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Témoignage judiciaire ou humanitaire

1. Le deuxi me objectif tait de gagner du temps pour valuer au fur et mesure du fonctionnement de la Cour l ampleur de l incompatibilit entre la mission de secours et l activit de t moignage judiciaire 1 3 La politique de coop ration de MSF avec la CPI La politique de coop ration avec la CPI adopt e en avril 2004 par l ensemble des directeurs g n raux de MSE distinguait entre le choix de l organisation en tant que telle celui de ses membres individuels et le statut des documents Le choix de l organisation Selon le principe de subsidiarit d j adopt MSF entendait limiter sa contribution aux proc dures devant la CPI aux cas o elle serait seule disposer d l ments de preuves essentiels pour tablir la culpabilit ou l innocence d un accus concernant des faits d une particuli re gravit et seulement si ces l ments ne pouvaient en aucune fa on tre obtenus aupr s d autres sources Dans tous les autres cas de figure MSF pourrait refuser sa coop ration avec la Cour en invoquant la pr servation de sa mission principale de secours aux victimes de conflits et de violences arm s Ces crit res d coulent de la jurisprudence des tribunaux internationaux ad hoc pour l ex Yougoslavie et le Rwanda qui ont d se prononcer sur les exemptions possibles en mati re de coop ration judiciaire La mission de secours humanitaire est reconnue et prot g e par le droit
2. l tranger De plus le pr sident de la commission de la d fense nationale et des forces arm es de l Assembl e nationale Paul Quil s s tait donn comme mission de gt 19 20 49 renforcer le contr le du parlement sur les op rations ext rieures du gouvernement C est sous son autorit que se d roula en 1998 l enqu te du Parlement fran ais sur le Rwanda qui ouvrit une premi re br che en faveur d un plus large contr le parlementaire de la politique ext rieure du gouvernement Ainsi d s l annonce de la composition de la mission MSF critiqua publique ment le choix comme rapporteur du travail parle mentaire de Fran ois L otard ancien ministre de la d fense pendant la guerre en Bosnie Cette prise de position de MSF fut vivement contest e par Fran ois Loncle pr sident de la commission des affaires trang res et pr sident de la mission d enqu te Ce dernier indiqua aux deux membres de MSF qui sui vaient au quotidien le travail de la mission Fran oise Bouchet Saulnier et Fabien Dubuet que MSF a fran chi la ligne rouge Fran ois L otard ne fut finalement pas nomm rapporteur de la mission Dans la m me logique lorsque le pr sident de la mission affirma que l instauration des huis clos pour l audition des officiers fran ais avait t demand e par le TPIY MSF v rifia cette MSF fut auditionn e deux reprises par la missio
3. De m me justifier pourquoi certaines informations seraient donn es par les ONG la justice internationale mais refus es aux tribunaux nationaux conduirait entrer dans un d bat politique opposant linternationalisme aux souverainet s nationales Les gouvernements seraient tent s de fustiger l action des ONG trang res qui refuseraient de participer aux proc dures nationales en privant ainsi la justice nationale des preuves n cessaires sa mission Ces tensions pourraient galement conduire des accusations concernant la destruction ou la falsification de preuves par les ONG Ces diff rents risques ne sont pas th oriques Ils s expriment r guli rement sur le terrain notamment quand MSF refuse de signaler l identit des victimes de violences sexuelles aux autorit s polici res du pays Dans de tels contextes certains accusent l organisation de cacher les victimes pour emp cher le travail de la police et le r tablissement de l ordre 127 C est cette politique judiciaire qui a d j t exp riment e et mise en uvre par le tribunal mixte pour le Sierra Leone nn o B 128 129 130 131 Cr ation de tribunaux militaires sp ciaux pour chaque Etat Nord Ouest et Sud Darfour par un d cret en 2001 Cr ation de tribu naux p naux sp cialis s par un d cret en avril 2003 Lettre de r quisition du Parquet G n ral du Sud Kivu du 2 juillet 2004 concernant les informa
4. une certaine philosophie de l action humanitaire qui revendique d aller au del de la substitution directe que constituent les actions de secours pour tenter de pr server ou r tablir la responsabilisation des diff rents acteurs vis vis du sort des populations en danger et qui assume une part de confrontation concr te et publique avec les situations de violence criminelle ou non pour en faire appara tre les m canismes et le co t humain 1985 1986 1989 1990 1991 1992 1993 Oct nov 20 octobre 19 novembre Mai 7 d cembre D cembre 22 f vrier 16 avril 17 juin 20 juillet CHRONOLOGIE MSF accuse publiquement le gouvernement thiopien d utiliser l aide et la logistique humanitaire pour proc der au d placement forc des populations Expulsion de MSF d Ethiopie MSF poursuit une campagne d explication afin de persuader les autres ONG et acteurs internationaux pr sents de s opposer galement au d tournement de l aide en Ethiopie Enqu te r alis e par MSF Hollande pour tablir des preuves m dicales et scientifiques apr s le gazage de la population kurde d Irak Halabja La CEE puis l Union europ enne et l ONU se saisissent de la gestion du conflit en ex Yougoslavie et d cident d y apporter une r ponse en terme d assistance humanitaire militaris e Ex Yougoslavie MSF d nonce l attaque du convoi d vacuation des malades de l h pital de Vukovar Chute
5. une sanction de ces crimes limit e par des enjeux de r conciliation nationale MSF n a re u aucune demande de coop ration ou de participation aux enqu tes et proc s contre les auteurs de ces crimes G LA COUR SP CIALE POUR LE SIERRA LEONE De 1997 2002 MSF documenta et t moigna sur la violence subie par les civils dans le conflit arm sierra l onais MSF appela les diff rents bellig rants respecter le droit international humanitaire A travers son activit chirurgicale dans l h pital Connaught de 76 11 Les critiques portaient notam ment sur le co t de fonctionnement des TPI la lenteur des enqu tes et des proc s et le fait que ce processus judiciaire ce d rou lait l tranger et ne permettait pas aux soci t s de se saisir des v nements pour panser leurs plaies et amorcer une r conciliation des communaut s Il faut aussi pr ciser qu un certain nom bre de chancelle ries commen ait s inqui ter face l autorit et l ind pendance croissantes des tribunaux v cues comme pr sentant un risque de parasitage dans la gestion des crises par les diplomaties Carla del Ponte fut d ailleurs relev e de son poste de Procureur du TPR notamment parce qu elle souhaitait enqu ter sur les violences du FPR pendant et apr s sa conqu te du pouvoir Kigali Cette nouvelle dynamique s inscri vait dans la logique de la cr ation de la CPI en effet ce
6. 2006 15 mars 2007 4 mai 62 dans les violences commises au Darfour est transmise la CPI par le Secr taire g n ral de lOnu Sierra Leone un volontaire de MSF t moigne titre personnel et sous couvert d anonymat devant le tribunal sp cial dans deux proc s distincts l un contre le RUE l autre contre l AFRC Le procureur confirme la pr paration de deux mandats d arr t contre le leader de la LRA Joseph Kony et l un de ses lieutenants Vincent Otti Soudan Inculpation et arrestation du chef de mission et du responsable de terrain de MSF Hollande pour espionnage publication de faux rapports et atteinte la soci t soudana ise suite au rapport sur les viols commis au Darfour diffus par MSF Hollande Demande des autorit s soudanaises de transmission des dossiers m dicaux refus e par MSE Ituri RDC Enl vement et prise d otage d un expatri et d un employ national dans la province d Ituri en R publique D mocratique du Congo Discussion interne MSF sur la possibilit et la pertinence d un t moignage sur ces v nements devant la CPI La d cision de MSF en tant qu organisation est de s abstenir de tout t moignage sur ce cas devant la CPI Le choix de l expatri est identique apr s discussion interne et discussion avec la CPI sur les implications sur les secours et sur le personnel national Le procureur de la CPI annonce louverture d une enqu te sur le Darfour Af
7. Srebrenica voir infra Lenqu teur justifia sa demande d information par le besoin de stimuler et de tester la coop ration des diff rents Etats impliqu s Le responsable des enqu tes du TPIY sur les massacres de la zone de s curit reprit contact avec MSF en novembre 1996 pour indiquer qu il avait retrouv le corps d un de nos employ s En d cembre 1998 l un des expatri s pr sent sur le terrain au moment des faits fut sollicit par des enqu teurs du TPIY pour apporter son t moignage Les responsables du dossier MSF contact rent cette personne qui ne souhaitait pas t moigner si ce n tait pas absolument n cessaire Apr s concertation entre MSF et le bureau du procureur du tribunal il fut convenu que cette personne ne serait pas contrainte de t moigner devant le TPIY Le tribunal accepta ce compromis sans faire pression sur MSF ni sur le volontaire La comparution fut remplac e par une r ponse du volontaire des questions crites envoy es par le bureau du procureur suivie d une entrevue informelle en janvier 1990 avec des enqu teurs du tribunal La question du t moignage de MSF devant le TPIY connut un rebondissement en 2004 A cette poque un ancien responsable de MSF d cida de t moigner d charge dans le cadre d un proc s Il transmit l avocat de l accus les noms des anciens volontaires de MSF pr sents Srebrenica de 1993 1995 ainsi que plusieurs documents interne
8. autres pays lesquels contredisaient ou compl taient les d clarations des officiels fran ais A plusieurs reprises MSF demanda publiquement au minist re de la D fense et au minist re des Affaires trang res de remettre la mission des documents dont l existence avaient t tablie mais qui taient couverts par le secret de la D fense Nationale ou des Affaires Etrang res Ces demandes rest rent sans effet 44 de la n gociation des accords de paix Celui ci aurait li l accord de paix l aban don des enclaves de l Est de la Bosnie et donc l engagement de ne pas les d fendre militairement au niveau des forces arm es internationales Les rapports de PONU sur le g no cide au Rwanda et sur la chute de Srebrenica ainsi que le rapport d audit sur le fonctionnement des op rations de maintien de la paix dit rapport Brahimi furent publi s en 1999 et 2000 et firent l objet d une importante couver ture m diatique Le rapport de POUA sur le g nocide au Rwanda fut gale ment publi le 7 juillet 2000 En France MSF b n ficia galement de la p riode dite de cohabitation Le pr sident de la r publique d une part le premier ministre et le parlement d autre part repr sentent deux courants politiques oppos s qui r duisit quelque peu la singularit fran aise permettant un seul homme le pr sident de la R publique d en voyer des soldats
9. sur leur territoire face leurs adversaires politiques et militaires Ce mode de saisine pose des questions d instrumenta lisation politique difficilement compatibles avec l ind pendance de l action humanitaire et la s curit de son personnel d ploy pr cis ment dans les zones en conflit Ce ph nom ne est encore accentu par l int gration de ce m canisme dans les processus de gestion des conflits par PONU Soudan Concernant le Soudan la saisine de la CPI par le Conseil de s curit de PONU a pos tout autant de probl mes pour la s curit et l ind pendance des organisations humanitaires A partir du mois d avril 2004 les violences commises au Darfour r gion de l Ouest du Soudan contre les populations civiles par l arm e soudanaise et des milices pro gouvernementales et la question de leur qualification ont entra n une r action internationale En 2004 et 2005 plusieurs chancelleries qualifi rent la situation au Darfour de g nocide ou voqu rent le risque de g nocide Le 30 septembre 2004 le Haut Commissaire aux droits de l homme Louise Arbour et le conseiller sp cial du Secr taire g n ral de PONU pour la pr vention des g nocides pr sent rent au Conseil de s curit de PONU un rapport d enqu te sur les violences au Darfour Ils concluaient que des crimes contre l humanit des crimes de guerre et des violations des lois de la guerre ont probablement t perp tr s de fa on syst
10. 838 juin 2000 et Gabor Rona The ICRCS privilege not to testify Confidentiality in action Revue internationale de la Croix Rouge n 845 mars 2002 Voir les d cisions du TPIY dans l affaire Simic et consorts et dans l affaire Randal Kate Mackintosh Note for humanitarian organisations on cooperation with international tribunals in Revue internationale de la Croix Rouge mars 2004 volume 86 n 853 Les diff rentes questions list es furent abord es dans les diff ren tes sections l occasion de s minaires de d bats lors des semaines de coordination ou de contributions crites telles que Justice et huma nitaire un conflit d int r ts Eric Dachy in A l ombre des guerres justes sous la direction de Fabrice Weissmann Flammarion 2003 pp 319 328 Being a witness MSF and International Courts coordinators judiciaires et quel titre Et sinon comment pouvait on respecter la libert individuelle tout en prot geant le travail de secours de l organisation Compte tenu de l importance d harmoniser l attitude des diff rentes sections de MSF sur cette question un groupe de travail international fut tabli en 2003 avec pour mission de r pondre de fa on concert e aux diff rentes demandes de coop ration avec des tribunaux qui seraient faites MSE d tudier le cadre juridique des relations entre MSF et la Cour p
11. de la Coalition internationale des ONG pour la CPI MSF cherchait galement faire entendre la voix et les contraintes sp cifiques des organisations humanitaires dans une coalition domin e par les organisations de d fense des droits de l homme 88 89 90 91 92 93 ble des enqu tes saisit le directeur g n ral de MSF Hollande dans une lettre dat e du 7 mai 2003 Voir MSF and the Sierra Leone Special Court document interne adopt le 24 avril 2003 Il s agit de l article 70 du r glement de proc dure et de preuve du statut de la Cour sp cia le que l on retrouve galement dans le cadre des deux TPI ad hoc Comme cela avait t fait pour le tribunal ad hoc pour le Rwanda avec le t moignage de Rony Zacharia voir supra p 33 Il sagit de Kenny Gluck pris en otage du 09 01 2001 au 04 02 2001 Ce proc s est actuellement en COUTS Voir Enl vement politique et mensonge d Etat Dr Jean Herv Bradol article post sur le site Internet de MSE le 21 juin 2004 Cette demande ne s accompagna toutefois pas de d marches concr tes en ce sens en raison notamment de d saccords entre les centres op ra tionnels concern s sur la strat gie de communication mener 94 Au del des Conventions de Gen ve et de leurs Protocoles addi tionnels il existe de nombreuses r solutions du Conseil de s curit sur la s curit et la protection de
12. doit continuer tre explicit e pour faire dispara tre les ambigu it s qui demeurent entre le t moignage humanitaire et le t moignage judiciaire Lenjeu consiste red finir le sens et la forme de la mission de l alerte port e par les organisations humanitaires sur certains crimes dans un environnement judiciaire international en pleine mutation proc dures judiciai res ne doit pas pour autant contribuer faire dispara tre la r alit et les preuves de certains crimes ni l ser les victimes de leur droit tre recon nues comme telles La pratique m dicale de MSF peut tre respec tueuse du droit des victimes notam ment en rendant compte publique ment de l existence de certains crimes sur le plan collectif et en fournissant sur le plan indivi duel des certificats m dicaux aux victi mes de viol ou de violence arm e Il incombera ensuite aux victimes de d cider si elles veulent et quand elles veulent porter plainte ou t moi gner Ce sont elles qui valueront les risques et les avan tages d une telle d marche en fonc tion des garanties de proc dure qui leur sont offertes sur le plan national ou international La d fense du secret m dical permet galement MSF dans de nombreuses situations de ne pas soumettre l exigence de soin des imp ratifs de d nonciation des crimes et de signalement des victimes aux forces de l ordre Le certificat m dical permet
13. la publication d un rapport et ouvre la voie une demande de pardon pr sent e par la Belgique au peuple rwandais pour lavoir abandonn au moment du g nocide Une coalition d acteurs de la soci t civile fran aise dont MSE demande louverture d une enqu te du parlement fran ais sur le r le de la France au Rwanda entre 1990 et 1994 Le pr sident de la commission de la d fense de l Assembl e nationale fran aise Paul Quil s fait voter en urgence la cr ation d une mission d information sur les op rations militaires men es par la France d autres pays et l ONU au Rwanda entre 1990 et 1994 Publication par MSF d un rapport sur les exactions contre les civils au Sierra Leone Jean Herv Bradol pr sident de MSF et responsable de programme pour le Rwanda en 1994 est auditionn par la mission d information parlementaire fran aise sur le Rwanda 1998 1999 Juin Juillet 17 juillet 30 novembre D cembre D cembre 15 d cembre 23 d cembre Printemps 26 mars 29 avril Mai Juin Juin 27 juillet 30 ao t Septembre MSF rejoint la Coalition internationale des ONG en faveur de la cr ation de la Cour p nale internationale CPI Signature du Trait de Rome pr voyant la cr ation de la Cour p nale internationale CPI pour juger les auteurs de g nocide crimes contre l humanit et crimes de guerre L Assembl e g n rale des Nations unies demande que soit tabli
14. la r daction un travail historique et p dagogique sur le t moignage MSF en prenant acte que cette notion ne pou vait pas faire l objet d un guideline Ce travail aboutit la r daction d une s rie de cas histo riques concernant les prises de paroles publiques qui por taient sur un dilem me de l action humanitaire et avaient donn lieu a controverse Voir la s rie Prises de paroles publiques r alis e par Laurence Binet et publi e par le Crash Fondation MSF et MSF International partir de 2004 Ce fut particuli re ment le cas au sujet des massacres de Srebrenica et du g nocide au Rwanda 51 52 Le traitement judiciaire ouvre un nouvel espace d action pour les victimes En tant qu acteur m dical MSF peut dans certains cas certifier m dicalement la r alit des crimes et exactions En effet la certification des faits participe l tablissement du statut de victime tout en laissant aux individus concern s le choix quant un recours judiciaire ult rieur Cette capacit va au del de la simple lutte contre l impunit puisque les organes judiciaires r cents comportent des l ments nouveaux de r paration ou indemnisation des victimes Dans ce contexte la certification m dicale et la documentation des violences permettent MSF d quilibrer sa non participation directe aux proc dures judiciaires Ce faisant MSF reste fid le l esprit du droit humanitaire et
15. nements survenus depuis la cr ation de la zone de s curit de Srebrenica le 16 avril 1993 ainsi que d autres zones de s curit Contrairement au processus d enqu te lanc par le Secr taire g n ral de l ONU sur le Rwanda et publi la m me ann e ce fut une initiative diplomatique du gouvernement de Bosnie soutenue par d autres pays devant l Assembl e g n rale de PONU qui permit de revenir sur ce drame En r ponse cette demande le Secr tariat g n ral proc da une enqu te interne qui d boucha le 15 novembre 1999 sur la publication du rapport sur la chute de Srebrenica MSF ne fit pas de d marche active vis vis de l quipe d enqu teurs et ceux ci ne cherch rent pas non plus approcher les diverses sections de MSF ni les volontaires pr sents Srebrenica Les enqu teurs de l ONU eurent bien s r acc s aux deux rapports publics publi s par MSF en 1995 et 1996 En revanche MSF s appuya sur la dynamique amorc e par la publication du rapport de PONU et sur la volont de son Secr taire g n ral de clarifier la doctrine d intervention militaire des Nations unies dans des situations de crimes de masse pour lancer et alimenter publiquement la demande d enqu te parlementaire en France 4 3 La mission d information parlementaire fran aise sur Srebrenica En 2000 cinq ans apr s les faits et malgr les r sultats de l enqu te de l ONU et des Pays Bas un certain nombre de questi
16. rales sur le contexte rwandais Le mandat du Tribunal p nal international ad hoc pour le Rwanda couvrant toute l ann e 1994 le tribunal tait donc galement th oriquement comp tent pour enqu ter sur les crimes commis par le Front Patriotique Rwanda s lors de sa conqu te militaire du pays et du renversement du gouvernement responsable du g nocide A cette poque il existait au sein de MSF au moins un document confidentiel relatif aux violences commises dans les zones lib r es par l arm e du Front Patriotique Rwanda s aux mois de mai et juin 1994 Pour des raisons de s curit ce document ne fut pas transmis au TPIR Mais l existence de ce document commen a tre connue l ext rieur de MSE En 1999 il fut donc finalement transmis titre confidentiel au TPIR afin de prot ger ses ventuelles conditions d utilisation Cette transmission au tribunal dans le cadre de la clause de sauvegarde de la confidentialit visait affirmer le caract re interne et confidentiel du document et s assurer qu il ne puisse pas tre utilis par les diff rentes parties concern es pour cr er une 63 64 C est Michael Verhaege avocat membre du conseil d administration de MSF Belgique qui assura cette fonction aupr s de Rony Zacharias Interview de Michael Verhaeghe Being a witness MSF and Internationals Court co days 2003 MSF Hollande pp 18 21 Bien que confiden tiel ce rapport
17. s pour nuire aux populations concern es Ces d tournements du mat riel des organisations humanitaires au profit de l ex cution d actes criminels avaient cr une situation de complicit passive Ainsi l action de MSF ne s appuyait pas sur la seule d fense des principes mais galement sur la mise en cause directe de la co responsabilit criminelle des organisations humanitaires Cette d nonciation conduisit l expulsion de la section fran aise de MSF par le gouvernement Ethiopien en d cembre 1985 A l poque rares taient les organisations qui partageaient la condamnation de ces pratiques de d placement forc de population et reconna issaient l existence d un crime En l absence de tribunal international comp tent ce crime n a fait l objet d aucune suite judiciaire internationale au moment des faits Toutefois en 1992 apr s la chute du r gime thiopien un grand proc s national fut organis en Ethiopie pour juger les crimes contre l humanit commis contre les populations civiles par le r gime pr c dent Rony Brauman alors pr sident de MSE et Brigitte Vasset alors directrice des op rations re urent par lettre une invitation t moigner charge contre les coupables pr sum s Ils refus rent de participer ce proc s le consid rant comme un proc s politique ne s appuyant pas sur une tradition de justice d mocratique Cette premi re exp rience montre que la question de la coop
18. sentes sur place pendant et apr s les v nements avaient document une partie des violences perp tr es par l arm e indon sienne et les milices pro gouvernementales au Timor Est mais aussi au Timor Ouest o une partie de la population est timoraise avait t d port e et prise en otage Lobjectif de cette documentation tait d abord op rationnel Il s agissait de comprendre le contexte et d adapter les secours aux besoins des populations r fugi es ou rapatri es Ce recueil avait aussi pour but d alerter la communaut internationale sur les violences graves qui continuaient dans les camps du Timor Ouest dans lesquels les civils d port s taient prisonniers Les informations recueillies par MSF ne comportaient pas de noms de t moins ou de victimes pour ne pas les mettre en danger mais elles fournissaient des pr cisions quantitatives et qualitatives sur les formes et la nature des violences subies par la population Ces informations ne furent pas publi es par MSF du fait de d saccords sur la pertinence de cette communication publique En novembre 1999 elles furent toutefois transmises sous la forme d un rapport de synth se la commission d enqu te internationale mise en place par les Nations unies puis en mars 2001 au Procureur g n ral d Indon sie et aux m canismes judiciaires mixtes cr s conjointement par le nouveau r gime est timorais et PONU La justice est timoraise et indon sienne ont proc d
19. stabilisation du pays MSF estimait que le tribunal n aurait pas une pleine ind pendance l gard du gouvernement sierra l onais des Etats Unis et de la Grande Bretagne Lensemble de ces l ments conduisit l organisation d finir une politique de prudence concernant la transmission de documents et d abstention concernant la pr sentation de t moins Trois rapports qui avaient fait l objet de publications ant rieures furent transmis la Cour sp ciale titre confidentiel sur la base d un article de son r glement de proc dure permettant MSF de prot ger et de contr ler l utilisation de ces informations par le bureau du Procureur du tribunal MSF refusa de transmettre ses informations internes et les noms des auteurs des rapports publics et des documents internes afin d viter qu ils soient appel s t moigner contre leur volont Cette fois ci MSF ne souhaita pas fournir de t moin expert ou de t moin de contexte qui aurait pr sent une analyse g n rale des crimes commis par les diff rents groupes Contrairement au cas du Rwanda o l enjeu tait la reconnaissance du g nocide dans celui de la Sierra Leone l existence des crimes n tait pas contest e Le tribunal devait d terminer qui taient les auteurs des crimes les plus graves parmi les diff rents groupes arm s MSF tait particuli rement mal plac e pour proc der cette valuation ou cautionner celle qui lui serait soumise
20. temps que les populations et les soldats de l OTAN 2 1 La pr servation des preuves Dans les lieux o MSF s installa un certain nombre de mesures d urgence devaient tre prises Il s agissait notamment de retirer des cadavres humains ou animaux qui avaient t jet s dans les puits et de proc der avec la population au ramassage et l ensevelissement des corps Toutefois il fallait prendre garde ne pas d truire les l ments de preuve des crimes et pour permettre l identification ult rieure des corps par les familles et le CICR Les lieux et les cadavres furent photographi s et un rapport permettant l identification fut tabli avant d enterrer les corps Ces rapports furent transmis au bureau du Procureur du TPIY La Haye qui centralisa les plaintes et recherches des familles Cette activit fut entreprise conform ment un protocole mis en place en consultation et en accord avec la population et les autorit s locales le bureau du Procureur du TPIY et le CICR 2 2 La recherche des disparus Apr s le retour des populations les questions de la recherche des disparus et du retour des prisonniers se posa de fa on aigu Pendant le conflit plusieurs milliers de personnes avaient t arr t es par les forces serbes et envoy es en d tention en Serbie D autres personnes taient port es disparues Le CICR entreprit le rapatriement des d tenus vers le Kosovo dans l intention d valuer le nombre et le sor
21. 40 1 462 43 Voir Rapport pr sent par le Secr taire g n ral en application de la r solution 53 35 de l Assembl e g n rale La chute de Srebrenica 15 novembre 1999 Ainsi que par le rapport sur le g nocide au Rwanda publi la m me ann e par l ONU Voir notamment la tribune de Fran oise Bouchet Saulnier et de Pierre Salignon Srebrenica ques tions de l chet s La Croix 20 juillet 1996 la pr face de Pierre Salignon et Renaud Tockert in Srebrenica Histoire d un crime interna tional Laurence de Barros Duch ne L Harmattan 1996 et le soutien de MSF la demande d enqu te formul e par le Collectif des citoyens et citoyennes pour la Bosnie vot par le conseil d admi nistration de MSE le 19 novembre 1999 tribune de Jean Herv Bradol dans le Monde le 13 juillet 2000 Un accord serait ainsi intervenu entre des responsa bles fran ais et les forces bosno serbes au mois de mai 1995 liant la lib ration des casques bleus pris en otages larr t du recours aux frappes a riennes de POTAN Un autre sc nario aurait galement impliqu les auto rit s fran aises et les autres pays membres du groupe de contact charg 4 2 L enqu te de PONU sur la chute de Srebrenica Dans sa r solution 53 35 du 30 novembre 1998 l Assembl e g n rale des Nations unies demanda que soit tabli un rapport complet comprenant une valuation des v
22. Il fut donc d cid que MSF n encouragerait pas les membres de ses quipes t moigner tout en respectant la volont de ceux qui souhaitaient le faire titre personnel En 2004 un volontaire de MSF exprima le d sir de t moigner devant la Cour sp ciale ce qu il fit en mai 2005 dans deux proc s distincts l un contre le RUE l autre contre l AFRC MSF obtint pour lexpatri et pour l organisation elle m me les mesures de protection de l anonymat pr vues par le r glement de proc dure et de preuve du tribunal En 2006 apr s l arrestation de Charles Taylor les enqu teurs du tribunal sp cial contact rent de nouveau MSF pour solliciter des informations et des t moignages qui permettraient d tablir le contr le effectif de Charles Taylor alors pr sident du Liberia sur 83 acquitt s en appel sous la pression des autorit s poli tiques et militaires de Djakarta De son c t le nouveau r gime est timorais privil gia la r conciliation avec l Indon sie et fit obstacle aux enqu tes men es par les juges de la Cour sp ciale mise en place avec laide de l ONU d s lors qu elles concer naient de hauts responsables Ainsi lors du lancement en mai 2004 d un mandat d arr t par la Cour sp ciale l encontre du g n ral Wiranto ancien chef des arm es indon siennes lors des violences perp tr es au Timor Est le Procureur g n ral du pays et le gouvernement d nonc rent cett
23. Voir Une justice internationale pour ex Yougoslavie mode d emploi du Tribunal p nal inter national de La Haye Fran oise Bouchet Saulnier avec Cedin et FIDH L Harmattan 1994 Le Procureur s engage ne pas utiliser les informa tions transmises comme moyens de preuve dans un dossier d accusa tion Cette disposi tion vite ainsi que celui qui a fourni l information soit oblig de participer aux proc s et notamment d tre soumis des contre interrogatoires de la part de l accus ou soit oblig de r v ler l identit de la source de son information faiblesses du dispositif militaire international La menace judiciaire devait permettre de dissuader les politiques criminelles et aurait pu servir de monnaie d change pour faciliter les n gociations de paix La r solution du Conseil de s curit portant cr ation du tribunal ad hoc consacrait ainsi une double mission consistant faciliter les efforts de paix et juger les auteurs de crimes Les Etats mirent un an et demi avant de nommer le procureur du TPIY Richard Goldstone il fallut encore plusieurs ann es avant que de r els moyens ne soient allou s au tribunal pour lui permettre un fonctionnement effectif Lapparition d un tribunal international constitua un l ment totalement nouveau du dispositif international de gestion des conflits il remit en question certaines pratiques des organisations humanitaires en g n ral et
24. a aliment les diver ses d nonciations publiques de MSF voir Laurence Binet Violence du nouveau r gime rwandais 1994 1995 dans la collection Prises de parole publiques de MSF pl2 25 26 65 66 67 Toute mise en cause du FPR est vivement critiqu e par le nouveau r gime rwandais qui la pr sente comme une op ra tion de r vision nisme consistant placer sur le m me plan le g nocide et les violences perp tr es dans le cadre des op rations militai res visant faire cesser le g nocide Sur le plan diplomatique l inaction de PONU pendant le g nocide est galement utilis e par le nouveau r gime rwandais pour refuser toute enqu te sur les m thodes utilis es par le FPR lors de sa conqu te puis de sa gestion du pouvoir voir Laurence Binet Violence du nouveau r gime rwandais 1994 1995 et La traque des r fugi s rwan dais au Zaire 1995 1996 dans la col lection Prises de paroles publiques de MSF Voir Le g nocide vitable rapport de POUA 7 juillet 2000 obligation de t moignage officiel pour MSE ou le volontaire concern Toutefois en raison notamment de l opposition du gouvernement rwandais le TPIR renon a mener terme ses enqu tes sur les crimes commis par les troupes du Front patriotique rwandais Les pressions diplomatiques qui emp ch rent le Tribunal p nal international sur le Rwanda d enqu t
25. commis par les bellig rants Lui aussi d non a le caract re inappropri de la r ponse de PONU face ces crimes Il finit par d missionner apr s le massacre de Srebrenica pour se d solidariser publiquement de cette politique de la communaut internationale De fait jusqu la trag die de Srebrenica en juillet 1995 et malgr plusieurs r visions du mandat des forces arm es onusiennes autorisant l emploi de la force pour prot ger les populations en danger le dispositif militaire international s est caract ris principalement par sa passivit l gard des crimes commis contre les populations civiles Entre temps en 1993 le Conseil de s curit d cida la cr ation d un tribunal pour juger les crimes commis dans cette guerre Cette cr ation fut sans doute une r ponse l indignation des opinions publiques europ ennes mais elle montra aussi le besoin de compl ter les moyens d intervention militaire et humanitaire de PONU sur ce terrain 2 LE TRIBUNAL P NAL POUR L EX YOUGOSLAVIE TPTY L MENT DE GESTION JUDICIAIRE DE LA CRISE Dans l histoire des relations internationales il s agissait d une premi re depuis la mise en place des juridictions militaires de Nuremberg et de Tokyo en 1945 Ce tribunal re ut mandat de juger les crimes commis sur l ensemble du territoire de l ex Yougoslavie depuis le 1 janvier 1991 date consid r e par le Conseil de s curit comme celle du d but des hosti
26. contre l humanit en premi re instance par la justice indon sienne furent ensuite Freetown MSF tait en effet directement confront e la violence perp tr e contre les populations civiles en particulier les mutilations Effectu e dans un contexte non judiciaire la communication publique de MSF avait d abord pour but de d noncer les crimes commis contre la population de documenter le ph nom ne des mutilations et de d clencher des m canismes de responsabilisation et de pression sur les diff rents groupes arm s Parall lement cette activit de documentation et d information publique MSF r digea des certificats m dicaux individuels pour bon nombre de victimes afin de faciliter les d marches de ceux qui souhaitaient introduire des recours demandes de statut de r fugi ou de statut alternatif de protection demandes d indemnisation De 1991 1999 l ONU avait d l gu la gestion de la crise une organisation r gionale la CEDEAO Communaut Economique des Etats d Afrique de l Ouest qui g ra une op ration de maintien de la paix lEcomog appuy e ponctuellement par des soldats britanniques En octobre 1999 les Nations unies furent contraintes de reprendre l initiative suite au d sengagement des troupes ouest africaines li au co t de l intervention et des revers militaires Le Conseil de s curit de Nations unies d cida alors le d ploiement d une importante op ration de maintien
27. coop ration entre l ONU et la CPI concernant le t moignage du personnel et la transmission d informations et documents des Nations unies Ce principe reste assorti de mesures de protection ventuelles Il appartient ensuite au bureau du Procureur de n gocier des accords sp cifiques de coop ration au cas par cas avec les diff rentes agences de PONU op rationnelles sur le terrain et avec les op rations de maintien de la paix Le R glement de Proc dures et de Preuves RPP de la CPI ne pr voit explicitement qu une seule d rogation l obligation de t moignage au profit du CICR En effet le CICR a n goci et obtenu lors de la n gociation du statut de la CPI une immunit totale de t moignage sur la base de sa mission exclusive au titre des conventions de Gen ve Les autres organisations humanitaires ne peuvent invoquer ces immunit s qu au cas par cas en se fondant sur certaines dispositions du statut de la Cour Ce statut pr voit comme ceux des pr c dents tribunaux internationaux un certain nombre de mesures permettant de limiter la comparution de t moins ou l obligation de produire des documents comme l ments de preuve Le b n fice de ces dispositions relatives la protection des t moins et des sources d information peut donc tre demand comme pour les juridictions ad hoc par les organisations humanitaires La Cour ne peut accepter ces d rogations l obligation de coop ration que
28. curit internationale ou de lutte contre l impunit Les diff rentes proc dures d enqu te initi es ou soutenues par MSF sur la Somalie l ex Yougoslavie ou le Rwanda ont contribu clairer les faiblesses du cadre de responsabilit des diff rentes innovations internationales concernant la gestion des conflits Elles ont aussi cherch dans un certain nombre de situations faire reconna tre l existence de crimes et de violences qui taient ni s ou disqualifi s par la propagande politique et militaire Ce fut notamment le cas pour les actions entreprises en 1994 et 1996 dans la r gion des grands lacs africains Ainsi les situations dans lesquelles MSF a soutenu des d marches d enqu tes judiciaires ou ind pendantes sont rest es limit es MSF n a pas agi en vertu de la d fense de principes g n raux de justice ou de v rit mais en vertu de crit res objectifs mettant en cause sa responsabilit op rationnelle directe L engagement de MSF n a concern que des crimes de masse commis sur une population aupr s de laquelle travaillaient ses quipes Les victimes taient des personnes secourues par MSF dans le cadre de ses programmes ou des personnels humanitaires travaillant pour elle L tablissement des responsabilit s criminelles individuelles dans un but de sanction n est jamais apparu comme un objectif des d marches d enqu tes initi es ou soutenues par MSE 119 Les interventions internat
29. d entrave l exercice de la justice Il faut noter ce sujet qu apr s l arrestation du chef de mission et du responsable de terrain de MSF Hollande par les autorit s soudanaises suite la publication du rapport sur les viols au Darfour les autorit s soudanaises ont effectivement demand MSF la transmission des noms des victimes et des certificats m dicaux L accusation de divulgation d informations mensong res port e par les autorit s contre MSF s appuyait notamment sur ce refus de transmission des certificats m dicaux et des l ments nominatifs concernant les victimes Les quipes de terrain se trouvent d j confront es ce type de dilemme Au Darfour avant m me cet incident les quipes subissaient d j la pression de la police pour venir d clarer au commissariat les cas de viols soign s dans les postes de sant de MSE Le viol tant un crime sa d nonciation la police tait une exigence l gale soudanaise Dans le rapport de forces qui s est engag ce sujet la police accusait MSF de donner une publicit internationale ces viols tout en emp chant les autorit s locales de les r primer En RDC MSF fut galement confront e cette demande de coop ration avec la police et la justice nationales L encore dans le cadre de examen de la situation du pays par la CPI le minist re de la Justice avait demand aux autorit s sanitaires du pays de recenser et de leur transmettre tous les cas d
30. de son c t d attester un statut de victime et de pr server les preuves pour des d marches ult rieu res ventuelles Po 50 CONCLUSION Au long de son histoire MSF a refus le pi ge du face face silencieux avec le crime de masse en se r servant le droit de prendre la parole publiquement dans certaines situations et de suspendre ses actions dans certaines situations MSF a inscrit cette activit dans le cadre d efforts permanents pour donner un contenu et des limites pr cises la responsabilit des acteurs de secours et pour mettre cette responsabilit en relation et en tension avec d autres sph res de responsabilit s politiques Les prises de paroles publiques et les d nonciations de MSF sont fond es sur une responsabilit d acteur et non sur une obligation de t moin Pour justifier sa participation certaines enqu tes ou proc dures judiciaires MSF s est fond e sur sa qualit de t moin mais surtout sur celle d acteur et de victime directe ou indirecte C est en effet en qualit de victime que MSF a pu demander que la v rit sur certains faits soit reconnue et c est en tant qu acteur impliqu dans la gestion des secours qu elle a r clam que le partage des responsabilit s politiques nationales et internationales puisse tre tabli L volution du contexte international a conduit MSF adapter sa politique de t moignage aux nouvelles contraintes et possi
31. du 26 mars de la m me ann e Plusieurs ditions de la s rie de livres Populations en danger r dig s par MSE avaient t publi es en fran ais et anglais et des membres de MSF avaient galement publi des ouvrages et des articles dans la presse et dans diverses revues Rapport d enqu te ind pendant sur l action des Nations unies pendant le g nocide au Rwanda 15 d cembre 1999 Rapport du groupe d tude sur les op rations de paix de l ONU 21 ao t 2001 judiciaire du terme Il d fendit une analyse de la situation et une mise en cause des responsabilit s des diff rents acteurs dont la France impliqu s dans la r ponse internationale au g nocide sur le plan humanitaire politique et militaire Ces diff rentes enqu tes nationales sur la trag die rwandaise stimul rent le d clenchement par l ONU de son propre travail d analyse sur l chec de son intervention 4 CENQU TE DE L ONU SUR LA TRAG DIE RWANDAISE En mars 1999 l initiative du nouveau Secr taire g n ral de PONU Kofi Annan responsable du d partement des op rations de maintien de la paix au moment du g nocide l ONU d clencha une enqu te interne destin e analyser les causes de l chec de son implication politico militaire au Rwanda en 1994 Cette initiative avait galement pour but de restaurer l autorit morale de l organisation et sa cr dibilit en mati re de gestion des crises La gestion
32. et du greffier Lors de sa premi re conf rence de presse en juillet 2003 le procureur de la CPI Luis Moreno Occampo indiqua que son bureau avait d j re u pr s de 500 plaintes et qu une partie d entre elles concernaient des crimes qui relevaient bien de la comp tence de la Cour Il annon a que la situation en Ituri RDC avait attir son attention et qu il consid rait cette situation comme tant le cas le plus urgent suivre Toutefois dans les mois qui suivirent il ne prit pas la d cision de s auto saisir formellement de la situation comme le statut de Rome le lui permet ni en cons quence d ouvrir une enqu te Il expliqua au contraire qu une saisine de la CPI par la RDC elle m me serait pr f rable Ouganda En janvier 2004 l occasion d une conf rence de presse conjointe Londres le pr sident ougandais Yoweri Museveni annon a publiquement qu en d cembre 2003 il avait saisi la CPI des crimes commis par l Arm e de r sistance du Seigneur LRA Ce fut la premi re saisine de la Cour p nale internationale Dans la foul e Luis Moreno Occampo confirma qu il donnait un accueil favorable la requ te de Ouganda et m me qu il pourrait ouvrir la premi re enqu te de la CPI En r ponse aux critiques sur l instrumentalisation de la CPI par un r gime lui m me impliqu dans les crimes commis dans l Est de la RDC le procureur signala qu il tait comp tent pour les violen
33. et gouvernements nationaux 47 4 Action humanitaire et entraves la justice 48 CONCLUSION 51 CHRONOLOGIE 53 Recherches r daction Fran oise Bouchet Saulnier Fabien Dubuet assistante B reng re Cescau remerciements Rony Brauman traduction Neil Beschers gra phisme et mise en page tcgraphite Introduction Au fil de son histoire MSF a mis en lumi re et d nonc des d tournements de l action humanitaire et des violences graves commises contre des populations civiles b n ficiant de ses actions de secours Cette d marche a pu conduire lorganisation prendre l initiative ou s associer des demandes d enqu tes nationales ou internationales Cette activit a conduit progressivement l organisation aux portes de proc dures judiciaires nationales ou internationales visant mettre en cause non plus des responsabilit s politiques mais tablir la responsabilit p nale des auteurs individuels de ces crimes Cette tude cherche restituer les formes et les motivations de ces diff rentes initiatives dans le but d identifier et de clarifier la d limitation entre l action de t moignage humanitaire et celle du t moignage judiciaire Il semble important de r tablir le fil directeur de ces actions pour permettre l adaptation des pratiques de MSF aux transformations du contexte international de l action humanitaire L volution de ce contexte est notamment marqu e par l apparition r cen
34. international et son respect s impose aux juges internationaux Les tribunaux p naux ad hoc ont reconnu lincompatibilit entre laction de secours humanitaire et l action de t moignage judiciaire Leur jurisprudence ce sujet limite ainsi les obligations de coop ration pour prot ger l op rationnalit d e certains acteurs de terrain organisations humanitaires et correspondants de guerre notamment Selon cette jurisprudence les demandes d exemption devraient donc tre argument es de fa on rigoureuse et constante sur des consid rations de s curit et d incompatibilit entre l action de secours et le t moignage judiciaire Le choix des volontaires La position de MSF en tant qu organisation tant clarifi e il fallait encore envisager le cas des individus travaillant pour l organisation Contrairement au CICR et aux organisations du syst me des Nations unies MSF n impose aucune clause de confidentialit ses volontaires et employ s Il semblait techniquement difficile et moralement douteux d imposer aux individus les d cisions de l organisation Il fut donc d cid que MSF respecterait les d cisions individuelles de t moignage devant des instances judiciaires Dans ce cas MSF s engageait proposer un soutien juridique au volontaire concern pour l informer sur le fonctionnement des juridictions internationales et limiter la publicit autour du nom de MSE de mani re prot ger la s curit des autr
35. la Cour p nale internationale F LE TRIBUNAL SP CIAL POUR LE TIMOR EST Apr s la cr ation en 1993 et 1994 des deux TPI ad hoc pour l ex Yougoslavie et le Rwanda et la signature en 1998 du trait de Rome pr voyant la cr ation de la Cour p nale internationale CPI le d veloppement des m canismes de sanction judiciaire des violations graves des droits de l homme et du droit international humanitaire continua s imposer dans les contextes de l action humanitaire notamment sous la forme de tribunaux mixtes Pour r pondre aux critiques concernant le d veloppement de la justice internationale et l exp rience des deux TPI ad hoc PONU choisit de cr er des tribunaux ad hoc mixtes mi nationaux mi internationaux sur la base d un accord n goci avec les Etats concern s charg s de juger dans leur propre pays et dans le cadre d un processus de transition politique les crimes commis pendant des conflits arm s Cette option d un tribunal mixte comprenant des juges et du personnel national et international fut choisie pour la premi re fois au Timor oriental apr s les violences qui suivirent le r f rendum d autod termination organis par PONU le 30 ao t 1999 et l intervention d une coalition militaire internationale dirig e par l Australie en septembre 1999 Cette exp rience de tribunal mixte fut ensuite r utilis e par PONU au Sierra Leone et au Cambodge Les diff rentes quipes de MSF pr
36. matique et sur une large chelle Ils demand rent la saisine de la CPI par le Conseil de s curit Le 31 mars 2005 apr s des discussions mouvement es le Conseil de s curit vota la r solution 1593 qui d f ra la situation du Darfour la CPI et imposa la comp tence de la Cour malgr le refus du gouvernement soudanais et le fait qu il n avait pas sign le trait de Rome La communaut internationale ajoutait donc un volet judiciaire contraignant sa gestion diplomatique et militaire de la crise Une liste secr te labor e par la commission d enqu te de PONU et contenant les noms de responsables soudanais impliqu s dans les violences fut m me transmise la CPI par le Secr taire g n ral de PONU en avril 2005 Un mois plus tard le 6 juin 2005 le procureur de la CPI annon ait louverture d une enqu te Dans ce contexte la diffusion d un rapport de la section hollandaise de MSF sur les viols commis au Darfour par les forces arm es nationales et les milices pro gouvernementales publi l occasion de la journ e internationale de la femme le 8 mars 2005 entra na en juin de la m me ann e l inculpation et l arrestation du chef de mission et du responsable de terrain de MSE pour espionnage publication de faux rapports et atteinte la s curit nationale Les deux expatri s de MSF furent finalement rel ch s la suite des pressions exerc es par les Nations unies et divers
37. moignage judiciaire Le but de la d nonciation des crimes du gouvernement thiopien tait de d gager la complicit de MSF de ces agissements autant que d infl chir le cours des v nements par leur d nonciation publique Le refus du t moignage judiciaire de MSE plusieurs ann es plus tard tait motiv par la nature politique du proc s et sa d connexion op rationnelle quant au sort des populations dix ans apr s les faits B LA SOMALIE En d cembre 1992 le Conseil de s curit de PONU d cidait d une intervention militaire destin e prot ger l acheminement des secours d ploy s La guerre civile qui faisait rage dans le pays depuis deux ans emp chait la distribution de vivres et de secours aux victimes de la famine Le premier mandat donn aux forces arm es internationales consistait s curiser l acheminement de l aide alimentaire Les objectifs de cette intervention militaire allaient cependant voluer vers l affaiblissement des pouvoirs militaires des seigneurs de guerre et notamment du plus puissant d entre eux Avec cette d cision les forces arm es internationales perdirent le statut de neutralit qu elles revendiquaient du fait de leur mission humanitaire et se retrouv rent directement impliqu es dans le conflit Dans le cours de leurs actions les forces am ricaines proc d rent ainsi au bombardement du si ge local de MSF et d AICF actuel ACF ainsi qu au bombardement et
38. moins ou d autres documents A la demande du bureau du Procureur du TPIY les rapports de MSF sur la purification ethnique ont t transmis nouveau le 2 octobre 2001 Voir infra 3 MSE le TPIY et Srebrenica p 13 Ces l ments ont t rajout s dans le cadre de la r dac tion de la politique internationale de MSF vis vis de la Cour p nale inter nationale adopt e en 2004 Voir infra 13 Th 27 28 29 Il s agissait du corps de Meho Bosnjakovic entrevue est un proc d informel qui ne cr e pas d obligation juridique pour le t moin notamment l obligation d tre contre interrog lors des audiences par le procureur les juges ou l avocat de l accus Proc s de Naser Oric l ancien chef militaire bosniaque de Srebrenica qui se tint devant le TPY en 2004 2005 Acte d accusation initial 28 mars 2003 Acte d accusa tion modifi 23 juillet 2003 Deuxi me acte d accusation modifi 4 octobre 2004 Troisi me acte d accusation modifi 30 juin 2005 D cision du Greffe 15 mars 2004 D cision chambre de 1 instance 25 avril 2003 D cision relative au deuxi me acte d accusation modifi 4 octobre 2004 D cision rela tive l appel interlo cutoire concernant l application de l article 70 du r glement Chambre d Appel 24 Mars 2004 proc dait de son c t une enqu te interne sur le comportement de son contingent de casques bleus
39. nale internationale et de proposer un texte de politique g n rale qui serait d battu et adopt par les directeurs g n raux de MSF de pr senter et n gocier cette politique avec les instances de la CPI Cette politique tra a une voie m diane constituant un compromis entre une d cision politique et une obligation juridique MSF refusa dans un premier temps d affirmer une position claire sur les dangers de la coop ration avec la Cour p nale internationale et sur l opportunit ou la n cessit d tre exempt de toute obligation de coop ration avec la CPI Mais MSF n avait en principe pas le choix quand sa coop ration avec la CPI Comme avec toute instance judiciaire la coop ration est une obligation la charge des individus et des organisations ceux ci devant se soumettre aux demandes de comparution de t moin et de transmission de documents Pour que MSF puisse obtenir des exemptions elle devrait en faire la demande argument e au cas par cas Pour tre accept es ces demandes devraient tre fond es sur des arguments de principe exprimant une politique g n rale claire et constante et pas sur des arguments de convenance ou d opportunit d velopp s de fa on ad hoc dans chaque cas particulier Le premier objectif de cette politique tait donc de laisser MSF la libert de d cider en toute ind pendance la faisabilit et la nature de son investissement dans le processus judiciaire international
40. obtenir des informations notamment de la part des Etats impliqu s dans les op rations de maintien de la paix sur le terrain Au mois d ao t 1995 un enqu teur du tribunal contacta MSF pour savoir si l organisation disposait d autres documents que ceux qui avaient t rendus publics MSF transmit alors enqu teur sous couvert de confidentialit la copie de la liste mentionnant les bless s et malades et le personnel MSF disparus lors de l vacuation de l enclave et la copie du document de d briefing de ses expatri s r alis apr s les v nements et qui avait d j t transmis au gouvernement n erlandais celui ci 22 23 24 25 26 MSF et les proc dures judiciaires Fran oise Bouchet Saulnier document interne de MSE novembre 1995 MSF utilise une disposition du r glement de proc dure et de preuve du TPIY article 70 qui per met de transmettre des documents qui ne serviront qu faciliter les enqu tes mais pas nour rir les dossiers d ac cusation Ainsi il s agit d informer les enqu teurs sur des v nements des lieux et l existence d autres t moins Le Procureur s engage ne pas utiliser les informations trans mises comme moyens de preuve Cette disposition permet d viter toute obligation de participation la proc dure judiciaire proprement dite Elle permet gale ment de limiter la possibilit des juges d exiger la produc tion de t
41. parlementaires nationales ou missions d enqu te internationales institutionnelles tribunaux p naux nationaux et internationaux charg s de sanctionner les crimes de guerre les crimes contre l humanit et le g nocide Dans un certain nombre de cas MSF a pris l initiative de ces proc dures dans d autres situations MSF a d d cider de sa coop ration ou non coop ration avec les proc dures existantes L apparition en 1993 et 1994 des tribunaux internationaux ad hoc puis la cr ation en 1998 d une juridiction permanente la Cour p nale internationale CPI ont eu un impact important sur la pratique de MSF en mati re de t moignage En effet l apparition des proc dures judiciaires internationales a marqu un tournant entre l tablissement d une v rit historique ou politique et celle d une v rit judiciaire La qualification ne se fait plus sur le terrain au moment des v nements et dans le but den infl chir le cours Elle intervient des ann es plus tard au fil d un long processus judiciaire de confrontation des t moins et des preuves Dans ce contexte la question du statut du t moignage s est pos e de fa on diff rente pour MSE Le t moignage n est plus un choix autonome manifestant l ind pendance de l organisation face aux diff rents acteurs de violence il devient une obligation juridique qui fragilise l ind pendance des organisations de secours et impose la soumission aux cont
42. r daction du document titre de t moin ou d enqu teur l argumentation de MSF devant 121 122 prot ger des populations en danger si cela risquait de nuire aux n gociations de paix La subordination de la dimension humaine aux consid rations d ordre politique sup rieur fut enfin mise en vidence Il est int ressant de noter que ce dernier crit re avait t invoqu pour justifier l in t r t agir de MSF au sens quasi juridique du mot concer nant les enqu tes sur le Rwanda et sur Srebrenica MSF faisait valoir que l association avait t touch e dans son corps travers l attaque de ses employ s nationaux ou de ses malades Voir compte rendu du CA MSF France du 26 mars 2004 Thierry Durand moi je pense que la collaboration avec la justice n est pas en soi n gative car nous avons toujours associ aux soins la mission de t moignage Nous menons de notre propre chef des investigations pour d noncer et qualifier les crimes De plus nous sommes r guli rement auditionn s par le Conseil de s curit le Conseil de l Europe C Jean Herv Bradol je ne suis pas accord avec la pr sentation faite dans la note sur les relations p 2n 46 123 124 125 126 entre MSF et la CPI pour Ouganda car nous partons d un point de vue unique les effets de la CPI seront n gatifs sur notre travail L criture de la note es
43. rapports furent produits en ao t 1995 puis en f vrier 1996 d crivant les circonstances de la chute de l enclave Ces rapports s appuyaient sur les documents de d briefing des expatri s et sur les transcriptions de communications entre les quipes de terrain et de coordination Belgrade pendant toute la dur e de l offensive militaire sur l enclave et jusqu sa chute et la d portation de la population et des malades MSF utilisa ces documents pour r pondre aux demandes d informations qui lui furent adress es dans le cadre des enqu tes qui se d roul rent aux Pays Bas d s 1995 et qui allaient s tendre en France devant le Tribunal p nal international pour l ex Yougoslavie ainsi qu au sein des Nations unies Au niveau international la clarification du sort de cette population et de l ampleur des massacres a pris des ann es Pendant cette p riode d incertitude chacun sp cula sur le sort r el des milliers de personnes port es disparues Srebrenica C est seulement l ouverture des fosses communes et la progression de l enqu te judiciaire du TPIY qui permirent de mettre un terme aux contestations relatives l existence et la nature de ces crimes Le travail de MSF consista pendant ce temps de latence conserver les preuves et t moignages en sa possession et faire pression publiquement pour que les faits et les responsabilit s relatives la chute de Srebrenica fassent l objet d investigatio
44. t moigne en son nom propre sans exposer le nom de l organisation les noms de certains de ses membres et sans utiliser les documents internes de l organisation Les statuts des tribunaux internationaux pr voient de telles mesures de protection mais pour en b n ficier il faut que le t moin en fasse la demande aupr s du tribunal Dans le cas d esp ce le t moin n avait pas voulu faire une telle demande de protection puisqu il estimait l gitime d exposer le nom de MSE En outre la controverse au sein de l organisation avait paralys pendant un temps toute demande de protection faite directement par MSF aupr s des juges Paradoxalement c est le juge international qui de son propre chef lors de l audience s inqui ta du risque que le t moin faisait courir l organisation et ses membres en citant les noms sans apparente pr caution ni concertation avec MSF La publication de cette audition sur le site du Tribunal au mois de juillet 2005 cr a une prise de conscience au sein de MSE Les requ tes faites par MSF aupr s de l avocat furent dans un premier temps refus es avant d tre accept es suite aux demandes faites par MSF directement aupr s du juge Ainsi le 10 octobre 2005 le nom de MSF et des autres membres de l association furent officiellement retir s du proc s verbal de l audience du 11 juillet 2005 4 MSF ET LES ENQU TES NON JUDICIAIRES SUR SREBRENICA Pendant deux ans de 1993 1995 M
45. un rapport complet comprenant une valuation des v nements survenus en ex Yougoslavie dans la zone de s curit de Srebrenica Ex Yougoslavie le t moignage d un expatri de MSF pr sent sur le terrain au moment de la chute de Srebrenica est sollicit par des enqu teurs du TPIY Cr ation de la branche fran aise de la coalition internationale des ONG pour la Cour p nale internationale Publication du rapport de la mission d information parlementaire fran aise sur le r le de la France au Rwanda Enqu te sur la trag die rwandaise 1990 1994 MSF assure la vice pr sidence de la coalition fran aise pour la CPI charg e de suivre le processus d adaptation du droit fran ais notamment en ce qui concerne les crimes de guerre Kosovo intervention arm e de l OTAN contre la Serbie Cr ation d une commission d enqu te interne de PONU sur le g nocide au Rwanda en 1994 Publication par MSF du rapport Kosovo histoire d une d portation A l initiative du nouveau Secr taire g n ral des Nations unies Kofi Annan responsable du d partement des op rations de maintien de la paix au moment du g nocide au Rwanda PONU d clenche une enqu te interne destin e analyser les causes de l chec de son implication politico militaire au Rwanda en 1994 Publication par MSF d un rapport Sierra Leone mutilations un mois d activit a l h pital Connaught de Freetown Les organisations humanitaires rentre
46. une injonction de celle ci cette fin sauf sur demande explicite des patients concern s Il fut galement convenu que les missions MSF sur le terrain s abstiendraient de tout contact avec les enqu teurs de la CPI et que les ventuels contacts et demandes de renseignement seraient effectu es aupr s des si ges europ ens de l organisation Compte tenu du pouvoir discr tionnaire qui est laiss au procureur et aux juges de la CPI pour accorder de telles mesures limitant l obligation de coop ration le groupe de travail de MSF prit contact avec le procureur et les juges de la CPI pour leur exposer la politique de MSF et obtenir des garanties g n rales quant au respect de ces exemptions de coop ration Ces garanties qui couvrent le statut des documents celui des personnes et celui de l organisation ainsi que l abstention de contact direct des enqu teurs sur le terrain furent reconnues et officialis es lors d une rencontre le 17 mars 2004 suivie d un change de lettres entre MSF et le bureau du Procureur de la CPT 2 MSF ET LES PREMIERS PAS DE LA COUR P NALE INTERNATIONALE OUGANDA R PUBLIQUE D MOCRATIQUE DU CONGO R PUBLIQUE CENTRAFRICAINE SOUDAN Le statut de la CPI sign Rome le 17 juillet 1998 entra en vigueur en juillet 2002 apr s sa ratification par le soixanti me Etat Mais ce n est qu en juin 2003 qu elle se mit concr tement en place La Haye apr s la nomination des juges du procureur
47. Le processus d enqu te du minist re de la d fense n erlandais fut d s le d but entach par un scandale li la destruction accidentelle des pellicules de photos prises par certains casques bleus lors de la chute de Srebrenica Le rapport du minist re de la d fense n erlandais ne fut publi quen novembre 1999 apr s de multiples pressions de la presse de l opinion publique et d une partie de la classe politique Il conclut la n cessit d une enqu te ind pendante plus approfondie notamment sur les l ments mettant en cause l int gralit des cha nes de commandement n erlandaise et onusienne En 1996 afin d viter la mise en place d une commission d enqu te parlementaire le gouvernement n erlandais confia une enqu te parall le et plus approfondie l institut n erlandais de documentation sur la guerre NIOD Il retarda ainsi la cr ation d une commission d enqu te parlementaire en attendant les conclusions du NIOD l enqu te lanc e par les Nations unies en d cembre 1998 et celle d cid e par le parlement fran ais l automne 2000 cr rent de nouvelles synergies Les enqu teurs du NIOD s appuy rent sur les documents d j transmis ou rendus publics par MSF France dans le cadre de l enqu te du minist re de la d fense n erlandais mais aussi de la mission d information parlementaire fran aise Ils ne firent aucune demande d audition de t moins particuliers ni de documents co
48. Museveni saisit la CPI des crimes commis par l Arm e de r sistance du Seigneur LRA Un volontaire de MSF exprime le d sir de t moigner devant la Cour sp ciale pour le Sierra Leone Affaire Talisman r quisition du juge du tribunal de Manhattan USA l encontre de MSF aux fins de transmission aux avocats de la d fense du consortium p trolier Talisman des documents internes et des noms du personnel MSF concernant le sud Soudan Rencontre entre MSF et le bureau du Procureur de la CPI pour obtenir des garanties sur les limites la coop ration de MSF avec la CPI La RDC saisit la CPI pour les crimes commis sur certaines parties du territoire congolais La politique limitant la coop ration de MSF avec la Cour sp ciale pour le Sierra Leone est adopt e par les centres op rationnels puis n goci e avec le tribunal Lib ration d Arjan Erkel expatri pris en otage au Daghestan dans le Caucase du nord le 12 ao t 2002 contre le versement d une ran on La saisie de la CPI par la RDC est rendue publique Le procureur de la CPI annonce l ouverture officielle de la premi re enqu te du tribunal pour la RDC RDC Lettre du Parquet g n ral du Sud Kivu MSF concernant la r quisition des dossiers m dicaux relatifs aux violences sexuelles RDC R ponse de MSF au m decin inspecteur au Parquet g n ral de la province du Sud Kivu expliquant les raisons pour lesquelles MSF refuse de transmettre les dossiers m dicaux relatifs aux v
49. SF apporta un soutien m dical et logistique la population assi g e de la zone de s curit de Srebrenica qui tait officiellement sous la protection des casques bleus des Nations unies C est un bataillon n erlandais qui assurait la protection de l enclave de Srebrenica au moment de l attaque des forces serbes en 1995 En juillet 1995 la chute de Srebrenica fut suivie de l expulsion de 40 000 personnes et de l ex cution d environ 7000 autres selon les estimations commun ment admises En outre plusieurs dizaines de bless s et malades pris en charge par MSF et vacu s de l enclave par les forces bosno serbes furent sortis des autobus qui les transportaient et ex cut s par des groupes paramilitaires Au moins trois infirmi res membres du personnel local de MSE qui les accompagnaient subirent le m me sort et rest rent port es disparues D autres membres du personnel local de MSF et d autres malades furent galement ex cut s L quipe de MSF dans l enclave fut t moin de l attitude des casques bleus de PONU pendant l attaque Apr s la chute de l enclave l quipe fut galement t moin du tri de la population et des malades et bless s de la s paration des hommes et des femmes et du d part des groupes en convoi vers des destinations inconnues Au del de sa communication publique sur les v nements de Srebrenica au moment des faits MSF initia et ou participa plusieurs proc dures non judicia
50. T MOIGNAGE JUDICIAIRE OU HUMANITAIRE HISTORIQUE DES INTERACTIONS ENTRE MSF ET LES PROC DURES D ENQU TES ET DE POURSUITES JUDICIAIRES Fran oise Bouchet Saulnier Fabien Dubuet avril 2007 CRASH Fondation M decins Sans Fronti res DANS LA COLLECTION DES CAHIERS DU CRASH De l thiopie la Tch ch nie Recueil des travaux de Fran ois Jean mars 2004 action humanitaire en situation d occupation Xavier Cromb Cahier du Crash Fran ais Anglais octobre 2007 Le Manuel des Acteurs de l Aide Fran ais avril 2007 anglais septembre 2007 Revue critique des op rations msf france au darfour Soudan Dr Corinne Danet MSF Sophie Delaunay MSF Dr Evelyne Depoortere Epicentre Fabrice Weissman CRASH Fondation MSF Fran ais anglais dans un m me volume septembre 2007 tude sur les responsabilit s de MSF en mati re de protection Fran ais anglais dans un m me volume para tre en 2007 DANS LA COLLECTION PRISES DE PAROLES PUBLIQUES DE MSF CONSEIL INTERNATIONAL DE MSF CRASH Camps de r fugi s salvadoriens au Honduras 1988 Laurence Binet Disponible en Fran ais et en Anglais oct 2003 avril 2004 G nocide des Rwandais Tutsis 1994 Laurence Binet Disponible en Fran ais et en Anglais oct 2003 avril 2004 Camps de r fugi s rwandais au Za re et en Tanzanie 1994 1995 Laurence Binet Disponible en Fran ais et en Anglais oct 2003 avril 2004 Violences du nouveau r gime
51. TAN 2 Le retour des populations au Kosovo 2 1 La pr servation des preuves 2 2 La recherche des disparus LE RWANDA 1 Le g nocide de la commission des droits de l homme de l ONU au Tribunal p nal international ad hoc sur le Rwanda 2 Les proc dures nationales belges sur le g nocide 3 La mission d information parlementaire fran aise sur le Rwanda 4 L enqu te de PONU sur la trag die Rwandaise LA TRIBUNAL SP CIAL POUR LE TIMOR EST LA COUR SP CIALE POUR LE SIERRA LEONE LA TCH TCH NIE 10 10 11 13 15 17 18 18 21 21 22 22 22 25 23 26 2 28 28 29 32 I LA COUR P NALE INTERNATIONALE DES N GOCIATIONS DE ROME AU DARFOUR 33 l Les n gociations de Rome et la coalition internationale pour la CPI 33 1 1 Le soutien de principe la cr ation de la CPI 33 1 2 Les r serves pratiques quant la coop ration avec la CPI 35 1 3 La politique de coop ration de MSF avec la CPI 36 2 MSF et les premiers pas de la Cour p nale internationale Ouganda R publique d mocratique du Congo R publique centrafricaine Soudan 38 PARTIE 2 L ACTION HUMANITAIRE ENTRE LE CRIME ET LA JUSTICE 43 A CRIT RES ET MOTIVATIONS DES DEMANDES D ENQU TE ET DE JUSTICE 43 B CONTRAINTES JUDICIAIRES VERSUS IND PENDANCE HUMANITAIRE 44 l La n cessaire ind pendance de l action humanitaire 45 2 Action judiciaire et s curit des acteurs de secours 46 3 D pendance vis vis des tribunaux
52. a commission des Affaires trang res de l Assembl e s associa ensuite ce travail MSF fut auditionn e dans le cadre de cette mission d information C est Jean Herv Bradol chef de mission Kigali l poque des faits qui fut entendu en tant que t moin oculaire Il affirma notamment avoir vu des soldats fran ais prendre une part directe certaines fonctions de police notamment aux contr les routiers et aux contr les d identit sur le terrain en juin juillet 1993 d mentant ainsi la version officielle des autorit s fran aises Il fonda galement le t moignage de MSF sur le statut de victime directe des v nements en rappelant que les membres du personnel local de MSF avaient t massacr s en raison soit de leur appartenance communautaire soit de leurs opinions politiques soit encore de leur action en faveur des bless s Jean Herv Bradol d crivit la r alit quotidienne de l action de secours au temps du g nocide et les diff rentes interactions avec les acteurs arm s locaux et internationaux Il insista sur la responsabilit sp cifique qu avait la France du fait de ses liens troits avec le gouvernement rwandais et critiqua le fait que l op ration Turquoise lanc e par la France avec le soutien de PONU ait agit comme une force militaire neutre en p riode de g nocide Cette audition ne fut donc pas un t moignage factuel au sens 68 69 70 L enqu te militaire aboutit paradoxal
53. aff eye 56 1996 1997 1998 Novembre Novembre Novembre D cembre 16 17 janvier Juillet D cembre Janvier 2 mars 3 mars mai 2 juin witness account of the evacuation from Srebrenica and the fate of missing colleagues Ex Yougoslavie le gouvernement n erlandais confie une enqu te parall le et plus approfondie sur la chute de Srebrenica l institut de n erlandais de documentation sur la guerre le NIOD organisme de recherche historique travaillant principalement sur la deuxi me guerre mondiale L arm e rwandaise lance une attaque sur les camps de r fugi s rwandais au Za re Ex Yougoslavie le responsable des enqu tes du TPIY sur les massacres de la zone de s curit de Srebrenica prend contact avec MSF pour indiquer qu il a retrouv le corps d un de nos employ s MSF d nonce la r alit et l ampleur des massacres de r fugi s rwandais au Za re Audition de Rony Zacharias chef de mission MSE comme t moin de contexte lors de la s ance inaugurale du Tribunal p nal international ad hoc sur le Rwanda Le Secr taire g n ral de PONU confie une mission d enqu te sur les massacres de r fugi s rwandais un rapporteur sp cial nomm pour le Za re RDC Le S nat belge publie un rapport d enqu te national sur le r le et le comportement des casques bleus belges lors du g nocide survenu au Rwanda Rwanda le travail d enqu te du S nat belge donne lieu
54. age au Daghestan dans le Caucase du Nord Jugement du TPIY dans l affaire Randal concernant la protection des sources des correspondant de guerre devant les tribunaux internationaux Publication du rapport d enqu te du parlement n erlandais sur la chute de Srebrenica Sierra Leone la Cour sp ciale entre en contact avec les quipes de MSF sur le terrain pour demander des informations des documents et des t moignages permettant de faciliter le travail d enqu te et la tenue des proc s Sierra Leone le groupe de travail international mis en place pour laborer la politique de coop ration de MSF avec la Cour p nale internationale est saisi par les directeurs des op rations pour l laboration d une r ponse coordonn e de MSF au requ tes du tribunal sp cial pour le Sierra Leone Adoption du document MSF and the Sierra Leone Special Court par les directeurs g n raux des sections MSF 60 2003 2004 Juin Juillet D cembre Janvier 13 janvier 17 mars Mars 3 avril 8 avril 19 avril 23 juin 2 juillet 15 juillet 27 juillet 29 juillet 13 septembre Mise en place de la CPI La Haye apr s la nomination des juges du procureur et du greffier Le procureur de la CPI Luis Moreno Occampo indique que son bureau a d j re u pr s de 500 plaintes et qu une partie d entre elles concernent des crimes qui rel vent bien de la comp tence de la cour Le pr sident ougandais Yoweri
55. ait elle et pouvait elle interdire ses membres de participer des proc dures pour la CPI aux consultations organis es autour de l adoption de la loi fran aise d adaptation aux obligations de la CPI Une premi re loi concernant la coop ration avec la CPI fut adopt e par le parlement fran ais le 26 f vrier 2002 Une deuxi me loi n cessaire pour harmoniser la l gislation fran aise avec la d finition des crimes conte nue dans le statut est toujours en attente Un projet de loi a t labor par le gou vernement en juillet 2006 mais d but 2007 elle n tait toujours soumise au vote du parlement L adoption de cette deuxi me loi int grant les crimes pr vus par le statut de Rome dans le code p nal fran ais marquera la fin de la participation de MSF la coalition fran aise pour la CPI 100 Relationship agreement between the United Nations and the International Criminal Court adopt par l Assembl e g n rale de ONU le 13 septembre 2004 et sign par le Secr taire g n ral des Nations unies et le Pr sident de la CPI le 4 octobre 2004 Article 73 4 du R glement de proc dure et de preuve de la CPI Sur la position du CICR l gard p 35 36 102 103 des tribunaux internationaux voir St phane Jeannet Recognition of the ICRC s long standing rule of confidentiality in Revue interna tionale de la Croix Rouge n
56. ale caract ristique des proc dures judiciaires r side dans le fait qu elles s imposent tous Le choix de la participation mest laiss ni aux victimes ni aux t moins ni bien s r aux accus s Le droit national reconna t des immunit s de juridiction pour certaines cat gories tr s limit es de personnes comme les diplomates dans le but de garantir l ind pendance de leur fonction Les tribunaux existants ne permettent pas MSF de d cider au cas par cas de sa politique de coop ration Ils ne lui permettent pas davantage de choisir si elle pr f re t moigner charge ou d charge Si l organisation acceptait de participer aux proc dures devant les tribunaux internationaux elle s engagerait mettre son personnel et ses documents au service tant du procureur que des victimes ou des accus s Cette contrainte est apparue clairement lors du proc s Talisman aux Etats Unis Un collectif de victimes attaquait en justice ce consortium p trolier pour des violations des droits de l homme et crimes commis au Soudan dans le cadre de l exploitation des concessions p troli res La plainte des victimes s appuyait sur des documents d organisations des droits de l homme et de MSE d crivant le sort des populations dans et autour des concessions Exer ant son droit la d fense le consortium p trolier exigeait devant le juge am ricain que MSF lui ouvre ses archives et lui communique les noms des personnes impliqu es dans la
57. ande le rapport MSF permettait de donner un statut objectif certaines informations relatives aux violences sur les populations 40 Ai 48 49 50 information aupr s du TPIY Celui ci fit une d claration officielle imm dia te qui nia publi quement tre l origine des huis clos Voir pages 18 et suivantes Ceux qui suivaient assid ment les auditions de la mission parlementaire en particulier Le Monde Lib ration l AFP Le Figaro ainsi que plusieurs media n erlandais Noos Elsevier NRC Voir Les ques tions de MSF document post sur le site internet sp cial de MSF consacr la mission parlemen taire sur Srebrenica www msf fr srebrenica Voir Mission d enqu te parlementaire sur Srebrenica argumentation lacunes et contradictions des auditions document de briefing de MSE novembre 2001 www msf fr srebrenica Le TPIY fut toutefois paralys par l interdiction faite par Milosevic aux enqu teurs du tribunal et au procureur Louise Arbour elle m me de se rendre dans la r gion En janvier 1999 cette derni re fut physiquement refoul e par les autorit s yougoslaves alors qu elle tentait d entrer sur le terri toire pour y mener une enqu te 21 22 51 52 53 I4 55 Kosovo Histoire d une d porta tion rapport de MSE avril 1999 Lib ration en date du 30 avril 1999 Voir Laurence Binet Vi
58. ation du 2001 2002 2003 22 novembre 16 janvier 10 avril 16 avril Juin 1 juillet 12 ao t 11 d cembre 27 janvier F vrier Mars 24 avril p trole au sud soudan par le consortium p trolier Talisman class action La plainte des victimes s appuie sur les rapports de diverses organisations de d fense des droits de l homme notamment Human Rights Watch et Chirstian Aid Publication du rapport de la mission d information du parlement fran ais sur la chute de Srebrenica Publication par MSF d un document de briefing des journalistes intitul Mission d enqu te parlementaire fran aise sur Srebrenica argumentation lacunes et contradictions des auditions Le gouvernement sierra l onais et PONU signent un accord sur la cr ation d une Cour sp ciale pour la Sierra Leone Pays Bas Publication du rapport de linstitut de recherche n erlandais NIOD sur la chute de Srebrenica en ex Yougoslavie Pays Bas Suite la publication du rapport du NIOD sur la chute de la zone prot g e de Srebrenica l ensemble du gouvernement du Premier ministre n erlandais Wim Kok et le chef d tat major des arm es d missionnent Pays Bas le parlement n erlandais d cide la cr ation une commission d enqu te sur la chute de l enclave de Srebrenica Entr e en vigueur du Trait de Rome qui cr e la Cour p nale internationale Arjan Erkel expatri n erlandais de MSF Suisse est pris en ot
59. ats impliqu s 4 1 Les enqu tes n erlandaises sur la trag die de Srebrenica Entre 1995 et 2003 plusieurs processus d enqu te se sont d roul s aux Pays Bas Dans les jours suivant la chute de Srebrenica alors que les informations sur le massacre de la population commencaient se r pandre la pression et les accusations m diatiques se portaient sur l inaction du contingent de casques bleus n erlandais pr sent dans l enclave A partir de septembre 1995 le minist re de la d fense n erlandais proc da une enqu te interne et organisa le d briefing de ses soldats pour tablir les l ments de responsabilit imputables au contingent sur le terrain ainsi qu aux sup rieurs hi rarchiques politiques et militaires au sein de la cha ne de commandement nationale et onusienne Le t moignage des expatri s de MSF pr sents sur le terrain aux c t s des troupes n erlandaises fut sollicit par les enqu teurs du minist re de la d fense n erlandais Compte tenu du climat de pol mique et de la volont des expatri s de ne pas s exposer physiquement et personnellement dans ce processus MSF d cida de refuser les demandes d auditions directes mais accepta de contribuer de fa on contr l e au processus d enqu te Les enqu teurs n erlandais envoy rent donc des questions crites MS auxquelles les volontaires r pondirent galement par crit avec l aide des documents de d briefing d j produits par MSE
60. aucune investigation par les forces de PONU pr sentes sur le terrain pendant plus de deux ans En 1992 MSF r digea un rapport d crivant et d non ant les pratiques de purification ethnique dans l Est de la Croatie et le rendit public Ce rapport montra que les violences contre les populations ob issaient une strat gie organis e et syst matique de terreur contre les populations visant les chasser Il montra galement que l action humanitaire ne permettait pas d infl chir ni d humaniser cette politique criminelle et pouvait m me faciliter sa mise en oeuvre dans le cadre de la prise en charge des d plac s Pendant toute cette p riode les prises de positions publiques de MSF visaient faire reconna tre l existence d une politique criminelle que les Etats europ ens cherchaient nier ou minimiser et qui compromettait selon MSE la pertinence et l efficacit de l action humanitaire C est dans ce cadre que MSF d non a le recours l alibi humanitaire utilis par les Etats qui d ployaient des actions de secours militaris es mais refusaient d assumer d autres modes d action pour s opposer aux massacres de civils Apr s que la Commission des droits de l homme de l ONU leut nomm rapporteur sp cial pour lex Yougoslavie le Polonais Tadeusz Mazowiecki recueillit aupr s de nombreuses sources les diff rentes informations relatives aux crimes de guerre et crimes contre l humanit
61. avocat MSF 16 33 FF 35 36 JT qui acceptait de proc der lui m me la protection du nom de MSE si MSF retirait sa demande en ce sens au juge Courriel du 10 octo bre 2005 entre MSF et l avocat pr cisant que les r f rences MSF avaient t enlev es des docu ments d audience et lettre en retour de MSF au juge pour clore ce sujet Ces chiffres sont notamment ceux avanc s par le CICR le HCR t le TPIY Sur les 13 membres du staff local de MSF il y eut un disparu dont le cadavre fut officiellement iden tifi en 1996 et sur les 128 membres du personnel de l h pital 21 personnes sont port es disparues Voir Les t moi gnages bosniaques sur la fin de Srebrenica rapport de MSE ao t 1995 et Srebrenica Hospital Personnel and Local Staff Eye Witness accounts of the evacuation from Srebrenica and the fate of missing colleagues rapport de MSE f vrier 1996 Sur le moment le TPIY rencontra de grandes difficult s pour enqu ter sur les circonstances de la chute de Srebrenica Par exemple les enqu teurs du tribunal ne furent pas autoris s se rendre sur les lieux pendant de nombreux mois En 1995 le nombre d op rations de maintien de la paix et de militaires Apr s la chute de l enclave et la d portation de la population MSF proc da imm diatement de fa on interne au debriefing de ses volontaires pr sents sur le terrain Deux
62. bilit s cr es par l apparition de tribunaux p naux internationaux Cette adaptation ne doit pas tre per ue comme un renoncement m me si selon un paradoxe apparent elle conduit MSF prendre des pr cautions avec les proc dures judiciaires Le traitement judiciaire des crimes commis dans les conflits arm s ne remplace pas les missions essentielles d alerte et de responsabilisation jou es dans le temps de l action par les organisations humanitaires en g n ral et par MSF en particulier Ce sont ces missions sp cifiques qui doivent aujourd hui tre red finies dans leur contenu et dans leur forme la lumi re des volutions r centes La perspective judiciaire peut certes participer responsabiliser les acteurs arm s sur les cons quences n gatives de leurs actes en leur faisant craindre une sanction dans lavenir Mais le traitement judiciaire international s labore de nombreuses ann es apr s les v nements et en association avec d autres modes de gestion politique des crises qui conduiront s lectionner certains crimes et certains criminels et en occulter d autres 132 133 Le terme de t moignage humanitaire a t utilis pour d crire cette activit mais il s agit dun terme qui est rest rebelle toute tentative de d finition pr cise et dont la confusion a t accentu e par l apparition des tribunaux interna tionaux Le conseil international de MSF avait demand
63. ces perp tr es sur l ensemble du territoire ougandais et par toutes les parties au conflit y compris l arm e ougandaise Le 29 juillet 2004 il annon a publiquement louverture officielle d une enqu te de la CPI sur la situation au nord de Ouganda En f vrier 2005 le bureau du procureur indiqua que des mandats d arr ts seraient mis au cours de l ann e contre des dirigeants de la LRA Malgr des d clarations en avril 2005 selon lesquelles la CPI serait pr te suspendre son enqu te pour faciliter un accord de paix le procureur confirma en juin 2005 la pr paration de deux mandats d arr t contre le leader de la LRA Joseph Kony et l un de ses lieutenants Vincent Otti Ces premiers l ments indiquent que le Procureur m avait pas fait le choix d imposer sa comp tence mais qu il privil giait un fonctionnement de la CPI la demande des Etats concern s et en lien avec la gestion des processus de paix En mars 2005 les quipes de terrain de MSF en Ouganda furent invit es rencontrer les enqu teurs de la CPI pour faciliter la transmission des informations et des noms de victimes et t moins de violences Un contact fut pris avec le bureau du procureur la Haye pour clarifier cette d marche contraire aux principes de non contact direct sur le terrain Apr s cette clarification il apparut que certaines ONG ougandaises avaient en fait pris l initiative de cette rencontre et de sa publicit Cet pisode
64. cida de mettre un terme par la force aux violences commises par l arm e serbe Cette intervention d clench e sans autorisation de PONU relevait n anmoins de la comp tence du tribunal international pour l ex Yougoslavie l LATTAQUE DU KOSOVO PAR LES FORCES SERBES ET LES BOMBARDEMENTS DE L OTAN D s le d but de l intervention MSF chercha disposer d une appr ciation ind pendante de la situation et du niveau de violence sur les civils en marge de la propagande d ploy e tant par la coalition de POTAN que par le pouvoir de Belgrade MSF proc da dans ce but une enqu te d taill e aupr s des r fugi s en Albanie au Mont n gro et en Mac doine Ce travail qui permit de conclure une politique d expulsion forc e par les troupes serbes donna lieu la publication d un rapport qui fut repris par les m dias Le rapport de MSF fut utilis par le bureau du Procureur du TPIY dans sa phase d examen de la situation parmi de nombreux autres documents ou sources d information Il ne cr ait pas ce stade d obligation de coop ration et de t moignage dans les proc s venir relatifs au Kosovo Des questions furent pos es ult rieurement au sein de MSE sur l utilit et l opportunit de rendre ce rapport public notamment parce qu il entrait en r sonance avec la propagande de l OTAN au moment de sa publication Cette publication tait justifi e par le fait que dans un contexte de forte propag
65. confirma que la plus grande rigueur restait de mise en mati re de contact avec des personnes qui pr tendent travailler pour ou soutenir la CPI La prudence des quipes MSF en Ouganda se renfor a encore quand elles constat rent que les enqu teurs de la CPI taient invit s et pr sents dans les r unions de coordination de l action humanitaire organis es sur place par OCHA Office de Coordination de l Action Humanitaire de PONU conform ment l accord de coop ration sign entre l ONU et la CPI En avril 2005 MSF r affirma son souci de distinction entre l action humanitaire et la mission judiciaire sur le terrain aupr s du bureau du procureur La Haye et de certains responsables d OCHA New York et Gen ve Les quipes de MSF sur le terrain 110 112 Le Procureur peut en effet sauto sai sir de situations Dans ce cas il doit obtenir l aval de la chambre pr liminaire compos e de plu sieurs juges dont la mission est de v rifier que lexer cice de ce droit d initiative par le Procureur est conforme au sta tut de la CPI et que ce dernier ne prend pas en compte des plain tes totalement abusives Voir le communi qu de presse du bureau du Procureur publi le 29 juillet 2004 Protestations et demandes de clarification exprim es par courriel la chef de cabinet du Procureur de la CPI le 11 avril 2005 lors d une t l conf rence avec des respon sables d OCHA le 3 j
66. crimes devait elle se limiter la mise en lumi re des faits dans l espoir de les limiter Ou bien devait elle inclure la demande d une intervention militaire internationale pour faire cesser les violences contre les civils Ou la demande de jugement des criminels l L ACTION HUMANITAIRE COMME R PONSE INTERNATIONALE AUX CRIMES DE MASSE Au cours de l ann e 1992 MSF a fait le constat que la terreur contre les civils tait une m thode de guerre d lib r e et non un effet secondaire du conflit en ex Yougoslavie Ce constat s appuyait sur un certain nombre d v nements tragiques tels que le massacre des malades de l h pital de Vukovar les d placements forc s de la population sous l effet de politiques de terreur les camps de regroupement forc de civils les ex cutions sommaires les violences sexuelles le recours syst matique aux groupes paramilitaires pr tendument incontr l s pour faire le sale boulot A l automne 1991 Vukovar MSF avait d nonc l attaque du convoi d vacuation des malades de l h pital MSF avait ensuite alert la communaut internationale sur le sort des malades rest s dans l h pital et qui furent massacr s au moment de la chute de la ville le 19 novembre 1991 Mais pendant plusieurs ann es aucune enqu te n eut lieu sur ce massacre pr sum MSF d non a galement le fait que le site de la fosse commune pr sum e ne soit l objet d aucune protection ni d
67. ctivit de t moin ou de porte parole judiciaire des victimes est apparue certains comme un prolongement logique de l action de d nonciation de certains crimes par MSE Des d bats ont soulign le paradoxe qui existe entre d une part les prises de paroles publiques de MSF d non ant certains crimes ainsi que son soutien la cr ation de la Cour p nale internationale et d autre part sa m fiance quand il s agit de coop rer directement avec les tribunaux mis en place Malgr ces d bats la m fiance de l organisation vis vis d une obligation de t moignage judiciaire qui s tait exprim e clairement d s 1995 dans le cadre de la politique de relations mise en place avec les tribunaux internationaux ad hoc fut confirm e plusieurs occasions Elle a t renouvel e autour des m mes arguments d s la cr ation de la Cour p nale internationale En plus des craintes d j exprim es par rapport aux tribunaux ad hoc la Cour p nale internationale pose des contraintes suppl mentaires et de nouveaux d fis l action des ONG humanitaires La cr ation de la CPI est une bonne nouvelle pour les ONG humanitaires Mais elle leur pose un d fi nouveau celui de red finir l autonomie et la compl mentarit des actions humanitaires et judiciaires Il ne s agit pas de remettre en question le bien fond de l activit judiciaire ou de l activit humanitaire mais plut t de comprendre en quoi ces deux activit s u
68. d pendance de l organisation et de la nature strictement humanitaire et transparente de son action La volont de participer des proc dures judiciaires comporterait un risque r el pour les organisations humanitaires Celui de ne plus parvenir assumer leur pr sence et la poursuite des actions de secours dans les situations de conflit Elles seraient alors contraintes de se replier sur la d nonciation en attendant la punition des coupables et l ventuelle r habilitation judiciaire des victimes Apr s avoir refus d int grer l action humanitaire dans l activit globale de maintien de la paix il aurait t paradoxal que MSF soumette l exercice de son action de secours un imp ratif sup rieur de justice 3 D PENDANCE VIS VIS DES TRIBUNAUX ET GOUVERNEMENTS NATIONAUX Contrairement aux tribunaux internationaux ad hoc pour l ex Yougoslavie ou le Rwanda la CPI intervient quand les tribunaux nationaux ne veulent pas ou ne peuvent pas juger eux m mes C est une comp tence internationale par d faut qui suppose d tablir ou d admettre d abord la d faillance nationale Cette r gle ajoute une contrainte particuli re vis vis d ventuels t moignages judiciaires des organisations de secours Il serait difficile de concevoir que certaines organisations et t moins r servent leur coop ration la CPI et la refusent aux tribunaux nationaux Pr vue au d part pour viter le refus de certains gouverne
69. dans des cas d finis de fa on restrictive et d j reconnus par la jurisprudence des deux tribunaux internationaux ad hoc qui ont trait dans le pass ce type de probl mes Apr s avoir exprim son soutien la cr ation de la CPI MSF allait pr ciser ses r serves quant son implication dans le fonctionnement de cette Cour 1 2 Les r serves pratiques quant la coop ration avec la CPI Un certain nombre de d bats eurent lieu au sein des diff rentes sections pour tenter de clarifier le r le de MSF et de ses volontaires face aux enjeux suivants Existait il une contradiction fondamentale entre l action humanitaire et la justice internationale Ou la lutte contre l impunit tait elle l aboutissement naturel de cette action MSF devait elle soutenir le travail de la Cour p nale internationale La contribution de MSF la justice internationale tait elle un devoir vis vis des populations secourues par l organisation Le jugement des crimes tait il le prolongement ou le compl ment du travail de MSE en particulier de son activit de t moignage Comment MSF pouvait elle justifier le fait de ne pas coop rer avec la CPI alors que l organisation revendiquait travers son histoire une mission de t moignage Quelle attitude MSF devrait elle adopter si la Cour exigeait la coop ration de l organisation l audition de ses volontaires la transmission de ses documents MSF voul
70. de MSF en particulier En effet la d nonciation de crimes graves n impliquait d s lors plus seulement la responsabilisation politique des bellig rants mais pouvait inclure la mise en cause de la responsabilit p nale de tel ou tel individu Pour prot ger son op rationnalit MSF souhaitait pr server son ind pendance et son autonomie vis vis d un Tribunal international per u comme un lieu d affrontement politique majeur entre les Etats En outre il y avait un certain danger faire reposer le fonctionnement du tribunal sur des l ments de preuve fournis par les organisations humanitaires D une part cela augmentait les risques pour la s curit de leur personnel sur le terrain et limitait les secours D autre part les informations disponibles aupr s des ONG permettaient de mettre en vidence l existence de victimes et parfois l existence de crimes mais elles ne permettaient pas de prouver l identit et la culpabilit des auteurs de ces actes La participation des ONG risquait ainsi d tre non seulement inefficace mais galement contre productive En effet l exposition des ONG dans ces proc dures risquent surtout de servir cacher la r sistance des Etats coop rer avec le Tribunal international en mati re de transmission d informations de coop ration judiciaire et de protection des victimes et t moins Pour viter ces risques et garder son autonomie de d cision en mati re de relation avec le t
71. de la paix la Minusil qui avait notamment pour mission de prot ger les populations civiles En mai 2000 la suite du d ploiement des soldats internationaux dans les zones diamantif res le RUF tua sept casques bleus et en prit pr s de 500 en otage Une nouvelle tape dans la gestion du conflit fut alors franchie par la communaut internationale Alors qu en 1999 les Etats Unis et la Grande Bretagne pr naient l amnistie des crimes de guerre ces deux pays chang rent d attitude sur cette question l arme judiciaire vint au secours d une strat gie politique visant loigner le chef du RUE et faire merger une repr sentation rebelle alternative plus conciliante Ainsi le 14 ao t 2000 le Conseil de S curit demandait la cr ation d un tribunal sp cial charg de juger les crimes de guerre et certains crimes de droit commun au regard de la l gislation sierra l onaise Le 16 janvier 2002 le gouvernement sierra l onais et PONU sign rent un accord sur la cr ation d une Cour sp ciale pour la Sierra Leone La Cour sp ciale pour le Sierra Leone pr sentait un certain nombre de diff rences avec les deux Tribunaux p naux internationaux ad hoc cr s pour l ex Yougoslavie et le Rwanda Cette cour serait compos e de juges nationaux sierra l onais si geant aux cot s de juges internationaux le personnel du tribunal se partageant galement entre sierra l onais et internationaux Enfin le tribunal si gerait dan
72. de la ville de Vukovar et massacre des malades de l h pital MSF d nonce le crime d indiff rence de la communaut internationale face la famine qui frappe la Somalie MSF d nonce la purification ethnique en ex Yougoslavie et publie un rapport sur cette pratique la purification ethnique dans la r gion de Kozarac Bosnie Herz govine D clenchement de l op ration Restore Hope constitu e par le d ploiement d une force militaire des Nations unies en Somalie Cr ation du Tribunal p nal ad hoc pour l ex Yougoslavie TPTY Cr ation par l ONU de la zone de s curit de Srebrenica l est de la Bosnie Herzegovine Bombardement de la maison MSF AICF Mogadiscio par les forces des Nations unies ONUSOM causant un mort un bless grave et sept bless s l gers Plainte de MSF devant le Conseil de s curit de PONU concernant les violations du droit humanitaire commises par les forces des Nations 54 1994 6 Avril 7 avril Avril et mai 28 avril 17 mai 24 mai Juin 18 juin Juillet Septembre 8 novembre Novembre unies en Somalie en rapport avec l attaque du 17 juin 1993 sur la maison MSF D but du g nocide des Rwandais tutsis et les massacres de Rwanda is hutus oppos s ce g nocide Apr s l assassinat de dix casques bleus belges au Rwanda l effectif de la force militaire des Nations unies au Rwanda MINUAR tombe 250 soldats Les quipes MSF des diff rent
73. de quatre prises d otage de son personnel expatri dans le Caucase du Nord entre 1996 et 2004 Malgr le nombre de ces attaques MSF ne d clencha aucun recours judiciaire devant les tribunaux russes les tribunaux nationaux de l Etat des victimes ni la Cour europ enne des droits de l homme Seul un membre de MSE victime d une prise d otage fut sollicit dans le cadre du proc s de ses ravisseurs pr sum s intent par les autorit s devant la justice russe MSF dut dans ce cas se prononcer sur son ventuelle participation l identification de preneurs d otages et la sanction de ce crime par un tribunal national Finalement MSF et la personne concern e refus rent de participer la proc dure en cours estimant que la pr sence de l expatri devant le tribunal russe risquait d tre manipul e comme caution de qualit de la proc dure en cours Cette d cision fut motiv e galement par le fait que l expatri ne d tenait pas d informations d terminantes pour tablir la culpabilit ou l innocence des personnes inculp es Finalement il accepta uniquement de r pondre des questions crites qui lui furent transmises par le juge russe dans son pays de r sidence les Pays Bas Ces questions crites avaient tonnamment un caract re tr s g n ral En juin 2004 le proc s intent par le gouvernement n erlandais l encontre de la section suisse de MSF pour demander le remboursement de la ran on ve
74. des conflits somalien yougoslave et rwandais avait port un grave discr dit aux activit s de maintien de la paix qu il fallait par cons quent r former Les membres de la commission d enqu te de PONU ne demand rent pas auditionner des repr sentants de MSE L association ne sollicita pas non plus de rendez vous avec l quipe charg e du travail d investigation l analyse et les positions de MSF avaient fait l objet de plusieurs publications et taient connues de PONU et largement accessibles aux enqu teurs Cette enqu te donna lieu un rapport publi le 15 d cembre 1999 dans lequel PONU fit son mea culpa prenant acte d un certain nombre de dysfonctionnements et mettant plusieurs recommandations Ces recommandations furent l origine d un travail d audit des op rations de maintien de la paix qui se traduisit par une r forme importante du d partement des op rations de maintien de la paix La cr ation des deux tribunaux internationaux ad hoc pour l ex Yougoslavie et le Rwanda entra na un changement de contexte important tant en ce qui concerne l activit de t moignage humanitaire de MS que pour la transformation du cadre de responsabilit de l action humanitaire dans les situations de crimes de masse Cette volution fut ensuite progressivement confirm e et largie d autres contextes de crise et de conflit avec la cr ation de tribunaux ad hoc mixtes puis avec la cr ation de
75. du 14 ao t 2000 Nos chefs de missions sur le terrain furent d abord approch s par une enqu trice de la Cour sp ciale Graziella Godain responsable des programmes re ut ensuite une lettre de demande de coop ration du responsable des enqu tes de la Cour sp ciale dat e du 24 f vrier 2003 Par la suite un autre responsa P les forces rebelles du RUF op rant en Sierra Leone La requ te portait sp cifiquement sur les pressions qu aurait exerc es Charles Taylor pour obtenir la lib ration de membres de MSF pris en otage par le RUE existence et l efficacit de ces pressions permettrait au tribunal de prouver l implication de Taylor dans la cha ne de commandement du RUF et donc de le tenir pour p nalement responsable des actes commis par ce groupe arm Apr s discussion interne et apr s avoir inform les volontaires concern s MSF s abstint de r pondre cette sollicitation estimant que cela rendrait impossible lavenir les n gociations entre les organisations humanitaires et les diff rents groupes arm s sur les terrains de conflit Le tribunal accepta la d cision de MSF et n exer a aucune pression H LA TCH TCH NIE Au cours des deux conflits successifs en Tch tch nie MSF a document les exactions commises contre les populations et d nonc publiquement plusieurs reprises les violences commises contre les populations civiles et contre les organisations de secours MSF fut victime
76. e ment la condam nation disciplinaire du commandant belge des casques bleus pour avoir mis en danger la vie de ses soldats en leur faisant courir des risques disproportionn s Voir le communi qu de presse du 2 mars 1998 intitul Appel pour la cr ation d une commission d enqu te parle mentaire sur le r le de la France au Rwanda entre 1990 et 1994 Le pr sident de MSE Philippe Biberson tait signataire de cet appel au c t d autres personna lit s issues de la FIDH du CNRS de FEHESS Voir l audition du Docteur Jean Herv Bradol le 2 juin 1998 in Enqu te sur la trag die rwandaise 1990 1994 rapport de la mis sion d information de la commission de la d fense et des forces arm es et de la commission des affaires trang res sur les op rations militaires men es par la France d autres pays et PONU au Rwanda de 1990 1994 15 d cembre 1998 DES 28 1 F2 13 74 2 Il critiqua notam ment la pertinence la d cence et la l galit d une intervention internationale qui n avait assum qu une dimension humanitaire face un g nocide alors qu avec les moyens d une arm e on aurait pu et d faire autre chose Le Secr taire g n ral informa le Conseil de s curit de PONU de son initiative dans une lettre dat e du 18 mars 1999 et obtint son feu vert dans une lettre du Pr sident du Conseil de s curit dat e
77. e initiative A l heure actuelle le tribunal mixte a condamn 41 personnes et en a inculp plus de 300 Une majorit de ces individus est en fuite en Indon sie Voir notamment Exactions contre des civils au Sierra Leone rapport public de MSE mai 1998 Sierra Leone mutilations un mois d activit l h pital Connaught de Freetown 26 avril au 23 mai 1999 rapport public de MSE juin 1999 Voir galement Civilian casualties Connaught Hospital Freetown Sierra Leone document interne 25 f vrier 1999 r dig sous la gt 31 32 84 85 86 81 direction de Jean Herv Bradol et Analyse des donn es chirurgica les l h pital Connaught Sierra Leone 1997 1999 rapport interne r alis par Epicentre et dat de mars 2000 Les troupes de l ECOMOG se rendirent gale ment coupables de crimes contre les bless s et malades de l h pital Connaught Lors de l offensive mili taire sur la ville elles achev rent les malades et bles s s soign s par MSF dans l h pital soup onn s d tre des combattants du RUE MSF ne d non a pas publiquement ces actes mais informa les diverses autori t s comp tentes y compris les Nations unies La Grande Bretagne dirig e par le nouveau Premier ministre travailliste Tony Blair envoya des commandos la rescousse de la force internationale Voir la r solution 1315 du Conseil de s curit
78. e cas d esp ce Rony Zacharias t moigna donc titre personnel mais son t moignage fut totalement assum et soutenu par l organisation En effet l avocat de MSF qui assista le t moin ne demanda aucune mesure particuli re de protection au nom de l organisation durant l audition Dans le cas du Tribunal p nal international d Arusha plusieurs l ments permettaient de toute fa on de limiter les cons quences de ce t moignage judiciaire sur l image et la s curit des volontaires et des missions de MSE ainsi que sur leur capacit d acc s aux victimes de violence Le caract re exceptionnel du g nocide permit MSF de justifier une attitude d rogatoire aux pratiques humanitaires habituelles Le caract re ad hoc du Tribunal p nal international pour le Rwanda limita l impact de ce t moignage au cas d esp ce et ne cr a pas un pr c dent g n ralisable tous les terrains de conflit A cette poque en l absence de Tribunal p nal international permanent et vocation universelle l impunit restait la r gle et le jugement l exception Le t moignage de MSF gardait un caract re ad hoc et exceptionnel La nature du t moignage permit galement de limiter les cons quences ventuelles Il ne s agissait pas en l esp ce d un t moignage charge ou d charge dans le cadre d un proc s pr cis contre un ou plusieurs accus s Le m canisme du t moin expert visait exposer des informations g n
79. e choix des stat gies de secours aux populations et s opposer la n gation officielle de faits criminels largement sous estim s par l ensemble des acteurs de terrain Il s agissait d un enjeu d importance pour MSE compte tenu de l ampleur des marchandages politiques concernant le bilan de ces violences tant au niveau national qu international Responsabilit judiciaire ou responsabilit politique Comme dans le cas de l ex Yougoslavie le mandat du TPIR se limitait tablir des responsabilit s criminelles individuelles Ce cadre ne permettait pas de clarifier les responsabilit s politiques et militaires de PONU et des Etats impliqu s dans la gestion de la crise rwandaise Ce fut donc gr ce des enqu tes parlementaires en Belgique et en France une enqu te interne de PONU et une investigation men e par POUA actuelle Union africaine qu une partie de ces responsabilit s purent tre abord es 2 LES PROC DURES NATIONALES BELGES SUR LE G NOCIDE A la suite de l assassinat de dix casques bleus belges le 7 avril 1994 la Belgique proc da au retrait de son contingent militaire de la MINUAR En 1997 la Belgique fut le premier pays proc der au niveau national une enqu te parlementaire et une enqu te militaire sur ces v nements En d cembre 1997 le travail d investigation du S nat belge donna lieu la publication d un volumineux rapport qui ouvrait la voie une demande de pardon pr
80. e reprit de fa on syst matique la nature des crimes la date et le lieu et de fa on nominative le nom des t moins le nom des victimes et le nom des agresseurs Une version expurg e des noms des victimes et t moins fut transmise la presse En juin 1994 la version nominative fut transmise au Rapporteur 56 57 Les autorit s fran aises n avaient pas mis disposi tion des r fugi s le formulaire du tribunal Pourtant des dispositions l gales nationales et internationales obligeaient la France coop rer dans la recherche des t moignages et des preuves Le Procureur adjoint du tribunal avait galement demand au Quai d Orsay par lettre dat e du 9 avril 1999 de bien vouloir mettre le formulaire du TPIY disposition des r fugi s vacu s par la France Pour une pr senta tion exhaustive et d taill e des prises de parole publiques de MSF pendant le g nocide voir Laurence Binet G nocide des rwandais tutsis 1994 2003 dans la collection Prises de parole publiques de MSF Documents internes MSE 23 _ 58 59 60 6l 62 Rony Zacharias fut t moin d assas sinats cibl s du personnel m dical de l hopital de Butare lors des quels les assassins revendiquaient l objectif d extermi nation de l thnie Tutsie Ces circons tances lui permi rent de parler de g nocide sans attendre que l intention sp ci fique des assassins soit
81. e terrain qui ne le souhaiteraient pas Cette politique ne contenait aucun jugement de valeur sur le fonctionnement du tribunal mais manifestait la volont de MSF de pr server son ind pendance d action vis vis des proc dures judiciaires internationales Elle se concr tisa par la transmission de documents relatifs aux crimes commis Vukovar des diff rents rapports de MSF sur les exactions de masse r dig s entre 1992 et 1996 et de plusieurs rapports relatifs la chute de l enclave de Srebrenica Cette politique ne pr voyait pas l int gralit des cas de figures qui pouvaient se pr senter notamment le cas o la d cision de lassociation serait diff rente de celle d un de ses membres Ce cas de figure fut envisag et tranch ult rieurement selon le principe suivant l association n interdirait pas l un de ses membres de t moigner titre personnel dans une proc dure judiciaire Toutefois dans ce cas MSF pourait demander que le nom de l organisation ne soit pas utilis tout comme ses documents internes En outre MSF avait d cid de proposer un soutien juridique des volontaires qui d cideraient de t moigner en respectant le cas ch ant les besoins de discr tion de l organisation 3 MSE LE TPIY ET SREBRENICA Les enqu tes du TPIY sur le massacre de Srebrenica commenc rent d s la chute de l enclave mais les enqu teurs rencontr rent de grande difficult s pour acc der au terrain et
82. e un terme cette pol mique juridique le d partement des op rations de maintien de la paix de PONU prit la d cision d inscrire l obligation de respect des principes du droit humanitaire dans tous les accords de d ploiement des casques bleus de PONU Depuis ces accords imposent le respect du droit humanitaire aux op rations de maintien de la paix et aux diff rents Etats contributeurs de troupes Dans ce cas pr cis l action de MSF s est fond e sur la double qualit de victime et de t moin des faits En effet MSF tait victime directe des violences car les attaques avaient frapp les b timents et le personnel humanitaire MSF agissait galement en tant que t moin d non ant les violences commises contre les populations et le non respect du droit des victimes aux secours humanitaires MSF n a pas cherch obtenir r paration financi re du pr judice subi ni la condamnation d une personne pr cise mais renforcer le cadre de la responsabilit collective dans usage de la force MSF a ainsi refus les indemnisations propos es par la commission militaire charg e des dommages de guerre Cette plainte a contribu au positionnement ult rieur de MSF sur l ind pendance de laction humanitaire par rapport aux op rations militaro humanitaires et sur la 10 Document MSF l dat de 20 juillet 1993 Les statutes of forces agreement ou sofas En outre l article 2 2 de la Convention
83. e viols MSF se trouva ainsi sollicit e pour transmettre aux m decins provinciaux ses rapports m dicaux Pour les autorit s congolaises il tait important entre autres motivations de montrer que la justice nationale tait en marche dans certaines provinces En effet la saisine de la CPI par la RDC ne concernait que les provinces de l Est du pays et elle tait motiv e par l incapacit du gouvernement de contr ler ces zones l Le refus de coop ration de MSF se fonda sur une argumentation g n rale de non participation aux proc dures judiciaires et de maintien du secret m dical Ce type de situation est aujourd hui fr quent dans de nombreux pays de mission Pour pouvoir r sister de telles r quisitions MSF doit s appuyer sur une politique coh rente et une argumentation rigoureuse concernant sa participation aux proc dures judiciaires et sa politique de t moignage Cette politique g n rale doit pouvoir quilibrer deux l ments un principe de non participation directe de MSF aux proc dures judiciaires une pratique humanitaire et m dicale qui soit respectueuse du droit des victimes et du secret m dical Les juges internationaux ont en partie reconnu l incompatibilit entre l action de secours et l action judiciaire et accept de limiter les obligations pesant sur les organisations humanitaires C est paradoxalement au niveau des organisations humanitaires que cette incompatibilit
84. er sur les crimes commis par l arm e du Front patriotique rwandais en 1994 continu rent s exprimer face aux crimes commis apr s 1994 qui n taient donc plus couverts par le statut du TPIR En 1995 et 1996 plusieurs massacres de grande ampleur furent commis par l arm e du Front patriotique rwandais Kibeho au Rwanda mais aussi dans les camps de r fugi s rwandais au Zaire A Kibeho camps sous protection des soldats de l ONU en territoire rwandais MSF et les forces des Nations unies furent t moins directs d un massacre de grande ampleur commis par le nouveau gouvernement rwandais Malgr les preuves du massacre dont furent t moins les casques bleus PONU imposa le silence ses employ s qui avaient t t moins des massacres Pouss e par un souci d apaisement des tensions ethniques et de r conciliation nationale au Rwanda PONU soutint la cr ation d une commission d enqu te ind pendante o si geait le gouvernement rwandais et qui contribua la n gation nationale et internationale de ces crimes MSF proc da face ces violences la collecte de t moignages publia des rapports et participa d autres processus d enqu te pour tablir le nombre de victimes et d crire les diff rentes m thodes qui conduisaient la destruction physique des populations Acteur de secours dans un contexte de politisation extr me de la violence MSF contribua ainsi faire connaitre une r alit d terminante pour l
85. es chancelleries A ce stade MSF n a pas re u de sollicitation officielle des enqu teurs de la CPI ni choisi de leur transmettre des documents sur la situation au Darfour 115 116 117 118 La Su de l Allemagne et les Etats Unis notamment Li es notamment l opposition jusque l absolue de Washington CPL Les Nations unies ont d l gu la gestion de la crise la nouvelle Union africaine par le biais notamment d une op ration militaire charg e de prot ger les populations civiles et de faciliter le r gle ment politique de la crise Voir compte rendu du Conseil d administration de MSF F du 23 juin 2005 41 o R PARTIE 2 L action humanitaire entre le crime et la justice Les d cisions concernant la participation de MSF aux d marches d enqu te et de justice sont marqu es par les contraintes sp cifiques de l action humanitaire face aux crimes A CRIT RES ET MOTIVATIONS DES DEMANDES D ENQU TE ET DE JUSTICE Le d veloppement des interventions internationales de maintien ou d imposition de la paix a multipli le nombre et la nature des acteurs pr sents sur les terrains de conflit et la diversit des mandats confi s chacun Cet activisme a boulevers le paysage des conflits et brouill les r les et responsabilit s de chaque acteur de terrain notamment en subordonnant l action humanitaire des objectifs plus vastes de maintien de la paix et de la s
86. es sections pr sentes dans tout le Rwanda sont t moins des massacres s lectifs g n ralis s Le pr sident de la section belge de MSE de retour du Rwanda publie une tribune d crivant et d non ant le g nocide Rwanda le Conseil de s curit de PONU vote la r solution 918 qui autorise la mise en place d une zone humanitaire s re ZHS prot g e par des soldats sous mandat international et autorise ces derniers utiliser force de fa on offensive Au cours de la session extraordinaire de la commission des droits de l homme de PONU sur le Rwanda qui se tient Gen ve le coordinateur de la mission de MSF Belgique pr sente son t moignage personnel sur les actes de g nocide commis dans la ville de Butare et dans l h pital o intervient l quipe de MSF MSF r dige un rapport sur le g nocide dans les diff rentes provinces du Rwanda partir de l ensemble des t moignages de son personnel pr sent sur le terrain au moment des faits Une version anonymis e est rendue publique La version nominative de ce rapport est transmise au rapporteur sp cial d sign par la Commission des droits de l homme de l ONU pour tablir l existence du g nocide au Rwanda MSF France lance une campagne de presse appelant une intervention internationale de PONU pour faire cesser ce crime sous le titre On n arr te pas un g nocide avec des m decins Les probl mes li s la criminalisation des camps de r fugi s rwandais en Ta
87. es volontaires ainsi que l op rationnalit de l organisation dans les zones de conflit Si le volontaire refusait le soutien juridique de MS l organisation pourrait demander directement aupr s du tribunal des mesures de protection afin d viter que le nom de MSE celui d autres volontaires ou des documents internes ne soient utilis s et rendus publics l occasion d un proc s Le statut des documents MSE L utilisation dun document dans le cadre d un proc s oblige l auteur de ce document se soumettre aux interrogatoires et contre interrogatoires des deux parties concernant notamment ses sources d information Certaines dispositions du statut de la Cour permettent cependant de limiter cette contrainte Les documents prot g s par ces dispositions peuvent ainsi tre utilis s par le 104 105 106 107 days 2003 publication MSF Hollande 31p Ce groupe repr sente les sections fran aise belge hollandaise suisse et espagno le Les sections fran aise suisse et espagnole ont une repr senta tion commune compl t e par des membres de la section belge et hollandaise Voir notamment les d bats du Conseil d administration de MSF France du 26 mars 2004 Voir Modalities of cooperation between MSF and the ICC document inter ne adopt le 3 avril 2004 par le mouvement international de MSE Voir les d cisions du TPTY et de la Chambre d appel des deux TPI ad
88. ette technicit afin de prendre en compte la r alit pratique des situations de crimes de masse Ces crimes se caract risent souvent par la participation ou la tol rance de certaines autorit s publiques l intimidation des t moins et la destruction des preuves Il tait important de ne pas perdre de vue ces l ments pratiques dans l laboration du statut de la CPI et dans la nature des obligations que la Cour impose aux victimes et aux t moins y compris au personnel des organisations humanitaires agissant sur les lieux m mes des crimes Une d l gation repr sentant les diff rentes sections de MSF fut pr sente Rome lors des n gociations Les documents diffus s par MSF demandaient des mesures efficaces de protection des victimes et t moins et des organisations humanitaires dans le cadre des futures proc dures judiciaires internationales et plaidaient pour une ind pendance de cette cour qui permette de limiter sur le terrain les risques li s son fonctionnement Dans le cas de MSF France cet engagement allait se poursuivre au niveau national avec la cr ation en 1998 de la Coalition fran aise pour la CPI dont MSF assura un temps la vice pr sidence Le r le de cette coalition consistait stimuler le processus de ratification et d adaptation du droit fran ais au statut de la CPI Comme tous les Etats qui avaient sign le statut de la Cour la France devait modifier en profondeur sa l gislation nationale pou
89. faire Talisman Le tribunal f d ral de Manhattan USA d boute la plainte du collectif de victimes soudanaises l encontre du consortium p trolier Talisman pour d faut de preuves concluantes imputant au consortium p trolier les pr judices subis Affaire Erkel Le juge du tribunal de Gen ve Suisse rend un jugement favorable MSE dans l affaire opposant le gouvernement n erlandais et la section suisse de MSF sur le paiement de la ran on relative la lib ration de l otage enlev au Daghestan en 2002 et lib r en 2004 Affaire Erkel Le gouvernement N erlandais fait appel de la d cision du juge du tribunal de Gen ve Suisse dans l affaire opposant le gouvernement n erlandais et la section suisse de MSF sur le paiement de la ran on relative la lib ration de l otage enlev au Daghestan en 2002 et lib r en 2004
90. hoc dans l affaire Simic et consorts 27 juillet 1999 et dans l affaire Randal 11 d cembre 2002 L 38 108 109 Lettres de MSF au Procureur de la CPI dat es des 12 mai 2004 9 septembre 2004 et 12 avril 2005 Le Procureur de la CPI a transmis deux lettres MSF dat es du 21 d cembre 2004 et du 12 juillet 2005 Communiqu de presse du bureau du Procureur de la CPI 16 juillet 2003 bureau du Procureur pour orienter ses enqu tes et le diriger vers d autres sources d informations ou de preuves Mais ils ne peuvent pas tre utilis s directement dans les proc s Ils ne cr ent pas d obligation de t moignage pour MSE MSF a donc d cid de demander b n ficier de cette protection pour ses documents internes mais aussi pour ses documents publics En effet le temps de la violence n est pas celui de la justice Il est important que MSF puisse continuer d alerter publiquement sur les violences et de publier des rapports sur la situation des populations mais il faut galement limiter l usage judiciaire qui pourrait tre fait ult rieurement de ces documents Par souci de coh rence MSF d cida galement de ne pas publier ni transmettre d information nominative concernant d ventuelles listes de t moins ou de victimes la Cour l ensemble des informations m dicales individuelles resteront toujours couvertes par le secret m dical MSF ne pourra en aucun cas les transmettre la Cour ou ob ir
91. ier du cabinet d avocat Simpson Thatcher and Barlett confirmant le retrait de la r quisition judiciaire concernant la transmission des documents MSF par le consortium p trolier mais aussi par les plaignants Ces documents internes MSF ne pourront pas tre utilis par le consortium p trolier pour assurer sa d fense mais ils ne pourront pas non plus tre utilis par les plaignants pour prouver les faits Saisine de la CPI par la R publique Centrafricaine Ouganda le bureau du procureur de la CPI indique que des mandats d arr ts seront mis au cours de l ann e contre des dirigeants de la LRA Ouganda les quipes de terrain de MSF sont invit es rencontrer les enqu teurs de la CPI sur le terrain Diffusion d un rapport de la section hollandaise de MSF sur les viols commis au Darfour par les forces arm es nationales et les milices pro gouvernementales Le Conseil de s curit des Nations unies vote la r solution 1593 qui d f re la situation du Darfour la CPI malgr l opposition du Soudan Ouganda MSF r affirme son souci de distinction entre l action humanitaire et la mission judiciaire sur le terrain aupr s du bureau du procureur de la CPI La Haye et de certains responsables TOCHA New York et Gen ve Soudan Une liste secr te labor e par la commission d enqu te de PONU et contenant les noms de responsables soudanais impliqu s 2005 Mai Juin Juin 2 juin 6 juin 12 septembre
92. iolences sexuelles Le gouvernement n erlandais intente un proc s contre la section suisse de MSF pour exiger le remboursement de la ran on vers e pour la lib ration d Arjan Erkel otage au Daghestan pendant vingt mois en 2003 et 2004 Le procureur annonce louverture officielle d une enqu te de la CPI sur la situation au nord de Ouganda Signature par le Secr taire g n ral des Nations unies d un accord de 2004 2005 13 septembre 30 septembre Octobre 16 d cembre Janvier F vrier 8 mars 31 mars Avril Avril coop ration entre la Cour p nale internationale et l ensemble des organes de l ONU Affaire Talisman r ponse de MSF et des autres organisations concernant refusant la r quisition judiciaire au nom de la protection des sources pour les organisations de d fense des droits de l homme et des imp ratifs d autonomie de l action humanitaire Le Haut Commissaire aux droits de l homme Louise Arbour et le conseiller sp cial du Secr taire g n ral de PONU pour la pr vention des g nocides pr sentent au Conseil de s curit de PONU un rapport d enqu te sur les violences au Darfour Ex Yougoslavie un volontaire MSF d cide de t moigner d charge dans le cadre du proc s devant le TPIY de Nacer Oric l ancien chef militaire bosniaque d fenseur de Srebrenica L avocat de la d fense de Nacer Oric contact d autres membres de MSF pour obtenir leur audition Affaire Talisman courr
93. ionales ont pris des formes multiples tant dans la composition que dans les mandats Voir ce sujet la rubrique maintien de la paix dans le Dictionnaire pratique de droit humanitaire Francoise Bouchet Saulnier La D couverte 2006 pp 325 334 120 Les d marches d enqu te soutenues par MSE ont notamment cherch pr ciser les r les et responsabilit s des nouveaux acteurs interna tionaux de la gestion des conflits notam ment les forces de maintien de la paix sous leurs diverses formes Dans le cas de la Somalie l objectif tait de compren dre comment les diverses forces militaires autori s es par les Nations unies pouvaient faire 44 usage de la force y compris contre les civils et les installations humanitaires Dans les cas de l ex Yougoslavie et du Rwanda il s agissait plut t de comprendre pourquoi l usage de la force pour prot ger des civils en danger pouvait tre refus en droit ou en pratique aux forces arm es internationales investies pourtant de cette mission A ce titre la commission d enqu te parle mentaire fran aise sur Srebrenica permit de faire un pas suppl men taire On savait d j que l usage de la force pour prot ger les populations en danger pouvait tre refus quand les contingents internationaux ne disposaient pas des moyens suffi sants en hommes et en mat riel Cet usage de la force internatio nale ne devait pas condu
94. ire la mise en danger des contingents internationaux Cet l ment avait t voqu sous diverses formes pour justifier l inaction en ex Yougoslavie et au Rwanda Les auditions parlementaires fran aises sur Srebrenica permirent de rajouter ouverte ment un crit re nouveau Il ne pouvait pas tre fait usage de la force internatio nale pour Entre temps la question des violences faites aux populations a pris une place centrale dans la gestion politique militaire et judiciaire des conflits par PONU renfor ant du m me coup les enjeux de propagande et d instrumentalisation politique et militaire de ces questions B CONTRAINTES JUDICIAIRES VERSUS IND PENDANCE HUMANITAIRE L apparition des tribunaux internationaux affecte MSF de fa on sp cifique en questionnant sa pratique du t moignage et l ambiguit qui entoure ce mot La fonction de t moignage humanitaire d velopp e par MSF repose sur deux l ments principaux Le refus de cacher des crimes de masses derri re le spectacle ou l illusion de l action de secours La volont d assumer une fonction d alerte et de responsabilisation des acteurs de la violence dans le temps de l action de secours Ces deux fonctions restent toujours aussi pertinentes et ne peuvent tre sous trait es ni diff r es en attendant des proc dures judiciaires Au sein de MSE l largissement de la notion de t moignage humanitaire vers une a
95. ires d clench es entre 1995 et 2000 pour tablir les faits et les diverses responsabilit s autour de l abandon de la zone de s curit et des massacres qui s ensuivirent 30 Ces mesures de pro tection de l anony mat peuvent en principe tre demand es par le t moin ou son avo cat aupr s de la division d aide aux victimes aupr s du procureur ou du juge Cette premi re option suppose qu un accord est trouv entre MSF et le t moin Cependant dans le cas o MSF vou drait b n ficier d une protection contre la volont d un t moin elle peut en faire direc tement la demande au juge qui est galement habilit prendre de telles d cisions titre exceptionnel 31 Voir transcription de l audition au TPIY en date du 11 juillet 2005 et les remarques du juge Agius pp 9461 9462 32 Courriel du 29 ao t 2005 de MSF l avocat lui deman dant de prendre les mesures de protec tion pour viter que le nom de MSF n apparaisse dans les documents et t moi gnages qu il allait produire au proc s Courriel du 29 ao t 2005 de l avocat MSE pr cisant qu il ne reconnaissait aucun droit MSF de limiter la fa on dont il entendait assurer la d fense de son client Lettre du 15 septembre 2005 de MSF au juge lui demandant de prendre lui m me les mesures de protection du nom de MSF dans les documents et lors des audiences du tribunal Mail du 26 septembre 2005 de l
96. it s fran aises Alors que en France un certain nombre de groupes militants envisageaient de porter plainte contre le g n ral Janvier devant les tribunaux fran ais pour complicit de crime contre l humanit MSF exclut de s associer ou de soutenir cette initiative En effet il ne s agissait pas pour MSE de trouver ou de cr er un bouc missaire ni d tablir une ventuelle responsabilit p nale individuelle L objectif principal consistait claircir les diff rents niveaux de responsabilit s politique et militaire qui avaient conduit au drame Cela supposait d tudier les divers rouages de la cha ne de d cisions dans l application du mandat international de protection des populations ainsi que leurs logiques leurs contraintes et leurs dysfonctionnements Publi e dans Le Monde du 13 juillet 2000 la tribune du nouveau pr sident de MSF Jean Herv Bradol s inscrivait ainsi dans un contexte g n ral de demande de transparence et d analyse des op rations de maintien de la paix Le 23 novembre 2000 les commissions de la d fense et des affaires trang res de l Assembl e nationale vot rent en faveur de la cr ation d une mission d information parlementaire Cette mission se mit en place en d cembre et auditionna jusqu en juin 2001 une vingtaine de personnes parmi lesquelles des responsables politiques et militaires fran ais et n erlandais un enqu teur du TPIY et des membres de la soci t civile dont tr
97. l interdiction d acc s un h pital o travaillait MSF MSF d non a imm diatement ces violences commises contre des organisations humanitaires et des populations civiles au nom de humanitaire par des soldats agissant sous mandat de PONU Ces violences taient d autant plus inadmissibles que c est pour prot ger l aide humanitaire que l ONU avait autoris l emploi de la force par les troupes de la coalition internationale MSF essaya alors de comprendre qui avait la responsabilit d autoriser ou de sanctionner ces actions au niveau des Nations unies ou des contingents militaires nationaux participant de cette op ration Devant la complexit du dispositif juridique politique et militaire des op rations de maintien de la paix MSF d posa une plainte au Conseil de S curit de l ONU pour non respect du droit international humanitaire par des forces arm es agissant sous son autorit En l absence d un tribunal comp tent pour r pondre cette question la plainte de MSF fut envoy e la fois au Secr taire G n ral de PONU au Conseil de S curit et aux minist res de la D fense des diff rents pays contributeurs de troupes en Somalie L objectif de cette plainte tait double Il s agissait d abord de faire reconna tre le caract re inacceptable de ces pratiques militaires dans un contexte o au pr texte de leur mission humanitaire aucune limite n tait fix e l emploi de la force par des t
98. la qualification de g nocide le Conseil de s curit des Nations unies a soutenu le d ploiement d une force internationale interafricaine sur le terrain et imposa au gouvernement soudanais la comp tence de la CPI pour juger les crimes commis Toutefois au lieu d accepter la comp tence qui venait de lui tre donn e par le Conseil de s curit le procureur de la CPI a estim qu il devait d abord examiner les efforts faits par le gouvernement soudanais pour traduire lui m me en justice un certain nombre de militaires et miliciens responsables des crimes commis dans cette province Le gouvernement soudanais a ainsi cr un tribunal militaire sp cial pour juger les auteurs pr sum s de ces crimes La cr ation de ce tribunal militaire pose des questions de coop ration concr tes MSE 4 ACTION HUMANITAIRE ET ENTRAVES LA JUSTICE L action d alerte sur les violences jou e par les organisations humanitaires est tr s diff rente d un travail judiciaire d tablissement de la culpabilit criminelle individuelle Si on prend l exemple du rapport publi par MSF Hollande sur les viols au Darfour il avait pour but d alerter sur l existence de ce crime Mais s il devait tre utilis devant les tribunaux soudanais ou devant la CPI MSF Hollande serait oblig e de lever l anonymat des victimes et des t moins Le refus de MSF de fournir des informations et des certificats m dicaux ce tribunal pourrait relever du d lit
99. le terrorisme 2 Dans le cas de l Ethiopie les actions pr sent es ont t entreprises par la section fran aise de MSF en d saccord avec notamment la section belge Dans les autres cas les actions ont t initi es et port es le plus souvent par une section nationale mais assum e par l ensemble du mou vement MSE Depuis 1995 il existe une politique internatio nale pour l ensemble du mouvement MSF concernant les rela tions avec les tribu naux internationaux En revanche aucun document internatio nal ne balise la parti cipation aux com missions d enqu te mais les diff rentes initiatives dans ce domaine n ont pas donn lieu des pol miques internes entre les sections Le document ne se r f rera donc pas aux diff rences entre les diverses sections de MSE L auteur de cet article est responsable juri dique de MSF France depuis 1991 et a travaill r guli re ment pour le Bureau international de MSF en collaboration avec toutes les sections du mouvement MSE L auteur a donc t impliqu e directe ment dans la plupart de ces activit s mais particuli rement dans celles entrepri ses par MSF France Ce document ne repr sente donc pas une analyse ext rieure et distanci e mais une synth se raisonn e et argu ment e de pratiques balisant un cadre politique global concernant des situations de violence grave contre des populations civiles commissions d enqu te
100. lit s Aucune limite de temps ne fut fix e la comp tence du TPIY puisque le conflit tait encore en cours lors de sa cr ation Cette d cision r pondait un ensemble de pr occupations Elle avait d abord pour but d ajouter un l ment de pression suppl mentaire sur les bellig rants et de pallier les 15 16 17 18 enqu te aupr s de 60 ex d tenus bosniaques et de leurs familles accueillis en France Saint Etienne 7 d cembre 1992 Rony Brauman G nocide information et bons sentiments Population en danger 1995 La D couverte pp 85 91 Ex Yougoslavie la fuite dans lhumanitaire Population en dan ger 1992 Hachette interventions MSF transmit plusieurs documents au rapporteur sp cial qui eut la possibili t de les utiliser de fa on confiden tielle et de v rifier et compl ter aupr s d autres sources la validit et le conte nu des informations communiqu es Voir infra 3 MSF et Srebrenica p 16 ll 12 19 20 21 Les faiblesses de ce dispositif sont clairement illustr es par son impuissance face aux violences commises contre les populations Elles s expriment galement a travers la vuln rabilit des casques bleus eux m me En effet en avril 1994 et mai 1995 un certain nombre d agressions sont commises contre les casques bleus la suite des recours la force d cid s par PONU contre les forces serbes
101. llicita aupr s de MSF un t moignage lors de sa s ance inaugurale Le t moignage de Rony Zacharias coordinateur de MSF Butare au moment du g nocide s effectua ainsi sous le titre du t moin de contexte avant que le tribunal commence l examen des premiers dossiers Comme pour le TPIY MSF disposait devant le TPIR de la possibilit de transmettre des informations sur une base confidentielle en s appuyant sur une disposition sp ciale du r glement de proc dure et de preuve du TPIR similaire celle du tribunal de La Haye Ceci permit MSF de garder son autonomie par rapport la suite du travail du tribunal et d viter que l organisation comme les volontaires soient oblig s t moigner ou fournir des documents C est donc sur la base de cette politique que les documents furent transmis et que les d cisions pratiques entourant le t moignage de Rony Zacharias furent prises par le Conseil d administration de la section belge de MSE Il fut d cid que Rony Zacharias t moignerait en son nom personnel mais avec le soutien pratique de l organisation Pour respecter la coh rence de cette d cision Rony ne devrait pas tre sous contrat terrain avec MSE au moment de son t moignage devant le tribunal MSF s engagea fournir l appui d un avocat son volontaire pour l accompagner le pr parer et le soutenir dans la proc dure de contre interrogatoire en vigueur devant les tribunaux internationaux Dans l
102. ments de poursuivre des crimes devant leurs tribunaux nationaux cette mesure est galement utilis e par certains gouvernements pour sanctionner judiciairement leurs adversaires politiques et militaires Ainsi ce sont les gouvernements de la RDC et Ouganda qui ont saisi le procureur de la CPI pour que la Cour juge les crimes commis dans certaines parties du pays en proie un conflit o l autorit du gouvernement central n tait pas tablie et o les tribunaux nationaux ne pouvaient fonctionner Le procureur a tent de limiter cette perception en pr cisant dans les deux cas que la Cour ne serait pas comp tente seulement pour les crimes commis par les forces rebelles mais galement pour ceux commis par les autres parties au conflit Il n en reste pas moins que la Cour tant charg e de la poursuite des plus hauts responsables ce crit re vise particuli rement les leaders qui refuseraient de participer aux accords de paix ou qui les mettraient en danger Dans un tel contexte de politisation de la gestion judiciaire des crimes et alors que les conflits se poursuivent sur le terrain la participation ouverte des organisations de secours aux enqu tes de la CPI cr erait un risque suppl mentaire pour le personnel humanitaire expatri comme national et limiterait davantage la possibilit d acc s certaines zones du territoire ainsi que la possibilit de discussion avec les groupes arm s les plus marginalis s et radicalis s
103. mpl mentaires aupr s de MSF voir infra La publication du rapport du NIOD le 10 avril 2002 fut suivie six jours plus tard par la d mission de l ensemble du gouvernement du Premier ministre Wim Kok et du chef d tat major des arm es Un mois plus tard en juin 2002 le parlement n erlandais d cida de mettre en place une commission d enqu te Elle rendit son rapport le 27 janvier 2003 38 39 d ploy s par PONU atteint un niveau record Apr s les checs en Somalie au Rwanda et en Bosnie les op ra tions de maintien de la paix des Nations unies marqu rent toutefois une pause Depuis 1999 et la guerre de l OTAN au Kosovo les op rations de gestion de crises connaissent un nouveau regain d autant que plusieurs organisa tions r gionales TUE l OTAN l Union africaine d ploient d sormais de plus en plus de soldats sur le terrain au c t de l ONU Le NIOD organisme de recherche historique travaillant sur la deuxi me guerre mondiale Un des objectifs tait sans doute de gagner du temps pour laisser passer l motion suscit e par ce drame Malgr cela la publication du rapport d enqu te de PONU sur la chute de Srebrenica en novembre 1999 et le d clenchement de la mission d information parle mentaire fran aise l automne 2000 relanc rent l atten tion et les questions des media sur les raisons de l abandon de la zone de s curit ESS 18
104. n d information l audition de Pierre Salignon responsable de programme l poque de la chute de l enclave fut propos e par MSF avec l accord de ce dernier De son c t la mission souhaita auditionner deux volontaires de MSF pr sents dans l enclave titre de t moins directs des v nements Le texte de l audition du responsable de programme ne constituait pas un t moignage au sens judiciaire du terme Il ne d crivait pas seulement des faits et des v nements mais proposait une analyse centr e sur le sort des victimes Pierre Salignon intervenait plus en tant que porte parole de l association qu en tant que t moin au sens classique du terme Le texte de son audition posait aux parlementaires les questions pr cises sur lesquelles MSF souhaitait attirer leur attention et mettait en lumi re les contradictions existantes entre les l ments de r ponse deja disponibles Par opposition cette d marche construite l audition des deux t moins oculaires de MSF lors de la chute de Srebrenica ne permit pas d chapper aux manipulations politiciennes autour du choix des questions pos es et de l interpr tation des r ponses fournies Ainsi par exemple la question du caract re pr visible ou impr visible de la chute de l enclave fut pos e aux deux volontaires Ils r pondirent que pour eux la chute de l enclave n tait pas pr visible car ils ne pouvaient pas imaginer que les forces des Nations unies pr sentes da
105. ns l enclave resteraient inactives et ne parviendraient pas viter le pire Leur r ponse fut interpr t e comme la preuve que si les acteurs de terrain eux m mes n avaient pas pu pr voir l poque la conqu te de toute l enclave par les forces bosno serbes et les massacres qui l ont accompagn e les autorit s politiques et militaires absentes du terrain le pouvaient encore moins Leur contribution cruciale en tant que t moin direct concernait la confirmation de la pr sence sur le terrain d une quipe militaire de guidage au sol des avions de l OTAN le jour de la chute de l enclave Pourtant aucun parlementaire ne porta attention cette information qui contredisait l argument officiel des responsables fran ais expliquant sur cette base l absence de frappes a riennes de l OTAN pour prot ger lenclave au moment de l offensive bosno serbe A la veille de la publication du rapport de la mission parlementaire MSF r capitula dans un document de synth se transmis la presse les questions et informations qui permettaient de guider la lecture du rapport des d put s Ce document utilisait les l ments d informations contradictoires et pars disponibles dans les divers travaux d enqu te publi s par les Etats et organisations internationales impliqu s dans la gestion de la crise yougoslave Il s agissait de r capituler un certain nombre de probl mes et d informations permettant aux journalistes de mettre rapidemen
106. ns aux niveaux national et international Le travail d enqu te du TPIY ne couvrit qu une partie des responsabilit s du drame de Srebrenica Le tribunal international tait charg d tablir les responsabilit s p nales et individuelles des auteurs de crimes de guerre crimes contre l humanit et g nocide en ex Yougoslavie Il a confirm plusieurs reprises sa mission principale de juger les crimes commis par les parties au conflit Ses enqu tes ne cherchaient donc pas comprendre pourquoi le dispositif militaire combin Forpronu OTAN tait rest passif lors des massacres de Srebrenica ni sanctionner son inaction sur le plan p nal L identification des responsabilit s politiques et militaires occidentales dans la paralysie des forces de PONU et de l OTAN ne relevait pas de la comp tence du TPIY Pour autant ces responsabilit s ne pouvaient tre pass es sous silence puisqu elles s inscrivaient dans le cadre d une politique internationale d intervention militaire dont une mission essentielle concernait officiellement la protection des populations C est donc notamment pour mettre en vidence les carences et d faillances des dispositifs internationaux visant la protection des populations dans le cadre des missions de maintien de la paix que MSF demanda pendant plusieurs ann es que cet aspect du drame fasse l objet d une enqu te au sein de PONU et d une enqu te de la part des Parlements des principaux Et
107. ns sa communication publique sur la n cessit d arr ter et de juger les auteurs du g nocide qui s taient r fugi s dans les pays voisins en Tanzanie et au Za re et qui utilisaient l aide humanitaire dans les camps de r fugi s pour r tablir leur pouvoir et poursuivre leurs activit s criminelles Le Tribunal p nal international ad hoc pour le Rwanda fut cr par le Conseil de S curit des Nations unies le 8 novembre 1994 Le mandat de ce tribunal fut le fruit d un difficile compromis politique entre les Etats membres du Conseil de s curit autour de la reconnaissance du g nocide Il fut finalement d cid que le mandat couvrirait toute l ann e 1994 du premier janvier au 31 d cembre Il s appliquerait donc aux actes de g nocide commis d avril juillet 1994 mais aussi aux crimes de guerre et crimes contre l humanit commis sur le territoire rwandais y compris en principe ceux commis par l arm e du Front patriotique rwandais qui avait pris le pouvoir en juillet 1994 Les premiers travaux du TPIR port rent sur l examen des l ments permettant de qualifier juridiquement de g nocide les massacres du Rwanda Le tribunal choisit ainsi d entendre un certain nombre de t moins experts qui n intervinrent pas charge ou d charge dans un proc s pr cis mais qui devaient clairer certains l ments du contexte et la fa on dont le g nocide s tait d roul C est dans ce cadre que le tribunal so
108. nt au Kosovo en m me temps que les populations et les soldats de l OTAN MSF met disposition des familles kosovares qui le d sirent des formulaires pour entrer en contact avec TPIY D cision du TPIY dans laffaire Simic limitant l obligation de t moignage pesant sur un personnel humanitaire R f rendum d autod termination organis par PONU du Timor Oriental LONU autorise l intervention au Timor Oriental d une coalition 1999 2000 2001 Octobre Novembre Novembre 15 novembre 15 d cembre Mai 7 juillet 13 juillet 14 ao t 9 novembre 9 janvier Mars 21 ao t 8 novembre militaire internationale dirig e par l Australie Le Conseil de s curit de Nations unies d cide le d ploiement d une importante op ration de maintien de la paix la Minusil qui a notamment pour mission de prot ger les populations civiles du Sierra Leone Timor Oriental MSF transmet un rapport sur les violences graves dans les camps de r fugi s du Timor Ouest la commission d enqu te internationale mise en place par les Nations unies Publication du rapport d enqu te du minist re de la d fense n erlandais initi en septembre 1995 sur la chute de Srebrenica Publication du rapport d enqu te de PONU sur la chute de Srebrenica Publication du rapport d enqu te de PONU sur le Rwanda Sierra Leone la suite du d ploiement des soldats internationaux dans les zones diamantif res le RUF tue sept casque
109. nzanie et au Za re commencent tre d crits par MSF et d autres acteurs humanitaires La version nominative du rapport de MSF sur le g nocide au Rwanda est transmise au groupe d experts nomm s par le Conseil de s curit de PONU pour enqu ter sur l existence d actes de g nocide au Rwanda Cr ation par le Conseil de s curit des Nations unies du Tribunal p nal international ad hoc pour le Rwanda TPIR MSF transmet la version nominative de son rapport sur le g nocide au Rwanda au tribunal cr e par PONU pour le Rwanda 1995 1996 14 novembre Avril 27 avril 8 mai 20 mai 25 mai Juillet Ao t Ao t Septembre Ao t Nov Novembre 6 d cembre F vrier Annonce publique du retrait de MSF France de tous les camps de r fugi s rwandais au Za re Rwanda l quipe de MSF est t moin de l attaque du camp de Kibeho par l arm e rwandaise et des massacres de grande ampleur commis lors de ces attaques sur les populations d plac es Rwanda au cours d une conf rence de presse tenue sur les ruines du camp de Kibeho le chef du gouvernement rwandais nie l existence de ces massacres affirmant qu il n y a eu que quelques de morts tu s parce qu ils r sistaient aux injonctions de l arm e Le gouvernement rwandais et PONU cr e une commission internationale ind pendante pour enqu ter sur le massacre de Kibeho Le rapport de la commission internationale ind pendante cr e par le gouve
110. ois membres de MSF Son rapport fut publi le 22 novembre 2001 Il y eut d bat au sein de MSF pour savoir si l organisation devait se limiter demander la cr ation de la commission d enqu te parlementaire ou si MSF devait galement s impliquer au quotidien dans son fonctionnement pour valuer et stimuler la qualit du travail de cette commission et pouvoir le cas ch ant s en dissocier publiquement S appuyant sur les le ons de sa pr c dente exp rience avec la mission parlementaire sur le Rwanda MSF d cida de s engager dans une activit suivie d appui critique du travail de la mission d information Pour ce faire MSF enregistra et publia sur son site Internet toutes les semaines les verbatim des auditions de la mission d information en pointant les lacunes les contradictions les erreurs ou impr cisions dans les d clarations des personnes auditionn es et en entretenant des relations de travail avec les parlementaires et le petit groupe de journalistes impliqu s dans la couverture m diatique de cette enqu te Ce proc d devait permettre de garder une capacit de mobilisation au long court vis vis de travaux s talant sur plusieurs mois MSF d cida aussi de publier sur son site Internet des informations importantes contenues dans le rapport d enqu te des Nations unies des documents confidentiels de PONU des articles de presse et des documents issus de travaux d investigation men s dans d
111. olences contre les kosovars albanais interven tion de l OTAN 1998 1999 2006 dans la collection Prises de parole publiques de MSF Au d but le HCR fut tr s r ticent vacuer ces personnes vers Albanie et la Mac doine dans la mesure o en exfiltrant ces familles vers des pays voisins l organisation cr ait elle m me des r fugi s C est seulement apr s des appels insistants de MSF au si ge du HCR Gen ve que ces vacuations peuvent tre organis es Voir Le point sur les cadavres dans la r gion de Pe Fabien Dubuet note interne 9 juillet 1999 Ces documents furent transmis en f vrier et juin 2000 sur une base confidentielle et en utilisant l article 70 du R glement de proc dures et de preuves du TPTY Dans un contexte hautement judiciaris cette enqu te permettait galement MSF d identifier parmi les populations interrog es au Mont n gro celles qui avaient t victimes ou t moins directs de crimes graves et qui restaient en danger sur le territoire de la F d ration yougoslave Le travail de MSF permit ces personnes de faire une demande de protection sp cifique aupr s du HCR qui les vacua vers la Mac doine et l Albanie par mesure de s curit conform ment aux accords existant entre le tribunal et le HCR 2 LE RETOUR DES POPULATIONS AU Kosovo Au d but de l t 1999 les organisations humanitaires entr rent au Kosovo en m me
112. ons restaient toujours sans r ponse quant aux motifs qui avaient conduit la communaut internationale abandonner la population de cette zone de s curit officiellement prot g e par les casques bleus et l OTAN Le d roulement des v nements tait peu pr s tabli mais sur certains points essentiels les explications donn es par l ONU les Pays Bas et la France divergaient de fa on vidente C est pour tenter de faire la lumi re sur ce noyau obscur du drame de Srebrenica que MSF demanda plusieurs reprises une enqu te parlementaire en France avant d obtenir finalement la cr ation en novembre 2000 de la mission d information parlementaire sur Srebrenica La France tait un pays cl dans le dispositif onusien en ex Yougoslavie puisque c tait un militaire fran ais le g n ral Janvier qui assumait l poque le commandement des forces des Nations unies dans toute l ex Yougoslavie Ce fut galement l initiative de la France que le concept de zone de s curit fut cr en Bosnie la suite de la proposition du g n ral Morillon Malgr son r le majeur dans la gestion du conflit bosniaque la France n avait jusqu cette poque proc d aucun travail d investigation sur le drame de Srebrenica alors m me que de nombreuses informations manant de diverses sources liaient la chute de Srebrenica diverses n gociations secr tes qui auraient impliqu les autor
113. pacit de qualification de la situation ind pendante des bellig rants La non destruction et la protection des preuves sur le terrain dans le cadre des actions de secours La d livrance de certificats m dicaux pour que les victimes puissent faire valoir leurs droits La pr servation de l ind pendance de MSF vis vis du fonctionnement du Tribunal p nal international sur l ex Yougoslavie E LE RWANDA 1 LE G NOCIDE DE LA COMMISSION DES DROITS DE L HOMME DE LONU AU TRIBUNAL P NAL INTERNATIONAL AD HOC SUR LE RWANDA Le 24 mai 1994 au cours de la session extraordinaire de la Commission des droits de l homme de l ONU sur le Rwanda qui se tint Gen ve le coordinateur de la mission de MSF Belgique pr senta au nom de MSF son t moignage oculaire sur les actes de g nocide commis dans la ville de Butare et dans l h pital o intervenait l quipe de MSE Courant mai MSF France lan a une enqu te interne pour d terminer le sort de ses employ s locaux dont une grande partie avait t assassin e La collecte syst matique et standardis e des t moignages des volontaires de toutes les sections MSF concernant les l ments criminels dont ils avaient t t moins dans les diff rentes parties du Rwanda pendant les mois d avril mai et juin 1994 fut galement entrepris d s le mois d avril Ces t moignages furent r unis dans un rapport pr sentant les v nements r gion par r gion Ce document intern
114. prouv e par d autres l ments d enqu te Voir le rapport Breaking the cycle du 10 novembre 1994 r dig partir des diff rentes collec tes d informations r alis es par chaque section MSE partir du 10 ao t 1994 la demande du conseil interna tional de MSE R solution 955 du Conseil de s curit de PONU du 8 novembre 1994 Audition du 16 17 janvier 1997 devant le TPIR de Rony Zacharia m decin MSE Il s agit de l article 70 du r glement de proc dure et de preuve du TPR adopt en juin 1995 sp cial d sign par la Commission des droits de l homme de PONU pour enqu ter sur la nature des actes commis et l existence d un g nocide au Rwanda En septembre 1994 cette version nominative fut transmise au groupe d experts de l ONU charg d enqu ter sur l existence d actes de g nocide au Rwanda En novembre 1994 elle fut transmise au Tribunal p nal international ad hoc pour le Rwanda qui venait d tre cr L objectif de ce rapport tait triple Faire reconna tre l existence d un g nocide dans un contexte o l existence et la reconnaissance de ce crime faisait l objet de r ticence de contestation ou de n gation parmi les Etats Assurer la pr servation des preuves et t moignages oculaires disponibles au sein de MSE Stimuler une r ponse internationale appropri e la r alit de ce g nocide Pendant toute cette p riode MSF insista da
115. r permettre ses tribunaux de sanctionner les crimes de guerre les crimes contre l humanit et le g nocide et de coop rer avec la CPI La France tait dans une position singuli re car elle tait l origine de l inclusion dans le statut de la CPI d un article 124 qui permettait de refuser la comp tence de la Cour pour les crimes de guerre pendant une p riode de 7 ans La France avait galement d cid de recourir pour son compte cet article rejetant ainsi la comp tence de la CPI pour les crimes de guerre commis par des ressortissants fran ais ou sur le territoire fran ais Par ailleurs la France n ayant jamais int gr les dispositions du droit humanitaire relatives la sanction de ces crimes il n existait ni d finition ni moyen de repression sp cifiques des crimes de guerre dans le droit fran ais La participation de MSF la Coalition fran aise pour la CPI fut limit e la mise en conformit de la loi fran aise avec les exigences du droit humanitaire et le droit des victimes concernant la r pression des crimes de guerre Dans le cadre de la CPI l obligation de coop ration est tr s large Elle couvre tous les organes et agents de l ONU et affecte donc potentiellement les relations entre les ONG et ces organes ou agences de l ONU EONU a sign un accord cadre de coop ration avec la CPI Ce document reconna t les r les et mandats respectifs des deux organisations Il pose un principe g n ral de
116. raintes du processus judiciaire C est l ensemble de ces actions et interactions que ce travail cherche restituer travers l historique de la participation de MSF des proc dures enqu tes ou d tablissement des faits de nature politique historique ou judiciaire Ce travail tente dans une premi re partie de d crire les formes de ces actions leurs objectifs et les enjeux qui les ont justifi s dans le principe et d termin s dans leurs modalit s Cette typologie ne pr tend pas l exhaustivit Elle d taille les principales actions men es par MSF dans ce domaine Il propose dans une deuxi me partie d analyser cette pratique pour d terminer les enjeux et les formes venir de l action de MSF face aux crimes de masse PARTIE 1 Examen des inter actions entre MSF et les proc dures d enqu te ou de poursuites judiciaires L ETHIOPIE En octobre et novembre 1985 la section fran aise de MSF accusait publiquement le gouvernement thiopien d utiliser l aide et la logistique humanitaires pour proc der au d placement forc des populations dans des conditions inhuma nes entra nant une forte mortalit S appuyant sur sa double qualit de t moin des violences commises contre les populations et de complice involontaire de ces violences MSF d non ait ainsi le fait que les moyens des organisations humanitaires taient d tourn s par le gouvernement de leur objectif et de leur finalit et utilis
117. ration de MSF avec des proc dures judiciaires internationales ne s est pos e que tardivement au tournant des ann es 1990 Elle s est d abord pr sent e dans le cadre de proc s nationaux avant de s inscrire au 4 Voir Laurence Binet Famine et transferts forc s de populations en Ethiopie 2005 dans la collection Prises de parole publiques de MSF Fran ois Jean Du bon usage de la famine rapport MSE octobre 1986 Voir Laurence Binet Famine et transferts forc s de populations en Ethiopie dans la collection Prises de parole publiques de MSF p 12 6 Il n existe aucune trace de ces deux lettres ni dans les archives de MSE ni dans les archives personnelles de Rony Brauman et Brigitte Vasset UT li O Voir notamment Virginie Raisson Serge Manoncourt MSF France en Somalie janvier 1991 mai 1993 rapport interne d valuation f vrier 1994 et Somalie dans Face aux crises sous la dir de Fran ois Jean Hachette 1992 Le bilan de ces attaques s l ve un mort un bless grave et sept bless s l gers parmi le personnel local de MSE Voir le rapport moral 1993 de Rony Brauman pr sident de MSF France cours de la m me d cennie dans le cadre de tribunaux internationaux ad hoc puis permanents Cette premi re exp rience montre aussi que MSF fit d embl e une diff rence entre ses activit s de t moignage public et le t
118. re du trait de Rome cr ant la Cour p nale internationale CPI premier Tribunal p nal international permanent comp tent pour juger les auteurs de crimes de guerre crimes contre l humanit et g nocide changea le contexte international au regard de la reconnaissance et de la r pression de ces violences La mission d alerte jou e par les organisations humanitaires trouvait ainsi un relais partiel dans le dispositif international de gestion des crises L action judiciaire prennait d sormais pied de fa on permanente dans le contexte de l action humanitaire l LES N GOCIATIONS DE ROME ET LA COALITION INTERNATIONALE POUR LA CPI Les n gociations sur la cr ation de la Cour p nale internationale s ouvrirent Rome en 1998 Les ONG cr rent une coalition pour la cour p nale qui leur permit de faire entendre leur voix dans le processus de r daction et de n gociation du texte dirig par les Etats l ensemble des sections MSF soutint ce projet et rejoignit la Coalition internationale pour la CPI compos e d une centaine d organisations humanitaires et de d fense des droits de l homme 1 1 le soutien de principe la cr ation de la CPI MSF soutenait la cr ation d un recours judiciaire international contre l impunit des crimes les plus graves et se r jouissait de l apparition d un espace d arbitrage concernant les violences et destructions inflig es aux populations civiles pendant les conflits Au sein
119. ribunal sur l ex Yougoslavie MSF eut recours une disposition du r glement de proc dure et de preuve du TPIY article 70 qui permet de ne transmettre que des documents servant faciliter les d enqu tes mais pas nourrir les dossiers d accusation Il s agissait seulement d informer les enqu teurs sur des v nements des lieux et l existence d autres t moins notamment internationaux Cette disposition permit d viter toute obligation de participation la proc dure judiciaire proprement dite Elle limita galement la possibilit des juges d exiger la production de t moins ou d autres documents C est autour de ces pr occupations politiques et pour tirer parti des diff rentes garanties juridiques que MSF labora la politique de coop ration avec les tribunaux p naux internationaux ad hoc qui fut adopt e en novembre 1995 et s appliqua l ensemble du mouvement MSF Cette politique s organisait autour des points suivants MSF continuerait rendre public des rapports sur les v nements dont elle tait t moin Ces documents seraient ainsi accessibles au tribunal MSF limiterait l obligation de coop ration en utilisant les proc dures pr vues cet effet par le statut du tribunal notamment concernant la proc dure sur la transmission confidentielle de documents MSF chercherait viter l obligation de t moigner physiquement devant le tribunal pour un certain nombre de volontaires d
120. rnement rwandais et l ONU sur les v nements de Kibeho ne parle pas de massacre mais de d rapage et ne se prononce pas sur le bilan des victimes MSF publie son propre rapport sur les massacres de Kibeho Ex Yougoslavie la chute de la zone de s curit de Srebrenica par les forces bosno serbes est suivie de la d portation de 40 000 personnes et de l ex cution de 7 000 autres Un enqu teur du TPIY contacte MSF pour savoir si l organisation dispose d autres documents que ceux qui ont d j t rendu publics sur la chute de Srebrenica MSF publie un rapport sur la chute de l enclave de Srebrenica partir des t moignage de son personnel sur le terrain Rapport MSF Les t moignages bosniaques sur la fin de Srebrenica Ex Yougoslavie le minist re de la d fense n erlandais proc de une enqu te militaire interne sur les circonstances de la chute de Srebrenica et sur le comportement du bataillon de casques bleus n erlandais pr sent sur le terrain Retrait des sections belges et hollandaises de MSF des camps de r fugi s rwandais du Zaire Les directeurs g n raux des diff rentes sections MSF adoptent une politique commune de coop ration avec les tribunaux p naux internationaux ad hoc sur l ex Yougoslavie et le Rwanda Le gouvernement rwandais expulse du Rwanda 39 ONG dont MSF France et MSF Suisse MSF publie un deuxi me rapport plus complet sur la chute de Srebrenica Srebrenica Hospital Personnel and Local St
121. roupes internationales sous mandat des Nations Unies Il s agissait galement de clarifier les diff rents syst mes de responsabilit impliquant les pays d origine des forces arm es internationales et PONU elle m me et d identifier les m canismes de plaintes et de recours possibles en cas de violence perp tr e contre des populations civiles ou des organisations humanitaires par une force militaire internationale mandat e par le Conseil de S curit de PONU Cette plainte de MSF aboutit au d clenchement par l ONU d une enqu te interne qui finit par conclure que les op rations lanc es par les soldats am ricains pouvaient tre qualifi es d actes de vengeance l enqu te pr cisait que ces actes n taient pas justifi s par une n cessit militaire et n avaient pas le caract re de repr sailles licites et proportionn es De tels actes de vengeance taient interdits par le droit humanitaire Toutefois les acteurs mis en cause firent valoir pour leur d fense que le droit humanitaire ne pouvait pas s appliquer aux op rations militaires de PONU puisque PONU n tait pas signataire des Conventions de Gen ve Ils invoqu rent galement le fait que PONU ne pouvait pas tre consid r comme un bellig rant et que les actions de maintien de la paix taient des actions de police internationale qui n entra naient pas application du droit des conflits arm s A la suite de cet v nement et pour mettr
122. rs e pour la lib ration d Arjan Erkel otage au Daghestan pendant vingt mois en 2003 et 2004 ouvrit une nouvelle voie dans les relations entre MSF et les tribunaux C est paradoxalement MSF qui se trouva en proc s La proc dure enclench e par l Etat n erlandais devant un tribunal suisse op ra ainsi une v ritable d qualification des faits en transformant la victime en coupable et en oubliant le crime de guerre la prise d otage d un humanitaire pour mettre l accent sur un litige financier C est pourquoi en marge de la proc dure judiciaire MSF choisit de r clamer galement la mise en place dun m canisme d tablissement des faits plus pertinent au regard de la nature tr s politique du litige La demande par MSF d une commission d enqu te parlementaire nationale et ou europ enne sur la lib ration d Arjan Erkel visait poser la question de la responsabilit des gouvernements concernant la s curit des travailleurs humanitaires notamment au regard de leurs obligations au titre du droit international humanitaire et du droit des Nations unies Les argumentaires juridiques d pos s par MSF devant le juge suisse s appuyaient notamment sur les l ments de droit international humanitaire qui fondent la responsabilit politique des Etats vis vis des violations graves du droit humanitaire LA COUR P NALE INTERNATIONALE DES N GOCIATIONS DE ROME AU DARFOUR En juillet 1998 la signatu
123. rwandais Laurence Binet Disponible en Fran ais et en Anglais oct 2003 avril 2004 Traque et massacres des r fugi s rwandais au Za re Congo 1996 1997 Laurence Binet Disponible en Fran ais et en Anglais ao t 2004 Famine et transferts forc s de populations en thiopie 1984 1986 Laurence Binet Disponible en Fran ais et en Anglais janvier 2005 Violences contre les Kosovars albanais interventions de Otan 1998 1999 Laurence Binet Disponible en Fran ais et en Anglais septembre 2006 FONDATION M DECINS SANS FRONTI RES CRASH Centre de R flexion sur l Action et les Savoirs Humanitaires 8 rue Saint Sabin 75011 PARIS FRANCE tel 00 33 01 40 21 29 29 fax 00 33 01 40 21 29 62 email office paris msf org Sommaire INTRODUCTION PARTIE 1 EXAMEN DES INTER ACTIONS ENTRE MSF ET LES PROC DURES D ENQU TE OU DE POURSUITES JUDICIAIRES A B LETHIOPIE LA SOMALIE LEX YOUGOSLAVIE l L action humanitaire comme r ponse internationale aux crimes de masse 2 le Tribunal P nal pour l ex Yougoslavie TPTY l ments de gestion judiciaire de la crise 3 MSE le TPIY et Srebrenica 4 MSF et les enqu tes non judiciaires sur Srebrenica 4 1 Les enqu tes n erlandaises sur la trag die de Srebrenica 4 2 l enqu te de l ONU sur la chute de Srebrenica 4 3 La mission d information parlementaire fran aise sur Srebrenica LE KOSOVO 1 L attaque du Kosovo par les forces serbes et les bombardements de l O
124. s travailleurs gt 33 _ 95 96 97 98 99 humanitaires et sur la sanction des violences contre les organisations et le personnel de Secours Cette forme nouvelle de diplomatie non gouvernementale avait d j permis aux ONG d tre troitement li es la r daction de la convention sur les droits de l enfant en 1989 et surtout la convention internationale sur les mines en 1997 Dossier de presse MSF de Juillet 1998 M decins Sans Fronti res souhaite que la Cour criminelle internationale accorde aux victi mes et aux t moins les garanties d une justice ind pen dante et effective Sauf si elle est saisie directement par le Conseil de s curit de PONU la CPI reste un m canisme de sanction compl mentaire et subsi diaire des tribu naux nationaux Elle ne peut se saisir de certains crimes que si les tribunaux natio naux ne veulent pas ou ne peuvent pas juger Il est par exemple impossible des victimes tch tch nes afghanes ou irakiennes de porter plainte devant les tribu naux fran ais pour crimes de guerre m me si les criminels pr sum s se trouvent sur le territoire national MSF France allait ainsi participer au sein de la Coalition fran aise pe En effet ces ONG s engag rent dans des d bats tr s techniques concernant la r daction du statut MSF et d autres organisations humanitaires cherchaient contrebalancer c
125. s bleus et en prend pr s de 500 en otage Publication du rapport de l organisation de lUnit africaine Rwanda le g nocide vitable Tribune du nouveau pr sident de MSE Jean Herv Bradol publi e dans Le Monde sur la n cessit dune enqu te parlementaire fran aise concernant les circonstances de la chute de l enclave bosniaque de Srebrenica en juillet 1995 Sierra Leone la r solution 1315 du Conseil de s curit des Nations unies demande la cr ation d un tribunal sp cial mixte charg de juger les crimes de guerre commis dans le pays Cr ation d une mission d information parlementaire fran aise sur le massacre de Srebrenica Kenny Gluck expatri de MSF Hollande est pris en otage en Tch ch nie dans le Caucase du Nord Timor Oriental MSF transmet son rapport sur les violences commises contre les r fugi s dans les camps du Timor Ouest au Procureur g n ral d Indon sie et aux m canismes judiciaires mixtes cr s conjointement par le nouveau r gime est timorais et l ONU Publication par PONU du rapport Brahimi du nom de son auteur sur la r forme des op rations de maintien de la paix de PONU Affaire Talisman un consortium de victimes soudanaises vivant au Soudan et aux USA et soutenu par des organisations Presbitarian Church of Sudan Nuer Community Development Services in the USA porte plainte devant la justice am ricaine pour obtenir indemnisations des pr judices subis du fait de l exploit
126. s de MSE Sollicit s directement par l avocat plusieurs de ces volontaires contact rent le service juridique de MSE pour avoir des clarifications sur la position de l organisation Un certain nombre de discussions eurent lieu au sein de l organisation concluant au fait que MSF ne souhaitait pas s associer cette d cision ni la soutenir Parmi les arguments d battus il y avait notamment le fait que c tait la premi re fois que le t moignage MSF tait demand par l avocat de la d fense d un accus En outre lacte d accusation portait sur des faits commis une p riode o MSF n tait pas op rationnel dans le lieu concern Une r ponse positive de MSF cette sollicitation aurait cr un pr c dent difficile assumer dans lavenir MSF ne d tenait pas d informations directes cruciales ou d terminantes sur les faits concern s En acceptant de t moigner dans de telles conditions MSF aurait reconnu que ce type de t moignage n tait pas incompatible avec la mission de secours en situation de conflit Cependant la d cision de non participation de MSF donna lieu une controverse portant sur la confusion entre les d cisions assum es politiquement par l organisation et celles prises par les individus titre personnel En cas de d saccord entre l organisation et un volontaire sur la n cessit et l opportunit d un t moignage judiciaire impliquant lassociation il est toujours possible que le volontaire
127. s le pays o les violences avaient eu lieu et o elles se poursuivaient tout comme les op rations de secours de MSE En f vrier 2003 la Cour sp ciale entra en contact avec les quipes de MSF sur le terrain pour demander des informations des documents et des t moignages permettant de faciliter le travail d enqu te et la tenue des proc s Chaque section r pondit tout d abord sur une base nationale aux requ tes du tribunal MSF rappela notamment son statut d acteur humanitaire neutre et impartial et le danger potentiel que constituait la mission de la Cour sp ciale pour un acteur de secours travaillant en situation de conflit danger reconnu par la jurisprudence des deux TPI ad hoc En mars 2003 le groupe de travail international mis en place pour laborer la politique de coop ration de MSF avec la Cour p nale internationale fut saisi par les directeurs des op rations pour laborer une r ponse commune de MSF au tribunal sp cial En avril 2003 la politique de coop ration de MSF avec la Cour sp ciale fut adopt e par tous les centres op rationnels de MSF puis n goci e avec le tribunal sp cial MSF consid rait que le processus judiciaire en cours pouvait avoir des r percussions sur la s curit de ses quipes travaillant au Sierra Leone mais aussi dans plusieurs pays de la r gion toujours en proie la violence arm e Compte tenu du r le confi au tribunal dans le renforcement du processus de paix et de
128. sent e par la Belgique au peuple rwandais pour lavoir abandonn au moment du g nocide Ult rieurement le t moignage de MSF fut sollicit par le juge belge confront aux proc s concernant les auteurs pr sum s du g nocide pr sents sur le territoire belge Le chef de mission pr sent Butare au moment du g nocide qui avait d j t moign devant le tribunal d Arusha apporta son t moignage une nouvelle fois dans ces deux affaires Il s agissait toujours d un t moignage de contexte et non d une d position charge ou d charge vis vis des inculp s 3 LA MISSION D INFORMATION PARLEMENTAIRE FRAN AISE SUR LE RWANDA En France le 2 mars 1998 une coalition d acteurs de la soci t civile incluant MSE d cida de s appuyer sur la dynamique enclench e en Belgique pour demander l ouverture d une enqu te parlementaire sur le r le de la France au Rwanda entre 1990 et 1994 MSF justifia sa participation cette initiative en mettant en avant son statut de victime dans la crise rwandaise En effet plus de 200 membres du personnel national de MSE toutes sections confondues furent massacr s pendant le g nocide D s le lendemain le 3 mars 1998 le pr sident de la commission de la d fense de l Assembl e nationale Paul Quil s fit voter en urgence la cr ation d une mission d information sur les op rations militaires men es par la France d autres pays et PONU au Rwanda entre 1990 et 1994 L
129. ssassin s lors de la prise de la ville par l arm e f d rale et les milices serbes Ils furent enterr s dans une fosse commune proxi mit de la ville A partir de 1993 la fosse commune est finalement gard e par les soldats de PONU Le TPIY ne proc da que tr s tar divement l exhu mation des corps au cours de son enqu te sur ce massacre Le processus de purification ethnique dans la r gion de Kozarac Bosnie Herz govine qualification de ces forces arm es comme bellig rants soumis au respect du droit des conflits C L EX YOUGOSLAVIE En ex Yougoslavie un an plus tard MSF s est de nouveau retrouv e confront e aux ambiguit s et aux dangers d une action humanitaire militaris e par la communaut internationale La r f rence au droit humanitaire a permis MSF de r tablir entre les acteurs militaires et humanitaires des espaces diff renci s de responsabilit s Mais la mise en vidence des diff rentes responsabilit s a entra n en retour un questionnement sur la nature de la responsabilit de l acteur humanitaire et les limites de l gitimit de ses actions Un certain nombre de questions se sont pos es MSF MSF devait elle documenter les violences commises contre les populations civiles pour mieux les comprendre Pour les d noncer publiquement Pour montrer que la guerre continuerait sous le couvert de l op ration de maintien de la paix La d nonciation des
130. struments compl mentaires pour les actions de maintien ou de r tablissement de la paix Leur travail s est effectu en parall le avec la poursuite du conflit et des crimes qui l accompagnaient Il est dans ces cas autant plus n cessaire de distinguer le r le de l acteur de secours de celui denqu teur ou de t moin judiciaire Cette tendance s est confirm e avec la CPI Elle est con ue comme un moyen d influencer la conduite des bellig rants mais surtout de faire pression sur eux dans le cadre d actions globales de maintien ou de r tablissement de la paix C est aujourd hui le cas des trois situations pour lesquelles la Cour p nale internationale a t saisie RDC Ouganda Soudan Dans ces trois pays la situation de conflit se poursuit et la saisine de la Cour p nale internationale fait partie dun processus de r glement international global La s curit des acteurs de secours pourrait tre compromise en cas de confusion entre leurs activit s de secours et d information sur la situation qu ils rencontrent et leur ventuelle contribution l action judiciaire internationale Le risque suppl mentaire que cr erait pour le personnel de secours sur les terrains de conflit sa participation des proc dures judiciaires n est pas facile valuer Pour autant il a toujours t reconnu que la s curit du personnel humanitaire d pendait notamment de la perception que les bellig rants ont de l in
131. sur la s curit du personnel de PONU et du personnel associ adopt e par l Assembl e g n rale des Nations unies le 9 d cembre 1994 et entr e en vigueur le 15 janvier 1990 a confirm que le droit humanitaire s appliquait bel et bien aux interven tions militaires d s lors qu elles sont d clench es sur la base du chapitre VII de la Charte de PONU Le Secr tariat g n ral de l ONU a galement dict en 1999 une circulaire sp cifique sur le respect du droit international huma nitaire par les forces des Nations unies Ce document est entr en vigueur le 12 ao t 1990 10 12 13 14 Le 20 octobre 1991 apr s trois jours de n gociations avec les bellig rants une quipe de MSF tenta d vacuer des centaines de bless s et malades de l h pital de Vukovar ville assi g e depuis trois mois par les forces serbes Alors que le premier convoi quittait la ville avec 200 patients et progressait dans la banlieue de la ville une mine anti char fut actionn e par un inconnu deux infirmi res de MSF Ghislaine Jacquien et Fabienne Schmidt furent gravement bless es et vacu es par convoi militaire vers Belgrade Le convoi arriva Zagreb une dizaine d heures plus tard A la suite de cet attaque le deuxi me convoi pr vu pour vacuer le reste des malades et bless s fut annul Ces malades et bless s furent sous traits au repr sen tant du CICR et a
132. t des disparus Lors du retour de ces prisonniers le CICR effectua les entretiens avec les ex d tenus et MSF assura la visite m dicale et le soin de ceux qui avaient subi des violences et des tortures lors de leur d tention en proposant ceux qui le souhaitaient la r daction d un certificat m dical individuel MSF accepta galement de transmettre au TPIY la demande des victimes les certificats m dicaux et certaines radiographies des anciens d tenus maltrait s Le tribunal pouvait ainsi authentifier les certificats transmis par des victimes sans avoir besoin d exiger la coop ration de MSF cette fin MSF proc da de la m me mani re avec des victimes de viols et de mines Cette activit ne conduisit aucune obligation pour les m decins MSE de t moigner ou d authentifier les certificats devant le tribunal puisqu ils avaient t remis par MSF directement aux enqu teurs la demande des victimes En France dans le cadre d une mission exploratoire men e en juin 1999 dans un centre d h bergement Bourges MSF mit galement disposition de nombreuses familles kosovares des formulaires du TPIY Lors de la visite de l quipe de MSE beaucoup de familles avaient exprim le d sir de t moigner ou de transmettre des informations au TPTY Ainsi aux diff rentes tapes de la crise l action de MSF au Kosovo s est ax e autour de quatre l ments essentiels Le maintien par MSF d une ca
133. t en perspective le contenu des trois tomes du rapport de la mission d enqu te qui leur seraient remis au moment de la conf rence de presse de la mission parlementaire Ce type de proc d mettait les journalistes devant l obligation de communiquer le r sum officiel sans avoir le temps de lire les milliers de pages du rapport MSF cherchait ainsi viter la reproduction de l op ration de communication qui avait entour e la publication du rapport de la pr c dente mission parlementaire sur le Rwanda Dans ce cas les journalistes avaient largement relay le message officiel de la conf rence de presse la France n a pas rougir de ce qui s est pass au Rwanda ce qui ne rendait pas compte des questions pr cises rest es sans r ponse L enjeu tait de ne pas limiter la mission et la responsabilit de MSF celle d un t moin passif mais de participer activement la recherche de la v rit face un massacre de civils perp tr sur des populations prot g es par un dispositif international complexe D LE KOSOVO L intervention arm e de l OTAN au Kosovo contre la Serbie au printemps 1999 fut d clench e la suite du massacre de Ra ak Les premiers enqu teurs se rendre sur place ne furent pas ceux du TPIY mais ceux d une mission d investigation de OSCE dirig e par un diplomate am ricain William Walker Ce fut sur la base des conclusions de cette mission d enqu te que l OTAN d
134. t trop d s quilibr e et en opposition avec la campagne conduite pour l existence d une Cour P nale Internationale laquelle nous avons particip Exprim e de cette mani re notre volution sur la question qui est r elle de la justice internationale ressemble une volte face dont on ne peut compren dre les raisons Voir compte rendu du CA MSF France du 19 juin 1998 Nous entendons par l gitimit les r gles et principes auxquels le droit humanitaire a soumis l action de secours La justice n appara t pas dans les principes humanitaires alors que lind pendance est un attribut essentiel Courrier du cabinet d avocats Simpson Thacher et Bartlett New York 16 d cembre 2004 A titre d exemple on peut mention ner le fait que les activit s de MSF au Kivu et en Ituri s exercent dans une zone o plusieurs criminels de guerre faisant l objet d inculpation ou d enqu te par la CPI sont retranch s et toujours actifs Kony Nkunda la justice am ricaine conduisit un accord conclu entre MS la d fense et l accusation dans lequel chaque partie acceptait de ne pas utiliser ces documents sur le plan judiciaire pour exempter MSF et les autres organisations des contraintes que cela occasionnait 2 ACTION JUDICIAIRE ET S CURIT DES ACTEURS DE SECOURS Les deux tribunaux internationaux ad hoc pour l ex Yougoslavie et le Rwanda ont t con us comme des in
135. te de la Cour p nale internationale un organe judiciaire p nal international vocation universelle et permanente La cr ation de cette Cour p nale internationale est l aboutissement d une volution plus large caract ris e par une nouvelle politique de gestion des conflits au sein des organisations internationales Cette politique s appuie sur l int gration et la coordination des interventions internationales sur les plans diplomatique militaire humanitaire et judiciaire Elle remet en cause l ind pendance de l action humanitaire vis vis des autres formes d action politique et militaire et estompe la diff rence entre les organisations de d fense des droits de l homme et certaines organisations humanitaires Dans ce document l expression m canismes d enqu te et de poursuites judiciaires recouvre les diff rentes formes de proc dures auxquelles MSF s est trouv e confront e 1 La cr ation de la CPI n est qu un l ment caract ris tique de l volution du contexte de l action humanitaire D autres l ments affectent galement l activit de t moi gnage public de MSF tel par exemple que le d veloppe ment d activit s de propagande et de d sinformation concernant sp ciale ment les violences sur les populations civiles dans les conflits actuels ainsi que la radicali sation et la nouvelle polarisation du contexte international li au d veloppement de la guerre contre
136. tiles et l gitimes sont largement incompatibles et rel vent de logiques et de modalit s diff rentes Pour les ONG humanitaires enjeu consiste optimiser l existence de la CPI pour clarifier les responsabilit s et renforcer le respect de la mission de secours humanitaire Pour cela il faut d abord viter que la mission de justice internationale affaiblisse la mission de secours ou prenne le pas sur elle Il est parfois plus tentant de juger et de condamner distance que d interposer l action de secours au milieu des situations de violence Lors des n gociations du trait de Rome MSF avait demand des mesures adapt es de protection des victimes et des t moins et des membres des organisations humanitaires devant la future Cour MSF avait galement insist pour que la charge des enqu tes et de la preuve de ces crimes ne p sent pas principalement sur les acteurs humanitaires et les victimes elles m mes l LA N CESSAIRE IND PENDANCE DE L ACTION HUMANITAIRE La l gitimit de l action humanitaire suppose son ind pendance vis vis de tous les acteurs de toutes les pressions et son autonomie vis vis de la poursuite d autres objectifs Que les acteurs humanitaires comme les victimes souhaitent la justice comme ils peuvent souhaiter la paix est parfaitement l gitime Mais ces souhaits ne peuvent pas conduire soumettre l action de secours l av nement de cet autre objectif Or la princip
137. tional permanent Il faut noter que ce dispositif judiciaire venait se rajouter l op ration militaire d ploy e par PONU sur le territoire de la RDC Monuc dans le but d accompagner le retour la paix et de prot ger les populations expos es des dangers imminents aux abords des zones de d ploiement des forces internationales L association des deux dispositifs officialis e par la signature d un accord entre la MONUC et la CPI rajoutait aux probl mes de positionnement des organisations humanitaires sur le terrain Il importait de maintenir autant que possible la perception de MSF comme un acteur humanitaire ext rieur au dispositif de PONU et de la CPI R publique Centre Africaine RCA En janvier 2005 la R publique Centrafricaine saisit la CPI MSF qui disposait d informations pr cises sur les violences contre les populations civiles et r fugi es en RCA refusa de transmettre aux enqu teurs de la CPI les noms des victimes ainsi que les donn es m dicales les concernant Seules des informations g n rales sur les dates et les lieux des attaques rapport es par les victimes et l ampleur des violences furent rendues publiques par MSF et accessibles la CPI Toutefois rien n emp che les victimes d entrer en contact de fa on volontaire avec les enqu teurs de la CPI Concernant lOuganda la RDC et la RCA la CPI a t saisie directement par les gouvernements qui ne parvenaient pas imposer leur autorit
138. tions nominatives relatives aux victimes de violence sexuelles ou de violence l arme feu ou l arme blanche Le principe de non participation est justifi par la r f rence une immunit particu li re d coulant de la mission humanitaire Lexistence de cette immunit a d j t partiellement reconnue par les tribunaux internatio naux Elle repose sur la reconnaissan ce que la mission d une organisation humanitaire est une mission d int r t g n ral qui d coule des conventions internationales et qui consiste apporter des secours dans les situations de violence tre t moin de violations du droit humanitaire et alerter les auto rit s responsables de ces situations les juges doivent respecter cette mis sion d int r t g n ral en accordant des dispenses et protec tions particuli res aux organisations humanitaires devant les tribunaux Cette non participa tion de MSF aux p d autres insinuent qu elle invente les victimes et ce serait pour cela que l organisation refuserait de transmettre leurs noms aux autorit s polici res et judiciaires l argumentation de MSF pour refuser ces signalements et cette coop ration ne peut tre entendue que si elle englobe les tribunaux nationaux et internationaux La saisine de la CPI pour les crimes commis au Darfour permet d clairer la r alit de cette volution Apr s la vive pol mique qui a entour la question de
139. tte derni re ne peut pas juger les crimes commis avant l entr e en vigueur de son trait le 1 juillet 2002 et elle est galement con ue comme un m ca nisme de sanction compl mentaire et subsidiaire par rapport aux tribu naux nationaux Il est clair que la CPI doit en outre cibler les princi paux responsables p 29 30 78 19 80 81 82 des crimes de guerre Crimes contre l humanit et g nocide Outre la mise en place en 2003 de la Cour sp ciale pour la Sierra Leone voir supra les Nations unies n goci rent une participation internationale au sein d un tribunal sp cial charg de juger les crimes des Khmers rouges mis en place par le Cambodge en 2004 LONU n gocia galement en 2005 la cr ation d un tri bunal sp cial pour le Burundi Voir Mission Report for MSF Belgium Holland and France rapport interne de Fabien Dubuet 25 novembre 1999 Report on the deportation in East Timor and testimo nies on the living conditions in camps in West Timor document interne non publi novembre 1999 Lettre de MSF la pr sidente de la commission d enqu te de PONU dat e du 15 novembre 1999 et la lettre de MSF au Haut Commissariat aux droits de l homme autorisant la trans mission des infor mations la justice indon sienne et est timoraise dat e du 23 mars 2001 Certains militaires qui avaient t condamn s pour crimes
140. uin 2005 et sur le terrain par les chefs de mis sion de MSE au cours du mois d avril 2005 39 40 113 114 Voir le communi qu de presse du bureau du Procureur du 19 avril 2004 Voir le communi qu de presse du bureau du Procureur du 23 juin 2004 d cid rent galement de ne pas participer aux r unions de coordination quand le personnel de la CPI tait pr sent R publique D mocratique du Congo RDC En mars 2004 quatre mois apr s la saisine de la CPI par Ouganda la RDC d f ra son tour la situation qui se d roulait sur l ensemble du territoire congolais information fut rendue publique le 19 avril 2004 La d marche du Pr sident Kabila visait sans doute accompagner le processus de normalisation et extension du contr le de l Etat sur les territoires de l Est de la RDC En ciblant les auteurs de crimes graves commis sur cette partie du territoire hors du contr le effectif des autorit s centrales de RDC elle permettait de marginaliser certains responsables politiques qui taient pourtant officiellement au c ur du processus de r glement politique de la crise congolaise Les premi res accusations portaient notamment sur des faits commis par des troupes agissant sous l autorit d un des vice pr sidents d union nationale en poste Kinshasa Le 23 juin 2004 le procureur de la CPI annon a louverture de la premi re enqu te du premier Tribunal p nal interna

Témoignage judiciaire ou humanitaire

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