Processus d`institutionnalisation de l`économie sociale
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1. conomie sociale et selon quels crit res Depuis 1995 au moins cinq d finitions se sont succ d port es par trois types d acteurs sociaux le mouvement des femmes une repr sentation multisectorielle coop rative syndicale communautaire etc regroup e autour du Groupe de travail sur l conomie sociale et enfin le gouvernement du Qu bec lui m me Ces d finitions ou l ments de d finition sont contenus dans cinq docu ments cl s qui constituent notre corpus pour cette partie Marche des femmes contre la pauvret 1995 Qu bec Comit d orientation et de concertation sur l conomie sociale 1996 Qu bec Groupe de travail sur l conomie sociale 1996 Qu bec Minist re des R gions 1998 et Qu bec Comit minist riel du d veloppement social 2001 Rappelons si besoin est que c est une initiative du mouvement des femmes la Marche Du pain et des roses de 1995 qui relance au Qu bec le d bat sur l conomie sociale et solidaire L une des neuf revendications des marcheuses tait que les infrastructures sociales soient d finies comme des ressources mises en place par des collectivit s pour am liorer leur qualit de vie incluant les ressources communautaires d accompagnement d aide et de soins les groupes de d fense de droit d ducation populaire les garderies etc Double r ponse gouvernementale cette revendication Le Comit d orien tation et de concertation s2. demeure dans les nouveaux compromis serait non seulement artificielle puisque les composantes de l co nomie sociale tiennent la fois de l conomique et du politique mais contri buerait appauvrir le projet original de l conomie sociale tel qu il a t d velopp et conceptualis au Qu bec ces derni res ann es Elle appauvrirait d une part le projet initial qui cherchait pr cis ment encastrer de nouveau l conomique dans le social dans une optique d conomie plurielle Laville 1994 qui valorise c t du march et de l tat le principe conomique de la r ciprocit Elle appauvrirait d autre part les composantes elles m mes qui prouvent d j des difficult s maintenir des passerelles entre elles et se percevoir comme un seul et m me mouvement Or ces passerelles sont n ces saires Vaillancourt et Favreau 2000 estiment qu d faut d une consolidation des liens avec le mouvement coop ratif et syndical la nouvelle conomie sociale risque d tre cantonn e la n ophilanthropie et la sous traitance R ciproquement les grandes institutions de l ancienne conomie sociale ont beaucoup gagner de leurs relations avec la nouvelle si elles veulent l adaptation compl te aux r gles du march CONCLUSION La plus r cente phase d institutionnalisation de l conomie sociale au Qu bec 1996 2001 est qualitativement diff rente de celles qui l ont pr c
3. ent riner l id e que l conomie se r duit au march en laissant de c t cette autre id e qui consiste voir l conomie sociale comme une combinaison de principes conomiques parmi lesquels au premier chef se trouvent les deux principes non marchands que sont la r ciprocit et la redistribution Par ailleurs l adop tion par le gouvernement d une d finition restrictive et son op rationnalisation travers les programmes de financement au titre de l conomie sociale renforce d une part cette tendance l autoexclusion et am ne d autre part les acteurs r unis autour du Chantier de m me qu un bon nombre de chercheurs revendiquer l adoption d une d finition largie La n gociation entre l tat et les mouvements sociaux est galement lisible dans les processus menant aux politiques s appliquant chacun des sous secteurs Par exemple les acteurs du mouvement coop ratif ont discut pendant quatre ans des modifications apporter la loi de 1985 C est en bonne partie cause des tiraillements entre les partisans de la survie des coop ratives en contexte de mondialisation et les partisans du maintien des r gles coop ratives que les modifications la loi ont t mises en uvre en 1997 plut t qu en 1993 date initialement pr vue A posteriori on peut voir la l gislation de 1997 comme un compromis entre les diff rentes tendances alors en d bat En effet le l gis lateur a ouve
4. entretenaient leur sujet les militants et militantes sociaux allant dans le sens d une plus grande d mocratisation de l conomie elles ne correspondent pas la vision initiale qu en avait le gouvernement non plus des mesures d employabilit ou d insertion voire de workfare destin es des personnes exclues du march du travail Il nous semble clair que la d finition de l conomie sociale a t et est encore l enjeu d une lutte entre diff rents acteurs l enjeu r sidant dans la plus ou moins grande part d conomique et de social dans le caract re plus ou moins restrictif ou plus ou moins largi de cette d finition Si une portion importante des acteurs sociaux se sont ralli s autour de la d finition large incluant la portion marchande form e par les entreprises collectives et la portion non marchande form e par les organismes communautaires d finition promue par le Chantier de l conomie sociale plusieurs organismes communautaires ne se sont jamais reconnus dans cette d finition qui les inclut ils con oivent en effet que les organismes communautaires ne sont pas partie prenante de l conomie sociale mais qu ils peuvent toutefois donner naissance des projets d conomie sociale De la m me mani re une partie des groupes de femmes se sont rapidement d marqu s du label conomie sociale et voudraient ressusciter le concept d infrastructures sociales Ce faisant ces groupes se trouvent
5. 33 n 2 Jacques L Boucher responsable comme toute codification d un ou plusieurs rapports sociaux fondamentaux Boyer 1986 ne sont pas le reflet de la domination d une classe sociale sur une autre ou le produit d une d cision unilat rale de l tat mais le compromis r sultant d interactions entre acteurs sociaux Vues comme les formes par lesquelles les conflits sont m diatis s les institutions expriment une ambiva lence la fois elles sont les produits du conflit social et elles en normalisent les termes Aglietta 1997 p 14 Elles interviennent diff remment dans les p riodes de stabilit et les p riodes de crise Dans les p riodes de stabilit elles se combinent un mode de r gulation qui assure la reproduction des rapports sociaux et soutient le r gime d accumulation en vigueur en p riode de crise leur l gitimit est remise en question d o la naissance de nouveaux conflits et par la suite de nouveaux compromis qui seront codifi s dans de nouvelles formes institutionnelles Reprenant et adaptant ce cadre d analyse l tude de l institutionnali sation d organisations relevant des mouvements sociaux L vesque et Vaillancourt 1998 la d finissent par extension comme tout processus de d finition et de codification des r gles produit de compromis entre les acteurs incluant le financement les conditions de d veloppement les r gles de participation les principes de d moc
6. Depuis l adoption de cette politique les entreprises collectives qui fondent leur viabilit sur la vente de biens et services d veloppent des march s et sont g r es selon une philosophie entrepreneuriale sont vraiment devenues la quintessence voire le mod le exclusif de ce que le gouvernement du Qu bec entend soutenir au titre de l conomie sociale Les programmes de financement labor s depuis cinq ans visaient l origine un bassin beaucoup plus large mais se sont ajust s cette d finition entrepreneuriale de telle mani re 32 conomie et Solidarit s volume 33 num ro 2 2002 2002 Presses de l Universit du Qu bec Edifice Le Delta 2875 boul Laurier bureau 450 Sainte Foy Qu bec G1V 2M2 T l 418 657 4399 www puq uquebec ca Tir de conomie et Solidarit s vol 33 n 2 Jacques L Boucher responsable qu aujourd hui la r daction d un plan d affaires la perspective d autofinan cement et la cr ation et non seulement la consolidation d emplois sont devenues des crit res incontournables pour toute organisation qui aspire recevoir un soutien financier dans le cadre des programmes d conomie sociale Ces entreprises collectives se distinguent de l entreprise publique par leur auto nomie de gestion et de l entreprise priv e traditionnelle par leur caract re d mocratique et leur finalit sociale Dans la vision gouvernementale ces entreprises collect
7. cement r current dans une vis e plus large de partage de l emploi disponible d extension des droits et des protections sociales aux diff rentes formes d emploi et d activit et enfin de dialogue social sur le plan local Aussi dans un second temps la question pertinente poser nous para t tre celle ci l institutionnalisation met elle en p ril les l ments qui sont au c ur de l engagement des mouvements sociaux dans le champ de l conomie sociale Il nous semble que cette substantifique moelle cet apport particulier des mouvements sociaux l conomie sociale qu b coise se trouve dans l affirmation et le maintien d un lien indissoluble entre ses dimensions politique l action pour le changement social la citoyennet la justice la d mocratie du travail et de la consommation et conomique la cr ation d emplois en m me temps que de biens et de services d utilit collective l impact sur le d velop pement local qu on peut traduire par une volont de resocialiser l conomie Or l enfermement de l conomie sociale dans une d finition et une op ration nalisation restrictives l exclusion des organismes communautaires de cette d finition le renforcement des distinctions entre les composantes de l conomie sociale tout cela nous semble alimenter le risque d une rupture entre les dimen sions politique et conomique de cette conomie Cette s paration si elle s inscrivait
8. conomique de 1996 et ensuite par le Conseil des ministres Les activit s et organismes de l conomie sociale sont vus comme des entreprises collectives productrices de biens et de services ayant une rentabilit sociale et non purement conomique et s ordonnant selon cinq principes la finalit sociale l autonomie de gestion par rapport l tat le fonctionnement d mo cratique la primaut des personnes et du travail sur le capital dans la r partition des surplus et revenus et finalement la participation la prise en charge et la responsabilit individuelle et collective Quand en 1997 1998 le souvernement qu b cois reprend cette d finition dans le cadre de la Politique de soutien au d veloppement local et r gional qui tablit le cadre d un soutien public aux entreprises d conomie sociale il l assortit de nouveaux crit res ces entreprises doivent cr er des emplois r mu n r s par des salaires assujettis aux lois du travail r guliers ou stables saison niers selon le cas reposer sur une d marche entrepreneuriale formelle plan d affaires et un financement diversifi incluant la g n ration de revenus auto nomes adopter une tarification r aliste et tendre l autofinancement Dans les travaux les plus r cents de planification gouvernementale concernant l co nomie sociale Qu bec 2001 la d finition utilis e est encore plus restrictive situant l entreprise d conomie sociale dans
9. le secteur marchand la d finissant notamment par son caract re entrepreneurial et faisant reposer sa viabilit principalement sur des revenus autonomes tir s d activit s marchandes L IMPACT DES POLITIQUES LE RENFORCEMENT DES CLIVAGES ENTRE UNE CONOMIE SOCIALE MARCHANDE NON MARCHANDE ET CONCURRENTIELLE Pour compl ter l analyse des d finitions nous avons tudi une partie du support l gislatif et r glementaire qui balise le d veloppement de l conomie sociale au Qu bec Nous avons cibl les l ments qui nous semblaient le mieux d couper et structurer les principales composantes de l conomie sociale soit les coop ra tives et les associations productrices de biens ou prestataires de services Pour ce qui concerne les coop ratives non financi res nous avons compar la loi de 1983 et celle de 1997 en reprenant et en mettant jour le cadre labor par Bouchard et al 1995 Pour ce qui concerne la portion des OSBL ou des petites coop ra tives assimil s aux march s solvables nous avons analys la Politique de soutien au d veloppement local et r gional Pour ce qui concerne la portion des OSBL assimil s par la politique aux march s non solvables autrement dit le secteur communautaire traditionnel nous nous sommes concentr e sur l analyse des conomie et Solidarit s volume 33 num ro 2 2002 31 2002 Presses de l Universit du Qu bec Edifice Le Delta 2875 boul Laurier bu
10. plus l obli gation de constituer une r serve Elle ouvre d autres qu aux membres la possibilit de d tenir des parts privil gi es participantes qui donnent le droit de recevoir un int r t jusqu un maximum de 25 des trop per us ou exc dents Elle permet galement que des non membres soient lus administrateurs jusqu concurrence de 25 des postes Bouchard et al 1995 p 221 228 La Politique de soutien au d veloppement local et r gional 1997 cr e les centres locaux de d veloppement CLD des corporations but non lucratif regroupant sur chaque territoire de municipalit s r gionales de comt MRC des acteurs issus des milieux d affaires municipal coop ratif communautaire institutionnel et syndical Les CLD ont pour mission de soutenir le d velop pement de toute strat gie locale li e au d veloppement de l entrepreneuriat et des entreprises incluant celles de l conomie sociale mais ils ne sont pas tenus d octroyer un pourcentage minimal de leurs fonds au d veloppement de cette cat gorie d entreprises Le document Conjuguer l conomie et le social 1998 pr cise bien qu il s agit uniquement des entreprises d conomie sociale qui voluent sur des march s solvables c est dire ceux qui peuvent s appuyer pour se consolider et se d velopper sur la participation financi re de l usager ou du client ou encore d une partie de la client le Qu bec 1998 p 27
11. Processus d institutionnalisation de l conomie sociale la part des mouvements sociaux R SUM e Cet article s int resse au processus d insti tutionnalisation de l conomie sociale qu b coise dans ses d veloppements les plus r cents 1996 2001 Il INBS Urbanisati i PE rbanisation insiste d une part sur le glissement de la notion d infra Cultare t Societ structure sociale celle d entreprise d conomie sociale Martine Damours inrs et d autre part sur la tendance des politiques gouver ucs uquebec ca nementales instaurer ou renforcer un clivage entre les diverses composantes de cette conomie Il consid re ce processus d institutionnalisation non comme le r sul tat d une action unilat rale de l Etat mais comme le fruit de compromis refl tant le pouvoir respectif et in gal des acteurs en pr sence Il d fend ainsi l id e que l insti tutionnalisation de l conomie sociale risque d loigner celle ci des mouvements sociaux son origine si comme on peut le craindre elle vacue la dimension politique de l conomie sociale l action pour le changement social la citoyennet la justice la d mocratie au seul profit de sa dimension conomique la cr ation d emplois en m me temps que de biens et de services d utilit collec tive l impact sur le d veloppement local MARTINE D AMOURS Agente de recherche ABSTRACT This article proposes an inter
12. ager la pression des r gimes d indemnisation sur les finances publiques Cette m daille a son revers comme nous le verrons plus loin Retenons toutefois que l exigence de cr ation d emplois se pr sente de mani re tr s diff rente selon les sous secteurs Centrale dans la Politique de soutien au d veloppement local et r gional et en g n ral dans le soutien l entre prise d conomie sociale elle appara t plus marginale dans la reconnaissance de l action communautaire et elle est carr ment mise de c t pour les entreprises coop ratives engag es sur les march s mondiaux qui sont le th tre de fusions et de rationalisations destructrices d emplois LE RISQUE D UNE RUPTURE DE L CONOMIE ET DU POLITIQUE L institutionnalisation loigne t elle l conomie sociale des mouvements sociaux Il faut r pondre cette question en deux temps Au sein des mouve ments sociaux les critiques de l conomie sociale affirment avec raison que l institutionnalisation dilue l innovation en accentuant certains aspects au d triment d autres dans un processus de m tissage entre la culture des mouvements sociaux qui ont donn naissance ces initiatives et la culture des intervenants institutionnels par exemple du r seau public et des autres partenaires associ s cet largissement par exemple les milieux d affaires les lus municipaux Mais il semble utopique de croire qu il puisse en tre autre ment soit
13. aires notamment sur la question du respect de l autonomie des organismes pas d obligation de compl mentarit avec l tat et des relations entre les organismes communautaires et l tat retrait de la proposition gouvernementale initiale d un partenariat global Reste savoir comment sera op rationnalis e cette politique qui pro pose une r orientation progressive des modes de financement actuels pour en arriver une formule en trois volets la part pr pond rante du soutien financier serait octroy e en appui la mission globale du groupe qui sur une base volontaire pourrait compl ter ses recettes par la livraison de services compl mentaires au r seau public ou par des projets ponctuels faisant l objet d ententes sp cifiques Tentons ici une conclusion provisoire Depuis 1996 la reconnaissance tatique de l conomie sociale s est accompagn e d une d finition de plus en plus restrictive c est dire de plus en plus conomiciste de celle ci Au terme de ce processus discussion publique r gulation politique l conomie sociale se trouve d finie comme entreprise collective cr atrice d emplois plut t que comme infrastructure sociale Par ailleurs travers l volution de la d finition de l conomie sociale et au del d elle les diverses politiques de reconnaissance et de financement sont en voie de consacrer un clivage entre trois grands sous secteurs du champ de l conomie
14. analyse du discours et de l analyse de politiques Nous appuyons notre argumentation sur l analyse des cinq d finitions successives de l conomie sociale et l analyse de trois l gislations ou politiques qui soutiennent le d veloppement des principales composantes de l conomie sociale que sont les coop ratives les entreprises collectives et les conomie et Solidarit s volume 33 num ro 2 2002 29 2002 Presses de l Universit du Qu bec Edifice Le Delta 2875 boul Laurier bureau 450 Sainte Foy Qu bec G1V 2M2 e T l 418 657 4399 www puq uquebec ca Tir de conomie et Solidarit s vol 33 n 2 Jacques L Boucher responsable organisations communautaires Ces analyses font l objet des deux premi res parties de l article et fondent aussi l argument d velopp en troisi me partie selon lequel l institutionnalisation est le produit d un compromis refl tant le pouvoir in gal des acteurs en pr sence La discussion sur le risque de voir va cuer la dimension politique de l conomie sociale d velopp e en quatri me et derni re partie doit galement beaucoup l interaction avec des acteurs et des chercheurs de l conomie sociale L ENJEU DE LA D FINITION DES INFRASTRUCTURES SOCIALES L ENTREPRISE D CONOMIE SOCIALE La question des d finitions se situe au c ur de ce processus d institutionnali sation qu est ce qui sera reconnu comme faisant partie de l
15. anismes la recherche de financement la prestation de services etc 10 Les chercheurs et acteurs qu b cois distinguent souvent l ancienne conomie sociale essentiel lement les composantes coop ratives ant rieures aux ann es 1960 1970 de la nouvelle conomie sociale issue des pratiques des nouveaux mouvements sociaux mouvement communautaire mouvement des femmes etc compter des ann es 1970 38 conomie et Solidarit s volume 33 num ro 2 2002 2002 Presses de l Universit du Qu bec difice Le Delta 2875 boul Laurier bureau 450 Sainte Foy Qu bec G1V 2M2 T l 418 657 4399 www puq uquebec ca Tir de conomie et Solidarit s vol 33 n 2 Jacques L Boucher responsable BIBLIOGRAPHIE AGLIETTA M 1997 R gulation et crise du capitalisme Paris Odile Jacob collection Opus ASSEMBL E NATIONALE DU QU BEC 1983 Loi sur les associations coop ratives L R Q chapitre A 24 Qu bec diteur officiel du Qu bec ASSEMBL E NATIONALE DU QU BEC 1997 Loi sur les coop ratives L R Q chapitre C 67 2 Qu bec diteur officiel du Qu bec B LANGER PR et B L VESQUE 1991 La th orie de la r gulation du rapport salarial au rapport de consommation Un point de vue sociologique Cahiers de recherche socio logique n 17 automne p 17 52 BOUCHARD M G CARR D C T et B L VESQUE 1995 Pratiques et l gislations c
16. au 450 Sainte Foy Qu bec G1V 2M2 T l 418 657 4399 www puq uquebec ca Tir de conomie et Solidarit s vol 33 n 2 Jacques L Boucher responsable MARCHE DES FEMMES CONTRE LA PAUVRET 1995 Du pain et des roses cahier des revendications et guide d animation Montr al s n QU BEC COMIT D ORIENTATION ET DE CONCERTATION SUR L CONOMIE SOCIALE 1996 Entre l espoir et le doute rapport Qu bec Secr tariat la condition f minine QU BEC COMIT MINIST RIEL DU D VELOPPEMENT SOCIAL 2001 D finition de l entreprise d conomie sociale Qu bec Le Comit QU BEC GROUPE DE TRAVAIL SUR L CONOMIE SOCIALE 1996 Osons la solidarit Qu bec Gouvernement du Qu bec QU BEC MINIST RE DES R GIONS 1998 Conjuguer l conomie et le social document d infor mation l intention des centres locaux de d veloppement Sainte Foy Qu bec Publications du Qu bec QU BEC SECR TARIAT L ACTION COMMUNAUTAIRE AUTONOME 2000 Le milieu communautaire un acteur essentiel au d veloppement du Qu bec document de consultation Qu bec Le Secr tariat QU BEC SECR TARIAT AU D VELOPPEMENT DES R GIONS 1997 Politique de soutien au d veloppement local et r gional Qu bec Le Secr tariat avril VAILLANCOURT Y 2000 Social Economy Health and Welfare The Specificity of the Qu bec Model within the Canadian Context Canadian Review of Social Policy Revue canadienne de politi
17. d e Elle touche l ensemble du secteur et lui conf re une place non plus la marge mais conomie et Solidarit s volume 33 num ro 2 2002 37 2002 Presses de l Universit du Qu bec Edifice Le Delta 2875 boul Laurier bureau 450 Sainte Foy Qu bec G1V 2M2 e T l 418 657 4399 www puq uquebec ca Tir de conomie et Solidarit s vol 33 n 2 Jacques L Boucher responsable au c ur des d bats concernant un nouveau mod le de d veloppement en mer gence Elle a donn lieu une d finition et une op rationnalisation restrictives l int rieur desquelles la dimension de cr ation d emplois risque de monopo liser l espace de d bat concernant le d veloppement et l valuation des initiatives d conomie sociale au d triment des dimensions relatives au lien social la d mocratisation et la socialisation de l conomie Cette r duction du concept r alis e avec l assentiment d une partie des acteurs sociaux fait courir le risque d un appauvrissement du projet d ensemble et des composantes elles m mes Notes 1 Comme en t moignent notamment les l gislations successives sur les coop ratives la cr ation des centres locaux de services communautaires sur le mod le des cliniques populaires ou encore la participation des groupes communautaires au sein des instances de concertation r gionales et locales dans les secteurs de la sant de la cr ation d emploi et de la for
18. de croire qu on peut diffuser certaines pratiques et visions dans l ensemble du corps social tout en conservant intactes toutes les caract ristiques des exp riences initiales Par ailleurs l institutionnalisation est essentielle non seulement parce qu elle permet la diffusion des initiatives solidaires qui sont d sormais de moins en moins locales et marginales et de plus en plus partie prenante des politiques et des pratiques de d veloppement conomique et social mais ga lement parce qu elle peut faire la diff rence en bout de ligne entre une co nomie sociale participant d un mod le n olib ral ou d un mod le solidaire En effet la perspective de relancer l emploi en exploitant les nouveaux gisements d emplois que constituent les services relationnels la restauration du lien social la protection de l environnement etc est revendiqu e de la droite comme de la gauche Les premiers veulent le faire bas prix avec un degr faible ou nul d institutionnalisation et de r gulation les seconds pr nent son inscription sa reconnaissance et sa stabilisation notamment par un finan 36 conomie et Solidarit s volume 33 num ro 2 2002 2002 Presses de l Universit du Qu bec Edifice Le Delta 2875 boul Laurier bureau 450 Sainte Foy Qu bec G1V 2M2 T l 418 657 4399 www puq uquebec ca Tir de conomie et Solidarit s vol 33 n 2 Jacques L Boucher responsable
19. e mais partie prenante des d bats sur un nouveau mod le de d velop pement en mergence Ainsi au terme de la Conf rence sur le devenir social et conomique du Qu bec mars et octobre 1996 laquelle ont t convi s diff rents acteurs socio conomiques dont pour la premi re fois des repr sentants des groupes communautaires et des groupes de femmes l conomie sociale se trouve reconnue officiellement et d finie institutionnellement Des fonds sp cifiques lui sont consacr s Des politiques ont pour mandat de soutenir son d velop pement Un certain nombre de ses acteurs sont associ s ma s titre minoritaire aux lieux de d cision et d laboration des politiques Tout cela survient dans un contexte o les anciens compromis keyn sien fordiste sur le front du travail et providentialiste sur celui de la consommation sont en crise B langer et L vesque 1991 et o se n gocient et s laborent les fondements des compromis venir Rappelons que dans la mouvance r gula tionnaliste qui constitue ici notre ancrage th orique notamment Boyer 1986 Boyer et Saillard 1995 Aglietta 1997 les formes institutionnelles d finies 28 conomie et Solidarit s volume 33 num ro 2 2002 2002 Presses de l Universit du Qu bec Edifice Le Delta 2875 boul Laurier bureau 450 Sainte Foy Qu bec G1V 2M2 T l 418 657 4399 www puq uquebec ca Tir de conomie et Solidarit s vol
20. es le type de l gislation r pondant du r le de l Etat dans une soci t donn e un moment donn soit comme le reflet d une interaction entre acteurs sociaux et pouvoirs publics dont la l gislation refl te un moment ou l autre le poids respectif dans un processus de n gociation Bouchard et al 1995 p 214 Partisane de la seconde option nous consid rons le processus d institu tionnalisation non comme le r sultat d une action unilat rale de l tat mais bien comme le produit de n gociation entre l tat et les mouvements sociaux et terme comme le fruit de compromis imparfaits refl tant le pouvoir respectif et in gal des acteurs en pr sence Une telle affirmation n invalide pas les conomie et Solidarit s volume 33 num ro 2 2002 33 2002 Presses de l Universit du Qu bec Edifice Le Delta 2875 boul Laurier bureau 450 Sainte Foy Qu bec G1V 2M2 e T l 418 657 4399 www puq uquebec ca Tir de conomie et Solidarit s vol 33 n 2 Jacques L Boucher responsable insatisfactions exprim es par certaines composantes des mouvements sociaux insatisfactions particuli rement vives du c t des militantes f ministes qui ont eu le sentiment d avoir t les sages femmes d un mouvement qui leur a chapp Elle signifie simplement que si les d finitions et structures de soutien l conomie sociale ne correspondent pas aux espoirs qu
21. es femmes sur l co nomie sociale in Actes du Colloque L conomie sociale du point de vue des femmes Montr al Universit du Qu bec Montr al D partement de travail social Laboratoire de recherche sur les pratiques et les politiques sociales Cahiers du LAREPPS n 02 03 p 5 19 DROUIN BUSQUE Ginette 2001 L action communautaire une contribution essentielle l exercice de la citoyennet et au d veloppement social du Qu bec projet de politique gouvernementale Qu bec Secr tariat l action communautaire autonome LAVILLE J L dir 1994 L conomie solidaire une perspective internationale Paris Descl e de Brouwer 334 p collection Sociologie conomique L VESQUE B et M C MALO 1992 L conomie sociale au Qu bec une notion m connue une r alit conomique importante in J DEFOURNY et J L MONZON CAMPOS 1992 conomie sociale entre conomie capitaliste et conomie publique The Third Sector Cooperative Mutual and Nonprofit Organizations Bruxelles CIRIEC et De Boeck Universit L VESQUE B et Y VAILLANCOURT 1998 Les services de proximit au Qu bec de l exp rimenta tion l institutionnalisation Montr al Universit du Qu bec Montr al D partement de sociologie Cahiers du CRISES n 9912 conomie et Solidarit s volume 33 num ro 2 2002 39 2002 Presses de l Universit du Qu bec difice Le Delta 2875 boul Laurier bure
22. ives d conomie sociale sont clairement distingu es des organismes communautaires auto nomes Elles ne sont ni tenues l autofinancement ou la tarification de leurs services ni encadr es par une d marche entrepreneuriale formelle Dans la Politique de reconnaissance et de soutien de l action communautaire Drouin Busque 2001 r dig e par le Secr tariat l action communautaire autonome SACA avec la contribution de repr sentants de regroupements sectoriels d orga nismes communautaires les organismes d action communautaire autonome sont d finis d abord par leur mission globale en mati re d ducation populaire et de transformation sociale de soutien la vie d mocratique de d veloppement d une vision globale des probl matiques d exercice de la citoyennet et d enra cinement dans la communaut et ensuite par la possibilit de conclure avec l tat des ententes contractuelles pour la livraison de certains services LES D FINITIONS ET LES POLITIQUES LE PRODUIT DE COMPROMIS ENTRE ACTEURS AUX POUVOIRS IN GAUX Bouchard et al 1995 soulignent qu il y a deux fa ons de saisir le processus d institutionnalisation des coop ratives Mais ce raisonnement peut tre appliqu l ensemble de l conomie sociale et d autres pratiques conomiques issues des mouvements sociaux On peut voir ce processus soit comme une r ponse de l tat l mergence et l volution des pra tiqu
23. mation de la main d uvre 2 Dans le mod le n olib ral l conomie sociale est un secteur de sous traitance bon march Dans le mod le social tatiste les entreprises et organisations de l conomie sociale sont admises comme productrices de services et d emplois mais sous la tutelle de l tat et dans une stricte optique de compl mentarit avec les services publics Dans le mod le solidaire l conomie sociale se d veloppe avec le soutien et la r gulation tatiques dans une optique de d mocratisation du travail et des services qui respecte les orientations des communaut s locales Ce sont videmment des mod les id al typiques dans la r alit on assiste une combinaison de ces mod les 3 Nous traiterons ici du mouvement communautaire et du mouvement des femmes tout en pr cisant que ces mouvements sont form s de composantes multiples et qu ils n ont pas de perspective unifi e sur la question 4 Notamment les participants et participantes aux travaux de la mission franco qu b coise sur l co nomie sociale et solidaire dans le cadre de laquelle nous avons labor les grandes lignes de cette analyse Nous devons aussi beaucoup aux travaux de BOUCHARD et al 1995 de C T et FOURNIER 2002 et de DESCARRIES et CORBEIL 2002 5 Mieux connu sous le nom de Chantier de l conomie sociale 6 Ayant un statut de coop rative d organisme sans but lucratif OSBL ou de mutuelle 7 I s agit des pri
24. ncipes dict s par les quitables pionniers de Rochdale fondateurs des premi res coop ratives de consommation en Angleterre Ces principes ont t repris par l Alliance coop rative internationale et ont inspir notamment la Loi sur les coop ratives non financi res de 1983 8 lroniquement en effet le r tr cissement de la d finition de l conomie sociale fait en sorte que la plupart des groupes de femmes qu ils soient locaux ou r gionaux ne sont plus admissibles aux subventions locales et r gionales au titre de l conomie sociale C TE et FOURNIER 2002 p 110 9 Ceci dit la reconnaissance d une appartenance commune un m me champ de l conomie sociale ne signifie pas que le soutien public doit avoir la m me importance ni tre attribu selon les m mes modalit s dans chacune des composantes I ne s agit pas de revendiquer un financement public pour les caisses Desjardins ou une politique de tarification pour les organismes communautaires L hybri dation des conomies diff rente selon les composantes suppose que l apport respectif de finan cement public priv ou r ciprocitaire s organisera dans des proportions ou selon des modalit s variables Mais elle suppose aussi qu on consid re sa juste valeur l apport de la communaut dans les initiatives d conomie sociale qu on value par exemple les heures de b n volat consacr es par des travailleurs ou des b n voles la gestion des org
25. oop ratives au Qu bec un chass crois entre coop ratives et tat in A ZEVI et J L MONZON CAMPOS dir Coop ratives march s principes coop ratifs Bruxelles CIRIEC et De Boeck Universit BOYER R 1986 La r gulation mode d emploi concepts et m thode in La th orie de la r gulation une analyse critique Paris La D couverte p 35 78 BOYER R et Y SAILLARD 1995 Th orie de la r gulation L tat des savoirs Paris La D couverte CARRIER J 1996 Principales modifications la Loi sur les coop ratives R seau Coop vol 3 n 4 p 5 8 C T D et D FOURNIER 2002 L conomie sociale toutes les sauces de la fine cuisine au fast food in Actes du Colloque L conomie sociale du point de vue des femmes Montr al Universit du Qu bec Montr al D partement de travail social Laboratoire de recherche sur les pratiques et les politiques sociales Cahiers du LAREPPS n 02 03 p 103 118 D AMOURS M 1999 Proc s d institutionnalisation de l conomie sociale au Qu bec in Actes du Colloque L conomie sociale du point de vue des femmes Montr al Universit du Qu bec Montr al D partement de travail social Laboratoire de recherche sur les pratiques et les politiques sociales Cahiers du LAREPPS n 99 05 DELORME R et C ANDR 1983 L tat et l conomie Paris Seuil DESCARRIES F et C CORBEIL 2002 Le discours du mouvement d
26. por un lado y sobre la tendencia de las pol ticas gubernamentales a instaurar o reforzar un distanciamiento entre sus distintas composantes por otro lado Se defiende la idea de que este proceso considerado no s lo como el resultado de una acci n unilateral del Estado sino como el fruto de un compromiso que refleja el poder respectivo y desigual de los actores involucrados corre el riesgo de alejar la econom a social de los movimientos sociales que la originaron Ello ocurrir a como puede temerse si se evac a la dimensi n pol tica de la econom a social acci n por el cambio social ciudadan a justicia y democracia en beneficio de la dimensi n econ mica creaci n de empleos de bienes y de servicios de utilidad colectiva e impacto sobre el desarrrollo local INTRODUCTION L une des sp cificit s de l conomie sociale qu b coise en contexte nord am ricain r side dans un degr lev d institutionnalisation qui contraste avec les initiatives faiblement institutionnalis es qu on trouve dans les autres provinces canadiennes et aux tats Unis Vaillancourt et Favreau 2000 Cette reconnaissance politique et financi re d exp rimentations solidaires n est pas un ph nom ne nouveau Mais la p riode r cente 1996 2001 est qualitati vement diff rente la fois parce que presque toutes ses composantes sont en voie d tre institutionnalis es et parce que l conomie sociale se retrouve non plus la marg
27. pretation of the social economy in its most recent phase 1996 2001 of institutionalization in Quebec The first section emphasizes the change from the notion of social infra structures to that of social economy enterprise The second section comments the tendency of public policies to establish or reinforce a split between the components of this economy The author argues that this process considered to be the product of compromises reflecting the respective if unequal bargaining power of the actors rather than the result of unilateral action from the State could perhaps lead the social economy away from the social movements of its origins particu larly so if it evacuates the political dimension action 7 2002 Presses de l Universit du Qu bec Edifice Le Delta 2875 boul Laurier bureau 450 Sainte Foy Qu bec G1V 2M2 e T l 418 657 4399 www puq uquebec ca Tir de conomie et Solidarit s vol 33 n 2 Jacques L Boucher responsable for social change citizenship justice democracy in order to concentrate on its economical dimension job creation production of collective services impact on local development RESUMEN Este art culo se centra sobre el proceso de institucionalizaci n de la econom a social quebequense en su etapa de desarrollo m s reciente 1996 2001 Se insiste en el pasaje de la noci n de infraestructura social a la de empresa de econom a social
28. que sociale n 45 46 printemps automne p 55 88 VAILLANCOURT Y et L FAVREAU 2000 Le mod le qu b cois d conomie sociale et solidaire Montr al Universit du Qu bec Montr al D partement de travail social Laboratoire de recherche sur les pratiques et les politiques sociales Cahiers du LAREPPS n 00 04 VAILLANCOURT Y et J L LAVILLE 1998 Les rapports entre associations et tat un enjeu politique Revue du MAUSS n 11 p 119 135 40 conomie et Solidarit s volume 33 num ro 2 2002 2002 Presses de l Universit du Qu bec difice Le Delta 2875 boul Laurier bureau 450 Sainte Foy Qu bec G1V 2M2 T l 418 657 4399 www puq uquebec ca Tir de conomie et Solidarit s vol 33 n 2 Jacques L Boucher responsable
29. ratisation les formes des ententes partenariales les poli tiques sociales etc Ces auteurs et d autres d fendent l id e que la significa tion politique de cette institutionnalisation est tr s diff rente selon la p riode de stabilit ou de crise o elle intervient en raison des alliances que les mou vements sociaux peuvent alors faire pour influer sur les nouveaux compromis et selon le mod le de d veloppement de la soci t o elle s op re mod les que d aucuns ont qualifi s de n olib ral de social tatiste ou de solidaire Vaillancourt et Laville 1998 Cet article veut apporter des l ments d analyse et de r flexion l appui d une double hypoth se D une part la d finition les politiques de reconnais sance et les pratiques de financement de l conomie sociale adopt es au Qu bec depuis 1996 sont le produit d un compromis provisoirement stabilis mais toujours inachev refl tant le pouvoir in gal des acteurs en pr sence notam ment l tat et les mouvements sociaux D autre part cette d finition et ces politiques ont pour effet de valoriser l conomie sociale comme une forme diff rente d entrepreneurship int ressante pour son potentiel de cr ation d em plois au risque d vacuer la dimension politique qui constitue pourtant un apport fondamental des mouvements sociaux desquels sont issues les initiatives d conomie sociale La m thodologie adopt e est celle de l
30. reau 450 Sainte Foy Qu bec G1V 2M2 e T l 418 657 4399 www puq uquebec ca Tir de conomie et Solidarit s vol 33 n 2 Jacques L Boucher responsable deux versions de la politique de soutien l action communautaire autonome Le corpus documentaire utilis est le suivant Assembl e nationale du Qu bec 1983 1997 Gouvernement du Qu bec Qu bec 1997 1998 2000 Drouin Busque 2001 Au terme d une analyse de l volution des l gislations coop ratives au Qu bec entre le d but du si cle et les ann es 1980 Bouchard et al concluaient que les modifications successives apport es au r gime l gislatif font corres pondre de plus en plus les r gles de cr ation et de fonctionnement des coop ratives aux principes de Rochdale De ce point de vue la loi de 1983 appara t comme un mod le en raison de sa fid lit la tradition coop rative 1995 p 221 Mais apr s de longs d bats avec le mouvement coop ratif le gouver nement adopte en 1997 une s rie de modifications qui introduisent une rupture dans cette tradition de fid lit Ces modifications autorisent en effet des d roga tions au syst me des r gles coop ratives et ce essentiellement pour permettre aux grosses coop ratives des secteurs financier et agricole d augmenter leur capitalisation et donc leur capacit de soutenir la concurrence sur les march s mondiaux Par exemple la loi de 1997 tablit la possibilit et non
31. rt la porte des formes hybrides entre entreprise coop rative et 34 conomie et Solidarit s volume 33 num ro 2 2002 2002 Presses de l Universit du Qu bec Edifice Le Delta 2875 boul Laurier bureau 450 Sainte Foy Qu bec G1V 2M2 T l 418 657 4399 www puq uquebec ca Tir de conomie et Solidarit s vol 33 n 2 Jacques L Boucher responsable entreprise capitaliste mais a refus d int grer les propositions de modifications les plus radicales qui offraient d autoriser la partageabilit de la r serve ou d allouer aux membres investisseurs un droit de vote au prorata du capital d tenu Par ailleurs l article 226 permettant la cr ation de coop ratives de solidarit r pond positivement une demande du Groupe de travail sur l conomie sociale qui y voyait un l ment facilitant le d marrage de petites coop ratives regroupant la fois des travailleurs et des usagers Un autre exemple peut tre tir de la longue saga 1995 2001 ayant pr c d l adoption en 2001 de la Politique de reconnaissance et de soutien de l action communautaire Une premi re proposition a t soumise en avril 2000 la suite d une consultation aupr s de 8 000 groupes communautaires Apr s une seconde phase de consultation une deuxi me proposition fut d pos e en avril 2001 Cette proposition t moignait de la prise en compte de plusieurs r ticences exprim es par les acteurs communaut
32. sociale un premier qu on peut appeler conomie sociale concur rentielle les coop ratives d pargne et de cr dit et les deux grosses coop ratives agricoles un deuxi me qu on peut nommer conomie sociale marchande les autres coop ratives et les entreprises collectives de type OSBL et un troisi me qu on peut qualifier d conomie sociale non marchande les organismes communautaires Les politiques r centes tendent de plus en plus opposer ces deux derniers segments r servant l conomique l emploi le d veloppement de nouveaux services et de nouveaux march s l conomie sociale et le poli tique la transformation sociale la citoyennet l action communautaire conomie et Solidarit s volume 33 num ro 2 2002 35 2002 Presses de l Universit du Qu bec Edifice Le Delta 2875 boul Laurier bureau 450 Sainte Foy Qu bec G1V 2M2 e T l 418 657 4399 www puq uquebec ca Tir de conomie et Solidarit s vol 33 n 2 Jacques L Boucher responsable Finalement si l conomie sociale est actuellement reconnue et soutenue pour son potentiel de cr ation d emplois c est le fruit d un compromis entre les mouvements sociaux qui voulaient et veulent encore tout prix imposer la logique de l emploi salari contre celle du workfare C est aussi gr ce l tat qui cherche r ins rer sur le march du travail les populations qui en sont exclues de mani re soul
33. ur l conomie sociale COCES et les comit s r gionaux d conomie sociale CRES form s de repr sentantes des groupes de femmes et de diff rents minist res s accordent dans les textes et dans les crit res de financement de projets sur une d finition tr s compatible avec celle des infra structures sociales Les m mes objectifs sont vis s reconnaissance du travail des femmes cr ation d emplois stables et d emplois de qualit et d veloppement de biens et de services d utilit collective Outre les principes qui seront repris plus tard dans la d finition du Chantier de l conomie sociale le Comit pr cise comme caract ristique la mixit de formes d investissements humains et finan ciers public priv contribution des usagers b n volat et pr t de personnel 30 conomie et Solidarit s volume 33 num ro 2 2002 2002 Presses de l Universit du Qu bec Edifice Le Delta 2875 boul Laurier bureau 450 Sainte Foy Qu bec G1V 2M2 T l 418 657 4399 www puq uquebec ca Tir de conomie et Solidarit s vol 33 n 2 Jacques L Boucher responsable Quelques mois apr s le d p t et la mise l cart par le gouvernement du rapport du COCES le Groupe de travail sur l conomie sociale compos des repr sentants de diff rents mouvements sociaux et secteurs de l conomie sociale propose la d finition qui sera ent rin e par les participants la conf rence socio
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