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1. 277 278 7 Jesus Had A Sister Productions aurait vendu ce jour plus de 200 000 pilules si Pon en croit Felipa Almeida Felipa Almeida Dana Wyses Miraculous Pills when laughter and the cure are synonymous Sur La Terre September 2004 p 10 15 Consultable en ligne lt http www falmeida com pdfs danawyse_en pdf gt 8 Dana Wyse et al How to Turn Your Addiction to Pres cription Drugs into a Successful Art Career op cit p 297 Revue Proteus n 6 le spectateur face Part interactif une dizaine euros C est d ailleurs sans doute ce rapport particulier qui cr e une alchimie sp ciale entre l artiste et ses clients ces produits s adressent chacun de fa on individuelle presque intime C est parce que Dana Wyse a abandonn l uvre d art dans ses formes tradi tionnelles et a substitu des clients des specta teurs dans le temps de l uvre que son art est fort la coh rence entre la forme le fonctionne ment et le message am ne la puissance Le propre des produits d art composants de la pratique de ces artistes est de se confondre plus ou moins avec un produit commercial sans car tel ni tiquette art le produit d art est dispo nible il se tient ouvert Placer des produits d art dans une exposition et leur ter la possibilit d tre achet s c est porter atteinte leur fonction nement leur nuire Afin de rem dier ce qui constituerait un handicap2. op cit p I0 8 Entretien avec Jean Baptiste Farkas Avril 2011 in Aur lie BousQuET L artiste entrepreneur ses clients ses action naires Th se de doctorat sous la direction de J Lageira Universit Paris 1 2012 p 540 9 Edmond CoucHor Norbert Huramre L Art num rique ditions Flammarion Paris 2003 p 109 Revue Proteus Cahiers des th ories de l art Dans le catalogue de la xv Biennale de Paris Ste phen Wright propose galement un excellent texte sur la question en accord avec ce que d fend la Biennale de Paris Il crit Le spectateur fut un l ment propre un r gime de visibilit qui est aujourd hui en pleine recomposi tion un certain moment de l histoire de l art il fut m me un acteur ou agent historique avant d tre r duit son tat de t moin plus ou moins passif d aujourd hui Au spectateur doit logique ment se substituer d autres types d usagers d art d autres r les moins li s au r gime de visibilit dominant et donc moins susceptibles de recon na tre la l gitimit de ses cadres l gitimants Yves Michaud remarquait par ailleurs tristement propos du public de l art contemporain non sans une teinte de provocation Pour tre tout fait honn te les artistes contempo rains ne se soucient pas du tout du public y com pris quand tout leur art porte sur le relationnel et le transactionnel Pass le soir du vernissage les in
3. descriptif et un mode d emploi qui explique en quoi le service consiste et comment le r aliser Il est indiqu explicitement si le service est r aliser seul ou non Dans la plupart des cas quelques indications I Jean Baptiste FARKAS IKH ASERVICES cat XV Biennale de Paris ditions Biennale de Paris 2007 p 340 2 Des dizaines sont r pertori s dans le livre Des modes d emploi et des passages lacte ditions Mix 2010 65 ou remarques suppl mentaires sont fournies afin optimiser la r alisation L agent d art Ghislain Mollet Vi ville et Jean Baptiste Farkas pensent que le moment de la r alisation des modes demploi constitue le coeur de l uvre Pour exemple le service N 9 Jntervertir des contenus d tag res peut s av rer perturbant et passionnant Sa simplicit accro t son efficacit N 09 Intervertir des contenus d tag res NOUS LE R ALISONS POUR VOUS ou VOUS DE LE R ALISER Mode d emploi ce service consiste intervertir les contenus d tag res appartenant deux commandi taires qui ne se connaissent pas Un contrat d ter mine la dur e de cette intervention et stipule si elle est ou non r versible Remarques pr cisons ici que la r alisation de ce mode d emploi autorise l usage quotidien des objets chang s On favorisera la rencontre de deux indivi dus dont le niveau de vie diff re radicalement Lors d une mise en pratique l une des deux pers
4. grand nombre comme l annonce le Palais de Tokyo ou inversement d ouvrir le plus grand nombre l art selon le commentaire qu en a donn Andr Rouill dans son ditorial pour Parisart com mais plut t d ouvrir le plus grand nombre et l art la vie Ghislain MoriEr VI VILLE Jean Baptiste Farkas IKH ACSER VICES FROG n 4 Automne Hiver 2006 in P Nicolas Ledoux Is there any Ghislain Mollet Vi villle Les presses du r el 2011 2 Jean Baptise Farkas Ghislain MoLLET VI VILLE pro pos des nonc s d art in Critique op cit p 732 733 3 Jean Baptiste Farkas IKHEASERVICES cat XV Biennale de Paris op cit p 373 4 Vous tes dans ce cas usager et vous interpr tez un de nos modes d emploi de fa on personnelle 5 Vous tes alors commanditaire et vous entrez en contact avec nous Nous d terminons quels seront les frais de la r alisation programm e certains modes d emploi n ces sitent un budget et s il y aura lieu d envisager une r mun 66 proposer un nouveau mode d emploi proposer la variante d un mode d emploi d j mis en pratique au moins une fois acqu rir un de nos services Jean Baptiste Farkas nemploie pas le terme de spectateur ni de client la r mun ration n tant pas automatique mais celui d usager de com manditaire et d auteur Jean Baptiste Farkas confie m me qu il abandonne lart pour spectateu
5. ne pas participer des expositions de groupe notamment qui offrent une visibilit non n gligeable Dana Wyse a trouv une brillante solution qu elle a mis en pra tique lors de l exposition L argent ayant eu lieu au Plateau Paris La PD G de Jesus Had A Sister Productions avait install au c ur m me de lPexposition deux distributeurs de ses produits d art Pour deux euros on pouvait repartir avec une pilule un kit Le jeu tait excitant car voyant le contenu du distributeur il tait pourtant impos sible de choisir ce qui tomberait certains ont ainsi pay cher le fruit de leurs d sirs Dana Wyse a ainsi su s adapter un format commun sans porter atteinte la coh rence de sa pratique qui suppose une possibilit d achat imm diat Concernant les caract ristiques et le fonction nement des produits d art mes pr c dentes recherches ont relev notamment l utilisation des techniques commerciales et publicitaires Pabsence de signature de l artiste en tant que marque d originalit et d authenticit Putilisation d un mod le industriel le d passement de la reproduc tibilit des conceptions d original et de copie un 1 Largent Frac Ile de France Le Plateau 18 juin 17 aout 2008 commissariat Caroline Bourgeois et lisabeth Lebovici 2 Cette strat gie commerciale voque par certains aspects celle de Takashi Murakami lorsqu il a cr le Superflat Museum 64 foncti
6. quat d analyser une posture dite de r ception de spectatorship alors que l on est confront non plus des spectateurs d uvres d art finies mais des clients achetant des produits d art ou demandant la r alisation de services caract re artistiques et impliqu s de fait dans le processus artistique Cette transformation du rapport l uvre et donc de la figure du spec tateur en tant que celui qui vient la rencontre de P uvre est en constante progression et mani feste un changement de posture de la part des artistes mais aussi de leurs logiques de cr ation Bernard Edelman met au c ur de ce change ment la r volution num rique qui a engendr un nouveau public un public post moderne anim d un esprit libertaire et frondeur non plus le public passif qu on connaissait jadis mais un public actif qui r ve d un cyberspace o les uvres et les id es circuleront librement et donc gratuitement dans une conomie universelle du don Dans cette perspective on ne se demande plus si le droit d auteur doit s adapter mais si son existence m me a encore un sens Arthur Danto avait d ailleurs remarqu cette volution du rapport l uvre en 1997 Il crivait Part contemporain comporte une caract ristique qui le distingue sans doute de la totalit de Part produit depuis l ann e 1400 il s agit du fait que ses ambitions premi res ne sont pas d o
7. une forme d art aussi riche qu exigeant envers le public les spectateurs et les artistes ceux ci devant la fois s assurer que leur dispositif fonc tionne en tant qu uvre et exp rience appelant des participants et en tant qu art soumis au regard critique des spectateurs Aur lie BOUSQUET
8. Revue Proteus n 6 le spectateur face Part interactif Spectateur de l uvre ou spectateur de l art L EXEMPLE DE LA R CEPTION DES PRATIQUES ARTISTIQUES ENTREPRENEURIALES voluant dans des environnements au sein des quels nous sommes en permanence sollicit s et invit s agir la tentation est grande de marquer du sceau de la fatalit la multiplication des d marches artistiques ouvertes l action du spec tateur Si la perm abilit de l art Pair du temps est commun ment admise intellectuellement elle existe aussi au niveau formel Aujourd hui cer tains artistes ont adopt des modes de fonction nement directement inspir s des pratiques com merciales et conomiques face cet art vivant de linteraction avec le public quoi de plus naturel alors que voir la figure du spectateur dispara tre pour laisser place un nouveau mod le de r cep tion Comment alors qualifier celui ci Quel est le r le du public et son champ d action Dans cette d monstration je m appuierai sur deux exemples de d marches artistiques contempo raines utilisant des formes originales dans le monde de l art bien que d j connues de tous Dana Wyse et son entreprise Jesus Had A Sister Productions illustrera la pratique artistique entre preneuriale du produit d art et Jean Baptiste Far kas par le biais de Glitch et IKHEAOSER VICES incarnera le tertiaire le domaine des ser vices Cela permettra chacu
9. binets de conseil intervenait dans des entreprises non pas comme un consultant venu apporter des solu tions mais comme agent d sirant travailler sur la qualit des probl mes Il sera int ressant de voir comment le moment venu les mus es fran ais activeront ces pratiques hors normes en leurs lieux Face ces uvres ouvertes n cessitant une participation du public Pappel est double action et r flexion Dana Wyse comme Jean Baptiste Farkas ont des d marches et des propos profon d ment critiques il ne s agit en aucun cas d uvres exp rimenter physiquement relevant de l effet d optique ou de la sensation S il est clair que le spectateur mappara t plus dans cette rela tion l uvre puisque le client l a remplac concernant le rapport l art il me semble que la figure du spectateur est fondamentale La distinc tion rapport l uvre rapport l art appara t essentielle dans les diff rentes temporalit s et les diverses modalit s d implication mises en uvre Si l art veut avoir un impact au del de la r cep tion physique et instantan e n a t 1l pas besoin de spectateurs Avec les produits d art et les ser vices les artistes entrepreneurs abolissent la figure du spectateur inscrite traditionnellement dans le rapport l uvre mais ils ont besoin de specta teurs de leur art pour le sortir du hic et nunc de I Cf cat exp Ma petite entreprise Centre d art
10. contemporain de Meymac Septembre 2003 p 4 Le groupe Acc s Local fond en 1998 comme branche de la SARL GRORE cr e en 1992 par Philippe Mairesse m ne une activit de prestataire de services bas e sur le slogan appliquer des m thodes artistiques des situations qui ne le sont pas appliquer des situations artistiques des m thodes qui ne le sont pas 2 emploie ici ce terme mais son utilisation est discutable activit s processus ou pratiques artistiques conviendraient sans doute mieux mais demeurent li s la po tique 68 Pachat ou de la r alisation du service et le posi tionner dans un cadre de r flexion Face un art interactif la disparition du spectateur face l uvre ne signifie donc pas la mort du spectateur de l art Au contraire cette derni re position se voit renforc e et si tel n tait pas le cas Part entrepreneurial se verrait r duit un syst me de consommation Or il s agit d art aux potentialit s profond ment critiques par lequel les artistes ambitionnent de nous toucher Au final concer nant la question du spectateur face l art interac tif on est en mesure de se demander si la com plexification des processus mis en uvre ne ren force pas l activit du spectateur non plus face P uvre puisqu il men est plus spectateur mais face l art Les d marches tr s labor es dans les quelles interviennent plusieurs acteurs constituent
11. e entrepreneur s adresse un public largi et non pas exclusive ment quelques collectionneurs fortun s Il va l encontre de ce qui fait de l art une conomie exceptionnelle pour reprendre les propos de Hans Abbing c est dire son hypocrisie quant au march et son inscription dans un march li tiste Certains artistes entrepreneurs l image de Wim Delvoye et de sa poup e vendent des pro duits d art on assiste alors l impossibilit den tre spectateurs Ce terme de produit d art fai ptis l initiative de l employer en 2008 face au constat de l absence de mot pour qualifier la pro duction de ces artistes entrepreneurs Il d signe ce qui est produit par l entreprise d un artiste entre preneur par exemple les pilules invent es par Dana Wyse et vendues par Jesus Had A Sister Productions La client le du produit d art Jesus Had Sister Productions est une entreprise de renomm e internationale qui commercialise principalement des rem des miracle aux pro bl mes quotidiens Le champ d application de ceux ci touche aussi bien le sexe la vie pratique et professionnelle que les sentiments ou Part Cette entreprise cr e la fin des ann es 1990 et tou jours aussi dynamique propose plus de 150 rem des diff rents tels que Discutez politique et guerre avec aisance et perspicacit instanta n e Devenez auteur de best seller instantan ment Ap
12. ice pas dans un contexte artistique Si les IKH AOSERVICES recourent aux comp tences de l art c est dans l espoir d agir hors de Part et de distiller une thique qui exhorte la prise de risque Les nonc s ou les propositions surgissent comme des anomalies qui occasionnent des v ne ments al atoires et doivent engendrer des diff rends voire de vraies altercations Il s agit d veiller chez tous ceux qui se risquent la mettre en pra tique des forces de cr ation et d an antissement auxquelles les codes sociaux les ont probablement habitu s renoncer Dans la pratique de Jean Baptiste Farkas la place accord e l Autre est grande En effet il n y a uvre que parce que quelqu un active le mode d emploi le r alise Dans le catalogue de la XVe Biennale de Paris Jean Baptiste Farkas note Qu est ce que l art prestataire crits pour tre mis en pratique les IKH ACSERVICES sont indissociables des personnes qui en les r alisant leur inventent un v cu Et en guise d introduc tion ses services dans Des modes d emploi et des passages lacte Jean Baptiste Farkas claire ce qu il entend par participer mettre un mode d emploi en pratique commander la mise en pratique d un mode d emplois I Ghislain Mollet Vi ville crit d ailleurs on peut tout de m me esp rer qu un jour il ne s agira plus seulement d ouvrir l art au plus
13. n de bien saisir les enjeux de telles pratiques et les d bats qu elles peuvent susciter quant aux conceptions de PArt et du public la lumi re des transformations flagrantes des processus artistiques et du r le du spectateur il n est pas vain de se demander si un changement des uvres de leur nature de leur forme de leur fonction induit n cessairement un changement du rapport l art En d autres termes si les uvres se passent de spectateurs qu en est il de PArt I Le public vise ici toutes les personnes susceptibles Rentrer en contact avec ces pratiques 62 Quand l uvre fonctionne sans spectateur Figure id ale de Partiste ayant boulevers le rap port l uvre au spectateur au mus e et au col lectionneur l artiste entrepreneur incarne un changement profond dans le monde de Part dans la mesure o il fait fusionner les sph res artis tiques Partiste l uvre le spectateur et commer ciales le collectionneur la galerie les foires C est la dimension artistique de leur activit entrepre neuriale qui caract rise les artistes entrepreneurs artiste entrepreneur est un artiste qui fait le choix d exercer l activit entrepreneur en tant que pra tique artistique La vente et le contact avec le public ne sont pas une finalit mais font partie du processus artistique D entreprise sa production son fonctionnement deviennent une forme d art au m me titre
14. onnement utilisant des capacit s de large diffusion le marketing etc Rien tonnant donc ce qu ils bousculent le r gime du spectateur Le produit d art mest pas destin tre regard mais tre achet il appelle une attitude de consom mateur pas de spectateur tant son appel l action est manifeste Le produit d art mest pas expos mais pr sent il mentre pas dans une logique d exposition avec des spectateurs mais rel ve de la pr sentation des clients potentiels Il se refuse l hors du temps et l hors du monde des gale ries et autres espaces d exposition et de r flexion il veut nous toucher et nous faire agir ici et main tenant Il rejette les caract ristiques de l uvre dart et s affirme en tant que production propre des artistes entrepreneurs Les produits d art ne sont pas n cessairement num rot s ni sign s et ne sont pas vendus avec un certificat d authenti cit Visuellement assimilable un produit com mercial la distinction n est pas vidente Le pro duit d art n est ni une uvre ni un multiple ni un produit d riv ni un produit r alis par un artiste il a ses caract ristiques propres et un fonctionnement in dit Le produit d art est au centre de la relation entre l artiste entrepreneur et son client C est un objet relationnel int gr un processus artistique plus vaste Il sert d articula tion entre l artiste et ses contemporains Il est
15. onnes impliqu es a contraint son partenaire reproduire avec exactitude l agencement des objets constituant le contenu de l tag re qu elle a souhait intervertir Parent Vis ma vie Indispensable lectrom nager mat riel haute fid lit et informatique doivent tre accompagn s de leurs modes d emploi IKH AOSERVICES 2002 3 Ce qui est assez amusant tant donn le go t de Jean Baptiste Farkas pour la soustraction et la d gradation Celui ci va m me jusqu utiliser des typologies qui suppriment des lettres Voir en note de bas de page du n 46 D les tage Des modes d emploi et des passages lacte op cit p 128 4 Jean Baptiste Farkas Ghislain MOrrET VI VILLE pro pos des nonc s art in Critique Revue g n rale des publications fran aises et trang res Publi e avec le concours du Centre National du Livre ao t septembre 2010 Tome LXVI N 759 760 Les ditions de Minuit 2010 p 728 5 N 09 Intervertir des contenus d tag res Des modes d emploi et des passages l acte op cit p 51 6 Le service pourrait tre tendu d autres types d inter ventions discr tes intervertir des contenus d ordinateurs ou monumentales intervertir des contenus de maisons ou d appartements Revue Proteus n 6 le spectateur face Part interactif Il s agit d une prestation qui intervient dans la vie des b n ficiaires du serv
16. op secrets est d tre dirig e port e par une artiste une artiste entrepreneur Dana Wyse laquelle propose un art qui bouscule nos habitudes en terme de forme et de rapport l objet En effet les produits ne sont pas expos s ou regarder ils sont vendre et acheter Au moment du contact avec l uvre et ceci par le biais de son entreprise Dana Wyse place le public dans une position de clients et non plus de spectateurs la possibilit d action est ainsi largie Au lieu d opter pour une inscription dans le march de Part et d employer ses r gles Dana Wyse dit elle m me s inspirer du mod le du dealer sans publi cit En effet m me si Dana Wyse s applique multiplier les points de vente elle ne communique que tr s peu sur ceux ci mais chacun collection neur d art fortun ou non peut acheter les pro duits Jesus Had A Sister Productions que ce soit dans une boutique branch e celle d un mus e ou sur le net Elle n expose plus ses uvres des spectateurs mais leur propose des produits avec lesquels ils peuvent repartir imm diatement pour 4 Ibid p 296 5 Cf lt http wwwblueq com shop item 229 productId 125837682_229 catld 117440520 html gt 6 Hans Ulrich Ogrisr Dana Wyse Au lit avec Hans Ul rich Obrist in D Wyse Lebovici H U Obrist How to Turn Your Addiction to Prescription Drugs into a Success ful Art Career ditions du Regard 2007 p
17. pr ciez le sexe anal N ayez pas 1 Hans ABBNG why are artists poor The Exceptional Economy of the Arts Amsterdam University Press 2002 2 Wim Delvoye Action Doll Wim Delvoye posable ac tion figure and Cloaca Pr sent e la FIAC 2007 son lance ment fut un succ s gr ce notamment au stand anim par deux jumelles Produit d art par excellence il s agit d une boite contenant la poup e Wim Delvoye ainsi qu une r plique de Cloaca et l quipement de Partiste t l phone bottes Produite 1000 exemplaires elle tait vendue 249 euros 3 Hans Ulrich Ogrisr Dana Wyse Au lit avec Hans Ul rich Obrist in D Wyse Lebovici H U Obrist How to Turn Your Addiction to Prescription Drugs into a Success fal Art Career ditions du Regard 2007 p 294 63 d enfants moches 100 beaut Soyez fier de votre fils homosexuel sans oublier les plus ven dues en France Comprenez instantan ment Part contemporain et Convertissez vous au Juda sme ainsi que la meilleure vente mon diale Comprenez votre m re instantan ment sans avoir la rencontrer ou parler avec elle qui existe en pilule chewing gum et spray buccal Tous ces produits sont fabriqu s en moyenne 1000 exemplaires ce qui nemp che pas Jesus Had A Sister Productions d annoncer qu ils sont en dition limit e La particularit de cette entre prise outre des statuts et comptes t
18. qu une sculpture L entreprise est lartiste entrepreneur ce que le tableau est artiste peintre Une telle logique de cr ation induit des changements notables quant au statut de l artiste du spectateur et des acteurs du monde de l art les fonctions de chacun tant boulever s es L artiste entrepreneur se passe de galerie puisqu il sort de la logique de s paration de l art et de son march et l int r t artistique ou social du spectateur fusionne avec celui du collectionneur pour laisser place la figure du client de l usager du b n ficiaire ou de l actionnaire Ceux ci sont invit s participer et pour cela ils doivent payer L artiste entrepreneur ne cr e pas d uvres mais organise la production de produits d art d uvres processuelles ou propose des services artistiques Il met en place un rapport l uvre auquel nous ne sommes que peu habitu s dans le champ des arts visuels Ce n est pas un supp t du capitalisme et comme d autres il ne consid re pas comme immuables les questions d appropriation de valeur de marchandisation d exposition L artiste entrepreneur ne se contente pas des formats nor m s de recettes toutes faites il n applique pas de m thode il cr e innove exp rimente et Revue Proteus Cahiers des th ories de l art d couvre ce qui ne l emp che pas d imiter ou de copier strat gies et approches artistiques ou com merciales gagnantes artist
19. rdre esth tique Son mode de relation essentiel ne le lie pas aux spectateurs en tant que spectateurs mais d autres aspects des personnes auxquelles il s adresse Par cons quent le champ essentiel de cet art n est pas le mus e ni certainement les espaces publics constitu s en mus es du fait d avoir t occup par des uvres d art fondamentalement esth tiques et qui s adressent effectivement de mani re essentielle aux gens en tant que spectateurs On regrette toutefois qu Arthur Danto ne pr cise pas ces autres aspects des personnes auxquelles il s adresse 3 Bernard EDELMAN La propri t litt raire et artistique Que sais je Presses Universitaires de France 2008 p 113 4 Arthur Danto L art contemporain et la cl ture de his toire traduit de Panglais par Claude Hary Schaeffer Edi tions du Seuil 2000 p 269 Revue Proteus n 6 le spectateur face Part interactif Cette relation nouvelle avec le public qui est appel devenir client en plus de transformer l uvre le processus artistique la production les r les et le rapport l art modifie aussi le rapport la galerie et au mus e En effet si le rapport l uvre volue et que la figure du spectateur dis para t il convient alors de repenser l exposition et la conservation de ces pratiques o l activit prime sur l objet comme cela a pu tre le cas pour Phi lippe Mairesse qui par l interm diaire de ca
20. rs pour s adonner un art pour usagers Ce qui change absolument la donne Voici pourquoi on trouve l usager partout dans la soci t tandis que le spectateur est en quelque sorte le produit Paboutissement et le point d orgue de la Culture Il faut veiller ce que l usager continue d apparte nir la soci t dans son ensemble et ne se rat tache pas la Culture ce qui en ferait imm diate ment un nouveau type de spectateur Une question de positionnement Les deux exemples de Dana Wyse et Jean Baptiste Farkas r v lent une transformation radicale du rapport l uvre mis en place par certains artistes et amorc depuis plus de quarante ans en Europe et aux tats Unis Au sujet de la participa tion du spectateur il faut bien noter que cette particularit n est pas n e d une table rase Elle prolonge une pr occupation qui se mani feste dans l art d s les ann es soixante soixante dix avec la participation du spectateur sous des formes allant du happening l art cin tique en passant par l art conceptuel lui m me le body art Part dans la rue Part technologique Part sociolo gique etc Pour tre encore plus pr cis il faudrait voquer Duchamp qui d s le d but du xx si cle consid rait d j que c tait le regardeur qui faisait le tableau ration 6 Dans ces deux derniers cas de figure vous tes auteur 7 Des modes d emploi et des passages lacte
21. s tallations relationnelles deviennent des guichets fer m s ou des man ges abandonn s le studio de t l vision maura fonctionn qu un soir d inauguration officielle le repas pour les pauvres n est plus servi et l artiste est d j reparti pour d autres bonnes uvres Or la relation qu entretiennent les artistes entre preneurs avec leurs clients est probablement bien trop vitale pour tre gadg tis e et d laiss e Nombre d artistes incluent un spectateur partici pant de fa on particuli rement cadr e et superfi cielle du c t des artistes entrepreneurs utilisant des produits d art ou des services pour uvrer la cr ation d une place capitale pour un client poten tiel marque une consid ration accrue et une vraie implication du public certains diront m me une responsabilit dans la mesure o sans interaction avec leurs clients les entreprises artistiques comme commerciales sont vou es dispara tre Si ce nouveau rapport l uvre s inscrit dans une histoire de la r ception ce terme devient de 1 Stephen WRiGxr Vers un art sans uvre sans auteur et sans spectateur in XV Biennale de Paris op cit p 23 2 Yves MiCHAUD L art l tat gazeux Essai sur le triomphe de l esth tique ditions Stock 2003 p 43 67 plus en plus d licat employer tant ce qu il sup pose ne trouve plus d cho dans la r alisation de ces pratiques Il appara t inad
22. t tribution eLe service est destin des clients b n ficiaires ou usagers En aucun cas il ne s agit d un spectacle ou d une action regard e par des spectateurs Clairement en rupture avec les conceptions tradi tionnelles de Part et de l uvre o originalit raret et authenticit de l uvre mat rielle sont valoris es cette pratique ne s adresse pas des spectateurs elle a un fonctionnement qui n ces site une participation une action une relation un investissement personnel Les services sont des uvres en devenir qui sont sans cesse r acti v es Or si les artistes entrepreneurs uvrant dans la sph re des produits d art sont aujourd hui les plus visibles l image de Dana Wyse Takashi Murakami ou Wim Delvoye ceux qui se tournent vers les services n en sont pas moins dynamiques et incisifs On pensera alors Bernard Brunon qui uvre par That painting une entreprise de pein ture en b timent ou Jean Baptiste Farkas qui refuse l uvre l artiste le spectateur et l exposi tion et propose divers services par l interm diaire de Glitch et IKHEAOSERVICES Gr ce ces deux marques ou fa ades il propose en fait des modes d emploi il ne produit pas d uvres dat il ne s adresse pas des spectateurs et n emploie d ailleurs le titre d artiste qu en grin ant des dents Les services que propose Jean Baptiste Farkas consistent donc en un titre
23. un pr texte qui permet de cr er du sens par une rela tion C est parce que l artiste entrepreneur a rem plac l uvre par des produits d art qu une nou velle relation s est mise en place avec le public qui mest plus une somme de spectateurs mais de prospects ou de clients Le produit d art n incarne ni une repr sentation ni une fiction il existe hors de tout spectacle mais est ce dire que le produit d art sort totalement de la logique du spectateur tant donn que son fonctionne ment n cessite un public actif agissant payant artiste pour obtenir quelque chose participant au processus global de cr ation de valeur artistique mise en place par l artiste entrepreneur Les clients b n ficiaires et usagers des services d art Autre potentialit offerte par les pratiques entre preneuriales artistiques et perturbant l emploi du terme spectateur les services Au del des Revue Proteus Cahiers des th ories de l art particularit s on peut souligner trois points essen tiels concernant la prestation de services en art eLe service artistique est pens par un artiste ou en tout cas il est inscrit dans le cadre de l art et pas n cessairement dans le monde de l art ou dans un contexte mat riel artistique Il peut tre de tout ordre r alis ou non par l artiste eLa r alisation du service par l artiste est g n ralement soumise au r glement d honoraires ou une
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