Saisir L`Insaisissable Dans le sillage de Christopher Alexander
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1. Savoir reconna tre une diff renciation qui pr serve la structure existante est un acte intuitif mais la plupart du temps on peut dire qu il vise a le maintien des sym tries b l augmentation de la connexit des chelles en pr sence de la plus petite la plus grande c la cr ation de nouveaux centres ou la mise en valeur des centres existants d la transformation de cette structure au travers de certaines de ses propri t s g om triques de base niveaux d chelle centres r p titions en alternance fronti res espaces 14 positifs bonne forme degr s rugosit r sonances sym tries locales entrelacs et ambigu t contrastes vides simplicit ins parabilit que l on d finira sommairement Niveaux d chelle Dans les syst mes naturels on trouve le niveau des cellules puis d autres niveaux qui les agr gent et ob issent chacun des lois favori sant l adaptation de l ensemble l environne ment ext rieur Il en va de m me pour les artefacts Le Mont Saint Michel est compos de structures des plus petites aux plus grandes formant un tout qui respecte la forme du rocher Centres Les centres sont les l ments de base de notre compr hension du tout Ils sont r v lateurs tant de son organisation interne et de ses chances de p rennisation que de son i2. par la quotidiennet de sa vie Ainsi ce matin j ai eu l impression d tre quelqu un qui se r veille sur une le inconnue Et que fait un naufrag Bien s r il explore les alentours et rien ne lui chappe Etre conscient de la possibilit de la qu te c est tre sur la piste Ne pas tre sur la piste c est conna tre le d sespoir Walker Percy The Moviegoer 1961 p 21 de la traduction fran aise Christopher Alexander est sur la piste Tel Perceval la recherche du Graal c est un travailleur forcen en qu te de l insaisissable qu il appelle tant t la beaut tant t la vie tant t la totalit wholeness tant t la qualit qui n a pas de nom On suit ses pas un peu comme ceux de Harry Potter avec leurs d tours leurs culs de sac leurs pentes escarp es et souvent leurs retours sur des traces des ann es pr c dentes Comprendre pour faire et faire pour comprendre formule de J L Le Moigne inspir e de GB Vico 1710 Cette qu te n est pas celle d un simple chasseur L ambition d Alexander est galement de faire d tre cr ateur d insaisissable Le fil rouge Dans sa qu te de l insaisissable on retrouve sans cesse l nigme de la relation des parties au tout et du tout aux parties Celle ci constituera notre fil conducteur Le parcours N Vienne en 1936 Christopher Alexander a grandi dans le sud de Angle
3. Ces s quences ont les caract ristiques suivantes UNE DIFF RENCIATION PROGRESSIVE DES ESPACES Une s quence est un agencement temporel des d cisions prendre La d cision n cr e le contexte de la d cision n qui son tour cr e le contexte de la d cision n 2 Le r sultat d une s quence de construction est une diff renciation progressive d un espace Un croquis d Alexander nous en fournit un exemple simplifi LE TOUT WHOLENESS COMME GUIDE ET COMME BUT Ce processus est r cursif A chaque tape du processus de d cision nous devons ressentir comme pour la premi re fois le tout l ensemble et ce qui l anime afin de d terminer quelle tape ult rieure fera le mieux merger cette structure latente CHAQUE ETAPE PRESERVE LA STRUCTURE EXISTANTE La cl de l affaire est de garder le fil des d cisions D abord n ensuite n ensuite n 2 Par exemple imaginons que nous voulons construire une maison et que nous avons un terrain Mettons nous tout d abord en position d coute du site pour d couvrir le tout wholeness et ce qu il faut pr server arbres brise vue d une vall e etc Alors la premi re d cision n est de savoir o il ne faut pas mettre la maison Imaginons la m me situation avec pour premi re pr occupation cette fois de placer le plus efficacement possible les conduites d eau d gout et d lectricit Le r sultat sera tout autre
4. creuser un pattern individuel ou stimuler sa propre cr ativit On peut combiner des patterns pour b tir un ensemble ou cr er sa propre langue On peut aussi approcher APL de mani re plus abstraite sous la forme d une hi rarchie de protocoles probleme solution a l instar des informaticiens des ann es 80 avec les langages objet bas s sur des classes d objets Un r pertoire de s quences toujours pour les formes existantes pourrait aspirer un tel niveau d abstraction et de r flexivit LA CUISINE POUR LES CLIENTS ET LA CUISINE POUR LES CUISINIERS Les livres de cuisine ne requi rent pas de l usager une compr hension pointue des r actions chimiques d une viande ou d un l gume la cuisson De m me l utilisation des s quences sous forme de recettes n exige pas une compr hension en profondeur des propri t s g om triques ou de la structure latente du produit r sultant Par contre la pr paration des s quences sous forme de recettes pourra exiger une connaissance plus solide tant au plan math matique qu exp rimental de la dynamique des formes des champs de forces des structures latentes etc Bien que le livre d Henry Glassie Folk Housing in Middle Virginia 1975 date d avant The Nature of Order on peut le citer comme un exemple de recherche dans cette direction Ce sont les fruits de ce travail de d veloppement qui nous m neront au dela du niveau utilitaire mais relativement ba
5. s sa th se il reprend la th orie des ensembles Les planificateurs urbains utilisent surtout une logique lin aire et arborescente Alexander avance au contraire que la vivacit d une ville d pend d une structure en semi treillis d ensembles kiosques carrefours caf s etc qui se chevauchent D abord les parties cataloguer les patterns arch typaux Dans Pattern Language 1977 qui est le point de d part de l article qui suit son regard se porte toujours sur les parties qui s assemblent en tout Alexander et une quipe de coll gues de Berkeley Sarah Ishikawa Murray Silverstein Max Jacobson Ingrid Fiksdahl King Shlomo Angel ayant re u la b n diction et une bourse de l Institute of Mental Health vont en quelque sorte scanner l histoire humaine en qu te de situations arch typales ou patterns qui conjoignent un contexte un probleme et une solution Autrement dit un pattern est une configuration ou motif reliant une solution a un probl me dans un contexte Ainsi un probl me qui revient fr quemment voquera une solution test e rod e et pr te a tre adapt e a son contexte particulier Par exemple en construction il faut probl me r current arranger les choses pour que l on puisse aller du dehors au dedans On se rend compte que c est mieux quand une transition psychologique accompagne le passage physique du dehors vers le dedans Selon le contexte pr cis on faci
6. s simple personne ne peut pr dire l effet d une couleur partir de minuscules chantillons commerciaux Il vaut mieux se procurer des grandes feuilles de papier du type paper board et de petites quantit s de plusieurs couleurs candidates Il s agit ensuite de peindre les feuilles et de les attacher au mur pour voir l effet de chaque couleur sur l ensemble Par ailleurs la plupart d entre nous feraient mieux d viter les outils de CAO conception assist e par ordinateur En th orie on peut modifier tant qu on veut les plans CAO En r alit ces outils nous poussent prendre des d cisions pr matur es ou provisoires qui ont la f cheuse manie de devenir d finitives e Les niveaux d chelle sont aussi des outils de jugement Un test pour chaque d cision est de se rendre compte de l effet de cette d cision au niveau inf rieur et au niveau sup rieur Ce n est pas toujours pr visible et des informations surprenantes peuvent merger de ce souci de connexit e L attitude envers le projet J admets que chacune de mes b tises grandes ou petites provenait d un exc s de pr cipitation En voulant aller trop vite je manquais d attention La qualit vient d une s r nit o cette fronti re entre le sujet et l objet moi et le projet s estompe en faveur d une r ciprocit tranquille 21 e Le processus de d ploiement simplifi Il est plus efficace de se limiter a une seul
7. Cities Kegan Paul International Levin D 1989 The Listening Self Routledge Zengotita T 2005 Mediated How the Media Shape Your World and the Way You Live in It Bloomsbury Une premi re version de cet article a servi de support a un expos a la r union d Octobre 2006 de l International Association for Environmental Philosophy session sp ciale sur Alexander Jenny Quillien a travaill pendant six ans avec Christopher Alexander notamment sur les manuscrits de The Nature of Order et sur le site Patternlanguage com Contact jenny jgsolutions org 26
8. l est aussi et viendrait donc les concurrencer dans leur pr carr Et quand il parle a haute voix il est grand pas tr s beau et un peu ours la mani re de Depardieu il ne m nage gu re ses interlocuteurs idem lorsqu il crit Cela agace et stimule mais n est ce pas aussi une grande tradition fran aise r i ENT al S ie J k ye 1 LL Tr tai i D is i 5 penis i 4 Se J Selon lui les architectes rois sont nus Ils se trouvent sans vouloir le reconna tre sous l emprise de la cupidit de l arrogance de l go sme et d un syst me ducatif qui d forme plus qu il ne forme La plupart des constructions nouvelles se font sans eux Les forces bassement commerciales ont le monopole des grands chantiers et leurs sp culations financi res d truisent la terre et les soci t s humaines Alexander m prise tout autant les styles New Age Disney ou Romantique retour la terre boutiques pseudo Zen aux bougies aromatis es etc m me s ils se r clament de lui Alexander fait bande a part Il travaille seul et dur Il s y conna t en math matiques en biologie en physique en th ories de la complexit en construction Il ne fait pas partie des poids l gers Qu importe donc qu il agace S 1l a des choses dire profitons en Pour nous clairer sur ce personnage singulier Jenny Quillien constitue le pa
9. tre fr quemment asym trique sont ge f subtils complexes et tr s robustes Prenons l os de la YW Wes Sy hanche qui soutient un poids important et nous permet de AU Ef marcher de nous asseoir ou bien encore de monter les escaliers Pendant la croissance les apports de calcium sont fonction des efforts que subit cette structure L ensemble et les parties s tayent mutuellement au fur et mesure que des centres sont rajout s et renforc s DES FORMES QUI MERGENT ET SE D PLOIENT On en sait encore peu sur la morphogen se ainsi que sur la dynamique de la croissance et de la consolidation des structures Ceci dit nous savons faire intuitivement la diff rence entre les formes qui r sultent d un processus d mergence d ploiement et celles qui n en ont pas b n fici Regardez les deux photos de formes mergentes des vues de rue a Amsterdam en Hollande et a Lawrence dans le Kansas Ensuite regardez les photos prises a Rotterdam et Aruba ou les batiments et la rue ont t assembl s un peu comme des lego partir d un sch ma impos TL dun SLR 3 AL Trains ai Pye EET i pte TET 7 i Lif En Sin te E ii f ne X I z 1 z 18 LA FORME EST LA TRACE DU TEMPS Une fleur en plastique quelle que soit la finesse de sa conception et de sa fabrication ne peut rivaliser avec une fleur authentique Dans un champ de narcisses des bois la forme
10. une unit croissante peut maintenir notre attention et soutenir nos efforts 24 Si les m thodes ethnographiques et une cuisine pour cuisiniers peuvent produire une premi re g n ration de s quences pour les formes existantes et r ussies de constructions les th ories du divertissement peuvent guider leur transformation en une deuxi me g n ration o les explorations des utilisateurs sur la diff renciation de l espace seraient la fois ludiques et gratifiantes La troisi me g n ration se ferait un niveau b ta pour des validations sur un public plus tendu A cet gard on pourrait peut tre faire appel a des formes extr mes de programmation pour simuler et corriger en acc l r le lent processus naturel d mergence d ploiement des patterns et des s quences On fera cependant une mise en garde les logiciels de jeux les plus avanc s reposent encore sur des menus ferm s En mati re de construction des tutoriels sur des cas connus marcheraient mais on n en a pas encore trouv qui marcheraient pour l exploration ouverte de s quences de formes nouvelles DES FORMES EMERGENTES ET DES METHODES POUR NOTRE EPOQUE A ceux qui lui reprochent souvent d tre vieux jeu Alexander r pond qu il pr f re prendre ses exemples dans les b timents anciens non parce qu ils sont anciens mais parce qu ils sont meilleurs On peut l admettre Mais comprendre les s quences qui ont donn lieu au
11. 971 Alexander C 1965 A City is Not a Tree Architectural Forum 122 April May 58 62 Trad fr La ville n est pas un arbre Architecture Mouvement et Continuit n 161 Novembre 1967 3 11 Alexander C 1975 The Oregon Experiment New York Oxford University Press Trad fr The Oregon Experiment Paris Seuil 1976 Alexander C amp al 1977 A Pattern Language Towns Buildings Construction New York Oxford University Press Alexander C 1979 The Timeless Way of Building New York Oxford University Press Alexander C amp al 1985 The Production of Houses New York Oxford University Press Alexander C amp al 1987 A New Theory of Urban Design New York Oxford University Press Alexander C 1993 The Foreshadowing of Twenty First Century Art The Color and Geometry of Very Early Turkish Carpets New York Oxford University Press Alexander C 2002 The Nature of Order An Essay on the Art of Building and the Nature of the Universe the Luminous Ground New York Oxford University Press Deshayes P 1999 Discussion Programme Mod lisation de la complexit Lyon 1 2 F vrier 1999 Percy W 1961 The Moviegoer New York Knopf 1980 Trad fr Le cin phile Paris Rivages 1989 Vico GB 1710 De l antique sagesse de l Italie Paris GF Flammarion 1993 SAISIR L INSAISISSABLE Des patterns aux s quences dans l uvre de Christ
12. SAISIR L INSAISISSABLE Dans le sillage de Christopher ALEXANDER pat Jane QUILLIEN NDLR Christopher Alexander est une sorte de Perceval moderne cherchant inlassablement son Graal la qualit sans nom ou beaut qui merge des rapports des parties au tout tant dans l architecture que dans la nature Les lecteurs francophones ont quelque connaissance de son premier ouvrage Nozes on the Synthesis of Form 1964 traduit en 1971 mais ignorent la plupart des suivants notamment A Pattern Language 1977 et The Nature of Order 2002 Pour nous clairer sur cette uvre si singuli re Jane Quillien constitue le passeur id al Apr s une jeunesse am ricaine elle a longtemps v cu en Europe et m me particip a plusieurs rencontres du R seau Intelligence de la Complexit avant de travailler pendant six ans aux c t s de Christopher Alexander puis de collaborer au Laboratoire d anthropologie de l Universit du Nouveau Mexique Santa Fe Elle a en effet accept de traduire a notre intention l article Grasping the Ineffable from Patterns to Sequences para tre dans la revue Environmental Architectural Phenomenology 18 n 1 Winter 2007 qu elle a consacr une mise en perspective originale et vivifiante de A Pattern Language et The Nature of Order En outre pour introduire cet article elle a bien voulu nous donner dans un texte richement
13. ait de contrastes vide plein pr sence absence silence bruit ombre lumi re etc En ce qui concerne les artefacts le photographe ou l artiste peuvent augmenter la saillance d une forme en jouant sur de tels contrastes Vides Dans les syst mes naturels fractales ou cyclones la diff renciation ou la turbulence de syst mes mineurs s opere en relation avec la stabilit d un syst me plus large La puissance d attraction de la Piazza de Sienne vide na t de son insertion dans un environnement complexe de centres sym trie locale Simplicit Dans le monde naturel toute configuration sera la plus simple possible tout en restant en ad quation avec les contraintes de son environne ment ext rieur On limine tout ce qui n est pas n cessaire tout en augmentant la valeur de ce qui reste Ins parabilit Il n y a pas d isolement complet Ni l tang ni le village ne peuvent se s parer d une fa on nette de ce qui les entoure L ins parabilit signifie que nous sommes unis au monde et que chaque centre d pend des autres une g n ralisation du principe de Mach 17 DES CENTRES QUI S ENGENDRENT ET S ETA YENT MUTUELLEMENT Des structures qui se sont d ploy es unfolded de cette mani re dans le temps ont une plus grande densit de connexions et sont donc plus robustes que d autres qui n ont pu voluer ainsi Par exemple les os dont la forme d ensemble peut
14. auvaise ad quation misfit exige que l on reprenne tout z ro et que l on recommence Tant que les architectes se complaisent dans des conceptions notions pr con ues pour se faire une id e des probl mes r soudre ils se trompent royalement et cr ent des monstres Et pour saisir les v ritables composantes d un probl me qui sont toujours sp cifiques la culture ambiante il faut partir d une observation ethnographique minutieuse de celle ci L Inde lui a donn des le ons incontournables cet gard De plus n importe quel probl me de conception contient disons une centaine de variables au minimum et donc quelque 1 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 sous ensembles de variables C est trop pour notre pauvre cerveau Dieu merci le bon sens peut en liminer la plupart Mais pour les variables restantes 11 vaut mieux organiser une hi rarchie de sous syst mes Chaque sous syst me peut tre tudi part pour faciliter la r solution des probl mes un par un Ensuite on peut grimper aux probl mes des ensembles de sous syst mes sup rieurs Hierarchy Peu apr s la publication de sa th se le gouvernement de l Inde l invite construire une ville nouvelle en Inde Dans un de ses rares moments de modestie authentique 1l refuse l offre estimant qu il serait incapable d y parvenir Des structures en semi treillis Dans l article A City is Not a Tree publi une ann e apr
15. e question directe Quelle est l tape la plus simple qui s offre maintenant comme possibilit de rendre l espace plus vivant A la limite on peut liminer les quatre volumes de NO pour en rester a cette seule question Je pense qu il est important de noter comme exp rience heuristique et peut tre centrale pour les pistes de recherche que les concepts pr sent s dans NO comme tant les plus essentiels n taient pas utilisables pour la conception c est dire la pr diction d un r sultat On peut utiliser les patterns d APL pour pr dire et planifier Par contre les quinze propri t s g om triques la base de NO ne sont pas utilisables au d part d un projet comme un outil de conduite de celui ci Elles ne le sont qu en tant qu outil de validation a posteriori de ce dernier Une bonne d cision am ne en cons quence une intensification des qualit s g om triques Les s quences en tant que d marches suivre ne m ont pas servi grand chose Par contre je voyais bien merger une intensification des centres et cela me servait beaucoup comme outil de v rification ou de postdiction de mes d cisions Il s agit la bien s r d une exp rience personnelle et limit e Mais si elle correspond aux cas les plus courants l uvre de Charles Pierce figurera parmi les pistes de recherche Il se peut que les propri t s g om triques et m me les s
16. e Dieu Bref tout y passe et on y insiste bien plus sur les processus de conception et les s quences de d cision que sur les patterns La plupart de ceux qui aiment et utilisent APL ont t d concert s quand ils se sont rendus compte que NO n tait pas la suite d APL qu ils attendaient Alexander les a confront s a un texte dense et exigeant On y trouve de l or mais au prix d avaler les 2000 pages en essayant d en dig rer le contenu Cet article se donne pour objectif de jeter des ponts entre les themes majeurs d APL et de NO autrement dit les patterns de l un et les s quences de l autre en essayant de montrer tout le profit que l on peut en tirer CARACT RISTIQUES DES PATTERNS Un pattern rappelons le est une configuration reliant une solution un probl me dans un contexte Ainsi un probl me qui revient fr quemment voquera une solution rod e et pr te tre adapt e son contexte particulier Pattern Language est une collection de 253 patterns architecturaux utilis s travers le monde et le temps avec des r gles pour les combiner et des conseils techniques pour obtenir de bons r sultats En voici les caract ristiques principales 10 DES FRUITS DU TEMPS De bons patterns qui marchent sont l uvre du temps comme les diamants Ils sont donc moins des inventions que le fruit de longs processus d essais d erreurs et de corrections da
17. ed Tego flatt La s duction institutionnalis e est EVEN Cans devenue la norme de nos comportements et de nos pens es NEED A HERO A 2 N Nous nous attendons tre flatt s et semblons peine remarquer combien ce monde est vide de sens Nous pouvons profiter des bases jet es par APL Nous pouvons former une milice bienveillante Nous pouvons avec les ressources d Internet collectionner les r sultats des travaux et des exp rimentations de nombreuses personnes int ress es travers le monde Nous pouvons d velopper les concepts pr sent s dans NO pour la cr ation d un meilleur environnement b ti 25 Mais 1l nous faut acc der encore a un autre changement d tat avant de pouvoir apprendre a habiter et a batir en cr ant des formes et m thodes ad quates a notre poque La v ritable nigme est de savoir comment nous lancer dans l avenir avec disons un retour a l unisson avec le monde et les autres ce qui est la traduction donn e par David Levin dans The Listening Self du Zugeh rigkeit de Heidegger BIBLIOGRAPHIE Bortoft H 1996 The Wholeness of Nature Goethe s Way Toward a Science of Conscious Participation in Nature Lindisfarne Books Duany A 1998 Our Urbanism Architecture Magazine December Glassie H 1975 Folk Housing in Middle Virginia A Structural Analysis of Historic Artifacts University of Tennessee Press Hakim B 1989 Arabic Islamic
18. elles tandis que les espaces plus intimes se situent l arri re On y trouverait aussi des patterns qui ne figurent pas dans APL Par exemple l arri re de la maison se situent la cuisine et une ouverture sur un patio ouvert aux vents En effet les maisons d Aruba sont orient es de mani re a ce que leur patio b n ficie du maximum d air frais et soit suffisamment grand pour les travaux de vannerie Donnons donc ce pattern le n 001 en l appelant patio au vent UNE BEAUTE PROFONDE ET INEFFABLE RESULTANT D INTERACTIONS COMPLEXES Prenons cette photo de Sarlat en France La beaut subtile des espaces profond ment organis s merge de la juxta position et des chevauchements complexes de patterns individuels C est a l vidence l aspect le plus difficile du travail avec des patterns C est aussi l aspect le moins lucid dans les publications au sujet des patterns et de leur mise en uvre dans l environnement b ti Et c est sans doute l une des raisons des r sultats plut t m diocres de tant de tentatives pourtant bien intentionn es dans cette direction 13 CARACTERISTIQUES DES SEQUENCES The Nature of Order est un ouvrage pionnier et s minal qui se propose de saisir ce qu il y a d insaisissable dans la beaut des espaces b tis en avan ant la these que celle ci r sulte largement des processus de conception et des s quences de d cision qui les ont engendr s
19. en tirer parti une autre proposition pragmatique pourrait provenir d une source surprenante Des lecteurs inattendus d APL dans les ann es 70 et 80 furent des informaticiens qui virent dans le langage de patterns la possibilit d une approche un m ta niveau de leurs probl mes de g nie logiciel Selon moi cette communaut informatique est en passe de nous renvoyer l ascenseur Will Wright auteur de jeux informatiques tels que Sim City reconnait tr s volontiers sa dette envers APL Le g nie de Wright ainsi que les recherches d autres informaticiens tels que Raph Koster nous apprennent pourquoi les jeux accrochent les gens pourquoi APL a plu a quantit de gens pourquoi les s quences pr liminaires ont d plu et comment construire des exp riences avec des s quences qui pourraient s duire un large public La cl de l addiction aux jeux se trouve dans l exp rience de la d couverte au travers de niveaux emboit s de r v lations partielles Les logiciels de jeux favorisent une d marche abductive qui permet aux joueurs d avoir une appr hension croissante de leur ordre sous jacent Jouer contient sa propre r compense d s lors que le joueur ne cesse de produire de nouvelles perceptions pour surmonter les obstacles gagner en coh rence et marquer plus de points La validation est contenue dans la progression des scores et l exemple plus ancien des mots crois s nous montre combien l appr hension d
20. ention de ne pas porter atteinte l intimit d autrui ou de ne pas g ner sa vue sur le paysage alentour Le rendu et l expression exacts des intentions taient souvent des adaptations tr s fines au contexte Dans cet esprit on pourrait essayer de limiter simplement les mat riaux de construction ceux qui sont d j pr sents plut t que d imposer des r glements qui reprennent des formules l emporte pi ce De m me que la modification des conditions financi res d acc s la propri t ou de placement de l pargne serait de nature changer les processus de conception et de d cision en mati re de construction LES TH ORIES DU DIVERTISSEMENT Pendant mes ann es de travail avec Alexander J ai particip aux tentatives pr liminaires de traduction de deux patterns en s quences transition dehors dedans et maisonnette a pi ce unique Les exp rimentations avec des volontaires a qui on demandait d imaginer pour eux m mes une entr e ou une maisonnette ont royalement chou Les r sultats taient mauvais et les volontaires ont trouv les s quences ennuyeuses contraignantes pas claires et casse pieds aussi casse pieds que remplir les feuilles d imp ts disaient ils Nous n avons pas tent de construction ou quoi ce que ce soit au del de l esquisse la plus simple La mention de cet chec cuisant n a jamais franchi la porte du bureau Pour sortir de cet chec et m me
21. hyperliens On peut donc s lectionner et combiner des patterns de diff rents niveaux d chelle afin d en faire un ensemble coh rent Voici un cas simple Prenons pour point de d part le pattern n 159 lumi re venant de deux cot s Une pi ce est bien plus agr able si la lumi re du jour vient d au moins deux directions A un niveau d chelle inf rieur ces lieux bien clair s deviennent des endroits privil gi s pour s asseoir regarder le jardin lire ou luxe supr me ne rien faire et r vasser comme le proposent les patterns n 180 place pres de la fen tre ou n 192 fen tre avec vue sur la vie Par ailleurs la vue par la fen tre est en lien avec de nombreux patterns de niveau sup rieur ayant trait tant l ext rieur n 106 espace ext rieur positif de forme convexe n 163 le jardin est une chambre n 165 ouverture sur la rue qu aux formes g n rales d un b timent susceptibles d accro tre les sources de lumi re naturelle n 109 maison longue et mince DES DESCRIPTIONS D TAT ET DE PROCESSUS Les patterns sont r dig s un niveau d abstraction moyen de mani re fixer des contraintes de conception et proposer des lignes de conduite sans trop r duire les marges de libert du constructeur Ainsi chaque pattern donne tant une description d tat du r sultat recherch sous forme d indications sur celui ci qu une descript
22. illustr intitul Les cheminements de Christopher Alexander une vue panoramique dune uvre que d aucuns prennent pour du poil gratter et d autres pour lappel au pourquoi pas d un homme qui veut comprendre pour faire et faire pour comprendre et que l on peut tenir aussi pour un explorateur attentif infinie vari t des les de archipel de la complexit Avec l quipe d animation du site du R seau Intelligence de la complexit nous la remercions vivement de son concours notre veille collective Andr Demailly Christopher Alexander poil a gratter du monde de l architecture M me quand il agace il stimule cette formule de J L Le Moigne sied bien a Christopher Alexander On peut aller plus loin plus vous entrez dans son monde plus il vous agacera et plus il vous stimulera Hane 2001 La plupart des lecteurs francophones ignorent ou boudent leadership son ceuvre Certes rares sont ses ouvrages qui ont t awards traduits en fran ais mais cela n explique pas tout Paradoxalement cette d saffection ne viendrait elle pas de ce que Christopher Alexander leur ressemble trop En effet si l on reprend une formule d Andr Demailly fortement impliqu dans les textes qui suivent selon laquelle les penseurs francophones sont port s a enfermer le monde et les autres dans de grandes constructions intellectuelles vis e universelle Alexander
23. ion du processus qui y mene sous forme d actions entreprendre un peu comme une recette de cuisine Les recettes sont simples et directes et ressemblent plus l origami qu au bleu d architecte bien plus p nible d chiffrer Les instructions permettent un nombre infini d interpr tations concr tes Donnons un exemple simplifi l extr me d une recette en prenant le pattern n 106 espace ext rieur positif Faites en sorte que les espaces qui se situent autour et entre vos b timents soient positifs de forme convexe Donnez chaque espace une fermeture partielle avec des ailes de b timent des arbres cl tures buissons etc jusqu ce qu il devienne un lieu en SOI 12 DES GROUPES DE FORMES GEOMETRIQUES AUX VARIATIONS INFINIES Chaque pattern regroupe diverses formes g om triques Une langue de patterns est un sous ensemble coh rent de patterns et de r gles combinatoires qui l instar d un pattern individuel peut donner lieu un nombre infini de variations Dans l exemple ci dessous on pr sente quatre variations de la maison traditionnelle de l le d Aruba aux Cara bes dont la langue de patterns n a jamais t crite Si on tentait de le faire on y trouverait tout d abord le pattern n 127 d APL degr d intimit Ces maisons modestes ont toutes une petite pi ce d entr e pour la r ception du pr tre et d autres occasions form
24. is alors qu il est des plus judicieux On le trouve dans les choses faites a la main quand l artiste ou Partisan porte son attention sur ce qui est important et laisse tomber le reste R sonances Au sein d un organisme les processus de croissance cr ent des homomorphismes et des isomorphismes naturels L observateur ext rieur n a pas de peine a voir que les composants d un tel syst me relevent de la m me famille En ce qui concerne les artefacts de telles r sonances peuvent surgir de la forme de la taille des mat riaux ou des technologies 16 Sym tries locales Les sym tries locales sont au coeur des discus sions sur les myst res de la morphogen se Souvent l explication qui en est donn e pour la formation des bulles de savon ou des cristaux par exemple fait appel a un principe d cono mie ou de moindre effort L Alhambra sans sym trie d ensemble tient par la coh rence de multiples sym tries locales Entrelacs et ambigu t Les entrelacs renforcent deux s ries de centres par une troisi me qui en mane d une fa on ambigu Autrement dit cette troisi me s rie re oit sa force des deux autres tout en les dynamisant en retour C est ainsi que les circon volutions du cerveau en augmentent la surface et le potentiel La pr gnance de cette c ramique de Samarcande r sulte d un processus similaire Contrastes D une mani re l mentaire toute structure ou forme n
25. les variations subtiles de couleur et de texture les diff rences infinies d une fleur l autre sont la cons quence d une croissance mergente et d un ajustement incessant des parties et du tout au fil du temps Cette complexit des textures et des formes ne peut tre obtenue que par ce processus de d ploiement temporel provoquant en nous ce m lange d motion et de plaisir LES PISTES DE RECHERCHE Ce serait pr cher des convaincus que de parler de l importance de l impact de l environnement b ti tant sur notre bien tre individuel et collectif que sur la sant de la terre I est plus judicieux de s int resser aux r actions de ceux qui se sont donn la peine de lire Pattern Language et les quatre volumes de The Nature of Order Ceux qui ont lu APL et NO ressentent parfois de fa on difficile exprimer que l approche par les s quences est plus f conde que l approche par les patterns Pour appr hender d un peu plus pr s un espace dont la beaut et la complexit nous d passent les concepts d mergence et de wholeness semblent plus pertinents que les protocoles contexte probl me solution Il se peut aussi que les s quences soient plus op rationnelles pour cr er des espaces de cette qualit Mais c est un euph misme de dire que The Nature of Order est peu maniable sur ce plan Il y a tout un travail entreprendre sans tarder pour que l approche
26. lit ou l enti ret qui d signent tant cet tat et ses propri t s actuelles au m me titre que la sant ou la saintet que l id e d tats venir ou en devenir potentiellement mergents Un tout peut le devenir encore plus en augmentant sa wholeness ou son potentiel totalisant Dans les syst mes adaptifs complexes des wholes plus complexes mergent de wholes plus simples Dans le cheminement de la pens e d Alexander le concept de wholeness va prendre une place croissante C est aussi l esquisse de l id e d mergence d ploiement unfolding comme le gland se d ploie pour devenir ch ne et comme le ch ne merge du gland Exp rimenter Apr s Pattern Language The Timeless Way of Building et The Oregon Experiment de profondes dissensions se font jour dans l quipe d Alexander pour de multiples raisons et aboutissent sa dissolution Ce dernier ach te un camion cr e une entreprise de construction et cherche des contrats Mais les affaires ne sont pas son fort Il poursuit sa qu te de Il insaisissable et ses clients le virent souvent lorsqu ils s aper oivent qu ils lui servent surtout de laboratoire de recherche Quelques publications telles que The Production of Houses 1985 rendent compte des le ons apprises Atteindre le tout en progressant petit a petit Toujours coinc par l absence de chantiers suffisam
27. lite cette transition psychologique l aide de diff rents changements hauteur escalier mati re briques bois fleurs direction sentier avec tournant couleurs lumi re son etc Voici trois illustrations du pattern n 112 transition dehors dedans Une tradition architecturale sera d crite comme un sous ensemble de patterns qui s emboitent comme des poup es russes Mais ce n est pas si simple La m taphore de la poup e russe occulte une interaction n cessaire et bien plus complexe que l embo tement D finir le tout Comme le dit Philippe Deshayes 1999 a propos de Chartres On sait bien qu il se passe parfois des choses qui vont au del de l architecture mais on ne sait pas en parler Dans The Timeless Way of Building 1979 Alexander s attarde longuement sur cet insaisissable Il cherche cette qualit qui se d gage de certaines constructions traditionnelles a la fois ce qui merge du lieu tout en lui tant propre ce qui est sans chercher para tre ce qui est pr sence vivace et se fiche des contradictions ce qui apporte confort imm diat et sentiment d ternit ce qui captive et lib re a la fois Bref cette totalit cette qualit sans 9 nom C est la qu on voit poindre l id e qu il faut commencer par le tout Notons ici l importance de la traduction The whole peut tre traduit par le tout l ensemble wholeness par la tota
28. ment grands et complexes pour tester ses theses Alexander se lance avec ses tudiants de Berkeley dans la simulation d une refonte du port de San Francisco A New Theory of Urban Design 1987 est une exploration de la grande et difficile question de l influence mutuelle du tout sur les parties et des parties sur le tout Pour l essentiel cette simulation consiste a cr er une vision de ce port et en maquette norme un processus de 89 transformations progressives Ce projet lui permet de creuser plus a fond plusieurs points tels que le concept de d ploiement mergence unfolding la formation de centres le r le des espaces entre b timents les ajustements fins des parties Il reste sur sa faim quand la grande question de leurs influences mutuelles Le tout est un champ de forces Alexander tombe follement amoureux des tapis Il les collectionne et les tudie notamment les tapis de pri re turcs du 12 au 14 si cle Un tapis est plat et peut tre appr hend dans sa totalit Cet aspect bidimensionnel simplifie norm ment les choses en ce qui concerne les relations du tout et des parties A Foreshadowing of Twenty First Century Art The Color and Geometry of Very Early Turkish Carpets sort en 1993 C est mon livre pr f r Dans Foreshadowing le tout n est plus un assemblage de parties mais un champ de forces Un conte de l Inde en fournit une belle m taphore Indre poss de u
29. n filet de p che chaque n ud duquel est cousu un bijou de sorte que la brillance de chacun d eux augmente celle de tous les autres Pour prendre un autre exemple regardez la photo de Matisse et les quatre dessins ci contre Dans ces dessins les parties nez bouche etc sont diff rentes mais l ensemble est reconnaissable L essentiel r side dans les interactions des parties C est la premiere discussion des propri t s g om triques pr sentes dans toute uvre r ussie tapis ou batiment Prenons un seul exemple pour introduire deux d entre elles centres et espaces positifs Dans le tapis A les fleurs flottent sur un fond flou Les fleurs sont des centres et sont faites de centres mais l ensemble est assez flou Dans le tapis B il n y a pas de flou Tout est tendu et serr Les parties forment un fond positif convexe constitu de centres en soi L ensemble est plus intense Tapis A Perse 18 si cle 3 me Tapis B Seljuk Turquie 1 siecle Poe we PUS ye z Ti Eep ppn Le tout comme point de d part et d arriv e X The Nature of Order sort en 2002 compte d auteur suite a un divorce sanglant avec Oxford University Press Dans The Nature of Order le tout est le point de d part de toute r flexion et de toute action tandis que le point d arriv e est un tout plus intense C est le tout qui cr e les parties Un arbre n e
30. nal des langues de patterns vers les domaines plus profonds de la beaut des structures vivantes et du savoir habiter dans le sens heidegg rien de ce terme il faut savoir habiter avant de savoir b tir POUR LES FORMES INEDITES EXPERIMENTATION PREDICTION POSTDICTION ET ABDUCTION Quand on consid re le probleme des s quences nouvelles cr atrices des formes in dites 1l faudrait cerner la mise en jeu et en ceuvre de celles ci a la fois aupres de professionnels et de gens ordinaires en train de concevoir et b tir Il faudrait exp rimenter la fois sur des chantiers de renouvellement ou de refonte de l existant brown sites et sur des chantiers de tout neuf green sites 20 Apr s six ans de coop ration avec Alexander sur les manuscrits de NO j ai ressenti la n cessit de tenter l exp rimentation sur moi m me J ai commenc retaper une vieille maison modeste des ann es trente au Nouveau Mexique Il s agit certes d une exp rimentation limit e mais c tait le seul laboratoire de recherche ma disposition A travers cette exp rimentation directe J ai appris que ce qui tait le plus utile sur le terrain n tait pas ce qui prenait le plus de place dans les manuscrits Voici quelques uns des concepts qui m ont vraiment rendu service e Dans NO mistake erreur est red fini comme mis oublier et take prendre A chaque d cision n n l n 2 on d
31. nfluence sur l environnement imm diat et de sa puis sance d attraction Ils sont souvent marqu s par les fronti res entre dedans et dehors ou par le contraste entre l homog n it du dedans et l h t rog n it du dehors La Piazza Navona de Rome est un centre la fois physique et social une force organisatrice de la ville R p titions en alternance Dans les r p titions en alternance les centres secondaires sont galement coh rents et souvent de m me magnitude que les centres primaires Dans un ciel pommel les nuages agr gent la vapeur et nettoient l espace environnant provoquant l alternance d espaces vides et ouat s Dans l h pital de Florence on voit une r p tition en alternance de formes et de struc tures primaires et secondaires Fronti res et cadres boundaries Une fronti re unit un centre au monde alentour tout comme elle l en s pare La membrane d une al cellule est paisse parce qu il s agit d une zone aT d changes et de transformations Dans d autres cas cette zone frontali re sera beaucoup moins marqu e Ce plan d une mosqu e gyptienne du 9 si cle montre l importance du cadre et la mani re dont la saillance du tout merge de l interaction des parties Fritachondiion 15 Espaces Positifs L expression ext rieure de la coh rence interne d un centre sera tant sa forme convexe et com
32. ns des circonstances vari es On les trouve on les met en forme on les utilise et on les ch rit Il s avere tres difficile et m me vain de court circuiter des si cles d un tel travail en tentant d en concevoir de nouveaux qui marcheraient du premier coup DES CHUNKS D INFORMATION A DISPOSITION ee l sf Ay country fingers oy at least 1 mile wide city fingers at most x mile wide Que ce soit a une chelle plut t grande comme c est le cas du pattern n 3 l interface ville campagne sous forme de doigts entrelac s ou a une chelle plus petite comme le pattern n 200 tag res ouvertes chaque pattern est imm diatement saisissable en tant que paquet complet ou ensemble organis Ce sont des paquets hautement maniables DES CHEVAUCHEMENTS DE PATTERNS DE CONSTRUCTION ET DE PATTERNS DE COMPORTEMENT SOCIAL Il y a une corr lation vidente entre le milieu construit et les activit s humaines En voici des exemples 1 pattern n 80 atelier auto organis ici ce tisserand de Libye a construit un lieu de travail en ad quation avec ses activit s 2 pattern n 139 cuisine de ferme la fois lieu de travail de repos de rencontres de repas ce soir c est le pot au feu 3 pattern n 133 les escaliers se transforment en sc ne de th tre 11 UNE HIERARCHIE D ECHELLES EMBOITEES A Pattern Language est organis en structure hypertexte dot e de multiples
33. ny est moins hypocrite qu Alexander au sujet de la disjonction habitant batisseur Certes le Congres organise des sessions de n gociation et de planification avec les citoyens mais il y inclut ce que Duany appelle sa milice black shirts constitu e d experts qui savent g rer la communication entre le public et les professionnels Il se peut que tout progr s n cessitera ce genre d ap tres instructeurs missionnaires a la fois outill s dans les techniques d entretien et capables de manier l approche des s quences Le Congr s pour un Nouvel Urbanisme est un mod le int ressant et un partenaire potentiel REALPOLITIK J ai lu quelque part il se peut que ce soit dans les crits de Karl Popper mais je n en retrouve pas la r f rence que si nous voulons apprendre quelque chose nous devons aller chercher la o il y a d saccord Le d saccord entre Alexander et les Urbanistes Nouveaux est instructif Andreas Duany se plait dire que toute sa carri re a tendu vers l int gration de l approche d Alexander dans les pratiques de construction et de renouvellement urbain La position d Alexander est d affirmer qu il s agit d une mission impossible et qu on ne fera jamais de bons b timents partir des pratiques courantes La position de Duany est de dire qu il faut partir de la o nous sommes et qu il faut en faire une mission possible On peut dire que le succ s du mouvement N
34. oit prendre en consid ration toutes les cons quences Faire une erreur revient donc a ne pas avoir pris en compte quelque chose Ai je commis des erreurs Oui Mais la pratique am liore le score Le travail par tapes diminue le nombre de variables dans une d cision donn e et permet une valuation de l tat des choses a de fr quents intervalles Nos pratiques d aujourd hui qui consistent aller du bleu de l architecte au b timent fini en payant au prix fort tout changement en cours de construction sont la garantie de la m diocrit e Deux lev s de plans un pour les activit s et un pour l espace Par exemple dans une s quence pour un bureau domicile 1l vaut mieux commencer par un lev d activit s qui soit d taill et fait sur mesure pour la personne concern e Il rel ve du bon sens de reconnaitre qu un psychoth rapeute un crivain ou un chef d entreprise et m me deux personnes du m me m tier vont certainement avoir des activit s et des pr f rences diff rentes Arm d une compr hension d taill e des activit s on peut consid rer dans une deuxi me tape comment faire coincider les activit s et l agencement de l espace e Afin d augmenter les chances de faire des transformations qui pr servent les structures existantes 11 est judicieux d en rester des descriptions qualitatives aussi longtemps que possible et de faire des maquettes de grande taille Exemple tr
35. opher Alexander Jane Quillien Laboratory of Anthropology Santa Fe New Mexico Adaptation fran aise par J Quillien et A Demailly de Grasping the Ineffable from Patterns to Sequences para tre dans Environmental Architectural Phenomenology 18 N 1 Winter 2007 INTRODUCTION Publi en 1977 A Pattern Language APL est devenu un livre culte C est le livre sur l architecture le plus vendu aux Etats Unis et ses ventes ne cessent de cro tre chaque ann e Pour la petite histoire on n en trouve pas d exemplaires dans les librairies d occasion si on en poss de un on le garde APL offre une grande vari t de r ponses pratiques et argument es aux probl mes quotidiens dans l art de la construction C est un ouvrage facile lire qui s utilise comme un manuel d instruction On y trouve des explications allant du micro propos par exemple des tag res qui fonctionnent bien au macro telles les interfaces ville campagne Depuis 1977 le public enthousiasm par Pattern Language qui tait en fait un ouvrage collectif s tait heurt au silence de son auteur principal Christopher Alexander Celui ci vient de le rompre avec la publication de son opus magnum The Nature of Order NO Cet ouvrage de quatre volumes plus de 2000 pages ne laisse rien de c t de la nature de l ordre de la beaut et de la laideur dans l architecture la biologie la cosmologie l existence d
36. ouvel Urbanisme est d en bonne partie sa realpolitik Sa strat gie est de composer avec les forces existantes en essayant d identifier les points de levier susceptibles d introduire des changements r glements r gulations financi res m thodes de planification dans les administrations locales M me si les r sultats n atteignent pas le Nirvana alexandrin il se peut que la realpolitik soit la seule fa on de d passer le stade d une philosophie en fauteuil avec vue sur quatre volumes co teux et peu lus sur les tag res des biblioth ques Je me demande aussi en faisant une analogie avec les disciplines m dicales o la sant est d finie par l absence de maladie s il n y a pas d autres approches que permettrait une exp rimentation souple qui s inspirerait de NO Il se peut que la simple limination d une pathologie concoure la lib ration des forces d mergence deploiement unfolding 23 Prenons par exemple les crits de l historien irakien Besim Hakim qui tudie les anciennes villes musulmanes du pourtour m diterran en Dans ces villes les r glements de construction n taient pas m caniques 1 e hauteur d crochement d finis et obligatoires comme le sont les n tres actuellement Les codes musulmans taient essentiellement des lois d intention des injonctions morales et culturelles Par exemple celui qui construisait une nouvelle maison devait avoir comme int
37. pacte que sa capacit a engendrer tout autour des espaces dot s de propri t s similaires L agrandissement de la structure cellulaire d une feuille de cannac e r v le de tels espaces posi tifs Toutes les parties du Monast re de Santa Catalina d Arequipa b timents escaliers et vo tes sont remplies d espaces positifs Bonne Forme Le biologiste D Arcy Thompson nous a appris que la forme est un diagramme de forces Il savait ce qu tait une bonne forme m me sil n utilisait pas cette expression La bonne forme suit une regle de r cursivit Ses l ments ont eux m mes une bonne forme D habitude elle a un haut degr de sym trie interne un centre bien marqu et cern d espaces positifs Elle tend tre compacte et bien diff renci e de l environnement ext rieur Degr s Gradients L id e de variation continue est fondamentale dans le calcul int gral et diff rentiel tout com me elle est essentielle pour la compr hension de nombreux ph nom nes physiques Fr quente dans le monde naturel et dans l archi tecture traditionnelle cette qualit g om trique est largement absente dans les b timents modernes Rugosit Roughness Cette qualit r sulte du mariage d un ordre interne et des contraintes d un espace tridimen sionnel Chaque graine de mais doit s ajuster a ses voisines et l ensemble de l pi Cet agencement semble irr gulier et impr c
38. par les s quences r v le ses avantages pratiques dans le monde de tous les jours Alexander serait d accord avec cette observation il reconna t clairement qu il a consacr trente ann es construire une charpente logiquement argument e et qu il revient aux g n rations suivantes d en produire le mode d emploi Pour ceux qui s int ressent au d veloppement des concepts esquiss s dans The Nature of Order voici quelques propositions pratiques qui tournent autour de l id e que nous pouvons nous inspirer du g nie d APL sans verser dans l hypocrisie de certaines positions d Alexandert 19 POUR LES FORMES EXISTANTES LES METHODES ETHNOGRAPHIQUES La richesse et l int r t de A Pattern Language Viennent en bonne partie des m thodes empiriques et ethnographiques utilis es pour trouver et d finir les patterns Ces m mes m thodes pourraient tre reprises pour le recueil d un r pertoire de s quences ayant trait aux formes b ties existantes et conserver Un premier r pertoire l instar d APL pourrait consister en s quences courtes et maniables C est dire des paquets chunks d informations intuitivement claires en relation avec des patterns de comportement social En r digeant ces s quences un niveau d abstraction moyen on garantirait aussi leur potentiel de variations infinies APL permet une lecture plusieurs niveaux On peut s y r f rer de temps en temps pour
39. quences soient des outils de postdiction autrement dit des interpr tants qui indiquent que la diff renciation de l espace s est bien op r e selon les imp ratifs encore myst rieux de la nature de l ordre L exercice cl est de d velopper la capacit de percevoir le tout wholeness sa structure latente et les transformations qui pr servent celle ci Mes exp rimentations me conduisent pr ciser qu il s agit d un exercice d abduction dans le style de Sherlock Holmes Ce dernier embrasse une collection d indices divers des traces d argile rougeatre sur un pantalon un mouchoir rose sur la table de cuisine une voiture abandonn e une victime touff e sous un oreiller etc et sort en quelque sorte de cette collection pour trouver intuitivement une hypoth se Si le maitre d h tel a commis le crime alors tous ces indices sont reli s d une fa on syst matique dans un ensemble L hypothese est soumise au test rejet e ou c est le voil c est l mentaire mon cher Watson autrement dit une croissance de l ordre et une mise en lumi re des structures latentes En paraphrasant Henri Bortoft voir d une fa on compr hensive est concret et holistique et non pas abstrait et analytique Mais si la perception du tout latent rel ve de l abduction alors on ne peut g n raliser le fin grain des transformations qui m nent a des espaces profonds e
40. sseur id al Apr s une jeunesse am ricaine elle a longtemps v cu en Europe participant m me plusieurs rencontres MCX avant de travailler pendant 6 ans aux c t s de Christopher Alexander Elle a accept de traduire en fran ais avec la complicit d Andr Demailly l article Grasping the Ineffable from Patterns to Sequences qu elle a consacr la mise en perspective de ses deux ouvrages majeurs A Pattern Language et The Nature of Order En outre pour introduire cet article elle a bien voulu nous donner une vue panoramique de sa vie et de son oeuvre dans un texte intitul Les cheminements de Christopher Alexander LES CHEMINEMENTS DE CHRISTOPHER ALEXANDER Prol gom nes a l article Saisir l insaisissable Des patterns aux s quences dans l uvre de Christopher Alexander Jane Quillien Peu de Fran ais connaissent l uvre de Christopher Alexander Les plus int ress s ignorent souvent ses travaux les plus r pandus dans le monde anglo saxon et s en tiennent De la synth se de la forme 1971 sa th se de doctorat publi e d s 1964 sous le titre de Notes on the Synthesis of Form L objectif de cette pr face est d en pr senter une vision panoramique en vue de faciliter la lecture de l article ci apr s Deux citations en r sument l essentiel La qu te c est ce que n importe lequel d entre nous entreprendrait s il n tait pas absorb
41. st pas fait de branches et de feuilles c est l arbre qui se feuille et se branche Cet ouvrage est constitu de quatre volumes le premier adopte un point de vue statique et analyse 15 propri t s g om triques le deuxi me prend un point de vue dynamique et parle de processus de d ploiement et de s quences le troisi me pr sente des tudes de cas le dernier propose une cosmologie qui reprend l id e spinoziste selon laquelle Dieu est le tout Kst ce la fin du parcours J ai pass six ann es travailler avec Alexander sur les manuscrits de The Nature of Order Je figure dans les remerciements au titre d diteur scientifique Ce n est pas tr s exact Mes consignes a ce niveau taient peu suivies Je crois que ma contribution r sida principalement en une opposition loyale attentive a ce que les id es confuses soient lucid es et les contradictions lev es The Nature of Order est l opus magnum d Alexander Je ne sais s il en crira d autres Il a soixante dix ans et une sant m diocre Il est retourn dans le Sussex de son enfance Sa r putation bien m rit e d enfant terrible compromet les possibilit s de coop ration avec autrui Mais il poursuit sa qu te R f rences bibliographiques Alexander C 1964 Notes on the Synthesis of Form Cambridge Harvard University Press 1964 1967 Trad fr De la Synth se de la forme Paris Dunod 1
42. t on doit proc der au cas par cas comme Scotland Yard UNE MILICE BIENVEILLANTE Les patterns d APL et presque tous les exemples cit s dans NO viennent de si cles d architecture sans architecte c est dire de cultures traditionnelles o le b tisseur se confond avec l habitant 22 Ces communaut s connaissaient les patterns d usage et batissaient leurs propres maisons granges et lieux de culte avec des mat riaux du coin et des outils l mentaires Cette fusion batisseur habitant est pr sent perdue et la famille moyenne d aujourd hui est largu e en mati re de conception et de construction de son habitat Ce manque constitue un d fi majeur Bien que A Pattern Language soit utilis par les amateurs et bricoleurs de tout genre pour retaper leurs maisons cet ouvrage n a gu re inspir de construction de grande chelle et issue de la base Les quelques tentatives en ce sens ont toutes fait appel a des inter m diaires pour guider les consommateurs et traduire leurs d sirs en plan d action pour les professionnels Admettons que si l esprit d APL est plut t bottom up ses 30 ans d histoire d montrent une r alit top down avec un peuple qui s en remet aux pros Le Congr s pour un Nouvel Urbanisme philosophiquement proche d Alexander a connu plus de succes avec des projets urbains de grande chelle Le fondateur du Congres Andreas Dua
43. terre Peu apr s Sa naissance ses parents autrichiens ont d quitter pr cipitamment leur pays et r ussi a trouver des postes d enseignants dans des coles secondaires du Sussex Wolfgang tait son premier pr nom mais estimant qu il sonnait mal il a pr f r utiliser l un des suivants Christopher Aimant le dessin et la peinture il songe tr s t t a une carri re dans les arts ou ventuellement dans l architecture Mais son p re lui impose de faire d abord des tudes s rieuses et donc des maths Il obtemp re en tudiant les math matiques a Oxford puis l architecture a Harvard Sa th se de doctorat publi e comme on l a vu sous le titre de Notes on the Synthesis of Form relie l exp rience d un s jour dans un village de l Inde la qu te de son Graal l approche matheuse et une r flexion sur le grand probl me des rapports entre les parties et le tout D composer le tout Dans les Notes la grande question est de savoir comment s y prendre pour traiter le tout Avec pour r ponse majeure de le d composer en parties En utilisant le langage assembleur d un IBM 7090 et la th orie des ensembles 1l tente une d composition hi rarchique des syst mes Pour lui le probl me de la conception design est de trouver une bonne ad quation entre la forme et le contexte comme une chaussure va au pied La forme est la solution au probleme Le contexte d finit le probl me Une m
44. x environnements magnifiques d antan ne doit pas attiser seulement notre nostalgie du pass mais nous aider aussi cr er des formes et les technologies aff rentes plus ad quates aux lieux et temps actuels Ceci dit ce regard vers le pass r v le une faille dans l argumentation de NO Notre soci t ne va pas faire marche arri re vers des communaut s stables et enracin es o la religion la place de chacun dans l ensemble des choses et les fa ons d habiter dwelling taient coh rentes et pr visibles Nous sommes d j dans un ailleurs o les territoires et les repr sentations que nous en avons sont souvent plus virtuels et m diatiques que r els On est peine surpris d entendre Jeff Bezos d Amazon com proclamer Le monde physique est un m dium g nial il n est pas pr s de dispara tre On peut faire remarquer ironiquement que notre poque de globalisation m ne un surcro t tant de fragmentation que de ronronnement satisfait Notre narcissisme criant au moins aux USA s exprime par une vague de maisons appel es McMansions outrageusement boursoufl es et banales de promoteurs sp culateurs agressifs et d architectes en qu te d originalit Nous pouvons m me dire qu il y a un changement d tat l instar de l eau qui peut se transformer en vapeur ou en glace dans la relation entre l environnement bati et ce que Thomas Zengotita appelle dans son livre r cent Mediat
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