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1. Ce c ne de la multisensorialit pourrait tre doubl par une vari t de passages l acte de paradigmes apprentissage enseignement Par exemple au lieu de se contenter de regarder le film de Zorro on pourrait tre amen avec une troupe d amateurs jouer le r le du sergent Garcia et s exercer prononcer les r comme lui niveau 3 Cette d clinaison de niveaux d abstraction chapitre 5 et cette conjugaison de paradigmes chapitre 4 se combinent l infini d o l int r t de les consid rer comme deux mod les s par s et compl mentaires M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 232. cran pour qu il doive obligatoirement tre construit par le cerveau Cet auteur signale en effet que le m canisme de supplantation abondamment utilis par les m dias rend paresseux le cerveau des apprenants Par supplantation il entend des op rations physiques prises en charge par le m dia en lieu et place du cerveau qui pourrait le faire seul Ainsi le zoom avant focalise automatiquement l attention du spectateur sur un d tail qu il e t pu ou d d tecter lui m me le flash back rappelle un autre l ment dont le spectateur e t pu ou d se rappeler spontan ment la mise en synoptique de deux images rapproche des objets mentaux que le cerveau e t pu ou d comparer d initiative etc Diverses m thodes d apprentissage autonome des langues recourent aussi la Bande Dessin e Dans les vignettes il n y a pas que le contenu linguistique qui impr gne le lecteur mais galement des signes culturels la fa on de s appeler en famille l humour anglais les v tements etc Le dessin et la BD permettent des supplantations dans le sens de SALOMON que ne permet pas la r alit ou un film classique Par exemple dans la d composition d un accouchement en vignettes de BD ces supplantations facilitatrices pourraient tre nombreuses et montrer la mise en parall le syst matique de deux points de vue de profil et en coupe de face et de dessous dans chaque vignette la repr sentation de c
3. relatifs la m diatisation qui pour la plupart attirent l attention sur les limitations d un mod le simple comme le n tre 10 niveaux sur une chelle allant du concret l abstrait Ces limitations doivent rester l esprit de tout utilisateur qui recourrait l image du c ne excessivement sch matique bien des gards Hannibal Lector et Clarice Starling M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 2 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 B EXP RIENCE ET MEDIATISATION 1 Au del des limites Pour une bonne part en ducation et en formation on cr e artificiellement des situations favorables l apprentissage parce qu on ne peut attendre que le hasard s en charge On proc de souvent par m diatisation de c est dire recours l exp rience humaine un interm diaire qui permet de vaincre l un ou l autre des obstacles ci dessous a Le temps Il s agit d assurer la permanence de la disponibilit de l exp rience du message de lib rer l apprenant de sa fugacit L criture fut un premier pas dans cette direction une premi re m diatisation de la pens e A l heure o le papier des livres s acidifie d autres supports sont recherch s microfilms informatique etc Les disques vynil r sistent mal l aiguille qui les lit les CD audio ont t accueil
4. une s rie de symboles qui sont par leurs proportions et leurs relations similaires la chose l id e ou l v nement qu ils repr sentent Groupe Mu 1992 124 A ce niveau 10 se situent des codes plus abstraits encore les id ogrammes et enfin les pictogrammes Les panneaux du code de la route constituent un ensemble mixte cheval sur l iconique qui respecte les formes de la r alit et l arbitraire qui n a plus aucun point commun avec cette r alit Le signe interdit aux v los rel ve du premier type puisqu on y voit la silhouette d un cycliste et une barre rouge en travers Par contre les fl ches diverses les c dez la priorit les interdictions de parquer du 1 au 15 du mois sont du second type m me si les codes ne sont pas tout fait arbitraires Certains symboles math matiques lt gt et certaines ic nes informatiques la poubelle le fichier ouvert sont des id ogrammes qui repr sentent des fonctions des activit s ou des concepts La fronti re entre l iconique et le non iconique est floue A c t des d finitions voqu es ci dessus on pourrait tout aussi bien consid rer comme iconique toute repr sentation graphique qui voque sans ambigu t une m me notion chez tous ses lecteurs C est le cas pour les signes de danger de radioactivit pour les fl ches pour certains M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisat
5. e sur un aussi grand cran aurions nous vu tous ces d tails Si ce jeu interactif d exploration de la face cach e de la lune n existait pas qu est ce qui nous permettrait d y naviguer volont Si les explications de ce professeur n avaient t vid oscop es nous aurait il t permis de les lui faire r p ter autant de fois Si ces cr nes d hominid s GILLES 1998 n avaient t mis sur CDRom pourrions nous les retourner volont en pleine nuit et chez nous En section B1 nous soulignons que les m dias augmentent artificiellement l accessibilit de l exp rience au point de donner parfois l illusion de cette r alit Un message t l phonique enregistr peut faire croire que l on entend l metteur en direct Apr s avoir explor un objet par exemple un squelette humain l aide d un casque de r alit virtuelle on peut confondre plus tard ce que l on a observ sur le squelette et ce que l on a visionn virtuellement C est donc au sentiment de perte ou de gain que l on jugera de la pertinence d une exp rience de r alit virtuelle A t on le sentiment d avoir perdu beaucoup parce que le simulateur de vol de navette spatiale n a pas tent de reproduire les stimuli olfactifs C est aux r els astronautes de le dire Nous avons encore beaucoup apprendre sur l exp rience par l exp rience M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pou
6. personne Un c ne se dessine M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 22 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 D DISCUSSION A l int rieur d un m me paradigme d apprentissage diff rents niveaux exp rientiels peuvent tre atteints Imaginons par exemple l apprentissage de la prononciation du r roul espagnol ou Shakespearien par impr gnation d un mod le par imitation Cette imitation peut se faire divers niveaux d abstraction ou de proximit multisensorielle de la r alit Voici selon le c ne de l exp rience quelques exemples de ces niveaux du plus concret au plus abstrait Un texte du livre Assimil vous explique comment prononcer et mettre la langue Un film de Zorro am ne entendre la fa on dont le sergent Garcia roule les r et les yeux association visuelle Dans une pi ce de Shakespeare vue en direct les acteurs roulent les r le tout associ l motion du moment Un v nement rocambolesque portant sur une odeur de fruits tr s m rs dans le train vous a amen rencontrer un personnage qui roulait les r d une fa on inoubliable li e votre m moire pisodique un v nement v cu autobiographique avec images multisensorielles gustatives par exemple comme la madeleine de Proust
7. 36 7 Voir chapitre 4 M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 11 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 C LES DIX NIVEAUX DU CONE Niveau 1 du c ne de l exp rience REEL IMPREVISIBLE A cette extr mit du continuum les situations d apprentissage sont naturelles involontaires occasionnelles sur le tas Parfois par le fait m me qu elles sont li es notre histoire personnelle elles produisent des chocs motionnels des traumatismes vaccinatoires ind l biles Le d put suisse Jean ZIEGLER raconte comment il a v cu un tel choc au Shaba Za re en 1961 alors qu il y tait en mission Depuis la fen tre de la chambre de son luxueux h tel il a vu les soldats de l ONU repousser coups de crosse de fusil et coups de ba onnette les adultes et enfants affam s qui tentaient de grappiller les restes des repas que les cuisiniers de l h tel venaient de verser sur une d charge Ce jour l il s est jur de n tre jamais du c t des affameurs Il est difficile de planifier de telles exp riences C est pourtant ce qu ont fait les lib rateurs des camps de concentration nazis en for ant la population allemande environnante visiter les camps de mani re pouvoir t moigner de ce que m me les films et les photos ne pourraient plus transmettre l odeur pestilent
8. 4 CO PRESENCE Etre spectateur d une pi ce J y assiste de th tre d un jeu de r le C est moi qui joue Etre acteur d une pi ce de 3 th tre d un jeu de r le VECU PERSONNEL ARRANGE Ce n est pas du jeu mais je ne suis pas seul e Etre spectateur de zoo de cirque conduire avec un moniteur 2 REEL PROTEGE Piloter seul un avion Tout peut m arriver 1 REEL IMPREVISIBLE M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 4 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 3 La r alit totale n est pas forc ment l id al p dagogique La p dagogie universitaire ou autre fonctionne souvent par simplification sch matisation de la r alit par fabrication d une r alit arrang e Elle revient souvent enlever le bruit c est dire les l ments non n cessaires l apprentissage et qui risquent de le perturber Cette tendance r ductrice peut cependant d boucher son tour sur des difficult s ult rieures pour les apprenants faire les liens entre les situations r elles forc ment complexes et les situations d apprentissage pur es L utilit de la sch matisation n est pas seulement vraie pour l apprentissage elle a t d montr e aussi pour la perception Ainsi RICHAUDEAU 1981 cite une exp rience men e au N pal o des objets ex un vas
9. A leur convenance les tudiants interrompaient la projection du d bat enregistr et rendaient la parole au professeur FRYDMAN Auparavant l animateur D LECLERCQ ne manquait d ailleurs pas de recueillir les anticipations de r ponses des tudiants qu auraient ils r pondu eux m mes Que pensent ils que M FRYDMAN allait r pondre Niveau 5 du c ne de l exp rience DIRECT A DISTANCE A ce niveau celui des missions de t l vision la co pr sence n existe pas ni la possibilit d interaction On vit cependant encore le suspense du direct Il existe donc des vid oconf rences qui diff rent peu d expos s pr enregistr s Voir en direct pendant des heures agoniser une enfant l autre bout du monde assister la retransmission d un match de football ou l arriv e d une course cycliste ou un d bat t l vis M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 17 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 sans pouvoir agir directement sur la r alit sont autant d exemples de niveau 5 sauf possibilit de t l phoner en direct ou de pooler sa voix dans un sondage en direct Il arrive que les audimats soient exploit s en direct dans les missions En p dagogie universitaire on a tudi et d velopp des possibilit s d intervention par tous dans le d roule
10. Anthony HOPKINS et de Jodie FOSTER Les deux exp riences personnelles se t l scopant il n est pas rare que le spectateur soit d u d une histoire dont il avait t enchant en tant que lecteur Quoi qu il en soit ces deux exp riences ne sont pas quivalentes On pourrait le d montrer en confiant les m mes t ches la fois un spectateur qui n a pas lu et un lecteur qui n a pas vu le film pour juger de la repr sentation qu ils se sont faite de la situation Les performances pourraient tre tr s diff rentes quand il s agit de cr er un masque pour le psychopathe dessiner le papillon plac dans la bouche des victimes d crire le puits dans lequel le tueur retient sa victime imiter les aboiements du chien du tueur etc La classification des niveaux exp rientiels qui suit est arbitraire et isole des aspects qui dans la vie courante sont souvent imbriqu s C est donc un mod le plus qu une description du r el Or en p dagogie universitaire actuellement il importe tout autant de cr er le r el p dagogique que de le d crire tel qu il est D o l importance pensons nous de mod les condition bien s r qu ils soient pratiques et f conds Avec Kurt LEWIN nous pensons en effet que rien n est plus pratique qu une bonne th orie La repr sentation propos e ci apr s tant videmment m taphorique un c ne nous commencerons par num rer un certain nombre de principes
11. autiste De m me les spectateurs du film Le 8 jour avec Pascal Duquesne Georges et Daniel Auteuil Harry ont le sentiment de mieux savoir comment se comporte une personne affect e de la trisomie 21 Le dessin anim est un ensemble de signes y compris le mouvement gardant son isomorphisme les tailles respectives la vitesse avec ce qui est voqu Cet isomorphisme peut tre pouss jusqu ses limites ce dont les proc d s informatiques d anamorphose ne se privent pas Certains logiciels ex POWER POINT permettent de cr er facilement de telles animations De plus en plus fr quemment des appareils co teux une voiture un ordinateur une machine outil sont fournis avec un mode d emploi audio visuel cassette vid o CD Rom vid odisque C est ce que fait RENAULT qui adresse comme m thode de formation et d assistance technique ses concessionnaires des vid os d crivant des actes professionnels tels que la pose et la d pose du moteur le grand entretien etc Les organismes de formation ou de lutte contre le ch mage donnent de plus en plus souvent des informations sur les professions et les carri res par vid o avec des t moignages Ainsi la Facult de Psychologie et des Sciences de l Education de l UL g a interview une dizaine de ses anciens dipl m s qui racontent ce qu ils sont devenus Un grand Hobby Centre de Gen ve a install dans son hall d entr e un meuble colonne d une h
12. bord enregistre la r gularit des interventions l absence de choc donc de violence etc L effet de deux semaines de cette vie para t tellement dissuasif qu on peut se demander si ces jeunes ne vont pas en concevoir une aversion excessive pour les b b s Une exp rience de Tamagoshi avant la lettre C est le respect de la dur e normale de vie perturbant le cycle nycth m ral des adolescents qui situe cette exp rience au niveau 2 L aspect simul des b b s la placerait au niveau 3 En p dagogie universitaire les stages sur site constituent de tels types d exp rience La pr sence parfois loign e d un expert d un responsable constitue le filet de s curit n cessaire aux d butants Certains auront recours abondamment au filet d autres moins voire pas du tout tant nous sommes diff rents les uns des autres dans notre capacit d exercer un m tier La pratique des Projets d Animations R ciproques Multim dias chapitre 9 rel ve de ce niveau par quipes de deux en principe les tudiants prennent en charge l animation de leurs condisciples dont ils consomment le vrai temps sur la vraie mati re mais le professeur n est jamais loin ni lors de la conception ni lors de la pr paration ni lors de l ex cution Classer une exp rience dans un seul niveau est parfois impossible Ainsi les microscopes des laboratoires permettent une exp rience visuelle directe de la r alit n
13. est donn e Ce qui distingue ce niveau 4 des niveaux sup rieurs c est la co pr sence physique des partenaires S ils le voulaient ils pourraient se toucher C est d ailleurs le principe de certains spectacles depuis la Comedia del Arte L op ra rock Hair en a t un exemple c l bre puisque les acteurs nus se retrouvaient sur les genoux de spectateurs et que ces derniers finissaient par danser et chanter demi d v tus eux aussi sur la sc ne sous les regards bahis ou horrifi s de leurs conjoint e s Le contact interpersonnel total peut tre rendu impossible par la distance entre les partenaires mais ceux ci ont retrouv r cemment la possibilit d interagir via la vid oconf rence On reste si l change est bi directionnel dans le niveau 4 A c t de la simple t l phonie visuelle des sc narios propres la vid oconf rence peuvent tre con us C est ainsi que le sc nario suivant intitul La parole redonn e a t imagin et mis en uvre l universit de Li ge LECLERCQ REGGERS et BALDEWYNS 1998 dans le cadre d un cours sur la pr vention des toxicomanies Habituellement dans un tel cours sont visionn s nombre de documents audio visuels films d interviews de personnes toxicomanes spots t l vis s de pr vention avis d experts d bats contradictoires sur un plateau de t l vision L exp rience de vid oconf rence a voulu exploiter un tel d bat t
14. l vis tout en en corrigeant certains effets pervers La perversit de ce genre de d bat tient entre autres au temps de parole toujours trop court accord aux invit s toujours trop nombreux cette deuxi me caract ristique expliquant la premi re Chaque intervenant n ayant pu dire tout ce qu il avait dire sait en quoi le d bat a t abominablement tronqu de son point de vue Mais le spectateur lui ne le sait pas Ainsi qu aurait r pondu Marcel FRYDMAN minent sp cialiste de l universit de Mons de la lutte contre le tabagisme au moment o dans l mission Controverse de f vrier 98 sur BEL RTL un m decin a d clar sur le plateau que les liens entre la conduite tabagique et le cancer taient loin d tre prouv s Et quand cet autre intervenant a d clar qu on n avait jamais pu mettre en vidence de lien de cause effet entre la publicit pour le tabac et l adoption de conduites tabagiques Le grand public ne le saura jamais puisque l animateur du d bat ne lui a pas accord la parole que pourtant il demandait En mars 1998 sur le grand cran du Centre d Auto Formation et d Evaluation Interactives Multim dias CAFEIM de l universit de Li ge les tudiants du cours sur la Pr vention des assu tudes ont pu revoir l enregistrement de cette mission en m me temps que le professeur Marcel FRYDMAN Mons avec qui ils taient en connexion par vid oconf rence
15. meilleur quand la personne b n ficie de sa m thode pr f r e plut t que quand elle est contrari e On doit donc s attendre une gamme de rendements chez des apprenants diff rents expos s aux m mes exp riences Si nous avons pr cis que le gain d apprentissage tait court terme c est que selon SALOMON 1979 le matching ou strat gie d appui sur les points forts n est qu une des trois fa ons de tenir compte des styles cognitifs pr f rentiels et que c est la solution qui privil gie le court terme ou l efficacit imm diate Il fait remarquer qu habituer un apprenant des approches qui ne lui sont pas habituelles famili res ou ais es est une strat gie d entra nement des faiblesses Cet investissement pour le futur est forc ment moins rentable dans l imm diat Enfin faire la place de l apprenant est strat gie de proth se ou compensation des faiblesses et vise aussi le court terme Lorsque c est le m dia qui fait la place de l tudiant SALOMON parle de supplantation Enfin SALOMON 1981 1983 SALOMON et LEIGH 1984 et CENNAMO 1993 ont fait l hypoth se d attitudes diff rentes des apprenants devant divers m dias Ainsi pour la plupart La t l vision est facile mais le texte est dur Ce ph nom ne appel pr conception entra ne une diff rence d investissement mental donc d effort de concentration et en bo
16. morgue et en respirer les effluves de formol L exposition de Bruxelles J avais 20 ans en 1945 reconstituait l ambiance de l poque via les meubles les v tements les musiques les documents authentiques lettres affiches drapeaux uniformes objets En particulier les espaces taient am nag s pour tre habit s quelques M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 18 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 secondes cave am nag e en abri o l on se r fugie en cas de bombardement tramway carlingue d un avion o s entassaient les parachutistes avant leur grand saut barge de d barquement etc Parfois les objets authentiques sont si pr cieux que l on doit prendre des mesures de protection consid rables C est le cas de la momie inca derri re ses paisses vitres au Museo del oro de Bogota C est aussi le cas de la V nus de Milo au Louvre S ils sont encore accessibles aux regards ils ne sont plus manipulables Niveau 8 du c ne de l exp rience ANIME Les films de fiction sont propres frapper efficacement la m moire pisodique s ils sont bien faits en ce sens par exemple histoire personnages et acteurs attachants Ainsi ceux qui ont vu le film Rain Man avec Dustin Hofman Raymond et Tom Cruise Charly ont le sentiment de mieux savoir ce qu est une personne
17. tellement routinis certains actes qu il peut les produire malgr les interf rences environnementales ou internes comme sa propre fatigue par exemple Mais on ne commence pas par tre un vrai professionnel On le devient progressivement Dans le chapitre pr c dent nous avons trait de l immersion qui est une situation naturelle et non une strat gie Ce qui est une strat gie p dagogique ou m thode de formation c est de placer volontairement avec des objectifs un apprenant en immersion c est de cr er les conditions proches de l immersion r elle la simuler etc M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 5 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 4 Des d calages entre v cu et planifi Les pr dictions sont difficiles surtout quand elles concernent le futur Cette boutade de Jean Marie ALBERTINI 1985 206 s applique la vie quotidienne des enseignants Ceux ci planifient des exp riences que devraient vivre leurs tudiants et des apprentissages qui devraient en toute logique en r sulter Mais ces exp riences ne se produisent pas forc ment chez leurs apprenants Ainsi tout formateur sait que ce n est pas sur l cran de projection que doit arriver le sch ma mais dans le cerveau de l apprenant Que le sch ma soit d abord sur l cran n est 1l pas le meilleur moyen po
18. thode de substitution tant les facteurs de faisabilit am nent trouver des compromis entre l id al et le possible Sans oublier les m thodes de diversification Il est en effet recommand de proc der par une multiplicit de m thodes pour plusieurs raisons Tout d abord parce que la plupart du temps on poursuit plusieurs objectifs la fois Ensuite parce que chaque m thode est limit e ou a des effets pervers qu il faut compenser Enfin pour des raisons d ambivalence math tique chez les apprenants et d ambivalence didactique chez les formateurs la monotonie tant l ennemi des deux Pour toutes ces raisons il importe d amener les possibles la connaissance des formateurs voire de les ramener leur conscience pour qu ils les modulent en fonction de contraintes situationnelles Ces m mes mod les se veulent aussi utiles aux chercheurs entreprenant une th orisation de ces possibles Certaines applications viennent apr s les avanc es th oriques Parfois c est l inverse Le lecteur jugera de la f condit th orique du c ne et de ses commentaires Une id e fausse peut tre utile si elle permet de d boucher sur une id e un peu moins fausse En outre plus un sch ma est simple plus 1l est susceptible de faire avancer des id es chez un grand nombre de personnes Si Voltaire avait crit comme Proust la torture aurait t beaucoup plus difficilement mise hors la loi ALBERTINI 1992
19. variantes Ils consistent mettre les apprenants en situation avec ou sans m dias avec des contraintes plus ou moins fortes g n ralement sans texte pr d fini Plus les contraintes de la mise en sc ne sont fortes plus on se focalise sur des objectifs particuliers mais plus on perd en spontan it et en r alit Les jeux de r le varient aussi norm ment entre eux quant leur charge motionnelle quant l incertitude de l issue quant au caract re r el des enjeux Le jeu de r le totalement improvis est proche du niveau 2 alors que jouer une pi ce de th tre rel ve plus du niveau 3 car le suspense du sc nario n existe pas pour l acteur On pourrait nuancer les jeux de r les par exemple distinguer ceux qui sont sym triques mon partenaire lui aussi joue un r le de ceux qui ne les sont pas je joue contre le professeur qui me donne des feedbacks Les jeux de r le permettent non seulement de consid rer les solutions comportementales possibles ce que l on ferait aussi bien dans une discussion de groupe mais en plus d en tester la faisabilit sur le terrain Certains jeux de r le sont plus abstraits niveau 5 comme la M gaventure un programme de t l vision pour lequel plusieurs sc narios ont t tourn s l avance Lors de l mission le joueur fait des choix et certains seulement de ces sc narios sont diffus s On y gagne en proximit avec la r alit mais on
20. D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 Chapitre 5 UN MODELE POUR LA ME DIATISATION DE L EXPERIENCE Marianne POUMAY V ronique JANS Dieudonn LECLERCQ et Brigitte DENIS introduction B Exp rience et mediatisation C Les dix niveaux du cone 12 D Discussion 23 M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 1 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 A INTRODUCTION Les six paradigmes d crits au chapitre pr c dent ne rendent compte que de certains processus mentaux en uvre dans les situations d apprentissage enseignement et des r les des acteurs principaux les apprenants et les formateurs Or ces situations pr sentent bien d autres caract ristiques importantes pour la formation et notamment les niveaux exp rientiels mis en jeu Illustrons ce point pour le premier paradigme l impr gnation de mod les Cette impr gnation peut se faire partir d un texte par exemple le du roman de Thomas HARRIS Le silence des agneaux Le lecteur peut se construire des repr sentations personnelles du criminel anthropophage et de l officier f minine du FBI Ce m me lecteur peut ne pas aimer la fa on dont d autres personnes ont concr tis le m me roman et par exemple sa version cin matographique de 1991 avec les visages et interpr tations d
21. a plus multisensorielle la plus directe l exp rience la plus abstraite la plus indirecte Nous avons gard le principe g n ral de DALE mais avons caract ris chaque niveau par la couche de sensorialit perdue amput e aux tages sup rieurs Au premier niveau nous avons rang l exp rience spontan e la moins planifi e la moins codifi e la plus risqu e A la pointe du c ne au niveau 10 se trouvent les exp riences les plus organis es les plus s curis es Un tel mod le permet de se poser des questions syst matiques telles que pour quel apprentissage le spontan frappera t 1l le mieux la m moire pisodique Comment op rer le plus efficacement le transfert d exp rience d une situation l autre Comment g n raliser les acquis CRITERES NIVEAUX de reconnaissance des niveaux EXEMPLES d exp riences C est de l crit dans un langage Lire un texte dans un livre du braille du morse 9 FIGURATIF C est une image fixe Regarder une photo un dessin r aliste Ca bouge en 2D Regarder un film ou un dessin anim Visiter un mus e de cire toucher un animal en pl tre C est en 3D immobile TRI DIMENSIONNEL Ca bouge en 3D 3 Manipuler un train lectrique Je peux manipuler MOUVEMENT un robot C est en direct Ut re Regarder un reportage mais je n y suis pas t l vis en direct DIRECT A DISTANCE
22. ar 4 ou 5 solutions c est dire sous forme d une Question Choix Multiple proposant le comportement de la personne Exemple L tudiant puni a demand au professeur pouvoir faire sa dissertation punition imm diatement pendant que le cours continue Le Professeur J P 1 a accept 2 a accept mais en dehors de la classe 3 a refus 4 a refus et a doubl la punition La solution correcte est ce qui s est r ellement pass Ce n est donc pas une r ponse logiquement correcte mais historiquement correcte L tudiant est amen r fl chir de fa on pr dictive un grand nombre de fois sur un seul cas Si on multiplie les cas l tudiant peut acqu rir une certaine exp rience en peu de temps ce que la r alit m me dans un h pital ne pourrait lui fournir dans la m me p riode La combinaison des avantages de deux niveaux 10 pour le texte 6 pour le film d bouche sur la cr ation de cas programm s multim dias LECLERCQ et al 1997 Habituellement on dit d un stimulus qu il est iconique quand il a gard des caract ristiques formelles communes avec l objet qu il voque Ainsi PIERCE parle de ressemblance native et dit qu un signe est iconique quand il peut repr senter son objet principalement par sa similarit 1988 149 selon MORIS 1996 le signe iconique a d un certain point de vue les m mes propri t s que le d not RUESCH et KEES y voient
23. ar lui comme des objets de fiert devient un instrument de blessure narcissique La relation professeur tudiants est une exp rience dont l interpr tation volue au fil de l ann e Ainsi le professeur d butant peut avoir l impression que la permissivit et la flatterie des tudiants peuvent lui amener les faveurs de ces derniers Cela peut tre vrai tr s court terme Sur ce point l exp rience d ARONSON et LINDER 1965 est clairante Des professeurs ont fourni pendant deux p riodes de 25 jours cons cutives des feedbacks aux tudiants sur leurs travaux crits Les professeurs A ont donn uniquement des compliments et les professeurs B uniquement des critiques Les professeurs C ont donn d abord des compliments les 25 premiers jours puis des critiques les 25 jours suivants Les professeurs D ont fait l inverse On demanda ensuite aux tudiants leur appr ciation des divers valuateurs Voici les r sultats quant aux valuateurs pr f r s D critiques puis compliments 76 A compliments uniquement 64 B critiques uniquement 22 C compliments puis critiques 10 Quand une exp rience est men e en simple aveugle les sujets sont inconscients d tre l objet d une manipulation la r v lation du dispositif exp rimental son caract re pi geant peut tre v cu tr s d sagr ablement par les tudiants Bien s r cela d pend nouveau fortement du contenu de la personnali
24. auteur de 2 m 4 compartiments superpos s Le compartiment sup rieur pr sente un cran TV Le deuxi me compartiment une affiche avec des codes num riques correspondant des intitul s de travaux techniques ex 124 couler un b ton sur une terrasse 228 armer un coffrage 139 peindre un treillis 141 coller un tapis derri re un radiateur etc Le troisi me compartiment comporte un simple clavier num rique chiffres de O 9 afin que le client compose le code relatif au travail qu il veut visionner Le dernier compartiment tout en bas est vitr pour que les clients puissent voir fonctionner un lecteur de vid odisque et un bras articul qui saisit le vid odisque contenant la s quence vid o s lectionn e et le pose sur le lecteur Apr s la description vid o des gestes et commentaire en voix off des actes techniques la s quence se termine par la liste des fournitures acheter un pinceau de type P7 une latte de type AK83 de la colle etc C est donc la fin que l int r t commercial et l apprentissage se rejoignent 13 DA 2 Passage progressif d une forme iconique une autre en respectant la continuit des trac s de pourtour M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 19 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 Niveau 9 du c ne de l exp rience FIGURATIF Les photos l
25. d insinuations telles que Allez d p chez vous les Bruns ce sont toujours les m mes qui sont en retard ou Evidemment c est un Brun ou encore Non cette question est trop difficile pour qu un Brun soit capable de r pondre un Bleu veut il bien le faire Ensuite elle mit en uvre des r gles s gr gationnistes les Bruns ne peuvent pas mettre leur mallette cet endroit les Bleus peuvent les Bruns ne peuvent pas aller en r cr ation de suite et les Bleus ne peuvent pas y jouer avec eux L apr s midi elle analysa ce qui s tait pass notamment pendant la r cr ation quolibets et bagarres sentiments de chacun etc Le lendemain elle inversa les r les Hier je vous ai menti en r alit ce sont les Bruns qui et les yeux bleus port rent le foulard 8 ce qui n est pas certain du moins pour tous Exp rience connue sous les noms La classe divis e ou encore In the eye of the storm Au centre du cyclone M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 12 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 Cette exp rience marqua les l ves vie Chacun a pu ainsi vivre de l int rieur la discrimination bas e sur un attribut physique Quatorze ans apr s les l ves film s nouveau par PETERS 1985 se disent toujours marqu s par ces deux jours Avec les enfants l immersi
26. e un mouton un enfant portant une caisse etc taient pr sent s des adultes en 6 formats iconiques noir et blanc voir ci apr s Contrairement ce qu on pourrait penser ce n est pas la photographie qui suscite le plus grand taux de r ussite dans la reconnaissance de l objet Ces taux de r ussite moyens pour divers objets sont les suivants 72 le dessin ombr r aliste 67 la photo d tour e dont on n a gard que l objet vis en ayant d coup le fond 62 le dessin de contour le genre ligne claire des dessins de Herg 61 l plat noir comme dans les ombres chinoises 59 la photo classique compl te 49 l objet stylis en ligne claire La simplification peut tre dict e par un souci de progressivit Si l on veut entra ner des futurs secouristes pratiquer le bouche bouche et la r animation cardio pulmonaire on a int r t focaliser l attention de l apprenant sur cette seule performance Plus tard on introduira les variables suppl mentaires perturbatrices que le sauveteur devra n anmoins g rer dans la vie r elle ordonner autrui d aller t l phoner et de revenir confirmer que c est fait prot ger la victime et le sauveteur d un accident de la circulation tenir t te une nu e de badauds qui ne manqueront pas de lui dire qu il ne doit pas agir comme il le fait etc Un vrai professionnel est quelqu un qui a
27. elles qui se 2 LAERDAEL M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 15 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 d roulent avec la coop ration des patients simul s de l Apprentissage Par Probl mes voir chapitre 8 Les jeux de r les rel vent aussi assez souvent du niveau 3 pour les acteurs Niveau 4 du c ne de l exp rience CO PRESENCE Sans demander de mat riel sophistiqu comme les b b s lectroniques et sans pi ger les apprenants comme dans l exp rience de Jane ELLIOTT mais aussi sans l impact souvent cuisant de la r alit les jeux de r le permettent de vivre en direct une exp rience imaginaire Dans le cadre de son cours d Analyse et Gestion institutionnelles le professeur Jean Fran ois LEROY place chaque ann e le temps d un long week end des tudiants en psychologie sociale de l universit de Li ge aux commandes d une entreprise fictive avec six autres coll gues L entreprise est le jeu informatique DUNE Pour cette exp rience les tudiants se voient attribuer les r les de chef de la production capitaine des gardes responsable des machines du transport etc Ils vivront au niveau 3 Deux autres tudiants seront observateurs donc fonctionneront au niveau 4 Les jeux de r les se r partissent sur plusieurs niveaux du c ne tant on peut en concevoir de
28. ertaines parties de l anatomie par exemple les os en plat noir la repr sentation de la cavit ut rine en gris la suppression de tous les d tails encombrants et inutiles pour l objectif vis notamment le contenu de l abdomen le cordon ombilical etc M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 20 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 Niveau 10 du c ne de l Exp rience CODES Les textes crits sont l expression courante la plus abstraite la plus loign e de l exp rience multisensorielle Cela ne signifie pas que l enjeu est moins motionnel que cognitif La po sie est la preuve que l motion peut tre support e par des codes Revenant notre exemple de d part dans ce chapitre Le silence des agneaux rappelons nous le parti p dagogique que l on peut tirer de la capacit humaine de reconstituer mentalement une r alit complexe et forc ment subjective partir de seuls crits Nous n en prendrons qu un seul autre exemple la m thode des cas programm s DE WAELE 1975 VANDENBRANDE 1994 LECLERCQ et VANDENBRANDE 1997 destin e former des tudiants en criminologie en psychologie ou en p dagogie Cette m thode consiste pr senter la vie d une personne ou des moments choisis de cette vie fractionn e en pisodes une cinquantaine chacun termin p
29. es affiches les caricatures les ombres chinoises statiques rel vent du niveau 9 Les bandes dessin s comme celles d Anselme Lanturlu PETIT 1985 sur les sciences nous permettent de vivre une s rie d exp riences comment es par des textes relevant eux du niveau 10 On sait que la tapisserie de la reine Mathilde BAYEUX retrace la conqu te de l Angleterre par Guillaume et principalement la bataille de Hastings en 1066 Avec ses 58 vignettes s tendant sur 70 m tres de toile translucide elle constitue un exemple remarquable de bande dessin e avant la lettre Comme dans toute bande dessin e ce sont les temps forts qui sont gard s et ces temps sont m me surcod s la m me vignette est charg e d objets symboliques vocateurs au lecteur d en d crypter le sens ou l intention Car c est dans les cerveaux et non dans les cases des BD que se trouve le sens Des probl mes du m me genre se posent en p dagogique universitaire Ainsi il importe qu un m decin accoucheur ait une bonne repr sentation mentale des mouvements op r s par le b b lors de l accouchement A l audition du mot mouvement nombre d enseignants penseront vid o Or ce qui importe est que le mouvement soit dans le cerveau de l apprenant et pas seulement sur l cran de la t l vision Un certain nombre de personnes comme SALOMON 1974 par exemple pensent m me qu il faut qu il ne soit pas sur l
30. eur contribuent amplifier un mouvement en augmenter la puissance ou la port e Ces m dias nous offrent une sorte de supra motricit f Les limitations cognitives Certaines op rations logiques math matiques verbales ne peuvent tre ex cut es par l homme en un grand nombre par unit de temps de par la faible capacit de sa m moire de travail Les ordinateurs pallient nos limitations dans ce domaine nous rendant par exemple capables de trier exhaustivement dans une gigantesque base de donn es ce que nous ne pouvions faire dans notre m moire long terme Des logiciels sp cialis s nous donnent acc s une supra cognition On comprend pourquoi les technologies de l information et de la communication TIC peuvent jouer un r le consid rable en formation Il ne s agit cependant pas de remplacer toute l exp rience directe par une exp rience m diatis e Il incombe chaque formateur et chaque form de faire les compromis qui en fonction du contexte lui paraissent les meilleurs tant donn ses objectifs ses partenaires ses ressources et ses contraintes M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 3 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 2 L exp rience humaine du concret l abstrait DALE 1965 a pr sent un c ne de l exp rience passant du bas vers le haut de l exp rience l
31. gique du professeur RUWET l Universit de Li ge Les tudiants y sont amen s identifier des cr nes d hominid s cromagnon pyth canthrope etc Or ces cr nes n existent qu en un seul exemplaire et 450 tudiants de candidature en psychologie doivent faire l exercice C est pourquoi l assistant du professeur Pascal PONCIN et Jean Luc GILLES ont r alis un CDRom pr sentant ces cr nes en mouvement rotation gauche droite et rotation avant arri re contr lables volont par l apprenant Ce logiciel rend plus faciles certaines op rations que dans la r alit Ainsi dans le logiciel on peut rapprocher deux cr nes et les examiner longuement comme si on disposait d une infinit de photos La manipulabilit impossible pour des raisons de s curit a t retrouv e gr ce la technologie informatique Niveau 7 du c ne de l exp rience TRI DIMENSIONNEL A ce niveau la taille des objets n est pas forc ment respect e le mouvement n est pas pr sent Au Mus e des Sciences Naturelles de Bruxelles l on peut se promener toute peur proscrite parmi les iguanodons fossiles trouv s Bernisard ou plut t entre leurs squelettes reconstitu s en grandeur r elle mais immobiles Lors de l exposition Simenon Li ge on a pu passer dans le bureau du c l bre d tective MAIGRET en pl tre le voir et sentir l odeur de sa pipe puis continuer par cette pi ce en clair obscur qu est la
32. ielle des cadavres amoncel s Jusqu o la r alit doit elle tre v cue Nos p res ont combattu pour que nous et nos enfants n ayions Jamais vivre des exp riences horribles comme celles qui ont t voqu es ci avant Le devoir de m moire impose que nous les vivions mais de fa on m diatis e abstraite Certains pr tendent que l institution scolaire doit pr parer la vie toute la vie m me dans ses aspects les plus sordides A ceux l qui lui disaient la vie est dure c est un combat une comp tition o les plus forts crasent les plus faibles et il faut y pr parer les enfants d s l cole primaire C lestin FREINET r pondait Si elle doit venir la nuit viendra toujours trop t t 1967 166 et il concevait une cole qui m rite d tre v cue Une exp rience directe planifi e tr s connue est celle des yeux bleus et des yeux bruns Marqu e par le racisme qui culmina aux USA avec l assassinat de Martin Luther KING en 1968 Jane ELLIOTT une enseignante de 4e primaire de l Iowa aux USA d cida de faire vivre le racisme ses l ves tous blancs caucasiens en position de victime Cette exp rience r p t e plusieurs ann es de suite fut film e par PETERS Universit de Yale en 1970 Jane ELLIOTT fit porter un foulard cela aurait pu tre une toile jaune aux l ves aux yeux bruns pour qu on les reconnaisse bien m me de loin Ensuite elle distilla une s rie
33. ies des m dias Les sch mas de ROMISZOWSKI 1988 pour la s lection et l utilisation des m dias de formation par leur nombre leur diversit et leurs nuances convergent eux aussi Les principes g n raux doivent tre imp rativement et syst matiquement r interpr t s la lumi re des crit res locaux et momentan s la personnalit des acteurs leur culture leurs comp tences et leur histoire n tant pas les moindres de ces crit res Face aux maigres vidences fournies par la recherche il est toujours l heure de les r interpr ter la lumi re du hic et nunc et les apprenants ont autant voix au chapitre que les formateurs Voir la Fast Foodisation de l universit au chapitre 3 C est le titre de son ouvrage M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 9 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 8 Une lente assimilation Vouloir appr cier les b n fices de l exp rience imm diatement apr s celle ci risque de tronquer consid rablement la mesure Le processus de digestion de r interpr tation de cette exp rience est tout aussi important que le v cu imm diat Telle preuve est v cue positivement par celui qui s y est soumis tant qu il a la conviction illusoire qu il l a r ussie Tout bascule lorsqu il apprend son chec Ce qui quelques heures plus t t tait interpr t p
34. ion de l exp rience 12 05 09 page 21 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 2 Z M symboles illustr s sur les magn toscope le pour enregistrer ou le pour pause Le point culminant de l abstraction est sans doute une expression alg brique d un ph nom ne En guise d autocritique ce que le c ne ne peut repr senter Le mod le adopt est unidimensionnel et proc de selon un seul axe du bas vers le haut ou vice versa Il s agit l redisons le avec force d une repr sentation excessivement sch matique Certains niveaux le 6 le 7 le 8 pourraient tre intervertis dans la mesure o ils mettent en jeu des facettes diff rentes de la sensorialit C est pourquoi nous n avons pas plac sur le c ne le volet sonore Cela e t transform le c ne en arbre Pour chacun des domaines on peut imaginer un c ne propre un peu comme chaque registre sensoriel semble avoir sa m moire court terme Le r le des m dias peut tre analys de la m me fa on Pour ne prendre qu un seul exemple dans le registre sonore correspondre par cassettes audio avec un tre cher loign est une exp rience tr s charg e d motion Branchez votre enregistreur la nuit et teignez les lumi res c est comme si la personne tait dans la pi ce Bien s r on n est pas en direct puisqu on pourrait r couter un tel enregistrement m me apr s la mort de la
35. ital Ainsi il peut lire la quantit d air insuffl e ce qu un observateur humain m me expert pourrait difficilement quantifier Il peut lire aussi le rythme de ses compressions exprim par leur nombre par minute Enfin il peut visualiser le point d appui de ses mains et constater s il a ou non cass une c te flottante de la patiente Le probl me d une technologie de simulation aussi sophistiqu e est celui du sevrage car les vrais patients que le secouriste aura ramener la vie dans la rue ne sont pas reli s un cran Il faut aussi s habituer se passer du simulateur contrainte si lourde que certains formateurs en anesth sie se demandent si ce d tour m thodologique est vraiment n cessaire Contrairement l exp rience des b b s du Wisconsin l apprenant sauveteur peut s arr ter pour souffler si on peut dire C est tout autant cette caract ristique que le recours un mannequin qui situe cette exp rience au niveau 3 La m decine depuis longtemps a d velopp des instruments de simulation parfois tr s frustres depuis les bo tes pour exercer au toucher rectal et le panier recouvert d un linge avec b b en plastique pour s exercer sentir la position du b b lors de l accouchement jusqu aux techniques de la r alit virtuelle Rel vent par contre du niveau 2 les exp riences o les condisciples se pr tent l examen des yeux des oreilles de la gorge etc et c
36. iveau 1 mais d une r alit transform e niveau 3 comme le sont des cellules cras es entre deux lames de verre La manipulation de cadavres dans la salle de dissection rel ve du niveau 2 si elle se r alise par l tudiant sous la direction de l encadrant et qu il n y a pas d enjeu social Par contre il s agit du niveau 1 dans le cas d une autopsie l gale devant d boucher sur un diagnostic qui sera rendu public M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 14 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 Niveau 3 du c ne de l exp rience VECU PERSONNEL ARRANGE Dans les deux niveaux pr c dents les apprenants sont expos s aux cons quences r elles de leurs actes Un m decin stagiaire peut commettre des erreurs entra nant la mort du patient Dans les situations comportant des dangers ou dont les co ts sont inabordables ou encore dont l objet est inaccessible parce que trop loign ou trop grand ou trop petit etc on a recours la simulation Ainsi les simulateurs de vol donnent de plus en plus l illusion de la r alit panoramique visuel bruits tr pidations sentiment d crasement au d collage etc On peut d truire plusieurs fois l avion ou la navette spatiale au Kennedy Space Centre de Floride par exemple par ses man uvres incorrectes Dans bien des situations m dicales
37. l on ne dispose du pass qu autant qu on prend soin de l inscrire dans l avenir les artistes les instrumentistes sont d j sur sc ne ou sur le plateau quand ils apprennent dans un projet d utiliser l acquis qui en structure imaginativement les lieux ou les occasions p 36 A l inverse selon cet auteur il est une mani re de vivre le pr sent dans l instant qui le coupe de lavenir et qui l emp che d en faire un pass on porte alors l oubli dans son c ur p 38 Il conseille ses tudiants Quand vous apprendrez cette le on mettez vous dans le contexte de la classe imaginez vous que vous tes en train de me la r citer cette le on p 39 M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 10 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 9 Elargir la conscience des possibles Le mod le de la pyramide de l architecture des comp tences pour les objectifs celui des six paradigmes d apprentissage enseignement pour les strat gies d intervention et celui ci du c ne exp rientiel pour les m dias se veulent des check lists permettant l enseignant de choisir voire de moduler ou m me de concevoir les m thodes les plus appropri es pour atteindre ses objectifs Une fois la m thode id ale d termin e le probl me est tr s souvent de trouver une m
38. la permettez moi de vous pr senter un de mes bons amis le capitaine Flambeur Enchant monsieur Ou bien Tiens Bourget Comment a va M Paul Bourget Le capitaine Flambeur Tr s honor monsieur Et Daudet in uvres Anthumes d 1989 441 Les points en relief sous les boutons de l ascenseur sont sans signification pour qui ne sait pas lire le braille L odeur d amande am re si r v latrice du cyanure comme nous l a opportun ment r v l Agatha Christie reste non d cel e par l enrhum de service Le froid lunaire n atteint pas nos astronomes suant dans leur combinaison spatiale pas plus que la force d Archim de ne soul ve nos scaphandriers retenus au fond par leurs semelles de plomb De m me que BACHELARD disait Le r el n est jamais ce que l on pourrait croire mais toujours ce que l on aurait d penser cit par ALBERTINI 1992 38 nous dirions que l exp rience de l apprenant n est jamais ce que son professeur a voulu lui faire passer mais bien ce qu il en a cru La r alit virtuelle est pr cis ment une aide croire Quelle est la perte par rapport au r el Ce qui est ressenti par l apprenant C est dire peut tre rien du tout Le virtuel l artificiel constitue m me souvent un plus par rapport au r el Si ce que nous montre notre interlocuteur dans la vid oconf rence n avait pas t film d aussi pr s et son image projet
39. la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 6 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 5 Rencontrer les diff rences individuelles On a beaucoup tudi les diff rences interindividuelles de styles cognitifs Ainsi RIDING et CALVEY 1981 ont d velopp un test appel VICT Verbal Imagery Code test partir duquel ils classent les personnes en verbaux sup rieurs la moyenne dans leur performance aux questions verbales et iconiques sup rieurs la moyenne dans leur performance face des images ou des mots imag s Ils ont ensuite montr que des sujets tr s verbaux r ussissaient mieux dans le rappel de m moire de textes verbaux et que pour les sujets imageurs c tait le contraire ces derniers se rem morant mieux les textes iconiques De telles exp riences sont dites de matching Elles consistent faire correspondre le style cognitif pr f rentiel de l apprenant et le canal porteur des informations ou la strat gie d enseignement Dans ces exp riences la moiti des l ves est en situation de non correspondance mismatch et l autre moiti en situation de correspondance matching Elles ont t men es dans divers domaines Par exemple CARLSON 1991 et DEUSE et LECLERCQ 1995 ont trait l approche inductive ou d ductive d un probl me Ces exp riences montrent pour la plupart que l apprentissage court terme est
40. les apprenants ont vivre les sensations tactiles ex le toucher kinesth siques fines ex le palper pour d tecter une masse anormale dans un organe la r sistance d un organe comme le poumon dans lequel on introduit une sonde etc ou musculaires plus globales ex la pression exercer sur la cage thoracique pour pratiquer la r animation cardio pulmonaire Pour habituer des praticiens la r troaction de pression permettant l intervenant de doser sa force plusieurs moyens ont t mis en uvre Les mannequins constituent probablement l exemple le plus connu Les salles de travaux pratiques de certaines facult s de m decine voir aussi le Skillslab au chapitre 8 mettent la disposition des tudiants des membres postiches leur permettant de s exercer la ponction sanguine Il faut introduire la seringue au bon endroit pour que du liquide rouge puisse tre pr lev comme dans la r alit Les sutures de plaies se font sur des pieds de porcs qui s ils sont vrais constituent par rapport la peau humaine un mat riau de simulation RESSUSI ANNE est le nom du mannequin en latex grandeur nature connect un cran d ordinateur permettant aux novices de s exercer la r animation cardio pulmonaire RCP Tout en pratiquant le bouche bouche et les compressions thoraciques l tudiant peut suivre la traduction graphique ou chiffr e de sa performance l analogique a t transform en dig
41. lis comme le support d finitif de la lutte contre le temps ce qui ne semble pas totalement assur b L espace Il s agit d abolir les distances de permettre la transportabilit des messages de lib rer l apprenant de leur localit de leur proximalit La poste la radio la t l vision la c blo distribution les transmissions via satellites ou Internet contribuent vaincre l obstacle de la distance c Le nombre Il s agit de d passer l unicit du r cepteur de concr tiser la multiplicabilit de l exp rience du message pour qu il soit re u par un nombre plus ou moins lev de destinataires Les m mes m dias que ci dessus sont impliqu s modul s comme il se doit publipostage listes d adresses lectroniques d Les limitations perceptives Certains ph nom nes chappent l homme vu leur taille ou leur vitesse La loupe et le microscope agrandissent l image la projection ralentie d un film permet de d composer le mouvement du galop du cheval par exemple le proc d inverse l acc l r permet de visualiser l volution d une plante Ces m dias nous dotent d une sorte de suprasensorialit e Les limitations motrices Certaines performances sont inaccessibles l homme tant donn son impr cision la force ou la taille de ses membres Le compas la latte l querre contribuent am liorer la pr cision La pince le marteau le microphone et l amplificat
42. ment d un processus de transmission avec la possibilit pour l animateur de g rer ces interventions la limite de les ignorer c est dire repasser du niveau 5 sens unique au niveau 4 plus participatif Par exemple FORUM est un logiciel qui facilite cette proc dure JANS et LECLERCQ 1996 chaque tudiant depuis son ordinateur peut faire conna tre sa r ponse l animateur voir d tails dans le chapitre 7 Des bo tiers de vote sans fil fonctionnant par t l transmission permettent des grandes groupes plus de 300 tudiants de fournir des r ponses individuelles en temps r el Niveau 6 du c ne de l exp rience MOUVEMENT Au Qu bec Saint F licien c est dans un petit train que l on peut visiter le territoire huron Pas de surprise les Indiens mannequins articul s sont au rendez vous les messages de fum e lectroniquement contr l s aussi M me chose pour les Pirates dans les sous sols de Disney World ou pour le village viking de Yorvisk dans les sous sols de la ville de York Au Mus e des Sciences et des Techniques de La Villette Paris au Palais de la d couverte et son petit fr re li geois le Mus e de la Science un pas de plus est franchi on peut toucher on peut manipuler Il peut arriver que les objets manipuler soient dangereux ou que l on craigne qu ils soient d t rior s voire perdus ou vol s C est le cas dans le cours d anthropologie biolo
43. on s est faite en double aveugle ni les bourreaux ni les victimes de la classe de Jane ELLIOTT n taient conscients du caract re simul de l exp rience L exp rience s est d roul e en simple aveugle avec des adultes cette fois C tait dans un centre p nitentiaire Jane ELLIOTT a mis les adultes aux yeux bruns les bourreaux dans le coup au pr alable laissant les yeux bleus les victimes dans l ignorance du caract re ludique de l op ration On soup onne le danger de d rapage de ce genre d exp rience Ainsi en double aveugle les favoris s ceux qui ne portent pas de foulard discriminatif pourraient tre amen s en remettre r v lant ainsi publiquement leur turpitude ce qui une fois la supercherie r v l e entrafnerait une blessure narcissique due la honte On ne s tonnera pas que dans la revue Simulation and Gaming cette exp rience ait suscit des r actions BYRNES amp KIGER 1992 portant sur l thique en ce domaine A l universit au niveau civique et relationnel il n est pas besoin d inventer de telles situations Chaque jour se pr sentent des occasions de mettre l preuve que nous soyions professeurs ou tudiants notre int grit notre pers v rance notre altruisme notre solidarit La formation universitaire recourt ce niveau d exp rience chaque fois qu elle am ne l tudiant voler de ses propres ailes et on peut regretter qu elle le fasse t
44. perd la spontan it et l improvisation C est en fait un jeu de r le choix multiple A l oppos certains jeux de r les se rapprochent du niveau 2 comme ce qui se passe dans un ancien hangar d usine reconverti en une s rie de salles de simulation sur les attaques main arm e Certaines pi ces reconstituent de mani re r aliste un guichet de poste d autres un grand magasin etc Chaque apprenant joue le r le de l agress et s exerce adopter la conduite appropri e face des professionnels de la simulation jouant les gangsters Pourquoi de telles reconstitutions en trois dimensions et pas dans un film Parce que certaines propri t s de la situation ont t jug es d terminantes pour la formation permettant de se sentir violemment pouss terre d entendre les hurlements mena ants dans son oreille de frissonner au contact glac de l arme d tre surpris par la vitesse des v nements On fr le ici le niveau 1 M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 16 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 Assister une pi ce de th tre niveau 4 c est encore participer en influencer mais si peu le d roulement live C est la m me chose pour une conf rence ou un cours ex cathedra que l on peut d autant plus infl chir comme auditeur que la parole nous
45. r la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 8 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 7 Une n gociation permanente En cette p riode de recherche de l efficacit maximale l enseignant ne se berce donc pas de l illusion de provoquer coup s r les exp riences et les r sultats qu il poursuit du moins chez chacun des apprenants Il n en a pas non plus la volont Chaque apprenant garde une certaine libert d apprendre Ainsi quand nous projetons l intention des futurs formateurs le film de Jean LE CHANOIS L cole buissonni re qui retrace la vie professionnelle de C lestin FREINET sous les traits de Bernard BLIER jeune la plupart des tudiants sont mus et profond ment marqu s comme celui qui crit pour remercier le professeur de son initiative Mais la plupart des tudiants ce n est pas tous Certains ont le sentiment d avoir perdu leur temps Soit parce qu ils se destinent la formation en entreprise et qu ils ne voient pas suffisamment les liens avec l cole primaire de ce village proven al Soit parce que les d fectuosit s sonores de ce vieux film les ont d courag s de pr ter attention l histoire et qu ils ont d croch Aussi parce que des go ts et des couleurs point ne se discute Le formateur offre des occasions les saisissent ceux qui veulent que cela soit dans un mus e lors d une visite au cours d un
46. rop peu souvent ou dans des conditions qui font peser tous les risques d chec sur l tudiant C est ce niveau qui est en uvre aussi dans l enseignement primaire ou secondaire quand le professeur stagiaire fait un remplacement et tient la classe seul de bout en bout C est un d fi pour les formateurs de trouver des situations p dagogiques de ce niveau L tudiant en langue qui regarde la RAI et TVE comme tout spectateur italien ou espagnol le ferait se met dans les conditions de niveau 1 NB le contenu des missions lui est d un autre niveau Parfois l exp rience directe doit tre instrument e n tant rendue possible que par des proth ses Ainsi la laparoscopie proc de des interventions chirurgicales sans larges ouvertures dans l abdomen mais par introduction d outils au bout de tubes flexibles et articul s Ces tubes sont munis leur bout pour l un de lumi re pour un autre d une cam ra pour un troisi me d une pince ou d un scalpel etc Le chirurgien pilote ces instruments via des manettes il en surveille l ex cution via un cran de t l vision Le contact visuel direct est l g rement transform par des effets d agrandissement loupe ou d largissement fisheye Le contact tactile lui est plus perturb dans la mesure o certains appareils ont une conduite assist e la force humaine est r duite ou d multipli e M me m diatis m me plac bo le r el re
47. spectacle d une lecture etc Loin de son esprit d exiger que ce qui l a mu ait mu aussi et avec la m me intensit les tudiants Par contre il appr ciera de fa on plus exigeante qu ait t vu ce qu il fallait voir En lieu et place de ces illusions et volont de totalitarisme le dialogue et la n gociation professeur tudiants et tudiants tudiants sont porteurs Les uns et les autres doivent pouvoir tre l coute de la majorit des tudiants de ses d sirs et de son v cu et l coute de l autorit scientifique de ses objectifs strat gies et plans d action Les questions tel niveau d exp rience v cue est il utile et est il possible sont pos es tous Si l enseignant d cide seul ce doit tre avec modestie et avec le souci de v rifier le bien fond de ses hypoth ses On gardera aussi l esprit le caract re contingent des r ponses ces deux questions la r ponse g n rale tant cela d pend du contenu des objectifs des pr requis et souhaits des apprenants de la situation d apprentissage de celles qui ont pr c d etc C est la conclusion g n rale laquelle aboutit SCHRAMM 1977 qui a tudi l apport des proc d s m diatiques la couleur le ralenti la taille des images le support musical l angle de prise de vues etc l apprentissage Ce m me constat a t refait par HEIDT 1978 propos des nombreuses taxonom
48. ste le r el L expression en aveugle vient du domaine m dical o l exp rimentation d un m dicament se fait en aveugle lorsque le patient qui l absorbe ignore s il s agit vraiment d un m dicament ou d un placebo L exp rimentation se fait en double aveugle lorsque les m decins ou infirmi res qui donnent le m dicament eux aussi l ignorent seuls les exp rimentateurs le savent Du grec AQGTOPOS partie creuse du ventre M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 13 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 Niveau 2 du c ne de l exp rience REEL PROTEGE La classe d tudiants francophones de derni re ann e de l enseignement secondaire qui passe une semaine en Angleterre avec son professeur d anglais vit une exp rience directe accompagn e Chaque tudiant e y c toiera de vrai e s Anglais es Il elle y boira de vraies ales dans de vrais pubs o il elle lancera de vraies darts fl chettes Mais le soir tous rentreront dans un h tel choisi par le professeur dont ils n auront pas n gocier le prix Bref il s agit d une libert prot g e sans risques Chacun a b n fici du m me type de protection lorsqu il a pilot une voiture avec le moniteur d auto cole ses c t s ou mieux encore un avion avec le moniteur sur le si ge arri re C est a
49. t des acteurs des relations pr alables dans le groupe et avec le formateur Enfin une exp rience v cue se place toujours dans un contexte Ce contexte peut tre chronologique Ainsi la m thode des cas programm s en criminologie a pris une dimension particuli rement motionnelle dans la mesure o elle a t expliqu e aux tudiants juste apr s l affaire Dutroux Ce contexte peut tre g ographique ou spatial Ainsi le fait que les Examens Cliniques Objectifs Structur s BOURGUIGNON et al 1997 pour tudiants en m decine se soient d roul s dans l h pital dans les locaux m mes de la consultation de p diatrie avec leurs toises leurs p se b b s etc renforce le caract re r el de la situation Ce contexte peut tre fonctionnel ou une combinaison du spatial et de l historique Ainsi dans une cole sup rieure d enseignement p dagogique on avait quip une salle d un dispositif demeure permettant chaque tudiant depuis son banc d envoyer une r ponse partir d un bo tier six touches vers le concentrateur sur le bureau du professeur Malheureusement les premi res applications du syst me furent des valuations sanctionnantes A partir de ce moment la pi ce fut appel e par les tudiants la salle des tortures La perspective dans laquelle se vit une exp rience a elle aussi norm ment d importance Ainsi DE LA GARANDERIE 1982 fait remarquer que
50. tion peuvent varier grandement du mutisme total la monopolisation de la parole D s lors caract riser le niveau de v cu d un d bat en g n ral perd tout sens Il en a d j plus si un r gulateur ou animateur r partit la prise de parole Le d calage peut aussi s op rer par glissement Le professeur avait pr vu de faire vivre l ambiance d un pub anglais et voil que ce jour l la retransmission t l vis e du match de football Angleterre Irlande aidant les jeunes continentaux n auront droit ni aux fl chettes ni au bingo ni aux chansons nostalgiques Le glissement peut tre plus violent c est alors un d rapage On avait pr vu un jeu de r le et voil qu il tourne au psychodrame voil que les mots ravivent de vraies douleurs et font surgir de vraies larmes voil que les lames qui ne devaient jouer qu une fonction symbolique sont vraiment enfonc es dans les chairs et le sang jaillit Bien des pratiques p dagogiques possibles sont cart es notamment par s curit pour viter des effets pervers et des d rapages C est le cas de la sociom trie par exemple qui consiste demander aux tudiants quels condisciples ils aimeraient retrouver dans leur groupe de travail et ceux qu ils ne souhaitent pas y voir 2 Comme nous le montrerons propos des mouvements intra ut rins du b b au moment de l accouchement M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour
51. ur qu il se retrouve dans le cerveau Ce n est pas aussi s r que cela D abord il faut que le spectateur ne soit pas aveugle Or aveugle il peut l tre de diverses fa ons car il faut qu il soit attentif qu il comprenne qu il encode qu il retienne Avertir les spectateurs de ce qu ils vont voir de ce qu ils doivent regarder des erreurs d interpr tation ne pas commettre est souvent une strat gie efficace C est le principe des advance organisers ou structurants pr alables d AUSUBEL 1963 Si c est le m dia qui guide le spectateur dans son travail mental zoom flash back superposition d images alors c est le principe de la supplantation qui est mis en uvre SALOMON 1972 et 1974 Le d calage entre le planifi et le r ellement v cu ne se produit pas toujours dans le sens n gatif Nous avons tous v cu des exp riences non planifi es qui nous ont fait grandir mentalement Ce d calage n est pas forc ment d l metteur il peut provenir du r cepteur Ainsi parmi ceux qui suivent nos Cours nos successeurs qui videmment nous d passeront transformeront nos acquis pour les am liorer M me si leur critique n est pas imm diate l effet sur le r cepteur d passe les intentions de l metteur Evidemment le degr de participation des divers intervenants joue un r le norme Dans les d bats par exemple les diff rences interindividuelles en taux de participa
52. ut de course de rendement Ceci explique que dans diverses tudes la version crite d une mati re soit plus efficace que la version vid o On constate que cette derni re phrase devrait tre r crite comme suit les tudiants sont plus efficaces quand ils utilisent la version crite que quand ils utilisent la version vid o 3 es i N k E Remarquons en passant que ces auteurs vitent soigneusement d utiliser les termes ambigus 1C1 que sont visuel et auditif C est le titre d un article de SALOMON M POUMAY V JANS D LECLERCQ et B DENIS Chap 5 Un mod le pour la m diatisation de l exp rience 12 05 09 page 7 D LECLERCQ Ed Pour une p dagogie universitaire de qualit 1998 6 Seul compte le v cu de l apprenant Avant de consid rer la classification en niveaux exp rientiels rappelons que ce n est pas la r alit qui compte mais son versant v cu par l apprenant comme l a tr s bien compris ce g nial fumiste d Alphonse Allais Un vieux capitaine au long cours le capitaine Flambeur d barque Paris ce joyeux drille a une marotte rencontrer de grands hommes Je lui en servis autant qu il voulut A vrai dire ce n taient point des grands hommes absolument authentiques mais les camarades se pr taient de bonne gr ce cette innocente supercherie qui n tait point sans leur rapporter des choucroutes garnies et des bocks bien tir s Mon cher Zo
53. utre chose que d tre seul ou selon l expression de DWYER 1980 to fly solo Remarquons qu on peut toujours Londres chapper volontairement ou non la surveillance ou la protection du professeur et transformer l exp rience de niveau 2 en exp rience de niveau 1 pendant ce laps de temps En outre toute exp rience de niveau 2 comporte encore des risques m me s ils sont limit s Au zoo il n est pas totalement exclu qu un lion sorte de sa cage Parfois l aspect de l exp rience qu il importe de respecter est la dur e r elle L op ration Les b b s lectroniques du Wisconsin en constitue un exemple on y vise pr venir les grossesses involontaires d adolescentes Une cole secondaire Chippewa Falls a d cid de faire vivre par tous ses tudiants de classe terminale filles et gar ons les inconv nients d avoir un b b leur ge Chaque tudiant a re u un b b lectronique apparemment semblable ces poup es r alistes mais en fait muni d un microprocesseur programm pour faire pleurer le b b toutes les trois heures de nuit comme de jour et ne s arr ter que si l tudiant introduit SA cl dans la bouche du b b durant 20 minutes Cela implique de garder le b b dans les bras sans interruption tout ce temps Chaque tudiant s est en effet vu attacher un bras d une fa on inamovible comme des menottes une cl originale correspondant au b b L ordinateur de
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