article en pdf - Revue trimestrielle des droits de l`homme
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1. Positions des Etats dans la n gociation in Droit et d mocratie La Cour p nale internationale Paris La Documentation fran aise 1999 pp 20 21 Jean Fran ois DOBELLE La Convention de Rome portant Statut de la Cour p nale internationale A F D I vol XLIV 1998 p 362 16 Mauro Pozrri Le Statut de Rome de la Cour p nale internationale le point de vue d un n gociateur R G D I P n 4 1999 pp 841 848 53 Cette compl mentarit permet comme le relevait Bernhard Graefrath to get away from the sterile thoroughly unproductive approach of setting up an alter native between universal criminal jurisdiction of national courts and criminal juris diction of an international criminal court Bernhard GRAEFRATEH Universal Crimi nal Jurisdiction and an International Criminal Court J E D I vol 1 1990 p 81 Moussounga ITSOUHOU MBADINGA 1241 taines infractions internationales Cette comp tence repose sur cer tains principes le principe de territorialit le principe de nationa lit ou principe de la personnalit active le principe de la per sonnalit passive et le principe de la protection L exercice de l une de ces comp tences n est soumis aucune autorisation du droit international en l absence de toute r gle prohibitive sp cifique L Etat agit ainsi en tant que membre d une soci t dont il d fend les principes et les valeurs D ailleurs la Cour permanen2. article 39 de la Charte et donneront lieu la cr ation par le Conseil de s curit sur la base des articles 29 et 41 de la Charte au Tribunal p nal international pour l ex Yougoslavie ci apr s le TPIY en 1993 au Tribunal p nal international pour le Rwanda ci apr s le TPIR en 1994 avec des comp tences stricte ment encadr es dans le temps et au Tribunal sp cial pour la Sierra Leone le 14 ao t 2000 D s lors le Conseil de s curit tablit un lien indissociable entre le besoin de justice des rescap s et les chances d instauration d une paix et d une r conciliation durables entre les communaut s humaines composant ces Etats La justice internationale met sa l gitimit son impartialit son quit et la solennit de ses proc dures au service de la paix La cr ation de la Cour p nale internationale ci apr s la Cour dont le Statut a t adopt le 17 juillet 1998 Rome s inscrit dans la m me logique 4 Les tribunaux nationaux conservent tout de m me leurs com p tences dans l exercice de la r pression des violations graves du droit international humanitaire Il ne saurait tre question de les 2 Claude LomBois Droit p nal international Paris Pr cis Dalloz 2 d 1979 pp 54 96 M Ch rif Bassiount The Journey to a Permanent International Crimi nal Court in Boutros Boutros Ghali Amicorum Discipulorumque Liber Paix d velop pement d mocratie vol I B
3. mattan 1994 p 105 Graham T BLEwITT The Necessity for Enforcement of International Humanitarian Law in PANEL The Internationalization of Criminal Law ASIL Proceedings 1995 p 300 Marie Anne SWARTENBROEKX Le Tribunal p nal international pour le Rwanda in Jean Fran ois DUPAQUIER dir La justice internationale face au drame rwandais Paris Ed Karthala 1996 pp 95 98 Antonio CAssEsE The International Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia and the implementation of international humanitarian law in Luigi CONDORELLI dir Les Nations Unies et le droit international humanitaire Paris Ed A Pedone 1996 p 244 Robert BADINTER Pour une Cour criminelle internationale in Boutros Boutros Ghali Amicorum Discipulorumque Liber Paix d veloppement d mocratie vol I Bruxelles Bruylant 1998 p 121 Georges ABI SAAB Droits de l homme et juridictions p nales internationales Convergences et tensions in M langes en l hon neur de Nicolas Valticos Droit et justice Paris Ed A Pedone 1999 p 250 Jean Jacques HEINTZz Hafida LAHIOUEL Tribunal p nal international pour l ex Yougo slavie des probl mes une r ussite Pouvoirs n 92 2000 p 146 Moussounga ITSOUHOU MBADINGA 1231 d faut la majorit des deux tiers des Etats pr sents et votants On peut penser que l Assembl e des Etats ne sera pas d un grand secours pour la Cour dans la mesure o les d
4. cisions de cette ins tance sont d pourvues de toute force contraignante pouvant obliger un Etat se conformer ses obligations internationales De plus aucune allusion n est faite sur le contenu des mesures susceptibles d tre prises afin de favoriser le retour la coop ration ou pour tirer les cons quences d un refus persistant 7 de la part d un Etat Par contre lorsque c est le Conseil de s curit qui saisit la Cour elle peut l aviser en cas de non coop ration des Etats On per oit nette ment dans ce cas de figure certaines limites li es la cr ation d une juridiction p nale internationale par la voie conventionnelle Le TPIY et le TPIR ont t cr s en vertu des pouvoirs coercitifs dont dispose le Conseil de s curit par le biais de r solutions contrai gnantes adopt es sur la base du chapitre VII de la Charte des Nations Unies Comme nous l avons d j relev les Etats sont tenus d apporter leur enti re coop ration ces deux tribunaux au risque d tre l objet de mesures coercitives du Conseil de s curit Dans l hypoth se de non coop ration d un Etat la Cour p nale internationale ne b n ficiera des moyens n cessaires la r alisation de ses missions que si c est le Conseil de s curit qui a d clench la proc dure 3 En outre on peut ais ment pr voir les cas dans lesquels un Etat tiers entrerait en concurrence avec la Cour dans l hypoth se o il doit r
5. tionale des crimes de guerre apr s la Premi re Guerre mondiale pr vue par le Trait de Versailles et celle men e devant les tribunaux militaires internationaux de Nuremberg et de Tokyo ainsi que 1 Alain PELLET Le projet de statut de Cour criminelle internationale perma nente vers la fin de l impunit in H ctor Gros Espiell Amicorum Liber Personne humaine et droit international vol IT Bruxelles d Bruylant 1997 pp 1057 1058 Christopher C JOYNER Arresting Impunity The Case for Universal Jurisdiction in Bringing War Criminals to Accountability Law and Contemporary Problems vol 59 n 4 Autumn 1996 p 158 1222 Rev trim dr h 56 2003 devant les autres tribunaux militaires alli s cr s cette occasion Les diff rents projets mis au point depuis la fin de la Premi re Guerre mondiale se sont toujours heurt s la r ticence des Etats soucieux de pr server leur souverainet en mati re judiciaire 3 Avec les changements intervenus dans la structure de la soci t internationale au terme des ann es 80 les crimes commis dans de nombreuses r gions du monde au cours de conflits arm s feront l objet d une m diatisation sans pr c dant et ne pourront plus tre voil s et impunis comme dans le pass Ainsi des atrocit s et des crimes commis en ex Yougoslavie et au Rwanda qui seront qualifi s de menace la paix et la s curit internationales confor m ment l
6. 18 Emmanuel Decaux Actions au regard de la souverainet des Etats et moyens d investigation in Droit et d mocratie La Cour p nale internationale Paris La Documentation fran aise 1999 p 81 Moussounga ITSOUHOU MBADINGA 1227 restation et de remise art 91 ou sur des demandes d arresta tion provisoire art 92 5 Le Statut de la Cour se r v le parfois d une grande souplesse en pr voyant d abord un syst me de comp tence au cas par cas qui permet aux Etats non Parties de se soumettre momentan ment aux r gles qu il instaure Aux termes de l article 12 3 Si la recon naissance de la comp tence de la Cour par un Etat qui n est pas Partie au pr sent Statut est n cessaire en vertu du paragraphe 2 cet Etat peut par d claration d pos e aupr s du Greffier consentir ce que la Cour exerce sa comp tence l gard du crime dont il s agit L Etat ayant reconnu la comp tence de la Cour coop re avec celle ci sans retard et sans exception conform ment au chapitre IX Le para graphe 2 pr cise que la Cour peut exercer sa comp tence si l Etat qui poss de la comp tence territoriale ou celui qui exerce la comp tence personnelle active sont Parties au pr sent Statut ou ont reconnu la comp tence de la Cour conform ment au Paragraphe 3 Ensuite l article 87 5 du Statut donne la possibilit la Cour d inviter tout Etat non partie au pr sent Statut pr ter son ass
7. Introduction au Colloque organis par Droit et d mocra tie La Cour p nale internationale Paris La Documentation fran aise 1999 p 10
8. LATTANZI Comp tence de la Cour p nale internationale et consente ment des Etats R G D I P n 2 1999 pp 429 431 Mauro Port Le Statut de Rome de la Cour p nale internationale le point de vue d un n gociateur R G D I P n 4 1999 p 843 63 Article 14 paragraphe 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques 64 A 43 40 1988 p 253 A P c Italie N 204 1986 2 novembre 1987 7 3 65 Prosecutor c Tadic No IT 94 1 T Motion on principle of non bis in idem Trial Chamber II 14 November 1995 19 voy en g n ral Christine VAN DEN WYN GAERT and Guy STESSENS The International Non Bis In Idem Principle Resolving Some of the Unanswered Questions Intl amp Comp L Q vol 48 Part 4 October 1999 pp 779 804 1244 Rev trim dr h 56 2003 ticle 9 du Statut du Tribunal sp cial et l article 20 paragraphes 1 et 2 du Statut de la Cour Aucune exception ce principe n est pr vue lorsqu un tribunal p nal international a d j connu d une affaire 7 2 Ainsi une personne d j jug e par une juridiction nationale peut tre poursuivie devant les Tribunaux p naux internationaux si ceux ci tablissent que lacte pour lequel la personne a t jug e est qualifi de crime ordinaire ou si le proc s devant la juridiction interne n a pas t impartial ou ind pendant Il en sera de m me si le proc s a t men de mani re soustrai
9. The Neglected Role of the International Law of Personal Jurisdiction in Domestic Courts Harv Intl L J vol 36 n 2 Spring 1995 pp 373 424 Jordan J PAUST et al International Criminal Law Cases and Materials Durham North Carolina Carolina Academic Press 1996 pp 119 180 55 C P J I Affaire du Lotus France Turquie Arr t du 7 septembre 1927 S rie A N 10 pp 18 19 56 Claude LomBois Droit p nal international Paris Pr cis Dalloz 2 d 1979 pp 19 21 Coy entre autres DONNEDIEU DE VABRES Le syst me de la comp tence universelle Ses origines historiques Ses formes contemporaines R D I P vol XVIII 1922 1923 pp 533 564 Kenneth RANDALL Universal Jurisdiction Under International Law Texas Law Review vol 66 n 4 March 1988 pp 785 841 Gilbert GUILLAUME La comp tence universelle Formes anciennes et nou velles in M langes offerts Georges Levasseur Droit p nal Droit europ en Paris Ed Litec 1992 pp 23 36 57 Cyril Lauccr Comp tence et compl mentarit dans le Statut de la Cour p nale internationale L Observateur des Nations Unies n 7 automne hiver 1999 pp 148 161 1242 Rev trim dr h 56 2003 dure n a pas t conduite de mani re ind pendante ou impartiale art 17 2 c Pour d terminer l incapacit de l Etat la Cour se demande s il est m me de mener correctement la proc dure c est dire si l Etat est en
10. caires 15 3 l inverse bien que cr le 14 ao t 2000 par la r solu tion 1315 2000 du Conseil de s curit le Tribunal sp cial pour la Sierra Leone repose l galement sur un accord conclu entre les Nations Unies et la Sierra Leone En principe cet accord ne lie juri diquement que les Nations Unies et la Sierra Leone car en vertu du principe de l effet relatif des trait s un tel accord ne cr e ni obli gations ni droits pour un Etat tiers ou pour une organisation tierce 13 Ibid pp 52 53 68 Voy Rostane MEHDI Les juridictions internationales et la paix en ex Yougoslavie in Yves DAUDET et Rostane MEHDI dir Les Nations Unies et l ex Yougoslavie Paris Ed A Pedone 1998 pp 149 153 Yves NOUVEL Pr cisions sur le pouvoir du Tribunal pour l ex Yougoslavie d ordonner la produc tion des preuves et la comparution des t moins l arr t de la chambre d appel du 29 octobre 1997 dans l affaire Blaskic R G D I P n 1 1998 pp 157 164 Peter MALANCZUK A Note on the Judgement of the Appeals Chamber of the Internatio nal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia on the Issuance of Subpoenae Duces Tecum in the Bla kic Case YZHL vol 1 1998 pp 229 244 Juan Antonio CARRILLO SALCEDO The Inherent Powers of the International Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia to Issue Subpoena Duces Tecum to a Sovereign State in M langes en l honneur de Nicolas Valticos Droit
11. cial a la primaut sur les juridictions sierra l onaises Il peut donc demander ces juridictions de se dessaisir en sa faveur 1 B La compl mentarit entre la Cour p nale internationale et les juridictions nationales une signification double 1 La Cour p nale internationale ne sera que compl mentaire des juridictions p nales internes comme le pr cise l article premier de son Statut Ce principe de compl mentarit r sultat d un compro mis entre divers Etats repose sur l id e que l exercice du pou voir de police et la r pression p nale des violations du droit interna tional commises par des individus est une pr rogative de l Etat et que les juridictions internes devraient avoir la primaut sur la Cour 2 Il ne fait aucun doute que si le principe de compl mentarit est appliqu de mani re effective le r le de la nouvelle Cour sera peu encombr Le probl me de l impunit aura t r solu par le fait que le Statut de Rome renvoie en priorit aux entit s qui poss dent de prime abord la responsabilit de poursuivre en l occurrence les tribunaux nationaux En effet les Etats disposent d une diversit de titres de comp tence en mati re judiciaire pour conna tre de cer 50 Rapport du Secr taire g n ral sur l tablissement d un Tribunal sp cial pour la Sierra Leone 4 octobre 2000 S 2000 915 p 3 10 51 Statut Article 8 2 52 Jean Fran ois DOBELLE
12. de toute vidence b n fice d un environnement plus favorable n a jamais transf r de dossier judiciaire vers les juridictions natio nales 46 Le 15 octobre 1999 un repr sentant sp cial du Gouvernement rwandais aupr s du TPIR Arusha en la personne de Martin Ngoga ancien Procureur de Butare dans le sud du Rwanda a galement t nomm pour servir d interface entre les deux institutions Voy Lib ration 11 novembre 1999 47 Regulation No 1 March 1998 48 Catherine Ciss The End of a Culture of Impunity in Rwanda Prosecu tion of Genocide and War Crimes before Rwandan Courts and the International Cri minal Tribunal for Rwanda YIHL vol 1 1998 pp 186 187 49 International Crisis Group Tribunal p nal international pour le Rwanda le compte rebours 1 ao t 2002 Rapport Afrique N 50 p 8 1240 Rev trim dr h 56 2003 7 Par contre ayant t cr par un simple accord bilat ral entre les Nations Unies et la Sierra Leone le Tribunal sp cial ne b n ficie d aucune primaut sur les juridictions nationales sauf sierra l o naises En cons quence il ne peut pas exiger le dessaisissement d une juridiction d un Etat tiers ni l arrestation par les autorit s de cet Etat d un accus L article 8 paragraphe 1 du Statut pr voit que le Tribunal sp cial et les juridictions sierra l onaises ont une comp tence concurrente N anmoins le Tribunal sp
13. es sous sa juri diction pour les actes criminels Si l Etat le lui demande le Procu reur lui d f re le soin de l enqu te sauf si la Chambre pr liminaire l autorise sur sa demande mener l enqu te lui m me art 18 2 Mais quand la Cour a jug une affaire irrecevable le Procureur peut lui demander de reconsid rer sa d cision Toutefois l Etat int ress ou le Procureur peut faire appel devant la Chambre d appel de la d cision de la Chambre pr liminaire art 18 4 C Le pouvoir de r vision des d cisions judiciaires nationales par les juridictions p nales internationales 1 Le principe non bis in idem est une r gle essentielle de proc dure p nale selon laquelle nul ne peut tre poursuivi ou puni en rai son d une infraction pour laquelle il a d j t acquitt ou condamn par un jugement d finitif conform ment la loi et la proc dure p nale de chaque pays Le Comit des droits de l homme des Nations Unies a estim que ce principe n interdit les doubles condamnations pour un m me fait que dans le cas des personnes jug es dans un Etat donn Le TPIY a par ailleurs constat que la r gle n est g n ralement appliqu e qu en ce qui concerne les proc s dans un Etat et n a pas re u de force obligatoire comme norme d application transnationale Ce principe est pr vu par l article 10 du Statut du TPIY l article 9 du Statut du TPIR lar 62 Flavia
14. et Justice Paris Ed A Pedone 1999 pp 279 280 14 International Crisis Group Tribunal p nal international pour le Rwanda l urgence de juger 7 juin 2001 Rapport Afrique n 30 p 16 Cf pp 17 et s 15 Ibidem p 22 1226 Rev trim dr h 56 2003 sans le consentement de cet Etat ou de cette organisation 1 Cet accord ne comporte donc aucune obligation juridique pour les Etats tiers Toutefois il est loisible d envisager que le Conseil de s curit en se fondant sur le Chapitre VII de la Charte oblige les Etats coop rer avec le Tribunal sp cial En effet en obligeant l ensemble des Etats coop rer avec le Tribunal sp cial tout comme pour les tribunaux sp ciaux p naux internationaux ad hoc le Conseil de s curit garantirait de la sorte une remise plus effective des accus s qui auraient fui le territoire sierra l onais 7 4 La Cour p nale internationale a t cr e par un trait auquel les Etats doivent adh rer par des ratifications afin de l incorporer dans leurs ordres juridiques internes Elle exerce sa comp tence l instigation du procureur ou d un Etat partie si l Etat sur le terri toire duquel le crime a t commis ou l Etat dont la personne accu s e est un ressortissant sont partie son Statut D s lors les Etats parties au Statut de la Cour ont galement une obligation g n rale de coop rer avec elle art 86 C est ainsi que la Cour peut adress
15. forum delicti com missi pour l arrestation des personnes qu elles mettent en accusa tion Devant les difficult s li es la coop ration tatique il est pos sible que certains accus s ne soient pas d f r s devant le TPIY le TPIR ou la Cour dont les statuts ne pr voient pas la possibilit de jugements par contumace Les r glements de proc dure et de preuve des deux tribunaux internationaux p naux ad hoc ont pr vu chacun dans un article 61 qu il y ait lorsqu ils lancent des mandats d arr t contre des accus s ne pouvant pas se pr senter devant elles parce qu ils sont prot g s dans leur pays ou un autre un d bat public o l on fera venir des t moins Le Conseil de s cu rit peut adopter toutes les mesures appropri es contre l Etat d fail lant Dans la pratique l attitude du Conseil de s curit s est tou jours limit e un rappel fait aux Etats de mise en conformit de lt gories de r gles couvrent des domaines diff rents Autrement dit les dispositions des Statuts forment une lex specialis par rapport aux obligations traditionnelles en mati re d entraide Si cette conclusion devait tre mise en doute on pourrait en outre soutenir que les Statuts des Tribunaux ad hoc l emportent en vertu de lar ticle 103 de la Charte des Nations Unies Ibid p 873 Anne Marie LA Rosa R flexions sur l apport du Tribunal p nal international pour l ex Yougoslavie au droit un proc s qu
16. gime de sept ans compter de l entr e en vigueur l gard du pays concern Selon un autre d lai de sept ans qui court partir de l entr e en vigueur du trait une conf rence de r vision est pr vue art 123 1 Toutefois rien n indique que la conf rence ne prorogera pas ind finiment le r gime transitoire Ce qui signifie que la Cour sera en quelque sorte mise sous surveillance pendant une certaine p riode On se trouve dans une situation para doxale o les Etats parties au Statut de Rome doivent en subir les cons quences f cheuses Pour pouvoir sortir de cette situation il faudra que la Cour fasse la preuve de son immobilisme ou de son inutilit pendant sept ans Car il faut craindre que la situation demeure ambigu et ne p rennise un syst me deux vitesses recon ductible tous les sept ans 2 Par ailleurs le Conseil de s curit peut tre instrumentalis afin de satisfaire les int r ts particuliers d un Etat Le 6 mai 2002 M John R Bolton le sous secr taire d Etat au contr le des arme ments et la s curit internationale des Etats Unis adressa une lettre au Secr taire g n ral des Nations Unies M Kofi Annan afin de l informer que les Etats Unis n avait pas l intention de devenir partie au Statut de Rome du 17 juillet 1998 Les Etats Unis s opposent la cr ation de la Cour p nale internationale Les auto rit s am ricaines arguent du fait que la Cour pourraient poursui
17. limiter la port e de la demande de dessaisissement adress e par lesdits tribu 34 Voy l interview de M Richard Goldstone in Jean Fran ois DUPAQUIER dir La justice internationale face au drame rwandais op cit p 125 Je pense que notre strat gie est tr s claire Elle consiste faire des investigations sur ce qui est arriv et d apporter des preuves contre des gens qui ont occup les postes les plus lev s 1236 Rev trim dr h 56 2003 naux ad hoc aux Etats membres Il va sans dire que ces d clara tions n ont aucun effet juridique m me si elles peuvent tre impor tantes pour l interpr tation du sens donner au Statut et latti tude de certains Etats En effet la r solution adopt e par le Conseil de s curit est obligatoire et lie tous les Etats membres des Nations Unies 3 En fait le caract re effectif de la primaut des deux Tribu naux p naux internationaux ad hoc sur les juridictions internes d pend de la r ponse que ces derni res r servent la demande offi cielle de leur dessaisissement et des circonstances Dans la pratique certains Etats et m mes des juridictions nationales se sont oppos s cette primaut 7 comme dans l affaire lizaphan Ntakirutimana o le juge am ricain Marcel Notzon a remis en libert M Eliza phan Ntakirutimana ressortissant rwandais r sidant aux Texas et a refus son transfert au TPIR en d pit d une demande expresse a
18. Protocole I article 75 4 h Protocole IT article 6 2 a 67 Prosecutor c Tadic No IT 94 1 T Motion on principle of non bis in idem Trial Chamber II 14 November 1995 13 16 68 Les points a et b du paragraphe 2 des articles 10 et 9 et les points a et b du paragraphe 3 de l article 20 Voy Convention III article 84 2 Protocole I article 75 4 Protocole II article 6 2 69 Les Statuts et les r glements de proc dure et de preuve du TPIY et du TPIR sont silencieux sur la possibilit qu ils ont de juger une personne condamn e par contumace par une juridiction nationale 70 Il reste aux diff rentes juridictions p nales internationales interpr ter et appliquer ces dispositions statutaires en conformit avec l esprit et la lettre du prin cipe non bis in idem et les standards admis en mati re de protection internationale des droits de l homme Moussounga ITSOUHOU MBADINGA 1245 sion sur les d cisions rendues par les juridictions nationales 7 La mise en uvre de la proc dure de r vision se r alise de fa on unila t rale et selon une appr ciation autonome des juges dans chaque cas La possibilit leur est donn e de se saisir eux m mes les juri dictions nationales ne disposant d aucun moyen l gal de s y oppo ser Ainsi ces derni res ne pourront plus conna tre de l affaire et ils ne leur restera plus que la voie de la coop ration obligatoire avec les juridictions p nales in
19. VARIATIONS DES RAPPORTS ENTRE LES JURIDICTIONS P NALES INTERNATIONALES ET LES JURIDICTIONS NATIONALES DANS LA R PRESSION DES CRIMES INTERNATIONAUX PAR Moussounga ITSOUHOU MBADINGA Docteur en Droit Universit de Paris I Panth on Sorbonne Acad mie africaine de th orie du droit Paris 1 La structure de la soci t internationale n a jamais favoris la r pression des atrocit s commises en temps de paix ou de conflit arm Leur commission tait certes le fait d individus mais ces der niers loin d agir isol ment le faisaient avec la bienveillance de leurs Etats qui tiraient justification de leur souverainet pour ne pas r pondre d agissements internationalement illicites de leurs natio naux D s lors il devenait difficile de r primer les delicta jus gen tium sans enfreindre le principe de la souverainet de l Etat et que ne soit engag e sa responsabilit 2 Pour ce faire il fallait rechercher les moyens de rendre justice aux victimes de ces crimes et ne pas laisser libre cours la revanche l oubli et l amnistie Le volontarisme base de toute action judiciaire internationale entre Etats a longtemps fait d faut dans la soci t internationale pour la cr ation d une juridiction p nale internationale susceptible de sanctionner les auteurs de tels crimes Cependant la n cessit d tablir une telle juridiction s est toujours ressentie preuve l organisation de la r pression interna
20. aragraphe 2 de la r solution 955 cr ant respec tivement les TPIY et le TPIR D ailleurs dans la d cision Blas kic la Chambre d appel du TPIY s est prononc e sur le pouvoir du TPIY de d cerner des ordonnances contraignantes subpoena duces tecum l gards des Etats et de leurs hauts fonctionnaires en vertu de l article 29 de son Statut C est l Etat qui est li par lar ticle 29 du Statut et c est l Etat au nom duquel le responsable offi ciel ou l agent agit qui constitue l interlocuteur l gitime du tribu nal 1 autrement dit aux autorit s tatiques aux personnes ou 7 Article 48 1 et Article 24 1 de la Charte des Nations Unies 8 Le Procureur c Tihomir Blaskic Arr t relatif la requ te de la R publique de Croatie aux fins d examen de la d cision de la Chambre de premi re instance II rendue le 18 juillet 1997 Affaire IT 95 14 AR 108bis 29 octobre 1997 p 17 26 9 Affaire de la Barcelona Traction and Power Company C I J Rec 1970 p 3 33 10 Voy galement Article 29 du Statut du Tribunal p nal international pour l ex Yougoslavie Voy la liste des arrestations et transferts au quartier p nitentiaire de Arusha in A 54 315 S 1999 943 7 septembre 1999 p 11 46 et pp 25 28 112 125 11 Le Procureur c Tihomir Blaskic Arr t relatif la requ te de la R publique de Croatie aux fins d examen de la d cision de la Chambre de premi re insta
21. au principe de compl mentarit il est interdit cet Etat de transf rer le pr sum coupable de crime international la Cour Si cet Etat n est pas en mesure de se pr valoir du principe de la comp tence univer selle le pr sum criminel jouira d une immunit dans le domaine des poursuites p nales C est non seulement la l gitimit et la cr di bilit du Conseil de s curit qui sont en jeu mais galement l avenir de la justice internationale 33 Article 16 du Statut de la Cour p nale internationale Aucune enqu te ni aucune poursuite ne peuvent tre engag es ni men es en vertu du pr sent Statut pendant les douze mois qui suivent la date laquelle le Conseil de s curit a fait une demande en ce sens la Cour dans une r solution adopt e en vertu chapitre VIT de la Charte des Nations Unies la demande peut tre renouvel e par le Conseil dans les m mes condi tions Moussounga ITSOUHOU MBADINGA 1235 II La r partition de la comp tence r pressive entre les juridictions p nales internationales et les juridictions nationales Les Statuts des juridictions p nales internationales contiennent des dispositions contest es instaurant la primaut des tribunaux p naux internationaux ad hoc devant ceux de l ordre interne A la compl mentarit des rapports entre la Cour p nale internationale et les juridictions nationales B ainsi que la possibilit pour les juri dictions p nales in
22. de la Belgique qui souhaitait que l on extrade certaines personnes pr sum es coupables vers son territoire national alors qu elles taient arr t es au Cameroun Les raisons de ces ten sions sont ais ment compr hensibles Les peines prononc es par le TPIR sont en g n ral moins s v res que celles qui r sultent des d cisions des juridictions rwandaises ou d autres tribunaux natio naux Au Rwanda par exemple la peine de mort tait pr vue pour les leaders du g nocide alors qu ils ne risquent au surplus que lem prisonnement vie comme sanction supr me devant le TPIR En outre les conditions d incarc ration seront plus favorables pour les 43 International Crisis Group Tribunal p nal international pour le Rwanda le compte rebours 1 ao t 2002 Rapport Afrique N 50 p 14 44 Philip GOUREVITCH Justice in Exile N Y Times June 24 1996 at A15 45 Chris ToMLINSON Tug of War Over Rwanda Suspect Indep March 13 1996 at 10 Moussounga ITSOUHOU MBADINGA 1239 accus s jug s par le TPIR par rapport ceux qui le seront par les tribunaux rwandais 6 Toutefois les pratiques du TPIY et du TPIR ont r v l la recherche d un certain degr de compl mentarit dans l administra tion de la justice avec les juridictions nationales C est ainsi qu un d l gu du Procureur a t nomm en avril 1997 de m me qu un officier de liaison entre le minist re de la Justice
23. dress e au gouvernement f d ral am ricain Deux raisons ont t invoqu es par ce magistrat l existence d un trait d extradition tait n cessaire afin de pouvoir transf rer ou extrader une personne du territoire des Etats Unis vers un autre Etat ou le TPIR en outre le gouvernement am ricain n avait pas produit de preuves suffisantes attestant que M Ntakirutimana avait commis les crimes qui lui taient reproch s Or les Statuts des tribunaux p naux internationaux demandent aux Etats de r pondre sans retard aux demandes de coop ration dont ils sont requis Dans un m me article 58 les deux r glements de proc dure et de preuve disposent que les obligations des Etats parmi lesquelles l obligation de trans 35 Doc N U S PV 3217 25 May 1993 p 16 pp 18 19 p 46 36 Article 25 de la Charte des Nations Unies 37 Voy Quel Lopez F JAVIER Reflexiones sobre la contribuncion del Tribu nal Penal Internacional para la antigua Yugoslavia al desarollo de derecho interna cional humanitario Anuario de Derecho Internacional vol XIII 1997 pp 467 et s Yves BEIGBEDER Judging War Criminals The Politics of International Justice New York St Martin s Press Inc 1999 pp 177 178 voy galement pp 161 163 Cf les cas de non coop ration d Etats et d entit s de l ex Vougoslavie S 52 375 S1997 729 18 septembre 1997 pp 4547 183 190 38 In the matter of Surrender of Elizaphan Nta
24. e si cela ne doit mener qu rester confin dans le domaine des pr somptions Ensuite il est difficile d tablir une plus grande efficacit du mandat d arr t international par rapport celui du juge unique Un accus peut se trouver sur le territoire d un Etat sans que sa pr sence n meuve ses autorit s politiques et judiciaires Dans cette hypoth se le recours aux dispositions des articles 28 et 29 des Statuts du TPIR et du TPIY obligeant les Etats coop rer avec ces tribunaux semble plus ais et r aliste Quant aux victimes leur place est en r alit une peau de chagrin car elles ne comparaissent devant la Chambre qu titre de t moins Leurs t moignages ne pourront pas permettre d asseoir la convic tion des juges en d pit de la publicit qui leur sera faite et de l motion qu ils susciteront aupr s de l opinion publique 2 Cependant les demandes de coop ration de la Cour ne sont assorties d aucun v ritable pouvoir de contrainte Si un Etat ne se conforme pas aux demandes de la Cour celle ci la possibilit de sai sir l Assembl e des Etats Parties art 87 7 qui conform ment l article 112 2 f examine toute question relative la non coop ration des Etats L assembl e adopte ses d cisions par consensus et 26 Karine LESCURE Florence TRINTIGNAC Une justice internationale pour lex Yougoslavie Mode d emploi du Tribunal p nal international de La Haye Paris L Har
25. ement avec raison qu il n existe aucun conflit entre les obligations conventionnelles ou l gales des Etats en mati re d en traide p nale et celles d coulant des Statuts des Tribunaux ad hoc car les deux cat 1228 Rev trim dr h 56 2003 TPIY et le TPIR sont des tribunaux internationaux dont les d ci sions ne sauraient tre confondues avec celles manant des juridic tions tatiques C est ainsi qu aucune disposition des Statuts ne sou met l obligation de livrer une quelconque personne aux proc dures r gissant l extradition dans le droit interne de l Etat requis Afin d viter le refus de coop ration d un Etat avec la Cour en se pr va lant de ses r gles en mati re d extradition l article 102 b du Statut d finit le sens du terme extradition On entend par extradition le fait pour un Etat de livrer une personne un autre Etat en application d un trait d une convention ou de la l gislation nationale A contra rio dans les rapports entre la Cour et les Etats Parties on ne sau rait parler d extradition mais de remise des pr sum s coupables En effet l article 102 a pr cise qu il faut entendre par remise le fait pour un Etat de livrer une personne la Cour en application du pr sent Statut B L insuffisance des moyens de garantie 1 Les Etats sont les seuls recours dont disposent les tribunaux p naux internationaux ad hoc n tant pas des
26. er des demandes de coop ration aux Etats Parties par toute voie diplomatique ou autre sp cifi e par Etat au moment de la rati fication de l acceptation de l approbation ou de l adh sion au Sta tut art 87 1 a Ces demandes peuvent tre transmises par l Or ganisation internationale de police criminelle Interpol ou par toute organisation r gionale comp tente art 87 1 b On peut penser juste titre que les r dacteurs du Statut ont tir les le ons des difficult s de coop ration rencontr es par le TPIY dans ses rap ports avec les Etats et l Organisation du Trait de l Atlantique Nord propos de la poursuite de certaines personnes recher ch es 1 La Cour peut galement faire la demande d informations et de documents ces organisations tout en sollicitant d autres formes de coop ration et d assistance dont elle est convenue avec une organisation intergouvernementale et qui sont conformes aux comp tences ou au mandat de celle ci art 87 6 Plusieurs modalit s de coop ration entre les Etats et la Cour sont num r es par le Statut Elles comprennent avant tout la remise de certaines personnes la Cour art 89 qui se fonde sur les demandes d ar 16 Article 34 de la Convention de Vienne sur le droit des trait s entre Etats et organisations internationales ou entre organisations internationales du 21 mars 1986 17 Catherine DENIS op cit p 242
27. es variables Voy l article 61 de la Cour internationale de jus tice et l article 4 du Protocole 7 de la Convention europ enne des droits de l homme 72 Jean Bosco Barayagwiza c Le Procureur Arr t Demande du Procureur en r vision ou r examen Affaire n ICTR 97 19 AR72 31 mars 2000 Il est tout de m me souhaitable que ces diff rentes hypoth ses demeurent purement th oriques car si elles venaient se produire elles entameraient non seulement la cr dibilit des juridictions de l ordre interne mais instaureraient galement des relations de suspi cion entre les tribunaux p naux internationaux ad hoc et les juridictions nationales La comp tence et l impartialit de la Cour pourraient tre remises en cause Ce qui rendrait plus complexes leur collaboration et partant l exercice d une justice sereine et quitable La restauration de la confiance et de la paix pourrait galement tre compromise 1246 Rev trim dr h 56 2003 2 Sur le plan r pressif l existence des juridictions p nales inter nationales est r v latrice de l incapacit de la communaut interna tionale faire respecter le droit international humanitaire et de l chec des m canismes de r pression p nale pr vus par le droit international Ensuite ce qu il importe de garantir en droit interna tional humanitaire est une pr vention efficace et non une r pression tardive sans pour autant l exclure Ce n est qu cette c
28. especter d autres obligations conventionnelles relatives l extradition contract es avec des Etats parties ou non parties au Statut L Etat requis aura alors arbitrer entre la demande de remise de la Cour et la demande d extradition d un Etat tiers L ar ticle 90 du Statut tente de r gler de tels cas de demandes concur rentes Aux termes des dispositions de l article 90 4 il est pr vu que Si l tat requ rant est un Etat non partie au pr sent Statut l tat requis s il n est pas tenu par une obligation internationale d ex trader l int ress vers l Etat requ rant donne la priorit la demande de remise de la Cour si celle ci a jug que l affaire tait recevable Ainsi le Statut de la Cour est consid r comme un accord inter alios acta dans la mesure o il semble vident dans l esprit de cette dis position qu un trait bilat ral d extradition a la primaut sur le Sta tut de la Cour en raison du principe relatif des trait s Cette situa tion devient choquante si l on imagine des sc narios o un Etat fantoche qui m aurait pas ratifi le statut agirait comme un 27 Serge SUR Vers une Cour p nale internationale la Convention de Rome entre les ONG et le Conseil de S curit R G D I P n 4 1998 p 43 1232 Rev trim dr h 56 2003 cran pour d douaner bon compte un Etat partie C est l une des limites des fonctions de la Cour que ne renco
29. et de la D fense et le bureau du Procureur afin de canaliser les requ tes de ces insti tutions Ce qui a permis d accro tre le niveau et la qualit des changes d informations entre les autorit s rwandaises et le TPIR Cette tendance la compl mentarit a t renforc e par l adoption par le Procureur du TPIY et du TPIR le 9 mars 1998 d une mesure r gulant la proc dure devant tre prise la demande des autorit s nationales voulant acqu rir des preuves d une per sonne d tenue par le TPIR Cette proc dure permet de tenir compte d ventuels liens pouvant exister entre des affaires dont les tribunaux p naux internationaux ad hoc et les juridictions natio nales sont saisis et d am liorer l administration de la justice au niveau national Bien plus l article 11bis du r glement de proc dure et de preuve du TPIY permet des transferts de dossiers vers les juridictions nationales Face l ch ance de 2004 date laquelle il doit tre mis fin aux enqu tes du TPIR Carla del Ponte envisage galement de transf rer 39 affaires des tribunaux nationaux dont 24 la justice rwandaise Le Procureur g n ral soumet cette possi bilit deux garanties fondamentales qui sont du ressort du gou vernement rwandais l abolition de la peine de mort et la possibilit d assister ces proc s comme observateurs Force est de reconna tre que les incertitudes sont grandes ce sujet M me le TPIY qui
30. isissement en faveur d une juridiction r pressive natio nale contrairement aux propositions du Comit fran ais comme l a confirm le TPIR dans l affaire Ntuyahaga 4 Cette primaut et ses cons quences suscitent par ailleurs des tensions persistantes entre le TPIR et les autorit s rwandaises comme dans l affaire Barayagwiza dans laquelle la Chambre d appel du TPIR avait d clar nul et non avenu l acte d accusation tabli contre Jean Bosco Barayagwiza et ordonn la remise en libert imm diate du pr venu pour vice de proc dure Bien plus en 2000 le gouvernement rwandais a d lib r ment bloqu la venue des t moins dans les proc s Butare et Niyitegeka devant le TPIR en ins taurant de nouvelles proc dures pr alables au voyage des t moins 39 Prosecutor c Milan Kovacevic IT 97 24 AR 73 Cf Antoine BUCHET Le transfert devant les juridictions internationals in Herv ASCENSI0 Emmanuel Decaux Alain PELLET dir Droit p nal international Paris Ed A Pedone 2000 pp 969 981 40 Doc O N U S 25266 Annexe V art 9 4 41 The Prosecutor versus Bernard Niuyahaga Case No ICTR 98 40 T Decision on the Prosecutor s motion to withdraw the indictment 18 March 1999 Voy Qua tri me rapport annuel du Tribunal p nal international charg de juger les personnes accus es d actes de g nocide ou d autres violations graves du droit international humanitaire commises s
31. istance au titre du pr sent chapitre sur la base d un arrangement ad hoc ou d un accord conclu avec cet Etat ou sur toute autre base appropri e 6 Si les personnes recherch es se trouvent in vitablement sur le territoire d un Etat celles ci ne peuvent tre remises une juridic tion trang re en dehors de tout lien conventionnel classique bas sur un trait d extradition ou d un texte l gislatif donn Il existe certes actuellement des trait s et des l gislations relatifs l extradi tion stricto sensu entre Etats mais ceux ci sont inop rants dans la mesure o la forme d entraide envisag e en la mati re ne rel ve pas du domaine des relations entre Etats Elle implique la remise d in dividus une juridiction internationale cr e par l ensemble de la communaut des Etats y compris le pays qui d tient l individu recherch pour juger de crimes d une gravit particuli re entra nant une responsabilit p nale internationale En effet le 19 D autres formes de coop ration relatives aux enqu tes aux preuves et aux t moignages sont contenues dans les dispositions de l article 93 20 Lucius CAFLISCH R flexions sur la cr ation d une Cour criminelle interna tionale in Theory of International Law at the 21 Century Essays in honour of Krysztof Skubiszewski The Hague London Boston Kluwer Law International 1996 p 872 Le professeur Caflisch rel ve gal
32. itable R G D I P n 4 1997 p 953 21 Article 21 4 du Statut du Tribunal p nal pour l ex Yougoslavie et article 20 4 du Statut du Tribunal international pour le Rwanda article 63 1 du Statut de Rome de la Cour p nale internationale Moussounga ITSOUHOU MBADINGA 1229 leurs dispositifs l gislatifs internes du respect des mesures adopt es par le TPIY et de menaces d adoption de mesures d ordre co nomique l encontre de certains Etats Dans ses applications de l article 61 du r glement de proc dure et de preuve le TPIY s est efforc d carter toute m prise afin de ne pas confondre cette proc dure avec un proc s par contumace Avant l examen du cas soumis les juges expliquent la port e donner l article 61 Ainsi dans l affaire Nikolic les juges ont pr cis que La proc dure de l article 61 engag e l initiative du Procureur ne s assimile pas un proc s par contumace elle ne conduit pas un jugement et ne prive pas l accus de son droit contester en per sonne les accusations port es contre lui devant ce Tribunal Les droits des victimes ne sauraient pour autant tre r duits n ant au travers de l article 61 elles trouveront le moyen gr ce l audience publique de faire entendre leurs voix et de les faire passer l histoire Cette affirmation peut laisser perplexe car la d marche processuelle des juges est identique celle qu ils u
33. iviser le g nocide contre les Tutsi voire de le nier en faisant un parall le entre celui ci et les crimes de guerre et crimes contre l Humanit contre les civils hutu la mise sur un m me pied d galit du FPR et des oppositions internes ou en exil et l imposition d un dialogue et ou de n gociations politiques avec elles Le manque de coo p ration du gouvernement rwandais avec le parquet du TPIR se r v le galement dans les enqu tes sur les crimes commis par le Front patriotique rwandais Ces crimes tablissent des responsabi lit s au niveau de la haute hi rarchie militaire de l Arm e populaire rwandaise En outre les militaires ayant commis ces crimes taient inconnus de la population l poque D o la n cessit de l assis tance du gouvernement rwandais pour leur identification L enjeu de ce conflit est double d abord il s agit pour le gouvernement rwandais de limiter au maximum le nombre de mises en accusation contre les membres de l Arm e populaire rwandaise Ensuite pour le bureau du Procureur il s agit d affirmer son ind pendance et son impartialit d autant plus que le TPIR souffre d une image politis e qui mine sa cr dibilit et sa mission de r conciliation nationale 5 L incarc ration de certains accus s a parfois t r clam e concomitamment par le gouvernement rwandais et le TPIR Parfois la concurrence s est faite avec d autres gouvernements tel que celui
34. kirutimana Misc No 1 96 5 Uni ted States District for the Southern District of Texas Laredo Division 1997 U S Dist LEXIS 20714 December 17 1997 Cf les analyses critiques de cette d cision par Bartram S BROWN Primacy or Complementarity Reconciling the Jurisdiction of National Courts and International Criminals Courts Yale J Intt L vol 23 n 2 Summer 1998 pp 411 413 et Jordan J PAUST The Freeing of Ntakiruti mana in the United States and Extradition to the ICTR Y HIL vol 1 1998 pp 205 209 Par contre le 5 ao t 1998 un juge f d ral a ordonn le transfert de M Ntakirutimana au TPIR Moussounga ITSOUHOU MBADINGA 1237 f rer les personnes r clam es pr valent sur tous les obstacles juri diques que la l gislation nationale ou les trait s d extradition aux quels l Etat int ress est partie pourraient opposer la remise ou au transfert de l accus ou d un t moin au tribunal Dans la d ci sion Milan Kovacevic du 29 mai 1998 la Chambre d appel du TPIY a confirm ce principe en jugeant que le principe de sp cialit ne s appliquait pas au TPIY et que les rapports entre un Etat requis et un Etat requ rant n avaient aucune contrepartie dans les r gles applicables au tribunal international Par contre ni les Statuts des deux tribunaux p naux ad hoc ni leurs r glements de proc dure et de preuve ne pr voient la possibilit de leur coop ration ou de leur dessa
35. ment faible En effet elle ne dispose pas de l imperium que lui conf re une r solution contraignante du Conseil de s curit ni du soutien au moins formel de l ensemble de la communaut internationale puisque seule une partie des Etats de la communaut est partie au Statut 51 4 Par ailleurs l application du principe de compl mentarit peut laisser subsister un doute sur la comp tence de la Cour et n cessiter la mise en relation du Procureur et des Etats int ress s ce sujet de sorte que l on constate un renforcement et un alourdissement de 58 Cyril Laucci op cit pp 162 176 59 Philippe WECKEL La Cour p nale internationale Pr sentation g n rale R G D I P n 4 1998 p 984 60 Lucius CAFLISCH op cit p 878 61 Claude JORDA Une vraie justice internationale est possible Le Figaro 21 novembre 2002 Moussounga ITSOUHOU MBADINGA 1243 la proc dure de recevabilit En effet le Procureur peut deman der la Cour de se prononcer sur une question de comp tence ou de recevabilit Si le Procureur a d termin qu il y a de bonnes rai sons d ouvrir une enqu te il le notifie tous les Etats parties et aux Etats qui selon les renseignements disponibles auraient normale ment comp tence l gard des crimes dont il s agit art 18 1 Eu gard cette notification un Etat peut informer la Cour qu il a ouvert ou ouvre une enqu te sur les personnes plac
36. mesure de se saisir de l accus de r unir des l ments de preuve et les t moignages n cessaires art 17 3 La Cour se trouve dans l obligation de se livrer une analyse appro fondie de l appareil judiciaire en g n ral et de la qualit du syst me p nal de l Etat concern en particulier notamment de sa conformit aux standards internationaux reconnus en mati re de droits de l homme Dans ces conditions on peut interpr ter les cons quences de la cons cration du principe de compl mentarit de fa on ambiva lente d une part on peut dire qu elle fait de la Cour un m ca nisme de soutien aux Etats en difficult et d autre part la Cour exercera des fonctions de contr le sur les juridictions nationales Dans ce cas la comp tence de la Cour appara t bien plus comme subsidiaire celles des Etats dans la mesure o les comp tences tatiques sont de droit commun et celle de la Cour minter vient que pour pallier les carences de l Etat Cependant les cons quences d un tel pouvoir d appr ciation de la Cour sur la cr dibilit du syst me judiciaire de l Etat en cause et des proc dures judi ciaires en cours ou achev es devant les juridictions internes sont difficilement pr visibles La recherche d un quilibre entre l id al de justice et le r alisme politique des Etats sera d autant plus difficile trouver que le pouvoir de contrainte de la Cour est relative
37. n de certaines informations porterait atteinte sa s cu rit Dans la mesure o la concertation n aboutirait pas la Cour devra d cider de la divulgation ou non de ces informations En la mati re cette coop ration pourrait bien devenir en pratique pure ment optionnelle C L instauration de r gimes d rogatoires 1 En principe le Statut de la Cour ne pr voit pas les r serves art 120 Mais il a quand m me int gr la possibilit pour les Etats parties de modeler leur engagement par un syst me d opting 28 Emmanuel DEcAUXx Actions au regard de la souverainet des Etats et moyens d investigation in Droit et d mocratie La Cour p nale internationale Paris La Documentation fran aise 1999 p 83 29 Article 90 6 30 Cette d marche s inspire certainement de la d cision Le Procureur c Tihomir Blaskic Arr t relatif la requ te de la R publique de Croatie aux fins d examen de la d cision de la Chambre de premi re instance II rendue le 18 juillet 1997 Affaire IT 95 14 AR 108bis 29 octobre 1997 pp 52 53 68 31 Serge SUR op cit p 42 Moussounga ITSOUHOU MBADINGA 1233 out En effet au moment de sa ratification un Etat peut faire une d claration pr vue par l article 124 en permettant de refuser la comp tence de la Cour pour les crimes de guerre commis sur son ter ritoire ou par ses nationaux cas de la France et de la Colombie Il s agit d un r
38. nationales et internationales afin de soustraire l impunit les auteurs de crimes internationaux et assurer une bonne administration de la justice internationale 5 Nous montrerons d abord qu en d pit du caract re obligatoire de la coop ration entre les juridictions p nales internationales et les juridictions nationales la concr tisation de la r pression p nale internationale est fonction non seulement de la nature de l instru ment juridique international qui le fonde de son contenu et de Pin terpr tation que les Etats parties en font mais galement de leur volont politique Ainsi m me si les juridictions internationales et nationales ont des comp tences concurrentes d o il ressort tant t la primaut des juridictions internationales sur les juridictions internes ou une certaine compl mentarit entre elles les juridic tions internationales pourront prendre le pas sur les tribunaux internes si la r pression de certains crimes internationaux par ces derniers r v le un parti pris I L h t rog n it de l obligation de coop ration des Etats L obligation faite aux Etats de coop rer avec les juridictions p nales internationales repose sur des bases juridiques diff rentes A qui ne garantissent pas suffisamment la mise en uvre de la r pression p nale internationale B Bien plus les r gimes d roga toires pr vus par le Statut de la Cour p nale internationale donne lieu des inter
39. nce II rendue le 18 juillet 1997 Affaire IT 95 14 AR 108bis 29 octobre 1997 12 Ibidem p 33 44 Moussounga ITSOUHOU MBADINGA 1225 organes sous l autorit effective de l Etat et ses d membre ments 1 2 Quant au TPIR dans la plupart des domaines la coop ra tion des Etats s est av r e bonne lorsqu ils peuvent en retirer un b n fice politique bon compte Elle est infiniment plus al atoire lorsqu elle exige un co t politique ou financier qui pourtant para t relativement peu lev En d finitive la coop ration la plus vitale pour le Tribunal demeure celle qui permet les arrestations C est aussi sur ce terrain que subsistent les r sistances les plus domma geables 14 Le S nat et la Chambre des repr sentants am ricains ont adopt un amendement largissant le programme de primes de l Etat f d ral Cette l gislation permettait d j au secr taire Etat am ricain d accorder une r compense financi re toute personne ayant donn une information permettant d arr ter un accus du TPIY Un autre amendement tend ce programme aux suspects du TPIR Bien que ce programme n ait pas apport les r sultats escompt s dans le contexte de l ex Yougoslavie il semble tre por teur de plus d espoirs dans la recherche des suspects rwandais du fait notamment de l impact de ces r compenses financi res aupr s de communaut s de r fugi s vivant dans des environnements tr s pr
40. ntrent pas les tribunaux p naux internationaux ad hoc Cependant il n y a pas d automaticit dans cette proc dure 4 Par ailleurs le chapitre IX du Statut de la Cour se r f re constamment la l gislation nationale pour la mise en uvre de cette coop ration Aucune garantie r elle n est apport e pour que les droits nationaux ne constituent pas des entraves l exercice de la justice p nale internationale L article 93 3 du Statut de la Cour autorise l Etat requis ne pas r pondre une demande d as sistance de la Cour en vertu d un principe juridique fondamental d application g n rale L ambigu t de ces termes accorde une grande marge d appr ciation aux Etats et laisse planer le doute sur l aboutissement de la requ te initiale de la Cour Apr s plusieurs consultations entre l Etat requis et la Cour celle ci devra le cas ch ant modifier sa demande Les Etats Parties ont m me la facult de se d partir de leur obligation de coop ration comme le pr voit l article 93 4 si la demande de coop ration de la Cour a pour objet la production de documents ou la divulgation d l ments de preuve relatives la s curit nationale ce en conformit avec l article 72 qui traite de la protection de renseignements touchant la s curit nationale Ainsi un Etat doit prendre les mesures n cessaires afin de trouver une solution concert e avec la Cour s il estime que la divulgatio
41. oc s par contumace d guis e Herv ASCENSI0 et Alain PELLET L activit du Tribunal p nal international pour l ex Vougoslavie 1993 1995 A F D I 1995 p 110 Andr Kurr Witnesses before the international criminal tribunal for the former Yugoslavia Revue interna tionale de droit p nal vol 67 1996 pp 267 297 Fa za PATEL KING et Anne Marie La Rosa The Jurisprudence of the Yugoslavia Tribunal 1994 1996 J E D I 1997 pp 128 142 Mark THIEROFF Edward A AMLEY Jr Proceedings to Justice and Accountability in the Balkans The International Criminal Tribunal for the For mer Yugoslavia and Rule 61 Yale J Intl L vol 23 n 1 Winter 1998 pp 258 260 Mame MANDIAYE NIANG Le Tribunal p nal international pour le Rwanda Et si la contumace tait possible R G D I P n 2 1999 pp 379 408 1230 Rev trim dr h 56 2003 mesure o d une part il ne pr voit pas l examen de la culpabilit de l accus et d autre part aucune sentence n est prononc e par la Chambre de premi re instance L instruction du proc s par l autre chambre maura lieu qu en pr sence de l accus Cette proc dure aurait les m rites de relancer l action p nale contre l accus de limiter sa libert de circulation et de permettre l exercice de leurs droits par les victimes et leurs familles D abord point n est besoin de faire r examiner un acte d accusation par toute une chambr
42. ondition que les fonctions pr ventives et r conciliatrices de cette justice p nale internationale enti rement d pendantes de sa fonction r pressive offriront des perspectives meilleures 3 La cr ation de la Cour p nale internationale a suscit de nom breux espoirs parmi les d fenseurs des droits de l homme afin que l impunit qui est la r gle en mati re de crimes internationaux devienne l exception Mais les obstacles que devra surmonter cette Cour dans son fonctionnement s av rent nombreux Elle ne serait qu une r alisation en trompe l il destin e seulement donner bonne conscience peu de frais certains gouvernements qui ne la d fendent que parce qu ils savent n avoir rien en redouter ou si peu tandis que la plupart s employ aient la vider de toute substance avant m me qu elle soit cr e 7 Mais comme l a si bien crit M Badinter il va ut mieux avoir une institution et une Cour qui boite que pas de Cour du tout car m me en boitant on avance D ailleurs n eut il pas t illusoire de croire que le criminel ou le criminel potentiel souscrive son propre ch timent x 73 Alain PELLET Le projet de statut de Cour criminelle internationale perma nente vers la fin de limpunit in H ctor Gros Espiell Amicorum Liber Personne humaine te droit international vol IT Bruxelles d Bruylant 1997 p 1059 74 Robert BADINTER
43. pr tations et des applications qui vident l obligation de coop ration de sa substance et nuisent la mise en uvre d une justice internationale efficace C 6 Rapport du Secr taire g n ral tabli conform ment au paragraphe 2 de la r solution 808 1993 du Conseil de s curit S 25704 3 mai 1993 p 18 64 1224 Rev trim dr h 56 2003 A La modulation de l obligation 1 Les tribunaux p naux internationaux ad hoc ont t tablis sur la base du chapitre VII de la Charte des Nations Unies 7 pour mettre en uvre des mesures prises en vertu de l article 41 de la Charte Par cons quent les d cisions judiciaires des tribunaux dans l exercice de leur juridiction doivent tre consid r es comme des mesures adopt es par le Conseil de s curit en vertu du Chapi tre VII qui conform ment l article 25 lient tous les Etats Membres C est une obligation internationale respecter et qu au cune l gislation nationale ne peut remettre en cause Les Etats et par cons quent les juridictions nationales sont li s Cette obliga tion de coop ration est une obligation erga omnes c est dire une obligation incombant tous les Etats envers la communaut inter nationale dans son ensemble 8 car ces derniers ont un int r t juri dique ce que ces droits soient prot g s On peut retrouver l obligation de coop ration faite aux Etats au paragraphe 4 de la r solution 827 et au p
44. re l accus la responsabilit p nale internationale ou encore si l affaire n a pas t instruite avec diligence Toutefois le risque de cumul des p riodes d emprisonnement des accus s ne fait l objet d aucune garantie v ritable Alors que le TPIY et le TPIR ne sont pas tenus de d duire la p riode que l accus a pass e en d tention la suite de sa condamnation par une juridiction interne art 24 du statut du TPIY et art 23 du Statut du TPIR la Cour est habilit e ce n est pas une obligation la d duire de la peine qu elle prononce l encontre de l accus art 78 al 2 7 3 Cet ensemble de r gles emp che la r alisation simultan e de deux proc s au niveau national et au niveau international L objec tif recherch est la bonne administration de la justice et la protec tion des droits de l accus Il n y a ni un infl chissement ni une vio lation des instruments juridiques internationaux r glementant ce principe D ailleurs leur force juridique est inf rieure celle de la Charte des Nations Unies en vertu de son l article 103 et du droit d riv des deux tribunaux En d autres termes les tribunaux p naux internationaux ont un droit de regard et un pouvoir de r vi 66 Ces dispositions sont en conformit avec celles tablies dans les Conventions de Gen ve de 1949 et leurs Protocoles additionnels Convention III article 86 Convention IV article 117 3
45. ruxelles Bruylant 1998 pp 151 172 3 Catherine DENIS Le Tribunal sp cial pour la Sierra Leone Quelques obser vations B D I 2001 1 pp 237 272 Catherine Ciss Le Tribunal sp cial pour la Sierra Leone International Law Forum vol 4 Issue 1 2002 pp 4 7 4 Richard J GOLDSTONE Justice As a Tool for Peace keeping Truth Commis sions and International Criminal Tribunals N Y U J Intl L amp Pol vol 28 n 3 Spring 1996 pp 486 490 Payam AKHAVAN Justice and Reconciliation in the Great Lakes Region of Africa The Contribution of the International Criminal Tri bunal for Rwanda Duke J Comp amp Intl L vol 2 n 2 Spring 1997 pp 328 333 Antonio CASSESE Reflections on International Criminal Justice The Modern Law Review vol 61 n 1 January 1998 pp 6 8 5 AJCONF 183 9 17 juillet 1998 Moussounga ITSOUHOU MBADINGA 1223 exclure ou d entraver l exercice de leur comp tence conform ment aux lois et proc dures nationales pertinentes mais de les encou rager en faire usage Eu gard la pluralit des entit s comp tentes la question qui se pose est de savoir comment devront s arti culer les relations entre les juridictions nationales et les juridictions p nales internationales Les deux niveaux de juridictions se conci lient elles ais ment Cette tude a pour objet de circonscrire les types de rapports qui s instaurent entre les entit s
46. te de justice internationale dans l affaire du Lotus avait reconnu le droit pour tout Etat de l gif rer sur des faits commis l tranger 5 Tandis que tous ces principes exigent un certain lien entre l acte commis et l Etat faisant valoir sa comp tence le principe de la comp tence universelle autre titre de comp tence r pressive des Etats n en exige aucun 5 3 Aux termes de l article 17 1 a l irrecevabilit d une affaire sera prononc e par la Cour lorsqu elle fait l objet d une enqu te ou de poursuites de la part d un Etat qui a comp tence en l esp ce moins que cet Etat n ait pas la volont ou soit dans l incapacit de mener l enqu te ou les poursuites La comp tence de la Cour est donc g n r e par le manque de volont ou par l incapacit d un Etat donn L existence du manque de volont est d termin e si la proc dure a t engag e dans le dessein de soustraire la per sonne concern e sa responsabilit p nale art 17 2 a si la proc dure a connu un retard injustifi art 17 2 b enfin si la proc 54 Michael AKEHURST Jurisdiction in International Law B Y I L 1974 pp 152 159 D W Bowerr Jurisdiction Changing Patterns of Authority over Activities and Resources B Y I L 1983 pp 4 11 Rosalyn HIGGINs General Course on Public International Law R C A D I 1993 5 pp 100 114 Andrew L Srrauss Beyond National Law
47. ternationales Par contre la mise en uvre du pouvoir de r vision des tribunaux p naux internationaux annule tous les effets l gaux produits par la d cision contest e l gard de l accus L extinction de l opposabilit de la d cision l accus sera le d but d une nouvelle proc dure judiciaire m me si celle ci se d roulera au niveau international Et le pouvoir de r vision donne par la suite la possibilit l accus de remettre en cause par un m canisme de r vision et des crit res pr vus dans les Statuts et les r glements des juridictions p nales internationales l autorit de la sentence rendue son encontre 7 Conclusion 1 La coop ration entre les juridictions p nales internationales et les juridictions nationales bien que contraignante et difficile se r v le n cessaire afin que ces juridictions puissent rendre une justice impartiale et quitable Cette collaboration est loin d tre totale ment acquise tant il manque d homog n it dans l obligation de coop ration des Etats Trop de facteurs juridiques et surtout politi ques p sent sur une collaboration efficiente des deux ordres de juri dictions 71 Cette proc dure de r vision des sentences juridictionnelles est pr vue tant au niveau international par des voies de droit commun ou des voies de recours conventionnellement tablies qu au niveau des instances nationales selon des modalit s et des crit r
48. ternationales de r viser les d cisions rendues par les juridictions nationales C A La remise en cause constante de la primaut des tribunaux p naux internationaux ad hoc sur les juridictions nationales 1 Le principe de la primaut du TPIR l gard des juridictions internes est nonc l article 8 du statut dudit Tribunal alors que celui du TPIY l est son article 9 Ils autorisent la concurrence des comp tences et interdisent toute exclusivit des deux Tribunaux dans la mesure o leur ambition n est pas de juger tous les crimes qui ont t commis en ex Yougoslavie et au Rwanda Ces deux articles tablissent un lien particulier entre le principe de la pri maut des tribunaux p naux internationaux ad hoc et la demande de dessaisissement adress e aux juridictions nationales apr s qu un suspect ait t mis en accusation par l un des deux tribunaux ad hoc Ce cas de figure n est pas constant et ne s applique qu un nombre restreint de suspects ayant assum les responsabilit s et les postes les plus lev s afin d encourager les tribunaux nationaux exercer leur comp tence conform ment aux lois et proc dures natio nales 2 Certains membres permanents du Conseil de s curit ont voulu remettre en cause la primaut des juridictions p nales internatio nales ad hoc par leurs d clarations faites l issue de l adoption de la r solution 827 1993 tablissant le TPIY en tentant de
49. tiliseraient pour statuer sur la culpabilit de l accus v rification de leur comp tence revue des faits imput s l accus avec la possibilit de faire compara tre des t moins examen de l exactitude des qualifications juridiques rete nues par le Procureur Toutefois il faut se garder d assimiler cette proc dure de l article 61 un proc s par contumace dans la 22 S PV 3663 8 mai 1996 p 2 23 S PV 3687 8 ao t 1996 p 4 24 Prosecutor v Nikolic IT 94 2 I October 9 1995 Goldstone J Opening state ment Prosecutor v Nikolic IT 94 2 T 1 1573bis October 31 1995 23 Prosecutor v Mrsksic Radic amp Sljivancanin IT 95 13 I 1 312bis April 3 1995 17 Prosecutor v Martic IT695 11 I 170 March 8 1996 181 Prosecutor v Karadic amp Mladic IT 95 5 R61 et IT 95 18 R61 1440 1bis July 11 1996 1440 3bis Prosecutor v Rajic IT 95 12 R61 1392 September 13 1996 1419 1420 Cf Rafa lle Marson La d ci sion de la Chambre de premi re instance n I du Tribunal p nal international pour l ex Yougoslavie dans l affaire Nikolic J E D I vol 7 n 2 1996 pp 284 299 25 Faiza PATEL KING Public Disclosure in the Rule 61 Proceedings Before the International Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia N Y U Intl L amp Pol vol 29 n 4 Summer 1997 pp 523 554 Pour une autre partie de la doctrine par contre la proc dure de l article 61 aboutit un pr
50. ue qui viole la fois le Trait de Rome la Charte des Nations Unies et le droit international en octroyant le pouvoir au Conseil de s curit d interpr ter et de modifier la signification d un trait international En effet elle invoque improprement les dispositions du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies alors qu une menace la paix ou rupture de la paix n existe pas Le para graphe 1 de la r solution 1422 2002 invoque les dispositions de l article 16 du Statut de Rome afin de procurer l avance une immunit pr ventive une cat gorie de personnes alors que cela devrait se faire au cas par cas dans des situations exceptionnelles impliquant le maintien de la paix et de la s curit internationales Quant au paragraphe 2 en autorisant un renouvellement automati que de cette immunit il se trouve en contravention par rapport l article 16 et conduit dans les faits amender le Statut de Rome Les Etats parties au Statut de Rome et les Etats membres des Nations Unies devront alors conform ment au paragraphe 3 se conformer cette r solution contraire leurs engagements En d autres termes les Etats ne devront pas coop rer avec la Cour si cette coop ration porte sur les casques bleus engag s dans de telles op rations de maintien de la paix Ainsi si un accus est trouv sur le territoire d un Etat parties et que la Cour veuille enqu ter ou engager des poursuites contre ce dernier conform ment
51. ur le territoire du Rwanda et les citoyens rwandais accus s de tels actes ou violations commis sur le territoire d Etats voisins entre le 1 janvier et le 31 d cembre 1994 A 54 315 S 1999 943 7 septembre 1999 pp 9 10 34 39 42 Jean Bosco Barayagwiza c Le Procureur 3 novembre 1999 Le 1 d cembre 1999 la Chambre d appel du TPIR a t saisie d une Demande en r vision ou r examen de l arr t rendu par la Chambre d appel le 3 novembre 1999 dans l affaire Jean Bosco Barayagwiza c Le Procureur et requ te en sursis d ex cution Dans son arr t rendu le 31 mars 2000 la Chambre d appel a d cid d une part de rejeter la demande de mise en libert de Jean Bosco Barayagwiza et d autre part pour la violation de ses droits l Appelant a un droit r paration qui sera fix au moment du jugement en premi re instance de la mani re suivante a Si l appelant est jug non coupable une r paration financi re lui sera due b Si l appelant est jug cou pable sa sentence sera r duite pour tenir compte de la violation de ses droits 1238 Rev trim dr h 56 2003 Cette crise des t moins suscite diverses appr hensions aupr s des autorit s rwandaises la mise en doute de la lutte politique du Front patriotique rwandais entam e au d but des ann es 90 et la fragilisation de l Etat qu il a b ti depuis sa victoire militaire notamment un an des lections g n rales le risque de relat
52. vre des citoyens et des militaires am ricains engag s dans des op ra tions de maintien de la paix sur la base de motivations politi ques La Cour serait utilis e comme un instrument de harc lement politique l encontre des Etats Unis En effet avec leurs responsa bilit s internationales les Etats Unis seront toujours une cible et ne veulent pas voir leurs d cisions contr l es par une juridiction dont ils ne reconnaissent pas la comp tence En outre la Cour devrait compromettre la comp tence des juridictions am ricaines elle enta merait la souverainet nationale des Etats Unis Les Etats Unis ont donc attendu le renouvellement de la mission de maintien de la paix en Bosnie Herz govine pour faire une proposition tendant accor der une immunit aux Am ricains participant aux op rations de maintien de la paix des Nations Unies Pour ce faire ils ont invoqu 32 Voy le texte de la lettre sur le site du D partement d Etat am ricain www s tate gov 1234 Rev trim dr h 56 2003 les dispositions de l article 16 du Statut de la Cour pr vues pour des situations compl tement diff rentes afin que le Conseil de s cu rit couvre leur exigence par une r solution contraignante 3 Le Conseil de s curit est parvenu un compromis en adop tant la r solution 1422 2002 du 12 juillet 2002 en vertu du chapi tre VII de la Charte des Nations Unies Cette r solution a une forte connotation politiq
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