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1. l art est non hasard par d finition ibid 62 Mais pr sentant les volutions venir de l art moderne il y pr disait la place pr pond rante du hasard Une oreille moderne un il moderne sont une oreille et un il auxquels une combinaison de sons ou de couleurs prise au hasard a beaucoup plus de chance de plaire qu elle n en aurait pour l oreille non moderne Val ry 1960 680 Tout en s opposant au hasard la construction et le calcul po tique ne sauraient se passer de la contingence qui peut ouvrir les voies inattendues du possible Ce t tonnement aveugle dans le langage peut donner au hasard des paroles qui seront belles Ibid 485 Art moderne Sensibilit imm diate contre perfection et ach vement C est tirer un coup au hasard et regarder la chose atteinte comme un but que l on se f t propos tous les coups l on gagne condition que chaque coup ait t tir avec toutes les pr cautions qui garantissent la production du Hasard Cit par K hler 2000 63 Formule ambigu qui rappelle la loterie et le jeu et nous renvoie notre question initiale quel sens faut il donner l omnipr sence du hasard et de l al atoire dans les uvres num riques contemporaines CONCLUSION Il n est pas toujours facile de distinguer l al atoire du hasard Les termes sont souvent pris l un pour l autre Mais en litt rature num rique cette distinction est sign2. ses sollicitations qu il formule lui m me en r ponse des propositions venues du programme Au del de l activation d un simple lien hypertexte il y a l toute une panoplie de manipulations possibles dont les effets sont autant de sources d tonnement et de d couverte Les r ponses de la machine peuvent tre g n r es al atoirement renfor ant l effet de surprise mais cet al atoire n est pas indispensable L apparition inattendue du texte son comportement dans l espace de l cran et ses m tamorphoses suffisent produire un effet de hasard au sens de Carnot la rencontre de la causalit de la machine avec celle du geste d un interacteur De cette rencontre naissent de nouvelles figures discursives relevant d une s miotique du mouvement et de la manipulation dont l tude d j commenc e dans diverses universit s devrait tre propre largir le domaine de la critique litt raire classique malgr les r sistances acad miques HASARD ET CR ATION Si l introduction du hasard dans la cr ation litt raire num rique suscite tant de r ticences et de pol miques c est qu il appara t aux yeux de certains comme la marque d un abandon de la ma trise de l auteur sur son texte L Oulipo pourtant souvent consid r comme pr curseur de la litt rature num rique s est d fini comme un mouvement anti hasard ainsi que le rappelle Marcel B nabou L Oulipo marque tout aussi nettement sa dis
3. futant Laplace d finira le hasard dans une proposition devenue c l bre comme la rencontre volume 39 num ro 1 PROT E 68 de deux s ries causales ind pendantes 1851 52 Cela signifie que les v nements en eux m mes sont tout fait d termin s quant leur cause et leur effet mais que de leur rencontre impr visible de l intrusion d une nouvelle causalit ind pendante dans le d roulement d un processus na t le hasard bien des gards la lecture des uvres de litt rature num rique interactive repose sur cette rencontre impr visible entre un processus informatique et les interventions du lecteur sur ce processus LA SCIENCE MODERNE ET LE HASARD Toutefois c est d abord comme source de cr ation que le hasard a t le plus souvent sollicit dans la p riode contemporaine M me si Einstein pouvait encore pr tendre que Dieu ne joue pas aux d s le hasard est au c ur de l pist mologie contemporaine et sa prise en compte par les scientifiques ne date pas d hier Il a d abord fait son entr e dans la science moderne sous les traits de la complexit au XIX si cle Ce sont les travaux de Sadi Carnot sur la thermodynamique qui ont pour la premi re fois remis en cause l id e d un monde ordonn en mettant en vidence un principe de d gradation de l nergie dite entropie croissante et en sugg rant que l tat le plus probable pour un syst me quel qu il soit
4. ments de code informatique extraits du programme De la m me mani re les textes al atoires de Tag Surfusion de Jacques Donguy 1996 ont d abord t g n r s lors d une installation au cours de laquelle ils s imprimaient sans fin sur un long ruban de papier d imprimante Par ce dispositif l auteur entendait manifester la logique de flux de la po sie al atoire l infinie variabilit de ses nonc s Lors de l exposition Les Immat riaux organis e en 1985 par Jean Fran ois Lyotard les visiteurs ont fait fonctionner plusieurs 71 centaines de fois un programme de Jean Pierre Balpe qui g n rait des po mes la mani re des rangas japonais Apr s avoir song en publier une s lection l auteur y a renonc l int r t de cette installation r sidait non pas dans les textes produits mais dans leur processus de production dans cette infinie variabilit de la po sie al atoire Cet accent mis sur le processus au d triment de la production ne doit pas tre confondu avec ce qui est en jeu dans la po sie cin tique Avec la g n ralisation des interfaces graphiques le texte s anime joue avec l espace de l cran se m tamorphose acquiert une dimension temporelle faite d apparitions et d effacements Cette mise en sc ne du texte peut tre fond e en partie ou totalement sur l al atoire elle peut aussi s en passer Dans ce dernier cas la po sie num rique ne se distingue pas beaucoup de
5. dans le fil des pages ne doit pas nous faire oublier que d s sa naissance le livre a t con u dans son dispositif mat riel comme 69 devant faciliter une lecture non lin aire L invention du codex au d but de l re chr tienne puis celle du livre proprement dit au XIIe si cle ont contribu la d lin arisation de la lecture en facilitant la circulation du lecteur dans le texte en le lib rant de son asservissement l oral et de la n cessaire m morisation du texte appris par c ur ouvrant ainsi la voie la scolastique Illich 1991 La pagination l invention de l index la table des mati res puis les r f rences crois es dans les encyclop dies ont abouti des modes de lecture saut et gambades comme l crivait Montaigne Ce mode de lecture sugg r par le dispositif lectoriel lui m me a trouv sa forme ultime dans les ouvrages encyclop diques qui en cela pr figurent l hypertexte informatique On a parfois utilis le vocable de s rendipit pour qualifier cette opportunit de d couvrir par hasard ce que l on ne cherchait pas a priori La litt rature de fiction semble premi re vue loign e de cette lecture de consultation Pourtant certains crivains d s avant l invention de l informatique ont cherch renforcer la libert du lecteur dans la construction et la disposition du texte lui m me anticipant ainsi sur l interactivit des uvres de litt
6. de revendiquer le pouvoir qu en retire le narrateur a t mise en sc ne par Diderot dans Jacques le fataliste Comment s taient ils rencontr s Par hasard comme tout le monde Comment s appelaientils Que vous importe D o venaient ils Du lieu le plus prochain O allaient ils Est ce que l on sait o l on va 1973 35 Vous voyez lecteur que je suis en beau chemin et qu il ne tiendrait qu moi de vous faire attendre un an deux ans trois ans le r cit des amours de Jacques en le s parant de son ma tre et en leur faisant courir chacun tous les hasards qu il me plairait Qu il est facile de faire des contes Ibid 36 37 L incipit du roman de Diderot o se lisent les h sitations et la jouissance de l auteur devant la volume 39 num ro 1 PROT E n cessit de faire des choix arbitraires dans le possible narratif montre que le texte n est pas d finitivement construit qu il est une r alisation possible parmi celles qui ne seront jamais crites Chez les contemporains Jacques Roubaud est celui qui a le plus clairement soulign la dimension hypertextuelle avant la lettre de ce possible narratif Il exprime toutefois en termes d une obligation impos e au r cit c est dire du point de vue du cr ateur Le r cit peut devoir s interrompre momentan ment pour une tout autre raison peut tre plus fondamentale encore sur le chemin forestier de la prose Car on en vient comme
7. du latin aleatorius qui concerne le jeu de hasard d riv lui m me d alea jeu de d s jeu de hasard l al atoire tire ses origines du jeu C est d ailleurs cette tymologie latine que Roger Caillois reprendra pour y classer les jeux de hasard dans son tude sur Les Jeux et les Hommes 1992 En faisant appel l al atoire la litt rature et plus particuli rement la litt rature num rique se rapprocherait donc du jeu ce que certains critiques n ont pas manqu de lui reprocher allant jusqu lui refuser l appellation de litt rature voir Cl ment 2006 Les dictionnaires classiques ont parfois du mal distinguer l al atoire du hasard Al atoire se dit de tout fait venir que rend incertain l intervention du hasard nous 67 PROT E volume 39 num ro 1 apprend le Dictionnaire de la langue philosophique de Paul Foulqui Mais les pist mologues sont plus pr cis v nement al atoire se dit d un v nement lorsqu on peut d terminer quelques indices sur ses chances de r alisation Il tombe alors sous les lois du calcul des probabilit s et peut tre repr sent selon un mod le probabiliste Birou 1969 article Al atoire Est al atoire un processus qui ne peut tre simul par aucun m canisme ni d crit par aucun formalisme L al atoire est ce qui est algorithmiquement incompressible Mukungu Kakangu 2007 49 De ces deux derni res d finitions on retien
8. est le d sordre Cette d couverte est fondamentale Elle tablit que le d sordre est irr m diablement inscrit au c ur de l univers con u comme un syst me complexe et que d sormais nous devons penser sous le paradigme de la complexit et du hasard De cette complexit et de ce hasard les exemples sont nombreux dans la science moderne en biologie en math matiques en physique dans les sciences cognitives LE HASARD ET L AL ATOIRE DANS LES ARTS CONTEMPORAINS Les artistes ne sont pas rest s l cart de cette nouvelle pist m Depuis longtemps le hasard a t per u comme un accident de mati re susceptible de stimuler la cr ation L onard de Vinci recommandait d j d utiliser la tache fortuite comme source d inspiration August Strindberg a th oris plus tard cet usage dans son ouvrage Du hasard dans la production artistique 1894 dans lequel il sugg rait avant John Cage d utiliser une guitare accord e au hasard ou un piano accord au petit bonheur sans rime ni raison Strindberg 1990 19 20 Le premier artiste moderne revendiquer le hasard comme principe de cr ation est probablement Marcel Duchamp en 1913 avec Trois stoppages talon trois fils d un m tre l ch s d une hauteur de un m tre et coll s tels quels sur une surface et Erratum musical une partition r dig e avec des notes tir es au sort dans un chapeau suivi de pr s par Hans Arp avec ses collages fabriqu
9. l auteur sur la part de jeu qu induit le plaisir de la manipulation d un dispositif textuel dynamique etc Ces questions dont nous n avons fait qu esquisser le cadre m riteraient d tre approfondies Suivre le fil du hasard et de l al atoire aura peut tre permis de les clairer sous un nouveau jour NOTES 1 On en trouvera une version informatique l adresse suivante http infolipo unige ch ambroise varcom mabm cartes cartes html sommet page consult e le 9 f vrier 2011 2 Un des meilleurs historiens des d buts de la po sie num rique est Jacques Donguy voir surtout Donguy 2007 3 Dans ce simulateur le spectateur install sur une bicyclette se d place en p dalant et en dirigeant son guidon dans une ville qui s affiche en temps r el et dont les rues sont bord es de textes Premi re exposition Artec 89 World Design Expo Nagoya Japon PROT E volume 39 num ro 1 R F RENCES BIBLIOGRAPHIQUES BALPE J P 1986 La G n ration automatique de textes en langue naturelle Paris Eyrolles 1999 Cent un po mes du po te aveugle Tours d Farrago BARBOSA P 1996 A Ciberliteratura Cria o Literaria e Computador Lisbonne Edi es Cosmos BARTHES R 1977 Fragments d un discours amoureux Paris Seuil 1993 Le Bruissement de la langue Paris Seuil BAUDELAIRE C 1961 uvres compl tes Paris Gallimard BENABOU M 2001 Quarante si cles d Oulipo M
10. le fruit d un environnement informatique dans lequel la machine joue sa partition en produisant des ph nom nes al atoires qui obligent l interacteur se positionner face des propositions inattendues uvres g n r es automatiquement po sies en mouvement fictions interactives il y a peu d uvres num riques qui n aient recours sous une forme ou une autre la fonction al atoire et ne placent la rencontre avec le lecteur sous le signe du hasard pour peu qu elles ne se contentent pas d utiliser l informatique comme simple support ou outil de cr ation Partant de ce constat il peut tre int ressant de reconsid rer la question plus g n rale du hasard en litt rature la recherche d une filiation ou au contraire d une rupture possible entre le livre et le num rique Notre hypoth se est que depuis ses origines la litt rature classique pr num rique s est trouv e confront e la question du hasard et de l al atoire dans ses modes de production et de r ception D une certaine mani re la litt rature num rique se saisit aujourd hui de cet enjeu pour y apporter des r ponses tant au plan de la cr ation des uvres qu celui de leur consommation L AL ATOIRE UN VOCABLE PIST MOLOGIQUE La fonction al atoire pr sente dans la plupart des uvres num riques impose d claircir d abord ce vocable L al atoire est un concept pist mologiquement plus pr cis que le hasard Venu
11. mais de construire un dispositif g n ratif puissant capable d actualiser l infini ou presque des propositions de lecture partir d une matrice virtuelle DE L AL ATOIRE AU STOCHASTIQUE Fonction majeure des uvres num riques l al atoire a ainsi pu tre mis en uvre tr s t t dans les textes imprim s soit qu il intervienne en amont comme processus d criture soit que l auteur ait pr vu une lecture al atoire de son texte en le structurant de fa on ce qu il puisse tre lu selon diff rents parcours L al atoire peut tre total ou contr l lorsque le dispositif d nonciation encadre l al atoire par des contraintes structurantes On parlera dans ce cas de dispositif stochastique Le dispositif de Raymond Queneau est plus contraignant que celui de Marc Saporta le premier impose un ordre le sonnet dans la succession des vers tandis que le second donne lire les pages du r cit dans n importe quel ordre Le dispositif de Michel Butor dans Chanson pour Don Juan 1972 1973 propose une r gle du jeu le lecteur doit tirer des cartes jusqu ce que le texte du po me soit complet Cette technique sera reprise dans la g n ration automatique de textes sous la forme de templates que Charles Hartman par exemple a mis en uvre dans son programme PROSE 1996 L AL ATOIRE DE LA MACHINE Avec l ordinateur l al atoire quitte totalement le support papier Dans un premier temps c est surtou
12. rature num rique LE HASARD EN DISPOSITIF C est ainsi que certains auteurs pour encourager une lecture plac e sous le signe du hasard vont jusqu abandonner une partie de leurs pr rogatives au lecteur imaginant des modes de lecture mettant en uvre une certaine forme de combinatoire Les textes eux m mes sont certes crits par l auteur mais l ordre dans lequel ils se pr sentent est sujet variations Les genres brefs ou fragmentaires comme les aphorismes les maximes ou encore les fables po mes ou nouvelles se pr tent particuli rement bien des lectures al atoires M me s ils sont r unis en livre sous forme de recueil l ordre de leur succession est souvent arbitraire ou contingent Leur bri vet leur conf re une autonomie qui les rend indiff rents au contexte de lecture dans lequel ils s inscrivent Des auteurs comme Jacques Roubaud Julio Cortazar ou Italo Calvino vont parfois jusqu proposer un mode d emploi pour une lecture non lin aire PROT E volume 39 num ro 1 de leur uvre Celle ci y est souvent associ e aux incertitudes du jeu jeu de go marelle jeu de cartes Un pas de plus est franchi vers la lecture al atoire lorsque le texte se donne lire dans un dispositif qui rompt avec le format standard du livre Raymond Queneau dans ses Cent mille milliards de po mes Marc Saporta dans Composition n 1 Il s agit ici non plus de sugg rer au lecteur des parcours variables
13. 1979 L uvre ouverte Paris Seuil FOULQUI P 1962 Dictionnaire de la langue philosophique Paris PUF ILLICH I 1991 Du lisible au visible la naissance du texte un commentaire du Didascalicon de Hugues de Saint Victor Paris Cerf K HLER E 2000 Le Hasard en litt rature Paris Klincksieck LAURENCELLE L 2001 Hasard nombre al atoire et m thode Monte Carlo Qu bec Presses de l Universit du Qu bec MALLARM S 1945 uvres compl tes Paris Gallimard MONOD J 1970 Le Hasard et la N cessit Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne Paris Seuil MUKUNGU KAKANGU M 2007 Vocabulaire de la complexit Post scriptum La M thode d Edgar Morin Paris L Harmattan OULIPO 1973 La litt rature potentielle cr ations Re cr ations R cr ations Paris Gallimard PASCAL B 1954 uvres compl tes Paris Gallimard QUENEAU R 1961 Cent mille milliards de po mes Paris Gallimard ROUBAUD J 1989 Le Grand Incendie de Londres Paris Seuil SAPORTA M 1961 Composition n 1 Paris Seuil SAURISSE P 2007 La M canique de l impr visible Art et hasard autour de 1960 Paris L Harmattan STRINDBERG A 1894 1990 Du Hasard dans la production artistique Paris d de L choppe VAL RY P 1973 1974 Cahiers tomes I et II Paris Gallimard coll Biblioth que de la Pl iade 1975 uvres tome I Paris Gallimard coll B
14. Article Po tique du hasard et de l al atoire en litt rature num rique Jean Cl ment Prot e vol 39 n 1 2011 p 67 76 Pour citer cet article utiliser l information suivante URI http id erudit org iderudit 1006728ar DOI 10 7202 1006728ar Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al II a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 06 44 PO TIQUE DU HASARD ET DE L AL ATOIRE EN LITT RATURE NUM RIQUE JEAN CL MENT L esth tique de la litt rature num rique r side pour une large part dans les nouvelles figures discursives et s miotiques qu elle dessine Cependant la dimension programmatique et interactive de cette litt rature invite consid rer qu ici l esth tique est galement
15. agazine litt raire n 398 mai 20 26 BIROU A 1969 Vocabulaire pratique des sciences sociales Paris Les ditions ouvri res BRETON A 1992 uvres compl tes tome 2 Paris Gallimard CAILLOIS R 1992 Les Jeux et les Hommes Paris Gallimard CALVINO L 1984 La Machine litt rature Paris Seuil CAVAILL S R 1994 Histoires parall les du bruit et du chaos Th orie Litt rature Enseignement n 12 13 40 CL MENT J 2006 La cyberlitt rature entre jeu litt raire et jeu vid o dans N Szilas et J L R ty dir Cr ation de r cits pour les fictions interactives simulation et r alisation Paris Herm s Lavoisier 17 31 gt 2007 L hypertexte une technologie intellectuelle l re de la complexit dans C Brossaud et B Reber dir Humanit s num riques 1 Nouvelles technologies cognitives et pist mologie Paris Herm s Lavoisier 183 194 COURNOT A 1851 Essai sur les fondements de la connaissance et sur les caract res de la critique philosophique tome I Paris Hachette DIDEROT D 1973 Jacques le fataliste et son ma tre Paris Gallimard coll folio classique DONGUY J 1996 TagSurfusion chantillonnages Discrets Fontenay sous Bois d de l vidence volume 39 num ro 1 PROT E 76 2007 Po sies exp rimentales Zones num riques 1953 2007 Dijon Les Presses du r el ECO U
16. dra d abord que l al atoire suppose un v nement et qu il s agit d un processus Ce sont l deux caract ristiques essentielles de la litt rature num rique On notera galement que tant algorithmiquement incompressible il ne peut tre envisag en informatique que sous la forme d un pseudo al atoire pris en charge par une fonction de type rand utilis e dans la plupart des langages de programmation et qui renvoie des suites de nombres voir Laurencelle 2001 PERMANENCE DU HASARD Comme l al atoire le hasard a pour origine tymologique le jeu de d s C est le sens du mot arabe az zahr La r flexion moderne sur le hasard commence au XVII si cle Dans leur r futation de la Providence et leur souci de rationalit les philosophes des Lumi res ont cherch une r duction rationnelle du hasard en faisant appel l intelligence sup rieure d un dieu horloger architecte ou g om tre Le hasard est un mot vide de sens Ce que nous appelons hasard n est et ne peut tre que la cause ignor e d un effet connu crit Voltaire dans son Dictionnaire philosophique 1860 361 C est ce point de vue que d veloppera plus tard le physicien Laplace expliquant que rien n arrive par hasard et qu une intelligence sup rieure postul e des fins de d monstration et que l on appellera apr s lui laplacienne serait en mesure de tout expliquer Au si cle suivant le math maticien Cournot r
17. iblioth que de la Pl iade 1960 uvres tome II Paris Gallimard coll Biblioth que de la Pl iade VOLTAIRE 1860 uvres compl tes tome XII Paris Hachette
18. ifiante Je propose pour conclure provisoirement de d finir l al atoire litt raire comme un m canisme formel associ un ou plusieurs processus algorithmiques destin s produire des nonc s par combinaison d nonc s textuels ou infra textuels des phrases des syntagmes des mots Ce m canisme peut donner lieu des productions imprimables mais l ordinateur joue pleinement son r le quand il met en avant sur l cran un processus qui multiplie instantan ment et jusqu l infini les textes donn s lire faisant ainsi appara tre leur caract re g n ratif dessinant une esth tique de l ph m re L al atoire est pr sent dans presque toutes les uvres num riques programm es Il en est la signature Il contr le la constitution de l uvre il peut se limiter cela dans la g n ration automatique mais peut aussi d terminer les r ponses faites aux sollicitations volontaires ou non de l interacteur ou de son environnement L al atoire est donc un proc d de cr ation Mais cette cr ation n est pas totalement ma tris e par l auteur qui n a de prise que sur le programme et non sur les productions qu il engendre Dans les uvres al atoires une fois le programme mis en route l auteur passe la main la machine Sym triquement le hasard en litt rature num rique est la figure que prend l al atoire pour un interacteur Il est souvent per u comme le deus in machina de l o
19. is la combinatoire qui est du domaine de la math matique il ajoute une dimension ph nom nologique Le hasard en effet suppose un sujet face un ph nom ne il instaure une dimension d cisionnelle de l auteur ou du lecteur un choix d criture ou de lecture La litt rature num rique ne fait ici encore que rendre plus aigu un ph nom ne g n ral qui caract rise toute cr ation artistique Elle le met en sc ne et l instrumente travers un dispositif nouveau l interactivit DE LA N CESSIT AU HASARD La litt rature a eu affaire au hasard depuis ses commencements Celui ci a pris au cours des si cles plusieurs figures Dans l pop e hom rique il s apparente la N cessit dans les romans de chevalerie il prend les traits de la Providence divine puis de la Fortune aveugle voir K hler 2000 c est lui qui conduit dans leurs aventures les h ros du roman picaresque Diderot ou Voltaire lont souvent plac au c ur de leurs fictions narratives l utilisant habilement comme moteur de l intrigue Que l on songe Zadig Candide ou Jacques le fataliste C est partir du constat tabli par Pascal le nez de Cl op tre s il e t t plus court la face du monde aurait chang 1954 1133 que la litt rature commence s interroger sur son rapport au hasard et sur sa puissance de cr ation La facult du romancier non seulement d organiser en r cit les hasards de la vie mais aussi bien
20. la vid o po sie Elle perd quelques unes de ses qualit s essentielles la variabilit la surprise la jouabilit l in puisement DE L AL ATOIRE AU HASARD DE LA RENCONTRE L al atoire on le voit est un dispositif essentiel de la po sie programm e Dans quelle mesure est il assimilable l pist m du hasard telle qu elle s est impos e dans les sciences et dans les arts partir du xIX si cle Une des r ponses se trouve dans les rapprochements qui ont pu tre faits entre les th ories du chaos et de la complexit et les hypertextes ainsi que la cyberlitt rature en g n ral voir Cl ment 2007 Je n y reviendrai pas et suivrai ici une autre piste celle du hasard comme rencontre Dans la d finition du hasard selon Cournot la rencontre de deux s ries causales ind pendantes c est en effet le mot rencontre qui permet de mieux comprendre comment le hasard peut intervenir dans la cr ation en g n ral et dans la litt rature num rique en particulier La rencontre dont il s agit en litt rature num rique c est celle du lecteur avec un texte une interface un dispositif celle aussi du texte avec son nonciation celle enfin du po te avec les mots avec les sons les formes avec l inconscient ou avec les v nements de la vie La pr sence du hasard dans la litt rature num rique rel ve comme l al atoire du paradigme PROT E volume 39 num ro 1 de la combinatoire Ma
21. n de d sordre C est ce qui explique les premiers usages qu en ont faits les po tes Les tentatives pour ma triser l al atoire et produire des textes lisibles ne peuvent produire que des pastiches Car crit encore Italo Calvino La vraie machine litt raire sera celle qui sentira elle m me le besoin de produire du d sordre mais comme r action une pr c dente production d ordre celle qui produira de l avant garde pour d bloquer ses propres circuits engorg s par une trop longue production de classicisme 1984 18 UNE PO TIQUE DU PROCESSUS Longtemps la production al atoire d nonc s a eu pour finalit la constitution d un texte achev que l on pouvait lire sur cran ou imprimer Certains de ces textes ont m me fait l objet de recueils dit s comme celui de Jean Baudot La Machine crire paru en 1964 Jean Pierre Balpe plus r cemment a publi plusieurs reprises des textes g n r s par ordinateur dans des revues sans pr ciser par jeu sans doute leur origine informatique les m lant parfois des textes crits de fa on classique voir Balpe 1999 Quand l al atoire est ma tris selon des crit res linguistiques il reste invisible et donc imperceptible au lecteur C est pr cis ment pour rendre sensible le caract re al atoire de ses textes que Jean Pierre Balpe a parfois introduit dans le d roulement de ses programmes g n ratifs l affichage fugitif l cran d l
22. ni de l uvre moderne et n y peut tre que feint crivait Mallarm dans son commentaire du Corbeau d Edgard Poe 1945 230 Cette affirmation constitue le socle th orique de tout un courant litt raire qui va de Paul Val ry et Raymond Roussel jusqu aux auteurs contemporains adeptes de l hyperconstruction r unis autour de la revue Formules Cette volont de ma trise semble condamner d finitivement une litt rature num rique qui repose largement sur le hasard et l al atoire Le d bat n est cependant pas clos et les termes en sont plus complexes qu il n y para t si l on songe que cette m me revue Formules a consacr un num ro entier la litt rature num rique et qu avec Paul Val ry lui m me le hasard faisait son entr e pist mologique en po sie avec beaucoup d h sitation il est vrai Contemporain de Poincar et esprit universel au fait des avanc es scientifiques de son temps Paul Val ry crivait Peut tre faut il s accoutumer penser que le hasard n est pas accident mais substance mais est constituant ingr dient nest pas seulement et toujours effet de l ignorance mais est dans la Natura Rerum Cit par K hler 2000 61 volume 39 num ro 1 PROT E 74 Un moment proche des surr alistes mais plus curieux du fonctionnement de la pens e consciente que de l inconscient l auteur de Monsieur Teste reste dans le sillage de Mallarm lorsqu il crit que
23. rd hui encore je n attends rien de ma seule disponibilit que cette soif d errer la rencontre de tout Ind pendamment de ce qui arrive n arrive pas c est l attente qui est magnifique 1992 697 La rencontre hasardeuse est l une des marques de l hyperfiction num rique d autant que sa configuration rel ve plus souvent d un espace topologique que d un espace euclidien tel celui d une ville Les relations entre les fragments textuels ne sont plus repr sent es que par des liens activ s au moyen d un clic dont la structure g n rale est difficile sinon impossible cartographier Le lecteur n a donc qu une vue locale du dispositif et doit s en remettre la s mantique incertaine des liens pour naviguer dans l hypertexte Tr s en vogue dans les universit s am ricaines au d but des ann es 1990 la suite de l uvre fondatrice de Michael Joyce Afternoon a Story 1987 l hyperfiction a t th oris e de nombreuses reprises 73 L INTERACTIVIT AU RISQUE DU HASARD Bien que l hypertexte ait t pendant une premi re p riode le genre le plus embl matique de la litt rature num rique il n en est qu une des branches qui rel vent divers titres de ce qu il est convenu d appeler l interactivit Face l cran de l ordinateur le lecteur muni d une souris ou de tout autre vecteur d input est plac en situation d attendre une r action de la machine
24. rdinateur ou le daimon pour reprendre une expression famili re aux informaticiens Par d finition impr visible il est cette part d inconnu par laquelle l ordinateur se distingue d un simple automate Simulant la possibilit d entrer en dialogue avec l interacteur r agissant de mani re impr vue ses sollicitations renouvelant sans cesse ses propositions l ordinateur d route d range agace tonne Son comportement est spontan ment associ une intelligence humaine Il arrive parfois qu on lui parle comme un humain qu on le prenne pour le cr ateur de l uvre Il est le Minotaure au centre du 75 labyrinthe celui qui nous gare et nous pi ge celui qui gouverne notre d couverte de l uvre notre insu inaccessible et tout puissant Le hasard est une proposition nigmatique de l auteur laquelle l interacteur est tenu de r pondre sans certitude Si dans la g n ration de texte l auteur passe la main la machine dans les uvres interactives c est au lecteur qu il passe la main sans que pour autant ce dernier soit en mesure de faire uvre cr ative Propositions al atoires de la machine r ponses hasardeuses de l interacteur cette intrusion de l ordinateur dans la litt rature qui fait de lui un partenaire du processus nonciatif ne va pas sans poser question sur la nature ou la litt rarit des textes produits ou agenc s sur les r les respectifs du lecteur et de
25. s Selon les lois du hasard de 1916 D s les ann es 1950 une partie de la cr ation contemporaine s est plac e sous le signe du hasard et de l al atoire R sumant ce mouvement g n ral Umberto Eco pouvait crire dans L uvre ouverte Pour r aliser l ambigu t comme valeur les artistes contemporains ont souvent recours l informel au d sordre au hasard l ind termination des r sultats 1979 10 En introduisant l al atoire dans leurs uvres les artistes entendaient mettre en cause une conception dominante de l art en Occident Cela conduira une certaine litt rature sortir peu peu du livre c toyer les arts visuels et la musique imaginer d autres supports d boucher enfin sur le num rique AU HASARD DE LA LECTURE Remarquons toutefois que le livre le plus classique abandonne son texte aux al as de ses lectures Car la diff rence de l auditeur de concert ou du spectateur de cin ma qui sont asservis la temporalit du d roulement de l uvre le lecteur d un livre n est pas soumis un temps de lecture r gl par un dispositif le livre dans sa dimension mat rielle Il peut m me sa guise se soustraire la lecture int grale se livrer au feuilletage au butinage pratiquer la lecture comme un vagabondage ainsi que le rappelle Daniel Pennac dans Comme un roman 1992 Le genre romanesque dont la dimension narrative inscrit le fil d une histoire
26. saisie intuitivement La lecture s apparente alors un relev de terrain narratif L espace hypertextuel est d ailleurs souvent per u comme la m taphore d un espace urbain parcourir L ESPACE HYPERTEXTUEL De l espace bidimensionnel offert par la carte on peut gr ce l informatique passer un espace immersif trois dimensions comme dans les jeux vid o L image du chemin forestier de la prose choisie par Jacques Roubaud peut d sormais se mat rialiser Le lecteur chemine v ritablement au hasard dans un texte labyrinthique qu il ne per oit plus en surplomb mais dont il d couvre les embranchements en y circulant C est ce que Jeffrey Shaw propose dans son installation The Legible City 1989 Le textewille s y parcourt bicyclette au hasard des rues et des carrefours 3 Le lecteur y retrouve de fa on non m taphorique la rencontre de la ville et de la po sie l esprit de fl nerie c l br par Baudelaire dans ses Tableaux parisiens Je vais m exercer seul ma fantasque escrime Flairant dans tous les coins les hasards de la rime Tr buchant sur les mots comme sur les pav s Heurtant parfois des vers depuis longtemps r v s 1961 79 Cette disponibilit au hasard qui sera celle de la d rive debordienne tait d j celle d Andr Breton c l brant dans L Amour fou les vertus du hasard objectif comme la rencontre entre le d sir inconscient et les hasards de la vie Aujou
27. t sa capacit illimit e effectuer des tirages au sort dans des bases de donn es textuelles qui a t exploit e Mais au del des s ductions ou des vertiges du nombre le d fi auquel est confront e la programmation de l al atoire en litt rature est de parvenir la production d nonc s syntaxiquement volume 39 num ro 1 PROT E 70 et s mantiquement acceptables On ne les a pas retrouv s mais il est attest que Turing un des p res fondateurs de l informatique et de l intelligence artificielle avait song d s 1945 faire produire l ordinateur des nonc s sur le mod le des cadavres exquis surr alistes S inspirant de ses travaux son condisciple de l universit de Manchester Christopher Strachey programme en 1951 un ordinateur capable d crire des lettres d amour C est le premier g n rateur automatique de texte Theo Lutz publie en 1959 dans la revue Augenblick Stuttgart Stochastische Texte des po mes g n r s par un programme qui utilise les cent premiers mots du Ch teau de Kafka sa suite d autres po tes commencent travailler avec l ordinateur comme Nanni Balestrini TapeMark I et Tape Mark II 1961 1963 Brion Gysin I Am that I Am 1959 Dick Higgins Hank and Mary a Love Story a Chorale 1970 Emmett Williams The Ultimate Poem 1966 ou Augusto de Campos ACASO 1963 John Morris publie en 1967 dans la Michigan Quaterly Review How To Write Poems Wi
28. tance par rapport ce qui se faisait cette poque sous le nom de litt rature al atoire notamment autour de Max Bense Stuttgart et cette d fiance l gard du hasard restera l un de ses traits distinctifs Claude Berge rendit sur ce point une sentence vigoureuse et toujours d actualit l Oulipo c est l anti hasard 2001 21 PROT E volume 39 num ro 1 Au hasard l Oulipo oppose le calculable Le go t des math matiques des nombres de la contrainte de la r gle signe toutes les uvres de ses membres propos de son roman La Vie mode d emploi 1978 Georges Perec parlait cependant d al atoire m canique et de programmation du hasard d une litt rature stochastique en quelque sorte Certaines uvres oulipiennes fonctionnent comme des machines produire du texte de fa on al atoire les Cent mille milliards de po mes le S 7 le tireur la ligne etc Si l auteur oulipien entend rester ma tre de la contrainte qu il s impose dans la cr ation de l uvre Il n y a de litt rature que volontaire crivait Raymond Queneau Oulipo 1973 27 celle ci reste soumise aux al as de la lecture laquelle est plac e sous le signe du hasard Comme le notait justement Val ry l uvre la plus calcul e trouve le hasard dans le r el de sa consommation cit par K hler 2000 63 UN COUP DE D S JAMAIS N ABOLIRA LE HASARD Tout hasard doit tre ban
29. th A Computer Ce sont des ha kus g n r s partir de listes de vocabulaire et d un logiciel appel HAIKUTYPE POEMS 2 MA TRISER L AL ATOIRE LA G N RATION AUTOMATIQUE DE TEXTES La recherche d une production textuelle al atoire qui soit syntaxiquement correcte et s mantiquement acceptable doit beaucoup aux avanc es et aux perspectives prometteuses de la linguistique de cette poque C est notamment l analyse structurale du langage et des textes qui est l origine de la g n ration automatique de textes telle qu elle a t pratiqu e par l Alamo et par des po tes programmeurs comme Jean Pierre Balpe 1986 ou Pedro Barbosa 1996 En mettant en vidence le caract re g n ratif du langage Noam Chomsky a ouvert la porte une mod lisation de la production d nonc s susceptible ensuite d tre programm e sur une machine tandis que les propositions de la po tique structuraliste mettaient en vidence les structures l mentaires du r cit et mod lisaient les diff rents genres litt raires Membre de l Oulipo Italo Calvino est de ceux qui ont t fascin s par les possibilit s de l ordinateur anticipant sur ce que serait un automate litt raire il en repousse cependant la possibilit dans un avenir tr s loign Soulignant que la machine est un instrument du hasard il y voit surtout un instrument d licatement lyrique servant un besoin typiquement humain la productio
30. un chevalier du roi Arthur une clairi re Et deux nouveaux chemins s ouvrent dans les arbres ou trois ou plusieurs Il faut choisir Mais comment choisir la nature m me de l op ration de r cit rend in vitables en fait de tels carrefours de tels embranchements multiples sur la carte ces endroits de l h sitation o il n est peut tre aucune droite voie 1989 34 Avant Roubaud Paul Val ry avait toutefois song un dispositif qui donnerait voir ces embranchements au lecteur Peut tre serait il int ressant de faire une fois une uvre qui montrerait chacun de ses n uds la diversit qui s y peut pr senter l esprit et parmi laquelle le lecteur choisit la suite unique qui sera donn e dans le texte Ce serait l substituer l illusion d une d termination unique et imitatrice du r el celle du possible chaque instant qui me semble plus v ritable 1975 1467 Cette id e d une litt rature arborescente ou structur e en carte qui passe ainsi du r cit comme histoire au r cit comme espace parcourir n est pas sans rappeler la Carte de Tendre labor e au XVI si cle d apr s le roman de Madeleine de Scud ry Cl lie En impl mentant un r cit arborescent sur un ordinateur sous la forme d un hypertexte on fait de sa lecture un parcours dans un paysage La carte de l hypertexte est rarement rendue accessible au lecteur mais sa pr sence sous jacente peut tre
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