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Comptes rendus (Lecture seule) - Archives de philosophie du droit

1. l aide du bagage solide d une discipline dont il a tant contribu faire reconna tre la sp cificit et qu il a r ussi imposer en France la philosophie p nale tudie et analyse fond cette nouvelle conception de la criminologie qui s appelle Criminologie de l acte criminologie laquelle Mme N grier Dormont a consacr la plupart de ses recherches Et ce n est pas tout Gr ce la philosophie p nale con ue comme m thode critique M Tzitzis d montre l importance des investigations philosophiques dans l actualit du crime et de la punition Ce livre vise en effet nous faire voir autrement certaines id es fondamentales qui r gissent lunivers du crime et de la punition du coupable et de la victime Ainsi Mme N grier Dormont jette un nouveau regard sur le forfait en le situant comme acte dans l actuel p 1 Gr ce la philosophie p nale une ontologie criminelle est tablie qui ne s oppose pas malgr tout aux donn es ph nom nologiques des autres criminologies Dans cette perspective Mme N grier Dormont pr sente une architectonique de la crimi 444 COMPTES RENDUS nologie de l acte qui est soutenue avec vigueur et rigueur par les d monstrations de M Tzitzis La philosophie p nale se r v le un moyen indispensable pour mettre en lumi re tout le potentiel de la criminologie de l acte Dans cette optique M Tzitzis d crit les lignes fondamentales de la philosophie p
2. poque fasciste qui avait bris tout espoir d ind pendance Mais ce sont peut tre les exc s du fascisme avoir jou un r le d terminant dans la recherche d ind pendance qui allait voir dans la fronde de 1970 son point culminant et qui devait amener les juges italiens d fier le pouvoir l gislatif et devenir ainsi le tour nant de l histoire de la magistrature italienne Le juge pense le juge contr le le juge applique la loi mais la loi juste et c est la grande lutte contre le formalisme juridique Mais au moment m me o le juge s l ve face aux autres pouvoirs sa responsabilit doit s accro tre pour freiner ses envies d ind pendance Cette dialectique n est pas achev e la situation politique italienne ne permet pas d battre dans la s r nit et les auteurs concluent Dans la situation actuelle caract ri s e par de graves tensions sociales l extension de la responsabilit du juge sans justes limites pourrait amener de graves distorsions pour liminer les abus des juges on risque de favoriser les abus des autres surtout dans les cas o le pouvoir politique et le pouvoir conomique pourrait recourir des instrumentalisations et des intimidations Il faut ainsi mettre en uvre des garanties sans lesquelles le m tier de juge deviendrait un m tier difficile d passant la raison Et c est bien le d bat actuel Carlo Alberto BRUSA Francesco D AGOSTINO
3. quit repr sente Par l le formalisme de la loi et toutes les tentations positivistes qui visent transformer la valeur en simple validit logique est d pass L tude de l quit est le point culminant d une premi re s rie d tudes qui clairent le primat de la justice sur tout volontarisme aveugle d racin de son fondement onto logique Toutes elles manifestent le sens de l articulation du politique sur le juridique comme un moyen est orient sa fin comme un ensemble de conditions au mouvement de la vie qu elles assistent sans en tre les causes Le mur de la Cit est le symbole d une nouvelle limite qui s pare en les unis sant l ordre du politique et celui des personnes L apparence mat rielle du mur d signe la possibilit de la guerre inscrite dans le politique mais son sens symbolique renvoie sa fonction unificatrice et protectrice de l homme individuel qui a pouvoir par la pa role et l action de d terminer les quilibres de la nature des choses La figure grecque de la polis est encore tr s loign e de l conomie de march de sa rationalit abstraite et nivelante Mais elle contient les germes de la d cadence qui m nera aux ali nations modernes Car la rationalit du discours politique qui transforme la violence des conflits en les harmonisant dans une coexistence pacifique ne d passe pas un niveau tr s g n ral ou n est pas envisag e q
4. D s lors passant de la th orie la pratique la philosophie politique peut s laborer en faisant fond sur les r gles fondamentales de ce droit naturel Le concept de R publique porte leur panouissement intra mondain les l ments constitutifs du droit naturel et l art de gouverner de bien gouverner s inspire de cette souverainet clair e capable de respecter la libert de pens e ou de conscience et de pratiquer la tol rance dont Leibniz loue l lectrice Sophie de l avoir si bien comprise Mais le plus important est sans doute pour Leibniz d appliquer aux relations entre tats les principes de la jurisprudence universelle Il pense alors que si dans une Europe que d chirent les guerres la paix est n cessairement un bien en revanche la paix per p tuelle dont parle l abb de Saint Pierre risque fort d tre un mal Conscient de la dif COMPTES RENDUS 453 ficult qu il y a quilibrer une paix durable Leibniz examine tour tour les facteurs mat riels principalement d mographiques et conomiques et les facteurs culturels tels que l ducation les soci t s savantes les associations ir niques l glise qui devraient permettre l av nement de la paix Ainsi le droit naturel installe sous sa l gislation la subsistance de la personne priv e et publique grosse de son pr sent de son pass et son avenir Le devenir universel est bien dans ces conditions
5. l tat lib ral de ne pas atteindre son but mais de viser trop bas p 223 etc En bref toutes ces qualit s font de cet ouvrage et par del Constant une excellente introduction et conclusion l histoire des id es politiques de la p riode moderne Ren S VE COMPTES RENDUS 459 Francisco CARPINTERO Los inicios del positivismo juridico en centroeuropa L mergence du positivisme juridique en Europe centrale Madrid d Actas 1993 C est essentiellement en r action contre la pens e politique et juridique du Si cle des Lumi res que se d veloppe le positivisme juridique de fait il marque une opposition radicale l esprit philosophique du XVII si cle Le premier tiers du si cle suivant voit donc merger ce ph nom ne complexe dont le professeur Francisco Carpintero s attache mettre en vidence les diverses nuances en indiquant des aspects parfois incompa tibles Dans cet ouvrage dont on appr ciera la concision l auteur montre d une part qu une plus grande sensibilit aux valeurs humaines g n re la r volte de la conscience contre la raison voire contre l go sme raisonnable caract ristique des Lumi res en g n ral et Kant en particulier dans la mesure o celui ci et son cole ont port les th ses jusnatura listes modernes au summum de leur perfection conceptuelle D autre part il souligne que les ann es 1800 s acheminent vers la construction d finitive de l tat
6. autres animaux mais animal quand m me Derri re tant d clarations ou de conventions internationales l approche choisie va l essentiel qui a droit la vie et pourquoi Devant l animal qui souffre Devant l tre humain sans d fense et qui demande vivre vivre comme les autres Vers quoi oriente l horizon du droit le sens de la souffrance COMPTES RENDUS 461 Une sorte d id ologie et m me de religion des droits de l homme et un esprit d imita tion propre satisfaire les mes sensibles ont conduit l affirmation solennelle des droits des animaux une d claration du 15 octobre 1978 a t labor e sous l gide l UNESCO Et une autre en 1982 dans le cadre du Conseil de l Europe partir ces textes qui paraissent bien extravagants ainsi que dans tout un contexte favorable la protection des b tes et surtout des animaux de compagnie Janine Chanteur suit nouveau tout le parcours qui a finalement si cle apr s si cle abouti la D claration de 1789 ou l a accompagn e D o un panorama philosophique ininterrompu depuis les Grecs et les Latins en passant par Descartes Hobbes Locke Rousseau Kant On constate au passage quel point l animal a t de tout temps objet de r flexion philoso phique par et pour l homme Rien d tonnant si le droit du code civil tout en consid rant les animaux comme des choses les distingue cependant des c
7. en particulier qui d finira une forme d entra ne ment moralement admissible sans disposer d j d une th orie morale ou politique qui COMPTES RENDUS 475 devrait pouvoir convaincre de cette admissibilit Il semblerait ainsi que la difficult a t davantage d plac e que r solue Plus convaincantes sont les consid rations du chapitre sur l h t rog n it de la morale o l auteur argumente efficacement en faveur d une conciliation volontaire ment non l gante donc non r ductrice des principes d ontologiques et cons quentia listes sous la forme de trois r gles empiriques p 117 Quoi qu il en soit ces positions comme toutes celles exprim es dans cet ouvrage sont toujours issues d une rudition solide et jamais pompeuse et d une puissance intel lectuelle rare Ren S VE Thomas NAGEL galit et partialit PUF Philosophie Morale 1994 199 p Diviser pour mieux cerner il ne s agit pas l d un pr cepte l usage des chefs mili taires mais d une d marche caract ristique de la philosophie de Thomas Nagel Apr s avoir entrepris de reconsid rer la question de l unit de la conscience la lumi re d exp riences neurophysiologiques de bissection du cerveau humain voyez notamment Questions mortelles traduit en 1983 et publi aux PUF ainsi que The View From Nowhere Oxford University Press 1986 voici que ce passionnant philosophe recons truit
8. ence des r flexions de Cha m Perelman au regard de leurs propres pr occupations tels Fran ois Ost et Michel van de Kerchove qui se r f rent avant tout aux th ories du jeu p 127 et s ou Charles Leben lorsqu il examine le principe d galit devant la loi et la th orie de l interpr tation judiciaire p 215 et s prenant pr texte de la th orie de la justice de Perelman qui maintient la soumission du juge la loi travers principa lement le principe d galit pour consacrer son analyse aux th ses de l cole r aliste am ricaine qui rel ve le juge de toute entrave et l estime non seulement v ritable l gisla teur de la r gle mais encore tout puissant l gard du fait par le maniement de la qualifi cation Mais plus intrins quement l ensemble de l ouvrage vise tout d abord montrer que Perelman a construit le pont entre l analyse des vieilles techniques et les enjeux les plus modernes Ainsi Romain Laufer aborde L actualit de l empire rh torique histoire droit et marketing p 77 et s pour renouer avec la d finition de la rh torique comme technique de l opinion d marche dont le marketing est une figure moderne en ce qu elle est la forme de la rh torique adopt e par des organisations et non plus par un individu Dans la m me veine Stamatios Tzitzis d montre que les valeurs de Perelman logi 472 COMPTES RENDUS cien aux prises avec la r alit sociales
9. il fallait s duire les juristes dont il r ussit constituer une quipe exceptionnelle autour de lui et dont plus largement il r organisa l ensemble sous les esp ces d une soci t judiciaire nouveau coh rente et par l pr te recevoir le grand uvre du code civil M me si le texte fina lement adopt est la fois le plus long et le moins r volutionnaire de tous ceux qui ont t propos s p 287 Au total ce livre profond se lit comme un roman d Alexandre Dumas avec le s rieux de l historien en plus raison pour laquelle on en a suivi ici le d roulement aussi fid lement que possible En outre les amateurs de th orie g n rale y trouveront une masse consid rable d informations historiques juridiques sociologiques directement exploitables c est tout de m me un moment privil gi que celui d assister f t ce avec un l ger diff r de deux si cles l accouchement d un syst me juridique Philippe JESTAZ J B ERHARD Du droit du peuple faire la r volution et autres crits suivi de deux tudes de S Colbois et H G Haasis Lausanne L ge d homme Raison dialectique 1993 Publi vingt quatre ans par celui qui fut appel dans les cercles de Kant et de Schiller miracle de la raison pratique ce droit du peuple est un classique dont ses commentateurs ont raison de rappeler quel point l autorit reste actuelle l gal celle d
10. la fin de l ancien R gime E G raud Llorca et une interrogation sur L existence d une doctrine commercialiste dans l ancienne France J Guyader num rant les critiques adress es par les professeurs royaux de droit fran ais l encontre du droit f odal par le biais d une lecture rudite de leurs ouvrages le premier r v le une forme paradoxe n ayant eu gu re d influence pratique sous l ancien R gime le mod le de propri t exclusive qu ils d veloppaient fut repris par les codificateurs Ce dont il faut d duire que l article 544 ent rine moins une pratique ant rieure qui aurait t en conflit avec des principes d pass s qu une conception du droit de propri t n e d une r flexion th orique Le second article dessine un portrait en demi teinte de la fa on dont les commercia listes ont per u le titre IV de l ordonnance du 23 mars 1673 sur le commerce de terre relatif aux soci t s L auteur y montre en effet que la doctrine est rest e trop attach e sa lettre sans pouvoir d gager de grands principes qui la d passe et n a pas abord la question des soci t s de capitaux qui n y figurait pas se coupant ainsi des innovations de la pratique Au point que ce d faut d abstraction et de perception de la pratique des 492 COMPTES RENDUS affaires lui permet de conclure qu il n y eut pas proprement parler de doctrine commercialiste dans l ancienne France p
11. nale Il recherche ses origines dans la philosophie des Anciens et nous montre avec beaucoup de clart l volution de la pens e philosophique de l tre au ph nom ne La philosophie p nale combine de la philosophie ontologique et de la th orie ph nom no logique Elle est mati re et m thode Elle explore la gen se du crime et nous en d crit le cheminement pour tablir une d ontologie du droit de punir p 34 Dans ce contexte M Tzitzis approfondit l id e de la criminologie de l acte comme logos du crime p 40 et compare ses donn es aux donn es des autres criminologies dites criminologies du traitement Or les assises de ce livre sont philosophiques et permettent ainsi l ouver ture la criminologie de prendre son essor De cette mani re M Tzitzis nous brosse le tableau de l ontologie criminelle qui consiste en la cons cration de l acte par la r tribution p 51 Les moyens de d monstra tion l auteur les puise dans l Antiquit hell nique qu il conna t si bien de l int rieur Mais il n en reste pas l Pour comprendre le crime et la punition il faut comprendre l homme le sujet du crime et l objet du ch timent Il entreprend donc une tude l homme l aide des conceptions des philosophes qui ont beaucoup r fl chi l existence humaine tels que Hobbes Descartes Kant Schopenhauer Nietzsche Sartre Marcel Jaspers p 61 et s Il donne par l l occasion M
12. sont entre tradition et modernit p 151 et s Le livre a encore le m rite de tirer profit des d monstrations de l auteur honor pour clairer des l ments majeurs du droit positif C est une fa on particuli rement judi cieuse de rendre hommage une pens e s affirmant comme op ratoire Ainsi Fran ois Terr consacre sa contribution l office du juge pour y mesurer l apport de la rh torique de Perelman p 245 et s r cusant pour cela la th orie du syllogisme judiciaire qui n est souvent qu artifice mais aussi l affectio veritatis ir nique n cessaire la th o rie concurrente de la dialogique pour montrer non sans quelque distance le lien troit entre proc s et controverse En outre la lecture de cet important ouvrage collectif donne une id e du degr d uni versalit de la rh torique perelmanienne Un article sp cifique y est consacr par Michel Canivet Le principe thique d universalit et la discussion p 381 et s Sa d monstration forme une vaste boucle autour de Perelman entre Kant Habermas et Rawls pour tenter de concevoir l universel en se lib rant d une pens e monologique sans aboutir l ind cidable Mais on peut mesurer aussi l universalit l aptitude cette pens e proposer une explicitation d autre corpus que celui constitu par le droit ou tre l objet d une migration dans d autres syst mes juridiques Le pr
13. volution du droit n assure plus sa primaut ou sa l gitimit p 182 Pour accepter la possibilit m me d une telle strat gie il faut au pr alable admettre qu il existe un COMPTES RENDUS 491 groupe homog ne susceptible de la mettre en uvre donc une matrice En outre jamais l auteur ne s interroge sur le point de savoir si ceux qui critiquent cette volution du droit ne le font pas d une mani re disons plus d sint ress e parce qu ils estiment tort ou raison que tel qu il volue le droit m ne une impasse Quoiqu il en soit cette analyse de la doctrine des XIX et XX si cles incite pro longer la r flexion en s int ressant la doctrine pr c dant le code civil qui est analys e dans une contribution relative La doctrine civiliste avant le code civil Dans une lumineuse synth se qui couvre pr s de sept si cles l auteur J L Thireau expose les deux r les qui ont t jou s par une doctrine ancienne dont il rappelle le r le fondamen tal lors de la r daction du code civil Celle ci est d abord l interpr te des lois pp 17 36 tudiant l h ritage m di val puis les divergences de la doctrine moderne l auteur plaide ici en faveur des bartolistes serait il excessif de leurs comparer les ex g tes du XIX si cle qui poss dant un sens tr s aigu de la pratique ils se per daient d j au service d une client le priv e surent difi
14. 107 L autre versant de l ouvrage est consacr e des questions plus actuelles qui ont pour objet de r v ler les mutations doctrinales contemporaines Il faut ici retenir en premier lieu une excellente contribution exactement sous titr e La doctrine constitutionnelle la recherche d une l gitimit juridique et d un horizon pratique Son auteur B Fran ois y d montre quel type de relations ont tabli les n o constitutionnalites positivistes p 212 avec le mod le du droit administratif en ayant d abord tir avantage en vue de conf rer une juridicit accrue une mati re la quelle ils veulent voir attribuer le statut de discipline juridique autonome ils le criti quent plus ouvertement aujourd hui pour affirmer son particularisme et la noblesse son objet p 218 Puis il montre par quels moyens ses d fenseurs essaient aujourd hui d affirmer sa primaut au sein de l ordre juridique que ce soit par la r cup ra tion du normativisme kels nien ou la recherche d une l gitimit historique et m thodo logique et quelles formes de r sistances ils se heurtent ce qui nous vaut un rappel des fortes pages consacr es par Ch Atias la civilisation du droit constitutionnel Vient ensuite une int ressante r flexion sur le comit consultatif national d thique Constitue t il une autorit de doctrine p 240 s interroge son auteur J Ch Galloux qui y r pond p
15. La d mocratie a lutt dans une pre mi re phase de son d veloppement contre l ali nation des hommes par la servitude institutionnelle et elle lutte dans un deuxi me temps contre l ali nation par l change in gal Enfin Y Simon aborde les relations entre d mocratie et technologie Aux tats Unis il y a une croyance populaire selon laquelle une soci t constitu e de petites communaut s de fermiers favorise la d mocratie et l autonomie Y Simon compare type de soci t la soci t industrielle des villes et examine les chances que ces deux mod les offrent la d mocratie pour se d velopper Il conclut en remarquant que dans une soci t technologique g n rant l isolement de l individu o la famille est clat e ce sont l information la communication qui permettent l homme de conserver un sen timent de communaut Si la soci t traditionnelle est favorable au d veloppement de la d mocratie la technique peut am liorer certains aspects de celle ci Nathalie BLANC NO L 480 COMPTES RENDUS Christophe GRZEGORCZYK Fran oise MICHAUT et Michel TROPER dir Le positivisme juridique L G D J 1993 515 p Il s agit d un recueil de textes mais pas n importe lequel puisque ceux ci ont t mi nutieusement tri s par l quipe de recherche du Centre de Th orie du Droit de Paris X Nanterre puis assembl s selon un ordre on ne peut plus r fl chi et pr sent s enfin par l
16. Le principe moral de la propri t r unit le concept lib ral qui la justifie par le travail individuel et le concept juridique de propri t relative appropriation effective des biens qui comprend plus que n en permet le premier La propri t fait l objet d un interdit qui la limite en faisant une place au besoin d autrui L auteur est aussi l un des premiers faire une th orie de l argent t moin de l existence de fait d un tat capable de produire un quiva lent universel de la propri t Enfin si la guerre est condamn e moralement et les pra tiques de l arm e critiqu es plusieurs fois il faut cependant toujours savoir la mener plut t que renoncer ses droits Philosophe du commencement Erhard est conscient d avoir su viter les hypo th ses sur la naissance de l tat Aucun pouvoir politique ne s est constitu sur la base d un renoncement du peuple ses droits puisque c est le pouvoir politique au contraire qui a permis au peuple d exister comme tel Mais le peuple une fois constitu r v le par ses m urs le fait qu il est le v ritable destinataire du pouvoir en tant que communaut rendue solidaire par le partage d une m me sensibilit la vertu Les classes dominantes ont donc le devoir de gouverner mais aucun motif revendiquer des droits personnels au dessus de l histoire 458 COMPTES RENDUS L dition de ce texte est pourvue de notes pr cieuses Ell
17. celui l m me de la pluralit des mondes r els Donc l avenir de notre globe terrestre est comprendre la lumi re du pr sent remuant dont les transformations incessantes expriment l em prise des r gles et des valeurs de justice qu enveloppe le droit naturel Leibniz dit Andr Robinet qui remet de la sorte leur juste place les th mes leibni ziens ne propose ni une utopie ni une uchronie en int grant la transcendance dans le transcendantal des primordialit s il cis le plut t le message dans lequel s entre croisent les notions fondamentales d un Dieu concept pour une soci t percept dans un bonheur affect Au rythme de l horlogerie jurisprudentielle Leibniz accomplit avant Kant la r volution copernicienne qui retourne les architectoniques de la cause et de la force en condition et en raison Dor navant le meilleur tient compte du r el de venu relation Aussi est il temps que disparaissent les illusions r alistiques et que dans la R publique optimale la place d autrui soit r interpr t e en fonction de l id alit de la res et d une conception de la personne que l amour de la Raison et de toutes les raisons qu elle rassemble lie l univers entier Les m rites du livre d Andr Robinet sont immenses D une part la richesse de la documentation et la pr cision m ticuleuse des analyses en font l un des plus somptueux joyaux de la litt rature philosophique co
18. homme pos plut t que pens par lui puis servant de compl ment au droit naturel lequel change de bons proc d s lui sert de fondement Trois chapitres galement divisent la seconde partie consacr e au droit naturel mo derne 450 COMPTES RENDUS C est d abord le chapitre I o il est montr quel point la notion moderne droit naturel subit une m tamorphose par rapport aux conceptions classiques d Aris tote et de saint Thomas p 66 On y assiste l clatement du concept de droit p 66 sous les coups conju gu s du nominalisme de Suarez de Grotius de Pufendorf et de Wolff Le droit devient une qualit morale p 67 de l individu puis se r sout dans la loi mais une loi que caract rise la contrainte et finit par tre synonyme de pouvoir subjectif Le passage est alors ais qui va du droit naturel la loi naturelle C est ce qui est tudi dans le chapitre II en trois temps ou orientations p 80 le rationalisme est vis en premier puis la reformulation du droit naturel p 85 sp cialement gr ce Pufendorf et la crise de la nature des choses p 89 o l auteur d fend contre L o Strauss une interpr tation ir niste de Montesquieu Enfin dans le troisi me chapitre est abord e la question des droits naturels de l homme p 94 sous trois rubriques du droit la s curit p 94 du droit propri t
19. nale COMPTES RENDUS 483 La sympathie logique d observation du rapport entre le d linquant et la victime r ac tion objective l injustice restitue l approche philosophique cette dimension sans entamer sa rationalit qui la prot ge d un mat rialisme sensualiste On peut encore glaner bien des r flexions utiles au gr de contributions plus techniques par exemple quant l art l gislatif et sa d g n rescence li e notamment au fait que le l gislateur a tendance concevoir des textes fonci rement contradictoires et pr ter l oreille des affirmations qui ne sont que des clich s Patrick Maistre du Chambon Propos critiques et d sabus s sur une r forme mort n e de la proc dure p nale p 191 et s On retrouve ce m me scepticisme lorsqu il s agit de mesurer les rapports entre le droit p nal et l thique des affaires Andr Roger p 261 et s alors m me que l auteur ne fait preuve que d une critique mod r e l gard de la r pression administrative dont l extension et la puissance sont aujourd hui pr occupantes et obli gent reprendre bras le corps la d finition de la mati re p nale qui nous ram nerait ais ment sur les berges du droit naturel ou tout le moins d une indisponibilit du lan gage juridique qui interdit d chapper aux garanties du proc s p nal en d baptisant la sanction pour lui faire endosser la cape de l administrat
20. y a pas d ob issance ce qui flatte un certain instinct d anarchie et fait de la d mocratie di recte l id al de la d mocratie Le contr le m me absolu du peuple sur le gouvernement ne suffit pas garantir la d mocratie le peuple peut tre aveugl par des passions de la confusion Ce contr le doit s accompagner du respect des libert s publiques car la li bert de la presse de l enseignement du syndicalisme etc sont autant de contrepoids au pouvoir tatique En outre la caract ristique de la souverainet du peuple en d mocra tie est que cette souverainet n est jamais totalement transmise aux gouvernants Il sub siste toujours une part de d mocratie directe s exprimant dans le r f rendum ou l opinion publique Le probl me de l galit de tous les hommes am ne distinguer in galit naturelle physique et structurelle r sultant des relations d autorit et d autonomie Cette oppo sition est souvent occult e dans la th orie d mocratique par l affirmation que tous les hommes sont gaux en politique Mais la th orie de l galit des chances sous entend que les structures sociales sont telles que certaines in galit s sont in vitables Il faut alors favoriser l galement l galit des chances et rendre impossible l ali nation et l exploitation de l homme par l homme Il ne peut y avoir en fait de libert que lorsque le gouvernement est exerc pour le bien commun
21. Philosophie morale 1994 278 p Ce livre appartenant la nouvelle collection mentionn e dans les deux compte rendus pr c dents est compos de deux parties La premi re pp 3 103 avec la bibliographie des pp 255 272 est une pr sentation de la philosophie morale britannique par Madame Canto Sperber la seconde est une suite d essais par des auteurs repr sentatifs de ce courant P Foot J Glover J Griffin R Sorabji D Wiggings et B Williams C est la premi re partie qui m rite de retenir essentiellement l attention car Madame Canto Sperber y dresse un tableau historique et conceptuel extr mement dense et pr cis de l thique d Outre Manche depuis le XVIII si cle On mesure l int r t de cette pr sentation si l on consid re qu il n est pas si ais de disposer en fran ais d expos s en perspective sur des auteurs aussi importants que Butler Sidgwick Moore ou m me Bentham surtout lorsqu ils s tendent des auteurs pas vraiment britanniques comme J Rawls Madame Canto Sperber pr sente donc avec beaucoup d objectivit ses pr f rences d ailleurs nuanc es n apparaissent qu in fine p 103 les courants principaux de la phi losophie morale britannique kantien utilitariste cognitiviste r aliste naturaliste scep tique etc en en expliquant les rapports par des filiations ou r pudiations historiques claires ainsi que par leurs liens respectifs avec d autres dimensions
22. Pr face d Eduardo Jimenez de Ar chaga San Jos Costa Rica Editorial Juricentro 1989 Cet ouvrage de valeur est le fruit des travaux de deux minents juristes de l Univer sit autonome d Am rique centrale auteurs d autres tudes notamment sur les droits l homme et la philosophie du droit qui ont leur actif diverses exp riences juridique haut niveau Rodolfo E Piza Rocafort et Gerardo Trejos ont choisi un titre loquent qui r sume bien l essentiel du contenu de leur livre Celui ci s organise en deux parties Il ne se limite pas l analyse de la Convention am ricaine sur les droits de l homme ou Pacte de San Jos du Costa Rica mais comprend aussi une premi re partie de caract re doctrinaire o sont expos es les th ses des auteurs D s les premiers chapitres ceux ci soutiennent que l irruption actuelle des droits l homme dans le droit international a g n r une v ritable r volution au sein du droit in ternational classique au point qu il conviendrait de consid rer qu il s agit d une branche autonome celle du droit international des droits de l homme Les caract ristiques qui COMPTES RENDUS 489 lui sont propres r sultent essentiellement de deux modifications importantes celle qui affecte les relations entre droit international et droit interne puisque cette nouvelle branche ne con oit pas de domaine r serv et celle fondamentale concernant la notion d
23. comme nou velle forme de domination et d organisation de la vie de la communaut ce que celle ci semble appeler de ses v ux Le positivisme est aussi dans une large mesure le facteur politico juridique l origine de l existence de l tat Le Pr Carpintero expose les diverses motivations et caract ristiques qu adopte l Universit au XIX si cle pour faire face aux exigences de l poque introduisant ainsi l tude de la gen se de l re contemporaine Son livre qui s inscrit dans la lign e du pr c dent La cabeza de Jano La doctrina juridico politica de la escuela kantiana 1989 r serve une place importante la critique de la raison pure dont il propose une vue d ensemble avant de se concentrer notamment sur les pr suppos s jusnaturalistes les fondements et les objectifs de l tat la d nonciation de l go sme judicieux et les exc s de la th orie La premi re critique qu il formule l encontre du formalisme kantien concerne la s paration entre science du droit et exp rience Il examine alors les fonctions de la raison puis les relations entre raison et empirie et donne quelques indications plus g n rales Dans son analyse des concepts d tat de nature et de contrat social l auteur met en vidence le caract re irr el des pr suppos s jusnaturalistes et claire les motivations d ordre thique qui justifient la n gation du jusnaturalisme Il envisage ensuite l tat s
24. la relative neutralit de point de vue r dacteur et surtout l ampleur des mati res envisag es L tudiant comme l honn te homme ou l universitaire on ne peut pas tout savoir peuvent ici trouver une mine renseignements sur grands auteurs et grands th mes classiques ou contemporains allant de Lenine au dilemme du prisonnier ou de Platon la signification de l chec scolaire Ren S VE Gabriel TARDE Les transformations du droit tude sociologique avec une introduction de J Milet r d Paris Berg International diteurs 1994 216 p L ouvrage c l bre de Gabriel Tarde tait depuis longtemps introuvable La r dition de ce livre initialement publi en 1894 doit tre signal e Autant la pens e Durkheim n a cess d tre pr sente en sociologie juridique m me si beaucoup de ses composantes sont aujourd hui contest es tort ou raison autant l uvre de Gabriel Tarde ne semble gu re avoir conserv son rayonnement Le fait d tre venu la sociolo gie par la criminologie ne saurait suffire expliquer ce relatif oubli Mieux vaut proba blement en chercher ailleurs quelques causes dans les r serves que son uvre manifeste par rapport l volutionnisme durkheimien dans une certaine exag ration du r le l imitation Reste que le titre du livre r dit attestait une vision p n trante des trans formations qui ont suscit depuis quelques ann es lessor de la s
25. le dernier chapitre r sume avec beaucoup de clart et sans les vulgariser les id es fondamentales de l ouvrage ce qui permet de le rendre tr s acces sible aux lecteurs qui ne sont pas encore initi s ces nouvelles disciplines COMPTES RENDUS 445 Ce livre s av re ainsi tr s utile tous ceux qui souhaitent approfondir le ph nom ne du crime et de la punition dans nos soci t s occidentales et comprendre l attitude des au torit s envers les protagonistes de cet univers Philosophes criminologues sociologues et psychologues trouveront certainement des points de rep res pour leurs r flexions J G ROSSI James Henderson BURNS dir Histoire de la pens e politique m di vale Paris PUF L viathan 1993 770 p La parution en fran ais de l imposant ouvrage dirig par J H Burns initialement dit en 1988 par Cambridge University Press constitue pour ainsi dire un acte de ci visme intellectuel puisqu il va sans doute permettre un v ritable renouveau des tudes de philosophie politique et juridique soit en suscitant des vocations de m di vistes soit en fournissant aux personnes int ress es par d autres p riodes des informations nom breuses coh rentes et actualis es sur ce qui para t constituer le cha non manquant beaucoup de r flexions historiques Le livre peut tre ainsi soit lu dans l ordre logique et chronologique de ses cinq par ties Fondements Byzance Commencements
26. mocratiser les discussions sur l Europe la ratification accentua le sentiment la domination de la logique technocratique Cette logique s accompagne d une id ologie moderniste et volontariste assimilant la modernit au progr s la raison et rejetant les r f rences au pass l identit la nation etc Selon l auteur cette id ologie ne peut plus servir une construction europ enne qui est pass e du stade technocratique au stade d mocratique Plus on avance dans la construction europ enne plus le poids du pass ressurgit et plus on s aper oit que la modernit a un prix Face la complexit crois sante de l Europe chacun a tendance se replier sur soi C est pourquoi D Wolton sou ligne la n cessit de r habiliter le pass l identit la nation et la religion pour lui l Europe ne r ussira que si des projets sociaux et culturels viennent compl ter une ap proche trop conomique et la que de la r alit Il faut aussi prendre en compte le d calage existant entre le temps technocratique favorisant une action imm diate car d cid e par une minorit et le temps d mocratique beaucoup plus lent car il exige une participation de tous qui passe par une prise de conscience par l laboration de repr sentations et concepts nouveaux L auteur propose une s rie de voies suivre si l on veut parvenir la r alisation r ussie d une Europe d mocratique L absence de re
27. naturellement divis que l auteur l affirme parfois Pas sons pourtant sur ce point en consid rant que la question des relations entre les deux points de vue est trop complexe pour faire l objet d une recension et suffisamment simple pour que l intuition de base de l ouvrage n en perde pas son int r t Plus probl matiques apparaissent les cons quences th oriques que Nagel tire de l importance du point de vue impersonnel L galit dont l auteur entend avec force pro mouvoir une meilleure effectuation pratique le contexte social am ricain y est l vidence pour beaucoup est ainsi pr sent e comme la r sultante n cessaire l impartialit inh rente au point de vue impersonnel l appui du raisonnement Nagel nonce que l acte par lequel chacun s abstrait de sa position particuli re aboutit n cessai rement conf rer chaque vie humaine une valeur identique Sous tendant l analyse rawlsienne de la position originelle l galitarisme ne serait qu un corollaire de l imp ra tif kantien selon lequel chaque individu doit tre trait comme une fin et non comme un moyen Sans doute peut on s accorder dans une certaine mesure sur l existence d un lien n cessaire entre impartialit et galit Cependant malgr la tr s fine analyse que Nagel propose de la notion d galit encore que celle ci soit envisag e dans la perspec tive quasi exclusive des rapports con
28. nom ne des partis poli tiques restreignent ils le choix des lecteurs en leur proposant de voter non pour l homme le plus qualifi mais pour le plus qualifi parmi une s lection de candi dats Y Simon r pond que les partis doivent agir comme des organes du peuple et pour cela ils doivent rester largement ouverts des influences ext rieures La d mocratie a tendance accentuer les d saccords et a besoin d tre prot g e contre les effets destructeurs des conflits internes C est pourquoi elle peut s accommoder paradoxalement COMPTES RENDUS 479 de certains principes non d mocratiques syst me des partis monarchie h r ditaire qui peuvent la prot ger Enfin examinant le cas des instruments de gouvernement Y Simon remarque la confusion courante existant entre autorit et coercition La coercition n est qu un instrument rarement employ de l autorit La coercition n est pas un mal en soi Elle peut tre n cessaire lorsque la persuasion qui est un moyen gouvernement habituel en d mocratie ne suffit plus Mais il faut se m fier de la coerci tion psychique propagande qui est un instrument du totalitarisme Une garantie essen tielle des citoyens contre persuasion et coercition est la libert d expression Un autre probl me fondamental de la d mocratie est celui de la souverainet du peuple et de l ob issance civile Parler de souverainet du peuple implique qu il n
29. ouvrage pr cit Mais ce point de d part devait offrir aux auteurs l occasion de pr senter l environ nement philosophique sociologique et politique du d bat pour d montrer que le pro bl me de la responsabilit du juge cache en r alit le probl me de la position de la magistrature par rapport aux autres pouvoirs le l gislatif et l ex cutif 484 COMPTES RENDUS L ouvrage est divis en deux parties dans une premi re partie les auteurs ont cherch dans l histoire la philosophie et les analyses compar es mettre en vidence que le r le du juge depuis le d mocratie ath nienne est une lutte entre la soumission et l ind pen dance du juge par rapport au pouvoir politique et que ce rapport trouve dans la dialec tique du droit naturel et du positivisme juridique la cl de lecture philosophique de conflit La premi re partie s ach ve mettant en relief l influence du syst me judiciaire fran ais sur le syst me italien et le fait que cette influence est encore pr sente aujourd hui faisant du juge un rouage de l administration un bon ex cutant du bon vouloir du Prince Dans la seconde partie de l ouvrage l objectif des auteurs se tourne vers l Italie Les premiers deux chapitres entra nent le lecteur dans une longue promenade historique ex tr mement pr cise et d taill e qui permet de saisir l impact de chaque bouleversement politique italien sur la magistrature notamment celui de l
30. p 106 et du droit la libert p 114 Notion combattante que celle du droit naturel selon Alain S riaux avons nous dit Est elle devenue pour autant une notion victorieuse si l on nous permet de prolon ger la m taphore militaire Certes il y a plaisir lire un homme de convictions Par ces temps de consensus mou cela tranche d agr able fa on Certes il y a du courage aborder une tude dont le r sultat le plus probable est qu elle servira tiqueter voire disqualifier son auteur Villey en a su quelque chose Mais la notion de droit naturel m me apr s lecture bienveillante comme il se doit amicus Plato demeure ambigu peut tre cause de la h te de convaincre ou des rac courcis entre donn es th ologiques et conclusions de droit positif L auteur all gue en d fense la bri vet impos e de la collection Et cela vaut presque absolution Mais cela n interdisait pas de montrer en quoi le renversement complet du sens l expression droit naturel vient tout autant du renversement du sens du mot nature que celui du sens du mot droit La doctrine des quatre causes est juste titre voqu e mais de fa on tr s convenue N est ce pas parce que la nature grecque est cosmique dynamique et eud monique que l on y trouve sans effort du droit comme point d quilibre et rythme d accomplisse ment des hommes au milieu et par le moyen des choses ext rieures N est
31. parlementaire p 170 issu de l av nement de la IT R publique Mais apr s tout cette r duction ne surprend gu re tout discours qui veut s imposer y tend naturellement L irritation provient surtout du caract re faussement provocateur de certaines assertions Les coordinateurs de l ouvrage semblent ainsi penser leur pr sentation pp 5 12 que non seulement la doctrine n est pas en r alit ce que l on croit mais que ses repr sentants ne veulent pas entendre la v rit ce que confirme insidieusement le dessin de couverture qui montre une sorte de scribe se bouchant les oreilles Les juristes ne sont pas si na fs ils savent tous que la production doctrinale est l expression du pouvoir le produit de conflits ou encore la r sultante de strat gies dans le champ juridique Mais elle est aussi autre chose L uvre des prudents fut certainement une production sociale et pourtant elle a d montr qu elle avait su d passer les conditions de sa r alisation Un paradoxe ou une nigme que ne peut surmonter une certaine sociologie du droit Ce qui ne lui interdit pas d enrichir la r flexion Mais il ne s agit que d un point de vue parmi d autres m me s il est fructueux Christophe JAMIN Jean Claude B CANE et Michel COUDERC La loi Dalloz M thodes du droit 1994 286 p La collection M thodes du droit qu avait brillamment inaugur e Cha m Perelman continue de publier d exc
32. particularismes locaux l auteur prend d ailleurs soin de raisonner tant t en common law et tant t en droit crit plus parlant pour nous et il nous fait constater que sa th orie s applique aussi bien aux deux hypoth ses Ainsi l am ricanit ne constitue pas un obstacle sauf tout de m me en ce qui concerne certaines imperfections de traduction passe encore que le mot de jurisprudence soit en g n ral employ sans explications dans son sens anglo am ricain de philosophie du droit ou que par deux fois au moins la l gislature prenne la place du l gislateur mais certains passages semblent bien tre rendus incom pr hensibles par une ind celable erreur de transposition En v rit ce ne sont l que broutilles Reste que la th orie soutenue est d un constitutionnaliste c est dire d un juriste habitu s appuyer sur de grands principes directeurs et qui lors m me qu il emprunte aussi des exemples au droit priv les choisit parmi des cas assez typiquement id ologiques V en particulier le cas Elmer des plus instructifs Or on peut craindre que la mise en uvre du droit int grit ne pi tine voire ne s enlise si elle s exerce dans un domaine hypertechnique et pav d intentions aussi courtes que contradictoires Toute fois il y aurait l une raison de penser le domaine en cause plut t que de refermer le livre Deuxi me remarque un peu hexagonale En bon Am ricain Ronald Dworkin f
33. politique signification univoque d un rapport d galit entre partie et tout Le h ros en laissant tre la v rit sous jacente la polis fait aussi s panouir son plus intime g nie int rieur par lequel il rejoint la personne humaine en son int grit transcendant les erreurs du sentiment psychologique t ocle et dipe r v lent le mouvement tragique traversant le politique travers leur propre personne Ils offrent ainsi l image des pr monitions du Christ dans la mythologie pa enne Le personnage de Cr on au contraire est la figure du politique recourb sur une politique de la non contradiction qui refuse le r el tragique Il est lui m me le politique s par du juste et croyant se maintenir dans cette s paration Il est cette vision de d ca dence qui visita les Grecs image des ali nations venir La non contradiction interne exacerbe les contradictions r elles externes et l auteur peut citer Marx et sa critique du droit abstrait Contre l abstraction il faut ressaisir l unit du tout La distinction essentielle appor t e par saint Thomas porte sur le bien commun s par du bien public Si la personne est ordonn e au bien commun c est pr cis ment pour ne pas tre engloutie dans une instance collective Car le bien commun est de nature formelle il est lui m me ordonn au bien personnel dont les biens naturels ne sont que la condition Chaque partie r v le un tout La personne
34. tout d abord le suffrage universel s accompagne de l id e que la nature de l homme tant bonne le mal tant rare la majorit sera forcement bonne Mais rien ne permet de d terminer la proportion de bien et de mal dans la soci t et des accidents tels la mont e du nazisme sont possibles D un point de vue sociologique on postule que le corps social s expri mant travers le suffrage universel poss derait une rationalit et un sens du bien com mun sup rieurs ceux des individus Or Y Simon remarque qu il n en est rien cer taines questions sont mieux r solues par un individu seul d autres par la collectivit De plus des ph nom nes de masse tels l hyst rie collective peuvent tre tr s dangereux pour la d mocratie Enfin d un point de vue romantique certains tels Rousseau ont consid r que le corps social serait empreint d une sorte de sagesse et ont oppos de fa on arch typique le bon peuple l lite corrompue Y Simon d montre que comme dans les deux optiques pr c dentes il s agit l d un mythe m l certains l ments v rit Pour lui le suffrage universel ne doit pas subir une critique trop radicale Mais pour servir la d mocratie il doit s accompagner de la garantie des libert s publiques Examinant ensuite la r gle de la majorit il critique la repr sentation proportionnelle source de faiblesse et d incertitude Il tudie plus loin le ph
35. tr s heureusement l ouvrage pr c dent et videmment dans la m me col lection le livre de B Tierney permet de suivre sur l ensemble de la p riode m di vale les th mes pr curseurs de la th orie constitutionnelle moderne et en m me temps de se livrer quelques r flexions m thodologiques Apr s une introduction historiographique parfois amusante et pr sentant la perspec tive g n rale du livre la recherche de pr d cesseurs m di vaux aux th ories conciliaires que Figgis avait d j identifi es comme une des sources de la pens e politique moderne 446 COMPTES RENDUS l auteur analyse successivement les doctrines d cr tistes et celles issues du droit corpora tif puis les th ories plus labor es d Herv de N dellec Durand de Saint Pour ain Marsile de Padoue Guillaume d Occam Nicolas de Cuse Althusius enfin G Lawson le pr curseur de Locke tout en y intercalant des consid rations historiques et insti tutionnelles L ouvrage fourmille de citations judicieuses souvent rares et bien organis es autour du th me central celui de la primaut entre dirigeants Pape ou Roi et communaut s eccl siale ou politique envisag es selon diff rentes variantes L hypoth se principale de l ouvrage fortement confirm e est que les pens es des auteurs du XVII si cle taient souvent m di vales m me lorsqu ils les habillaient la mani re classique p 137 Plus g n ralement encore i
36. une th orie thique et politique fond e sur la division de l int riorit individuelle C est sans doute l le principal apport que rec le galit et partialit ouvrage qui re pose tout entier sur une th se simple en apparence En tout individu coexisteraient deux points de vue le point de vue impersonnel consistant en celui qu adopte chacun d entre nous ind pendamment de la situation qu il occupe sur les principes sociaux et les exigences de la collectivit qu il convient de respecter dans l organisation politique le point de vue personnel reflet des int r ts et des d sirs d termin par la dimension sp cifique de l agent Ceci pos l int r t de l approche propos e par Nagel appara t im m diatement au lieu de faire du rapport entre individu et soci t un conflit entre l int riorit personnelle et l ext riorit de la n cessit sociale l auteur pr f re consid rer que la th orie politique doit reposer sur une analyse des relations que l individu entretient avec lui m me Pour tre l gitime un syst me politique doit recueillir l adh sion ou plut t ne doit pas faire l objet d un rejet dirimant tant du point de vue personnel que du point de vue impersonnel de chaque individu La l gitimit se relie donc la recherche d une unanimit qu il faut comprendre un double degr l chelle sociale celle de tous les individus l chelle indiv
37. 350 750 Formation 750 1150 D veloppement 1150 1450 soit utilis par sondage gr ce deux index de 14 pages pour les noms et de 21 pages pour les notions auxquels s ajoutent 34 pages de notices biographiques des auteurs tr s utiles et videmment une bibliographie importante 77 pages compl t e la marge pour l dition fran aise Il n est videmment pas possible de r sumer un tel ouvrage malgr son homog n it r elle par del la pluralit des collaborateurs 18 Ce qui mane globalement est une cla rification pr cise des interf rences entre v nements historiques et volution doctrinale pens e religieuse et la que monarchie profane et pontificale ainsi qu un certain scepticisme quant aux explications trop m canistes Occam par exemple ne jouant pas le r le d un pivot ou d un point d infl chissement radical comme dans les travaux inspir s en France par G de Lagarde Plus g n ralement les doctrines politiques ou juridiques semblent autonomis es par rapport des d terminations intellectuelles que certains croiraient fondamentales philosophiques ou th ologiques Mais cette attitude pr sente aussi un double avantage offrir une grande facilit de lecture et laisser la voie ouverte aux interpr tations Ren S VE Brian TIERNEY Religion et droit dans le d veloppement de la pens e constitutionnelle 1150 1650 Paris PUF L viathan 1993 150 p Compl tant
38. Comptes rendus A Histoire de la philosophie Charles GAGNEBIN Daniel SCHULTHESS et Gerhard SEEL dir Le d passement de soi dans la pens e philosophique Neuch tel La Baconni re Langages 1994 164 p Ce livre constituant les actes d un colloque tenu en 1990 en hommage Fernand Brunner 1920 1991 n a que de tr s lointains rapports avec la philosophie du droit Il m rite cependant d tre signal car sur ce th me qui fait la philosophie il r unit un en semble de contributions remarquables qui montrent travers toute l histoire de la philo sophie sans toutefois et paradoxalement que le n oplatonisme soit particuli rement bien trait la constance d une aspiration dans la diversit de ses expressions rationalistes ou mystiques la ques ou religieuses occidentales ou orientales Tous les textes sont la fois profonds et accessibles des lecteurs ni m taphysiciens ni rudits Ren S VE L N GRIER DORMONT S TZITZIS Criminologie de l acte et philosophie p nale De l ontologie criminelle des Anciens la victimologie appliqu e des Modernes Paris Litec 1994 182 p La collaboration entre un criminologue Mme L N grier Dormont et un philosophe M Tzitzis donne dans ce livre ses lettres de noblesse la criminologie con ue comme discipline onto axiologique et met en lumi re l importance de la philosophie pour la p n tration de l univers p nal En effet M Tzitzis
39. Filosofia del diritto Torino Giappichelli editore 1993 Sil y a un livre qui m rite d tre absolument traduit c est bien le livre de Francesco D Agostino Filosofia del diritto Francesco D Agostino n Rome en 1946 est professeur de Philosophie du Droit et de Th orie G n rale du Droit la Facult de Droit de Rome Tor Vergata et professeur de Philosophia et Theologia Juris l Institutum Utriusque Juris de l Universit Ponti ficia Lateranense COMPTES RENDUS 485 Ce grand professeur a crit plusieurs ouvrages notamment La sanzione nell espe rienza giuridica dont nous avons d j rendu compte dans l dition des Archives d Philosophie du Droit de 1993 Le livre comment est selon nous la cl de vo te de l uvre de D Agostino un livre de r f rence incontournable pour une approche moderne de la Philosophie du Droit La dialectique philosophique est utilis e de mani re constructive pour r pondre sans affirmer la controverse ne devient pas querelle de parties mais expression des limites que chaque courant philosophique porte en son sein La philosophie de droit de D Agostino est la recherche du sens dans l action humaine dans une vision universelle sans extr misme et sans exc s une philosophie en mouvement li e au chemin de l homme li e aux bouleversements de l humanit Le droit peut sauver l homme tous les hommes attendent du droit que leurs actions soient sa
40. M TRIGEAUD l ments d une philosophie politique d fr Bordeaux Bi re 1993 Cet ouvrage annonce et manifeste l existence en France d une v ritable philosophie politique de type m taphysique dont R Aron d plorait l puisement et la disparition dans les ann es 50 Parvenant l accomplissement d une uvre person nelle d j consid rable l auteur nous y fournit les principes et la m thode d une exp rience de pens e indispensable la pratique quotidienne du juriste comme la th orie du philosophe 468 COMPTES RENDUS Cette exp rience r sulte d un itin raire m thodique dans l histoire de la pens e poli tique pour en retrouver l unit fondamentale travers ses diff rentes fractures En quatre grands moments depuis la Cit grecque jusqu aux principaux axes de la pens e contem poraine l auteur d veloppera son intuition originaire expos e dans la premi re partie pr c dant l analyse historique le politique re oit son inspiration de la pens e d un juste tel qu il est aper u dans le droit La lecture critique des formes historiques o rapport est perverti offre plusieurs jalons essentiels du parcours de ce livre dans la me sure m me o il se fonde sur une intuition qui n est pas elle m me historique Aussi invitons nous les lecteurs de cet ouvrage tre attentifs sa dynamique au mouvement qui relie entre eux ses divers plans successifs
41. a communaut Projets constitutionnels d un c t doctrinaires de la puissance absolue de l autre le face face m di val est certes presque trop beau mais le talent l rudition la d marche didactique et la conviction forte de l auteur emportent l adh sion et laissent esp rer une suite peut tre plus intimement psychologique et af fective au c ur d une anthropologie du Pouvoir par le moyen du Droit et de ses doc trines qui nous livrerait la cl de la conscience politique m di vale fran aise G rard D GUYON Vittorio MATHIEU Luci ed ombre del giusnaturalismo Torino Giappichelli Editore 1989 Le livre de Vittorio Mathieu Luci ed ombre del giusnaturalismo Lumi res et ombres du jusnaturalisme est un ouvrage de r f rence pour tous ceux qui recherchent un syst me de valeurs capable d valuer le droit L ouvrage est d une grande richesse dialectique chaque point pr sente sa th se et son antith se et la provocation intellectuelle ne manque pas La densit de la pens e Vittorio Mathieu ne permet pas de lire cet ouvrage d un seul trait il doit tre m dit Le livre est divis en trois parties La premi re traite de la Sym trie formelle et le droit substantiel la deuxi me du Droit et les valeurs et la troisi me du Droit et la politique Le livre analyse et mesure de mani re critique le jusnaturalisme d s qu une lumi re appara t l ombre l
42. a radicale ment s par s Ces consid rations am nent l auteur exposer une nouvelle conception ce que l on nomme la raison apr s quoi il voque le droit naturel comme source de d s accords dans l histoire et traite en d tail de la positivit du droit naturel la th orie l Organisme les traditionnalistes l cole historique du droit la nature jurisprudentielle du droit et les positivistes au sens strict du terme constituent les principaux points d velopp s La derni re partie s int resse au probl me de la science juridique ou science du droit Rechtwissenschaff et ses rapports avec la philosophie dont l auteur situe l origine et retrace l volution Il met l accent sur la confusion terminologique on distingue diffici lement Rechtwissenschaft de Philosophie des Rechts ou de Naturrechf et accorde en outre une importance particuli re au personnage mythique qu est Gustav Hugo rappro chant sa d marche de celle de Nicolaeus Falck il estime que cet auteur a su d monter les syst mes du droit naturel afin de se pr occuper de ce qui au premier chef concerne le domaine juridique savoir les donn es concr tes positives Hugo a effectivement per u la nature jurisprudentielle du Droit qui est toujours fond e sur l exp rience Mais l influence consid rable de la scolastique kantienne explique que la philosophie du droit apparaisse au d but du XIX si cle comme une t che po
43. absolue s expli quant par la th orie de la d ficience Y Simon d finit les trois fonctions de l autorit La premi re est une fonction paternelle l autorit a une fonction p dagogique le gouvernement palliant les d ficiences des hommes et les aidant a se perfectionner La deuxi me fonction r side dans le fait que l autorit permet l uniformit de l action im possible sans gouvernement tant donn que l unanimit du corps social n existe pas La troisi me fonction de l autorit est qu elle permet de tendre la r alisation du bien commun la fois en dirigeant les individus vers ce but et en leur en procurant les moyens Pour l auteur qui r fute l id e des premiers lib raux selon laquelle le gouver nement repr sente le mal l existence d un gouvernement est une chose aussi naturelle que le regroupement des hommes en une soci t et l assimilation du gouvernement au mal provient de la confusion entre gouvernement et abus dans l exercice de l autorit Le probl me de la protection des citoyens contre les abus d autorit est en effet un probl me majeur de la d mocratie qui est le r gime o le peuple soit gouverne directe ment ce qui est exceptionnel soit contr le les gouvernants Y Simon r examine lon guement les moyens par lesquels le peuple exerce son contr le Il d mystifie les th ories optimistes concernant le suffrage universel D un point de vue statistique
44. ar l affirmative non seulement en raison des m thodes qu il em ploie mais aussi parce qu il est souvent per u comme telle jusque dans les pr toires Quel juriste ne se souvient de l intervention remarqu e de son ancien pr sident devant la formation la plus solennelle de la Cour de cassation l exception des Anglais qui jugent l id e d un comit d thique saugrenue il n y a que la doctrine juridique pour se d sint resser de rares exceptions de ses activit s qui pourtant la concurrencent Ce que l auteur dont on sait qu il a largement accompli sa part de travail en la mati re reproche certainement ses pairs Reste en dehors d un article plus marginal mais fort instructif consacr un clai rage talmudique sur Doctrine juridique et thique de la d lib ration R Dral une contribution de nature sociologique consacr e La production doctrinale comme objet et terrain de luttes politiques et professionnelles Y Dezalay L auteur y refuse s en tenir une conception troite de la doctrine pour montrer en s appuyant sur la pra tique nord am ricaine qui tend s tendre en raison de l internationalisation du march juridique que les structures importantes remettent en question la division du travail sur le march du droit savant Si l on suit bien l auteur la doctrine savante classique serait ainsi d bord e ou plus exactement absorb e par ces n
45. artie qui cherche d montrer cette difficile conciliation entre le su jet de droit et la personne Le sujet appara t comme l crit M Villey un attri butaire de droits comme une somme de principes de droit mais si l on observe bien derri re ce mod le de sujet la personne est oubli e en tant qu individualit corporelle S ouvre ainsi la voie une nouvelle recherche sur le sujet sur le principe m me sujet vers une ontologie de la diff rence partant du postulat essentiel de la diff rence entre l homme et la femme chacun avec ses particularismes et ses mythes C est sur cette bifurcation que le droit doit se construire L auteur analyse enfin le rapport entre le sujet et l conomie o l on peut relever une tension permanente entre la notion de sujet et celle de personne S Amato conclut c est au syst me empirique de l entreprise de d terminer la qualit de sujet de droit et non l id e abstraite de sujet de droit de rendre pensable le syst me de l entreprise du sujet comme esp ce on en arrive au sujet comme synth se des effets Ainsi il appara t que la recherche sur l homme sujet de droit n est pas encore ache v e mais comment cette recherche pourra t elle l tre Carlo BRUSA Rodolfo E PIZA R amp Gerado TREJOS Derecho Internacional de los Derechos Humanos la Convenci n Americana Droit international des droits de l homme la Convention am ricaine
46. aticiens Il faudrait pourtant concevoir des normes substantives ou mettre en uvre des accords intersyst miques et intrasyst miques pour harmoniser ces ordres partiels autonomes et pluriels Il y a dans l ouvrage une v ritable exhortation la constitution d une nouvelle doctrine en ce sens Sans doute ce livre tr s savant et contenant de minutieuses r f rences est il un peu ardu lire et une connaissance pr alable des grandes th ories syst miques des d mon strations de N Luhmann notamment en facilite l acc s Certes il s agit d un livre de recherche et l auteur ne peut perdre le fil d une d monstration personnelle pour proc der des explications plus usuelles Mais peut tre des illustrations plus fr quentes par le droit positif auraient a r l ensemble et loin de l alourdir auraient contribu fonder la th orie tr s int ressante de l auteur Il en est ainsi lorsqu il examine le m canisme contractuel l aune de l ind termination juridique ou prend l exemple de la constitution du groupe d entreprises pour soutenir la relation syst mique entre l entreprise et le march Il demeure que cette th orie se d gage d autant mieux que G Teubner n h site pas avec grande vigueur et parfois avec humour ferrailler avec les adversaires de la th orie syst mique pour tenter notamment de d faire les auteurs qui l accusent d shumaniser le droit Marie Anne FRISON ROCHE J
47. aussi bien qu la constellation perma nente dont ils sont les manifestations Le politique et le droit ont en commun de d finir le g n ral qui abrite et prot ge les personnes sans empi ter sur le domaine de leur existence sans se substituer elles ou leur imposer une finalit arbitraire Mais les valeurs du politique ne tiennent que le rang de conditions formelles ou encore de m diation des valeurs proprement juridiques qui en sont le contenu C est pourquoi les l ments de philosophie politique se recueil lent tous et d abord d une philosophie du droit Car le droit offre l exp rience d un juste saisi c est dire re u et non projet ou con u dans la nature des choses La pratique du droit est ouverte un principe transcendant qui lui donne sa r gle sans jamais se laisser enfermer enti rement dans les codes g n raux qui l noncent Cette faille dans le droit est toute sa force elle culmine dans l exp rience de l quit objective en ce qu elle se rattache la nature des choses Contre l opinion r pandue ne voyant dans l quit qu un jugement individuel ou un ins trument accessoire du droit l auteur montre que l interpr tation juridique interpr te avant tout la justice que la loi est cens e respecter La loi appara t dans l quit comme m dia trice de la justice La loi est forme d un contenu qu elle n est pas mais qu elle a pro mouvoir et que l
48. case law offre l occasion d examiner outre la question de fait deux autres questions terri blement emm l es d abord ce que dit r ellement la r gle si elle dit quelque chose sur le sujet et ensuite supposer r solu ce premier point s il faut lui ob ir ou non Mais ce second d bat p n tre et fausse in vitablement le premier d j d licat en soi d s lors qu un d saccord pointe le plus souvent sur le contenu m me du droit Ici l interpr tation s impose Cette interpr tation est ou doit tre cet gard l ouvrage ne l ve pas toute ambigu t la fois constructive 1 re id e force et conforme l int grit 2 me id e force Premi re id e force l interpr tation constructive En droit comme au th tre l o b issance servile au texte n a aucun sens Est elle seulement possible Il n y a d inter pr tation que constructive Ronald Dworkin prend ici l exemple imaginaire d une cha ne de romans que plusieurs romanciers auraient la charge d crire la suite l un de l autre sur la base d un th me et de personnages donn s Malgr cette base chacun ajouterait par force aux cr ations de ses pr d cesseurs tout en ne perdant pas de vue l ensemble en cours et continuer chacun donc aurait la fois un sentiment d obligation forte impossible de m conna tre ce qui a d j t crit et de libert Eh bien c est de la m me fa on que chaque jug
49. ce pas parce que la nature post cart sienne est individualiste fixe et neutre que le droit qu on y trouve a les m mes caract res qu elle Ce qui fait d ailleurs que ce droit naturel l se confond avec le droit positif positiviste plut t lequel ne fait que d clarer l autre Impossible d s lors de corriger l un par appel l autre puisque l autre n a de lisibilit de sens que par lui Nous ne tiendrons pas rigueur l auteur de certaines maladresses de plume l homme aurait deux sources de connaissance la foi et la raison p 3 Et les sens la vue l odorat le toucher du pauvre fr re l ne Saint Thomas aurait scrut le bien fond des affirmations divines et tent de mesurer la R v lation divine laune la raison p 5 Si c est l homme de mesurer Dieu et si la parole de Dieu a besoin de fondement o va la th ologie COMPTES RENDUS 451 L auteur a pour compenser bien des bonheurs d expression t moin cette petite peste d Antigone p 121 qui emp che de dormir tous les Cr on de la terre t moin la notion d ajustement qu il reprend saint Thomas et exploite avec propos Plus f cheuse est l apparence d un ton p remptoire contraire assur ment au but re cherch et la mati re qui veut tre trait e de mani re dialectique et antidogmatique p 7 Mais le lecteur qui n est pas dupe des apparences fera la par
50. conceptions diff rentes de la rationalit prati que p 331 et s ou avec une rationalit th orique largie et renouvel e par la m thode de m taphysique r gressive explicit e par Cha m Perelman qui se r f re lui m me aux d monstrations de Gonseth Lambros Couloubaritsis Les fondements m taphysiques de la nouvelle rh torique p 367 et s On ne peut puiser m me par simple vocation ou num ration la richesse du livre Il est un v ritable voyage raisonn Sa coh rence doit tout autant la qualit premi re des travaux de Cha m Perelman qui les a enrichis par l extension des probl matiques sans s affaiblir par une diversit excessive qu la fid lit des diff rents COMPTES RENDUS 473 auteurs des contributions la pens e de celui qu il s agissait de faire valoir qu au travail du Cic rone de cet ouvrage Guy Haarscher Marie Anne FRISON ROCHE J F NIORT et G VANNIER dir Michel Villey et le droit naturel en question L Harmattan Logiques juridiques 1994 175 p De ce bref ouvrage il faut d abord retenir les contributions qui pr cisent la fa on dont la pens e de Michel Villey est per ue l tranger Argentine Portugal Qu bec et Canada francophone Belgique Gr ce et monde anglophone Deux impressions s en d gagent Si Michel Villey est connu d un public plus ou moins large selon les pays l absence de traduction de ses uvre
51. contestent pas les structures sociales les hi rarchies entendent en corriger les d fauts les r former Ils ont de nombreuses occasions de montrer qu ils sont les porte parole les plus influents des int r ts de la communaut surtout en temps de crises comme ceux de l Universit de Paris durant les premi res ann es du XV si cle On est ainsi en pr sence du v ritable av nement des publicistes et d une litt rature de droit public et politique qui conna t un fulgurant essor d s les premi res traductions des uvres du Stagirite Elles entra nent une large adh sion une conception naturaliste de la politique Nicolas Oresme pour tant bien peu utilisable par les clercs et peu applicable l autorit et au fonctionnement de l glise D sormais commence une comp tition de longue dur e entre le clan des ju ristes et celui des philosophes comme conseillers du Prince et qui est d terminante dans la r flexion sur la couronne Celle ci est de moins en moins d sign e comme le simple embl me du Pouvoir mais elle exprime un v ritable transfert de la puissance dans l immuable dans l intemporel Cette abstraction d cisive occupe une place fondamen tale dans la doctrine monarchique et accompagne des recherches de nature juridique pour garantir l tat et sa continuit Enfin c est sur un substrat id ologique thico religieux le minist re des rois parti cipe l uvre r demptrice du Chris
52. d gage de cette premi re p riode une id e de la fraternit reposant enti rement sur un acte et un fait politique la conqu te de la D mocratie C est dire que la construction s appuie sur le Politique et qu il faut partir de celui ci pour comprendre et organiser le Social Mais la fin du XIX si cle marqu par le progr s des sciences y compris des sciences sociales s op re un renversement radical dont l importance r sulte de qu en s appuyant pour fonder l intervention de l tat non pas sur le Politique mais bien plut t sur le Social ses promoteurs seront conduits non plus tant partir amp l id e de fraternit pour instituer la solidarit qu partir de l id e de solidarit pour rendre possible la fraternit C est en cela que consiste le deuxi me mouvement de l histoire que Michel Borgetto analyse d une mani re particuli rement p n trante et stimulante 482 COMPTES RENDUS dans une deuxi me partie De la solidarit la fraternit D ailleurs son beau livre porte en sous titre Le pass le pr sent et lavenir de la solidarit L auteur n en a pas moins limit son investigation au droit public On ne saurait videmment lui en faire reproche Reste savoir dans quelle mesure dans son origine si ce n est dans son essence la fraternit ne rel ve pas du droit priv tout sp cialement du droit des personnes et de la famille Sans doute f
53. de la philosophie contemporaine pist mologie ontologie et en renvoyant toujours des textes pr cis gr ce des citations et des r f rences extr mement nombreuses Ce travail de synth se remarquable est compl t par des articles qui viennent pro pos l illustrer parmi lesquels on rel vera surtout l excellent exercice d thique appliqu e que constitue Avortement th rapeutique th rapie des g nes et galit de respect J Glover Ren S VE Yves R SIMON Philosophy of Democratic Government London Notre Dame University of Notre Dame Press 1993 Au d but des ann es cinquante le philosophe Yves R Simon dont on red couvre aujourd hui l uvre crivit ce trait de philosophie politique r flexion sur l application du principe d mocratique dans les soci t s modernes En des termes simples illustr s 478 COMPTES RENDUS d exemples concrets il effectue une r vision critique de la plupart des id es re ues et des lieux communs qui ont investi la culture politique d mocratique depuis les origines jus qu au XVII si cle Son propos a d autant plus d int r t qu il est crit au lendemain l exp rience fasciste et alors que prosp re le totalitarisme c est dans l optique de ces deux dangers qu Y Simon entreprend de retrouver le sens v ritable des concepts de base de la pens e d mocratique Apr s avoir pos le besoin de gouvernement comme une n cessit
54. dique et l quit c est l ordre qui l emporte p 169 apr s avoir seulement trait de la question relative la clause p nale Leur analyse n aurait elle pas t plus nuanc e si les positions doctrinales concernant au XIX si cle l enrichissement sans cause ou la socialisation des risques et plus r cemment les clauses abusives voire l ind termination du prix avaient t tudi es En d pit de la pertinence de nombreuses r flexions il faut donc regretter que la cari cature perce trop souvent sous une apparence de scientificit Mais c tait peut tre seul prix que les auteurs pouvaient parvenir au but qu ils s taient fix Apportant plus de nuances leur propos ils ne seraient sans doute pas parvenus d montrer qu il existe un groupe de juristes la doctrine qui r pond une matrice disciplinaire au sens o l entend Thomas Kuhn p 131 note 18 Mais c tait peut tre l le point le plus important l hypoth se que l exp rience devait confirmer En raison du proto cole retenu restons scientifiques on peut douter qu elle l ait t La question reste donc presque enti re la doctrine peut elle avoir une strat gie soit investir le champ juridique s il n est pas certain qu elle dispose de cette fameuse matrice disciplinaire Sa n cessit appara t en filigrane dans l article suivant intitul La doctrine et l hypoth s
55. du thalweg qu on doit chercher la coh rence mais sur la ligne de cr te ou du moins en essayant d atteindre peu peu celle ci Il para t qu en Grande Bretagne les avocats sont la seule profession lib rale ne point encourir responsabilit civile envers leurs clients Or il y a fa on et fa on de r sorber cette inco h rence la mauvaise qui consisterait exon rer tout le monde la bonne qui alignera les avocats sur les autres Bref l int grit pousse mettre le droit d une soci t en accord de plus en plus parfait avec les id aux de base que cette soci t affirme en parti culier avec un id al de fraternit sociale qui fonde et l gitime tout le complexe des droits et obligations juridiques Cette fraternit dont Dworkin assoit tr s fortement la th orie dirige la marche en avant vers le droit int grit On n est pas si loin du droit naturel contenu variable de Stammler Ce survol vitesse supersonique appelle deux remarques l usage bien compris des lecteurs fran ais La premi re en forme de truisme se ram ne ceci que le cher Ron est un constitu tionnaliste am ricain Am ricain ce n est en principe pas g nant bien au contraire Les nombreux exemples emprunt s aux tats Unis ou la Grande Bretagne nous valent le double plaisir d enrichir notre culture et de voyager peu de frais le tout sans inconv nient intellectuel car la th orie d velopp e vaut bien au del des
56. e l auteur d fend la th se d une n cessaire liaison du droit et de la morale th se qui se fonde sur un rapport conceptuel entre le droit et la morale et sur des arguments normatifs qui incluent des l ments moraux En conclusion et comme synth se de ses recherches critiques l auteur nous propose une d finition du concept du droit qu il appelle non positiviste Au commencement il y a la querelle vieille de plus de deux mille ans qui porte sur le rapport entre le droit et la morale Deux positions donc que l on a aujourd hui cou tume de juger inconciliables voire irr conciliables D un c t il y a les positivistes soutenant la th se de la stricte s paration du droit et de la morale le droit doit tre d fini en excluant tout l ment moral il n a que faire de l id e de la justice Les seuls l ments n cessaires du concept de droit sont le fait que le droit a t pos conform ment aux r gles ordnungsgem e Gesetztheit et l efficacit sociale soziale Wirksamkeit Selon la formule c l bre de Kelsen il suit de l que n importe quel contenu peut tre droit De l autre c t il y a le jusnaturalisme qui oppose au positivisme la th se d une n cessaire liaison du droit et de la morale tout en retenant les deux l ments de la COMPTES RENDUS 465 d finition positiviste du droit Selon Alexy il convient de nommer faute de mieux sans doute cette position non positivi
57. e p 183 est celui qui s intitule Thomas More les raisons d un choix Dans cette analyse l auteur met en vidence ce que Thomas More avait saisi et qui semble encore correspondre la r alit c est le pouvoir qui est l arbitre de la v rit mais un jour on trouvera une v rit ind pendante de toute volont et de tout pouvoir qui pourra juger la volont et le pouvoir ainsi l homme pourra retrouver un rapport avec ce qui est juste Ainsi se pose la question de la l gitimit du pouvoir Mathieu nous offre une r ponse p 286 Le pouvoir l gitime est celui qui permet chacun et aux groupes sociaux de rechercher selon eux ce qui leur semble tre la valeur de la vie Par cons quent le pouvoir l gitime est un pouvoir qui doit se limiter tablir le moyen de base gr ce auquel la libert de chacun soit compatible avec la libert de tous Mais pour atteindre ce pouvoir l gitime il faut passer par une r volution par cet id al transition cette violence n cessaire p 319 que pour certains est le seul droit C est ainsi que s ach ve le combat et l ouvrage dans une lutte pour le droit Tu n as pas plus de droits sur moi que je n en ai sur toi Mais qui pourra nous donner la cl du juste partage C est le grand myst re du droit qui demeure Carlo BRUSA Alain S RIAUX Le droit naturel Paris PUF Que sais je n 2806 1993 128 p La c l bre collection v
58. e de l int rieur par cette n gativit silencieuse qui r siste leur prise L itin raire de Gurvitch montre bien l impuissance de la sociolo gie descriptive traiter des probl mes de justification S appuyant sur chaque n ud des contradictions successives rencontr es par le fondateur des Archives de philosophie du droit J M Trigeaud peut remonter jusqu au principe du fait normatif dans la libert l articulation du droit spontan avec le droit organis dans la tension qui les oppose et les rend leur commune insuffisance Ces pens es du droit se sont d tach es sur le fond d exp riences historiques marqu es par l arraisonnement du juridique soumis au politique entra nant la confusion du poli tique et du social l ordre public vid de ses r f rences morales universelles s allie un ordre priv dont les finalit s particuli res vont recevoir une l gitimit publique Mais l injustice se retourne ici contre le particulier qui pr tendait en tirer profit car le politique r duit la pure fonction formelle du discours st rilise la production elle m me l conomie lev e au rang de norme du politique est trangl e par ce politique qui a perdu la t te La production conomique enray e n est qu un sympt me parmi d autres d un mal qui affecte toute production toute cr ation Le diagnostic se poursuit dans le domaine l ducation o l exigence de r
59. e du d clin du droit A Perrot Ayant en effet contribu la syst ma tisation logique du droit la doctrine verrait dans les atteintes port es cette coh rence que nombre d auteurs ne cessent de stigmatiser inflation l gislative abondance jurisprudence multiplication des autorit s etc le signe de son d clin Mais il ne s agirait que du d clin d une certaine forme de rationalit juridique ayant engendr depuis le XIX si cle la primaut d un droit des professeurs p 209 La d monstration est s duisante souvent convaincante mais elle suscite imm diatement une remarque et une r flexion D abord il n est pas si s r que la doctrine du XIX si cle n ait ni voulu ni ce point r alis une telle syst matisation du droit On peut en effet ne pas tre certain que les jurisconsultes du XIX si cle aient pr f r assurer leur autorit sur le champ juridique plut t que de contribuer aux mutations conomiques et sociales de leur temps p 192 197 Il semble en effet que les auteurs aient eu une conscience aigu ces mutations ne serait ce que parce qu ils taient en majorit praticiens En revanche ils taient pour la plupart conservateurs et l on songe par exemple Troplong ce qui est diff rent Ici la r flexion suscit e par l article rejoint notre remarque Celui ci repose en effet sur un postulat implicite selon lequel la doctrine parle de d clin parce que l
60. e la fraternit La question restait enti re La remarquable th se Michel Borgetto lui apporte une r ponse Fruit d une investigation consid rable portant sur La notion de fraternit en droit public fran ais men e pendant une quinzaine d ann es elle constitue dans une perspective historique une fresque saisissante Au premier mouvement de l histoire contemporaine correspond la premi re partie la th se De la fraternit la solidarit Le droit public de la R volution a forte ment subi l influence de la notion de fraternit La consid ration de celle ci semblait bien avoir la m me port e que celle de la libert et de l galit dans l ordre politique il s agissait moins d inspirer le droit public que d exprimer les liens unissant les membres de la nation Tr s vite cette fonction premi re de mythe fondateur s ajoute l id e principe g n ral d action politique irriguant le droit public Mais ce r le va ensuite d cliner sous le double effet apparemment contradictoire de l acceptation de la fraternit en tant que support des institutions nouvelles et d un certain rejet manant des lib raux et des mod r s qui avaient eu souffrir des temps r volutionnaires Le retour de la fra ternit dans la pens e et dans le discours marquera la d cennie 1840 Apr s quoi la frater nit appara t comme principe annonciateur d un droit public nouveau Se
61. efface tout de suite le syst me du droit naturel appara t comme une toile morte dont on voit encore la lumi re mais elle a d j disparue dans l ternit du temps Le syst me de droit naturel se pr sente comme une configuration objective qui pr tend agir comme crit re d valuation d autres configurations qui se trouvent sur le m me plan Cette tentative de donner une fondation absolue au droit d bouche sur une antinomie Savoir ce qui est juste et ce qui ne l est pas ne d pend d aucune institution ou volont arbitraire ni du pouvoir ni de Dieu Ce qui est impossible c est trouver une norme fondamentale qui puisse d cider de la l gitimit d une autre norme l int rieur d un syst me Le fait que le droit pour valoir et prouver son efficacit ait besoin d une part de la force et d autre part d une justice qui ne peut pas tre d fini tivement achev e par toutes les formules juridiques qui l interpr tent c est la manifes tation la plus vidente qu il est impossible de trouver une auto fondation formelle du syst me Toute forme de juspositivisme est un chec m me celui masqu qui croit soumettre la justice une pr tendue volont g n rale la Rousseau Certainement comme on peut le constater cet ouvrage est extr mement critique mais la dynamique de l expos est bien men e et convaincante COMPTES RENDUS 449 L un des chapitres cl de l ouvrag
62. ellent outil de base pour des investigations en histoire de la philosophie p nale S TZITZIS Jean Louis HALP RIN L impossible code civil pr face Pierre Chaunu PUF 1992 296 p Les assembl es r volutionnaires ont vot un code p nal en 1791 deux codes hypo th caires en 1795 et 1798 etc Mais pourquoi les trois projets de code civil pr sent s par Cambac r s en 1793 1794 et 1796 ont ils chou Voil la question que pose J L Halp rin pour r pondre d abord qu il est au fond plus ais de voter une constitu tion que de r volutionner un droit civil plongeant ses racines dans les m urs les habi tudes r gionales les comportements familiaux p 15 Mais un historien doit y regarder de plus pr s afin de r soudre l nigme et dans un parti pris de clart celui ci choisit la m thode d investigation chronologique Partons avec lui de l Ancien R gime La diversit des Coutumes y donnait un r le essentiel aux juristes Le droit priv r sultait bien souvent d une combinaison de rai sonnements juridiques b tis partir des coutumes du droit romain et du droit canon Seuls les juristes qualifi s pouvaient avoir acc s cette combinatoire en cela l ancien droit tait bien un droit de juristes p 24 lesquels n entendaient nullement scier la branche sur laquelle ils taient assis D tail symptomatique Pothier n a jamais parl de codification dont il a fourni ma
63. ellents ouvrages Apr s la remarquable Jurisprudence 494 COMPTES RENDUS de notre coll gue F Zenati on attendait que v nt le pendant l gislatif C est aujourd hui chose faite la seule surprise tenant la personne des auteurs l o le public attendait d instinct un autre universitaire surgissent deux outsiders qui sont indique t on en qua tri me page de couverture des observateurs et praticiens du travail l gislatif au sein des assembl es parlementaires Or l id e de leur confier cet ouvrage se r v le heureuse car ils traitent en orf vres de l orf vrerie l gislative et sous des angles d attaque multi ples dont certains restent un peu inhabituels en Facult Et que ceux qui auraient la nos talgie du corps professoral se rassurent MM B cane et Couderc ont aussi assur des enseignements l LE P l E N M et l E N A D ailleurs leur qualit de praticiens n exclut pas une tr s forte culture dont l ouvrage t moigne chaque page La loi cinq lettres pour un titre il est difficile de faire plus court moins d crire sur L art voire sur L os En v rit il sera beaucoup question d ossature l gis lative et d art l gislatif dans cet ouvrage Du moins comprendra t on que les auteurs se soient limit s la loi stricto sensu exclusion faite des autres textes composant le droit crit Pour rendre compte de leur travail une mani re paresseuse consisterai
64. ement cr ateur de pr c dent ou chaque loi nouvelle s ins rent dans l uvre juridique globale ce qui permet de renvoyer dos dos ceux qui tiennent que le juge invente ou qu il d couvre le droit il fait les deux Sauf noter que dans l esprit de Dworkin il s agit plus de coh rence synchronique que de continuit diachronique Disons que chacune joue son r le puisque la notion capitale d int grit exprime la fois une fid lit au pass et une tension vers l avenir Deuxi me id e force l int grit ou plut t le droit en tant qu int grit law as inte grity que le traducteur abr ge en droit int grit Nous sommes habitu s observe Ronald Dworkin au stationnement alternatif Pourquoi ne d ciderait on pas de m me que l avor tement est permis les ann es paires et interdit les ann es impaires A l vidence parce qu une question aussi grave appelle une r ponse de principe et ne saurait se contenter d un compromis l gislatif Encore que nombreuses sont les dispositions de com COMPTES RENDUS 463 promis qui se dissimulent derri re des paravents abstraits l auteur cite en exemple l esclavage avant la Guerre de S cession admis ici et refus l Du moins faut il pourchasser le compromis par la recherche de l integrity notion complexe qui implique la fois l id e de coh rence bien s r voire d galit formelle mais aussi de progr s moral Ce n est pas hauteur
65. emier point est illustr par Marc Fumaroli qui examine Th orie de l argumentation et inven tion litt raire p 309 et s prenant appui sur la r f rence que Cha m Perelman fait Jean Paulhan dans une lutte commune l un en droit l autre en litt rature contre un conformisme terrifiant et rappelant que la Rh torique d Aristote est une souche m re de la pens e occidentale l argumentation perelmanienne a ceci de commun avec la litt rature qu elle fait admettre un ordre de connaissance propre aux humani t s p 320 Le second point est abord par exemple par Sankaku Eguti qui se penche sur L influence de Ch Perelman sur la pens e juridique au Japon p 69 et s et lui reconna t un retentissement grandissant p 69 en droit civil dans la th orie l infraction ce qui est plus surprenant et travers l histoire du droit la m thode Perelman ayant t utilis e pour clairer les raisonnements suivis par le juge japonais du Moyen ge soumis la loi de l impartialit p 74 Enfin les racines philosophiques de la pens e de Cha m Perelman se d gagent clai rement travers les contributions qui en mesurent les liens avec l thique Luc Wintgens Rhetorics reasonableness and ethics An essay on Perelman p 343 et s avec la rationalit pratique Tomas Gil La Diskursethik et la th orie de l argumentation de Ch Perelman deux
66. endement st rilise toute assimilation personnelle Si la communication est aujourd hui partout relay e c est pour mieux dissimuler la question de la source de ce qui est dit celle de sa v rit C est pourquoi l thique communicationnelle n est plus que le nom pris par le triomphe de l opinion domi nante Le dernier chapitre revient enfin sur les deux termes qui n ont cess de r v ler leur tension le spirituel et le politique Le premier terme est constamment menac d tre absorb par le second de mani re immanentiste et par ceux l m mes qui auraient pu avoir pour t che de le prot ger Si l Antiquit a su d gager les valeurs du juste dans un droit s par des morales utilitaires et sup rieur elles cette valeur morale s est enlis e dans une conception de la nature de l homme saisie seulement comme g n ricit sociale COMPTES RENDUS 471 sans aucune r f rence une origine ou une filiation Le dieu abstrait des Lumi res pr pa rait cette derni re perte d identit Ce dernier tableau tr s sombre de notre modernit ne devrait pas dissimuler l appel pressant que l on per oit chaque page en direction de ces personnes que nous sommes afin que dans les marges peut tre elles retrouvent et pr sentent le sens du Royaume lisabeth KESSLER Cha m Perelman et la pens e contemporaine textes rassembl s par Guy HAARSCHER Bruylant 1994 487 p I1 fallait que les text
67. er un droit nouveau sur le fondement du droit romain pp 21 25 La doctrine se d tache n anmoins du fait pour commencer d s le XVI si cle confondre le droit avec la r gle pos e par l autorit sup rieure Si la doctrine oublie alors l art des prudents ce positivisme naissant lui conf re un r le nouveau celui de cr ateur d un ordre juridique par une syst matisation des lois pp 37 51 Avant d tudier cette mise en syst mes du droit p 37 qui en modifia profond ment la perception et aboutit aux codifications modernes l auteur revient l tude des juristes m di vaux qui dans un souci d unit surent inventer le concept de jus commune fond sur la pr minence reconnue au droit romain avant que leurs successeurs b tissent ce droit commun autour de sources fran aises par un travail syst matique de comparaison des coutumes entre elles p 42 Mais cette syst ma tisation progressive du droit devait annoncer la fin de la doctrine comme source premi re du droit Une fois que celui ci fut syst matis il passa sous la domination de l tat qui d poss da la doctrine de son pouvoir Cette tr s riche contribution dont la conclusion est la fois logique et pessimiste du moins aux yeux des d fenseurs d une conception du droit et de la doctrine ant rieure la naissance de l humanisme est utilement compl t e par deux articles consacr s La doctrine et la propri t
68. errez en conclusion que le droit n est pas puis par l nonc d un catalogue de r gles ou de principes chacun ayant la ma trise de quelque th tre d op rations s par car l empire du droit se d finit par une attitude et non par un territoire un pouvoir et des principes de proc s Et encore l attitude du droit est constructive elle vise dans l esprit d interpr tation superpo ser le principe la pratique pour montrer la meilleure voie vers un meilleur avenir tout en respectant comme il convient la fid lit au pass C est pour finir une attitude fra ternelle une expression de la fa on dont nous sommes unis dans une collectivit tout en tant divis s sur nos projets nos int r ts et nos convictions pp 449 450 Comme quoi ce tr s beau livre est au moins autant une profession d optimisme qu un essai d explication scientifique Philippe JESTAZ Robert Alexy Begriff und Geltung des Rechts Fribourg Munich Alber Rechts und Sozialwissenschaft 1992 216 p C est un livre qui va droit au but Intitul Le concept et la validit du droit cet ouvrage aborde sans ambages le probl me du droit en traitant successivement des deux dimensions th oriques qui constituent son titre Il s agit d une tude sur le concept et la validit du droit qui vise la th orie du droit positiviste et dont la m thode est essentiel lement critique Contre le positivisme juridiqu
69. es plus grands Cette pens e politique s inscrit dans une analyse de notions communes qui prolonge en un sens universel une ou plusieurs intuitions l mentaires sensibles qu il s agisse de la notion de droit de peuple ou de m urs La pens e se d ve loppe en un texte court mais sans lacunes loin des sommes parfois indigestes qui sui COMPTES RENDUS 457 vront Si son id e est moderne son rythme est celui des classiques de l Antiquit ou la Renaissance tel La Bo tie autre g nie juv nile qu Erhard traduisit et commenta Le texte comprend une d duction des droits de l homme puis l examen de la l gitimit d une r volution enfin une analyse du concept de peuple avant de livrer une r ponse d finitive L auteur au nom de la conscience morale ou raison d montre l impasse d un certain formalisme juridique Il rappelle la diff rence entre un juge ment pratique qui juge de la conformit d une loi avec notre nature morale et un juge ment technique qui value son efficacit atteindre un but La loi positive peut d terminer certains devoirs moraux mais elle ne peut contredire la conscience morale Le but et le terme de tout droit positif est la personnalit ou vertu d finie en son sens lev comme minente manifestation de force chez l tre humain La vis e des droits de l homme n est pas le bonheur ni la formation ou culture de l homme mais la justice qui lais
70. es r sultant du colloque organis Bruxelles en 1991 prennent la forme d une publication car l ouvrage en question permet de faire parfaitement le point sur la pens e de Cha m Perelman De telles introductions et celle ci est particu li rement riche et bien con ue permettent en premier lieu la mise en avant de la coh rence d une pens e travers une multitude d crits initiation toujours pr cieuse pour le lecteur Celle ci constitue aussi en second lieu une sorte d preuve pour savoir s il existe vraiment un perelmanisme Guy Haarscher p En outre et c est l ambition l ouvrage mesure peut tre prise de l influence de la pens e de Cha m Perelman sur la philosophie et les sciences humaines On peut en prendre quelques exemples parmi la trentaine de contributions pr cieuses La premi re partie du volume concerne Perelman et le droit tandis que la seconde est consacr e l argumentation et les sciences humaines On observera au passage que c est aussi ce dernier th me que le volume 1994 de l Ann e sociologique est consacr offrant un panorama particuli rement int ressant et puisant notamment dans les th ories de Perelman mais c est toujours de rh torique dont il est question On peut donc trou ver des lignes de force au del de cette distinction ce qui montre la puissance de la pens e de Perelman Certes mouvement naturel certains auteurs tablissent la pertin
71. es r v lent d importantes filiations dans les uvres ult rieures de Kant et de Fichte La tr s subtile recension par Erhard des Consid rations sur la r volution fran aise de Fichte r v le aussi l attachement de notre auteur aux consid rations de la prudence instruite par l histoire et l exp rience Il reste en cela fid le Kant qui n eut pas d savouer son amiti pour le jeune Erhard C est pourquoi nous h siterons davantage que les diteurs ranger d finitivement Erhard parmi les jacobins allemands Si Erhard voit en eux de nouveaux chevaliers il ne laisse pas d exprimer sa crainte l gard du despotisme de l opinion ni d exercer contre eux ou contre lui m me une ironie non feinte Tous ces textes sont accompagn s de trois commentaires historiques et philoso phiques r dig s par les diff rents auteurs de cette dition Ils veillent la conscience que cette poque heureuse de la philosophie qui allait tomber bient t dans un oubli presque cent cinquante ans est encore la n tre Elisabeth KESSLER Stephen HOLMES Benjamin Constant et le g nie du lib ralisme moderne Paris PUF L viathan 1994 373 p Stephen Holmes fait s rement partie de ces rares interpr tes qui tirent le meilleur la pens e de ceux qu ils tudient non pas parce qu ils les hypostasient comme un punctum radians de l Histoire mais au contraire parce qu ils les y inscrivent avec une parfa
72. es trois auteurs ayant dirig la man uvre Les textes de pr sentation au nombre de cinq puisque l ouvrage comporte une introduction g n rale et une introduction particuli re chacune des quatre parties occupent eux seuls pr s de 100 pages soit presque un cin qui me de l ensemble C est dire que les trois pr sentateurs ne se bornent pas faire par ler les autres Une premi re partie consacr e au recensement de la famille positiviste part de l id e que nombre d auteurs habituellement rattach s d autres courants sociologique marxiste institutionnaliste etc ont t positivistes par des aspects importants de leur pens e ce titre le lecteur trouvera non seulement des extraits de Kelsen ou Carr Malberg ce qui va de soi mais aussi de Bentham John Austin Duguit Pashukanis ou Hauriou sans parler des in vitables Holmes et Roscoe Pound Puis les trois autres par ties envisagent successivement le positivisme comme m thodologie juridique comme th orie du droit et comme id ologie On va donc du moins contestable au plus contest Les auteurs de la pr sentation qui se plaisent souligner que l un d entre eux au moins est un jusnaturaliste d clar n ont voulu ni critiquer ni louer le positivisme Ils revendiquent d avoir fait uvre scientifique et on leur en donne acte D sormais aucun chercheur soucieux de se documenter sur la question ne pourra viter de comme
73. este l homme par son universalit d clarative sans perdre son identit travers l action humaine mais qui butte face aux limites intrins ques d un universalisme subjectif Et alors appara t le positivisme juridique et la recherche d un ordre immanent mais scientifique VII r ponse partielle une justification de la norme alors que le droit dans la justice moderne et post moderne VID ne peut se suffire d un ordre positif pos et justifi par la sanction surtout une poque o le droits de l homme sont le seul et vrai absolu thique C est ainsi que le juriste doit participer la recherche du principe de l galit IX d une part en redonnant au droit son thique sp cifique traditionnellement r sum e dans le principe de justice et d autre part dans la recherche de la recta ratio c est dire dans la recherche de la justification rationnelle du pouvoir qui doit trouver dans la sanction X plus que la r pression la r tribution de l action humaine 486 COMPTES RENDUS Le chapitre sur l tat de droit XI est un passage cl de l ouvrage parce que cette notion est une notion cl dans la recherche scientifique moderne Notion artificielle ou notion r elle les diff rentes conceptions de l tat de droit sont parfaitement expos es faisant appara tre que l tat de droit est un processus dynamique parce que le pluralisme de valeurs XII dans notre soci t complexe ne p
74. eur doit renoncer une conception radicale de l autopo se telle que celle d velopp e par N Luhmann qui ne concevrait pas une telle ouverture vers des d terminations et des r gulations ext rieures Cette articulation pos e permet l auteur de d velopper une th orie de l volution du syst me juridique qui ne le constitue pas comme simple cons quence du syst me social en raison du m canisme de cl ture mais qui exclut dans le m me temps l id e d une vo lution aveugle Le syst me social module le syst me juridique D s lors l on peut en arriver la th se d une r gulation de la soci t par le droit r flexif Puisque le droit est un syst me autopo tique entour d environnements galement autopo tiques cela engendre une nouvelle situation sociale dans laquelle il y a conflit perp tuel des logiques propres aux sous syst mes sociaux conflit inextricable entre l information et l interf rence L auteur sugg re alors la doctrine de construire un droit des conflits syst miques afin de trouver une solution l ind termination juridique nouvelle qui r sulte de sa conception en double autopo se et qui prend par exemple la forme de la jurisprudence sociologique ou de l analyse conomique du droit Il faut alors que le droit r vise la baisse ses exigences de consistance interne entra nant d une fa on irr versible cis lement de la doctrine et sp cialisation des pr
75. eut se figer dans un corps rigide et sans vie La tol rance XII la non violence XII participent l uvre sociale compl men taires au droit deviennent une source et la non violence une technique de solution des diff rends Et voil retrouv le rapport entre le droit et l thique confront sur le terrain des droits de l homme XIV et le probl me fondamental de leur justification face une pro lif ration de Chartes de droits qui amenuisent leur valeur supr me sans oublier que l homme a aussi des devoirs naturels XV que peut tre pr c dent les droits si on consid re que le devoir de coexister est le fondement de la relation thico juridique Mais l universalisme des droits de l homme trouve sa plus grande difficult de mise en uvre face au pluralisme des cultures XVI butoir d pass seulement s il est pos sible de trouver une unit culturelle dans la diversit Mais est il possible de voir dans la D claration Universelle des Droits de l homme l incarnation de valeurs juridiques abso lues L ouvrage s ach ve sur deux th mes de grande actualit d une part le rapport entre la m decine et le droit XVID et d autre part les droit des animaux XVI Ces deux chapitres mettent en vidence la difficult que l homme rencontre aujourd hui trouver les limites de son existence plus simplement de ce qui est humain et de ce qui ne l est pas Mais ce qui est humain et ce qui ne
76. ge du chercheur D Wolton a pour particularit de s adresser au grand public et de se situer dans un d bat sur l Europe d mocratique que l auteur juge d faillant du point de vue du citoyen Le malaise propos de la construction europ enne ne provient pas seulement du fait qu il s agit d une situation historiquement nouvelle s accompagnant d une absence d exp rience de repr sentations de grilles de perception de l espace europ en et de la mise en cause des pratiques technocratiques Ce malaise provient aussi et surtout du probl me de l identit qui est selon l auteur la grande question anthropologique de cette fin de si cle L anthropologie enseigne en effet que la reconnaissance de l autre au niveau individuel comme collectif est fonction de la reconnaissance de soi Ainsi on ne peut construire une identit europ enne que si on lui int gre les identit s ant rieures Vouloir imposer une identit europ enne sans prendre en compte ce ph nom ne serait aller droit l chec et des manifestations telles la r surgence des nationalismes Rappelant que la construction europ enne fut l origine un processus technocratique ce qui tait n cessit par les circonstances historiques D Wolton montre que l Europe technocratique a du mal s effacer devant l Europe d mocratique La ratification du Trait de Maastricht illustre l incompatibilit de ces deux tendances au lieu de d
77. hoses inanim es Reste savoir et c est l essentiel si ce sont des choses ou des personnes La ques tion n a jamais t aussi actuelle du fait m me des progr s de la g n tique et de la biolo gie et d un d bat compl tement renouvel sur l existence ou l apparition de la personna lit juridique Reconna tre aux animaux des droits semblables aux droits de l homme c est admettre que ce sont des personnes non des choses C est aussi sur une pente menant aux pires atrocit s acclimater l id e qu entre l animal de compagnie et l tre hu main handicap il y a sans doute une diff rence mais de degr et non pas de nature La d marche suivie par Janine Chanteur la conduit se demander si l animal est un sujet thique investi de droits mais en outre soumis des devoirs ce qui fonderait une galit en termes de droit les juristes diront en termes de personnalit juridique celle ci tant l aptitude tre titulaire actif et passif de droits et d obligations v la belle th se de J P Margu naud L animal en droit priv Paris PUF 1992 Mais celles ci sont impensables quand il s agit des animaux Et s il convient d assurer la protection ceux ci contre la cruaut des hommes c est parce que ceux ci ont des devoirs envers eux nous ajouterions et travers eux envers la nature et ce n est pas parce qu ils ont des droits ayant vocation s inscrire dans q
78. iculi rement clair et vivant tous les grands th mes actuels de la philosophie morale thique ancienne et moderne cons quentialisme et absolutisme constructivisme et intuitionnisme liens avec le lib ralisme ou l historicisme etc mais galement quelques questions plus sp cifiques les th odic es le romantisme ainsi que deux cha pitres consacr s respectivement L Strauss et C Schmitt On peut avec une large part d arbitraire consid rer que le c ur de la position larmo rienne se trouve exprim dans le chapitre Au del de la religion et des Lumi res L auteur y propose d all ger la position kantienne en consid rant qu il est permis distinguer entre l id e qu il existe un ensemble de devoirs cat goriques et celle selon laquelle ce syst me de devoirs est tel que chaque homme simplement comme tre ra tionnel a des raisons suffisantes pour les assumer comme ses obligations p 85 IL suit de cette distinction une th se faible donc plus facile admettre selon laquelle une obligation morale peut s appliquer si l individu qui y est soumis peut tre amen l accepter ou par la raison ou par une forme d entra nement ou de socialisation qui est moralement admissible p 86 Si l on per oit bien l avantage de cette position maintenir l universalit thique sans hypoth ses m taphysiques lourdes on peut toute fois s interroger sur sa port e exacte
79. iduelle celle des deux points de vue pr cit s L id e est fructueuse Une fois admis que la prise en compte du point de vue person nel est une exigence thique et non simplement pratique il est possible de justifier le rejet des utopies c est dire des syst mes auxquels des individus raisonnables n ont au cune raison d adh rer Plus g n ralement la psychologie de la motivation individuelle devient partie int grante de la r flexion politique Sym triquement la d marche de Nagel fait pi ce aux th ories qui pr tendraient nier que les individus soient mus par autre chose que leur int r t personnel contre les diverses variantes de l utilitarisme conomico juridique l incorporation du point de vue impersonnel au sein m me de l int riorit hu maine restitue ce point de vue sa place l gitime dans la motivation individuelle 476 COMPTES RENDUS Pour stimulant qu il soit le dispositif ainsi pr sent ne peut manquer de susciter la dispute En ses arcanes m mes pour commencer comme l hypoth se de la position originelle dans la philosophie de Rawls la notion de point de vue impersonnel para t d une certaine fragilit surtout s il faut l entendre comme rigoureusement dis tincte du point de vue personnel Or Nagel reconnaissant lui m me que ce dernier point de vue peut distordre la perception des valeurs impersonnelles force est d admettre que l tre n est pas aussi
80. ient de s enrichir d un titre qui r jouira les philosophes du droit Tous savent en effet que malgr Michel Villey le droit naturel demeure une no tion combattue et une notion ambigu Il devient presque par le minist re d Alain S riaux une notion combattante Son tude est divis e en deux grandes parties o l on retrouve la division commode d j pra tiqu e en leur temps par L o Strauss et Michel Villey le droit naturel classique et c est la premi re partie le droit naturel moderne et c est la deuxi me partie Trois chapitres se r partissent la premi re partie La notion de droit d abord o sont convoqu s et pr sent s comme caract ristiques du droit le titre et la mesure le titre sorte de passage entre le factuel et le l gitime et la mesure au point d quilibre entre un exc s et un d faut Puis sont mentionn es les deux esp ces d galit g om trique dans les distributions et arithm tique ou corrective dans les changes en r f rence Aristote Et l on termine ce chapitre par un rapprochement entre loi juge et quit Au chapitre II est examin le droit naturel lui m me dans les choses dans sa diff renciation d avec le droit des gens et dans son invariabilit mise express ment en rap port avec la divinit Le chapitre II lui envisage les relations entre le droit naturel et le droit positif ce lui ci tant d abord assimil au droit voulu par l
81. if Car c est bien autour des garanties dont le proc s p nal est le cadre que l ensemble des contributions de ces m langes convergent Cette lecture met en exergue la consubstantialit entre proc s p nal et droits de la d fense chanson connue mais dont il est toujours pr cieux de reprendre le refrain Marie Anne FRISON ROCHE Alessandro GIULIANI et Nicola PICARDI La Responsabilit del giudice Giuffr editore 1987 Depuis l op ration Mains Propres et la d ferlante des Juges sur le paysage politique et conomique italien les livres concernant les juges et leur r le passionnent les philo sophes les juristes et tous ceux que d une mani re ou d une autre regardent observent la Soci t et ses grandes mutations Le livre de Monsieur Alessandro Giuliani et Nicola Picardi La responsabilit del Giudice m me s il a t publi en 1987 est d une extraordinaire actualit pour com prendre comment les juges italiens ont su se d crocher de la soumission politique pour atteindre une ind pendance qui semble aujourd hui remise en cause depuis les derni res lections politiques de 1994 Le livre comment tire son inspiration des grandes discussions sur la responsabilit du juge qui ont accompagn le monde judiciaire pendant les ann es 80 et qui devaient amener le texte de loi du 13 avril 1988 et l importante d cision de la Cour constitution nelle italienne du 19 janvier 1989 comment e en annexe dans l
82. individu lequel n est plus objet mais sujet de droit international prot g par des normes de jus cogens qui imposent des limites subjectives la souverainet de l tat Les deux professeurs costariciens reconnaissent naturellement l aspect subsidiaire la protection internationale des droits de l homme Celle ci d pendant en premier lieu des ressources internes qu offrent le droit constitutionnel et le droit administratif les auteurs examinent minutieusement les relations entre droit international et droit interne S inscrivant dans la logique de l histoire ils abordent apr s le contrat la loi et la constitution le r le actuel du trait international comme garantie des droits de l homme travers l tude d taill e de la Convention am ricaine et de ses organes ils soulignent la n cessit du double m canisme de la Commission et de la Cour qui est indispensable la protection efficace des droits de l homme Pizar et Trejos explorent cette terre encore inconnue qu est le droit international des droit de l homme il serait regrettable de n gliger l importance de leur contribution novatrice C cile COSCULLUELA CURAPP CHDRIP La doctrine juridique PUF Paris 1993 287 p C est toujours avec un l ger frisson m lang d appr hension et de plaisir narcis sique que l universitaire aborde un ouvrage consacr la doctrine juridique Mais parce qu il est compos de neuf articles portan
83. individuelle rel ve de l unit divine et non de la communaut hu maine Le bien public n est que celui de l tat et il est subordonn au bien commun lui m me moyen en vue du salut individuel de tous les hommes Telle est la d pendance moderne chez saint Thomas et chez Kant du politique l gard de l thique inversant l antique subordination aristot licienne Certes le bien commun reste concr tement pr sent dans des biens particuliers loin de se dissoudre dans la seule forme rationnelle de la raison pratique mais il n est plus enlis dans la Cit puisqu au contraire celle ci est d sormais seconde soumise sa finalit transcendante Ce sont des tendances l ext rieur de la pens e chr tienne brusquement mancip es qui vont ensuite dominer la rationalit politique moderne Les deux derni res parties l ouvrage lui sont consacr es r v lant les violences inflig es l humanit dans son id e d abord avant d atteindre sa chair vive Ainsi le volontarisme consiste faire de la volont une source du politique et du droit Son corollaire est une repr sentation de la nature humaine d capit e de son essence personnelle saisissable par intuition imm diate et seule porteuse d une signifi cation universelle L homme neutre d fini par ses caract res g n raux interchangeables 470 COMPTES RENDUS va offrir aux nouveaux pouvoirs une l gitimit capable de masque
84. ite pr cision L ouvrage de S Holmes d borde ainsi d intelligence et travers un auteur donner penser sur la plupart des grands th mes contemporains de la philosophie politique c est bien pour ces raisons qu il m ritait d tre traduit dans la collection L viathan En r sum l ouvrage est bien s r travers par la probl matique des Anciens et des Modernes et plus pr cis ment par l opposition non manich enne entre Rousseau et Constant ce qui permet de traiter des th mes de la citoyennet du gouvernement repr sentatif des libert s de presse de religion versus la Libert du public et du priv etc On aura par ailleurs devin qu tudiant Constant l auteur a l intention de r habiliter sans aveuglement cf pp 355 359 le lib ralisme et la modernit contre les critiques des actuels pigones d Aristote De ce point de vue le livre n offre pas de surprises concep tuelles mais conf re outre la richesse des citations un sentiment de satisfaction perma nente gr ce la pr cision des formules qui r sument les positions en pr sence par exemple Scheller Hegel Marx et Nietzsche ont chacun leur mani re regard le citoyen antique comme un reproche incarn adress au bourgeois moderne p 5 Rousseau concevait la libert la mani re sto cienne ou spinoziste comme ad quation des besoins et des capacit s p 125 Les Romantiques ne reproch rent pas
85. itique ou encore pour d fendre ses int r ts corporatistes et selon des modalit s diverses qui ont toutes pour objet de proc der une adaptation de la jurisprudence et de la loi Vouloir d montrer que la doctrine juridique est un agent essentiel de l objectiva tion et de la l gitimation des r gles de droit constituait un objectif ambitieux Il n est 490 COMPTES RENDUS pas certain qu il ait t atteint ne serait ce qu en raison de la m thode retenue C dant peut tre un certain souci de scientificit qu ils d noncent pourtant chez les juristes les auteurs usent en effet de longues citations qui jouent en quelque sorte le r le du fait exp rimental Cette m thode a certes l avantage de permettre au lecteur de se forger une opinion imm diate sur les analyses avanc es en proc dant leur v rification Mais les citations surtout si elles sont longues ne peuvent tre multipli es sauf enfler le volume des ouvrages l image de Bonnecase D o un choix qui n est pas n cessai rement repr sentatif Ainsi du courant jusnaturaliste qui est tr s rapidement condamn apr s qu il ait t seulement per u travers le prisme de trois auteurs aux opinions antagonistes pour le moins tranch es pp 140 143 Les enseignements retenus peuvent alors ne pas convaincre Les auteurs peuvent ils par exemple conclure de fa on g n rale que pour la doctrine entre la coh rence de l ordre juri
86. l est pas n est il pas l absolu de notre exis tence La lecture de cet ouvrage peut aider trouver la r ponse Carlo Alberto BRUSA Enrico Pattaro Temi e problemi di filosofia del diritto Bologna CLUEB 1994 666 p Enrico Pattaro l un des plus minents repr sentants de la philosophie du droit ita lienne a rassembl et r sum en un manuel deux de ses pr c dents ouvrages publi s aux m mes ditions Lineamenti per una teoria del diritto 1990 et Introduzione al corso di filosofia del diritto 2 tomes 1990 et 1993 L auteur part des concepts juridiques les plus courants droit objectif et subjectif obligation norme droits r els et personnels faits actes et rapports juridiques pour les examiner la lumi re du paradigme philoso phique de l tre et du devoir tre Sont convoqu es en chemin les diff rentes coles du droit naturel d un c t le positivisme de l autre et l auteur consacre en particulier une longue analyse la th orie de Kelsen dont il remet vigoureusement en cause la scienti ficit notamment en ce qui concerne l implication entre la validit d une r gle appr ci e au regard de la hi rarchie des normes et son caract re obligatoire mais galement l gard de l identification entre juridicit et caract re obligatoire Dans une seconde partie l auteur se livre une analyse philosophique de la th orie des sources du droit Selon lui ces derni res ne d
87. l ressort du livre que la p riode m di vale se trouvant d j confront e au probl me intellectuel de l harmonisation des traditions classique et chr tienne et aux difficult s concr tes de la protection des droits locaux par rapport aux d cisions du gouvernement central ne pouvait qu envisager un grand nombre des solutions logiquement possibles que les penseurs modernes croient ou sont cens s inventer On aura compris qu il s agit l d un ouvrage la fois accessible et aussi indispen sable que le pr c dent l historien ou l honn te homme Ren S VE J KRYNEN L empire du roi Id es et croyances politiques en France XIII XV si cles Paris Gallimard Biblioth que des histoires 1993 556 p Depuis plus de dix ans le professeur J Krynen avec l Id al du prince et le pouvoir royal en France la fin du Moyen ge publi en 1981 et de nombreux articles se consacre l tude de la pens e politique m di vale Ce nouveau livre l criture l gante et s re fera date et r f rence dans un domaine jusque l assez peu exploit par les historiens juristes sp cialistes des id es et philosophes Il am ne en effet saisir les changements d cisifs qui se sont produits entre Philippe Auguste 1180 et Louis XI 1483 dans les id es et croyances politiques Ce travail dont la foisonnante richesse rend difficile d en r sumer les principaux points s articule autour de trois
88. la nature son fondement ontologique au sens platonicien S Tzitzis pp 29 45 A moins que sa d fense du droit naturel classique dans lequelle certains tentent pourtant de voir le signe d une certaine modernit J F Niort pp 77 102 soit si l on en croit certains travaux de psychanalystes la traduction d un sentiment narcissique qui permet la confusion du sujet et de l objet D de B chillon pp 53 76 Autant de regards critiques qui n auraient certainement pas d plu un juriste et phi losophe qui avait tant plaid contre la qui tude intellectuelle Christophe JAMIN Csaba VARGA Law and Philosophy Selected Papers in Legal Theory Budapest Faculty of Law of Lor nd E tu s University 1994 530 p Le professeur Varga le plus important des sp cialistes est europ ens de th orie et sociologie g n rales du droit pr sente ici un impressionnant volume de 27 articles parus entre 1970 et 1992 en fran ais allemand y compris ceux initialement parus en hongrois et anglais 474 COMPTES RENDUS L ouvrage est extr mement bien con u avec deux tables des mati res l une synth tique et l autre d taill e une biographie et une bibliographie de l auteur trois index des notions auteurs et sources juridiques cit s et videmment une introduction Dans cette derni re souvent mouvante l auteur pr sente les grandes tapes de son volution intel lectuelle commen ant dans les difficu
89. lace un nou veau r gime unitaire et antif d raliste D o un premier projet de code civil en 719 articles soumis la Convention par Cambac r s en ao t 1793 Derri re l emphase r volutionnaire du rapport pr liminaire se cachaient en fait des compromis h tivement labor s par des juristes charg s d une mission quasi impossible r diger en deux mois un code r ellement r publicain p 122 L dessus le projet fut enterr comme tant trop long et trop juridique il fallait parler au peuple dans un langage concis et simple En v rit cet ajournement fut probablement voulu par le Comit de Salut Public il y avait d autres urgences et adopter un code civil e t t d une certaine fa on mettre un terme la R volution A la place la Convention pr f ra voter au paroxysme de la Terreur ce que J L Halp rin appelle les lois de combat de l an II sur les enfants naturels et les successions V p 143 et s Un second projet Cambac r s apparut apr s la chute de Robespierre 27 juillet 1794 avec 297 articles d un laconisme t l graphique avant la lettre exemple Sans consentement point de convention Mais ce projet arrivait contretemps il entendait maintenir les acquis de l an II alors que la r action commen ait poindre p 456 COMPTES RENDUS 214 Enterr son tour Et la Convention l gua au Directoire le dossier de plus en plus comple
90. le ci se r v lerait psychologiquement et politiquement irr alisable p 137 On le sent bien c est l horizon m me th orique de l unanimit per ue comme convergence des motivations qui p nalise la r alisation de l galit et surtout qui l gi time la non effectuation de celle ci Un exemple qui donne r fl chir compte tenu l normit des diff rences de niveau de vie les pays riches estime Nagel sont en th orie fond s refuser de trop sacrifier leur niveau de vie en faveur des pays pauvres Cette atti tude n tant pas d raisonnable il ne reste qu esp rer que la g n ralisation de la COMPTES RENDUS 477 conscience de l injustice conduira les premiers agir spontan ment envers les seconds Le serpent se mord la queue lorsque tant d efforts ont t d ploy s pour tenter de fonder en th orie la valorisation de l galit peut tre est il quelque peu insatisfaisant de s en tenir pr ner l instauration d un minimum social garanti et plus g n ralement subordonner toute avanc e en direction de l objectif d galit un consensus toujours hypoth tique Entre le refus du pouvoir despotique et la d lib ration immobilisante ne faut il pas faire une place l influence myst rieuse que la d cision du l gislateur exerce sur les mentalit s elles m mes Daniel GUTMANN Monique CANTO SPERBER La philosophie morale britannique Paris PUF
91. lgr lui les mat riaux mais sans mode d emploi p 36 M me si certains cahiers de dol ances r clamaient l unifica tion la majorit des provinces manifestaient pour leur droit une fid lit qui tait peut tre celle des juristes pour leur fonds de commerce Bien entendu l esprit des Lumi res le culte de la raison et du droit naturel poussaient la codification Mais les grands penseurs jusnaturalistes n taient pas fran ais et les ju COMPTES RENDUS 455 ristes fran ais fort conservateurs encore une fois ne les avaient pas lus C est donc nos philosophes tous amoureux des lois qui r clamaient un code civil encore que le re lativiste Montesquieu n y f t gu re favorable A l poque les seuls juristes de progr s semblent avoir t des avocats m contents de leur position sociale et d us de la soci t p 75 De toute fa on il n tait pas pr cis ment facile de mettre le droit priv en harmonie avec les grands principes qui furent adopt s en 1789 L galit successorale Oui mais on craignait d attenter par l au droit sacr de propri t De plus tout se tient en pa reille mati re et on n en peut tirer une brique sans que l difice soit refaire La la cit du mariage Sans doute mais elle portait en elle m me l institution du divorce sur le quel les avis taient partag s Et l on pourrait multiplier les exemples Pour ces rais
92. lidit du droit Il s agit de passer du domaine pu rement conceptuel au domaine normatif et d inclure ainsi des l ments de validit dans le concept du droit L auteur proc de ici par une mise en parall le aux trois l ments du concept du droit d j d velopp s l efficacit sociale le caract re mat riellement juste inhaltliche Richtigkeit et le fait d tre pos conform ment aux r gles correspondent les l ments sociologique thique et juridique du concept de la validit Cette triple distinc tion au sein de la th orie de la validit sert en effet expliquer pourquoi et dans quelle mesure il peut y avoir des conflits de validit d une part entre la validit juridique et la validit sociale d autre part entre la validit juridique et la validit morale des normes L on peut qualifier en suivant Alexy la validit juridique de validit au sens troit au quel cas on se trouve n cessairement confront au probl me d une norme fondamentale c est dire la question de savoir s il peut y avoir une norme susceptible de fonder toutes les normes except elle m me L auteur discute alors trois conceptions clas siques la norme fondamentale de Kelsen la r gle de reconnaissance de Hart et la loi naturelle de Kant cette derni re n occupant pourtant pas une position centrale dans la philosophie du droit kantienne Il adopte d abord la solution kelsenienne la norme fondamentale comme c
93. lt s cr es par le marxiste dogmatique avec toute fois le cheval de Troie de la pens e de G Luk cs et aboutissant travers une r flexion sur Kelsen aux pr misses d une pens e syst mique d sign e par un commentateur cit par l auteur de proto autopo tique que l auteur d veloppera par la suite dans ses colla borations bien connues avec les meilleurs th oriciens contemporains Le droit est ainsi pour C Varga si nous pouvons nous permettre de r sumer en une formule sa pens e une r alit sans essence et sans limites d termin es mais davantage un processus sans sujet ni fin En d autres termes il n y a pas de logique juridique sans sociologie juridique comme l illustre l article Heterogeneity and validity of law Outlines of an ontological reconstruction un des plus passionnants de ce tr s beau recueil Ren S VE Charles LARMORE Modernit et morale Paris PUF Philosophie morale 1993 257 p Cet ouvrage extr mement stimulant est le premier de la nouvelle collection des Presses Universitaires de France Philosophie morale dirig e par Madame Canto Sperber cf les compte rendus suivants qui annonce une liste tout fait attrayante d ouvrages para tre des classiques modernes Nicole Bradley Moore aux classiques contemporains comme D Parfit ou J Rawls Recueil d articles r dit s ou originaux le livre de C Larmore d veloppe dans un style part
94. mations utiles et de r flexions originales O l on verra qu d faut de pouvoir mesurer la charge normative de chaque loi p 195 il convient de relativiser le ph nom ne de l inflation l gislative O l on apprendra tout ce qu on croyait savoir sur le pr ambule la division en articles ou le d cret de promulgation O l on red couvrira que le plan traditionnel de la loi incorpore un sch ma primaire logique causes cas conditions proc dures effets un fil conducteur chronologique p 214 O l on remarquera que le style l gislatif p 242 et s n est pas exempt de surcodages litt raires accusant une parent entre le l gislateur et le moraliste et les auteurs de citer des dictons contenu juridique pars dans les Fables de La Fontaine etc L ouvrage prend fin sur une typologie qu impose l clectisme l gislatif contemporain feu d artifice o apparaissent tour tour le modernisme hypernormatif par bureaucra COMPTES RENDUS 495 tie corporatisme ou pointillisme le n o classicisme l gislatif qu il soit r miniscence consulaire ou d claratoire et le post modernisme hyponormatif loi souple loi indicative Bref il y a l un pr cieux instrument de travail et de r flexion pour tous Philippe JESTAZ Dominique WOLTON La derni re utopie Naissance de l Europe d mocratique Paris Flammarion 1993 Cet ouvra
95. me N grier Dormont de nous offrir une analyse tr s int ressante du d linquant et le monde Ici Mme N grier Dormont tudie le choix la libert d agir et le d sir de l acteur p 77 et s Par le biais de la philosophie p nale M Tzitzis en outre aborde le droit p nal pour nous d crire les traits de toile de fond d une mati re normative qui s ouvre sur des perspectives ontologiques les l ments subjectifs de l infraction le rapport entre va leur et v rit la contrainte positive etc p 87 et s La personne de la victime occupe galement une place importante dans ce livre Ainsi la victimologie cette nouvelle branche de la criminologie permet M Tzitzis de d ployer tout son talent pour nous parler des origines du thyma id e fonda mentale dans la philosophie p nale de l Antiquit hell nique Or travers une analyse s mantique et pist mologique de cette notion et des id es voisines la r paration la di gnit les droits de la victime l auteur d montre les diff rences fonci res qui s parent le thyma du concept de la victime examin dans son actualit judiciaire p 99 et s Mme N grier Dormont en prenant la rel ve tudie la victimologie dans ses perspectives cri minologiques le d bat doctrinal l historique son objet d tude la perception et les atti tudes de la victime la victime et le syst me de justice p nale etc Enfin Mme N grier Dormont dans
96. ment philosophiques incite plus encore la lecture Ainsi et prenant l ouvrage par la fin Philippe Conte Libres propos sur la recherche juridique universitaire p 381 et s d vide sarcastiquement les travers effectifs de la recherche universitaire fran aise sa fascination pour la science qui ne s affaiblit que pour mieux se tourner avec la m me envie b ate vers l entreprise et supporte un complexe similaire ses incantations la recherche collective qui rapproche de l un et de l autre Analyse sociologique donc Analyse philosophique de la part de Jean Marc Trigeaud dans son tude Sympa thie et responsabilit p nale L inspiration smithienne p 329 et s Il s agit de reve nir sur la question lancinante du fondement de la responsabilit p nale et d en mesurer les clivages engendr s par la mont e des sciences humaines lesquelles sont de m thode empiriste et d ob dience romantique recouvrant de leur flot la philosophie des lumi res cette derni re restant ancr e dans une thique de la culpabilit et attach e une approche d ductive et abstraite Selon l auteur la th se de la sympathie est apte r concilier les deux ennemis en les d passant En effet la premi re tendance est l gitime en tant qu elle se construit autour de la l galit mais n a pu se maintenir en ce que son rationalisme a fait fi de la partie sensible que constitue la dimension sociale de la responsabilit p
97. ncer par ce tour d horizon la fois tr s vaste intelligent et scrupuleux Philippe JESTAZ Michel BORGETTO La notion de fraternit en droit public fran ais Le pass le pr sent et lavenir de la solidarit pr face de Philippe Ardant Paris LGDJ 1993 689 p Aux finalit s traditionnelles du droit justice ordre progr s s en sont ajout es bien d autres en France l poque contemporaine l aube de celle ci la R volution de 89 en retient trois Mais dans cette trilogie avec le recul de l histoire l un des membres du groupe fait figure de parent pauvre Le droit se nourrit d galit et fraternit Il est avant tout coexistence laquelle d veloppe toutes ses virtualit s entre les libert s fort diverses entre les galit s fort contrast es entre les unes et les autres Dans le monde juridique il n est gu re de mots plus employ s au c ur des soci t s globales ou particuli res en droit public mais aussi en droit priv S il y a une mancipation des opprim s et des citoyens il y a aussi une mancipation des femmes mari es et des mineurs Et si l galit est l me des cit s d mocratiques elle est aussi l me des partages En comparaison le sort de la fraternit est obscur De cet tat on peut trouver bien vite une cause dans l incertitude du concept Il est cet gard ais de discerner les h sita COMPTES RENDUS 481 tions attach es la d termina
98. ne aujourd hui A Robinet comment l auteur de la Monadologie celait en ses posi tions m taphysiques des implications juridico politiques qui lui permettaient de conce voir le meilleur des mondes par la balance de l Europe Mais si Leibniz a toujours projet de composer l organon de sa pens e politique il n a jamais r ussi le construire bien qu il ait lu tous les auteurs et que par sa propre activit il ait t confront multiples probl mes de politique int rieure ou internationale Aussi n avons nous pour saisir ses prises de position juridico politiques qu une pl iade de notes ou de textes pars et disparates qui tout ensemble disent trop et pas assez composition cheve l e sur un fond bibliographique monstrueux L blouissante tude que nous offre le professeur A Robinet a d abord le m rite im mense de dominer cette pl thore de textes imprim s ou manuscrits qui tournent et re tournent en tous sens en les soumettant de perp tuels remaniements ou ajustements s mantiques les notions de droit naturel de justice de loi naturelle de sagesse de sou verainet de puissance de libert d harmonie et de les situer dans l architectonique de la philosophie leibnizienne dont le parcours est ici consid r en trois moments essen tiels Philosophie 1 de 1663 1670 Philosophie 2 le crise de 1670 Philo sophie 3 de 1680 1716 L tude des textes de ces diff re
99. nsacr e Leibniz D autre part et surtout l interrogation juridico politique qui en parcourt les chapitres renouvelle profond ment les perspectives de la philosophie leibnizienne classiquement envisag e en sa teneur m taphysique Enfin la pens e juridique et politique de Leibniz y tant toujours situ e dans un contexte la fois doctrinal et historique la r flexion permet de mesurer en quoi et comment le philosophe de Hanovre en repensant les th mes majeurs du droit public du XVI si cle annonce la politique des princes clair s du XVIII si cle Simone GOYARD FABRE M CATTANEO Illuminismo e Legislazione Penale Saggi sulla Filosofia del Diritto Penale nella Germania del Settecento Milano Edizioni Universitzarie di Lettere Economia Diritto 1993 438 p Il s agit d un recueil de travaux d j publi s dans diverses revues dont le fil conduc teur tourne autour de la philosophie p nale l poque des Lumi res en Allemagne L auteur nous pr sente des juristes et des philosophes allemands qui se sont int ress s cette poque la philosophie du droit p nal p 11 M Cattaneo avec son style per sonnel analyse les chapitres fondamentaux de la philosophie p nale comme ceux qui concernent la valeur de homme en droit p nal p 15 la peine de mort la dignit hu maine la torture la r tribution les fins utilitaires du ch timent etc A travers ses d ve loppements M Cattaneo nous fait d couvri
100. nstellation normative L auteur trouve dans la pens e cart sienne le param tre d un virage partir duquel le sujet et son caract re juri dique est devenu pensable L ouvrage est divis en deux parties dans une premi re partie l auteur expose les Th mes et probl mes de la subjectivit juridique et dans une seconde partie il met en relief les aspects de la subjectivit juridique La premi re partie expose les difficult s rencontr es par l tre humain pour obtenir cette reconnaissance objective et atteindre l universalisme pour devenir ainsi sujet 488 COMPTES RENDUS droit dans une conception abstraite de l tre comme est abstraite la loi Et voil le cogito ergo sum qui configure l universel dans lunivers de l exp rience humaine l univers du sujet devient l orientation d finitive de la pens e et de la raison Et en m me temps le sujet dirige la loi et le l gislateur comme ce fut le cas au moment de la R volution fran aise Mais l universalisme comme recherche d une conception unitaire de l homme semble en m me temps vider le particularisme individuel de chaque sujet la g n ralisation et l abstraction du sujet et du droit peuvent d truire la personne dans son caract re humain Les diff rences dans le corps dans le sexe qui attestent la radicale individualit du sujet ne peuvent elles se concilier avec une conception abstraite du sujet C est la seconde p
101. ntes p riodes tant simultan ment m ditation et r flexion critique le second m rite de l ouvrage est par le balance ment de ses deux mouvements sym triques et compl mentaires respectivement consacr s la philosophie politique et la politique philosophique de forcer le lecteur une inter rogation sur l insuffisance des fondements du droit naturel tel que Grotius Spinoza Hobbes et Pufendorf l ont envisag afin que en d couvrant le r le de la nomoth tique transcendantale il puisse accorder toute son importance la notion commune de justice d o devrait d couler la valeur thique et politique du monde des hommes Car Leibniz philosophe a appris de Leibniz diplomate et conseiller juridique des princes que les hommes quoique dou s de raison commettent nombre d in jures injuria et sont bien plus enclins se faire la guerre qu construire la paix La m ditation ayant conduit Leibniz d placer la primaut m taphysique de la puis sance la sagesse et corr lativement passer d une conception de la souverainet abso lue l id e d une supr matie limit e le philosophe trouve dans un droit naturel ration nel qui selon lui est aussi l obligation de la religion naturelle et fait parmi les hommes soci t avec Dieu le principe th orique qui doit d fier le d ferlement de la violence dans la politique et l histoire Tel est pour Leibniz l optimisme de la raison
102. ociologie l gislative Nul n tait plus qualifi que Jean Milet pour pr senter cette nouvelle dition d un clas sique v aussi J Milet G Tarde et la philosophie de l histoire 1970 Fran ois TERR
103. oivent tre entendues ni comme les COMPTES RENDUS 487 modes de production ni comme les organes de production du droit mais seulement comme des types de produits juridiques La th orie classique des sources du droit joue ainsi selon l auteur un r le fondamentalement id ologique en ce qu elle accr dite le carac t re obligatoire du droit en g n ral et la pr minence de certains types de produits juri diques par rapport certains autres en particulier Pourtant en pratique effective le droit n est rien d autre selon E Pattaro que ce que les juges caract risent et appliquent comme tel La troisi me et derni re partie de l ouvrage est consacr e la d finition d une concep tion r aliste et normativiste du droit entendant d passer la fois le positivisme d fini en derni re analyse comme une tentative de r duction du droit au droit d tat et le jusna turalisme sym triquement d fini comme une tentative tout aussi id ologique de d finir le droit applicable comme d passant le droit d tat mais aussi r cuser par ailleurs les analyses r ductionnistes propos es notamment par l cole de l analytical jurisprudence Se fondant sur une analyse de nature psychologique et descriptive de l id e de devoir in fluenc e par les travaux de H gerstr m et de Hart l auteur propose une lecture du droit comme syst me non pas de prescriptions mais de normes constitu es par les r gles qui sont rec
104. omiques entre individus on parvient difficile ment se d prendre au cours de la lecture de l ouvrage du sentiment qu un l ger parfum d arbitraire pr side l extension consid rable qui est donn e des effets de cette notion Surtout le souci de pragmatisme de l auteur para t le condamner ne pouvoir for muler que des v ux pieux fondant la l gitimit de l ordonnancement social sur une convergence en fait des motivations individuelles Nagel ne peut que constater que le chemin vers une plus grande galit est sem d emb ches Quelles motivations s rieuses pourraient encourager les plus favoris s sacrifier partiellement leur situation en faveur de moins favoris s Il y a du malaise dans la r ponse de Nagel ne s autorisant pas poser en principe que les premiers devraient renoncer une partie d raisonnable de leurs avantages il est contraint de noter avec une lueur d espoir qu il est plus ais objectivement d accepter des sacrifices en faveur de plus d munis que soi qu en faveur plus nantis que soi Au nom de la recherche de l unanimit la dimension d cisionnaire du politique ne risque t elle pas de s effacer devant une pr minence du sociologique Au nom du refus des utopies n est il pas dommage de finir par admettre qu il est toujours difficile de concevoir une soci t fortement galitaire qui serait compos e d tres relativement normaux De toute fa on cel
105. onde implicitement son syst me sur la notion vidente force d tre sous entendue de li bert car au fond m me s il avoue n en avoir pris conscience que sur la suggestion ses amis europ ens il est un n o kantien voire un rousseauiste qui s ignore En outre son id e d int grit ressemble fort notre galit et c est par la fraternit qu il en justifie le r le cl Ainsi nous retrouvons ici la trilogie que notre R publique a prise pour de 464 COMPTES RENDUS vise Soit dit non pour annexer ridiculement Dworkin mais pour lui savoir gr tout au contraire de nous faire red couvrir celle ci sous un angle nouveau Jusqu pr sent nous envisagions cette trilogie comme un triumvirat romain avec deux grands en perp tuelle rivalit libert et galit comparables C sar et Pomp e ou Octave et Antoine et un comparse la fraternit comparable Crassus ou L pide Or nous constatons que les deux premiers ne s opposent pas et que le troisi me marche du m me pas sans rester la tra ne d ailleurs on en pourrait dire autant de la trilogie l gislatif ex cutif judiciaire Ainsi ce ne sont pas des triumvirs mais des mousquetaires un pour tous et tous pour un Surgit alors une question bien fran aise si ce sont des mousquetaires o donc est le quatri me A notre avis il pourrait s appeler information Mais c est assez s garer lisez plut t l ouvrage lui m me Vous y v
106. ondition transcendantale et logique de tout ordre juridique pour ajouter ensuite un l ment normatif d inspiration kantienne Car selon Alexy la norme fondamentale ne permet d effectuer la transition de l tre au devoir tre que si elle pr sente un caract re et analytique i e la version kelsenienne et normatif Le quatri me et dernier chapitre fournit une d finition du droit qui se veut non positiviste et juridique Elle est enti rement formul e dans la perspective du participant celle du juriste cartant ainsi la perspective de l observateur qui serait celle du sociologue par exemple La d finition compte trois arguments diff rents 1 le droit doit tre mat riellement juste richtig 2 le droit positif ne doit pas constituer ou 466 COMPTES RENDUS conduire une injustice vidente argument n gatif ou exclusif concernant les cas d esp ce extr mes 3 le droit n est pas identique l ensemble des lois mais il inclut aussi des principes fondamentaux du droit qui viennent compl ter et structurer les normes positives du droit argument de la structure ouverte du droit Voici pour conclure la d finition du droit selon Alexy dans toute sa complexit Le droit est un syst me de normes d fini par les l ments suivants 1 il pr tend tre juste richtig 2 il comprend a l ensemble des normes qui font partie d une constitution en g n ral socialement efficace et qui ne
107. onnues et appliqu es comme telles notamment par les tribunaux Le droit en vigueur ou le droit applicable est alors le droit qui est ressenti comme obligatoire et qui est ainsi efficace m me s il n est pas appliqu En d autres termes on respecte une norme non pas en raison d une obligation morale mais d une contrainte psychologique due au fait que la norme parce qu elle repr sente un mod le de comportement sociale ment souhait est ressentie comme obligatoire L auteur revient ainsi une conception du droit comme convention conception sur laquelle il est possible d mettre des r serves en ce qu elle vacue tout rapport des valeurs autres que celle du consensus On peut en effet estimer sans contredire le parti pris hautement louable et tout fait fructueux de r alisme qui est celui de l auteur que l adh sion une r gle n est pas seulement l effet des conditionnements sociaux mais aussi de l acceptation en raison son contenu et de sa forme William BARAN S Salvatore AMATO Il soggetto e il soggetto di diritto Torino Giappichelli Editore 1990 Le livre de Salvatore Amato Il soggetto di diritto Le sujet et le sujet de droit est un apport int ressant sur la conception du sujet et les difficult s rencontr es par Phomme pour devenir sujet de droit Dans le pass le droit a surtout appr hend l homme dans la sp cificit de ses ac tions et jamais au c ur de la co
108. ons la Constituante vota le principe d un code civil tout en reportant la r alisation des temps meilleurs Apr s elle les d put s de la L gislative se montr rent en paroles d ardents partisans des r formes tout en s accordant tacitement pour ne point passer l ex cution La technique utilis e pour la premi re fois peut tre consistait poser le principe de la r forme et pour l application nommer une commission dite comit de l gislation gt Toutefois partir du 10 ao t 1792 la machine r volutionnaire commen a s em baller Le d cret de principe devint alors le moyen tout la fois d esquiver un grand d bat et de mettre l p e dans les reins du comit de l gislation p 101 C est ainsi que fut pr par e et vot e en quelques jours la loi du 20 septembre 1792 sur le divorce loi des plus radicales mais dont la philosophie optimiste reposait sur la convic tion que le divorce serait un rem de extr me p 103 et tr s rarement employ On retiendra au del de l anecdote que la L gislative finissante orientait la r forme du droit civil dans la voie des lois de circonstances De m me la Convention commen ante r forma le droit civil par coups en fonction des priorit s politiques C est seulement apr s la chute des Girondins 2 juin 1793 que le serpent de mer la codification remonta la surface les Montagnards voulant mettre en p
109. ouveaux producteurs de droit La remarque n est certainement pas fausse mais ce que l auteur semble d couvrir n est d un certain point de vue pas une nouveaut Sans parler des bartolistes V supra Grotius ne fut il pas l employ de l un des grands capitalistes de son temps Et pourtant son uvre juridique qu il sut r diger et qu on ne peut r duire un droit amp classe a r volutionn la conception du droit alors que la compagnie des Indes orien tales a depuis longtemps disparu L absorption n est donc pas si certaine Tout est une question de mesure Bien plus le droit tant notre sens avant tout un art d ex cution il faut que la doctrine savante sache se vendre un peu pour savoir exactement quoi elle parle COMPTES RENDUS 493 L histoire et l actualit des mutations doctrinales ayant t analys es sous de tr s nombreux aspects il ne restait plus qu conclure C est l uvre de Jacques Chevalier dans un article consacr au statut des interpr tes du droit Usant d un point de vue socio logique celui ci s interroge d abord sur les strat gies mises en uvre pour acc der et sauvegarder le statut d interpr te Il montre ainsi comment s acquiert la qualit d inter pr te l gitime et celle ci d finissant un champ sp cifique comment se r partissent les r les en son sein soit entre le juge qui dispose d une comp tence pratique et la doc trine don
110. pr sentations autres que celles d cou 496 COMPTES RENDUS lant du concept d tat nation et qui pourraient aider concevoir un espace plus vaste oblige penser l Europe avec de vieux concepts tels la nation la souverainet la ci toyennet concepts qui de plus diff rent d un pays europ en l autre Il est donc n ces saire de mettre en place un d bat th orique sur ces concepts De m me il est indispen sable de mettre en place un espace public l ment fondamental des d mocraties plura listes au niveau europ en Enfin l auteur insiste sur le fait que la coh sion sociale sera la condition de la r ussite du projet politique europ en Mettant en application ses prin cipes il fournit dans son ouvrage une s rie de documents et un glossaire destin s aider le citoyen alimenter sa r flexion sur ces questions Nathalie BLANC NO L Dominique COLAS Sociologie politique Paris PUF Premier cycle 1994 566 p C est un ouvrage tonnant de culture qu offre ici D Colas en th orie des tudiants de premier cycle de science politique car le niveau de la r flexion est tr s relev et l ampleur des probl mes abord s conf re au titre un aspect conventionnel le livre tant pour ainsi dire un trait de philosophie politique renforc par des consid ra tions anthropologiques et sociologiques Il conserve cependant du manuel trois qualit s essentielles la pr cision des bibliographies
111. qu un esprit simple percevrait parfois comme exotiques la d monstration est entam e et men e bon port On peut m me y voir un tour de force dans la mesure o l auteur arrive d une fa on rigoureuse et convaincante marier dimension sociale et autonomie syst mique pour sortir de l aporie premi rement tablie Le droit est un syst me autor f rentiel dans la mesure o sa validit lui est interne le droit n est produit que par le droit dans un mouvement circulaire qui boucle la logique la plus imm diate la proc dure la plus affin e entra nant maints paradoxes et apories ce titre il est impr visible tribut de son autonomie La tentation du d cons tructivisme est alors grande Mais pour que la circularit du droit n y donne pas prise il faut pr cis ment avoir recours la th orie autopo tique qui place cette circularit non comme faute logique mais comme probl me inh rent la pratique juridique dans une soci t qui fonctionne de mani re cyclique Il y a alors influence causale de l environne ment du syst me autoproducteur qui organise les jonctions s lectives ainsi tablies avec un soubassement d j structur Le droit est donc un syst me social autopo tique de second degr Il op re une cl ture op rationnelle par la production auto r f rentielle des composantes syst COMPTES RENDUS 467 miques et par leur jonction dans un hypercycle Pour l affirmer l aut
112. questions l tat monarchique le gouvernement monarchique l absolutisme Il repose sur une foule d crits de toute nature des trait s des discours des dol ances tant t manant de cercles d intellectuels proches du pouvoir royal formant un cadre id ologique et propagande puissant tant t contre la royaut et constituant les l ments d une v ritable conscience politique dont on tait loin de soup onner ce point l existence la maturit et la force C est d abord autour de la pr cocit de l id e d tat et du retour du droit que l on croyait disparus dans les ab mes de la f odalit et de la privatisation du pouvoir que se met en place une historiographie royale un culte de la royaut chr tienne fortifi par des conqu tes politiques et territoriales et une hostilit l universalisme imp rial Il s agit de faire pr valoir une conception de la chr tient politiquement partag e en puis sances juridiquement gales L auteur montre ce sujet combien gouverner est un art Les clercs ne se privent pas d laborer une th orie de l id al du m tier de roi Elle contient non seulement un code COMPTES RENDUS 447 moral mais inclut un savoir faire technique dans lequel le dialogue la propagande ne sont pas absents particuli rement dans les p riodes difficiles Car la soci t comme l crit J Krynen n est pas muette Elle a de nombreux interpr tes dans le
113. r res et s urs sont appr hend s par le droit de l h ritage au sein d une cat gorie plus vaste celle des collat raux privil gi s Mais il existe aussi des r gles propres aux fr res et s urs le r gime juridique des trans plantations d organes en a donn la preuve Et l on ne peut donc que souhaiter sur le mod le de la th se de Michel Borgetto son pendant sur le versant du droit priv Le propre des ouvrages exemplaires n est il pas de servir de tremplin aux fr res humains qui apr s nous vivront Fran ois TERR M langes en l honneur du professeur Jean Larguier droit p nal proc dure p nale Presses Universitaires de Grenoble 1993 389 p La r flexion sur le droit p nal et sur sa s ur siamoise la proc dure p nale est entr e dans l espace public et sans aller jusqu affirmer que la vulgarisation ou le d bat politique galvaudent les th mes ainsi offerts l opinion publique il est toutefois pr cieux de se plonger de nouveau dans des tudes men es par des sp cialistes et rassembl es en l honneur d un des leurs Cela est d autant plus ais que l ensemble des contributions a t agenc dans un plan g n ral qui veille donner coh rence l ouvrage et fait de ce volume collectif non pas une juxtaposition d articles parses mais une d monstration consistante qui prend appui sur les points sensibles voire douloureux du proc s p nal L apport de textes plus directe
114. r des aspects peu connus de la philosophie 454 COMPTES RENDUS du droit p nal et des auteurs allemands qui ont occup une grande place dans lunivers cette philosophie Citons de mani re non limitative des points fort int ressants de ce travail la com paraison d abord de Beccaria Kant eu gard la conception de l homme situ dans l orbite du droit p nal p 13 et s Les id es de Sonnenfels sur l origine de la torture et les effets que celle l a sur le supplici p 63 et s le portrait de Karl Ferdinand Hommel consid r comme le Beccaria allemand p 77 et s les pens es du philosophe Moses Mendelssohn connu pour ses th ses sur la libert de conscience et la tol rance En particulier M Cattaneo expose et commente ici les r flexions qu a mises cet auteur sur le droit de punir chez Beccaria p 159 et s Soulignons encore les articles sur les rapports entre la peur et la peine chez Hobbes Feuerbach et Kant p 181 la doctrine p nale de Karl Grolman avec son individualisme et sa th orie de la pr vention p 195 et s ainsi que celui sur sa d finition de la l galit dans le proc s p nal p 273 et s Notons galement les travaux int ressants sur le droit p nal chez H Jacob juriste influenc par la philosophie de Kant p 288 et s et l expos sur la l gislation p nale allemande l poque des Lumi res Ce livre riche aux id es claires bien structur constitue un exc
115. r les plus grands crimes Cependant toute contre r volution qui tendrait faire du politique une fin succombe la m me faute qui assujettit le juste l utile Les r actions romantiques sont le sym trique inverse le retour d une m me erreur celle d avoir instaur le r gne de la scission dans l activit rationnelle livr e ses seuls crit res formels de non contradic tion l auteur laisse appara tre la permanence d une existence d amour au dessus du sen timent passionnel et au dessus de l activit rationnelle l esprit juge la raison Cette s r nit ce renoncement du politique au service de ce qui le d passe tel que l auteur le pr conise surgit alors en plein contraste avec la volont technicienne d pos e dans les uvres de culture o l universel est ramen au commun et o la v rit de la justice n est plus qu une v rit de gestion le dosage d un consensus Pourtant c est une autre n gativit que nous invite l auteur non plus celle de la partie contre le tout dont elle veut s abstraire mais celle de ce tout lui m me qui r siste et resurgit Cette n gativit 1l faudra l apercevoir en creux dans les creux successifs laiss s par les th ories des modernes Quatre analyses en fournissent le parcours Grotius Hugo Jellinek Gurvitch A des poques diff rentes tous inclinent retrouver une positivit qui toujours finit par se d rober travaill
116. s constituant un obsta cle la diffusion de sa pens e il demeure un auteur assez marginal m me s il dispose d une relative influence En outre il semble qu il attache avant tout son nom une cri tique radicale des droits subjectifs Il faut lire ce propos l article tr s document qui est consacr la perception de ses analyses dans le monde anglo saxon R S Shackleton pp 105 134 sp cialement dans l uvre de Brian Tierney Celui ci qui est l un de ses lecteurs les plus avertis reproche d abord l historien qu il est de percevoir le fondement des volutions de la pens e juridique dans les innovations d ordre philosophique Mais c est surtout sa th se de la rupture occamiste dans la pens e juridique du XVIe si cle qui est critiqu e au profit chez Tierney d une vision de continuit juridique depuis l antiquit et une datation de la conceptualisation du droit subjectif moderne au XI si cle p 118 vision qu il tire d une lecture plus attentive des sources de la pens e occamiste et de canonistes ainsi que d une analyse diff rente des mots ius et dominium dans la tradition romaine Pour le reste on s attachera diverses tudes critiques sur la conception particuli re du droit naturel qu avait Michel Villey On lui reproche ainsi de le r duire un certain aristot lisme sa lecture partielle d Aristote lui est d ailleurs souvent reproch e qui en l ve
117. s suppliques les dol ances continues des diff rents corps des ordres Au c ur de cet change roi sujet on trouve un esprit communautaire dont les composantes m taphoriques sont bien connues par les travaux des historiens de langue anglaise E H Kantorowicz et A W Lewis le corps politique du roi par exemple la fois arch type de la complexit de la soci t et image des hi rarchies naturelles et de leur fonction Mais galement le lien entre les id es religieuses issues du Grand Schisme d Occident un parlement pour l glise un simple clerc vaut un cardinal et les positions des juristes et intellectuels du XIV si cle a pour fondement essentiel Aristote et sa m taphysique du social qui fait clater le carcan d une conception biblique et augustinienne de l autorit Jacques Krynen dans des pages tr s neuves et clairantes montre l emprunt d un vocabulaire que l on s tonne de trouver en ces temps l universitas civium le populus la communi catio civilis le civis m me Ces n ologismes nombreux tir s de la Politique et de l thique ont ils eu un impact sur le vocabulaire l gislatif administratif judiciaire Ce serait tr s int ressant de le v rifier Le sens du mot citoyen il est vrai ne laisse toutefois pas penser autre chose que des gens sages d exp rience et non l ensemble du peuple Ainsi les intellectuels de la fin de la p riode m di vale s ils ne
118. se ces buts l arbitre personnel Il en r sulte l nonce de droits qui n appartiennent pas au domaine de la l gislation Telles sont les libert s de conscience et de pens e Les autres droits de l homme doivent devenir des lois positives parce qu ils contiennent la condition d exercice des premiers Le chapitre II traite du droit de commencer une r volution Comme celle Fichte et m me plus loin Husserl ou encore P guy la pens e de notre auteur est une philosophie du commencement La r volution semble moins une manifestation dans le temps et la dur e qu une parousie de la conscience morale cet instinct divin chez Rousseau La r volution est une insurrection et elle doit r ussir par le seul expos son motif qui ne peut tre qu un devoir Toute r volution manqu e est fermement condamn e Aucun sentiment moral ni l indignation ni la piti ne peuvent fournir de mobile suffisant une r volution La vraie r volution doit surgir d un int r t pour le juste en soi con u par un peuple de patriotes cherchant chacun le r aliser au sein sa famille C est pourquoi on ne peut vouloir la r volution comme but et l auteur envisage le moment o la seule imminence de l insurrection la rend inutile et induit une r volution sans violence Comment ne pas songer la fin des r gimes de l Est L analyse de la propri t est l l ment le plus original de l uvre
119. sont pas extr mement injustes ungerechf ainsi que b l ensemble des normes qui sont pos es conform ment cette constitution qui pr sentent un minimum d efficacit ou de chances d efficacit sociale et qui ne sont pas extr mement injustes 3 il comprend les principes et les arguments normatifs divers sur lesquels s appuie et ou doit s appuyer la proc dure de l application du droit afin de r pondre la pr tention la justesse Richtigkeit p 201 Michael WALZ Gunther TEUBNER Le droit un syst me autopoi tique traduction de Gaby Maier et Nathalie Boucquey PUF Les voies du Droit 1993 281 p Il s agit de la traduction de l ouvrage de Gunther Teubner Recht als autopoietisches system dit en 1989 Et l ambition n est pas mince puisqu il s agit de r concilier en les d passant l approche normativiste qui coupe le droit du social et l approche sociolo gique qui limite le droit au social par la th orie de l autopo se juridique posant l autoreproduction d un r seau communicationnel en interf rence avec d autres r seaux communicationnels que le droit Ainsi dans le syst me social global autopo tique de premier degr se greffe un syst me de second degr constitu par les r gles juri diques L auteur n h site pas annoncer l une acception enti rement nouvelle du droit Dans un luxe de formulations savantes et de vocabulaire vari
120. ste C est en voquant l int r t pratique ces th ses que l auteur pr pare leur discussion dans la jurisprudence supr me alle mande on peut en effet trouver de nombreux d cisions et arr ts qui se heurtent ce pro bl me et qui r v lent une confirmation constante de la position non positiviste par la Cour constitutionnelle et la Cour de justice f d rales Dans le deuxi me chapitre l auteur entame une discussion et une critique des concepts du droit positivistes de Kelsen et Hart notamment Ce chapitre constituant la partie centrale de l ouvrage l auteur d ploie ici en faisant preuve d une admirable rigueur conceptuelle tous ses instruments de travail Afin de d fendre la premi re partie de sa th se Alexy tablit un cadre conceptuel qui consiste en cinq distinctions Il s agit l plus pr cis ment de dix concepts allant par paire qui en mettant en valeur les diff rents c t s du concept du droit incitent d terminer en cinq tapes quel concept du droit on envisage il s agit de distinguer 1 les concepts du droit qui incluent qui n incluent pas une d finition de la validit 2 les syst mes du droit comme syst mes normatifs ou comme syst mes proc duraux 3 les points de vue de l observateur et du participant 4 les d finitions classificatrice et qualitative du droit et 5 la d termination conceptuelle ou normative du droit Le troisi me chapitre traite de la va
121. t recopier leur avant propos d une rare l gance MM B cane et Couderc y disent n avoir pour seul passeport que d tre des observateurs tr s proches et des auxiliaires du l gislateur parlementaire dont ils ont mesur les scrupules et l immense difficult de la fonction Aussi cherchent ils rendre justice au l gislateur quoique sans complaisance son gard pari tenu Mais quand ils pr tendent avoir r alis un travail essentiellement descriptif que justifierait seulement l actuelle dispersion des tudes consacr es la loi on se doit de rectifier le propos Il y a chez eux une mani re cr atrice et construc tive de rassembler les l ments qui va bien au del de la simple description Ce qui est vrai c est qu ils auront tout dit sur la loi ou du moins vu l immensit du sujet tout un peu Ils n ont rien oubli depuis les origines sacr es de la loi jusqu des ques tions du genre l intitul de la loi a t il valeur l gislative et d abord est il mis aux voix Voil une vraie colle pour les professeurs Et voil au total un br viaire de la loi qui doit bien valoir celui d Alaric Le tout en trois parties Histoire de la loi Gen se de la loi et criture de la loi C est dans la 2 me partie qui met l accent sur le ph nom ne souvent obscur de la pluripaternit de la loi et surtout dans la 3 me que le lecteur glanera un maximum d infor
122. t encore dominant au XII si cle que prend corps c t de la conception aristot licienne de l tat comme n cessit naturelle et aussi corr lativement ce que depuis Lagarde on appelle la naissance de l esprit la que une sursacralisation du pouvoir royal Le rex christianissimus des thurif raires royaux est selon J Krynen un dogme officiel d s le XIV si cle Cette particularisation du sacr en m me temps qu elle donne des moyens politiques exceptionnels fait de la reli gion et de l glise un instrument de l action royale et oriente incontestablement sinon la pratique du moins l id ologie officielle vers un absolutisme tr s pr coce Cette affir mation tr s tay e dans son contenu sa probl matique et a contrario les d nonciations et r sistances parfois convulsives comme au XV si cle d non ant la potestas absoluta 448 COMPTES RENDUS et son trin me certa scienta auctoritas plena potestas ne sera pas sans provoquer des r actions stimulantes aussi bien chez les juristes que chez les historiens des id es atta ch s des territoires chronologiques v nementiels et doctrinaux plus classiques Mais le livre de Jacques Krynen montre clairement combien l aristot lisme donne aux R formateurs un arsenal de concepts et d id es dans lequel le XVI si cle n aura qu puiser libert sup riorit de la loi sur le Prince royaut mod r e tyrannicide droits de l
123. t des choses Un ouvrage d actualit quoique non la mode plus vigoureux que clair plus th ologique que philosophique Qui devrait r veiller quelques positivistes de leur som meil dogmatique Fran ois VALLAN ON Simone GOYARD FABRE La construction de la paix ou le travail de Sisyphe Paris Vrin Histoire des id es et des doctrines 1994 277 p Par une heureuse co ncidence pour les agr gatifs de philosophie qui ont cette ann e la paix leur programme Mme Goyard Fabre offre avec cet ouvrage une synth se tr s compl te des classiques de la paix et de la guerre cf introduction p 29 L ouvrage a pour pivot l uvre de l abb de Saint Pierre qui a fait l objet d un colloque r cent organis par Mme Goyard Fabre et dont les actes sont annonc s sous le titre L europ anisme de l abb de Saint Pierre Les consid rations sur l auteur du Projet de paix perp tuelle sont ainsi principalement pr c d es de chapitres ou sous chapitres consacr s Grotius Pufendorf E de Cruc W Penn et Leibniz et suivis de d velop pements sur Rousseau Kant Fichte Kelsen Aron et Scheler Sur le plan historique l auteur trouve selon son habitude un savant dosage entre la grande mise en perspective et le soin du d tail Les chapitres sur Grotius et Pufendorf ne n gligent ainsi absolument pas les probl mes casuistiques que ceux ci abordent surtout li s au jus in bello Les pages sur Ro
124. t la comp tence est scientifique Ce qui ne signifie pas n cessairement que les interpr tations soient irr ductiblement antagoniques il existe bien une concur rence car ces interpr tes forment une communaut qui tend consolider l uvre commune d interpr tation p 269 Puis l auteur cherche prendre la mesure de la dimension du pouvoir social de l interpr te travers l tude du r le qu il exerce comment l interpr te transcrit les mod les de comportement prescrits de la fonc tion qu il remplit quelle est sa contribution au fonctionnement du syst me juridique et de la position qu il occupe dans la soci t Article riche qui s il ne se veut pas une synth se reprend et prolonge les th mes certaines contributions de ce livre double titre important En raison du th me qu il aborde et le regain actuel d int r t pour la doctrine constitue certainement le signe d une crise En raison aussi des orientations qui sont les siennes dans la majeure partie des articles M mes si celles ci ont un c t irritant Parce qu elles ont d abord un caract re r ducteur Il para t ainsi difficile de r duire la mystique du droit qui l emporte la R volution la seule traduction et au sous produit de l h g monie des juristes l poque p 278 ou le regain d int r t de la doctrine pour la jurisprudence au XIX si cle sa crainte d un droit
125. t sur des sujets divers la mati re est in pui sable celui ci ne favorise gu re la synth se Tout au plus peut on relever qu il com porte deux versants le premier est compos d articles ayant un caract re historique le second de contributions qui traitent de sujets plus actuels leur charni re une r flexion qui a constitu aux dires de ses promoteurs La doctrine comme objet p 8 le point de d part de la recherche Ayant pour objet doctrine civiliste et production normative pp 127 180 celle ci a pour but de d voiler la fonction centrale de la doctrine de mettre en forme les rapports de force l uvre dans la soci t et participer la cons cration du point de vue domi nant p 8 Pour ce faire les auteurs A Bernard et Y Poirmeur apr s avoir affirm que derri re l apparente diversit de ses composantes et de ses productions la doctrine n glige qu elle constitue en r alit un groupe particulier p 129 cherchent en per cevoir le discours d autorisation p 131 et s puis les strat gies d interven tion p 150 et s La doctrine juridique s autorise d abord parler de droit en se pr sentant comme d tentrice d une triple comp tence scientifique morale et factuelle Elle intervient ensuite en de multiples occasions sollicit e par une pratique r mun ra trice pour surmonter certains conflits disciplinaires mandat e par le pouvoir pol
126. tion de son contenu Son exaltation portait en germe des conflits de fronti res La voulait on universelle tendue au genre humain Tous les hommes ne sont ils pas fr res Ou plut t restreinte aux citoyens Et parmi ceux ci aux seuls patriotes On a vite fait d observer justement que la diversit favorisa fina lement l attrait m me ph m re en 1789 en 1848 d une aspiration g n reuse Pourtant l argument ne convainc que partiellement Sa s duction ne dure qu un moment Pourquoi Parce que ces m mes questions pos es et par la fraternit peuvent l tre aussi au sujet de ses s urs dans la devise r publicaine On sait trop quel point tant la libert que l galit peuvent susciter d s le temps de leur d finition non seulement des h sita tions mais des controverses mieux encore des conflits et des guerres inexpiables tout simplement parce que les hommes ne s entendent pas sur le sens de ces mots Et quels mots Or cela n a pas conduit les rel guer au magasin des accessoires de l activit ju ridique Si l on a vu se propager une id ologie d aucuns disent m me une religion des droits de l homme que dis je des droits fondamentaux des droits humani taires poussant au paroxysme d un imp rialisme intellectuel d occident le dis cours incantatoire sur la libert et l galit formelles r elles etc rien de tel ne s est produit au sujet d
127. ue la nature de l homme comme tre g n ral de rela tion La Cit elle m me n est que la figure prise par cette nature humaine Les buts que celle ci doit poursuivre doivent s entendre d une autre origine au fondement de cette nature au principe de vie corps et me de chaque personne humaine Les Grecs COMPTES RENDUS 469 connaissaient cependant un principe divin qui est la justice personnalis e chez les tra giques et ultime enjeu de leur th tre sacr C est la huiti me tude du livre elle occupe son centre et en est le foyer de rayon nement Elle r v le en effet l analogie de structure entre droit et politique telle qu elle s annon ait dans l analyse de l quit Le politique comme le droit est marqu par une contradiction qui traverse la personne humaine incarn e dans celle du juge quitable et du h ros inspir Le chef ou le roi est travers par la tension entre ses vell it s particu li res et la v rit du tout qui est la Cit La Cit sacr e relie dans son destin le politique et le juste dans un principe divin qui est esprit En assumant toute sa condition indivi duelle le h ros tragique doit d fendre le principe divin dont il est charg d exposer publi quement le logos Le chef inspir est celui qui affronte la contradiction tragique r elle il t moigne d une v rit sup rieure et lib ratrice qui permet aux hommes d acc der avec lui l essence du
128. uelque d claration Dire cela ce n est aucu nement renier la tradition lib ratrice qui a conduit aux D clarations nationales ou uni verselle des droits de l homme C est tout au contraire leur rester fid le en ne galvau dant pas un h ritage toujours fragile Si l on devait aller de l avant en un temps o l homme est devenu gr ce aux progr s de la science le ma tre de sa propre cr ation c est plus des droits de l humanit en tant que telle qu il serait urgent de parler Toujours est il que la mission insigne du philosophe consiste fonder des exigences primordiales Le livre de Janine Chanteur est cet gard exemplaire Fran ois TERR 462 COMPTES RENDUS B Philosophie et th orie g n rale du droit Ronald DWORKIN L empire du droit 1986 trad d Elisabeth Soubrenie PUF 1994 450 p Moins que tout autre ce ma tre livre foisonnant se pr te un r sum devant cer tains passages abstraits ou elliptiques la tentation viendrait plut t de d velopper On se bornera en indiquer les deux id es force mais d abord le socle Le socle c est que le droit ne consiste pas en un ensemble de r gles quel bonheur de lire cela mais tout au plus de pratiques juridiques Plus pr cis ment il a pour objet de penser lesdites pratiques afin de les rationaliser et la v rit il n est ni plus ni moins qu un concept d interpr tation Chaque cas nous sommes en pays de
129. ur le mod le de la famille et expose les raisons pour lesquelles on peut consid rer que la communaut est ant rieure l individu La finalit de l tat dont les bases ont t fondamentalement remises en cause fait l objet d une r flexion qui s ouvre sur une nouvelle proposition bien plus tendue dans sa port e que celle inscrite dans le cadre du jusnaturalisme Avec la d nonciation de l go sme judicieux ou rationnel c est dire de l go sme que la raison exige appara t le rejet de la Rechtslehre pr pond rante la doctrine juridique d alors laisse place une thique qui ne se distingue plus par son formalisme sa n gativit et sa vacuit mais qui en revanche permet d envisager dans une optique renouvel e des concepts comme ceux de bien commun et d galit En signalant les exc s de la th orie l auteur montre comment r futer Kant revient r futer le Naturrecht et il voque la st rilit de la philosophie qui en d coule Ayant ainsi pr sent la crise qui remet en question les id es juridiques de l poque moderne F Carpintero consacre sa seconde partie la th orie du droit positif Il met l accent sur le fait que ce dernier reste inexpliqu presque d nu de fondement ce que 460 COMPTES RENDUS viendront d noncer les critiques sporadiques des th oriciens du XIX si cle selon lesquels en postulant la concordance entre le droit naturel et le droit positif Kant les
130. ur le moins inutile Carpintero poursuit par un chapitre sur les crits programmatiques notamment ceux de Seiden sticker qui s insurge contre les juristes philosopheurs et ceux de Thibaut et Feuerbach qui r clament une science juridique digne de ce nom La philosophie du droit positif que Carpintero s inspirant toujours de penseurs germaniques d peint comme tant identique la politique juridique fait l objet d un examen d taill Pour finir Carpintero traite de l impossibilit et de la n cessit du syst me juridique L un des rares reproches que l on puisse formuler l encontre de cet ouvrage dont la bri vet n a d gale que la compl tude concerne l absence surprenante d introduction et de conclusion le professeur Francisco Carpintero investit d embl e le vif du sujet et renvoie le lecteur une bibliographie s lective o sont essentiellement r pertori s des ouvrages en langue allemande C cile COSCULLUELA Janine CHANTEUR Du droit des b tes disposer d elles m mes Paris d Le Seuil 1993 183 p Les sciences de la vie d embl e sont au c ur de la r flexion de Janine Chanteur elles portent secours aux malheurs des hommes non sans utiliser des animaux pour leurs exp riences Des voix s l vent en faveur de ceux ci se recommandant de philoso phies fort diverses y compris du mod le des droits de l homme animal politique peut tre d ailleurs comme d
131. usseau et Kant font quant elles le tour de la pen s e de ces auteurs sur le droit international Sur le plan philosophique l ouvrage repose sur deux id es fondamentales la pre mi re saintp trucienne selon laquelle l id e s duisante et s curisante de fonder la paix sur l quilibre des puissances constitue en fait une ruse du bellicisme tatique la se conde kantienne selon laquelle la paix est un id al r gulateur ou une exigence dont la parfaite concr tisation est impossible Dans cette perspective la fin du livre traite de l volution du droit international contemporain dans une optique peut tre exag r ment sceptique presque protestante qui ne retire toutefois rien aux qualit s de ce remarquable livre Ren S VE Andr ROBINET G W Leibniz le meilleur des mondes par la balance de l Europe PUF Fondements de la politique 1994 329 p Sous la plume d Andr Robinet une nouvelle tude consacr e Leibniz ne nous tonne pas nul mieux que lui n a depuis le milieu de ce si cle explor et m dit l norme corpus leibnizien et les manuscrits de Hanovre n ont point de secret pour lui En attendant la parution toute proche d but 1995 de la Correspondance entre Leibniz et 452 COMPTES RENDUS l abb de Saint Pierre qui livre au lecteur les h sitations et les doutes du philosophe eu gard la paix perp tuelle en Europe nous d couvrons dans l ouvrage que nous don
132. uv es c est la grandeur et le drame du droit Cet ouvrage fruit d une r colte d articles de conf rences d tudes ponctuelles est d une extraordinaire harmonie parce que les id es de l auteur ses analyses ses inspira tions ses provocations partent d un amour incommensurable pour le droit un droit qui est au service de l homme et de ses aspirations et qui peuvent l aider percer le myst re de la vie Apr s avoir recherch une d finition du droit I et pr sent ses limites D Agostino affronte les th mes les plus classiques de la philosophie juridique le rapport inachev entre le droit et la morale ID et celui entre le droit et la justice III en citant Levinas l auteur rappelle que La controverse sur la justice port e devant le juge trouve dans le jugement sa conclusion pragmatique sa v rit mais pas la v rit et il poursuit Ce trait caract ristique de l Europe o la justice est justice mais jamais assez justice est une justice que nous voulons toujours plus juste de la justice processus infini pro cessus contre lequel s opposent tous ceux qui veulent rechercher une justice d finitive et un ordre d finitif L auteur poursuit son chemin partant cette fois de la nature pour aller au droit naturel IV pour l affronter dans deux chapitres V VI qui mettent en vidence l extraordinaire beaut du droit naturel comme aspiration d un droit qui se manif
133. xe de la codification p 230 Le droit civil suivit alors les changements de majorit un coup de barre droite un coup de barre gauche qui marqu rent nouveau r gime d ou une grande impression de confusion Mais globalement le Directoire poursuivit l uvre thermidorienne de r action et techniquement les questions de droit allaient se d canter ce dont profiterait ensuite Bonaparte En 1796 le d cid ment malchanceux Cambac r s pr senta un troisi me projet de 1104 articles qui choua parce que cette fois il tait trop mod r ment r actionnaire c est l poque o l on r tablit l incapacit de la femme mari e et la vocation successorale r duite l enfant naturel Mais en la forme il s agissait d un travail remarquable qui devait tre en bonne partie repris dans le code de 1804 Pourquoi donc Bonaparte a t il r ussi l o son Deuxi me Consul et futur Archichancelier avait par trois fois chou On invoque en g n ral son g nie propre et la paix retrouv e la paix int rieure du moins Mais il y a d autres raisons aptitude d un r gime fort modeler la soci t par les lois volont politique de consolider le nou vel ordre social influence bienfaisante de la r forme administrative parall lement men e stabilisation financi re ou religieuse le Concordat etc A quoi J L Halp rin ajoute un l ment aussi fondamental qu inaper u Bonaparte avait compris qu

Comptes rendus (Lecture seule) - Archives de philosophie du droit

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