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Télécharger - Dépôt institutionnel de l`UQO

1. Choix de conjoints de la m re Zo C est arriv qu ils ses parents se battaient puis a finissait comme a En se rem morant une violente dispute entre ses parents Is se chicanaient dans le bureau 90 de mon p re c tait vraiment une chicane violente Mathilde Des fois c tait comme tout ensemble tout amoureux puis tout a puis des fois qu ils se chicanaient trop puis qu ils se brisaient leurs choses Il y avait beaucoup de chicanes entre ses parents Un matin ma m re puis mon p re se chicanaient je ne savais pas pourquoi puis moi j tais dans la chambre puis il lui a comme pitch de l eau sur elle puis quand lui il est parti elle a pris ses cl s puis elle les a comme flush dans le toilette Un soir ils se chicanaient puis Jls ont Ma m re a dit d appeler le 911 Mon p re a pris sa main pour puncher le mur puis il a fait un trou dans le mur puis ma m re a tout de suite pris tous nos covers les choses dans les armoires de cuisine elle a kick tout elle a bris tout Ma m re elle crie elle frappe elle fait tout mais elle met toujours la faute sur lui sur le p re C est les deux ce n est pas un ou l autre Rosalie Mon p re a souvent frapp ma m re Comme lui c tait physique puis j ai t j ai tout vu c tait bien bien grave pas juste des petites gifles c tait bien grave La seule affaire que j ai vu j ai
2. l Universit du Qu bec en Outaouais sollicite votre collaboration afin de permettre votre enfant de prendre part une tude portant sur la r alit des enfants dont la m re est aux prises avec un trouble de la personnalit limite Oeuvrant aux Centres jeunesse de l Outaouais depuis 4 ans madame Beaudry a t m me de constater les difficult s auxquelles sont confront es les familles dont le parent est aux prises avec cette pathologie Soucieuse de la r alit et du quotidien de ces enfants elle a entrepris en septembre 2006 une ma trise en travail social Depuis la totalit des ces travaux ont port sur cette probl matique Dans le cadre de cette tude des entrevues individuelles auront lieu avec chacun des jeunes participants Celles ci se d rouleront principalement nos bureaux en dehors des heures de travail et de classe Nous tenons vous assurer du caract re confidentiel de cette recherche Il est noter qu aucune des donn es recueillies ne sera port es l attention de l intervenant de votre enfant ou consign es votre dossier En vous remerciant de votre collaboration veuillez agr er madame l expression de nos sentiments distingu s Isabelle Beaudry ARH Etudiante la Ma trise en travail social ANNEXE III GUIDE D ENTREVUE Le but de notre recherche tant d obtenir la perception des adolescentes l entrevue semi structur e nous appara t comme tant la plus adapt e ce proj
3. se confier spontan ment sa fille C est parce que ma m re elle me parle beaucoup moi parce qu elle n a pas grand monde avec qui parler Fait que je sais pas mal d affaires d adultes que ma m re bien elle dit des fois Ce n est pas moi qui ai demand des choses comme a ma m re Mais t sais c est Elle m en a parl 4 Pour Rosalie la relation amicale d velopp e avec sa m re r pondait tel que nous l avons vu pr c demment son besoin de partager des activit s communes avec cette derni re Bien que l adolescente ait appr ci accompagner sa m re lors de ses sorties nocturnes elle est consciente que sa pr sence ne servait qu leurrer son beau p re Ma m re avait d cid de me faire confiance parce que je ne m ouvrais pas la gueule Fait que t sais c tait une excuse de plus l elle pouvait m amener avec elle T sais elle me parlait de tout puis de n importe quoi T sais je pense que c est l que notre relation a commenc tre On a commenc avoir plus de fun ensemble T sais on sortait puis tout T sais on allait Je ne sais pas moi je commen ais fumer la cigarette mon p re ne savait pas L je cachais a de mon p re parce que Je disais ma m re OK bien je ne le dirai pas papa que toi tu as fait a mais dis pas papa que moi je fume t sais On tait comme des s urs Ce n tait pas une m re l f sais ce n tait pas quelqu un que je consid rais c
4. M MOIRE PR SENT L UNIVERSIT DU QU BEC EN OUTAOUAIS COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MA TRISE EN TRAVAIL SOCIAL PAR ISABELLE BEAUDRY REGARDS D ADOLESCENTES Partager la vie d une m re pr sentant un trouble de personnalit limite AVRIL 2013 Sommaire Bien que l on reconnaisse davantage les impacts du trouble de personnalit limite sur la vie des personnes qui en souffrent rares sont les donn es disponibles quant aux cons quences de cette pathologie sur leurs enfants Caract ris par un mode de relations instables une grande impulsivit une extr me sensibilit l abandon des relations chaotiques des col res intenses et inappropri es le trouble de personnalit limite en contexte de parentalit n est pas sans influencer la capacit des parents r pondre de fa on quotidienne aux besoins de leurs enfants Le but de cette recherche est de conna tre la perception des adolescentes quant leur relation avec une m re pr sentant un trouble de personnalit limite Afin d atteindre cet objectif nous avons rencontr six adolescentes g es entre 12 et 15 ans lesquelles ont g n reusement accept de lever le voile sur leur vie en nous offrant un t moignage d une rare authenticit et d une extr me sensibilit Les r sultats d montrent que les impacts chez les enfants de m res pr sentant un trouble de personnalit limite s av rent s rieux L ensemble des participantes que nous avons rencontr es
5. g e de 11 ans Selon l adolescente le r seau social de cette derni re serait compos de jeunes plus g s se d marquant par l adoption de comportements marginaux notamment la consommation de drogues et les actes de vandalisme Les auteurs Step Whalen Pilkonis Hipwell et Levine 2011 corroborent ces all gations en voquant les risques pour les enfants d ge scolaire et les adolescents dont la m re pr sente un trouble de personnalit limite de conna tre non seulement des probl mes d int riorisation tels que l anxi t la peur et la d pression mais galement d ext riorisation pouvant se traduire par un trouble de d ficit d attention avec hyperactivit de l agressivit de la d linquance et autres comportements perturbateurs Marie Claude B lisle 2005 abonde dans le m me sens et cite en exemple une m re de famille dont les enfants g s de plus de douze ans n cessitaient toujours une gardienne la maison lors de ses absences d montrant ainsi par leurs troubles de comportements leur incapacit fonctionner de fa on ad quate et appropri e Selon elle en adoptant des attitudes nettement immatures les enfants r confortent leur m re en l assurant par leurs troubles de comportements qu ils ne la guitteront pas B lisle 2005 p 18 6 4 La parentification Bien que la litt rature fasse tat de fa on g n rale du concept de parentification soit lorsque l enfant est amen assumer des t ches et
6. tait l comme quand on avait besoin de lui puis on l aimait vraiment beaucoup Puis quand il le battait puis nous a nous faisait 33 vraiment de la peine C est en partie cause de a que j ai commenc ne pas l aimer Quelques mois plus tard la situation familiale conjugu e l tat de sant mentale de sa m re m neront au retrait de Zo de son milieu de vie Elle est actuellement h berg e en famille d accueil 5 5 Adolescentes victimes de n gligence Cette section regroupe les diff rents types de n gligence que nous avons relev s lors des entrevues avec les participantes Il est noter qu en aucun temps lors de nos entretiens les adolescentes n ont utilis le terme n gligence Cependant les propos rapport s lors des entrevues nous permettent de conclure l existence de cette probl matique Alors que la n gligence affective est observable dans chacune des six entrevues en raison de graves lacunes dans les r ponses de la m re face aux besoins de s curit de protection d attention et d amour de leur enfant quatre participantes ont galement soulev la pr carit des conditions mat rielles s vissant dans leur milieu de vie tout en soulignant leur tristesse d tre t moin de la d gradation de la situation financi re familiale 5 5 1 N gligence mat rielle La n gligence mat rielle prend diff rentes formes dans la vie des participantes Si Rosalie d plore les moqueries dont elle fut vi
7. viter ou inhiber ses motions n gatives ce qui peut freiner son apprentissage en g n ral ei rendre plus difficile la r solution des situations probl matiques qui engendrent ce genre d motions Arenstein et Gilbert 2007 p 9 2 6 2 Les mauvais traitements et la n gligence Le trouble de personnalit limite tant caract ris par des changements d humeur fulgurants des crises de col res intenses et inappropri es ainsi que des relations ponctu es d instabilit les m res pr sentant cette pathologie risquent de commettre dans l exercice de leur r le parental des actions guid es par l impulsivit Celles ci aux prises avec leurs propres besoins motifs peuvent 15 certains moments tre incapables de r pondre ad quatement ceux de leur prog niture Selon Lise Laporte 2007 en p riode d instabilit et d impulsivit le risque pour l enfant de subir des mauvais traitements est accru il peut tre l objet d agression ou de rejet de la part de son parent alors qu en phase d pressive c est le risque de n gligence qui pr vaut compte tenu du manque de sensibilit du parent envers les besoins de son enfant Newman et Stevenson 2005 abondent dans le m me sens et voquent les risques pour les enfants de m res pr sentant un trouble de personnalit limite d tre victimes de violence verbale et ou physique ceci en raison des col res intenses qui caract risent la maladie D autre part une tude men
8. Australian and New Zealand Journal of Psychiatry Vol 41 p 598 605 67 NICHOLSON J BIEBEL K HINDEN B HENRY A STIER L 2001 Critical Issues for Parents with Mental Illness and their Families Australian and New Zealand Journal of Psychiatry 2007 41 598 605 OLDS S W PAPALIA D E 2001 Le d veloppement de l enfant Laval ditions tudes Vivantes ORCUTT C 1996 Le trouble limite du soi l approche de Masterson Revue Sant Mentale au Qu bec Volume XXII 1 69 86 OUNIS L LAPORTE L 2011 Les fondements du groupe psycho ducatif MOI et mon enfant pour parents ayant un trouble de personnalit limite D fi jeunesse juin 2011 Vol XVH no 3 PAGE G MOREAU J 2007 Intervention et transmission interg n rationnelle Services manquants intervenants d pass s l intervention en protection de la jeunesse et la transmission interg n rationnelle de la maltraitance Service social Volume 53 num ro 1 PARENT I CARRI RE M 2004 Chercher la solution au coeur du probl me faire face l intentionnalit des personnes souffrant d un trouble de personnalit limite TPL Revue Sant mentale au Qu bec Volume XXIX 2 221 240 PARIS J 1996 Traumatisme et trouble de la personnalit limite Revue Sant Mentale au Qu bec Volume XXI 1 177 188 PERREAULT I BEAUDOIN G 2008 La n gligence envers les enfants bilan des connaissances Montr al Centre de liaison sur l interven
9. Francine SAINT JACQUES Marie Christine TURCOTTE Daniel 2000 M thodes de recherche en intervention sociale Ga tan Morin diteur Boucherville ANNEXE IV CARACT RISTIQUE DU TPL IMPACTS CHEZ L ADOLESCENTE Efforts effr n s pour viter les abandons r els et imagin s T moin de violence conjugale Magalie se rem more un v nement o t moin d une dispute entre sa m re et son conjoint elle voit celui ci claquer la porte et menacer de partir avec ses valises M avait ouvert la porte du corridor puis l il tait dans la porte puis ma m re tait 4 pattes par terre puis elle pleurait Puis elle n arr tait pas de lui dire va t en pas va t en pas puis il criait puis il est parti 3 jours Puis ma m re he faisait plus manger parce qu elle avait de la peine Puis Alex tait b b Parentif ication Magalie Fait que moi a me faisait beaucoup de peine de savoir a Genevi ve Je lui dis tout le temps Bien nous autres on est l pour toi Puis c est pas grave S il s en va tu n as rien qu t acheter un chat encore Il est parti voir sa famille pendant 3 semaines Puis elle a dit que depuis qu il est revenu a va pas vraiment bien l Il a m me pens la laisser Je lui ai dit Ce n est pas si grave que a t sais J essaie de lui remonter un peu le moral au moins Si on revenait a aiderail un peu plus Elle serail un peu moins tout
10. LEO EM aeea e a a S 27 5 1 7 Tableau illustrant le milieu de vie des participantes 27 5 2 Les adolescentes et la vie conjugale de la m re 28 5 3 Les adolescentes t moins de violence conjugale 28 5 4 Adolescentes t moins et ou victimes de violence familhiale 31 5 5 Adolescentes victimes de n gligence 000seeoneseeeeoreseserererrserrsrressseeseen 35 SoL Nephpocnee materie U ecesri rrr raar nn de nains 35 515 2 N DHOenCe alec UYE r h teen Nadia brest 36 SO LADA nunca ES asset a die bre oi eu Dertent 37 5 6 1 Quand l adolescente devient le parent de son parent 38 5 6 2 Quand l adolescente exerce un r le parental aupr s de sa fratrie 38 5 6 3 Quand l adolescente devient la confidente de sa m re 40 5 7 Col res et violence d s adolescentes sommets eiinines es 4 58 1S0 MENLA EC t SOCIALE E NS M DR ne nee 42 II SOULI N D OICSSIONNEl Si MR rt de noce 43 CHAPITRE VI DISCUSSION 5 sue ina uirenss 45 6 1 Les troubles de l attachement scsi cames en Resa 46 6 2 Les mauvais trantements et la nec l oent seines ritara A Resediderrreuss 49 6 2 1 La violence familiale et les mauvais traitements 49 622 La Vviolence conu alesse Ea a nn en EE 51 0 2 La NCO NON a M de tetes can 51 6 3 Les troubles de Comportement means
11. Magalie Bien au d but justement ma m re avait bien genre l habitude de se poigner des chums violents genre Fait que ma m re ne savait pas comment r agir Puis il est revenu puis il s est excus puis Moi je n aimais pas a parce que je le voyais qu il tait m chant mais ma m re elle ne me croyait pas Mathilde Ma m re tait avec mon p re puis en 2007 elle est partie avec Peter Puis elle est revenue elle a dit qu elle tait enceinte Emma Elle a d m nag deux fois genre elle avait un chum puis je lui ai dit que je ne voulais pas le rencontrer Puis elle l avait amen la maison un moment donn j ai juste fait comme Je te l ai dit je ne voulais pas le rencontrer parce que je le savais qu il tait pour en avoir un autre C tait tout le temps comme un l deux mois apr s comme un autre un autre Moi a m nervait check Sentiments chroniques de vide Parentification Genevi ve Les deux on essaie de faire de notre mieux pour quand on est avec ma m re chez nous qu elle soit capable de rire avec nous qu elle ait du fun qu elle n ait pas l air dans son monde perdu N gligence affective Magalie Ma m re elle ne faisait rien Elle laisse Yves la dominer puis dominer moi puis Alex Genevi ve C tait jamais vraiment facile parce que ma m re tait toujours couch e Elle n tait jamais de bonne humeur elle arrivait de travaille
12. Six ann es d tude notamment lorsque l on occupe un emploi temps complet ne sont pas sans causer certaines absences dans les autres sph res de notre vie C est pour cette raison que je tiens remercier les membres de ma famille pour leur patience leur respect et aussi leurs encouragements face mes absences et mes fr quents besoins de tranquillit mal n cessaire afin de me permettre de r diger Un merci particulier mes amies et coll gues de travail pour leur coute et leurs encouragements Enfin toute ma gratitude aux intervenantes m ayant mise en contact avec ces six adolescentes lesquelles ont g n reusement accept de me confier leur histoire de vie Sachez mesdemoiselles que vous avez toute mon admiration et mon respect La maturit et la r silience dont vous faites preuve sont admirables Je vous souhaite d tre heureuses INTRODUCTION EEE SRteteee eee RL Encore aujourd hui dans notre soci t moderne tre atteint d un probl me de sant mentale am ne son lot de difficult s et d incompr hension D autant plus lorsqu il s agit d un trouble encore m connu Le trouble de la personnalit limite r pertori depuis 1980 dans le Manuel Diagnostic et Statistiques des Troubles Mentaux DSM IV est l un des dix troubles de la personnalit Difficile diagnostiquer et traiter compte tenu de sa complexit et de ses caract ristiques particuli res 1 n en demeure pas moins qu une multitude de traitem
13. crier apr s mon p re au t l phone Emma Ma m re a un couteau des mains puis comme elle va se cacher au toilette puis Mon p re cogne la porte il est comme Ouvre l Ouvre l Elle sort puis Elle voulait le provoquer genre Puis l bien ma m re est partie chez son amie avec le couteau 86 Emma se rappelle d un incident au cours duquel son jeune fr re fait une crise Sa m re se rend dans sa chambre et crie Elle lui criait puis elle le ba T sais comme elle le cognait puis j ai fait comme Ok c est assez Elle s est frustr e contre moi Parentification Zo Alors qu une violente dispute s vissait entre ses parents et qu elle et sa s ur taient g es respectivement de 3 et 1 an puis ma s ur elle pleurait puis je me rappelle juste que je suis all e la chercher puis que je la ber ais Zo se rem more un v nement o sa m re battait sa s ur devant elle je me rappelle j ai appel mon p re a je me rappelle que j ai appel mon p re je lui ai dit ma m re est devenue folle puis mon p re est venu nous chercher Mathilde d crit l tat de sa m re Elle n en fait pas beaucoup Des fois elle est en train de Jaire comme elle crie puis elle pleure puis fout a comme un nervous brake down ou quelque chose Elle criait avec tout ce qui arrivait puis l moi je suis en train d aider avec Am lie En parlant de sa m re M fallait que je m occupe de moi pas d el
14. e de certains troubles mentaux chez les parents abusifs il n existe pas de donn es probantes sur le taux de n gligence ou d abus des parents qui pr sentent des troubles mentaux Nicholson Biebe Hinden Henry Stier 2001 Nicholson et Blanch 1994 cit par Vall e 2004 p 7 Les facteurs de risque qui sont le plus souvent invoqu s en regard de l enfant sont des comp tences parentales limit es des modes de communication inefficaces ou un environnement familial chaotique White Nicholson Fisher et Geller 1995 cit par Vall e 2004 p 7 Bien que conscients des diff rents facteurs de risque pouvant aggraver l tat de sant mentale du parent nos r sultats de recherche d montrent la pr sence de n gligence chez toutes les adolescentes dont la m re pr sente un trouble de personnalit limite et appuie donc l importance de d velopper des interventions de soutien leur gard 6 3 Les troubles de comportement Aucune des jeunes filles que nous avons rencontr es n a tenu des propos nous laissant croire la pr sence de troubles de comportement chez l une d elles Comme l entrevue prenait la forme d un r cit de vie et que l accent tait davantage mis sur les cons quences du trouble de personnalit limite de la m re dans leur quotidien nous ne pouvons totalement infirmer cette question de recherche d autant plus que l une des participantes nous a clairement exprim ses inqui tudes envers sa s ur cadette alors
15. p 9 prouvant de la difficult g rer leurs propres motions les m res pr sentant un trouble de personnalit limite seraient moins disponibles motionnellement pour leurs enfants Quelle est la perception de l adolescente de sa relation avec son parent aux prises avec un trouble de personnalit limite ce jour nous l ignorons encore Bien qu travers le Qu bec plusieurs tablissements institutionnels et organismes communautaires offrent aux enfants de parents vivant avec une maladie mentale des ateliers leur permettant d obtenir le support et l information n cessaires la compr hension de la maladie nous connaissons encore trop peu leurs perceptions quant la relation qu ils entretiennent avec leur parent l attention de la famille et des professionnels de la sant tant davantage ax e sur le parent malade Drolet 2011 Afin de comprendre la r alit de ces jeunes femmes dont le parent est aux prises avec un trouble de personnalit limite il est essentiel de s ouvrir leur histoire Non seulement entendre mais couter leur r cit et le regard qu elles portent sur leur vie aupr s d un parent pr sentant un trouble de personnalit limite Nous croyons que ces rencontres demeurent la pierre angulaire du processus de recherche qui nous permettront de mieux cerner les impacts de cette maladie mentale au quotidien Souvent contraints exercer un r le parental alors qu elles sont encore tr s jeunes ces en
16. ponse nous avons tent une approche aupr s des superviseurs cliniques afin de cibler les intervenants dont les b n ficiaires r pondaient aux crit res de s lection avant de les relancer individueliement Ceux ci devaient par la suite informer les jeunes filles s lectionn es ainsi que leurs parents de notre projet de recherche et obtenir leur consentement af n que nous puissions communiquer avec eux Les participantes t t r pondant aux crit res de s lection et leurs parents ont t pr alablement rencontr s et inform s de notre d marche thique ainsi que de la confidentialit des donn es recueillies Is taient galement avis s de notre engagement ce qu aucune information recueillie lors de l entrevue ne soit consign e au dossier ou transmise l intervenant Enfin leur autorisation crite fut n cessaire afin de permettre la participation de leur fille ce projet de recherche Nous tenons pr ciser qu une seule adolescente n a pu participer cette tude en raison de l exigence de sa m re laquelle souhaitait tre pr sente durant l entrevue Bien que nous ayons tent d expliquer cette dame l importance de s entretenir seuls avec sa fille madame a refus de nous donner son assentiment Il est noter que cette recherche a galement obtenu l approbation du Comit d thique de la recherche de l Universit du Qu bec en Outaouais 4 1 3 Cueillette de donn es Chacune des participantes a t
17. r flexive Cyr et David 2001 p 107 notion qui permet l tre humain de comprendre les autres par les tats des processus mentaux que sont la pens e les sentiments les d sirs et les croyances afin de donner 48 du sens et d anticiper le comportement ou la r action des autres Cyr et David 2001 p 107 Selon ces chercheurs ces femmes issues g n ralement de familles dysfonctionnelles ont vu leur processus d attachement entrav pr sentant une fois adulte une carence de cette capacit r flexive Il leur est donc difficile de se repr senter et m me tenir compte des tats mentaux des autres Cyr et David 2001 p 107 Fonagy Steele Steele Higgit et Target 1994 Selon Kimberley Roth et Freda B Friedman 2003 on d note un attachement ins curisant de type anxieux vitant lorsque le parent se montre abusif fait preuve d un manque de constance et demeure motivement pr occup par ses besoins personnels sans gard ceux de l enfant Ces caract ristiques sont relev es chez les six participantes Alors que Zo et Genevi ve voquent leur tristesse envers les gestes d automutilation observ s chez leur m re Emma relate son inqui tude face aux comportements suicidaires de la sienne Elle a commenc prendre des verres de vin puis je pense que le verre de vin il avait comme clat terre quelque part puis elle avait poign un morceau puis elle est all e dans la salle de bain puis elle a com
18. rencontr e de fa on individuelle dans les locaux des Centres jeunesse de l Outaouais et en dehors des heures de classe C est sous la forme du r cit de vie que nous avons proc d l entrevue accentuant l emphase sur les premiers souvenirs les v nements marquants ainsi que les r actions et comportements du parent Le fait de questionner les adolescentes sur les bons et les mauvais moments nous a galement permis de documenter les diff rents aspects de la relation tels que r pertori s par celles ci D autre part nous avons galement tent de faire ressortir l apport du r seau familial et social ainsi que les m canismes d adaptation des adolescentes 4 1 3 1 L entrevue semi Structur e Le but de notre recherche tant d obtenir la perception des adolescentes l entrevue semi structur e nous a sembl la plus adapt e ce projet Comme le soulignent Mayer et ses coll gues lorsqu on vise la collecte de donn es qualitatives c est probablement le type d entrevue le plus fr quemment utilis Mayer et al 2000 p 119 Compte tenu de l objectif vis entrevue centr e fut privil gi e Relativement souple en raison de l absence de questionnaire pr tabli cette m thode a pour objectif d analyser l impact d un v nement ou d une exp rience pr cise sur ceux qui y ont assist ou particip Mayer et al 2000 p 174 Pr alablement tablis nos th mes ont t abord s avec les participantes de mani
19. sa m re se retirait l cart craignant ce dernier pendant que l adolescente demeurait pr s d elle en la r confortant 5 6 2 Quand l adolescente exerce un r le parental aupr s de sa fratrie Pour Magalie la parentification se traduit par le fait de ne pas pouvoir compter sur la pr sence maternelle pour r pondre ses besoins ou ceux de son jeune fr re Ceci l a amen e tr s t t assumer des responsabilit s d adultes Souvent je me fais dire que je suis un peu 39 comme la m re mon fr re ou des choses comme a L adolescente reconna t le r le parental qu elle exerce l gard de son fr re et de sa m re J ai comme pris l habitude d avoir telle on peut dire autorit comme t che faire l Questionn e savoir de quelle fa on cette responsabilit lui avait t incomb e elle pr cise J a fallu que je me d brouille toute seule parce que justement ma m re il y a des fois qu elle ne pouvait pas faire telle affaire fait que je le faisais sa place Lorsque nous lui demandons d laborer quant son implication aupr s de son fr re Magalie voque l poque o celui ci encore tout jeune d butait l apprentissage du langage ainsi que la facilit avec laquelle elle comprenait ces mots d enfant ce qui suscitait la col re de sa m re Elle souligne galement avoir fr quemment cuisin les repas pour son fr re en raison de la n gligence de sa m re Zo quant elle est sou
20. sultats l ensemble des jeunes filles vivant une situation similaire Il est galement noter que les donn es de cette tude n ont t soumis aucune strat gie de validation des r sultats cependant tel que le souligne Anad n M me si dans les recherches d orientation ph nom nologique consult es les crit res de rigueur ne sont pas explicit s on peut affirmer que la localisation du chercheur ef son empathie face au sujet sont des strat gies utilis es dans la reconstruction du ph nom ne tel que v cu par les participants et constituent une garantie de cr dibilit de la recherche On valorise la description d taill e des donn es et la place de la subjectivit dans l interpr tation Anaddn 2006 p 19 Cependant ce projet de m moire aborde un sujet rarement trait dans la litt rature sp cialis e et de ce fait se r v le particuli rement innovateur Les t moignages touchants des adolescentes partageant leur quotidien avec une m re pr sentant un trouble de personnalit limite illustrent sans quivoque les impacts de cette pathologie dans leur vie et rappelle l importance de d velopper des interventions leur intention CONCLUSION Ce m moire de ma trise permet de mettre en lumi re les perceptions des adolescentes dont la m re pr sente un trouble de personnalit limite L ensemble des t moignages empreint de v racit et d motivit nous am ne entrevoir une r alit que nous ne pouvon
21. 2011 Selon Nicole Tremblay et Isabelle Bergeron 2010 c est en quittant le monde de l enfance pour entrer dans la vie adulte que l adolescente prend davantage conscience des particularit s et des diff rences chez sa m re Ce constat pouvant susciter diverses r actions notamment le rejet du parent le refus de s identifier lui ou l inverse tenter de le prot ger en assumant un r le parental aupr s de lul Notre analyse des r sultats nous am ne faire le constat suivant les cinq adolescentes ayant reconnu l intensit des motions suscit es par leur col re sont galement celles qui ont d assumer un r le parental aupr s de leur fratrie Bien que ceci puisse laisser pr sager du d veloppement futur d un trouble de sant mentale les multiples facteurs de risque notamment la responsabilit incomb e par la maladie mentale du parent l isolement social la solitude de m me que l absence d une personne significative laquelle elles pourraient se confier sont notre avis autant d l ments pouvant expliquer les col res intenses comme une forme d exutoire la pression caus e par la situation familiale D autre part l agressivit prouv e par Rosalie Mathilde et Zo l gard de leur m re vient confirmer les propos de Marie Claude B lisle quant la relation d amour et de haine au sein de la dyade m re enfant ce sujet les propos de Rosalie sont loquents Bien j ai eu de la rage c est s r que
22. Books New York BRUNSCHWIG H 2001 Une famille a s invente Paris Albin Michel CHAMBERLAND C 2003 Violence parentale et violence conjugale Des r alit s plurielles multidimensionnelles et interreli es Sainte Foy Qu bec Presses de l Universit du Qu bec CRAAN G ARNAUD P 2010 Les difficult s de vivre avec une personne atteinte du TPL dans LECLERC Claude sous la direction de Trouble de personnalit limite et r adaptation St J r me Qu bec Editions Ressources chapitre 15 p 1 22 CRANDEEL L E PATRICK M P HOBSON R P 2003 Srillface interactions between mothers with personnality disorders and their 2 month old infants British Journal of Psychiatry 183 239 247 CYR J DAVID P 2001 Le trouble de la personnalit limite guide de survie pour l omnipraticien Revue le Clinicien Novembre 2001 65 CYRULNIK B 2001a Le tissage de la r silience au cours des relations pr coces Dans Fondation pour l enfance La r silience le r alisme de l esp rance Er s Ramontville CYRULNIK B 2001b Les vilains petits canards Paris Odile Jacob CYRUENIK B 2003 Le murmure des fant mes Paris Odile Jacob DAVID P GAUDREAULT D 2004 Le trouble de la personnalit limite au del du patient difficile Revue le clinicien mars 2005 DE VILLERS M 2003 Multi dictionnaire de la langue fran aise Montr al ditions Qu bec Am rique DIPPLE H SMITH S ANDR
23. L isolement et le sentiment de solitude voqu s par les six adolescentes nous sont apparus plus importants que nous l avions pr vu au d part Selon Marc Boily et ses coll gues 2006 l attention tant g n ralement port e sur le parent atteint d une maladie mentale les enfants sont souvent tenus l cart Le silence voire les tabous entourant encore trop souvent la maladie et ce tant de la part du parent de l entourage que des professionnels de la sant ajoutent au sentiment de solitude et d isolement v cus par l enfant cet effet bien que l ensemble des 56 adolescentes que nous avons rencontr es aient t t moins des manifestations du trouble de personnalit limite une seule d entre elles a t en mesure de nous r v ler le diagnostic appos par les m decins quant l tat de sant mentale de sa m re ainsi que des caract ristiques li es cette maladie Toutes ont cependant affirm ne jamais discuter de ce sujet avec leur m re Cette situation est galement relev e par Marc Boily et ses coll gues le manque d information concernant la maladie du parent entretient chez l enfant ce sentiment de solitude et de crainte Boily et al 2006 p 123 Cette affirmation voque tant chez les proches que chez les professionnels de la sant cette propension retenir l information alors qu l inverse les tudes d montrent qu une bonne compr hension de la maladie du parent de la part de l enfant et la capaci
24. Mathilde Des fois lors des disputes je dis mes parents d arr ter mais a ne marchait pas mon p re et ma m re n arr tent pas Tout ce que je sais faire c tait essayer d aider mais a n a pas vraiment march Ins curit Difficult faire confiance sa m re Magalie M me aujourd hui elle ne veut pas l avouer que c est elle elle dit qu elle s est enfarg e dans le chat Ou elle dit qu elle a gliss T sais ses excuses changent Trouve des excuses la m re Magalie Lorsqu elle est victime de violence physique de la part de sa m re l adolescente t moigne d une certaine ambivalence vis vis ce geste en affirmant que sa m re trouve des excuses pour son geste qui changent avec le temps mais dans un m me souffle affirme que des fois je me redis comme ce n est pas vraiment elle c est plus la col re qui sort de 88 m me indiquant qu il est difficile pour elle de bl mer sa m re directement C est cause d Yves Il buvait trop C est lui Yves qui a tout chang la vie puis m me ma vie elle a beaucoup beaucoup eu de mauvais c t s Genevi ve Ma m re tait l mais elle n a rien pu faire En lien avec son retrait du milieu familial Bien ma m re je pense bien que a la d range quand m me assez parce qu elle trouve a plate de ne pas nous avoir puis elle veut nous ravoir mais Elle ne peut vraiment rien faire Elle la m re tait poign e ent
25. a t t moin et ou victime de violence conjugale et intrafamiliale Elles sont risque d tre victimes de n gligence et parentifi es La plupart prouve un fort sentiment d incompr hension face aux comportements maternels et une appr hension envers leurs propres r actions Cette dynamique semble les amener int rioriser leurs difficult s tout en les confiant dans la solitude voire l isolement Ce m moire met galement en lumi re les besoins criants pour ces familles de b n ficier d une aide adapt e ainsi que des projets labor s dans le but d augmenter les facteurs de protection pour les enfants tout en am liorant les capacit s parentales du parent TABLE DES MATI RES SommMaIre users a R io eu ese cesse a ecet nset ii Remerciements 000000000200seocessecccsesssossosssussnoneseeceessereseosessesessssseseeoecsescecese vV INTRODUCTION nn ea A EEE 1 CHAPITRE I PROBL MATIQUE DE RECHERCHE esssorseeceeeeererorosseeeesnesee 3 CHAPITRE H CADRE TH ORIQUE rrroneresesroeseenceneennreseneneneeenenenenesneneneneeeenenrenensesees 6 2 1 tiologie du trouble de personnalit limite 6 2 2 Demon du trouble de personnalit en et nn el denses 8 2 3 Caract ristiques du trouble de personnalit 9 2 4 Parentalit et trouble de personnalit limite 10 25 Les facteurs de risque pour les CnfANtS nn ne emmener 11 2 5 1 Les caract ristiques individuelles d
26. avant que tout a arrive on tait vraiment comme ensemble T sais on tait des s urs puis on s aimait mais a situation avec la m re le beau p re et retrait du milieu familial a nous a s par es pas mal En lien avec le fait qu elle s est ouvert aux intervenants de la DPJ venus la rencontrer l cole et que son r cit a fait en sorte que sa m re et son beau p re se sont s par s et que les enfants ont t confi s leur p re Rosalie d clare Ma m re m a dit que c tait cause de moi que tout a arrive T sais je le sais que j aurais peut tre d pas m ouvrir la gueule l sais j aurais d peut tre juste T sais j aurais t capable d en prendre plus bien plus que a bien plus Emma On a pass la cour pour avoir 6 mois comme avec mon p re pas avec ma m re C tait comme mon p re qui s occupait de nous Mais on pouvait voir notre m re l avec supervision L adolescente t moin direct et indirect de violence conjugale Magalie 7 a commenc boire beaucoup puis il tait un peu violent Bien ma m re a commenc le d tester puis il arrivait des affaires entre ma m re et lui Des fois ils s enferment dans la chambre puis ils s engueulent genre Elle essaie de faire a le moins possible devant moi Mais a arrive qu on voit l Ouais c tait beaucoup de la manipulation Comme ma m re elle disait qu il utilisait la violence verbale
27. avec lequel elle affirme entretenir une relation plut t houleuse Sa m re est remari e depuis peu avec un homme d origine trang re rencontr via Internet Lors de notre entrevue l adolescente g e de 12 ans est h berg e par une tante maternelle depuis plusieurs mois en raison de l tat de sant mentale de sa m re et d un incident de violence de la part de son beau p re envers elle survenue dans son milieu familial Genevi ve visite sa m re une fin de semaine sur deux et ne souhaite qu une chose r int grer le milieu familial La jeune fille est la participante qui nous a sembl la plus parentifi e d sirant prendre soin de sa m re et prouvant une grande culpabilit la pens e que sa m re soit contrainte de s occuper d elle lors de ses visites domicile alors que sa sant mentale semble instable L adolescente ignore si la Directrice de la protection de la jeunesse recommandera son retour aupr s de sa m re tout en le souhaitant ardemment 5 1 3 Zo Zo est la cadette d une famille de trois enfants Ses parents sont s par s depuis son jeune ge Son p re qu elle nous d crit comme un homme d pressif et col rique demeure absent de son quotidien et ce depuis plusieurs ann es Lors de notre rencontre Zo est g e de 13 ans En raison de l tat de sant mentale de sa m re elle est h berg e en famille d accueil depuis plusieurs mois Au moment de l entrevue l adolescente ignore si elle r int grera
28. c est quand il observe des tranget s dans le comportement du parent et que l entourage fait comme si tout tait normal Il nous semble qu il y a l un risque de maintenir l enfant dans une position de double bind double contrainte dans une impasse mes sens el mon intelligence me disent une chose mais tout le monde agit comme si tout lait normal Cet enfant l ne viendrait il pas douter de ses sens Au point de pouvoir penser que c est lui qui se trompe Ou m me de se croire responsable de la souffrance du parent Van Leuven 2007 p 35 ce jour d apr s nos recherches bibliographiques aucune tude ne s est pench e sur la perception de l enfant l gard de sa relation avec un parent pr sentant un trouble de personnalit limite La recension des crits nous a cependant permis de r pertorier certaines tudes traitant du point de vue de l adulte ayant grandi dans un milieu familial o l un des parents est atteint d une maladie mentale toute probl matique confondue Boily Lew et Morrissette 1998 C est ce constat qui nous a amen orienter notre recherche de mani re donner une Un voix ces enfants devenir porteur de leur histoire et t moin privil gi de la richesse de leur r cit de vie Par cette tude nous d sirons obtenir la perception des adolescentes de leur relation avec leur parent plus sp cifiquement avec leur m re Pr cis ment la question de recherche sous
29. caract rise le plus ceux souffrant d un TPL Les tudes rapportent chez ses parents davantage de comportements surprotecteurs contr lants et intrusifs dans leur relation avec leurs enfants de tous ges Tremblay et Bergeron 2010 p 5 En mati re d abus physiques la transmission interg n rationnelle serait davantage un facteur de risque que le trouble de sant mentale Certains parents qui abusent physiquement de leur enfant ont v cu dans un milieu hostile et punitif Ils croient ainsi que le respect et l ob issance des enfants sont essentiels et qu une discipline s v re est non seulement une preuve de comp tence parentale mais aussi une preuve d amour envers leur enfant D autres parents ont t eux m mes punis physiquement ont v cu ou ont t t moins de violence familiale durant leur enfance Ils normalisent ainsi l utilisation de la punition corporelle non comme une valeur en soi mais titre de seul mod le ducatif qu ils ont connu Bilan des DPJ DP 2011 Association des centres jeunesse du Qu bec p 10 5 6 2 2 La violence conjugale Les recherches font tat d une plus grande pr valence de conflits conjugaux et des ruptures plus fr quentes chez les m res pr sentant un trouble de sant mentale Bouly et al 2006 Vall e 2004 Pour sa part Boily et ses coll gues d notent qu elles sont galement susceptibles de choisir un conjoint ayant lui aussi des troubles mentaux Boily et al 200
30. cieux des participantes lesquelles ont accept de soulever le voile sur leur quotidien et ce depuis leur plus jeune ge Nous dressons un bref portrait de leur situation familiale et de leurs perceptions face celle ci Il est noter que les pr noms ont tous t modifi s afin de pr server l anonymat des participantes 5 1 1 Magalie Les parents de Magalie se sont s par s avant sa naissance Elle n a jamais connu son p re Au moment de notre entrevue l adolescente tait g e de 13 ans et r sidait avec sa m re et son jeune fr re de neuf ans Malgr l instabilit de sa m re et ce dans les diff rentes sph res de sa vie c est un v nement de violence de la part de cette derni re envers Magalie alors qu elle tait l ve au primaire qui a men au retrait des deux enfants par les Centres jeunesse et leur h bergement en famille d accueil pendant plus d un an Depuis la stabilit et la constance dans le milieu maternel de m me que l implication des partenaires Centre de sant et de services 26 sociaux ainsi que le Centre hospitalier Pierre Janet ont permis la r int gration de l adolescente et de son fr re dans le milieu familial tout en permettant de croire une fin imminente de l intervention des CJO dans sa vie 5 1 2 Genevi ve Genevi ve est la benjamine d une famille de trois enfants Ses parents se sont s par s peu apr s sa naissance L adolescente n a que peu de contact avec son p re
31. de violence familiale Chacune des adolescentes que nous avons rencontr es ont ceci en commun qu elles ont toutes t victimes de violence physique et ou psychologique Pour quatre participantes la m re s av re le principal auteur de ces deux formes de violence De ce nombre deux ont galement eu subir les agressions physiques de la part du conjoint de cette derni re Une seule adolescente fut victime de violence physique et psychologique exclusivement de la part du conjoint de la m re alors que chez une autre le partenaire de vie demeure l unique responsable de la violence psychologique dont elle fit l objet T moin de la violence conjugale s vissant dans son milieu familial Emma a galement t victime de violence psychologique et physique de la part de sa m re Encore aujourd hui l adolescente affirme tre bless e par les propos de sa m re son gard Tu vas tomber dans la drogue Tu vas tre dans la rue plus tard Juste des Pour me faire sentir mal genre Elle d plore galement avoir t contrainte par cette derni re informer son p re de la fin de leur relation amoureuse C est l o est ce que a a commenc quand ma m re a dit que mon p re il fallait qu il parte Puis c est Ma m re elle for ait de le dire mon p re Comme fallait que moi puis mon fr re le disent mon p re Au moment de la s paration de ses parents Emma et son jeune fr re font l objet d une garde pa
32. des objectifs de cette recherche 3 1 Le trouble de personnalit limite L ensemble des chercheurs et des professionnels impliqu s aupr s de personnes vivant avec un trouble de personnalit limite est unanime quant la d finition et aux caract ristiques de cette pathologie Principalement d finie par une grande instabilit motionnelle les personnes pr sentant un trouble de personnalit limite prouvent de s rieuses difficult s ma triser leurs impulsions et maintenir une stabilit dans leurs relations interpersonnelles Lalonde et al 1999 Parent et Carri re 2004 Renaud 2003 Les manifestations de cette pathologie sont galement clairement identifi es et se caract risent notamment par Des affects particuli rement et fr quemment dysphoriques intenses et mal tol r s une impulsion g n ralis e et des relations intenses et instables Renaud 2003 p 74 La sensibilit extr me aux abandons r els ou imagin s peut amener les personnes qui en sont atteintes poser des gestes suicidaires ou parasuicidaires afin d viter une rupture L auto mutilation les gestes pseudo suicidaires l id ation psychotique transitoire l identit tr s friable et de victime les revendications et la r gression face au traitement sont galement distinctifs Renaud 2003 p 74 Pour les fins de cette recherche nous privil gierons la d finition de Lalonde et al issue du DSM IV Mode g n ral d instabilit des rel
33. des r les normalement attribu s une personne adulte Bo ly et al 2006 p 132 l analyse des entrevues nous a permis d identifier et de diff rencier trois types de parentification qui sont autant de r ponses de l enfant face aux lacunes de son parent 1 L inversion du r le parental l adolescente en r action aux comportements et aux attitudes de sa m re adopte un r le parental son gard tentant ainsi d apporter une r ponse ses besoins de la prot ger de la violence conjugale de la consoler de son d sespoir et de briser son sentiment de solitude Le second type de parentification que nous avons relev survient lorsque la m re incapable de r pondre aux besoins des enfants voit l un d eux souvent l a n assumer un 2 r le parental aupr s de sa fratrie Cinq adolescentes 54 parmi les six que nous avons rencontr es avaient le statut d a n e au sein de leur famille Elles ont d certains moments assumer un r le parental aupr s de leurs fr res et s urs Nous n avons qu nous rappeler les multiples t ches accomplies et ce de fa on quotidienne par Rosalie Mathilde Emma Magalie et Zo pour r aliser l ampleur de la responsabilit qui leur est incomb Une tude r alis e par Boily et ses coll gues met un constat identique l inversion du r le parental constitue une autre difficult relationnelle On remarque particuli rement chez les enfants de sexe f minin les plus g es de la fratrie
34. difficult g rer les stresseurs font des demandes peu appropri es et tol rent mal les frustrations dont l attente Cyr et David 2001 p 101 2 6 Les impacts chez l enfant avant un parent TPL L anxi t la peur la confusion et la solitude demeurent les motions les plus souvent d crites par les enfants dont le parent pr sente un trouble de sant mentale grave Boily et al 2006 T est toujours tr s prouvant pour l enfant d tre t moin de la d tresse psychologique intense d un parent Laporte 2007 p 99 L impr visibilit du trouble de personnalit peut galement semer une certaine confusion dans l esprit de l enfant d autant plus qu il est souvent appel soutenir son parent devenir le parent du parent B lisle 2005 p 17 2 6 1 Les troubles de l attachement L abondance des crits concernant l importance des relations pr coces et le processus de l attachement sont unanimes la qualit des interactions parent enfant est essentielle afin de favoriser le plein d veloppement voire l panouissement de l enfant Barudy et Dantagnan 2007 Bowlby 1988 Cyrulnik 2001a On sait aujourd hui que le contenu mental Cyrulnik 2001 p 33 de la future m re peut influencer le profil psycho comportemental du nourrisson comme une forme de transmission de pens e m diatis par l motion Cyrulnik 2001a p 33 Une m re inqui te et angoiss e vivant dans des conditions soci
35. e par Dipple Smith Andrews et Evans 2002 aupr s de 58 femmes aux prises avec un trouble de sant mentale toute cat gorie confondue a permis de d montrer que 18 5 de leurs enfants ont subi de la violence verbale 22 des abus physiques 54 de la n gligence motionnelle et 50 de la n gligence physique dans Bo ly et al 2006 Par ailleurs les gestes suicidaires et para suicidaires du parent causeraient galement un traumatisme important chez l enfant Selon Andrea Lamont 2006 les impacts psychologiques seraient consid rables particuli rement pour l enfant affect par le suicide de son parent Celui ci pr senterait un risque lev d tre atteint d un syndrome de stress post traumatique Cerel Fristad Weller et Weller 2000 cit par Lamont 2006 Emerson 2003 cit par Lamont 2006 2 6 3 Les troubles de comportement La difficult pour le parent d imposer des limites fermes son enfant peut amener ce dernier d velopper des troubles de comportement Chez les gar ons ceux ci se traduisent par de l agressivit et la d linquance alors que chez les filles une humeur d pressive l anxi t et le retrait social sont les comportements qui trahissent un mal tre familial Dans les deux cas des difficult s d apprentissage scolaires et sociales peuvent galement tre observ es Boily et al 2006 Selon Lamont 2006 les enfants de m res pr sentant un trouble de personnalit limite risquerait davantage
36. en quelque part j aimerais essayer C est l que j ai parl puis C est a On dirait que je regrette L adolescente affirme se sentir responsable des impacts caus s par ses r v lations Parce que ma m re ne serait pas dans la merde si je ne me serais pas ouvert la gueule je serais encore avec ma petite S ur puis mon petit fr re a serait encore moi qui serais l a ne m aurait pas d rang e j aurais fait a pendant une vie de temps Mon p re bien mon p re il serait encore aussi na f I est noter que la m re de Rosalie tient sa fille responsable de l intervention des Centres jeunesse dans le milieu familial T sais je le sais que j aurais peut tre d pas m ouvrir la gueule t sais j aurais d peut tre juste T sais j aurais t capable d en prendre plus bien plus que a bien plus 45 CHAPITRE VI DISCUSSION Les recherches traitant des impacts du trouble de personnalit limite dans un contexte de parentalit s av rent plut t limit es L int r t pour cette probl matique tant r cente rares sont Jes donn es disponibles actuellement quant ses cons quences sur les capacit s parentales et des impacts pour les enfants de m res pr sentant cette affection Rappelons qu en raison principalement des caract ristiques propres au trouble de personnalit limite les recherches actuelles d montrent que cette pathologie peut certains moments affecter les capacit s parentales alors q
37. et dans les familles o le p re est peu pr sent le d veloppement d une autonomie excessive Boily et al 1998 p 271 Le troisi me type de parentification 3 Le r le de confidente Alors qu certaines occasions l adolescente se voit contrainte d entendre les confidences de sa m re sur sa vie intime notamment quant ses relations amoureuses et la violence dont elle est victime alors qu d autres moments elle va servir d alibi et accompagner celle ci lors de diff rentes activit s principalement r serv es aux adultes Centr es sur leurs besoins personnels ces m res vont amener leur fille et ce de fa on plus ou moins consciente entretenir un lien amical avec elles Roth et Friedman 2003 voquent l importance pour l enfant d obtenir r confort et soutien de la part de son parent Toutefois dans le cadre du trouble de personnalit limite l inverse est souvent observ L enfant parentifi trop jeune perd une partie de ses besoins naturels entre autres d avoir un parent B lisle 2005 p 17 l instar de ce que nous avons constat chez les adolescentes ayant particip notre recherche Boily et ses coll gues 2006 constatent que l une des cons quences de la parentification demeure la grande maturit d montr e par les enfants de m me que leur propension ne compter que sur eux m mes alors que Roth amp Friedman 2003 observent la tangente chez l enfant prioriser les besoins des autres a
38. faut qu elle arr te de faire a il faut qu elle arr te de faire a En lien avec l instabilit mentale de sa m re Emma relate je l aidais faire le m nage ou faire le manger Juste comme l aider ou dire Pense pas a c est comme tourne la page a va aller J tais l pour elle j tais comme son amie Avant d ajouter Elle me racontait des affaires des fois puis je suis comme Ok c est parce que je suis comme ta fille puis je n ai pas besoin de le savoir Je me disais Ok elle a des probl mes je ne veux pas en rajouter T sais je vais faire de mon mieux pour qu elle aille mieux Culpabilit Genevi ve Elle est all e l h pital puis lui il a d cid qu il mettait a sur la faute moi 19 Je pense que c est la premi re fois que je la voyais aller l h pital Puis lui il a d cid de mettre a sur mon dos Puis il m a amen e la voir I m a dit C est de ta faute si ta m re est l h pital C est pas de la faute tes s urs ou moi c est juste de la tienne a m a fait vraiment de la peine Je me sentais mal Je me sens mal de comme quasiment l obliger s occuper de moi pendant la fin de semaine puis qu elle ne file pas Je me sens mal de lui avoir demand de venir pendant qu elle elle ne file pas l Impuissance Genevi ve Ma m re c tait la premi re fois puis la seule fois qu elle a eu du fun comme a avec toute la famille Pe
39. gestes suicidaires alors que 10 d entre eux d c dent David et Gaudreault 2004 Les gestes impulsifs et l automutilation sont galement des sympt mes importants Ils sont d crits par les personnes comme productrices d un soulagement substantiel de leur anxi t Ou 10 d autres tais motionnels intenses et n gatifs Linehan 2000a p 7 Par ailleurs les difficult s li es au mode relationnel instabilit impulsivit et leurs d fenses psychologiques clivage projection identification projective provoquent souvent ce qu ils craignent le plus abandon et solitude d o les nombreuses crises que doivent g rer les th rapeutes Morissette et Parisien 1997 p 1 2 4 Parentalit et trouble de personnalit limite Compte tenu de son v cu motionnel perturb des conflits perp tuels de son impr visibilit de son impulsivit et de ses cognitions qui transforment la r alit un parent vivant avec un trouble de personnalit limite peut prouver certaines difficult s exercer ad quatement son r le parental Laporte 2007 Bien qu aucune tude canadienne ne se soit pench e sur la pr valence du trouble de personnalit limite chez les parents madame Lise Laporte membre de l quipe de chercheurs des Centre jeunesse de Montr al Institut universitaire a d but au cours de l t 2005 une enqu te afin de recenser parmi sa client le le pourcentage d enfants vivant aupr s d un parent a
40. l attachement Les crits scientifiques tablissent un lien entre le fait de vivre avec un parents aux prises avec un probl me de sant mentale et les risques de d velopper un trouble de l attachement 47 Boily et al 2006 Newman et al 2007 Roth et Friedman 2003 Tremblay et Bergeron 2010 Bien entendu aucune des adolescentes n a voqu le type d attachement les liant leur m re Il importe galement de pr ciser que notre tude n a pas mesur le type d attachement selon les r gles de l art et qu ainsi nous ne pouvons que supposer le lien entre le trouble de sant mentale et le trouble d attachement par le biais du discours des adolescentes Toutefois l instabilit relationnelle au sein de la dynamique familiale l exposition de ces jeunes filles des stress importants notamment la violence conjugale et les crises de col re intenses de leur m re de m me que les r ponses souvent inadapt es de celle ci aux besoins de leur fille laissent croire aux probabilit s d un attachement ins curisant de type anxieux vitant tel que le sugg re la chercheure Lise Laporte 2007 sp cialis e dans la recherche portant sur le trouble de personnalit limite Elle cite en exemple une tude r alis e par Newman et ses coll gues 2007 aupr s de m res pr sentant un trouble de personnalit limite qui d montre la propension chez ces derni res manquer de constance parentale pour les routines et les soins appor
41. la rage La rage par dessus la t te ma m re mon p re tout le monde Je te le dis je les aurais bombard s Toutefois alors que sa m re est victime d une agression physique d une rare violence de la part de son dernier conjoint et doit tre hospitalis e Rosalie 58 ira l encontre de l opinion de sa travailleuse sociale et des autres membres de sa famille en d nichant un transport afin de franchir les 45 kilom tres qui la s parent du centre hospitalier Veux veux pas ma m re elle a t chienne hein Chienne en hostie Mais elle a t l quand j ai t l h pital Questionn e quant la n cessit qu elle soit pr sente aupr s de sa m re elle soutient Qui super important Elle voulait que je sois l Elle tait l h pital hostie elle ne filait pas 6 7 L intervention L int r t pour le trouble de personnalit limite en contexte de parentalit tant assez r cent l intervention aupr s de cette client le en est ses premiers balbutiements et ce tant pour l adulte en tant que parent que pour l enfant Bien que plusieurs programmes li s au d veloppement et l am lioration des habilet s parentales soient offerts au sein des diff rents Centres jeunesse ou CSSS des diverses r gions du Qu bec ceux ci demeurent inadapt s une client le de parent pr sentant un trouble de personnalit limite Tel que le souligne Lise Laporte Il a t maintes fois soulign qu avec une
42. la vuln rabilit de la famille risquent d affecter l enfant davantage Laporte 2007 p 98 Une quipe de chercheurs voque galement les cons quences n fastes des caract ristiques du trouble de personnalit sur le d veloppement de l enfant alors que le mode relationnel avec la m re s av re souvent instable oscillant entre des formes extr mes de contr le et de d tachement Selon les auteurs cette particularit serait unique aux m res pr sentant cette pathologie Stepp et al 2012 2 5 1 Les caract ristiques individuelles des parents Les caract ristiques individuelles d un parent aux prises avec un trouble de personnalit limite exercent une influence sur l ensemble de son fonctionnement social et par cons quent sur l exercice de son r le parental Boily et al 2006 Alors qu en p riode d impulsivit le risque de mauvais traitements est s rieux les enfants peuvent devenir l objet de l agression ou du rejet du parent Laporte 2007 p 99 en p riode d pressive l inattention voire l insensibilit du parent face aux besoins de l enfant augmentent le risque pour ce dernier d tre victime de n gligence Laporte 2007 Par ailleurs l exposition des comportements risque lev tels l abus de drogue et d alcool la promiscuit sexuelle augmente aussi le potentiel de danger Laporte 2007 p 99 Le divorce et la monoparentalit augmentent le risque de d velopper des prob
43. m me que l puisement des professionnels appel s intervenir aupr s d elles abondent aucune tude qualitative ne semble s tre attard e aux personnes les plus vuln rables de l entourage soit les enfants dont le parent pr sente un trouble de personnalit limite Selon Bo ly et ses coll gues il faut s interroger sur le fait que les services de sant et les services sociaux se pr occupent peu de d nombrer les parents d enfants d ge mineur parmi leurs usagers Boily et al 2006 p 148 Tel qu expos dans le contexte th orique en raison des caract ristiques particuli res de ce trouble de la personnalit notamment au niveau relationnel nous pouvons pr sumer des difficult s auxquelles le parent aura faire face afin d exercer de fa on constante et s curisante son r le parental Cette recherche de type qualitatif nous fournira une compr hension plus approfondie du v cu des adolescentes 4 1 L approche m thodologique En raison de son approche centr e sur le point de vue des acteurs sociaux dans l appr hension des r alit s sociales Mayer Ouellet Saint Jacques et Turcotte 2000 p 159 et de notre int r t quant la perception des adolescentes de leur relation avec une m re pr sentant un trouble de personnalit limite nous avons opt pour une approche de type qualitatif 4 1 1 Population Alors qu au d part notre chantillon devait tre constitu de huit enfants g es entre s
44. psychologique envers elles ce sujet la recension des crits demeure plut t limit e Bien que de multiples recherches voquent les risques pour les enfants d tre victimes de n gligence peu font tat de la violence physique et psychologique dont ils pourraient faire l objet Cependant ils semblent que les troubles de la personnalit et les troubles de l humeur soient les probl mes de sant mentale les plus pr sents chez les parents qui maltraitent leurs enfants et qui sont signal s aux agences de protection Faller et Bellamy 2000 cit par L veill Chamberland et Tremblay Renaud 2007 p XVII Laporte Lavergne et Baillargeon 2005 cit par L veill e et al 2007 p XVID Caract ris e par une instabilit marqu e aux plans des relations interpersonnelles de l image personnelle et des affects les personnes vivant avec un trouble de personnalit limite peuvent aussi pr senter une impulsivit marqu e incluant des comportements violents APA 2000 cit par Genest et Mathieu 2011 Tardiff 2001 cit par Genest et Mathieu 2011 Dans la pr sente tude les entrevues r alis es aupr s d Emma de Rosalie et de Magalie illustrent bien quel point l impulsivit de la m re peut mener des mauvais traitements particuli rement lors de 50 situations conflictuelles puisque les trois adolescentes ont t s v rement agress es par elle Cependant outre le diagnostic du trouble de personnalit limite les risque
45. qualit des rapports amoureux pr valant dans le milieu familial Pour Magalie et ce jusqu la s paration r cente de sa m re avec le p re de son fr re alcool et violence faisaient partie de son quotidien qui se traduisait par de nombreuses disputes auxquelles elle tait fr quemment expos e Ma m re avait l habitude bien genre l habitude de se poigner des chums violents genre Fait que ma m re ne savait pas comment r agir Puis la premi re fois bien j entendais crier comme un malade puis l il claquait les portes en mena ant de partir avec ses valises 29 Tapie dans le noir Magalie fut t moin du d part de ce conjoint et des supplications de sa m re pour l en emp cher Boulevers e elle pr cise Ma m re tait quatre pattes par terre puis elle pleurait Puis elle n arr tait pas de lui dire comme Va t en pas Va t en pas puis il criait puis il est parti pendant trois jours L adolescente relate de nombreux autres incidents de violence conjugale dans son milieu familial tout en d notant la similitude des comportements chez les hommes ayant partag la vie de sa m re D autre part les impacts de ces sc nes de violence demeurent tangibles encore aujourd hui pour elle maintes reprises au cours de l entrevue Magalie s exprimera en pleurant d plorant le fait qu apr s une dispute ou une rupture sa m re devienne incapable de s occuper d elle et de son jeune fr re de r pondre leurs besoins de bas
46. re leur offrir un espace suffisant pour s exprimer tout en recueillant le contenu n cessaire notre recherche Suite une br ve introduction quant au fonctionnement et aux objectifs de notre rencontre elles t LU furent invit es nous livrer des p riodes de leur vie en d butant par le premier souvenir spontan li la petite enfance tout en tentant de suivre un ordre chronologique des moments marquants heureux ou malheureux li s ces v nements Notre d marche se d marque galement par le fait qu elle pourra documenter non seulement les aspects plus difficiles de la relation mais galement les l ments positifs de la dyade m re fille le canevas d entrevue appara t en annexe IHI 4 2 Organisation et analyse des donn es Dans un premier temps chacune des entrevues fut transcrite textuellement Cette d marche avait pour but de relever les l ments en lien avec nos questions de recherche tout en synth tisant le contenu des entrevues Une seconde lecture nous a permis de relever les perceptions des adolescentes face aux v nements marquants de leur vie La premi re grille de codification a t difi e partir des principaux sympt mes du trouble de personnalit limite tels que r pertori s dans le DSM IV e Mode de relations interpersonnelles instables et intenses caract ris es par l alternance entre des positions extr mes d id alisation excessive et de d valorisation e Perturbat
47. regarder je n ai rien dire Des fois je dis mes parents d arr ter mais a ne marchait pas mon p re et ma m re n arr tent pas L adolescente demeurait donc l cart observant ses parents tout en craignant une d gradation de la situation qui aurait men une hospitalisation de sa m re Elle se rappelle galement des multiples pisodes de violence pr c dant autant de s parations de ses parents ainsi que son d part avec sa m re et ses s urs du milieu familial pour tre h berg es chez les grands parents maternels ou trouver refuge dans une maison d h bergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale Zo Genevi ve et Emma ont galement t t moins de violence conjugale dans leur milieu familial Bien que les parents de la premi re se soient s par s quelques ann es apr s sa naissance sa m re a entretenu une relation amoureuse pendant quelques ann es avec un homme rencontr via Internet avant de faire la rencontre par le m me m dia de son conjoint actuel Selon Zo cet homme fait preuve de cruaut envers elle et ses s urs ainsi que de violence psychologique l gard de sa m re Quant Emma galement t moin de violence conjugale entre ses parents au cours de son enfance son premier souvenir remonte un moment o seule dans sa chambre une dispute clate au rez de chauss e entre ses parents Mon p re puis ma m re en bas en train de crier pendant qu on dort Moi je desc
48. s occupant de son fr re cadet et en le rassurant lorsqu il tait t moin des crises conjugales et suicidaires de leur m re 5 6 3 Quand l adolescente devient la confidente de sa m re Alors que d une part les participantes semblent exercer d embl e un r le de protection l gard de leur m re recevoir ses confidences semblent susciter un certain malaise chez elles Cinq des six adolescentes ont clairement voqu leurs troubles face aux propos tenus par leur m re quant sa vie intime et conjugale Ainsi Mathilde se rem more les nombreuses occasions o sa m re lui confie les d tails intimes de sa relation avec son p re et plus tard avec un nouveau conjoint Elle est galement la premi re tre inform e de la grossesse issue d une relation extraconjugale de celle ci lors de son retour au domicile conjugal et de la r unification du couple form par ses parents Si l adolescente souligne avoir tent de venir en aide sa m re de lui pr ter une oreille attentive aujourd hui elle ajoute essayer d oublier tout a Pour sa part Genevi ve et Emma font un constat identique et affirment avoir t pr sentes pour leur m re lors des p riodes difficiles Emma pr cise J tais l pour elle j tais comme son amie Elle me racontait des affaires des fois puis je suis comme Ok C est parce que je suis comme ta fille puis je n ai pas besoin de le savoir Quant Magalie l isolement de sa m re am ne celle ci
49. 0 de bouffe par semaine T sais pour dire il fallait que je m arrange avec a l un moment donn je lui ai demand de casher mon ch que J avais 250 je lui ai demand qu elle aille le casher elle ne m a pas ramen une hostie de cennes pas une cenne pas une cenne Elle a tout flaub Tristesse Magalie Bien on a d m nag dans un appartement pendant plusieurs mois Puis l aujourd hui on est dans un appartement de bien tre social Puis bien a a d grad de m me a me fait beaucoup de peine d avoir vu a Zo explique que sa m re retirait tous les revenus per us par sa S uUr qui occupait un emploi d tudiante temps partiel elle enlevait toutes les paies ma grande soeur puis ma grande s ur elle travaillait pour rien Puis moi a me rendait triste pour elle 15 Emma Elle ne voulait pas nous parler Elle sortait souvent genre elle buvait Puis elle revenait la maison Puis je sentais son haleine puis j tais comme Yark Alcoolisme Gestes ou menaces suicidaires T moin direct ou indirect de gestes d automutilation ou d id es suicidaires Zo Ma m re elle est suicidaire elle se coupait Ma m re qui se coupait je le sais que ce n tait pas normal On se rendait compte par la suite qu elle avait des cicatrices sur les bras Emma Elle a commenc prendre des verres de vin puis je pense que le verre de vin il avait c
50. 13 ma s ur avait un an et demi mon fr re avait quoi 6 9 ans J ai commenc les lever On dirait que c est l que j ai commenc me sentir bien parce que j avais de la stabilit parce que c est moi qui l avais form e ma stabilit Est ce que la parentification peut avoir un impact positif dans la vie des adolescentes Bien que l on ne puisse ignorer les tudes d montrant sans quivoque les retomb es n gatives sur le d veloppement de l enfant et de l adolescent B lisle 2005 Boily et al 2006 Laporte 2007 certains facteurs de protection notamment la possibilit de pouvoir s appuyer sur des liens significatifs et intimes dont plusieurs avec les parents et sur l investissement dans des projets scolaire ou professionnels et des activit s parascolaires Vall e 2004 p 10 sont autant d l ments pouvant amener l enfant d velopper diverses strat gies d adaptation voire de la r silience Les six participantes notre projet de recherche ont davantage connu l isolement et la solitude que l opportunit de pouvoir compter sur des personnes significatives ou de s investir dans divers projets Cependant tel que le souligne Cyrulnik personne ne pr tend que la r silience est une recette de bonheur c est une strat gie de lutte contre le malheur qui permet d arracher du plaisir vivre malgr le murmure des fant mes au fond de sa m moire Cyrulnik 2003 p 16 6 5 L isolement et la solitude
51. 6 p 107 augmentant potentiellement le risque de difficult s conjugales Les six participantes notre projet de recherche ont reconnu avoir t expos es la violence conjugale et ce maintes reprises avec la souffrance psychologique qui y est g n ralement associ e Elles nous ont d crit leur d tresse leur peur ainsi que leur tristesse d avoir t t moin des agressions de leur p re et ou du conjoint l gard de leur m re L une d entre elles a galement voqu les maux physiques dont elle tait assaillie lors de ces v nements Cet amalgame d motions est galement r pertori dans les crits traitant de violence conjugale Chamberland 2003 Cunningham et Baker 2007 Alors que le milieu de vie de l enfant devrait tre une source de s curit et de bien tre les familles o s vit la violence conjugale suscitent l ins curit chez l enfant tout en le soumettant une forte tension et ce de fa on permanente L exposition la violence conjugale entra ne de multiples difficult s et ce tant au niveau comportemental motionnel affectif physique et cognitif Selon Lucie Brunet 2011 les enfants manifesteraient souvent des sympt mes de stress post traumatique et courent un risque plus lev de d pression La parentification est galement observ e chez les enfants et les adolescents dont la m re est victime de violence en raison du positionnement de ceux ci dans un r le de protection et ou d ind p
52. EWS H EVANS B 2002 The experience of motherhood in women with severe and enduring mental illness Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology Volume 37 num ro 7 Juillet 2002 DUTTON D DENNY KEYS M SELLS J 2011 Parental Personality Disorder and lts Effects on Children A Review of Current Literature Journal of Child Custody 8 4 268 283 FONAGY P STELLE M STELLE H HIGGIT A TARGET M 1994 The Emanuel Millet memorial lecture 1992 The theory and practice of resilience Association for child psychology and psychiatry Vol 35 No 2 P 231 257 GENEST A MATHIEU C 2011 Lien entre troubles de personnalit troubles de l attachement et comportements violents synth se des crits Sant mentale au Qu bec vol 36 n 2 2011 p 161 180 HOBSON P PATRICK M CRANDELL L GARCIA PEREZ R LEE A 2005 Personal relatedness and attachment in infants of mother with borderline personality disorde Development and Psychopathology Vol 17 2 2005 329 347 JOHNSON J G COHEN P SMAILES E KASEN S OLDHAM J M SKODOL A E BROOK J 2000 Adolescent personality disorders associated with violence and criminal behavior during adolescence and early adulthood American journal of psychiatry vol 157 p 1406 1412 KARLS JAM WANDREI K E 1996 Manuel du syst me CFPE Syst me de classification du fonctionnement de la personne dans son environnement Montr al Ordre professionnel des travailleur
53. IOGRAPHIQUES ANADON M 2006 La recherche dite qualitative de la dynamique de son volution aux acquis ind niables et aux questionnements pr sents Recherches qualitatives volume 26 1 2006 pp 5 31 ARENSTEIN G GILBERT G 2007 Le trouble de la personnalit limite aspects sociaux et environnementaux dans LABROSSE Robert LECLERC Claude sous la direction de Trouble de personnalit limite et r adaptation point de vue des diff rents acteurs St J r me Qu bec ditions Ressources chap 15 p 1 13 ASSOCIATION DES CENTRES JEUNESSE DU QU BEC 2011 La violence change l enfance Bilan des directeurs de la protection de la jeunesse Directeurs provinciaux 2011 BARUDY J DANTAGNAN M 2007 De la bientraitance infantile Comp tences parentales et r silience Paris Editions Fabert B LISLE M 2005 Th rapie familiale avec des parents porteurs de personnalit limite ou narcissique D fi jeunesse Novembre 2005 volume 12 1 p 14 29 BOILY M LEW V MORISSETTE P 1998 Les difficult s psychosociales v cues par les enfants mineurs de personnes atteintes de maladie mentale Service social vol 47 n 3 4 1998 p 247 287 BOILY M ST ONGE M TOUTANT M _ 2006 Au del des troubles mentaux la vie familiale Regard sur la parentalit Montr al ditions du CHU Ste Justine BOWLBY J 1988 4 secure base parent child attachment and healthy human development dition Basic
54. Invit e pr ciser quant aux b n fices retir es par ces rencontres elle ajoute Bien tre moins frustr e comme il fallait que j en parle un moment donn il ne fallait pas que je garde a en dedans de moi Bien que la majorit des adolescentes d plorent le retrait du milieu familial dont elles ont fait l objet toutes reconnaissent les changements positifs survenus dans leur vie la suite de l implication des Centres jeunesse Pour deux d entre elles ceci se traduit par le sentiment de passer d un tat d impuissance celui de se r approprier un certain pouvoir sur leur vie Comme le souligne Magalie a aide passer au travers parce que tu peux te confier un peu puis aussi a peut t aider changer le cours des choses Comme a d pend avec qui quelle sorte d intervenante tu parles mais comme moi avec ici CJO bien je pouvais changer les choses Emma abonde dans le m me sens lls ont essay de me trouver des moyens pour passer au travers Ils ont essay d tre pour que je suis comme Je ne sais pas comment l expliquer l comme en S curit Pour sa part bien qu elle reconnaisse les changements positifs pour son fr re et sa s ur Rosalie regrette les r v lations faites aux intervenantes sur sa situation familiale Bien la premi re fois quand ma m re m a frapp e c est l que j ai dit Bon bien c est aussi bien d en parler peut tre a va me rendre Peut tre a va me mener
55. aires comme elle se faisait battre par son chum Par ailleurs alors qu au moment de la s paration une garde partag e avait t instaur e la multiplicit des v nements de violence dans le milieu maternel a men une intervention des Centres jeunesse Emma est depuis confi e son p re et les visites avec sa m re demeurent supervis es Pour sa part bien que Genevi ve ait davantage labor sur la violence familiale dont elle fut t moin et victime dans le milieu maternel elle reconna t la violence psychologique dont sa m re fit l objet de la part de son conjoint alors que celui ci a d cid comme a qu il tait tann Il est parti pendant deux semaines Ma m re tait Elle ne pouvait plus rien faire Elle tait vraiment Comme je pourrais dire a silence Le mot Elle tait triste elle tait d sesp r e Lorsque nous v rifions sa r action face la d tresse ou la tristesse de celle ci l adolescente reconna t vivre ses motions au m me diapason Quand ma m re a de la peine puis qu elle pleure L je n ai pas le choix de pleurer avec elle Il y a quelque chose en dedans que quand je vois ma m re pleurer a se fait tout seul il faut que je pleure Ce sont les comportements du conjoint de la m re l gard de Genevi ve et dont nous parlerons dans le volet portant sur la violence familiale qui ont men au retrait de celle ci de son milieu de vie 5 4 Adolescentes t moins et ou victimes
56. ais galement d valuer la perception de l adolescente de la relation avec son parent Dans le but d atteindre cet objectif la recherche de type qualitatif nous a sembl la plus pertinente ceci en raison de son approche centr e sur le point de vue des acteurs Suite la probl matique et au cadre th orique le chapitre portant sur la m thodologie traitera de la population l tude du recrutement des participantes et de la cueillette des donn es Cette tude tant issue de la volont de donner une voix des adolescentes et d tre porteur de leur message l entrevue semu structur e nous est apparue la mieux adapt e pour recueillir leurs confidences Suivra la pr sentation des r sultats to alors que nous r pertorierons les impacts les plus fr quemment relev s dans la vie de ces jeunes filles partageant leur quotidien avec une m re pr sentant un trouble de personnalit limite Finalement le chapitre portant sur la discussion des r sultats nous permettra d tablir des liens entre la th orie et la pratique tout en effectuant un bref survol des diff rents organismes offrant des services professionnels et adapt s aux enfants de m res aux prises avec cette pathologie CHAPITRE I PROBL MATIQUE DE RECHERCHE Pour soutenir les enfants dont un des parents est atteint d une maladie mentale le r seau devrait s inspirer des initiatives int ressantes d j d velopp es entre autres par les associations
57. ait de le dire mon p re Comme fallait que moi puis mon fr re le disent 85 mon p re un autre moment alors qu elle tente de s interposer entre sa m re qui bat son fr re la col re de cette derni re se retourne contre elle Emma souligne Elle s est frustr e Sur moi apr s fait que l bien elle me donnait des coups de poing elle me poussait elle me frappait puis l j tais comme Ok c est bon moi je vais appeler mon p re puis je vais m en aller comme d ici je vais partir avec mon fr re Ce n est pas vrai que tu vas toucher mon fr re Suite la s paration de ses parents Emma et son fr re sont demeur s avec leur p re Quant aux visites chez sa m re Emma souligne avoir cess d y aller compte tenu des nombreuses disputes C tait tout le temps des chicanes puis c tait jamais comme des bons moments Emma se rappelle galement combien sa m re faisait preuve de duret envers elle Tu vas tomber dans la drogue Tu vas dans la rue plus tard T moin de violence familiale L enfance de Zo a galement t jalonn e de violence familiale J y a eu souvent des crises envers ma grande soeur elle la m re l a battu quand on tait jeune un moment donn ma m re elle l a frapp avec une brosse t sais je me rappelle elle saignait Depuis qu elle est retourn e vivre avec un autre conjoint Mathilde indique que sa m re ne lui parle pas beaucoup Elle appelle pour
58. ait tr bucher elle tait terre puis j tais par dessus elle puis j tais en train de l touffer Puis c est son chum qui m a remont e puis qui m a dit Arr te Va t en 5 8 Isolement affectif et social Au cours de l analyse des r sultats un constat s est impos la chercheure la pr sence chez les participantes d un isolement affectif et social Bien que deux participantes aient pu partager leurs confidences avec une amie du m me ge la majorit nous a clairement exprim le sentiment de solitude qui les habitait avant qu une intervention professionnelle ne survienne dans leur vie Alors que chacune d elle a tent d offrir une pr sence r confortante leur m re quatre nous ont affirm n avoir eu personne qui confier leur tristesse leur d sarroi et leur impuissance face leur situation familiale T moin de la violence de sa m re envers sa s ur Zo se rem more ses sentiments ce moment Je ne comprenais pas moi je ne voulais pas que a arrive puis je voyais juste ma s ur pleurer Je restais pas mal dans mon coin Je pense que c est vraiment important d avoir quelqu un avec qui parler Parce que moi c tait quand j tais plus jeune c tait quand m me dur de ne parler personne Pour sa part Rosalie explique avoir gard le silence longtemps Je ne voulais pas en parler c tait top secret c tait my life Ce n tait pas la vie personne d autre Toutes les parti
59. ales difficiles produit des mol cules de stress qui traversent la barri re placentaire et affectent le f tus On peut observer un accroissement du rythme cardiaque une plus grande agitation de mouvements et de fr quents soubresauts qui traduisent clairement une perte de tranquillit La s curit affective repr sente un l ment important du processus Le mode de relation instaur entre la m re et le b b les diff rents tricotages de l attachement Cyrulnik 2001a p 35 permettraient l apprentissage d un processus tranquillisant et d termineraient le comportement futur de l enfant Lorsque la m re se d crit comme malheureuse malade physiquement ou relationnellement cela pr dit un J4 attachement confus Par ailleurs les enfants de parents pr sentant un trouble de personnalit limite sont r guli rement expos s des stress importants leurs besoins d veloppementaux ne sont pas toujours pris en compte et il y a unrisque important qu ils d veloppent un mode d attachement non s curitaire Laporte 2007 p 99 Les auteures Nicole Tremblay et Isabelle Bergeron 2010 abondent dans le m me sens Selon elles les sympt mes sp cifiques du trouble de personnalit limite pourraient affecter certaines tapes du d veloppement de l enfant notamment au plan relationnel et affectif pouvant nuire la qualit du lien d attachement Le manque de disponibilit psychologique et motionnelle l absence de constance
60. alie est d j toute trac Je d m nage 18 ans j ai ma job 40 piastres de l heure m canique de machinerie lourde J ai ma maison Cantley Je suis bien je suis toute seule C est s r que j vais commencer pas aller dans un appartement le temps que je me sauve le plus d argent possible
61. art d un m decin et pr sentant d autres probl matiques de sant mentale Le choix de ne recruter que des adolescentes s est impos de lui m me la suite de deux entrevues impliquant des participantes de sexe f minin D une part le constat face aux difficult s du premier participant se rem morer les v nements survenus dans son enfance et d autre part les particularit s de la dyade m re fille notamment l adolescence ayant soulev notre int r t en raison du processus d identification la m re et de la similitude des sexes nous souhaitions approfondir cet aspect tout en vitant d ajouter une variable suppl mentaire sexe du participant au moment de notre analyse 4 1 2 Le recrutement des participantes La s lection de notre chantillon s est divis e en trois tapes Dans un premier temps et en raison de l acc s direct dont ils b n ficient aupr s des jeunes et de leurs parents 1 tait essentiel que le premier contact avec les adolescentes soit effectu par leur intervenant des Centres jeunesse Une demande a donc t achemin e madame Marie Claude Sirois directrice des services professionnels et de la qualit afin d obtenir son assentiment quant la sollicitation de ces derniers Un communiqu fut mis via l hebdo lectronique mensuel de l tablissement informant les intervenants de notre tude tout en sollicitant leur collaboration quant au recrutement des participants Devant l absence de r
62. ations interpersonnelles de l image de soi avec une impulsivit marqu e qui appara t au d but de l ge adulte et est pr sent dans des contextes divers Lalonde et al 1999 p 672 3 2 La parentalit Prenant ses assises dans une sph re m dico psycho sociale qui tente de d finir la fonction d tre parent le terme de la parentalit se d finit comme la qualit de parent de p re ou de m re du point de vue juridique moral ou socioculturel Le Grand Robert Pour Boily et ses coll gues le terme parentalit fait d abord r f rence au fait d tre parent et ensuite aux comportements associ s l exercice du r le parental Boily et al 2006 p 47 Il vise galement apporter des r ponses ad quates aux besoins de l enfant assurer sa socialisation et 18 son ducation 1 comprend l aide au d veloppement de l enfant sa protection physique la communication des traditions culturelles et familiales ainsi que la transmission de l identit familiale et culturelle Karls et Wandre 1996 p 11 3 3 La monoparentalit Famille compos e d un adulte ayant la garde d un ou de plusieurs enfants Lacourse 2005 p 118 la monoparentalit se conjugue majoritairement au f minin Les statistiques d montrent que 81 8 des familles monoparentales sont dirig es par une femme Gouvernement du Qu bec 2009 3 4 La perception de l enfant Selon le Grand Robert le terme perce
63. auteures Isabelle Perreault et Guylaine Beaudoin 2008 abondent dans le m me sens et d notent une plus grande pr valence de la n gligence chez les enfants dont les m res pr sentent un probl me de sant mentale Pour sa part Lise Laporte va plus loin et affirme que les enfants de parents ayant un TPL seraient expos s des stress majeurs et leurs besoins ainsi que leur s curit seraient souvent ignor s par le parent en d tresse psychologique Laporte 2011 p 5 L absence d une r ponse ad quate ses besoins a amen Genevi ve prouver un fort sentiment de culpabilit envers sa m re l adolescente prouvant un certain malaise face aux difficult s de celle ci s occuper d elle lors de ses visites dans le milieu familial Il demeure toutefois important de pr ciser que la nature m me de l chantillonnage soit des adolescentes recevant les services des Centres jeunesse de l Outaouais fait en sorte que nous avons affaire des familles parmi les plus vuln rables souvent aux prises avec plusieurs facteurs de risque notamment la monoparentalit la pauvret et l isolement social ceux ci pouvant alt rer temporairement l tat de sant mentale du parent Les sympt mes du trouble de personnalit limite pouvant varier en intensit d une personne l autre certaines d entre elles peuvent assumer leur r le parental de fa on ad quate Selon Catherine Vall e 2004 Alors que subsiste une pr valence plus lev
64. chicaner Rosalie en parlant de ses parents Les deux m ont autant fait de mal C est balanc gal En parlant de la s paration de ses parents Au mois d ao t Les voisins ont trouv ma s ur dehors 7h00 du matin En couche dehors La police est venue Ils l ont envoy au CLSC cause que ma m re dormait Ma s ur tait debout puis elle le savait ma s elle pensait que moi j tais debout Elle m a chi un char de marde moi l Parce que moi j ai dormi je dormais en bas dans la cave C est l que la DPJ est rentr e Un matin il fallait que je l ve mon fr re puis j ai commenc crier j tais bout l Ma m re s est lev e Elle a pris le balai elle a commenc me fesser dessus me varger dessus dans le fond Puis elle a cass le balai en trois diff rentes parties J avais des marques Puis je m suis f ch j ai repris le balai j ai commenc varger dessus aussi Je l ai pouss e en bas des marches Je suis descendu en bas elle ne voulait pas que j aille l cole de m me il ne fallait pas que l cole sache Fait que l je m en allais Elle a cass une lampe dans ma chambre Elle a fait un trou dans ma porte elle a cass mes affaires C est la que je l ai mis terre Je lui ai donne un coup de pied dans le ventre Alors que sa m re souhaite mettre un terme sa relation avec son conjoint elle contraint Emma et son jeune fr re de lui dire de partir Ma m re elle for
65. cipantes ont galement exprim leurs r serves se confier des membres de leur famille Alors que Mathilde voque la tristesse de sa grand m re maternelle devant le comportement de sa fille et la n gation dont celle ci fait preuve envers la situation dans laquelle se retrouve ses petites filles Magalie r sume bien les sentiments de l ensemble des participantes alors qu un lien significatif l unit sa grand m re maternelle elle m adore vraiment fait qu elle ferait n importe quoi pour moi pour m aider quoi que ce soit Cependant lorsque nous v rifions si celle ci peut recevoir ses confidences elle pr cise l faut vraiment que je parle plus aux intervenants oui ma mamie c est une personne que j aime mais ce n est pas une grande confidente Elle est l pour me donner le comme on peut dire le reste d amour qu il manque dans mon C ur 5 9 Soutien professionnel Chacune des participantes a voqu la solitude et l isolement engendr s par leur condition familiale dans les mois voire les ann es pr c dant l intervention des professionnels des services sociaux dans leur vie L tat de sant mentale de la m re de m me que la d gradation de la situation familiale ayant men un signalement et une intervention des Centres jeunesse les six adolescentes que nous avons rencontr es ont exprim leur opinion face aux services re us Bien que cinq adolescentes sur six voquent les bienfaits retir s d une coute pr
66. client le ayant un trouble de personnalit limite on ne peut intervenir comme d habitude en offrant le m me type d intervention ou le m me type de groupe offert aux autres parents Au Mieux ceci n aurait aucun impact et au pire des effets d l t res pourraient survenir Laporte 2011 p 6 Pour cette raison les Centres jeunesse de Montr al Institut Universitaire en association avec le Programme des troubles relationnels et de la personnalit du Centre hospitalier Louis Hyppolite Lafontaine ont mis sur pied un projet pilote intitul MOI et mon enfant destin aux personnes pr sentant un trouble de personnalit limite parent d enfants g s entre six et onze ans et b n ficiant des services des CJM IU Ce groupe psycho ducatif et interactif dont l objectif g n ral vise amener le parent verbaliser sur sa situation et d velopper une meilleure compr hension de ses difficult s et de l impact de celles ci sur son enfant Laporte Ounis Laviolette Cherrier Lavoie 2012 p 5 s est chelonn du 8 mars au 22 avril 2011 Au terme de leur participation les parents ont exprim leur satisfaction face leur exp rience et per oivent certains gains en ce qui concerne notamment la relation avec leur enfant et le regard qu ils portent sur celui ci L impact du programme sur les enfants ainsi que la mobilisation des parents la suite de leur participation ce programme n ont pas encore t valu s et feront
67. ctime au cours de ses ann es l cole primaire en raison de ses v tements d mod s tout en accusant sa m re d avoir d pens exclusivement pour elle m me l argent remis par son beau p re devant servir aux besoins familiaux Magalie se rappelle tristement l emm nagement de sa famille dans un logement prix modique ainsi que les refus r p t s de sa m re de d bourser pour les activit s et les effets scolaires Pour Mathilde c est l abus de substances illicites de sa m re qui a men la pr carit du mode de vie familial alors que Zo attribue une nouvelle relation amoureuse maternelle la d cision de cette derni re de quitter un emploi bien r mun r permettant de subvenir aux besoins de la famille Dans ce temps l elle avait un bon travail elle travaillait Montr al puis cause de lui bien elle l a laiss ce iravail l puis a a fait beaucoup d gringoler la situation financi re 5 5 2 N glicence affective La n gligence au niveau affectif se traduit chez toutes les participantes par les difficult s que semble prouver leur m re apporter une r ponse satisfaisante leurs besoins motifs Chez Magalie cet aspect est relev par l absence d implication de cette derni re dans son cheminement scolaire de m me que son incapacit ui apporter un certain r confort et un sentiment de s curit Depuis que je suis jeune chaque fois que j entends crier bien comme vraiment Jf ch comme
68. d adopter des conduites impulsives et de d velopper une pathologie similaire celle de leur parent Une tude r alis e par Bartlett 2000 aupr s d enfants de m res pr sentant un trouble de personnalit limite en vient un constat analogue et voque chez ces derniers davantage de troubles de comportements se traduisant par des manifestations plus fr quentes d pisodes d agression et d hostilit Selon cette tude les sympt mes associ s au trouble de personnalit dans un contexte de parentalit provoqueraient une carence au niveau motionnelle tout en affectant le d veloppement social et comportemental de l enfant cit par Dutton Denny Kevs Sells 2011 2 6 4 La parentification Des enfants parentifi s c est ainsi qu on pourrait appeler les enfants qui se sacrifient pour venir en aide leurs parents malades d prim s ou d faillants Des enfants qui paraissent plus matures que les autres mais sont bless s dans leur identit Seron amp Delvaux 2007 En raison de leur grande instabilit et de leur immaturit les parents pr sentant un trouble de personnalit limite peuvent prouver certaines difficult s assumer l ensemble de leurs responsabilit s parentales On d note galement un pairage pathologique Searles 1959 cit par B lisle 2005 p 19 chez ceux dont la solitude est intense voire intol rable Ms cr ent alors un lien symbolique tr s fort avec leur enfant L enfan
69. dans la violence je pars pleurer puis j ai comme de la mis re respirer Fait que l des fois ma m re elle capote parce qu elle me voit puis elle ne peut rien faire parce qu elle est en train de s engueuler avec l autre Avec tristesse Magalie voque galement l incapacit de sa m re r pondre aux besoins primaires de ses enfants lors de rupture conjugale Elle ne faisait plus manger parce qu elle avait de la peine Puis Th o tait b b Puis bien c tait dur l Pour Genevi ve l humeur de sa m re ainsi que les longues heures de sommeil sont cit s maintes reprises au cours de son t moignage C tait jamais vraiment facile parce que ma m re tait toujours couch e Elle n tait jamais de bonne humeur elle arrivait de travailler elle dormait toute la journ e parce qu elle travaillait le soir nous on allait l cole On la voyait vraiment pas Souvent Questionn e savoir si ce comportement pourrait tre attribuable l tat de sant mentale de sa m re l adolescente pr cise Moi je pense qu elle est dans son monde oui cause de cette maladie l cause qu il y a tellement d affaires qui lui passent par la t te qu elle s enferme puis qu elle ne veut pas nous le dire Au lieu de nous parler elle pense puis elle reste comme toute seule avec ses pens es en dedans Je me sens mal de comme quasiment l obliger s occuper de moi pendant la fin de semaine puis qu elle ne f
70. daptation Doyle Moretti Brendgen et Bukowski 2003 Toutefois comme le souligne H l ne Brunschwig si quelque chose cloche il y a toujours moyen de rattraper les choses il convient de ne pas s affoler 19 un mauvais d part peut s arranger Brunschwig 2001 p 72 l inverse on peut penser aux difficult s que risque de conna tre l enfant lorsque le lien avec son parent est perturb par une s paration soudaine ou des v nements traumatisants Old et Papalia 2001 Selon une tude r alis e par Sant Canada la qualit des relations qu entretient l enfant avec ses parents d croit avec l ge les enfants plus g s jugent leurs parents moins attentifs leurs besoins affectifs se sentent rejet s et se confient moins facilement du moins leur p re Doyle et al 2003 p 25 D autre part les jeunes ayant une relation positive avec leurs parents seraient moins susceptibles de faire usage de tabac de consommer drogue ou alcool d tre victime d intimidation et de fr quenter des pairs d viants Doyle et al 2003 CHAPITRE IV M THODOLOGIE Le principal objectif de cette recherche est non seulement de donner une voix aux adolescentes dont la m re pr sente un trouble de personnalit limite mais galement de l entendre Alors que les donn es quant aux particularit s de ce trouble ses impacts sur la vie des personnes qui en sont atteintes ses difficult s pour l entourage de
71. de coh rence du parent dans les soins quotidiens susciteraient l ins curit chez l enfant Dans le but d tudier le d veloppement de la relation m re enfant une quipe de chercheurs a observ le comportement de m res pr sentant un trouble de personnalit limite avec leurs nourrissons g s de deux mois ainsi que les r ponses de ces derniers Les r sultats d montrent que ces m res sont plus intrusives et font preuve de moins de sensibilit l gard de leur enfant En r ponse celui ci pr sente un regard fuyant voire absent Crandell Patrick et Hobson 2003 Une seconde tude r alis e aupr s d enfants g s treize mois tablit que 80 d entre eux d montrent un attachement de type d sorganis avec leur m re Hobson Patrick Crandell Garcia Perez et Lee 2005 Les besoins physiques et l tat affectif de l enfant souvent ignor s am ne celui ci comprendre qu il n existe aucune relation directe ou connexion s quentielle entre ce qu il fait et la r ponse de sa m re Barudy et Dantagnan 2007 p 181 Les interventions du parent aux prises avec un trouble de personnalit limite s av rent dans certains cas plut t in gales La communication avec l enfant est souvent empreinte de confusion alors que les exp riences motionnelles de ce dernier ne sont pas valid es Au contraire elles sont dans plusieurs cas banalis es ou punies Arenstein et Gilbert 2007 p 9 Ce mode d apprentissage l am ne
72. de personnalit limite bien qu il n ait toutefois pas t d montr que le v cu de telles exp riences durant l enfance soit des conditions sine qua non pour le d veloppement de cette pathologie Drolet Simard et Villeneuve 2005 Lalonde et al 1999 Macfie 2009 Paris 1996 Stepp Pilkonis Hipwell Levine 2012 Faisant r f rence l approche de Masterson Orcutt avance que La pathologie limite prend sa source dans un arr t du d veloppement qui provient d un important d sajustement misattunement dans la relation m re enfant la phase de s paration individuation de la prime croissance L arr t survient la sous phase de rapprochement du d veloppement et se caract rise par les d fenses pr coces et le clivage des relations d objet de cette sous phase Afin d carter des sentiments insoutenables d abandon l enfant mobilise des d fenses primitives qui forment chez lui une fa on d tre fix e et r p titive Orcutt 1996 p 71 Parvenue l ge adulte la personne aux prises avec un trouble de personnalit limite continue d adopter une attitude et des comportements compliants ou encore rebelles lui permettant d viter d avoir faire face des probl mes d abandons non r solus Orcutt 1996 Une vaste enqu te men e par des chercheurs de l h pital G n ral Juif de Montr al aupr s d un chantillon de 150 femmes et 121 hommes aux prises avec l un des onze troubles de personna
73. de soutien aux familles et aux proches Le MSSS fera conna tre ces projets afin de favoriser leur multiplication Minist re de la Sant et Services sociaux Qu bec 2005 p 31 C est avec cette vision optimiste que le minist re de la Sant et des Services Sociaux laborait il y a plus de sept ans un vaste Plan d action en sant mentale Bien que nous puissions reconna tre l actualisation d une foule de ces objectifs force est de constater qu en mati re de soutien aux enfants dont le parent pr sente un probl me de sant mentale beaucoup reste faire Pour Boily St Onge et Toutant l exercice du r le parental n est pas associ d embl e la sant mentale moins que la protection de l enfant ne soit menac e Boily St Onge Toutant 2006 p 177 Pourtant l ensemble des professionnels uvrant aupr s des personnes vivant avec un trouble de personnalit limite s entendent pour d noncer les risques associ s cette pathologie notamment dans l exercice du r le parental Bo ly et al 2006 Labrosse et Leclerc 2007 Laporte 2007 L instabilit motionnelle les modes de relations interpersonnelles chaotiques les col res intenses et inappropri es risquent d influencer voire m me de compromettre la s curit et le d veloppement de l enfant Les habilet s parentales des personnes qui souffrent d un TPL peuvent s av rer dans certains cas plut t in gales Labrosse et Leclerc 2007
74. deau parce que ma m re ne m ach te pas 8 vraiment de cadeau fait que j avais de petits cadeaux Depuis que je suis jeune chaque fois que j entends crier bien comme vraiment f ch comme dans la violence je pars pleurer puis j ai comme de la mis re respirer Fait que l des fois ma m re elle capote parce qu elle me voit puis elle ne peut rien faire parce qu elle est en train de s engueuler avec l autre Zo Ma m re elle dormait tout le temps ou souvent elle manquait le travail ou elle tait en cong de maladie Elle ne faisait jamais rien Depuis plus de 3 mois Mathilde n a eu aucune visite ou appel de sa m re Elle souligne pas de nouvelles pas de visites pas rien Rosalie Ma m re ne nous aimait pas Elle se foutait totalement de nos gueules En parlant de sa relation avec sa m re Emma affirme Je n ai jamais t comme avec ma m re pour passer un bon moment Manque de confiance Magalie J ai quasiment peur de me confier ma m re parce que toutes les fois que j ai confi ma m re ma m re est all e le dire genre a faisait plusieurs semaines qu il Yves couchait la maison puis je l ai dit Puis l M lissa t s m avait dit qu il fallait que je lui en parle Puis j ai dit ma m re que s il venait encore je vais le dire M lissa pour qu il se passe quelque chose je n aime pas a Maman est all le dire Yves Subit les changements de conjoint
75. des fois qu elle ne pouvait pas faire telle affaire fait que je le faisais sa place Souvent j ai fait d ner pour moi puis mon fr re pas vraiment parce que t sais c tait de la pur e mais je me faisais souvent mon d ner loute seule Puis quand j tais jeune bien a ce n tait pas ma m re qui me le demandait mais comme d s que je finissais mon bain bien je lavais mon bain le lavabo la toilette En vieillissant la maturit est toujours l Genevi ve a finit que je dis quelque chose de dr le puis qu elle rit puis qu elle J ai toujours essay de la faire rire en disant n importe quoi Ma m re elle a vraiment besoin de moi Quand elle dort je la laisse dormir quand elle ne file pas Quand elle est r veill e je reste avec elle On coute la TV ensemble on parle des fois Je fais s re d tre l avec elle pendant qu elle ne file pas Pour ne pas qu elle se sente plus seule qu elle l est d j J essaie de lui faire comprendre que je suis l fait que je reste avec elle Zo Je trouvais a difficile puis avec a c est moi qui devenait la seule qui pouvait faire le m nage parce que ma petite s ur n tait jamais l puis ma grande s ur elle travaillait ou allait l cole puis c est moi qui subissais a Ma m re elle dormait tout le temps ou souvent elle manquait le travail ou elle tait en cong de maladie Elle ne faisait jamais rien TI En lien avec
76. dienne pour ma S ur si je voulais aller l cole Il fallait que je me trouve une gardienne si je voulais aller l cole Le matin je r veillais mon fr re je lui faisais son lunch je le pr parais pour aller l cole je l habillais TI fallait tout le temps qu il ait son linge dans la s cheuse le matin il aimait a s habiller chaud 78 Si tu regardes de ma premi re ann e ma sixi me ann e juste regarder toutes mes absences Vers 6 h00 mon fr re rentrait on soupait Je faisais du kraft dinner de la soupe je faisais m me des ufs n importe quoi Je me d brouillais Le plus que je pouvais j essayais de combler aux besoins de mon fr re et de ma petite s ur Le lavage fallait que je m arrange pour faire le lavage la vaisselle fait tout le m nage la grandeur T sais tu as des marches dans la vie bien mettons j en ai skipp une couple Moi ma bulle elle a p t jeune Si je disais ma m re que j tais lann e maman partait pareil l elle s en c lisse elle sait que j avais trop de c ur pour les laisser l les jeunes puis partir 13 ans j ai fait un burn out Je dormais tout le temps Ma m re se f chait elle pensait que j tais sur la drogue En parlant de sa m re Je l aide encore je l aide tous les jours En argent je vais lui donner de l argent tant qu elle veut T sais je suis sa m re l quasiment l Je deviens tellement tann e de lui dire qu il
77. dis je les aurais bombard s J aurais bombard tout le pays s il avait fallu J avais tellement de rage contre tout le monde que c tait fou l C etait rendu trop fou 42 Pour sa part Magalie souligne avoir longtemps retenu les motions provoqu es par sa situation familiale et d plore que l accumulation des frustrations se soit trop souvent traduite par l expression d une violente col re L adolescente voque les changements suscit s par ces pisodes Bien parce que la col re change une personne La col re peut dire te faire dire des affaires que des fois tu ne penses pas l Puis a fait crier ou a fait t sais f cher un moment donn bien a a a t traumatisant comme exp rience l l instar des autres participantes l adolescente d crit sa perte de contact avec la r alit alors qu la suite d une violente dispute avec sa m re elle constate lui avoir fractur un doigt Je m en voulais tellement d avoir vu a bien d avoir fait a puis avec la force que j ai fait je ne sais pas comment j ai fait l Parce que moi dans mon souvenir je me suis juste tourn e puis a a fait a l J tais comme Oh My God a me donne des frissons juste y penser Rosalie voque un v nement similaire o la suite d une virulente dispute avec sa m re elle se retrouve au dessus de cette derni re lui enserrant le cou de ses mains la seule affaire que je me rappelle c est que je l ai f
78. e conjugale Je m occupais d elle je lui donnais des caresses Rosalie souligne galement qu il y a quelques semaines sa m re sauvagement battue par son nouveau conjoint lui a demand de l accompagner l h pital Bien que la DPJ et le m decin refusait ce qu elle le fasse Rosalie a trouv un moyen de transport pour rejoindre sa m re l h pital situ e 45 minutes de son village Alors que nous lui demandons les motifs qui ont motiv ce choix elle explique Elle voulait que je sois l Elle tait l h pital hostie elle ne filait pas Christ Emma Pendant une dispute particuli rement violente entre ses parents le jeune fr re d Emma se r veille T sais moi je prot geais mon fr re fait que je lui disais comme Va te recoucher a va finir bient t ncompr hension face la maladie Magalie X a fallu que je me d brouille souvent toute seule parce que je voyais ma m re elle n tait pas vraiment normale Regard de l adolescente face la maladie mentale de sa m re Crainte de l adolescente face sa propre col re Magalie J ai souvent gard renferm mes choses puis c est quand je me f che des fois a sort ok Puis c est tout de la col re de d autres choses qui s est accumul e puis qui sort de m me Mais ma col re je ne la sors pas souvent mais t sais je veux dire part la col re je n ai aucun trouble l Questionn e savoir pourq
79. e tels que les nourrir et leur fournir un environnement s curitaire Elle soulignera galement l intense sentiment de solitude qui l habitait avant l intervention des Centres jeunesse dans sa vie n ayant aucune adulte vers qui se tourner qui se confier Pour sa part Rosalie fait tat de nombreux incidents impliquant de la violence physique Mon p re a souvent frapp ma m re Comme lui c tait physique puis j ai t j ai tout vu c tait bien bien grave pas juste des petites gifles c tait bien grave Elle poursuit ll tait comme probablement 8 h du soir t sais puis je ne voulais pas aller me coucher encore Puis ils se sont poign s pour je ne sais pas trop quoi je ne m en rappelle plus en tout cas La seule affaire que j ai vue j ai rest dans mon cadrage de porte puis je les ai vus courir puis je les ai vus J ai entendu ma m re crier j ai entendu les beding bedang J ai sorti ma t te un moment donn mon p re tait quasiment en train de b cher dessus comme un malade T sais c est juste T sais a affecte a fait mal voir a J tais quand m me jeune j avais quoi 11 12 ans l L adolescente d note l ambig it de ses sentiments lors de ces pisodes autant elle aimait sa m re et consid rait son beau p re comme une figure paternelle significative qu elle adorait autant la haine prouv e leur gard lors de ces v nements demeure palpable Alors qu au d but d
80. e ces manifestations de violence Rosalie affirme avoir norm ment pleur seule dans sa chambre le lendemain elle se rendait en classe maintenant le silence sur sa situation familiale Elle souligne avoir vu ses r sultats acad miques chuter dramatiquement Au fil des ann es elle n a cess de se r p ter jusqu en tre intimement persuad e que d autres enfants taient aux prises avec des difficult s plus grandes que les siennes Finalement la multiplicit des disputes de m me que les pisodes de violence engendr e par celles ci tant devenues une habitude pour Rosalie l adolescente se retirait dans sa chambre en attendant le retour au calme La violence conjugale laquelle elle fut expos e de m me que les confidences de sa m re quant aux comportements de son conjoint ont amen celle ci riger un mur comme m canisme de protection On dirait que j tais la roche genre T sais je n tais pas cassable comme Mais c est a que je voulais aussi f sais je me suis tellement b ti un gros mur l instar des autres participantes Mathilde voque les nombreuses altercations de m me que sa crainte quant aux cons quences de la violence entre ses parents Bien qu elle ait tent quelques reprises d intervenir aupr s d eux afin qu ils mettent un terme la violence qu engendraient leurs disputes elle d plore de ne pas avoir t entendue Je me suis toujours cach e ou comme je ne dis rien je fais juste
81. e r fugie chez une amie qui elle raconte l incident Celle ci fait appel aux policiers Un signalement m ne une intervention des Centres jeunesse et au retrait de l adolescente de son milieu familial Genevi ve est confi e une tante maternelle depuis pr s d un an Par ailleurs bien que notre sixi me participante Zo n ait jamais t victime de violence de la part de sa m re elle fut cependant t moin de plusieurs agressions de la part de cette derni re envers sa s ur a n e I y a eu souvent des crises envers ma grande s ur elle la m re l a battue quand on tait jeune un moment donn ma m re elle l a frapp e avec une brosse t sais je me rappelle elle saignait Zo se rem more un incident alors que t moin d une autre agression de sa m re envers sa s ur elle t l phone son p re et lui demande de venir les chercher Zo se rappelle avoir d clar Ma m re est devenue folle Quelques ann es plus tard c est le nouveau conjoint de sa m re qui utilisera la violence l gard de l adolescente et de ses s urs Zo le d crit de fa on peu flatteuse I est m chant puis il a d j menac ll fait des menaces par rapport la violence l lIl pense juste lui Elle cite en exemple Au d but il battait notre chien genre puis nous on l aimait vraiment moi puis mes s urs on aimait beaucoup ce chien l parce que Comme ma m re elle l avait achet pour nous Ce chien l
82. e seule N gligence affective Mathilde a commenc aller tout down the hill avec ma m re Elle a commenc refaire des drogues Un soir je me suis r veill e dans le lit puis tout ce que je pouvais sentir c tait le pot toute la maison Ma m re tait tellement high elle tait en train de rire Impulsivit dans au moins 2 domaines Toxicomanie Sexualit D pense 74 Rosalie En parlant de sa m re qui l amenait avec elle alors qu elle visitait son amant du moment J tais mal l aise L je sortais de la maison le soir j allais m asseoir sur le balcon parce que je shakais parce que j entendais t sais a me d go tait a me donnait la rage a me faisait mal N gligence sur les conditions de vie Magalie On a commenc manquer d argent tout d un coup Zo Dans ce temps l elle avait un bon travail elle travaillait Montr al puis cause de lui bien elle l a laiss ce travail l puis a a fait beaucoup d gringoler la situation financi re Rosalie Je me faisais c urer l cole en plus t sais Je n avais pas de nouveau linge l sais je n avais pas Je n avais pas toutes les belles choses Ma m re ne m achetait rien ma m re c tait elle l sais je voulais que ma s ur d jeune le malin mon fr re aussi Puis ma m re n amenait pas beaucoup de bouffe Mon p re lui donnait 300 semaine elle amenait 10
83. endance pr matur e Cunningham et Baker 2007 p 23 6 2 3 La n gligence Tel que nous l avons constat lors de nos entrevues la totalit des adolescentes a t victime de n gligence L humeur d pressive et le sentiment de vide dont ont t t moins Zo et Genevi ve chez leur m re respective l absence de r ponse leurs besoins lors de ces pisodes nous am nent penser qu elles aient t victimes de n gligence Alors qu Emma est incapable d voquer des souvenirs heureux au cours des ann es o elle est demeur e avec sa m re Magalie illustre l aspect financier de la n gligence 4 l cole quand j avais besoin d activit s pour les sous des choses comme a bien ma m re elle ne voulait pas payer puis les professeurs bien ils payaient pour moi parce qu ils m aimaient Puis tout a l fait que je trouvais a tellement plate Je voudrais que ma m re s implique plus 52 Plusieurs recherches voquent les s rieuses difficult s prouv es par un parent vivant avec un trouble de sant mentale valuer de fa on ad quate les besoins de son enfant et y apporter une r ponse adapt e Morrisson 1993 dans Boily et al 1998 Ekdahl 1962 dans Boily et al 1998 Selon Marc Boily et ses coll gues 2006 lorsque l tat de sant mentale du parent s av re s rieux les impacts chez l enfant le sont tout autant d autant plus lorsque l environnement familial et social pr sentent certaines lacunes Les
84. ends les escaliers moi je regarde par les barreaux puis l je suis comme Je checke Puis ma m re a un couteau dans les mains puis comme elle va se cacher au toilette puis bien Comme mon p re cogne la porte il est comme Ouvre la Ouvre la Nan Nan Nan puis il sort bien elle elle sort puis Elle voulait comme le provoquer genre elle tait l Vas t en puis bla bla bla Puis l bien ma m re est partie chez son amie avec le couteau c est ce que je me rappelle 31 Regagnant son lit elle est r veill e par la pr sence des policiers alors que sa m re est emmen e dans un endroit qu elle croit tre la prison Selon Emma bien que les agents aient tent de normaliser la situation elle souligne avoir r alis et ce d s son plus jeune ge la singularit des v nements de violence survenant dans son milieu familial Mes amis comme leurs parents sont corrects t sais ils sont super fins puis tout a Puis l bien moi quand j ai vu a j ai fait T sais non ce n est pas normal Bien que ses parents aient mis un terme leur relation alors qu elle tait g e de 12 ans cette situation se r p tera quelques occasions au cours des ann es suivantes L adolescente d plorant la succession de conjoints violents dans la vie de sa m re C tait tout le temps comme un l deux mois apr s comme un autre un autre Moi a m nervait check Des fois elle me racontait des aff
85. entre elles b n ficiaient des services des Centres jeunesse les choix de ces milieux font suite une d cision du personnel clinique de cet organisme PARTICIPANTES jE FRATRIE RANG DANS MILIEU MILIEU FAMILLE A DEJA ETE LA MATERNEL PATERNEL D ACCUEIL CONFI E FAMILLE ou beau p re ou confi e EN FAMILLE Tiers D ACCUEIL Magalie 1 demi fr re ler Genevi ve 2 demi s urs i me Zo l s ur demi s ur Mathilde 3 s urs demi soeur Rosalie 5 ans demi s ur demi fr re Emma 5 fr re 5 2 Les adolescentes et la vie conjugale de la m re Alors que quatre des six adolescentes que nous avons rencontr es ont reconnu une certaine long vit des relations amoureuses de leur m re avec le conjoint celles ci s av rent souvent dysfonctionnelles empreintes d pisodes de rupture et de r unification ainsi que de violence L ensemble des participantes a cependant v cu la s paration du couple form par leurs parents au cours de leur enfance Deux d entre elles doivent galement composer avec la pr sence successive de partenaires masculins dans la vie de leur m re Nous ne pouvons toutefois pr sumer de l influence des caract ristiques sp cifiques du trouble de personnalit limite comme facteurs de risque dans l chec des relations amoureuses 5 3 Les adolescentes t moins de violence conjugale Toutes les participantes ont affirm avoir t expos es la violence conjugale t moignant de la pi tre
86. ents sont aujourd hui accessibles afin d am liorer la qualit de vie des personnes aux prises avec ce d ficit en apprentissage motionnel Tortosa 2006 p 45 Les probabilit s qu une personne pr sentant un trouble de la personnalit limite connaisse l exp rience de la parentalit sont les m mes que chez celles n ayant aucun diagnostique de sant mentale Boily St Onge et Toutant 2006 On le sait aucun mode d emploi n accompagne l arriv e d un enfant Si pour la plupart des parents ce r le s av re une exp rience enrichissante et stimulante malgr son lot de responsabilit s pour d autres il peut devenir une source de stress importante qui conjugu e d autres facteurs de risque am nent une dysfonction du syst me familial Caract ris par des changements d humeur fulgurants des difficult s relationnelles d une grande instabilit ainsi que de l impulsivit le trouble de personnalit limite en contexte de parentalit peut alt rer les capacit s du parent r pondre ad quatement aux besoins de son enfant et lui assurer la stabilit et la s curit n cessaires son plein panouissement Ce projet de m moire d crit la complexit du trouble de personnalit limite ses causes ses caract ristiques et ses effets Il propose non seulement d identifier les facteurs de risque associ s l exercice de la parentalit dans un contexte o le parent est aux prises avec cette pathologie m
87. ept et onze ans issus d une famille monoparentale dont la m re pr sente un trouble de personnalit limite et b n ficiant des services des Centres jeunesse de l Outaouais CJO une premi re entrevue r alis e aupr s d un gar on de sept ans nous a contraint modifier ce crit re Les difficult s prouv es par ce dernier se rem morer les pisodes marquants survenus dans sa petite enfance ont motiv cette d cision D autre part la richesse du t moignage de notre seconde participante un peu plus g e nous a amen revoir nos crit res de s lection et 21 orienter notre recherche sur la perception d adolescentes de leur relation avec une m re pr sentant un trouble de personnalit limite tout en maintenant les exigences initiales quant l environnement familial et l implication des services institutionnels La population de cette tude est donc constitu e de six jeunes filles g es entre 12 et 15 ans issues d une famille monoparentale et ou recompos e dont la m re a re u un diagnostic de trouble de personnalit limite et b n ficiant des services des CJO Le crit re d inclusion quant au diagnostic tait pr alablement v rifi aupr s des intervenants assign s au suivi de la famille afin de nous assurer qu il avait t mis par un psychiatre Les crit res d exclusion d clinaient les r f rences des adolescentes dont la m re n avait pas re u de diagnostic de trouble de personnalit limite de la p
88. erme parentification lorsqu elles abordent leur histoire de vie une multitude d exemples viennent appuyer l id e qu elles soient impliqu es dans ce processus La parentification ou l inversion du r le parental survient lorsque le parent prouve de la difficult exercer ses r les sociaux el surtout son r le parental l enfant peut tre amen assumer des t ches et des r les normalement attribu s une personne adulte Boily et al 2006 p 132 Selon les donn es recueillies la parentification semble tre l une des cons quences les plus fr quentes chez les adolescentes dont la m re est aux prises avec 38 un trouble de la personnalit limite Chacune des participantes a de fait clairement exprim le r le parental exerc aupr s de leur m re et de leur fratrie Ces adolescentes parentifi es sont appel es recevoir les confidences de leur m re la r conforter et la rassurer tout en priorisant les besoins de celle ci au d triment des leurs Elles adoptent un comportement identique aupr s de leur fratrie veillant la discipline et r pondant aux besoins quotidiens Les r sultats de cette tude font ressortir trois types de parentifcation l adolescente qui exerce un r le parental aupr s de sa m re et qui tente de lui apporter r confort et consolation lorsque cette derni re prouve des difficult s conjugales l adolescente qui impose une discipline ses fr res et s urs veille la pr
89. es parents 11 252 1 Mstore personnelle du parentesi riean a aaa 12 25 Condi ons AO VIE mr dr nain NN out es 12 2 6 Les impacts chez l enfant ayant un parent PL is sans 15 26 t Les troubles de l ATACREMENL 52 les al a O nier 13 2 6 2 Les mauvais traitements et la n gligence 14 2 03 es tronbles decompor enei serceg innn E EE J3 FOA Lax parenn caon Ponies a ei n S ER 16 CHAPITRE IH CADRE OP RATOIRE eeeeeeeesercreeevesstoceorssseseeeeesssresererrrsssesererereneeeeeees 17 1 L troubl de personnalite imite 2 en nee 17 2 kaparen 22 a TEREE one 17 7 5 La monopalen aE Sn in Need 18 FALSE D rCeDHOn del enian SE 18 35 LArelAuon DATCNECRMNE nn nn ed ee 18 CHAPITRE IY ME THODLOG IE nina nimes 20 d L approche M THOdOIOPIQU 2e Ter ter nn ne 20 TS POPU O aiena hole de t re 20 4 1 2 Le recrutement des participantes 21 A 7 3 Cueilettede donn es 2e E E 41 3 1 L entrevue semir STOCU E serri iaee A ee 4 2 Organisation et analys des donnees 341 2 sinus eds irerienne 25 CHAPITRE V PR SENTATION DES R SULTATS eesssesesrceeseeseersesosssosesesoe 25 5 1 Portrait familial des participantes 29 SL Magalie id en nent Rusens 25 STI Gener Ve 2 ner ce ere MoN Mana 26 AD A E E E 26 DA Ma Erana a a a eaa os 26 ES ROS E eeen ETR A O ice 27
90. et Comme le soulignent Mayer et ses coll gues lorsqu on vise la collecte de donn es qualitatives c est probablement le type d entrevue le plus fr quemment utilis Mayer et al 2000 119 Compte tenu de l objectif vis l entrevue centr e sera privil gi e Pr alablement tablis nos th mes seront abord s avec les enfants de mani re leur offrir un espace suffisant pour s exprimer tout en recueillant le contenu n cessaire notre recherche L adolescente sera amen e laborer son histoire de vie compos e des moments marquants depuis sa naissance qu ils soient heureux ou malheureux Dans un premier temps nous tenterons de conna tre les souvenirs partag s par la m re autour de sa venue au monde avant d approfondir chacun des v nements ayant jalonn sa vie l aide de questions sp cifiques nous lui demanderons de les laborer Qu est ce que tu sais au sujet de cet v nement De quoi te souviens tu Comment as tu r agi Qui taient les adultes autour de toi qu ont ils faits Comment ce souvenir se termine t il En quoi cela est il un pisode important S il s agit d un moment plus sombre Quelle a t ta r action Qui taient les personnes pr sentes avec toi Ou ont elles fait Y a t il d autres choses que tu aurais aim qui se passent _ a _ _ _ _ _ aa aaa reaa aa a a OUL Source MAYER Robert OUELLET
91. eur offrir une formation notamment quant la particularit des caract ristiques du trouble de personnalit limite ainsi que les impacts observ s chez les enfants Comme le souligne Lise Laporte Les intervenants en centre jeunesse ne choisissent pas d lib r ment de travailler aupr s d une client le ayant un trouble de personnalit limite Il est donc d autant plus important qu ils soient soutenus dans leur travail L intervention est une entreprise exigeante el m me frustrante en raison des nombreuses strat gies dysfonctionnelles de cette client le sp cialement au plan interpersonnel Laporte 2007 p 104 6 8 Les forces et les limites de la recherche Cette recherche de type qualitatif bien qu elle permette un approfondissement des connaissances quant la perception et au v cu des adolescentes dont la m re pr sente un trouble de personnalit limite comporte quelques d savantages notamment en raison du nombre limit de participantes D autre part alors qu l origine nous avions pr vu un groupe mixte la richesse des premi res entrevues avec des participantes de sexe f minin nous a amen revoir ce crit re 61 Ce mode de s lection nous emp che cependant de conna tre la perception des gar ons face leur relation avec une m re vivant avec un trouble de personnalit limite D autre part la taille de l chantillonnage tant r duite six participantes il nous est impossible de g n raliser nos r
92. evue elle est g e de 15 ans Sa m re a t en relation pendant plus de 13 ans avec un autre homme duquel sont n s deux enfants g s aujourd hui de trois et dix ans et dont elle est s par e depuis pr s d un an Lors de notre entrevue et en raison de l instabilit mentale de sa m re Rosalie demeure chez son beau p re avec son demi fr re et sa demi s ur Cependant elle est toujours pr te voler au secours de sa m re et tente de lui venir en aide Au cours des semaines qui suivront notre rencontre Rosalie fuguera de la r sidence de son beau p re pour se r fugier chez sa m re laquelle gardera le silence sur la pr sence de sa fille son domicile C est au moment d une perquisition de drogues chez cette derni re que l adolescente sera retrouv e et h berg e en centre de r adaptation 5 1 6 Emma Emma est g e de 15 ans Elle est l a n e d une famille de deux enfants Ses parents se sont s par s alors qu elle tait au d but du primaire Bien qu elle ait fait l objet d une garde partag e l instabilit mentale de sa m re de m me que ses tentatives de suicide r p t es ont men la Directrice de la protection de la jeunesse la confier son p re Depuis les visites avec sa m re demeurent supervis es au bureau des Centres Jeunesse 5 1 7 Tableau illustrant le milieu de vie des participantes Le tableau ci dessous illustre le milieu de vie des participantes au moment de nos entrevues Comme chacune d
93. fants que l on devrait prot ger sont amen es endosser trop t t de lourdes responsabilit s ce qui entrave leur d veloppement motionnel B lisle 2005 Dans le but de pr server l hom ostasie familiale l enfant aura comme fonction de soutenir son parent devenir le parent du parent Il s en d gage une relation tr s intense d amour et de haine dans la dyade pathologique parent enfant B lisle 2005 p 17 Alors que cette tape de sa vie devrait tre marqu e par l insouciance et les jeux l enfant dont le parent est aux prises avec un trouble de personnalit limite vit dans l incertitude et la confusion Bien qu il soit relativement ais pour l adulte confront l adversit de rechercher voire d obtenir l aide n cessaire il en va tout autrement pour l enfant Ne pouvant compter que sur Ses ressources personnelles celui ci est souvent contraint vivre dans l isolement et la solitude Boily et al 2006 Par ailleurs les enfants sont souvent tenus peu inform s de la condition du parent ce qui peut susciter chez ces derniers de nombreuses interrogations Drolet 2011 minente p dopsychiatre le Dre Fr d rique van Leuven s int resse depuis plusieurs ann es l accompagnement des enfants dont le parent pr sente une maladie mentale Selon elle il est n cessaire de faire preuve de franchise tout en fournissant des r ponses adapt es l ge de l enfant Ce qui est bouleversant pour ce dernier
94. ie mentale Service social vol 47 n 3 4 1998 p 247 287 http id erudit org iderudit 706802ar BRUNET L 2011 Guide d intervention aupr s des enfants des adolescentes et adolescents expos s la violence faite aux femmes Action ontarienne contre la violence faite aux femmes Sant Canada aocvf ca documents Guide EE 2011 AOcFVF pdf Page consult e le 20 octobre 2012 Comit permanent de lutte la toxicomanie 2004 Les enfants r silients de parents affect s d une d pendance Bilan des connaissances et le ons pour l intervention http www hc sc gc ca ahc asc alt_formats hecs sesc pdf pubs drugs drogues child resilient enfant resilent enfants resilients _f pdf Page consult e le 22 mai 2008 CUNNINGHAM A BAKER L 2007 Petits yeux petites oreilles comment la violence envers une m re fa onne les enfants lorsqu ils grandissent London centre for Children amp Families in the Justice System http www lfcc on ca petits veux petites oreilles pd Page consult e le 22 juillet 2012 DOYLE A MORETTI M BRENDGEN M BUKOWSKI W 2003 Relations parents enfants et adaptation pendant l adolescence Constatations tir es du troisi me cycle de l enqu te HBSC et du deuxi me cycle de PELNEJ Sant Canada Ottawa Canada http www phac aspc oc ca hp ps dca dea publications per rpe index fra php mat Page consult e le 13 ao t 2009 DROLET M 17 f vrier 2011 L impact de la maladie men
95. ieu de nous parler elle pense puis elle reste comme toute seule avec ses pens es en dedans Victime de violence physique verbale psychologique Magalie J avais fais des toasts mais genre je les trouvais Ma m re elle gueulait apr s parce que Bien je lui ai dit ma m re que les toasts taient trop br l es On a commenc se chicaner C tait un matin d cole Ma m re disait d p chez vous Puis l elle criait puis elle nous chialait Je me suis mise en petite boule dans le coin de la cuisine C est quand je me suis relev e puis elle m a donn un coup de pied dans l il genre puis j ai commenc saigner Elle sa f chait tellement vite Tu lui parles puis l un moment donn elle arrive puis l comme tu dis quelque chose puis l woups Elle se f chait C tait impressionnant voir l Les mots qu elle sort a fait vraiment mal Comme des vaches des p tasses puis des affaires de m me Elle me disait a puis elle le Col res intenses ou inappropri es 84 dit encore a me touche Ma m re la communication c est vraiment difficile Je veux lui parler je veux prendre des discussions mais c est vraiment difficile parce que si je commence parler bien elle prend a comme un d faut genre Puis l ma m re se revire contre moi puis l c est moi qui se fait chicaner Mathilde On ne peut pas parler 2 minutes sans se
96. iff raient quant la gravit de l agression Paris 1996 p 181 D autre part on d note une proportion plus lev e d agresseurs multiples chez les victimes aux prises avec un trouble de personnalit limite que chez celles pr sentant d autres troubles de la personnalit soit 35 contre 14 Paris 1996 Ind pendamment de ces l ments c est l agression sexuelle qui distingue les patients limites des patients non limites en d clenchant des m canismes psychologiques particuliers Paris 1996 p 182 Par ailleurs les r sultats de la recherche d montrent galement que le traumatisme est l un des nombreux facteurs d importance dans l tiologie des troubles de la personnalit limite Paris 1996 p 183 particuli rement au sein du sous groupe de patients ayant subi les agressions les plus graves De ce nombre il est toutefois important de tenir compte de certaines pr dispositions biologiques qui rendent le sujet plus sensible aux effets du traumatisme et des effets cumulatifs pos s par une exposition de multiples risques Paris 1996 p 184 Pour certains chercheurs le trouble de personnalit limite s apparente une forme chronique d tat de stress post traumatique alors que les exp riences traumatiques v cues durant la jeune enfance s av re la principale cause du d veloppement de cette pathologie Herman et Van Der Kolk 1987 cit par Paris 1999 2 2 D finition du trouble de person
97. ile pas Je me sens mal de lui avoir demand de venir pendant qu elle elle ne file pas l Pour Mathilde la consommation de drogues de sa m re et les impacts reli s celle ci ont s rieusement entach leur relation Un soir je me suis r veill e dans le lit puis tout ce que je pouvais sentir c tait le pot dans toute la maison Ma m re tait tellement high elle tait en train de rire L adolescente affirme r ver d une m re abstinente et dont le comportement serait l oppos de ce qu elle conna t actuellement En raison des difficult s dans chacun de ses milieux parentaux et l instar de ses quatre s urs cadettes Mathilde a t h berg e en famille d accueil pour une p riode de six mois Alors que les contacts avec sa m re se d roulaient sous supervision celle ci a maintes fois omis de se pr senter et ce bien qu elle ait pr alablement confirm sa pr sence Au moment de notre entretien trois mois s taient coul s depuis la derni re visite entre Mathilde et sa m re Selon l adolescente cette absence serait attribuable la consommation de drogues de cette derni re D autre part Mathilde a galement t inform e 1 y a quelques mois des intentions de sa m re de recourir la Cour sup rieure afin d obtenir la garde exclusive de sa jeune s ur Alicia fille biologique de son conjoint actuel Elle va en Cour pour avoir Alicia avec John ma s elle ne fait rien pour nous Puis c est juste cause
98. ion de l identit instabilit marqu e et persistante de l image ou de la notion du soi e Impulsivit dans au moins deux domaines potentiellement dommageables pour le sujet par exemple d penses sexualit toxicomanie conduite automobile dangereuse crise de boulimie e R p tition de comportements de gestes ou de menaces suicidaires ou d automufilafions e instabilit affective due une r activit marqu e de l humeur e Sentiments chroniques de vide e Col res intenses et inappropri es ou difficult s contr ler sa col re e Survenue transitoire dans des situations de stress d une id ation pers cutoire ou de sympt mes dissociatifs s v res Lalonde et al 1999 p 672 Pr cis ment il s agissait d identifier dans chacune des entrevues effectu es aupr s des participantes les extraits illustrant les manifestations de ces sympt mes chez leur m re afin d en relever les impacts selon la perception des adolescentes IT est noter qu en aucun temps celles ci n ont eu identifier les sympt mes du trouble de personnalit limite puisque nous avions 24 plut t opt de les relever nous m mes en fonction de leur r cit Cependant comme la r alit est plus riche et plus nuanc e que les hypoth ses qu on labore son sujet Mayer et al 2000 p 189 certains propos soulev s par la majorit des participantes nous ont amen largir notre analyse au del des impacts des sympt mes eux m me
99. j ai eu de la rage c est s r que la rage La rage par dessus la t te ma m re mon p re tout le monde Je te le dis je les aurais bombard s 94 Compr hension En lien avec l tat de sant mental de sa m re Emma souligne T sais c est elle qui est malade ce n est pas moi Fait que pourquoi je l couterais Elle ajoute Bien c est dans son cerveau t sais c est qu est ce qu elle pense qui n est pas vraiment vrai ou elle essaie de nous manipuler Soutien re u Soutien familial Questionn e savoir quelles sont les personnes dans son entourage qui peuvent tre un soutien Magalie affirme Ma grand m re a toujours t l pour nous aider autant financi rement que physiquement Ma grand m re elle m adore vraiment fait qu elle ferait n importe quoi pour moi pour m aider quoique ce soit Cependant lorsque nous v rifions si sa grand m re est une confidente Magalie souligne Z faut vraiment que je parle plus aux intervenants oui ma mamie c est une personne que j aime mais ce n est pas une grande confidente Elle est l pour me donner le comme on peut dire le reste d amour qu il mangue dans mon c ur Soutien social Soutien professionnel Magalie Ce qui m a le plus aid e bien comme c tait plus la DPJ le Centre jeunesse c tait plus eux que je pouvais C tait comme mes psychiatres comme on peut dire je leur parlais souvent J appelle souvent M lissa intervenante J ai son
100. jacente cette tude est la suivante Quelle est la perception de l adolescente de sa relation avec sa m re lorsque cette derni re pr sente un diagnostic de trouble limite de la personnalit Nous tenterons galement d apporter une r ponse aux questions suivantes Est ce que les adolescentes dont la m re pr sente un trouble de personnalit limite sont risque de conna tre un trouble de l attachement Est ce que les adolescentes dont la m re pr sente un trouble de personnalit limite sont risque d tre victimes de mauvais traitements et de n gligence Est ce que les adolescentes dont la m re pr sente un trouble de personnalit limite sont risque de d velopper des troubles de comportement Est ce que les adolescents dont la m re pr sente un trouble de personnalit limite sont risque d tre parentfifi es Nous croyons que cette recherche nous permettra non seulement d obtenir une meilleure compr hension de la r alit de ces jeunes filles dont la m re est aux prises avec cette pathologie mais galement d entamer un processus de r flexion face la n cessit de leur offrir des services de qualit s et adapt s leurs besoins CHAPITRE II CADRE TH ORIQUE e a Chaque personne est unique chacune d elle se distingue par une multitude de traits de personnalit Cependant pour des raisons encore difficiles tablir il arrive que ces traits solent inadapt s et inflexibles de sorte
101. jeunesse de l Outaouais Bien que nous puissions penser qu il va de soit que le signalement les concernant ait t achemin en raison des l ments de n gligence ou de maltraitance dans leur milieu familial il est important de pr ciser que nous ne d tenons aucune donn e nous permettant de confirmer ou d infirmer cette hypoth se ceci en raison notamment de la confidentialit de leur situation 46 Les r sultats de ce m moire r v lent que l ensemble des adolescentes pr sente un contexte similaire notamment quant la violence conjugale dont elles furent t moins et aux agressions dont elles ont fait l objet que ce soit de la part de leur m re ou du conjoint de cette derni re Par ailleurs cette recherche d montre la pr sence de n gligence chez les S X participantes De plus trois adolescentes furent victimes d agressions physiques de la part de leur m re alors que chez deux participantes le conjoint de cette derni re demeure le principal auteur de ces actes de violence La parentification s av re galement une cons quence omnipr sente au sein de la dynamique familiale de ces derni res ce sujet et en raison de la diversit du r le de l adolescente dans les diff rentes sph res familiales nous avons relev trois types de parentification Alors que deux semblent repr senter les r actions des participantes visant palier aux lacunes maternelles le troisi me semble tre attribuable l immaturit ainsi qu a
102. l mes motionnels et de comportement Boily et al 2006 p 95 2 5 2 L histoire personnelle du parent Les exp riences relationnelles v cues pendant l enfance fa onnent l identit et influent sur l accomplissement du r le parental Boily et al 2006 p 97 Entre 53 et 97 des adultes pr sentant un trouble de sant mentale auraient t t moins ou victimes de violence Bo ly et al 2006 Selon certaines tudes le d veloppement de la personnalit limite serait indissociable d une probl matique interpersonnelle et interrelationnelle Kernberg 1976 Kohut 1971 Malher 1971 La personnalit limite serait un produit de la famille d origine le d veloppement de l autonomie de l enfant mena ant le syst me de d fense d j fragile des parents am neraient ces derniers approuver et gratifier le comportement de r gression vers la d pendance et l immaturit de l enfant En tentant d acqu rir son ind pendance l enfant aurait vu ses parents le surprot ger ou l ignorer avec une coupure affective dans le lien qu ils avaient avec lui L enfant aurait d velopp une fragilit au niveau de son estime de soi il aurait un sentiment d tre incapable et craindrait d tre abandonn il exp rimenterait une carence affective de la rage et une augmentation de son anxi t qui pourrait devenir intense B lisle 2005 p 16 C est au cours de la petite enfance que le parent pr sentant un trouble de per
103. la n gligence de la m re Zo explique avoir tent de prot ger sa jeune s ur qui sombrait dans la d linquance Elle souligne cause d eux ma s ur tait devenue comme a puis je voulais que a arr te parce que je l aime ma S ur c est ma S ur Mathilde Ma m re est revenue puis elle m a dit qu elle tait enceinte mais elle ne l a pas dit mon p re Questionn e savoir les raisons pour lesquelles sa m re lui a confi sa grossesse Mathilde nous r pond je ne sais pas Elle me dit beaucoup de choses On s entendait bien puis elle me dit tout puis moi je peux tout lui dire Des fois elle pleurait alors j essayais de l aider puis d oublier tout a J ai fait beaucoup pour Am lie j ai fait beaucoup pour mes s urs j essaie d aider Rosalie Elle trouvait que j tais assez vieille pour m en parler des choses de m me Fait que l j ai su ce que ma m re ressentait Rosalie tait alors g e de 4 5 ans En parlant de sa m re qui quittait toute la semaine pendant que son p re travaillait l ext rieur de la r gion Je venais d avoir mon 13 ma s ur avait an et demi mon fr re avoir quoi 6 9 ans J ai commenc les lever On dirait que c est l que j a commenc me sentir bien parce que j avais de la stabilit parce que c est moi qui l avais form ma stabilit J ai tout le temps d pendu sur moi Je me levais le matin puis il fallait que je trouve une gar
104. le Incompr hension Magalie Une fois je gardais chez ma tante puis l bien j ai gard plus longtemps que pr vu Fait que l ma m re m avait appel puis elle a commenc me chialer apr s Puis la c est rendu une longue histoire puis l je pleurais puis je shakais puis j avais peur Puis l ma m re elle a dit je vais appeler la police parce que je veux te menacer l je vais dire que t a t kidnapp Suite une intervention polici re alors que sa m re a brandit un couteau avant de se sauver chez une voisine Emma relate Ms les policiers ils ont dit qu ils ont trouv ma m re 87 qu elle tait comme en prison genre puis que c tait normal Puis ils essayaient de nous faire sentir comme si c tait normal mais a ne l tait pas Isolement Magalie Je pense que c est vraiment important d avoir quelqu un avec qui parler parce que moi c tait quand j tais plus jeune c tait quand m me dur de ne parler personne Magalie nous confie qu au d but alors qu elle assiste aux crises entre sa m re et son conjoint il n y a personne de pr sent dans sa vie pour l aider Impuissance Face la violence de sa m re envers sa s ur Zo affirme qu elle ne pouvait rien faire je ne comprenais pas moi je ne voulais pas que a arrive puis je voyais juste ma s ur pleurer je restait pas mal dans mon coin Je sais que je n ai pas intervenu je ne pouvais rien faire
105. le milieu maternel dans un proche avenir Elle affirme cependant prouver une certaine rancune envers sa m re qu elle tient responsable de la d gradation de la situation familiale 5 1 4 Mathilde Mathilde g e de 14 ans est l a n e d une famille de cinq filles Bien que la benjamine soit issue d une relation de sa m re avec un autre homme le p re de Mathilde est reconnu l galement dans la vie de cette enfant Au moment de notre entrevue ses parents sont s par s depuis pr s de deux ans Au cours de leurs ann es de vie commune l adolescente a t t moin de nombreux incidents de violence conjugale et de l impr visibilit de l humeur de sa m re Au moment de la rupture les parents se partageaient la garde des enfants Cependant les nombreux conflits entre ces derniers de m me que la consommation de drogues de la m re ont men au retrait des enfants de leur milieu de vie l instar de ses s urs Mathilde a t h berg e dans une famille d accueil pendant six mois avant de r int grer le milieu paternel Les contacts avec sa m re demeurent supervis s au bureau des Centres jeunesse Bien qu la suite de nombreuses absences celle ci doive confirmer sa pr sence aux visites elle omet fr quemment de se pr senter Cette situation cr e de s rieux impacts chez Mathilde et ses s urs 5 1 5 Rosalie Rosalie est issue d une relation ant rieure de sa m re et n a jamais connu son p re Au moment de notre entr
106. les statistique http www mfa souv ac ca fr publication Documents SF stat famille enfant pdf Page consult e le 24 septembre 2009 Organisation mondiale de la sant http www who int mediacentre factsheets fs220 fr Page consult e le 24 mai 2008 SERON C DELVAUX J 2007 Quand les enfants portent les valises de leurs parents htip www enmarche be Societe Famille Adultisme htm Page consult e le 30 septembre 2009 VALL E C 2004 La parentalit au quotidien Revue Le partenaire vol 12 no 1 automne 2004 hup uv agrn sn ore partenmre pubhications 2004 12n ndf Page consult e le 22 avril 2012 VAN LEUVEN F 2007 Docteur je voudrais savoir quelle maladie ma m re Enfances amp Psy volume 4 no 37 2007 http www cairn info revue enfances et psv 2007 4 page 29 htm Page consult e le 6 ao t 2012 70 ANNEXE I Gatineau le 23 octobre 2009 Madame Marie Claude Sirois Les Centres jeunesse de l Outaouais 105 rue Sacr C ur Gatineau Qu bec Objet M moire de ma trise Madame uvrant au sein de votre tablissement depuis quelques ann es j ai t m me de constater les difficult s intervenir aupr s de parents aux prises avec un diagnostic de trouble de la personnalit limite Soucieuse de la r alit et du quotidien de leurs enfants j ai entrepris en septembre 2006 une ma trise en travail social l Universit du Qu bec en Outaouais Depuis la totali
107. lit dont 78 femmes et 61 hommes pr sentant un trouble de personnalit limite alors que 72 femmes et 60 hommes arboraient d autres diagnostics l Axe IL principalement du groupe C d montre que les personnes vivant avec un trouble de personnalit limite font beaucoup plus souvent tat d exp riences traumatiques subies durant l enfance que les individus de groupes comparatifs de patients atteints d autres troubles de la personnalit Paris 1996 p 180 On d note que 70 des femmes et 45 des hommes ont reconnu avoir t victimes d agressions sexuelles au cours de leur enfance contrairement 45 des femmes et 25 des hommes aux prises avec d autres troubles de personnalit Paris 1996 Les r sultats quant aux mauvais traitements physiques se sont av r s similaires les personnes vivant avec un trouble de personnalit limite affirmant avoir subi des s vices une fr quence plus lev e bien que on d note chez l ensemble des patients tous types de troubles de personnalit confondus un historique de mauvais traitements Paris 1996 Par ailleurs l examen des autres mesures param triques des agressions d montre qu un sous groupe important soit environ 25 des femmes pr sentant un trouble de personnalit limite font tat d agressions sexuelles graves caract ris es par la p n tration l usage de la force et la r p tition des agressions et que chez les deux sexes les groupes diagnostiques d
108. menc se couper maintes occasions les adolescentes ont exprim leur peine et leur impuissance envers la conduite de leur m re Tel que le souligne Boily View et Morrissette 1998 la tristesse devant l impuissance du parent s en sortir devant la propre incapacit de l enfant prendre la rel ve devant le suicide ou les gestes suicidaires du parent lesquels provoquent de grandes peines Boily et al 1998 p 274 Les propos de Zo illustrent clairement les impacts de la maladie mentale sur la relation parent enfant Face aux comportements et l instabilit de sa m re l adolescente souligne je me suis beaucoup loign e de ma m re Je la laissais faire dans son coin Il demeure cependant important de nuancer l impact d un probl me de sant mentale sur le lien d attachement Selon Marc Boily et ses coll gues l ge de l enfant au moment de l apparition des troubles constitue d ailleurs un facteur d terminant de la r silience Bo ly et al 2006 p 124 le pronostic tant davantage optimiste lorsque celui ci est plus g et a acquis au cours de sa jeune enfance un attachement solide Nos entrevues nous emp chent cependant de corroborer cette affirmation en raison du jeune ge des participantes lors des premi res manifestations du trouble de sant mentale de leur m re dans leur vie la majorit d entre elles en ayant t t moin entre l ge de quatre et sept ans 49 6 2 Les mauvais traiteme
109. ment donn il ne fallait pas que je garde a en dedans de moi M canisme d adaptation Rosalie Ce que je me disais c est qu il y en a qui vivent pire Fait que l je priais pour eux autres je priais pour le monde qui vivait pire Rosalie nous confie avoir ressenti norm ment de rage face la maladie de sa m re toutefois elle affirme Je me trouvais des mani res de me calmer Questionn e savoir lesquelles elle pr cise Aller coucher ma s ur coucher mon fr re aller couter la t l le soir bien calme fumer une cigarette a me calmait de ma journ e de fou je fumais un cartoon en 4 5 jours En regard avec ce qu elle a v cu et le fait qu elle a gard le silence pendant des ann es s en s ouvrir qui que ce soit Rosalie explique Je ne voulais pas en parler c tait top secret c tait my life Ce n tait pas la vie personne d autre Puis moi on dirait que toute l information que je donnais le monde l utilisait pour m craser En prenant soin de son fr re et de sa s ur Rosalie prenait soin d elle J aimais a Parce que dans le fond moi je n ai jamais 96 v cu a Fait que J aimais a j aime offrir aux autres ce que moi je n ai jamais pu avot Je n aurais pas t capable de passer travers de a sans eux autres Je le sais c est eux autres qui me faisaient sourire C est eux qui me donnaient le go t de continuer de suivre mon Chemin Le futur de Ros
110. n erana iS GLa parent N ANONE 2 a a A E a eee 53 6 5 Lis olement et Iso tue 22 RUN E EEEE AAE 55 OO LA CONTE reen A EE E OEE ET TA te 57 OT Fine tventuon ets a nd do A A 58 08 Les lniuies d TaTECh reNEs Le nn issues E E 60 CONCEUSION SL nm nero ceenhene tanins den diner entente cena aneuetee 62 R F RENCES BIBLIOGRAPHIQUES neeeseesenereneroseresererercrereoresesesseereesesrsereseeeeree 64 ANNEXE Donceieaiysoni ra a E E E a 70 ANNEN E Ii ecri E N D EE NA 71 ANNEXE Mirena eE a E NEE EEEE 72 ANNEXE IN ss E E e E 050009602090 DR 000000000000 2 500080060040 040006600660 0066208560 Re REMERCIEMENTS Choisir de faire une ma trise s av re souvent une d cision bien personnelle parfois n cessaire au plan professionnel Cependant le chemin pour y parvenir ne peut se faire seule J aimerais remercier sinc rement les personnes qui ont su m accompagner pendant ce long et parfois sinueux parcours Tout d abord ma directrice de m moire madame Annie Devault qui a g n reusement et gentiment accept de m orienter et me guider m me dans les moments o je perdais le nord Le soutien la rigueur l coute et la compr hension qu elle a su m offrir tout au long de ces ann es m ont permis de continuer croire en ce projet Je tiens galement remercier madame Denyse C t dont la disponibilit et les encouragements m ont galement amen e pers v rer lors des nombreuses impasses qui ont jalonn ma route
111. n pouvoir sur leur vie Tel que le souligne Magalie a aide passer au travers parce que tu peux te confier un peu puis aussi a peut t aider changer le cours des choses Comme a d pend avec qui quelle sorte d intervenantes tu parles mais comme moi avec ici bien je pouvais changer les choses L adolescente voque galement la compr hension d montr e par son intervenante Elle me comprend dans toutes les affaires Comme des fois j ai honte de moi ou des choses comme a puis l je lui en parle puis bien elle me rassure dans le Jond Mais quand j tais plus jeune je pense que c tait Oui c est diff rent mais on dirait que je n avais pas le m me soutien que j en ai l l Bien que pour sa part Emma se soit d abord montr e r ticente envers les services psychosociaux qui lui taient propos s elle en reconnait aujourd hui les retomb es positives la disponibilit de son intervenante lui ayant permis de laisser tomber ses r serves H faut que quelqu un te force passer au travers Il faut que tu ailles une personne qui soit l tout le temps pour toi Emma souligne galement Bien ils les intervenants ont essay de me trouver des moyens passer au travers lls ont essay d tre pour que je suis comme Je ne sais pas comment expliquer l comme en s curit I serait cependant important d outiller davantage les intervenants appel s travailler aupr s de ces familles et de l
112. n trouble de personnalit limite en est ses premi res armes notre connaissance peu d organismes offrent une intervention adapt e leurs enfants Bien que la plupart des tudes d montrent que le d pistage et l intervention pr coces aupr s des familles dont l un des parents poss de un diagnostic de maladie mentale permettent de diminuer les impacts chez les enfants les ressources actuelles demeurent peu nombreuses Malgr cette lacune et la m connaissance des intervenants quant la probl matique du trouble de personnalit limite en contexte de parentalit et de ses impacts sur l enfant l ensemble des participantes interrog es ont reconnu les aspects positifs des services dispens s de la part des Centres jeunesse de l Outaouais ainsi que du CSSS de leur secteur Alors que cinq adolescentes sur six ont exprim leur satisfaction face l intervention des professionnels de ces organismes dans leur vie une seule regrette les confidences chang es lors de la visite des intervenantes dans son milieu scolaire Les t moignages recueillis nous permettent galement d tablir les conditions n cessaires la r ussite de l intervention aupr s de ces adolescentes l tablissement d un lien de confiance qui repose sur la disponibilit l coute ainsi que l int r t d montr par les professionnels appel s intervenir aupr s d elles leur a permis de passer d un tat d impuissance au sentiment de d tenir 60 un certai
113. nalit limite Reconnue comme tant l une des pathologies psychiatriques les plus fr quemment observ es dans la pratique clinique en Am rique du Nord Lalonde et al 1999 Paris 1996 le trouble de personnalit limite tel que d finit dans le DSM IV se traduit par un mode g n ral d instabilit des relations interpersonnelles de l image de soi avec une impulsivit marqu e qui appara t au d but de l ge adulte et est pr sent dans des contextes divers comme en t moignent au moins cinq des manifestations suivantes e Efforts effr n s pour viter les abandons r els ou imagin s e Mode de relations interpersonnelles instables et intenses caract ris es par l alternance entre des positions extr mes d id alisation excessive et de d valorisation e Perturbation de l identit instabilit marqu e et persistante de l image ou de la notion du soi e Impulsivit dans au moins deux domaines potentiellement dommageubles pour le sujet par exemple d penses sexualit toxicomanie conduite automobile dangereuse crise de boulimie e R p tition de comportements de gestes ou de menaces suicidaires ou d automutilations e _Insiabilit affective due une r activit marqu e de l humeur e Sentiments chroniques de vide o Col res intenses et inappropri es ou difficult s contr ler sa col re e Survenue transitoire dans des situations de stress d une id ation pers cutoire ou de sympt mes dissociatifs
114. nge dans la s cheuse le matin il aimait a s habiller chaud M me l t Fait que je lui mettais son linge dans la s cheuse je lui passais il s habillait je l amenais jusqu l arr t d autobus si je pouvais aller l cole Si tu regardes de ma premi re ann e ma sixi me ann e juste regarder toutes mes absences Je pense que j ai fait quoi deux mois sur toute l ann e l si ce n est pas moins l 40 Bien que l inversion du r le parental ait amen Rosalie assumer un r le et des responsabilit s r serv es l adulte et ce de fa on pr matur e elle retire une certaine satisfaction face cette forme d accomplissement T sais je me suis bien d brouill e pareil l Un peu plus a me manque un peu plus je pourrais dire que a me manque t sais vivre de m me Pour sa part t moin des crises de sa m re Mathilde tente de r pondre aux besoins de sa s ur cadette g e de quelques mois Ma m re fait qu est ce qu elle peut Mais des fois elle est en train de faire puis l moi je suis en train d aider avec le b b Tout ce que je sais faire c tait essayer d aider Alors qu Emma devant les difficult s qu elle per oit chez sa m re n a d autre solution que d all ger ses t ches et de l aider Je me disais ok elle a des probl mes je ne veux pas en rajouter T sais j vais faire de mon mieux pour qu elle aille mieux Elle a donc veill l entretien de la maison tout en
115. ns t profond ment touch s par l ampleur de ces sentiments chez les adolescentes chacune d entre elle ayant reconnu avoir gard le silence face sa dynamique familiale et ce jusqu l intervention de la Directrice de la protection de la jeunesse dans sa vie Ces confidences nous am nent formuler la question suivante Pour chaque enfant signal combien souffre encore en silence En conclusion on peut affirmer que le trouble de personnalit limite en contexte de parentalit s av re un d fi et ce tant pour les parents les enfants que les intervenants Les lacunes au niveau de l intervention rarement adapt e aux parents aux prises avec cette pathologie ainsi que l insuffisance des ressources destin es cette client le et leurs enfants demeurent des enjeux sur lesquels il est urgent de s attarder Bien que l ensemble des participantes aient q g q p p appr ci le soutien des professionnels l implication de ces services survient encore trop souvent lorsque les impacts de la maladie mentale du parent sont observables et mesurables chez l enfant Opter pour la pr vention permettrait certainement de diminuer les cons quences parfois p nibles pour ces familles J arrive conclure que je pr f re quand m me ma vie je laime comme qu elle est pareil Parce que je ne sais pas comme qu ils disent quand on surmonte des mauvaises affaires bien a nous rend plus fort l Magalie 64 R F RENCES BIBL
116. nt rieur de l enfant ce dernier a peu conscience de lui m me ses limites sont floues et il existe une confusion entre ce qui lui 1 appartient et ce qui appartient son parent B lisle 2005 p 15 Dans ce contexte F exercice du r le parental peut s av rer ardu puisque certaines manifestations associ es au trouble de personnalit limite emp chent de maintenir une routine et d atteindre la coh rence n cessaire Boily et al 2006 p 94 Selon Cyr et David les habilet s parentales des personnes aux prises avec ce type de pathologie seraient fr quemment limit es Cyr et David 2001 p 101 Par ailleurs l histoire et les caract ristiques personnelles l environnement et la situation financi re du parent exercent galement une influence sur une situation d j fragilis e par le trouble de la personnalit Boily et al 2006 2 5 Les facteurs de risque pour les enfants Difficile de conjuguer parentalit et trouble de la personnalit Pour Boily et ses coll gues 2006 la pr sence d un probl me de sant mentale chez le parent constitue le principal facteur de risque Plusieurs manifestations de la maladie peuvent les emp cher de bien jouer ce r le et aussi repr senter un risque pour leur enfant Boily et al 2006 p 95 Pour sa part la chercheure Lise Laporte 2007 abonde dans le m me sens quand les capacit s et la disponibilit motionnelle des parents sont limit es le stress et
117. nts et la n gligence Notre seconde question de recherche s articulait autour des risques de maltraitance pour l enfant dont la m re pr sente un trouble de personnalit limite Tel que nous l avons constat lors de nos entrevues quatre adolescentes sur six ont t victimes de s vices physiques et psychologiques parfois m me d une combinaison des deux Bien que plusieurs facteurs environnementaux sociaux et familiaux puissent expliquer la cause des mauvais traitements le trouble de personnalit limite en contexte de parentalit peut en certaines occasions affecter les capacit s parentales de la m re et mener ce type de maltraitance 6 2 1 La violence familiale et les mauvais traitements La famille tant un syst me tous ses membres sont interreli s Quand un membre a un probl me les autres s en trouvent affect s d une certaine fa on des degr s diff rents Craan et Arnaud 2010 p 7 Les m res vivant avec un trouble de sant mentale sont galement plus souvent c libataires cheffes de famille monoparentale et assument seules l ensemble des responsabilit s parentales alourdissant ainsi le fardeau qu elles doivent endosser Alors que quatre adolescentes voquent les agressions physiques et verbales de la part de leur m re deux d entre elles ont galement eu subir la violence du conjoint de cette derni re Chez deux adolescentes sur six le conjoint demeure l unique auteur de la violence physique et ou
118. num ro de t l phone Fait que d s que j en ai besoin je l appelle a aide passer au travers parce que tu peux te confier un peu puis aussi a peut t aider changer le cours des choses Comme a d pend avec qui quelle sorte d intervenantes tu parles mais comme moi avec ici CJO bien je pouvais changer les choses Elle me comprend dans toutes les affaires Comme des fois j ai honte de moi ou des choses comme a puis l je lui parle puis bien elle me rassure dans le fond Strat gie de r silience de l adolescente Mais la personne qui m a vraiment aid e 95 c est partir de 8 ans j ai commenc voir une personne du CLSC a m a beaucoup aid e parce que je parlais de tout et de rien avec cette personne l Puis des fois bien ma f te des affaires de m me elle me donnait des cadeaux parce que ma m re ne m ach te pas vraiment de cadeaux Quant j ai commenc parler avec une intervenante a m a beaucoup beaucoup aid e l Emma souligne avoir re u de l aide d une intervenante du CLSC ainsi que des CIO Hs ont essay de me trouver des moyens pour passer au travers lls ont essay d tre pour que je suis comme Je ne Sais pas comment l expliquer l comme ne s curit Lorsque nous lui demandons ce que ces rencontres lui ont apport es Emma souligne Bien tre moins frustr e comme il fallait que j en parle un mo
119. ofessionnelle ainsi que la disponibilit et le lien d velopp avec leur intervenante Rosalie nie tout bienfait retir de ses confidences sur sa vie familiale aux intervenantes des Centres jeunesse Elle explique sa position par les changements survenus dans sa vie notamment le fait que ce n est plus elle dor navant qui veille au bien tre de sa fratrie sa s ur et son fr re ayant t confi s leur p re la suite de la s paration de sa m re Bien qu elle reconnaisse le bien fond d une telle d cision pour ces derniers elle entretient une certaine amertume face l intervention des Centres jeunesse et son impact sur sa vie Contrairement Rosalie Magalie affirme avoir appr ci l aide re ue par les Centres Jeunesse Ce qui m a le plus aid e bien comme c tait plus la DPJ le Centre jeunesse c tait plus eux que je pouvais C tait comme mes psychiatres comme on peut dire je leur parlais souvent Le lien tiss entre l adolescente et son intervenante semble galement important pour elle J appelle souvent M lissa J ai son num ro de t l phone Fait que d s que j en ai besoin je l appelle propos de son intervenante Magalie pr cise Elle me comprend dans toutes les affaires Comme des fois j ai honte de moi ou des choses comme a puis l je lui parle puis 44 bien elle me rassure dans le fond Pour sa part Emma reconna t l importance et les bienfaits de discuter avec son intervenante
120. omme clat terre quelque part puis elle avait poign un morceau puis elle est all e dans la salle de bain puis elle a commenc se couper Alors qu elle devait se rendre chez sa m re la fin de sa journ e d cole Emma se rappelle avoir longtemps cogn la porte sans succ s C est au moment de l arriv e du conjoint de sa m re que ce dernier aurait fait appel aux policiers Emma se rem more l incident Zs ont d barr la porte ma m re tait vanouie elle tait tomb e sans connaissance dans sa chambre cause qu elle avait pris des pilules pour comme mourir se suicider Parentification Magalie Bien c est parce que ma m re elle me parle beaucoup moi parce qu elle n a pas grand monde avec qui parler Fait que je sais pas mal d affaires d adultes Au retour de Magalie apr s 18 mois o elle tait confi e en famille d accueil sa m re lui a confi sa peine de ne pas les avoir vu grandir son fr re et elle Instabilit affective 76 Il a fallu que je me d brouille souvent toute seule parce que je voyais ma m re elle n tait pas vraiment normale comme on peut dire Souvent je me fais dire que je suis un peu comme la m re mon fr re ou des choses comme a Je me suis souvent occup de Th o J ai comme pris l habitude d avoir telle on peut dire autorit Il a fallu que je me d brouille toute seule parce que justement ma m re il y a
121. omme une m re T sais qui me mettrait en p nitence parce qu elle a appris que j ai fum l cole C tait de m me l Rosalie voque galement les multiples d tails fournis par sa m re quant la violence dont faisait preuve son conjoint envers elle Elle ne se g nait pas avec moi ma m re l Elle n avait pas aucune piti pour ce que comment je me sentais Appel e pr ciser elle souligne Bien t sais elle me disait des affaires qui l affectaient plus puis t sais dans le fond elle dans sa t te a ne m affectait pas l Mais dans le fond a m affectait mais je ne le d montrais pas T sais je ne le d montrais pas je ne sais pas 5 7 Col res et violence des adolescentes Cinq adolescentes sur six nous ont fait part de leur tonnement quant la violence avec laquelle elles expriment leur col re Alors qu Emma tablit un lien entre la maladie de sa m re et l agressivit tout en nous confiant son appr hension face aux probabilit s de d velopper un trouble de sant mentale Rosalie Mathilde Zo et Magalie nous ont d crit avec moult d tails les gestes pos s lorsqu elles sont envahies par la col re Alors que nous v rifions aupr s de Rosalie ses sentiments face la situation familiale celle ci explique Bien j ai eu de la rage c est s r que la rage Ayoye C tait La rage par dessus la t te ma m re mon p re Tout le monde J avais de la rage contre tout le monde Je te le
122. ouffrant du trouble de personnalit limite CHAPITRE V PR SENTATION DES R SULTATS Si l entrevue semi directive comporte de nombreux avantages notamment quant la profondeur du contenu et la diversit des modes d analyse pouvant tre utilis es elle exige du chercheur un certain recul face aux interpr tations spontan es tout en l obligeant d partager ses rep res id ologiques afin d analyser le discours des participantes Mayer et al 2000 Bien qu unique chacune des six entrevues comporte des similitudes La pr sentation des r sultats sera divis e en trois phases Dans un premier temps et afin d tablir une mise en contexte nous dresserons un portrait de chacune des participantes L objectif de cette tude tant de d montrer la perception des adolescentes face leur relation avec une m re pr sentant un trouble de personnalit limite nous rel verons les similitudes contenues dans leur t moignage afin de d nombrer les impacts de cette pathologie dans leur vie Nous aborderons ensuite le soutien dont elles ont b n fici et qui pour certaines d entre elles demeurent toujours actuel Par ailleurs bien que nous avions pr vu au d part pr senter les bons moments partag s entre les adolescentes et leur m re les rares pisodes relat s par celles ci nous ont amen exclure cette section de notre tude 5 1 Portrait familial des participantes Cette recherche n aurait pu s actualiser sans l apport pr
123. paration des repas et l entretien de la maison devant l incapacit de la m re de s acquitter de ces t ches l adolescente appel e jouer un r le de confidente aupr s de sa m re alors qu elle l accompagne dans certaines de ses activit s et qu en entendant les r v lations de sa m re se per oit davantage comme une amie qu une enfant 5 6 1 Quand l adolescente devient le parent de son parent Trois participantes sur six nous ont fait part de leur propension r conforter leur m re lorsque celle ci vit des ruptures conjugales ou des pisodes d pressifs Genevi ve traduit cette situation de la fa on suivante Quand elle dort je la laisse dormir quand elle ne file pas Quand elle est r veill e je reste avec elle On coute la TV ensemble on parle des fois Je fais s re d tre l avec elle pendant qu elle ne file pas Au moment o le conjoint de sa m re mena ait de la quitter l adolescente souligne Pour ne pas qu elle se sente plus seule qu elle l est d j J essaie de lui faire comprendre que je suis l Fait que je reste avec elle Pour sa part constatant l tat de sa m re Emma refusait de lui faire des demandes ou de l informer des difficult s auxquelles elle tait confront e Je me disais ok elle a des probl mes je ne veux pas en rajouter T sais je vais faire de mon mieux pour qu elle aille mieux Pour sa part Rosalie voque les moments o venant de recevoir une racl e par son conjoint
124. partie d un projet futur Laporte et al 2012 p 12 39 Certains organismes institutionnels et communautaires viennent galement en aide aux personnes pr sentant un trouble de personnalit limite et leurs proches alors que Parents Espoir situ Qu bec vise sp cifiquement soutenir les familles dont l un ou l autre des parents vit avec un probl me de sant mentale toute probl matique confondue Selon Catherine Vall e 2004 parall lement aux groupes offerts aux parents il est essentiel d offrir des programmes destin s sp cifiquement leurs enfants permettant de soutenir la r silience et de les amener distinguer le concept de soi de l exp rience de la maladie du parent Vall e 2004 p 18 L intervention psycho ducative s av re la plus efficace et permet la mise en place de changements durables Cette approche ax e sur la communication et l change pr conise la transmission d informations aux enfants quant aux probl mes de sant mentale du parent ainsi que des difficult s qui en d coulent Elle sollicite galement leur participation quant aux discussions au sujet des enjeux de la maladie qui affecte leur parent D autre part elle porte une attention particuli re aux pr occupations des parents en regard de leurs comp tences parentales tout en apportant des r ponses leurs interrogations Beardslee et al 1997b cit par Vall e 2004 p 18 S1 l intervention aupr s des parents pr sentant u
125. ption se d finit comme une prise de connaissance d objets ou d v nements ext rieurs qui ont donn naissance des sensations Le Grand Robert de la langue fran aise Pour Sillamy il s agit d une conduite psychologique complexe par laquelle un individu organise ses sensations et prend connaissance du r el C est une conduite complexe qui se rapporte importance de la m moire et des apprentissages un cadre psychologique de r f rence particulier labor partir de notre exp rience personnelle et sociale Sillamy 1989 p 202 En d autres termes il s agit de l id e subjective que se fait une personne d une situation d une relation ou d un individu 3 5 La relation parent enfant Le terme relation fait r f rence au rapport entre deux personnes De Viller 2005 p 1259 L homme tant un tre relationnel sa relation avec l autre demeure un besoin essentiel une n cessit Les liens qui se forment entre le jeune enfant et ses parents exercent une influence profonde sur son d veloppement physique intellectuel et social ainsi que sur sa personnalit Olds amp Papalia 2001 p 159 Pour cette raison les premi res relations sont essentielles afin que l enfant connaisse un d veloppement optimal D autre part une dyade parent enfant harmonieuse favoriserait l estime de soi et une plus grande autonomie tout en diminuant les risques pour ce dernier de conna tre des probl mes d a
126. qu Alicia c est le b b de John mais elle elle a sign le nom de mon papa sur le certificat Questionn e quant aux sentiments suscit s par cette d marche Mathilde nous confie a fait mal a fait vraiment mal Des fois je ne peux pas trop m endormir parce que tout ce que je peux penser t sais de a comme qu est ce qu elle est en train de faire Est ce qu elle est avec John Est ce qu elle pense Alicia et pas nous Pour sa part Rosalie d plore les nombreuses absences maternelles de m me que les motifs voqu s par cette derni re dans le but de s absenter du domicile familial Moi je la suppliais quasiment pour qu elle m am ne me promener en char avec elle t sais des petites choses qu une m re fille devraient faire ensemble Cependant l adolescente voquera plus tard certains pisodes de son enfance alors que sa m re alors en relation avec son beau p re consent ce qu elle l accompagne chez un amant de passage Elle me sortait avec elle puis elle m amenait avec elle chez son ami T sais elle dormait l elle le soir puis elle disait mon p re qu on dormait chez sa chum Elle dormait l t sais c tait comme J tais mal l aise L je sortais de la maison le soir j allais m asseoir sur le balcon parce que je shakais parce que j entendais t sais a me d go tait a me donnait la rage a me faisait mal 5 6 La parentification Bien qu aucune des jeunes filles maient utilis le t
127. que la personne pr sente un d ficit marqu dans presque toutes les sph res de fonctionnement et prouve souvent une souffrance subjective importante ce qui constitue le trouble de la personnalit Lalonde Aubut Grunberg 1999 p 654 Utilis pour la premi re fois en 1938 par le psychiatre Adolf Stern le terme n vrose tat limite a permis de d crire un groupe de patients pr sentant d importants probl mes de fonctionnement difficiles traiter par les proc d s analytiques conventionnels et dont le diagnostique ne concordait pas avec ceux d j existants Quelques ann es plus tard ses coll gues confront s par la complexit traiter certains de leurs patients et appuy s par diverses th ories d crivant la personne tat limite la fronti re entre la n vrose et la psychose lui embo t rent le pas et utilis rent leur tour le m me pronostic Au fil des ann es le diagnostique de personnalit limite a volu faisant r f rence aussi bien l organisation d une structure de personnalit particuli re qu un fonctionnement de personnalit situ un degr de s v rit interm diaire Linehan 2000b p 16 Les troubles de la personnalit sont divis s en trois groupes les personnalit s du groupe A bizarres ou excentriques du groupe B dramatiques ou motives et du groupe C anxieuses et craintives Faisant partie du groupe B le trouble de personnalit limite est diagnostiqu chez en
128. r elle dormait toute la journ e parce qu elle travaillait le soir nous on allait l cole On la voyait vraiment pas souvent Elle dort tout le temps Quand elle ne file pas trop elle est plus renferm e Elle est poign e sur Je ne sais pas quoi mais elle est renferm e puis elle ne parle presque pas Zo Ma m re elle dormait tout le temps a je le sais que ce n est pas normal Ma m re elle ne faisait jamais rien je pense qu elle l ignorait ou elle pensait qu il tait comme Sup rieur Je pense qu elle est d pendante affective Parce qu une personne saine d esprit ne peut pas laisser son chum ou son mari violenter le chien traiter ses enfants comme des esclaves puis ma m re elle ne faisait rien ou elle s en allait Rosalie Ma m re tait pas souvent mettons elle se trouvait des excuses pour partir les fins de semaine Moi je la suppliais quasiment pour qu elle m am ne me promener en char avec elle l sais des petites choses qu une m re fille devraient faire ensemble Emma Elle avait l aide down tout le temps l t sais commet triste Impuissance Genevi ve Ma m re elle est plut t perdue elle est comme dans son monde Elle n est jamais vraiment comme nous autres Moi je pense qu elle est dans son monde oui cause de cette maladie l cause qu il y a tellement d affaires qui lui passent par la t te qu elle s enferme puis qu elle ne veut pas nous le dire Au l
129. re les deux puis ce n est pas elle qui a fait le choix que je m en aille non plus Elle aurait pr f r que je reste puis que Zo attribue la violence de sa m re envers sa s ur au fait que le p re de cette derni re n tait pas souvent gentil peut tre d une certaine fa on elle la m re n aimait pas elle gardait des mauvais souvenirs de ma s ur Retrait du milieu maternel Magalie Je suis arriv e l cole j ai lev ma main puis j ai dit Madame ma m re m a donn un coup de pied dans l il Elle a appel quelqu un Puis c est l qu ils ont commenc ls m ont trouv une famille puis je suis rest e l pendant un an et Six mois Genevi ve On elle et son beau p re on ne s entendait pas puis j tais l cole un moment donn puis Annick l intervenante des CJO est venue me voir puis elle m a dit que je ne pouvais rester chez nous Fait que le 23 juin je suis partie Ils m ont amen chez ma tante Zo Les Centres jeunesse consid raient ma m re comme incapable de prendre soin de moi et de ma s ur Ma s ur est partie en premier parce qu elle ayait des troubles de comportement Moi je suis partie par la suite 89 parce que la DPJ elle avait justement d couvert notre cas puis ils ont dit que ma m re n avait ni les possibilit s physiques et mentales de s occuper de nous Avec ma petite S ur a a pris un peu de temps pour qu on renoue les liens Parce que
130. rest dans mon cadrage de porte puis je les ai vus courir j ai entendu ma m re crier j ai entendu les beding bedang J ai sorti ma t te mon p re tait quasiment en train de b cher dessus comme un malade Ma m re me disait Bien ton p re me frappe Emma En se rem morant les premi res disputes dont elle fut t moin entre ses parents Je me rappelle des chicanes Ma m re en bas en train de crier pendant qu on dort Elle souligne galement avoir t la confidente de sa m re lors des disputes de celle ci avec l un ou l autre de ses conjoints Des fois elle 9 me racontait des affaires comme elle se faisait battre par son chum L adolescente victime de s vices physiques Rosalie I m en a sacr des coups de poing Mon p re Au point que j ai d j vomi du sang l parce qu il m a frapp deux shots dans le ventre Il m a tra n e genre puis il m a garroch e dans ma chambre puis je n tais plus capable a sortait du sang c tait d gueulasse L adolescente victime de violence psychologique et verbale Magalie Le lendemain matin quand je me suis r veill e il conjoint de la m re est arriv puis il a commenc me gueuler apr s juste de m me Un moment donn il avait fait une grosse igloo avec des tunnels puis il l avait fait juste pour moi Puis j tais tellement contente Mais un moment donn je ne sais pas ce que j avais fait l Mais vraiment pas Puis il es
131. rtag e Au cours de leur s jour chez leur m re un incident viendra modifier cette entente Elle avait poign une chicane avec mon fr re puis elle avait dit comme Va dans ta chambre genre Puis mon fr re il p te des crises tout le temps comme il crie puis il pleure puis il crie puis tout le temps l Fait que ma m re est all e voir dans sa chambre puis elle lui criait puis elle le ba T sais comme elle le cognait puis j ai fait comme Ok c est assez Tu peux t en aller maintenant je pense que c est assez Elle s est frustr e sur moi apr s Fait que l bien elle me donnait des coups de poing elle me poussait elle me frappait puis l j tais comme Ok c est bon moi je vais appeler mon p re puis je vais m en aller comme d ici Je vais partir avec mon fr re Ce n est pas vrai que tu vas toucher mon fr re C est la suite de cet v nement qu Emma fait appel son p re et lui demande de venir les chercher Alors qu ils l attendent la m re d Emma se met boire de l alcool Son verre tombe et clate sur le sol L adolescente la voit prendre un morceau de vitre avant de se retirer dans la salle de bain afin de se taillader les bras Pr sent dans la maison le conjoint de cette derni re tente d ouvrir la porte mais devant son incapacit fait appel aux policiers Une violente dispute clate au sein du couple l arriv e des agents de la paix tous deux seront mis en tat d arresta
132. s J avais des marques icitte icitte vraiment partout Elle m a vraiment varg e dessus C tait la premi re fois que ma m re utilisait de la violence physique sur moi Notre troisi me participante Mathilde galement victime de violence psychologique explique Ma m re fait qu est ce qu elle peut Mais des fois elle est en train de faire comme elle crie puis elle pleure puis tout a comme un nervous brake down ou quelque chose L adolescente souligne que sa relation avec sa m re n a cess de se d t riorer un point tel que depuis plus d un an elles ne peuvent discuter sans se disputer Ma m re est encore en train de faire de la drogue elle veut elle ne nous parle pas Pour sa part bien que Genevi ve n ait subi aucune violence de la part de sa m re elle voque un pisode de sa vie alors qu g e de 10 ans elle accompagne son beau p re lors d une visite sa m re admise dans un centre hospitalier psychiatrique C tait la premi re fois que je la voyais aller l h pital Puis lui il a d cid de mettre a sur mon dos Puis il m a amen e la voir Il m a dit C est de ta faute si ta m re est l h pital C est pas de la faute tes s urs ou moi c est juste la tienne Un an plus tard l agression de ce dernier envers elle conduira son retrait du milieu familial Je sais qu il n tait pas de bonne humeur pour genre aucune id e puis il m a poign e par la gorge Genevi ve s
133. s En effet le partage du quotidien avec une m re pr sentant un trouble de personnalit limite s av rant plus complexe que nous l avions pr vu au d part d autres cons quences se sont impos es la chercheure et ont t ajout es la grille de codification Les th mes abord s furent g n r s par l analyse du discours des adolescentes notamment la violence conjugale et familiale la n gligence la parentification l incompr hension la culpabilit la tristesse et la crainte prouv s par les participantes pr alablement identifi s partir des cons quences des sympt mes de la m re ainsi que l isolement et la col re L application de cette grille de codification l ensemble des entrevues nous a permis de constater que les impacts identifi s taient associ s plusieurs sympt mes du trouble de personnalit limite Nous avons donc effectuer un second regroupement des cons quences de cette pathologie dans la vie des adolescentes Cette seconde segmentation nous a galement permis d obtenir un portrait plus concis et plus r aliste des impacts relev s chez les adolescentes Toutes les entrevues ont par la suite t analys es partir de cette grille de codification voir annexe IV Une fois les entrevues codifi es nous avons t en mesure de d terminer l importance de ces cat gories dans le discours des jeunes filles et de faire tat par le fait m me de leur exp rience de vie avec une m res s
134. s v res Lalonde et al 1999 p 672 2 3 Caract ristiques du trouble de personnalit limite On reconna t une personne pr sentant un trouble de personnalit limite par une grande instabilit motive un comportement impulsif une sensibilit extr me au rejet l abandon et au m pris ainsi que des difficult s g rer et exprimer sa col re Au niveau personnel on d note galement de s rieux troubles de l identit une faible estime de soi et un affect sujet des changements fulgurants Au niveau social les relations interpersonnelles se caract risent par une rare intensit une grande instabilit et sont extr mement chaotiques intenses et empreintes de difficult s Paris 1996 Renaud 2003 Malgr tout la personne parvient difficilement y mettre un terme et tente de fa on quasi fanatique d emp cher les gens de son entourage de la quitter Elle oscille galement entre des positions extr mes de d valorisation ou d id alisation et peut donc passer de l euphorie la crise suicidaire tr s rapidement C est pour cette raison que l on d note une r p tition des comportements suicidaires ou d automutilation chez les personnes vivant avec ce probl me de sant mentale Linehan 2000b Bien que ces comportements soient une fa on pour la personne d obtenir une aide de son r seau familial social ou professionnel afin d viter les situations douloureuses ou de les modifier 75 des patients posent des
135. s de maltraitance sont galement associ s la transmission interg n rationnelle Les ant c dents d abus physique et sexuels subis par le parent au cours de son enfance s av rent autant de facteurs de risque les pr disposant une fois adulte r p ter les gestes de violence Pag et Moreau 2007 Le d veloppement du trouble de personnalit limite prenant incidemment ses assises sur les mauvais traitements subis au cours de l enfance les risques de maltraitance une fois devenu parent seraient d cupl s N ayant pas explor cet aspect au moment des entrevues notre tude ne peut corroborer ces donn es Cependant dans leur dernier bilan paru en 2011 les directeurs provinciaux de la protection de la jeunesse recensent plus de 25 des signalements retenus concernant des enfants victime ou risque s rieux d abus physique Ils d notent galement la concomitance de cette probl matique avec d autres formes de maltraitance notamment la n gligence la violence psychologique ou l exposition la violence conjugale Lorsque le parent s av re le principal auteur des agressions dans une faible proportion il s agit d actes d un adulte fortement troubl au plan psychologique ou souffrant d une maladie mentale Bilan des DPJ DP 2011 Association des centres jeunesse du Qu bec p 9 Les auteures Nicole Tremblay et Isabelle Bergeron abondent dans le m me sens et affirment que la violence envers leurs enfants n est pas ce qui
136. s plus ignorer Alors que la violence familiale et conjugale ainsi que la n gligence sont sans contredits pr sentes chez les six familles desquelles sont issues nos participantes la parentification semble tre l une des cons quences les plus significatives chez les adolescentes que nous avons rencontr es Notre recherche nous a galement permis d identifier trois types de parentification et de les d partager nous permettant de porter un regard diff rent sur la dynamique m re fille Nos r sultats d montrent galement que les caract ristiques associ es au trouble de personnalit limite am nent les a n es endosser un r le d adulte et ce d s leur plus jeune ge L analyse des entrevues nous conduit galement supputer de la qualit du lien d attachement m re fille Une enfance ponctu e de p riodes d instabilit d impulsivit et d impr visibilit de la part du parent suscite l ins curit chez l enfant Les adolescentes que nous avons rencontr es furent maintes occasions les t moins impuissants de la d sorganisation parfois intense de leur m re La r ponse leurs besoins fut galement souvent inappropri e parfois m me ignor e Ces l ments nous am nent supposer d un attachement ins curisant de type anxieux vitant D autre part malgr la recension des crits traitant de l isolement et de la solitude prouv s par les enfants de parents aux prises avec un probl me de sant mentale nous avo
137. s sociaux du Qu bec RERNBERG O 1976 Object Relations Theory and Clinical Psychoanlysis New York J Aronson KOHUT H 1971 The Analysis of the Self New York International Universities Press LABROSSE R LECLERC C 2007 Trouble de personnalit limite et r adaptation St J r me Editions Ressources 66 LACOURSE M 2005 Famille et soci t Montr al Les ditions de la Cheneli re inc LALONDE P AUBUT J GRUNBERG F 1999 Psychiatrie clinique une approche bio psycho sociale Tome I Boucherville Ga tan Morin Editeur LAMONT A 2006 How a mother with borderline personnality disorder affects her children Graduate student Journal of Psychology 2006 Vol 8 LAPORTE L 2007 Un d fi de taille pour les centres jeunesse Intervenir aupr s des parents ayant un trouble de personnalit limite Revue Sant Mentale au Qu bec Volume XXXII 2 97 114 LAPORTE L OUNIS L LAVIOLETTE I CHERRIER J LAVOIE S 2012 Le programme MOT et mon enfant pour parents pr sentant un trouble de personnalit limite Un projet de collaboration r ussi D fi Jeunesse f vrier 2012 Vol XVIII no 2 L VEILL S CHAMBERLAND C TREMBLAY RENAUD A 2007 Quand le d veloppement personnel des parents compromet aussi celui de leurs enfants tat de la situation dans CHAMBERLAND C L VEILL S TROCM Nico sous la direction de Enfants prot ger parents aider Qu bec Presses de l uni
138. saigner Bien que sa m re ait tent de camoufler son ecchymose avec des produits cosm tique Magalie se confiera son enseignante son arriv e l cole la suite de cet incident celle ci fut retir e de son milieu de vie et h berg e dans une famille d accueil pendant dix huit mois avant de r int grer le milieu maternel Pour sa part Rosalie relate avoir t victime de violence psychologique et physique tant de la part de sa m re que du conjoint de cette derni re lequel a exerc un r le paternel son endroit pendant quinze ans Mon p re c tait physique Dans le fond t sais comme ils m ont Les deux m ont autant fait de mal c est vraiment balanc gal l parce que autant que c est verbal a fait autant mal que c est physique l T sais un coup de poing je serais capable d en manger dix Dix quinze il m en a sacr des coups de poing mon p re Au poini que j ai d j vomi du sang l parce qu il m a frapp deux shots dans le ventre l sais Des coups de poing j en mange j en ai mang tous les jours Mais verbalement a fait mal par exemple a l Outre la violence psychologique utilis e par sa m re la premi re agression de cette derni re son gard demeure pr sente dans sa m moire Elle a pris le balai elle a commenc me fesser dessus me varger dessus dans le fond Puis elle a cass le balai en trois diff rentes parties Le balai tait vraiment tout fuck pui
139. sonnalit limite a connu des blessures narcissiques blessures qu il tend r p ter plus tard avec ses propres enfants 2 5 3 Conditions de vie L environnement peut s av rer un facteur de risque important plus pr cis ment lorsque la personne vivant avec une maladie mentale est en situation financi re pr caire Le stress a souvent pour effet d exacerber les sympt mes du trouble mental Bo ly et al 2006 p 104 De plus bien que l on remarque un meilleur fonctionnement social chez les m res b n ficiant d un revenu et d un milieu de vie ad quats certaines tudes d montrent que parentalit et trouble de personnalit riment trop souvent avec pr carit conomique Mowbray Ovyserman et Bybee 2000 Nicholson Biebel Hinden Henry et Stier 2001 Les m res priv es de ressources prouvent plus de difficult s se loger convenablement et doivent se contenter de quartiers moins s curitaires offrant des logements prix plus abordables ce qui les am ne prouver plus de craintes et d inqui tudes pour leurs enfants Cette ins curit est source de stress ce qui les rend moins disponibles et compromet leurs habilet s parentales Dans certains cas ce manque de disponibilit contribue au d veloppement de troubles de comportement chez leurs enfants Boily et al 2006 p 105 Par ailleurs l ensemble des tudes d montrent que les personnes aux prises avec un trouble de personnalit limite prouvent de la
140. stimant la baisse les cons quences de cette pathologie dans sa vie Pourtant moins de b n ficier de facteurs de protection importants notamment la pr sence rassurante aimante et quilibr e de l autre parent ou d un autre adulte significatif les enfants de parent pr sentant un trouble de personnalit limite pourront adopter pendant de longues ann es des attitudes pour viter les crises tout prix pourtant in vitables qui les affecteront Craan et Arnaud 2010 p 8 57 6 6 La col re Cing adolescentes sur six ont galement exprim un certain tonnement face l expression et l intensit de leur propre col re Parmi notre recension des crits une seule aborde la col re prouv e par les enfants l gard de leur parent pr sentant un trouble de personnalit limite Ce sentiment tant pr sent en raison notamment de la projection dont ils feraient l objet ainsi que de la pr pond rance avec laquelle le parent tente d imposer ses id es et ses convictions Roth et Friedman 2003 Par ailleurs en mati re d h r dit plusieurs tudes tendent d montrer les risques pour ces derniers de d velopper un probl me de sant mentale Rutter et Quinton 1984 Lorsqu ils sont aussi victimes d abus et de n gligence ces enfants risquent encore davantage de d velopper leur tour un trouble s v re de la personnalit Johnson Cohen Smailes Kasen Oldman Skodol et Brook 2000 cit par Laporte
141. t de ce dernier d prouver une r elle compassion favorisent la r silience Boily et al 2006 p 123 Par ailleurs la fin des ann es 1990 Boily et ses coll gues 1998 ont interrog neuf adultes ayant grandi aupr s de parents atteints d un probl me de sant mentale toute probl matique confondue Il en ressort que le sentiment de solitude est ressenti par la majorit des r pondants mais de fa on plus aigu chez ceux dont l autre parent est absent ou peu pr sent Bo ly et al p 261 Nos r sultats de recherche viennent corroborer ce r sultat puisque quatre adolescentes sur six taient issues d une famille monoparentale dont le p re tait non reconnu l galement ou absent de leur vie alors que chez deux autres participantes ayant b n fici d une pr sence paternelle l absence de communication voire d information quant l tat de sant mentale de leur m re accentuait le sentiment d isolement Des donn es r centes sp cifiquement li es aux impacts du trouble de personnalit limite du parent chez l enfant abondent dans le m me sens et illustrent l isolement dans lequel celui ci volue leur enfance est souvent escamot e ils souffrent de solitude et d abandon Ils sont souvent les oubli s Craan et Arnaud 2010 p 8 Selon ces auteures le r seau familial et professionnel prouvent parfois des difficult s reconna tre la gravit des impacts du trouble de personnalit limite du parent chez l enfant e
142. t des mes travaux ont port sur cette probl matique Mon projet de m moire est de conna tre la perception de l enfant face sa relation avec sa m re aux prises avec un trouble de la personnalit limite en contexte de protection j aimerais obtenir votre autorisation afin de solliciter les intervenants de votre tablissement dans le but de cibler 8 10 jeunes g s entre 9 et 11 ans correspondant au profil recherch Dans le cadre de cette tude des entrevues individuelles auront lieu avec chacun des jeunes participants Celles ci se d rouleront principalement nos bureaux en dehors des heures de travail et de classe Cette recherche devra galement tre approuv e par le comit d thique de l Universit D autre part compte tenu de l ge des participants une rencontre initiale aura lieu avec le parent dans le but de l informer de notre d marche Un formulaire de consentement leur sera galement remis afin d obtenir leur autorisation Je tiens vous assurer du caract re confidentiel de cette recherche En vous remerciant de votre collaboration veuillez agr er madame l expression de mes sentiments distingu s Isabelle Beaudry ARH Etudiante la Ma trise en travail social 71 ANNEXE H Gatineau le 11 mars 2010 Objet Participation de votre enfant un projet de recherche Madame Dans le cadre d un projet de recherche madame Isabelle Beaudry tudiante la ma trise en travail social
143. t arriv puis il l a d truit devant moi genre J ai tellement eu de la peine Zo Il conjoint de la m re est violent II est m chant Il est m chant puis il a d j menac fait des menaces comme par rapport la violence l Au d but il battait notre chien genre puis nous on l aimait vraiment moi puis Mes S urs on aimait beaucoup ce chien l parce que comme ma m re elle l avait achet pour Nous Rosalie T sais des coups de poing j en ai mang Mais verbalement a fait mal par exemple a l En faisant r f rence son beau p re M va toujours toujours utiliser ce que tu dis contre toi pour t craser d une mani re ou d une autre a va te faire mal puis c est toi qui vas tomber Moi je ne tombe plus l Je suis tann e de tomber j ai assez tomb L adolescente victime de l indiff rence du conjoint Magalie Avant que ma m re connaisse Yves quand elle avait son ex Je sais qu il y a un souvenir qu on est all voir ma m re l h pital je ne sais pas la raison Puis bien pendant ce temps l c tait dur parce que lui il ne s occupait pas de moi J tais toute seule la maison avec lui Peur Mathilde J avais tellement peur Rosalie En se rem morant un incident de violence conjugale c tait bien grave puis j ai cri puis que j avais tr s tr s peur Parentification Rosalie apr s les pisodes de violenc
144. t s leurs enfants puisqu elles se montreraient moins disponibles affectivement aux besoins de ceux ci En r action les enfants seraient moins attentifs et moins int ress s interagir avec leur m re long terme ces enfants peuvent d velopper un attachement vitant et des difficult s interpersonnelles cit par Ounis et Laporte 2011 p 5 D autre part dans le but de d terminer du type d attachement les liant leur m re Hobson Patrick Crandell Garcia Perez Lee 2005 ont soumis dix enfants de m res vivant avec un trouble de personnalit limite et 22 enfants de m res ne pr sentant aucune pathologie la situation trange labor e par Mary Ainsworth Cet exercice a permis de d montrer que 50 des enfants du premier groupe pr sentaient un attachement d sorganis alors que cette proportion chutait 27 chez les enfants dont la m re ne pr sentait aucune probl matique de sant mentale Les m res vivant avec un trouble de personnalit limite se montraient galement plus intrusives moins sensibles aux besoins de leur enfant et d montraient davantage de difficult s quant la gestion des motions inh rentes leur responsabilit s parentales Alors qu un attachement de type s curisant s difie sur la constance ainsi qu une r ponse adapt e et sensible aux besoins de l enfant les m res vivant avec un trouble de personnalit limite pr senteraient des degr s divers une atteinte de leur capacit
145. t devient extr mement loyal ses parents prot ge cette unit en sacrifiant ses propres besoins d voluer et de se d velopper B lisie 2005 p 19 Quelques r cits font tat de ces enfants rempla ant leur m re la cuisine effectuant des transactions bancaires pour le compte de la famille ou s occupant de leurs jeunes fr re et s ur Boily et al 2006 Le lourd fardeau qu impose le r le parental alli l obligation de s occuper de lui m me peuvent entra ner une grande d tresse chez l enfant et des cons quences court ou moyen terme comme le d veloppement d une autonomie d passant un d veloppement normal des difficult s l ge adulte appuyer sur les autres et demander de l aide Boily et al 2006 p 143 Alors que l aventure parentale exige amour patience constance temps et efforts que les enfants ont besoin de s curit de stabilit et d affection afin de leur assurer un d veloppement maximal il est l gitime de se questionner sur l exercice du r le parental dans un tel contexte Bien que l on puisse supposer des difficult s que peut entra ner cette pathologie au quotidien il est important de d finir les diff rents concepts avant d en cerner les impacts et les r percussions chez l enfant CHAPITRE I CADRE OP RATOIRE Le chapitre suivant vise d finir les diff rents concepts l tude ceci dans le but d assurer une meilleure compr hension et une vision uniforme
146. tale sur les enfants http alpabem qc ca index php option com content amp view article amp id 136 3Alimpact de la maladie mentale sur les enfants Page consult e le 30 septembre 2009 DROLET S SIMARD A VILLENEUVE E 2005 Au c ur du trouble de personnalit limite Guide l intention des familles www institutsmg gc ca index php elD pub push amp docID 704 Page consult e le 20 octobre 2012 Institut Universitaire en Sant mentale de Qu bec http www institutsmqg qc ca salle nresse statistiques maladies mentales asr Page consult e le 13 ao t 2009 69 La fondation des maladies mentales http www fondationdesmaladiesmentales org fr p aider mentales description quelques statistiques Page consult e le 6 septembre 2008 ersonne les maladies Le Grand Robert de la langue fran aise http er bvdep com version 1 login_ asp Page consult e le 6 septembre 2009 Minist re de la sant et des services sociaux 2005 Plan d action en sant mentale La force des liens htto publications msss souv ac ca acrobat f documentation 2005 05 914 01 Page consult e le 19 septembre 2009 df Minist re de la Sant et Services Sociaux http www msss souv gc ca suijets prob sante sante mentale index ph entale Page consult e le 6 septembre 2008 9Prevenir la maladie m Minist re de la Famille des A n s et de la Condition f minine 2005 La famille et les enfants au Qu bec principa
147. tion et conduits au poste de police Un policier demeure sur les lieux afin d attendre que le p re d Emma vienne r cup rer ses enfants Magalie notre seconde participante voque en pleurant la violence psychologique dont elle est victime de la part de sa m re a blesse parce que les mots qu elle sort a fait vraiment mal Comme des vaches des p tasse puis des affaires de m me Elle me disait a puis elle le dit encore a me touche D autre part l adolescente d plore la violence de sa m re l gard de son jeune fr re Je lui ai dit Maman arr te de crier apr s Fr d ric a ne change rien Tu le traites de tel nom tel nom comme tu as juste lui dire que bon c est m chant puis que fu n avais pas juste faire a Puis va dans ta chambre ou je ne sais pas f sais Mais eu lieu de a tu cries comme une malade tu n est pas oblig e Magalie t moigne galement de l incident qui a men son retrait du milieu maternel J avais fais des toasts mais genre je les trouvais Ma m re elle gueulait apr s parce que Bien je lui ai dit ma m re que les toasts taient trop br l es On a commenc se chicaner C tait un matin d cole Ma m re disait D p chez vous Puis l elle criait puis elle nous chialait Je me suis mise en petite boule dans le coin de la cuisine C est quand je me suis relev e puis elle m a donn un coup de pied dans l il genre puis j ai commenc
148. tion et la pr vention psychosociales RENAUD S 2003 Guide de lignes directrices pour le traitement des patients atteints de trouble de personnalit limite Revue Sant Mentale au Qu bec Volume XXVIIN 1 73 94 ROTH K FRIEDMAN F B 2003 Surviving a borderline parent Oakland Californie New Harbinger Publications Inc RUTTER M QUINTON D 1984 Parental psychiatric disorder Effects on children Psychological medicine vol 14 853 880 SANT CANADA 2002 Rapport sur les maladies mentales au Canada Octobre 2002 SILLAMY N 1989 Dictionnaire de la psychologie Paris Librairie Larousse STEPP S D WHALEN D J PIKONIS P A HIPWELL A E LEVINE M D 2011 Children of Mothers with Borderline Personality Disorder Identifying Parenting Behaviors as Potential Targets for Intervention Personality Disorders Theory Research and Treatment Vol 3 Jan 2012 76 91 TORTOSA A 2006 Dans l motion d une borderline tat limite Guide l usage des praticiens des patients et des familles Roiffieux France Editions Archisoft International 68 TREMBLAY N BERGERON I 2010 Parentalit sant mentale et TPL dans LECLERC C sous la direction de Trouble de personnalit limite et r adaptation Saint J r me Les ditions Ressources Ressources lectroniques BOILY M LEW V MORRISSETTE P Les difficult s psychosociales v cues par les enfants mineurs de personnes atteintes de malad
149. tteint d un probl me de sant mentale Bien qu elle admette d embl e les lacunes au niveau de sa m thodologie compte tenu de certains diagnostics tablis partir de l impression clinique des diff rents intervenants en Centre jeunesse affect s au suivi de ces familles il n en demeure pas moins qu on value 47 des m res et 28 des p res qui avaient t pr alablement identifi s comme ayant un probl me de sant mentale pr sentaient un trouble de personnalit limite Laporte 2007 Par ailleurs comme les recherches portent davantage sur la situation des m res que des p res ces derniers tant souvent absents des sujets d tude et lorsqu ils le sont les informations obtenues proviennent g n ralement d une ex conjointe ou d une m re en crise refl tant un portrait peu repr sentatif de leur r alit il est donc difficile d adapter des modes d intervention appropri s Laporte 2007 Les personnes pr sentant un trouble de personnalit limite ont connu des blessures narcissiques dans leur petite enfance blessures qu elles tendent r p ter plus tard avec leurs propres enfants B lisle 2005 p 15 Alors que leurs relations interpersonnelles se caract risent bien souvent par une grande intensit la dyade parent enfant n chappe pas cette r gle Selon Marie Claude B lisle chez les personnalit s limites le parent envahit son enfant par ses projections C est comme si le parent habitait l i
150. u importe qu est ce qu on peut faire elle n a jamais du fun ma m re Elle va para tre down triste tout le temps Mon beau p re a d cid comme a qu il tait tann l est parti pendant 2 semaines ma m re tait Elle ne pouvait plus rien faire Elle tait vraiment Comment je pourrais dire a Elle tait triste elle tait d sesp r e Zo se rappelle un v nement alors que sa m re l avait d pos e chez sa grand m re affirmant qu elle viendrait la chercher le lendemain puis elle n est jamais venue me chercher puis on a appris qu elle tait l h pital on ne savait plus quoi faire En parlant de l tat de sa m re Emma relate Ma m re tait en d pression elle ne travaillait pas Elle restait la maison toutes ses journ es Tristesse Au moment o le conjoint de sa m re la contraint visiter celle ci lors d un s jour au Centre hospitalier Genevi ve souligne Quand j ai rentr j ai vu ma m re puis je n ai pas t capable je suis partie pleurer en la voyant Genevi ve Quand ma m re a de la peine puis 80 qu elle pleure L je n ai pas le choix de pleurer avec elle Il y a quelque chose en dedans que quand je vois ma m re pleurer a se fait tout seul il faut que je pleure Incompr hension Zo se rappelle galement d une occasion o attabl e au restaurant avec sa m re celle ci s est mise s imaginer qu il y avait des polices partout puis elle
151. ue la r ponse des parents aux besoins de l enfant s av re inadapt e Boily et al 2006 Laporte 2007 2011 Newman Stevenson Bergman Boyce 2007 Les relations interpersonnelles chaotiques les col res intenses et inappropri es de m me que les gestes d automutilation voire suicidaires du parent ont marqu l enfance des adolescentes que nous avons rencontr es Celles ci t moins impuissants du d sespoir de leur m re ont mis en place des m canismes d adaptation afin de survivre au quotidien une dynamique familiale empreinte d instabilit motionnelle relationnelle et mat rielle Le but de cette recherche visait conna tre la perception des adolescentes quant leur relation avec une m re pr sentant un trouble de personnalit limite partir de la recension des crits nous supputions galement des impacts de cette pathologie chez les participantes notamment quant aux risques de conna tre un trouble de l attachement d tre victime de mauvais traitements et de n gligence de d velopper des probl mes de comportement et ou d tre parentifi es Dans un premier temps il est essentiel de pr ciser que les six participantes ce projet de recherche pr sentent un profil analogue elles sont g es entre 12 et 15 ans issues d une famille monoparentale et dont la m re a re u un diagnostic de trouble de personnalit limite Au moment des entrevues chacune des adolescentes b n ficiait des services des Centres
152. uoi elle affirme que la col re est un trouble Magalie nous r pond Bien parce que la col re change une personne La col re peut dire te faire dires des affaires que des fois tu ne penses pas l Puis a fait crier ou a fait t sais f cher un moment donn j tais avec ma m re puis on a commenc s engueuler Mais j avais beaucoup de force Je ne me souviens pas trop J ai accroch son doigt puis son doigt a vir l envers J ai cri comme une malade En se rem morant le dernier incident alors qu elle souhaitait quitter la maison de chambres o sa m re avait lu domicile Rosalie souligne Ma m re ne voulait pas me laisser partir Puis moi je voulais partir J tais enrag e bleue je ne sais pas trop pourquoi Elle me bloquait la porte Fait que la seule affaire que je me rappelle c est que je l ai fait tr bucher elle tait terre puis j tais par dessus elle puis j tais en train de l touffer C est son chum qui m a remont e puis qui m a dit Arr te Va t en Je suis partie Avec le recul Rosalie ajoute Ayoye je pense que j ai sip c est une gaffe Je me dis je ne le referai plus Emma craignait de devenir comme sa m re J avais peur d tre tout le temps comme down genre Pas avoir des bons moments faire des Crises Rage Face la maladie de sa m re Rosalie affirme ne jamais lui en avoir voulu tout en nous confiant avoir ressenti norm ment de rage Bien
153. ux difficult s prouv es par la m re d instaurer et de respecter les fronti res parent enfant au sein de la dynamique familiale contraignant l adolescente exercer un r le amical aupr s d elle D autre part la gravit des incidents survenus dans leur milieu familial a non seulement men une implication des Centres jeunesse mais galement pour la totalit d entre elles leur retrait du milieu maternel Rappelons que cette tude visait r pondre aux questions suivantes soit Est ce que les adolescentes dont la m re pr sente un trouble de personnalit limite sont risque de conna tre un trouble de l attachement Est ce que les adolescentes dont la m re pr sente un trouble de personnalit limite sont risque d tre victimes de mauvais traitements et de n gligence Est ce que les adolescentes dont la m re pr sente un trouble de personnalit limite TPL sont risque de d velopper des troubles de comportement Est ce que les adolescentes dont la m re pr sente un trouble de personnalit limite sont risque d tre parentifi es Par ailleurs deux autres aspects dont nous avions sous estim s l importance se sont impos s la chercheure comme tant partie prenante de l exp rience des adolescentes qui vivent avec une m re pr sentant un trouble de personnalit limite plus pr cis ment l isolement dans lequel elles semblent confin es ainsi que la col re qu elles prouvent 6 1 Les troubles de
154. vant les siens Cette tendance serait toujours pr sente une fois ce dernier parvenu l ge adulte Cependant comme le soulignent le chercheur Marc Boily et ses coll gues tenir un r le parental aupr s de sa fratrie pourrait galement comporter des l ments positifs ceci en raison de la capacit de l enfant s adapter des stress multiples Boily et al 2006 p 133 La r sistance au stress serait attribuable l interaction de facteurs personnels sociaux et environnementaux Boily et al 2006 Ils citent une tude r alis e par Beardsiee et Podorefsky 1988 aupr s de 18 jeunes ayant eu assumer tr s t t un r le r serv l adulte notamment quant la prise en charge des t ches familiales de la gestion du budget et du gardiennage 33 Beardsiee et Podorefsky 1988 cit par Boily et al 2006 On d note chez ces jeunes r silients une connaissance de soi consid rable un engagement relationnel lev et une capacit de penser et d agir distinctement de leurs parents Beardslee et Podorefsky 1988 p 63 cit par Boily et al 2006 p 138 cet effet le t moignage de Rosalie recueilli pour les fins de notre tude est loquent Un peu plus a me manque un peu plus je pourrais dire que a me manque t sais vivre de m me Parce que dans le fond justement je n ai tellement pas eu de stabilit pendant ma jeunesse que quand je suis arriv e l ge j avais quoi 13 ans Je venais d avoir mon
155. vent intervenue aupr s de sa s ur cadette qui face au laisser aller dont faisait preuve leur m re s est mise fr quenter des pairs marginaux et consommer des drogues T sais moi dans ma t te elle tait trop jeune puis je n aimais vraiment pas les gens avec que elle se tenait Puis cause d eux ma s ur tait devenue comme a puis je voulais que a arr te parce que je l aime ma s ur c est ma s ur Quant Rosalie les nombreuses absences et le d sengagement de sa m re l gard de sa fratrie l ont amen e assumer tr s t t des responsabilit s d adulte Je venais d avoir mon 13 ma s ur avait un an et demi mon fr re avait quoi huit neuf ans J ai commenc les lever On dirait que c est l que j ai commenc me sentir bien parce que j avais de la stabilit parce que c est moi qui l avais form ma stabilit Le plus que je pouvais j essayais de combler aux besoins de mon fr re et de ma petite S ur L adolescente devait galement d nicher une gardienne pour son fr re et sa s ur si elle d sirait tre pr sente en classe tout en s assurant son retour de pr parer le repas donner les bains et les mettre au lit J avoue que c tait tough a par exemple le matin se r veiller r veiller ton fr re je marchais jusqu au coin avec je l amenais au bus Je lui faisais son lunch je le pr parais pour aller l cole je l habillais Il fallait tout le temps qu il ait son li
156. versit du Qu bec p VIHI LXVI LINEHAN M 2000 Manuel d entra nement aux comp tences pour traiter le trouble de personnalit tat limite Gen ve ditions M decine et Hygi ne LINEHAN M 2000b Traitement cognitivo comportemental du trouble de personnalit tat limite Gen ve Editions M decine et Hygi ne MACFIE J 2009 Development in children and adolescents whose mothers have borderline personality disorder Child development perspectives Volume 3 Num ro 1 pages 66 71 MAHLER M 1971 study of the separation individuation process and its possible application to borderline phenoma in the psychoanalytic situation Psychoanalytic Study of the Child Vol 26 403 424 MAYER R OUELLET F SAINT JACQUES M TURCOTTE D 2000 M thodes de recherche en intervention sociale Boucherville Ga tan Morin diteur MORISSETTE L PARISIEN M 1997 Contribution de l h pital au traitement du patient borderline Revue Sant Mentale au Qu bec Volume XXH 1 1 9 MOWBRAY C T OYSERMAN D BYBEE D 2000 Mothers with serious mental illness Dans F J Frese III d The role of Organized Psychology in Treatment of the Seriously mentally III New directions for mental health services Num ro 88 pp 73 91 San Francisco CA Jossey Bass NEWMAN L M STEVENSON C S BERGMAN L R BOYCE P 2007 Borderline personalitu disorder mother infant interaction and parenting perceptions preliminary findings
157. viron 2 de la population g n rale trois fois plus de femmes que d hommes et fait partie de laxe I du Diagnostic and Statistical Manual de l American Psychiatric Association Lalonde et al 1999 Renaud 2003 Bien qu il demeure difficile tablir notamment cause des interpr tations qu il peut susciter il n en demeure pas moins important et entra ne une d tresse motionnelle chez les personnes qui en souffrent 2 1 tiologie du trouble de personnalit limite Les troubles de la personnalit d coulent probablement de l interaction complexe d v nements du d but de la vie ou de facteurs g n tiques et environnementaux Sant Canada 2002 p 74 L ensemble des recherches que nous avons consult es et qui traitent de l tiologie du trouble de personnalit limite sont unanimes les facteurs pr disposant au d veloppement de cette pathologie sont nombreux La n gligence des abus durant l enfance notamment au niveau physique et sexuel un temp rament impulsif et une hypersensibilit affective souvent d j pr sents la naissance ou encore un milieu familial instable caract ris par de l impr visibilit parentale Drolet Simard et Villeneuve 2005 p 4 contribuent au d veloppement du trouble de personnalit limite Les s parations ou le deuil en bas ge les anomalies dans les rapports parentaux et autres traumatismes constituent des facteurs de risque importants dans le d veloppement du trouble
158. voulait qu on parte l elle capotait Je n ai jamais vu de police quand elle disait qu il y en avait un autre moment alors qu elle se trouve sur la route avec sa m re celle ci affirme qu il y a des policiers et refuse d avancer loignement Face l tat de sa m re ainsi qu son instabilit Zo d clare je me suis beaucoup loign e de ma m re Je la laissais faire dans son coin Elle poursuit et pr cise J ai t t moin des moments de tristesse de sa m re mais j ai toujours t indiff rence parce que Je n ai jamais eu droit au contact avec ma m re puis elle tait toujours indiff rente avec moi Je n tais pas l aide d tre ailleurs que dans ma chambre parce que soit il y avait mon beau p re soit il y avait ma m re qui pleurait Je n tais pas vraiment indiff rente dans ma t te mais je n allais pas l appuyer N cligence affective Magalie l cole quand j avais besoin d activit s pour les sous des choses comme a bien ma m re elle ne voulait pas payer puis les professeurs bien ils payaient pour moi parce qu ils m aimaient Puis tout a l fait que je trouvais a tellement plate Je voudrais que ma m re s implique plus Puis il y avait des fois qu elle n tait pas l Je ne Sais pas trop l sais j tais enfant Je me faisais souvent garder En parlant de sa t s Puis des fois bien ma f te des affaires de m me elle me donnait des ca

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