Catherine CHARTRAND-LAPORTE Deux romans, des
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1. dans Solers vid o Fargier une voix sept fois Paris d hoc Xavier D Arthuys Portraits d auteurs 1988 p 25 14 Armine Kotin Mortimer d crit avec justesse les diff rentes techniques vid o employ es dans Sollers au Paradis art cit pp 208 209 15 T he logo in the videotext relates to items in the real world as the vehicle to the tenor in metaphor The logo is symbolic and no longer real even when it is an unaltered picture of some thing real for instance a statue or a fountain Ibid p 211 Nous traduisons 16 Jan BAETENS Le po me novellisation dans Les Lettres Romanes Le contretemporain po tique s dir Michel Lisse vol 64 n 1 2 2010 p 121 77 DEUX ROMANS DES PERFORMANCES UNE VID O m taphorique des images qu elle cr e De plus la narration de Paradis s apparente celle de So ers au Paradis puisque toutes deux sont non lin aires En effet les images se succ dent dans la vid o et parfois ressurgissent tout comme les mots s encha nent dans Paradis et parfois se r p tent en un va et vient incessant Cela a pour cons quence de miner toute signification qui pourrait poindre puisqu aussi t t qu une image voit le jour dans l imaginaire du lecteur elle s efface pour laisser place une autre qui sera tout aussi vanescente On peut ainsi qualifier la trame narrative de Paradis de fugitive elle donne l impression au lecteur de p n tre2. I ic ne rend manifeste la visibi lit qui anime l conomie christique dans son ensemble L ic ne donne voir Dieu qui se fait selon la visibilit la plus extr me ce qui nous permet de mettre au jour non seulement le besoin de l homme de se repr senter Dieu mais de se le repr senter par le biais d une image Comme le souligne encore Jean Baptiste de Beauvais Ile voir commun au langage et la perception tient tout entier dans le fait de son vidence Le visible est visible et cette ultime tautologie marque son efficacit Il n y a pas chercher derri re ce que nous voyons Car cela voudrait dire que le visible par un certain c t nous emp che de voir la contradiction est alors trop flagrante Dans Solers au Paradis comme dans Paradis Vid o en exposant deux formes de m dia tion de l homme avec le r el la vue et l ou e Sollers vise faire r fl chir son auditeur spectateur sur ce visible qui nous emp che de voir le monde l univers ou Dieu et ce afin de proposer une nouvelle voie pour appr hender la r alit et surtout une nou velle fa on d tre au monde la voix N est ce pas par la voix que Dieu a cr univers C est donc par la voix et par l ou e et non par des modes de repr sentation comme le sont les mots ou les images qu il est possible si Pon en croit Paradis et ses multiples versions d acc der la r alit de l univers et ult
3. la photo pass iste ni je crois voir le cin ma illusionniste ni je pourrais voir limage virtuelle utopiste Vid o une image acte indis sociablement L image comme regard ou le regard comme image Au commen cement tait le verbe La vid o est pr sent e par Dubois comme un acte fondateur celui du regard L au teur souligne galement l effet de direct l origine de la vid o qui s apparente P ternel pr sent que Paradis par les mots projette sur ses pages Par ailleurs toutes les caract ristiques du m dium vid o tel qu il est d crit semblent refl ter le mys ticisme de la pens e sollersienne l origine de la cr ation de Paradis Tout se passe comme si les mots de Paradis fonctionnaient exactement comme l image vid o Si dans Paradis Vid o Fargier projette sur des crans des images prises en direct dans Sollers au Paradis l effet de direct est galement exploit puisqu il dit que la vid o est en fait le dernier Journal T l vis avant Apocalypse Ou le premier apr s Cette image cran du direct est d crite par Dubois comme une image sans pass qui d sormais voyage circule se r pand toujours au pr sent o qu on soit Elle transite passe par des transformations diverses coule comme un flux un flot un fleuve sans fin elle arrive partout dans une infinit de lieux simultan ment pour tous elle est re ue dans la plus grande i
4. uvre et de fait une d perdition totale du sens soit au d voilement des sens inh rents l uvre par une mise en valeur de certains aspects de celle ci par accumulation insistance ou r p tition Toutefois jamais un tel roman ne pourrait faire l objet d une v ritable adaptation c est dire d une repr sentation s ic o sensu de sa di g se nul ne peut en effet repr senter l irrepr sentable Lorsque l on s int resse de plus pr s la performance Paradis Vid o ou la vid o Solers an Paradis Von ne peut que constater qu il existe des similarit s entre les deux productions artistiques Paradis Vid o consiste en une lecture publique live d une heure de Paradis 2 par son auteur Philippe Sol lers entour de huit postes de t l vision formant un cercle au milieu duquel il se tient Six de ces postes diffusent partir de six magn toscopes des images pr par es tandis que les deux autres transmettent en direct des images compos es pat deux cam ras M me si nous ne connaissons pas la nature des images pr par es l allusion de Sollers dans le texte qu il r dige sur sa performance pisode o il est allong sur son banc Venise comme s il taift mort dans la vid o nous laisse croire que les images projet es lors de celle ci sont assez similaires celles qui apparaissent dans So ers au Paradis voire parfois identiques
5. est par elle que l on peut incorporer la r alit Le rythme dont sont empreintes les images comme les mots tendent hypnotiser le spectateur de fa on ce qu il perde tout rep re visuel et se voit happ par le son la voix Si Armine Kotin Mortimer note qu un effet inattendu de ce dispositif com plexe est la primaut du visuel sur le sonore nous pensons plut t que c est l exp rience de chaque aditeur spectatenr qui lui permettra de d terminer si pour lui c est le visuel qui domine le son ou au contraire si c est plut t le son qui finit par dominer l image Tous ne vivront peut tre pas de la m me mani re l exp rience de Paradis m me si le souhait de Sollers est que tous comprennent l importance de l ou e de la voix et du son qui sont d sormais pour lui la seule porte d acc s la r alit Car une image qu elle soit mouvante ou statique demeure une repr sentation du monde ou bien d une partie du monde celle qui est capt e par la cam ra ou par l il Par contre le son la musique la voix qui sont des vibrations sont invisibles pour celui qui vou drait les voir m me s ils prennent corps si l on peut dire en sortant des poumons gr ce Pair cette substance invisible car inodore et incolore Ainsi contrairement l image qui donne in vitablement acc s un l ment mat riel fini qui participe du monde Pair lui ne peut pas tre circonscrit et permet
6. Dans Solers an Paradis l crivain est le protagoniste principal de la vid o et r alise une lecture de Paradis 2 un rythme effr n regard droit dans la cam ra alors qu en arri re plan d filent des images en mouvement qui par leur encha nement et les techniques vid o qui sont employ es semblent elles aussi tre habit es par un tempo Ces images tourn es par Jean Paul Fargier Armine Kotin Mortimer les consid re comme des logos et en pr cise la teneur Dans le vid otexte le logo est associ des l ments du monde r el de la m me mani re que l image pro duite est li e l objet repr sent dans la m taphore Le logo est symbolique et n est plus la r alit m me s il s agit d une image inalt r e de quelque chose de r el par exemple une statue ou une fontaine Si comme le pr cise Jan Baetens la sp cificit de l image cin ma est d tre un objet qui se pense davantage comme prose que comme po sie il semblerait juste d avancer selon la d finition qu Armine Kotin Mortimer propose du logo tout le moins dans le contexte de Solers au Paradis que l image vid o rel verait davantage de la po sie et ce par le caract re 10 Armine KOTIN MORTIMER Paradis Une m taphysique de Pinfini dans L Infini n 89 2004 p 3 11 Philippe SOLLERS op cit p 23 12 Ibidem 13 Philippe SOLLERS Une voix pour l ternit
7. il M me si un signifiant est la fois mat riel et sonore un livre ne peut pas produire de son alors que la vid o elle m me si elle est intimement li e par sa d nomination l acte fondateur du regard donne autant voir qu entendre et ce moins que par choix ou par contrainte un r alisateur d cide de faire du cin ma muet Et si l on se fie Jean Paul Fargier il est absurde en vid o de vouloir s parer une image du son qui l accom 34 Ibidem 35 Philippe SOLLERS Paradis 2 op cit pp 11 12 36 Jean Paul FARGIER O7 va la vid o Paris ditions de l toile Cahiers du cin ma 1986 p 3 84 Catherine CHARTRAND LAPORTE pagne Absurde d isoler une forme visuelle de la dimension sonore qui la produit L image en vid o vient du son C est cette diff rence entre le langage roma nesque et le langage vid o que Sollers souhaite exploiter Plusieurs passages de Sollers vid o Fargier t moignent de cet int r t que repr sente le m dium vid o pour les deux collaborateurs mais principalement pour le romancier La fa on singuli re dont Fargier con oit la vid o semble fournir Sollers les outils n cessaires pour r aliser son projet faire voir le r el par la voix Il le pr cise d ailleurs explicitement Jai toujours recherch dans la langue la mani re dont le son se change en image d o il vient pourquoi comment et jusqu o
8. DES PERFORMANCES UNE VID O donnant au soi disant monde ext rieur une pr minence et un privil ge inacceptables Ce que Sollers reproche Robbe Grillet en qualifiant son entreprise roma nesque d erreur r aliste c est que ses romans rel vent du mentalisme et que par cons quent ils ne pr sentent pas objectivement le monde ce sont selon lui des romans traditionnels id alistes et donc subjectifs Sollers d clare ainsi sa lutte contre l id alisme romanesque en se dissociant des nouveaux romanciers et clame son in tention d crire des romans v ritablement r alistes c est dire selon lui strictement objectifs C est ce qu il s emploiera r aliser compter de Drame qu il publie en 1965 Tous les romans d avant garde de Sollers jusqu Paradis sont des romans fon d s en th orie Ainsi pour atteindre son id al d objectivit et partant un v ritable r alisme Sollers condamne la fonction utilitaire du langage car il vise abolir sa fonc tion de repr sentation ce qui permettrait d introduire le langage dans un nouveau paradigme de la signifiance c est dire d tre comme le d finit Julia Kristeva en gendrement illimit et jamais clos Pour ce faire dans ses romans avant gardistes il se r clame de la th orie du langage mat rialiste de Jacques Lacan qui met de Pavant la primaut du signifiant et de la lettre et il op re un travail sur le s
9. avant la musique dans Solers vid o Fargier une voix sept fois op cit p 9 85 DEUX ROMANS DES PERFORMANCES UNE VID O sorte que l a voix s incarne et projette un corps dans le d cor En effet un souhait formul par l crivain concernant ses romans est que le lecteur fasse Pexp rience de Paradis en s abandonnant compl tement lors de sa lecture ce que souligne Armine Kotin Mortimer Peu de lecteurs auront le courage de suivre Pauteur jusque dans une v ritable transe d origine narcotique et pourtant Paradis exige un tat analogue encourag par le langage dont l effet est comparable celui d une substance psychotrope C est dans un tat analogue celui de l hypnose que l auteur veut que ses lecteurs soient et pour g n rer pareil r sultat il doit lui m me s abandonner cet tat de transe au moment de performer son texte Il faut que je me place dans la dimension o je verrais mon corps au dessous de moi la verticale dormant profond ment et moi avec ma voix au dessus de plus en plus agile et rapide pour ce corps qui s endort dispara t au plus pro fond du sommeil image de la mort Il y a des moments o a m arrive bien d autres o a m arrive moins bien Mais quand a m arrive bien je suis en tat d extr me fragilit au dessus d un paysage hypnotique Et ce moment l je saisis la co ncidence hypnotique entre mon corps les images e
10. ce qu on voix ill faudrait envisager que Paradis Vid o est une projection du speaker en de et au del de ce qui est visible celles ci sont garantes de l id al sollersien Ces affirmations sont davantage qu une r alit de l ordre du souhait de l aspiration du d sir et sont intimement li es une fa on d tre au monde une exp rience ontologique d un type particulier Mais Solers vid o Fargier n est cependant pas un mode d emploi et ne fait que mettre au jour ce quoi aspire Sollers et Fargier et non la mani re dont il s y prend pour y arriver ce que l avertissement nous indique en ces termes On r ve d un syst me de signes pr cis Son souhait rel ve ainsi de Putopie C est peut tre un autre d sir formul par Sollers qui pourrait nous aider comprendre comment par la vid o l auteur tente de faire voir le r el par la voix de faire advenir l crit au del de sa dimension proprement scripturale de faire en 37 Jean Paul FARGIER Ricordare dans Solers vid o Fargier une voix sept fois op cit p 16 38 Philippe SOLLERS Journal intime art cit p 11 39 Philippe FOREST Histoire de Tel Quel op cit p 581 40 Ibidem 41 Philippe SOLLERS Une voix pour l ternit art cit p 26 42 ID Journal intime art cit p 12 43 ID Spectacle de la voix art cit p 24 44 Jean Paul FARGIER En
11. ci semble s tre transform De fait la r alit qu il incombait Sollers de mettre au jour tait celle du monde mais celle 20 Philippe SOLLERS A Robbe Grillet Pour un nouveau roman Te Quel n 18 t 1964 p 93 21 Dans la pr face de Th orie d ensemble Sollers le pr cise Non pas la litt rature au service de la th orie comme presque tout le monde semble l avoir cru de Tel on mais tr s exactement le contraire Les sciences du langage due la psychanalyse aidant d gager un tissu de fiction proprement parler infini Philippe fi l SOLLERS Pr face dans Th orie d ensemble Paris Seuil Points 1968 p 7 22 Julia KRISTEVA La R volution du langage po tique Paris Seuil Points 1974 p 14 23 Sur la th orie du langage mat rialiste de Jacques Lacan et son volution voir Patrick JUIGENT Lacan le symbolique et le signifiant dans Cliniques m diterran ennes vol 2 n 68 2003 p 135 24 Philippe FOREST Philippe Sollers op cit p 199 25 En effet en exergue a num ro de Te Quel on peut lire une assertion de Nietzche Je veux le monde et le veux TEL QUEL et le veux encore le veux ternellement et je crie insa tiablement bis et non seulement pour moi seul mais pour toute la pi ce et pour tout le spectacle et non pour le spectacle seul mais au fond pour moi parce que le spectacle mest n cessaire parce que je le suis n cess
12. la voix de se propulser dans linfinit Par la voix ce n est plus le monde que l on habite mais l univers entier C est en faisant faire son auditeur spectateur cette exp rience inusit e d une mise en concurrence de la vue et de l ou e rendue uniquement possible gr ce au m dium vid o que Sollers l am ne au del de la r alit mat rielle si famili re en cette autre celle de l univers si nigmatique pour tout un chacun il propose une r flexion sur la fa on d apprivoiser le r el par les sens de concevoir la r alit Ainsi en passant d une po tique du texte une po tique de la voix et en exposant celles ci gr ce aux multiples traitements de Paradis Sollers d cline le r el de la r alit mat rielle du monde celle immat rielle de l univers et propose une r flexion sur la question de la perception 57 Ibidem 58 Philippe SOLLERS Spectacle de la voix art cit p 24 59 A n a effect is the primacy of the visual over the aural Armine KOTIN MORTIMER Video vs Television Sollers au Paradis art cit p 223 Nous traduisons 88 Catherine CHARTRAND LAPORTE Barthes crivait au sujet de Drame que ce roman est la remont e vers un ge d or celui de la conscience celui de la parole que ce temps est celui du corps qui s veille encore neuf neutre intouch par la rem moration la signification celui o Dante pouvait encore obse
13. quand m me l impression que Fargier par les images illustre le texte que performe Sollers mJais jamais selon un rapport simple des images avec les ventualit s descriptives du texte de Sollers il le fait plut t par le rythme dont le texte comme l image vid o sont habit s De sorte que par le biais du rythme dont Fargier investit au montage ses images vid o et par celui du rythme que l crivain insuffle son texte tous deux semblent comme le sou ligne Pa ni s illustrer Pun l autre tout en instaurant une dualit entre l image et le son M me si plusieurs reprises et quoique de fa on relativement rare le texte lu par Sollers d crit fid lement l image qui appara t dans la vid o cf Sollers qui se regarde dans le miroir et que comme nous l avons soulign plus t t le texte et les images s illustrent par connotation et sont vecteurs d une atmosph re similaire et peuvent par le fait m me provoquer chez le lecteur ou le spectateur des motions identiques c est par le rythme dont ils sont empreints que se fait un r el change entre les images et la vid o En effet le rythme que Sollers insuffle son Paradis 2 parfois co ncide avec celui dont sont empreintes les images de Fargier et est parfois en dissension avec lui Cela semble entrainer une dialectique de l image et du son de la vue et de l ou e c est une mise en concurrence des sens que le spectateur auditeur e
14. the cycle of novels Paradis which he turned into a series of live performances entitled Paradis Vid o and later on into a video Solers au Paradis filmed by Jean Paul Fargier and starring the writer himself The novel the performances and the video were also the subject of an essay So kers vid o Fargier co authored by Fargier and Sollers We seek to discover what drove Sollers to make his novel Paradis 2 into performances a video and an essay Since Paradis 2 is Sollers s last avant garde novel novels that were initially written in the perspective of rethinking realism in the novel we will have that in mind to guide our analysis We will try to see how the performances the video and the essay help to rethink the issue of reality and the ways in which they do Pour citer cet article Catherine CHARTRAND LAPORTE Deux romans des performances une vid o Paradis de Philippe Sollers des d clinaisons du r el dans Interf rences litt raires Literaire interferenties n 11 L encre et l cran l uvre s dir Karine ABADIE amp Catherine CHARTRAND LAPORTE octobre 2013 pp 75 89 COMIT DE DIRECTION DIRECTIECOMIT Interf rences litt raires Literaire interferenties Multilingual e Journal for Literary Studies David MARTENS KU Leuven amp UCL R dacteur en chef Hoofdredacteur Matthieu SERGIER UCL amp Factult s Universitaires Saint Louis Laurence van Nuys FWO KU Leuven Guilla
15. tr s peu de choses semble motiver ou justifier la pr sence d une image en particulier C est donc de mani re tr s po tique que les images dans Solers au Paradis accompagnent le texte de Paradis 2 ce qui fait que le texte comme les images sont garants de leur s propre s sens et qu ils en cr ent de nouveaux par leur rencontre Dans les performances l articulation discours images fonctionne d ailleurs de mani re identique Il est donc int ressant de se demander quel s sens ou quelles modalit s de constitution du sens attribuer de telles uvres qui qu elles soient prises ind pen damment les unes des autres ou comme une totalit semblent vectrices d une foule de significations Pour r pondre cette question il faudra tenter de comprendre pour quoi Sollers avec Paradis a recours un autre m dium en l occurrence la vid o alors qu il ne lavait fait avec aucun de ses romans pr c dents En effet pourquoi Sollers ne se contente t il pas de pr senter dans des salles des lectures publiques de son roman Pourquoi a t il recours ce dispositif Pourquoi ressent il la n cessit d tre film en train de dire Paradis de lire Paradis de raconter Paradis et d tre pr sent au premier plan alors qu en arri re plan d filent des images C est ces questions que nous tenterons de r pondre afin de d couvrir la vis e du travail interm dial de Sollers et par le fait m me de tenter d
16. Fargier en somme m a donn les moyens concrets de cette exp rience L image donc sort du son et y rentre je r ve que mon corps lui m me est un moment de ma voix je veux faire sentir le roman de ce moment Audio ergo vid o Audio video cogitando ergo sum On remarque qu il ne s agit pas seulement de faire voir le r el mais galement de Phabiter la voix devient ici vectrice de lexistence La voix le son ne sont pas que des moyens de penser le r el de le d cliner pour Sollers mais aussi d en faire ou d en faire faire l exp rience C est le caract re mat riel de la voix qu il cherche mettre au jour D ailleurs ce projet n est pas tout fait nouveau car d s 1980 il tente une premi re fois de le r aliser lorsqu il enregistre la totalit de son texte Paradis I sur cassettes commercialis es depuis Bruxelles par Michel Gheude et les ditions du Purgatoire Ainsi m me si Sollers a d j enregistr sur des bandes sonores la totalit de Paradis insistant ainsi sur l importance de la voix et sur la mat rialit la collaboration avec Jean Paul Fargier semble tre n cessaire pour l crivain il a besoin d un m dium qui rel ve de l image et du son pour faire prendre corps au son On ne peut toutefois pas se cacher que lorsque l on est confront des non c s tels que Audio ergo vid o la vid o n est rien d autre que du son o n voit
17. aire et parce que je le rends n cessaire Te Quel n 1 1960 p 2 80 Catherine CHARTRAND LAPORTE plus complexe qui int resse d sormais est plut t celle de l univers le monde tangible celui qui est visible l il n est plus son objet c est celui intangible et invisible qui l int resse celui qui est de m me nature que la voix la fois invisible mais bien pr sente par la mat rialit du son Ce passage d une po tique du texte une po tique de la voix a lieu d ailleurs au moment m me o se dissout l alliance de P crivain avec l id ologie communiste mao ste et que se manifeste chez lui une qu te spirituelle mystique qui ne peut pas tre dissoci e du catholicisme Le titre Paradis voque bien le d sir de Sollers de pr senter l univers en ce qu il a de plus myst rieux de proposer une vision de l infini de ce que personne n a jamais vu 1 2 Faire voir linvisible par la voix Lorsque Sollers avait pour objet le monde le lecteur pouvait avec plus d ai sance acc der la r alit mat rielle expos e sur la page blanche celle d un texte au tonymique qui mettait au jour l criture dont nous sommes tous constitu s La difficult lorsque l on se donne pour but de faire acc der son lecteur par le biais des mots la r alit de l univers c est que l on tente de lui faire voir l invisible de le faire entrer dans un espace inconnu M me si le
18. ann e elle entra nera cette activit un comble de nervosit d inexpli cables fatigues des dissolutions d pressions d compositions des morts antici p es convoit es brusqu es un suppl ment de crime de frime des s parations guerres convulsions r criminations falsifications dissimulations leuc misations image d un vieillard assis sur le sol canc risations expulsions bref un tat g n ral de crible agit en n ud du tissu rong des ponctions une fr n sie n gation des apoplexies pleins poumons des attaques et des contre attaques rupture de vaisseaux inondation des cervons disjonction des syst mes nervons d hanchements fanatiques rafales d antibiotiques et puis faim et soif et bile et surtout faim et soif partir du foie dans sa bile matriciation omnibile dans sa tellurique omnubilation image de Sollers se regardant dans un miroir que doit faire le narrateur pendant ce temps d abord s adresser un signe de complicit dans la glace un clin d il l g re grimace Dans lextrait choisi seule la derni re image celle de Sollers observant son reflet dans le miroir repr sente de mani re vidente dans la vid o ce que v hicule le contenu du texte alors que les autres images ne sont pas des repr sentations au sens strict du terme du texte lu En effet l image de Sollers Venise celle d enfants se balan ant et celle d un homme assis sur le sol ne miment pas le texte Toutefois elles sont tout de m m
19. caract re m taphysique de Paradis appara t clairement dans les r f rences nombreuses la Bible et La Divine com die de Dante un acc s cet univers au sein duquel personne n a pu p n trer ne peut avoir lieu que par de simples intertextes Il faut en outre que l crivain fasse vivre une exp rience inusit au lecteur afin de lui donner l impression d avoir acc s un univers au sein duquel personne n a pu p n trer C est la narration de Paradis ou plut t son narrateur qui semble offrir une premi re cl de lecture afin d ouvrir au lecteur les portes de cet univers En effet le caract re proph tique du discours dans Paradis ne laisse aucun doute quant au fait que le narrateur est un proph te il est saisi d une parole celle de Dieu qui lui enjoint de parler son tour au nom d une vision nouvelle et plus radicale du monde qui Pentoure et qu il lui appartient d sormais de r v ler Ce n est pas par la vue que l on peut d sormais acc der au r el mais par la voix Pour Sollers ce n est plus par le biais de l image du texte expos sur la page que le r el peut tre per u mais bien plut t par une prise de conscience de l importance de la parole de la voix C est pour cette raison que Sollers tout en continuant refuser le dogme de la repr sentation auquel le langage est condamn continue travailler le signifiant cette diff rence pr s qu il travaille prin
20. cipalement la prosodie les assonances et allit rations comme en t moigne l extrait cit plus haut o l on peut lire convulsions r criminations falsifications dissimulations leuc misations canc risations expulsions Les mots ne sont pas agenc s de mani re signifier ou s auto d signer ce sont uniquement des corps sonores qui ne peuvent qu tre lus m lodieusement et faire musique loreille Ces mots cette criture dont nous sommes tous consti tu s pour reprendre la formulation de Philippe Forest ne sont pas que des corps ce sont des corps qui s expriment qui ont une voix Sollers convie ainsi son lecteur une exp rience ontologique et m taphysique celle du corps qui se transforme en son vibration invisible qui se r pand dans Pair dans l univers qui s incarne dans le r el 26 Philippe FOrEsr Philippe Sollers op cit p 199 27 Ibid p 216 28 Philippe SOLLERS Paradis 2 op cit p 11 81 DEUX ROMANS DES PERFORMANCES UNE VID O Il faut tout de m me tenir compte du fait que Paradis initialement est un texte et qu il existe que sous une forme mat rielle comment alors amener le mot se transformer en son Comment faire comprendre au lecteur que Paradis doit tre lu voix haute pour que le corps se propulse dans Pair par le biais de la voix C est ici que le m dium vid o semble venir jouer un r le de premier plan On navan cera pas que Solle
21. e interf rences litt raires Literaire interferenties Multilingual e Journal for Literary Studies http wwwinterferenceslitteraires be ISSN 2031 2790 Catherine CHARTRAND LAPORTE Deux romans des performances une vid o Paradis de Philippe Sollers des d clinaisons du r el R sum Nous proposons d analyser la vis e du travail interm dial de Philippe Sollers dont le roman Paradis 2 qui participe du cycle romanesque des romans Paradis fait lobjet d une vid o Soflers au Paradis et d une s rie de performances intitul es Paradis Vid o Que ce soit la vid o ou les performances elles sont r alis es par Jean Paul Far gier et mettent en sc ne Philippe Sollers Elles ont galement t analys es dans l essai Sollers vid o Fargier co crit par Fargier et Sollers Nous nous interrogerons quant aux multiples d clinaisons du roman Paradis 2 et aux significations de ce projet multifacettes en prenant toujours en consid ration que le projet de Sollers s inscrit initialement dans la perspective d un renouvellement du r alisme romanesque Il s agira de voir comment la vid o les performances ou l essai visent eux aussi repenser la question du r el et de quelles mani res ils le font Abstract This paper aims to explore Philippe Sollers s inter art work by questioning the meaning of his sudden interest for video while writing his avant garde novel Paradis 2 which itself is the second volume of
22. e l crivain et le vid aste So ers vi d o Fargier une voix sept fois est le titre de ce recueil qui propose des pistes de r flexion quant au sens attribuer aux projets vid os issus de leur collaboration Sept vid os ont vu le jour de l union artistique du r alisateur et de l crivain d sormais acteur ou actant de celles ci Le Trou de la vierge 1981 Sollers au pied du Mur 1983 Sollers au Paradis 1980 1983 S oflers joue Diderot 1984 Godard Sollers l entretien 1984 Le Phallus mis nu 1985 Picasso by night by Sollers 1988 C est Sollers au Paradis que nous nous int resserons car cette vid o s inscrit dans une dynamique interm diale fort complexe et ne peut tre appr hend e qu en tant que rouage d une uvre en cours Bien entendu plusieurs auront fait le lien entre So lers au Paradis la vid o et le roman de Philippe Sollers Paradis Mais si nous employons ici les termes de dyna mique interm diale fort complexe c est que la vid o Solers au Paradis n est pas simplement une adaptation d un roman en vid o ou bien la mise en sc ne film e d un crivain faisant dans une salle obscure sous des projecteurs la lecture d un de ses romans Sollers au Paradis et Paradis sont plut t les maillons d une cha ne de productions artistiques permanentes que Sollers semble encore aujourd hui alimenter et qu il est essentiel de mettre au jour Paradis et Paradis 2 avant d tre publ
23. e la Paix Namur Michel DELVILLE Universit de Li ge C sar DOMNGUEZ Universidad de Santiago de Compostella amp King s College Gillis DORLEINN Rijksuniversiteit Groningen Ute HEIDMANN Universit de Lausanne Klaus H KiEFER Ludwig Maxilimians Universit t M nchen Michael KOLHAUER Universit de Savoie Isabelle KrzywKowsK Universit Stendhal Grenoble IT Sofiane LAGHOUATI Mus e Royal de Mariemont Fran ois LECERCLE Universit Paris Sorbonne Paris IV Ilse LOGIE Universiteit Gent Marc MAUFORT Universit Libre de Bruxelles Isabelle MEURET Universit Libre de Bruxelles Christina MORIN Queen s University Belfast Miguel NORBARTUBARRI Universiteit Antwerpen Olivier Odaert Universit de Limoges Andr a OBERHUBER Universit de Montr al Jan OosreRHOLT Carl von Ossietzky Universit t Oldenburg Ma t SNAUWAERT University of Alberta Edmonton Interf rences litt raires Literaire interferenties KU Leuven Faculteit Letteren Blijde Inkomststraat 21 Bus 3331 B 3000 Leuven Belgium Contact matthieu sergier uclouvain be amp laurence vannuijs arts kuleuven be Interf rences litt raires Literaire interferenties n 11 octobre 2013 DEUX ROMANS DES PERFORMANCES UNE VID O Paradis de Philippe Sollers des d clinaisons du r el En 1988 para t un recueil de textes cosign par Philippe Sollers et Jean Paul Fargier qui scelle les ann es de collaboration entr
24. e li es au texte sur le plan des significations qu elles induisent ne se rait ce que de mani re tr s fragmentaire et ce par l atmosph re qu elles installent ou les sentiments qu elles provoquent chez celui qui les voit et lit ou chez celui qui entend 17 Sollers au Paradis Jean Paul FARGIER r al 1983 60 minutes dans Solers au Paradis Sollers au pied du Mur 120 min France Art Malta 2007 0 02 14 0 03 10 18 Philippe SOLLERS Paradis 2 Paris Gallimard Folio 1986 pp 11 12 78 Catherine CHARTRAND LAPORTE le texte tre dit Ainsi le discours comme les images apparaissant au d but de l extrait semblent r v ler d abord un sentiment de pl nitude sugg r par Sollers couch sur un banc Venise et des termes connotant l immensit S ensuit une impression de fr n sie d exaltation d excitation connot e autant par le texte par le recours au terme perturber que par les images comportant beaucoup de mouvement d enfants se balan ant puis enfin avec l apparition du terme canc risation et de l image du vieillard assis sur le sol c est le d sespoir que d note autant le texte que les images C est donc plut t par connotation que s articule le discours et les images dans Paradis Vid o car il est relativement rare que les images pr sentes en arri re plan soient des repr sen tations strictes du texte lu ce qui fait dire Armine Kotin Mortimer que
25. e relever le d fi qu il lance aux analystes 1 PARADIS 2 LE DERNIER ROMAN AVANT GARDISTE SOLLERSIEN 1 1 Le projet romanesque avant gardiste sollersien Pour bien saisir les raisons pour lesquelles Sollers ne s est pas content de conserver Paradis uniquement l tat scriptural il est imp ratif de se souvenir que comme nous lavons embl e soulign Paradis s inscrit dans le projet romanesque avant gardiste sollersien et qu il marque le terme de ce projet Il semble d s lors n ces saire d voquer l origine m me du projet de l crivain et l volution de celui ci depuis Drame pour tenter de comprendre le sens de cette entreprise interm diale qui met un terme un moment de l uvre de Sollers Dans Te Quel en 1964 Sollers publie le texte A Robbe Grillet Pour un Nouveau Roman dans lequel il d nonce le manque d envergure de la th orie romanesque de ce lui que l on consid re comme la figure de proue du Nouveau Roman Il crit notamment La contestation du roman psychologique et bourgeois accomplie par les ro manciers modernes s est r v l e parfaitement justifi e Sans doute est elle trop souvent tomb e par un f cheux effet de sym trie dans une erreur r aliste 19 V ery little seems to motivate or justify the presence of any particular ne Armine KOTIN MORTIMER Video vs Television Sollers au Paradis ar4cit p 210 Nous traduisons 79 DEUX ROMANS
26. e se d signer lui m me sert donner acc s une r alit qui lui est ext rieure C est d ailleurs pour cette raison que cette image de l crivain se regardant dans un miroir est percutante dans Solers au Paradis car elle est l une des seules qui miment litt ralement ce que le texte dit Mais il semble que Sollers avec Paradis ne souhaite pas uniquement d masquer le signe et mettre au jour la mat rialit du signifiant comme seule r alit du langage comme il le fait dans ses romans avant gardistes pr c dents mais d sire plut t mettre au jour une nouvelle mani re de donner acc s au r el Le regard ne le permettant pas la voix para t donc tre tout indiqu e pour le faire Mais alors pourquoi recourir au m dium fondateur de Pacte du regard la vid o pour mettre au jour le signifiant sonore 2 2 Dart vid o de Fargier au service de l id al romanesque sollersien Comprendre la fa on dont le vid aste Jean Paul Fargier con oit la vid o per met de saisir pourquoi sa collaboration avec Sollers fait sens Fargier pr sente la vid o non seulement comme un m dium qui implique le regard mais davantage comme un art qui convoque l ou e L art vid o passe encore par ce petit objet cette petite fen tre cette optique Il appartient encore au monde du Regard M me s il s agit d un regard indissociablement coupl avec l ou e Un regard qui pour ainsi dire passe par Poreille avant de passer par l
27. ean Paul FARGIER O va la vid o op cit p 3 53 Philippe SOLLERS Journal intime art cit p 12 54 Dominique PA NI Sollers au paradis dans So ers vid o Fargier une voix sept fois op cit p 45 55 Ibidem 56 Jean Paul CURNIER Montrer l invisible crits sur l image op cit p 168 87 DEUX ROMANS DES PERFORMANCES UNE VID O contient la possibilit pour ce que nous voyons d tre la r alit Tout se passe comme si ce que Sollers d busque dans le cycle de Paradis soit dans Paradis Vid o Sollers au Paradis et Sollers vid o Fargier r sidait dans la toute puissance que les soci t s modernes ont conf r e l il pour acc der au r el C est d ailleurs pour cette raison que l image est mise mal par le biais du m dium vid o o elle est affubl e des m mes caract ristiques que le langage cf Sollers se regardant dans le miroir dont l auteur tente de d masquer la fiction dans laquelle il plonge tous ceux qui emploient Cette lutte entre l image et la voix est celle qui est pr sent e dans Paradis car pour Sollers ces uvres qui se d clinent l infini roman extraits performances vid o essai sont un appel la voix incorporelle du p re seule capable de donner acc s la r alit du monde de lunivers et ses myst res Il y expose la dua lit vue voix pour que tous comprennent que l on voit la r alit par la voix et que c
28. es c est que selon lui un myst re mane de cette entreprise vid o Pour lever le voile sur ce myst re il faut d abord s int resser l uvre qui est l origine de la vid o Solers au Paradis les romans Para dis qui s inscrivent dans le projet romanesque avant gardiste sollersien et qui d ail leurs marquent la fin de son projet avant gardiste qui a cours depuis Drame 1965 Le texte de Paradis tout comme celui de Paradis 2 ne comporte aucune majuscule aucune ponctuation aucun paragraphe Je roman fait bloc il d ferle et ne laisse l int rieur de lui m me aucun espace blanc qui en assurerait de mani re classique la respiration tout en facilitant la lecture Outre les particularit s formelles et syntaxiques du texte il est noter qu aucune trame narrative ne peut guider le lec teur dans les m andres vers lesquels l entra ne Paradis comme c est d ailleurs le cas dans les autres romans avant gardistes de Sollers qui s apparentent davantage des po mes fleuves qu des romans L crivain convie le lecteur vivre une exp rience de lecture inusit e en l invitant insuffler au texte son propre rythme le ponctuer 3 Philippe SOLLERS p cit p 23 4 Ibidem 5 Dans Soflers vid o Fargier on retrouve la date de juin 1983 op cit p 25 alors qu Armine Kotin Mortimer ne pr cise que l ann e 1983 art cit p 207 Cette vid o sera comme le note Phi T F
29. guistique occidental Les romans de Sollers en exposant des signifiants sur la page blanche mettent au jour la r alit inh rente au signe linguistique occidental le langage refl te la r alit car la r alit est langage En confrontant le signe linguistique occidental des syst mes s miotiques trangers notamment l id ogramme l crivain tente par le biais de la dialectique de subvertir de transformer le langage et partant la r alit occidentale Le lecteur serait par le fait m me confront non seulement un nouveau syst me s miotique mais galement une nouvelle fa on de concevoir l espace temps c est dire en somme une nouvelle r alit Cette nouvelle r alit serait r v l e par l id ogramme qui symbolise au lieu de repr senter Ainsi les syst mes s miotiques aux quels Sollers a recours sont des langages des mani res de dire qui servent d non cer ou faire r fl chir sur la fonction repr sentative du langage occidental C est donc d une mani re de repr senter le r el et de le concevoir dont il est question dans tous les romans avant gardistes de Sollers Lon peut faire l hypoth se que partant le recours la vid o rev t une fonction similaire bien qu elle ne soit pas int gr e dans le roman mais plut t pr sent e comme une extension une prolongation de celui ci C est pour cette raison que comprendre ce qu est la vid o est n cessaire pour sai
30. i s en tant que romans respectivement en 1981 et en 1986 apparaissent d abord sous la forme extraits depuis 1974 dans Te Quel revue d avant garde fond e entre autres par Sollers en 1960 En 1980 Sollers s associe Jean Paul Fargier et tous deux cr ent une performance film e Paradis Vid o qui met en sc ne Sollers lisant Paradis 2 encercl par des t l viseurs dont les crans diffusent des images pr par es et des 1 La dynamique interm diale fonctionne comme le montre J rgen E M ller de mani re similaire la dynamique intertextuelle ce qu il explique comme suit Dans La R volution du langage po tique Kristeva con oit l intertextualit comme le passage d un syst me de signe un autre La d finition reste convaincante alors quel besoin de cette autre notion qu est l interm dialit Evidemment il y a beaucoup de rapports entre les notions d intertextualit et d interm dialit mais la premi re servit presque exclusivement d crire des textes crits Le concept d interm dialit est donc n cessaire et compl mentaire dans la mesure o il prend en charge les processus de produc tion du sens li s des interactions m diatiques J rgen E M LLER L interm dialit une nouvelle approche interdisciplinaire a th oriques et pratiques l exemple de la vision de la t l vision dans Cin mas revue d tudes cin matographiques Cin mas Journal of Film St
31. ignifiant dans le but d agir sur la signifiance des mots et aussi de faire appara tre le texte sur la surface de la page comme seule mat rialit unique r alit du livre Ainsi le texte n a d autre fonction que de mettre au jour sa propre mat rialit participant du r el comme toute autre chose mat rielle du monde et ce sans d signer pour autant une r alit qui lui est ext rieure Cela pour Sollers est Pultime r alisme Paradis s inscrit donc dans ce projet qui consiste montrer la r alit telle qu elle est r alit qui est le texte lui m me s exposant sur la page blanche et transformant celle ci en toile Progressivement toutefois Sollers passe d une po tique du texte une po tique de la voix et ce compter de Lois 1972 il travaille d sormais davantage la sonorit des mots et le rythme s attardant la scansion produite par leur encha nement et induite par la mat rialit des mots Sa conception de ce qui consti tue le r el semble par le fait m me voluer comme le souligne Philippe Forest qui pr cise que le texte peut d sormais se retourner vers une r alit dont il avait feint de s carter pour en dire la richesse la complexit et la diversit Alors que depuis le premier num ro de Te Quel paru en 1960 Sollers d clare avoir pour seule vis e de pr senter le monde tel quel au cours des ann es o il a entre ptis de mettre en uvre un tel projet celui
32. imement au Paradis Dieu Dieu est celui qui prend corps par la voix c est donc par la voix qu il faut prendre corps Catherine CHARTRAND LAPORTE Universit de Montr al amp Universit de Bordeaux III catherine chartrand laporte umontreal ca 60 Roland BARTHES Drame po me roman dans Th orie d ensemble op cit p 36 61 DANTE Vita Nuova traduit de l italien par G rard Luciani Paris Gallimard Folio bilingue 1999 p 97 62 Jean Baptiste DE BEAUVAIS Loir Dieu Essai sur le visible et le christianisme Paris L Harmattan Ouverture philosophique 2007 p 267 63 Ibid pp 171 172 Interf rences litt raires Literaire interferenties 2013
33. lent pendant ses performances live Si le texte de Paradis et la fa on dont Sollers le performe font en sorte que l criture se trouve emport e dans un mouvement continu qui se solde par un effet d acc l ration conf rant au texte une sorte de mouvement perp tuel for tement rythm la technique vid o semble elle aussi tre fond e en rythme ce que fait remarquer Jean Paul Fargier PArt Vid o n est pas un genre C est un 45 Ibidem 46 Ibidem 47 Armine KOTIN MORTIMER Paradis Une m taphysique de linfini art cit p 3 48 Philippe SOLLERS Spectacle de la voix art cit p 24 49 Ibid p 23 50 Jacques HENRIC H interview dans 477 Press n 3 mars avril 1973 p 17 51 Philippe FOREST Philippe Sollers op cit p 206 86 Catherine CHARTRAND LAPORTE nombre C est un rythme Une fa on d tre de cette boule h riss e d lectrons Et ce rythme s incarne m me dans les images puisque Fargier s accorde le droit de lultra violet et de l infra rouge dans les divisions d cran les balayages les incrusta tions De plus les images vid o elles m mes l image de l criture se succ dent de mani re al atoire Ainsi m me si premi re vue les images pr sent es sont d pour vues du commentaire qui devrait normalement les accompagner c est dire qu il y a souvent dissension entre le texte et les images on a
34. ndiff rence C est une image amn sique comme le sont celles que les mots de Paradis font na tre dans l imaginaire du lecteur et qui s vanouissent aussit t au profit de nouvelles images tout aussi vanescentes que les pr c dentes Si l on s arr te un instant ce que le roman et la vid o semblent avoir en com mun on r alise rapidement que tous deux produisent des images et sont des arts de la repr sentation Jean Paul Curnier dans Montrer l invisible compare les images des miroirs et pr cise qu elles n ont pas d apparence sp cifique Il l explique ainsi Leur tre propre se dissout dans leur fonction de telle sorte que leur exis tence mat rielle s esquive et dispara t au profit d un effet avec lequel elles se confondent Ce qu elles donnent voir d elles ne co ncide jamais avec ce qu elles sont car ce qu elles sont dispara t au profit de ce qu elles montrent 29 Philippe DuBois La Question vid o Entre cin ma et art contemporain Crisn e Yellow now C t cin ma 2011 pp 78 79 30 Philippe SOLLERS Une voix pour l ternit ar cit p 25 31 Philippe DUBOIS op cit pp 61 62 32 Ibid p 62 33 Jean Paul CURNIER Montrer l invisible crits sur l image Arles N mes Acte Sud Chambon Rayon philo 2009 p 159 83 DEUX ROMANS DES PERFORMANCES UNE VID O Les images sont donc toujours vues pour ce qu elles ne son
35. orest pr sent e dans un cin ma parisien o commercialis e op cit p 582 Si dans Sollers Vid o Fargier on retrouve la date de juin 1983 il est aussi pr cis que la vid o est r alis e depuis 1980 Si les images ont t tourn es par Fargier un peu partout travers le monde la performance de Sollers a elle t tourn e en une seule fois sur t l prompteur 6 Philippe SOLLERS Journal intime dans Solers vid o Fargier une voix sept fois op cit p 11 7 Ibid pp 11 12 8 Sur l avant gardisme sollersien voir Philippe FOREST op cit p 230 Armine KOTIN MORTI MER art cit p 207 et Malcolm Charles POLLARD The Novels of Philippe Sollers Narratives and the Visual Amsterdam Rodopi Faux titres 1994 p 64 9 Philippe FOREST Philippe Sollers Paris Seuil Les contemporains 1992 p 201 76 Catherine CHARTRAND LAPORTE en le lisant r crire le texte avec sa subjectivit propre Une quantit infinie de sens peut donc poindre d une telle lecture et aucune signification fixe ne peut tre attribu e au texte ce que met de l avant Armine Kotin Mortimer en pr cisant que le roman soul ve d embl e la question de l interpr tation Le fait de mobiliser un tel type de roman qui semble poser autant de probl mes sur le plan des signi fications qu il induit dans une performance puis dans une vid o peut mener soit une d multiplication des significations de l
36. per formance de Sollers le d but de son Paradis 2 qui alors n est pas encore publi Le texte de Paradis 2 devient ainsi le script de Paradis tel que Sollers l entend ce qui t moigne de son destin filmique Enfin Sollers laisse entendre qu il publiera un jour Paradis 3 dont certains extraits ont d j paru dans Te Quel et plus tard dans la revue L Tnfini qu il a fond e en 1983 L on peut galement consid rer Solers vid o Fargier comme un constituant de cette suite ininterrompue de productions artis tiques car loin de donner des r ponses aux curieux sur la signification que peut rev tir cette entreprise interm diale le recueil semble plut t soulever dans l esprit du lecteur une foule de questions tout en proposant une quantit consid rable de pistes de r flexion En effet au lieu d apporter des r ponses claires ceux qui voudraient comprendre les intentions de Fargier et Sollers Sollers interpelle plut t son lecteur en lui lan ant le d fi de d couvrir les raisons qui ont pr sid la mise en uvre de leur entreprise interm diale Analystes futurs au travail Pourquoi ont ils fait a Fargier et Sollers Com bien d allusions Que veut dire Fargier en se servant de Sollers pour quelles raisons logiques Et moi comment me suis je arrang de cette encombrante poup e qu est Sollers Marionnette utile Polichinelle tao ste 1 Si Sollers lance un tel d fi aux analyst
37. r un univers sans pass et sans futur d habiter un ternel pr sent Aucune signification fixe ne peut donc na tre de l agencement des mots dans Paradis comme de la suc cession des images dans So lers an Paradis qui fonctionnent de la m me mani re Par ailleurs si Pon tente d tablir un lien entre les images qui d filent en arri re plan et le texte de Paradis 2 que r cite Sollers l on se rend vite compte qu il n y en a que tr s rarement de fa on apparente c est dire que les images ne repr sentent que tr s rarement avec fid lit le texte lu Par exemple alors qu en arri re plan se succ dent les images suivantes Sollers couch sur un banc Venise des enfants se balan ant dans un parc un vieil homme seul assis sur le sol devant un b timent la tour Eiffel et une vue de Paris et l crivain observant son reflet dans un miroir Sollers fait la lecture d environ une page de Paradis 2 Il s agit du passage suivant Image de Sollers Venise voil c est reparti a se suit en effet un impor tant groupe de taches s tendant sur pr s de 300 000 kilom tres se d place en direction du centre du disque solaire selon un observatoire de rh nanie westphalie elles devraient l atteindre le 8 ou le 9 avril et ce ph nom ne qui pourrait perturber l atmosph re image d enfants se balan ant terrestre est une des cons quences de la formidable activit que le soleil conna tra au cours de l
38. rs se fait filmer en lisant son Paradis simplement pour donner un mode d emploi pour montrer au lecteur comment il devait approcher le roman Une simple note explicative aurait pu clairer le lecteur sur le caract re oral que devrait rev tir Paradis Non la vid o que ce soit son utilisation dans la performance Paradis Vid o ou la vid o Solers an Paradis permettrait plut t de r v ler la v ritable nature de cette criture qui semble tre si identique ce que nous sommes la fois mati re et son Elle donnerait ainsi acc s la v ritable nature de l tre la fois corps et parole et diff rentes mani res d appr hender le r el de le d cliner une r alit mat rielle celle du monde et une autre inconnue des profanes immat rielle celle de Punivers Elle permettrait de mettre au jour que ce que l on ne peut pas voir peut tre per u par le son 2 ROMAN ET VID O ENTRE IMAGES ET VOIX 2 1 Paradis et la pens e vid o l exercice du regard C est la premi re fois que Sollers met l cran un de ses romans Cependant ce n est pas la premi re fois qu il a recours d autres formes de langage d autres syst mes s miotiques dans ses uvres En effet dans Nombres 1968 et dans Lois 1972 il a recours l id ogramme ou encore la port e musicale dans Lois Ces syst mes s mio tiques sont des langages donc des modes de repr sentation tout comme l est le signe lin
39. rver B atrice ce temps o les noms sont la cons quence des choses qu ils d signent ainsi qu il est crit Nomina sunt conse quentia rerum un temps o la mati re les corps taient d j form s Dans Paradis la mati re n existe pas encore la voix s appr te prendre corps la vue n est pas un sens c est le vide La r alit que cherche mettre au jour Paradis n est en effet pas du tout la m me que celle que Drame souhaitait r v ler On peut m me d celer un renversement total du rapport au r el qu a et que donne lire Sollers entre son pre mier et son dernier roman d avant garde Ce basculement va de pair avec le rapport de l crivain aux id ologies politique et religieuse qui est marqu par son passage du communisme au catholicisme id ologies qui n induisent bien videmment pas le m me rapport la r alit et l existence pas plus qu l criture En effet alors que ce qui prime dans la pens e communiste est la r alit mat rielle c est dire tout ce qui se voit et peut tre vu le catholicisme est fond sur la croyance en un tre Dieu qui ne peut pas tre vu et dont la Parole la voix a donn forme la mati re Pa cr e C est Dieu cet tre incorporel que Sollers dans Paradis tente de dire c est cet tre invisible qu il veut donner acc s Il s agit donc pour lui de faire voir l invisible Selon Jean Baptiste de Beauvais
40. sir quelle fin ce m dium peut servir la po tique de l crivain qui est une po tique de la voix Il est int ressant de remarquer d abord que la description qui est faite de l image vid o qu elle soit utilis e dans le cadre de Paradis Vid o ou qu il s agisse de la vid o Sollers au Paradis semble concorder avec le mouvement m me de l criture de Paradis comme nous l avons soulign plus t t par le caract re po tique des images qu elle 82 Catherine CHARTRAND LAPORTE cr e mais aussi par la conception m me qu ont les th oriciens de ce m dium ind fi nissable et m me originel La vid o ce mest peut tre pas conceptuellement un corps propre mais c est lacte fondateur de tous les corps d image existants C est sans doute pour cela que le mot est et reste en langue latine langue hors temps inactuelle et matricielle g n raliste et g n rique De plus video ce n est pas seulement d une fa on g n rale un verbe f t il en latin C est aussi verbe conjugu c est la premi re personne du singulier de lindicatif pr sent du verbe voir En d autres termes video c est Pacte du regard en train de se faire s accomplissant hic et nunc sous l action d un sujet au travail Cela implique la fois une action en cours un proc s un agent l uvre un sujet et une ad quation temporelle au pr sent historique je vois c est en direct ce n est ni jai vu
41. st convi par Sollers 2 3 Dialectique de la vue et de la voix faire l exp rience des sens Jusqu ce qu il crive Paradis c est le mat rialisme dialectique qui offrait Sollers la possibilit de se jouer de la fonction de repr senter du langage pour Pin troduire dans un nouveau paradigme de la signifiance Le mat rialisme dont son criture proc dait jusqu Paradis est h rit de la pens e marxiste ayant on le sait fortement influenc e la linguistique la m me poque C tait jusque l P il qui devait faire tout le travail de reconnaissance par le regard par la vue tout sujet pouvait acc der au r el Par la simple confrontation sur la page blanche de syst mes s miotiques vari s l id ogramme ou la port e musicale l il devait faire le travail de reconnaissance devait comprendre les possibilit s qu offraient ces syst mes pour transformer le langage et partant le r el C est la vue que Sollers a donc d s ses premiers romans d avant garde assign le r le d tre le sens par excellence permet tant d acc der la r alit et comme le souligne Jean Paul Curnier on a longtemps dit des images qu elles taient les premi res capables de t moigner de la r alit L image si elle n est pas image de la r alit n en est pas moins la garde elle est sa possibilit son v hicule elle est la possibilit de sa pr sence et surtout e lle 52 J
42. t le public Il ne s agit pas pour Sollers de se mettre en sc ne dans un tat de transe mais plut t de communiquer cet tat au public qui assiste sa performance ou qui regarde la vid o Ce n est pas une exp rience individuelle mais collective Il veut donner au public la sensation traumatique d avoir t travers par la voix Il s agit donc pour Sollers de transir le public de la traumatiser de l hypnotiser de amener s oublier s abandonner compl tement pour vivre une r elle exp rience Paradis qu il soit en roman en vid o ou perform devant public sugg re donc un tat ana logue chez le lecteur ou le spectateur Outre la pendule les hypnotiseurs se servent galement de l image d une spi rale pour hypnotiser un sujet Et depuis Lois c est l image du tourbillon donc de la spirale qui semble dominer l imaginaire de l crivain et c est d ailleurs de cette image dont il se sert pour d crire le rythme effr n dont proc de son criture comme il le souligne Pessentiel pour moi ce moment l tait d atteindre un tourbillon de langue une autre scansion signifiante qui fasse surgir massivement le poudroiement du sujet dans l histoire Cette scansion est celle qui semble tre recherch e par Sollers dans l criture de Paradis comme dans sa lecture mais aussi dans les images vid o qui d filent en arri re plan dans la vid o ou qui l encerc
43. t pas plus exacte ment en tant qu tres singuliers elles sont totalement ce quoi elles servent totalement c est dire sans exc dent et sans reste Les mots comme les images sont annihil s par la fonction qui leur est assign e celle de signifier de repr senter ou de pr senter une r alit qui leur est ext rieure Cela fait oublier ceux qui les regardent qu ils existent pour ce qu ils sont et non seulement pour ce qu ils donnent voir D ailleurs cette sc ne qui d file en arri re plan de Sollers dans So ers au Paradis o l on voit Pauteur se regarder dans le miroir au moment m me o les mots qu il prof re sont que doit faire le narrateur pen dant ce temps d abord s adresser un signe de complicit dans la glace un clin d il l g re grimace est particuli re car mots et images se conjoignent pour d noncer la fois la fonction assign e au langage et l image celle de repr senter une r alit qui les d nature Ni l image vid o ni le mot ne devraient tre pris comme garants de la r alit car les mots et les images sont ce qu ils sont des corps et doivent tre dissoci s de leur fonction Il faut donc savoir se soustraire aux modes de repr sentation pour faire voir le r el la r alit doit tre pr sent e et non repr sent e La fonction des images vid o dans Paradis Vid o et Sollers an Paradis est donc de lever le voile sur ce langage qui au lieu d
44. udies vol 10 n 2 3 2000 p 106 2 Les textes qui voquent la performance ne semblent pas s entendre quant la date de cr ation de Paradis Vid o Dans Sollers Vid o Fargier Fargier et Sollers pr cisent que Paradis Vid o a t cr Paris au Centre Pompidou en d cembre 1980 Philippe SOLLERS Spectacle de la voix dans Solers vid o Fargier une voix sept fois Paris d hoc Xavier D Arthuys Portraits d auteurs 1988 p 23 C est la date que nous retenons Armine Kotin Mortimer note plut t que la performance a t cr e en 1982 Armine KOTIN MORTIMER Video vs Television Sollers au Paradis dans Contemporary French Civilization n 28 vol 2 2004 p 207 Philippe Forest quant lui ne pr cise pas l ann e exacte de cr ation de la performance mais souligne que c est presque ans un world tour que Sollers et Fargier s engagent entre 1981 et 1983 E avec Paradis Vid o Philippe FOREST Histoire de Tel Quel Paris Seuil Fiction amp Cie 1995 p 582 75 DEUX ROMANS DES PERFORMANCES UNE VID O images en direct Pendant deux ans entre 1981 et 1983 ont eu lieu quelque vingt repr sentations de cette performance autant en France qu ailleurs dans le monde C est en 198 que sort la vid o Solers au Paradis dans laquelle Sollers performe nonce dit car le terme lire n est pas des plus appropri s pour d crire la
45. ume Willem KU Leuven Redactiesecretaris Elke D HOKER KU Leuven Lieven D HuLsr KU Leuven Kortrijk Hubert ROLAND FNRS UCL Myriam WATTHEE DELMOTTE FNRS UCL CONSEIL DE R DACTION REDACTIERAAD Genevi ve FABRY UCL Anke GILLEIR KU Leuven Gian Paolo GiupiccerTI UCL Agn s GUIDERDONI FNRS UCL Ben DE BRUYN FWO KU Leuven Ortwin DE GRAEF KU Leuven Jan Herman KULeuven Marie HOLDSWORTH UCL Guido Larr UCL Nadia Lie KU Leuven Michel Lisse FNRS UCL Anneleen MASSCHELEIN KU Leuven Christophe MEUR E FNRS UCL Reine MEYLAERTS KU Leuven St phanie VANASTEN FNRS UCI Bart VAN DEN BOsCHE KU Leuven Marc vAN VAECK KU Leuven Pieter VERSTRAETEN KU Leuven COMIT SCIENTIFIQUE WETENSCHAPPELIJK COMIT Olivier AMMOUR MAYEUR Universit Sorbonne Nouvelle Paris I amp Universit Toulouse I Le Mirail Ingo BERENSMEYER Universit t Giessen Lars BERNAERTS Universiteit Gent amp Vrije Universiteit Brussel Faith BINCKES Worcester College Oxford Philiep Bossier Rijksuniversiteit Groningen Franca BRUERA Universit di Torino lvaro CEBALLOS Viro Universit de Li ge Christian CHELEBOURG Universit de Lorraine Nancy ID Edoardo CosrapurA Friedrich Schiller Universit t Jena Nicola CREIGHTON Queen s University Belfast Wiliam M DECKER Oklahoma State University Dirk DELABASTITA Facult s Universitaires Notre Dame d
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