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1. La fabrique de l homme occidental Les mille et unes nuits 1996 Pierre legendre Le crime du caporal Lortie Fayard 1989 Serge Lesourd Violente adolescence Pulsions du corps et contrainte sociale Eres 1998 Maud Mannoni Le premier rendez vous avec le psy chanalyste Gallimard 1988 Maud Mannoni L enfant sa maladie et les autres Le seuil 1967 Maud Mannoni ducation impossible Le Seuil 1973 Charles Melman L homme sans gravit Deno l 2002 Alain Didier Weill Les trois temps de la loi Le seuil 1995 Donald Winnicott La crainte de l effondrement et autres situations cliniques Gallimard 2000 Nathalie Zaltzman De la gu rison psychanalytique PUF 1999 60 61 62 Prenons le temps de travailler ensemble La pr vention de la maltraitance est essentiellement men e au quotidien par les intervenants En appui la Cellule de coordina tion de l aide aux victimes de maltraitance a pour mission de soutenir ce travail deux niveaux D une part un programme l attention des professionnels propose des publications livrets Temps d arr t conf rences formations pluridisciplinaires et mise disposition d outils magazine Yapaka D autre part des actions de sensibilisation visent le grand public campagne Yapaka spot tv et radio magazine autocollant carte postale livre pour enfant L ensemble de ce programme de pr
2. Les travailleurs sociaux et les cliniciens qui exercent dans le cadre de la Justice sont amen s rencontrer les jeunes les plus d structur s au fil des accidents de leur parcours Face la violence de ces adolescents qui errent dans la confusion de leurs rep res l auteur t moigne de l incontournable dimension clinique des prises en charge ducatives cela implique que l adolescent ne doit pas tre mis en place d objet passif de la justice mais de Sujet actif de son histoire qu il se sache partie prenante de son devenir En privil giant le patient travail avec chacune de ces familles Dani le Epstein s attache ce que ces adolescents en clats se rep rent dans leur propre vie pour pouvoir un jour trouver leur place dans un monde habit de liens de m moire et de projets Le propos met l accent sur la n cessit d un nouage structurant autour de la Loi loi sociale et loi symbolique pour que l articulation de la clinique et du judiciaire prenne sens pour ces jeunes qui sans le savoir en appel lent la Loi Temps d Arr t Une collection de textes courts dans le domaine du d veloppement de l enfant et de l adolescent au sein de sa famille et dans la soci t Une invitation marquer une pause dans la course du quotidien partager des lectures en quipe pro longer la r flexion par d autres textes be Coordination de l aide aux victimes de maltraitance 5
3. d linquant objet d un savoir ou Sujet d un devenir 41 Il n y a pas de d terminisme de la d linquance 42 Tout dire Rien dire ou Bien dire 44 Pluridisciplinarit interdisciplinarit 46 Entre nouveaux dispositifs et dispositions nOUVOlles ren ia a Pleure duo 49 Dressage et redressement 52 La clinique ne peut se mettre en fiche 54 L articulation de la clinique et du judiciaire un enjeu de vie 58 Bibliographie 2 152 45 22 820 uen etant 61 Pour une thique clinique dans le cadre judiciaire Pour traiter des enfants tendance anti sociale il est essentiel et vital de comprendre que l acte anti social exprime un espoir D W Winnicott 1 D W Winnicott D privation et d linquance Chap 14 La tendance anti sociale 1994 25 Clinique et judiciaire Entre intime et collectif L ins curit gronde au quotidien Elle pourrit la vie des quartiers alimente la chronique des m dias Elle fait le fonds de commerce des poli tiques qui proposent de traiter l effet sans inter roger la cause de d signer l arbre abattre pour mieux cacher la for t qui se meurt Plus la soci t se d lite plus nos enfants d lin quent plus la soci t se d sint gre plus l int gration est difficile Entre intime et collectif ils sont le sympt me d une soci t d boussol
4. ancrer et s chouent entre police justice et psychiatrie C est l qu en ce carrefour de la clinique et du judiciaire certains d entre nous dans leurs institutions sont en premi re ligne pour entendre ce qui n a pas encore trouv mot pour se dire En ce temps charni re temps de tous les dan gers mais aussi de tous les espoirs car rien n est encore d finitivement jou on se saisira de cette occasion pour les aider mettre en place les rep res n cessaires leur inscription dans le social S ils vivent de d brouilles magouilles et embrouilles ils ont d couvrir qu ils ne sont pas livr s au seul pr sent mais qu ils sont maillons d une cha ne au sein d institu tions qui r glent les rapports humains Travailleurs sociaux et cliniciens dans le sillage de la loi judi ciaire auront alors la possibilit d tre passeur de Loi dans sa dimension dite symbolique On tentera ici d ouvrir des pistes de r flexion pour ceux qui ont faire ces enfants en rupture au seuil de ce point de bascule ce point la limite du non retour qui m ne la grande exclusion 10 Le magistrat est l agent d une rencontre qui sans lui n aurait jamais eu lieu On peut faire l hypoth se qu un jeune qui se retrouve devant un juge pose une question la Loi il la pose mal sans m me savoir qu il la pose jusqu ce que le magistrat lui demande des comptes S ils franchissent les limi
5. rale ment priv s Aider un adolescent au seuil de sa vie d adulte faire merger la question qui le tra Vaille qui le travaille au corps est ce qui guide notre approche La d marche clinique au sein du judiciaire permet de gagner sur ce noyau obscur sur ce trou noir de la violence qui les aspire On se saisira de cet v nement judiciaire qui fait br che dans le quotidien pour mobiliser parents 29 et enfants dans ce moment de fragilit afin de faire r sonner leurs paroles donner du poids leurs drames intimes et aux impasses de leurs relations Des familles pour lesquelles ce sera l occasion de se r approprier peut tre pour la premi re fois l histoire qui leur appartient lhis toire dont ils sont un maillon C est mettre en jeu l histoire qui les traverse que ces adoles cents sans foi ni loi peuvent se d couvrir inclus dans une cha ne inclus dans un lien vivant autrement que dans la vibration imm diate de leur corps mais vivant de s tayer sur un pass construire pour penser leur devenir L occasion leur est ainsi offerte de se poser dans leur vie de se poser la question de leur vie de ce qui les arrime dans leur vie de ce qui leur arrive dans leur vie c est dire la question de leur res ponsabilit dans leur destin Loin de reposer sur un mode d emploi le passage de la demande du juge la demande du jeune implique que puisse se construire un lien de conf
6. rences confronter nos coutes comme nos points aveugles et parier sur une dialectique possible Cette mise en uvre d un fonctionnement vivant en passe par une prise en charge qui vite le morcellement Ainsi le premier entretien inaugu ral r unira parents enfant et intervenants Ce cadre officiel permettra de nous pr senter pr senter ce qui nous lie au juge comme aussi ce qui nous en diff rencie Il s agira d accueillir les premi res associations autour de l v nement judiciaire de les solliciter Ce sera aussi l occa sion de rem morations douloureuses de trajets de vie souvent ignor s des enfants qui plongent leurs racines dans ce terreau aride On entendra ce qui circule entre parents et enfants ce qui fait sympt me ce qui fait but e l issue de ce temps privil gi et partag vien dra le temps de confronter nos coutes nos interpr tations mais aussi notre surdit nos points aveugles le temps d interroger notre place dans la suite de la prise en charge de la moduler sans syst matisme Avoir t ainsi pr sents ensemble en ce temps fondamental du premier entretien va permettre de rep rer les grandes lignes de la probl matique familiale et ses tensions Mais aussi d intervenir au cours de la mesure tout moment selon les circonstances si n cessaire avec les parents avec l enfant la demande de l quipe du jeune de la famille de faire tiers d tre un recours ult
7. rieur hors d une proc dure syst ma tique institu e et plaqu e _48 Pourtant rien n est jamais acquis et il faut tou jours lutter pour que ce dispositif ne se r duise pas un rituel une coquille vide qui dans la routine va perdre son tranchant C est une lutte quotidienne contre un convivial ronron d quipe auquel on aurait parfois envie de se laisser aller C est ce prix qu on peut rester vivant en veil pour entendre le Sujet singulier au del du st r otype et capable d introduire la petite tincelle qui d prend des id es re ues et de la routine la routine qui r duit tout du m me du d j vu du d j connu Entre nouveaux dispositifs et dispositions nouvelles O en sommes nous aujourd hui L imm diat apr s guerre avait modifi la l gisla tion de fa on ce que l ducatif ait la primaut sur le r pressif Loin d tre simple ajout au dis positif l introduction des psychologues dans le cadre de la justice des mineurs induisait un d placement de la r ponse un acte d linquant sur la position subjective de son auteur La justi ce des mineurs prenait ses distances avec le surveiller et punir alors en vigueur Un tel renversement conceptuel permit en son temps de faire basculer la prise en charge des d linquants de la sanction r pression la r ducation puis de la r ducation la prise en compte du Sujet dans la mise en uvre du
8. vention de la maltraitance est le fruit de la collaboration entre plusieurs administrations Administration g n rale de l enseignement et de la recherche scientifique Direction G n rale de l Aide la jeunesse Direction g n rale de la sant et ONE Diverses associations Ligue des familles services de sant mentale plannings familiaux y par ticipent galement pour l un ou l autre aspect Se refusant aux messages d exclusion toute la ligne du pro gramme veut envisager la maltraitance comme issue de situa tions de souffrance et de difficult plut t que de malveillance ou de perversion D s lors elle poursuit comme objectifs de redonner confiance aux parents les encourager les inviter s appuyer sur la famille les amis et leur rappeler que si n ces saire des professionnels sont leur disposition pour les couter les aider dans leur r le de parents Les parents sont galement invit s appr hender le d calage qu il peut exister entre leur monde et celui de leurs enfants En prendre conscience marquer un temps d arr t trouver des mani res de prendre du recul et de partager ses questions est d j une premi re tape pour viter de basculer vers une situa tion de maltraitance La th matique est chaque fois reprise dans son contexte et s ap puie sur la confiance dans les intervenants et dans les adultes charg s du bien tre de l enfant Plut t que de se focaliser sur la m
9. A Secr g Minist re de la Communaut fran aise p a Minist re Bd L opold Il 44 1080 Bruxelles 44 Communaur yapaka yapakabe Zei POUR UNE THIQUE CLINIQUE DANS LE CADRE JUDICIAIRE Dani le Epstein Pour une thique clinique dans le cadre judiciaire Dani le Epstein Temps d Arr t Une collection de textes courts dans le domaine de la petite enfance Une invitation marquer une pause dans la course du quotidien partager des lectures en quipe prolonger la r flexion par d autres textes Psychologue et psychanalyste Dani le Epstein a travaill de nombreuses ann es la Protection Judiciaire de la Jeunesse Paris sur ordonnance des juges des enfants ou des juges d ins truction Au sein d quipes ducatives de centres ferm s en foyers de semi libert puis en milieu ouvert elle a contribu la prise en charge de mineurs suivis dans le cadre de mesures d assistance ducative ou de mesures p nales Fruit de la collaboration entre plusieurs administrations Administration g n rale de l enseignement et de la recherche scientifique Direction g n rale de l aide la jeunesse Direction g n rale de la sant et ONE la collection Temps d Arr t est dit e par la Coordination de l Aide aux Victimes de Maltraitance Chaque livret est dit 10 000 exemplaires et diffus gratuitement aupr s des institutions de la Communaut fran aise actives dans le doma
10. Marie Rose Moro Le d linquant sexuel enjeux cliniques et soci taux Francis Martens Andr Ciavaldini Roland Coutanceau Lo c Wacqant Ces d sirs qui nous font honte D sirer souhaiter agir le risque de la confusion Serge Tisseron Engagement d cision et acte dans le travail avec les familles Yves Cartuyvels Fran oise Collin Jean Pierre Lebrun Jean De Munck Jean Paul Mugnier Marie Jean Sauret Le professionnel les parents et l enfant face au remue m nage de la s paration conjugale Genevi ve Monnoye avec la parti cipation de B n dicte Gennart Philippe Kinoo Patricia Laloire Fran oise Mulkay Ga lle Renault L enfant face aux m dias Quelle responsabilit sociale et familiale Dominique Ottavi Dany Robert Dufour Voyage travers la honte Serge Tisseron L avenir de la haine Jean Pierre Lebrun Des dinosaures au pays du Net Pascale Gustin L enfant hyperactif son d veloppement et la pr diction de la d linquance qu en penser aujourd hui Pierre Delion Choux cigognes zizi sexuel sexe des anges Parler sexe avec les enfants Martine Gayda Monique Meyfroet Reine Vander Linden Francis Martens avant propos de Catherine Marneffe Le traumatisme Psychique Fran ois Lebigot puis s mais disponibles sur www yapaka be _64
11. adolescent inculp dans un viol collectif Fahrida en tait la victime mais refusait d en faire tat Si sa m re tait victime elle ne le serait pas Cette jeune fille insoumise et rebelle qui avait c ur de ne jamais se d gonfler pour utiliser une m taphore phallique avait t invit e sous la menace d un pittbull suivre des coll giens de sa classe dans une cave face au chien dress pour mordre elle y perdit sa virginit De cet acte d shumani sant elle n avait dit mot personne Elle vivra le traumatisme dans le clivage a ne m a rien fait ce n est pas grave mais d placera la blessure en exigeant r paration du pr judice subi le seul qu elle puisse reconna tre tre r int gr e L ducation nationale dans son refus de la prendre en compte de prendre en compte son bon droit en d niant le pr judice subi r activera le traumatisme premier l atteinte existentielle dont elle fut l objet l injonction paternelle dispara tre parce que fille Alors 56 elle dispara tra r ellement dans la nature et nous n aurons de contacts que lors de ses interpellations chaque occasion elle en profitera pour s enqu rir de sa r int gration scolaire Elle S enfoncera dans la longue des cente aux enfers de la prostitution du racket des agressions l arme blanche Maintenant les hommes c est elle qui allait les baiser et leur rendre la monnaie de leur
12. destin qui s bauche Pratiquer une ouverture dans un ternel avenir cl tur suppose que travailleurs sociaux et cli niciens s appuient sur cette nergie du d ses poir pour la r introduire autour d un ancrage mobilisateur dans l conomie psychique Parfois un petit rien fait cart un petit rien inesti mable en ce qu il va permettre que se desserre l tau de la mal diction du mal dit pour qu il laisse place d autres dires et aux autres pos sibles d une vie 17 Cam lia ou la mal diction silencieuse Ainsi en fut il pour Cam lia Le juge nous confie une mesure d investigation et de Libert Surveill e pour cette jeune fille de 17ans mise en examen pour vols En fugue elle consent faire la demande d un foyer rien de plus insiste t elle De ce rien de plus nous n en croirons pas un mot Elle ne sait pas encore qu elle vient nous demander de l aider chapper un pass qui lui colle la peau Quoiqu elle fasse elle a mal ses parents elle appelle au secours de ne pouvoir s en d tacher ses parents qui font tache Cam lia croit savoir ce qu elle veut mais tout pr s du but elle se heurte quelque chose d inconnu qui la d passe comme un interdit Chacune de ses avanc es sera ponctu e de passages l acte tonalit suicidaire fugues alcoolisme vols drogue voire prostitution mais peut elle s autoriser avancer seule rescap e d une histo
13. e pour le P re de madame lev au rang de h ros Ahmet est pris aujourd hui dans les r ts d un pass dont il ne veut rien savoir Son espace vital se r duit sa chambre cadenass e Un jour sa m re saisie par l angoisse forcera la serrure de cette porte ferm e cl depuis des mois et d couvrira avec stupeur des murs blancs macul s d une inscription rouge sang FLN vaincra Ahmet cultive les effigies d un sc nario mythi fi Bourreaux et victimes de l histoire alg rienne envahissent la sc ne de son fantasme Ahmet n en finit pas de venger l honneur du grand p re victime des bourreaux fran ais Son ombre plane fant matique qui fait de son p re issu d une famille bourgeoise le repr sentant des bourreaux l ennemi de classe Ahmet devra en passer d abord par des mani festations bruyantes et explosives de cet h ritage confus avant d accepter de le mettre en mots des mots qui lui permettent de se d ta cher d un affect de haine envahissant et massif 2 33 Loi sociale Loi symbolique lien social C est ainsi que le juge par son ordonnance devient repr sentant d une Loi structurante en ce qu elle permet des enfants en d rive de s arri mer dans leur filiation de se poser la question de leur responsabilit dans ce qui leur arrive pour devenir auteurs de leur vie Il est en place de Tiers symbolique Autant l absence de r ponse sociale condamne l adolesce
14. f rents Quel que soit le type de mesure les jeunes en question victimes ou agresseurs ont se d battre avec ce qui les embarrasse et c est cet embarras voire cette impasse qui doit se traiter dans la continuit d un lien L articulation de la clinique et du judiciaire un enjeu de vie Ne pas c der la tentation s curitaire n est pas faire preuve de na vet comme les z lateurs des m thodes fortes et exp ditives le pr tendent avec un sourire narquois Loin de la partition manich enne qui ang lise l enfant victime pour mieux diaboliser l enfant auteur nous d fendrons l id e que les enfants en danger et les enfants dangereux sont souvent les m mes des stades diff rents de leur vie Entre dom mages subis et reversion en violence agie cha cun se structure et se d fend comme il peut c est pourquoi au m me titre que les enfants en danger les enfants dangereux ont droit cette prise en compte clinique Telle une perche tendue leur d rive notre pro jet consiste les tirer vers la rive tirer des bords qui les mette l abri de l il du cyclone qui les aspire remettre en circuit une histoire en 58 partage une histoire vivante revisit e qu ils puis sent s approprier au lieu d en tre poss d s Ainsi se saisit on de ce reflux dans l actuel pour reconstruire l inactuel qui les agit et les agite Nous uvrons pour que l adolescent ne
15. inter pr tations circulent pour venir questionner la prise en charge au lieu d empiler bureaucrati quement de beaux documents bien crits pour r pondre la commande judiciaire comme on ouvre une s rie de parapluies Au del d un tra vail en service command nous avons ques tionner la fa on dont chacun s engage en son Nom dans le cadre de l institution Si nos prises en charge s enrichissent des avan c es th oriques de ceux qui nous ont pr c d s si nous nous appuyons sur notre savoir c est aussi avec notre non savoir que nous travaillons avec ce que nous sommes ce que nous avons v cu ce que nous ressentons avec notre struc ture psychique nos exp riences notre d sir condition de ne pas en faire v rit mais support interroger confronter aux autres regards L interdisciplinarit n existe que dans une dyna mique qui lie les membres de l quipe Travailler ensemble ce n est ni se fondre dans le bain consensuel ni entrer en guerre dans une inflation de rivalit parano aque L inter discipli narit c est la fois un enrichissement et un renoncement c est s ouvrir une autre logique que la sienne mettre en doute ses propres certi tudes et dans le doute ne plus tre dans la soli tude trouver ensemble des points de rebonds _47 C est oublier nos r ponses pour faire circuler nos questions travailler nos diff rences trouver la voie partir de ces diff
16. lui aille comme un gant Pas plus qu il n y a de d terminisme de la d linquance il n y a ni pr vision ni pr diction possible aussi son d pis tage pr coce comme certains l avaient sugg r est non seulement fallacieux inutile mais dange reux en ce qu il fixe l enfant dans son trouble dans ce qui le trouble Ainsi r duit son trouble _42 de la conduite son instabilit son hyper activit sa violence on en oublie que ces signes ne qualifient pas tout entier son auteur mais constituent sa seule d fense contre une souffrance qu il ignore lls ne r pondent d aucune pathologie classique d aucune structure psychique rep rable ni n vros s ni psychotiques ni pervers En d ses poir de cause et par limination reste l tiquette psychopathe qui crase tout questionnement quant la causalit psychique quant la com pr hension du trouble Un tel diagnostic ne peut qu en rajouter leur position d fensive contre l angoisse et la culpa bilit et soutenir renforcer leur retranchement subjectif On laissera le Sujet souffrant en souf france une souffrance blanche qui ne peut s prouver comme telle mais qui s enkystera d autant plus qu elle sera d ni e S il est des facteurs de risque qui se d clinent entre intime et collectif entre socius et psych ces risques seront d autant plus grands que l en fant restera livr lui m me ou livr a
17. reste pas objet passif de la justice mais devienne Sujet actif de son histoire qu il se sache partie prenante de son devenir C est ce prix que nous pourrons nous faire passeur passeur de loi sociale qui s taye sur la Loi symbolique et non r gulateur social qui se r f re la norme L o la logique gestionnaire et normative de l institution tend engloutir la dimension de l hu main l o l on croit pouvoir redresser les com portements en faisant l conomie du travail d laboration psychique l o l tau de la r pres sion se serre et enserre l thique de la clinique nous avons soutenir que la clinique ne peut s assujettir la norme qui d douane de toute responsabilit thique Garantir la dimension subversive de la clinique contre la volont actuelle de l encager de l en griller c est prendre conscience qu il y a l un enjeu de soci t qui en appelle l homme comme tre de langage et tre de d sir C est refuser d objectiver dans la transparence l inob jectivable de l Homme qu on cherche r duire du quantifiable du programmable et du repro ductible Mettre au travail la cause du Sujet c est mettre au travail la cause de l Humain contre un projet comportementaliste et zoologique Si le nouage de la clinique et du judiciaire autour de la Loi peut tre structurant il ne peut se pr valoir que d un enjeu de vie Mais il peut aus
18. se montre et le rassure lui mette des limites Supposons alors que le d lit est un appel incons cient l autorit du juge l o la fonction pater nelle n a pu prendre effet un appel la loi socia le l o la Loi symbolique n a pu s inscrire dans sa fonction de pacification des pulsions _15 Faire mentir le destin qui s bauche Enfants revenus de tout qui font comme s ils n attendaient rien comme s ils n entendaient rien ils en appellent pourtant notre d sir cli nique pour relancer leur propre d sir en attente Un d sir qui pourrait se dire avec les mots du po te Edmond Jab s pratiquer l espoir l o tout est r solu d avance pratiquer une ouverture dans un ternel avenir cl tur Faire br che dans un avenir sans devenir dans un devenir sans avenir l o rien dans leur univers bouch ne devait arriver Lorsque nous les rencontrons ils sont en voie d exclusion Pour autant leur acte anti social est facteur d espoir en ce qu il porte la dimension inconsciente d un appel un appel qui ne se sait pas un appel que nous avons construire L o l histoire est si charg e qu elle les pousse d truire se d truire la prise en charge dans le cadre judiciaire peut tre ce lieu o mettre en mots les maux de leur histoire quand la violence est le seul mode d tre qui les tient encore debout Elle t moigne de ce qui en eux veut vivre survivre un pas
19. y a au del du refus manifeste une demande latente masqu e insoup onn e serait ce sous forme de d n gation comme du d pit amoureux Ce dialogue qu ils fuient ils le cherchent mais sous sa forme invers e Aussi _ 14 notre projet implique t il d tre nous m mes d sirants pour susciter leur d sir de rencontre et que se mette en place un lien l o l attente et la confiance fut autrefois trahie Au del de leur rejet spectaculaire de la loi et du lien il y a appel l autre pour qu il leur donne un re p re quand ils ne savent plus quel p re se vouer Leur violence fait signal d une souffrance d un enfant en souffrance comme on dit d une lettre qu elle reste en souffrance de n avoir trouv son destinataire une lettre en instance en instance d tre lue ou qui va au rebut le rebut voie de garage de ceux qui nous rebutent les d finitive ment exclus II y a de l offre la n tre pourtant notre demande nous fait retour retour len voyeur inconnu l adresse abonn absent Le destinataire est absent absent lui m me repr sent seulement par sa trace explosive Nous ferons ici l hypoth se qu en provoquant la loi l enfant d linquant cherche la faire exister pour exister Transgresser s en prendre l autre et ce qui lui appartient voque une transposi tion sur la sc ne publique du drame priv d un enfant qui en appelle au P re pour qu il
20. a froideur technique pour clairer le juge sur l objet r duquer dans son int r t dit on mais en dehors de lui va bien entendu l encontre de notre d marche puisque le principal int ress est exclu de ce pseudo savoir qui le concerne il _41 est l objet d un savoir qui lui chappe Ainsi d coup en rondelles investigatrices par des techniciens sp cialis s le jeune en question n a pas se questionner Ainsi instrument au service du juge il et oreille du magistrat membre du corps judiciaire le psychologue est appel observer le mineur la loupe de ses tests C est l la vis e r ductrice et la pesanteur intrusive de l investigation qui nient le fondement m me de l acte clinique On peut rappeler l tymologie d investigation investigare suivre la trace Apr s l enqu te polici re l enqu te sociale enqu te psycholo gique Mais ce vers quoi un jeune est en qu te dispara t dans le morcellement des rapports dis para t sous l enqu te Classer caser valuer ti queter objectiver le trouble vacue la dimension de la rencontre et fige l autre en objet passif d un savoir qui le manque pour combler illusoirement le manque savoir de celui qui est appel juger Il n y a pas de d terminisme de la d linquance Il n y a pas d entit du jeune d linquant pas de profil type pas de pr t porter nosographique qui
21. altraitance il s agit de promouvoir la bienveillance la construction du lien au sein de la famille et dans l espace social tissage permanent o chacun parent professionnel ou citoyen a un r le jouer Ce livret ainsi que tous les documents du programme sont dis ponibles sur le site Internet MEPELGHE 63 Temps d Arr t Une collection de textes courts dans le domaine de la petite enfance Une invitation marquer une pause dans la course du quotidien partager des lectures en quipe prolonger la r flexion par d autres textes D j paru L aide aux enfants victimes de maltraitance Guide l usage des intervenants aupr s des enfants et adolescents Collectif Avatars et d sarrois de l enfant roi Laurence Gavarini Jean Pierre Lebrun et Fran oise Petitot Confidentialit et secret professionnel enjeux pour une soci t d mocratique Edwige Barth lemi Claire Meersseman et Jean Fran ois Servais Pr venir les troubles de la relation autour de la naissance Reine Vander Linden et Luc Roegiers Proc s Dutroux Penser l motion Vincent Magos dir Handicap et maltraitance Nadine Clerebaut V ronique Poncelet et Violaine Van Cutsem Malaise dans la protection de l enfance La violence des interve nants Catherine Marnetffe Maltraitance et cultures Ali Aouattah Georges Devereux Christian Dubois Kouakou Kouassi Patrick Lurquin Vincent Magos
22. ansparente mais amener un adolescent s clairer lui m me sur les enjeux psychiques de son acte Les crits figent sur le papier le profil d un jeune en devenir en pleine effervescence Ces rapports nous chappent changent de destinataires ils peuvent tre ressortis des ann es plus tard dans le cadre p nal et utilis s notre insu l en contre du pr venu crire un rapport peut mettre en danger celui sur lequel on crit Sa lecture par le mineur concern et sa famille peut tre sau vage et destructrice dans ses effets de retour induisant un sentiment de pers cution car la transparence n a pas que des vertus elle peut aussi tuer L crit psychologique n est pas l pour confis quer la parole confi e il doit viter de faire d une parole vivante une lettre morte co te que co te et quoiqu il en co te au Sujet _45 L crit devrait plut t sugg rer interroger ouvrir des pistes de r flexion plut t que de les fermer par des certitudes diagnostiques et pronostiques Je citerai titre d exemple le cas d un proc s en Assises mineurs Alex adolescent de 15 ans tait jug pour viol avec tentative d homicide sur une femme de 65 ans Il avait subi plusieurs expertises et contre expertises psychiatriques si tous les experts avaient voqu la fragilit de sa personnalit ils concluaient une structuration possible des troubles sur un mode pour les uns pervers pour le
23. assure Exp rience _24 limite de la drogue de l alcool de la vitesse ils flirtent avec la mort pour se prouver qu ils sont vivants la recherche d une issue de vie Leur escalade destructrice autant qu auto des tructrice t moigne paradoxalement de ce qui en eux veut vivre une pulsion de vie jaillissante au risque d en mourir C est l le seul mode d tre dont ils disposent pour se maintenir d sirants Mais quel prix Fran ois ou des d rives des Droits de l enfant Fran ois 13 ans confort dans son bon droit par les services sociaux paya tr s cher cette escalade Il fut confi par le Juge des enfants notre service dans le cadre d une AEMO Son p re Robert est issu du terroir Gar on de ferme partageant la paille des b tes pour dor mir l table il ne parle que le dialecte de sa r gion quand il arrive 16 ans dans la capitale Robert fr quentait peu l cole mais les travaux de la ferme n avaient pas de secret pour lui Les changes taient r duits leur plus simple expression Son p re faisait r gner un ordre qui devait satisfaire aux besoins l mentaires de chacun La n cessit faisait Loi Sa femme pupille de l Assistance Publique vient aussi de la campagne Avec leurs quatre enfants ils survivent six dans 25 m pour enfin vivre le week end dans une ruine ache t e cr dit Endett le p re chauffeur livreur la nuit fait des he
24. ca _ 49 tive au carrefour de la clinique et du judiciaire c tait reconna tre entre un Sujet et son compor tement la part de l ombre celle de l inconscient D s lors le mod le d une r ducation suivant un syst me d enfermement d isolement de condi tionnement avait v cu Du moins le croyait on jusqu ce que la pres sion sociale ne vienne renverser l esprit de ces prises en charge mettant les quipes en position d endosser le poids d orientations qui crasent leur fonction Au caract re massif et spectaculaire de la d lin quance des mineurs aujourd hui se fait cho un discours panique qui feint de trouver le rem de serait il empl tre sur une jambe de bois car tons enfermons neuroleptisons mais cachons donc ces enfants que nous ne saurions voir ces enfants qui sont les n tres ceux que le malaise dans la civilisation a engendr s On banalise l enfermement et on fabrique de l exclusion En p nalisant les populations les plus fragilis es il semblerait bien que le projet de soci t soit bout de souffle pour ne viser que le court terme et ne proposer en bout de cha ne que de dresser des murs pour enfants dresser Avec la logique s curitaire entre dispositions nouvelles et dispositifs nouveaux c est un pass qu on pensait r volu qui reflue Apr s les colo nies p nitentiaires les maisons de corrections les gros internats qui regroupaient les enfant
25. clart et d vidence se gar der de l illusion de la transparence port e de savoir tel est ce qui supporte la posture clinique dans l institution en tant qu elle subvertit toute logique de ma trise et met mal l id al de pro grammation car nul n est ma tre en sa demeure psychique Fahrida victime ou agresseur Nous recevons Fahrida la demande du juge pour une mesure d AEMO suite un banal absent isme scolaire Renvoy e de son col l ge elle refusera cat goriquement de rejoindre le nouvel tablissement o elle est affect e Sa seule exigence tre r int gr e elle en fait un point d honneur Point la ligne Nous n en saurons gu re plus devant le silen ce qu elle imposera sa m re r fugi e dans son statut de femme passive et abandonn e 55 En effet nous apprendrons par sa m re que le p re refusa la naissance d une fille et exi gea d elle l abandon de l enfant ou le divorce Elle vint se r fugier en France avec Fahrida La petite fille fut une enfant pr coce remar qu e tant pour son intelligence sa maturit sa d termination que son indiscipline Elle n a que 13 ans et demi et l oppos de sa m re victime elle porte son adolescence avec l assurance d une femme assur e Son insistance vouloir tre r int gr e au sein de son coll ge nous ne la comprendrons qu apr s avoir recoup certains de ses pro pos nigmatiques avec celui d un
26. corps dans l action ducative mais il doit garder un pied dehors pour garder sa facult de surprise et d tonne ment pr t faire ce petit pas de c t qui per mette de penser autrement Entre la clinique et le judiciaire il y a de la ren _40 contre du lien mais aussi de la d liaison du d collement du non rapport voire une rupture des discours et un malentendu fondamental quand le juge du c t du Pouvoir attend du psychologue qu il lui apporte le Savoir C est pourquoi s il est un nouage de la clinique et du judiciaire il ne peut se soutenir que de son d nouement Le d linquant objet d un savoir ou Sujet d un devenir Prendre en compte un adolescent c est mettre en place un mode de rencontre o il se sente reconnu Cette question ouverte est large ment plus importante que la r ponse ferm e de l valuation avec un diagnostic lourd de cons quences qui d livre un savoir objectivant sur l autre mais le laisse en plan Aucune valuation expertise ou investigation ne r soudra cette question basique comment atteindre ces adolescents qui nous fuient nous d fient Comment faire br che dans leur r alit psychique compacte inarticul e cadenass e pour que l v nement judiciaire fasse levier et permette que cette pathologie de la non deman de devienne appel l autre dans une recons truction du lien Ajouter une pi ce au dossier dans s
27. d ann es de bons et loyaux services lusine un acci dent du travail le laisse comme orphelin Il est retrait quand il trouve sa raison de vivre veiller sur cette femme en perdition il la nour rit la lave la pouponne la nourrissonne il s alcoolise lui aussi pour ne pas perdre pied pour ne pas perdre la face De crises d pi lepsie en crises de d lirium entre m dica ments et alcool de sc nes de violence en retrouvailles le couple vit sa vie cahin caha ins parable L o la vie pour les parents fut d un co t exorbitant l o les coups de la vie ont laiss des traces ind l biles coups du sort coups fourr s coups physiques et psychiques les enfants tracent parfois leur chemin coups de poing Cami lia est la derni re des 4 enfants n e dans des circonstances catastrophe enceinte de 7 mois sa m re fait une crise d pilepsie heurte la cuisini re s bouillante le ventre et _ 19 accouche inconsciente D s la naissance le p re lui interdira de porter sa fille de peur qu elle ne la laisse tomber et c est la s ur de 3 ans son a n e qui assurera la survie de l enfant Faute d avoir t autrefois berc e parl e caress e Cam lia aujourd hui ne peut s abandonner au sommeil Elle se cogne la t te contre son lit pour s endormir elle s auto excite jusqu ce que la douleur dessine les contours de son corps d faut du regard maternel qui l aurait
28. e qui a perdu son centre de gravit De plus en plus jeunes l ge o ils devraient jouer au gendar me et au voleur ils passent l acte pour de vrai Aussi d structur s que le monde qui les porte ils chouent prendre pied dans un monde qui ne les attend pas lls br lent leurs cartouches en br lant leur quartier ils flambent leur vie en incendiant leur quotidien a flambe au dehors mais c est eux qui flambent en dedans T tes br l es au vif de leurs passions adolescentes ils laissent derri re eux des terres br l es traces de leur d sesp rance Un regard un geste un mot et les voil livr s l tincelle qui allume ils ont la rage la rage de vivre Du tumulte des prouv s ils ne peuvent en passer aux mots pour le dire Faute de transcrip tion l affect s accumule dans le corps et les accule jusqu l instant catastrophe jusqu au passage l acte Incapables de se pro jeter dans l avenir ils se jettent en avant dans l urgence de la satisfaction ici et maintenant Entre l insistance des mod les m diatiques les sollicitations commerciales et la r alit frustrante ils comblent le vide du quotidien la recherche de trompe l il et de faux semblants pour mas quer leur d senchantement D incivilit s en d gradations de bizness en racket en agressions ils s arrachent de la gri saille de leur vide quotidien et franchissent l Interdit dans une d
29. e qui ne lui appartient pas Cam lia voulait chapper la r p tition sans trahir ceux qu elle aimait Aussi mettait elle en chec ce qu elle semblait le plus vouloir Cam lia tra nera sa d tresse entre foyer famille d accueil et la rue mais ses errances ces zones obscures qui lui font loi ont tou jours t balis es reprises interrog es par la pr sence contenante de ses r f rents de milieu ouvert dans la dur e de la prise en charge Le fil sera maintenu Cam lia r ussira reprendre ses tudes et trouvera la force de rompre avec le poids de la mal diction silencieuse qui la m ne La crise d adolescence s arracher d une compl tude infantile Lorsque nous les rencontrons ils sont l ge de la crise celle qu on nomme crise d adoles cence qui se pr sente comme tape logique de toute vie L adolescence est une p riode de la vie essentiel 91 lement mouvante une travers e mouvement e sous l emprise du remaniement pubertaire et des contraintes pulsionnelles C est un va et vient un entre deux entre la reviviscence du pass et son rejet L o les rituels disparus encadraient ce passage ils sont pris par un bouillonnement effer vescent un tourbillon une preuve brouillonne d essais d erreurs de t tonnements et de r voltes primaires la recherche de leur d sir tre adolescent c est remettre en question les adultes c est agresser les pa
30. e se retrouver pour se poser les bonnes questions quant ce qui lui arrive Telle est la position qui va nous permettre de conjoindre notre thique la clinique dans le cadre de la justice Telle est la position qui ouvre la voie notre d sir de travail avec des jeunes dont la particularit est d tre pr cis ment en de du d sir Logique administrative logique judiciaire et logique du Sujet Nous sommes l au c ur de demandes contra dictoires de paradoxes parfois paralysants qui n cessitent de penser notre pratique L acte clinique ne peut tre banalis Il est au del de la simple formalit Il ne doit pas non plus tre dra matis mais doit rester un moment privil gi de pause de respiration au del de la simple for malit Le directeur de l institution ducative devrait tre garant de ce difficile quilibre Sa position de relais entre le magistrat et l quipe sera d terminante pour faire lien et ouvrir le champ des possibles C est ainsi qu il devra garantir un cadre tant compatible avec l esprit de la loi qu avec l objet de la clinique Il ne s agit pas de s adapter la demande du juge de l institution d tre conforme mais d in venter une position une place une pratique qui prennent sens pour les mineurs qui nous sont confi s Une rencontre qui sera peut tre l unique occasion pour ces adolescents au seuil de leur vie d adulte de se poser la qu
31. ec cette part d ombre qui le d borde et fait un retour explosif sur la sc ne du social Comment va t il canaliser ce qui l exc de pour vivre avec l autre tre introduit au lien social Un rat de la crise d adolescence Celui par qui le scandale arrive c est souvent l en fant l adolescence qui d charge les impasses parentales au fil de la cit Telle une demande qui s ignore une question mal pos e la crise d ado lescence rate son effet quand elle n est pas lest e par des r f rences porteuses de vie Crise qui rate son effet mais qui comme tout acte manqu est un acte r ussi sur le plan du message qu il d livre qui sait entendre Peut tre avons nous entendre derri re ce ratage un signal de d tresse nous en faire l adresse Si ce temps est celui de tous les p rils provo cations transgressions agressions violence gratuite peuvent n tre qu un avatar de la crise d adolescence condition d entendre que quelque chose se parle en eux au travers d eux et de s en faire le d positaire Sans doute faut il alors imaginer qu au del de ces troubles de la conduite se joue une preuve 23 vitale une qu te perdue tant ils se sentent per dus L o le don de vie fut menac par l aban don l o l amour fut d u l o le lien d amour ne fut pas lest par la loi qui le limite le passage adolescent est r p tition d un enjeu de vie
32. entendu aux repr sentants de la loi et aux forces de l ordre L h pital psychiatrique le recevra plusieurs reprises en pleine crise clastique La transmission avait t mise en impasse ramass e dans le d sarroi de cette formula tion Que peut faire le papa s il ne peut plus donner 927 Ainsi d l gitim s des p res se retrouvent impuissants faire limite leur enfant Combien d entre eux apr s la blessure sym bolique d une d cision de justice mal compri se n ont ils pas d missionn de leur fonction Est ce dire pour autant qu au nom du respect d une culture d origine et d un ordre patriarcal ancestral on doive cautionner les violences intra familiales qu il faille fermer les yeux sur les d rives tyranniques qui prennent ici femme et enfants en otages quand l homme bafou maltrait devient son tour maltraitant Nous sommes bien l au c ur de la probl matique de notre soci t en mal de rep res C t pile une politique d magogique des Droits de l enfant qui en ce temps de crise de l autorit cr e l enfant roi ma tre tyrannique et totalitaire des lieux qui revendique ses droits et d nie ses devoirs comme le plus s r chemin qui m ne la perversion sociale C t face le bouclage ethnique et la crispa tion identitaire autour d un ordre in luctable qui m ne l int grisme pervers Du culte de l enfant roi sans autre r
33. ep re que son caprice en guise de Loi au culte de l Origine qui encl t le Sujet dans un collage aux anc tres on reconna t l les deux p les du malaise dans la civilisation Entre patriarcat et effacement du p re notre coute cherchera le passage pour faire pont entre ces deux rives sans issue ces d rives qui emportent l enfant vers sa perte 28 De la demande du juge la demande du jeune L o le passage l acte prend de court l an goisse la court circuite il importe au d tour du judiciaire de se saisir ce signal pour l lever au rang de question Qu est ce qui vient se dire hors les mots Qu il y ait d pit d fi ou d ni de la loi chercher la voie structurante d une clinique dans le cadre judiciaire suppose de faire de ce passage devant un juge autre chose qu une formalit ou qu un passage oblig voire autre chose qu un rite de passage Il faut trouver la voie pour que ces ado lescents s approprient une d marche qui les obli ge la voie pour que la contrainte judiciaire donne lieu la demande Aussi tout pr alable consiste mettre en place les conditions qui vont permettre ceux qui nous sont confi s de ne pas rester objets de la demande du juge mais de s engager dans une demande qui leur soit propre L o le quotidien prend la couleur de l chec de la menace et de la peur nous serons attentifs accueillir la parole de ceux qui en sont g n
34. est dans ce fil trac par l ordonnance du magistrat que le clinicien s autorise intervenir pour ouvrir la voie d un questionnement Car il ne suffit pas qu un juge dise la loi qu il impose contr les et sanctions pour que s inscrive la loi Encore faut il que le terrain psychique s y pr te aussi est ce dans la mesure o l acte transgres sif aura donn lieu un travail psychique que la d cision du juge portera et prendra effet Si ces adolescents refusent toute contrainte c est paradoxalement lorsqu ils sont contraints par la loi dont le juge est le repr sentant qu on peut les rencontrer C est lorsque leur violence la d rive trouve sa but e judiciaire que les condi tions d un travail clinique peuvent et doivent tre pos es S il importe que la loi garante du lien social soit nonc e il importe aussi que l ordonnance judiciaire ne soit pas l pour faire couperet mais ouverture Le Juge au nom de la Loi fait barre sur leur fuite en avant pour qu ils se posent la question de ce qu ils misent d eux m mes au travers de leur mise en acte Il est agent d une rencontre qui sans lui n aurait jamais eu lieu une rencontre qui permet des adolescents captifs d un pass sans repr sentation de construire leur histoire de l habiter au lieu d en tre habit 12 De la r alit des faits la r alit psychique Le juge en adressant un mineur et ses parents rencontrer
35. estion de ce 39 qu ils misent d eux m mes de ce qu ils sont de ce qu ils font et surtout d font de ce qu ils misent de leur Etre Aussi importe t il de se posi tionner pour que logique administrative et logique judiciaire n touffent pas la logique du Sujet le Sujet pris entre la r alit des faits et la r a lit psychique dans sa dimension inconsciente Tenir sa place clinique suppose de se d placer par rapport la demande officielle de subvertir le champ de la demande de ne pas se laisser engluer dans une logique de ma trise qui prive le Sujet en devenir de sa parole naissante Au confluent de ces courants crois s que sont judiciaires ducatifs et administratifs la prise en charge doit savoir r sister aux pressions institu tionnelles qui emp chent son coute C est l un exercice p rilleux qui n cessite de se d marquer du discours ambiant car la clinique en institution a vite fait de se laisser pi ger par des enjeux qui ne sont pas les siens Toujours appel se caler dans le discours des autres le clinicien cultive une position inconfortable d cal e pour mieux se d gager de la demande administrative socia le et judiciaire qui concourent le d finir Le clinicien en institution est un funambule il travaille sur un fil dans un quilibre toujours instable il se doit de garder un pied suffisam ment dedans pour tre reconnu pour que sa parole fasse trace et prenne
36. gne sortir que pour rejoindre des compagnons d infortune exclus d un syst me qu il d nonce la rage au c ur Il les rejoint dans une identification envieuse envieuse de leur sort malheureux En un an nous expliquent ses parents il est devenu m connaissable Le petit gar on bien lev et propret s est transform en un Ahmet d braill et corch vif qui agresse de son regard noir tout ce qu il rencontre sur son pas sage pour se plaindre aussit t des regards racistes qu il provoque Sa m re d origine alg rienne a v cu en Alg rie jusqu l ge de 18 ans Le grand p re mater nel militaire dans l arm e fran aise travailla en secret pour le F L N Emprisonn tortur par les militaires fran ais il opta pourtant l ind pendance pour la nationalit fran aise son tour la m re d Ahmet cachera aux 32 Fran ais les engagements de son p re pour la cause alg rienne tandis qu elle cachera aux Alg riens sa nationalit fran aise La double appartenance ne pouvait avoir cours qui impliquait une position de tra tre l autre cause Toujours en porte faux elle tait condamn e mener sa vie dans la duplicit 18 ans elle pouse M Desfoss s issu d une famille qui soutint autrefois l Alg rie fran aise Celui ci fascin par l islam politi quement engag est en opposition ouverte ses parents Les parents d Ahmet se lient dans une admiration partag
37. i telle une greffe rejet e reste tranger au Sujet s il ne se noue au sillon trac par cette loi de l humanit qui introduit l enfant la dimension de l autre cette Loi que supporte la fonction paternelle lin terdit du meurtre et de l inceste Le rappel la loi pr conis comme potion magique ne suffit pas ce que l Interdit se sub jective s il ne fait r sonner psychiquement l nonciation de cette Loi fondatrice du Sujet De l intime familial l inscription dans le social le Droit prend le relais de l interdit fondamental et codifie le lien social Ce premier coup venu du judiciaire ne prendra sens que dans l apr s coup d un travail psychique faute de quoi la loi socia le sera plaqu e sans pouvoir prendre consistan ce ni faire bord sans prendre effet et le fameux rappel la loi glissera comme sur les plumes d un canard Une thique clinique dans le cadre judiciaire Dans un oc an institutionnel o le Sujet risque d tre noy la rencontre clinique doit lui per mettre de se poser pour retrouver son souffle le souffle de son d sir c est pourquoi trouver la position juste dans le cadre de l institution implique d en passer par des questions fonda mentales Comment tre l dans une position clinique avec un jeune la demande d un autre dont la fonction est de le juger 36 e Pour qui sommes nous cliniciens Est on au service du juge o
38. iance au travers d un accompagnement ducatif et d une coute clinique entre avanc es et r gressions r ussites et checs Ce qui n cessite du temps Du temps pour comprendre la probl matique familiale du temps pour abor der ce qui fait mal et que se travaillent les n uds et les tensions du temps pour que se d cons truise une affirmation violente et suicidaire et que ces enfants en d rive se reconstruisent selon d autres modalit s ce carrefour clinique du judiciaire il importe qu un adulte soit passeur quand ils sont dans l impasse qu un adulte tienne tienne bon tienne sa place et les contienne dans leurs pulsions 30 destructrices pour que leur angoisse n clate pas en violence S ils ont r pondre de leur acte devant un Juge au nom de la loi ils ont aussi r pondre de leur position de Sujet de leur acte En r pondre judi ciairement mais aussi psychiquement R pondre de son acte au nom de la loi c est ce qui permet de se compter Un parmi d autres d tre inclus dans le lien social l o ils s en s excluent et en sont exclus Le magistrat par son ordonnance ouvre la pos sibilit d un travail clinique mais si la dimension clinique de la prise en charge est pr vue par la proc dure elle ne peut s exercer qu en se d ga geant de cette proc dure pour qu il y ait du jeu du jeu de langage pour qu il y ait du je La sanc tion ne peut trouver sa po
39. il donc pas d autres r ponses la pression de la violence que la violence de la seule r pression Faudrait il donc mettre au pas gt toute une jeunesse d soeuvr e quand len jeu de la vie est de prendre pied en s enraci nant dans un monde habit de liens en s arri mant un monde de langage de m moire et de projets _51 Dressage et redressement En ces temps boulevers s o domine l id ologie du redressement ducatif et du dressage com portementaliste on voudrait faire l conomie du lien de confiance pr liminaire et support de toute dynamique relationnelle Dresser condi tionner mesurer quantifier valuer ficher tels sont les noms d une entreprise d shumanisante qui voudrait pouvoir r duire l homme ses com portements et faire de lui un objet explicable et programmable comme l nonce Alain Supiot coups d investigations et d expertises on pr f re vacuer le transfert pour mieux st riliser la prise en charge de toute r sonance psychique Programmer et ne plus s interroger mettre en uvre des proc dures rep rables valuables qui dispensent de penser tel serait le paradoxe d une justice des mineurs qui privil gierait la ges tion technocratique d objets au d triment de sujets vivants d truisant ainsi le fondement m me de l acte qu elle promeut ce qui de n avoir pu tre mis en parole r ap para t dans le comportement on oppose
40. ine de l enfance et de la jeunesse Les textes sont galement disponibles sur le site Internet www yapaka be Comit de pilotage Jacqueline Bourdouxhe Nathalie Ferrard G rard Hansen Fran oise Hoornaert Perrine Humblet Roger Lonfils Cindy Russo Reine Vander Linden Jean Pierre Wattier Dominique Werbrouck Coordination Vincent Magos assist de Diane Huppert Philippe Jadin et Claire Anne Sevrin Avec le soutien de la Ministre de la Sant de l Enfance et de l Aide la jeunesse de la Commu naut fran aise diteur responsable Henry Ingberg Minist re de la Communaut fran aise 44 boulevard L opold II 1080 Bruxelles Janvier 2007 Sommaire Clinique et judiciaire Entre intime et collectif 7 Ils font peur ils ont peur ils fuient leur peur 8 Le magistrat est l agent d une rencontre qui sans lui n aurait jamais eu lieu 11 De la r alit des faits la r alit psychique 13 Atteindre ceux qui ne se laissent pas atteindre 14 Faire mentir le destin qui s bauche 16 La crise d adolescence s arracher d une compl tude infantile 21 Un rat de la crise d adolescence 23 De la demande du juge la demande du jeune 29 Loi sociale Loi symbolique lien social 34 Une thique clinique dans le cadre judiciaire 36 Logique administrative logique judiciaire et logique du Sujet 39 Le
41. ion psychique la loi de l Interdit de l inceste Cette premi re Loi selon la fa on dont elle sera dig r e int gr e subjectiv e va constituer le socle des autres lois venir et va permettre que s ouvre l acc s l al t rit et au lien social La loi sociale prend appui sur la dimension symbolique de la Loi qui repo se sur l Interdit premier de l inceste En jouant sur les mots on peut avancer que faute d une Loi symbolique qui s pare les corps m re enfant qui les d lie l enfant par le d lit en appellera la loi sociale qui tranche pour tre reconnu dans son identit En l absence de Loi qui fasse tiers c est la loi de la jungle qui fait loi la place de la Loi l autre est lennemi public il devient le rival qui vient respirer son oxyg ne l touffer bouffer son espace le bouffer Dire la loi nommer l Interdit du lieu du judiciaire qualifier lacte le dis qualifier juridiquement c est la parole inaugurale qui fait bord Si la mise en cause est d abord sociale il convient de faire de cette cause une cause psychique celle d un Sujet singulier C est produire cette bascule de l une l autre que nous pousse notre fonction Cependant secteur social et psychiatrique r unis dans leur impuissance confondent loi sociale et Loi symbolique lls en appellent au judiciaire souvent r duit la seule parole du 35 juge oubliant que le rappel la lo
42. ire familiale naufrag e Ses parents elle pr f re les cacher lls ne sor tent plus de chez eux ne rel vent pas leur courrier quoi bon quand on ne sait pas lire le t l phone est coup Comment faire venir les parents notre premier entretien en pr sence de leur fille qui dans la honte s oppose leur venue au service Cam lia fuit l antre insalubre entre ordures qui s amoncellent et pourriture Mais y revient toujours et encore Elle veut sauver ses parents de la vermine venir bout des immondices qui gagnent inexorablement Elle nettoie tant et plus mais il lui faut renoncer chaque fois sauver l autre pour se sauver elle oublier l ab me d o elle _18 s origine et fuir le cloaque o elle se noie L ducatrice passera rapidement leur domi cile pour leur signifier que leur pr sence ce rendez vous nous importe fa on d insister Sur notre reconnaissance de leur place de parents malgr leur d ch ance Notre insis tance soulagera Cam lia du poids de la honte et de l nergie qu elle mettait les cacher La m re de Cam lia est une enfant de l Assistance Publique Epileptique alcooli que elle se serait clochardis e si elle n avait rencontr le p re dans le m tro qui lui offre g te et couvert De 40 ans son a n il est en exil de son pays natal o il a laiss femme et enfants C tait dans une autre vie Son his toire est cliv e Apr s des dizaines
43. iter toute coute C der cette violence intrusive revient une fois de plus ex cuter le vivant de ces enfants pris depuis toujours dans des enjeux mortif res Si nous intervenons la demande du juge pour ensuite lui t moigner du travail psychique engag il n y a pas pour autant transparence mais inven tion d une criture qui fasse transmission qui rebondisse qui fasse rebondir clairer le juge n est pas Tout dire cependant que l thique de la clinique n exige pas le Rien dire Entre secret et transparence il s agit de Bien dire Aussi ceux qui connaissent l enfant et l accom pagnent viteront de tomber dans l cueil de la _ 44 transparence ou du secret Le rapport crit n a d int r t qu permettre au juge de trouver la parole juste et c est bien l le plus difficile de notre fonction Si le magistrat fonctionne dans une logique de transparence des faits si le dispositif judiciaire veut que les d cisions soient prises en toute connaissance de cause c est avec les zones d ombre d un enfant que nous travaillons C est pourquoi le clinicien devra tenter un clairage en demi teintes ou encore en clair obscur car ainsi que le disait Lacan la v rit est toujours mi dire une v rit qui n cessairement porte sa part d ombre et d nigme La clinique ne consis te pas mettre le flash sur une photo sombre et floue pour la fixer claire et tr
44. le qui de clinique n aurait plus que le nom c est l insaisissable du Sujet que la logique gestionnaire s emploie touffer La clinique fait mauvais m nage avec un mode d emploi car elle a pr cis ment cette fonction d ouverture qui s appuie sur une ren contre singuli re Aussi est il de notre responsabilit de veiller ce que les nouvelles dispositions li es la gestion socio judiciaire de la d linquance qui pr vaut actuellement ne pervertissent pas le capital confiance que nous nous vertuons mettre en place comme condition sine qua non de notre impact relationnel En effet plut t qu agent de probation investiga teur ou contr leur plut t que de r duire notre _54 travail une commande d valuation c est construire l identit de ces jeunes en crise que nous nous employons C est pourquoi face la mise en place de proto coles proc dures r f rentiels nous soutien drons ici que l objet de notre travail aupr s des jeunes et de leur famille en passe par la mise en uvre d un dispositif d coute de confiance et d accompagnement comme pr liminaire toute prise en charge Ne pas se laisser prendre par la routine par le d j connu par le conforme mais se laisser sur prendre se laisser appeler par la petite diff ren ce qui fait toute la diff rence voil qui fait le socle de la position clinique Entendre l inaudible se m fier de trop de
45. lescent met en sc ne et en actes un drame sans parole qui reste articuler l o _13 il lance des messages dont le texte inconnu de lui reste d coder l o pr cis ment dans le brouillage des pulsions a ne cause pas les quipes ducatives ont mati re travailler Atteindre ceux qui ne se laissent pas atteindre ce carrefour o les adolescents ont r pondre de leur acte devant la loi comment se mettre coute de ceux qui ne nous demandent rien ceux qui sans le Juge des Enfants repr sentant de la Loi n auraient jamais consult Comment travailler avec ceux qui rejettent tout qui nous rejettent et se font rejeter de partout Comment atteindre ceux qui ne se laissent pas atteindre Comment tablir un lien de confiance l o ils sont dans la m fiance et la d fiance Comment tablir et constituer du lien l o le lien les menace Tels sont les paradoxes auxquels nous sommes confront s avec ces enfants qui nous fuient et nous chappent qui chappent aux parents aux institutions mais aussi et surtout qui s chap pent d eux m mes qui s chappent de l angois se du vide qui les treint Ils semblent ne rien attendre de l autre sans doute force d avoir trop attendu pour rien D us ils se m fient et nous d fient mieux vaut ne pas prendre le risque de s attacher quand l autre n est pas fiable Prisonniers de leur attitude de prestance qui masque l chec il
46. lui a t transmis autre fois Donner pour le p re c tait endosser la fonction paternelle telle qu il la connut contenir les corps les marquer d un interdit pour les humaniser Mais des faits ont t 26 sanctionn s sans que soit interrog lacte qui les porte Au lieu d ouvrir une aire d la boration la garde vue l a assign r siden ce le frappant de paralysie l o il tait d j sans parole faisant de lui un p re d sinstitu au point d en inverser les places dans l ordre g n alogique un fils fait la loi son p re un p re est la merci du fils La parole du magistrat nonc e dans un temps second ne pourra r sonner que dans l cho traumatique d un je te garde vue un je tai l il surmo que et envahissant emp chant de travailler autour du verbe de la paternit donner Parce que l accusation d un enfant a t prise la lettre cet enfant va tre victime d un d sastre symbolique En cautionnant la revendication de l enfant contre son p re le dispositif social n a t il pas involontairement cautionn du m me coup la r alisation du fantasme oedipien d un fils contre son p re Dans une fuite en avant Fran ois ira au bout de son fantasme et s y perdra dans un cycle de violence d brid e L assistance ducative se transformera en mesure p nale il sera inculp de coups et blessures y compris bien
47. non seulement camisole chimique camisole phy sique les prisons pour mineurs mais aussi camisole psychique ainsi en est il de la vogue des th rapies cognitives et comportementales les TCC mod le sans reste qui en niant la dimension de l inconscient nie la dimension humaine selon un projet r ducteur et zoophile qui voudrait d barrasser l homme de ses scories affectives Aucune grille aucune classification aucun projet gestionnaire et technocratique ne 52 remplacera la richesse p dagogique avec ses doutes et ses incertitudes car l homme n est pas une machine qu il suffirait de bien nettoyer et hui ler pour que la m canique psychique se r pare L o nous sommes confront s une clinique de l effondrement social on oublie qu en coupant ces enfants de leur histoire pour mieux les re dresser la crise adolescente sera d autant plus livr e l affolement des pulsions On oublie que la d sorganisation psychique est croissante de ne plus tre lest e d identification structurante que plus la d sint gration des liens livre ces enfants l emprise des identifications de masse plus il devient urgent que s inscrivent les rep res subjectifs n cessaires leur devenir On oublie que plus ils errent dans la confusion de leurs rep res plus les conduites risques sont massives Au travers d un tissu social plein de trous la trame lim e ils souffrent de n avoir jamais pu se poser da
48. non de faire de ce Sujet un objet pour un autre On s appuiera sur la d finition basique et pour tant fondamentale de l thique que propose Alain Didier Weill dans son ouvrage Les trois temps de la Loi l thique c est ce qui va du c t de la vie par rapport ce qui va du c t de la mort Travailler dans le cadre de la justice implique d interroger notre pratique l int rieur de l insti tution d interroger la pertinence de notre acte au sein d une institution quand son fonctionnement vient l encontre de l essentiel de ce qui nous guide C est ainsi que Legendre voquait le meurtre social de la parole Si le cadre judiciai re offre cette opportunit de travailler avec ceux qui sans le juge n auraient spontan ment jamais consult c est la condition de ne pas c der sur les fondements m mes de notre clinique Nous ne sommes pas en service command mais command s par l thique qui soutient notre clinique Nous ne sommes pas l pour le juge mais par le juge et pour le jeune Nous ne sommes pas au service du juge mais au service de ceux qui sans le juge n auraient jamais fait le pas de consulter Ni en position d experts la demande judiciaire ni en position de th rapeute la vis e du psycho logue mais appel au carrefour de ces deux orientations le clinicien a inventer une voie tier ce qui permet un Sujet en devenir de se trou 38 ver d
49. ns une relation fiable toujours rejet s avant de s arrimer toujours renvoy s vers un ailleurs plus adapt un ailleurs mythique qui pr serve la bonne conscience de chacun Ils naviguent entre prison et h pital justice et psy chiatrie Ils cument et puisent familles d ac cueil centres de jour centres de d tention pas sant de lieux de vie ouverts en unit s d ducation renforc es et ferm es Ainsi confirm s et confi n s dans leur v cu de rejet et d abandon d ga g s de leur dette ils seront confort s dans l id e qu ils ne doivent rien personne parce qu ils ne sont rien pour quiconque 53 La clinique ne peut se mettre en fiche Les nouvelles m thodes de gestion publique s appliquent normaliser formater les pra tiques les pens es et les comportements selon des recommandations de bonnes pratiques professionnelles Avec la LOLF loi organique relative aux lois des finances les budgets sont ainsi allou s aux quipes les plus conformes au projet des gestionnaires selon des contrats d ob jectifs d finis par les administrations centrales vouloir ainsi mettre la clinique au rythme de administratif son pas cadenc on fabrique des techniques d radication de la singularit celle de nos clients mais aussi celle des pro fessionnels pour mieux araser ce qui chappe la conformit Au travers de la normalisation d un acte st rilis et donc st ri
50. nt d linquant poursuivre sa d rive dans l attente d une r pon se qui le nomme autant la rencontre avec une loi aveugl ment r pressive ne fait que renforcer le sentiment d injustice et la violence dans une boucle de provocation r pression Car cet affrontement ce contournement ce d tournement de la Loi c est aussi un appel ce que la Loi se manifeste non pas la loi du gen darme mais la Loi qui pacifie cette Loi dite sym bolique qui nagu re fut en mal d inscription Ainsi Aim 16 ans vient d un pays d vast par la guerre Du haut de ses 1Mm90 baraqu il tend une embuscade Emma 13 ans peti te et fluette IIS sont tous deux au coll ge Il lui fait savoir par ses copines qu il a un truc lui dire en salle de permanence celle qui jouxte la salle des professeurs En fait il l attend pour la violer Aucun cri ne pourra sortir de la bouche d Emma terroris e aucun professeur ne bougera Mis en examen puis confi notre service de milieu ouvert il dira qu il ne pouvait pas devi ner que c tait interdit que cela n tait crit _34 nulle part dans le r glement et que la meilleu re preuve c est qu il lavait vu faire dans un film Comme il le dit cela n tait crit nulle part dans le r glement mais surtout la Loi de l Interdit la Loi symbolique ne s tait inscrite nulle part en lui C est sur l int riorisation de cette premi re Loi que se fonde toute construct
51. pi ce Entre prostitution et mysticisme elle affirmera lina nit de la justice des hommes et s en remet tra au seul P re qui vaille Dieu le P re P re sauveur et vengeur garant de son existence La dette du premier homme son gard son P re resterait vie impay e aussi Fahrida ne pouvait elle habiter subjective ment sa position de fille ni par cons quent celle de femme d faut d un P re qui la nomme et l inscrive au fil des g n rations c est en recourant Allah tenant lieu de Nom du P re qu elle maintiendra son int grit psychique Seul le Nom de Dieu pou vait l inscrire parmi les hommes Parce que n e fille son entr e dans la vie puis dans sa vie de femme se fit sous le signe de la mort de la mort du d sir Par la double r p tition traumatique le viol puis le renvoi lui r v leront dans un apr s coup la port e h morragique du premier trauma hors repr sentation Fahrida dans le refus de la position de victi me f minine en diable jusqu au bout de ses ongles griffes rouges sang ne pourra plus d s lors s afficher que prot g e par une armu re phallique une armature phallique qui la pr 57 serve des risques du F minin Je m en bats les couilles sera son expression favorite La mesure d AEMO se transforma en mesure p nale mais l important fut que la prise en charge se maintienne au long cours par le m me service avec les m mes r
52. rents et ce qu ils ont fait de leur vie c est abattre ceux qu on a le plus aim s pour se chercher pour se trouver pour se prouver se prouver soi m me que le temps de l enfance est pass d pass tr pass Etre adolescent c est s arracher d une compl tude infantile pour chercher le souffle de son propre d sir C est le temps de se d coller pour d coller C est un passage oblig entre fid lit et trahison entre lien et coupure avant de se r concilier avec son histoire En ce temps br lant de reviviscence des amours et haines infantiles entre repli narcissique et confron tation dipienne ils oscillent entre demande hai neuse et rejet amoureux entre pulsion d emprise et fureur de vivre entre fantasmes de destruction et leur revers de d pression Sous l emprise de la flamb e pubertaire leur violence sous pression fait reculer le temps de la d pression De la toute puissance imaginaire de l enfant au renoncement ses fantasmes m galomanes l atterrissage est d autant plus accident que les points d accroche viennent manquer Quand il n y a pas d autre l qui accueille qui tienne et 22 contienne leur d rive r sonne comme appel tre reconnu pour exister un appel inconscient maladroit et rat parce qu il va l encontre du but qu il recherche Comment l adolescent en pleine crise et en effer vescence pubertaire va t il pouvoir n gocier av
53. rive collective De ratages en exclusions en explosions ils encha nent les rejets enfants in d sirables ils sont devenus adolescents in casables qui hurlent leur rage de vivre envers et contre tous envers et contre tout Leur angoisse d ferle explose comme pour marquer leur existence la mesure de leur sentiment d inexistence lls se font lourds pour lester leur errance pour peser dans le plateau de la balance Au fil des ann es nous les avons rencontr s sur ordonnance judiciaire dans un Centre d Action ducative parisien d pendant du Minist re de la Justice Enfants de lexil ou enfants du terroir en mal d identit enfants violents paum s mal aim s enfants en danger devenus dangereux ils font parler d eux sans que jamais ils ne parlent sans que jamais on ne leur parle lls font peur ils ont peur ils fuient leur peur Ils font peur Peut tre parce qu ils ont peur et qu ils fuient leur peur une peur informe enkys t e qu ils conjurent dans une fuite en avant peur 8 de l avenir peur de l chec peur de la peur qu ils suscitent et de l image qu on leur renvoie peur du rejet dans lequel ils se pr cipitent peur de devenir adultes Une peur sans objet dans un monde sans projet parce que sans pass un monde bouch Car l ins curit c est aussi la leur l ins curit d un pass vid l ins curit d un monde sans devenir de ne pouvoir s tayer sur le pas
54. rt e structurante qu s appuyer sur ce point nodal qui ouvre la paro le et la m moire au sein d une proc dure judi ciaire qui l exclut Ahmet ou la transmission en impasse Ahmet Desfoss s a fugu vol agress Nous le recevons avec ses parents dans le cadre d une mesure de Libert Surveill e pr judicielle avant jugement Plusieurs rendez vous seront n cessaires avant qu il n accepte de venir nous rencontrer en pr sence de ses parents Mais nous maintiendrons nos exigen ces pour que ce premier entretien se r alise Il refuse de parler ses parents de nous par ler des ennemis de classe Il a rompu avec l cole bannit toute activit intellectuelle qua _31 lifi e de bourgeoise les bourgeois intellec tuels que sont ses parents Il r siste ainsi un savoir sur lui m me qui fera retour en prise directe pour agir sa vie Ahmet se prend les pieds dans l cheveau de son histoire Ses racines se croisent s emm lent font des n uds qui le ligotent Les lignes de force de l histoire qui pr c da sa naissance sont des lignes haute tension qui se court circuitent des lignes en survoltage en sur charge affective Pourtant le fil logique de sa vie devrait tre dans le sillage de la r ussite sociale et intellectuelle de ses parents Mais 14 ans Ahmet est dans une attitude de refus massif II s enfonce dans l orni re de sa chambre dor e dont il ne dai
55. s l in s curit du pr sent quand la jungle fait loi la place de la Loi l ins curit affective quand il n y a personne qui se fier Derri re leurs coups d clat il nous faut en effet supposer leur d tresse Non pour renforcer leur plainte non pour soutenir leur revendication non pour ne voir en l agresseur que la victime qu il fut mais pour entendre ce qu ils veulent ignorer de leur fragilit de la fragilit du socle sur lequel ils se sont tay s un terrain min une histoire en lambeaux trou e de silences d chir e de trau mas Quand les dommages s accumulent au fil des g n rations le d sir se ravale l exigence tyrannique que rien ne doit manquer Mais peine combl le trou n en finit pas de se creuser r v lant les failles profondes sur lesquelles ils se sont difi s Plus ils sont dans un enjeu de prestance plus il importe de se repr senter les failles de leurs fon dations Car leur ca disme est le masque de leur d pression enfouie Suspendus au dessus de l ab me sans liens qui les tiennent sans support identificatoire sur fond de pass sans repr sen tation leurs d fenses sommaires se sont s di ment es puis b tonn es lls se terrent dans un ghetto psychique la mesure de la terreur qui 9 les habite Il m a regard il m a trait Ils surfent sur l cume de leur violence et sans port d attache pris dans la tourmente ils chouent s
56. s n buleux face un ternel pr sent immuable et un avenir cl tur La haine est peut tre cet affect qui les tient qui soutient leur d sir radical Tant qu il y a un ennemi et qu il y a de la haine il y a de la vie et de l espoir crivait le psychanalyste Fran ois Perrier Winnicott aussi faisait de l acte anti social un facteur d espoir li la vitalit destructrice Aussi avons nous travailler avec leur d sir de 16 vivre ou plut t avec leur rage de vivre serait ce sous sa forme haineuse C est ainsi que nous pouvons faire mentir le destin qui s bauche avant qu il ne se ferme sur lui m me et que leur vie ne bascule Car ces enfants de la marge qui s excluent et sont exclus risquent la sortie de ce passage adolescent de basculer dans la grande exclusion celle dont on ne revient pas Celle de ces hommes et de ces femmes qui ont bien essay de parer aux chocs d une vie sinis tr e puis fragilis s devant les coups de la vie ils ont consenti jusqu perdre pied et se laisser couler lls sont crivait Rilke des pelures d homme que le destin a recrach Ne sont ils pas devenus sans abri SDF d avoir grandi sans abri psychique Avec ces adolescents qui se soutiennent de l nergie du d sespoir nous sommes en amont de la chute annonc e aussi avons nous enga ger un travail clinique partir de cette rencontre frontale avec la Loi pour faire mentir le
57. s autres psychotique n vrotique psychopathique voire borderline Diagnostics qui auraient pu tout jamais sceller le devenir d un adolescent si les contradictions videntes n avaient laiss une marge de libert aux jur s et une chance l enfant de ne pas tre d finitive ment identifi l tiquette qui l pinglait De quoi nous rendre modestes et prudents dans nos crits lourds de cons quences Pluridisciplinarit interdisciplinarit La composition de l quipe la formation de ses membres les liens affectifs de rivalit ou de com plicit la dynamique du groupe ainsi form vont modeler et moduler la prise en charge la faciliter ou l emp cher S il est souhaiter qu une quipe fonctionne dans la compl mentarit la pluridisci plinarit ne suffit pas garantir la dynamique d un travail avec les jeunes qui nous sont confi s La pluridisciplinarit peut n tre que formelle statique dans un syst matisme vide de sens qui fait de l enfant un objet qui circule entre sp cia _ 46 listes Telles sont ces r unions dites de synth se qui saucissonnent en tranches celui qu on est cens aider Ainsi en est il d un fonctionne ment qui privil gie l observation sur la relation l crit technique sur la prise en charge La pluridisciplinarit est la condition n cessaire mais pas suffisante pour qu il y ait interdisciplina rit savoir que les avis les ressentis les
58. s les plus difficiles et engendraient fugues ca disme et 2 Lettre Ouverte aux politiques et ceux qui les relaient Www yapaka be 50 relations sado masochistes les actuels centres ferm s pour mineurs fleurissent sous des sigles divers toilett s au go t du jour pour mieux faire oublier que tout lieu clos tel une cocotte minute explose sous pression que tout lieu de conten tion est territoire de non droit qui alimente une boucle sans fin de violence psychique et phy sique de provocations humiliations Ou com ment engendrer la violence l o on est cens la traiter Sous l emprise du discours de la peur les institu tions enferment les quipes dans une logique d auxiliaire de justice Les prises en charge du catives glissent du c t du contr le de la mena ce et de la contrainte tandis que la fonction du psychologue se trouve rabattue faire de l abat tage investigateur Dans un contexte de contr les pointages obligations interdictions dont le non respect annonce l escalade r pres sive jusqu la prison comment dans un tel maillage r pressif un adolescent peut il risquer sa parole Bien s r nous objectera t on il faut bien arr ter cette escalade quand ces enfants nous chappent et drainent la peur mais faut il pour autant nier l exp rience acquise qui assurait la primaut de l ducatif sur le r pressif pour la retourner en son contraire N y aurait t
59. si se 59 transformer en n ud coulant faire couler le Bibliographie Sujet naissant Soutenir de notre d sir ceux qui n en ont pas ou plus ou pas encore implique que nous m mes Fran oise Dolto S minaire de psychanalyse d enfant zii Fm at Le Seuil 1982 ne c dions pas sur notre d sir clinique Alain Ehrenberg La fatigue d tre soi Odile Jacob 1998 Sans doute est ce la condition pour qu un jeune Dani le Epstein Sans foi ni loi la violence des jeunes se d leste du poids du d sespoir collectif pour en question in Psychologie clinique n 2 L Harmattan nourrir un espoir singulier et trouve le passage 1996 d s lors rendu possible Dani le Epstein Du traitement social de l abus sexuel in La Lettre du Grape n 33 Septembre 98 Eres Dani le Epstein II n y a de f minin qu apr s coup in Le f minin un concept adolescent sous la direction de Serge Lesourd Eres 2001 Dani le Epstein Clinique et judiciaire quelle Loi in Che Vuo n 25 L Harmattan 2006 Michel Foucault Surveiller et punir Gallimard 1993 Sigmund Freud Malaise dans la civilisation Puf 1992 Jacques Hassoun Actualit s d un malaise Eres 1999 Pierre Kammerer Adolescents dans la violence Galli mard 2000 Jacques Lacan Livre X L Angoisse Le Seuil 2004 Jean Pierre Lebrun Un monde sans limites Eres 1997 Pierre Legendre
60. tes peut tre est ce pour s y heurter en chercher la but e dans l at tente que la loi fasse limite leur toute puissan ce En transgressant un interdit le d linquant se met dans cette position particuli re par rapport la loi de vouloir la provoquer ou l incarner Il se mesure la Loi l exp rimente la fait exister pour exister pour exister soi dans le lien l autre un lien qui ne ligote pas qui ne soit pas ali nant mais qui lib re un lien pacifi par du tiers Le juge des enfants en place de repr sentant de la Loi prend en compte celui qui l a transgress e pour qu il soit comptable de ses actes fa on de lui dire qu il compte qu il est pris en compte et non laiss pour compte l o il s imagine pour solde de tout compte ne rien devoir personne parce qu il ne serait rien pour quiconque En nommant la filiation verticale untel fils de et de le magistrat inscrit un enfant dans un lien g n alogique Il lui signifie ainsi son droit s ins crire dans son histoire au fil des g n rations le droit de se reconna tre et d tre reconnu au sein du lien social En le responsabilisant devant la loi le juge introduit un lien de reconnaissance Et ce _11 n est qu partir du d lit ainsi reconnu et nomm qu il institue par son ordonnance un lieu de parole possible et un lieu d coute pour des familles qui pour la plupart n auraient jamais consult C
61. u au service des jeunes qui nous sont confi s au service de leur devenir Pour quelle cause travaillons nous La cause des adolescents comme dirait Dolto ou bien celle du Juge ou de l institution la cause de la personne ou la cause de la soci t Ces causes sont elles compl mentaires ou antinomiques Cette contradiction n est elle qu apparente est ce un point de but e une impasse ou une passe franchissable e Y a t il un pont un passage entre loi sociale et Loi symbolique qui rendrait structurante cette articulation de la clinique et du judiciaire Quelle position occuper pour que la clinique et le judiciaire deux espaces radicalement diff rents s articulent se relancent et soient structu rants pour les jeunes qui nous sont confi s quelle place se trouve assign le clinicien quand la parole confi e est confisqu e dans un crit pour un autre en place de le juger Comment crire un rapport quand ce dernier peut tre le support d une sanction e Peut on crire sur la personne plus qu elle ne peut en entendre Telles sont quelques unes des questions de fond qu on ne peut esquiver si nous voulons que notre clinique dans son articulation au judiciaire pren ne sens pour les jeunes qui nous sont confi s 37 des questions qui vont nous amener poser une thique de la clinique dans le cadre judiciaire Car l thique qui pr side notre d marche est celle du Sujet et
62. une quipe ouverte sur la dimension psychique a ce choix de faire de l v nement judiciaire un av nement de parole C est du moins l enjeu clinique qui doit mobiliser notre nergie dans une dynamique d quipe prendre appui sur la r alit des faits pour que s ouvre la r alit psychique celle qui en chacun cause ses actes Le juge ponctue ainsi un agir transgressif pour lui donner valeur de signal signal d un mal tre qui n a pas encore trouv mot pour se dire Ce faisant il va permettre que l acte d linquant ne soit pas banalis trait de fa on standardi s e mais qu il s labore partir d une rencontre entre un discours familial et un dire singulier Entre l acte et son auteur il y a toute la dimension de la r alit psychique laquelle donner lieu et qui jusqu ici n a eu d autre issue que de se d verser en violences Le travail ducatif et cli nique va permettre d accompagner un adoles cent pour qu il se r approprie son acte et en interroge les ressorts Le carrefour de la clinique et du judiciaire dans le cadre de nos institutions peut tre ce lieu o vont se travailler les blessures qui jusqu ici n ont pas trouv o se panser penser et qui s enli sent s enflent de non dits jusqu traverser une vie voire les g n rations Peut tre cette condition un adolescent pourra se poser dans la vie au lieu de s clater dans l instant L o l ado
63. unifi e Cam lia connut de multiples placements pour le meilleur et pour le pire Protection hygi niste orthop die normalisatrice l insti tution peut aussi tre ce Lieu de vie pacifiant qui offre un Sujet la possibilit de ponctuer un temps de sa vie la possibilit de se poser de se poser la question de qui il est et de ce qu il veut ou croit vouloir pour interroger ce qui vient y faire barrage Cam lia est or e de sa majorit quand nous la rencontrons mais lorsque la voie semble s ouvrir pour elle elle dispara t Et revient quelques semaines apr s d faite puis e terrifi e elle tente de raconter la crise d angoisse la fugue l homme dans le m tro qui lui propose de l aider Elle le suit pour ne pas se suicider dit elle pour tre prot g e Elle ne sait pas ce qu on a pu lui faire lui faire faire On l a h berg e nourrie on l a fait boire peut tre l a t on drogu e viol e l ombre du sida plane comment savoir Face un p re qui ravale sa f minit des saloperies Cam lia oscille entre 20 prostitution et m lancolie Elle s duit puis se fait d chet double de la m re d chue dont la pr sence l habite et crase Comme sa m re elle se perd de bi re en bi re et s en remet l inconnu cens la sauver Errante comme elle sid r e amn sique apr s la crise Cam lia joue un sc nario qui n est pas le sien elle endosse une histoir
64. ures suppl mentaires Il dort 25 le jour du moins il essaye car la m re sour de depuis la naissance de son dernier enfant n entend pas les disputes incessantes Un matin apr s une nuit de travail le p re se r veille en sursaut deux de ses enfants se battent au cutter il prend un manche balai pour les s parer N est ce pas ainsi qu autre fois il se munissait d un b ton pour faire la loi et ramener le troupeau dans l table Le lendemain Fran ois se plaint aupr s de l assistante sociale de l cole que son p re l a frapp Sans m me couter les parents elle fait un signalement au Juge des Enfants pour mauvais traitements Sans avoir le temps de r aliser ce qui lui arri ve le p re est menott et plac en garde vue Lors du premier entretien dans notre ser vice nous recevrons une m re d sorient e un p re bris et un enfant triomphant qui toise son p re avec arrogance Celui ci sur pris en d faut humili invalid disquali fi chute dans une position m lancolique L o il tentait d endosser comme il pouvait une fonction cet homme montr du doigt gard vue p trifi de honte va tre marqu d une indignit Depuis c est Fran ois qui frappe son p re d sempar qui ne sachant plus quoi faire se laisse faire La m re se lamente comment le papa peut il tre papa s il ne peut plus donner Donner ce qui
65. ux sp cia listes du d pistage et de la mise en fiche Seuls un soutien un accompagnement une relation ouverte sur chaque probl matique dans sa sin gularit peuvent faire office de pr vention Aussi convient il d tre attentif toute manifesta tion de souffrance psychique pour aider ces enfants et leurs parents travailler leurs difficul t s pour les d passer en oubliant un diagnostic qui stigmatise et emp che que s ouvrent d autres expressions d un mal tre qui cherche se faire entendre _43 Alors plut t que de mettre des tiquettes qui st rilisent le vif du sujet nous avons mobiliser ces enfants et leurs parents pour leur permettre d ouvrir des questions des questions qu ils igno rent encore qui les travaillent hors parole au corps corps qui creusent des failles qui tra Vaillent leurs enfants dans la violence de leur corps quand ils ne savent pas o ils sont d o ils viennent ce qu ils veulent Tout dire Rien dire ou Bien dire Si une dimension de notre fonction nous am ne clairer le juge il convient d oublier pendant le temps de l coute qu un crit viendra ponctuer le dire Le rapport crit ne peut tre notre objectif premier m me et surtout s il se pose en deman de pr liminaire comme dans le cas de l investi gation Le rendu compte n est pas un but en soi mais il est effet d une relation il vient de surcro t sinon il vient obturer paras
66. voire d existence Errant sans point d appui et sans projet sans rien ni personne qui s accrocher ils sont ballott s au gr des rencontres ph m res et se construisent sur du vent La vacuit du lien affectif et social laisse alors les adolescents la d rive en proie aux terreurs d abandon Leurs pulsions d brid es les d bordent de n avoir t bord es d interdits On peut alors supposer que si la crise d adolescence tape oblig e structurale et structurante prend la forme d une fureur sans contenu c est qu ils se sentent sans contenant lls ne demandent pas mais exigent corps perdu au risque de s y perdre Demander c est s exposer l autre son caprice opaque et obs cur c est prendre le risque d un non un non qui ne fait pas limite mais qui an antit qui n antise Tout interdit r sonne comme abus de pouvoir toute frustration comme agression lls croient pouvoir effacer leur dette aux g n rations pas s es et r clamer leur d Ils ne manquent de rien ils ont tout se lamentent les parents tout ce que leurs parents n ont pas eu Certes ils ne manquent de rien sauf de l essentiel le lien d amour et la loi qui le borde Entre ca disme et paris stupides ils cherchent d nier leurs limites pour se prouver qu ils sont des hommes oubliant qu tre un homme passe par la reconnaissance de ses limites Ils tirent le fil de leur vie la limite de la c

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