange que l on appelle anamorphoses qui pour employer les mots de Galil e montrent une figure humaine quand elle est vue lat ralement et depuis un point tr s pr cis et qui lorsqu on l observe de face comme on le fait spontan ment ne d voilent rien d autre qu un magma de lignes et de couleurs dont on peut faire ressortir si l on fait un effort s rieux quelques ressemblances avec des rivi res des plages des nuages et d tranges formes chim riques De la m me mani re pensait il la po sie all gorique moins qu elle ne r ussisse en vitant m me les plus l g res traces de contraintes oblige la narration normale originellement pleinement visible et per ue directement s adapter elle m me une signification all gorique per ue obliquement et implicitement comprise et donc faisant obstacle d une mani
211. lle recherche un tel travail de d finition restent exceptionnels Plus couramment chacun s en tient sa d finition Les causes de cette paresse sont multiples pas toujours videntes La pauvret de la pens e le manque de finesse de l analyse la volont de maintenir co te que co te une ligne id ologique la d fiance la malveillance l inconscient en sont les plus courantes Du c t juif la tendance est souvent une d finition large Ici aussi les causes sont diverses plus ou moins bien connues exp riences personnelles cadre de pens e diff rent meilleure connaissance du dossier parfois coutons Pierre Vidal Naquet Quand je travaille sur l Histoire juive du premier si cle il se peut que ma sensibilit juive me fasse trouver des choses qui ne viendraient pas l esprit de tout le monde 4 Il est non moins vrai que du c t non juif la sensibilit de Pierre Vidal Naquet est souvent interpr t e comme pathologique D accord pour d battre du contenu donner cette fameuse sensibilit juive pierre d achoppement de nombreuses discussions Cependant j aurais du mal suivre ceux qui la traduisent all grement par parano a Surtout quand l extension de cette pathologie l ensemble de la da ne semble en rien poser de probl me aux diagnostiqueurs sentencieux Je connais la th rapeutique que me propose le n o nazi J aimerais mieux cerner celle que me proposent mes amis de gauche Pour l heure l
212. llimard 1985 1972 chapitre 3 Tableaux et cat gories pages 167 233 37 Il s agit de pur ais orn sans ornement vari prompt enjou pieux gracieux difficile excellent imitateur de la nature sens du relief bonne composition habile en mati re de perspective et de couleur et grand ma tre du dessin 38 L OEil du Quattrocento op cit page 228 39 Erwin Panofsky Idea Gallimard 1983 1925 pages 63 89 On se gardera de porter un jugement trop rapide sur l oeuvre iconographique et iconologique de Panofsky qui t moigne d une logique de la recherche vitant au mieux les topos de l h g lianisme que son histoire de l art affectionne Agone 5 et 6 17 40 On trouvera une pr sentation et un commentaire de l exp rience de Richards dans L exp rience d I A Richards de la critique nue au mode d existence de l oeuvre litt raire Jean Molino in Po tique 59 1984 pages 347 367 Les remarques que nous faisons ici doivent tout cet article 41 Cette exp rience fut expos e par Richards lui m me dans une tude qu il consacra au jugement litt raire Practical criticism I A Richards Routledge amp Kegan Paul 1929 42 L exp rience d I A Richards de la critique nue au mode d existence de l oeuvre litt raire op cit page 353 43 Sur ce sujet voir Jean Claude Passeron L oeil et ses ma tres fable sur les plaisirs et les savoirs de la peinture in Les jolis paysans pein
213. m et que personne n est chez toi tu t imagines que quelqu un te poursuit C est pourquoi donc tu entendais des pas sur l herbe humide derri re toi Mais il n y avait que tes pas refus s par l herbe repouss s Au moment o tu la foulais tu tais son oppresseur le ma tre celui qui poss de celui qui par le simple fait qu il marche r p te l horrible syntagme le mien le mien le mien le mien le mien le mien le mien le mien le mien au rythme des pas que tu as entendus un instant derri re toi vibrant comme les tuyaux d un orgue vert 10 Donc assieds toi sur le seuil et allume toi une cigarette Mais avant a r p te en toi 38 fois Ce seuil ne m appartient pas et la cigarette non plus IL N EXISTE qu une fum e qui se prom ne en moi assis dans la position du Penseur 11 au mus e Ensuite je suis rentr saoul chez moi et je l ai trouv endormi Il s est r veill d s qu il a entendu mes pas et il s est lev sur ses deux jambes qui lui appartenaient Imm diatement apr s on a entendu le soupir de soulagement du seuil sur lequel j tais assis et l clat r volt d une cigarette qui jusqu alors avait pleur dans l herbe levant vers le ciel un petit nuage mais qu est ce que je raconte une trace imperceptible de fum e Apr s a elle s est teinte La fum e persistait Elle n avait appartenu personne elle se d ployait en s levant dans le ciel Il s est demand donc o est ma femme et qui va m aide
214. maginaire d opposition Restitu s par un souvenir de l poque les miliciens deviennent ces jeunes gars costauds et rougeauds qui ont laiss les villages l abandon pour se faire planter en uniforme rutilant tous les dix m tres dans les rues de Bucarest regardant maintenant la population comme un troupeau de moutons ch tifs 2 Tout Bucarest a ri de ces miliciens qui poursuivirent un chien blanc affol une casserole accroch e la queue Ceaucescu crit en rouge sur les flancs une image issue des plateaux de Mack Sennett Une petite histoire de la fin des ann es 1960 allait consacrer l hypostase caricaturale du sous officier milicien La reconstitution de Horia Patrascu a eu un succ s d estime gr ce au film de Lucian Pintilie 1969 qui inaugura la s rie des films censur s Dans une petite localit cras e sous une chaleur faulknerienne un jeune homme se noie dans une piscine Son ami est tout de suite soup onn Ils avaient pass la journ e ensemble et s taient disput s avant le drame Les miliciens commencent l enqu te Trafics de dames jeannes et grillades de volailles r quisitionn es Lors de la reconstitution le suspect est forc de suivre pas pas les tapes de l accident jusqu l issue fatale son tour il se noie Mircea Nedelciu construit minutieusement sa Claustrophobie selon une logique trang re tout milicien sa pens e r ductionniste Une construction qui peut aussi d r
215. me un mauvais r ve il durait malgr moi dans mes nuits il attendait l se faisait petit et me laissait croire que tout cela n avait pas eu lieu ou tout au moins que si quelque chose avait commenc tout le n cessaire avait t fait pour le juguler pages 149 150 Si je m interroge sur les raisons de ce comportement et sur ce que furent mes sentiments l poque o je d cidai de couper tout commerce avec des crivains vivants je crois pouvoir affirmer qu aucune forme de culpabilit ou d inqui tude concernant ces morts dont j tais persuad qu elles taient li es mes passions litt raires ne fut ressentie Trop jeune alors pour m tre trouv souvent confront cette exp rience si singuli re que constitue la mort d un proche elle restait un v nement tr s abstrait dont je ne vivais que les codes convenus Ceci n a d ailleurs gu re chang malgr la fr quence croissante de l v nement Ces disparitions ne m taient pas grand chose au plus se signalaient elles par la sensation d une sorte de vide comparable ce que l on ressent quand on trouve la place d une maison o l on voulait se rendre le lieu vide de sa destruction r cente Rien de plus Les crivains que nous traitons en idol tres que nous m lons tous nos choix que nous invoquons en amont de toutes nos sensations n ont pas chapp la r gle ma r gle Ces trois morts n ajoutaient que le cachet de leur tranget sans appel l
216. miler les moeurs et cultes des nations conquises Ce type d attitude n est pas vraiment universel et le plus souvent l ordre ancien est officiellement dissout par l ordre nouveau avec d autant plus de fr n sie que le premier a rendu possible l mergence du second Le calcul infinit simal de Leibniz en est un exemple remarquable Ne lit on pas dans les l ments d histoire de Bourbaki ce collectif de math maticiens fran ais qui s efforce depuis 1939 dans l esprit de la m thode initi e par Hilbert de r diger une pr sentation aussi formelle que possible de la math matique t che noble utile et d sesp r e comme toutes les entreprises de normalisation radicale cette affirmation admirable de na f triomphe mais le moment n tait d j plus verser le vin nouveau dans de vieilles outres Dans tout cela nous le savons aujourd hui c est la notion de limite qui s laborait et si l on peut extraire de Pascal Newton d autres encore des nonc s qui semblent bien proches de nos d finitions modernes il n est que de les replacer dans leur contexte pour apercevoir les obstacles invincibles qui s opposaient un expos rigoureux Soyons donc tol rants et consid rons l ensemble N des entiers de la math matique formelle chaque entier finitaire I IH IH IM IMI MHI ML etc continuez aussi longtemps que vous voulez et pouvez associons l l ment de N obtenu en ajoutant 1 pour chaque b tonnet Ainsi
217. mme aussi bien faite m me si elle se dandine avec ostentation devant lui et lui jette des regards au dessus de l paule ou simplement il est trop fatigu il a sommeil et dort debout La derni re variante s av re tre la bonne Apr s qu on l aie arr t Le Limier l a gifl pour le r veiller Moi et G V on le tenait pour qu il ne tombe pas du lit Le Peintre arrivait avec la voiture tr pidante Great Bibi lui avait enlev le pot d chappement en se disant que comme a on va se sentir plus libre et Nora loana Maria lui essuyait le nez avec du papier journal Dans la premi re seconde le Client fut tent de croire qu il s tait nouveau saoul mais apr s un moment d analyse il s est souvenu qu il n avait rien bu depuis une semaine l argent lui manquait et il n avait pas non plus d ami g n reux tout juste j avais pay la traite pour le frigo camarade commandant les deux derni res ensemble donc j avais pas d argent pour boire J tais fatigu et je pensais ma femme elle est de plus en plus hyst rique je n ai pas la moindre id e de ce qu il lui arrive ces derniers temps Je ne dormais pas du tout comme ils disaient les jours suivants quand j tais l et j tais pas non plus ivre Ce qui a d ailleurs t prouv par le test auquel nous allions soumettre le Client vingt minutes Agone 5 et 6 3 plus tard dans la grande maison vieille et sombre de la rue Le Sentier entre les Immortelles num ro quatre et
218. n de tous les arri res mondes il les interpr te et les value en fonction m me de cette s paration Elle est l ultime mesure ce par quoi la fable se d voile comme fable Elle marque du m me coup l ouverture vers une nouvelle exp rience de l tre parvenue aux fronti res poreuses de cet espace o toute v rit et tout mensonge sont dissous o toute prise se d robe cette libert conquise pour le n ant se transforme en amor fati l assentiment enthousiaste l enfantement ludique du monde par lui m me Et savez vous ce qu est le monde pour moi Voulez vous que je vous le montre dans mon miroir Ce monde un monstre de force sans commencement ni fin une somme fixe de force dure comme l airain qui n augmente ni ne diminue qui ne s use pas mais se transforme une mer de forces en temp tes et en flux perp tuels ternellement en train de changer ternellement en train de refluer avec de gigantesques ann es en retour r gulier un flux et un reflux de ses formes 11 Entre Volont de Puissance et Retour ternel masse de force et cycle le monde n est pas appr hend en tant qu tre l hors de nous mais comme un flux intarissable inalt rable chaos aux changeantes parures Agone 5 et 6 4 Masse de force c est dire fond amorphe d o proviennent toute chose et o elles apparaissent ventre volcanique o les tants diff renci s et finis pris dans l exub rance guerri re de cette fragm
219. n fin de compte dans cette chaise l on tait assez bien assis et le fait de ne pas avoir le droit de parler et seulement d entendre et de voir me para t tre une bonne chose ind pendamment de ce tu entends et tu vois d autant plus qu au long des douze jours je n ai vu et entendu que des beaut s tranges parfois effrayantes Je suis un amoureux de la r alit camarade commandant et je me permets de croire que vous comprenez en quoi consiste ce plaisir Mais mon probl me a serait plut t autre chose je me le suis tout le temps pos l bas et surtout apr s pourquoi ils ne publiaient pas leurs oeuvres camarade commandant On devrait les identifier pour cette raison Il y a un tas de choses de valeur qui se perdent l qui restent inconnues et a m nerve Est ce que vous vous rappelez dans quelle rue se trouve la maison Non Est ce que pourtant Vous pourriez nous accompagner jusque l Non Vos agresseurs avaient l air de paysans ou de citadins Ni l un ni l autre Il avait t lev dans la mis re et la terreur Son p re tait en prison pour meurtre Sa m re Antoaneta nom de reine s tait suicid e juste apr s le verdict du proc s de son mari en montant sur le pyl ne d une ligne haute tension et mettant la main sur les fils a lui avait paru probablement une mort facile foudroyante Quelques paysans qui binaient le ma s l avaient vue volant dans les
220. n importe quoi un auteur raille sans tendresse les femmes crivains qui par peur de rater leurs amis d enfance et leurs amours de jeunesse retrouvent leur nom de jeune fille pour le coller celui de leur mari au dessus du titre de la bafouille en bas droite du barbouillis En ces poques sans troubles les vaguelettes dont les chos gonfl s par les porte voix aveugles de nos organes de communication qui d ferlent sur nos mornes c tes n inqui tent que les moutons des pr s sal s en ces poques sans troubles donc puisque nous sommes d accord le pseudonyme lui m me n est plus une garantie des l mentaires exigences d un projet sans fard d une urgence authentique Au cours de divers articles et sans doute dans d autres textes il ne serait pas inutile de v rifier un autre crivain qui a sur le premier l avantage de la taille de la jeunesse et de l aust rit et le d savantage du tour de taille de l ge et de la truculence s est pr cis ment expliqu sur la diff rence de nature entre le besoin d une gloire ternelle et celui des applaudissements Apr s m re r flexion contre sa conclusion et tous ses arguments pourtant fort habilement utilis s il n a pas t possible de diff rencier ces deux besoins sans recourir une mauvaise foi un parti pris et une hypocrisie sans pareils Agone 5 et 6 1 On pourra reconna tre le na f ou le complice son tonnement devant l int r t que le marchand de barbouill
221. nna tre et de transmettre certains signaux transitant entre les neurones Pourquoi s int resser ce g ne Parce qu il a t montr que la mol cule cod e par ce g ne peut tre affect e par l alcool dans une structure particuli re noyaux accumbens 3 Blum et collaborateurs ont pu effectivement d montrer que ce g ne existait sous au moins deux formes les formes A1 et A2 Toutefois il faut savoir que chez l homme la plupart des g nes isol s ce jour ont une structure en mosa que compos e de r gions codantes les exons qui poss dent l information et de r gions non codantes les introns sans information Ces structures exc dentaires les introns limin es juste avant le d codage en prot ines repr sentent en moyenne 90 de la totalit du g ne Ainsi deux all les d un m me g ne peuvent tre diff rents et cependant coder pour la m me prot ine 1l suffit que leurs parties diff rentes soient des exons Il aurait donc fallut une tude plus approfondie pour en d duire que les deux all les du g ne tudi codent pour deux mol cules En effet d un point de vue fonctionnel seul importe que deux mol cules diff rentes aient t synth tis es Les auteurs pr tendent montrer ensuite que la pr sence d un des deux all les est li e l alcoolisme ce qui serait encore tr s int ressant malgr la restriction tablie plus haut En effet si les deux all les codent pour la m me mol cule ce qu
222. nnages on trouve chez l un comme chez l autre une constance voire m me une monotonie des probl mes qui les talonnent et les agitent la mort de Dieu la psychologie l ath isme entre autres Connaissez vous Dosto evski Stendhal except personne ne m a procur cette joie et cette surprise Voil un psychologue avec qui je m entends 4 Je lui ai vou une trange reconnaissance bien qu il aille l encontre de mes instincts les plus profonds 5 Bataille dit de Nietzsche Le d sir d une communaut l agitait sans fin 6 N y a t il pas dans les deux citations qui pr c dent distantes de moins de deux ans tout le chemin qui s pare l enthousiasme pr cipit de la d couverte la joie de l espoir assouvi d avoir enfin trouver l me soeur d j une communaut et le calme froid de la mac ration la d ception un peu triste du recul qui font tomber tous les masques L hypoth se d une influence majeure de Dosto evski sur le philosophe tant cart e 7 reste la voie d une convergence de pens e 8 la perche est tendue pourquoi ne pas l attraper Mais quel sens y a t il extraire telle tirade de l crivain russe tel passage d un aphorisme de Nietzsche et s exclamer devant la frappante similitude voil deux esprits jumeaux Si mon sosie existe il a mes traits mon timbre de voix Mais est il moi videmment non ses traits expriment d autres sensations sa voix dit d autres mots qui sont de
223. not e Agone 5 et 6 4 Plus curieuse est mon sens la dichotomie entre Juifs partisans de la dissociation et les goyim favorables la r union On retrouve l toute la probl matique politicienne qui s est install e dans l histoire politique r cente de notre pays lors de la scission MRPA LICRA AGONE a eu le m rite de poser le probl me que le d bat ait lieu Dans les colonnes de la revue ou son initiative pourquoi pas 3 Le d bat ne conduira peut tre pas une harmonisation consensuelle des positions des uns et des autres Il aidera l limination d un certain nombre d id es re ues souvent anciennes pour ne pas dire archa ques de slogans l emporte pi ce parfois tout simplement faux de formules lapidaires simplificatrices d quivoques d ambigu t de non dits Le d bat nous enrichira histoire sociologie culture tout sera pr texte briser les mod les souvent brutaux qui sont les n tres Nous avons beaucoup apprendre sur les antagonismes privil gi s des extr mes droites avec les Juifs Nous apprendrons aussi beaucoup sur la pens e de gauche dans ses rapports avec le monde juif De Fourier Marx de Voltaire Mao de la Vieille Taupe la Fraction Arm e Rouge de l Allemagne des ann es 70 coutons parler nos amis de gauche lisons les s rieusement appr cions la lumi re des id es du jour leur fa on de poser les probl mes parfois de les r soudre No
224. ns le jeu infini les r gles et les limites peuvent varier en cours de jeu de mani re continuer la partie L existence d un individu appara t r trospectivement comme un jeu infini condition de mettre entre parenth ses la repr sentation s rieuse qu il s en donne g n ralement M me si on pense que sa vie sur terre consiste jouer sa place dans quelque paradis ou panth on et ou remporter une s rie de jeux finis r ussir ses examens se marier et se reproduire accumuler les titres et faire carri re tout se passe comme si l encha nement des faits dans leur fluidit incontournable et au gr des accidents ob issait un vaste jeu infini Il en est de m me l chelle de l histoire de l humanit quoiqu en disent les religions du salut ou du progr s Les v ritables joueurs de l infini par contre ont pleinement conscience de ces propri t s de la vie humaine et ne se racontent pas d histoires ils meurent au cours du jeu apr s avoir beaucoup chang Nietzsche Wittgenstein Musil ou Foucault tels que je les imagine sans tomber je l esp re dans une vision b nisseuse seraient quelques uns de ces joueurs engag s dans un combat avec le d mon pour reprendre l expression de Zweig Reste un point essentiel pour les deux types de jeu qui joue joue librement Qui doit jouer ne peut jouer 11 Il est vident que les joueurs du fini doivent dans le s rieux de la comp tition oublier cette libert afin d achever
225. ns le n ant on a enlev la vie son centre de gravit 14 Dieu fiction et triomphe de la volont de n ant lev e de l ombre nihiliste Le nihilisme est d abord une n gation une d valorisation de la vie au nom de valeurs pr tendument sup rieures Qui met Dieu mort Le plus hideux des hommes gargouillant de fiel et plein de honte cach e 15 pour qui la vie mutil e se suffit elle m me pour qui Dieu devient un t moin inutile et d rangeant une vie qui brise sa volont et met l Homme la place de Dieu mais comme un mollusque incrust dans les cavit s d un fossile Seule s vanouit sa croyance en Dieu tandis que la pesanteur asphyxiante de Dieu s ent te se r pandre ombre fardeau pos e sur deux mill naires de servitude et qui marque de son empreinte ind l bile la sanctification du nihilisme Dieu n est qu illusion la vie n est qu illusion tout est vain S ouvre ainsi le temps du d sert du n ant de volont le temps du dernier des hommes faible et inerte sourd la question du sens de son existence n aspirant qu un bonheur m diocre et aigre doux On aura son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit mais on r v rera la sant 16 R gne du nihilisme passif r gne transitoire s teignant de lui m me aux confins de son devenir maladif dans ces lu est le corps de ma musique je ne sais pas si desimbes poussi reuses o l homme las m me de ne plus v
226. ntaire Un migr polonais de Buenos Aires a d crit sans courtoisie le vieil aveugle parcourant le monde au bras de sa m re et en qu te d un prix Nobel qu il a vu d cerner son prodigue concurrent Mais le succ s de Borges est ailleurs Chaque jour de nouveaux textes sont qualifi s de borg siens Borges n a cess d alimenter la confusion entre lecteur et auteur parce qu elle participe de sa m taphysique pr cieuse conception d un nombre infini des sens possibles d un livre Pr cisions cruciales que Borges oublie pour continuer jouer un tel livre est un livre digne d tre relu les autres livres n int ressent pas Borges qui pratique sans exclusion le dogmatisme esth tique et le subjectivisme radical Les th mes de la r incarnation dans un ternel retour du labyrinthe et du miroir sont d autres jeux sur l infini les th mes du d terminisme du d j crit et de la biblioth que comme monde constituent des variations sur le mode d un platonisme coranique Ces th mes privil gi s sont souvent l oeuvre ensemble parfois quelques l ments viennent ancrer dans le monde sublunaire les ponts intertextuels qu affectionne Borges Agone 5 et 6 1 Le noeud des vertiges borg siens r side dans les d multiplications celle des images par les miroirs celle des interm diaires possibles entre un effet et sa cause premi re celle des entr es des couloirs et des bifurcations dans un labyrinthe celle de se
227. ntielle de la Volont de Puissance ou pour reprendre une expression de l crivain russe de la vie vivante l ment g n alogique de la force qui s impatiente derri re et dans toutes les formes Les deux pens es semblent donc se rejoindre d s lors qu elles produisent l une et l autre l image d un monde g n rateur de formes qui en tant que tel n admet pas de v rit en soi impersonnelle absolue immuable et dans lequel plus rien ne reste interpr ter que des interpr tations Comme le signale Michel Foucault le principe de l interpr tation n est pas autre chose que l interpr te et c est peut tre le sens que Nietzsche a donn au mot psychologie 19 N est ce pas aussi en ce sens qu il faut comprendre son enthousiasme pour l univers dosto evskien o aucune des v rit s qui s y exhibe n est s parable de l homme qui en est le porteur et o chacune d elles est l expression d un champ de forces aveugle et souterrain qui l envahit et le submerge Car Nietzsche admire chez Dosto evski sa propre certitude que la conscience ne peut jamais tre conscience de ce qui la porte c est dire chez lui la Volont de Puissance En tant l homme sa place entre Lui et la b te la mort de Dieu ouvre l horizon d ther cette mer en fusion Sous l gide de Dieu l existence inviol e vit dans un syst me de valeurs qui relie fortement et invariablement la plupart des hommes I C est seulement lorsqu l int rieu
228. nuit ils ont surgi chez Hitler Le type fatigu de sa journ e parce qu il se couchait tard le type tu vois ils lui ont dit voil quoi il s occupe Normalement la chose tait compl tement innocente mais cette poque comme tous les trucs choquants taient consid r s euh comme une d viation de la morale du parti tu vois Et apr s a l ex cution suivait non non non arr te un peu voir il a il a fait une crise d hyst rie le type et il a appel la personne en question laquelle uil a dit queuh ceux l s en amusaient tu vois ils s taient amus s d abord ils ont projet Hitler la sc ne sur l cran je sais pas uil il bavait et les autres ils s en amusaient t imagines il leur a dit comme a euh Quelqu un branche un magn to duquel on entend une musique tapageuse Ensuite on l teint il est tout fait vrai que je pratique l onanisme parce que je suis si je vous suis si d vou au parti et la patrie au Reich que je n ai pas le temps de courir apr s les femmes l Op ra de Vienne allusion Ribentropp tu vois rires ou Baabelsberg comme Goering tu vois a tait un endroit o les studios de cin ma c t de Berlin tu vois et alors Hitler l imb cile est all l embrasser sur la bouche tu vois et voil un vrai camarade il s est sacrifi jusqu au bout dit il m meuh Il a tout donn de lui
229. obl me de la fondation de Rome 8 ou bien entre ce qui a t fait et qui n a pu tre re dit La Protohistoire p riode tampon entre l Histoire et la Pr histoire sera dans cette perspective le moment o nous sommes inform s des choses des uns les hommes Agone 5 et 6 2 protohistoriques par les mots des autres les hommes historiques 9 En reprenant un concept cher M de Certeau c est aussi le halo diffus autour d un lieu propre Nous allons maintenant traduire et tendre ces orientations ou cat gories dans les termes de J B Carse Il y a somme toute deux sortes de jeux Les uns peuvent tre dits finis les autres infinis Un jeu fini se joue pour gagner un jeu infini pour continuer jouer 10 Voil le d coupage lanc partir de cette dichotomie simple J B Carse examine toutes les configurations possibles soul ve les contradictions propres chaque jeu et rend compte de la plupart des pratiques humaines de la m me mani re que du blanc et du noir ou des pleins et des vides peuvent donner une bonne id e d un objet C est ainsi qu un jeu infini peut comprendre un nombre ind fini de jeux finis et non l inverse Une partie d checs ou de football un examen universitaire sont de bons exemples de jeux finis Les joueurs se mettent d accord sur les r gles qui permettront d arr ter le jeu en d signant un gagnant ou un classement dans des limites de temps et d espace bien pr cises l inverse da
230. obre de cette m me ann e Vienne avec le concours du pianiste Peter Stadlen La d dicace en revanche fut adress e Eduard Steuermann autre pianiste familier de la musique dod caphonique 6 Un texte introductif de Peter Stadlen intitul Les id es de Webern sur le travail d interpr tation accompagne l dition anot e nous en reproduisons ici quelques extraits Il est possible que la pr sence relativement riche de marques d expressions au milieu du Premier Mouvement sugg re tout au moins un style d improvisation m me si elles ne suffisent en aucune fa on voquer les contrastes motionnels tr s forts ainsi que les changements abrupts de tempo et de figures que Webern avait en t te ici Pour me donner une id e de cela Webern a fait une fois le lien entre le caract re de ce passage et celui d un intermezzo de Brahms Mais dans les premi res et troisi mes sections de ce Mouvement les palindromes avec leur structure apparemment autarcique ont souvent conduit une r alisation neutre et donc fallacieuse Les indications m tronomiques de Webern n ont jamais t d battues elles me semblent consid rablement plus rapides que les tempi qu il d sirait traduit par nos soins 7 Claude Helffer et Catherine Michaud Pradeilles Le piano Que sais je PUF 1985 8 Olivier Messiaen n en 1908 Cant yodj ya fut compos Tanglewood USA en t 1949 la premi re audition en fut donn e par
231. obtenons une th orie plus riche dans laquelle on distingue des entiers infiniment grands synonyme de non limit et d autres comme chaque na f surtout ne pas dire tout na f qui sont limit s Ceci est une premi re tentative pour interpr ter formellement l id e de grandeur absolue Pour qu elle soit r ussie il faut s assurer par une preuve finitaire que Z F n est pas plus contradictoire que Z F et aussi qu elle ne trahit pas la math matique ant rieure en ce sens qu un nonc interne au langage de Z F c est dire o l adjectif limit n intervient pas qui serait un th or me dans Z F le serait d j dans Z F On dit dans ce cas que la nouvelle th orie est une extension conservative de l ancienne Cela assure d ailleurs la consistance relative de l une par rapport l autre si Z F est contradictoire alors 0 1 est un th or me de Z F donc de Z F car sa formulation est interne Et alors Z F est contradictoire Or la preuve finitaire de conservativit est imm diate si une formule interne A est un th or me de Z F sa d monstration n utilise qu un nombre intuitivement fini d axiomes du sch ma n est limit o n est un entier na f Soit p le plus grand n qui intervient Alors en rempla ant dans la d monstration le qualificatif Agone 5 et 6 7 limit par lt p 1 on obtient une d monstration de comme th or me de Z F Ainsi les math matiques fond es sur Z F
232. oin sur la sc ne tait repenser On a essay Je ne sais pas si cela a donn quelque chose On a fait des concerts plus d contract s avec des s ances d explications il y a certains concerts o l on parle avec le public On joue une oeuvre puis on l explique et les gens posent des questions On la rejoue et peut tre l entendent ils diff remment Pourtant l interpr tation me semble ind pendante de la vie priv e de l interpr te Il en va de m me pour un compositeur qui peut faire une musique sublime tout en tant un parfait salaud AGONE Pour Jean Barraqu si on est un v ritable cr ateur on ne peut pas tre un salaud Claude Helffer C est un point de vue essentiellement romantique Paris le 4 Janvier 1992 Propos recueillis par Serge Dentin Notes 1 Propos receuillis par Raymond Lyon Courrier Musical de France 1969 2 Claude Helffer Le texte et la note in Pierre Boulez clats d du Centre Georges Pompidou 1986 3 Pierre Boulez Penser la musique aujourd hui d Deno l Gonthier 1973 page 33 Aller jusqu la chair nue de l motion disait Debussy je dirai aller jusqu la chair nue de l vidence 4 Jean Louis Barrault Cahiers Renaud Barrault 25 bis Agone 5 et 6 8 5 Anton Webern 1883 1945 composa ses Variations pour Piano entre octobre 1935 et septembre 1936 La partition parut en juin 1937 et la premi re audition en fut donn e le 26 oct
233. omiques Son h ros Chiril est myst rieusement attir par une magnifique vigne vierge qui serpente sur la fa ade d une ancienne villa Traducteur dans une nouvelle maison d dition communiste il est le t moin lucide des erreurs de la reconstruction socialiste du pays les orgies des crivains officiels l puration des d viationnistes la Agone 5 et 6 2 terreur du purisme r volutionnaire les magouilles bureaucratiques Lors d un essayage il oublie son journal dans la poche d un manteau Dans les mains grossi res de la securitate celui ci inaugurera une enqu te tablie sur un rapport d incompr hension fondamental Apr s une instruction longue et absurde Chiril se pend dans sa cellule La relation d finitive d incommunicabilit tablie entre la logique de reconstruction collectiviste le mur et le foisonnement des interrogations intellectuelles la vigne devient partir de ce roman un fait de conscience litt raire L adresse o les voyous de Claustrophobie accomplissent leurs forfaits Potecuta dintre Vii litt ralement Le Sentier entre les Vignes joue sur le sens de Vii qui signifie la fois vigne et vivant un lieu de libert qui chappe aux r gles de la quotidiennet totalitaire Paradoxe et r f rence le Client ne voit de sa prison qu une cour int rieure un haut mur carc ral Image pittoresque et profond ment suggestive le milicien populaire a t la marotte de tout i
234. on sens le plus commun celui d une manifestation dont la ou les cause s profonde s reste nt d voiler Pour Le Pen et ses amis r visionnistes ce n est qu un d tail de l Histoire Pour mes amis de gauche toute r f rence la Shoah appara t comme une scandaleuse tentative de r cup ration politique chaque fois qu un Juif essaie de l inscrire dans sa probl matique Question de nuance La r cup ration politique existe nous n emp cherons pas de sit t les pens es tordues ou malveillantes de l utiliser Elle est m prisable et nous devons tout faire pour l viter et pour la d noncer quand elle se manifeste Cela tabli ne jetons pas l enfant avec l eau du bain La Shoah s inscrit dans l histoire juive Elle n est peut tre pas sp cifique cela reste discuter Elle doit tenir sa place dans le d bat R cuser la Shoah de l argumentaire me para t aussi discutable et m prisable que sa r cup ration Ne nous contentons pas d invoquer la folie chez Hitler Tiens encore une pathologie 3 Isra l et le sionisme Quel terrain min champ de tous les d lires Terreau fertile de toutes les d rives ou faillites de la pens e Mar cages o tous peuvent se perdre y compris les plus sens s Agone 5 et 6 7 Qui m expliquera pourquoi dans un r cent dessin humoristique paru dans Le Monde un Shamir sans kippa sculpte une colombe de la paix avec kippa Un exemple entre mille Comment les instances internati
235. onales apr s avoir vot en 1948 pour le partage de la Palestine entre Juifs et Arabes ont elles quelques ann es plus tard t amen es assimiler sionisme et racisme Ce n est pas ici le lieu d en d battre bien que la discussion soit plus n cessaire que jamais L absence de d bat le refus de tout contact me paraissent dans ce domaine signe de faiblesse plut t que de v rit politique Ici aussi les crits plus nombreux qu on ne pense pourront servir de base un dialogue seule fa on d y voir plus clair En guise de conclusion Le conte hassidique qui suit rapport par Martin Buber pourrait servir d incitation au dialogue Un hassid se confiait au Rabbi de Kotzk Rabbi se lamentait il je suis toujours r fl chir creuser approfondir Et qu est ce qui te donne tant penser La question est de savoir si v ritablement il y a un jugement et un juge Qu est ce que cela peut bien te faire Et alors Rabbi s il n y avait ni jugement ni juge alors quoi bon les paroles de la Thora Mais qu est ce que cela peut bien te faire Oh Rabbi Comment parlez vous Que dites vous l Rabbi Qu est ce qui pourrait m importer alors Bon si cela t importe autant que cela dit le Tsadik c est qu alors tu es un v ritable bon Juif Et un v ritable bon Juif peut r fl chir et m diter sans inconv nient rien ne peut lui arriver de mal
236. one 5 et 6 3 Agone 5 et 6 Le Lecteur et autres pi ces Pyrr Jehan Le Lecteur Ee lit un roman qu il vit exactement non seulement le personnage principal est lui m me mais aussi tous les autres y compris ceux impromptus ceux d une ligne leurs mots Il habite la ville peu peu d crite par les rues les places ses habitants remarquables l ambiance qui s y tient son propre appartement son mobilier ses habitudes sont dans les pages il appliquait un papier transparent sur le dernier carreau de la fen tre de sa cuisine celui qui montre uniquement le ciel et parmi les formes des nuages avec un feutre reproduisait les parties bleues puis collait ses reproductions partir du centre sur le plafond de sa chambre non sans avoir au pr alable emprisonn ses paysages dans la graphie noire de la date c est ce que je fais chaque premier jour des mois puis horizontal plafonne dans les diff rences bleues barr es des dates S endormait la lecture des disparit s le premier janvier dix neuf cent quatre vingt cinq le ciel tait enti rement bleu depuis jamais un tel ph nom ne ne s est reproduit jamais Agone 5 et 6 mais parfois autour du papier sur la vitre il y avait pas un nuage mais toujours sur le papier au moins une forme blanche dessinait l infini il se posait la question du positionnement de la feuille sur le carreau mais avait il le droit maintenant de modifier la place la surfa
237. opologie des conduites religieuses En elle m me l image n est rien l usage tout 19 Cette le on de nominalisme qui tient chez les th ologiens catholiques d une v ritable ruse de la raison anticipe les remarques de Fran oise Frontisi Ducroux sur la fa on dont la d signation mi profane mi savante de certains objets arch ologiques comme idoles choue en faire un concept du langage des sources mais r v le par contre les cat gories de perception de l observateur qui les emploie Attentive aux descriptions de certains objets par les arch ologues du milieu du XIXe si cle elle montre que la d nomination d idole repose sur des crit res esth tiques tels que l inach vement le caract re non anthropomorphe de la figuration son aspect primitif trange ou encore nigmatique 20 Pour l glise du XIIIe si cle il n en allait pas autrement puisque les seules idoles qu elle ait jamais clairement d sign es furent celles qu elle fit figurer au porche des cath drales et dans les enluminures de ses psautiers sous l esp ce de d mons velus et de cr atures fantastiques 21 Autant d attributs de pr dicats et de descriptions qui sans relever d une s miologie de l objet d sign forment les traces de l exp rience sensible que l on trouve au principe de toute d signation Aussi incomplet que soient nos d veloppements sur l usage illettr des images au XIIIe si cle leur orientation d ensemble su
238. orte de subjectivit collective qui tait en m me temps narratrice et agent et dans laquelle tu pouvais souvent reconna tre les opinions de la masse de lecteurs Je ne comprends pas ce que vous voulez dire m a t il r pliqu et surtout je ne vois pas comment cela pourrait m aider dans leur identification DU SIXI ME JOUR Agone 5 et 6 10 Le Client a retenu ce qui suit Tu te trouves derri re une porte qui n est pas ferm e quoiqu il serait beaucoup plus dans ton int r t qu elle le soit Il n existe m me pas de possibilit de la fermer cl ou de la bloquer d une fa on ou d une autre De l autre c t ton ennemi mortel plus puissant que toi et plus d cid pousse la porte Toi de ce c t tu essaies d y opposer une r sistance Rien ne te permet de croire qu la fin il ne va pas p n trer et pourtant tu esp res Comme une femme qui se regarde tr s attentivement le visage dans le miroir pour d couvrir de nouvelles rides Ceux qui par filouterie empruntent et simulent des opinions se battent pour elles avec passion et d vouement jusqu ce qu ils atteignent leur cible et se p trifient ensuite dans la position acquise ils peuvent surtout faire leur place dans les premiers moments qui suivent la r volution constituent les zones fragiles du dispositif du socialisme Dumitru Popescu 12 J ai entendu quelque part derri re nous des cris effrayants et des hurlements humains qui traversaient
239. otivations Quant la nouvelle restriction que j imposai mes lectures j expliquai ceux qui le remarqu rent que je m tais lass des d bats avant gardistes sous le pr texte qu il faut une nergie de jeune gens pour fouiller cette production inlassable et par l m me inextricable de textes Je d fendais une sage pr f rence pour ces espaces que le temps et ses vents d oubli ont nettoy s des structures trop fragiles qui ne laissent en place que les blocs hi ratiques uniques rep res de ceux qui hantent ces lieux Dans le choix obligatoire des textes que l on doit r p ter je tenais autant savoir ce que je faisais et pourquoi Je pr f rais ceux des origines ceux qui pour l essentiel ne doivent rien un pr c dent ceux qui servent d alibis aux trahisons inlassablement revisit s traduits d une poque en une autre modernis s Je ne tenais pas la modernit pour un projet il suffisait d j qu elle soit mon pr sent Je fondais les raisons de mes d cisions sur des th ories radicales jusqu la provocation et qui prenaient le contrepied de tout ce qui faisait et fait encore vibrer mes futiles contemporains Si je ne savais pas pour qui j crivais au moins savais je pour qui je ne voulais pas crire Il n est aucune conception de la critique qui ne se base d abord sur une th orie de l interpr tation je voulais tre s r de ce que je comprenais Pour la plupart d entre nous le plus court chemin sur ces t
240. ouloir las m me de cette vie sans go t avec laquelle il s identifie d sirera sa perte j aime ceux qui ne savent vivre qu condition de p rir car en p rissant ils se d passent 17 Entendez j aime ceux qui ayant sombr s jusqu la pesanteur extr me s veillent la l g ret extr me j aime ceux qui en m me temps que Dieu liminent en eux l objection majeure contre l existence qui lui est inh rente Nihilisme extr me actif noeud sensible de la transmutation Dieu est mort sentiment dramatique Le mod le dosto evskien comme matrice sans d finition et ind cidable se situe dans l instant m me de cette fracture sans jamais parvenir s en arracher incapable de re vouloir le pass qui s croule aimant malgr lui vers le futur qui s en va suspendu dans le vide il prolonge l instant et le sonde jusqu l puisement La Mort de Dieu agit en Dosto evski comme un s isme Il a la foi l gare mais la d sire toujours nouveau pris dans une impossible oscillation qui de l abandon total la qu te perdue provoque chaque moment cr atif Agone 5 et 6 6 Tout se d roule comme si son moi s par de sa base unitaire substantielle s tait vanoui pour s ouvrir haletant tous les autres moi devenant ainsi le terrain o se sont heurt es dans un combat sans issue les possibilit s contradictoires d une poque historique bris e Paradoxalement Dosto evski n est dans aucun et po
241. oup s r une petite ville et il se peut que Agone 5 et 6 4 telle ou telle place de cette poque ne nous fasse pas grande impression On ne saurait pourtant tirer de l un argument valable pour mettre en doute ce que les po tes nous disent de l importance de cette exp dition et ce que la tradition a retenu Ainsi supposer que Sparte soit d vast e et que seuls subsistent les sanctuaires et les fondations de ces difices les g n rations qui viendraient dans un lointain futur douteraient fort je pense que sa puissance r elle e t t la hauteur de son prestigieux souvenir N anmoins parce qu il n y a pas d agglom ration centrale parce que les sanctuaires et les monuments sont modestes parce que comme c tait autrefois le cas dans toute la Gr ce les Lac d moniens vivent diss min s en bourgades on pourrait croire que Sparte n tait qu une puissance de second ordre Qu Ath nes en revanche vienne subir le m me sort le spectacle qu offriraient les vestiges de cette ville feraient croire que sa puissance tait double de ce qu elle est en r alit 21 Bien avant que les pioches des fouilleurs n en viennent d brouiller les restes des habitats gaulois de la r gion marseillaise l historien proven al Bouche essayait de nous montrer un r f rent palpable relatif ces indig nes voqu s dans les textes de Polybe et de Strabon r cits vrai dire beaucoup moins explicites que ceux de C sar pour la Gaule int
242. our suivant par d autant plus de lecteurs qui jusqu alors l avaient feuillet sans le remarquer et interdit de vente le surlendemain ce qui me donnait l occasion de vendre au noir quelques exemplaires mis de c t temps C est ainsi que la parodie et la simulation acc daient dans la soci t roumaine aux dimensions cosmiques que seule la litt rature aurait pu d crire Le fait que la majorit des crivains de mon ge aient choisi l ironie l auto ironie la parodie le jeu l exp rimentalisme et la simulation comme moyens d expression litt raire est significatif nous avons senti l air de notre temps Le manque de confiance l gard du sc nario global de la soci t nous a pouss s vers un post modernisme particulier duquel nous resterons prisonniers Dans la p riode post communiste de la Roumanie toutes les institutions d mocratiques du parlementarisme et du pluripartisme jusqu aux manifestations de rue ont t d tourn es vers la parodie et la d rision Dans ces conditions le plaisir d crire d crire devient condamnable pour l ordre moral Provoquer du plaisir lire ne diff re gu re de la manipulation Quel est la bonne raison pour laquelle en crivant nous manipulons les lecteurs Comme dans Le Nom de la rose o Eco se demande si J sus a ri il faudrait se demander si en crivant Soljenitsyne prouve un plaisir quelconque Claustrophobie mon texte crit en 1977 et r crit plusieur
243. ourquoi en Angleterre tu vois apr s la guerre euh on les a tous condamn s un paquet a t ex cut eh ben le mec s est r gal a men une existence de choix en prison a t euh envoy en Allemagne f d rale et apr s a il est rest en prison dans d excellentes conditions c tait un des Quelqu un tousse subitement Les autres s entendent plus difficilement cause de ce bruit Mais il s appelait non pas Speer Speer c tait l architecte il s appelaiaiait Silence prolong On entend seulement un tacatac des doigts destin raviver la m moire Et apr s tout d un coup Et qu est ce tu voulais nous dire sur ce mec Ah ouais euh il a t la main droite d Hitler pendant quelque temps euh Eh mec combien il en avait uil de mains droites euh Goebbels ouais elles sont gales l en a eu plusieurs non Mais uil a t euh tu vois mec il a t le pr d cesseur de Bormann tu vois la chancellerie du parti tu vois donc Grand Agone 5 et 6 14 un type vachement dur il contr lait tous les fonds euh eeet euh Himmler il l a s est associ provisoirement avec Goering et avec Bormann il l a photographi daaans dans les toilettes euh pratiquant l onanisme et m me un film Des rires et ils ont ensuite fil et au milieu de la
244. outer le lecteur savant quand il commence o Grand l crivain bloqu de Camus s arr te Chez Mircea Nedelciu le milicien est le sujet d une profonde incompr hension Un passage de L Amendement l instinct de la propri t le pose en personnage ridicule qui aid de la foule interrompt une mise en sc ne de vol la tire Il est exclu de toute participation un acte de fiction Si Claustrophobie est superficiellement l histoire d un enl vement avec son floril ge de rep res le style proc s verbal d enqu te la logique de fer du camarade commandant etc elle reste essentiellement all gorique La relation d enqu te s inverse le camarade commandant devient un faux confesseur la victime prend conscience de la signification du projet et devient l alli e de ses tortionnaires Deux logiques l oeuvre s opposent ici D un c t celle des relations humaines fig es dans le langage de la possession Les interactions sont r duites des rapports mat riels Au moment o tu foulais l herbe tu tais son oppresseur le ma tre celui qui poss de et les Agone 5 et 6 3 fausses explications sont donn es des actes de celui qui a t enlev retenu soumis diff rents traitements inhumains et qui par cons quent a essay de se suicider De l autre le refus d tre poss d et donc de poss der c est dire de participer au processus de domination symbolique Nous avons l une mise en sc n
245. peuple communaut voire entit ce n est pas ici le lieu le moment d en discuter La litt rature ce propos ne manque d ailleurs pas Carnaval de Pourim six jours pour Isra l festival du film juif tout ceci existe dans le temps et dans l espace tout ceci est v cu dans la joie le militantisme l int r t par un nombre de personnes plus ou moins grand Telle manifestation a fait un bide telle autre a t un fabuleux succ s Parmi les protagonistes beaucoup se disent juifs si cette question saugrenue tait pos e peu se disent non juifs Respectons les professions de foi Qu y a t il de commun entre mon ami Jacques Zaffran distingu rudit initi au Texte et M Maurice Assouline empereur marseillais du jeans page 99 Outre qu il peut arriver Jacques Zaffran de s acheter un jeans imp rial r ponse triviale une question crue il peut arriver Maurice Assouline de s initier au texte T ou t c est selon L initiation peut effectivement tre rudite Elle peut tout aussi bien utiliser d autres canaux la sensibilit Hassidisme la po sie Chir Hachirim la passion Hoveve Sion l humour grand choix Mais il pourrait arriver galement que Maurice Assouline et Jacques Zaffran se rencontrent et se parlent l occasion de l une des manifestations dont il a t question plus haut Ou d autres Carpentras Mais revenons alors la premi re question nonc e Qu est ce qu
246. pour la science que pour l art semblent correspondre parfaitement Au moment m me ou la r volution scientifique voit le jour au d but du XVIIe si cle la musique subit elle aussi de profondes modifications qui alt rent d finitivement la fa on dont elle est compos e jou e chant e et entendue Cette autre r volution prend ses racines la fin du XVIe si cle et elle est rendue possible par la naissance d une nouvelle esth tique musicale dont l un des h rauts les plus virulents n est autre que le p re de Galil e Vincenzo Galilei La musique depuis le Moyen ge faisait partie des sept arts lib raux et tait enseign e l int rieur du quadrivium des sciences du nombre c t de l arithm tique de la g om trie et de l astronomie le trivium des sciences du mot tant quant lui constitu de la grammaire de la rh torique et de la dialectique Or les nouvelles tendances esth tiques qui apparaissent en Italie la fin du XVIe si cle et qui sont exprim es avec force dans le Dialogoessaient de rapprocher la musique de la po sie et visent l loigner de la sph re des sciences Les r gles de composition musicale en vigueur l poque de Vincenzo Galilei et qui avaient t codifi es l poque de la Haute Renaissance entre 1500 et 1520 taient fond es sur les proportionsoquant de m avoir entendu poser la question Vin math matiques des intervalles musicaux Les ph nom nes naturels
247. pr tative ibid page 38 mais retrouve quand il en a besoin la distinction entre les moments de production et de r ception d une oeuvre Lector in fabula Grasset 1985 3 6 On trouvera cette argumentation d velopp e par Erwin Panofski dans L histoire de l art est une discipline humaniste in L OEuvre d art et ses significations Gallimard 1969 et Le Concept de Kunstwollen in La Perspective comme forme symbolique Minuit 1975 7 Cet argument est tir d une remarque d Andr Malraux L Homme pr caire et la litt rature Gallimard 1977 page 271 je dois Jacques Vialle la formulation goodmanienne suivante Si le r le de N ron repr sente l empereur N ron La Symphonie du Nouveau monde ne repr sente pas le continent am ricain dire de l interpr tation du r le de N ron dans la pi ce de Racine Britannicus qu elle est une expression de l empereur N ron est litt ralement vrai tandis que dire de l interpr tation de La Symphonie du Nouveau mondequ elle est une expression du continent am ricain est litt ralement faux mais m taphoriquement vrai Parce que la repr sentation en particulier n est pas un principe indispensable toutes les expressions artistiques les analyser sous les m mes principes constitue une erreur m thodologique Si le r le de N ron vaut en particulier de ce qu il repr sente l empereur N ron i e de ce qu il lui fait r f rence La Symphonie du Nouveau monde ne vaut en
248. protectrices de sa fragilit L motion compl ment de sa mani re le met en rapport des l ments que sa rigueur insense les pollutions institu es r pugnent son aller qu il forcera d un architecture gestuelle d tourn e de sa mise pini re Alors le corps chor graphique il persiste sur la sc ne des fl trissures et des d cr pitudes immacul par les mouvements qu il compose enti rement crit AukRevoir Sa vie si fragile qu il ne pouvait assurer un auRevoir si fragile qu aussit t du bonjour il tait effac tenu d un fragment de pr sence suspendu d un fil coup les regards lucidaient sa fronti re impaysable la vacuit de ses orbites l instant o il est Sa montre a les deux aiguilles r unies sur douze juste au moment z ro du prochain jour qui pour raison de nuit n existe pas Iz ferme les yeux loin de lui sa pens e s chappe peine audible emport e sur l air des respirations s chappent les r ves qu il oublie qui le vident la clart pr c dant les lames de soleil du blanc identique ses paupi res lev es le traverse jusqu au coeur et le plaisir intense d entendre quand il se Agone 5 et 6 l ve le parquet qui grince son poids premier miroir de son efficience Second miroir sur lequel il a trac le contour de son visage il l aborde sa taille exacte s avance perpendiculairement vers lui s inscrit Iz anonyme plonge dans la marche la plus dense de la rue o tous se fr
249. qu il trouve au principe de certains jugements ceux qui par exemple ne rep rant pas une ironie une all gorie ou une litote prennent l crit au pied de la lettre peuvent tre vues comme le r sultat d un manque d indications li l absence de titre C est que contrairement la prose l criture po tique se rapproche de ce que l on observe en peinture lorsque incapable de lire le titre d un tableau on se demande quel en est le sujet Robert Klein rend compte de cette situation dans l exemple qu il traite au chapitre XVI de La Forme et l intelligible Il y a d abord ce fait d exp rience courante qu on ne peut pas toujours tablir une correspondance univoque entre une oeuvre figurative et son sujet Soit un tableau des ann es 1880 qui repr sente par exemple un coin de chambre un homme dans son fauteuil lisant le Journal des d bats une chemin e avec une pendule Louis XV et un vase de fleurs un miroir au mur une partie de fen tre etc Lequel de tous ces objets est le vrai sujet du tableau Leur num ration ne nous le dit pas et on peut en effet imaginer pour cet ensemble des titres aussi diff rents qu tude d int rieur Portrait de M X Le Journal des d bats ou La pendule Louis XV Mais le plus important poursuit il c est que l id e que l on se fait de la signification de l oeuvre est corr lative de l id e que l on se fait du titre tait il une provocation un manifeste une traduction sinc re d
250. que le danger paraissait sans objet Agone 5 et 6 4 L int r t des th ories formelles est que la discussion ne porte que sur la rectitude syntaxique du langage et le choix opportun des axiomes mais non sur la nature des objets math matiques dont on parle Il n y a pas d objets math matiques dans une th orie formelle seulement des lettres et des mots que l on peut interpr ter comme le musicien interpr te une partition c est dire avec sa sensibilit et en respectant les conventions non crites de son art On formalisa donc l arithm tique puis naquit la th orie des ensembles sous l axiomatique de Zermelo Fraenkel qui contient l arithm tique comme sous th orie consid r e comme la base de la math matique Il restait bien l irritante question de la non contradiction de la th orie Z F ou ce qui revient au m me il fallait prouver finitairement que 0 1 n tait pas un th or me H las en 1930 le logicien Kurt G del mit en vidence le fait qu une telle preuve ne pouvait pas exister justement parce que Z F contient l arithm tique dans laquelle l infini actuel est formalis Malgr cela la th orie Z F est accept e comme r f rence formelle par la plupart des math maticiens et sert m me de fondement la logique math matique qu il ne faut pas confondre avec la logique formelle Le prix payer pour cet acte d orgueil est la menace permanente de la contradiction Pour le moment les
251. que nous avons relev es trouvent leur principe dans la signification stylistique id ologique ou g n rique que chaque sujet investit dans le nom qu il cite et qui pour tre rarement le nom v ritable du texte ou de l auteur se trouve voqu par quelques l ments de composition de contenu ou de th me pr sents dans le texte La reconstruction de ces associations n est encore qu une gageure et le protocole que nous avons imagin pour enregistrer les traces de ces associations n est peut tre pas assez complexe pour que cela soit r ellement envisageable Mais on peut toujours concevoir des perfectionnements qui t t ou tard nous livreront quelques cl s du fonctionnement des noms propres dans leurs rapports l exp rience litt raire et la r ception des oeuvres Pour avoir construit notre argumentaire autour de la distinction entre explication des oeuvres et formes de la r ception nous avons pu d finir le sens qu au del et parfois c t de son sens propre l oeuvre proposait l exp rience Fid le aux prescriptions de Wittgenstein cette d finition tient tout enti re dans la nature des traces concr tes de la r ception traces qui doivent plus l inconscience et la pr cision du geste qu aux techniques de d tour et d oubli propres au r cit d exp rience Notes 1 Gallimard 1975 27 page 66 2 Cet article constitue l avant propos d une tude non encore publi e sur la r ception des oeuvres litt raires
252. quelque chose du th tre racinien il faut d abord qu il soit possible que B puisse chapper A par un autre moyen Si crime fait clairement r f rence mort et exil sont d j plus vagues suicide maladies vieillesse exil volontaire ou non Le grand avantage d accident est qu il peut convenir dans des cas extr mement divers sorte de deus ex machina de la typologie Malgr cette formule aux tendances tautologiques cette typologie ne contient pas la fuite de Junie chez les Vestales Mais c est mal comprendre car pour Barthes en devenant vestale Junie meurt N ron 13 Cela dit on pourrait tout autant le comprendre comme un exil Il s agit ici de l autre facette de la critique barth sienne la polys mie galopante Tandis que l ennui est un substitut de la mort si dans la trag die on ne meurt jamais sortir de la sc ne c est pour le h ros mourir mais la mort tragique n est pas terrible c est une cat gorie grammaticalement vide Elle s oppose d ailleurs au mourir enfin la seule mort r elle de la trag die c est l assassinat 14 Appeler d un m me nom des choses diff rentes ne sert qu l adaptation d un texte aux cat gories inad quates d une explication Agone 5 et 6 8 Insuffisante toutefois se trouve tre cette manie pour qu entre Racine dans les quations barth siennes Dans un lan structuraliste Barthes explique que
253. r me d shabiller Il se saoulait de plus en plus souvent quand il s est aper u que j allai le quitter pour V un homme dont je me rappelle m me plus aujourd hui quoi il ressemblait Mais je n ai jamais compris ce qu il voulait dire par je peux pas t expliquer peut tre quand G viendra il m aidera t expliquer pourquoi tu ne m appartiens pas et pourquoi je ne veux pas quand m me que tu partes Il tait venu donc et il tait rest tout l apr s midi sur le seuil Mais il s est tout de suite rendu compte cause de la porte qu il a trouv ferm e qu il n allait jamais pouvoir l aider expliquer quoi que ce soit quelqu un N avait plus personne Cet ami l n avait personne qui expliquer Ce qui en disait long sur sa libert Il s tait lib r de l Avoir mais et c est a qu il n arrivait pas comprendre comment s tait il lib r de ce qu il n avait jamais eu Alors je me suis d shabill seul et j ai constat qu elle tait d j partie Voil quelques jours quel j elle tais t parti e quand justement sur la route de la gare elle je m D a ai rencontr e Bien s r elle n tait pas seule elle ne pouvait pas tre si libre si puissante donc j ai hoch la t te poliment levant le chapeau qui se trouvait alors sur le sommet de ma t te et j ai m me prononc une formule de salut en langue roumaine Il y a l quelque chose d tonnant non Beaucoup plus tard j ai r ussi m apercevoir
254. r cup ration l instant ambigu interm diaire et invisible qui n a jamais commenc de devenir ni cess de passer mais qui pourtant p se et transforme Nietzsche s est pris lui m me pour cet instant cette force pr destin e de scission qui s pand rigoureusement sur l ternit pass e et sur l ternit venir les confondant dans le flux qui le porte l entra ne et le ram ne L annonciation pr c de la Mort de Dieu comme le trait d union travers lequel le cercle se referme et s ouvre sans cesse La Mort de Dieu n est pas encore l et d j n est plus Elle est naissance et mort souffrance et plaisir trag die joie Un double processus est l oeuvre dans l expression Dieu est mort Celui de l affranchissement de la tutelle divine et celui du d passement de l homme qui sans Dieu se retrouve seul face au n ant s y dissout ou Agone 5 et 6 5 s y r v le Le d passement ne s accomplit que par une mancipation active l instant o l homme se pr cipite dans l tendue infinie et vide du monde L mancipation est elle m me un d passement d s lors qu elle s extrait dans un acte violent du marasme de son tat formel Qui meurt Dieu c est dire toutes les transcendances objectives toutes les Idol tries de la souffrance qui la refusent et la r pandent par lesquelles l homme se s pare du monde et de lui m me Quand on ne place pas le centre de gravit de la vie dans la vie mais dans l au del da
255. r de ce syst me la communaut se dissout que se manifestent les processus de l extr me individualisation qu appara t la personnalisation des valeurs L univers dosto evskien interpr t comme l effritement du syst me de la repr sentation est le reflet v cu r fl chi en soi et projet hors de soi d un monde o la base indiscut e de la vie d autrefois est menac e us e par le scepticisme et l intersubjectivit cet insolite branlement de toute les notions correspond le jeu cruel de la s paration non comme le signe d une ind pendance librement d termin e mais comme l mergence visible d un d sordre muet in vitable inlassablement aliment par des pulsions qui chappant toute ma trise s entrem lent en des joutes obscures et n fastes Les grands romans dosto evskiens ne sont pas des hymnes la gloire de la libert mais des sagas sombres et d sesp r es sur la d pendance et la soumission humaine sur la servilit maladive de la conscience Car si l instinct l ros de l animalit est hors des cat gories morales par ignorance de son existence et de sa fin le d sir humain se conna t en tant que d sir Il a conscience d un instinct qui lui reste inconnu et pressent sans pouvoir l assumer ce que tapi dans l ombre il veut et lui commande Puis je seulement taire cette vitalit invisible qui m obs de Puis je seulement lui donner libre cours Ai je le choix Agone 5 et 6 8 La conscience est m
256. ravail est un chef d oeuvre vous oubliez votre esprit critique il s agit d en tirer tout ce qu il y a en tirer AGONE N est ce pas difficile de savoir ce que sont vraiment Mozart ou Webern ce qu est un compositeur Claude Helffer S il s agit par exemple de Webern on a quand m me des documents tr s pr cis Les Variations ont t cr es par le pianiste Peter Stadlen Steueurmann tant juif avait migr aux tats Unis 5 qui a fait publier une nouvelle dition o figurent les fac simil s de son texte avec les indications de Webern Certains passages indiquent pr cis ment ce que voulait Webern Stadlen a reproduit en rouge sur la partition tout ce qu avait crit Webern en vert tous les souvenirs qu il avait des remarques de Webern La difficult des mains telles que je les ai indiqu es donne le rubato que je recherche etc Il est possible de savoir ce que voulait Webern dans le cas pr cis des variations Je sais bien que la tradition est toujours dangereuse mais il y a tout de m me des points s rs d autant plus qu il y a l t moignage crit 6 AGONE J aimerais revenir sur la question du virtuel Dans votre ouvrage consacr au piano 7 vous citez cette indication de Schumann dans l Humoresque o Il est crit une ligne m lodique que l on ne doit pas jouer mais que l ex cutant doit avoir en pens e et projeter inconsciemment sur l auditeur Cela rejoint cette id e
257. re de vingt tout au plus r partis peine gr gaires autour de quelques tables leur in vitable bagage pos pr s d eux ils se l vent parfois pour prendre au comptoir quelque solide consommation Agone 5 et 6 2 Les premiers qui ont commenc descendre par les escaliers Ouest attirent imm diatement mon attention esp rant de l tude de leur physionomie des r v lations Mais rien m me de plus t nu refl tant dans ceux l tout le temps pass l tage ne m est accessible Peu nombreux ils quittent la salle ou parfois s attablent d ballant alors livres et feuillets Quand donc ai je devin De cela je ne suis pas certain Mais aujourd hui enfin je suis s r de ce que j ai compris Il ne m est pas n cessaire d avoir eu compter avec pr cision le nombre de ceux qui sont mont s l tage pour savoir qu une plus petite partie d entre eux en est descendue La peur qui ne me quittait pas d tre remarqu a totalement disparu quand m approchant du comptoir j ai pris mon tour cette nourriture fruste que je d vore maintenant avec plus de plaisir que ne saurait le laisser pr sager son aspect informe et son caract re insipide Je ne sais toujours pas ce que signifient ces deux mots inscrits au dessus des entr es de la salle mais j ai compris et cela me suffit ce qu en v rit ils recouvrent le sacrifice journalier de leur chair que certains livrent pour que d autres puissent s en nourrir Ag
258. re des questions Gallimard 1967 73 L vinas E Difficile libert Albin Michel 1963 Marienstras R Les Juifs ou la vocation minoritaire in Les Temps Modernes ao t septembre 1973 Ouaknin M A Le Livre br l Lieu commun 1986 Sibony D crits sur le racisme Christian Bourgois 1988 Steinsaltz A Introduction au Talmud Albin Michel 1987 Agone 5 et 6 10 Trigano S Le R cit de la disparue Gallimard 1977 Agone 5 et 6 11
259. retenu au moins le num ro ou la couleur de la voiture De l endroit o je me trouvais le num ro n tait pas visible D ailleurs on peut difficilement voir une plaque en regardant d en haut Et la couleur tait verte Est ce que par hasard vous tes daltonien Non Pourquoi Comme a j y pensais De quelle couleur est ce stylo Vert j ai r pondu voyant bel et bien qu il tait violet et Agone 5 et 6 7 d sirant maintenant le mettre en col re ou le d courager Et la nappe Aussi verte j ai dit en examinant ses plis et son rouge r volutionnaire Donc le stylo et la nappe ont la m me couleur il me demande encore et note quelque chose dans le carnet Approximativement Bien Continuez Nous avons continu le tenir ligot la chaise pendant que Le Peintre installait le projecteur Dans l orifice du b illon en caoutchouc pratiqu sp cialement pour pouvoir fumer par l nous lui avons introduit une cigarette qu il a accept e MAINTENANT QUI PARLE Apr s a il commen ait bourdonner Sur le mur d en face jaillissaient des images Le projecteur tait presque neuf c est pourquoi son bruit paraissait agr able il ne d rangeait pas du tout c est dire il ne d t riorait pas l atmosph re mais je n avais pas le droit d tre n gligeant il avait t investi pour la premi re fois dans l histoire du cin ma d une signification pr cise et n ce
260. ricien Il ne faudrait pas que quelqu un comprenne l infinitude des sens possibles d un texte comme la possibilit de raconter tout fait n importe quoi Une lib ralit que dans sa coh rence le th oricien devenu romancier ne renie pas Un lecteur du Nom de la rose demanda son auteur le sens de l opposition entre la h te redout e par Guillaume et la h te c l br e par Bernard deux pages d intervalle dans le roman S il a pens la h te de Guillaume explique Eco celle de Bernard n est qu une phrase toute faite ajout e sur les preuves pour raison d l gance de style Et plus coquet que jamais devant cet effet de sens Eco se montre embarrass pour interpr ter cette opposition 9 Curieuse conclusion qui veut qu un auteur ne sache pas quel sens donner une co ncidence Encore ne s agit il ici que des remarques d un simple lecteur attendons de voir de quoi est capable un Grand Lecteur Ce n tait pas sans importance l poque Eco se r f rait aux pr ceptes de Barthes qu il invoquait pour appuyer sa d finition de l ouverture l tre m me de la litt rature la litt rature pouvant tout dire on peut tout dire sur elle Certaines phrases de Steiner sont d un homme en col re Col re contre un tat des choses celui de notre modernit contre la trahison du sens Mais il h site fustiger les pr tres l gants dont il respecte l habilet s il ne s accorde
261. rop Vague L historien de l art prend plaisir aux oeuvres l gal du spectateur mais on s tonnera de ne trouver dans ses analyses qu un catalogue de ses impressions nous avons en revanche pris l habitude de ne lire sous la plume des critiques que leurs saintes appr ciations enfin personne ne sera bl m de retrouver dans les derni res paroles de l Hermione de Racine toute sa dulcin e Mais toutes ces ex cutions ne sont pas comparables Si l interpr tation de l historien d art diff re de celle du spectateur na f c est qu il se doit d valuer la validit de ses propos ce en quoi il diff re du critique Mais son interpr tation serait elle aussi fausse que celle du spectateur na f qu elle n en serait pas moins fondamentalement diff rente La perception esth tique de l historien doit faire le d tour vers l intention originelle de l oeuvre Le sens qu il d gage ne doit pas se trouver en lui mais dans l oeuvre 6 Enfin si le chef d orchestre est son public ce que l acteur est au sien s ils sont les ex cutants d une oeuvre un acteur interpr te Britannicus et N ron tandis que le chef d orchestre qui interpr te La Symphonie du Nouveau monde n interpr te pas le continent am ricain 7 L amalgame des exp riences artistiques ne profite pas l claircissement de celles ci que le sens se pr sente en sons rythmes formes couleurs ou textures il n est jamais discut qu en mots et la musique comme
262. ropos de celles qui diront dispara tre vanouir mourir ou teindre ils font tout d un coup taire les diff rentes parties avec une violence telle qu au lieu d exprimer l un de ces affetti ils font rire les auditeurs ou provoquent leur d dain Et d autres en chantant c est dire en faisant chanter ce vers tir d une des sestine de P trarque E col bue zoppo andrem cacciando l aura et avec le boeuf boiteux nous irons chasser la brise le prononcent avec des notes secou es par vagues et en le syncopant comme s ils avaient le hoquet 30 Ainsi pour Vincenzo Galilei cette mani re de rendre compte musicalement d id es contenues dans les paroles fait obstacle pour reprendre les mots de son fils par des inventions chim riques fantaisistes ou superflues l expression simple et directe du texte po tique Pour la premi re fois semble t il Vincenzo et Galileo tombent d accord bien que leurs critiques concernent des domaines artistiques aussi diff rents que la litt rature la peinture et la musique Mais les id es qu ils expriment sont si proches que cet accord ne me semble pas d plac Il tait courant de comparer les arts entre eux la Renaissance et Vincenzo lui m me toujours dans le Dialogo s est livr une comparaison entre peinture et musique en assimilant les lignes du dessin au rythme musical et la couleur aux hauteurs des sons 31 Agone 5 et 6 8 Il serait n
263. rose de Mircea Nedelciu visiblement autobiographique est compos e d l ments typiques de la vie quotidienne roumaine la moyenne sociale dans sa compl te r f rentialit l argot les blagues les plus r pandues les situations les plus famili res les h ros de tous les jours Le territoire de ses proses reste principalement celui de la vie de jeunes gens qui se heurtent avec l imposture grossi re et flottent style dans un tragique innocent Ing nu et non conformiste Souvenirs d une cour int rieure 1979 son premier recueil obtient par un souci d appropriation symbolique le prix de l Union de la Jeunesse Communiste L Effet d cho contr l 1981 puis Amendement l instinct de la propri t 1983 constituent la substance de son criture Ult rieurement l auteur est tent par des constructions plus amples qui s approchent du romanesque La Framboise des champs 1984 Traitement fabulatoire 1986 Hier sera un jour aussi 1989 De ses trois premiers livres on retient surtout le charme ing nieux l urgence inqui te et l intellectualisme badin Seules les proses courtes de Mircea Nedelciu expriment la congruence entre le choix th matique les jeunes d pays s et p riph ris s et les constructions narratives et expressives inspir es des tudes de cas des investigations psycho sociologiques ou microsociologiques ses narrations clat es s accordent aux discours des personnages interchangeables p tr
264. rs Est Les autres sont tous pareils Oh non pas qu ils se ressemblent au point que je ne puisse en distinguer deux c te c te je vois m me qu il y a l des m les et des femelles de tailles et de couleurs de peau diff rentes mais leur ressemblance est ailleurs M me maigres ils sont gras m me vieux et ceux l sont d ailleurs fort rares ils sont jeunes comme prolong s immobiles dans une immaturit artificielle Trop mais mal nourris ces ventres toujours affam s estomacs sans papilles baillent contin ment leur sommeil leur faim ou leur ennui sans distinction aucune Certes sexu s mais cachant d ventuels attraits sous leurs oripeaux de rigueur ils arborent avec douceur leurs visages ronds et le plus souvent glabres Les subtiles et essentielles diff rences qui m opposent d finitivement tous ceux l s affichent pr sent en pleine clart devant mes yeux C est certainement sous l ordonnance de quelque signe que tous se meuvent nouveau du dehors en masse d autres entrent dans la salle tous se dirigent vers les escaliers Est o la lente ascension a repris Apr s un long moment de grande agitation la crainte de me retrouver seul dans la salle dispara t devant l vidence du choix de certains bouder d lib r ment les escaliers Ceux l pourtant en tous points semblables aux autres n gligent ou peut tre comme moi ignorent les signes qui r gissent cet incompr hensible ballet Au nomb
265. rs des questions jouant sur l volution interne et les influences ext rieures Mais s agit il ici seulement d viter au lecteur de notre arch ologue de mourir d ennui avant la fin d une description un peu trop s che et d pourvue des couleurs de la vie de lui montrer que toute cette nergie d pens e dans des fouilles minutieuses a bien servi quelque chose R pondre cette question n cessite de distinguer deux attitudes deux types de jeu dans la recherche Dans le premier cas on parlera de joueur du fini arr ter le jeu et gagner des titres est son ambition Il sera celui qui a d couvert le vase machin ou le premier tudier telle question Il sera c l br pour cela ses textes pieusement conserv s pour la soci t nous expliqueront que ceci tait en fait cela qu il suffisait de trouver le mot 30 ce site tait un habitat princier voil la solution Si son lecteur est aussi amateur de jeux finis il sera ravi d en finir avec cette question il pourra s arr ter de penser c tait donc un habitat princier que c est Agone 5 et 6 6 int ressant Une image fait aussi bien son affaire comme toute ic ne elle lui dira comment c tait cela le rassurera Mais r pondons plus pr cis ment notre question dans le cas pr cis o l arch ologue est sensible aux raisons de la soci t Si l on exclut les sp cialistes de la g ologie du quaternaire il existe deux types de formations intellectuelles conduisant
266. s Isabelle Marchesin Les manuscrits de la Cit de Dieu in L idol trie op cit page 131 22 Les th ologiens de la R forme et quelques h r tiques avant eux n h sit rent pas le faire mais paradoxalement leurs t moignages directs n offrent pas les nuances qui dans la th orie du translatio ad prototypum revue par Saint Thomas nous r v lent en creux les m canismes intimes de l adoration des images Agone 5 et 6 15 23 Jean Marie Goulemot De la lecture comme production de sens in Pratiques de lecture Rivages 1985 pages 95 98 S il en tait ainsi de l autonomie du lecteur crirait on Et s il en tait ainsi de la polys mie lirions nous propos de la confusion toute contemporaine entre auteur et lecteur lire dans le pr sent num ro l article de Thierry Discepolo Lecture v rit et interpr tation 24 Cf Dictionnaire de la linguistique Georges Mounin P U F 1974 page 264 25 Pr cisons qu il s agissait d extraits plus longs que celui cit et qu ils se pr sentaient au lecteur sans titre ni nom d auteur 26 Jean Claude Passeron L illusion romanesque in Le Raisonnement sociologique op cit page 217 27 Interpr ter n est pas lire c est noncer un premier langage texte au moyen d un second commentaire Pour une plus grande pr cision dans l affirmation des th ses soutenues ici cf Wolfgang Iser L Acte de lecture th orie de l effet esth tique Mardaga 1985
267. s Moi je viens le contraindre Mais ce n est pas retrouver celui qu il aurait perdu c est en faire jaillir un nouveau En outre si je prenais une bande pour la faire revivre dans un autre lieu je ne pourrais pas la faire exister dans le temps de la m me mani re On ne peut pas plaquer un sch ma d espace temps de d placements qui sortirait d un lieu pour le mettre dans le jardin d en face Par contre il faut une mobilit de l espace temps avec des moments de compression et des moments d extension Un autre ph nom ne a lieu quand on fait des r glages une tendance faire baisser l intensit sonore chaque coute Un mois apr s l inauguration j ai encore l impression que le volume est trop fort que la pi ce ressort encore trop Je pourrais peut tre aller jusqu la disparition de la pi ce au fil du temps Petit petit le niveau des petites traces sonores deviendra de plus en plus faible et peut tre enfin ces traces seront absorb es par le site Un ph nom ne de disparition complet de la pi ce qui ne voudrait pas dire mort mais une strate suppl mentaire dans la m moire du site AGONE Cela fait penser une irruption volcanique Un volcan qui tout d un coup se r veille vit pendant un moment et s teint nouveau C cile Le Prado Lorsque la pi ce musicale est diffus e de mani re successive l intervalle entre les deux irruptions est souvent difficile trouver comme la remise
268. s che cela ne va pas aller ou au contraire vous avez une salle tr s r verb rante Nous sommes soumis tout cela M me Bartok qui tait tr s pr cis en ce qui concerne les indications m tronomiques et les indications de temps dit au cours du quatri me mouvement de la Musique pour cordes percussions et c lesta si la salle est grande les tempi devront tre l g rement ralentis L important c est de conserver les rapports entre les diff rents tempi Il peut aussi arriver que le chef d orchestre n ait pas les m mes vues que vous ou qu il ait toujours jou tel concerto de telle fa on Alors on exp rimente on essaye Agone 5 et 6 7 J ai travaill avec Bruno Maderna qui tait un musicien merveilleux Avec lui on ne s expliquait pas Il n aimait pas parler de ces choses l Alors on se lan ait on se regardait il y avait quelque chose de non dit Je trouvais que gr ce son g nie on pouvait faire des interpr tations extraordinaires AGONE L interpr te s il est essentiel ne doit il pas aussi s effacer Claude Helffer Oui Vous n avez pas savoir qui il est th oriquement Quand j ai commenc ma carri re l interpr te tait quelqu un qui arrivait sur sc ne qui repartait apr s Quelques rares initi s allaient le f liciter Au moment de Mai 68 j ai eu l impression qu il fallait un peu changer la nature du concert Que cette notion de silence d interpr te avec son frac tr s l
269. s es Jean Jacques Rousseau sur sa Nouvelle H lo se Roland Galles de l cole de Constance souligne l absence de retenue dans l effusion des sentiments chez le lecteur rousseauiste et oppose celle ci aux formes contemporaines de la critique acad mique L empathie dont t moignent les commentaires des correspondants de Jean Jacques nous montre que d s la premi re r ception de La Nouvelle H lo se et devan ant d un bon si cle la critique ces lecteurs ordinaires sont entr s sans difficult s dans le nouveau pacte de lecture que leur proposait la forme encore exp rimentale du roman pistolaire Les traces de cette premi re r ception r v lent en effet la collusion typique que g n rent les romans crits la premi re personne entre le champ d exp rience du lecteur et celui du H ros narrateur Agone 5 et 6 8 lequel est identifi l auteur La lecture de quelques auteurs modernes m avait confirm dans mes m ditations et j tois deja un illustre Scelerat dans le coeur sans avoir encore commis aucune action qui p t me faire rougir Il fallut un dieu et un dieu puissant pour me tirer de ce precipice et vous etes Monsieur le dieu qui v n s d op rer ce miracle La lecture de votre H lo se vient d achever ce que vos autres ouvrages avoient deja commenc s Que de larmes ai je r pandues que de soupirs que de douleurs Combien de fois me Suis je vu Coupable Depuis cette heureuse Lecture je brule de l amour de la ver
270. s fois essaie de d passer cette question La litt rature dont l action essentielle consiste en une manipulation par le plaisir peut elle provoquer le lecteur ou l aider se cr er une armure contre la manipulation Une telle armure pourrait alors lui servir dans n importe quelle soci t surtout lorsqu il n a aucun motif de confiance l gard de son sc nario global Martigues octobre 1991 Traduit du roumain par Cornel Alecse amp Thierry Discepolo revu par l auteur Notes 1 En fran ais dans le texte 2 Europe Libre La Libert et La voix de l Am rique sont quelques unes des radios am ricaines qui diffusaient chaque nuit leur propagande dans toutes les langues d Europe de l Est Les missions roumaines taient mont es par de vieux intellectuels dissidents qui vivent en Europe La poursuite de ces radios est mise en question depuis le bouleversement des r gimes communistes N d T Agone 5 et 6 3 Agone 5 et 6 Claustrophobie Nedelciu Mircea 1 Le titre du texte qui suit devrait tre CLAUSTROPHOBIE et les m tataxes de son tendue devraient n avoir qu un r le rythmique Chaque fois que les personnages apparaissent ils devraient porter le m me nom et chaque nom propre devrait toujours d signer le m me personnage Une continuit devrait surtout tre tablie entre les faits de chacun et non pas entre les questions des uns et les r ponses des autres Le pronom possessif la premi re personne du sin
271. s il aurait d commencer se r veiller ANTICIPATION DES JOURS HUIT ET NEUF SUR COMMENT SERA LE R VEIL J ai d abord entendu un mart lement continu Chaque coup sonore me claquait quelque part un peu au dessus de la nuque provoquant en m me temps un r veil brusque et d sagr able et une retomb e dans le sommeil que j essayais de ne pas accepter Petit petit les coups se sont localis s quelque part plus haut pr s du sommet de la t te o ils me procuraient de plus en plus de plaisir Un plaisir presque absolu qui combinait la sensation de plaisir du manger et du boire des substances tr s bonnes au go t avec la sensation de l orgasme sexuel avec le plaisir de respirer l air des montagnes et de gagner un match de football avec la vue de formes et de couleurs qui n ayant pas de signification te menait pourtant dans les zones de l exaltation Alors j ai ouvert les yeux et j ai vu une tache rouge tre intense par endroits effac e et poussi reuse par endroits dans laquelle bougeaient des dizaines de pieds press s Comme je les voyais seulement jusqu aux genoux j ai d duit que j tais quelque part au sol et j ai commenc entendre des voix m lang es avec de rares clats de Agone 5 et 6 16 signe Il a pris froid le bonhomme sans gla ons Et d un seul coup il se l ve et pointe au boulot Bouge toi mec y a du travail Il est moelleux le bitume ALORS J AI CRIE Peintre Lim
272. s la revue Studi Musicali 3 1974 et sur Vincenzo Galilei les pages 319 322 On pourra galement consulter avec profit l article de James Haar Classicism and Mannerism in the 16th century music The international Rewiew of the Aethetics and Sociology of Music 1 1970 pages 55 67 30 Vincenzo Galilei Dialogo op cit page 89 31 Ibid page 76 32 Voir C V Palisca The Florentine Camerata in Documentary Studies and Translations New Haven et Londres Yale U P 1989 page 11 33 Torquato Tasso La Cavaletta overo de la poesia toscana in Opere d Bruno Maier volume 5 Milan Rizzoli 1965 page 150 Agone 5 et 6 13 34 Ibid page 151 Le terme d assaisonnement condimento est une r f rence explicite Aristote La Po tique passim 35 Voir par exemple le Dialogo page 83 o Galilei nous dit que la musique des Anciens tait grave constante e virile alors que celle des modernes l oppos est cause de son inconstance ridicola effeminata e varia Il faut souligner cependant que les termes molle et effeminata que l on trouve chez Le Tasse et Galilei proviennent directement de Platon Lois 700 1 et non d Aristote La r f rence conjointe ces deux autorit s dans les crits sur la musique de la fin du XVIe si cle et du d but du XVIIe si cle est un probl me int ressant mais il d passe largement le cadre de cette tude je me propose d
273. s notes d une autre partition Ce qu il a de moi ne suffit pas nous unir Nietzsche et Dosto evski sont parfois sosies Mais encore Les m mes mots reviennent dans leurs oeuvres comme les m mes pr occupations Mais chacun de ces mots chacune de ces pr occupations ne peuvent tre isol s du fleuve qui les emporte et leur donne un sens Dieu est mort grand mot in puis Il est chez eux comme chez nombre de penseurs du XIXe si cle cette plaie ouverte qui trouble et inspire une respiration dont on ne sait si elle est aurorale ou cr pusculaire Mais ce murmure at il la m me r sonance et le m me poids dans leurs esprits Une de leurs obsessions communes fut de d finir dans l homme les rapports du conscient et de l inconscient Mais ont ils trouv le m me homme dans l homme Est il d s lors r ellement possible de discerner une frappante analogie entre l ath isme de Nietzsche et l attitude vis vis de Dieu des grands r volt s de Dosto evski 9 Agone 5 et 6 2 Autrement dit ce qui les rapproche apparemment n est il pas ce qui les oppose le plus La perspective d interpr tation La particularit d une oeuvre r side moins dans les th mes qu elle aborde que dans la force gr ce laquelle elle leur donne cette forme concr te qui les unis les uns aux autres Par force j entends ici cette n cessit de produire qui donne une oeuvre un go t qui lui est propre brutal ou d licat amer ou suave etc Le
274. s paroles et les pronon ant pour la premi re fois le joueur de l infini cherche d passer la question de la figuration c est dire la fois la narration et l illustration tel site n illustrera pas seulement ce qu tait un village cette p riode ou quelles en ont t les tapes du d veloppement Il tentera de penser la fois la r alit d une chose et son irr alit c est dire le corps vide de ses possibilit s inexplor es oubli es refoul es l histoire de son inexistence 33 ce site pr sent devant nous avec tous ses vestiges pleins et bien fond s ne sera pas pour lui la solution qu une population a trouv s pour r soudre ses probl mes de subsistance ou d change ce que tentent en particulier de nous faire croire les tudes sur le territoire mais un point o se noue toute une s rie de questions sur les mani res d habiter un lieu d envisager sa d fense ou ses limites symboliques d organiser l espace Il s attachera ce qui est absent ici mais qui est pr sent ailleurs dans d autres contextes r gions ou p riodes Il tient garder sur chaque objet sa part de l ombre repoussant en leur faisant violence les limites de son questionnement mais en admettant ces limites les engageant dans sa pens e Ce qui pourrait para tre familier il le rendra trange par le m me proc d que les formalistes russes appellent estrangement 34 Avec l arch ologie il se trouvera l aise car il peut greffer
275. s pensez que l on n a pas le droit de d railler Claude Helffer Si on a le droit de d railler quand on en a le g nie Vous savez on demandait Brecht qui tait oblig pour les besoins de la cause d arranger un peu les textes de Shakespeare pour la R publique D mocratique Allemande A t on le droit de toucher Shakespeare Il a eu cette r ponse modeste Oui quand on en a le g nie AGONE J aimerais continuer sur cette voie dangereuse du rapprochement entre l interpr tation musicale et l interpr tation dans les sciences physiques L oeuvre musicale la composition musicale sont une r alit Une r alit qui transporte avec elle une poque une vie des circonstances particuli res et aussi la complexit d un musicien cr ateur C est donc une r alit minemment complexe On peut faire le parall le avec la r alit du monde physique et la fa on dont les physiciens tentent de comprendre cette autre r alit De nouvelles th ories sont propos es parfois contradictoires tr s souvent des th ories parall les qui interpr tent la nature de fa ons tr s diff rentes sans pour cela d ailleurs qu une exp rience puisse radicalement d partager ces deux th ories ce qui est me semble t il de plus en plus le cas aujourd hui D un autre c t chaque compositeur impose fait na tre un monde Il n y a donc plus un seul monde comme dans le cas de la physique mais une multitude d
276. s vies successives et oubli es qui rattrapent un homme sa mort celle des pages d un livre et des livres d une biblioth que d autres encore celle enfin surtout des sens possibles d un texte L infinit des sens possibles d un texte relativise l intention de son auteur le sens qu il indique n est plus qu un sens parmi d autres Un lecteur peut un jour se montrer sup rieur l auteur et d couvrir des richesses que celui ci a crites sans en avoir conscience Ainsi au regard de l ternit de la litt rature la succession temporelle des commentaires est devenue la g ographie d un espace intertextuel Selon les pas du lecteur le commentaire peut alors pr c der le texte l Odyss e est un commentaire de l n ide Et dans ce monde intemporel il ne reste plus qu un seul rang celui de Lecteur On peut reconstituer la trame suivante Personne ne mettra en doute qu un crivain doit commencer par tre un lecteur qu il continue d tre en crivant Le lecteur d une litt rature dans laquelle il doit se replonger sans cesse pour continuer d crire parce que les livres ne naissent que d autres livres et que le monde n est qu un d tour Et il est bien connu qu il n existe pas de lecture aussi intentionnellement fid le soit elle qui ne constitue une interpr tation aussi plate soit elle d un texte qui ne se livrera plus jamais comme au premier lecteur Et le concept m me de premier lecteur d un texte n impose t il pas d j
277. se surtout la question du mouvement Ce que je cherche quand je dissimule les haut parleurs c est d viter que la perception du son soit r duite par une focalisation sur un point de diffusion ce qui est un point de technique et donc pas tr s int ressant L attirance ne doit pas tre li e au regard mais au mouvement au d placement des masses sonores Quand je me d place dans l espace je passe au travers de masses C est l id e de se faire transpercer entortiller par une colonne de sons qui m int resse Par exemple certains auditeurs parcourent l espace en courant en dehors du c t gag de voir les gens tourner en rond j aime ce rapport l espace Des blocs entiers se d placent des choses sont entass es il y a des couloirs et des trac s Sachant que le son n est pas non plus aussi directionnel que je voudrais l avoir c est une organisation spatiale variable Mais on peut quand m me travailler sur des formes tr s pr cises AGONE Plut t que d une g om trie sonore qui fait penser quelque chose de statique ce seraient plut t des potentiels des tendances des choses plus mouvantes des points d attraction ou des seuils une dynamique C cile Le Prado Il y a des forces qui provoquent soit telle stabilit soit telle mobilit De plus je crois qu un lieu une architecture un paysage ont par eux m mes des lignes de force internes des angles morts des endroits excessivement denses La musique jou
278. si cle il se condamnait la modestie universelle d tre le personnage qui invente l Auteur Une rencontre r cente et inattendue avec l auteur fin ao t Martigues me l a r v l en apprenti sorcier d bord par les cons quences virtuellement prodigues de sa prose en Europe de l Ouest Marseille ao t 1991 Notes 1 L Effet d cho contr l traduction de Daniel Pujol in Les Temps Modernes Roumanie Pour aider l histoire d une lib ration 522 1990 2 Mircea Dinescu Le Mammouth et la Litt rature in Lib ration 20 d cembre 1989 3 Cf Sorin Alexandrescu Une culture de l interstice La litt rature roumaine d apr s guerre in Les Temps Modernes op cit pages 136 158 4 Une tude du fonctionnement des censures dans les pays du bloc sovi tique reste faire Les remarques de Cornel Alecse et les vocations de Mircea Nedelciu indiquent quelques uns des effets pervers d une censure qui a perdu jusqu aux plus l mentaires crit res de choix On peut trouver dans un court texte de Robert Darnton La fin d une litt rature planifi e Liber 7 pages 13 17 in Actes de la Recherche en sciences sociales 89 1991 la description de quelques uns des paradoxes du syst me de censure litt raire en ex RDA L art des censeurs consistait conna tre les points sensibles de l actualit id ologique les habitudes des d cideurs et les cheminements bureaucratiques Loin d liminer les textes qu
279. son discours sans que cela devienne compl tement d brid comme par exemple dans une oeuvre romantique L nergie dans le jeu l engagement sont des param tres importants Lorsque l on joue un classique il faut rester toujours ma tre de ses motions Il en va de m me pour une oeuvre romantique sauf que l on peut cette fois laisser sortir l nergie Il faut lib rer cette nergie pour pouvoir ensuite revenir aux classiques AGONE Finalement interpr ter des oeuvres classiques romantiques du d but du si cle ou plus contemporaines n est ce pas toujours organiser l nergie mais de fa ons tr s diff rentes Laurent Cabasso Oui en partie Personnellement j ai besoin d alterner les oeuvres o l nergie se lib re et celles qui la contiennent afin de ne jamais jouer sur la r tention AGONE quel moment tes vous satisfait d une interpr tation Laurent Cabasso Lorsque je sens que l expression musicale et le discours sont authentiques qu il sont r gis par une sorte de logique interne D s que l on constate la pr sence d l ments surajout s cela ne fonctionne plus Pris dans une difficult d interpr tation on va vouloir mettre en lumi re quelque chose timbrer telle phrase Mais cela finit par se voir l interpr tation perd alors de son naturel Il faut maintenir un quilibre entre volont et absence de volont sans que les id es soient visibles Lorsque l on joue il faut s
280. squels plusieurs citoyens font la queue pour acheter de la viande ou du sucre ou des journaux etc Les mise en sc ne de chez nous par contre sont comme des images en n gatif de celles qui pr c dent Reproductions sur pages de proses r alistes ou bien photos ou films en 8 mm ou enregistrements au magn to r alis s par nous l occasion des mise en sc ne en ext rieur ainsi qu oeuvres d art originales 6 illustrant des moments o par nostalgie l un de nous reprend les moyens traditionnels d expression artistique sont pr sent s tour de r le et en non stop devant un spectateur unique et occasionnel qui a t enlev dans la rue amen l adresse 4 rue Le Sentier entre les Immortelles test immobilis ligot sur une chaise haut dossier et emp ch de verbaliser par un b illon en caoutchouc qui n est extrait qu une seule fois par jour pour le d jeuner Ce qu on apprend et v rifie chaque fois est le degr de l chet du Client NORA SE TAIT Maintenant G V quitte la table verte Il n a rien perdu rien gagn il est quitte donc on va pas se f cher s il nous laisse ayant juste maintenant une affaire importante qui ne souffre aucun retard L Am ricain ne veut pas le remplacer il en a pas envie de plus c est nous qui ne voulons pas de Nora Ioana Maria parce qu elle a trop de chance et que c est pas du tout agr able de jouer avec quelqu un qui gagne toujours donc Le Limier dit OK on
281. ssaire l conomie du film Quelques secondes plus tard Edith allait s asseoir devant lui un peu lat ralement les cuisses volontairement d nud es et les regards provocateurs De l autre c t mais tout pr s de l oreille j ai commenc lui lire un texte que J avais crit ad hoc le soir pr c dent tout de suite apr s la partie de poker Il se r f rait d ailleurs strictement au jeu le texte Le Limier s tait absent de la pi ce et nous savions qu il nous regardait de quelque part dehors Mais lui ne le savait pas Il s effor ait probablement de choisir un de ces quatre textes environnants ou de les refuser tous en se retirant d lib r ment vers un cinqui me MAINTENANT QUI SE TAIT On voit d abord une mer de bras agit s au dessus de quelques t tes sans pouvoir distinguer s il s agit de signes d adieu ou d acclamations Le t l objectif utilis colle les figures entre elles les bras paraissent tr s aplatis et souvent ils passent si pr s les uns des autres qu on peut les prendre pour des feuilles de papier Un mouvement peine perceptible de recul de l appareil te donne l impression qu on filme d un train qui commence quitter un quai l inverse de la c l bre pellicule des fr res Lumi re mais le t l objectif augmente beaucoup plus la distance focale je crois que a s appelle transtraav 9 de sorte que les mains et les visages qui s loignent et se rapprochent dans le m me mouvement te donnent
282. ssez perturbant et donc int ressant AGONE Dans l entretien publi par le catalogue de Sites Choisis vous parlez de vous imbriquer avec ce qui existe d j 2 Retrouver donc une organisation une structuration propre du lieu comprendre sa propre organisation et peut tre alors interpr ter le moins possible Le lieu vit sa propre vie et la musique doit entrer en r sonance avec le lieu Il s agit de faire en sorte que la musique avec son organisation propre sa vie propre puisse co ncider rencontrer le lieu redonner vie au lieu ce que l on pourrait appeler l histoire de l espace Est ce une forme de r incarnation Redonner vie ce qui tait non pas mort mais en hibernation prolong e en sommeil profond C cile Le Prado I s agit effectivement de r v ler des choses qui ne sont pas pr sentes la premi re lecture ce qui ne veut pas dire non plus les rendre apparentes mais plut t de s imbiber de diff rentes lectures de diff rentes images de diff rentes couches qui sont d j pr sentes dans ce lieu Sans doute est ce de l interaction entre ces couches entre ces v nements na t encore quelque chose d autre En ce sens ce n est pas une exacte r incarnation c est une naissance Ce n est pas faire ressortir la v rit d un lieu ce qui s est pass r ellement c est beaucoup plus abstrait C est une interpr tation diff rents niveaux Des choses assez inexplicables
283. st faite pour cela Le lieu est le corps de ma musique je ne sais pas si des lieux sont plus charg s en oxyg ne que d autres peut tre AGONE C est l id e de faire revivre un lieu C cile Le Prado Oui Je crois que si je consid rais tel lieu comme mort je ne pourrais m y installer Ma musique ne le fait pas exactement revivre mais peut tre vivre diff remment Si tant est qu il y ait des lieux morts Sur le sens du son et le son du sens je pense l essence du son et les sens du son aux sens mis en r action par les sons Des sons ont un sens par rapport au lieu d autres pas Ce qui n est pas forc ment du Agone 5 et 6 6 r alisme AGONE Dans le m me entretien vous dites ce lieu est l il existe sans moi Mais ce qui existe disons ind pendamment de notre regard ce sont des objets mat riels des l ments morts S il y a vie il y a relation Cette relation est donn e par l histoire des lieux par la m moire et par notre fa on de comprendre cette histoire S il n y avait pas eu un personnage vivant en l occurrence Tolbecque luthier au Fort Foucault aurait il t possible pour vous de composer quelque chose Par exemple pourriez vous travailler partir d un lieu g ographique d un plissement g ologique d une faille C cile Le Prado Cela m am nerait travailler de mani re encore plus rigoureuse et plus abstraite
284. st pas de doute que beaucoup les prirent au pied de la lettre Reprenant avec Adolfo Bioy Casares les principes d criture de Pierre M nard Borges trace les caricatures de quelques litt ratures d avant garde Cesar Paladion repensant la litt rature dans l intertextualit va plus loin que Joyce Ezra Pound ou Eliot Il ne reprend pas simplement les structures narratives classiques mais d place l unit intertextuelle depuis le mot ou la phrase compl te vers l ouvrage m me il publia en particulier L mile Les Th b ennes tome Il Le Chien des Baskerville La Case de l Oncle Tom et Les G orgiques Les choix furent on s en doute difficiles mais l auteur scrupuleux n annexa jamais que les ouvrages dans les pages desquels il se retrouvait pleinement Que la fut l oeuvre ma tresse de Tulio Herrera qui doit son titre la contraction de la c l bre phrase biblique Que la lumi re soit et la lumi re fut est expurg e des habituels d veloppements qui noient le lecteur dans l action Les seuls personnages de ce roman ne sont que de simples comparses sortis parfois d autres livres qui s attardent en des conversations banales et ne sont pas au courant de ce qui se passe Paradis du lecteur qui a toute latitude pour reconstruire la trame romanesque disparue de l oeuvre finale Le texte n ayant pas de sens le lecteur actualise pleinement sa fonction en lui en donnant un 2 En allant trop vite on pourrait voir
285. stion d authenticit pratique couramment le nom propre d artiste ce qui est loin d tre le cas comme par exemple dans le pass loign de notre propre culture occidentale et dans le pr sent ou le pass proche de certains de nos voisins lointains Devant sa constatation de l absence toujours possible du principe de signature le savant scrupuleux en qu te de principes g n raux doute de la pertinence de toute authenticit Par respect sans doute il h site proposer le plaisir comme valeur ultime de l exp rience de l oeuvre d art au moins jusqu plus ample d termination de la sup riorit ventuelle d une classification par les pr dicats de ressemblance familiale sur les simples propri t s communes Gageons sans risque que la majorit continuera rester fix e comme une arap de sur le nom propre toutes les fois qu elle s aventure des jugements esth tiques Agone 5 et 6 2 Agone 5 et 6 Exp rience des oeuvres jugements et descriptions Vialle Jacques Exp rience des oeuvres jugements et descriptions Le sens d une question c est la m thode pour y r pondre Quel est en cons quence le sens de la question Est ce que deux hommes entendent r ellement la m me chose par le mot blanc Ludwig Wittgenstein Remarques Philosophiques 1 lire les historiens de l art et de la litt rature on ne doute plus que la signification d une oeuvre soit toujours signification de quelque chose pour quelqu un
286. successives sont imperceptibles la mod lisation math matique usuelle est trop pauvre et il est n cessaire d introduire le langage de Z F L pour exprimer ce qui se passe Il en est de m me dans toutes les situations concr tes o il s agit d interpr ter les effets macroscopiques de ph nom nes microscopiques inobservables Cela va de la cin tique des gaz la mod lisation des volutions macro conomiques et concerne aussi bien entendu l volution des esp ces vivantes On peut penser que au del de son int r t purement math matique qui commence tre reconnu l interpr tation actuelle de la grandeur et des transitions floues enfin sortie de trois si cles d al as et de Agone 5 et 6 8 r ticences dont on peut maintenant comprendre l origine psychologique aura une influence importante sur toutes les sciences et ne saurait laisser le philosophe indiff rent Appendice Le lecteur aura sans doute compris qu aucune interpr tation formelle ne peut d limiter parfaitement le concept d entier na f On peut par exemple intercaler un second qualificatif formel disons fortement limit qui s en rapproche mieux assorti des m mes axiomes que limit mais distingu par les deux axiomes suppl mentaires suivants tout entier fortement limit est limit il existe un entier limit et non fortement limit Cette double hi rarchie des grandeurs permet des transitions doublement floues
287. sur la Roumanie Une premi re ironie tient ce que Mircea Nedelciu reste un auteur discret sinon tranger la majorit du public roumain l encontre de la vogue des romans critiques des deux derni res d cennies sa prose ne compose pas avec les poncifs et les l ments de charisme qui font d habitude le succ s des crivains critiques Mircea Nedelciu a crit et publi ses meilleurs textes dans les ann es 1980 Pour mieux le comprendre en tant que repr sentant d une ligne critique mod r e des jeunes intellectuels il faudrait d ployer une lecture symptomale de son oeuvre et mettre l auteur en relation avec l actualit de son criture l ge d or de la culture socialiste Ses textes mettent en cause par des d tours d criture la r alit mystifiante du pouvoir Claustrophobie en est l exemple le plus loquent Les personnages qui y sont pr sent s imposent un r el inauthentique la po tique d une fiction mancipatrice La critique y appara t comme une mise en ab me de la mentalit roumaine comme une th rapeutique de la vie quotidienne qui ne s appuie pas sur les ressorts us s de la double pens e Agone 5 et 6 Il faut dire que la litt rature de l ge d or avait d tourn et restreint la fonction critique de la lecture en la pla ant au niveau d un r alisme qui se contentait d orner ses productions d all gories confuses ou de r f rences allusives aux rat s du r gime La force
288. t de nouveaux surgissent se croisent et se d croisent dans la ferveur des pages inchang es seule subsiste l insistante br lure Cela tient chez Nietzsche la splendeur du langage au pouvoir de s duction du style ou encore l isolement de ses aphorismes sa personnalit fascinante autant d envo tements derri re lesquels comme une ombre dansante prom ne sa pens e S est on d pris du charme Croit on l avoir atteinte Elle est d j ailleurs sans pr avis les masques se succ dent qui du Prince Hors La Loi au sage Zarathoustra de la m taphysique Agone 5 et 6 1 d artiste la philosophie du marteau offrent les divers clats d un m me paysage 3 L tourdissement pr domine aussi l abord des vastes tendues romanesques de Dosto evski tant la pluralit des mondes qui s y d ploie est abondante Dans chaque roman ce n est pas un mais plusieurs auteurs penseurs qui se pr sentent nous porteurs part enti re de leurs propres discours Comment dans ces conditions ne pas s abandonner la cascade dialogique qui les emporte et les confronte On s gare dans leurs contradictions restant perplexe devant leurs impasses fr missant face leurs motions complexes pol miquant avec eux dans les duels qui les opposent oubliant dans le fracas de leur compagnie la position de leur cr ateur Car derri re l infinie richesse des changements de perspective derri re la multiplication hallucinante des perso
289. t et stressant est l illustre romancier GRAND qui a publi depuis peu aux ditions La peste le roman d amour La Jument alezane C est un travail bien s r difficile mais 1l ne s pargne aucun effort Il parle des colossales transformations Les colossales transformations dit il ne veut pas dire qu on a construit un bloc de plus ou une usine a veut dire autre chose Il s agit de savoir quoi Assis l dans la cuisine le coude appuy sur la table pas tout fait propre le regard sur le morceau de ciel visible par la fen tre largement ouverte il s imagine le lecteur virtuel de son futur texte comme un bonhomme gras un peu chauve et le regard tr s doux Lorsqu il crit il voit toujours ressuscit e une image bizarre de la lecture Il se figure en train de gaver le sympathique bonhomme avec des pastilles de couleur et de taille diff rentes dont il conna t vaguement le contenu et surveillant pas pas ses r actions On les lui administre en doses et concentrations diff rentes parfois selon un certain ordre parfois au hasard Il adore le voir transpirer jurer jaunir s vanouir ou pleurer ou rire ou sourire satisfait Des fois il lui donne quelque chose croit il qui pourrait le faire exploser mais a n arrive jamais Si mon lecteur tait un robot dit il encore je n oserais pas lui frapper le visage coups de poing je me ferais saigner la main et il vaudrait mieux chercher le bouton D ailleurs je m im
290. t plus merveilleuse que les moyens qu elle emploie sont plus loign s des choses imiter 20 Apr s avoir nonc cette th orie Galil e l illustre en l appliquant d autres arts et le d veloppement le plus long est consacr la musique Un musicien qui nous fait compatir au sort d un amant en nous chantant et Agone 5 et 6 5 repr sentant ses plaintes et ses peines ne l admirons nous pas bien plus que s il le faisait en pleurant et cela parce que le chant est un moyen non seulement inad quat mais contraire l expression de la douleur tandis que les larmes et la lamentation lui conviennent parfaitement Et ce musicien nous l admirons plus encore s il parvient nous mouvoir en se taisant en usant seulement de son instrument et des rudes accords et des accents path tiques de la seule musique et cela parce que les cordes inanim es sont moins aptes r veiller les mouvements secrets de notre me que la voix qui les dit 21 Deux constatations m ritent d tre tir es la lecture de cette phrase Premi rement Galil e soutient tout comme son p re que le but de la musique est d mouvoir l auditeur En cela il se conforme l opinion dominante de son poque que Vincenzo tait l un des premiers formuler qui affirmait que la musique devait remuer les passions de l auditeur muovere gli affetti et ceci au m pris des r gles dict es par les th oriciens du si cle pass Deuxi mement Gali
291. tat qu tait Schumann quand il les a compos es Il a crit dans son journal J ai pass quatre merveilleuses journ es composer les Kreisleriana On peut imaginer qu il les a crites d un seul jet C est une oeuvre bouleversante et la travailler m a fait voluer D couvrir le monde de Schumann a beaucoup compt pour moi Pourtant c est une musique qui demande une telle nergie que je suis souvent oblig de l abandonner pour un temps Agone 5 et 6 1 Il y a pour moi deux types de rapport aux oeuvres Dans un programme impos par exemple il arrive qu en travaillant une oeuvre dont on ne voulait pas on finisse par y d couvrir des choses que l on ne soup onnait pas Il ne peut y avoir de jeu ou d interpr tation d une oeuvre si l on n est pas touch par celle ci C Quoi qu il en soit un interpr te doit savoir s emparer d une oeuvre Et en m me temps qu il doit avoir dig r toutes les questions relatives au texte une fois assimil es il doit tre capable de les oublier Toujours en sachant pertinemment et pr cis ment ce qu il fait C est toute la question de la libert d interpr tation Il en va de m me dans la composition o peut tre l on ne peut se passer d une certaine forme d urgence Mais un compositeur doit aussi poss der un grand savoir faire mettre des id es en ordre demande une certaine rigueur Un bon interpr te doit savoir pr cis ment ce qu il fait avec un grand contr le de ses
292. te poque Florence et Pise poss dant sur cet instrument une grande richesse d invention et arrivant m me d passer son p re par la gr ce et la facilit de son toucher il conserva toujours cette suavit d ex cution et ce jusqu ses derniers jours Il se divertissait aussi avec un grand plaisir et un profit admirable dessiner et il eut en cet art un g nie et un talent si grands qu il avait l habitude de dire Agone 5 et 6 1 ses amis que si on lui avait donn la possibilit de choisir son m tier cette poque c est dire dans sa jeunesse il aurait choisi la peinture sans la moindre h sitation Et dire vrai son penchant pour le dessin lui fut par la suite si naturel et si profond et il y acquit avec le temps un go t si exquis que les jugements qu il pronon ait sur les peintures et les dessins taient pr f r s ceux des premiers et plus grands professeurs comme Cigoli Bronzino Passignagno et Empoli et d autres c l bres peintres de cette poque qui taient tous ses amis et qui lui demandaient souvent son opinion sur l agencement des histoires la disposition des personnages les perspectives les couleurs et sur tous les autres l ments concourant la perfection de la peinture reconnaissant en Galileo un go t parfait et une gr ce surnaturelle dans ce noble art qu ils ne purent retrouver chez aucun autre fut il m me professeur 4 Cette passion pour les arts et les crits esth tiq
293. te de l homme vrai Et ses h ros pr f rent s abandonner eux m mes leur subjectivit aveugle et parfois naus abonde plut t que d abdiquer ce d senchantement de cristal Plut t vivre dans le souterrain et s engluer dans son bourbier d angoisse entre r ves grandioses et r veil moroses que n tre qu un point fixe dans un rouage absurde Plut t d fier ses r ves sa vie m me s enfoncer la fi vre dans l me au coeur sombre de l inaccessible que de s avouer fourmi anonyme invisible dans le ventre mou du troupeau Suis je de ceux qui ont le choix C est la seule question qui hante Raskolnikov 21 Dieu voudrait il qu il n en pas soit ainsi C est la seule haine qui le submerge le menant tel un automate jusqu l acte qu il croit d cisif mais qui ne r sout rien En effet qu y avait il de lui dans cet acte si ce n est sa faiblesse et l indignation qu elle g n re la n cessit d un responsable qu elle inspire Et que lui reste t il si ce n est sa solitude mise nue insupportable de d sesp rance Dans l impossibilit de supporter le lourd fardeau du d sert Dosto evski cherche un processus naturel de purification la possibilit d un retournement de l me Une me qui comprend par cette souffrance qui fatalement l crase que la pr tention d chapper la loi divine se retourne contre le pr tentieux La conscience se fait alors conscience d une recherche de l harmonie de la communication et de la r concil
294. tellectuel qui cache sa m lancolie sous des sarcasmes Diotavelli se cherche dans la filiation d une jud it imaginaire Ensemble il vont fabriquer pi ce par pi ce un savant puzzle le Plan La constitution du Plan s accommode de multiples approximations et de quelques subtils mensonges que leurs inventeurs oublient d lib r ment pas pas La coh rence ne se mesure pas ici aux contradictions internes seule compte l ampleur de l interpr tation Et comme une carte imaginaire qui en viendrait recouvrir un territoire r el le Plan se substitue l Histoire Les joueurs imprudents perdent enfin le contr le de leur invention chacun selon son r le subira son sort Si l interpr tation fausse des signes de l nigme du Nom de la rose se montre efficace dans la d couverte de la solution l interpr tation d lib r ment infid le du Pendule de Foucault invente la trame d un monde dont ses interpr tes seront prisonniers Dans L OEuvre ouverte Umberto Eco analyse l art du XXe si cle comme un travail sur une qualit fondamentale de l oeuvre d art l ouverture autrement dit la libre interpr tation comme fondement de l exp rience artistique S il a centr son travail sur l oeuvre de Joyce il commence avec la musique et c est elle qu il revient souvent dans ses argumentations la po sie et le th tre faisant office de ponts pour glissements s mantiques Les compositeurs contemporains explique Eco ne fournissent plus d
295. tenant sanglote d j Pour quelque fille Non Madame dit G V le front extr mement pliss d une voix qui veut tre s re de soi mais ne l est pas il a eu la claustrophobie Que Dieu nous garde bonne m re que Dieu nous garde du pire dit la femme en pleurant Notre groupe se trouve maintenant en quelque sorte en d route Quoique le hall dans lequel on se trouve soit tr s troit les distances entre nous paraissent s agrandir d une seconde l autre Comme personne ne se regarde on peut croire que chacun de nous vit sur les quelques centim tres carr s qu il occupe et que seulement par hasard les six miettes d espace se trouvent dans le m me hall de l H pital d Urgence parce qu autrement en temps normal elles devraient tre chacune sur un autre continent Un vent l ger mais qui a la puissance et la r sistance et la chaleur de souffler sur les six continents nous pousse au del de la porte Agone 5 et 6 17 dans la cour de l h pital o se trouvent aussi des parents de citoyens accident s On n a qu venir demain matin sept heures le voir la morgue dit Nora mais par une convention s culaire respect e par des millions de nos semblables les hommes refusent encore d couter la voix de la femme lorsqu ils ont l impression de penser quelque chose de tr s s rieux Un jeune photographe a t enlev le 15 d cembre 1978 par des individus g s de 20 25 ans parmi lesquels pl
296. teurs un centre de vie qui vient d tre d vast par le feu parce qu on nous propose sur sc ne les interrogations et changes de divers acteurs ayant t le public de ce lieu comme centre certains y ont v cu d autres ont connu des intrigues avec les habitants nous assurant que la r f rence n a pas chang ce tas de cendre n ayant pas toujours t un tas de cendre certains objets familiers peuvent m me tre montr s du doigt Un monde ne se confond pas avec ce que l on appelle une soci t celle ci tant constitu e d un nombre ind fini de mondes En tant que jeu fini la soci t peut valider les titres et permettre leur reconnaissance perp tuelle en donnant les moyens d en assurer la visibilit et le souvenir 16 travers les archives l Histoire vient son tour recueillir les titres et les classer Elle se d tourne depuis peu des gagnants et des puissants les ma tres des jeux finis pour rep rer dans le d tour d un jeu les fragments de vies minuscules Ainsi comme le note Foucault toutes ces vies qui taient destin es passer au dessous de tout discours et dispara tre sans jamais avoir t dites n ont pu laisser de traces br ves incisives nigmatiques souvent qu au point de leur contact instantan avec le pouvoir De sorte qu il est sans doute impossible jamais de les ressaisir en elles m mes telles qu elles pouvaient tre l tat libre 17 Si les puissants rois d Ass
297. thousiasme dans le mouvement des Lumi res Deux La rencontre AGONE Pard s ne comble pas un vide elle en ouvre un Ce vide remplira sa fonction d attracteur pour une partie des lecteurs Ceux dont la curiosit intellectuelle est encore en veil et la soif de comprendre intacte Au risque d une remise en cause douloureuse ils se r jouiront qu un nouveau domaine de la r flexion s ouvre eux Pour d autres apeur s et sujets au vertige il jouera comme un puissant repoussoir les engageant dans un repli prudent Agone 5 et 6 3 Encore quelques mots sur le texte ce propos Pour les lecteurs curieux quel sondage nous renseignera sur leur nombre le dernier fardeau de l homme blanc en sera all g Pour les autres Bien entendu l homme blanc du contexte ne peut tre que le goy nucl aire en quelque sorte Celui qui sera ou se revendiquera pur de toute jud it Son histoire sa culture ses aspirations thiques id ologiques l auront conduit se distinguer suffisamment de la structure mentale suppos e juive pour tre en mesure de vivre sa goyit en toute ind pendance en toute libert Je quitterai momentan ment le texte de Jacques Vialle sur quelques remarques propos du paragraphe Pour les uns formant le consensus le plus large le racisme r sume lui seul toutes les exclusions et tablir des diff rences dans ce domaine c est d j pratiquer une forme d exclusion Pour les autres
298. tons nous un instant sur les fondements de la pens e scientifique de Galil e qui la lumi re de la phrase cit e ci dessus ne pourront que nous clairer davantage sur ses principes esth tiques Un des traits marquants de la r volution scientifique du XVIIe si cle est son opposition la philosophie naturelle d Aristote et plus g n ralement tous ceux qui l enseignaient et l appliquaient dans leurs propres ouvrages les aristot liciens Il serait trop long de retracer ici l histoire de cette lutte dont Galil e fut l un des plus c l bres participants et quelques mots suffiront en rappeler l importance Tout d abord il faut souligner que cette opposition la physique du philosophe grec constitue le point commun de tous ceux qui prirent part cette d sormais fameuse r volution scientifique Entre 1605 et 1644 se succ dant rapidement parurent en Angleterre Italie et France des livres qui rendirent caduque la philosophie naturelle d Aristote enseign e l Universit Les auteurs en furent Francis Bacon Galil e et Ren Descartes Le seul v ritable accord entre eux tait que cette philosophie naturelle n tait pas une bonne science 9 Ce combat contre les id es d Aristote et ceux qui les d fendaient fut constant chez Galil e et il jalonne l ensemble de ses crits Ainsi dans son dernier ouvrage les Discorsi de 1638 on peut lire Aristote dit qu un boulet de cent livres tombant d une hauteur
299. ts d I Me Re C Mus es de Marseille 1990 pages 99 123 44 Robert Klein La Forme et l intelligible Gallimard 1970 p 353 354 On trouvera une analyse compl mentaire de celle de Robert Klein dans Lire un tableau en 1639 d apr s une lettre de Poussin Louis Marin in Pratiques de lecture op cit pages 105 107 45 Il s agissait du chapitre intitul Visite l asile qui d peint sans trop d exag ration si l on songe ce qu est l institution psychiatrique l poque o Eug ne Sue crit l tat d inhumanit des ali n s 46 Ludwig Wittgenstein Remarques sur la philosophie de la psychologie 1 T E R 1989 381 page 86 47 Jean Claude Chamboredon Cartes d signations territoriales sens commun g ographique les noms de pays selon Lucien Gallois in tudes rurales 109 1988 pages 5 54 48 Lucien Gallois R gions naturelles et noms de pays tude sur la r gion parisienne 1908 cit par Jean Claude Chamboredon in Cartes d signations territoriales sens commun g ographique op cit page 29 49 Bien qu il n en saisisse pas toute la port e symbolique mile M le rapporte que la vocation thaumaturgique de nombreux saints naissait de calembours sur leurs noms Saint Li gu rissait les enfants Agone 5 et 6 18 nou s saint Fort les fortifiait saint V t les faisait marcher sainte Claire gu rissait les mots d yeux etc Emile M le L Art religieux du XIIIe si c
300. tu mon coeur que j avois cr puis est plus chauff que jamais Le sentiment a repris sa place l amour la piti la vertu la douce amiti vont jamais reprendre l empire de mon ame 30 Dans ce cas topique le mat riau historique remplit les conditions d une tude de la r ception des oeuvres il appara t possible de rep rer par les moyens de l analyse stylistique la nouveaut que repr sente l criture de La Nouvelle H lo se dans le champ litt raire de son poque et de v rifier l chelle du corpus de lettres adress es Rousseau l effet propre de cette nouveaut sur les formes du jugement d appr ciation 31 Juger est une mani re de pointer l oeuvre du doigt et de ratifier une exp rience L tude empirique de la r ception des oeuvres doit en tirer toutes les cons quences m thodologiques Mais l un disant ceci est beau ou ceci est mani r ou encore c est tragique c est grotesque et l autre employant les m mes pr dicats parlent ils le m me langage de l appr ciation Il semble que les oeuvres soient les seules r f rences qui nous permettent de comprendre ces jeux de langages et de trancher la question D o l importance de ce qui se dit et de ce qui se fait en leur pr sence car elles sont autant d exemplifications des r gles non crites du jugement B Jugements et r f rences Dans Art et V rit et dans ce qui constituera plus tard le corps m me de
301. ue aux autres consciences Devant l impossibilit de se nourrir d elle m me de n exister que pour elle m me dans une sorte d immacul e claustration elle s y ins re et s y cultive sollicitant sans repos dans un m lange d anxi t de d go t et d envie d interrogation et de d fi le regard de l autre Le mot m me et surtout int rieur entre je et moi est toujours un mot sur le mot s adressant au mot dans une confrontation intrins quement ouverte et inachev e Proc dant la fois de l attirance et du rejet cette lutte pour l affirmation de soi est sans issue monde d intense agitation o les formes s affrontent dans l enchev trement des v nements s tirent et se convulsent jusqu la limite de leur profondeur et de leur force sans jamais fusionner Le narrateur n est donc pas ici l instance supr me garantissant la r solution unitaire de ces conflits dialogiques Figure pr sente derri re toutes les figures 1l en est le catalyseur d signant les interlocuteurs il les invite se pr senter eux m mes cr ant les conditions de leurs rencontres pour provoquer leurs confessions il lib re en chacun d eux les possibilit s de leurs propres logiques St nographe infatigable il coute en lui ces pr tentions qui tissent dans le bouillonnement de leurs pugilats la toile prot iforme de la vie La vision tragique du monde est d abord chez Nietzsche la perspective qui fonde son scepticisme loi
302. ues qui en d coulent s expliquent mieux lorsque l on connait l atmosph re dans laquelle a grandi Galileo Panofsky a raison de souligner que son p re Vincenzo Galilei fut un musicien et th oricien de la musique r put mais il a oubli d ajouter et sans doute l ignorait il que le propre fr re de Galileo Michelangelo Galilei fit une brillante carri re de luthiste la cour de Munich la fois comme interpr te et compositeur Si la personnalit et les oeuvres musicales de Michelangelo pr sentent un int r t certain nous saurons y revenir un peu plus loin nous n avons conserv aucune trace d crits sur l art qu il aurait pu nous laisser notamment dans l abondante correspondance qu il a entretenue avec son fr re 5 Par contre les oeuvres de Vincenzo le p re m ritent une attention toute particuli re en ce qu elles nous d voilent des rapports troits avec celles de son fils ain En effet Vincenzo Galilei fut non seulement musico pratico c l bre luthiste p dagogue et compositeur de musique vocale mais galement musico teorico auteur en particulier d un trait intitul Dialogo della musica antica et della moderna Florence 1581 dans lequel il aborde conjointement des probl mes relevant de l esth tique musicale et d autres ayant trait la science musicale autrement dit l acoustique D ailleurs le r le qu il a jou dans l histoire de cette science est des plus importants si l on en croit Stillman
303. un se portant vers l image elle m me en tant qu elle est une r alit l autre se portant vers l image en tant qu elle est l image d autre chose Il y a cette diff rence entre ces deux mouvements que le premier est diff rent de celui qui se porte vers la r alit repr sent e tandis que le second qui se porte vers l image en tant qu image est identique celui qui se porte vers la r alit repr sent e Ainsi donc il faut dire qu on ne doit aucune v n ration l image du Christ en tant qu elle est une chose comme du bois sculpt ou peint parce qu on ne doit de v n ration qu la cr ature raisonnable Il reste donc qu on lui manifeste de la v n ration seulement en tant qu elle est une image Et il en r sulte qu on doit la m me v n ration l image du Christ et au Christ lui m me Donc puisque le Christ est ador d une adoration de latrie il est logique d adorer de m me son image 14 En renvoyant la valeur du geste d adoration la discr tion de son signifi ce qu il vise plut t qu la face visible de son signifiant le comportement lui m me le sic et non de Saint Thomas illustre bien l aveuglement volontaire de l glise vis vis de comportements religieux qui lui chappaient dans le fond mais lui rendaient gr ce dans la forme Agone 5 et 6 3 Mais ce que l on per oit de plus int ressant encore dans l impeccable s miologie du th ologien c est la vision en n gatif qu elle renvoie de la pratique ordin
304. une sensation trange Plaisante et affreuse Petit petit on n glige le r glage correct de la distance de sorte que par la dispersion des contours et du mouvement des bras un visage de femme explose en gros plan Je reconnais d ailleurs celle qui se trouve plus bas sous l cran et qui me regarde Maintenant on entend Lovely looking sky avec une voix comme celle de Niel Diamond mais je n arrive pas localiser le haut parleur install quelque part dans la pi ce probablement aussi ing nieusement cach que celui par lequel le dernier soir on avait cout Vivaldi Ensuite le visage d un enfant et le visage d un homme que le Client quoi qu il ne le connaisse pas suppose tre le p re Donc l enfant a un p re Comme dans tous les jeux En avoir ou pas De cela d pend si TU ES OU TU N ES PAS DANS LE JEU La relation est tr s compliqu e Le Client le reconna t d apr s le visage crisp de la femme qui se trouve sous l cran Celle ci regarde le visage crisp du Client et croit qu il pense aux paroles de G V sur le jeu de poker En change elle se rappelle maintenant un texte nous collectif qui sera lu celui de la chaise seulement pendant LE CINQUI ME JOUR Agone 5 et 6 8 Personne ne se prom ne derri re nous sur l herbe ces temps ci Donc l herbe se r jouit maintenant de sa libert elle triomphe elle N APPARTIENT PLUS PERSONNE C est un apr s midi et personne n est chez soi Quand tu arrives de 700 k
305. ur press ne croie pas que les oeuvres elles m mes ont toutes chances de dispara tre de cet espace Si les jugements descriptions et d nominations nous renseignent sur l exp rience des spectateurs et des lecteurs c est qu ils ont en commun de d noter l oeuvre et ce n est qu en disposant d elle comme source part enti re qu il devient possible de retrouver la forme d exp rience qui rend compte de cette communaut L usage illettr des images au XIIIe si cle nous montre que l exp rience sensible n est pas toujours corr lative d un r cit Pour d terminer le sens de cette exp rience nous tions contraints de renoncer au probl me du sens donn aux oeuvres mais il ne nous tait pas n cessaire de pointer la diff rence entre ces deux questions puisque la pratique illettr e des images se r sumait une pratique d objet et non d oeuvre Nous voudrions montrer que cette diff rence vaut encore alors que l oeuvre est per ue comme Agone 5 et 6 5 oeuvre et que beaucoup s accordent dire que le sens de l exp rience c est la signification qu on lui donne Une confusion importante est au principe de cette identit elle tient un usage quivoque du concept de signification et affecte particuli rement l tude de la lecture Tant que cette confusion n appara t pas comme telle on s interdit de donner un sens la question de la r ception Comment l oeuvre est d not e A Les quivoques de la polys mie
306. ur un pi tre r sultat puisque la population d alcooliques passera dans le meilleur des cas de 10 4 Que d duire de l tude de Blum et collaborateurs tout le moins que le g ne tudi est trop loin du g ne suppos responsable de l alcoolisme pour constituer un bon indicateur Si vous n avez comme seul crit re que le port de la jupe pour discriminer les femmes des hommes et que vous allez en Ecosse vous risquez d tre surpris Il faut surtout retenir que si les techniques de la biologie mol culaire permettent effectivement d aborder rigoureusement la question du d terminisme g n tique des comportements elles ne dispensent pas de garder un oeil critique sur l interpr tation des r sultats Notes 1 Lewontin Rose amp Kamin Nous ne sommes pas programm s La D couverte 1985 2 Blum et al JAMA 1990 263 pages 2055 2060 Agone 5 et 6 4 3 En fait les auteurs se sont int ress s d autres g nes qui pourraient tre plus directement impliqu s dans le comportement d alcoolisme par exemple celui responsable de la d gradation de l alcool mais ils n ont pu alors obtenir de corr lation 4 Cit dans Trends in Pharmacol Sci 1990 11 pages 311 314 5 Medicinal and Social Aspects of Alcohol Abuse Tabakoff Stuker Randal Eds Plenum Press pages 1 31 Agone 5 et 6 5 Agone 5 et 6 L interpr tation en musique Dentin Serge L interpr tation en musique Pour qu il y ait continuit
307. urs iconoclastes de certains radicaux de la R forme mais ce que l on sait moins c est qu elle fut largement comprise par l autorit eccl siastique pour ce qu elle tait une forme d idol trie Depuis la lettre du pape Gr goire le Grand l iconoclaste Serenus v que de Marseille l glise a retenu trois arguments en faveur de la lic it des images l instruction des simples la m moration des critures et l inclination la d votion Cette mise en avant de la fonction cat ch tique des images religieuses constitue depuis pr s de douze si cles le syst me de d fense de l glise contre les tenants de l interdit v t rotestamentaire Ex 20 4 et Dt 4 15 18 La fortune discursive que cet argument trouve dans l exploitation du th me de la Biblia pauperum t moigne du pros lytisme catholique visant fixer la pi t des simples autour du culte des images et fonctionne comme un v ritable barom tre de l tat des pratiques culturelles en mati re de d votion 8 Agone 5 et 6 2 L glise du XIIIe si cle ne conna t pas de troubles iconoclastes Ceux qui comme Saint Bernard militent contre la d coration des sanctuaires ne le font pas dans le sens de l interdit v t rotestamentaire mais dans celui d une morale de l asc se 9 Le culte des saints si important que les historiens du XIXe si cle y verront un retour au paganisme s est tendu de la v n ration des reliques celle des images auxquelles les fid l
308. urtant dans tous ses personnages dialoguant avec eux comme un enfant qui songe veill au sein d un monde peupl de doubles fantastiques c est dire enchanteurs et monstrueux D o le plaisir et la douleur vidents dans ses brouillons 18 de compliquer sans cesse les plans d en accentuer les effets la tentation insoluble de reculer l infini leur ach vement D o cette logique onirique et la coexistence de contradictions qui caract rise ces architectures Car aussi longtemps qu il les travaillait aussi longtemps qu il y luttait avec ses autres lui m me sans les r sorber il n y avait pas de place pour le d sespoir de l absence de solution Dosto evski met entre lui et son propre n ant le voile du monde disloqu apercevant dans cet clatement l absence d issue qu il y avait projet e La mort de Dieu est pour lui la faille qui ruinant l unit de l homme et du monde d sobstrue le gouffre de l parpillement dans lequel il est irr sistiblement aspir Cet clatement de l ordre unitaire divin est un d foulement explosif qui diffluant d racine et morcelle Le morcellement se fait dispersion le d racinement isolement l harmonie se brise l humanit se d compose c est la chute Au plaisir illusoire de l croulement de l ordre et de la licence absolue l extr me lucidit que procure l isolement s associe la douloureuse angoisse de l effondrement illimit Le r ve devient peu peu cauchemar Dosto evs
309. us aurons d am res surprises Dans ce naus eux voyage H Arvon nous servira de guide Il serait peut tre temps que les quations Droite Antis mite Gauche Philos mite soient revues un peu moins superficiellement Cela viterait le ridicule de certaines prises de position y compris en dehors des d lires antisionistes terrorisants de nombreux amis des Juifs Trois l ments pour servir un ventuel d bat 1 La parano juive Dans la discussion l une des causes de d rapage fr quente est comme souvent affaire de d finition Agone 5 et 6 5 X met la proposition suivante Ceci est antis mite Y rebondit et r plique Pas du tout on ne peut qualifier cela d antis mite La contradiction ne pourrait tre lev e que si X et Y se mettent d accord sur une d finition de l antis mitisme qui leur est commune m me si elle n est pas parfaitement satisfaisante pour chacun Pour ce choix ils pourront puiser dans un ventail tr s large Pour certains tel acte sera tax d antis mite s il exerce une violence physique contre un Juif Pour d autres sont galement consid rer comme antis mites les violences morales ou intellectuelles Pour les derniers enfin figureront dans l arsenal de l antis mite le non dit l allusion la plus l g re un sous entendu Tuer un Juif l injurier l occulter sont mesurer l aune de l antis mitisme suivant les cas Dans la pratique cependant une te
310. us ne connaissons pas ce r ve l et donc nous viterons de raconter ici un r ve nous en le pr sentant comme le sien Mais vers onze heures on tait r veill s et on avait repris la narration 7 Le Limier est all r veiller le client coups de pieds dans la porte Nora Jenny Mariana partit avec Cornelia la cuisine pour faire le caf Moi et Great Bibi on est d abord descendus au garage et on a pr par la voiture pour la route Ensuite on est remont s prendre le petit breakfast et le caf Le Peintre dormait encore Il se r veille et sort du lit toujours le dernier G V comme si on avait pas t l restait la fen tre et fumait Ce matin d ailleurs va terriblement ressembler aux dix jours qui suivront La ressemblance des matins est vraiment trompeuse Une demi heure plus tard on avait d j fini le petit d jeuner et on tait pr ts pour le d part Il fallait contr ler si notre petit enl vement avait t observ par quelqu un Le Client avait d j t bien boucl sur son si ge et port la fen tre pour qu il nous voie partants Il y avait une cour int rieure 8 Un mur massif probablement le dos d un tr s haut b timent sans aucune fen tre et la VW situ e c t des deux qui m ont salu de la main avant de partir c est tout ce que j ai pu voir Une identification de l endroit m est impossible n ayant pas d autre rep re que cette image Mais vous n avez pas
311. usieurs femmes Apr s avoir t retenu pendant 12 jours dans une maison encore non identifi e et soumis diff rents traitements inhumains le jeune photographe a t remis en libert mais il a essay de se suicider avec des substances sp cifiques au m tier dans son appartement de la rue Balaiora num ro 101 La courte d claration de la victime la veille de l accident tant non concluante les citoyens qui connaissent des d tails sont pri s de t l phoner au 055 2 heures du matin la nuit du Nouvel An Profira ennuy e fatigu e par la compagnie tapageuse en laquelle elle se trouve tombe sur un journal et d couvre sans le vouloir le texte ci dessus Elle sourit et tend la main vers le verre de champagne d j vent Elle se rend compte qu elle est devenue libre mais cette chose l la laisse indiff rente Le matin du 2 janvier 1979 quand on est tous all s la morgue curieux de le voir mort ainsi que de savoir si sa femme tait venue le retirer on a appris qu en fait il n tait pas mort La croix dessin e au crayon l endroit de son nom avait t faussement d chiffr e par la r ceptionniste de l H pital d Urgence Sa signification tait compl tement diff rente Donc on tait en train de s en r jouir le vague sentiment de culpabilit qu on avait jusqu alors s tait en quelque sorte vanoui et on essayait nouveau de s expliquer son geste et la perspective dans laquelle il avait regard
312. ussi clairement que Wittgenstein pouvait rappeler le type de connexion qui dans les domaines de l art et de la litt rature s ajoute la d signation rigide des noms propres Ce que repr sente un nom propre pour celui qui l nonce ouvre tout un domaine d objets l enqu te sur la r ception des oeuvres Dans l usage courant que l on en fait ils n ont pas cette consistance logique que d crit Saul Kripke plus qu une description singuli re ou un objet unique ils r f rent un ensemble foisonnant de descriptions et de fait leur signification varie d un locuteur un autre Dans le commentaire qu il fait de l ouvrage de Lucien Gallois sur les noms de pays Jean Claude Chamboredon montre que les d signations de g ographes comme celles d autochtones sont autant de v hicules de la perception La fronti re de validit g ographique d un m me nom propre varie en effet en fonction du type de regard que l on porte sur le territoire d sign d un certain nombre de traditions h rit es et de luttes pour la d finition l gitime d un lieu propre 47 S il semble tout coup que l on s loigne du sujet des oeuvres artistiques ou litt raires c est sans doute qu un g ographe du d but du si cle a su poser une question que les sociologues d aujourd hui ne se posent toujours pas propos des oeuvres Cette question n avait d ailleurs de sens pour lui qu imaginer une m thode pour y r pondre il n y a qu un moyen de v rif
313. va jouer avec une main morte et le crissement domestique de l argent et des cartes sur le tapis recommence G V va dans le salon et pr pare la chaise haut dossier Peut tre que le Client est d j endormi mais a n a pas d importance pour nous MAINTENANT C EST G V QUI PARLE Un seul moyen de signalisation reste disponible pour celui qui est ligot sur la chaise les dix doigts des mains Et parmi eux un seul peut tre utilis significativement le petit doigt de la main gauche Son mouvement signifie selon la convention propos e par nous et en g n ral accept e par le Client que l metteur du signe voudrait aller aux WC Pour le reste ses bras et ses jambes sont immobilis s la t te aussi il ne peut r pondre nos questions par oui ou non m me pas par des mouvements de t te et la bouche comme cela a d j t dit je crois est ferm e avec un b illon en caoutchouc vert R veill de son sommeil si l on peut nommer sommeil l tat dans lequel on est 2 heures du matin quand au lieu de dormir chez toi c t de ton pouse tu te trouves dans un lit tranger dans une petite chambre insonoris e et tu coutes contre ta volont les Saisons de Vivaldi r veill donc d un tel sommeil et plac sur un tel si ge qui ressemble quand m me un instrument de torture le Client doit tre assez ahuri G V SE TAIT Agone 5 et 6 5 Qu ils m ont tortur c est pas tout fait a puisque e
314. valuation la valeur de 10 annonc e par les statistiques gouvernementales am ricaines 5 Dans le Tableau 1 31 4 des alcooliques n ont pas l all le indicateur de l alcoolisme Si les alcooliques repr sentent effectivement 10 de la population totale on doit en d duire que les alcooliques n ayant pas cet all le en repr sentent 3 14 Si le m me type de calcul est r p t pour les autres groupes on obtient le Agone 5 et 6 3 tableau de r partition suivant absence de l all le pr sence de l all le total des sujets non alcooliques 72 187 90 d alcooliques 3 1 6 9 10 total des sujets 75 1 24 9 100 Probabilit relative de l alcoolisme 0 041 0 277 Tableau 2 Bonne nouvelle pour les auteurs un porteur de l all le a sept fois plus de chances d tre alcoolique qu un individu qui ne porte pas l all le rapport des probalit s relatives d alcoolisme en pr sence et en absence de l all le Certes mais la majorit des porteurs de l all le n est pas alcoolique En fait si l on ne tient compte que de la colonne de r partition de la pr sence de l all le on en d duit au contraire que l all le est un bon indicateur de la population de non alcooliques Pour le Dr Flavin pr cisons que si l on r alise sa politique c est dire emp cher la propagation du g ne 1l faudra liminer trois bons pour un mauvais trois porteurs non alcooliques de l all le pour un porteur alcoolique Tout ceci po
315. vres jette un flou sur la s paration classique des domaines de l exp rience Cela nous apprend aussi que l on commet toujours une erreur de m thode lorsqu on aborde les mentalit s artistiques Kunstwollen au travers de th ories philosophiques la mode chez certaines figures saillantes de l intelligensia ou de la critique Agone 5 et 6 10 d art d poque C est bien l erreur que nous avons point chez mile M le mais c est aussi celle que commet Erwin Panofsky dans dealorsqu il d finit le Kunstwollen Renaissant comme une traduction du platonisme La diff rence entre la m thode Baxandall et la m thode Panofsky tient la place que chacun accorde dans le mat riau historique qu il traite l interpr tation donn e aux oeuvres et aux jugements qu elles suscitent 39 Depuis l exp rience de Richards l importance du jugement d appr ciation comme prisme et sanction de la r ception d une oeuvre n est plus d montrer 40 Th oricien de la litt rature po te et professeur I A Richards avait pris l habitude la fin de chaque cours de distribuer un po me pr sent sans titre ni nom d auteur et de demander ses l ves de le juger Une fois recueillis les commentaires taient leur tour valu s et constituaient le mat riau d une critique des formes impropres du jugement litt raire 41 Le buissonnement symbolique voqu propos de l appareil critique de Landino se manifeste dans
316. y Galil e critique d art op cit page 206 4 Vincenzo Viviani Racconto istorico della vita di Galileo in Opere op cit volume XIX page 602 5 Le lecteur int ress trouvera l ensemble des renseignements biographiques disponibles relatifs Michelangelo Galilei r unis dans l introduction de Claude Chauvel l dition en fac simil de son recueil de pi ces pour luth Michelangelo Galilei I primo libro d intavolatura di liuto Minkoff 19838 6 Stillman Drake Galil e traduction fran aise J P Scheidecker Actes Sud 1986 page 61 7 La parent des recherches acoustiques men es par Galil e p re et fils a t tudi e par C V Palisca Scientific empiricism in musical thought in Seventeenth Century Science and the Arts d A Rhys 1961 pages 91 137 8 Erwin Panofsky op cit page 218 9 Stillman Drake op cit pages 22 23 Pour une vue d ensemble de la lutte de Galil e contre les aristot liciens voir Stillman Drake op cit passim et Alexandre Koyr op cit en particulier les articles Galil e et Platon pages 166 195 et Galil e et la r volution scientifique pages 196 212 10 Cit par Stillman Drake op cit pages 42 Agone 5 et 6 11 11 Jacopo Mazzoni In Universam Platonis et Aristotelis Philolosophiam Praeludia Venise 1597 cit par Alexandre Koyr op cit page 187 12 Erwin Panovsky Idea Leipzig 1924 traduction fran aise
317. yrie vont jusqu enfouir dans les fondations de leur palais de brique le r cit comm morant la construction de leur monument afin que leur titre soit jamais conserv travers le temps 18 il faut le jeu inquisitorial orchestr par J Fournier pour conna tre des l ments de vie du petit village de Montaillou la fin du Moyen ge 19 Il existe en effet des petits jeux finis dont la soci t n glige la visibilit que l on regroupe dans la rubrique vie quotidienne et dont l expos est une invention r cente de la litt rature Il existe aussi des incendies qui ravagent des monuments et des biblioth ques des catastrophes naturelles ou des peuples que l on veut r duire au silence des voix qui se perdent dans l air sans jamais tre grav es des hasards et des jeux qui menacent les titres L historien r de autour de ces textes sans en suivre les mots d ordre Quant l arch ologie depuis la figure du sophiste Hippias dans Platon 20 jusqu aux antiquaires du XVIIIe si cle il n est question que de collecter des r cits sur l anciennet des lieux de brosser des statues de remonter des monuments et de remplir des mus es m me si d s le XVIe si cle les vestiges du pass prennent le statut de t moignage au regard des textes historiques La r f rence aux restes n emprunte d abord que les chemins de la puissance et de la renomm e Le grand historien grec Thucydide est notre premier t moin Myc nes tait c

Agone 5 et 6

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