Transmission du patrimoine et impôt successoral
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1. C est cette question que nous voudrions nous int resser ici en tudiant plus pr cis ment le lien entre fiscalit des successions et pratiques d h ritage 1 Question d actualit s il en est puisque la transmission Informations sociales n 134 De g n ration g n ration COMMENT G RER LES RAPPORTS ENTRE G N RATIONS du patrimoine a r cemment fait l objet de deux r formes importantes R forme fiscale tout d abord certains avantages ont t revus ou tendus dans la loi de finance pour 2006 r duction des droits augmentation du seuil des abattements exemption pour certaines donations cf infra R forme du droit de la famille ensuite le l gislateur ayant proc d en f vrier 2006 des am na gements du Code civil de 1804 concernant successions et lib ralit s 200 articles ont ainsi t modifi s possi bilit pour un enfant de renoncer sa part r serv e au profit d un fr re ou d une s ur handicap e pacte de famille transmissions dites transg n rationnelles aux petits enfants modification des r gles du Pacte civil de solidarit PACS r duction des droits d usufruit du conjoint survivant pour les familles recompos es gestion des indivisions mandat effet posthume pour assurer la continuit de la gestion d entreprise 2 La fiscalit des transmissions entre g n rations et ses r formes r centes En France les descendants2. CAIRN chercher rep rer avancer Cet article est disponible en ligne l adresse http www cairn info article php ID REVUE INSO amp ID NUMPUBLIE INSO 1348 amp ID ARTICLE INSO 134 0042 Transmission du patrimoine et imp t successoral L impact sur les transferts entre g n rations par Luc ARRONDEL Caisse nationale des Allocations familiales Informations sociales 2006 6 N 134 ISSN 0046 9459 pages 42 53 Pour citer cet article Arrondel L Transmission du patrimoine et imp t successoral L impact sur les transferts entre g n rations Informations sociales 2006 6 N 134 p 42 53 Distribution lectronique Cairn pour Caisse nationale des Allocations familiales Caisse nationale des Allocations familiales Tous droits r serv s pour tous pays La reproduction ou repr sentation de cet article notamment par photocopie n est autoris e que dans les limites des conditions g n rales d utilisation du site ou le cas ch ant des conditions g n rales de la licence souscrite par votre tablissement Toute autre reproduction ou repr sentation en tout ou partie sous quelque forme et de quelque mani re que ce soit est interdite sauf accord pr alable et crit de l diteur en dehors des cas pr vus par la l gislation en vigueur en France Il est pr cis que son stockage dans une base de donn es est galement interdit 42 De g n ration g n ration COMMENT G RER
3. LES RAPPORTS ENTRE G N RATIONS Luc Arrondel chercheur au CNRS membre du PSE Transmission du patrimoine et imp t successoral L impact sur les transferts entre g n rations Si une majorit de Fran ais s accordent sur une r duction de la fiscalit des successions tous ne sont pas concern s seulement 27 des trans missions en 2000 contribuent l imp t sur les successions Les dona tions connaissent un certain succ s en lien avec les mesures fiscales avan tageuses Mais au del pourquoi transmet on ses enfants Des profils types clairent la personnalit du donateur et ses motivations Elle m avait donn trois fils et une fille dont j aurais joyeusement chang n importe lequel voire les quatre contre une Porsche neuve John Fante Les transferts publics dont b n ficient les diff rentes g n rations font appara tre un fort d s quilibre entre les ges 19 du PIB pour les 60 ans et plus alors qu ils ne constituent que 20 de la population 17 pour les autres Ce d s quilibre est tr s partiellement compens par les transferts priv s au sein de la famille dans ce cas les flux financiers descendent beaucoup plus les g n ra tions 5 5 du PIB qu ils ne les remontent 0 15 Serait il possible de d velopper ces m canismes de soli darit interg n rationnelle priv e aux fins de r duire les in galit s entre cohortes hypoth se dite du retour fami lial
4. dans le pouvoir conomique gt Le legs r trospectif et les r ciprocit s indirectes entre g n rations L intuition qui pr side au legs r trospectif consid re que les pratiques de transmission au sens large ducation des enfants montant et mode de d volution du patrimoine transmis des parents l gard de leurs enfants s inspirent notamment lorsque l information quant Pavenir des enfants est trop partielle de celles pratiqu es par leurs propres parents vis vis d eux m mes Cet ancrage des comportements dans le pass devrait logi quement transpara tre d autres niveaux plus qualitatifs Notamment dans la forme de la transmission choisie qui serait alors inspir e de celle adopt e par les ascendants la donation re ue des parents conduirait la donation vers e aux enfants Il en irait de m me pour l aide ou pour l h ritage avec testament Empiriquement on observe bien entre autres que le patrimoine h rit influence fortement le patrimoine transmis et que les donataires sont plus souvent donateurs Arrondel et Masson 2006 Pour expliquer cette reproduction des comportements d une g n ration l autre les sociologues de la famille invoquent l existence d autres formes d h ritage n 134 Informations sociales 51 52 De g n ration g n ration COMMENT G RER LES RAPPORTS ENTRE G N RATIONS Bibliographie gt L Arrondel et A Laferr re Les partage
5. es qui donnaient lieu paiement de droits de mutation environ 30 contre 32 en 1994 Sur la population totale des d funts en 2000 seul un bon quart environ des transmissions 27 contribuait ainsi l imp t sur les successions Quant aux transferts entre n 134 Informations sociales 45 46 Informations sociales n 134 parents et enfants ils n taient tax s que dans un cas sur cinq Par ailleurs le paiement des taxes sur les successions appara t extr mement concentr voir tableau les deux tiers du total des imp ts concernant les transmissions aux enfants ont t pay s sur les successions des 10 des d funts les plus riches et pr s d un quart par le 1 le plus riche Cette concentration tait encore plus forte quinze ans auparavant 80 des imp ts pay s par les 10 les plus riches un tiers par le 1 le plus fortun Ceci confirme que les avantages fiscaux accord s aux donations partir de 1992 exemption des droits tous les dix ans ont surtout profit la population la plus ais e au sein des 10 des d funts les plus riches plus de 60 avaient effectu des donations qui repr sentaient en valeur les deux tiers du total donn La donation une pratique peu diffus e Selon les enqu tes Patrimoine de l INSEE 1 environ un parent fran ais sur dix d clare avoir fait une donation d clar e au fisc ou non ses enfants adultes Cette proportion a augment
6. soit l h ritier ayant lui m me des enfants qui la transmettre soit l enfant le plus dans le besoin soit en respectant la tra dition familiale Donner la maison Tenfant pr f r n est pratiquement jamais avanc moins de 0 5 des r ponses 13 Le recours aux mod les de comportement en particulier conomiques permet de lire ces diff rentes pratiques Les deux premi res r ponses s inscrivent dans des logi ques d change la maison comme b ton de vieillesse la maison en compensation de son entretien Donner en fonction des besoins des h ritiers correspond une logique d altruisme Les deux derni res raisons avanc es invoquent des logiques de r ciprocit indirecte impliquant plus de deux g n rations que cette logique soit prospec tive on donne qui peut transmettre ou r trospective on donne en fonction des pratiques h rit es Pourquoi transmet on ses enfants Les legs d crits dans les mod les conomiques Arrondel et Masson 2006 Pestieau 2003 peuvent tre class s selon diff rents crit res non exclusifs ils sont soit planifi s soit accidentels suivant qu ils r pondent ou non une volont de transmission ils sont familiaux si la pr sence et les caract ristiques des enfants influen cent les montants transmis ils sont go stes s ils ne pren nent pas en compte le bien tre des g n rations futures gt Le legs accidentel et la rent
7. 76 9 17 1 23 6 10 9 D cile 10 47 3 3 376 491 41 0 96 0 63 0 40 0 65 2 Global 100 0 625348 100 0 29 2 100 0 12 1 100 0 P95 36 0 5 077 648 30 8 99 2 48 0 46 6 54 7 P99 18 0 11 514 489 15 6 100 0 24 4 62 3 35 4 Estimations Source DGI Insee enqu te Mutations titre gratuit 2000 L gende les 10 des d funts les plus riches D cile 10 transmettent leurs enfants 47 3 du total l gu en 1994 dona tions ant rieures de moins de dix ans comprises Le montant moyen transmis par ces d funts est de 3 376 491 FF ce niveau de richesse 96 des successions sont tax es taxes correspondant pr s de 63 de la somme totale des imp ts pay s en 2000 40 des riches d funts avaient effectu une donation dans les dix derni res ann es pour un montant repr sentant les deux tiers des sommes donn es n 134 Informations sociales 50 De g n ration g n ration COMMENT G RER LES RAPPORTS ENTRE G N RATIONS Informations sociales n 134 ainsi une fonction de soutien de services ou d atten tion Bernheim ef al 1985 Cox 1987 Les r ceptions patrimoniales seront ainsi li es directement aux services rendus par les descendants L encore taxer les transferts interg n rationnels revient augmenter le prix des servi ces fournis par les enfants et en cons quence diminue la valeur du legs gt Le legs altruiste Lorsque l
8. M me si on constate qu ils sont loin de profiter au maximum de ces mesures on observe une forte r activit des comporte ments de donation la taxation Des motifs d pargne autres que la simple minimisation de la fiscalit inter viennent dans ces d cisions ne serait ce que la volont de donner ou non ses enfants cf la citation de J Fante De g n ration g n ration COMMENT G RER LES RAPPORTS ENTRE G N RATIONS en exergue D autant qu en mati re de succession peu sont concern s par l imp t successoral Rappelons qu entre parents et enfants seule une succession sur cinq est tax e Cette dimension comportementale s av re donc essentielle pour valuer l impact d une mesure l gislative sur les transferts entre g n rations n NOTES 1 Ce texte a b n fici d un travail commun avec Andr Masson sur le th me des Solidarit s publiques et familiales entre ges et g n rations Je remercie galement Marie Cordier de l INSEE pour m avoir fourni les statistiques issues de l enqu te DGI de l ann e 2000 et Marie Christine Paoletti pour sa relecture pr cieuse 2 Pour plus de d tails on peut consulter le Rapport portant r forme des successions et des lib ralit s pr sent l Assembl e nationale par S Huygues en 2006 3 Selon les chiffres de la direction g n rale des imp ts on estime qu en viron une succession sur dix fait l objet d un partage in g
9. alitaire entre les h ritiers s expliquant le plus souvent par l existence de donations ant rieu res non compens es Arrondel et Laferr re 1992 4 Aux tats Unis l qui r partition entre enfants h ritiers est cependant le cas le plus courant environ 80 Pestieau 2003 5 Ces r ductions valables pour les donations en pleine propri t ou en usufruit sont r duites respectivement 35 et 10 pour les donations en nue propri t 6 Les avantages fiscaux des donations Sarkozy pouvaient se cumuler avec ceux des autres donations 7 Si l on y inclut les dons manuels les donations repr sentaient 30 milliards d euros et les successions 27 milliards d euros 8 La taxation d une succession d pend non seulement du montant du patrimoine transmis mais galement du nombre d h ritiers c est la part h rit e qui fait l objet de droit de mutation 9 Donn es issues de l enqu te TNSofres Delta 2002 partir d un chan tillon repr sentatif de Fran ais g s de 35 55 ans 10 Selon le Code des imp ts la d claration de succession est obligatoire sauf s il n y a aucun bien ou encore que l actif successoral en ligne directe ou entre poux ne d passe pas 10 000 euros 3 000 euros pour les autres h ritiers 11 Les enqu tes Patrimoine de l INSEE sont r alis es tous les six ans la premi re datant de 1986 12 En 1992 avant la r forme des dix ans le nom
10. bre de donateurs parmi les parents ayant un patrimoine taxable tait sensiblement plus faible 20 sur la population des donateurs potentiels et 34 chez ceux d entre eux ayant plus de 65 ans Arrondel et Laferr re 2001 13 Ces donn es sont issues de l enqu te TNSofres Delta d j cit e 14 Le l gislateur invoque d ailleurs ces raisons pour justifier certaines r formes r centes en particulier les donations Sarkozy ou le pacte successoral les enfants pouvant renoncer leur r serve cherchant pri vil gier un enfant handicap gt G S Becker A Treatise on the Family Enlarged Edition Harvard University Press 1991 gt B D Bernheim A Shleifer et L H Summers The Strategic Bequest Motive Journal of Political Economy n 93 1985 p 1045 1076 gt D Cox Motives for Private Income Transfers Journal of Political Economy n 95 1987 p 508 546 gt C L vi Strauss Anthropologie structurale Plon 1958 gt M Mauss Sociologie et anthropologie PUF Paris 1950 gt A Masson et A Gotman L un transmet l autre h rite co nomie et pr vision n 100 101 1991 p 207 230 gt P Pestieau The Role of Gift and Estate Transfers in the United States and in Europe in A H Munnell et A Sunden Death and Dollars The Role of Gifts and Bequests in America Washington Brookings Institu tion Press 2003 p 64 90 n 134 Inf
11. e viag re L hypoth se du cycle de vie d velopp e la fin des ann es cinquante par le prix Nobel Franco Modigliani nous permet de justifier de l existence de legs involon taires Le message central de ce mod le r side dans le fait que le principal motif d pargne concerne le financement de la retraite le patrimoine est destin assurer la consommation des vieux jours Si les revenus sont nuls ou faibles durant la retraite le profil patrimonial selon l ge aura une forme en cloche typique durant sa p rio de d activit l individu accumule un stock de patrimoine qu il liquide ensuite pour maintenir son niveau de consommation Sous sa version la plus simple ce mod le n 134 Informations sociales 47 48 De g n ration g n ration COMMENT G RER LES RAPPORTS ENTRE G N RATIONS Informations sociales n 134 de comportement exclut donc tout transfert aux enfants et la fiscalit sur les successions n a alors aucune influ ence sur l pargne Deux hypoth ses peuvent cependant remettre en cause ce sc nario d un patrimoine totalement consomm en fin de vie d une part l incertitude concernant la dur e de la vie conjugu e l inexistence ou l imperfection du march des rentes viag res d autre part l existence d autres motifs d pargne en particulier un motif de transmission La dur e de vie tant al atoire et soucieux de ne pas lais ser de dettes leu
12. en ligne directe enfants ou enfants repr sent s h ritent de droit de la r serve Le solde du patrimoine constitue la quotit disponible que lon peut allouer librement par testament Arrondel et Masson 1999 Si la succession se fait ab intestat les h ritiers se la r partiront galement Cette notion de r serve h rit e du droit romain tranche avec les r gles de succession en vigueur dans les pays anglo saxons o les parents ont la libert de tester En France les droits de succession sont calcul s sur la part h rit e en fonction du montant re u et du lien de parent Pour les enfants cet abattement vient d tre fix dans la loi de finance pour 2006 50 000 euros Le ba r me de l imp t d pend alors du lien de parent et du niveau de la part taxable le taux maximum est de 40 au del de 1 700 000 euros L encore le droit fran ais se distingue du droit anglo saxon qui pr voit que seul le montant l gu est tax death tax On notera que contrairement une id e re ue aux tats Unis le taux sup rieur de l imp t successoral est de 55 donc sup rieur au cas fran ais Concernant les donations inter vivos en ligne directe chaque parent peut d sormais verser 50 000 euros en n 134 Informations sociales 43 44 De g n ration g n ration COMMENT G RER LES RAPPORTS ENTRE G N RATIONS Informations sociales n 134 franchise de droit tous les six ans D aut
13. entre 1992 et 2004 passant de 9 13 croissance traduisant vraisemblablement l encore l impact des avantages fiscaux On d nombre deux fois plus de parents donateurs patrimoine donn parmi ceux dont la richesse est susceptible d tre tax e en cas de d c s et trois fois plus chez les riches de plus de 65 ans 12 Il n en reste pas moins qu une majorit de parents sus ceptibles de b n ficier des mesures fiscales n a pas effec tu de transferts financiers vers ses descendants directs En fait l impact de la fiscalit sur la pratique de la dona tion est troitement li aux motifs de transmission des parents La minimisation de la fiscalit y appara t comme une seule des facettes Pour illustrer l h t rog n it des motifs mis en uvre lors d une transmission interg n rationnelle imaginons la situation suivante des parents doivent l guer la mai son de famille qui ne doit pas tre vendue un de leurs enfants tous tant d j propri taires qui transmettre Les r ponses cette question sont tr s diverses Trois individus sur dix pensent que le bien doit aller l enfant le mieux en mesure d assurer la vieillesse des parents un De g n ration g n ration COMMENT G RER LES RAPPORTS ENTRE G N RATIONS sur quatre celui qui prend le plus soin de la maison Les autres r pondants se r partissent galement environ 15 entre les trois items suivants
14. es parents sont altruistes Becker 1991 les transferts sont destin s rapprocher les niveaux de vie entre g n rations altruisme interg n rationnel ou entre fr res et s urs altruisme intrag n rationnel ce afin de maximiser le bien tre global de la famille Les ressour ces des enfants seront un facteur n gatif essentiel pour expliquer les montants transmis Les transferts devraient intervenir lorsque les enfants en ont le plus besoin en particulier sous forme d aides ou de donations entre vifs Dans ce cas alourdir la fiscalit des transferts revient taxer la consommation des h ritiers ce qui risque de se traduire par une diminution des transferts interg n ra tionnels En revanche avantager fiscalement les dona tions devrait inciter y recourir plut t que d attendre le d c s pour l guer sa fortune 14 gt Le legs paternaliste Ce type de legs suppose que les parents tirent simple ment du plaisir transmettre leurs enfants Contrairement l altruisme les caract ristiques des enfants ne sont alors pas des d terminants de la trans mission Seul entre en compte le nombre de descendants qui devrait avoir un effet positif sur le montant de la suc cession ou de la donation Dans ce cadre th orique alourdir les droits de succession aura donc un effet n ga tif sur les montants transmis En avantageant fiscalement les donations par rapport aux h ritages on devrait obser ver une augmenta
15. nt la richesse tait susceptible d tre tax e en cas de d c s 8 Un m nage sur cinq d clare que le financement d un projet manant des enfants achat d un logement cr ation d entreprise a t d terminant dans sa d cision R duction de la fiscalit sur les transmissions et paiement de l imp t Une bonne majorit de Fran ais est en outre favorable une r duction de la fiscalit sur les successions Ainsi plus des trois quarts des 35 55 ans sont ils partisans d un all gement des droits de succession ou de mutation en ligne directe i e parents enfants et ce quel que soit le montant transmis 9 Toute r forme allant dans ce sens comme l ont t les mesures r centes appara tra donc comme tr s populaire Paradoxalement les Fran ais sont loin d tre tous concern s par le paiement de l imp t sur les successions Dans les ann es quatre vingt selon les donn es de la direction g n rale des imp ts seul un d c s sur deux tait d clar au fisc En 1994 60 des d c s ont donn lieu une d claration Pour l ann e 2000 le receveur des imp ts a enregistr les successions des deux tiers des d funts de l ann e 10 En 2000 tous h ritiers confondus c est donc moins d une succession d clar e sur deux qui tait imposable 41 contre 45 en 1994 S agissant uniquement des transferts aux enfants voir tableau c est moins d un tiers des successions d clar
16. ormations sociales 53
17. r mort les m nages peuvent tre ame n s par pr caution laisser un patrimoine au d c s Cette richesse correspond alors un legs accidentel des tin initialement couvrir le risque de se retrouver sans ressources aux ges lev s En d autres termes ce type d h ritage correspond au montant des biens qui auraient t consomm s si Dieu avait pr t une vie plus longue L encore la fiscalit sur les successions n influence pas les comportements patrimoniaux Pour viter les dettes sa mort l individu peut galement transformer son patrimoine en rente viag re Pour cela il dispose de deux possibilit s le march des assurances tout d abord la diffusion des rentes viag res reste cepen dant marginale ou la famille Dans ce dernier cas le contrat est le suivant tout se passe en fait comme si les parents achetaient une rente leur s descendant s dont le prix correspondrait au montant des transmissions donations ou h ritages En change le ou les enfant s s engage nt prendre en charge les parents durant leurs vieux jours que les soins apport s soient mon taires en nature ou en temps pratique courante au xIx si cle cf Arrondel et Grange 2002 La part d h ritage sera alors fonction de l engagement de chacun des descen dants Dans ce contexte taxer l h ritage revient aug menter le prix des services fournis et donc en diminuer la demande au travers des mon
18. radition appara t galement dans les comportements de transfert au sein des communaut s pour lesquelles les liens de parent taient r gis par des principes de r ciprocit indirecte tels que d crits par Mauss 1950 et L vi Strauss 1958 Deux dimensions interviennent dans ces m canismes qui font intervenir une troisi me g n ration la dimension temporelle et la dimension g n rationnelle Arrondel et Masson 1999 La r ciprocit peut tre r trospective et descendante des parents vers les enfants le legs r trospectif en est une illustration voir supra Elle peut aussi tre prospective et ascendante des enfants vers les parents les enfants aident leurs vieux parents esp rant ainsi b n ficier eux m mes d une aide pour leurs vieux jours Les autres formes de r ciprocit indirectes soit r trospective et ascendante soit prospective et descendante peuvent tre illustr es pour la premi re par le syst me public de retraite on paie la retraite de ses parents dans la perspec tive d en percevoir une financ e par ses enfants pour la seconde par le mod le dynastique ou capitaliste on transmet ses enfants dans la perspective qu ils trans mettent eux m mes aux leurs Conclusion Aucun syst me l gal ou fiscal ne peut d terminer com pl tement les transferts entre les g n rations Mais les individus en fonction de leurs motivations et d sirs adaptent leurs pratiques la l gislation
19. res avantages fis caux li s aux donations ont t adapt s l allongement de la vie r duction de droits de 50 lorsque le dona teur a moins de 70 ans au lieu de 65 ans jusqu pr sent et r duction de 30 entre 70 et 80 ans Les pratiques de transmission sont elles influenc es par la fiscalit Les donations Sarkozy mises en place durant l t 2004 loi du 9 ao t relative au soutien la consommation et l investissement et applicables jusqu en d cembre 2005 permettant des dons d argent aux enfants petits enfants neveux ou ni ces en franchise de droits jusqu 30 000 euros sous r serve que le donataire soit majeur nous fournissent une exp rience r cente L objectif tait d acc l rer la circulation du capital entre les g n rations afin d encourager les jeunes g n rations consommer on h rite aujourd hui en moyenne 47 ans contre 42 ans quinze ans auparavant Ce type de donation a rencontr un succ s certain Fin novembre 2005 on comptait en effet plus d un million d actes enregistr s par les services des imp ts 1 106 949 exac tement et pr s de 18 milliards d euros ainsi donn s Cet impact de la fiscalit s observait d j pour les dona tions traditionnelles cf graphique Ainsi en 1981 les m nages anticipant l instauration de l Imp t sur les gran des fortunes IGF le nombre de donations a augment de 28 l poq
20. s in gaux des successions entre fr res et s urs conomie et statistique n 250 1992 p 29 42 gt L Arrondel et A Laferr re Taxation and Wealth Transmis sion in France Journal of Public Economics n 79 2001 p 3 33 gt L Arrondel et A Masson Altruism Exchange or Indirect Reciprocity What Do the Data on Family Transfers Show in The Economics of Giving Reciprocity and Altruism J Mercier Ythier et S C Kolm d North Holland 2006 para tre gt L Arrondel et A Masson Les transferts entre g n rations l tat le march la famille Futuribles n 247 1999 p 5 40 gt L Arrondel et C Grange Le cycle de vie patrimonial de Pierre Trambert essai d analyse conomique des pratiques d ac cumulation d un cultivateur de Loire Inf rieure la fin du xx si cle Annales de d mographie historique 2002 p 255 286 Informations sociales n 134 qu elles soient morales culturelles ou sociales d s lors le bien l gu n a pas qu une valeur d usage ou marchande il poss de galement une valeur symbolique ou affective Sa transmission est le plus souvent accompagn e d un mode d emploi ou de recommandations pour son utilisa tion Masson et Gotman 1991 Dans ce cas la coh rence familiale repose surtout sur ces valeurs extra cono miques que les parents inculquent leurs enfants d s leur plus jeune ge Cette influence de la t
21. tants transmis aux enfants gt Le legs d change Dans une logique d change les dons ou la promesse de l h ritage sont utilis s par les parents comme moyen de paiement imm diat ou diff r pour l aide dont ils peu vent b n ficier de la part de leurs enfants qui remplissent De g n ration g n ration COMMENT G RER LES RAPPORTS ENTRE G N RATIONS Graphique Nombre de successions et de donations d clar es m Successions m Donations 400000 350000 300000 250000 200000 150000 100000 0 TES JES PE CD VE ESA PEES EEE E E E EE E FES E E LEE EE e E E EE EN S E R S E S E E EES S E E N ER EE 1 TE TE ES D 9 w o w x o 7 SP PE 7 0 JP EP a a it te A EP A PP ET Source DGI Tableau Transmissions d clar es h ritage et donations aux enfants en 2000 Transmisions SE Part du total Nombre de Montant Transmissions ee Part du total Nombre de Part du total total des legs successions des transmissions Re des imp ts donateurs des donations par d cile donations moyenne transmissions tax es D cile 1 0 7 37 954 0 6 24 0 0 0 8 0 0 D cile 2 1 9 107 885 1 9 1 2 0 0 1 8 0 1 D cile 3 2 9 181 386 4 1 0 3 0 0 43 0 8 D cile 4 3 9 251 474 5 0 0 6 0 0 5 7 1 5 D cile 5 4 9 329 661 6 5 24 5 25 8 3 1 9 D cile 6 6 2 424 268 7 3 29 7 3 1 13 4 45 D cile 7 7 8 537 912 8 8 28 1 3 9 124 45 D cile 8 10 0 707 934 10 9 63 6 10 3 20 5 10 5 D cile 9 144 1 031 940 14 1
22. tion de ce type de transfert gt Le legs capitaliste Avec le legs capitaliste ce n est plus la satisfaction de transmettre un patrimoine important ses enfants qui joue mais celle que l individu retire de sa richesse Ce qui est primordial pour lui c est d accumuler la fortune De g n ration g n ration COMMENT G RER LES RAPPORTS ENTRE G N RATIONS la plus grande possible au cours de sa vie Cette satisfac tion d tenir un gros patrimoine peut se fonder sur dif f rentes motivations volont de puissance recherche de pouvoir conomique ou de prestige social ou encore d sir de se perp tuer travers la transmission de richesse notamment une entreprise Selon ce principe les consi d rations familiales n entrent pas en compte ou de mani re secondaire La logique pourrait m me tre inverse c est le d sir de se perp tuer travers le patri moine qui influencerait la f condit du m nage L impact de la fiscalit sur la transmission d pendra en fait du motif intrins que S agissant du d sir d ternit il est clair que plus on laisse plus forte est la m moire taxer les h ritages conduit alors encore plus d pargne ou une d localisation de sa fortune Ces individus pour raient tirer profit d une l gislation favorable aux fonda tions Mais ce type de transferts n avantage pas forc ment les donations faites de leur vivant en particulier si la motivation r side
23. ue courait aussi la rumeur d une ven tuelle suppression de leurs r ductions fiscales A nsi entre 1981 et 1987 on constate que la diminution du nombre de donateurs correspond la p riode o certains avantages ont t supprim s partir de 1992 date laquelle les donations pr c dant le d c s d au moins dix ans n entraient plus dans le calcul des droits de succession condition qu elles ne d passent pas un montant de 300 000 francs le nombre de donations est pass de 140 000 345 000 dons manuels exclus en 2000 date laquelle elles ont atteint un sommet En 1996 cette tendance a aussi b n fici de l largissement des r ductions fiscales aux donations vers les petits enfants Cette forte croissance 11 par an en moyenne s est interrompue en 2000 suivie d une baisse r guli re 11 par an en moyenne Cette inversion de tendance pourrait s expliquer par un ph nom ne de saturation de la pratique chez les personnes d sirant donner leurs enfants tout en profitant de ce coup de pouce fiscal Lorsqu on interroge les Fran ais donateurs sur leurs motivations transmettre la sensibilit de leurs compor tements la fiscalit ressort encore Arrondel et Laferr re 2001 M me si la raison la plus souvent invo qu e concerne les probl mes de partage entre les enfants 40 environ un sur quatre avance des raisons fiscales 40 parmi ceux g s de plus de 65 ans do
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