Actualité du premier chapitre du Traité politique de Spinoza
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1. sa doctrine sera celle qui s accordera le mieux avec la pratique il n est pas admissible de le rattacher une quelconque tendance politique Il entend d abord comprendre rigoureusement ce qui constitue la communaut les individus et leurs sentiments consid r s dans leur n cessit l instar des manifestations de la nature la chaleur le froid le mauvais temps la foudre et de ne pas les tourner en d rision de ne pas les d plorer n1 les maudire ce qui est essentiellement reproch aux philosophes au d but du texte Spinoza condamne avec deux si cles d avance le marxisme id ologie qui s est crue capable d extirper de la nature humaine son constituant essentiel le d sir principalement celui de propri t sans essayer d en comprendre l origine ou l utilit Sa critique est d autant plus actuelle qu elle ne tol re pas plus l id e capitaliste selon laquelle il existe une entit r gulatrice sup rieure dont l existence est consid r e comme av r e qu il n est pas n cessaire de comprendre et que nous devons accepter telle que le march laquelle la soci t devrait sa f licit On ne saurait douter en effet que les hommes sont n cessairement en proie aux sentiments En affirmant que les hommes sont esclaves inconscients de leurs sentiments Spinoza nous m ne au c ur de ce qui constitue son thique et qu il s est employ d montrer rigoureusement comme u2. Actualit du premier chapitre du Trait politique de Spinoza Dieu se rit des hommes qui d plorent les effets dont ils ch rissent les causes Bossuet Spinoza entame son Trait Politique par une question qui au premier abord pourrait nous sembler hors sujet Les sentiments dont les humains sont agit s seraient ils autant de d fauts auxquels nous succomberions par notre faute Cette opinion est celle qu expriment les philosophes en g n ral d plorant ou raillant ce qu ils consid rent comme des d fauts dont nous seuls sommes responsables et qu il faudrait soit impitoyablement corriger soit tout simplement ignorer Ce faisant certains en particulier les plus rigoristes maudissant la nature humaine telle qu elle existe proposent sous de nombreuses formes des philosophies pr nant une nature humaine conforme leur imagination Spinoza poursuit en crivant quant leur doctrine politique celle de ces philosophes elle est toujours inapplicable elle voque une sorte de chim re moins qu elle ne soit destin e au pays d Utopie Il identifie ainsi l erreur commise par les philosophes propos de la nature humaine celle qui les conduit l laboration de leurs inop rantes doctrines La critique s adresse directement Thomas More auteur d un c l bre syst me chim rique Utopia En conclusion la th orie politique propos e par les philosophes serait celle qui diverge
3. e tout soup on bien plus que des qualit s d administrateurs Or Spinoza souligne bien la pr carit d un tat qui s en remettrait exclusivement la bonne foi des individus qui le dirigent Seules les institutions con ues en fonction de la nature des individus et qui n attendent pas de ceux ci qu ils deviennent vertueux sont viables Stephane N Ginsburgh ao t 2005 Sources Spinoza Trait politique trad Madeleine Franc s in uvres compl tes Biblioth que de la Pl iade Gallimard 1954 Spinoza Trait politique trad Charles Ramond in uvres V pim th e PUF 2005
4. le plus consid rablement de la pratique Par cette affirmation Spinoza se d marque nettement de toute la tradition de la th orie politique depuis Platon celle qui consid re que les philosophes seraient ceux qui sont les plus m me de se voir confier la conduite de la communaut publique Il existe cependant des hommes qui semblent plus aptes que les philosophes prendre en main la chose politique Quoiqu on leur reproche de faire usage de la ruse et de la crainte plut t que de la raison les hommes politiques traitent indubitablement beaucoup mieux que les philosophes du sujet politique et cela parce qu il sont form s au contact de la pratique De plus en s inspirant de proc d s prouv s au lieu des enseignements de la religion ces hommes seraient en opposition directe avec les autorit s th ologiques qui se font toujours fortes d encourager un gouvernement de Dieu plut t qu un gouvernement des hommes En effet ils estiment probablement que la gestion des affaires humaines n est pas n cessairement soumise au respect des principes sacr s de moralit mais qu elle doit avant tout se nourrir de ce qui est applicable en pratique Ceci dit Spinoza rappelle qu il n y a pas d hommes exempts de d fauts et que les politiciens ne font pas exception En discr ditant la fois l lite philosophique et les autorit s religieuses dans leur capacit assurer ou proposer un gouvernemen
5. ne tape vers le troisi me genre de connaissance et la b atitude Malheureusement la voie vers celle ci semble bien difficile voire impossible pour une communaut constitu e d individus dont les actions sont mues plus souvent par des sentiments dont ils ont rarement conscience que par la raison Il en conclut donc que l On n ira pas caresser l illusion qu il serait possible d amener la masse n1 les hommes engag s dans les affaires publiques vivre d apr s la discipline exclusive de la raison Spinoza abandonne d finitivement l id e qu il soit possible d amender la nature humaine des individus en masse de quelque mani re que ce soit dans le but de constituer une communaut parfaite En cela si son thique contribue comprendre la nature humaine elle n est certainement pas un mode d emploi applicable syst matiquement des fins politiques ni un trait de morale pr sent sous forme d dification Il faudra ainsi que le syst me soit fait de telle mani re que la tentation de manquer de conscience ou d agir mal ne puisse s offrir ceux qui auront en main le gouvernement Car si la vertu d un individu est une chose la valeur essentielle de l tat doit tre sa s curit c est dire son maintien et sa stabilit au profit des individus qui le composent L on constate cependant aujourd hui que l on exige tr s souvent de la part des hommes politiques une vertu au dessus d
6. t politique valable Spinoza se positionne clairement par rapport la vision de son temps et fait figure de pr curseur de la R volution fran aise Les pr ceptes et commandements d une religion ne sont pas capables de soustraire les hommes leur constitution naturelle en particulier dans les situations o ceux ci sont les plus susceptibles d y tre soumis Mais plus essentiel encore il pr tend qu son poque toutes les formes concevables de gouvernement politique ont d j t pens es et qu il ne lui semble pas possible d en inventer de nouvelles Sans le nommer il fait une allusion laudative Machiavel qu il qualifiera au chapitre 5 du Trait d acutissimus c est dire de tr s p n trant La r flexion politique se situe donc un autre niveau et Spinoza nous pr vient de ne pas nous attendre le voir proposer un syst me neuf ou in dit Selon Pierre Fran ois Moreau il s agirait plus d emp cher un philosophe d difier un nouveau syst me qui serait en contradiction avec l exp rience que de consid rer que l histoire a fait le tour des diff rentes constructions Cela fait il de Spinoza un penseur r volutionnaire ou conservateur D aucuns ont essay de l accaparer leur profit mais force est de constater qu il n est ni l un ni l autre L ambition de Spinoza n tant pas de nous pr senter un enni me syst me parfait et fig dans la th orie et puisque
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