OCQUETEAU F., 1990, Comment les Français réprouvent
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1. Index amp index 2 Se piquer l h ro ne Fumer du Hachisch Usage de stup fiants Annexe suite Ordonnance des priorit s de r pression pour la population globale et ia population class e Types N du passage Entitul sommaire Population Classel Chase Clase3 Clased Clases Classe 6 de contentieux des questions des infractions giobale pendant l enqu te Infractions Exhibitionnisme contre les m urs Vente talage de livres pornographiques Relations sexuelles majeur 24 mineure 14 ans consentanie Infractions Refus paiement pension contre la famille alimentaire Enfant bless par correction paternelle tteintes Vol menace revolver l int grit victime tu e physique Viol Par ailleurs une certaine forme de r habilitation de l id ologie de lavoir li e aux nouvelles sensibilit s aux lois de l conomie de march para t avoir d mobilis des fractions de population l gard de la r pression de contentieux d affaires Mais peut tre faudrait il en imputer les raisons la per ception implicite chez ceux qui en taient nagu re les principaux contempteurs de l inadaptation structurelle de la justice p nale les r primer On entre l dans un autre d bat Fr d ric Ocqueteau Claudine Perez Diaz Centre de Recherches Sociologiques sur le Droit et les Institutions P nales CNRS 4 rue de Mondovi F 75001 Paris BIBLIOGRAPHIE BOU2. valuation par l analyste Mais en aucun cas ce probl me ne peut tre r gl a priori m me s il contribue parasiter l information recherch e On observe de fait dans la pr sente enqu te elle porte sur un chantillon de 1830 individus interrog s en d cembre 1984 ventil s en six quotas dont un quota sp cifique pour les actifs et les inactifs un lien tr s troit entre le degr de scolarit et l usage social de la notation ce qui n est pas fait pour nous tonner On avait d j pu observer CFRES Vaucresson 1983 propos d infractions juv niles au moyen d une chelle de notation ferm e de 1 7 les mineurs de justice utiliser surtout des notes interm diaires les gendarmes des notes lev es et les ducateurs des notes basses et conclu que noter 5 signifiait 258 pour un gendarme juger un comportement peu grave tr s grave pour un ducateur ou moyennement grave pour un mineur De m me dans notre population tout venant les fractions les plus scolaris es utilisent toute la gamme propos e tandis que les fractions qui le sont moins se contentent d utili ser pr f rentiellement des notes plus symboliques telles que le 10 le 5 et le 1 Cela invalide assez le constat courant selon lequel il serait toujours moins ais pour une population peu scolaris e de noter dans les zones moyennes que dans les zones extr mes On ne peut pas dire pour autant que la note 5 constitue u
3. Affinit s partisanes Caract ristiques individuelles Attitudes et valeurs CHAN r sistance au changement RESP punitivit s v rit respon sabilit MANI degr de manich isme PERM permissivit Attitudes l gard de la justice si elle ne refl te en dernier ressort qu un usage social des notations A l vi dence un strict d terminisme qui n apprendra it rien sur les questions que nous nous posons part ceci moins on serait scolaris moins on aurait l aptitude de faire varier les notes plus la composante normative du jugement serait d ter minante et plus l absence de tout bagage culturel justifierait la r pression tous azimuts l inverse plus on serait scolaris plus la composante cognitive du jugement serait d terminante et plus le bagage culturel ferait varier les nota tions de sorte que la r pression p nale serait relativis e l extr me Cela s av rerait bien d cevant sauf conforter l id e des d terminismes de l id ologie m ritocratique de l lite socio culturelle ou conforter les analy ses de l ali nation absolue des classes d poss d es de capital scolaire Toutefois les calculs du coefficient de contingence entre la typologie et les attitudes de la population construites partir de grappes de questions mettant en vidence un certain nombre de croyances et ordonn es en chelles montrent que la valeur des liaisons ave
4. ration sexuelle semble avoir t accept e du moins tol r e par une tr s grande majorit de la population Si les infractions contre les m urs restent une pr occupation importante chez cer taines fractions de population ce west jamais pour elles la diff rence de la d cennie pr c dente une priorit par rapport la d fense de l int grit physi que M me si par ailleurs une infime minorit continue s en pr occuper autant que de certaines atteintes aux biens Le second grand clivage qui opposait des valeurs li es la d fense de l avoir celle des int r ts de la collectivit sensibilit aux dommages 269 sociaux subsiste apr s avoir subi des recompositions significatives D une part les promoteurs et d fenseurs progressistes de la d fense de ces int r ts collec tifs ont t entendus S est op r e une prise de conscience par des fractions beaucoup plus larges de la soci t des pr judices caus s par le trafic de drogue et les pollutions industrielles autant de probl mes devenus d sormais pr occu pations partag es D autre part les d fenseurs de la propri t priv e continuent s opposer aux d fenseurs de certains int r ts collectifs tels le respect des r gles de s curit et d galit dans le monde du travail le respect des libert s publi ques cette opposition absorbant en grande partie le troisi me clivage mis en vidence dans les ann es 70 Mais
5. s A discourir sur l un ou sur l autre pour la population d ensemble ne sommes nous pas confront s deux formes de r ductionnisme En r alit plus un type est anim par des r flexes dissuasifs par rapport aux transgressions selon le degr de manich isme de conformisme social ou de fer meture la personne de l infracteur et de demande d ordre moins il aura ten dance diff rencier la nature de sa r probation et plus la palette des notes utili s es sera faible A l inverse plus il sera enclin voir dans les transgressions pr sent es des symboles concernant une valuation des pr judices caus s plus il sera enclin les relativiser A cet effet on construit un indicateur d amplitude des notations pour cha que groupe issu de la classification de fa on disposer d une valuation en continuum capable de faire percevoir en quoi la question des infractions jug es constitue v ritablement un des enjeux prioritaires dans les attentes alternatives de politique criminelle On retient comme indicateur d amplitude de notations le taux de notes sup rieures 5 qui sert ordonner les infractions de la premi re la derni re position OPR1 gt OPR33 On pose alors par hypoth se que plus l cart entre les indicateurs de l infraction jug e la plus grave celle qui devrait tre la plus p nalis e OPRI et de l infraction jug e la moins grave celle qui devrait l tre la moins O
6. confiance de la population par rap port aux acteurs de l institution judiciaire MEFT les attitudes de croyance ou de rejet de la collusion police justice indices d une croyance quant aux garanties des libert s individuelles POJU jouent un r le bien moins impor tant Ce qui est en jeu est donc moins le fruit d une demande ou d un jugement par rapport l institution judiciaire elle m me quant aux cibles de sa r pres sion qu une demande ou un jugement activ par la perception de la confiance accord e aux inspirateurs des politiques criminelles jug s capables de traduire au mieux les int r ts de r pression que chacun cherche d fendre Ce qui nous semble contribuer renvoyer dos dos comme trop r ductrices et partiel les les th ories n omarxistes ou les th ories lib rales rencontr es supra pro pos de l information que l on tire g n ralement des r ponses des questionnaires INDEX 265 2 La valeur des jugements des fran ais Dans la mesure en effet o les syst mes de notation des types sont mieux expliqu s par des attitudes qui leur sont sp cifiques on est fond se deman der ce qu il faut voir dans les r ponses de la population d ensemble des indices de punitivit plus ou moins amples d termin s par la composante affec tive normative du jugement des infractions ou bien la supr matie de la com posante valuative dans les degr s de p nalisation souhait
7. dans la population Il s agit d valuer comment les contentieux v cus comme des enjeux de soci t fortement conflictuels ce moment l ils s exprimaient 257 comme des symboles mobilisateurs au del desquels l attachement des valeurs menac es dans la description de l acte avait contribu expliquer des prises de positions socialement divergentes se sont aujourd hui recompos s Ce sont des atteintes la propri t priv e 6 sortes de vols des infractions conomiques fraude alimentaire et d gradation d environnement des infrac tions la l gislation du travail 4 des fraudes fiscales 2 des atteintes aux libert s publiques par des agents d Etat 2 des infractions li es la contesta tion politique 2 des infractions routi res 3 des atteintes aux m urs 3 des trafics de stup fiants 2 des pratiques d usage de stup fiants 2 des infrac tions contre la famille et l individu dans le cadre familial 2 des atteintes l int grit physique 2 On y a ajout une atteinte la r glementation adminis trative tranger en situation irr guli re par suite de non renouvellement par l administration de son titre de s jour En revanche le syst me de notation a fait l objet d un choix totalement dif f rent dans les tudes fran aises pr cit es il tait tr s important qu il rest t libre les personnes interrog es utilisant leur gr l chelle qui leur convenai
8. de laquelle se sont d ailleurs attach s plus tard Faugeron ef al 1980 et que nous avons nous m mes red finie et exp riment e sur le m me chantillon d analyse dont nous allons maintenant parler 1989 pp 227 303 S agissant donc de r utiliser ici l outil index pour un essai de mise jour de l volution des repr sentations fran aises de la gestion du crime quinze ann es d intervalle on imagine donc mieux pr sent dans quel esprit il va tre utilis mais galement de quelles difficult s m thodologiques il convient de tenir compte I Pr misses th oriques de l enqu te quantitative On retient comme plausible le sch ma d ensemble qui consiste dire que les notations de la population correspondent moins la perception de la gravit d une infraction qu la traduction de l intensit relative du recours la solu tion r pressive pour r gler le d sordre caus par l existence de l infraction p nale Il importe toutefois de se donner les moyens de v rifier comment joue exp rimentalement cette affirmation pour la population d ensemble A L instrument et le codage L instrument de travail est simple construire On puise 33 incriminations parmi les 68 du questionnaire Weinberger pr cit d crites la population comme des actes de la vie quotidienne voir annexe On ne garde que les infrac tions qui dans les ann es 70 firent l objet de prises de position diversifi es
9. des postulats durkheimiens sur le crime os Le ch timent n a pour principale finalit que celle d agir sur les honn tes gens dont il ren force le sentiment de solidarit plut t que sur les criminels Le but de toute philosophie p nale consiste rechercher le r affermissement des tats forts de la conscience collective troubl s par le crime e Le crime doit tre d fini comme un acte que nous ne r prouvons pas parce qu il est crimi nel mais criminel parce que nous le r prouvons BOUDON BOURRICAUD 1983 p 118 tu En fonction de ces trois postulats il ne serait pas difficile de d cerner des brevets d ortho doxie o Aux tenants de l exemplarit contre les tenants de la finalit r tributive de la peine par ex Target en 1801 contre LEPELETIER de St FARGEAU en 1791 voir LASCOUMES er al 1989 o Aux socio criminologues partisans du abelling approach contre les psychocriminologues cliniciens focalis s sur le passage Pacte e Aux partisans de sociologies holistiques contre les partisans de sociologies individualistes 253 Il y aurait d j beaucoup dire sur la valeur du nous durkheimien car on peut toujours lui faire dire ce qu on veut comme par exemple le r le conf r aujourd hui l opinion publique par Delmas Marty 1980 p 127 et 1989 p 120 mais acceptons quand m me de voir dans ce pronom personnel les honn tes gens pour rester temporairement dans l orthodoxie po
10. et encore A l inverse les d crypteurs d un droit administratif rationnalit disciplinaire bas sur une logique de fonctionnement propre aux soci t s connaissant l Etat providence pensent qu il serait vain de vouloir les soumettre aux grilles d analyse durkheimiennes 254 Bien que cette m thode ait t r pliqu e dans le monde entier dans les ann es qui suivirent l int r t qu elle a suscit a fait long feu Soit parce qu elle n a secr t qu une connaissance de sens commun soit parce que l outil n tait pas adapt la complexit des repr sentations du crime Un chercheur d ob dience marxiste Smaus 1982 s est fait fort de la disquali fier les r sultats tant connus d avance puisqu au d part conditionn s par des postulats consensualistes au nom d un paradigme d explication alternatif Comme toujours on peut retourner la m me critique son auteur Convaincue en effet par les th ories de l ali nation de la classe ouvri re elle n eut aucune dif ficult d montrer comment ses attitudes de punitivit face au crime tradi tionnel refl tant une fausse conscience de ses int r ts taient directement arti cul es la seule visibilit des cibles de la justice bourgeoise Laquelle de son c t ne ferait que se l gitimer ind finiment en cherchant un consensus autour de son action r pressive La justice p nale y parviendrait ais ment les cat gories socia
11. important dans la constitution de la classification Mais loin d tre simple effet de ma trise de la notation d cimale et loin d ent riner un pur bagage scolaire cette variable trouve plut t des r sonnances dans les syst mes de valeurs propres chaque type constitu Il serait donc inexact de taxer la constitution des types de simples artefacts des notations Il y aurait en revanche plus de vraisemblance dire que les attitudes pr disposantes transcendant les stricts crit res de l identit person nelle des personnes interrog es aiguisent leurs jugements l gard de politiques criminelles non seulement dans leurs finalit s mais galement dans leurs for mes Celles que la classe politique agite en permanence sur la sc ne sociale comme irr ductiblement diff rentes et v cues de la sorte comme conflic tuelles et radicalement alternatives d o l importance des variables illustrati ves de la r f rence partisane ou de la position sur l axe droite gauche Nous sommes en d cembre 1984 un moment historique o les d bats hyperm diatis s de politique criminelle sur les moyens de restaurer la s curit en France par la neutralisation des auteurs et ou la pr vention sociale des attein tes la personne et aux biens incitent consciemment ou inconsciemment le public d sormais soumis des sondages commerciaux intensifs prendre une position politique D ailleurs les attitudes de m fiance ou
12. les seconds tol rent moins que par le pass les contentieux de vol main arm e la geste gauchiste qui put justifier le vol dans une soci t exploiteuse et oppressive sans doute pour en redistribuer le gain aux pauvres n est plus de mise Ils continuent n anmoins en revanche tol rer h donisme aidant l usage de stup fiants Ainsi donc si l on voulait moderniser le pr cepte durkhei mien quelles valeurs collectives doivent tre sauvegard es en priorit par le groupe ou la soci t 5 il serait absurde au regard des effectifs dissym triques dans l enqu te pr sente de consid rer que les metteurs en sc ne des politiques cri minelles ne se sentent tenus que par les attentes majoritaires de la population Les valeurs progressistes minoritaires lors de la pr c dente d cennie ont fait leur chemin depuis la lib ralisation des m urs la prise de conscience des pro bl mes pos s par les trafics de stup fiants les pr occupations des dangers li s aux atteintes l environnement ne paraissent plus des enjeux conflictuels dans la population Ou bien ils sont devenus des menaces tr s secondaires ou bien ils sont devenus de r elles pr occupations partag es Ces d monstrations ne permettent de rien d duire quant l expression de la prise en compte de ces sensibilit s par la justice p nale En revanche terme ces pr occupations si elles sont intelligemment relay es par les p
13. nous occupe e d une part l valuation de amplitude de la gamme des notations de gra vit propre chaque groupe isol par la typologie e D autre part l ordonnance des priorit s r pressives pour chacun d entre eux 1 Hypoth ses de lecture sur les jugements de gravit de la population ventil e en classes Le principe directeur de pr sentation de la classification issue des nu es dynamiques ob it ici une logique qui tend d gager comment chaque type constitu se montre diff remment sensibilis aux criminalit s infractions regroup es par valeurs prot g es Pour chacun d entre eux il s agit en fait de six classes que l on range par ordre d croissant de s v rit par rapport l ensemble des notations employ es sur les 33 infractions pr sent es on cal cule comme on l a fait pour la population globale des taux d emploi de notes inf rieures ou gales 5 les notes 6 et 7 et celles allant de 8 10 On proc de ensuite une ordonnance moyenne de ces taux voir en annexe le tableau com paratif de la hi rarchie des OPR pour les 6 types construits Quelles variables rendent compte au mieux des variations de jugement de la population En calculant le degr de covariation entre les six types retenus et les variables illustratives crit res d identification sociale attitudes syst mes de valeurs et images projet es sur la justice p nale on parvient mi
14. p nale Weinberger ef al 1976 Un acte d lictueux put para tre grave objectivement tout le monde mais pour des raisons diff rentes sinon oppos es mena ant pour soi o pour un proche mena ant pour un groupe de personnes mena ant pour un secteur social entier et mena ant pour l ordre et la reproduction sociale Weinberger 1977 L enjeu avait donc subi une premi re d localisation la nature des conflits fut analys e non pas comme des conflits de normes entre les r pondants mais plut t comme des conflits sur la l gitimit du recours la ressource p nale Il faut dire qu entre temps Robert et Fougeron 1978 la suite de longues enqu tes qualitatives avaient fait une perc e d cisive en rendant beaucoup plus com plexe la ph nom nologie des repr sentations sociales du crime Ils avaient mon tr que dans la plupart des cas la dimension affective l emportait sur la dimension cognitive Et que dans toute perception de gravit d une infraction p nale r duite chez la plupart des honn tes gens de l indulgence par rap port au d lit consid r comme b nin ou de la s v rit par rapport au d lit consid r comme grave il convenait toujours de dissocier la repr sentation d intentionnalit spontan ment imput e l auteur de la repr sentation du pr judice individuel ou social conf r aux cons quences de son acte Les conflits mis jour s expliquaient alors p
15. para t plus n cessairement comme dans le pass aux 267 ordres d un r gime politique qui le favorisait Ce type d fend nettement un ordre conservateur de droite 4 Le TYPE 4 10 8 compos de jeunes ou de personnes en fin de vie active peu croyant de culture ouvri re bien moins nanti en capital conomique et culturel se situe dans un univers de valeurs plut t humanistes et permissives au moins chez les jeunes qui sont plus nombreux Cependant les r pondants continuent employer des notes fortes sur de nombreux contentieux leur capital socio culturel plut t modeste ne leur donnant pas toujours la possibilit de relativiser la l gitimit de l intervention de PEtat Cela transpara t dans la moindre capacit du type privil gier la r pression des contentieux portant sur les atteintes polici res aux libert s les fraudes fiscales en revanche il tol re plus facilement la contestation politique et se montre assez peu pr occup par la d fense de la propri t priv e Il est tr s nettement cliv sur l usage des stup fiants oscillant entre une sensibilit aux probl mes de sant des consommateurs et la d fense d une libert li e aux valeurs d h donisme auxquelles il aspire 5 Le TYPE 5 21 6 tr s diff rent des pr c dents fait varier ses notes de mani re beaucoup plus ample Il se montre beaucoup moins pidermique ou affectif Moins religieux lib ral et fortement l gali
16. D viance et Soci t 1990 Vol 44 No 3 pp 253 273 COMMENT LES FRAN AIS R PROUVENT ILS LE CRIME AUJOURD HUI F OCQUETEAU et C PEREZ DIAZ Introduction Un p naliste suisse C N Robert 1989 p 34 a r cemment fait le constat d une impuissance ontologique de la criminologie valuative dans ses efforts pour mesurer les r sultats dissuasifs du travail de la justice p nale car en l absence de lois infaillibles de causes d termin es dit il il nous est bien impos sible d inventorier des moyens d action et de r action sociale dont on pourrait ensuite mesurer les r sultats Il ajoutait cette phrase nigmatique et sans doute un peu provocatrice Car malgr Durkheim ou cause de lui le crime et la peine sans cesse nous chappent Ce en quoi nous avons envie de fui r pondre Malgr peut tre A cause de rien n est mois s r Durkheim on le sait ne s est jamais int ress la criminogen se Parmi les quelques postulats de base mis dans la Division et les R gles sur le crime il en est un qui semble avoir gard une vraie modernit sociologique le crime doit se d finir comme un acte que nous ne r prouvons pas parce qu il est criminel mais criminel parce que nous le r prouvons C E S D LP C N R S Paris Cet article est tir d une recherche OCQUETEAU PEREZ DIAZ 1989 pp 149 225 dont on trouvera la r f rence en bibliographie Rappelons trois
17. DON R et BOURRICAUD F Dictionnaire critique de sociologie Paris PUF 1983 p 118 CFRES VAUCRESSON eds D lits des jeunes et jugement social recherche compara tive internationale Paris Maison des Sciences de l Homme 1983 DELMAS MARTY M Les chemins de la r pression Paris PUF 1980 DELMAS MARTY M L homme des droits de l homme n est pas celui du biologiste Esprit novembre 1989 pp 116 123 DIDAY E La m thode des nu es dynamiques et la reconnaissance des formes Paris Cahiers de l IRIA 1970 272 FAUGERON C et al R ponses la d viance et groupes sociaux Paris SEPC ron o 1980 FAUGERON C et JAKUBOWICZ P Les magistrats et la loi p nale Revue fran aise de sociologie 1984 XXV 4 pp 568 683 LAGRANGE H Autoritarisme les limites d une interpr tation morphologique Revue fran aise de science politique 1989 XXXIX 5 pp 637 664 LASCOUMES P PONCELA P et LENOEL P Au nom de l ordre une histoire poli tique du code p nal Paris Hachette 1989 LAUTMAN J et LEMEL Y Le concept de classe devant les donn es statistiques Paris Communication la Journ e du 15 octobre Sociologie et statistiques IRESCO ron o 1982 MIETHE T D Public consensus on crime seriousness normative structure or metho dological artifact Criminology 1982 XX 3 4 pp 515 526 OCQUETEAU F et PEREZ DIAZ C Justice p nale d linguances d viances Evolu tion des rep
18. Index 12 Index 18 index 32 Atieintes la pro pri t priv e sortes de vois Index 9 Appelation frauduleuse vins D chels toxiques dans rivi res Infractions la cansommation environnement Index 24 Plombier non d clar Non application s curit sur chantier gt accident mort l embauche discriminalion sexuelle Licenciement abusif d l gu syndical Non d claration b n fices 1 M avu fisc pairon Commer ant ne d clare pas ious ses b n fices index L Index 17 Infractions la l gislation du travail index 27 Index 29 Index 21 Index 11 index 6 Stationnement ill gal tran ger sur territoire T S non renouvel Infractions fa r glementation adm Index 10 Index 23 Perquisition ill gale Garde vue ill gale Atteintes aux libert s publiques par agents de l tat Action terroriste contre difice public Manifestants refus de dispersion Contestation Index 13 politique Index 28 Exc s de vitesse 320 au lieu de 60 Refus porter secours bless sur route Conduite en tat d ivresse Infractions aux Index 22 r gles de la circulation routi re Jadex 16 Index 33 Enrichissement par vente d h roine Vente de hachisch Trafics Index 11 de stup fiants Index 2
19. PR33 est faible plus auront tendance jouer des m canis mes de r probation affective et indiff renci e l gard des criminels les trans gresseurs de la loi ou de la norme p nale Plus au contraire l cart sera lev plus fortes seront les chances de nous trouver en pr sence de r pondants capa bles de faire interf rer dans leurs jugements des m canismes valuatifs entre les divers contentieux les pr disposant relativiser les priorit s de r pression les unes par rapport aux autres On voit la valeur de l cart cro tre avec les types construits type 1 54 type 2 79 type 3 70 type 4 86 type 5 93 type 6 92 quelques exceptions pr s Le type 3 est de composition sociale plus homog ne que le type 2 donc ses OPR font l objet de moins de clivages internes Par hypoth se on pr te une signification particuli re la valeur relative de ces carts plus elle est faible plus la condamnation morale joue c est le cas des types 1 3 plus elle est forte plus c est l indication de l existence de m canismes valuatifs c est le cas des types 5 et 6 et dans une moindre mesure du type 4 266 B Pr sentation de la typologie Par souci de pr sentation rapide disons que chaque classe ou type est d fini selon la fa on dont il se montre sensible aux diff rentes criminalit s Pour chacun d entre eux on examine l usage social de la notation et l ordonnance des infractions et l on r
20. R 12 le cambriolage de 100 000 F OPR 13 enfin la perquisi tion ill gale du policier OPR 14 Si l on peut parler encore d une assez grande r probation les r ticences commencent se faire nettement sentir Si l on reconna t encore majoritaire ment qu une sanction puisse tre adapt e pour prot ger la famille et le domicile des intrusions d j des divergences significatives sont apparues quant au bien fond de la ressource p nale On note par ailleurs que l ensemble des infractions routi res et les atteintes aux libert s publiques par la police font l objet d une r probation plus forte que l ensemble des infractions patronales relatives la l gislation du travail Et ces derni res arrivent devant les infractions la consommation 260 Pour les atteintes la propri t priv e sans dommage physique une vic time la valeur financi re du bien vol fait varier les ordres de r pression cam briolage 1 million F OPR 11 100 000 F OPR 12 10 000 F OPR 16 Les divergences d appr ciation envers la fraude fiscale s accentuent par ail leurs tr s fortement selon la perception sociale de l infracteur et dans le m me ordre d id e encore plus s rement dans le cas o le gain issu du montant de la fraude est clairement d fini Pour le patron b n ficiaire d une fraude d un million de francs on a un OPR 17 pour un commer ant qui ne d clare pas tous ses revenus POPR n arrive
21. ar des lectures diff rentes des torts et des dom mages caus s par les infractions par exemple sensibilit diff rente aux victi mes individu vs soci t Hs s expliquaient par des univers de croyances diff rents au centre desquels se v rifiaient non seulement des conflits sur la gestion a cs composante affective sur la composante cognitive propos du crime Et cela aussi bien chez le citoyen de la rue que chez la cible le condamn de la jus tice p nale Laffargue Robert 1977 que chez ses serviteurs les magistrats Faugeron Jakubowicz 1984 Miethe 1982 se demanda toutefois si les questionnaires index toujours la recherche de la gravit seriousness du crime n avaient pas finalement r v l plut t que des structures normatives de r ponses des artifices m thodo logiques rendant notamment tr s probable un accord plus consensuel sur la gravit d actes connus comme faisant l objet de p nalit s plus importantes et des syst mes de valeurs autoritaires C est sans doute la sociologie de la socialisation culturelle qu il importe d en expliquer les raisons Ce n est pas directement l objet du pr sent article encore qu il ne soit pas inint ressant d observer dans la diachronie comment l thos rigoriste ou autoritaire propre certaines cultures la boutique ou le monde ouvrier par exem ple subit des alt rations sensibles en vertu de la prise en compte de la var
22. c certaines d entre elles appara t encore plus d ter minante que les stricts crit res de l identit individuelle des r pondants Lattitude d hostilit ou d acceptation du changement socio conomique CHAN d passe largement le r le du strict degr de scolarisation C est encore vrai de l attitude d adh sion ou de rejet de la philosophie dissuasive de la loi et de l ordre RESP et cela l est encore dans une moindre mesure pour les attitudes de manich isme ou de relativisme MAND de permissivit ou d antipermissivit PERM 264 A notre sens les diff rences culturelles ont tendu supplanter les diff ren ces conomiques dans l assimilation des CSP aux classes sociales Lautman et Lemel 1982 ont observ que la soci t fran aise tant devenue plus ouverte aux mobilit s aux diversit s sociales plus tol rantes des choix de mode de vie et d identification ces l ments de structure influeraient d sormais pour expli quer des relations moins bi univoques des CSP avec le m tier On peut conclure en effet que la traditionnelle sous estimation des variations intra PCS depuis 1983 on parle l INSEE de Professions cat gories socio professionnelles oblige d sormais consid rer celles ci de moins en moins comme de pures assi gnations de classes ce qui a des effets importants sur la nature de l interpr tation des r sultats Indiscutablement la formation scolaire joue un r le
23. de positions conformistes sont moins homog nes que dans le cas pr c dent Il est commun ment sensible la d fense d un ordre public entendu avant tout comme un ordre qui sauvegarde la morale sexuelle donc pr dispos se faire le champion des projets de reproduction familiale tra ditionnels Tr s r v latrice appara t la surcondamnation des infractions de viol d exhibitionnisme de pornographie de relations sexuelles pr coces par rap port aux autres types L homog n it de ses prises de positions s alt re toute fois fortement en pr sence d exc s policiers et de contestation politique ce qui s explique tr s probablement par les composantes sociales nettement distinctes de cette cat gorie rigoriste La fraction de culture ouvri re se montre sur ces contentieux nettement plus intol rante que la fraction de culture rurale 3 Le TYPE 3 17 rigoriste moraliste et galement croyant de com position sociale plus homog ne ind pendants de l artisanat du commerce et de l industrie plus nanti en patrimoine et en capital conomique se fait le d fenseur d un ordre social et politique assez autoritaire Surcondamnant plus que ses pr d cesseurs toutes les atteintes la propri t priv e il se montre tr s intol rant vis vis de la contestation politique qui symbolise le d sordre social mais galement tr s pr occup par les atteintes aux libert s publiques par la police Elle ne
24. e recherche socio droit A L S 1977 TOR O WEINBERGER J C JAKUBOWICZ P et ROBERT Ph Soci t et gravit des infractions Revue de Science Criminelle 1976 4 pp 915 930 273
25. echerche s il existe des objets particuli rement prioritaires ou des infractions isol es auxquelles il pourrait tre plus sensibilis qu aux autres On tente d observer l existence de clivages internes au sein de chacun il faut par hypoth se que sur la distribution d ensemble des notes une position nettement indulgente fort de notes faibles s oppose une position nette ment plus s v re fort de notes lev es avec d sertion de notes centrales 1 Le TYPE 1 22 6 rassemble une population tr s g e et domin e dans la stratification sociale extraordinairement motionnelle sur le chapitre des d linquances Elle affecte des notes lev es la quasi totalit des conten tieux Ouvriers peu qualifi s ou petits employ s ils sont d pourvus de capital conomique et scolaire apeur s par le sens des volutions sociales et ins curis s en tant qu urbains Les tendances r pressives semblent port es leur absolu On remarque chez ce type une prise de distance parmi les tr s jeunes s ils bai gnent dans le m me univers de compr hension du monde que leurs a n s ils ont tendance douter du caract re r ellement r pr hensible des infractions contre les m urs en les jugeant moins s v rement 2 Le TYPE 2 16 5 fortement religieux ce qui peut expliquer une l g re att nuation des tendances r pressives tr s moralistes reste tr s affectif et normatif Ses prises
26. elatives de r pression des diverses infractions Nous nous sommes cet gard efforc s de dissocier les deux composantes dans l acte de notation et de leur pr ter des significations diff rentes A Principes directeurs de construction d une classification Parmi l ensemble des techniques de classifications d une population celle des Nu es Dynamiques Diday 1970 pr sente l avantage par rapport aux diverses classifications hi rarchiques de fournir une partition privil giant la structure de l ensemble des r pondants m thode g om trique plut t que celle des ressemblances entre individus pris deux deux m thode alg brique Cette technique fournit de surcro t un crit re permettant d valuer la qualit de la par tition finale obtenue A l oppos des Analyses factorielles elle permet d identifier toutes les frac tions de la population y compris celles qui occupant des positions interm diai res sont en g n ral tr s mal caract ris es sur les axes Par ailleurs la construction d une partition d gage des groupes finis por teurs d un ensemble commun de styles de notation la diff rence des fracto rielles qui isolant certes des mani res homog nes de noter certains contentieux 262 ne permettent pas de v rifier si les individus qui s y trouvent r unis ne diverge raient pas sur d autres Cette m thode de traitement permet donc de scinder les deux composantes du ph nom ne qui
27. ers ou les cat gories sociales d appartenance suppos s d terminantes dans les divergences de gravit observ es taient des variables insuffisantes pour les expliquer Mais on peut galement s interroger sur le r le de l instrument qu ils utilis rent les analyses factorielles n auraient elles pas surtout rendu compte des con flits de minorit s extr mis es certes bien caract ris es par leur position socio professionnelle mais sans qu apparaisse combien l ensemble de leur classe d appartenance adh raient peu leurs repr sentations L hypoth se du r le d terminant de la cat gorie professionnelle d apparte nance travers le m tier des personnes interrog es nous para t devoir tre rela tivis e Elle doit c der le pas une d marche plus ouverte qui permette de rechercher sans a priori les variables pouvant rendre compte le mieux possible des divergences de la population d aujourd hui A cet gard l utilisation d une autre technique d analyse en permettant d aborder les donn es sous un autre angle peut s av rer prometteuse notam ment si elle n hypertrophie pas les positions extr mes au d triment des positions interm diaires Enfin il convient de discuter plus fond d un autre probl me souvent sou lign mais pas v ritablement r solu dans la probl matique de l index l imbrication des gammes de notes utilis es par les personnes interrog es et des priorit s r
28. eures 5 plus de 90 de notes comprises entre 8 et 10 Tr s proches apparaissent le trafic d h ro ne OPR 3 la pollution industrielle OPR 4 la non application des r gles de s curit sur un chantier provoquant la mort OPR 4 Pour toutes ces infractions plus de 90 de la population notent de 6 10 et 79 de 8 10 Si la population se r unit sur ces contentieux c est parce qu un auteur est susceptible d identification une intentionnalit malfaisante et nuisible peut lui tre facilement imput e le caract re de la menace qui met en jeu l int grit physique de la victime potentielle individuelle ou collective est facilement per u 259 Autres sortes d infractions quasi unanimement r prouv es le vol main arm e OPR 6 le refus de porter secours un bless sur la route OR 7 la conduite en tat d ivresse OPR 8 la vente de haschish OPR 9 Sur ces quatre infractions 85 de la population notent encore entre 6 et 10 dont plus de 70 notent de 8 10 L int grit physique de la personne appara t encore comme menac e dans ces infractions caract re fautif par commission ou par omission encore per u mais les sens attribu s la gravit commencent diverger sensiblement en vertu de la sensibilit du regard port sur l auteur et ou la victime Examinons maintenant de quoi est fait le consensus de non gravit pro pos d infractions faiblement not e
29. eux valuer leur part res pective dans les diff rences de notations Calcul partir de la valeur du khi2 entre chacune des caract ristiques sup pos es d terminantes et la partition de la population ventil e en 6 groupes le coefficient de contingence donne une id e du degr de d pendance entre eux Ce coefficient se lit un peu comme un coefficient de corr lation sans en tre un parce qu il varie de 0 1 plus il tend vers 1 plus il indique une covariation importante D apr s le tableau I pour les caract ristiques individuelles le coefficient le plus lev est celui du capital scolaire valu d apr s le degr de scolarisation Viennent ensuite les affinit s partisanes puis la PCS du chef de famille la posi tion sur laxe droite gauche l ge le degr de croyance religieuse et en dernier lieu le sexe Pr cisons que si les valeurs du coefficient peuvent sembler faibles dans l ensemble elles sont loin d tre n gligeables en sociologie Le degr de scolarisation est la variable qui rend le mieux compte des diff rences entre les groupes Mais alors quelle validit accorder cette typologie 263 Tableau I Coefficient de contingence entre la typologie d index et les caract ristiques et attitudes de la population Description des variables Valeurs du coefficient de cantingence Sexe Age P C S Chef de famille Degr de scolarisation Investissement religieux Axe des opinions politiques
30. iable ge au sein de ces cultures par ex voir LAGRANGE 1989 pour le monde ouvrier 256 hold up vols meurtres viols par rapport ceux pour lesquels la connais sance l gale du public aurait t variable fraudes d lits conomiques tra vail etc En r alit il ne faisait que rendre d terminante l importance de la composante proprement valuative de la repr sentation sociale concernant la r pression des contentieux qu elle soit fond e ou non dans les faits jusqu alors toujours sous estim e Interroger les honn tes gens sur la gravit d une infraction n a de sens que si on r f re cette derni re une seule sorte d appareil de contr le social de prise en charge en l occurrence la justice p nale Il n en reste pas moins que le discours tenu sur les ordres de priorit relative dans l utilisation de cet appareil Robert Faugeron 1978 p 72 partir du moment o l on fait merger des zones consensuelles d indulgence ou de s v rit ne nous semble pas n cessairement prendre les m mes significations pour la population d ensem ble Pas forc ment une d l gitimation de l appareil p nal pas forc ment des demandes diff renci es de d p nalisation ou de surp nalisation Ce qu on eut peut tre trop tendance penser sans lavoir explicitement v rifi Il s agit notre sens d une probl matique diff rente l exp rimentation
31. les les moins favoris es se montreraient toujours plus s v res l gard des d lits tendanciellement caract ristiques de leurs groupes d appartenance parce qu elles n auraient pas conscience des autres sortes de d lits moins traditionnels ne les verraient pas ou ne s en percevraient pas les victimes directes processus d occultations sur lesquels d autres ont pu broder l infini Lorsque l enjeu poli tique a t de rem dier cette situation deux coles se sont imm diatement oppos es la r formiste et la radicale La question de l index de criminalit fut alors remise sur le tapis dans la perspective d un enjeu diff rent la connaissance diff rentielle de la loi par la population c est dire la mesure de la composante savante de la repr sentation Sheley 1980 put alors ne voir dans les pr disposi tions punir plus fortement certains actes ill gaux que d autres que de simples indices d apprentissage diff rents la norme l gale et Smaus 1983 repartit en guerre contre les pr suppos s id ologiques des travaux des ann es 60 entrepris par la Commission K O L Knowledge Opinion about Law Mais la question tait elle bien celle de comprendre ou de d noncer les rai sons des attitudes de punitivit des honn tes gens par leur peu de connais sances des m canismes juridiques pour faire rendre gorge aux m canismes id ologiques de l gitimation des institutions r pressive
32. ndulgence envers les atteintes la propri t priv e sauf pour les vols main arm e la contestation politique et l usage de la drogue En revan che il serait tr s p nalisateur pour l irrespect de r gles provoquant des attein tes l environnement pollutions la s curit du travail et aux libert s publi ques exc s policiers En somme il tend disqualifier des politiques p nales poursuivant des contentieux symbolisant les valeurs de libert et d h donisme 268 elles lui sembleraient plus l gitimes si elles poursuivaient plus rigoureusement les atteintes la collectivit ses yeux trop souvent tol r es Conclusion de m thode et perspectives sociologiques L examen de cette typologie si on la consid re sous langle des priorit s de r pression des diff rents types montre de plus grandes affinit s id ologi ques entre les types 4 et 6 qu entre les types 5 et 6 en d pit des notations le v es du type 4 qui le rapproche en revanche des types 3 M me si le rigo risme est un thos culturel typique de cat gories faiblement scolaris es donc domin es cela ne condamne pas pour autant ses fractions jeunes plus scola ris es que leurs a n s ne pas savoir valuer les politiques criminelles souhaita bles pour leurs int r ts Pourquoi sommes nous amen s conclure que les types 4 et 6 se ressem blent La fracture entre les types provient de ce que les t
33. ne note refuge B Le traitement des donn es sur la population globale Les donn es qui r sument l information globale sont ventil es selon deux modalit s en ligne les infractions jug es en colonne le mode d emploi s impli fi des notations de gravit Sont regroup es les notes faibles 5 et moins d un c t les note fortes 6 10 de l autre Un examen pr liminaire de ce dernier pan ayant montr des masses de notes souvent consid rables nous avons t conduits le scinder entre notes extr mes 8 9 10 et notes plus moyennes 6 7 On a ensuite proc d l ordonnancement des priorit s de r pression glo bales par rapport l ensemble des 33 infractions jug es en faisant l hypoth se que plus les notes taient massivement lev es plus la volont de voir r prim e telle infraction tait socialement partag e et approuv e comme une priorit de lutte r pressive OPR ordre de priorit r pressive moins elles l taient moins la ressource r pressive semblait l gitime Quant aux OPR interm diaires on a fait l hypoth se qu ils portaient sur des infractions ou des contentieux dont le sens donner tait l enjeu d un conflit voir annexe 1 Consensus de s v rit et consensus d indulgence Les atteintes l int grit physique vol d g n rant en homicide OPR 1 puis viol OPR 2 font l objet d une r probation unanime 100 de notes su ri
34. nt ils directement des valeurs prot ger desquelles Parlent ils du bien fond de la r pression p nale l encontre de qui ou quoi Ces questions tout fait banales dont les enjeux th oriques sont videm ment consid rables ont suscit depuis les ann es 1960 une litt rature d exp ri mentation d mesur e depuis que Sellin et Wolfgang 1964 invent rent un outil de mesure de la r probation du crime qu ils baptis rent index de criminalit Ils pr tendirent atteindre une meilleure connaissance de la r probation des am ricains face au crime en ordonnan ant une s rie d infractions jug es par la population selon leur degr de gravit sur une chelle unidimensionnelle Il s agissait de hi rarchiser sur un continuum les tats forts et faibles de la r pro bation pour donner une meilleure rationnalit l chelle des peines existantes Mais jamais au pr alable ils n ont probl matis la notion de gravit d une infraction ni d termin la dimension de la repr sentation du crime dans le juge ment des personnes interrog es Dieu sait que la question est d importance O est la d marcation entre ce qui est clair et ce qui ne l est pas Cette question conditionne aujourd hui le discours des partisans d un strict retour au principe de l galit hant s qu ils sont par l hypertrophie des r gles d incrimination secondaires sans aucune visibilit sauf chez quelques sp cialistes
35. olitiques auront des effets sur les praticiens s ils entendent que leurs pratiques judiciaires soient en ad quation avec les valeurs du plus grand nombre Ce clivage opposait d une part les cat gories se montrant r pressives pour les d linquance caract ristiques des classes dominantes ou de leurs agents infractions polici res infractions la l gislation du travail fraude fiscale trafics financiers des commer ants et industriels mais tol rant mieux par contre l usage de la drogue ou le vol main arm e de l autre celles qui souhaitaient voir essentiellement r prim es ces derni res tout en tol rant davantage les premi res Groupe ou soci t dont les valeurs prot g es ne doivent pas tre seulement celles qu ont d fini ou que d finissent des morts des juristes ou des organes officiels du gouverne ment comme le dit juste titre DELMAS MARTY 1980 p 127 270 Annexe I Ordonnance des priorit s de r pression pour la population globale et la population class e Classe 2 Classez Clnsed Classe 5 Classe 6 Papulation Classe N du passage Intitul sommaire globale des questions des infractions pendant l enqu te Types de contentieux Vol voiture rue Vol foulard magasin Cambriolnge 100 000 F Vol main arm e 200 000 F Cambriolage 1 000 000 F Cambriolage 10 000 F Index index 3 Index 4
36. qu au rang 26 Il y a donc de l valuation dans les jugements de gravit chez les person nes interrog es selon les informations apport es en d pit d une volont d lib r e de notre part de leur d crire les comportements incrimin s de fa on aussi neutre que possible Cela tend valider ici l id e d une intrication de la connaissance intuitive qui fait partie de la dimension cognitive et de la dimension valuative propos de laquelle la comp tence socio culturelle comme le dit Percheron 1987 p 102 constitue un facteur essentiel dans la capacit d valuation et de distanciation l gard du r el et dans la relativisation des appr ciations et des jugements Cette affirmation devra tre discut e par la suite mais dans son ensemble une population entra n e faire varier ses notes s cr te une logique hi rarchis e de ses r ponses dict e plus ou moins consciemment par la prise en compte de deux ordres de ph nom nes qu elle respecte peu ou prou sponta n ment a forte ou faible intentionnalit imput e l auteur et le fort ou faible pr judice caus la victime Que l un ou l autre de ces l ments viennent man quer ses perceptions nous sommes alors en pr sence de conflits d interpr ta tion propos desquels vont alors vraisemblablement interf rer beaucoup plus facilement des d terminismes socio culturels Reste savoir l gard desdits con
37. r sentations dans la soci t fran aise Paris CESDIP n 50 ron o 1989 PERCHERON A Le droit vingt ans Paris CEVIPOF ron o 1987 QUELOZ N La sociologie du contr le social volution et essai de conceptualisation Revue internationale de sociologie 1988 1 pp 7 47 ROBERT C N La criminologie un outil d valuation des r sultats de la justice p nale in Limites du droit p nal quelques interrogations Travaux CETEL 1989 n 35 pp 26 36 ROBERT Ph et FAUGERON C La justice et son public les repr sentations sociales de la justice p nale Paris Gen ve Hygi ne Masson 1978 ROBERT Ph et LAFFARGUE B L image de la justice p nale dans la soci t le syst me p nal vu par ses clients Paris SEPC CDSH 1977 SELLIN T and WOLFGANG M E The measurement of criminality New York Wiley 1964 SHELEY J F Crime seriousness rating The British Journal of Criminoloy 1980 XX 2 pp 123 135 SMAUS G L image du droit p nal et la reproduction id ologique des classes sociales D viance et soci t 1982 VI 4 pp 353 373 SMAUS G Les recherches K O L au service de la l gitimation du droit p nal D viance et Soci t 1983 VII 2 pp 131 152 WEINBERGER J C Jd ologie et gravit attribu e aux comportements incrimin s Bordeaux Univ Bx 1 1975 WEINBERGER J C A propos des recherches sur les repr sentations de la loi du crime et du syst me p nal Sarrebrucken Comit d
38. s En r alit il apparulassez rapidement que pour comprendre la fonction du p nal autant le paradigme lib ral qui postule une ad quation consensuelle entre normes sociales et normes l gales que le paradigme tir de Luck cs qui postule une fausse conscience des int r ts des cat gories domin es adh rant aux normes p nales impos es par les groupes conomiquement dominants ont chou ayant conduit des g n ralisations h tives pour ne pas dire abusives Le premier travail fran ais d envergure Weinberger 1975 tenta de reprendre la m thode am ricaine en l adaptant son contexte Bien qu encore fortement m tin de marxisme althuss rien et sans tre encore d barrass d une probl matique bas e sur les attitudes de punitivit il montra propos d infrac On observe en r alit toujours une troite corr lation entre des attitudes de punitivit que Fon peut s expliquer en termes psychosociologiques ou selon une approche morphologique 255 tions p nales que les repr sentations conflictuelles taient infiniment sup rieu res aux repr sentations consensuelles Cet apport se fit au prix d un index fortement remani dans sa structure pour corriger les impasses des pionniers On prit d abord grand soin de ne faire juger que des comportements visibles mais beaucoup plus diversifi s incrimi n s par le code p nal susceptibles d tre sanctionn s par la justice
39. s majorit de notes inf rieures 5 vol de foulard dans un magasin OPR 33 refus pour des manifestants de se disper ser malgr l ordre de la police OPR 32 travail au noir du plombier non d clar OPR 31 exposition au public de livres pornographiques OPR 30 relations sexuelles entre majeur et mineure consentante OPR 29 s jour ill gal de l tranger sur le territoire OPR 28 Toutes ces infractions sont peu ou prou banalis es par les 2 3 de la popula tion On peut dire qu un consensus d indulgence ou de tol rance a pu merger sur le chapitre dit des m urs sur la contestation politique l conomie sou terraine et la transgression passive d interdits administratifs de la part d tran gers Contentieux symboliques les menaces sociales ou individuelles que repr sentent ces infractions paraissent peu cr dibles entendement de la majo rit des personnes interrog es l intention de nuire imput e leurs auteurs n appara t pas explicitement pas de possibilit d identification une vic time et la nature des pr judices trop vague et peu cr dible 2 Perceptions conflictuelles l gard de la p nalisation des infractions Une majorit de la population se montre encore s v re plus de 50 de notes de 8 10 sur le refus de payer la pension alimentaire d cid e par le juge OPR 10 le cambriolage d 1 000 000 F OPR 11 l enfant battu et bless par son p re OP
40. sitiviste Et disons qu un honn te sociologue serait la personne int ress e non pas aux cau ses de la transgression du transgresseur mais bien plut t aux raisons qui font que les honn tes gens se sentent fond s r prouver ce qu ils r prouvent En r alit depuis Durkheim avec lui ou contre lui l une des missions cardi nales de la sociologie dite g n rale a t de r pondre la question des raisons du conformisme social des honn tes gens pour un essai r cent Queloz 1988 ce qui a conduit par d rivation s interroger sur la d fense des valeurs collectives secr t es et actualis es en permanence par tout groupe social face Panti ou au non conformisme du crime activit dite normale puisqu ob issant une loi de r gularit dans le temps et l espace Seulement le probl me n est pas puis pour autant qu est ce que les hon n tes gens r prouvent exactement quand ils jugent le crime La sociologie sp cialis e dans l tude des institutions r pressives a permis d accomplir un pas d terminant en r affirmant strictement son objet il n y a de crime que lorsqu il y a une sanction p nale suffisamment claire pour l insti tuer comme tel Ce qui a transform la question des valeurs sauvegard es par un d placement de l enjeu quant la nature des jugements sur le crime la ques tion est devenue que disent les honn tes gens quand ils jugent le crime Parle
41. ste il se caract rise par une surrepr sentation de l encadrement du secteur priv D fendant la propri t pri v e il value les pertes occasionn es par le vol nette variation des notes en fonc tion des dommages conomiques ce qui prouve la rationnalit de sa position leur gard Sa singularit r side par ailleurs dans ses tr s faibles notations des ill galismes des cols blancs fraudes fiscales atteintes conomiques violations des r gles de s curit dans le travail Sans doute ne consid re t il pas le syst me p nal adapt pour r soudre ces genres de contentieux qui ne lui paraissent pas assimilables de la criminalit traditionnelle Toutefois son fort l ga lisme l emp che de contester ce que le l gislateur et le juge ont fait r proba tion du licenciement abusif du d l gu syndical et du refus de paiement de la pension alimentaire Il se distingue encore des pr c dents par la relative fai blesse de ses notes l gard de la contestation politique et des contentieux rou tiers 6 Le TYPE 6 11 5 est plus jeune urbain parisien tr s nanti en capi tal scolaire mais beaucoup moins en capital conomique de gauche affichant un fort lib ralisme culturel il appartient massivement l encadrement ou au monde des interm diaires ou employ s du secteur public D fenseur des valeurs collectives il se montre aussi l galiste que le pr c dent Il se singularise par une grande i
42. t la condition qu elles ne donnent pas de notes n gatives ou nulles Cela avait videmment oblig les chercheurs recoder les informations pour rendre Les r sultats comparables Sous la louable libert laiss e la population on avait proc d de fait une op ration notre sens arbitraire dans la mesure o l on avait r duit ensuite selon des crit res arithm tiques et en pratiquant des calculs de pond ration une libert qui tout le monde n avait certainement pas donn le m me sens en l absence de tout clairage qualitatif du jugement des person nes lib ration motionnelle des affects valuation de la pratique judiciaire ou prise de position sur la politique criminelle de l poque On a d lib r ment pris le parti de fixer en amont la m me r gle du jeu pour tous chelle ferm e de 1 10 en laissant partir de cette contrainte com muns les r pondants ma triser par eux m mes le choix des nuances apporter si elle peut sembler un retour aux sources am ricaines Les notes attribu es par les r pondants gardent leur propre valeur dans tou tes les analyses et si on est amen les regrouper pour faciliter la pr sentation des r sultats ce n est que par commodit de lecture S il existe des pratiques dif f renci es dans les notations selon les cat gories sociales en pr sence le traite ment de information recueillie doit permettre d en rendre compte et rendre possible leur
43. tentieux o ne peuvent pas tre mis en vidence de v ritables zones de consensus national OPR ni fortes ni faibles s il est bien av r qu on est en pr sence d enjeux conflictuels sur les p nalisations et lesquels Il convient pour cela de reprendre l information globale et de la traiter de mani re tout fait diff rente I1 Comment juge t on le crime Autrement dit quelles vont tre les variables statut conomique ou attitu des socio culturelles les plus d terminantes pour expliquer les divergences constat es dans les ordres de priorit s r pressives selon les infractions jug es Nos devanciers pensaient trouver dans la CSP cat gorie socio professionnelle de l INSEE une variable explicative dominante Les repr sentations contrast es guidant les jugements taient expliqu es par la m ca nique d terministe de la position occup e par les personnes interrog es dans le proc s de production On proc da de ce fait des explications classistes Weinberger ef al 1976 en discourant sur les conflits de classe des ouvriers 261 par rapport la petite bourgeoisie non salari e et la petite bourgeoisie sala ri e Toutefois ces auteurs observaient l int rieur de chaque sous population typifi e selon son m tier ou sa cat gorie sociale d appartenance des clivages souvent proches de ceux de la population prise dans son ensemble Ce qui ten dait prouver que les m ti
44. ypes 1 2 3 et 5 77 7 sont surtout mobilis s par la d fense de la propri t priv e r pression priori taire des cambriolages et vols main arm e tandis que les seconds 4 et 6 22 3 attendent plut t une r pression des ill galit s commises dans le monde du travail et contre les libert s exc s policiers En r sum la population fran aise du milieu des ann es 80 r unie sur le bien fond de la r pression des atteintes l int grit physique reste scind e en deux univers id ologiques antith tiques deux noyaux consistants valorisent des politiques criminelles per ues par eux comme oppos es Le type 5 d fenseur des valeurs de l avoir et le type 6 d fenseur des valeurs et libert s collectives l tre social voient dans l utilisation de la ressource p nale un enjeu de lutte symbolique et strat gique de premi re importance Dans leur orbite gravitent des populations plus ou moins moralistes et plus ou moins conformistes Le pre mier peut trouver des alli s id ologiques chez les rigoristes des types 1 2 et 3 le second sera confort par le type 4 p n tr de valeurs plut t humanistes Lorsque l on adosse les r sultats de cette analyse aux enseignements tir s des tudes INDEX sur la population fran aise des ann es 70 que dire de l volution globale per ue Le premier enseignement significatif est la disparition de la fracture de la population portant sur les m urs La lib
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