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Monde des livres

1. La Quinzaine litt raire prend jus tement le risque de penser par lui m me dans Verticalit s de la litt rature Pour en finir avec le jugement critique 1 Patrick K chichian Lire la suite page X 1 d Champ Vallon L esprit libre 128 p 14 tincelant Une agilit une virtuosit qui nous ont emp ch de reprendre notre souffle Albert Sebag Le Point I LE MONDE VENDREDI 7 OCTOBRE 2005 L DITION FRAN AISE m FAYARD ENTRE EN POCHE La maison d dition s essaie au poche avec Les Indispensables de l histoire Dans l esprit des reprises en un seul gros volume de classiques qui pr sida une bonne part des premiers titres de Bouquins chez Robert Laffont comme des Omnibus l di teur regroupe en un seul tome deux ou trois titres phares de ses grandes signatures H l ne Carr re d Encausse dont les Nicolas Il et L nine com posent Russie la transition manqgu e Jean Favier dont sous le titre Un roi de fer ressortent Philippe le Bel et Enguerran de Marigny seul livre paru initialement dans une autre maison Evelyne Lever dont Louis XVI et Marie Antoinette c l brent Les Derni res Noces de la monarchie Jean Tulard livre des Figures d Empire avec Murat Fouch et le plus obscur Joseph Fi v e Eugen Weber offre une relecture de La France de nos aieux avec La Fin des terroirs et Les Imaginaires et la politique au XIX si cle enfin
2. C est le manuscrit de son prochain livre une autobiographie qui para tra l automne prochain Une autobio graphie crite ma fa on pr cise Grass avec tout le scepticisme qui s attache l exercice autobiographi que Ce qui s est pass voil cinquan te ans Je le raconte tant t comme ci tant t comme a selon les interlocu teurs avec une palette de variations Cette autobiographie est aussi une protestation comme la pr tention l existence d une seule v rit Il y a plu sieurs v rit s Le livre couvrira ses jeunes ann es depuis son enfance Dantzig aujourd hui Gdansk en Pologne jusqu son s jour pari sien la fin des ann es 1950 Apr s ce n est pas aussi int ressant C est connu Mais a m a titill d cri re sur l volution d un jeune homme qui a t soldat 17 ans puis prison nier qui ensuite a cherch sa voie comme sculpteur avant d entrer peu peu en litt rature G nter Grass re oit dans sa mai son du Schleswig Holstein quel ques kilom tres de L beck dans un paysage de lacs et de collines qui res semble sa r gion natale de Gdansk Le bureau de l crivain jouxte l atelier du sculpteur Grass travaille par cycles Apr s avoir achev son autobiographie il va revenir vers les danseurs et danseu ses de terracotta pr par es pour une prochaine exposition Quelques jours auparavant dans une petite ville voisine il a
3. Signalons aussi la parution en poche de Bord de mer suivi de Num ro 6 J ai lu n 6955 m MORDRE de Thierry Laurent Comme dans Le Sein de Philip Roth Folio Gallimard la m ta morphose progressive d un jeune notaire en chien dans Mordre est Poccasion d une critique sociale aigu et d une mise jour terrible et d sopilante des rapports entre les hommes et les femmes Certes Thierry Laurent dont c est le premier roman n a pas la ma trise d un Roth mais il montre un talent certain pour le comique et poss de d j une f rocit bien aiguis e La soci t des apparences en prend pour son grade tout comme les suppos s statuts sociaux Votre mari va s installer provisoirement dans un corps de chien Mais rassurez vous socialement un notaire a reste un notaire et les femmes Mieux vaut pouser un monstre banal mais riche qu un humain fauch Quant au retournement final chacun le trouvera selon sa vision du monde tr s cynique ou tr s moral Ed H lo se d Ormesson 256 p 18 SOPHIE JABES Clitomotrice lanis Jo S m CLITOMOTRICE de Sophie Jab s Sophie Jab s est fascin e par la m tamorphose Avec son premier roman Alice la saucisse d Verti cales 2003 elle avait montr son talent pour aller au bout de tranget Apr s un deuxi me livre sur un autre sujet Caroline assassine d J C Latt s 2004 elle revient son t
4. La Possibili t d une le de Michel Houellebecq Fayard Waltenberg de H di Kad dour Gallimard L Attentat de Yasmina Khadra Julliard Fuir de Jean Philippe Toussaint Minuit Trois Jours chez ma m re de Fran ois Weyergans Grasset Prochaine s lection mardi 25 octobre m LA S LECTION DU GRAND PRIX DU ROMAN DE L ACAD MIE FRAN AI SE La commission du Grand Prix du roman de l Acad mie fran aise a tabli jeudi 29 septembre sa premi re s lection en vue de lattribution du prix qui sera d cern jeudi 27 octobre Ont t retenus Pai bien connu mon fr re de Fran ois C r sa Le Rocher Magnus de Sylvie Ger main Albin Michel L Antilope blanche de Valentine Goby Galli mard Le Destin de Iouri Voronine d Henriette Jelinek d de Fallois L Attentat de Yasmina Khadra Julliard Ligne 9 de Guy Konopnicki d Jean Claude Gawsewitch Brusque chagrin de Philippe Meyer d de Fallois Deux fois par semaine de Christine Orban Albin Michel ACTUALIT S Le Salon d Alger en qu te d image A l occasion de ce rendez vous international qui s est tenu du 21 au 30 septembre des diteurs arabophones et francophones se sont mus de la s paration entre les deux zones linguistiques n stricte tenue islamique ou B en jeans et jupes courtes le public est venu nombreux au dixi me Salon international du livre d Alger qui s est tenu du 21 au 30 septembre au Pala
5. Viegas Traduit du portugais par S verine Rosset Albin Michel Carr jaune 414 p 18 a rencontre tait pr visible L in vitable sans doute m me si elle a mis un certain temps se produire celle de la saudade portugaise et du roman policier On connaissait d j inspecteur d pres sif en proie des probl mes profes sionnels et sentimentaux si en plus il est portugais voil qui ajoute une note originale de m lancolie la noirceur du tableau Les Deux Eaux de la mer sont le premier volume d une trilogie que Francisco Jos Viegas a consacr e aux aventures de deux amis policiers Filipe Cas tanheira qui a quitt Lisbonne pour s installer aux A ores et Jaime Ramos qui vit Porto Le climat insulaire et plus g n ra lement la contemplation de la mer provoquent une forme particuli re de saudade Est ce justement ce qui a pouss Rita Calado Gomes venir mourir sur une plage des A ores C est sans importance puisque la police a conclu une mort acciden telle et que l affaire est class e Pourtant en ce d but d ao t 1991 au moment o on retrouvait le cadavre de Rita son amant Rui Pedro Martin avocat d affaires Porto tait assassin sur une plage espagnole en Galice Rui avait soi gneusement organis sa dispari tion coupant tout lien avec ses amis se retirant sur la Costa da Mor te pr s de ce cap Finisterre qui figu rait pour les Anciens le bout du
6. dus qui la composent DAVID BALICKI Fran ois Taillandier Ce d nudement annonc Nicolas et Louise l incarnent tout entiers leur d sir charnel En exposer le d ploiement ces meu bles ces murs ces photos les posait d tach s face l origine leur parent aux silences et aux r tentions de cet univers les expri mant dans la seule langue qui convint la leur celle qu ils inven taient C tait comme revenir sur le manuscrit d un livre pour le corri ger refaire des paragraphes intro duire des pisodes manquants Le temps r el n offre gu re habituelle ment de telles possibilit s Tissant la trame d une intrigue qui joue des d cennies et des g n rations avec un redoutable art de l ellipse un sens impecca ble du raccourci et la pointe ac r e d un aquafortiste virtuose Taillandier s affranchit du leurre de la v rit conventionnelle La v rit consiste dire aux gens ce qu ils peuvent entendre un moment donn ce qui leur convien dra les rassurera C est tout ce qu on peut faire pour en tra quer une autre essentielle celle de la survie des morts Une fa on de voir essentielle une de ces perspectives sans lesquelles on s aveugle en croyant Ss manciper Les morts sont l Il y a une survie qui consiste en un effet de persistan ce et produit une nergie agissante Comme travers un songe ils entendent nos vo
7. 558 p 10 50 Sociologie de la cruaut Michel Wieviorka explore l ventail des comportements violents LA VIOLENCE de Michel Wieviorka Hachette Litt ratures Pluriel 336 p 8 60 uteur de plusieurs enqu A tes consacr es entre autres au terrorisme Pin s curit urbaine au racisme et plus r cemment la haine antis mite La Tentation antis mite d Robert Laffont 460 p 22 le sociologue Michel Wieviorka a appris mobiliser et interroger les multiples proc dures th ori ques labor es par les sciences sociales pour appr hender l ven tail des comportements violents Dans cet essai aussi dense que p dagogique il ne se contente pas de passer en revue ces proc dures ni d en proposer une utile synth se Certes il prend soin de baliser r f rences appui l espace clas sique de la pens e moderne sur la question depuis les mod les fonctionnalistes jusqu aux approches culturalistes en passant par les perspectives utili taristes Mais il expose gale ment les diverses mutations qui rendent d sormais la plupart des que la rationalit politique fut aus si un si cle capital dans Phistoire de la cr ation de la litt rature de Pouchkine Tchekhov et Tolsto la musique de Glinka Stravinski comme dans celle du mouvement des id es la controverse qui divise d s 1830 l intelligentsia entre slavo philes
8. 90 ans Pierre Goubert est l honneur avec Mazarin et Louis XIV et vingt millions de Fran ais proposant le contraste entre Splendeurs et mis res du XVIF si cle Six titres para tront chaque semes tre au prix de 20 euros Premi re salve le 12 octobre m HARRY POTTER 800 000 exemplaires de Harry Potter et le prince de Sang M l ont d j t vendus depuis sa sortie en fran ais samedi 1 octobre ont annonc mercredi les ditions Gallimard ce qui corres pond 40 du tirage initial deux millions d exemplaires m OUVERTURE D UNE LIBRAIRIE DU CHEVAL PARIS Des cuyers du Cadre noir taient les invit s d honneur de l nauguration de la Librairie du cheval 21 rue du Sentier Paris 2 arrondissement jeudi 6 octobre l occasion de la publication d Ecuyers du Cadre noir de Saumur Flam marion La librairie du cheval est la propri t de L Eperon mensuel d quitation qui poursuit ainsi son d veloppement La librairie est ados s e un site Internet www cavalivres com qui sera galement li au site de L Eperon consacr au monde du cheval www cavadeos com m FRAN OIS WEYERGANS DANS LA LISTE DU GONCOURT L Acad mie Goncourt a rendu publique lundi 3 octobre sa deuxi me s lection en vue du prix qui sera attribu jeudi 3 novembre Sont en lice Falaises d Olivier Adam d de L Olivier Lutetia de Pierre Assouline Galli mard Mes mauvaises pens es de Nina Bouraoui Stock
9. journ e qui a fait la France C est une date un v nement qui se r v le d embl e ou seule ment sur la dur e avoir marqu une esp ce de ligne de partage des temps dans notre histoire nationa le une rupture tumultueuse ou secr te entre un avant et un apr s Bouvines par exemple ou plus en sourdine Varennes Propos recueillis par Ph J C Un Waterloo de chair et de sang Alessandro Barbero fait le r cit haletant du dernier combat de l pop e napol onienne WATERLOO La Battaglia Storia di Waterloo d Alessandro Barbero Traduit de l italien par Elizabeth Auster Flammarion 448 p 25 ne bataille est comme une jolie fille qui passerait vite et ne se laisserait pas embrasser L historien et romancier italien Alessandro Barbero a choisi pourtant de nous en raconter une et pas n importe laquelle puisqu il s agit de la bataille de Waterloo l une des deux raisons qui font que le 18 juin est rest une date c l bre dans la conscience nationale Il adopte pour cela le point de vue de Fabrice del Dongo celui des combattants qui racontent leurs his toires les lettres et les souvenirs des acteurs de Waterloo qu ils soient anglais fran ais hollandais saxons ou prussiens sont l gion Mais le Fabrice del Dongo de Bar bero n est pas l instar de celui ima gin par Stendhal isol dans un coin de ce champ sanglant de 4 kilo m tres carr s quelque part a
10. la solitude inh rente la soci t moderne En attendant la traduction en fran ais de son roman culte le formidable Infinite Jest Quitte publier mille pages c est la taille de ce roman devenu depuis un livre culte les ditions Au diable Vauvert auraient pu faire traduire Infinite Jest Mais la difficult de la langue les a sans doute rebut es A la place elles ont choisi de nous fai re d couvrir Wallace travers deux recueils de textes In gaux certes mais qui montrent sans ambigu t que l on a affaire un crivain un vrai et souvent de gros calibre AGONIE DU D SIR Prenez son recueil de nouvelles Brefs entretiens avec des hommes hideux et commencez par exemple par le r cit ponyme C est Johnny le Bandit manchot qui parle Il parle de son bras De son bras atro phi Un bras qu a chang son fusil d paule en tout d but de partie quand il tait encore dans le ventre de ma maman Ca ressemble plus une toute petite nageoire riquiqui c est petit a a lair humide et plus fonc que le reste de mon corps a a l air mouill m me quand c est sec C est pas joli joli Normalement je le garde dans la manche jusqu ce que ce soit le moment de sortir l Atout Car loin de nous apitoyer Johnny le Bandit va nous raconter comment il use de cet appendice gluant pour effrayer culpabiliser et finalement emballer les filles Selon le m me proc
11. monde Sa mort faisait elle partie d un sc nario qu il aurait imagin Il semble plut t qu il avait pr vu de se retirer des affaires d entamer une nouvelle vie pour oublier ses activit s d espion ou peut tre de se mettre labri Mais peut on prendre au s rieux un espion portu gais Le pays est il assez strat gi que pour se doter de v ritables services secrets Et si Rui Pedro avait simplement cherch se don ner de l importance en rejouant le roman de John Le Carr Un espion parfait qui voque les derniers jours de Magnus Pym M T OROLOGIE TOURMENT E Les lecteurs friands d intrigues bondissantes toutes en poursuites et en morts violentes seront d us Ici l enqu te se transforme en m di tation sur la mort au rythme lent de nuages qui passent devant la lune Francisco Jos Viegas s offre m me le luxe d un chapitre entier la mani re de Perec o un policier num re selon ses propres mots toutes les vocations dont je peux tre capable pendant ce qu il me reste de vie Un phare Une rose jaune dans un vase en verre c t de la fen tre Un fleuve au printemps l aube Le paysage prend une importance singuli re particuli re ment ce cap Finisterre qui semble le d cor id al pour une r flexion sur la fin et la disparition L intri gue garde tout de m me ses droits et l enqu te sera parfaitement luci d e Mais tout est il r solu pour aut
12. sur le malaise fran ais 1997 sont ses derniers titres Pour leur successeur le moderne n est ni aussi heureux que chez l un ni aussi suspect que chez l autre Finkielkraut cherche sa place entre optimisme et pessimisme La r solution d tre moderne dit il est galement partag e aujourd hui par les champions de la soci t contem poraine et par ses d tracteurs les plus radicaux La bataille des Modernes et des Modernes fait rage D ac cord sauf qu il n en a jamais t autrement et que le mot moderne en fran ais a toujours t quivo que moderne est le bourgeois qui croit au progr s la machi ne et moderne est le po te Baudelaire dont Finkielk raut ne parle pas qui r siste au progr s et se moque du bourgeois Moderne est le bourgeois et moder ne est l antibourgeois ou l antimo derne L innovation de Finkielkraut est ailleurs Moderne en effet c est dire de son temps et se r clamant de Tocqueville qu il par tage avec Moraz ainsi que de P guy qu il partage avec Dome nach il en appelle une modernit modeste et galitaire humaine et g n reuse qui de ce fait ne se distin gue plus de son envers Com ment lorsqu on est attach la pro messe moderne de ne laisser person ne la porte du monde h rit ne pas tre antimoderne Le moderne suivant une belle image ce n est pas selon lui la table rase mais la table ouverte ou
13. Antoine Compagnon glorieuses historien proche de Fernand Braudel il croyait aux noces des sciences et des humani t s Son livre phare Les Bourgeois conqu rants publi la m me ann e 1957 que les Mythologies antibour geoises de Roland Barthes exaltait l ambition prom th enne des Modernes Apr s 1968 il avait pour tant renonc aux cours magistraux sur de vastes questions ce que Fin kielkraut nomme la m taphysique et qu on appelait PX des la us et il pr f rait la Barthes d nouer des dossiers et observer des cas En 1970 quand je l ai suivi son cours tait consacr au conflit isra lo arabe et examen porta sur la r so lution 242 toujours actuelle Nous le chahutions mais les tudes de cas ou les la us sont ils plus forma teurs La question reste ouverte humaine et g n reuse Domenach remit la mode les grandes le ons dans les ann es 1980 Comme souvent le publiciste est plus acad mique que l universi taire Sa perception du moderne n avait non plus rien voir avec l euphorie de Moraz D ailleurs la France moderne tait elle m me en crise Disciple de Barr s et de Berna nos Domenach dans le livre tir de son cours Approches de la moderni t 1986 d crivait une modernit mena ante totale sinon totalitaire Il inqui tait les l ves en voquant la pente de la modernit vers la d cadence Le Cr puscule de la culture fran aise 1995 et Essai
14. Grasset m ET DU PRIX WEPLER Le jury du prix Wepler Fondation La Poste a communiqu la s lection de ce prix qui sera remis lundi 14 novembre Dans le d cor de J r me Beaujour POL Abraham remix de Fr d ric Boyer POL Les Jouets vivants de Jean Yves Cendrey d de L Oli vier L Amour m me dans la bo te aux lettres d H l ne Cixous Galil e La serveuse tait nouvelle de Dominique Fabre Fayard M ditations carnavalesques de Jean Luc Giribone d Verticales Les Errances Druon de Claude Louis Combet d Jos Corti Histoire de la grande maison de Charif Majdalani Seuil Vertig de Richard Morgi ve Deno l Faune de Ga lle Obi gly d L Arpenteur La Souterraine de Christophe Pradeau Verdier Musulman roman de Zahia Rah mani d Sabine Wespieser Gradignan f te les livres de poche L ID E d un v nement consacr aux livres de poche beaucoup y pensaient mais personne jus qu alors n avait os la concr tiser Alors que ce march en progression constante repr sente un tiers des ventes 120 millions d ouvrages sur les 320 millions vendus par an et que deux tiers des livres achet s en litt rature g n rale le sont dans ce format Et puis la bonne nouvelle est arriv e de Gradignan Gironde o pour la pre mi re fois le poche a t l honneur durant trois jours du 30 septembre au 2 octobre Et ce de belle mani re puisque le maire Mich
15. La confrontation est permanente comme la tentation de tirer un trait Bien s r mes petits enfants sont plus s rs d eux que mes enfants G nter Grass n est pas un crivain militant C est un crivain qui se souvient d tre aussi un citoyen 14 millions de r fugi s expuls s de Pologne des Sud tes ou de Prusse orientale ne doit pas tre un sujet interdit sinon la droite l accapare G nter Grass n en est pas moins hostile au projet de cr ation Ber lin d un centre de recherche sur les r fugi s Ce serait bien qu on en cr e un en Europe mais sous responsa bilit europ enne pas allemande ou d ailleurs polonaise Dans les ann es 1980 1990 les jeunes auteurs allemands ont essay de se d tourner de lhistoi re Ils crivaient une litt rature que Grass qualifie de nombriliste trente ans et moins ils r di SOUVENIRS PARISIENS De 1956 1960 G nter Grass a s journ Paris ave nue d Italie dans un pavillon au fond d une cour qu il a visit derni rement encore Il a t pargn par la r no vation du quartier Le pupitre sur lequel il avait pris l ha bitude d crire debout a m me t conserv par les nouveaux occupants Grass tait arriv avec son roman Le Tambour qui lui trottait dans la t te Mais je n avais pas commenc il me manquait la premi re phrase Un an plus tard il en est d j la page 500 de la deuxi m
16. avec Descartes La contre m thode de Lydie Salvayre divaguer remplacer la rigueur par le culte des plaisirs LA M THODE MILA de Lydie Salvayre Seuil Fiction et Cie 226 p 18 ans un texte crit il y a peu pour France Culture desti nation des Rencontres de la Chartreuse du Festival d Avignon o elle le lut accompagn e de deux guitaristes Lydie Salvayre gr ne un certain nombre de refus Je suis contre les bras vengeurs contre les lamentos contre les divertis sements qui nous couvrent de honte 1 On pouvait soup on ner que dans cette litanie le contre la pens e rase la raison qui dess che les logiques qui tuent tait une fl che d coch e Ren Descartes Lydie Salvayre consacre aujourd hui tout un roman d non cer la n vrose obsessionnelle carabi n e qui poussa le philosophe r diger son Discours de la m thode L apostrophe salubre est le plat de r sistance d un festin satirique poi vr d ironie Les d gustateurs de la prose impertinente et diablesse de Lydie Salvayre se souviennent sans doute qu elle avait jadis convoqu Blaise Pascal au chevet des n vroses fami liales La Puissance des mouches honora t la mani re dont loin des dogmes et des troupeaux l auteur des Pens es cherchait le cristal qu aucun mal ne pourrait corrom pre Le narrateur insurg social accus de crime parsemait son r cit de suffisa
17. cialis es sur l architecture Cette partition s explique par laug mentation du nombre d exposants mais le manque de signalisation pour inciter le public venir jusqu nous est nuisible sur le plan commercial tion des libraires d Alg rie Aslia Comme nombre de professionnels alg riens elle cherche faire vo luer l image du salon Actuellement pour beaucoup de visiteurs c est un march o l on trouve des livres bas prix Nous uvrons pour transformer la foire en v ritable salon o l on ren contre des auteurs o l on d bat o l on d couvre les nouveaut s et lac tualit de l dition UN PAYS DANS L ATTENTE gt En 1951 le photographe hongrois Edouard Sved 1914 1996 se rend en Alg rie De ce s jour qui va le conduire d Alger o r side sa belle famille en Haute Kabylie il reviendra avec pr s de 600 clich s A mi chemin entre le reportage et l ethnographie le choix pr sent dans Alger 1951 un pays dans l attente permet de d couvrir une Alg rie in dite hors des chromos coloniaux d poque Sur ce regard sobre respectueux et juste se posent galement ceux de l historien Benjamin Stora de l essayiste et po te Malek Alloula et de la roman ci re Ma ssa Bey d Le Bec en lair 4 place des Ormeaux 04100 Manosque Barzakh 112 p 32 Signalons aussi Alger nooormal de Mohamed Ali Allalou Aziz Smati Mustapha Benfodil photos de Pierre V
18. d des inter views imaginaires dont nous n avons que les r ponses d autres tres tout aussi visqueux et crus un MARION ETTLINGER CORBIS OUTLINE David Foster Wallace pr pos aux toilettes pour hommes dans une salle propice aux chos un vicieux manipulateur qui n aime rien tant que voir souffrir ses parte naires voquent leurs rapports path tiques avec les femmes Celles ci du reste n ont souvent rien leur envier comme en t moigne la nouvelle Adult World o une jeune mari e s ab me dans l angois se persuad e qu une anomalie de constitution lui fait dispenser sur le plan sexuel de la douleur au lieu du plaisir Le plus int ressant est le processus d enfoncement dans la folie que d crit Wallace Ou bien effectivement quelque chose ne tour nait pas rond ou bien la crainte irra tionnelle et infond e que quelque cho se ne tourne pas rond tait le signe que quelque chose ne tournait pas rond Agonie du d sir spirale de la manipulation les pages de Walla ce sonnent si justes que les situa tions les plus banales r veillent sous sa plume des motions in dites Qu il s agisse d un gar on paralys par la peur en haut d un plongeoir d un po te satisfait se pr lassant au bord de sa piscine ou d une femme d prim e cherchant le r confort ces cr atures en perdition nous par lent et nous atteignent peut tre simplement parce que leur
19. entre sexo logue et cobayes contr lant la vie priv e de ses collaborateurs Il com met une erreur historique en affir mant que le sexe n a rien voir avec les sentiments et les motions Il est combattu par Margaret Mead autant que par Billy Graham Le Cercle des initi s qui est aussi Phistoire d un homme qui se pen che sur sa propre maladie finit par largir le champ de ses d non ciations traitant entre autres de l emprise d un patron sur ses colla borateurs des extr mismes des sec tes ou du voyeurisme Toute ressemblance avec qui vous pensez n est pas fortuite J L D 1 Grasset 1999 x Signalons la sortie en octobre au Livre de poche du roman de T C Boy le D amour et d eau fra che IV LE MONDE VENDREDI 7 OCTOBRE 2005 LITT RATURES Les v rit s du Paradis Fran ois Taillandier s attelle un roman familial et sociologique en forme de triptyque Premier volet OPTION PARADIS La Grande Intrigue I de Francois Taillandier Stock 270 p 18 ai 2001 Aux premiers mois d un nouveau si cle Dans une propri t cos sue aux confins du Sancerrois et de l Yonne Vernery sur Arre Nicolas Rubien et Louise Her douin abritent leurs amours adul t res dans la maison de famille Cousins germains ils s y sont croi s s enfants et s y retrouvent confront s une histoire ancien ne riche et pesante comme cer tains plats r serv s aux tables des jou
20. la Biblioth que nationale il passe commande des sp cialistes Bouvines de Georges Duby et un for midable Varennes de Mona Ozouf Si nul ne contestera le choix de l auteur essayiste la plume d une vivacit et d une concision exemplai res on peut s tonner que le non v nement que fut la fuite du roi Louis XVI le 20 juin 1791 soit du nombre des journ es qui ont fait la France Avec la finesse qu on lui conna t Mona Ozouf passe au cri ble ce qui fait une journ e dans la tourmente r volutionnaire Le th tre en est urbain le peuple Pun des acteurs majeurs la transgres sion sensible qu il s agisse d investir la Bastille les Tuileries voire l en ceinte o si ge la repr sentation nationale Le caract re fondateur l galit pr n e le 4 ao t 1789 ou destructeur la monarchie mise bas le 10 ao t 1792 de l v nement fait pareillement d faut puisque la fiction de l enl vement de la L ARCH TYPE DUBY LIT BOUVINES Cinqui me jalon de la s rie primitive Le Dimanche de Bouvines ne parut 26 volume qu en 1973 Exemple m me de cette histoire bataille dont les manuels imposaient la connaissance d faite sanction des res sombres ou des r gnes funestes victoire offrant le panth on au vain queur ou d livrant une lecon de coh sion nationale la bataille qui opposa le Cap tien Philippe Auguste la coalition de l empereur Othon IV du Plantagen t Jean
21. la lecture des textes compil s sous le titre de 14 18 Grands reportages car ici la guerre n est montr e pour lessen tel qu travers des r cits publi s ce qui ne le retient pas de lui repro cher d aller au Th tre de la Porte Saint Martin applaudir une pi ce populaire ou plus grave d abandon ner Pie IX prisonnier dans Rome gard par les troupes de Garibaldi Po mes romans livres d histoire sur Marie Antoinette et les massa cres de septembre 1792 l crivain Viel Castel surnomm Fiel Castel par ceux qu il fustige survit par ses M moires qui en font le Saint Simon du Second Empire Comme son pr d cesseur qui voit Louis XIV mal entour d verse sa haine sur les courtisans et dresse un violent r quisitoire contre son si cle Viel Castel n a pas de mots assez cruels pour peindre en noir son poque d noncer les scandales financiers les turpitudes sexuelles de entoura ge de l empereur qu il voit au des sus des hommes politiques comme un diamant tomb sur un tron Son uvre est partisane la criti que parfois outranci re mais d une bien belle criture elle reste un brillant t moignage sur la naissance d un nouveau monde aux grands bouleversements politiques indus triels culturels Pierre Robert Leclercq m LE GRAND SI CLE RUSSE de Wladimir Berelowitch A l heure o Orsay accueille une exposition consacr e L art russe au XIX si cle Wladi mir B
22. le critique t moigne de l exp rience litt raire exactement comme la litt rature tente de t moigner du r el Le long d tour de Bertrand Leclair n tait donc pas fortuit mais destin y compris l tranger en tant qu Al lemands explique t il Mais la dis cussion sur le pass remonte de g n ration en g n ration Et je consi d re que c est un bien On peut dire que nous n avons pas le choix La d faite a t telle que nous ne pou vons pas faire autrement C est peut tre une ironie de l histoire que l on n arrive une analyse de son propre comportement que gr ce une d faite aussi totale Quand je pense que les puissances victorieuses qui ont des crimes beaucoup moins gra ves se reprocher par exemple le colonialisme refusent de les voir c est un scandale G nter Grass n est pas un cri vain militant C est un crivain qui se souvient d tre aussi un citoyen Il ne con oit pas l engagement com me la signature r p tition de mani festes de protestation mais comme la participation au travail modeste et p nible de la politique par exemple les campagnes lectorales Grass a commenc dans les ann es 1960 aux c t s de son ami Willy Brandt et a continu jusqu aux der ni res lections Gerhard Schr der lui parait tre un pragmatique consciencieux qui n a pas la vision politique du premier chancelier aboutir ce beau mot t moi
23. litt raire des Tours de France s lection de textes sur le dopage Nicolas Martin en pisteur ru dit s attelle depuis 2003 privil gier non pas la litt rature cycliste tra ditionnelle mais une tradition moins connue d criture sur le v lo d inspi ration pataphysique et oulipienne Ce Parisien est l aff t de tout ce qui se publie Il se r jouit que lui parviennent au compte gouttes encore de nouveaux ouvrages et attend des internautes qu ils lui rabattent des r f rences Marl ne Duretz ILLUSTRATION EMMANUEL PIERRE LITT RATURES LE MONDE VENDREDI 7 OCTOBRE 2005 HII David Foster Wallace lt mateur gt litt raire Les ditions Au diable Vauvert publient deux recueils de textes de cet crivain devenu une star outre Atlantique BREFS ENTRETIENS AVEC DES HOMMES HIDEUX Brief Interviews with Hideous Men de David Foster Wallace Traduit de l anglais Etats Unis par Julie et Jean Ren Etienne d Au diable Vauvert 446 p 27 50 UN TRUC SOI DISANT SUPER AUQUEL ON NE ME REPRENDRA PAS A Supposedly Fun Thing PII Never Do Again de David Foster Wallace Traduit de l anglais Etats Unis par Julie et Jean Ren Etienne d Au diable Vauvert 560 p 29 ille six pages exactement M Mille six pages d essais chroniques et nouvelles de David Foster Wallace nous arrivent en bloc fleuron de cette rentr e lit t raire trang re L auteur d
24. lu en public des passages de son roman Ein weites Feld Toute une histoire Seuil 1997 qui a pour toile de fond la r unification C tait juste avant le 3 octobre le jour de l unit qui est devenu la f te nationale alleman de Grass a gard son attitude criti que envers la mani re dont les deux Etats allemands ont t unifi s 90 de l Est appartient l Ouest C est une expropriation terrible dit il et beaucoup d erreurs sont irr para bles L Ouest n a pas accept la bio graphie des Allemands de l Est qui ont port le poids le plus lourd de la d faite alors que les Allemands ont commenc la guerre et Pont perdue ensemble A l Est aussi il y a eu une reconstruction qui selon les crit res occidentaux n a pas t particuli re ment formidable mais qui tait tout de m me une performance Tout a t balay parce que a avait t fait sur le mod le est allemand C est une arrogance occidentale que nous conti nuons de payer Si la litt rature a un effet avec retard sinon c est de l agit prop DANIEL PILAR G nter Grass septembre 2005 c est de faire ressurgir ce qui a t perdu non de le reconqu rir mais de le remettre au jour alors qu il ris que d tre enfoui sous le poids du pass et de la politique La litt ra ture est un antipoison contre l oubli dit le prix Nobel 1999 Depuis Die Blechtrommel Le Tam bour Seuil 1961 jusqu Im
25. pour les plus anciens le premier jalon parut en 1959 Les Trente journ es ont don n quelques chefs d uvre qui conservent ais ment leur place commencer par Le Dimanche de Bouvines Les r ditions seront accompagn es qui d une pr face c est Pierre Nora qui pr sente le texte de Duby qui d un compl ment bibliographique qui de docu ments in dits qui d un essai en postface Antoine Prost s en est charg pour la r dition pr vue en 2006 de L Armistice de Rethon des de Pierre Renouvin Mais le probl me de lactualisation se pose rarement pour un tr s grand livre Bouvines justement Rethon des ou L Assassinat d Henri IV de Roland Mousnier n ont pas pris de rides D autres titres ont moins bien vieilli et je crains que m me une bibliographie mise jour ne puisse les rajeunir Pensez vous plut t que de r diter des volumes auxquels vous ne tiendriez pas en confier la reprise d autres signatures Oui pour certaines dates il est aussi des dates qui n ont pas t lues dans les Trente journ es et qui pourtant ont fait la France ou manqu la d faire Toutefois la collection n est pas extensible l infini Ce n est pas une histoire v nementielle par dates qu on propose ici mais l histoire politi que de la France constitu e autour des moments cl s qui lui resti tuent son intelligibilit Pour vous qu est ce qu une
26. sans Terre et des comtes de Flandres et de Boulogne le 27 juillet 1214 n avait rien pour retenir Georges Duby Sinon qu elle eut un retentissement dont la r sonance chaud int res se le m di viste pour tenter par del une ethnographie de la pratique militaire du temps l histoire de la m moire de l v nement Puisque celui ci n existe que par ce qu on en dit Une formidable plong e dans la fabrique de la renomm e Le Dimanche de Bouvines de Georges Duby pr face de Pierre Nora 316 p 22 En librairie le 13 octobre comme des romanciers dont lhis torien fait la documentation au besoin l essentiel tant que l ouvra ge soit aussi lisible qu accessible La s rie s ouvre ainsi en 1959 avec Le Dix huit Brumaire d Albert Olli vier et Le B cher de Monts gur de Zo Oldenbourg Vingt cinq ans plus tard la s rie est presque bou cl e avec la parution de L Av ne ment d Hugues Capet de Laurent Theis seul Le Coup d Etat du 2 d cembre command Pierre Mend s France puis Fran ois Mit terrand manque l appel Et tom be dans un sommeil relatif quel ques titres connaissant une exhuma tion heureuse en format de poche Folio Histoire Aujourd hui reprise par Ran Hal vi la collection fait peau neuve perd la contrainte du nombre ferm et frappe nouveau par un coup double le retour du Dimanche de Et la terre famille royale pr vaut pour repren dr
27. vot contre la Constitution europ enne Avec quelques intellectuels alle mands il avait sign un appel ses amis fran ais afin qu ils ne ren voyent pas l Europe plusieurs ann es en arri re En vain a a t une grande d ception qui ne le dissuade cependant pas de conti nuer se m ler de la politique Je le fais aussi un peu pour des raisons goistes Je vais avoir 78 ans et je trou verais dommage que cette tradition d engagement des crivains apparue en Allemagne apr s la guerre soit interrompue Je veux passer le relais la nouvelle g n ration Entre temps c est d j celle des petits enfants Daniel Vernet
28. 00 Cela est un roman La Gare centrale constitue une id ale lecture de train qualit majeure une lecture de lit de malade de coin du feu d at tente de patience ou d adoles cence des pas perdus Bri vet lim pide d graiss e sans trace de lit t rature crite Le texte sonne trange sans y toucher Maupas sant ind cidable comme un der nier Bu uel all gorique sans motif Kafka l ger mais Beckett lui sert d exergue On songe Dostoievski comme on songe Rapha l Pividal Une paix bien int ressante Cela moins pour tablir un palmar s que pour rappeler d autres lectures aux phrases oubli es qui remontent ces copeaux de sens des moutons sous le lit Toute lecture l ve des fant mes Ceux de La Gare centrale sont de taille Titre parfaitement justifi bien modestement le texte de qua tri me de couverture pr cise qu il s agit de la gare centrale d une capitale imaginaire Il n est pas de capitale imaginaire une capitale c est une capitale o qu on soit D Andorre Washington rien de plus r el de plus symbolique de moins imaginaire qu une capitale Un trouble gagne celle ci c est l af fection fr quente des capitales Des voyageurs en partance des corps qui rentrent chez eux des fati gues de quai attendent leurs trains qui ne passent plus L il se brouille entre de minces effets de r el Au coin de la rue deux auto
29. Co g 2 2 7 4 Z Ta F z Ce A A A 2 D A A D 2 A A A A Z A A A A Z Z A A 2 A A A A A A A A A A A A A A A Z Fi A A A A z A 2 A gt FA Z Z gt EA A a 2 D y A gt a A KA A Ce LITT RATURES David Foster Wallace Fran ois Taillandier Fran ois Bott Arnaud Cathrine Lydie Salvayre Pages Il V POLICIERS Robert Littell George Pelecanos Francisco Jos Viegas Hannelore Cayre Michel Grisolia Page VII A A A Z A A A A A A A A 3 A e A A Z gt Co gt D gt Ce A VENDREDI 7 OCTOBRE 2005 ESSAIS Mona Ozouf Jean Paul Poirier Alessandro Barbero Alain Finkielkraut Max Milner Pages VIII et IX RENCONTRE GUNTER GRASS Le Prix Nobel 1999 a re u Le Monde dans sa maison pr s de L beck en Allemagne L occasion d une r flexion sur la litt rature antipoison contre l oubli Page X La puissance et la peur Dans American Darling son dernier roman Russell Banks nous emm ne jusqu au Liberia pour mieux regarder son pays les Etats Unis Nous entrons dit il dans un ge sombre m Rapha lle R rolle Russell Banks juillet 2005 n France o ladjectif engag ne fait plus tr s bon m nage avec le mot crivain le profil de Russell Banks a de quoi surprendre Et pas seulement cause du discours de cet Am ri cain de 65 ans ancien militant d ex tr me gau
30. Francis Marmande LITT RATURES lt Ce qui reste entre les vivants gt travers les voix de trois enfants confront s au suicide de leur m re Arnaud Cathrine compose un roman de deuil et d mancipation sobre et mouvant SWEET HOME d Arnaud Cathrine Phase 2 Gallimard 218 p 16 50 omme Olivier Adam Christo phe Honor ou Guillaume Le Touze pour men citer que quelques uns Arnaud Cathrine fait partie de cette g n ration d cri vains talentueux qui sans complexe crivent aussi bien pour la jeunesse une litt rature part enti re selon eux que pour les adultes Au point d avoir rendu t nue pour ne pas dire floue la fronti re entre ces deux domaines litt raires Comme illustre parfaitement l uvre d Arnaud Cathrine qui depuis Les Yeux secs son premier roman publi chez Verticales 1998 devenu aujourd hui Phase 2 et Mon d mon s appelle Martin 2000 L Ecole des loisirs son autre maison d adoption a fait sien le territoire de l enfance et de l adolescence qu il explore travers les blessures fami liales fraternelles ou filiales Paban don la perte le deuil la maladie l impossibilit d aimer la solitude le silence les non dits des adultes Avec toujours comme ligne de fuite la n cessit de vivre de grandir de se construire pour s extraire des d combres d une enfance meurtrie de trouver sa propre voix une paro le salvat
31. Krebs gang En crabe Seuil 2002 il a dans le style du roman picaresque qu il revendique voulu crire lhis toire d en bas du point de vue des perdants et des vaincus La vic toire rend idiot affirme t il Il se r f re volontiers au Simplicissismus de Grimmelshausen Ce roman du XVII si cle le premier qui ait compt en langue allemande d crit la vie quotidienne pendant la guerre de Trente Ans mieux que tous les ouvrages scientifiques Certains criti ques de gauche ont reproch Grass d avoir dans En crabe pr sen t des Allemands embarqu s sur le paquebot Wilhelm Gustloff qui fut envoy par le fond par une torpille sovi tique en janvier 1945 comme des victimes de la guerre brisant ainsi un tabou de la gauche alle mande Grass assume Oui des victimes de leur propre histoire dit il La g n ration 68 ne voulait pas en entendre parler juste raison elle a protest contre la g n ration de ses p res qui s tait tue Mais elle ne vou lait pas non plus prendre en compte ce que cette g n ration par sa propre faute certes c est elle qui a port Hit ler au pouvoir avait souffert Le rappel des souffrances des Alle mands pendant la guerre et dans l imm diat apr s guerre avec les 12 geaient d j leur autobiographie La r unification leur a apport une nouvelle th matique Les Alle mands n chappent pas au pass sous une forme ou sous une autre
32. Pierre Mocky Guy Bedos Jean Marie Pelt Jos Bov Sylviane Agacinski Malika Mokeddem Alain Touraine et Ptiluc rens www mouans sartoux net festivaldulivre m LE 7 OCTOBRE BRIZUELA A Lyon la biblioth que du 1 arrondisse ment accueille Leopoldo Brizuela et son traducteur Bernard Tissier qui s entretiendront avec Maria Duran 19 h 30 7 rue Sainte Polycarpe 69001 rens 04 78 27 45 55 ALE 7 OCTOBRE GOYTISOLO A Paris l Institut Cervantes soir e de cl ture du cycle de conf rences autour de Juan Goytisolo et de son uvre o l crivain sera entour de Jos Maria Perez Alvarez Javier Pas tor Jos Maria Ridao 19 heures 7 rue Quentin Bauchart 75008 rens 01 40 70 92 92 ELES 7 8 ET 9 OCTOBRE GRASS A Aix en Provence le festival de litt rature Ecritures crois es consa cre trois jours G nter Grass Le prix Nobel de litt rature 1999 don nera le 7 une lecture d extraits de Derni res danses lors du vernissage de lexposition G nter Grass dessins et sculptures Il participe ra le 8 une table ronde Ecrire contre le temps qui passe avec Jorge Semprun notamment et d battra le 9 autour du Tambour Rens 04 42 91 98 88 mLES 8 ET 9 OCTOBRE GUERNE A Tourtr s 47 hommage au po te crivain et traducteur Armel Guer ne par l Association Les Amis d Ar mel Guerne pour les vingt cinq ans de sa disparition rens www mon cel
33. a perversion du sujet C est dire son incapacit d cider de ses choix produire sa propre exis tence en un mot se constituer comme individu part enti re Jean Birnbaum X Signalons galement la r dition en poche de La Diff rence Identit s culturelles enjeux d bats et politiques L Aube Poche essai 208 p 9 Cinq fr res et une s ur Marthe dont les voix singuli res tous n ont pas galement assimil les le ons du primaire disent les souf frances ordinaires les nostalgies tenaces et le r ve de sortie de l en fer que d autres ont partag sans toujours pouvoir les adresser Une aubaine pour l historien Ph J C Pr sent es et annot es par R my Cazals et Nicolas Offenstadt Perrin Tempus 416 p 9 50 L GENDES Legends A Novel of Dissimulation de Robert Littell Traduit de l anglais Etats Unis par Nathalie Zimmermann Flammarion 468 p 21 a CIA se porte mal C tait le L sujet de l avant dernier roman de Robert Littell La Compagnie Buchet Chastel 2003 monumentale saga sur lhis toire des services secrets am ricains de 1945 la chute du Mur et chroni que annonc e des d boires d une organisation qui aura baiss la gar de trop t t dans les ann es 1990 pour se r veiller brutalement un 11 septembre Le d clin de la CIA tait le sujet d un ditorial du New York Times du 22 ao t Il reprenait une i
34. a capitale des Etats Unis Ce n est pas le d cor habituel des thrillers am ricains la Maison Blanche ou le Pentagone qui l int resse mais plut t les quartiers populai res o des Blancs plus ou moins mis rables coha bitent avec des Noirs largement majoritaires FR RES ENNEMIS C est l que grandissent Derek Strange et son fr re Dennis qui vont prendre des voies oppo s es De retour du Vietnam Dennis va se mettre fr quenter les malfrats du coin Derek rempli d admiration pour son fr re aurait bien pu en fai re autant Un simple hasard en d cide autre ment il entre dans la police Mais comment assu mer un tel r le sans avoir le sentiment de trahir sa classe Au cours des dix derni res ann es les conditions de vie s taient d grad es et la pauvret avait gagn du terrain A Washington dans l ensei gnement public seul un l ve sur trois terminait ses tudes secondaires ce qui se traduisait par une aug mentation consid rable de la main d uvre non qualifi e dans une ville de cadres et de fonctionnai res o les emplois taient rares et les perspectives lugubres La promesse des droits civiques tait res t e lettre morte ils taient nombreux le penser Et pour ceux qui y habitaient le ghetto repr sentait une sorte de prison les flics y tant pour leur part consid r s comme des gardes chiourmes Senti ment exacerb par le fait qu Washington o les Noirs repr
35. allorini d Fran oise Truffaut 150 p 26 d plore Omar Cheikh libraire de Tizi Ouzou responsable du stand du Bureau international de l dition fran aise BIEF o sont pr sent s les livres des diteurs fran ais La s paration n est pas une bon ne chose mieux vaudrait une mixit pour que les publics arabophones et francophones se c toient explique Fatiha Soal pr sidente de l Associa Si les vendeurs de livres religieux n organisent aucune animation les diteurs la ques ont en revanche organis des d bats propos s dans le pavillon francophone La client le arabophone acquiert plut t des livres scientifiques techniques ou uni versitaires explique Sofiane Had jad directeur de la maison d dition Barzakh Celle francophone s int resse aux nouveaut s en mati re de romans et d essais Les d bats o la parole circule librement t moi gnent d une ouverture la place des femmes dans la soci t alg rienne l uvre de saint Augustin les dif f rentes lectures de Phistoire nationale La rencontre avec l anthropologue Malek Chebel inti tul e L islam est il compatible avec la raison a fait salle comble Plusieurs d bats pr vus n ont pu avoir lieu suite un d cret pr si dentiel le salon a t contraint de fermer 48 heures pendant le r f ren dum pour la r conciliation natio nale Le Monde du 30 septembre La question du po
36. anistes et que d autres embo tent le pas x Antoine Compagnon est profes seur l universit Paris IV Sorbonne et l universit Columbia New York Il a publi cette ann e un essai Les Antimodernes de Joseph de Mais tre Roland Barthes Gallimard Apprendre lire ombre Max Milner et la profondeur des images L ENVERS DU VISIBLE Essai sur l ombre de Max Milner Seuil 450 p 26 u est ce qui se joue dans lombre Pourquoi cette fascination pour l clipse Dans la mesure o il n est pas de lumi re sans ourlet de nuit la question d borde de loin la r ponse que sugg re la h te Elle engage le sens et le destin de l image Aussi n est ce pas sans raison que l essai de Max Milner travaille autour d une sentence de Paul Celan 11 parle vrai qui parle l ombre C est ici d une enqu te passion n e qu il s agit men e par un amou reux des images convaincu de leur fonction exploratoire Miroirs r fl chissez telle tait d j l njonc tion qui guidait La Fantasmagorie en 1987 lorsque Max Milner interro geait les perspectives que les instru ments optiques ouvrent dans le domaine fantastique De l il tait pass au registre du regard interdit On est pri de fermer les yeux Galli mard 1991 Il avait t attentif au mouvement par lequel le regard int rieur est susceptible chez cer tains po tes et certains peintres de d chirer l
37. ans les mouvements d extr me gauche Et plus que lui elle a flirt bien que d assez loin avec la lutte arm e Suffisamment tout de m me pour se retrouver dans une semi clandes tinit qui la pousse quitter le terri toire am ricain pour l Afrique Tr s amoureux de ce continent qu il conna t bien Russell Banks peint avec une saveur extraordinaire les couleurs et les fureurs du Liberia o Hannah qui a fini par pouser un haut fonctionnaire lib rien assiste la d composition sanglan te de deux r gimes successifs La description de ces effondrements de la sauvagerie qui les accompa gne du d sarroi de ceux qui en sont les victimes est absolument sai sissante Avant d tre un crivain engag Russell Banks est un romancier de grand talent qui sait parfaitement captiver son lecteur le faire vibrer mouvoir Mais travers le Liberia petit pays reli aux Etats Unis par une trouble consanguinit ce sont les Etats Unis qu il regarde C est eux qu il tend le miroir grossissant o se refl tent les cons quences de leur passion pour le pouvoir et pour l argent Vers eux encore qu il repousse en partie au moins la res ponsabilit de la corruption du naufrage des id aux de l appauvris sement thique Mon pays mon ennemi pense Hannah qui s in terroge sans cesse sur son identit comme l auteur sur celle de sa patrie Incarnant la mauvaise conscience de ses compatr
38. ant et le h ros peut il consid rer qu enfin la lumi re est faite Par les livres et les r ves videm ment il avait appris que le sens de la vie est toujours d faillant et que seuls les r ves et les livres peuvent l clai rer et nous apprendre nommer les choses inconnues qui nous assaillent Entre l anticyclone des A ores les rivages du Portugal ou cette Costa da Morte de Galice il souffle toujours des vents irr sisti bles Cette m t orologie tourmen t e devient chez Viegas une m ta phore convaincante de la destin e humaine G Me VIII LE MONDE VENDREDI 7 OCTOBRE 2005 HISTOIRE Varennes le retour La collection Trente journ es qui ont fait la France revit et accueille Mona Ozouf pour une magistrale vocation de la fuite du roi VARENNES La mort de la royaut 21 juin 1791 de Mona Ozouf Gallimard Les Journ es qui ont fait la France 438 p 24 En librairie le 13 octobre randeurs et vicissitudes du G chantier de la nation Fran ce Quand Robert Galli mard propose son oncle Gaston d ouvrir une collection consacr e aux Trente journ es qui ont fait la France il s inscrit dans la logique de ces lotos de l Histoire de Fran ce qui permettaient aux enfants de m moriser les dates cl s d un r cit national servant d assise la conscience r publicaine Satta chant le concours d un authentique chartiste G rard Walter conserva teur
39. art de g n rer des diff rences le pr jug par le m lan ge des sangs chr tien juif et arabe Car si le narrateur se d couvre un rh sus espagnol comme Lydie S fille de r publicains exi l s le roman se situe dans le d cor d un pays dont le deuxi me tour de la derni re lection pr sidentiel le se d roula sans bulletin rose ni rouge ni vert Mila la cartoman cienne grotesque la sublime extra lucide l affabulatrice multicolore est peine tol r e en terres o triomphent le mat rialisme mes quin et la molle abjection des opi nions moyennes Cette farce se d roule dans une nation moisie qui rejette les romanichels traite un c libataire vivant avec sa maman et f ru de philo de p d se drogue au foot et au T l thon bri me les parasites migr s sans tra vail se gargarise de blagues gras ses sur la baise et la racaille Pour changer ce monde crisp l adapter aux d sirs des hommes ayant des cals aux mains Lydie Sal vayre pr ne donc sa m thode dite Mila plut t que celle de ce con de Descartes Elle stipule entre autres de d cha ner les corps dans lamour et de d velopper en soi ce presque rien qui d signe la fois cet exc s perp tuel et cette faille par o s engouffre l ombre cet te part sans mesure de l tre son noyau noir son code archi secret ind chifjrable Il s agit de croire dur comme fer aux qualit s du brouillard J
40. asme emporte ment la conviction si l on pr f re le propos hypocritement feutr l affirmation du parti pris de l admiration alors on aura du mal avec le voyageur cosmopolite polyglotte aventu reux qu est Samuel Brussell Sinon on en rede mande Car il parle beaucoup ici de ses rencon tres de sa d ambulation en Europe New York pour voir Brodsky dont la po sie fut pour lui une r v lation de ce qui a form son go t de lecteur Mais on esp re maintenant de cet homme se sentant de nulle part et pou vant aller partout le r cit d une autre odyss e celle de l diteur qu il est depuis 1992 Josyane Savigneau G N ALOGIE DE L RE NOUVELLE de Samuel Brussell Grasset 296 p 18 50 1 Voir entretien avec Samuel Brussell dans Le Monde des livres du 23 mai 2003 2 Grasset Le Monde des livres du 16 septembre Il met en sc ne des monomania ques qui m s par d excellentes intentions basculent dans le d lire Ce fut le cas par exemple du Dr Kellog ce fasciste nutritionnel inventeur des corn flakes et du beurre de cacahu te qui fonda une clinique la di t tique radicale transformant ses patients en prima tes la libido brim e Aux bons soins du docteur Kellog Grasset 1994 Ici le Dr Kinsey que l on sur nomma le Freud am ricain par ivresse lib ratrice et go t du pou voir se fait d miurge et manipula teur violant la fronti re
41. ats Unis par Bernard Turle Grasset 504 p 22 50 ans l un de ses plus beaux D romans lun de ses plus fous Riven Rock 1 T C Boyle retra ait l histoire authen tique du millionnaire Stanley McCormick intern au d but du XX si cle dans un asile quelques mois apr s son mariage pour schi zophr nie sexuelle hypocondriaque Ce cauchemar burlesque d non ait les exc s d un puritanisme qui trans forme les tres humains en dange reux obs d s sexuels Le Cercle des initi s qu il signe aujourd hui sem ble de prime abord d peindre une hyst rie inverse Le h ros en est le docteur Kinsey qui combattit les blocages d une soci t am ricaine effar e par l homosexualit la mas turbation le co t hors mariage et qui ap tre de l orgasme quel qu il soit pourvu qu il s obtienne entre adultes consentants Kinsey nia tou te sa vie qu il existe des d viances sexuelles publia ses fameux Rap ports sur la sexualit des hommes puis des femmes La vie et l uvre de Kinsey d nomm Prok sont ici relat es par l un de ses assistants et disci ples L un des th mes r currents de Boyle est la recherche obstin e d un p re Le narrateur tombe sous le charme de ce gourou avant de se rendre compte des d rapages de sa m thode scientifique Nourrie de faits v rifi s aussi bizarres fus sent ils cette mordante biographie romanesque explore une Am rique des an
42. c t col rique et aigri du personnage qui se voyait un des tin plus grand Le camarade d enfan ce devenu empereur est peu pr s le seul qui chappe ses jugements Oscars 2006 Antoine Prost entend cette fois expliquer la Gran de Guerre son petit fils et par l aux enfants du primaire Parents et enseignants savent bien que la t che est rude com ment faire comprendre des proces sus complexes dont l nonc n cessite l usage de termes diffici les Comment dire les horreurs sans effrayer ni aseptiser outre mesure Prost galement sp cia liste de l histoire de l ducation a su trouver un ton juste et simple Le livre se pr sente sous la forme d un dialogue entre le petit fils et son grand p re qui d roule lhis toire du conflit de la mobilisation la paix voquant les combats et les tranch es comme les enjeux strat giques et les conomies de guerre L historien raconte d crit parfois l aide d exemples familiaux et sait ponctuer ses r ponses d images loquentes A Verdun 250 000 hommes environ sont tom b s dans chaque camp C est la population d une agglom ration comme celle d Orl ans ou de Tours aujourd hui Les acquis de la recherche apparaissent claire ment propos du travail des fem mes ou de l id e de revanche qui n a pas guid les comportements DU FRONT L ARRI RE Le petit fils d Antoine Prost serait peut tre surpris
43. che membre actif du mouvement de lutte contre la guerre du Vietnam longtemps pr sident du Parlement international des crivains et farouche opposant au gouvernement Bush Non ce qui peut chatouiller l esprit d un lec teur fran ais persuad que lengagement nuit la litt rature presque aussi s rement qu une bon ne crampe ou qu une pouvantable myopie c est l extraordinaire quali t la libert la lucidit le souffle romanesque de cet auteur qui publie ces jours ci le plus engag de ses textes et sans doute le meilleur Exactement comme si la situa tion des Etats Unis pays en guerre ressuscitait ce genre de r sistance artistique propre aux poques de conflit Pessimiste Russell Banks la toujours t mais Jamais autant que maintenant et pourtant ma m moire politique et sociale f ge g PN ei mali 1 Lt Es TRA vs Pur AS RER re TA NE VE e Mn NN CSSS its PER 4 Le remonte au moins un demi Si cle note t il grand bonhomme aux cheveux coup s ras fourr dans un costume ray d une dr le de couleur gris clair Je trouve que nous entrons dans un ge sombre Le mariage entre les int r ts conomi ques et l exercice du pouvoir politi que le tout infus par la passion religieuse peut conduire droit au fas cisme Dans ce contexte ajoute t il n importe quelle personne disant la v rit devient subversive ce qu il n est pas lui m me aff
44. des ann es pour cela des ann es d ab sence la vie et Penvie sur le fil des ann es pour seulement prendre acte Des ann es pour s affranchir de la brass e de n ant qu entre tiennent chaque t leur p re et R mo devenus l ombre d eux m mes Des ann es pour appr hen der ce trou b ant que cet infortun trio colmate comme il peut dans des liaisons sans lendemain et aussi cette pr sence qui vit en eux des ann es encore pour se reconstruire et recomposer une famille ainsi que tentent de s y employer maladroite ment Vincent devenu crivain puis Lily Des ann es enfin pour d nouer les fils d une v rit trop longtemps confisqu e C est du reste Martin petit gar on sensible lev dans la sauvage rie de la perte que va revenir le der nier mot de ce roman de deuil et mancipation Un livre boulever sant qui loin de tout pathos de tout sentimentalisme d finit avec jus tesse les contours de cet apr s fait de douleurs de meurtrissures de t tonnements d garements mais aussi de cet irr sistible besoin de vivre et d aimer En un mot ce qui reste entre les vivants Christine Rousseau X Signalons aussi le texte d Arnaud Cathrine accompagnant le travail photographique de Karine Lh mon dans Objets Ch mages ouvrage ven du au profit de l association Solidari t s nouvelles face au ch mage d Le Bec en l air 18 Pour en finir
45. e tait riche pour qui voulait appr hender le continent poche Dans deux espaces Ptit poche pour les jeunes Grand poche pour les adultes douze libraires de la r gion repr sentant les collections de 35 diteurs de poche fran ais et anglais l Angleterre tait l h te de la manifestation proposaient des signatu res d auteurs militants Pierre Charras Made leine Chapsal Anne Wiazemsky selon lex pression de Jean Luc Furette qui n a pas cach ses difficult s mobiliser les crivains A l inverse les diteurs imm diatement partants et invit s intervenir lors des rencontres d bats qui ont ponctu ces trois jours J r me Lambert de L Ecole des loisirs Michael Abbott de Ran dom House se sont montr s ravis de voir le poche enfin c l br Ce succ s condamne les organisateurs poursuivre a lanc Yvon Girard directeur de Folio la fin de son inter vention Les organisateurs l ont compris et d j fourmillent de projets pour la prochaine dition o l Allemagne sera l invit e d honneur Christine Rousseau LE NET LITT RAIRE AVEC Se Monde fr Penser la Terre d crocher la Lune th me de la manifestation dont l invit d honneur Michel Butor f tera ses cinquante ans d criture aura comme pr sidents Taslima Nasreen et Sonallah Ibrahim Trois cent cinquante invit s y sont attendus parmi lesquels Amos Gita Georges Lautner Jean
46. e du Rio de la Plata l Europe on d couvre un arrogant jeune homme un magnifique barbare dans les tranquilles jardins de la langue fran aise mort abandonn enterr la sauvette au cime ti re du Nord aujourd hui Montmartre et puis transf r dans une autre division du cimeti re On ne sait donc plus o est sa tom be Heureusement on sait d sormais o sont ces Chants de Maldoror qu il eut tant de mal faire publier en 1869 Fran ois Bott donne envie de lire de relire Et de comprendre ces destins singuliers Faut il pour cela aller Mon tevideo Peut tre Mais on peut aussi se contenter de voyager dans ce d licat Faut il rentrer de Montevideo Jo S 1 Le Cherche Midi 2003 Un superbe roman de train LA GARE CENTRALE de Thomas Comp re Morel Seuil 108 p 14 a Gare centrale roman de Tho L mas Comp re Morel se lit comme on tient debout Une tension qui n est pas l intrigue qui ne doit rien l nigme met en aler te accentue prend sa vraie pente se d fait comme elle tait venue la derni re ligne Nul suspense c est un texte qui avance comme en gare ces locomotives c libataires haut le pied qui traversent sans raison connue de nous La lecture n est point contraire ment l amour une maladie de limagination Elle oriente le corps Comp re Morel n en 1960 vient du r cit La Grande Guerre du Mus e Bernard Dumerchez 20
47. e ans plus tard elle semble tre la seule solution pour r former l Allemagne Il faut revenir l conomie sociale de mar ch dit G nter Grass Depuis que le capitalisme n a plus de contrepoids il est devenu fou Tout ce qui fait l co BIOGRAPHIE 1927 naissance Dantzig 1944 enr l dans la d fense a rienne 1945 prisonnier des Am ri cains 1948 1952 tudes de gra phisme et de sculpture D s seldorf 1953 1956 tudiant l Eco le des arts plastiques de Berlin 1956 1960 s jour Paris 1958 prix du Groupe 47 une r union d intellectuels cri tiques pour le roman Le Tam bour 1965 participation la cam pagne lectorale des sociaux d mocrates 1966 participation des manifestations contre les lois d exception 1982 adh sion au SPD apr s la fin de la coalition lib rale socialiste 1983 protestation contre l installation des fus es am ri caines moyenne port e 1993 d mission du SPD apr s l accord avec la D mo cratie chr tienne sur les res trictions au droit asile 1999 prix Nobel de litt ra ture nomie de march est d truit par des m thodes anticapitalistes au sein m me du capitalisme On ne peut pas abolir mais il faut le civiliser Ce devrait tre lobjet des efforts euro p ens y compris comme alternative aux Etats Unis ajoute t il en regrettant que pour punir Chirac les Fran ais aient
48. e duo Walter Gallimard puis la reprise en main de la collection par Pierre Nora vous avez la responsabili t de son r veil apr s plus de quinze ans de sommeil sinon de sa r surrection Laquelle des deux conceptions celle de signatures d abord litt raires pour une histoire grand public Giono Bory Olden bourg ou celle d historiens de m tier Duby Folz Theis s effor ant d crire clairement un moment ponctuel tel que P cole des Annales en avait volontiers pingl Pinanit entendez vous d fendre Si l ancienne collection faisait la part belle aux hommes de lettres cest que le type d histoire qu elle proposait n tait pas alors du go t des historiens Privil gier l histoire politique en l abordant partir des grands v nements passait pour une esp ce de tropisme un peu sus pect Nous n en sommes plus l Les historiens n en finissent pas de red couvrir l empire du politique des v nements des individus et m me du hasard sur notre intelli gence du pass Ma t che en r g n rant cette collection n est pas d arbitrer entre historiens et litt raires mais de reconsti tuer titre apr s titre l histoire poli tique de la France en sollicitant ceux qui me paraissent le mieux m me d y contribuer Comptez vous r diter les anciens titres malgr la diff ren ce sensible de leur facture Quit te les compl ter de mise jour
49. e la partition brutalement inter rompue dont le final doit tre l adoption d une Constitution une premi re en France o le roi incar ne toujours la nation la nouveau t en fait de taille tient ce qu elle na t d une repr sentation imaginai re du temps historique o la monarchie a d truit non seulement sa l gitimit traditionnelle mais l id e m me de recourir cette tradi tion afin de r g n rer le royaume TRAUMATISME DE L ABANDON De fait l historiographie pl thori que de l pisode r volutionnaire ne retient gu re l pisode p rip tie dont la dramaturgie qui fait la part belle au hasard convient mal une discipline qui veut raisonner le cours de l histoire et refuse l irrup tion d un hapax chronologique trop perturbant Et l historienne d vo trembla Passionnant retour sur le s isme de Lisbonne LE TREMBLEMENT DE TERRE DE LISBONNE 1755 de Jean Paul Poirier Ed Odile Jacob 288 p 24 90 amedi 1 novembre 1755 peu S apr s neuf heures et demi la terre tremble Lisbonne Pri sonnier des plombs de Venise Casa nova qui sent la secousse en esp re vainement sa d livrance C est dire Ponde de choc physique et mentale du drame L une des trois plus grandes capitales d Europe une des plus pauvres et des moins s res aussi Fielding qui la d cou vre un an plus t t la tient pour la plus vilaine ville du monde e
50. e r cit tout son caract re hallucmatoire ce sont moins les erreurs des grands capitaines Napol on qui s obstine ne pas vouloir tourner sa lunette vers la droite du c t de Plancenoit et des Prussiens de B low qui d boulent en fin d apr s midi Napol on enco re qui r pugne soutenir les char ges de cavalerie de Ney par les bataillons de la vieille garde que l l ment humain et psychologique Que cela soit dit une bonne fois pour toutes une bataille qu elle soit napol onienne ou pas se gagne et se perd sur la peur au jeu cruel et sanglant de qui va faire cra quer l autre le premier Clausewitz pourtant cit plusieurs reprises n a rien faire ici au milieu de la poudre et des membres arrach s les pieds dans le fumier humain comme dirait le colonel Chabert dans la nouvelle de Balzac qui porte son nom Cela a t l affaire la plus d sesp r e dans laquelle je me sois trouv crira Wellington dans la nuit qui suit C est une bataille de chair et de sang laquelle Barbero nous convie plus de 30 000 tu s environ sur 200 000 soldats engag s pas une bataille de plume et d esprit Dom mage que l auteur ne nous dise rien des enjeux de m moire d un v ne ment qui pourtant passera rapide ment du c t des symboles et des discours gui disent le vrai de l his toire pour reprendre la belle for mule de Mich le Riot Sarcey lors que dan
51. e version tandis que les feuillets de la premi re finissent dans le po le au fur et mesure Litt rature critique Suite de la premi re page Le partenaire du critique litt raire est moins l diteur ou m me l cri vain que la litt rature elle m me avec laquelle dans chaque article ou tude vivant l exp rience sensi ble de la lecture il entre en dialo gue et en r sonance On se fourvoie gravement si l on ram ne ce princi pe au rang d une donn e abstraite bient t recouverte par des consid rations mercantiles ou par l incons cience m diatique C est pourquoi Bertrand Leclair avec sagesse et conviction se refuse traiter s par ment la question de la critique soit comme cela se voit beaucoup sur le mode pol mique avec son corollai re l invective soit sur celui du cor poratisme Son propos n est pas non plus d avancer une th orie de la critique mais de tenter de d finir en quoi celle ci peut et doit partici per pleinement ce qu il nomme la verticalit de la litt rature S appuyant notamment sur Bachelard Proust Kafka Artaud Beckett ou Michon Bertrand Leclair soutient que la litt rature vient en ses uvres les plus vives croiser et contredire l horizontalit du temps et de la langue ordinaires L ins tant po tique qu il soit de prose ou de po sie rend alors accessible sous une forme singuli re et irr duc tible le pr s
52. ean Luc Douin 1 Contre d Verticales avec CD ZOOM VEDRE TAi La pluie ne change rien au d sir LE MONDE VENDREDI 7 OCTOBRE 2005 V m LA PLUIE NE CHANGE RIEN AU D SIR de V ronique Olmi Il arrive en boitant au rendez vous qu elle lui a fix place Saint Sulpice la mi journ e un jour mena ant de l apr s 15 ao t Ils renonceront l id e du d jeuner marcheront vers le jardin du Luxembourg remontant les rues comme des rivi res essuieront Porage sur des chaises tremp es avant de gagner l h tel tout proche o ils feront lamour A deux repri ses renvoy s par un soleil blanc au huis clos de la chambre au sortir d un restaurant au diapason de leur langueur puisque la fatigue y avait remplac naturellement la poli tesse Pour son quatri me roman l auteur dramatique V ronique Olmi joue l option th trale Avec un go t de la description qui tient lieu de dialogue Topographie d une qu te intime chor graphie des corps d ambulant gestuelle des amants qui s apprivoisent le texte d Olmi ten te d inventer une criture du d sir sous pr texte de peindre une dignit recouvr e dans la d votion charnelle Il s en approche s loigne par vient enfin ses fins dans la gourmandise d enfant satisfaite de rouleaux de r glisse qui dissout un monde d j si p le Une volupt plus forte en fait que celle que d veloppe l intrigue Ph J C Grasset 160 p 14 50
53. el Labardin avait choisit pour cadre le Th tre des Quatre Saisons dans le parc de Mandavit Lieu de d tente cet crin vert de 60 hectares est aussi un p le culturel avec un th tre donc une cole de musique et une m diath que qui com mence sortir de terre C est d ailleurs pour accompagner sa cr ation que Michel Labardin a voulu un v nement qui puisse rayonner et s ancrer dans la commune de 23 000 habitants AGENDA 18 DITION DU FESTIVAL D DE MOUANS SARTOUX 06 LIVRE L id e de Lire en poche revient Jean Luc Furette professeur l IUT des m tiers du livre Bordeaux lll directeur du d veloppement de la Soci t bordelaise de diffusion Mais pr cise M Labardin nous voulions que les Gradignanais s approprient cette manifestation Ainsi d s avril de multiples op rations ont t men es dans la commune telles que la distribution de 1000 poches dans les bo tes aux lettres le d p t de 1 300 livres dans toutes les salles d at tente de la ville ou la cr ation d un Potager de poche par les l ves du primaire Rien d tonnant d s lors que les Gradignanais de tous ges se soient rendus nombreux ils repr sentaient 50 60 des 10 000 visiteurs recens s selon les organisateurs au Th tre des Quatre Saisons repeint en partie en orange cou leur de la manifestation Outre l accueil ludique un carnet poche a t remis chaque visiteur l offr
54. en particulier la litt rature et les arts visuels m na gent une ouverture possible L un de ses premiers livres Le Diable dans la litt rature fran aise de Cazotte Baudelaire Corti 1960 guettait d j aux XVIIF et XIX si cles une pens e de l ab me suscepti ble de prendre en charge les preu ves de l poque contemporaine Depuis chaque livre marque l av nement plus net d un je cri vain Sachons le reconna tre dans la pes e si juste des influences des conditions historiques qui ont agi sur un cr ateur dans l appui pris sur la critique qui l a pr c d Il se d cla re ici d s la premi re phrase Long temps j ai cru n avoir d yeux que pour la lumi re Le tour proustien s ac corde l autorit du guide A l image des touches du clair obscur de Rembrandt Max Milner fait ruisseler la lumi re par les interstices d une primordiale opacit St phane Michaud x Professeur l universit Paris lil Sorbonne nouvelle LE MONDE VENDREDI 7 OCTOBRE 2005 IX X LE MONDE VENDREDI 7 OCTOBRE 2005 RENCONTRE Invit des Ecritures crois es du 7 au 9 octobre Aix en Provence G nter Grass a re u Le Monde dans sa maison pr s de L beck lt La litt rature un antipoison contre l oubli gt a table est jonch e de feuilles de papier noircies que G nter Grass range soigneusement sur deux piles ce qui a t relu et ce qui ne l a pas encore t
55. ent et le r el la verti cale du sens commun On ne sait rien du pr sent on le conna t Leclair distingue soigneu sement l ordre de l art qui manifes qu il les r crit raconte son biographe Olivier Mannoni G nter Grass l honneur d un homme Bayard 2000 Apr s l arriv e au pouvoir du g n ral de Gaulle Grass participe quelques manifestations Un jour il est arr t avec des milliers d autres manifestants Ils sont conduits au Palais des sports avant de passer une nuit au poste J ai fait l exp rience de la brutalit de la police fran aise se rappelle t il aujourd hui Nous avons t copieusement battus J ai d cid de rentrer en Allemagne S il faut se colleter avec la police autant en parler la langue C est plus facile pour r pliquer te une connaissance sauvage et vitale de celui du savoir domesti que pour ainsi dire qui n est la connaissance que ce que la culture est l art la r alit au r el le pass au pr sent tout en m me temps son irr versible devenir et son hori zon Pour l essayiste cette connais sance n a aucune vocation deve nir spirituelle ou transcendantale Objectons que Bernanos au moins autant que Bataille a explor de bas en haut cette verticalit et qu il ne s est pas heurt au vide du ciel Lire et crire ne sont pas des acti vit s tanches l une par rapport l autre Par son geste
56. erelowitch revisite en une courte synth se l histoire du plus vaste Etat du monde de l av ne ment d Alexandre I 1801 l abdi cation de Nicolas II 1917 Brus quement entr e de plain pied dans le cercle des grandes puissances avec la victoire du tsar sur Napo l on cette autocratie s v re qui finit moins victime de la Grande Guerre fatale aux vieux empires que d un fantasme nationaliste valorisation de l id e ethnique et russification agressive des p riph ries qui rel ve de l id ologie plus ND ROGER VIOLLET 1 gr Li nm 2 Soldats dans les tranch es pendant le conflit ou peu apr s et donc tr s empreints des discours patriotiques dominants C est en effet le pari audacieux et original d Alain Quella Vill ger et Timour Muhidine que d offrir au lec teur ce que les contemporains pou vaient lire ordinairement dans les journaux et revues ou dans les ouvrages alors dit s L int r t du volume r side largement dans la diversit des points de vue qui s y expriment Cette vari t ne tient pas aux orientations des auteurs souvent conformistes l adversaire qu il soit allemand ou anglais est facilement fourbe ou l che mais au choix m me des crivains et publicistes retenus et la multiplici t des lieux d crits Le Russe Alexis Tolsto voisine avec Colette Albert Londres ou H G Wells tandis que les Empires centraux sont repr sen t s par Joseph Ro
57. es p ch s confesser mais que pouvaient bien dire les grands C tait char g tout a bourr de secrets C est l qu ils d versaient tout ce dont ils ne savaient que faire les pens es affreuses les passions les tour ments cach s Version grande taille et verticale du tiroir dissimu l dont le romancier seul sait cro cheter la serrure C est la t che que s est fix e Fran ois Taillandier en entrepre nant un roman familial et socio logique dont Option Paradis est le premier volet Un triptyque comme La Divine Com die mais Dante y para t porteur d une illu sion eschatologique bien p rim e en croire l exp rience du philoso La diagonale d Eleni O un chiquier change le cours d une vie LA JOUEUSE D CHECS de Bertina Henrichs Ed Liana Levi 158 p 15 e matin l en entrant dans la chambre 17 du Dionysos Eleni ne se doutait pas que la vue d un chiquier allait boule verser sa vie Femme de chambre dans ce petit h tel de Naxos elle avait acquis une sorte de sagesse instinctive L ordre du monde lui apparaissait jusqu alors immua ble rien ne lui appartenait en pro pre ni les objets ni les tres M me Panis son mari appartenait autant elle qu aux hommes qu il rencontrait au caf au trictrac et aux femmes qu il d sirait par ci par l C tait pensait Eleni la loi secr te des choses Jusqu ce jour donc o elle aper u
58. escartes et son discours la con Acte d ac cusation Vous n aidez pas nous saisir de l impromptu du diff rent du saugrenu Vous invitez aux logi ques immobiles aux raides hi rar chies aux arides classements Le philosophe au visage fade front plat nez vulgaire a d sormais tout faux il a math mati s l univers ignor le go t de Phom me pour la m lancolie les lubies ses guimauves et ses petits grabuges int rieurs d tect l me dans la cervelle Il est imp ratif de le r fu ter point par point De lui signifier que la pens e a autant besoin de d sordre de d bandade et de t te l envers que de discipline De lui d montrer l importance du c ur de la po sie du fugitif et du r ve De ne plus croire au b n fice du doute ce fr re du remords et fils ch ri de la mauvaise conscien ce De lui conseiller d pouser Monica Bellucci PHRASEUR EN ROGNE Le narrateur conserve des stigma tes de celui qu il v n ra C est un phraseur en rogne dont le talent de Lydie Salvayre rend le retourne ment de veste tonique Lydie Sal vayre a une complice M Mila cette voyante t te encaraf e dans un turban qui soigne tous les d traqu s du canton et qui va inspi rer au descartomane dissident une contre m thode faire parler ses chim res divaguer remplacer la rigueur par le culte des plaisirs lin tol rance par l
59. et occidentalistes d termi nant l volution d un monde sou mis la rude tutelle du politique pays fig sous Nicolas I r form au risque de la d stabilisation par Alexandre IL transform par des mutations foudroyantes quand la r ticence d Alexandre II poursui vre la lib ralisation accentue et radicalise les oppositions La lec ture tr s politique de Berelowitch ne n glige pas l mergence d une identit culturelle dont le cahier t moignages et documents per met de percevoir la dimension fon damentale Ph J C Gallimard D couvertes 160 p 13 90 concepts traditionnels sinon caducs du moins largement insa tisfaisants tant sur la sc ne des conflits g opolitiques que sur celle des face face entre individus EXC S ET D MESURE Fin de la guerre froide et d p ris sement des souverainet s tati ques mondialisation marchande et d clin du mouvement ouvrier pouss e des identit s ethniques ou encore mont e en puissance de la rh torique victimaire tous ces changements r v lent les limi tes de la sociologie classique et appellent du m me coup l labo ration d un nouveau paradigme propre penser les configurations originales d une violence la fois diss min e et globalis e Prenant acte du tournant op r en ces domaines par d autres disciplines au premier rang desquelles Phistoire et l anthropologie Wie vior
60. euse et porte une charge de violence terri ble Les Am ricains dont l histoire a d marr sur un conflit racial savent inconsciemment qu ils ont t con us dans le sang et dans le vol qu ils vivent dans un pays vol ass ne t il calmement la table d un caf parisien Ils tra nent cette hantise derri re eux comme un traumatisme d enfance Le pro pos dans sa virulence pourrait faire craindre que le r cit ne bas cule dans la caricature l endroit o engagement et litt rature se f chent irr m diablement Pourtant il n en est rien le roman r tablit de la complexit l o le discours lavait vinc e Loin de pr senter une vision univoque de l Histoire Russell Banks cherche surtout en rendre la complexit sans donner le beau r le quicon que Certes sa vision des choses est port e par des valeurs et des id aux menac s l galit ou la justice qu il entend conserver dans la litt rature comme le faisaient les moi nes humanistes du Moyen Age pour la pens e de l Antiquit dit il Mais cette flamme n appauvrit pas sa perception ne la r duit pas D o l int r t de son r cit centr autour d un personnage fascinant Hannah Musgrave Laquelle parve nue l ge m r retourne en Afri que chercher ses enfants emport s par la guerre et surtout d couvrir la v rit sur elle m me Comme Russell Banks dans sa jeunesse Hannah a milit d
61. evait les accompagner mais au dernier moment ce bon sauvage sa car rure voque moins l crivain ou le penseur que le b cheron du Grand Nord s est r tract Timidit nervosit explique son diteur Aux Etats Unis pourtant DFW est une star Pour de mau vaises raisons sans doute son physi que la Big Lebowsky son c t insaisissable la Salinger ses sautes d humeur l gendaires Mais aussi pour de tr s bonnes Apr s Nor man Mailer et Jay McInerney il est le premier crivain am ricain piquer ce point la curiosit des lecteurs notait en 1996 le New York Times Magazine la sortie de son roman Infinite Jest que l on pourrait tradui re par Plaisanterie linfini ou Bouffonnerie en abyme On pense au proverbe anglais many a true word spoken in jest et en effet il y a beaucoup de vrai de cru de cruel m me sous la farce de David Foster Wallace M lant consi d rations tennistiques et philosophi ques critique du divertissement d veloppements sur la drogue et d nonciation humoristique de tou tes les formes possibles d addiction Wallace peint la tristesse de sa g n ration Une d rive qu il qualifie de tr s am ricaine des intoxi qu s du travail workoolic aux accros de la dope ou aux piliers des bars de nuit ses personnages sont tous shoot s quelque chose n im porte quoi qui les aide surmonter
62. faisait jouir et son pavillon Marie France tait invincible J avais l effrayante certitude qu elle pourrait me citer au moins cinq affluents du Zamb ze comme a paf sans r fl chir En plus d tre dr le c est peut tre m me r aliste puisque l auteur dont c est le deuxi me roman apr s Commis d office est avocat p naliste G Me M taili Suites 170 p 7 50 m LA MAISON NOIRE de Michel Grisolia Ce dernier roman de Michel Grisolia para t quelques mois apr s la mort de son auteur le 29 mars 2005 l ge de 56 ans Grisolia qui tait critique L Express et au mensuel Lire tait aussi sc nariste et romancier Dans La Maison noire il s est amus multiplier les r f ren ces la litt rature d nigme et au film noir comme autant de clins d il au lecteur Le h ros Guillaume a 14 ans et vit avec sa m re aide soi gnante aux Acanthes une maison de retraite de luxe pour les vieilles stars de cin ma sur les hauteurs de Saint Jean Cap Ferrat Un tueur y r de et semble r gler de vieux comptes Aid de sa copine Belinda Guillaume va chercher la clef de l nigme dans la Maison noire une villa rococo o vingt ans plus t t un couple d acteurs am ricains a t assassin Tout le charme des lectures adolescentes dans ce bel hom mage au suspense G Me Calmann L vy Suspense 256 p 19 LES DEUX EAUX DE LA MER As duas aguas do mar de Francisco Jos
63. gna ge la critique de jugement ou pire de prescription cette machi ne communiquer consommer du culturel qui fonctionne plein rendement l auteur oppose la n cessaire exp rience du t moigna ge Par d finition le t moin est engag dans ce qu il affirme Jus qu au plus intime Critiquer est par voie de cons quence une activit qui ne met pas en jeu une instance ext rieure com municante et surplombante C est m me comme le dit pertinemment Leclair exactement le contraire Patrick K chichian Un autre essai de Bertrand Leclair est annonc le 21 octobre chez Maren Sell Le Bonheur d avoir une me social d mocrate de la R publique f d rale mais l est faux de dire que le SPD de Schr der et la CDU d Angela Merkel c est la m me cho se Grass qui rend hommage aux Verts pour avoir enrichi la politi que social d mocrate avec des pr occupations cologiques mais leur reproche d tre rest s trop proches de leur classe moyenne d origine ne veut pas de l orientation n oli b rale d fendue par les d mocra tes chr tiens La grande coalition qui se profile l horizon lui semble un moindre mal La premi re fois que les chr tiens d mocrates et les sociaux d mocrates s taient retrou v s ensemble au gouvernement c tait de 1966 1969 il avait quali fi cette alliance de mis rable mariage Quarant
64. hriller comme L gendes qui fait davantage penser au Dostoievs ki du Double qu John Le Carr Un roman d espionnage o il est plus important de construire des personnages que d tre r aliste Robert Littell s est toujours efforc de capturer la dimension po tique des intrigues du monde de l espion nage On trouve dans ses pr c dents romans un apparatchik qui hante les couloirs de l appareil d Etat sovi tique pour promouvoir les m rites du Coton Tige une femme qui conserve les objets dont elle ne conna t pas l usage Dans L gendes Martin Odum parcourt le monde entier la recherche d un oligarque en cavale susceptible d accorder le divorce juif religieux sans lequel sa femme perdue en Cisjordanie dans une implantation juive H bron ne pourra jamais se remarier Le monde entier est mis sens dessus dessous pour permet tre une femme de convoler en secondes noces Cette po sie peut surprendre dans un roman dont l enjeu n est rien d autre que la d liquescence de la Russie post sovi tique la ZOOM LE MONDE VENDREDI 7 OCTOBRE 2005 VII guerre en Tch tch nie la guerre de mille ans entre Isra l et ses voisins et l impuissance de la CIA sur les diff rentes crises au Proche Orient Mais pour Robert Littell la condi tion de l espion est embl matique de la condition humaine et le sta tut de l gende inh rent au mode de fonctionnement ordinaire d hommes et de femmes don
65. ie de lumi re au dessus de la t te du moine PERP TUEL EXIL Sans d voiler ici les tapes d un parcours dont les stations majeures litt raires picturales et cin mato graphiques font une part impor tante notre modernit de Murnau Blanchot et Levinas sans oublier les pr curseurs que furent Carava ge Hugo et Chamisso pour citer quelques noms qu il me suffise de mentionner l all gorie platonicien ne de la caverne qui s offre comme le porche n cessaire Avoir affaire des ombres notre lot selon Platon ce serait subir un perp tuel exil tre d sesp r ment livr des fant mes Salubre entreprise d s lors que de suivre la continuit d une autre tradition qui court le bassin m diterran en de l Egypte la Gr ce antique o longtemps avant la r volte de Platon H siode chante la royaut de la nuit m re universelle protectrice des amours et des son ges Elle assigne Dieu dans la Bible la nu e pour lieu de r v la tion inspire en th ologie Gr goire de Nysse IV si cle de notre re et s exprime dans la po sie mystique de Jean de la Croix au temps de PEs pagne baroque Auparavant elle aura dans sa version soufie mar qu l Espagne arabo andalouse Quelle curiosit guide ici la recher che Max Milner appartient une famille d esprits que le pr sent ne cesse de questionner Son criture enracine dans la conviction que les beaux arts et
66. image pour chapper au danger de sid ration qu elle rec le de crever la peau des choses pour reculer l horizon Mais une dimen sion sous jacente restait en attente sinon inexplor e celle de l ombre et des t n bres Il est nous le savons par les po tes et les peintres des tremble ments de l ombre des frissons de cr puscule Avec une remarquable p n tration Max Milner nous apprend les d chiffrer Le secret de sa lecture pourrait se trouver d pos au milieu du livre dans la m ditation qu il nous offre sur le tableau Moine au bord de la mer de l Allemand Caspar David Friedrich au temps du romantisme Cette toi le dont la reproduction forme la couverture du livre aurait de quoi d sorienter dans le fondu de ses teintes Max Milner la lit dans sa plastique dans le contraste que for me le seul l ment vertical la sil houette du moine qui quilibre elle seule lhorizontalit crasante des couches sup rieures L artiste tient volontairement distance la th tralit comme les motions faci les dont sait jouer l poque mer d cha n e attaques de brigands etc Loin de signifier la destruction de la peinture le fondu des couleurs et une vidente disproportion entre l infini du ciel et des eaux m nagent des motions plus secr tes effacer les couleurs c est certes marquer la trag die du paysage et de notre condition mais fixer l il aussi sur une douce f er
67. iotes Hannah se voit sans cesse comme un fant me une ombre une for me sans contours d finis Celle l m me que Russell Banks voit ram per sous la surface de l histoire am ricaine faute secr te et cach e qu il entend rendre visible par l entremi se de la fiction AMERICAN DARLING The Darling De Russell Banks Traduit de l anglais Etats Unis par Pierre Furlan Actes Sud L m ac 394 p 24 APART Litterature Critique SI LA LITT RATURE est bien une d marche de connaissance de soi et du monde la critique lit t raire y compris journalistique doit l tre galement son niveau Attach e la litt rature qui est en train de se faire d pendante d elle orpheline et sans objet hors d elle la critique du moins en ses meilleurs moments ne se contente pas d accomplir une t che de m dia tion et de promotion celle laquelle on l invite ordinaire ment servir Elle participe de cette connaissance la compl te L adjectif litt raire ne devrait pas avoir ici un autre sens Ses meilleurs moments Ceux o elle se pense elle m me et s accorde assez de dignit pour ne pas s uniformiser et devenir un simple relais dans la bien nomm e cha ne du livre Ceux o de la litt rature elle a quelque chose dire Ber trand Leclair qui est crivain journaliste et critique litt raire il prend soin de distinguer ces deux derni res fonctions
68. irme t il ni de temp rament ni par man u vre Simplement un romancier digne de ce nom dit la v rit Aussi l ambition de la v rit s est elle superpos e son horizon per sonnel depuis longtemps D s la fin des ann es 1960 en fait quand le d sir de devenir crivain l a empor t sur le militantisme politique Issu d un milieu ouvrier de la Nouvelle Angleterre il est l a n de quatre enfants dont le p re un plombier alcoolique s est tr s t t clips du domicile familial Russell Banks a laiss l activisme gauchiste d autres presque tous issus de la classe moyenne blanche souli gne t il Par comparaison lui se sentait trop pessimiste sceptique ST PHANIE LACOMBE PICTURETAN K et m me un peu m fiant Lors que le Students for a Democratic Society SDS mouvement de pro testation contre la guerre dont il avait t l un des fondateurs a lais s la place aux Weathermen et un n omarxisme radical il n a pas voulu suivre et s est embar qu dans l laboration d une uvre elle m me contestataire Au lieu de s enr ler sous un dra peau quelle que soit sa couleur il a donc choisi d arracher les masques quoi de plus r volutionnaire La plupart de ses livres depuis le d but portent la marque de son d sir d vacuer les faux semblants d aller chercher ses concitoyens l o les paroles creuses le puritanis me le natio
69. is des exposi tions Les 700 stands repr sentant 22 pays se sont r partis entre une bonne moiti d exposants propo sant des livres religieux et le reste divis entre livres parascolaires et nouveaut s de dition g n rale Dans le pavillon principal r serv aux livres en arabe les vendeurs reli gieux sont majoritaires Les titres souvent import s du Liban et d Egypte sont en piles sur les tables ou sur le sol ditions et commen taires du Coran r cits de p lerina ge ouvrages de morale familiale Libres de droits imprim s en gran de quantit ces livres sont tr s bas prix de 200 400 dinars alg riens 2 4 Autour de ces stands se presse un public de revendeurs qui ach tent en nombre les livres qu ils coule ront la sortie des mosqu es Per dus au milieu de ce flot religieux des maisons venues d Egypte com me Dar Al Shorouq ou de Syrie comme Canaan sp cialis es dans la pens e et la litt rature contemporai nes regrettent de ne pas b n ficier d un espace sp cifique Dans le pavillon voisin plus petit sont rassembl s des diteurs franco phones alg riens comme Chihab Barzakh Tell ou la revue Naqa ain si que les maisons fran aises Le premier jour je me suis retrouv noy l bas Kaboul j ai aussit t trans port mon stand dans le pavillon fran cophone explique Akli Amrouche de Vies de villes diteur de publica tions sp
70. ismarck Nombreux sont les m morialis tes rares ceux qui comme Viel Cas tel n en ont pas pr vu la publica tion Il crit pour ses enfants En sc ne les grands et petits hommes du Second Empire qui ne se g naient pas pour voquer devant lui des faits qu ils auraient cach s d autres ayant plus d importance politiquement que ce secr taire g n ral du Louvre bras droit du surintendant des Beaux Arts Ces bavards oublient ou ignorent qu en fant Horace jouait la Malmaison avec Louis Napol on qu il fr quen tait la Cour au plus pr s et que s il ne calomniait jamais la m disance ne lui faisait pas peur SCANDALES ET TURPITUDES Car il a la dent dure La nation une vaniteuse putain qui roule d amours en amours d sireuse de se farder pour le dernier venu les bourgeois des omelettes souffl es de vanit et d ignorance des pets qui font un bruit d sagr able et sen tent mauvais et quand la vieille aristocratie ach ve de mourir dans les bordels la nouvelle suit son exem ple Pour ne rien dire des politi ques artistes et crivains Courbet est chef d cole de l ignoble M ri m e son ami de longue date une ambitieuse taupe Hugo est le plus mis rable des dr les orgueil de Satan et le c ur d un chiffonnier auquel il ne pardonne pas d avoir invent le merde que Cambron ne tait trop poli pour avoir pro nonc C est le
71. ix Il y a des morts mal enterr s tel Staline dont la tombe au sortir du mauso l e de la place Rouge est mieux gard e que celle du Christ conju ration d un possible retour Ces morts qui ont encore dire Taillandier les coute les pie Et fait des ruines des mirages r cents la mati re m me de sa fresque aussi forte que stimulan te suivre Philippe Jean Catinchi Fran ois Bott ternel promeneur Une fl nerie en Europe et en Am rique enqu te intime sur trois figures hors norme FAUT IL RENTRER DE MONTEVIDEO de Francois Bott Le Cherche Midi 160 p 13 mes que les crivains entretiennent en secret Il a aussi eu des faiblesses pour les po tes boxeurs ou les boxeurs po tes pour les champions cyclistes et pour tous ceux qui venus de loin ont crit en fran ais On ne s ton nera donc pas de voir en h ros de son dernier roman Faut il rentrer de Montevideo Isidore Ducasse Lautr amont un crivain n Mon tevideo Rik Van Steenbergen un ancien cham pion cycliste mort en 2003 dans la solitude et Poubli C tait un des h ros de ma jeunesse crit Bott dans un prologue comme le po te boxeur Arthur Cravan qui disparut myst rieusement au Mexique en 1918 Cravan est le troisi me fan t me auquel Bott redonne vie ici Ressusciter des personnages se promener sur tous les chemins de traverse de la litt rature est pour Fran ois Bot
72. ka souligne que la sienne pro pre n est pas la mieux plac e au premier abord pour explorer la vio lence d s lors que ce sont ses for mes les plus extr mes et ses mani festations les plus cruelles qui constituent le c ur du ph nom ne E SI JE REVIENS COMME JE L ESP RE Lettres du front et de l arri re 1914 1918 Acqu reurs de la maison de V ze lay qu habita d s 1894 la modeste famille Papillon Madeleine et Antoine Bosshard d couvrirent un demi si cle de correspondance priv e dont les changes boulever sants d une fratrie aussi unie que contrast e de Marcel l a n Louis le benjamin plong e dans les affres de la Grande Guerre et que c est en allant dans ses modali t s les plus tonnantes les moins com pr hensibles qu on en aborde en r a lit l essentiel sinon l essence Aussi l auteur finit il par non cer l exigence d une approche sociologique qui n envisagerait plus la violence comme un dysfonc tionnement du syst me collectif ou comme une modalit d action parmi d autres mais qui ferait droit ce qu elle comporte d ex c s de d mesure sans la r duire pour autant un pur d cha ne ment de folie Au c ur de la d marche ici il y aurait un princi pe qui op re en amont du social la notion de sujet Et donc l af firmation que la violence repr sente toujours en derni re ins tance l chec l impuissance ou l
73. le les siens comme chaque ann e Apr s s tre brou e avec bonheur notre famille se tra ne comme une troupe de danseurs fatigu s incapables d in venter de nouveaux gestes et contraints de singer l me d un ballet dont il ne demeure que des figures Tr LS r aa PLEG PR LS FLE lourdes et lasses Dans ce ballet gagn par la torpeur de journ es immuables mais aussi de silences de non dits de querelles vite raval es s agitent path tique le p re rong par des ann es de d samour de dou leurs de tromperie son fr re R mo arrim la famille comme son verre de whisky passant ses nuits dilapider sa fortune au casi no Lily et Vincent son jumeau dont elle tente de se d tacher gr ce Nathan son ami d enfance venu chercher dans ce havre faussement douillet l affection d une famille d adoption et enfin Susan la m re qui s enfonce chaque jour un peu plus dans la d pression ne sortant de sa chambre que pour s occuper de Martin le petit dernier ou pour r der pr s de la falaise Susan qui n offre plus ses enfants que le regard vide de ceux qui ont d j quitt la vie Alors fatalement arrive le jour o elle va les abandonner sauter le pas sans qu aucun n y pren ne garde en avalant quelques cachets amp BRASS E DE N ANT Impossible pour nous d admettre cette r alit que cette nuit agit e et plor e recouvrait Il faudrait
74. mage de L gendes le nouveau roman de Robert Littell au quar tier g n ral de la CIA Langley des techniciens m rites regardent des images satellite toute la journ e prennent des notes comparent des donn es Puis l crivain am ricain pose une question accablante depuis quand une photo peut elle nous renseigner sur les intentions de l adversaire Journaliste Newsweek dans les ann es 1960 o il est sp cialiste des pays de l Est Robert Littell devrait lutter dans la m me cat gorie que Tom Clancy un autre sp cialiste du roman d espionnage qui vous pr dit Pavenir et le destin du monde en allant chercher ses informations au seul Pentagone Seulement Robert Littell n a pas choisi la facilit L gen des s attache davantage d mysti du monde des services secrets et fait de l espion une figure embl matique de la condition humaine XAVIER THOMAS POLICIERS Les super espions sont fatigu s Dans L gendes comme dans tous ses romans Robert Littell s efforce de capturer les dimensions po tiques ss l Robert Littell fier le monde de l espionnage qu cr er des super espions portant la banni re de la CIA Dans le jargon des services secrets am ricains une l gende d signe un agent secret tiroirs un homme dont l identit a t fa onn e de toutes pi ces Endos ser une l gende c est avoir plusieurs comportements plusieurs fa ons de voir le monde pl
75. mment d acide et de plai santeries pour que la romanci re r ussisse parler de sa m re sans tomber dans les pi ges d une litt ra ture brod e de lieux communs C est un m me d sir de d noncer le scandale de la d ch ance physi que et mentale de celle qui lui donna la vie sans avoir recours aux r cits plus ou moins ex crables de lagonie d un vieillard v cue par son fils ou sa fille mi d go t e mi plor e qui la pousse inven ter l un de ces dispositifs rh tori ques o elle excelle La M thode Mila est une lettre adress e au philo sophe du cogito de la raison et du contr le de soi Celle de Salvayre est de jouer avec les mots autant pour les cajoler que pour les subver tir Paspire au calme Maman le broie Je voudrais tre fort Maman me brise Le temp teur est cart sien go tant comme son mod le les vertus du doute et le partage du bon sens jusqu ce qu il recueille sa m re gra bataire et que tout en se culpabili sant de l aimer mal il se plaigne de son despotisme de l nergie qu elle met geindre et pleurer et le vouer ex cuter des t ches triviales Pour lutter contre l esclavage impos par limpotente l ardent descartomane tente d appliquer les recettes du r si dent d Egmond De la m thode voyons Cogitons Cogitons C est une catastrophe Opini tre surmotiv passant du coq l ota rie il finit par injurier D
76. mobiles taient encastr es l une dans l autre Leurs propri taires remplissaient un constat sur le zinc d un caf et une onomastique troublante les personnages se nomment Malpighi le mage Benveniste Oppenheimer Fortinbras Straub l architecte Elv zir et Planiol le pr fet Les fem mes On dirait des noms venus d ailleurs l ch s quai par d autres romans ils fixent et d r alisent la fois Ajoutons l homme la cas quette et l homme au para pluie ce sera tout pour les corres pondances En revanche on ne compte qu une pitrerie Sans se retourner il alla se cacher derri re une caravane Un chien aboya et par contrepoint un tr s saisissant suicide A force que rien ne se passe en particulier nul train une violence insidieuse se glisse ici l o lente ment d crypt e sans la moindre conclusion par on ne sait quel narra teur quel d miurge quel dieu r duit en un long travelling Penre gistrement d une sorte de vid osur veillance alanguie Cela bien loin du vert paradis des amours enfantines sous il d un certain Baptiste qui n en pense pas moins Baptiste au pr nom de mime muet le Debu reau des Enfants du paradis Com ment les choses reprennent elles leur cours ordinaire de choses ordi naires L histoire ne le dit pas comme dans la vie ordinaire ce qui n est pas le moindre charme d un roman qui ne l est jamais
77. n es 1940 plong e dans la croisade contre les h r sies et le maintien d un ordre social Les ser mons des vang listes et soutiens lectoraux du pr sident Bush Jr lui donnent en plus une pertinence contemporaine En fait Boyle ne cesse de d peindre les n vroses d une Am rique qui n a jamais aban donn la morale puritaine et refuse de prot ger la part naturelle voire animale de son identit c tait l un des enjeux d Un ami de la terre roman sur l cologie Brussell voyageur et lecteur cosmopolite et aventureux PARTI PRIS TOUS LES CURIEUX les amateurs de d couvertes litt raires qui ont un jour achet un livre publi sous le label Anatolia le nom de Samuel Brussell n est s rement pas inconnu 1 Et ceux qui ont rencontr ou seu lement crois cet ancien adolescent exub rant devenu un adulte volontiers p remptoire attendent depuis un certain temps un texte non pas publi mais crit par cet homme qui intrigue int resse irrite C est enfin possible gr ce son premier r cit litt raire G n alo gie de l re nouvelle Pour le lire avec bonheur il faut savoir laisser de c t ses pr f rences et ses pr jug s Comme pour appr cier le r cent Dictionnaire goiste de la litt rature fran aise de Charles Dantzig 2 on doit accepter d entendre des choses d sa gr ables sur ce qu on aime et admire comme de voir c l brer des auteurs pour lesquels
78. nalisme ou la fi vre de consommation risquent de les endormir Que l on pense De beaux lendemains port l cran par Atom Egoyan en 1997 ou Trailerpark pour ne citer que ceux l Actes Sud Babel n 294 et 348 Et naturellement Ameri can Darling o une jeune gauchis te blanche am ricaine Hannah Musgrave passe d un militantisme largement fantasm aux r alit s de l Afrique d vast e par le colonialis me et la corruption D s lors v rit ne signifie pas neutralit mais d sir ardent de percer les hypocri sies et les illusions collectives une perspective commune certains des meilleurs crivains am ricains dans des genres tr s diff rents de Norman Mailer Rick Moody Mais l o d autres pr f rent exami ner leur pays sous langle du fonc tionnement social Russell Banks s empare frontalement du politi que dans American Darling Encadr par des r f rences plus ou moins allusives aux attentats du 11 Septembre l histoire commen ce la fin du mois d ao t 2001 le roman se tient en quilibre au bord d un gouffre de peurs et de violen ce qui risquent de tout submerger Et cherche d une certaine mani re la r ponse cette question lanci nante que s est il pass pour que les choses se d traquent de la sorte De quoi ont peur les Am ri cains cette nation si puissante si pri vil gi e demande Russell Banks La r ponse n est pas flatt
79. on n prouve qu indiff rence ou hostilit Ce qui devrait tre une vidence la caract ristique m me du Lecteur pour voquer le titre d une revue cr e nagu re par Samuel Brussell doit d sormais tre rappel tant se propage l id e qu il faudrait tre d accord avec ce qu on lit m me lorsqu il s agit de fiction G n alogie de l re nouvelle n est pas une fiction mais c est le roman d une existence roma nesque d butant un jour de 1956 Ha fa o na t un petit gar on qui ne connut pas son p re et fut lev par une nourrice avant d ar river en France pen dant l hiver de 1960 avec sa m re Enfant difficile vite irr cup ra ble pour le marchandage du sentimentalisme ce qui lui vaut un s jour dans un tablisse ment d ducation et de r ducation Samuel Brussell d cide 15ans d tre padrone di mia vita Je pris la route choi sissant ma destination au gr du hasard mes ta pes selon ma fantaisie On le suit avec passion dans ce voyage en for me de r cit d apprentissage et de d couverte de l Europe dans toute sa diversit En 1972 il est Paris la grande ville dont j avais toujours r v et que jamais je n adopterais Il a 16 ans et n a peur de rien Il appelle donc Raymond Queneau qu il lit et qu il aime Pendant quatre ans ils se verront presque quotidiennement Apr s la mort de Quenea
80. on com armelguerne25ans htm mLE 9 OCTOBRE SACHS A Paris le Mus e d art et d histoire du juda s me propose un apr s midi autour de Nelly Sachs avec Maurice Nadeau Claude Vig e Jean Yves Masson et Mireille Gansel 16 heures rens 01 53 01 86 48 ou www mahj org Chaque semaine lemonde fr propose aux lecteurs du Monde des livres la visite d un site Internet consacr la litt rature Dans les roues litt raires http perso wanadoo fr pacemaker index html pour parcourir les pistes vir tuelles de Pacemaker qui allient avec go t cyclisme et litt ra ture Un site qui tient son nom de P ingrat m tier d entra neur dont parle Georges Perec dans La Vie mode d emploi un pacemaker est un motard charg de tirer dans son sillage un coureur cycliste de demi fond appel stayer ou de poss der un v lo RUBRIQUES TAPES Happ par ce site personnel de qualit l internaute n a aucun mal s identifier un virtuose de cette discipline Il franchit sans effort de palpitantes rubriques tapes avalant les kilom tres de textes qu elles proposent Dans le pelo ton de t te il trouvera notam ment les textes int graux ou extraits d Antoine Blondin Louis Nuc ra Alfred Jarry Alphonse Allais Fernando Arrabal Georges Perec Paul Fournel Jean Bernard Pouy Jean No l Blanc ou Patrice Delbourg D autres chapp es attendent linternaute bibliographie chro nologie
81. ourra rien Coinc dans la fiction d une autorit laquelle il n a aucu ne part r elle Louis XVI est condamn tre soit un soliveau soit un parjure Convoi fun bre de la monarchie le retour vers les Tuileries consom me de fait la faillite du lien sentimen tal qui unissait le roi ses sujets Avec le pittoresque de l picerie Sau ce marchand de chandelles Varen nes et la l gendaire clairvoyance de Drouet ma tre de poste de Sainte Menehould cet amour filial d u cette trahison affective cen est trop pour lhistorien qui pose Phomme de science Avec finesse Mona Ozouf par vient tenir tous les fils Impeccable dans la narration elle ne craint pas de saluer en note la relation de la fui te par Andr Castelot magistrale dans l art du portrait suggestive et toujours subtile dans sa r flexion politique jamais contrainte par une vision pr tablie de l histoire r vo lutionnaire ou non elle nous donne un grand livre Un de ceux qui font Phistoriographie nationale Philippe Jean Catinchi MUS E CARNAVALET PARIS BRIDGEMAN GIRAUDON La famille royale rentre Paris le 25 juin 1791 ER DS E ZN JA Sa l amp a E aE 7 z Tpos RCE EDLE Dom gt E lt ta JL Ran Hal vi directeur des Journ es qui ont fait la France lt Les historiens n en finissent pas de red couvrir l v nement gt Apr s l ph m r
82. pilogue Pourquoi Isidore l obscur jeune homme Arthur le boxeur Rik le flambeur dans un m me r cit Parce que chacun sa mani re ils ont cru la po sie de l existence m me si leurs poques respec tives se sont efforc es de les en dissuader ENVIE DE LIRE DE RELIRE Fran ois Bott a toujours combattu la vision troite que beaucoup de critiques fran ais ont du roman C est pour lui le lieu de l absolue libert Voyage m taphysique satire sociale fiction ency clop dique tout peut devenir roman Comme le sont ces trois vies r invent es voqu es sug g r es plus qu explor es Avec la subjectivit de Bott son go t pour une m lancolie douce une d licieuse nostalgie Une nostalgie communicative gr ce laquel le on part la recherche d Arthur Cravan n Fabian Llyod en 1887 neveu d Oscar Wilde de Mina Loy qu il rencontre New York qui l aime et engagera des d tectives pour tenter de le retrouver en vain M me si l on ne regarde que de tr s loin les courses cyclistes on partage avec Bott une tendresse pour le grand Rik qui a mal r ussi rentrer dans l anonymat C est dur de reprendre une existence ordi naire lorsqu on a fait partie d une pop e Et surtout en accompagnant Fran ois Bott du c t de chez Lautr amont qui va mourir si jeune 24 ans Paris la fin de 1870 on revit une existence de m t or
83. r Etienne Menanteau Seuil Policiers 384 p 21 En librairie le 14 octobre n peut lire le douzi me roman de George Pelecanos comme un livre destin tof fer r trospectivement le personnage du d tective priv Derek Strange son h ros r cur rent en le dotant d une enfance en voquant ses ann es d adolescence les raisons qui l ont pouss entrer dans la police et surtout en sortir De ce point de vue Hard Revolution est passionnant tout baign de la nostalgie de cette poque o les voitures am ricaines taient couvertes de chro me o le rock la soul le funk explosaient de tous c t s d autant que l auteur est lui seul une v ri table encyclop die musicale On ne peut s emp cher de penser que l histoire d amiti entre Derek Strange le gamin noir et Billy Georgelakos qui aide son p re tenir sa gargote est inspir e de souvenirs personnels Mais on peut aussi bien lire le livre comme une analyse de l volution du racisme dans la soci t am ricaine Comme dans tout roman policier il se produit des meurtres bien s r Le plus marquant est l as sassinat de Martin Luther King qui provoqua des meutes Washington en 1968 D un c t la lutte des Noirs pour les droits civiques de l autre la r volution personnelle de Derek Strange qui claire singuli rement la grande Histoire Tous les romans de Pelecanos n en 1957 Washington ont pour cadre l
84. ravail sur le corps et ses transformations D s sa naissance Cl mentine a un petit bout de chair entre les cuisses qui pend bizarre ment autrement dit un clitoris tr s d velopp qui ne fera que cro tre et embellir Sophie Jab s dans son style toujours alerte et avec un sens certain du comique suit le curieux destin de Cl mentine et de ce clitoris Comment r agissent les parents qui sont responsables de cette anomalie Est il possible de se faire op rer Peut on soigner la chose avec des infusions Doit on se r soudre en faire commerce demander qu on paie pour regarder voire toucher et ainsi s offrir un voyage au long cours En un mot qui rejoint la question existentielle de tout un chacun faut il vivre avec ou s en d barrasser Ed J C Latt s 162 p 13 Jo S Un chef d uvre Didier Jacob Le Nouvel Observateur Un monde vacillant VI LE MONDE VENDREDI 7 OCTOBRE 2005 LIVRES DE POCHE ESSAIS T moigner de l horreur Antoine Prost entreprend d expliquer la Grande Guerre aux plus jeunes tandis qu Omnibus rassemble des textes de contemporains du conflit LA GRANDE GUERRE EXPLIQU E MON PETIT FILS d Antoine Prost Seuil 96 p 8 14 18 GRANDS REPORTAGES Textes r unis et pr sent s par Alain Quella Vill ger et Timour Muhidine Omnibus 864 p 24 T rois ans apr s la fin de la Grande Guerre dans un jour nal d anciens combattants marqu d
85. rice Que l on pense Damien hant par le suicide de son ami Martin Rafael qui recompose la figure d funte paternelle dans L In vention du p re Verticales Points Seuil gt P807 ou encore Will qui dans La Route de Midland Vertica les Points Seuil P1021 trimbal le l arri re de son van le cercueil de son fr re aussi aim que d test A ce titre Lily Vincent et Martin les trois narrateurs de Sweet Home qui successivement prendront la parole intervalle de dix ans s inscri vent parfaitement dans cette filia tion d infortune tiss e d une cri ture nette et fluide ac r e parfois mais aussi vibrante d motions et nimb e d une douce m lancolie Comme celle qui enveloppe le lec teur d s les premi res lignes de ce roman CLAUDE GASSIAN AURA NE US A Lu mme ie Les a mis i E r eron 7 k ee Ru PLA 06 0e Br TOR AR ti LEE a E DL 1 peu AE on 04 I CE Por a A mh WEL Le Me B ST Sn OR Cu PR EE QE PACE s me ts T y k Giras ALLER T 2 Le De Res a E i Arnaud Cathrine La falaise s effondre lentement mais s rement On dit que les mai sons comme la n tre sont condam n es Un jour il faudra l abandonner Comme en toutes choses nous som mes vou s la perte Reste qu en cet t 1983 c est une tout autre ro sion laquelle Lily va assister dans la demeure normande qui accueil
86. roite le sergent Tapin appelait les ducateurs de la jeu nesse insister sur l horreur d un soir de bataille d crire la vie horrible du poilu dans la tranch e d peindre la vie du bless h pital Oui concluait il enseignez la cette haine de la guerre car elle ne condamne nullement les nobles id es de patrie et de d fense du territoire C est Antoine Prost qui cite cet article dans son tude fonda trice sur les anciens combattants Presses de la FNSP 1977 pour montrer l importance que ceux ci attribuaient la transmission de leur exp rience et de ses le ons Depuis la guerre t moins et histo riens n ont cess de s interroger et de d battre sur la mani re d vo quer un tel conflit A l heure o 14 18 semble de plus en plus pr sent dans l espace public o la premi re guerre mon diale stimule et questionne artistes romanciers ou cin astes apr s le succ s d Un long dimanche de fian ailles de Jean Pierre Jeunet 2004 c est le film de Christian Carion sur les fraternisations de No l 1914 Joyeux No l qui repr sente la France dans la course aux LA SAINTE FACE gt D LIE FAURE L homme crit sur sa couchette une planche sur les genoux charg e de l encrier du papier et d une bougie l quilibre pr caire Plus je suis mal plus cette volupt de travailler s accro t M decin et historien de l a
87. rs de f te Comme un d fi ils s y inscrivent nouveau En faux face aux mythologies familiales qui tissent les carcans les plus sourds Nico las se souvient que la visite la grand m re Maudon d butait sur la N6 dans la DS o son p re Fran ois le fils d un juif et d une sans Dieu s horrifiait sa farou che et si respectable belle m re rompait d j des lances contre les Purjus de la Souche comme il appelait les ch telains de Vernery Il sait qu il y a l une v rit secr te dont il ne peut ni ne veut faire l conomie Il y avait quelque chose de cach ici dans ces murs dans ces pi ces dans le tintement de l horloge dans la voix de la grand m re Gabrielle expliquant qu elle avait rencontr M Unetelle sur le cimeti re quelque chose de cach dans le g teau dominical et les objets de pi t dans le son des mots Assomption ou Toussaint ou Car me C tait un univers riche peupl de morts de secrets de vieilles paperasses et de mots couverts De morts couverts De moi couverts PACTE DES CONFESSIONNAUX Arrach e au silence des tom beaux la maison ne livre rien scel l e par le pacte des confession naux Nicolas y songe du reste Je trouve a fascinant ce meuble qui tient de la penderie de la vespa sienne et du Photomaton Ce lieu de l impossible acc s la v rit des grandes personnes Je me battais les flancs moi pour trouver d
88. rt Elie Faure 1873 1937 a connu le feu d s 1914 en a t loign le temps d une convalescence dans le Midi puis sa demande a t remobilis Cest en Champagne au printemps 1916 qu il entreprend La Sainte Face livre cruel d di ceux qui ont v cu sous le fer res pir le feu march dans le sang dormi dans l eau Pour qu ils le br lent T moin et visionnaire anim par une fi vre qui rend sensible branlement physique de la bataille Faure offre l une r flexion sur la guerre mais plus encore la culture et la civilisation dont les lettres qui l accompagnent donnent une autre perspective instantan e La Sainte Farce suivi de Lettres de la premi re guerre mondiale dition pr fac e par Carine Trevisan d Bartillat 434 p 22 La dent dure de Viel Castel Un brillant t moignage parfois outrancier sur la France du Second Empire M MOIRES SUR LE R GNE DE NAPOL ON III de Horace de Viel Castel Texte pr sent et annot par Eric Anceau d Robert Laffont Bouquins 1120 p 30 e 29 janvier 1851 au sortir L d un d ner chez la princesse Mathilde Horace de Viel Castel d cide de noter d sormais les faits marquants de sa journ e Il a 49 ans et il s y appliquera jusqu sa mort en 1864 achevant ses M moi res par une mise en garde aux r so nances proph tiques sur les dangers que court une France qui a t Jou e par Monsieur de B
89. s d mons sont aussi les n tres Moins convaincant Un truc soi disant super auquel on ne me repren dra pas Wallace a d cid ment le don des titres contient n anmoins quelques pages d anthologie Sur le tennis et la n cessit de pr voir n coups d avance avec n fonction du sinus hyperbolique du talent de ad versaire et du cosinus hyperbolique du nombre de coups chang s jusque l grosso modo sur la t l vision ce clapet bille psychique qui permet tous les inquiets d chap per au jeu des apparences cette partie de poker anxiog ne entre tou tes ou encore sur le travail de l crivain qui se nourrit de situa tions humaines et consid re ses semblables un peu comme les auto mobilistes qui ralentissent la hau teur d un accident pour se voir dans la peau du t moin Le grand int r t de ces essais et chroniques est que au passage Wal lace s y autod finit parfaitement Il est cet crivain mateur tapi ici ou l dont le regard avide noncha lant nous met vaguement mal l aise Essayiste nouvelliste humo riste ce surdou de 43 ans nous montre ici l ventail complet de son talent Et son aptitude tonnante capter l esprit d lirant de son po que Il tait temps qu il soit traduit Florence Noiville Quand le docteur Kinsey manipulait l Am rique LE CERCLE DES INITI S The Inner Circle de T C Boyle Traduit de l anglais Et
90. s l esprit d un Victor Hugo le merde de Cambronne devien dra l ultime mot de la victoire jet au pass au nom de la r volution Emmanuel de Waresquiel ESSAIS La bataille des Modernes Alain Finkielkraut en appelle une modernit modeste et galitaire NOUS AUTRES MODERNES Alain Finkielkraut Ellipses 360 p 19 50 autre jour j ai re u un cour L rier lectronique d une tu diante italienne un de ces mes sages qui vous tombent du ciel quand ils ne viennent pas de Nicolas Sarkozy On lui avait prescrit un de mes livres Bonjour votre bouquin n est pas mauvais mais je vous signa le que quand vous parlez des Lumi res on a traduit par les fr res Lumi re Comme tout lapsus celui ci disait quelque chose de vrai le cin ma la culture de masse et Pin dustrie culturelle Pont emport sur le projet clair de d mocratisation de h ritage humaniste C est le dra me que vit Alain Finkielkraut La ren contre du moderne et du tragique comme il dit est le fil rouge de son livre Nous autres modernes coinc entre le progr s et le regret comme entre le marteau et enclume Finkielkraut y r crit son cours l Ecole polytechnique o la ques tion du moderne s est toujours impos e Il y a succ d Charles Moraz et Jean Marie Domenach qui l avaient trait e chacun sa mani re Moraz tait un moderne sans tat d me Acteur des trente
91. sentaient les trois quarts de la popula tion quatre policiers sur cinq taient blancs Com ment s tonner que se d veloppent la d linquance les incivilit s et les manifestations de haine L histoire de Derek et Dennis devenus fr res ennemis malgr eux celle d Alvin Jones le dealer et de ses copains qui s amusent terroriser les pi tons noirs en les poursuivant en voiture et ne voient aucun inconv nient les craser le cas ch ant ne sont pas de simples anecdotes qui ser viraient de pr texte une fresque sociale plus vas te elles en sont la pierre de touche Comme dans tous ses romans et plus encore dans celui ci o il se montre particuli rement inspir George Pele canos allie la perfection l int r t d une intrigue polici re originale l analyse implacable des c t s les plus sombres de la soci t am ricaine G Me X Signalons aussi du m me auteur la parution en poche du Chien qui vendait des chaussures Galli mard Folio policier 322 p 6 20 Francisco Jos Viegas enqu te m lancolique lasso et les villes d eau surtout Vichy de sinistre m moire Les tribulations de ma tre Christophe Leibowitz et de ses sulfureux amis dans une som bre affaire de trafic de tableaux sont f roces et mal pensantes Ainsi par exemple ce portrait d une ins pectrice des imp ts A l apog e de son existence avec ses trois enfants solides comme des virus son mari qui la
92. st d vast e et mettra bien du temps panser les plaies ouvertes ce som bre jour de Toussaint Si chacun se souvient du drame cest que par del le tragique fait divers s y joue la partie la plus m dia tis e de la querelle de l optimisme qui agita le monde des Lumi res depuis l essai scientifique de Kant 1756 Gr ce l usage qu en fit Vol taire dans un Po me sur le d sastre de Lisbonne publi chaud le 16 d cembre puis dans Candide 1759 dont l argument railler lopti misme de Pope et Leibnitz dont D Alembert dans l Encyclop die fait le champion moderne l v ne ment est rest dans les consciences et le prince de Ligne voque un demi si cle plus tard lorsque le s is me Bonaparte bouleverse l Europe Immerg dans les comptes ren dus m moires et rapports du temps tudiant l impact r el du s isme humain sans doute 10 000 morts sur les 150 000 Lisbo tes mat riel et moral Jean Paul Poirier confron te les explications du temps avec les analyses modernes traque la post rit litt raire consid rable de l v nement des po mes l envi des drames th traux aussi Moses Men delssohn notait la trouble fascina tion du public pour le d sastre ses cons quences politiques au Portu gal mais aussi enjeu intellectuel de ce Mal qu on ne saurait imputer Dieu Une monographie passion nante que les citations nombreuses rendent toujo
93. t l identit selon lui s estompe mesure qu elles vieillissent EFFRITEMENT D UNE MORALE Comme l explique dans le roman un agent des services secrets isra liens ce qu il y avait de plus remar quable avec l Union sovi tique c est que personne personne ne croyait au communisme Ce qui signifiait qu une fois que vous aviez recrut un Russe il faisait un espion extraordi naire pour la simple raison qu il avait grandi dans une soci t o tout le monde des membres du Politburo aux guides d Intourist vivait dans la dissimulation dans le but de survivre Quand un Russe acceptait d espion ner pour vous il avait d j t form et ce n est pas une image vivre deux vies On le sait la fin de la guerre froide marquait non seulement l effondre ment du communisme mais aussi l effritement d une morale o le bien et le mal n taient plus aussi claire ment d limit s L gendes pousse ce d s quilibre un point ultime C est d sormais le vieil adage socratique Connais toi toi m me qui est remis en question dans un monde o le principe m me de l gende est devenu ordinaire Samuel Blumenfeld m TOILES DE MA TRE de Hannelore Cayre Pas facile quand on a fait de la prison de reprendre une carri re avocat Pas facile quand on a un pen chant pour lalcool de fr quenter les cures de tha de George Pelecanos Traduit de l anglais Etats Unis pa
94. t la passion de toute une vie Il a crit dans Le Monde pendant pr s de trente ans et a dirig Le Monde des livres de 1983 1991 Il est n la m me ann e que Fran oise Sagan en 1935 et partage avec elle une certaine id e de l l gance d esprit Comme elle il n est pas fait pour cette soci t devenue frileuse Il se d crit dans son livre comme fumeur et ath e les deux meilleures fa ons de se faire regarder de travers dans la France contemporaine Il est d un temps o l on pouvait arriver son bureau en H ran ois Bott a toujours aim les fant bourrant sa pipe avec de l Amsterdamer le tabac hollandais dans ses paquets bleus les paquets du r ve o le raffinement et la courtoi sie n avaient pas encore d sert toutes les r dac tions Une poque qui semble bien lointaine Pourtant il y a seulement dix ans que Fran ois Bott a d laiss le journalisme litt raire pour accorder tout son temps ses propres crits Dans Faut il rentrer de Montevideo il renoue avec l art du portrait intime qu il affectionne son pr c dent livre Femmes extr mes 1 en est une magnifique illustration Ce nouveau texte au titre nigmatique rassemble trois chapitres Isi dore Arthur Rik trois brefs romans sur des figures de la galaxie d admiration de Fran ois Bott Je mai presque rien invent J ai pres que tout imagin crit il dans un
95. t un chi quier sur lequel taient d ploy es des pi ces noires et blanches Ecrit par une sc nariste de cin ma Bertina Henrichs La Joueuse d checs en d pit de son titre n est pas un roman sur les checs La partie hongroise la d fen se cordel moderne le syst me Rauser l attaque Max Lange le dragon acc l r ne sont ici qu voqu s L essentiel est ailleurs dans la t te de cette fem me d une quarantaine d ann es la vie trop bien r gl e dont le seul espace de libert est cet h tel ces chambres travers lesquelles elle imagine d autres vies Si Naxos les mots allaient et venaient avec les voyageurs et la mer dans un flux incessant il y avait quelque cho se de proprement scandaleux voir une femme une femme de chambre se prendre de passion pour le roi des jeux Secr tement avec l aide d un vieux professeur comme poss d e par l envie d apprendre et par l m me de se lib rer Eleni va persister A mesure qu elle progressera elle s isolera du reste des habi tants de l le pour devenir une sor te de proscrite On pense Res piro ce joli film italien d Emanue le Crialese 2003 En d finitive ce sont les checs eux m mes qui permettront Eleni de s manci per et d exister par elle m me Souvent mouvant ce portrait de femme a le charme solitaire et ensoleill des les grecques Un joli li
96. th ou Otto Flake Surtout des t moignages turcs peu accessibles ont t rassembl s et traduits telles ces interviews certes tr s construites avec des soldats des Dardanelles Ainsi le livre m ne du front l arri re en passant par bien des zones interm diaires de Bruxelles occup e par les Alle mands au paysage de la Somme de fin de bataille hideux glacer l me crit Loti sans n gliger les Etats Unis d s leur entr e en guerre ou le front italien A l vidence beaucoup de ces tex tes ench ss s dans les contraintes de l criture en temps de guerre auraient m rit d abondants com mentaires mais les diteurs ont pr f r les pr senter au moyen d un dic tionnaire des auteurs ajout en fin de volume Sans doute une contex tualisation plus d taill e permet trait elle de mieux valuer les des criptions des troupes britanniques par Conan Doyle des soldats t m raires et d tach s des malades men taux transform s en hommes sous l influence ambiante ou le por trait de ce combattant russe par Alexis Tolsto qui bless a honte d tre couch L ouvrage conduit ainsi le lecteur d aujourd hui s im merger dans les lectures d hier sans en donner toutes les cl s invitation exigeante donc mais aussi passion nante Nicolas Offenstadt x Signalons la reprise en poche de La Premi re Guerre mondiale de John Keegan Perrin Tempus
97. u en 1976 le jeune Samuel tout juste 20 ans part pour la Belgique qui dit il me fit oublier mes origines improvi s es Mais Londres sera le grand lieu de son ducation intellectuelle Il lit sans cesse fait de multiples rencontres dont celle d Auberon Waugh le fils d Evelyn qui l invite collaborer la prestigieuse Lite rary Review On appr ciera particuli re ment la visite de Samuel Brussell au vieux V S Pritchett avec qui il parle de V S Naipaul dont il est aujour d hui un proche Quand il arrive Londres la fin des ann es 1970 Samuel Brussell est bloui par la pres se anglaise sa vitalit et sa vari t qui va de jour naux de qualit voire aristocratiques aux tablo ds scandales Pourquoi une telle presse n existait elle pas en France Pourquoi l individualisme tait il deve nu un d lit La mati re scandaleuse n tait qu une veine de la prodigieuse fiction r cr ative le scandaleux tait un style Le vrai mal Ruskin l avait vu n tait point dans l normit de la calomnie mais ailleurs dans les titres aux carac t res maigres et aust res qui dispensent dans une forme pr cautionneuse le chatoyant men songe chuchot aimable sophisme le mensonge z l du partisan Si l on ne comprend pas cela si l on r prouve l individualisme radical si l on est pour la ti deur litt raire contre l enthousi
98. u sud de Bruxelles Il est comme ces per sonnages de roman qui auraient le don d ubiquit partout la fois dans l espace et dans le temps des premi res heures du jour jusqu au cr puscule de la d bandade fran aise Cela donne un r cit tr s crit aux allures de drame shakespearien qu il est quasiment impossible d abandonner en cours de route et que l on quitte bout de souffle Barbero construit son r cit de la bataille en juxtaposant les t moi gnages et en les croisant des deux c t s de la ligne de front du quar tier g n ral de Wellington celui de Napol on des hussards de Milhaud aux tirailleurs du 27 fusiliers anglais Inniskillings de sir James Kempt qui 7 heures du soir gisaient morts en carr s sous le feu de Par tillerie fran aise JEU CRUEL ET SANGLANT La plupart du temps au galop l auteur prend tout de m me le temps de nous donner des le ons de tactique de nous parler de la dis cipline et de la perfection des man uvres des fantassins anglais de la sup riorit de l artillerie fran aise des m rites compar s des cavaleries adverses Un corps corps entre deux boxeurs o ce qui compte tient dans mille d tails juste au dessus des bl s en herbe de ce mois de juin derri re les haies et les talus du chemin d Ohain des fen tres ou de ce qu il en restait d Hougoumont et de la Haie Sainte o ce qui compte encore et donne c
99. urs vivantes Ph J C quer Thiers Mignet Taine et Jau r s Quinet l un des plus p n trants commentateurs de l v ne ment Aulard surtout qui entend l l une des seules journ es v cues et ressenties par la nation tout enti re et la classe pour cela au nombre tr s strict des v nements qui furent vraiment nationaux La for ce de l vocation la fuite les contretemps et malentendus l arres tation th trale le retour enfin lent chemin de croix d une monarchie qui meurt r ellement l quand bien m me les visions institutionnelles lui accordent un sursis le choc motionnel qui secoue le pays ont certes retenu Michelet mais ne r a git il pas en homme d images dra maturge face une sc ne shakes pearienne Annon ant l incroyable fortune de Varennes aupr s des romanciers et des cin astes Mona Ozouf a l intelligence de ces carts la conscience de ce qu une histoire officielle perd m conna tre le traumatisme de l abandon que repr sente l pisode Varennes Un roi p re de son peu ple qui abandonne les siens un monarque que la sacralit conf r e quelques kilom tres de l Reims seize ans plus t t abandon ne aussi De fa on irr versible Le corps du roi cesse d tre celui de la nation et le repl trage d sesp r de l Assembl e pour donner une chance la nouvelle r gle politique en gestation depuis l t 1789 n y p
100. usieurs fa ons de donner et de prendre du plaisir Martin Odum est l une d elles un ancien agent de la CIA aujourd hui d tective priv New York et qui dans une vie ant rieure aurait bien pu s appeler Dante Pippen un expert en explosifs de PIRA appel comme conseiller dans un camp d entra nement du Hezbollah Martin Odum continue d exercer son m tier travers des t ches ordi naires pister un cr matorium tenu par des Tch tch nes soup on n s d arracher les dents en or de leurs clients ou plus extraordinai res comme retrouver la trace du myst rieux Samat Ougor Jilov neveu d un oligarque dont lempire criminel s tend en Russie en R pu blique tch que en Isra l et aux Etats Unis Ce travail ne le distrait pas de l essentiel en l occurrence les s ances avec son psychiatre Les myst res de Washington George Pelecanos s int resse moins la Maison Blanche qu aux quartiers pauvres de la capitale HARD REVOLUTION charg de l aider r soudre cette question fondamentale qui est Martin Odum Bien avant Robert Littell John Le Carr avait su conf rer l es pion cette dimension m taphysi que qui en faisait selon lui l incons cient des d mocraties occidentales Mais Robert Littell a quelque chose de plus il est un crivain Il y a peut tre plus tordu que lui aussi juste et rigoureux Mais personne n est capable aujourd hui d crire un t
101. uvoir d achat reste un obstacle la diffusion dans un pays o le salaire minimum est de 110 euros par mois Les diteurs fran ais consentent des rabais d en viron 50 Plusieurs maisons alg riennes comme Casbah b n ficient de cessions de droits aupr s d di teurs fran ais pour proposer les titres un prix local Casbah diffuse ainsi une partie du catalogue des di tions fran aises de La D couverte Au salon c tait l la seule possibili t d acc der aux ouvrages de cet di teur Les stocks envoy s par la mai son de Fran ois G ze sont rest s blo qu s en douane Pour Fran ois G ze il s agit d un acte de censure politique visant un diteur qui a le tort de publier les auteurs qui d noncent les violations des droits de l homme en Alg rie Catherine B darida L Enfant de Vinci de Gonzague Saint Bris Grasset m DU PRIX D CEMBRE Le jury du prix D cembre a communiqu lundi 3 octobre sa premi re et unique liste en vue du prix d cern mercredi 26 octobre Festins secrets de Pierre Jourde d L Esprit des p ninsu les Falaises d Olivier Adam d de L Olivier Les Jouets vivants de Jean Yves Cendrey d de L Olivier Dictionnaire goiste de la litt ratu re fran aise de Charles Dantzig Grasset Immersion d Alain Fleischer Gallimard L Irr aliste de Pierre M rot Flammarion Trois jours chez ma m re de Fran ois Weyergans
102. verte tous Dans les quatre cours ici r unis sur l injonction moderne les deux cultures l histoire du XX si cle et l thique du XXT si cle si Finkiel kraut se distingue de ses pr d cesseurs c est donc qu il ne craint pas de revendiquer l h ritage de l humanisme Or celui ci est souvent mieux servi par les scientifiques pour qui la po sie reste assentiment ce qui est suivant l excellente d fini tion d Yves Bonnefoy que par les litt raires qui se convertissent en techniciens de l nonciation Montaigne et Barthes sont ainsi les patrons Montaigne qui con oit Le moderne ce n est pas la table rase mais la table ouverte ouverte tous le moderne comme avenir du pass et le dernier Barthes qui en deuil de sa m re et revenu de l avant garde conna t les deux pos tulations contradictoires du vrai moderne aristocrate dans son id al mallarm en de puret mais galitai re dans son r ve de la po sie faite par tous Etre d avant garde c est savoir ce qui est mort tre d arri re garde c est l aimer encore confiait il refusant de trancher entre Prom th e et Orph e Maintenir jusqu au bout ces deux options c est le propre de tout moderne authentique et notamment d Alain Finkielkraut ap tre comme Montaigne et Barthes de ce que celui ci nommait un optimisme sans progressisme Souhaitons qu il ait form beau coup d ing nieurs hum
103. vre dont on se dit qu il ferait un joli film F N phe anonyme mi Socrate mi gou rou qui pr tend avoir d gag l acte unique de la soci t d ve lopp e depuis le dernier demi si cle la proclamation du Paradis Je l appelle l acte unique en ce sens qu il contient ou sous tend tous les autres actes toutes les tendan ces toutes les pr tentions Notre soci t j entends par l l ensemble des pays dits d velopp s n a strictement rien fait d autre depuis cinquante ans que de proclamer l av nement du Paradis De fa on implicite bien s r L v nement d finit m me une temporalit repens e qui boule verse usages et r f rents A suivre ce proph te qui se vit comme Charlemagne entour de ses preux matrice d une nouvelle geste sans doute cette procla mation appartient ce qul il appelle l intrigue de notre temps L intrigue c est ce qui se passe vrai ment sans qu on le sache ou qu on le voie Par exemple l intrigue d un individu c est ce que met au jour ou pr tend mettre au jour la psy chanalyse On peut aussi se figurer l intrigue comme une pathologie un processus interne et cach pro duisant des sympt mes isol s que le m decin s efforce de relier entre eux Il y a toujours une intrigue mais le mouvement naturel des com munaut s humaines familles nations confessions tribus consis te en voiler l existence aux indivi

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