Le suicide de Ian - SCFP-2000
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1. LE DEVU m Le suicide de lan Ren Binet Avocat de lan dition du mercredi 30 juin 2004 Il y a plusieurs printemps lan terminait une cure en d sintoxication C tait le dernier printemps avant sa majorit Une gueule de chanteur grunge un dragon tatou sur le bras et une seringue dans la veine lan avait trouv un coin de paradis son nirvana Un lieu intemporel un espace temps cosmique une autre dimension loin de son enfer terrestre une transcendance artificielle Son pusher tait le pape de sa religion sa seringue sa pri re et sa dope son refuge paradisiaque L extase et l euphorie se sont graduellement d grad es en une sensation de manque et de souffrance son insu la drogue lui avait tatou le diable dans les neurones Cette structure neurologique en b te tyrannique et insatiable commandait quotidiennement sa pitance Je connaissais lan depuis plusieurs ann es Il avait 13 ans lors de son premier passage au tribunal Pris en charge en vertu de la Loi sur les jeunes contrevenants et la Loi sur la protection de la jeunesse lan devait passer l essentiel de sa vie d adolescent errer dans les corridors du tribunal et des centres d accueil D stabilis et pris en charge par une multitude d intervenants il n a jamais r ussi trouver un sens sa vie Il a eu son lot de discours de sermons Trop d ducateurs pas assez de psychologues quoi peut bien servir un syst me judiciaire pour les jeunes lo2. chards de Charlie Parker Qu il vaut mieux se piquer et demander de l aide que de s ex cuter
3. e ces enfants qui n appartiennent ni au monde public ni au monde priv II tait un de ces jeunes qui cherchent un sens leur vie des rep res et une repr sentation de l avenir Bref c tait le printemps le dernier ducateur en lice m a inform qu il allait voir lan sur la rue Christophe Colomb coin B langer l glise il y avait une trentaine de personnes venues se recueillir devant une petite bo te contenant les cendres de lan Il avait d cid d en finir en s injectant une dose l tale dans une veine sous son dragon Dieu se pique me disait lan et voil pour son passage parmi nous Il n aura pas vu les belles journ es de ce printemps qui commen ait peine Dans les saisons de ma vie je pense lan tous les printemps Je l imagine marchant sur la rue Lajeunesse par une journ e ensoleill e se dirigeant vers le parc J aurais tant aim qu il s accorde un sursis Peut tre aurait il d couvert un livre rencontr une personne significative ou cout une chanson Wonderful World chant e par Louis Armstrong J aurais pu lui dire de prendre son temps que rien ne presse que l tape de la majorit avec des probl mes n tait pas catastrophique Lui dire d oublier un moment tous les discours de ces adultes trop press s Je lui aurais parl de la vie de l crivain William Burroughs et de son livre Junky du livre de Bertrand Russell loge de l oisivet de Henri Laborit et de L loge de la fuite de Keith Ri
4. ficult s de ses d crochages scolaire et social II est tomb comme une pierre travers les mailles de nos structures et de notre conception de la r alit Boris Cyrulnik affirme que pour aider un enfant il faut pouvoir cr er avec lui un lien et de l affectivit pour l affecter positivement tablir un lien chaleureux afin d tablir un contact Ordonner et tirer sur la tige ne fait jamais de bien aux racines surtout si elles sont fragiles La vie n est pas un ultimatum Un tuteur solide stable et chaleureux est plus efficace Impasse Pour les jeunes en difficult on a promulgu des lois qui ont donn naissance des syst mes des structures Ces derni res se sont scl ros es en perdant leur me L me est ce lien privil gi entre deux individus un lien stable chaleureux et significatif Je travaille depuis 14 ans dans ce milieu des jeunes en difficult et je peux affirmer que ce r seau n a pas d me Structures organigrammes rendement management contr le autojustification du syst me loi de l omerta constituent les aberrations de ce syst me et voil pour la charit Notre petite entreprise de l enfance en difficult ne conna t pas la crise Nous sommes des courtiers en soin humanitaire pour l me on repassera Ces relations entre aidant et aid d g n rent trop souvent en relation dominant domin lan tait un enfant de son poque o le suicide demeure la principale cause de mortalit Un d
5. rsque les services ne suivent pas l gitimer un beau g chis Jug diss qu analys Je sais qu il en avait marre de se faire diss quer sur la place publique trop expos aux discours des juges des avocats et de pseudo experts Humili on lui disait qu il tait atteint du principe du plaisir qu il avait besoin d un traitement cognitivo comportemental en centre pour qu il se programme au principe de notre r alit et devienne un actif pour notre soci t Le peu d estime qu il avait pour lui m me en prenait pour son rhume IlI tait ann e apr s ann e jug diss qu analys r duit en rapports de toutes sortes afin que de parfaits inconnus puissent l examiner et donner leur opinion II se voyait contraint par ordonnance judiciaire se motiver sous peine de sanction suppl mentaire On lui ordonnait de se conformer d aller l cole ou de travailler sinon il serait priv de libert L ordonnance tait sa prescription judiciaire pr sum ment pour son bien C tait le prix payer pour qu il vive avec nous Depuis que les adultes ont invent la raison un mode d emploi de la vie une taxe pour le droit au passage sur Terre ils ont fait chier pas mal de jeunes Anim s de bonnes intentions tous ces vertueux de la vie du haut de leur puret ont bien malgr eux humili et d courag plus d un jeune La conception de plaisir de lan lui provenait d une souffrance d une famille ayant connu son lot de dif
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