Home

Daniel Béhar, « Décentralisation : l`acte II est déjà joué

1. de l tat Au del des querelles de pr s ances entre une loi du Minist re de l Int rieur et une loi du 2 L tat de la France 2000 2001 D centralisation l acte Il est d j jou Minist re de l am nagement du Territoire il semble que dans la pratique le d bat entre les anciens et les modernes soit d j tranch et l acte Il de la d centralisation d j bien entam Trois signes donnent penser que la pratique de la gestion publique territoriale a pris les devants par rapport aux r flexions institutionnelles dans la grande tradition du pragmatisme fran ais Il s agit de la d connexion entre statut institutionnel et r le politique de la ferritorialisation des principales politiques publiques nationales de l mergence de nouveaux infercesseurs territoriaux La fin de l quivalence entre statut institutionnel et r le politique Autant les collectivit s territoriales que les services de l tat se trouvent confront es depuis une dizaine d ann es une sorte de comp tition politique Alors que l ancien mod le de gestion locale voyait se d velopper la comp tition entre notables pour acc der via l intercession pr fectorale aux ressources financi res techniques et r glementaires du Centre parisien le nouveau mod le de gestion publique territoriale voit appara tre des confrontations horizontales qui visent s assurer du leadership politique sur un territoire ou sur un domaine donn Ces
2. confrontations horizontales font clater les cadres institutionnels tablis L existence d une communaut urbaine par exemple ne constitue plus une garantie pour la construction d une politique d am nagement et de d veloppement l chelle des agglom rations Ainsi l agglom ration bordelaise pourtant dot e d une communaut urbaine a t elle laiss passer plusieurs occasions pendant que l agglom ration toulousaine pourtant morcel e et batailleuse a pu depuis 15 ans engranger des succ s fructueux tant en termes d infrastructures m tro qu en termes d implantations industrielles Les chelles soi disant obsol tes du canton et du d partement trouvent ou retrouvent y compris en milieu urbain des pertinences inattendues le cumul d un mandat de conseiller municipal avec un si ge de conseiller g n ral permet certains lus urbains de se tailler de v ritables territoires l chelle des cantons urbains ce qui dans certaines grandes villes leur conf re un quasi statut d adijoint de quartier disposant implicitement d une d l gation politique dans des territoires aussi m tropolis s que l le de France les d partements apparaissent comme des chelons interm diaires efficaces entre l chelle r gionale et les communes La r partition des comp tences par blocs issue de la loi de 1982 n a pas r sist l preuve des faits La pratique montre que toute institution pour autant qu elle en ait les ressources
3. est susceptible d intervenir dans n importe quel champ th matique si celui ci merge sur son agenda Ainsi les r gions ont elles de mani re tr s variable fait fructifier leurs comp tences en mati re de d veloppement conomique et d am nagement du territoire ce r le se trouve souvent contest par les grandes villes et par certains Conseils g n raux qui souhaitent occuper ce terrain Enfin on assiste plus r cemment l mergence d objets territoriaux sui generis li s un enjeu ou une situation territoriale particuli re qui pendant un temps jouent un r le de f d rateur des institutions locales autour d une identit territoriale conseil de d veloppement du Pays Basque ou des efforts d un entrepreneur politique comit de d veloppement du Val de Marne Be L tat de la France 2000 2001 D centralisation l acte Il est d j jou Ce n est donc pas n cessairement la dissolution des formes gouvernementales dans un syst me indiff renci de gouvernance qui caract rise la pratique r cente en mati re de gestion publique territoriale mais bien plus la comp tition entre les diff rentes institutions pour tenir une position dominante sur un territoire quitte b tir un territoire virtuel comme c est le cas dans nombre de d marches de Pays La territorialisation des grandes politiques nationales Dans le m me temps la suite des contrats de Plan tat R gions et sans dou
4. la possibilit de cr ation de communaut s d agglom ration se situe dans ce courant soucieux de pr server l int grit des d coupages h rit s notamment les communes et les d partements Aux c t s des modernes se rangent les partisans d une mise des territoires politiques hauteur des nouveaux territoires v cus La loi Voynet qui ouvre la possibilit de conclure des contrats de pays et d agglom ration se situe r solument dans ce camp Ainsi pos le d bat sur l organisation des pouvoirs territoriaux n a gu re de chance de trouver une issue positive on peut toujours reprocher aux d coupages traditionnels leur archa sme alors que l on peut craindre que la volont moderne de faire coincider les territoires v cus aux territoires politiques ne se solde au final par une fuite en avant dans l instabilit institutionnelle loin du but initial poursuivi Ce d bat appara t donc comme une impasse ce qui laisse craindre une certaine d connexion dans la mise en uvre simultan e des deux lois D j l on per oit une certaine division des t ches au sein des services de l tat les directions de l quipement se mobilisent autour de la loi Voynet pendant que les Pr fectures mettent en chantier les dispositions de la loi Chev nement La querelle des anciens et des modernes risque donc de se r soudre mani re pragmatique par la mise en application simultan e et cloisonn e des deux textes au moins du c t
5. local mais qu il concerne d sormais l ensemble des politiques publiques y compris les plus r galiennes police et justice Il n est plus d sormais d activit publique qui ne soit pas plac e sous le signe du partenariat du contrat et surtout des financements crois s Cette volution de fond marque bien la perte du monopole de l tat central dans la conception et la mise en uvre des politiques nationales et l accession des acteurs territoriaux au rang de coproducteurs des politiques publiques Si d un point de vue constitutionnel le pouvoir local demeure r siduel il y a longtemps qu il appara t comme un acteur central des politiques nationales L apparition d une fonction d infercession territoriale Ces deux processus d connexion du statut institutionnel et du r le politique d une pari territorialisation des politiques nationales d autre part induisent des recomposition des fonctions territoriales Jadis le Pr fet jouait le r le d intercesseur entre la p riph rie et le centre plus tard le d put maire s est impos comme le m diateur oblig entre le local et le national D sormais les jeux sont beaucoup plus ouverts Le probl me n est plus seulement d obtenir l acc s aux 4 L tat de la France 2000 2001 D centralisation l acte Il est d j jou ressources financi res des chelons sup rieurs il est aussi d aboutir des agencements gouvernementaux pertinents pour traiter des questions s
6. Extrait de EDITION LA DECOUVERTE 2000 D centralisation l acte Il est d j jou DECENTRALISATION L ACTE Il EST DEJA JOUE DANIEL BEHAR PHILIPPE ESTEBE L e retour de la gauche aux affaires en 1997 ne semble pas avoir entra n s agissant de l action territoriale le m me consensus que sa gestion d ensemble produit dans l opinion l occasion de la pr paration du XII plan le gouvernement s est trouv en butte de la part des lus une double critique Les lus d noncent d abord l immobilisme institutionnel et fustigent le refus du gouvernement de faire voluer l apparent statu quo issu des lois de 1982 1983 Les lus d autre part d noncent l autoritarisme politique du gouvernement notamment propos de la n gociation des contrats de plan o les pr fets de r gion se seraient comport s avec une rigueur toute r publicaine Cette double critique immobilisme et autoritarisme d bouche sur la revendication unanime d un acte Il de la d centralisation clarifiant la fois les comp tences des pouvoirs locaux et simplifiant les relations entre ceux ci et le gouvernement La commission pr sid e par Pierre Mauroy install e en 1999 doit pr ciser la dramaturgie de cet acte ll Si la question semble faire consensus les r ponses divisent les anciens et les modernes DU c t des anciens se tiennent les d fenseurs du maintien en l tat du syst me local La loi Chev nement qui ouvre
7. d intervention Cette fonction d intercession devient aussi essentielle que celle d acc s aux ressources financi res Bien souvent d ailleurs c est la position d intercesseur qui conditionne l acc s aux ressources bien plus que la position institutionnelle Certains conseils g n raux l ont bien compris qui pour parer au risque que repr sente pour eux le d veloppement des pays se posent en organisateur et animateurs de ces d marches jouant un r le d interface oblig entre les projets de ferritoires et les instances nationales et europ ennes Un grand d sordre ou un renouveau du gouvernement local Face ce foisonnement d initiatives qui donnent aux politiques publiques un go t de jeu d entreprise on peut comprendre que certains r clament des r formes qui redonnent une relative lisibilit au syst me local Mais cette volont de r forme semble l analyse plus r gressive que prospective En effet la volont de donner une structuration institutionnelle aux agglom rations peut constituer une sorte de retour en arri re par rapport aux innovations qui ont surgi de la pratique locale Le probl me on le voif r side moins dans la faille des autorit s locales ni m me dans les comp tences qui leur sont explicitement d volues les collectivit s locales ont largement fait la preuve de leur capacit se saisir des enjeux quels qu ils soient et concevoir les syst mes d alliances pour les traiter Tenter de figer l
8. e dans l imbrication des chelles du local l Europe D s lors les lois Chev nement et Voynet peuvent appara tre comme les l ments d un dispositif gouvernemental ent rinant cet Acte Il La loi Chev nement op re un compromis dans la grande tradition de l infercommunalit pragmatique fran aise entre les revendications h g moniques des maires des grandes villes et le souci des communes p riph riques de pr server leur autonomie la p r quation de la taxe professionnelle appara t alors comme un lien symbolisant la solidarit des agglom rations La Loi Voynet peut d s lors constituer un mode d emploi de la loi Chev nement donnant l occasion l Etat de re trouver un r le actif au sein du syst me local Avec ce paradoxe une loi Chev nement localiste et une loi Voynet plus tatique l acte Il de la d centralisation semble bien engag E 2 L tat de la France 2000 2001 D centralisation l acte Il est d j jou pa Acadie y REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES Duran P Thoenig J C 1996 L tat et la gestion publique territoriale Revue fran aise de sciences politiques 46 4 Ashford D E 1994 l tude des relations entre gouvernement central et collectivit s locales un essai de recension Annuaire des collectivit s locales CNRS GRAL Bagnasco A Le Gal s P 1997 dir Villes en Europe ditions La d couverte Commissariat G n ral du Plan 1997 Coh sion socia
9. e paysage politique territorial par l instauration d autorit d agglom ration puissante risque dans les faits de rajouter une couche de complexit sans aboutir une once d efficacit suppl mentaire Il est plus urgent de construire les espaces d mocratiques o peuvent se d battrent les enjeux qui concernent diverses chelles Cette impossible stabilisation de l chelle d intervention redonne paradoxalement un r le important l Etat et ceci sous deux aspects proc dural et substantiel AU plan proc dural l tat retrouve une l gitimit pour mettre en d bat les enjeux territoriaux il dispose avec les diff rents outils contractuels de sc nes publiques potentielles qu il lui revient d animer Il peut devenir l op rateur d un d veloppement de la d mocratie locale alors que les enjeux ne sont plus mafirisables dans le seul cadre des territoires lectifs Fe L tat de la France 2000 2001 D centralisation l acte Il est d j jou pr existants AU plan substantiel l tat s il n est plus le ma tre des horloges reste ou peut redevenir celui des chelles il n a pas d chelle propre sinon nationale et encore il est toutes les chelles Le fameux projet territorial de l tat que le Minist re de l int rieur demande d sormais chaque Pr fet d tablir doit se situer r solument dans cet espace indiquer aux diff rents entrepreneurs politiques locaux une place possible de leur territoir
10. le ef territoires La Documentation fran aise Gaudin J P dir 1996 La n gociation des politiques contractuelles L Harmattan Gelizal J J dir 1995 Le retour des Pr fets Presses universitaires de Grenoble Leca J 1997 Gouvernance et institutions publiques l tat entre soci t s nationales et globalisation in De Foucault J B dir La France en prospective d Odile Jacob or L tat de la France 2000 2001
11. ociales conomiques ou territoriales qui ne se laissent plus enfermer dans une seule chelle Par exemple l organisation des transports urbains ne peut plus se satisfaire des modes d organisation autorit s d agglom ration et de financements taxe per ue aupr s des entreprises traditionnels les d placements ne se font plus la seule chelle de l agglom ration et exigent des articulations de plus en plus fines entre les chelles urbaines m tropolitaines r gionales voire nationale les trajets domicile travail sont devenus marginaux dans l ensemble des d placements Aussi la construction de politiques locales de transports terrestres pour les grandes villes notamment ne peut elle se concevoir qu diff rentes chelles impliquant la fois les autorit s d agglom rations les d partements transports interurbains les r gions TER et les institutions nationales Minist re SNCF Nul n est en mesure d tre lui seul le ma tre d ouvrage de tels agencements en revanche certains acteurs villes agglom rations conseils g n raux ou autres jouent un r le d intercession en op rant les connexions qui s imposent entre des op rateurs intervenants diverses chelles Toutes les politiques publiques se trouvent saisies par cet enjeu d articulation des chelles et de production d agencements dont la pertinence est tout aussi horizontale territoire d intervention largi que verticale articulation des chelles
12. te sous l influence indirecte de la politique de la ville nombre de Minist res ont entam une large territorialisation de leurs principales politiques Ainsi le Minist re de l Int rieur avec les Contrats locaux de s curit reconna t depuis 1997 un r le central aux collectivit s locales aux c t s des services de police et de l autorit judiciaire en mati re de s curit publique Le Minist re de l ducation nationale a propos aux villes des contrats ducatifs locaux destin s agencer l offre ducative p riscolaire avec les contenus de l enseignement dispens dans les coles primaires ef souvent dans les coll ges comp tence th orique des conseils g n raux nombre de grandes villes en ont profit pour b tir des projets ducatifs v ritables manifestes de politiques ducatives locales Sans tre aussi explicite la loi contre les exclusions juillet 1998 stipule que les politiques de sant publique d insertion et d acc s au logement peuvent trouver une coordination l chelle urbaine ce qui conf re de fait aux grandes villes un r le d animation par rapport des th mes d ob dience d partementale logement insertion les services publics de l emploi se trouvent progressivement eux aussi entra n s dans Un processus de ferritorialisation Cette profusion contractuelle est bien le signe que l enjeu territorial n est plus un th me sp cialis limit l am nagement et au d veloppement

Daniel Béhar, « Décentralisation : l`acte II est déjà joué

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents

Daniel B&eacute;har, &laquo; D&eacute;centralisation : l`acte II est d&eacute;j&agrave; jou&eacute;

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents

Daniel Béhar, « Décentralisation : l`acte II est déjà joué