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Les rapports de l`âme et du corps dans la

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1. rendre le contenu de l tat mental indissociable de sa fonction de cette mani re les tats mentaux poss deraient en tant que tels un pouvoir causal et le danger d piph nom nalisme serait repouss En fait l organisme doit tre capable pour survivre dans des conditions environnementales changeantes de se tenir inform des modifications de son milieu Selon Dretske il existe dans la nature des informations objectives c est dire des relations r guli res entre des ph nom nes dont l existence ne repose pas sur la pr sence d un observateur Ainsi par exemple les cercles concentriques d un arbre indiquent ou signifient son ge que quelqu un y prenne garde ou non Certains traits propres au monde physique peuvent ainsi jouer le r le de signaux ou d indicateurs par rapport un certain type d information Dans certains cas il est m me possible que certains syst mes physiques aient t s lectionn s par l volution pr cis ment parce qu ils avaient la possibilit de d tecter un type d informations dont d pendait la survie d un organisme Tel est pr cis ment le cas de l appareil sensoriel des animaux qui a t am nag par la nature pour que ce qui se passe l int rieur de l organisme d pende 40 MILLIKAN 1984 p 7 41 DRETSKE 1988 p 65 18 La philosophie de l esprit contemporaine de ce qui se passe l ext rieur Les cellules neuronales du cerveau aura
2. origine de ces int r ts philosophiques divergents Descartes en effet a tout d abord associ son nom la culture fran aise et son influence m me si elle n est souvent pas per ue en tant que telle est encore aujourd hui tr s sensible La tr s nette division entre le corps et l esprit qui constitue une des affirmations centrales de son syst me a notamment favoris une r flexion sur l esprit enti rement autonome et insensible aux progr s de la recherche scientifique condamn e concentrer son attention sur la res extensa Il n est donc pas si tonnant de constater que la plupart des philosophes francophones s inspirent principalement de la ph nom nologie m thode qui insiste sur la description du r el tel qu il appara t la conscience observation la premi re personne qui ne peut que rebuter les partisans d une description qui se veut objective L h ritage intellectuel des pays anglo saxons est par contre nettement plus favorable un rapprochement entre les r flexions philosophiques men es sur l esprit humain et les recherches scientifiques Une telle compatibilit puise son origine dans la vision mat rialiste des empiristes et notamment de Hobbes qui consid rait que la seule entit apte composer l ameublement ontologique du monde tait la mati re en mouvement du coup l me se trouve soumise une d pendance ontologique par rapport au corps Si la philosophie anglo saxo
3. TOOBY 1994 45 Pour prendre conscience des possibilit s d une approche de ce type voir PROUST 1997 20 La philosophie de l esprit contemporaine en donner une description scientifique le fonctionnalisme ouvrait la voie une science du mental mais donnait dans sa version classique ou computationnelle trop d importance au mod le langagier enfin l instrumentalisme offrait un aper u saisissant des apports que les neurosciences peuvent avoir pour la r flexion philosophique sans viter pour autant l piph nom nalisme L option t l os mantique nous para t finalement constituer un formidable pari explicatif de type naturaliste Le recours la th orie de l volution permet de concevoir l esprit comme un ensemble de bricolages volutifs qui ont servi un moment de l histoire d une esp ce r soudre un probl me de survie et qui continuent co op rer au sein d un syst me cognitif devenu fort complexe De plus ce programme de recherche repose sur l id e que les tats mentaux sont bien r els et il permet de reprendre son compte de vieilles ambitions comprendre les lois de la pens e les m canismes qui pr sident la succession des id es l acceptation des croyances Comment participer l accomplissement d un tel programme Tout d abord il nous para t essentiel de s attacher la notion de repr sentation Actuellement c est en s a
4. de celle de Wittgenstein pour qui les concepts mentaux n appartiennent pas la cat gorie des substances mais celle des propri t s des substances Un auteur contemporain fran ais Vincent Descombes critique lui aussi les conceptions cognitivistes en tentant de montrer qu elles succombent une telle erreur de cat gorie Une telle solution n est cependant pas d nu e de d fauts Ryle reste par exemple tr s suggestif quant la notion de disposition Dire qu il est possible de r duire la croyance de Bill qu il y a de la bi re dans le frigo un ensemble de dispositions se lever de son fauteuil se diriger vers la cuisine ouvrir la porte du frigidaire etc n limine pas pour autant toute r f rence des tats mentaux bien au contraire Bill doit avoir soif d sirer boire se d cider se lever de son fauteuil si confortable etc D finir les tats mentaux RYLE 1949 p 16 10 WITTGENSTEIN 1960 p 41 Voir galement ENGEL 1996 p 171 Engel fait remarquer ailleurs qu une telle conception renvoie en fait la conception aristot licienne selon laquelle l esprit n est pas une substance mais la forme ou la propri t d une substance cf l article de Pascal ENGEL La pens e in Encyclopaedia Universalis 11 DESCOMBES 1995 et 1996 A ce sujet voir mes recensions critiques dans CL MENT 1996 a et 1996 b ainsi que CL MENT 1997 La philosophie de l esprit contemporaine
5. effet la science que notre poque s adresse pour d finir l ameublement ontologique de notre monde et la philosophie de l esprit s inscrit dans un courant r solument moniste ou naturalistes Son probl me consiste donc rendre compte des entit s et des processus mentaux en termes mat rialistes ou physicalistes ce qui n est pas une mince affaire tant donn e leur h t rog n it Diff rentes solutions ont t propos es dont les plus connues sont les suivantes le behaviorisme logique le mat rialisme liminativiste le mat rialisme dit de l identit le monisme anomal le fonctionnalisme computationnel l instrumentalisme et le fonctionnalisme t l o s mantique ELIMINER L ESPRIT BEHAVIORISME LOGIQUE ET LIMINATIVISME 8 Il existe bien s r quelques exceptions comme le prix Nobel Sir John Eccles qui reste r solument dualiste ECCLES 1989 Un auteur comme Colin McGinn avance d int ressants arguments d ordre conceptuel en faveur du dualisme cf par exemple MCGINN 1983 La philosophie de l esprit contemporaine Confront s l incommensurabilit de l univers mental et de l univers physique certains auteurs se sont mis remettre en question l existence m me des tats mentaux La premi re tentative de ce type remonte aux ann es cinquante Gilbert Ryle s attaqua en effet avec verve au dualisme de type cart sien dans son ouvrage fameux The Concept of Mind Mais sa criti
6. grands types de critiques peuvent cependant lui tre adress es les premi res insistent sur la difficult que ce programme rencontre dans l explication de ph nom nes pourtant cruciaux pour la philosophie de l esprit les secondes mettent en doute le r alisme des entit s mentales 31 FODOR Fodor in GUTTENPLAN 1994 p 292 300 13 La philosophie de l esprit contemporaine postul es en s appuyant sur les recherches r centes men es sur le cerveau Les critiques du premier type s adressent principalement au caract re internaliste du point de vue fodorien appel aussi computationnel En se focalisant sur les r gles du langage interne de l esprit Fodor pr che en effet pour une forme de solipsisme m thodologique Mais une telle option pose probl me lorsqu on s int resse des entit s qui sont d finies par leur intentionnalit c est dire par le fait qu elles sont dirig es vers ou propos d objets ou d tats de choses situ s dans le monde Peut on d s lors se borner d finir les tats mentaux par leur r le fonctionnel l int rieur d un organisme Putnam dans une exp rience de pens e fameuse montre qu il n en est rien Il imagine en effet qu il existe une terre jumelle semblable en tout point notre plan te except une chose l eau n a pas pour composition chimique H20 mais XYZ S il existe sur chacune de ces plan tes un homme appelons les respectivem
7. par des structures comportementales semble donc conduire un regressus ad infinitum De plus certaines croyances peuvent ne jamais se traduire en comportements La croyance d Elgar par exemple jardinier de son tat qu il y a eu autrefois de l eau sur Mars a peu de chance d engendrer des comportements qui mettraient au jour une disposition quelconque La tentative liminativiste de Ryle appel e parfois behaviorisme logique est donc finalement bien peu satisfaisante Les progr s r cents des neurosciences ont par contre encourag une nouvelle tentative d limination des tats mentaux L id e qui motive ces efforts est on ne peut plus physicaliste il n y a pas de place au sein du monde tel qu il est d crit par la science pour des entit s telles que les tats mentaux L un des leaders des mat rialistes liminativistes Paul Churchland qui se qualifie lui m me de neurophilosophe se doit donc de remettre en cause la psychologie populaire folk psychology qui pr suppose l existence d entit s telles que les croyances les d sirs ou les douleurs Pour ce faire il insiste sur le fait que la psychologie populaire fonctionne comme une th orie scientifique il s agit d un cadre sp culatif syst matique et corrigible r unissant des informations sous une forme g n rale et qui permet l explication ainsi que la pr vision des comportements Mais cette th orie souffre de d fauts irr m diable
8. r flexion les tats mentaux en s int ressant aux intentions impliqu es lors des processus de communication Mais l auteur qui la philosophie de l esprit doit le plus son statut actuel est certainement Quine Celui ci en remettant en cause la distinction entre nonc s analytiques et nonc s synth tiques supprima l opposition entre ce qui est vrai en vertu de la signification et ce qui est vrai en vertu de l exp rience Il alla m me plus loin en affirmant que si les v rit s proprement conceptuelles ne sont plus s parables des v rit s scientifiques l pist mologie ne constituait plus un domaine r serv au philosophe mais qu elle se devait au contraire d tre naturalis e Cette id e a t encourag e par l mergence d un courant de recherche interdisciplinaire fortement inspir par l intelligence artificelle et dont le but consiste mettre au jour les m canismes de l esprit les sciences cognitives Ce champ de recherche influence aujourd hui consid rablement les philosophes de l esprit comme nous le verrons dans la suite de cet article Le r le de la philosophie de l esprit est aujourd hui crucial dans le monde anglo saxon et elle s est pour ainsi dire arrog e le statut privil gi de philosophie premi re Son d veloppement a t si important depuis une quinzaine d ann es qu il serait tout fait pr tentieux de vouloir en donner un aper u syst matique et exhaustif Da
9. substrat physique de nos activit s physiques ce point de vue est le seul auquel s attachent les neurophilosophes Mais il est galement possible d adopter le point de vue du concepteur design stance qui prend en compte le ce pour quoi une chose a t con ue c est la strat gie du fonctionnaliste t l ologique sur lequel nous revenons plus bas qui vise comprendre la nature d un m canisme en se demandant quel r le il joue dans le fonctionnement d un syst me plus vaste Enfin il est possible d appr hender les choses du point de vue de l interpr te en leur attribuant des croyances et des d sirs qui permettent de rendre compte de leur comportement il s agit l plus sp cifiquement de l option instrumentaliste de Dennett Le probl me principal de la strat gie globale de Dennett r side dans la difficult relier ces diff rents niveaux d analyse chacune des strat gies semble exister de mani re autonome le choix de l une d entre elles reposant sur le bon vouloir de l interpr te et sur les contraintes de la situation Mais comment les capacit s mises en oeuvre au sein de la strat gie intentionnelle reposent elles sur des 37 DENNETT 1991 p 155 38 Ibid p 68 39 MARR 1982 17 La philosophie de l esprit contemporaine fonctionnalit s de l organisme elles m mes rendues possibles par un arrangement physique c r bral L Dennett n apporte pas de r ponses Pir
10. travaux des neuropsychologues et des neurophysiologistes qui ont pu montrer que les structures cervicales sous tendant la dynamique psychologique pouvait varier d un individu l autre On voit d s lors mal comment continuer soutenir qu un certain type d tat mental correspond syst matiquement un type d tat physique donn 19 Cet exemple est propos par GUTTENPLAN 1994 p 91 20 D autres philosophes sont beaucoup plus dubitatifs ce sujet notamment John Searle 1992 21 Les neurophysiologistes ont ainsi pu mettre en vidence la plasticit du cerveau certaines capacit s fonctionnelles pouvant dans certains cas tre prises en charge par d autres tissus c r braux La philosophie de l esprit contemporaine Une autre solution se profile alors l horizon Elle consiste reconna tre le caract re irr ductible des tats mentaux tout en acceptant que ceux ci ne doivent leur existence qu la pr sence d tats physiques on dit alors que les tats mentaux surviennent sur les tats physiques Pour ce faire il suffit de refuser l identit des types un type d tat mental correspond un type donn d tat physique tout en acceptant qu chaque occurrence token d un v nement mental corresponde une occurrence physique sans que pour autant une r duction syst matique du mental au physique soit envisageable Donald Davidson est le philosophe qui a le mieux d fendu cett
11. Les rapports de l me et du coms dans la philosophie de l esprit contemporaine Fabrice Cl ment In Revue de th ologie et de philosophie v 131 no 1 pp 1 24 La philosophie de l esprit contemporaine R sum La philosophie de l esprit jouit actuellement d un d veloppement consid rable dans les pays anglo saxons o elle s est arrog e la position de philosophie premi re Les travaux passionnants qui s effectuent en son sein sont cependant encore relativement peu connus dans nos contr es et c est la raison pour laquelle une pr sentation de quelques unes des facettes de cette discipline s av re utile Pour ce faire l auteur s est attach la question de base de la philosophie de l esprit comment la mati re peut elle donner naissance aux ph nom nes mentaux Autrement dit comment le cerveau brain peut il donner naissance l esprit mind Les principales r ponses qui ont t apport es cette interrogation fondamentale permettront de pr senter le champ des possibles philosophiques et de faire connaissance avec les penseurs qui ont marqu la discipline La derni re partie esquisse certaines voies de solution du probl me Les philosophes europ ens britanniques except s sont encore assez peu nombreux s int resser un domaine qui jouit actuellement d un d veloppement consid rable outre Atlantique la philosophie de l esprit Un clivage historique qui date de trois si cles est l
12. a solution de Davidson si subtile soit elle comporte n anmoins de s rieux inconv nients Elle encourt tout d abord le risque d piph nom nalisme On d signe par ce terme la th se selon laquelle les ph nom nes mentaux ne peuvent exercer d effets causaux dans cette optique les ph nom nes mentaux sont caus s par des ph nom nes physiques mais ils ne peuvent quant eux rien causer du tout Une telle perspective si elle est ontologiquement correcte laisse notre bon sens en rade En effet l encha nement des mouvements physiques qui pr sident l ouverture de la porte du frigidaire ne pourraient en aucun cas tre les effets de mon d sir de boire une bi re De m me on ne voit pas comment la rougeur qui envahit mon visage pourrait r sulter de lorsque les zones pr vues g n tiquement pour cette t che sont rendues inop rantes Voir par exemple CYRULNIK 1995 22 En langage technique on parle dans ce cas d identit token token 23 DAVIDSON Davidson Donald in GUTTENPLAN 1994 p 231 10 La philosophie de l esprit contemporaine ma honte de m tre laiss emporter sous le coup de l alcoo l insulter un ami proche Le risque d piph nom nalisme menace d ailleurs bon nombre des th ories qui tentent de r soudre le mind body problem comme nous le verrons un peu plus loin avec Dennett Mais la proposition de Davidson souffre d un autre d savantage En refusant de reconna tr
13. aient d une force causale sup rieure celle des milliers de connexions qui sous tendaient jusqu ici nos repr sentations Le pouvoir des repr sentations consciemment entretenues et des raisonnements auxquels elles donnent forme peut donc tre immense et il nous faut avouer que la complexit abyssale de l architecture de l esprit sur laquelle repose sa puissance laisse exsangues nos propres capacit s repr sentationnelles Fabrice Cl ment 54 Le probl me de la conscience int resse de plus en plus le champ des sciences cognitives Pour de bonnes pr cisions conceptuelles voir BLOCK 1995 Varela propose une approche originale de la conscience en se basant aussi bien sur les neurosciences que sur le bouddhisme et la ph nom nologie VARELA THOMPSON amp ROSCH 1993 55 La question des m tarepr sentations a donn lieu une litt rature consid rable et passionnantes ces derni res ann es Voir par exemple PERNER 1991 LESLIE 1987 SPERBER 1990 ENGEL in KAMBOUCHNER 1995 Annette Karmiloff Smith et Andy Clark ont tent de donner une description naturaliste des m canismes en jeu CLARK amp KARMILOFF SMITH 1993 24
14. angage de la Pens e ou mentalais L analogie entre les tats mentaux et les propositions est donc c est le cas de le dire prise la lettre Les pens es sont identifi es des phrases dans la t te qui peuvent se combiner selon les r gles syntaxique du langage interne de l esprit pour articuler les processus mentaux Dans notre exemple favori la croyance qu il y a de la bi re dans le frigo donne lieu une phrase en mentalais de la forme il y a de la bi re dans le frigo et celle ci est plac e dans ce que Fodor appelle la suite de Schiffer une bo te croyance De m me le d sir de boire une bi re est plac dans une autre bo te la bo te d sir Il s ensuit une s rie d op rations d ordre syntaxique combinaisons de symboles dont le parcours est gouvern par des r gles qui d bouche sur la mise en oeuvre d un comportement mon d placement vers la cuisine Avec une telle mani re de d crire les ph nom nes de l esprit l objet d tude de la science du mental est tout trouv il s agit de mettre jour la grammaire de ce mentalais qui r gle la succession de nos tats mentaux eux m mes la source de nos actes intentionnels La conception de Fodor a l avantage de constituer une sorte de paradigme qui jouit aujourd hui encore d une importance consid rable et qui est la source de bon nombre des recherches men es dans les sciences cognitives Deux
15. artisans de l identit du physique et du mental les tats et v nements mentaux taient identiques aux tats et v nements physiques ayant lieu dans le syst me nerveux de leurs propri taires Ressentir de la douleur par exemple ne serait rien d autre que d avoir des fibres C en activit 6 Putnam fit alors remarquer qu une telle th orie entra ne une cons quence d mesur e seuls les organismes munis de fibres C seraient en effet susceptibles de ressentir de la douleur Mais n est ce pas faire preuve d un chauvinisme de l esp ce que de dire que seuls les organismes dou s des m mes constituants chimiques que les tres humains pourraient ressentir de la douleur et toutes sortes d autres tats mentaux Selon Putnam il n est pas important en soi que ce soient 24 ENGEL 1996 p 203 25 Toutes choses tant gales par ailleurs Cette expression est utilis e pour d crire des relations causales qui ne sont valables que dans des conditions bien pr cises susceptibles de varier 26 Cf LYCAN Functionalism in GUTTENPLAN 1994 p 317 318 27 Dans un article intitul Minds and Machine in HOOK 1960 11 La philosophie de l esprit contemporaine des fibres C qui entrent en activit ce qui importe c est la contribution de ces fibres l organisme pris comme un tout En fait le r le des fibres C aurait pu tre tenu par un autre composant physique qui se serait charg de la m me
16. au qui il faut l avouer sont encore tr s difficilement saisissables du point de vue neurophysiologique Dans une perspective naturaliste pour laquelle il ne saurait tre question de causalit qu en termes physiques il est ainsi fort difficile de comprendre comment certains raisonnements peuvent tre dou s d une force quasiment causale La mani re dont les lois de la logique exercent leur pouvoir pourra ventuellement tre d crite un jour en termes neurologiques mais il restera difficile de dire s il s agit de n cessit s propres au cerveau ou de n cessit s propres au langage et la communication qui ont ensuite t impl ment es neuronalement Dans le m me ordre d id es il nous arrive de temps autres d prouver des prises de 49 C est cette t che qu il s attelle avec succ s dans DAMASIO 1994 50 DAMASIO 1994 p 117 51 Tbid p 12 52 Un philosophe de l esprit Ronald De Sousa avait pressenti cette importance des motions dans la conduite du comportement DE SOUSA 1987 53 Comme tente actuellement de le faire Changeux CHANGEUX 1992 et CHANGEUX amp DEHAENE 1989 23 La philosophie de l esprit contemporaine conscience qui nous conduisent r viser de mani re r fl chie et parfois tr s rapide des croyances qui b n ficiaient jusque l de toute notre confiance C est alors comme si des repr sentations de niveau sup rieur des m tarepr sentations b n fici
17. bord de Ryle une forme de scepticisme vis vis des tats mentaux relever des r gularit s comportementales ne suffit pas prouver qu il existe un tat mental sous jacent bien d limit qui en serait responsable De la m me mani re ce n est pas parce que certains termes ont une existence dans le langage qu ils renvoient un tat de chose existant dans le monde le sp cialiste des licornes ne s attend g n ralement pas en croiser au coin de la rue Fort de cet a priori m thodologique Dennett s est alors efforc de comprendre comment l esprit cerveau fonctionne Les d couvertes que lui ont r serv les travaux des scientifiques ont confirm ses intuitions les tats mentaux sont des entit s dont on serait bien en peine de donner une description physique tant les entit s c r brales cens es leur correspondre leur sont peu ressemblantes Sur quoi d ailleurs se reposer pour d crire ces tats mentaux En tout cas pas sur l introspection tant celle ci para t peu fiable Dennett d crit par exemple une exp rience ahurissante men e par le neurochirurgien Walter Grey Celui ci avait install des lectrodes directement dans le cortex moteur de ses sujets ce qui permettait leur cerveau de d clencher une action dans un laps de temps tr s court Il leur proposait ensuite de se passer au rythme d sir des diapositives en se servant d un bouton Mais ce bouton tait en fait factice et il n exer ai
18. dont on peine discerner le caract re mat riel La philosophie de l esprit tourne autour de cette difficult paradoxale comment un organe physique peut il produire quelque chose d immat riel Comment le cerveau peut il causer le mental et quel type de causalit ce dernier peut il son tour exercer Face au gouffre qui semble opposer la sph re du mental celle du physique le sens commun a tendance admettre qu il s agit de deux choses radicalement diff rentes il para t en effet bien difficile de r duire la sensation prouv e lors de la contemplation d un site grandiose une simple activation neuronale Le cheminement m thodique de Descartes en lui faisant douter de l existence m me de la mati re tout en lui interdisant dans le m me temps de douter de son esprit en train de douter aboutit une conclusion de ce type le corps et l esprit forment deux substances diff rentes la seconde pouvant exister sans la premi re Une telle conclusion en plus de confirmer le sens commun avait l avantage d encourager le d veloppement de la science d vou e l tude de la res extensa Sans pour autant r futer l existence de l me Mais cette solution dualiste qui ne fait d ailleurs que repousser le probl me de l articulation du corps et de l esprit malgr l hypoth se de la glande pin ale est refus e d embl e par la grande majorit des philosophes de l esprit contemporains C est en
19. e la strat gie intentionnelle ne consiste qu en une projection d tats mentaux th oriques qui ne jouent donc en tant que tels aucun r le causal Bref la th orie de Dennett aussi s duisante soit elle n chappe pas au reproche d piph nom nalisme Vers une solution t l os mantique Dans la derni re partie de ce travail nous allons nous demander s il est possible de sauver les tats mentaux de leur attribuer une nature qui ne les r duirait pas n tre que des piph nom nes d pourvus de toute efficacit causale Pour ce faire il faut arriver les inscrire dans l ordre naturel et causal Fred Dretske et Ruth Millikan se sont efforc s d insuffler la philosophie de l esprit une inspiration biologique Ainsi pour Millikan si nous sommes capables de croire ou de d sirer c est parce que de telles capacit s et les organes qui les portent ont rendu historiquement un service qui nous a aid s prolif rer Pour comprendre le r le des tats mentaux dans l adaptation de notre esp ce au milieu il faut alors s attacher d crire la mani re dont l organisme est reli son environnement Dretske remet ainsi nettement en cause le fonctionnalisme classique qui ne s int ressait qu aux interactions des tats mentaux au sein d un esprit individuel solipsisme m thodologique pour se concentrer sur les relations entre le cerveau et le monde ext rieur Son pari consiste
20. e d arguments notre avis beaucoup plus difficile r cuser remet en question le fondement m me des th ses fonctionnalistes computationnalistes et plus particuli rement l hypoth se du langage de la pens e en doutant de leur r alisme Autrement dit le fonctionnalisme est critiquable parce qu il est difficilement compatible avec les connaissances actuelles sur le cerveau humain Il existe ainsi aujourd hui une querelle au sein des sciences cognitives entre les partisans du cognitivisme classique et les d fenseurs du connexionnisme Pour ne pas nous perdre dans les d dales de cette 32 Pour une pr sentation simple proposant un panorama des th ories propos es et l esquisse d une nouvelle solution dite de l naction voir VARELA 1996 14 La philosophie de l esprit contemporaine dispute nous allons nous appuyer sur un auteur Daniel Dennett pour montrer comment le fonctionnalisme de Fodor peut tre attaqu Cela nous permettra par la m me occasion de pr senter la solution de Dennett au probl me des rapports entre le corps et Pesprit LA STRAT GIE INSTRUMENTALISTE DE DANIEL DENNETT Dennett se consid re lui m me comme le fruit d un croisement entre Ryle et Quine m tin d une curiosit d ing nieur le conduisant s int resser sans rel che la mani re dont les choses fonctionnent Une telle g n alogie permet de mieux suivre le cours de sa pens e Dennett h rita tout d a
21. e des lois psychophysiques et en insistant sur le caract re holistique du mental il condamne toute approche scientifique de la sph re du mental A la limite Davidson condamne les efforts des psychologues en vue de construire une science de l esprit et les encourage interpr ter au coup par coup les diff rents r seaux d attitudes propositionnelles qui sous tendent de fa on chaque fois originale les comportements des individus Abandonner l ambition de donner une description du mental en termes scientifiques repr sente cependant un bien grand prix payer Cela d autant plus que comme le remarque Pascal Engel il existe dans un grand nombre de cas des relations suffisamment syst matiques entre la sph re de mental et la sph re du physique pour que l on puisse envisager des r ductions partielles Les r gularit s qui sous tendent la vie mentale sont donc susceptibles de donner lieu des lois psychologiques de nature statistique plus pr cises que de simples lois ceteris paribus m me si leur pr cision est loin d tre quivalente celle des lois physiques LE FONCTIONNALISME Un courant philosophique tr s important en philosophie de l esprit s est fait le farouche d fenseur de l existence d un ordre de ph nom nes mentaux pouvant donner lieu une tude scientifique le fonctionnalisme Ce mouvement s est oppos la fois au mat rialisme de l identit et au behaviorisme On a vu que pour les p
22. e et laisse envisager une description plus fine du dynamisme de nos processus mentaux Ce caract re dynamique de la vie mentale a d ailleurs t peu trait jusqu pr sent en philosophie de l esprit Ce d sint r t est d pour une part l importance donn e la notion d fat mental notion qui encourage in vitablement une perspective assez statique Mais surtout la philosophie de l esprit conform ment l esprit des sciences cognitives s est jusqu ici peu attach e la dimension motionnelle qui joue pourtant sans aucun doute un r le fondamental dans la dynamique du mental Si les motions ont 47 Ce m canisme est bien d crit par CHANGEUX 1983 48 Damasio parle ce sujet de repr sentations potentielles DAMASIO 1994 p 139 22 La philosophie de l esprit contemporaine peu retenu l attention des philosophes de l esprit contemporains c est en partie en raison de la difficult aborder ce sujet sous un angle qui corresponde aux ambitions naturalistes Cette angoisse l gitime peut cependant tre temp r e ici aussi gr ce aux travaux des neuroscientifiques et des biologistes Damasio a ainsi d montr que les motions jouent un r le tout fait fondamental au coeur m me des processus cognitifs de traitement de l information remettant ainsi en cause la division traditionnelle entre la raison et les passions d pourvu de passions l homme est un animal qui raisonne fort ma
23. e option g n ralement appel e monisme anomal Son argument comporte trois parties 1 tous les v nements mentaux sont reli s causalement des v nements physiques 2 si deux v nements sont coupl s par une relation de cause effet alors il existe une loi stricte sous laquelle ils peuvent tre subsum s et 3 il n existe pas de lois psychophysiques strictes qui permettraient de relier les v nements mentaux avec des v nements physiques Aucune r duction du monde mental au monde physique n est ainsi envisageable m me si tous deux appartiennent au m me univers ontologique Pour justifier une telle impossibilit Davidson s appuie sur le caract re holistique du mental Les tats mentaux que l on d crit sous la forme d attitudes propositionnelles comme croire que d sirer que etc n existent pas isol s les uns des autres leur identit est au contraire en partie due leur position au sein d un large r seau d autres attitudes Ces associations peuvent varier d individu individu la croyance en une forme de vie extra terrestre peut prendre des formes fort diff rentes et chez un m me individu au cours du temps Il est par cons quent absurde de penser que des lois psychophysiques valables universellement puissent tre d couvertes La sph re du mental ne peut donner lieu qu des interpr tations et celles ci sont chaque fois troitement d pendantes d un contexte L
24. e rationalit la lumi re desquelles nous interpr tons le comportement de nos semblables 6 De plus la possession d une th orie neurobiologique pr cise ne nous emp cherait pas n cessairement de recourir des notions comme celles de croyance ou de d sir pour rendre compte du comportement de nos semblables apr s tout le terme chaise continue tre utilis m me si on peut en rendre compte dans les termes de la physique Enfin l liminativisme ne rend pas compte de la force de nos intuitions concernant les tats mentaux et de leur succ s pr dictif L encore l option liminativiste n est finalement gu re satisfaisante Eliminer les tats mentaux sous pr texte qu ils ne s int grent pas la vision du monde d limit e par les sciences physiques nous appara t ainsi tre une option radicale dont les d fauts ne compensent pas la biens ance ontologique Le pari consiste alors proposer une interpr tation des tats mentaux qui cadre avec la vision moniste pr conis e par les philosophes de l esprit Certains auteurs s y sont essay s avec plus ou moins de succ s LA TH ORIE DE L IDENTIT ET LE MONISME ANOMAL Pour sauver les tats mentaux tout en respectant une conception mat rialiste une solution se pr sente assez spontan ment l esprit et c est d ailleurs une des premi res avoir t d velopp es chronologiquement il suffit de dire que les tats mentaux sont identiq
25. ent Oscar 1 et Oscar 2 alors ces jumeaux sont en tout point similaires la mol cule pr s Et pourtant m me si aucune diff rence fonctionnelle ne permet de les diff rencier leurs tats mentaux ne sont pas strictement les m mes lorsque face un lac ils disent ceci est de l eau puisque la signification du terme eau n est pas la m me dans les deux cas le r f rent est H20 dans un cas et XYZ dans l autre Par cet exemple Putnam montre que l on ne peut faire abstraction des relations avec l environnement par lesquelles se d finissent les tats mentaux Un autre probl me se pose avec les qualia les sensations subjectives associ es au fait d prouver un tat mental difficult qui a elle aussi t soulev e par une exp rience de pens e dite du spectre invers Il se pourrait en effet qu une chose dite rouge apparaisse en fait verte certains individus Et pourtant comme leur erreur est automatiquement corrig e par leur inversion de vocabulaire elle passe inaper ue aussi bien pour les uns que pour les autres Bref toutes les personnes impliqu es dans cette exp rience peuvent tre consid r es comme fonctionnellement identiques tout en prouvant des qualia fort diff rents Il faut donc bien admettre que l hypoth se fonctionnaliste peine rendre compte de la nature des tats mentaux que ce soit sous l angle de l intentionnalit ou de l exp rience sensible Une autre lign
26. fonction Du coup les diff rents types d tats mentaux n ont plus tre identifi s certains types d tats physiques 1l faut plut t les rapporter des r les fonctionnels plus abstraits d finis par leurs relations avec des entr es des sorties et d autres tats psychologiques de l organisme La proposition de Putnam en attribuant une certaine dignit ontologique des tats de l organisme situ s entre le stimulus et la r ponse comportementale avait galement l avantage de s opposer aux pr ceptes behavioristes qui dominaient encore la psychologie exp rimentale Le behaviorisme pour satisfaire tout prix les crit res scientifiques refusait d accorder aux tats mentaux inobservables par d finition une place dans ses explications et se bornait travailler sur des r gularit s stimulus r ponse Avec le fonctionnalisme les psychologues d couvraient une nouvelle possibilit de sonder la bo te noire que constituait pour eux l esprit la voie tait ouverte au cognitivisme Ce terme d signe les travaux de tr s nombreux chercheurs qui partagent tous une vision commune 1 les psychologues doivent s attacher la description des tats et des pisodes mentaux pour d crire le comportement et 2 les tres humains et les autres organismes psychologiques doivent tre consid r s comme des syst mes de traitement de l information Avec de telles pr misses l tude de l esprit tro
27. ganisme Ces tats complexes du syst me nerveux central jouent donc un r le causal en vertu du contenu repr sentationnel qui est le leur Autrement dit les caract ristiques mentales qui leur sont propres sont fondamentales et exercent en tant que telles un pouvoir causal bref les tats mentaux sont bel et bien r els Si ma soif me conduit en direction du frigo c est parce que je dispose d une structure c r brale repr sentationnelle qui joue pour moi le r le d une carte cognitive et c est l activation de celle ci qui me permet d adopter un comportement efficace me diriger vers le frigo Les tats mentaux ne sont alors pas des irrealia mais bien des structures dot es d efficacit causale La t l os mantique de Dretske et Millikan comporte de nombreux avantages Elle s inscrit tout d abord dans une perspective biologique qui permet de consid rer les tats mentaux comme le fruit d une s rie d adaptations physiques s lectionn es au cours de l histoire de l esp ce Une telle approche permet de simplifier quelque peu les probl mes pos s par la complexit de l esprit humain en remontant aux facteurs qui ont favoris l mergence de telle ou telle capacit le cerveau peut ainsi tre vu comme un syst me qui a d s quiper de diff rents m canismes fonctionnels pour r soudre certains types de probl mes Comme les nombreuses difficult s auxquelles sont confront es les esp ces ani
28. ient alors t s lectionn es du fait qu elles taient capables de repr senter certains traits de l environnement De ce fait le syst me sensoriel est compos d organes gr ce auxquels des d pendances continuelles sont maintenues entre l ext rieur v nements publics et l int rieur processus neuronaux Ainsi un tat du cerveau acquiert des propri t s mentales lorsque sa fonction consiste transporter de l information dans le cas de la perception ou l utiliser dans le cas de la croyance Les tats mentaux peuvent ainsi tre consid r s comme des tats internes d un syst me ayant pour fonction de fournir et de mobiliser de l information afin de participer au contr le du comportement Comme le dit joliment Dretske l esprit terme permettant de d signer l ensemble des fonctions permettant l organisme de rester en contact avec le milieu afin de s y adapter serait en quelque sorte la face externe du cerveau Dans une telle conception les tats mentaux tout en n tant rien d autre qu une certaine organisation de traits c r braux en relation avec des traits physiques externes exercent bel et bien une causalit qui leur est propre S ils ont t recrut s parmi d autres tats physiques r seaux de neurones c est parce qu ils ont la propri t de pouvoir repr senter un trait de l environnement dont la mise en m moire constitue un avantage pour l or
29. ind Brain 13 CHURCHLAND Folk psychology in GUTTENPLAN 1994 p 308 14 CHURCHLAND Eliminative Materialism and the Propositional Attitudes in LYCAN 1990 p 210 15 CHURCHLAND amp SEJNOWSKI Neural Representation and Neural Computation in LYCAN 1990 La philosophie de l esprit contemporaine synaptiques entre les neurones qui permettent un organisme d incarner des connaissances g n rales et des habilet s skills Selon les liminativistes c est ce niveau que les capacit s mises en oeuvre dans l interpr tation des comportements d autrui sont rechercher et non dans une pseudo th orie psychologique dont les lois seraient connues de tous Mais est il si simple d liminer la psychologie populaire et les tats mentaux qui lui sont associ s Certains arguments prouvent qu une telle limination peut tre remise en cause Tout d abord la th se de Churchland n est valide que dans la mesure o la psychologie populaire est bel et bien une th orie au sens scientifique du terme Or un tel qualificatif ne semble pas lui convenir car il est bien difficile d admettre que la psychologie populaire soit v ritablement une th orie empirique du mental Plut t que des lois elle nous fournit des recettes des bricolages psychologiques Si comme le montre Pascal Engel il s agit bien d un savoir celui ci est essentiellement pratique et il pourrait tre d crit au moyen de r gles normatives d
30. l L hypoth se de Damasio est que les syst mes impliqu s dans le raisonnement et la prise de d cision sont troitement reli s avec ceux qui sous tendent la r gulation biologique Les circuits bio r gulateurs doivent en effet tre tenus au courant de ce qui se passe dans toutes les parties de l organisme Le caract re bon ou mauvais des situations rencontr es leur est ainsi constamment signal ce qui leur permet de r agir de fa on pr programm e sur les processus en cours La capacit percevoir les motions constitue ainsi un m canisme permettant de d tecter la bonne ou la mauvaise ad quation entre les adaptations de l organisme et les circonstances ext rieures Les motions jouent alors un r le directeur fondamental dans la conduite de nos activit s mentales en les orientant vers l endroit o la bonne d cision en terme de survie doit tre prise gr ce la mise en oeuvre de capacit s cognitives plus r centes en termes d volution On le voit le r le des motions para t d s lors si fondamental qu il semble impossible de s en passer pour rendre compte des ph nom nes mentaux Enfin la volont de comprendre comment l esprit peut merger du cerveau l me du corps nous a forc nous focaliser sur des ph nom nes mentaux l mentaires Il ne faudrait n anmoins pas oublier qu une part importante de notre activit c r brale met en jeu des processus de haut nive
31. males sont souvent homologues l tude de l esprit dans une perspective 42 Thid p 62 43 DRETSKE in GUTTENPLAN 1994 p 260 19 La philosophie de l esprit contemporaine naturaliste peut ainsi s appuyer sur le fonctionnement d organismes plus simples afin de saisir les m canismes fondamentaux l oeuvre dans l esprit humain cette approche volutionniste nous para t plus que prometteuse De plus un tel cadre th orique accorde aux tats mentaux une v ritable dignit ontologique et permet d envisager leur tude dans une perspective qui soit la fois naturaliste et fonctionnaliste tout en vitant tant que faire se peut la d rive piph nom naliste Ce programme de recherche n est n anmoins pas d pourvu de d fauts de jeunesse Tout d abord des notions fondamentales comme celles d information de fonction ou de contenu repr sentatif sont relativement peu d velopp es Dretske donne l impression de consid rer les tats mentaux comme des enregistrements qui une fois stock s semblent se caract riser par une certaine inertie Comment d s lors rendre compte du dynamisme des tats mentaux et notamment du caract re plus ou moins flexible des croyances De plus l approche t l ologique s est focalis e sur la description d tats mentaux l mentaires labor s en r ponse des r gularit s environnementales Il est nettement plus difficile de voir comment aborder dans une telle
32. nne ne s est pas concentr e plus t t sur les l Pour un recueil de textes qui mettent bien en vidence les oppositions entre philosophie analytique et ph nom nologie voir JANICAUD 1994 La philosophie de l esprit contemporaine probl matiques complexes engendr es par cette d pendance des tats mentaux par rapport aux tats c r braux c est probablement parce qu un certain nombre de probl mes pos s par des philosophes allemands l ont longtemps troubl e Ainsi Kant s attacha la connaissance a priori et la mani re dont nous devons penser Frege en s int ressant particuli rement des objets logiques et math matiques montra que les significations ne sont pas rechercher dans la t te mais qu elles sont au contraire porteuses d une objectivit qui d passe les esprits individuels Pour viter de renvoyer le sens ce troisi me monde fr g en quelque peu myst rieux les philosophes analytiques se sont longuement concentr s sur le langage qui en tant que r servoir public de significations continue inspirer de nombreux chercheurs visant saisir les relations qui unissent les mots ce qu ils signifient Un certain nombre d v nements ont favoris l closion et l importance de plus en plus grande de la philosophie de l esprit notamment aux Etats Unis Une des sources de ce changement provient de la philosophie du langage elle m me puisque celle ci va r introduire dans sa
33. ns les 2 Sur la gen se de la philosophie analytique voir DUMMETT 1988 3 Ces diff rents facteurs sont bien d crits par ENGEL 1994 4 L article fondateur est GRICE 1957 5 L article de Quine Les deux dogmes de l empirisme a t traduit en fran ais in JACOB 1980 Jacob propose galement dans cette ouvrage une lumineuse introduction aux probl matiques philosophiques qui ont conduit la philosophie de l esprit contemporaine 6 Pour une histoire de l mergence des sciences cognitives et une description de leurs diff rents champs d int r t voir GARDNER 1985 et DUPUY 1994 La philosophie de l esprit contemporaine pages qui suivent l accent sera port sur un aspect central de toute r flexion portant sur l esprit les rapports entre l me et le corps ou pour le dire dans des termes plus modernes entre l esprit et le cerveau Les diff rentes solutions qui ont t apport es ce probl me ont l avantage de mettre en vidence les principales lignes de partage qui caract risent la philosophie de l esprit contemporaine De plus comme il s agit d une question centrale laquelle la plupart des grands auteurs ont tent d apporter une r ponse cette probl matique permettra de pr senter quelques uns des grands personnages qui r gnent sur cette discipline Nous terminerons en proposant une mani re de voir les choses qui permette de tenir compte des avantages de diff rentes positions tou
34. on pour Dennett le fait qu une telle strat gie fonctionne dans de nombreux cas ne signifie pas que le syst me poss de effectivement des tats comme des croyances ou des d sirs cela est particuli rement vident dans le cas o l on dit qu un ordinateur ne veut pas ex cuter une op ration parce qu il n a pas assez de m moire vive par exemple Au contraire les entit s mentales sont son avis des abstracta des concepts abstraits comparables ceux de centre de gravit ou de ligne de l quateur Les croyances ou les d sirs ne font ainsi pas partie de l ameublement du monde ils sont des instruments qui nous permettent d approximer le comportement de nos semblables et qui ont t s lectionn s pour cette raison par l volution Et comme le langage joue un r le crucial dans la ma trise d une telle strat gie intentionnelle il peut nous conduire 35 DENNETT 1991 p 93 36 DENNETT 1987 est consacr cette strat gie de l interpr te 16 La philosophie de l esprit contemporaine en nous for ant donner des formes verbales aux tats mentaux supposer que les croyances et les d sirs sont des phrases stock es quelque part dans notre t te 7 Selon Dennett c est pr cis ment l erreur commise par Fodor qui se serait laiss berner par les caract ristiques de surface de la psychologie populaire en attribuant une dignit ontologique toutes les entit s suppos es pa
35. orps n est plus inextricable Les d fauts de cette th orie ont cependant rapidement t mis en vidence Tout d abord s il est vrai que les propri t s mentales sont identiques des propri t s physiques ou neurophysiologiques alors selon la loi de Leibniz toutes les propri t s qui sont vraies dans le domaine du mental doivent tre vraies dans le domaine physique Or la nature du mental a quelque chose de fondamentalement subjectif et qualitatif il est en effet difficile de soutenir qu une sensation de douleur ou de honte n est en fin de compte rien d autre qu une d charge neuronale Une autre difficult est issue du progr s simultan de l intelligence artificielle et des neurosciences certaines d marches que l on croyait strictement r serv es l esprit humain comme le calcul le raisonnement ou la prise de d cision ont ainsi pu tre impl ment es dans des machines De telles r ussites ont encourag les philosophes envisager la possibilit de r aliser certains tats mentaux ind pendamment du substrat c r bral humain En cas de succ s il deviendrait impossible de dire que tout tat mental n est rien d autre qu un tat physique donn puisque diff rents syst mes physiques pourraient donner naissance au m me tat mental Une telle conclusion qui renvoie ce que les philosophes appellent la r alisabilit multiple des tats mentaux est d ailleurs soutenue par les
36. perspective des tats mentaux plus complexes qui mettent en jeu des raisonnements des changes interpersonnels ou encore des id ologies LA NATURE DES REPR SENTATIONS MENTALES Mis part l effort d organisation inh rent l laboration d un tat des lieux en philosophie de l esprit l ordre de pr sentation des diff rents courants de pens e que nous avons suivi refl te bien videmment des pr f rences et des options personnelles A vrai dire nous avons vu que chacune des tentatives visant r soudre le probl me des relations entre le corps et l esprit apportait certains l ments satisfaisants sans combler pour autant notre curiosit Le dualisme flattait notre sens commun mais heurtait notre Weltanschauung scientifique du monde le behaviorisme logique mettait fort justement l accent sur la nature dispositionnelle de bon nombre d tats mentaux mais ne parvenait pas v ritablement les liminer le mat rialisme liminativiste s appuyait sur une description du cerveau pertinente mais sans nous convaincre que nous pourrions nous passez des tats mentaux le mat rialisme de l identit montra rapidement ses limites le monisme anomal acceptait de prendre en compte les tats mentaux mais se refusait 44 T suffit par exemple pour s en convaincre de lire les travaux que Cosmides amp Tooby ont men dans une optique volutionniste TOOBY amp COSMIDES 1990 COSMIDES amp
37. ppuyant principalement sur ce concept que les critiques d une conception r aliste des tats mentaux exercent leur travail de sape Pour Vincent Descombes par exemple il est absurde de penser que le rapport au monde est m diatis par des repr sentations con ues d apr s le mod le des objets physiques En effet si l on ne pouvait entrer en contact avec le monde que par l interm diaire de repr sentations con ues sous la forme de pr sences l esprit alors elles devraient se manifester nous d une mani re ou d une autre Mais o pourraient elles bien faire acte de pr sence Y aurait il repr sentation sur la sc ne du th tre cart sien de l esprit Si tel tait le cas il faudrait imaginer un public quelqu un qui puisse contempler les id es repr sentatives autrement dit des homoncules capables d observer de l int rieur ces entit s repr sentatives Une telle cons quence absurde d un point de vue scientifique conduit de plus une r gression l infini car on peut ensuite se demander ce qui se passe dans l esprit de ces homoncules Bref pour sauver les tats mentaux il faut davantage s interroger sur la nature des repr sentations Ce travail peut b n ficier des apports des neurosciences qui utilisent abondamment la notion de repr sentation Mais celle ci n est pas tout fait un objet comme un autre qui en tant que tel pourrait entrer dans des relations causales du type boule
38. prit contemporaine noires les symboles utilis s ont une existence mat rielle et disposent par l m me de certaines propri t s 1ls refl tent la lumi re d une certaine mani re ils exercent une influence gravitationnelle minuscule mais en principe mesurable etc Mais ce que j ai crit est aussi s mantiquement valuable cette phrase est vraie si et seulement s il y a effectivement un chat sur le paillasson Pour se sortir d affaire il faudrait donc pouvoir trouver un moyen de traduire le fonctionnement de l esprit au moyen de symboles Or les d veloppements de l informatique ont montr qu il tait possible de prendre au s rieux l analogie entre l esprit et l ordinateur A la suite de Turing on a construit des machines capables de manipuler des informations gr ce aux propri t s mat rielles lectromagn tiques des symboles impliqu s dans les op rations De plus une machine correctement programm e est capable de garantir la coh rence s mantique les valeurs de v rit des symboles qu elle manipule Dans une telle perspective les processus mentaux peuvent alors tre consid r s comme des interactions causales entre des symboles mentaux ou des repr sentations interactions r gl es par une syntaxe qui pr serve la coh rence s mantique des contenus mentaux Autrement dit la succession de nos tats mentaux est un processus causal gouvern par les r gles d une grammaire mentale un L
39. que adress e ce qu il appelle le dogme du fant me dans la machine ne s applique pas qu au dualisme cart sien Croire qu il existe des tats mentaux rel ve en effet selon lui de l erreur de cat gorie Son exemple devenu paradigmatique permet d illustrer ce qu il veut dire Imaginons qu un touriste visite l Universit d Oxford On lui montre les diff rents coll ges les biblioth ques et autres salles de cours A la fin de la visite on lui demande comment il a trouv l Universit d Oxford et celui ci d u et tonn r pond Mais enfin je ne lai pas vu cette Universit Le touriste s attendait donc voir un objet circonscrit appel Universit et il ne se doutait pas que ce terme se bornait d signer l ensemble des b timents visit s De mani re similaire pour savoir si quelqu un est intelligent on ne va pas se mettre la recherche d une substance particuli re situ e quelque part dans son cerveau On va plut t se demander quels types de comportements sont susceptibles de rendre manifeste l intelligence ce qui est test ce sont des capacit s et des tendances Autrement dit il est erron de rechercher derri re le comportement un double cach qui en rendrait compte Ryle laisse ainsi sugg rer que l esprit ne sert qu d signer des structures de comportement et qu il peut en derni re instance tre r duit au comportement Une telle conception est d ailleurs proche
40. r ce qui n est finalement rien d autre qu une technologie sociale Pour reprendre ses termes la psychologie populaire n est qu une m thode d interpr tation id alisante abstraite et instrumentale qui est un produit de l volution parce qu elle marche et qui marche parce que nous sommes des produits de l volution La pens e de Dennett qui utilise les recherches scientifiques r centes pour tordre le coup nos intuitions est l une des plus stimulantes qui existent sur le march des id es en philosophie de l esprit Elle permet par ailleurs de profiter des avantages de plusieurs des conceptions pr sent es jusqu ici Tout d abord en s attachant la mani re dont se fabriquent concr tement nos pens es Dennett s inscrit pleinement dans le courant naturaliste et profite des avanc es r centes des neurosciences Mais d autre part il ne rejette pas proprement parler le fonctionnalisme et l ambition corr lative d tudier en tant que telle la dynamique des tats mentaux c est surtout au fonctionnalisme de Fodor et son hypoth se du langage de la pens e qu il en veut Si Dennett peut cumuler autant d avantages c est parce qu il pense tout comme David Marr que les choses de l esprit peuvent se d crire selon trois niveaux diff rents et donner ainsi lieu trois strat gies descriptives On peut tout d abord adopter le point du vue du physicien en d crivant le
41. s Tout d abord elle ne fournit aucune explication des maladies mentales de l imagination cr ative de la diff rence d intelligence entre individus du r ve de la construction d images en trois dimensions des illusions perceptives de la m moire Ensuite elle n a pas progress de mani re sensible depuis au moins 2500 ans les Grecs semblaient en effet utiliser un cadre d explication similaire Enfin elle peine s inscrire dans le d veloppement exponentiel des neurosciences Bref tout porte croire que cette th orie n est qu un programme scientifique d g n r dont il faut se d barrasser au plus vite Du coup les croyances d sirs ou autres douleurs ne sont que des configurations d v nements neuronaux dont les neurosciences arriveront bient t rendre compte au sein d une th orie scientifiquement correcte ramenant ainsi ces notions au rang de mythes utiles au m me titre que le phlogistique des chimistes du XVIIIe si cle Selon Patricia Churchland Smith et Terence Sejnowski la nouvelle th orie de l esprit radicalement r ductionniste devrait beaucoup au connexionnisme mod le qui permet de simuler les interconnexions des neurones Or ce sont pr cis ment les connexions 12 Churchland a notamment crit A Neurocomputational Perspective Il collabore r guli rement avec son pouse Patricia Smith Churchland neurophysiologiste auteure de Neurophilosophy Toward a Unified Science of the M
42. s de billard Sans entrer dans les d tails les neurophysiologistes consid rent que les repr sentations renvoient des assembl es de neurones reli es par des connexions dont le nombre et la force sont pour la plupart d termin s dans les interactions avec le milieu Ce sont ces assembl es de neurones qui jouent le r le d indicateur dont parlait Dretske Lorsqu une assembl e entre en activit 46 DESCOMBES 1996 21 La philosophie de l esprit contemporaine alors que quelque chose d important pour la survie de l organisme est capt par le syst me perceptuel elle peut tre s lectionn e et devenir porteuse de l information en question Mais un tel enregistrement n est pas consid rer comme une fiche sur laquelle serait d finitivement inscrite l information ou comme une image coll e dans un album mental Le r seau neuronal en question est plut t consid rer comme une sorte de mode d emploi permettant de reconstituer un peu sous la forme d un hologramme l information qui a laiss une trace dans le syst me nerveux au moyen de connexions synaptiques Ainsi ce ne sont pas proprement parler des objets mentaux qui sont stock s mais la marche suivre pour reconstituer selon les besoins de la situation les informations qui ont donn lieu une inscription C est la raison pour laquelle les tats mentaux qui peuvent d s lors tre vus comme des ensembles complexes d ac
43. t aucun effet sur le projecteur Le r sultat fut surprenant les sujets avaient tous l impression que le projecteur anticipait leur d cision alors qu il ne se d clenchait en fait que lorsque le potentiel d action tait lanc et enregistr par les lectrodes Une telle exp rience corrobor e par d autres du m me type semble montrer que la conscience est la tra ne par rapport aux processus c r braux qui contr lent effectivement notre corps Il est par cons quent hautement critiquable de baser une th orie de l esprit sur nos introspections qui par d finition n ont acc s qu aux ph nom nes conscients En fait notre esprit se d compose en une 33 DENNETT in GUTTENPLAN 1994 p 236 34 DENNETT 1991 p 212 La philosophie de l esprit contemporaine myriade de micro m canismes stupides mais calibr s par l volution de mani re produire des comportements intelligents Ces m canismes op rent en nous sans que nous nous en apercevions et lorsque nous pr tendons utiliser nos pouvoirs d observation intime nous sommes en fait toujours en train de nous engager dans une forme de fh orisation improvis e En fait lorsque nous nous interrogeons sur ce qui a pr sid notre comportement nous appliquons nous m mes un type de raisonnement comparable celui que nous appliquerions pour expliquer le comportement de quelqu un d autre C est ce point que nous rencontrons la seconde inspira
44. t en vitant un certain nombre de leurs pi ges LA PHILOSOPHIE DE L ESPRIT Donner de but en blanc une d finition du concept d esprit s av re extr mement p rilleux tant donn que d une part cette notion recouvre des usages parfois divers et que d autre part la plupart des d finitions refl tent d embl e une certaine conception philosophique Rappelons tout d abord que les anglo saxons utilisent le mot mind et non pas spirit par exemple et que c est donc la s mantique de ce terme qui doit diriger nos interrogations Samuel Guttenplan a demand ses diff rentes vol es d tudiants ce qui selon eux manifeste la pr sence d un esprit Ce sondage d opinion philosophique laisse appara tre une liste de verbes qui pour ces tudiants anglo saxons indiquent la pr sence d un esprit La liste mentionnait des verbes tels que croire se repr senter r ver imaginer aimer percevoir d cider agir intentionnellement avoir mal etc Pour d signer cet ensemble de facult s partag es par tout chacun les philosophes parlent de psychologie populaire folk psychology d signant par l l ensemble des conceptions qui nous permettent de comprendre expliquer pr dire et manipuler le comportement de nos semblables Autrement dit le concept d esprit renvoie dans ce contexte ce qui ce passe dans nos t tes la vie psychique ou mentale qui sous tend nos comportemen
45. tion de Dennett Quine Si les tats mentaux ne renvoient en fait pas des entit s discr tes et isolables comment se fait il que nous utilisions des concepts comme croyance d sir ou intention dans nos explications quotidiennes strat gie qui entra ne d ailleurs un certain succ s pr dictif En fait la vie en soci t exige que nous soyons capables d interpr ter le comportement de nos semblables Or si ce comportement r sulte effectivement des activations simultan es de millions de neurones reli s entre eux par des connexions qui ont t calibr es par la s lection naturelle et l apprentissage individuel alors le syst me en cause est d une telle complexit que tout comportement resterait d finitivement impr visible L volution aurait alors s lectionn dans le r gne humain une strat gie interpr tative facilitant la vie en commun la psychologie populaire Cette derni re permet chacun de nous de mettre spontan ment en oeuvre des concepts mentalistes qui produisent une approximation tout fait satisfaisante de la plupart des comportements Il s agit donc d une strat gie qui consiste attribuer un syst me quel qu il soit il s agit le plus souvent d tres humains mais galement d animaux et m me de certains artefacts un ordinateur ou v nements naturels une tornade les croyances et les d sirs qu il est cens avoir tant donn sa place et ses objectifs Mais attenti
46. tivations reconstituant au coup par coup des pans entiers d informations ne peuvent tre vus comme des objets exer ant une causalit en vertu de leur forme ou de leur poids comme peuvent le faire des boules de billard Leur pouvoir causal les repr sentations le doivent aux multiples trajets lectriques qui se propagent au sein des assembl es de neurones qui les constituent Mais ces derni res ne peuvent mettre en oeuvre leur force que dans la mesure o elles sont rassembl es pour donner lieu un tat mental C est en ce sens que l on peut dire que les tats mentaux surviennent sur les tats physiques Vues sous cet angle les repr sentations ne sont plus alors consid rer comme un quelque chose que l on pourrait compter ou d nombrer En tant que supports d information les assembl es de neurones dont les interconnexions sont quasi infinies peuvent donner naissance des repr sentations sensiblement diff rentes selon le contexte qui leur donne vie Ainsi une repr sentation qui s est constitu e principalement par le biais des activations visuelles ne renvoie pas forc ment une image d finie une fois pour toute de fa on immuable elle peut prendre plusieurs formes et tre activ e de mani re diff rentielle selon le contexte Imaginez une bi re est elle en bouteille dans une chope blonde brune froide ti de Cette mall abilit des repr sentations correspond d ailleurs bien notre exp rienc
47. ts et nos r flexions La philosophie de l esprit va alors tenter de rendre compte de ces tranges entit s mentales que sont les attitudes propositionnelles comme les croyances ou les d sirs les perceptions ou les sensations aussi appel s qualia ou encore les motions et les intentions autant d entit s qui peinent trouver leur place au sein de la sph re scientifique 7 GUTTENPLAN 1994 An Essay on Mind p 6 Cet ouvrage constitue une sorte de Bible pour tous ceux qui s int ressent la philosophie de l esprit Les articles concernant les philosophes les plus importants ont g n ralement t crits par ces auteurs en personne ce qui leur permet d expliciter leurs positions de mani re synth tique Nous nous sommes largement servi de cet outil de travail lors de la r daction de cet article La philosophie de l esprit contemporaine La question fondamentale est alors ontologique de quel type de choses s agit 1l La richesse de notre vie intime laquelle nous pouvons avoir partiellement acc s par introspection laisse supposer l existence d objets mentaux qui d ployent pour nous quelque chose comme des paysages int rieurs Et pourtant nous en sommes aujourd hui bien convaincu tout cela se passe dans notre t te c est dire au sein de notre cerveau Ce dernier serait ainsi un organe physique susceptible de produire des images des pens es et des sensations autant d entit s
48. ues aux tats physiques ou neurologiques Cette hypoth se appel e 16 ENGEL 1994 a p 62 17 ENGEL 1994 b p 541 18 LEWIS 1966 et LEWIS Reduction of Mind in GUTTENPLAN 1994 p 412 La philosophie de l esprit contemporaine mat rialisme de l identit est attractive car en identifiant chaque type d tat mental avec un type d tat physique elle semble s inscrire dans la logique m me du progr s scientifique Prenons en effet l exemple de la lumi re Avant que ne se d veloppent les th ories de l lectricit la lumi re devait constituer un ph nom ne v ritablement trange Une fois l lectricit d couverte la lumi re a pu tre ramen e un rayonnement lectromagn tique Attention il ne s agit pas de dire que la lumi re est caus e par un tel rayonnement mais qu elle n est rien d autre que ce rayonnement lectromagn tique Dans le m me ordre d id e le but n est pas de dire que les tats mentaux sont caus s par des d charges neuronales mais qu ils ne sont rien d autre que des configurations de d charges neuronales Pour les d fenseurs de ce type de physicalisme il est possible d tablir des nonc s passerelles permettant de subsumer les r gularit s de la psychologie sous celle de la neurophysiologie Si les propri t s mentales de l esprit sont identiques des propri t s sous jacentes du cerveau le probl me des rapports entre l me et le c
49. uvait alors une alli e de poids l intelligence artificielle Jerry Fodor est un des philosophes qui a le plus travaill au rapprochement de disciplines aussi diverses que la philosophie la psychologie l intelligence artificielle et la linguistique Il admet tout d abord que les tats mentaux sont dou s de pouvoirs causaux Mais il pr cise imm diatement qu ils doivent galement tre s mantiquement valuables une croyance par exemple renvoie quelque chose et elle peut donc tre vraie ou fausse selon ce qu elle affirme de cette chose Les tats mentaux sont ainsi des entit s paradoxales d un c t ils se comportent comme des propositions en tant s mantiquement valuables mais les propositions sont des objets abstraits d nu s de pouvoir causal et d un autre c t ils sont semblables des objets physiques en tant munis d une certaine force causale Pour r soudre ce probl me Fodor s inspire du fonctionnement des ordinateurs et met les symboles au centre de son explication Les symboles ont en effet la fois des propri t s s mantiques et des propri t s mat rielles Si j cris par exemple sur une pancarte le chat est sur le paillasson en grosses lettres 28 Pour une introduction fouill e aux diff rents domaines regroup s sous ce terme voir le recueil dit par ANDLER 1992 29 LYCAN in GUTTENPLAN 1994 p 319 30 Voir par exemple FODOR 1987 12 La philosophie de l es

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