Home

Le mot d`esprit et ses rapports avec l`inconscient

1. non La repr sentation par le contraire comme nous la voulons d nommer se pr te de diff rentes mani res l laboration de l esprit Voici pour la faire voir l tat presque pur deux exemples emprunt s Heine et Lichtenberg Heine Cette femme ogre plus dune ressemblance avec la V nus de Milo elle est extr mement vieille comme elle elle est galement dent e et pr sente sur la surface jaun tre de son corps quelques taches blanches C est repr senter la laideur par analogie avec la beaut parfaite il est vrai que ces analogies ne peuvent consister qu en qualit s formul es de fa on ambigu ou en consid rations accessoires Nous retrouvons cette derni re technique dans le second exemple Lichtenberg Le Grand Esprit Il r unissait en lui les traits caract ristiques des grands hommes il avait la t te de travers comme Alexandre farfouillait tout le temps dans ses cheveux comme C sar pouvait boire du caf comme Leibnitz comme Newton il oubliait le boire et le manger lorsqu il tait carr dans son fauteuil et qu il fallait comme celui ci le 78 r veiller il portait sa perruque comme le docteur Johnson et comme Cervant s avait toujours un bouton de sa culotte ouvert Voici un exemple particuli rement pur de repr sentation par le contraire en dehors de tout mot double sens J V Falke l a recueilli au cours d un voyage en Irlande La sc ne se passe da
2. des gens en tant que protagonistes de ces institutions des pr ceptes moraux ou religieux des id es g n rales sur la vie qui jouissent d un tel cr dit qu aucune protestation ne peut se passer du masque d un mot d esprit m me d un mot d esprit dissimul sous une fa ade Si les th mes auxquels cet esprit ten dancieux s attache ne sont pas nombreux leurs modes d expression et leurs rev tements sont fort vari s Je crois que nous sommes en droit de donner ce genre d esprit tendancieux un nom sp cial Lequel sera le mieux appropri c est ce que nous ne pourrons d terminer qu apr s avoir cit quelques exemples du genre Je rappelle deux histoires celle du gourmet d cav surpris en train de se r galer de saumon mayonnaise et celle du professeur pochard que nous avons signal es comme mots d esprit sophistiques par d placement je poursuis ici leur interpr tation Nous avons appris depuis que lorsque la fa ace d une histoire se pr sente avec toutes les apparences de la logique la pens e qu elle recouvre voudrait bien dire s rieusement Cet homme a raison mais ne se risque pourtant pas en pr sence de la contradiction qu elle rencontre lui donner raison sauf sur un point o son erreur est facilement d montrable La pointe choisie est un v ritable compromis entre son tort et sa raison ce qui n est certes pas une solution mais correspond parfaitement notre propre co
3. Don Quichotte est l origine un personnage purement comique un grand enfant qui les romans de chevalerie ont tourn la t te On sait qu au d but l auteur ne cherchait pas plus loin mais que dans la suite la cr ation a de beaucoup d pass les intentions premi res de l auteur Lorsque que celui ci eut nanti cette figure risible de la sagesse la plus profonde et des initiatives les plus nobles lorsqu il eut fait de lui le repr sentant symbolique de ces id alistes qui croient la r alisation de leur id al qui sont esclaves de leur devoir et prennent les promesses au pied de la lettre ce personnage cessa d tre comique Comme en tout autre est o l moi affectif est inhib le plaisir humoristique surgit ici de la perturbation du plaisir comique Cependant ces exemples nous loignent d j notablement des cas 264 simples de l humour Les vari t s de l humour sont extraordinairement nombreuses selon la nature de l moi affectif qui est conomis pour produire l humour piti d pit douleur attendrissement etc Il semble que la s rie de ces vari t s ne soit pas encore puis e car le domaine de l humour s largit chaque jour davantage chaque fois qu un artiste ou un crivain parvient soumettre au joug de l humour des mois affectifs jusque l indompt s et comme dans les exemples pr c dents en faire au moyen d artifices semblables des sources de plaisir humoristique Les artistes du
4. Il est beaucoup plus difficile de fonder le troisi me cas le comique de l attente sur les rapports avec l infantile ce qui explique que parmi les auteurs ceux qui ont plac ce cas au premier plan de leur conception du comique n ont pas pu trouver occasion de faire entrer en ligne de compte dans le comique le facteur infantile Le comique de l attente est en effet celui qui s loigne le plus de la mentalit de l enfant la facult de le saisir appara t plus tardivement chez lui Dans la majorit des cas de ce genre l o l adulte trouvera du comique l enfant n prouvera que du d sappointement On pourrait cependant en appeler la f licit de l attente la cr dulit de l enfance pour comprendre qu on puisse se consid rer soi m me comme comique en tant qu enfant lorsqu on est victime de la d sillusion comique Bien que les d veloppements pr c dents nous permettent de traduire avec une certaine vraisemblance le sentiment du comique peu pr s en ces termes Est comique tout ce qui ne sied pas l adulte je n oserais pourtant vu mon attitude en pr sence du probl me du comique d fendre cette derni re proposition avec la m me conviction que les pr c dentes Je ne saurais d cider si la d gradation vers l enfant n est qu un cas particulier de la d gradation comique ou si le fond de tout comique r side dans une d gradation vers l enfant Le fait que le plaisir comique ait sa source
5. Le professeur de gymnastique ou de danse n est que rarement sensible aux mouvements comiques de ses l ves au pr dicateur chappe compl tement tout ce qui est comique dans les d fauts du caract re humain d fauts dont l auteur de com dies tire ses meilleurs effets Le processus comique ne peut supporter un exc s d investissement par l attention il est n cessaire qu il puisse se d rouler en passant inaper u en ceci d ailleurs semblable l esprit Il y aurait cependant antinomie avec la nomenclature des processus de la conscience dont je nie suis servi bon escient dans ma Science des R ves si l on voulait qualifier ce processus de n cessairement inconscient Il appartient bien plut t au pr conscient et l on peut donner juste titre le nom d automatique aux processus qui ont pour th tre le pr conscient et sont priv s de l investissement de l attention auquel est pr cis ment li e la conscience Le processus qui consiste comparer les d penses doit 250 rester automatique s il veut engendrer le plaisir comique e Le comique est tout particuli rement troubl quand le th me qui doit le provoquer d clenche du m me coup un affect violent La d charge de la diff rence efficace d nergie est en g n ral alors compl tement impossible Les affects la disposition l attitude de l individu dans chaque cas particulier font comprendre que suivant le point de vue de chacun le comique
6. Un des grands professeurs de ma jeunesse que nous croyions incapable d appr cier un mot d esprit et qui du reste n en avait jamais risqu un seul en notre pr sence arriva un jour en riant notre institut et plus spontan ment que de coutume nous fit part de la cause de son hilarit J ai lu un mot d esprit excellent On introduisait dans un salon parisien un jeune homme que l on disait parent du grand J J Rousseau et qui du reste portait ce nom De plus il tait roux Il se montra si gauche que la ma tresse de maison lan a son introducteur cette pigramme Vous m avez fait conna tre un jeune homme ROUX et SOT mais non pas un ROUSSEAU Et il se mit rire C est d apr s la nomenclature classique un calembour et m me des plus mauvais qui joue sur un nom propre Il rappelle la capucinade du Camp de Wallenstein qui on le sait pastiche l Abraham a Santa Clara L sst sich nennen den Wallenstein ja freilich ist er uns allen ein Stein 28 des Anstosses und Aergernisses Que ce mot d esprit en vertu d un autre facteur soit digne d tre mieux appr ci nous la montrerons plus loin Il se nomme Wallenstein Pierre du rempart et nous est bien tous une pierre d achoppement et de tintouin Quelle est cependant la technique de ce mot d esprit Il est bien vident que le caract re que nous esp rions d ordre g n ral se montre en d faut d s notre premier cas Pas trace d ellipse
7. Non c est vous car jamais au grand jamais je n aurai l id e de vous les rendre Was stellen diese Statuen vor Que repr sentent ces statues di sait un tranger un Berlinois au milieu d une place publique et devant les monuments Je nu entweder das rechte oder das linke Bein Pour une plus ample analyse de ce jeu de mots v plus bas N d A Le jeu de mots joue sur le double sens du verbe vorstellen qui signifie la fois repr senter et porter en avant N d T Eh bien elles pr sentent tant t le pied droit tant t le pied gauche Heine dans son Voyage dans le Harz En ce moment je n ai pas pr sent l esprit le nom de tous les tudiants quant aux professeurs il en est parmi eux plus d un qui n a pas encore un nom renom Peut tre nous exercerons nous la diff renciation diagnostique en ajoutant aux pr c dents un mot d esprit universitaire fort connu Der Unterschied zwischen ordentlichen und ausserordentlichen 39 Professoren besteht darin dass die ordentlichen nichts ausserordentliches und die au serordentlichen nichts ordentliches leisten La diff rence entre le professeur ordinaire titulaire et le professeur extraordinaire charg de cours est la suivante le premier ne fait rien d extraordinaire et le second rien qui soit selon l ordre Il s agit incontestablement d un jeu de mots sur le double sens d ordinaire et extraordinair
8. Sigmund Freud LE MOT D ESPRIT ET SES RAPPORTS AVEC L INCONSCIENT Le mot d esprit et ses rapports avec l inconscient Sigmund Freud Oeuvre du domaine public En lecture libre sur Atramenta net Introduction Il suffit de demander la litt rature esth tique et psychologique quelque lumi re sur la nature et les affinit s de l esprit pour se convaincre de ce que l effort des philosophes a t loin de r pondre au r le important d volu l esprit dans notre vie intellectuelle A peine rel verait on les noms de quelques penseurs qui se soient appliqu s aux probl mes de l esprit Citons cependant parmi eux les noms glorieux du po te Jean Paul Fr Richter et des philosophes Th Vischer Kuno Fischer et Th Lipps mais m me dans leurs uvres la question de l esprit reste l arri re plan tandis que l int r t se concentre sur le probl me plus vaste et plus attrayant du comique On a d abord l impression en lisant toute cette litt rature qu il n est pas possible de traiter de l esprit ind pendamment du comique Pour Th Lipps Komik und Humor 1898 Beitr ge zur Aesthetik dit par Theodor Lipps et Richard Maria Werner VI Un livre auquel je dois le courage et la possibilit de risquer le pr sent essa i l esprit est le comique absolument subjectif c est dire le comique que nous faisons na tre nous m mes le comique qui fait partie int grante de notre activit le comique en pr sence d
9. une personne d termin e qui nous excite sexuellement et qui ce propos sal r v le l excitation sexuelle de celui qui le tient veillant ainsi en elle une excitation du m me ordre Il se peut aussi que la grivoiserie provoque chez qui l entend au lieu de l excitation sexuelle la honte et l embarras ce qui n est qu une r action contre l excitation c est dire l aveu d tourn de celle ci La grivoiserie par cons quent vise l origine la femme et quivaut une tentative de s duction Lorsque dans une r union masculine un homme se compla t raconter ou entendre des grivoiseries il se place par l imagination dans une situation primitive que les institutions sociales ne lui permettent plus de r aliser Celui qui rit d une grivoiserie rit comme s il tait t moin d une agression sexuelle Le sexuel qui constitue le fond m me de la grivoiserie ne se borne pas ce qui distingue les sexes mais s tend en outre ce qui est commun aux deux sexes et galement objet de honte savoir l excr mentiel dans tous ses domaines Or c est pr cis ment l 110 l extension du sexuel au temps de l enfance dans la repr sentation infantile existe en quelque sorte un cloaque dans lequel le sexuel et l excr mentiel se distinguent peu ou prou Cf mes Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie 1905 Ges Schrift vol V Trois essais sur la th orie de la sexualit trad Reverchon d N R F P
10. Dans la troisi me histoire enfin l exc s de z le du marieur qui veut convaincre le jeune homme de la richesse de la famille le pousse pour appuyer ses dires un aveu qui ruine tout son difice Partout c est le triomphe de l automatisme sur l adaptation opportune de la pens e et de l expression Tout cela est facile comprendre mais susceptible de nous embrouiller d s que nous nous apercevons que ces trois histoires que nous venons de pr senter comme spirituelles peuvent tre aussi juste titre qualifi es de comiques La r v lation de l automatisme psychique appartient la technique du comique comme tout d masquage toute trahison de soi m me Nous voil tout d un coup ramen s au probl me des rapports de l esprit et du comique que nous voulions viter voir l introduction 71 Ces histoires ne sont elles que comiques Ne sont elles pas galement spirituelles Le comique use t il ici des m mes moyens que l esprit Et encore une fois quel est le caract re particulier du spirituel Il faut retenir que la technique du dernier groupe que nous venons d envisager ne consiste que dans l emploi de fautes de raisonnement mais il nous faut avouer que leur tude nous a apport l obscurit plut t que la lumi re Toutefois nous ne perdrons pas l espoir d obtenir par la connaissance plus compl te des techniques de l esprit un r sultat qui pourra nous orienter vers une intellige
11. c est dire lorsqu il usera des fautes de raisonnement Quelques modes du penser inconscient subsistent comme nous le savons galement dans le conscient par exemple certaines formes de la repr sentation indirecte l allusion etc bien que leur emploi conscient soit soumis des restrictions assez importantes Gr ce ces techniques le mot d esprit ne heurte que peu ou prou la critique ce r sultat n est atteint que lorsque la technique met en uvre des moyens que la pens e consciente a d finitivement rejet s Le mot d esprit peut encore viter de heurter la critique s il sait dissimuler la faute de raisonnement s il sait la rev tir d une apparence de logique comme dans l histoire de la tarte et de la liqueur du saumon mayonnaise et autres anecdotes du m me genre Mais s il laisse subsister la faute de raisonnement sans la travestir il encourt coup s r l opposition de la critique Voici encore une autre conjoncture qui dans ce cas tourne l avantage de l esprit Les fautes de raisonnement dont il use dans sa technique comme modes de penser de l inconscient paraissent souvent sinon constamment comiques la critique La tol rance 230 consciente des modes de penser propres l inconscient et rejet s comme d fectueux est un des moyens utilis s pour produire le plaisir comique cela se comprend ais ment car l investissement pr conscient n cessite certainement une plus forte d pense que l invest
12. composantes Rote Fadian filandreux rouquin serait viable en toutes circonstances titre de simple injure dans notre cas particulier il appara t coup s r comme le produit d une condensation Si quelque lecteur commen ait s indigner de ces conclusions qui risquent de l emp cher de savourer l esprit sans lui r v ler la source de son plaisir je lui demanderais de patienter un moment Nous n en sommes encore qu l tude technique de l esprit tude pleine de promesses condition d tre suffisamment approfondie L analyse du dernier exemple nous a familiaris s avec cette ventualit tout en retrouvant dans d autres cas la condensation le substitut de l l ment supprim peut n tre pas fourni par un mot composite mais par toute autre modification de l expression D autres mots d esprit de M N nous montreront en quoi peut consister cette autre forme de la substitution J ai voyag t te b te avec lui Rien de plus facile que de r duire ce mot en ses l ments Il signifie videmment j ai voyag en t te t te avec X et X est une b te stupide Aucune de ces deux phrases n est spirituelle m me en les 22 juxtaposant l une l autre j ai voyag en t te t te avec cette b te stupide de X L esprit n appara t qu en laissant tomber la b te stupide et en la rempla ant dans le mot t te par la substitution du b au t Cette l g re modific
13. des deux la plus importante se fonde sur l observation de la diversit et de la plasticit individuelles du vivant Ainsi dans l imitation la source du plaisir comique ne serait pas le comique de situation mais le comique d attente Puisque nous avons fait d river le plaisir comique en g n ral d une comparaison nous voici tenus d analyser le comique de la comparaison elle m me galement apte rendre comique Notre int r t s accro tra si nous nous rappelons que dans le cas de la 237 comparaison le sentiment auquel nous faisons appel lorsqu il s agit de distinguer un mot d esprit d un mot tout simplement comique nous laisse souvent d sempar s Voir p 118 Ce th me m riterait certes plus de d veloppement que ne nous le permet le programme de nos recherches La qualit primordiale que nous exigeons de la comparaison c est d tre juste c est dire d attirer notre attention sur une concordance r ellement existante entre deux objets diff rents Le plaisir primitif que nous prouvons retrouver le semblable Groos p 133 n est pas le seul facteur qui favorise l emploi de la comparaison il faut encore ajouter que la comparaison est susceptible d un emploi qui all ge le travail intellectuel quand l on compare comme il est en g n ral d usage le moins connu au plus connu cette comparaison ce que l on lucide gr ce cette comparaison ce que l on conna t le moins bien et ce qui sembl
14. gligent et n glig tait le po te Henri Heine Bien des indices d montrent quel point Heine dans sa jeunesse et plus tard souffrit de l ostracisme de ses riches cousins C est sur le terrain de cette souffrance subjective qu est par la suite clos le mot famillionnaire Bien d autres bons mots de ce grand railleur laissent soup onner des conditions subjectives analogues mais je n en connais point o elles s imposent de fa on plus vidente c est pourquoi il serait hasardeux de chercher pr ciser davantage la nature de ces conditions personnelles aussi bien ne sera t on pas dispos attribuer a priori chaque mot d esprit des conditions g n ratrices aussi complexes A cet gard les mots d esprit d autres hommes c l bres ne se montrent pas plus r v lateurs et on a l impression que les d terminantes subjectives de l laboration de l esprit sont assez voisines de celles qui provoquent les n vroses lorsqu on apprend que Lichtenberg par exemple tait un hypocondriaque caract ris nanti de toutes sortes de singularit s La plupart des mots d esprit surtout ceux qui jaillissent de l actualit circulent de fa on anonyme on pourrait se demander par curiosit dans quelle cervelle ils sont clos Si les hasards de la profession m dicale vous mettent en pr sence d un de ces faiseurs de bons mots qui malgr leur m diocrit trouvent leur publie et poss dent leur actif nombre de mots d esprit
15. la phrase suivante Traurig aber wahr L effet comique dans ce cas n est pas diminu de ce fait que le mot composite n est pas une formation incompr hensible non viable en toute autre circonstance comme famillionnaire mais cadre parfaitement avec l un des deux l ments condens s J ai moi m me un jour sans le vouloir pendant une conversation fourni l occasion d un mot d esprit du type famillionnaire Je parlais une dame des grands m rites d un savant que je consid rais comme injustement m connu Mais dit elle cet homme m rite un monument Peut tre l aura t il un jour dis je mais pour le moment il a bien peu de succ s Monument et moment sont contradictoires La dame associant ces contraires ajoute Souhaitons lui alors un succ s monumentan Je trouve dans un excellent travail anglais consacr des questions du m me genre A A Brill Freud s Theory of Wit Journal of Abnormal Psychology 1911 quelques exemples en plusieurs langues qui rel vent du m me m canisme de condensation que notre famillionnaire L auteur anglais de Quincey rapporte Brill faisait observer que les vieillards ont tendance tomber dans l anecdotage Ce mot r sulte de la fusion et de la coalescence partielles de 18 anecdote et d o t a g e babil enfantin Dans une histoire br ve anonyme Brill trouva le temps de No l qualifi de the alcoholi
16. me d pense psychique que nous aurions transform e en indignation si la compr hension de la personne productrice et dans le cas pr sent aussi la nature du propos n excluaient pas une telle indignation Mais si nous prenons l exemple de l esprit na f comme prototype de l autre cas celui du choquant na f nous voyons que l encore l pargne des inhibitions peut r sulter directement de la comparaison qu il est inutile d admettre une indignation bauch e puis touff e et que cette derni re n quivaut qu un autre emploi de la d pense devenue disponible c est justement pour emp cher ce remploi que l esprit devait difier des organisations d fensives compliqu es Cette comparaison cette pargne de d pense r alis e par notre immixtion dans le processus psychique de la personne productrice ne peuvent acqu rir de l importance pour le na f que si elles ne s appliquent pas exclusivement lui En effet nous en venons supposer que ce m canisme absolument tranger l esprit constitue une partie et peut tre m me la partie essentielle des processus psychiques du comique Vu sous cet angle et c est l certainement l aspect le plus important du na f le na f est ainsi une des vari t s du comique Ce qui dans nos exemples de propos na fs s ajoute au plaisir de l esprit c est le plaisir du comique Quant ce dernier nous serions port s admettre qu il r sulterait en g n ral de la d
17. me n arrivera pas son adresse D apr s K Fischer Ce dernier exemple nous r v le le r le fondamental de l unification dans les mots qui visent l esprit d propos Or la repartie r side dans une riposte du tac au tac l agression dans le fait de savoir retourner le trait contre quelqu un le payer de la m me monnaie en un mot elle produit une unification inattendue entre l attaque et la contre attaque 75 Par exemple Le boulanger dit au traiteur dont le doigt suppure Tu l auras tremp dans ta bi re Non c est un de tes petits pains qui me sera rentr sous l ongle D apr s Ueberhorst Das Komische II 1900 Serenissimus voyageant dans ses tats remarque dans la foule un homme qui ressemble tonnamment sa haute personnalit Il lui fait signe d approcher et lui demande Ta m re n a t elle jamais servi au palais Non Altesse r pond celui ci c tait mon p re Le due Charles de W rtemberg au cours d une promenade cheval tombe sur un teinturier qu il trouve fort appliqu son travail Peux tu me teindre mon cheval blanc en bleu s crie le due Parfaitement Monseigneur r pond l autre condition qu il supporte l bullition Cette r ponse du berger la berg re qui r plique une question absurde par une condition aussi impossible que la question tait absurde met encore en uvre un autre proc d technique qu
18. nergie 172 d investissement de l inhibition devenue libre a eu lieu Ces m mes consid rations s appliquent aux mots d esprit fa ade comique dans lesquels le comique se fait l auxiliaire de la technique de l esprit Une fa ade comique seconde de plusieurs fa ons l effet du mot d esprit non seulement elle rend possible l automatisme du processus spirituel en captant l attention mais encore elle facilite la d charge par l esprit en la faisant pr c der d une d charge par le comique Le comique fait ici office de plaisir pr liminaire all chant ce qui nous explique comment certains mots d esprit peuvent renoncer enti rement au plaisir pr liminaire engendr par les techniques habituelles de l esprit et user comme plaisir pr liminaire du seul comique Parmi les techniques propres l esprit ce sont surtout le d placement et la repr sentation par l absurde qui en dehors de leurs autres propri t s sont le plus aptes d tourner l attention et favoriser ainsi le d roulement automatique du processus spirituel J ajoute ici un exemple de mot d esprit par d placement afin d exposer encore un autre caract re int ressant de la technique de l esprit La grande actrice Gallmeyer aurait r pondu dit on la question indiscr te Quel ge d un ton la Gretchen et les yeux pudiquement baiss s A Br nn C est bien l le prototype d un mot par d placement Interrog e sur son ge elle r pond par
19. ou rassembl es d une mani re ou de l autre donnent un sens diff rent par exemple liess mich das Platanenblatt ahnen la feuille de platane me laissait pressentir 30 wie du dem Inder hast verschrieben in der Hast verschrieben comme tu as prescrit l Indien ou bien comme tu as prescrit en h te Les syllabes qui sont deviner sont remplac es dans le contexte de la phrase d apr s le nombre des syllabes deviner par le mot expl tif dal Un coll gue du philosophe se vengea d une fa on spirituelle quand il apprit les fian ailles de cet homme qui d j tait d un certain ge en demandant Daldaldal daldaldal Brentano brennt a no Brentano br le t il encore Qu est ce qui tablit la diff rence entre ces nigmes daldal et les mots d esprit susmentionn s C est que dans les premi res la technique est impos e comme condition le texte est deviner tandis que dans les mots d esprit le texte est donn mais la technique cet cach e L emploi r p t du m me mot l tat complet puis l tat dissoci est le premier cas que nous ayons rencontr dans lequel la technique diff re de la condensation Apr s quelque r flexion et la faveur de nombreux exemples qui nous viennent l esprit nous devons supposer que la technique que nous venons de d couvrir ne peut gu re se restreindre ce proc d Des combinaisons dont le nombre appara t a priori comme incalculable p
20. peine une abr viation La dame dit dans son mot d esprit presque tout ce que notre commentaire pourrait exprimer de sa pens e Vous m avez intrigu e avec un parent de J J Rousseau peut tre m me avec un de ses parents intellectuels et voil un jeune imb cile roux un roux et sot J ai pu faire il est vrai une addition une interpolation mais cet essai de r duction ne supprime pas l esprit Tout se r duit et se borne au calembour Il s ensuit que la condensation avec substitution ne joue aucun r le dans la gen se de ce mot d esprit Quoi donc De nouveaux essais de r duction me d montrent que l esprit subsiste tant que le nom de Rousseau n est pas remplac par un autre En effet le remplace t on par celui de Racine la critique de la dame tout en demeurant aussi pertinente qu auparavant perd tout son esprit Je sais pr sent o chercher la technique de ce mot d esprit mais j h site encore sur sa formule essayons de la suivante la technique du mot d esprit consiste employer un seul et m me mot le nom de deux fa ons diff rentes une premi re fois dans son entier une seconde fois d compos en syllabes la fa on d une charade Je puis citer quelques exemples qui ressortissent la m me 29 technique Cette m me technique du double emploi se retrouve dans un mot d esprit qui permit dit on une darne italienne de se venger d une remarque d plac e de Napol on 1er Dans un bal
21. pfe rissen an der Hose der Geduld Jusqu ce que tous les boutons me soient saut s du pantalon de la patience Incontestablement ces deux derni res comparaisons offrent un caract re qui n est pas commun toutes les m taphores bonnes et justes Elles sont pourrait on dire minemment rabaissantes associant le noble l abstrait ici la biens ance la patience au concret le plus trivial la culotte Nous aurons encore nous demander ailleurs l occasion d autres associations si cette particularit offre quelque rapport avec le mot d esprit Essayons d analyser ici un autre exemple dans lequel ce caract re ravalant est tout particuli rement accus Le commis Weinberl dans la farce de Nestroy Einen Jux vill er sich machen Il veut s offrir une plaisanterie se d crit tel qu il se retrouvera lorsqu il sera devenu un vieux commer ant rassis voquant ses souvenirs de jeunesse Lorsqu au feu des confidences la glace se rompra devant le magasin du souvenir lorsque le portail de la cave du pass s ouvrira nouveau et que le comptoir de l imagination s encombrera des marchandises d autrefois Ce sont certainement des comparaisons entre des id es abstraites et des r alit s fort concr tes et banales mais l esprit est d totalement ou partiellement ce que ces comparaisons sont mises dans la bouche d un commis et emprunt es ses occupations journali res Cependant rapporter
22. plaisir ouvre la voie toutes les autres Nous reconnaissons maintenant en l esprit un facteur psychique capable par sa puissance de faire pencher la balance en sa faveur suivant le plateau dans lequel il est jet Les grandes tendances les grands instincts de la vie psychique l utilisent leurs fins Originairement sans tendance il tait tout d abord un jeu il entre secondairement en connexion avec des tendances auxquelles aucune manifestation de la vie psychique ne saurait la longue se soustraire Nous savons comment l esprit vient en aide aux tendances qui d shabillent aux tendances hostiles cyniques ou sceptiques Par l esprit obsc ne issu de la grivoiserie il fait du tiers primitivement trouble f te de la situation sexuelle en 150 l associant au plaisir un alli devant lequel la femme doit rougir Par un proc d analogue l esprit tendance agressive fait de l auditeur primitivement indiff rent un complice de ses haines et de ses m pris il suscite contre son ennemi une arm e d adversaires alors qu au d but il tait seul Dans le premier cas il triomphe de l inhibition de la pudeur et de ses biens ances par la prime de plaisir qu il offre dans le second il d route nouveau le jugement critique qui sans lui e t dans le d bat pes le pour et le contre Dans le troisi me et le quatri me cas l esprit en se mettant au service des tendances cyniques et sceptiques branle le respect d a
23. ponse voir les exemples Y a t il encore d autres exemples de la technique du d placement Ils ne sont certes pas faciles trouver Le mot d esprit suivant est un exemple galement fond sur une accentuation de la logique comme dans no tre exemple type du saumon mayonnaise Un maquignon offre son client un cheval de selle Si vous prenez ce cheval et si vous partez quatre heures du matin vous serez six heures et demie Presbourg Et que ferai je Presbourg six 58 heures et demie du matin Le d placement est ici patent Le maquignon n envisage l arriv e matinale dans cette petite ville que pour faire valoir les qualit s de son cheval Le client ne s inqui te pas de la valeur de la b te dont il ne doute pas il ne fait tat que des donn es de temps et de lieu all gu es titre d argument La r duction de ce mot n est pas difficile En voici un autre dont la technique est beaucoup plus difficile d m ler mais qui en derni re analyse se r duit un double sens avec d placement Ce mot d esprit a pour objet le subterfuge d un marieur juif et appartient un groupe qui nous occupera encore plusieurs reprises Le marieur avait affirm au pr tendant que le p re de la jeune fille n tait plus en vie Apr s les fian ailles on apprend que celui ci vit mais purge une peine de prison Le pr tendant fait des reproches au marieur Mais dit ce dernier que vous ai je
24. res intellectuels et 219 psychiques d une autre personne ressort videmment lui aussi d une comparaison de cette personne avec mon propre moi il est cependant remarquable que le plus souvent le r sultat de cette comparaison soit l oppos de celui que l on obtient dans le cas du mouvement ou de l acte comiques Dans ce dernier Cas mon cong n re me semblait comique parce que sa d pense tait sup rieure celle que je croyais n cessaire dans le cas de la production psychique au contraire le comique surgit lorsque ce cong n re s est pargn une d pense qui me parait indispensable car le non sens et la sottise r sultent d un fonctionnement psychique un niveau inf rieur Dans le premier cas je ris parce que l autre personne a fait trop d efforts dans le second parce qu elle en a fait trop peu Il appara t donc que la cheville ouvri re du comique n est que la diff rence de deux d penses d investissement d pense par sympathie et d pense de mon moi peu importe au profit de qui s tablit cette diff rence Cette bizarrerie qui semblerait tout d abord appel e garer notre jugement s efface toutefois si nous consid rons que restreindre notre activit musculaire et accro tre notre activit intellectuelle est conforme la direction que nous poursuivons dans notre volution vers un degr de culture sup rieure L l vation de notre d pense cogitative restreint la d pense motrice n cess
25. s il vous pla t le Yomkippour le grand pardon Aesoi En yiddish c est ainsi N d T s crie le Juif en remettant ses pieds sur la banquette avant de r pondre On ne peut nier que cette repr sentation par un d tail ne se rattache cette tendance l pargne seul et ultime facteur commun que laissent subsister nos investigations relatives la technique de l esprit des mots Voici un exemple tr s voisin 90 Le m decin qui doit assister l accouchement de la baronne d clare que le moment n est pas encore venu et propose au baron une partie de cartes dans la chambre voisine Quelque temps apr s un appel de la baronne en fran ais retentit l oreille des deux messieurs Ah mon Dieu que je souffre Le mari sursaute mais le m decin demeure calme Ce n est rien jouons toujours Un peu plus tard un g missement cette fois en allemand Dieu Dieu que je souffre Voulez vous entrer monsieur le professeur dit le baron Ce n est pas encore le moment Enfin on entend dans la chambre voisine un cri inarticul en yiddish Ai ai waih alors le m decin jette ses cartes et dit C est le moment Pour montrer que la douleur fait surgir la nature primitive en d pit des entraves de l ducation et qu juste titre un fait en apparence insignifiant emporte une d cision importante ce mot d esprit excellent s appuie sur les modalit s successives
26. sence d un objet est d finie par cette condition que loin de rien demander cet objet surtout aucune satisfaction d ordre utilitaire nous nous contentons de la jouissance que nous procure sa contemplation L attitude esth tique est celle du jeu et non point celle du travail La libert esth tique serait peut tre susceptible de conditionner une vari t de jugement lib r de ses entraves et de ses directives habituelles un jugement que en raison de son origine nous appellerons jugement ludique et il se pourrait que cette notion impliqu t la donn e primordiale sinon J quation int grale de notre probl me La libert dit Jean Paul donne l esprit et l esprit la libert L esprit est un simple jeu d id es p 24 On s est toujours plu d finir l esprit comme l aptitude d couvrir le semblable au sein du dissemblable c est dire des ressemblances cach es Jean Paul a donn cette m me id e une formule spirituelle L esprit dit il est un pr tre travesti qui unit tous les couples Th Vis cher ajoute Il se pla t sceller les unions qui d plaisent aux familles Vischer objecte qu il y a n anmoins des mots d esprit qui ne comportent aucune comparaison donc aucune recherche de ressemblance S cartant l g rement de Jean Paul il d finit l esprit l aptitude la virtuosit introduire l unit parmi plusieurs notions absolument trang res l une l autre ta
27. t si rarement donn es il faut incriminer la r serve plut t louable que nous avons observ e Le terrain sur lequel nous nous sentons en s ret est celui de la pathologie de la vie psychique c est l que nous faisons nos observations que nous acqu rons nos convictions Nous ne nous permettons provisoirement de juger le normal que dans la mesure o nous parvenons le deviner parmi les isolations et les d formations du pathologique Si nous surmontons un jour notre timidit nous reconna trons le grand r le d volu dans la compr hension des processus psychiques tant aux relations statiques qu aux changes dynamiques int ressant la quantit de l nergie d investissement Je pense ainsi que l explication ventuelle que nous avons propos e m rite d tre retenue une personne se trouvant dans une situation donn e surinvestit soudain son surmoi et dans cette attitude nouvelle modifie les r actions de son moi Cette hypoth se relative l humour rappelle de fort pr s ce qui se passe par ailleurs dans le domaine de l esprit qui lui est si troitement apparent Voici le m canisme g n tique de l esprit qu il me fallut en effet reconna tre une pens e pr consciente est pour un moment abandonn e l laboration inconsciente l esprit serait ainsi la contribution que l inconscient apporte au comique Semblablement l humour serait la contribution apport e au comique par l interm diaire du surmoi Nou
28. tout au moins dans la mesure o elles permettent de se former une opinion sur la nature de ce processus psychique Jusqu ici nous ne sommes pas encore parvenus nous former cette opinion 99 mais en revanche nous avons trouv un indice important qui nous montre de quel c t nous pouvons esp rer acqu rir quelques nouvelles clart s sur le probl me Les processus si int ressants de la condensation avec formation substitutive qui comme nous l avons appris forment la base de la technique de l esprit des mots nous ont rappel le formation du r ve dans le m canisme duquel nous avons d couvert les m mes processus psychiques Mais la formation du r ve nous est aussi rappel e par les techniques de l esprit de la pens e le d placement les fautes de raisonnement le contresens la repr sentation indirecte la repr sentation par le contraire qui solidairement ou isol ment trouvent leur place dans la technique de l laboration du r ve Le d placement donne au r ve cet aspect trange qui emp che de le consid rer comme faisant suite aux pens es de l tat de veille l emploi du contresens et de l absurde a co t au songe sa dignit de production psychique il a induit les auteurs assigner comme condition la formation du r ve la d ch ance de l activit intellectuelle la tr ve de la critique de la morale et de la logique La repr sentation par le contraire est si courante dans le r ve que tout erron
29. tout comme le marieur les d fauts de la pr tendue On peut dire aussi que A met un et l o seule l alternative ou ou bien serait de mise 67 L histoire suivante repose galement sur un sophisme C est encore une histoire de marieur Le pr tendant objecte que la demoiselle a une jambe trop courte et qu elle boite Le marieur r pond Vous avez tort Supposez que vous pousiez une femme aux jambes droites et gales Qu en aurez vous Vous ne pouvez tre s r qu elle ne tombera pas un jour et ne se brisera pas une jambe et ne restera pas estropi e pour le restant de sa vie d o douleur agitation honoraires m dicaux Si vous prenez cette femme vous serez l abri de ce tintouin c est chose faite L apparence de logique est ici bien maigre et personne ne pr f rerait un malheur accompli un malheur ventuel Le d faut du raisonnement sera plus saillant encore dans un autre exemple difficile traduire du jargon avec tout son sel Dans le temple de Cracovie le grand rabbin N prie au milieu de ses disciples Soudain il laisse chapper un cri ses fid les lui en demandent la cause Le grand rabbin de Lemberg vient de mourir La communaut se met en deuil Les jours suivants On interroge tous ceux qui arrivent de Lemberg sur la mort du rabbin et sur sa maladie Nul ne peut r pondre ils l ont tous laiss en fort bonne sant Enfin il demeure av r que le rabbin de Lemberg n
30. Kneipzeitung en allemand N d T qui d figure jusqu l absurde les acquisitions nouvelles de la science un d dommagement aux inhibitions nouvellement acquises par sa pens e Bagou de la bi re et Chronique des buvettes ces noms seuls t moignent de ce que la critique qui a refoul le plaisir du non sens est devenue ce point imp rieuse que sans appoint toxique elle ne peut se rel cher f t ce un seul instant La modification de l humeur est ce que l alcool peut offrir de plus pr cieux l homme et ce qui fait 143 que tous les hommes ne renoncent pas avec la m me facilit ce poison L humeur enjou e d origine endog ne ou toxique abaisse les forces d inhibition la critique en particulier et rend par l de nouveau abordables des sources de plaisir dont la r pression fermait l acc s Il est fort instructif de noter combien l exaltation de l humeur nous rend peu exigeants sur la qualit de l esprit C est que l humeur suppl e l esprit comme l esprit doit s efforcer de suppl er cette humeur qui offre des possibilit s de jouissance habituellement inhib es et parmi ces derni res le plaisir de l absurde Avec peu d esprit et beaucoup de plaisir L alcool fait de l adulte un v ritable enfant qui prend plaisir se laisser aller au fil de ses pens es sans souci des contraintes de la logique Nous esp rons avoir tabli que les techniques de l esprit par l abs
31. Selon moi ce dernier facteur est secondaire et je ne vois pas de raison de renoncer la conception plus simple d apr s laquelle la reconnaissance en soi est un plaisir en raison de la r duction de la d pense psychique et d apr s laquelle les jeux fond s sur ce plaisir n useraient du m canisme de la stagnation qu afin d exalter ce plaisir De m me il est de notori t publique que la rime l allit ration le refrain et autres formes de la r partition des sons en po sie exploitent cette m me source du plaisir retrouver le connu Le sentiment de force ne joue aucun r le appr ciable dans ces techniques si troitement apparent es celle de l emploi multiple au domaine de l esprit tant donn l troitesse des rapports qui unissent la reconnaissance au souvenir il n est plus hasard de supposer qu il existe de m me un plaisir du souvenir c est dire que l acte du souvenir par lui m me s accompagne d un sentiment de plaisir d origine analogue Groos ne semble pas hostile une telle hypoth se mais nouveau il fait d river le plaisir du souvenir du sentiment de puissance qui serait la cause primordiale de la jouissance inh rente la plupart des jeux 138 A mon avis il se trompe Retrouver le connu est encore le principe d une autre technique auxiliaire de l esprit technique dont il n a pas encore t question Je veux parler de l actualit source f conde de plaisir qu expl
32. Simplizissimus par exemple sont ce point de vue arriv s des r sultats tout fait tonnants en produisant l humour aux frais de l pouvante et du d go t Du reste les formes sous lesquelles l humour se pr sente sont d termin es par deux particularit s qui d pendent des conditions de son closion L humour peut tout d abord fusionner avec l esprit ou avec une autre vari t du comique son r le consiste alors liminer l ventualit du d veloppement d un affect ventualit impliqu e par la situation et susceptible d entraver l effet de plaisir Il peut en second lieu ou compenser compl tement le d veloppement de cet affect ou simplement l att nuer ce qui repr sente m me le cas le plus fr quent car le moindre effort ainsi que les diverses formes de l humour mouss gebrochener Humor Un terme que dans son esth tique Fr Th Vischer emploie dans un sens tout diff rent r alise cet humour qui sourit travers les larmes Il enl ve l affect une partie de son nergie et lui donne en change la r sonance humoristique Comme nous l ont montr les exemples pr c dents le plaisir humoristique obtenu par sympathie avec l auteur de l humour tire son origine d une technique particuli re qu on pourrait comparer au d placement technique qui d oit l affect d j pr t se d clencher pour porter l investissement sur un autre point souvent accessoire Mais nous n en s
33. a t elle t lib r e Car chez le premier personnage du mot d esprit se poursuit l laboration de l esprit qui doit correspondre une certaine somme de d pense psychique nouvelle C est donc la pre mi re personne qui fournit elle m me la force n cessaire la lev e de l inhibition il en r sulte certainement pour elle un b n fice de plaisir dans le cas de l esprit tendancieux puisque le plaisir pr liminaire acquis par l laboration de l esprit se charge lui m me des d marches ult rieures n cessaires la lev e de l inhibition mais dans chaque cas il faut 169 d falquer du profit r alis par la lev e de l inhibition la d pense n cessit e par l laboration de l esprit c est pr cis ment cette d pense qui est pargn e l auditeur du mot d esprit Nous pouvons ajouter l appui de ce qui pr c de que pour le tiers aussi le mot d esprit perd son effet risible d s qu il exige un effort de travail c r bral Les allusions du mot d esprit doivent sauter aux yeux les ellipses doivent tre faciles r tablir d s qu il n cessite la r flexion consciente le mot fait en g n ral long feu C est l une diff rence importante entre le mot d esprit et l nigme peut tre la constellation psychique qui pr side l laboration de l esprit n est elle point favorable en somme la libre d charge du gain r alis Ici nous ne sommes d ailleurs pas en tat d aller beaucoup plus loin nous avons pu
34. au domaine fort lointain de la politique domaine qui est s r de solliciter notre int r t parce qu il est l ordre du jour de nos pr occupations De m me cet autre mot d esprit cette jeune fille me rappelle Dreyfus l arm e ne croit pas son innocence nous semble aujourd hui singuli rement p rim bien que toutes ses ressources techniques soient demeur es identiques La sid ration obtenue par la comparaison et le sens quivoque du mot innocence ne peuvent emp cher que cette allusion en son temps toute pimpante d actualit nous semble aujourd hui compl tement 139 d nu e d int r t Voici encore un mot d actualit la princesse royale Louise s tait adress e l administration du four cr matoire de Gotha pour savoir ce que co terait une incin ration On lui r pondit Sonst 5 000 Mark ihr werde man aber nur 3 000 Markberechnen da sie schon einmal durchgebrannt sei 5 000 Mark pour les autres mais pour elle ce sera seulement 3 000 car elle s est d j br l une fois les ailes Durchgebrania br l mais aussi s vader N d T Un tel mot semble aujourd hui irr sistible bient t ce mot sera beaucoup moins appr ci et plus tard lorsqu il ne pourra plus tre racont sans commentaire sur la personnalit de la princesse et sur le sens qu il convient de donner au durchgebrannt ses qualit s de jeu de mots ne lui serviront plus de rien Un grand nombre des mots d
35. autre ce qui pourrait passer frottement il est vrai pour l quivalent du proc d de d placement Au contraire dans le mot par d placement le mot d esprit lui m me comporte une suite d id es qui a d j subi un tel d placement ce d placement appartient ici l laboration qui a r alis le mot d esprit non point celle qui est n cessaire sa compr hension Au cas o cette distinction garderait quelque obscurit les tentatives de r duction nous fourniraient un moyen infaillible de faire appara tre cette diff rence Nous ne discuterons pas cependant la valeur de cette objection Elle nous emp che de confondre les processus psychiques qui pr sident la production de l esprit l laboration de l esprit avec ceux qui servent l enregistrer travail de compr hension Ce sont les premiers Pour les derniers voir les chapitres ult rieurs seuls que nous envisageons dans nos investigations actuelle Il est peut tre opportun de joindre quelques remarques explicatives le d placement joue toujours entre un discours et une r ponse dont la suite des id es prend un cours diff rent de celui qu indiquait le discours initial La diff renciation entre d placement et double sens trouve sa meilleure justification dans les exemples o tous deux se combinent o par cons quent les termes du discours admettent un double sens qui n est pas dans l esprit de l interlocuteur mais qui permet le d placement dans la r
36. autre particularit qui le distingue encore du comique Si je rencontre le comique sur ma route je puis moi m me en rire de bon c ur il est vrai que je puis aussi trouver l occasion de faire rire un autre en lui en faisant part Mais le mot d esprit qui m est venu l id e que j ai fait je ne peux pas en rire moi m me en d pit de l agr ment indiscutable que je lui trouve Il est possible qu il y ait quelque rapport entre mon besoin de communiquer le mot d esprit autrui et cet effet risible qui m est interdit moi m me tandis qu il se manifeste chez autrui Pourquoi donc ne puis je rire moi m me de mon propre mot d esprit Et quel est en l esp ce le r le assign autrui Occupons nous tout d abord de la seconde question Dans le comique interviennent en g n ral deux personnages en dehors de mon moi le sujet chez lequel je d couvre le trait comique si je trouve du comique aux objets c est qu en vertu d une d marche assez famili re notre repr sentation je personnifie cet objet Ces deux personnages le moi et la personne objet suffisent au processus comique l intervention d une tierce personne est possible mais non point indispensable Le mot d esprit en tant que jeu avec ses propres paroles ses propres pens es se passe tout d abord de personne objet mais d s le stade pr liminaire de la plaisanterie lorsqu il a r ussi 162 soustraire le jeu et le non sens aux objections de la raison i
37. aux facteurs num r s plus haut reconnaissance etc le jeu avec les mots produit videmment du plaisir et de ce fait n est gu re sujet la r pression Le jeu avec les pens es ne peut pas tre motiv par un plaisir du m me genre aussi ce jeu a t il succomb une r pression tr s nergique et le plaisir qu il est m me de fournir n est que celui de la lev e de l inhibition on peut donc dire que le plaisir de l esprit est compos d un noyau form par le plaisir primitif du jeu et d une coque constitu e par le plaisir de la lev e d une inhibition Naturellement nous ne nous apercevons pas de ce que le plaisir du mot d esprit par non sens provient de ce que nous ayons r ussi lib rer un non sens malgr la r pression tandis que nous nous rendons compte imm diatement de ce qu un jeu avec les mots nous a fourni du plaisir Le non sens qui est rest en suspens dans le mot d esprit de la pens e acquiert secondairement la fonction de captiver notre attention par la sid ration il sert renforcer l effet du mot d esprit condition toutefois que le non sens soit assez frappant pour permettre la sid ration de devancer de quelques secondes la compr hension 156 Le non sens peut servir en outre repr senter un jugement qui est contenu dans la pens e comme nous l avons d montr dans les exemples cit s la page 81 et suiv Mais telle n est pas non plus la fonction primordiale du non sens dans l e
38. avaler l outrage Heureusement l esprit offre la possibilit de rendre sans danger autrui la monnaie de sa pi ce de saisir l allusion par le moyen technique de l unification et de la retourner contre l assaillant L impression du spirituel est ici si intimement d termin e par la tendance que en pr sence de la riposte spirituelle nous tendons oublier que la question agressive elle m me joue de l esprit par allusion Si fr quent est l obstacle cr l injure ou la riposte outrageante par des causes extrins ques que l esprit tendancieux affecte une 118 pr dilection toute sp ciale pour l attaque ou la critique des gens haut plac s et des gens qui pr tendent au pouvoir L esprit permet alors de s insurger contre une telle autorit et par l de se lib rer de son poids L r side aussi l attrait de la caricature qui nous fait rire m me quand elle est peu r ussie par cette seule raison que nous lui savons gr de s insurger contre l autorit Si nous retenons ce fait que l esprit tendancieux se pr te si bien l attaque contre tout ce qui est grand respectable et puissant et que l inhibition int rieure ou les circonstances ext rieures pr servent de la d consid ration directe force nous est d envisager part certains groupes de mots d esprit qui semblent viser des personnes inf rieures et faibles J ai en vue les histoires de marieurs dont nous avons rapport quelques exemples au cours de l exame
39. c double sens ou du jeu de mots formes qui depuis longtemps sont n cessairement reconnues et consid r es comme des l ments de la technique de l esprit Pourquoi nous tre donn la peine de red couvrir ce que nous aurions pu tirer du Trait de l esprit le plus banal C est que soit dit tout d abord notre d charge nous saisissons sous un angle diff rent un m me artifice de l expression discursive Ce que les auteurs envisagent comme le caract re ludique de l esprit revient pour nous l emploi multiple Les autres modalit s de l emploi multiple que l on peut aussi sous le nom de double sens grouper dans une troisi me cat gorie sont susceptibles d tre subdivis es en groupes il est vrai aussi peu diff rents l un de l autre que la troisi me cat gorie l est dans son ensemble de la seconde 35 On peut distinguer a les cas o le double sens r sulte d un nom propre poss dant en ou tre un sens objectif appliqu un objet p ex Pistolet nom propre je te presse de quitter notre soci t dans Shakespeare Mehr Hof als Freiung plus de cour que de demande en mariage disait un homme d esprit de Vienne de certaines jeunes filles fort jolies et fort courtis es qui n avaient pas encore trouv d pouseur Hof cour et Freiung lieu d asile ou demande en mariage sont aussi les noms de deux places contigu s occupant le centre de Vienne Hein
40. caract re n tant certes pas inh rent la comparaison en tant que moyen d expression de la pens e ni au processus de la comparaison Il ne nous reste ainsi qu ranger la m taphore parmi les formes de la repr sentation indirecte auxquelles la technique de l esprit a recours et laisser en suspens ce probl me que la m taphore nous a pos beaucoup plus nettement encore que les autres proc d s de l esprit pr c demment envisag s Aussi doit il exister une raison sp ciale qui fait qu il nous est plus difficile pour la m taphore que pour tout autre mode d expression de d cider si nous sommes ou non en pr sence d un mot d esprit Mais cette lacune dans notre compr hension ne nous autorise pas nous plaindre de ce que nos premi res recherches soient demeur es st riles En raison des rapports intimes qui s imposaient nous entre les diverses qualit s de l esprit il e t t imprudent de compter clairer totalement une des faces du probl me avant d avoir jet un coup d il sur les autres Il va nous falloir pr sent aborder le probl me par un autre c t Sommes nous s rs de ne pas avoir dans nos recherches laiss chapper une quelconque des techniques de l esprit Pas tout fait mais en poursuivant nos tudes sur des mat riaux nouveaux nous pourrons nous convaincre de ce que nous avons pass en revue les techniques les plus usuelles et les plus importantes de l laboration de l esprit
41. ce n est que par une simple transposition des deux phrases que le jugement sur l homme se distingue de l allusion la femme A cela ne se borne pas la technique de ce mot d esprit Aussi peu que dame l excellent mot d esprit d Olivier Wendell Holmes cit par Drill Put not your trust in money but put your money in trust Voil une contradiction dont on est pr venu contradiction qui pourtant ne se r alise pas La deuxi me partie de la phrase supprime la contradiction Du reste un bon exemple de l impossibilit de traduire des mots d esprit de ce genre On ouvre un vaste champ la technique de l esprit lorsque l on largit l utilisation du m me mat riel verbal jusqu permettre que le mot ou le groupe de mots vecteurs de l esprit apparaissent la premi re fois dans leur int gralit la seconde fois l g rement modifi s Voici par exemple un autre mot de M N 32 Monsieur le Conseiller dit il je connaissais votre ant s mitisme j ignorais votre antis mitisme Ici tout se borne la modification d une seule lettre modification qui est peine remarqu e si l on prononce avec quelque n gligence Cet exemple rappelle les autres mots de M N form s par modification v p 31 toutefois il lui manque la condensation Tout ce qui doit tre dit est dit Je sais qu autrefois vous tiez juif je suis donc tonn de vous entendre injurier les juifs Un bel exemple de mot d esprit p
42. celle que 209 provoquerait parfois en nous la grivoiserie intentionnelle si un autre facteur ne faisait avorter cette indignation et ne fournissait en m me temps la majeure partie du plaisir du na f Cet autre facteur est repr sent par la condition ci dessus mentionn e savoir que pour reconna tre le na f il importe de nous rendre compte de ce que la personne productrice ne poss de point l inhibition interne Ce n est qu apr s nous en tre assur s que nous rions au lieu de nous indigner Nous tenons en effet compte de l tat psychique de la personne productrice nous nous mettons sa place et cherchons comprendre son tat psychique par comparaison avec le n tre De cette mani re de nous mettre sa place et de nous comparer elle r sulte une pargne d effort psychique qui se d charge par le rire On pourrait pr f rer cette explication plus simple en pensant l absence de l inhibition chez la personne qui commet le na f l indignation deviendrait inutile le rire se produirait donc aux d pens de l indignation pargn e Pour carter cette conception qui en g n ral est propre nous garer je veux tablir une distinction plus nette entre deux cas que dans l expos qui pr c de j avais tout d abord associ s Le na f qui se pr sente nous peut tre de nature spirituelle comme le montrent nos exemples ou de nature grivoise choquante ce qui arrivera notamment si le na f s ext riori
43. ces abstractions au cadre de l activit professionnelle de sa vie est un acte d unification Revenons aux comparaisons de Lichtenberg 96 Die Bewegungsgr nde On dirait aujourd hui Beweggr nde mobiles woraus man etwas tut k nnten so mie die 32 Winde geordnet und ihre Namen auf eine hnliche Art formiert werden z B Brot Brot Ruhm oder Ruhn Ruhm Brot Les mobiles de nos actions pourraient l exemple des 32 vents tre ordonn s et d nomm s suivant une terminologie analogue pain pain gloire ou gloire gloire pain Comme il arrive si souvent en pr sence des mots d esprit de Lichtenberg l impression du topique du tranchant du sagace domine au point d garer le jugement que nous portons sur le caract re du spirituel Si dans une telle phrase un l ment d esprit s ajoute un fond si judicieux nous serons probablement dispos s con sid rer l ensemble comme un mot d esprit excellent J avancerai plut t que tout l effet spirituel r sulte de l tonnement caus par l trange assemblage pain pain gloire Donc ce mot d esprit se ram ne encore la repr sentation par contre sens L association bizarre ou l pith te absurde peuvent encore tre consid r es comme le r sultat propre d une comparaison qui se suffit elle m me Lichtenberg Eine Zzweischl frige Frau Ein einschl friger Kirchenstuhl Une femme endormie deux Un si ge d glise endormant En alle
44. ciale elle est justement la concision spirituelle Certes le b n fice de plaisir primitif que nous trouvions jouer avec les mots et les pens es manait d une simple pargne d effort mais en passant du jeu l esprit la tendance l pargne dut elle aussi modifier ses objectifs car l pargne r alis e en employant les m mes mots ou en vitant de nouveaux agencements de pens es e t t insignifiante au regard de la d pense colossale de notre activit cogitative Nous pouvons comparer l conomie psychique la gestion d une entreprise commerciale Tant que les transactions sont peu importantes il s agit de d penser le moins possible et de r duire au minimum les frais d administration L pargne d pend encore de la valeur absolue de la d pense Plus tard lorsque les affaires ont pris de l extension l importance relative des d penses administratives diminue la somme totale des d penses perd de son importance pourvu que le nombre des transactions et leur rendement s accroissent dans des proportions suffisantes Il serait mesquin voire m me pr judiciable de l siner sur les d penses de l exploitation Toutefois on aurait tort de penser que m me dans les grosses affaires une sage tendance l pargne ne soit plus de mise L esprit d conomie du chef cherchera l pargne dans tous les 177 chapitres il se montrera satisfait si une m me gestion ant rieurement fort on reuse peut se r aliser
45. couverte du connu ou du remplacement des associations pragmatiques par les associations verbales il est cependant fort ais de d montrer qu ils ressortissent l pargne et l all gement de la d pense psychique Il est plus facile et plus commode d abandonner le chemin d j battu par la pens e que de s y tenir de rassembler p le m le des l ments h t roclites que de les opposer les uns aux autres il est particuli rement ais d admettre des formules syllogistiques 141 r pudi es par la logique et enfin d accoupler les mots et les id es sans souci de leur sens voil qui est hors de doute or ce sont l pr cis ment les m thodes des techniques spirituelles en question Il est cependant tonnant que ce faisant l laboration de l esprit soit une source de plaisir puisque en dehors de l esprit toute manifestation analogue du moindre effort intellectuel veille en nous de d sagr ables sentiments de r pulsion Dans la vie s rieuse le plaisir du non sens comme nous dirons par abr viation se cache il est vrai au point de dispara tre Pour le mettre en vidence il nous faut recourir deux cas dans lesquels il appara t encore ou se r v le nouveau c est l attitude de l enfant qui apprend encore et celle de l adulte dont l humeur a t modifi e par un toxique Lorsque l enfant apprend le vocabulaire de sa langue maternelle il se plait exp rimenter ce patrimoine de fa on ludiqu
46. d veloppement intellectuel et moral de l enfant le sot m appara trait ainsi comique dans la mesure o il me rappellerait un enfant paresseux l homme mauvais dans la mesure o il me rappellerait un enfant m chant D un plaisir de l enfance perdu par l adulte il ne pourrait tre question que dans le cas de la joie du mouvement si propre l enfant 257 Le deuxi me cas dans lequel le comique repose int gralement sur la sympathie embrasse les ventualit s les plus nombreuses le comique de la situation de l hyperbole caricature de l imitation de la d gradation et du d masquage C est le cas qui tire le plus grand profit de l intervention du point de vue infantile Le comique de situation est en effet conditionn en majeure partie par les circonstances embarrassantes dans lesquelles nous nous retrouvons aussi d sarm s qu un enfant la pire de ces situations celle o nous sommes troubl s au cours de nos occupations par les exigences imp rieuses de nos besoins corporels r pond la ma trise encore incompl te de l enfant sur ses fonctions somatiques Dans les cas o le comique de situation r side dans la r p tition il s appuie sur ce plaisir si particulier que l enfant trouve r p ter des questions des histoires et qui fait de lui le fl au de l adulte L hyperbole qui pla t encore l adulte condition toutefois qu elle trouve moyen de ne pas heurter sa critique correspond au manqu
47. dans le contraste quantitatif dans la comparaison entre le petit et le grand ce qui en fin de compte exprime aussi la relation essentielle de l enfant l adulte serait en effet une co ncidence trange si le comique n offrait d autres rapports avec l infantile x kK 259 Si superficielle que soit une tude du comique elle para trait notoirement incompl te si elle ne comportait encore quelques remarques relatives l humour La parent de leur nature est si peu douteuse qu un essai sur le comique doit apporter au moins un appoint la compr hension de l humour Tout ce que l on a crit de juste sur l humour tous les loges qu on lui a d cern s car l humour est une des manifestations psychiques les plus lev es et les plus ch res aux penseurs le tout ne nous dispense pas de chercher exprimer son essence suivant les formules que nous avons appliqu es au comique et l esprit Nous avons vu que le d clenchement d affects p nibles constitue le plus grand obstacle l effet comique Du moment que le mouvement mal adapt ses fins cause un dommage que la sottise m ne mal que la d sillusion produit la douleur la possibilit de l effet comique n existe plus du moins pour celui qui ne peut se d fendre de ces sentiments p nibles qu il soit frapp lui m me ou qu il soit atteint par ricochet par contre l attitude d un tiers d sint ress fait voir qu en pareil cas la situation comporte
48. de sens cach de sid ration et lumi re En d pit de tous nos efforts impossible de d couvrir un contraste de repr sentations c est avec 34 beaucoup de peine qu on pourrait saisir un contraste entre les mots et leur sens Pas l ombre d une abr viation la phrase au contraire affecte une certaine prolixit Et cependant c est un mot d esprit et des meilleurs Son seul caract re frappant r side dans l emploi multiple des m mes mots c est galement le caract re dont la suppression fait dispara tre l esprit Veut on le classer on peut choisir entre la cat gorie qui emploie les mots alternativement dans leur int gralit et dans leurs composantes Rousseau Antigone et cette autre cat gorie qui joue sur le plein sens et le sens d color des l ments du mot En outre il n y a qu un seul autre facteur qui soit consid rer du point de vue de la technique C est l tablissement d un rapport inaccoutum d une sorte d unification en d finissant Eifersucht par les syllabes m mes de son nom pour ainsi dire par elle m me C est l encore comme nous l apprendrons ici un des proc d s de la technique de l esprit Chacun de ces deux facteurs doit donc suffire conf rer un discours le caract re spirituel que l on recherche Or si nous tudions de plus pr s les vari t s de l emploi multiple d un m me mot nous nous apercevons tout d un coup que nous avons affaire des formes du
49. de l rudition avec l absorption de la nourriture mat rielle Il tait f ru de l instruction en chambre tait donc pleinement partisan de l affouragement savant l curie D autres m taphores du m me auteur pr sentent ces m mes pith tes absurdes ou du moins frappantes qui comme nous commen ons nous en apercevoir sont les v ritables agents vecteurs de l esprit Voici la fa ade expos e de ma constitution morale c est elle qui peut supporter le choc Chaque homme poss de un backside verso moral qu il ne montre pas sans n cessit et qu il cache autant que possible sous la culotte des bien s ances Le backside moral voil une pith te bien suggestive r sultant d une comparaison La comparaison se poursuit par un jeu de mots en bonne et due forme n cessit puis surgit une seconde alliance de mots encore plus insolite la culotte des biens ances qui est peut tre spirituelle par elle m me car les culottes deviennent spirituelles tre pour ainsi dire celles de la biens ance Aussi ne faut il pas s tonner de ce que l ensemble donne l impression d une comparaison fort spirituelle nous nous en apercevons peu peu nous sommes en g n ral dispos s tendre un ensemble un 95 caract re qui n appartient qu l une de ses parties La culotte des biens ances rappelle du reste ce vers sid rant de Heine Bis mir endlich alle Kn
50. des R ves 7e dition 1922 et Gesamrnelle Schriften v II Trad Meyerson Alcan Paris 1926 cherchait r soudre les nigmes du r ve et d montrer que celui ci est le d riv de manifestations psychiques normales J ai eu 26 l occasion d y confronter le contenu manifeste souvent trange du r ve avec les pens es oniri ques latentes mais parfaitement pertinentes qui lui ont donn naissance j y tudie le processus qui avec les pens es oniriques latentes forme le r ve ainsi que les forces psychiques qui prennent part cette transformation J ai donn l ensemble de ces processus de transformation le nom d laboration du r ve j ai d crit comme un des l ments de cette laboration du r ve un processus de condensation qui pr sente les plus grandes analogies avec celui de la technique du mot d esprit dans les deux cas la condensation conduit l abr viation et cr e des formations substitutives d un caract re semblable Nous avons tous pr sents l esprit des r ves au cours desquels les personnages ainsi que les objets fusionnent entre eux le r ve fusionne m me des mots que l analyse permet ensuite de dissocier p ex Autodidasker Autodidakt Lasker Die Traumdeutung 7e d p 204 et suiv Trad Meyerson p 269 et suiv D autres fois et m me plus souvent encore la condensation r alise dans le r ve non point des formations composites mais des images absolument conformes un
51. des plaintes d une femme du monde qui accouche KK Un autre mode de repr sentation indirecte dont use le mot d esprit est la comparaison nous avons tard nous en occuper parce que non seulement son appr ciation soul ve des difficult s nouvelles mais encore nous remet aux prises avec des difficult s que nous avions d j ren contr es pr c demment A propos de certaine exemples que nous apportions l appui de nos recherches nous avons d j admis qu il est difficile de d terminer si l on peut apr s tout les classer parmi les mots d esprit et nous avons reconnu que cette incertitude tait de nature branler les bases m mes de notre tude Mais aucun autre point de noire travail ne m a donn plus nettement et plus souvent ce 91 sentiment d incertitude que les mots d esprit par m taphore Ce sentiment qui dans les m mes conditions moi comme bien d autres probablement nous dit d embl e avant m me d avoir d couvert l essence du caract re latent d un mot d esprit voil un mot d esprit voil ce qu on peut faire passer pour un mot d esprit ce sentiment dis je me laisse le plus souvent d sempar lors qu il s agit des comparaisons spirituelles Si d embl e je n ai pas h sit consid rer telle comparaison comme un mot d esprit je crois m apercevoir l instant d apr s que mon plaisir diff re qualitativement de celui que me procure en g n ral un mot d esprit le fait que les comp
52. des r ves et non pas la pure th orie nous apprend que chez l enfant un d sir quelconque r sidu de l tat de veille suffit provoquer un r ve alors coh rent et sens mais le plus souvent de courte dur e et dans lequel on peut ais ment reconna tre la r alisation d un d sir Il semble que chez l adulte le d sir provocateur du r ve doive dans tous les cas satisfaire la condition d tre tranger la pens e consciente d tre par suite un d sir refoul ou du moins susceptible de recevoir des renforcements l insu de la conscience Sans l hypoth se de l inconscient tel que nous l avons indiqu plus haut je ne saurais aller plus avant dans la th orie du r ve ni interpr ter le mat riel exp rimental de l analyse des r ves Ce d sir inconscient agissant sur le mat riel des pens es du r ve correct du point de vue de la conscience produit alors le r ve Ces mat riaux sont pour ainsi 182 dire entra n s dans l inconscient ou plus justement soumis un traitement conforme celui qui agit au stade des processus cogitatifs inconscients traitement caract ristique de ce stade Jusqu pr sent ce n est que par les r sultats m mes de l laboration du r ve que nous connaissons les caract res du penser inconscient et ses diff rences d avec le penser pr conscient susceptible de conscience L expos succinct d une th orie nouvelle complexe et oppos e aux habitudes cogitat
53. des relations de l esprit et du comique Kant dit du comique en g n ral qu une de ses particularit s essentielles consiste ne nous leurrer qu un moment Heymans Zeitschr f Psychologie XI 1896 nous montre comment l effet d un mot d esprit r sulte de la succession sid ration et lumi re Il illustre son opinion d un excellent mot d es prit de Heine Un de ses personnages le pauvre buraliste de loterie Hirs ch Hyacinthe se vante d avoir t trait par le grand baron de Rothschild d gal gal de fa on toute famillionnaire Tout d abord le mot qui est la cheville ouvri re de l esprit appara trait comme un n ologisme d fectueux comme une chose inintelligible incompr hensible nigmatique Par l il sid rerait Le comique r sulterait de ce que la sid ration cesse de ce que le mot devient intelligible Lipps ajoute qu au premier stade lumi re stade au cours duquel le sens du mot sid rant reste ambigu succ de un second au cours duquel on reconna t que ce mot insens qui nous a tout d abord sid r s prend son sens exact Ce n est que cette lumi re apr s coup la conscience d avoir t abus par un mot insens du langage courant cette r duction au n ant qui produit le comique p 95 Quelle que soit la conception qui nous paraisse la plus plausible ces discussions sur sid ration et lumi re nous orientent vers une certaine intelligence de la question Si en effet le comique du
54. destin habituel n est ni recouvert par d autres strates ni r prim il se d veloppe et devient la perversion des hommes adultes connue sous le nom d exhibitionnisme Chez la femme cette tendance passive l exhibition est presque 111 toujours neutralis e par la r action puissante de la pudeur sexuelle L habillement lui r serve toutefois une chappatoire il suffira de faire observer combien l exhibitionnisme licite de la femme est lastique et variable suivant les circonstances et les conventions sociales Cette tendance persiste un haut degr chez l homme en tant que partie constituante de la libido et sert pr parer l acte sexuel Si elle se manifeste la premi re approche de la femme il lui faut pour deux raisons avoir recours au langage En premier lieu afin de se montrer la femme en second lieu parce que l veil de ladite repr sentation provoqu e chez la femme par ces propos est apte produire chez celle ci l tat d excitation correspondante et veiller en elle la tendance l exhibitionnisme passif Ce discours suggestif n est pas encore le propos grivois mais il y aboutit Si la femme capitule rapidement le discours obsc ne ne dure point et c de la place aux actes sexuels Il en est tout autrement lorsque l homme ne peut escompter l acquiescement facile de la femme lorsque au contraire il se heurte des r actions d fensives Les propos aptes provoquer l excitation sexuelle
55. du penser conscient J ai d montr qu un certain type de cette r action de d fense le refoulement avort est l agent des psychon vroses Or l humour peut tre consid r comme la manifestation la plus lev e de ces r actions de d fense Il d daigne de soustraire l attention consciente comme le fait le refoulement le contenu de la repr sentation li l affect p nible et il triomphe ainsi de l automatisme de d fense pour ce faire il trouve moyen de soustraire au d plaisir son nergie d j pr te se d clencher et de transformer cette nergie en plaisir par la voie de la d charge On peut m me penser que l encore ce sont les rapports avec l infantile qui lui fournissent les moyens de s acquitter de cette t che 266 Seule notre enfance connut des affects alors fort p nibles dont adultes nous souririons aujourd hui tout comme l adulte en tant qu humoriste rit de ses affects p nibles de l heure pr sente L l vation de son moi dont t moigne le d placement humoristique et qui d ailleurs pourrait se formuler comme suit Je suis trop grand pour que ces v nements me touchent de fa on p nible cette l vation dis je l adulte pourrait bien la tirer de la comparaison entre son moi actuel et son moi infantile Cette opinion se trouve dans une certaine mesure corrobor e par le r le d volu l infantile dans les processus n vropathiques du refoulement En somme l humour se rappro
56. esprit Lorsque l esprit n est pas lui m me sa propre fin c est dire lorsqu il est inoffensif il ne sert que deux tendances qui elles m mes sont susceptibles d tre embrass es d un seul coup d il l esprit est ou bien hostile il sert l attaque la satire la d fense ou bien obsc ne il d shabille De prime abord il convient de remarquer nouveau que la nature technique de l esprit esprit des mots esprit de 109 la pens e n a aucun rapport avec chacune de ces deux tendances Il nous faudra de plus longs d veloppements pour montrer comment l esprit sert ces tendances Je m occuperai tout d abord non pas de l esprit hostile mais de l esprit qui d shabille Certes on l a tudi bien plus rarement que le premier comme si la r pugnance avait irradi du fond la forme elle m me toutefois il ne faudra pas nous laisser garer car nous allons bient t tomber sur un cas limite de l esprit susceptible esp rons le de nous clairer sur bien des points demeur s obscurs On sait bien ce que l on entend par grivoiseries Zoten c est l vocation intentionnelle par l interm diaire de la parole de situations et d actes sexuels Cependant cette d finition ne vaut gu re mieux que d autres Une conf rence sur l anatomie des organes sexuels ou sur la physiologie de la g n ration n a malgr notre d finition rien voir avec la grivoiserie Il faut encore que la grivoiserie s adresse
57. et sur l humour ce travail du reste Je me bornerai fournir une seule contribution au th me trait avant et depuis Darwin mais cependant pas encore d finitivement puis de l lucidation physiologique du rire c est dire de la d duction ou interpr tation des actions musculaires caract ristiques du rire La contorsion de la commissure des l vres grimace qui caract rise le sourire se montre pour la premi re fois ce que je sache chez le nourrisson repu et rassasi qui en s endormant laisse chapper le sein maternel C est l un geste r ellement expressif qui correspond la r solution de ne plus prendre de nourriture et repr sente pour ainsi dire un Assez ou plut t un Plus qu assez Ce sens primitif du rassasiement joyeux a peut tre procur au sourire qui comme on le sait demeure le ph nom ne fondamental du 166 rire le rapport ult rieur avec les processus de d charge joyeuse N d T nous ouvre des horizons d bordant le comique et l humour En fin de compte les probl mes isol s de la psychologie nous ram nent toujours au c ur m me de la psychologie telle enseigne qu aucun probl me psychologique ne peut se traiter isol ment p 71 Les concepts d nergie psychique de d charge et le fait de traiter l nergie psychique comme une quantit sont devenue pour moi des habitudes de pens e depuis que j ai entrepris de consid rer les faits de la
58. fait d un ouvrier ou d un m decin par exemple qui n ont l un et l autre qu un seul et unique m tier Mais la force du mot d es prit r side dans la tendance Tout ce qu il veut dire est ceci Il me par donnera certainement car il n est l que pour a je ne me le suis pas procur pour autre chose comme s il s agissait de son m decin ou de son avocat Chez ce moribond qui g t sans force une conscience demeure c est qu il a cr Dieu et l a dou de puissance pour s en servir l occasion Cette soi disant cr ature quelques instants avant son an antissement se pose encore en Cr ateur KK Aux vari t s de mots d esprit tendancieux d crits jusqu ici savoir l esprit qui d shabille ou esprit obsc ne l esprit agressif hostile l esprit cynique critique blasph matoire j en joindrais volontiers une quatri me beaucoup plus rare dont le trait caract ristique appara t dans l excellent exemple qui suit Deux Juifs se rencontrent en wagon dans une station de Galicie O vas tu dit l un A Cracovie dit l autre Vois quel menteur tu fais s exclame l autre Tu dis que tu vas Cracovie pour que je croie que tu vas Lemberg Mais je sais bien que tu vas vraiment Cracovie Pourquoi alors mentir 130 L effet de cette savoureuse histoire qui semble d une subtilit exag r e est apparemment d la technique du contresens Le second Juif se fait imputer mensong
59. famillionnaire de Heine r side dans la d composition du mot apparemment d nu de sens l esprit doit r sider dans la formation de ce mot et dans le caract re du mot ainsi form En dehors de toutes les consid rations qui pr c dent les auteurs s accordent reconna tre l esprit une autre particularit essentielle la concision est l esprit et son corps et son me elle est l esprit lui m me dit Jean Paul Vorschule der Aesthetik Prop dantique l esth tique I 45 accommodant ainsi la parole de ce vieux bavard de Polonius dans l Hamlet de Shakespeare Acte II sc ne II Puisque la concision est l me de l Esprit Prolixit son corps son lustre et son habit Mon discours sera bref Tr s suggestive est la description de la bri vet du mot d esprit dans Lipps p 90 L esprit dit ce qu il dit pas toujours en peu mais toujours en trop peu de mots c est dire en mots qui au sens de la logique stricte aussi bien que des modes cogitatifs et discursifs habituels sont insuffisants Il finit par le dire tout en le passant sous silence La n cessit pour l esprit de d couvrir quelque chose de secret et de cach K Fischer p 51 a d j t signal e propos des rapports de l esprit et de la caricature Je tiens rappeler ce caract re parce qu il touche de plus pr s l essence m me de l esprit qu ses rapports avec le comique Je sais bien que les quelques cit
60. incongruit descendante N d Tr Dans une tude sur le plaisir du comique divers pointe de cette d finition demanderaient un examen approfondi qui du reste a d j t entrepris par d autres auteurs dont les directives taient en tout cas fort diff rentes des n tres Spencer ne me semble pas avoir t 165 heureux dans sa tentative d expliquer pourquoi la d charge suit pr cis ment les voies dont l excitation produit le tableau somatique du rire Dans le m me esprit des auteurs fran ais Dugas consid rent le rire comme une d tente une manifestation de d tente et m me la formule de A Bains Laughter a relief freom restraint Le rire une lib ration de la contrainte N d T me parait moins loign e de la conception de Spencer que bien des auteurs ne voudraient nous le faire croire Il nous parait cependant n cessaire de modifier la pens e de Spencer les id es qu elle implique demandent tre en partie pr cis es en partie retouch es Nous dirions que le rire se d clenche dans le cas o une somme d nergie psychique primitivement employ e l investissement de certaines voies psychiques a perdu toute utilisation de telle sorte qu elle peut se d charger librement Nous nous rendons compte de la suspicion laquelle une telle assertion nous expose mais nous nous risquerons invoquer notre justification cette proposition excellente du travail de Lipps sur le comique
61. la m me m taphore ou par des m taphores adjacentes Cette filiation d une comparaison est certes spirituelle mais nous savons quelle technique la fait para tre telle c est un cas d unification d tablissement d un rapport inattendu Cepen dant le caract re de l unification n est pas modifi par l appui qu elle prend sur une m taphore initiale On est tent en pr sence d autres comparaisons de rapporter l impression incontestablement spirituelle un facteur diff rent qui son tour est ind pendant de la nature m me de la m taphore Ce sont des comparaisons qui portent en elles une synth se frappante souvent une unification qui sonne l absurde ou qui sont remplac es par une unification de ce genre d riv e de la comparaison La plupart des mots de Lichtenberg appartiennent ce groupe C est grand dommage de ne pouvoir chez les crivains explorer les doctes boyaux on saurait ainsi ce qu ils ont mang Les doctes 94 boyaux voil une pith te qui sid re qui est au fond absurde et ne s explique ensuite que par une comparaison Ne serait il pas possible que l effet spirituel de cette comparaison se r duis t int gralement au caract re d concertant de cet assemblage Ce serait alors un nouvel exemple de ce proc d de l esprit bien connu de nous la repr sentation par le contresens Lichtenberg dans un autre mot d esprit a us de la m me comparaison de l absorption de la lecture et
62. la substitution n expriment par elles m mes rien Il ne reste ainsi ces soi disant mots d esprit que l une des conceptions l une des faces celle du non sens On peut alors son gr ou bien appeler ces productions qui se sont affranchies d un des caract res les plus essentiels de l esprit mauvais mots d esprit ou bien leur refuser l pith te de spirituelles Incontestablement ces mots d esprit avort s produisent leur effet comique qui peut s expliquer de plus d une mani re Ou bien le comique r sulte de la r v lation des modes de penser propres l inconscient comme dans les cas envisag s plus haut ou bien le plaisir jaillit de la comparaison avec le mot d esprit parfait Rien ne nous emp che d admettre ici le concours de ces deux sources du plaisir comique On ne peut nier que ce qui fait ici du non sens un non sens comique c est pr cis ment sa ressemblance imparfaite avec l esprit Dans d autres cas dont la technique est transparente le contraste entre ce que l on apporte et ce qu il faudrait apporter conf re au non sens un comique irr sistible La contrepartie du mot d esprit l nigme pourra peut tre cet gard nous fournir de meilleurs exemples que l esprit Voici un exemple de question comique Qu est ce qui pend la muraille et permet de s essuyer les mains Ce ne serait qu une sotte nigme si la r ponse tait l essuie mains 244 Cette r ponse n est justement pas l
63. la technique 41 Dans le mot d esprit de l innocence les deux sens sont galement compr hensibles on ne saurait distinguer si c est la signification sexuelle qui est la plus usit e et la plus famili re Il en est tout autrement dans l exemple de D Spitzer le sens banal de se mettre sur le velours s impose tout d abord le sens sexuel se cache et se dissimule au point d chapper un lecteur sans malice Opposons lui nettement un autre type de double sens o l on renonce dissimuler ainsi le sens sexuel p ex le portrait d une dame aimable esquisse par Heine Sie konnte nichts abschlagen ausser ihr Wasser Elle ne pouvait expulser abschlagen expulser et refuser que ses urines Ce mot semble obsc ne l esprit y appara t peine Cf K Fischer p 85 qui r clame pour de tels mots d esprit double sens dont les deux significations ne se pr sentent pas galement au premier plan mais l une derri re l autre le terme d quivoque dont j ai fait emploi ci dessus dans un sens diff rent Une telle nomenclature est affaire de convention l usage de la langue n tant pas encore fix sur ce point Cette particularit savoir que les deux significations du double sens ne nous sont pas galement famili res se rencontre galement dans des mots d esprit qui ne font aucune allusion au sexuel cela tient ou bien ce que l un des sens est le plus courant ou bien ce qu il s impo
64. le lecteur continuait rester sous l impression de la phrase telle que l a formul e le po te et par suite consid rer la pens e comme spirituelle par elle m me nous pourrions en appeler un criterium qui tablirait que le caract re spirituel a disparu avec la transposition Le discours de Hirsch Hyacinthe nous a fait rire de bon c ur cependant les transpositions fid les celle de Lipps comme la n tre ont pu nous plaire nous 13 inciter r fl chir mais elles n ont pu d clencher notre hilarit ki Si donc dans notre exemple le caract re spirituel ne d pend pas du fond m me de la pens e il nous faut le chercher dans la forme dans les termes qui l expriment Il doit nous suffire d tudier ce que cette expres sion a de particulier pour saisir ce que l on pourrait appeler la technique verbale et expressive de ce mot d esprit technique qui doit tre en rapport troit avec l essence m me de l esprit puisque toute substitution formelle enl ve au mot et son caract re et son effet spirituels Nous demeurons au reste en parfait accord avec les auteurs en attribuant une telle valeur la forme discursive de l esprit Ainsi par exemple K Fischer s exprime en ces termes p 72 C est d abord par sa seule forme que le jugement devient esprit on se souviendra ce propos d un mot de Jean Paul mot qui la fois explique et tablit ce m me caract re de l esprit La posi tion seule d cide de la victoire
65. le plus souvent l intervention de trois personnes et ne compl te son cycle que gr ce la participation d un tiers au processus psychique qu il a d clench Il doit donc satisfaire la condition d tre compr hensible il ne doit utiliser la d formation qui peut se r aliser dans l inconscient gr ce la condensation et au d placement que dans la mesure o la compr hension du tiers peut en corriger les effets Au reste r ve et esprit sont issus l un et l autre de sph res enti rement diff rentes de notre vie psychique et occupent dans le syst me psychologique des r gions fort distantes Malgr ses travestissements le r ve demeure toujours un d sir l esprit est un d veloppement du jeu En d pit de toute sa non valeur 202 dans la vie pratique le r ve reste li aux int r ts primordiaux de notre existence il cherche satisfaire nos besoins par le d tour r gressif de l hallucination il doit son admission la vie psychique au seul besoin qui subsiste l tat nocturne celui de dormir L esprit par contre cherche r aliser un petit b n fice de plaisir par l activit simple et d sint ress e de notre appareil psychique plus tard il s efforce de saisir au vol un b n fice accessoire au cours de l activit elle m me de ce dit appareil et il acquiert ainsi secondairement des fonctions assez importantes orient es vers le monde ext rieur Le r ve sert surtout pargner le d plaisir l e
66. les Muses ne lui accordent pas leurs faveurs il tient quand m me sous sa f rule le g nie de la langue ou plut t il s entend le violenter le g nie ne se pr te pas volontairement son amour il doit se mettre la poursuite du petit coquin aussi n en peut il treindre que les formes ext rieures qui malgr leurs belles rondeurs s accommodent mal du langage acad mique Il rappelle l autruche qui se croit bien cach e lorsqu elle plonge la t te dans le sable et ne montre que le croupion Le noble oiseau ferait mieux de cacher son croupion et de montrer sa t te L allusion est peut tre le proc d le plus courant et le plus commode de la technique du mot d esprit nous y avons recours dans la plupart des productions spirituelles ph m res dont nous nous plaisons mailler notre conversation mais qui ne supportent ni la transplantation hors de ce terrain nourricier ni la vie ind pendante Et nous voil justement ramen s par l allusion cette particularit qui nous avait tout d abord gar s dans l appr ciation de la technique de l esprit L allusion n est pas par elle m me spirituelle bien des allusions fort correctes ne poss dent point ce caract re C est l allusion spirituelle qui seule est spirituelle et ainsi le crit rium de l esprit que nous avons pourchass jusque dans la technique nous chappe nouveau J ai d fini chemin faisant l allusion comme une repr sentation
67. les grivoiseries deviennent alors eux m mes leur propre objectif l agression sexuelle tant arr t e dans sa progression vers l acte se borne provoquer l excitation dont elle se compla t saisir les signes chez la femme L agression change alors de caract re comme toute manifestation libidinale contrari e elle devient directement hostile et cruelle elle appelle son aide pour surmonter l obstacle la composante sadique de l instinct sexuel La r sistance de la femme est ainsi la premi re condition de l closion du propos grivois seulement il est vrai dans le cas o la r sistance n appara t que comme un atermoiement et laisse esp rer que les efforts ne resteront pas vains Le cas id al d une r sistance est fourni par la pr sence d un tiers car l ventualit de la condescendance imm diate de la femme doit tre peu pr s exclue Ce tiers acquiert bient t un r le de premier plan dans le d veloppement de la grivoiserie mais tout d abord l origine la 112 pr sence de la femme tait indispensable la campagne ou l humble auberge on peut observer que c est l entr e de la servante ou de la patronne qui d clenche la grivoiserie ce n est qu un degr plus lev de l chelle sociale que se produit l effet contraire la grivoiserie s arr te d s qu une femme para t les hommes ne reprennent ce genre d amusement qui l origine impliquait la pr sence d une femme la pudeur eff
68. mais laquelle pourtant il manque quelque chose 83 la vision de l image du Sauveur entre deux autres portraits Le cas est unique c est celui du Christ entre les deux larrons L esprit r tablit ce qui manque l analogie s applique aux deux portraits qui sont droite et gauche de l image du Christ et que le mot d esprit enjambe L analogie ne peut r sider qu en ce que les deux portraits expos s sur le mur du salon figurent galement des larrons Voici donc ce que le critique voulait mais ne pouvait dire Vous tes une paire de canailles ou plus explicitement Que m importent vos por traits Ce que je sais c est que vous tes une paire de canailles Et il est parvenu le dire la faveur de quelques associations et de quelques d ductions par la voie dirons nous de l allusion Nous avons d j rappelons le rencontr l allusion dans le double sens en particulier Lorsque de deux sens possibles d un m me mot l un s imposait comme le plus fr quent et le plus usuel de fa on tre forc ment le premier voqu tandis que l autre semblait beaucoup plus lointain dans ces conditions nous avons propos le terme de double sens avec allusion Nous avons not que la technique de toute une s rie de mots d esprit d j envisag s n tait point simple et nous comprenons maintenant que c est l allusion qui est l agent de cette complexit p ex le mot d esprit par interversion de la femme qui s e
69. moi et ne rechercher cette diff rence qui nous procure le plaisir que d un seul c t soit dans la sympathie soit dans les processus qui ont pour th tre notre moi propre ce qui prouve que le sentiment de sup riorit n est pas une condition essentielle du plaisir comique Une comparaison est indispensable l closion de ce plaisir nous trouvons que cette comparaison s tablit entre deux d penses d investissement qui se succ dent de pr s et s appliquent une m me production ou bien nous produisons ces deux d penses par la voie de la sympathie par une autre personne ou bien nous les trouvons en dehors de tout rapport avec l autre personne dans nos propres processus psychiques Dans le premier cas o l autre personne joue encore un r le mais ind pendant d une comparaison avec notre moi la diff rence des d penses d investissement qui procure le plaisir tient des influences ext rieures que nous pouvons embrasser sous le nom de situation c est pourquoi cette sorte de comique peut tre qualifi e de comique de situation Les qualit s de la personne qui fournit le comique n interviennent pas titre principal nous rions m me si nous reconnaissons que nous trouvant dans la m me situation nous eussions agi comme elle Nous tirons ici le comique des rapports de l homme avec le monde ext rieur qui le domine souvent rapports qui dans les processus psychiques humains sont aussi repr sen
70. moins de frais quelque petite que cette pargne puisse para tre au regard des d penses totales D une mani re tout fait analogue dans la complexit de notre trafic psychique des conomies de d tail restent pour nous des sources de plaisir ainsi que le d montre notre vie quotidienne Celui qui primitivement clairait sa chambre au gaz et vient d adopter l lectricit prouvera pendant un certain temps une sensation nette de plaisir chaque fois qu il man uvrera son commutateur il l prouvera aussi longtemps qu il se ressouviendra ce moment des man uvres compliqu es que n cessitait de sa part l allumage du gaz De m me les conomies r alis es par l esprit en effort d inhibition psychique conomies qui par rapport l effort psychique total sont insignifiantes demeurent pour nous une source de plaisir parce qu elles nous pargnent une d pense particuli re laquelle nous tions habitu s et que cette fois encore nous tions d j tout pr ts engager Le caract re pr vu de cette d pense laquelle nous tions pr ts faire face est videmment mettre au premier plan Une pargne sur un point de d tail comme celle que nous venons de consid rer ne manquera pas de nous procurer un plaisir momentan mais elle ne nous apportera pas un all gement durable tant que l pargne r alis e pourra trouver ailleurs son remploi Ce n est que lorsque ce remploi pourra tre vit que cette pargne
71. mots d esprit dans lesquels la pens e juste et pertinente suffit videmment nous captiver le propos nous appara t comme un mot d esprit excellent alors que seule la pens e est excellente la formule spirituelle par contre souvent m diocre Justement les mots de Lichtenberg brillent en g n ral beaucoup plus par la pens e que par la forme spirituelle sur laquelle notre approbation de la premi re irradie tort P ex la r flexion sur le flambeau de la V rit p 121 ne constitue gu re une comparaison spirituelle mais elle est si pertinente que toute la phrase nous appara t comme remarquablement spirituelle Les mots d esprit de Lichtenberg sont surtout remarquables par le fond de leur pens e et par leur pertinence C est juste titre que Goethe disait de cet auteur que ses saillies si spirituelles et si plaisantes posent de v ritables probl mes mieux encore en effleurent la solution Il rel ve p ex dans cet ordre d id es Il lisait toujours Agamemnon au lieu de angenommen accept tant il avait lu Hom re La technique est sottise assonance mais Lichtenberg n a d couvert l rien moins que le secret m me de la faute de lecture Cf ma Psychopathologie des 105 Alliagslebens 1904 10e d 1923 Gesammelte Schritfen vol IV La Psychopathologie de la vie quotidienne trad Jank l vitch Payot Paris 1924 On peut en rapprocher le mot d esprit suivant p 86 don
72. n appartiennent pas en propre l esprit et que cependant l essence m me de l esprit semblait li e elles puisque leur suppression par la r duction enlevait l esprit tout son caract re et tout le plaisir qui en manait Nous commen ons comprendre que ce que nous avons d crit comme techniques de l esprit et que nous devrons persister en un certain sens qualifier de tel ce sont plut t les sources o l esprit va puiser le plaisir et nous ne trouvons rien d tonnant ce que d autres processus s en viennent dans une m me intention puiser aux m mes sources La technique particuli re propre l esprit consiste prot ger ces sources g n ratrices de plaisir contre l intrusion de la critique qui inhiberait ce plaisir Ce proc d ne pr te qu peu de consid rations g n rales comme nous l avons d j mentionn l laboration de l esprit se manifeste dans la s lection d un mat riel de mots et de situations cogitatives qui permettent au jeu primitif avec les mots et les pens es de conqu rir le visa de la critique pour y arriver l laboration de l esprit doit mettre en uvre avec la plus grande adresse toutes les particularit s du 147 vocabulaire et toutes les constellations possibles des associations d id es Peut tre serons nous plus tard m me de caract riser encore l laboration de l esprit par une propri t d finie pour le moment nous ne pouvons expliquer comment cette s lec
73. n en est pas sur lequel on ait recueilli plus d ob servations et b ti plus de th ories et avec cela il n en est pas qui demeure plus inexpliqu on serait tent de dire avec les sceptiques qu il faut tre content de rire et de ne pas chercher savoir pourquoi on rit d autant que peut tre la r flexion tue le rire et qu il serait alors contradictoire qu elle en d couvrit les causes p 1 En Fran ais dans le texte N d T Par contre nous ne laisserons pas chapper l occasion d utiliser nos fins une conception du m canisme du rire qui s accorde parfaitement avec notre mani re de penser Je veux parler de l explication que H Spencer cherche en donner dans son essai Physiology of Laughter H Spencer The Physiology of Laughter first publisbed in Macmillan s Magazine for March 1860 Essays vol IT 1901 D apr s Spencer le rire est un ph nom ne de d charge de l excitation psychique et montre que l emploi de cette excitation s est tout d un coup heurt un obstacle Voici en quels termes il d crit la situation psychologique qui se r sout par le rire Laughter naturally results only whencconsciousness is unawares transferred front great things to small only when there is what we may call a descending incongruity Le rire ne se produit naturellement que lorsque l improviste la conscience est transf r e de grandes choses de petites que lorsqu il y a ce que nous pouvons appeler une
74. objet ou une personne et qui n en diff rent que par une addition ou une modification man es d une source diff rente modifications qui sont par suite identiques celles que nous retrouvons dans les mots d esprit de M N Sans aucun doute c est le m me processus psychique qui s offre nous dans les deux cas et qu il nous est loisible de reconna tre ses effets identiques Aussi une analogie si profonde entre la technique de l esprit et l laboration du r ve nous int ressera t elle davantage la premi re et nous engagera t elle puiser dans la comparaison du r ve et de l esprit bien des clart s sur ce dernier Nous attendrons toutefois pour aborder ce sujet car n ayant envisag jusqu ici dans leur technique qu un nombre tr s restreint de mots d esprit nous ne savons pas encore si l analogie que nous voulons adopter comme directive ne se d mentira pas Abandonnons donc la comparaison avec le r ve pour en revenir la technique de l esprit quittes reprendre ult rieurement ce fil conducteur que nous laissons pour le moment volontairement tomber 27 KK Nous nous proposons pr sent de rechercher d abord si la condensation avec substitution est d celable dans tous les mots d esprit telle enseigne qu elle puisse tre consid r e comme le caract re g n ral de la technique de l esprit Je me souviens d un mot qui s est grav dans ma m moire du fait de certaines circonstances particuli res
75. observation nous apprend que ce n est pas l attention consciente qui fait ce choix mais ce choix gagnera certes ce que l investissement de la pens e pr consciente soit abaiss l inconsciente car ainsi que nous l avons appris par l laboration du r ve les voies associatives partant des mots sont dans l inconscient trait es la fa on des associations partant des choses L investissement inconscient offre des conditions infiniment plus favorables au choix de l expression Du reste nous sommes fond s admettre que le mode d expression qui implique le b n fice de plaisir verbal agit d une fa on semblable la tendance inconsciente dans le premier cas en attirant dans l inconscient la conception encore instable de la pens e pr consciente Quant au cas plus simple de la plaisanterie nous pouvons nous imaginer qu une intention sans cesse tendue vers le profit de plaisir verbal saute sur l occasion fournie point nomm par le pr conscient pour entra ner dans l inconscient le processus d investissement selon le sch ma qui nous est d j connu Je d sirerais vivement qu il me f t possible d une part d expliquer plus clairement ce point capital de ma conception du mot d esprit d autre part de l appuyer sur des arguments d cisifs Mais vrai dire il ne s agit pas ici d un double mais d un seul et m me chec je ne puis m expliquer plus clairement en l absence d autres preuves l appui de ma conception
76. pense qui me para t comique s accorderait fort bien avec la condition infantile dans ces cas le comique se trouve effectivement toujours du c t de l infantile Cette assertion n est pas en contradiction avec ce fait que en tant que terme de comparaison l enfant lui m me ne me produit pas une impression comique mais une impression de plaisir pur ni avec cet autre fait que la comparaison l infantile ne produit un effet comique que si un autre emploi de la diff rence est vit Car les conditions de la d charge entrent ici en jeu Tout ce qui agr ge un processus psychique un ensemble s oppose la d charge de l investissement en exc s et oriente cet investissement vers un autre emploi tout ce qui isole un acte psychique est favorable la d charge Il s ensuit qu une attitude consciente qui adopte l enfant comme terme de comparaison rend impossible la d charge n cessaire l closion du plaisir comique seul l investissement pr conscient est susceptible d approcher d une isolation semblable celle qu il nous est par ailleurs loisible d attribuer galement aux processus psychiques qui se d roulent chez l enfant Cette adjonction la comparaison Voil ce que j ai fait galement dans mon enfance 256 qui serait l origine de l effet comique ne jouerait quand il s agit de diff rences moyennes que si aucun autre ensemble ne pouvait se saisir de l exc s d nergie lib r Si nous
77. persistons chercher l essence du comique dans la liaison pr consciente avec l infantile nous devons aller un peu plus loin que Bergson et convenir de ce que la comparaison qui doit faire na tre le comique n est pas tenue d voquer les anciens plaisirs ou jeux de l enfance il lui suffit de toucher en g n ral la nature de l enfant peut tre bien m me aux chagrins infantiles Sur ce point nous nous cartons de Bergson mais nous demeurons d accord avec nous m mes en faisant d river le plaisir comique non point du souvenir d un plaisir mais encore et toujours d une comparaison Les cas de la premi re cat gorie se superposent peut tre aux cas dans lesquels le comique est infaillible et irr sistible Appliquons donc ici le sch ma des possibilit s du comique tabli plus haut Nous disions que la diff rence comique pouvait r sulter a de la comparaison de l autre personne avec le moi ou b d une comparaison ayant pour seul th tre l autre personne ou c d une comparaison ayant pour seul th tre le moi Dans le premier cas l autre personne m appara trait comme un enfant dans le second elle s abaisserait elle m me jusqu l enfant dans le troisi me je trouverais l enfant en moi m me Au premier cas appartiennent le comique du mouvement et des formes de m me que le comique des op rations intellectuelles et du caract re les traits infantiles correspondants seraient le besoin de mouvement et le moindre
78. point avec la fa on de penser propre l inconscient Je n h site pas consid rer cette histoire comme comique et pourtant j ai rang l histoire du chaudron parmi les mots d esprit Je dois cependant avouer que cette derni re elle aussi m rite plut t la qualification de comique que de spirituelle Mais je comprends maintenant pourquoi mon sentiment si net en d autres circonstances m a fait h siter entre le caract re comique ou spirituel de cette histoire Il s agit ici d un cas o il m est impossible de prendre une d cision par intuition du cas o le comique r sulte du d voilement des modes de penser exclusivement propres l inconscient Une telle histoire peut tre la fois comique et spirituelle elle me donnera n anmoins l impression du spirituel m me si elle est simplement comique parce que l emploi des fautes de raisonnement propres l inconscient m oriente vers l esprit de m me que plus haut les proc d s mis en uvre pour r v ler le comique qui se dissimule p 311 Je dois m attacher bien expliquer ce point particuli rement d licat de mon analyse les rapports de l esprit et du comique et dans cette 233 intention je voudrais compl ter mon expos par quelques propositions n gatives Je ferai remarquer tout d abord que ce cas de rencontre de l esprit et du comique n est pas identique au pr c dent p 312 La distinction il est vrai est subtile mais on peut l tablir avec ce
79. pourrait pas venir pour apporter 300 florins En outre tant cr ancier il ne se trouve pas dans le cas d apporter l argent mais de l exiger D s qu on reconna t de cette mani re que les mots de Saphir repr sentent en m me temps mens et non sens le comique surgit Lipps p 97 Dans la version que nous venons de donner ci dessus in extenso afin d liminer tout malentendu la technique de ce mot d esprit est beaucoup plus simple que Lipps ne la consid re Saphir ne vient pas pour apporter les 300 florins mais pour les 38 extorquer au richard Il s ensuit que toute l argumentation relative au r le du sens et non sens dans ce mot d esprit est superf tatoire Je l ai retrouv r cemment dans sa version et sous sa forme originale dans un recueil de mots d esprit dont nous aurons du reste peu d autres choses tirer Das grosse Buch der Witze Le grand livre des mots d esprit recueillis et dit s par Willy Hermann Berlin 1904 Saphir rencontra un jour Rothschild Apr s un brin de causette Saphir dit coutez moi Rothschild ma bourse est bien plate vous pourriez bien m abouler cent ducats Bien r pondit Rothschild mais la seule condition que vous me fassiez un mot d esprit Qu cela ne tienne reprit Saphir Bien venez demain mon bureau Saphir est fid le au rendez vous Ah dit Rothschild en le voyant entrer vous en tes toujours pour vos cents ducats
80. qu ils ne le sont pas qu ils sont m me fort pauvres L esprit se combine ici au comique nous apprenant ainsi qu une m me all gation peut tre la fois spirituelle et comique Nous sommes heureux de saisir l occasion de revenir du comique par d masquage au mot d esprit car au fond notre programme comporte non pas la d termination de la nature du comique mais l lucidation des rapports respectifs de l esprit et du comique Nous joindrons au cas de la r v lation de l automatisme psychique o le sentiment de l alternative entre le comique et l esprit nous a laiss s d sempar s un autre cas o l esprit se confond de m me avec le comique Je veux parler des mots d esprit par le non sens Or nos recherches montreront finalement que dans ce dernier cas la rencontre de l esprit et du comique poss de une d rivation th orique Nous avons vu plus haut dans notre discussion des techniques de l esprit que nombre de mots d esprit usent de ce proc d technique laisser le champ libre certaines mani res du penser qui sont en usage dans l inconscient mais qui ne peuvent tre consid r es dans le conscient que comme des fautes de raisonnement nous avons pourtant plus tard dout de leur caract re de mot d esprit de sorte que nous tions dispos s a les ranger simplement parmi les histoires comiques Nous ne pouvions nous d fendre de quelques h sitations car nous ne connaissions pas encore le caract re essenti
81. que rel ve la technique de ce mot d esprit recevoir une gifle n est pas le corollaire habituel du fait d avoir entendu quelque chose L interpolation suivante fait dispara tre le contresens il crira alors sur son adversaire un article si virulent que etc Allusion par omission et contresens voil les proc d s techniques de ce mot d esprit Heine crit Il se vante tel point que le prix des pastilles fumantes va monter La lacune est facile combler Ce qui est omis est remplac par une conclusion qui ram ne par voie d allusion la 87 locution allemande Eigenlob stinkt On est puant se vanter soi m me Stinken puer Qui se loue s emboue dit on en fran ais N d T Nous retrouvons nos deux Juifs devant l tablissement de bains L un d eux soupire Voil d j un an de pass Ces exemples prouvent indiscutablement que l omission est une des formes de l allusion On retrouve encore une ellipse nette dans cet exemple qui est un mot d esprit typique base d allusion Apr s une f te d artistes qui eut lieu Vienne parut un livre humoristique dans lequel figurait entre autres mots cette singuli re r flexion Une pouse est comme un parapluie On prend malgr tout un fiacre Un parapluie ne suffit pas prot ger de la pluie le malgr tout signifie lorsqu il pleut bien fort n oublions pas que le fiacre est une voiture publique Mais com
82. r ponse d nu e de tout esprit e t t Me baigner y penses tu J ignore ce que c est La technique de l esprit consiste donc d placer l accent de bain sur pris Le mot prendre en raison de ses acceptions multiples se pr te particuli rement aux jeux de mots dont je veux ajouter ici un exemple typique qui contraste avec le mot d esprit par d placement suscit Un boursier directeur de banque tr s connu se prom ne avec un de ses amis sur la Rinsgtrasse de Vienne Arriv s devant un caf le boursier propose Entrons prendre quelque chose L ami le retient en disant Mais Monsieur le Conseiller il y a du monde l dedans Revenons au saumon mayonnaise comme l exemple le plus pur Les l ments nouveaux qu il apporte vont nous int resser plusieurs points de vue Il nous faut avant tout donner un nom la technique que nous venons de d couvrir Je propose celui de d placement car son l ment essentiel consiste dans la d viation du cours de la pens e dans le d placement de l accent psychique du th me primitif sur un th me diff rent Ensuite il nous faudra examiner quels rapports unissent la technique du d placement l expression du mot d esprit Notre exemple saumon mayonnaise montre que le mot d esprit par d placement reste fort ind pendant de son expression verbale Il ne tient pas la suite des mots mais celle des id es Pour le faire di
83. r server L objection d apr s laquelle les rapports ind niables qui relient l esprit l inconscient ne s appliqueraient qu certaines cat gories de l esprit tendancieux tandis que nous sommes dispos s les tendre toutes les formes tous les stades volutifs de l esprit cette objection dis je ne s en impose que davantage notre attention Nous n avons pas le droit de nous soustraire son examen La gen se de l esprit dans l inconscient est indubitable lorsqu il s agit de mots d esprit dict s par des tendances inconscientes ou renforc es par l inconscient partant dans la plupart des mots d esprit cyniques La tendance inconsciente entra ne alors la pens e pr consciente dans l inconscient afin de l y transformer l tude de la psychologie des n vroses nous a r v l de nombreux processus analogues Mais cette force d entra nement vers l inconscient semble faire d faut dans les mots d esprit tendancieux d un autre ordre dans l esprit inoffensif et dans la plaisanterie le rapport de l esprit l inconscient y est donc douteux Envisageons pr sent l expression spirituelle d une pens e qui en elle m me n est pas sans valeur et qui surgit dans le cycle m me des 199 processus cogitatifs Pour faire de cette pens e un mot d esprit il faut de toute vidence choisir parmi les modes expressifs possibles pr cis ment celui qui est susceptible de r aliser le profit de plaisir verbal L auto
84. r soudre d une fa on plus compl te la premi re partie du probl me pourquoi le tiers rit que la seconde pourquoi le premier ne rit pas Si touchant les conditions du rire et les processus psychiques qui ont pour th tre le tiers nous nous en tenons ces directives nous voici toujours en tat de nous expliquer d une fa on satisfaisante toute une s rie de particularit s bien connues mais encore incomprises de l esprit Lorsqu il s agit de lib rer chez le tiers un appoint d nergie d investisse ment susceptible d tre d charg plusieurs conditions sont n cessaires ou peuvent tre consid r es comme favorables 1 il faut tre s r que le tiers lasse r ellement cette d pense d investissement 2 il faut emp cher que une fois lib r e cette nergie trouve une autre utilisation psychique que la d charge motrice 3 il n y a que des avantages ce que l nergie d investissement destin e tre lib r e chez le tiers soit pr alablement encore renforc e exalt e Certains proc d s de l laboration de l esprit r pondent ces intentions nous pouvons peut tre les grouper sous la rubrique de techniques secondaires ou auxiliaires La premi re de ces conditions tablit l une des aptitudes du tiers 170 tre l auditeur du mot d esprit Il faut absolument entre l auteur et l auditeur du mot une communion psychique telle que le tiers soit soumis ces m mes inhibitions internes dont
85. risque plus que rarement go ter directement au plaisir du non sens lib r Il ne se hasarde plus noncer de contresens mais la tendance fonci re du jeune gar on l activit intempestive et absurde me semble d river en droite ligne du plaisir du non sens Dans les cas pathologiques cette tendance s exalte souvent au point de dominer nouveau les discours et les r ponses de l l ve j ai pu chez quelques lyc ens atteints de n vroses me convaincre de ce que leurs rat s n taient pas moins imputables l attrait inconscient pour le non sens qu l ignorance r elle Plus tard l tudiant ne se fait pas faute de r agir contre la contrainte de la pens e et de la r alit dont le joug lui semble de plus en plus p nible et pesant Bon nombre de blagues d tudiants ressortissent ces r actions L homme est un chercheur infatigable de plaisir je ne sais plus quel auteur a lanc cette heureuse formule et chaque renoncement un plaisir auquel il a une fois go t lui est fort p nible Par les joyeuses absurdit s du bagou de la bi re l tudiant cherche sauvegarder son plaisir du penser libre la scolarit du coll ge va le lui ravir de plus en plus Beaucoup plus tard encore quand l homme m r rencontre ses coll gues au cours d un congr s scientifique et se retrouve de ce fait dans la situation de l tudiant il trouve l issue de la s ance dans la chronique des buvettes
86. ristiques de l esprit et satisfait d j ses conditions essentielles par le choix d un mat riel de mots ou d associations d id es qui permettent de s accommoder la fois des exigences du b n fice de plaisir et de celles de la critique rationnelle Il s ensuit que la chute dans l inconscient de l investissement de la pens e chute favoris e par l humeur joyeuse se r alise d j dans la plaisanterie Pour l esprit inoffensif mais li une pens e de quelque prix le secours de l humeur est inutile nous devons admettre ici l intervention d une aptitude personnelle qui se manifeste par la facilit avec laquelle l investissement pr conscient est abandonn et chang un instant pour l inconscient Une tendance toujours l aff t des occasions de renouveler le b n fice primitif de plaisir agit et entra ne dans l inconscient l expression pr consciente et encore instable de la pens e Nous sommes presque tous capables de faire des plaisanteries quand nous sommes d humeur joyeuse par contre faire des mots d esprit lorsque l humeur n y est pas n appartient qu une minorit Enfin l aiguillon le plus puissant de l laboration de l esprit est la pr sence de fortes tendan ces atteignant l inconscient tendances qui repr sentent une disposition particuli re la production spirituelle et qui peuvent nous expliquer pourquoi les 201 conditions subjectives de l esprit se rencontrent si souvent chez les n vros
87. s Sous l influence de fortes tendances l esprit jaillit m me chez celui qui en est g n ralement d pourvu Malgr la part d hypoth se que comporte encore notre lucidation de l laboration spirituelle cette contribution puise proprement parler l int r t que nous portions l esprit Il nous reste encore achever bri vement le parall le de l esprit et du r ve qui nous est plus familier nous dirons a priori que nous nous attendons ce que deux activit s psychiques si h t rog nes ne nous permettent de saisir que des diff rences eu dehors de la seule analogie que nous venons de relever La diff rence la plus importante r side dans leurs rapports sociaux respectifs Le r ve est un produit psychique parfaitement asocial il n a rien communiquer autrui n dans le for int rieur d une personne titre de compromis entre les forces psychiques aux prises il reste incompr hensible cette personne elle m me et manque par cons quent totalement d int r t pour autrui Loin d attacher du prix sa compr hensibilit il doit m me se garder d tre compris sous peine de se d truire il est conditionn par le d guisement Il peut donc son gr user du m canisme qui domine les processus cogitatifs inconscients et il va dans ce sens jusqu user des d formations les plus radicales L esprit au contraire est la plus sociale des activit s psychiques visant un b n fice de plaisir Il n cessite
88. se mettre sous la dent Ce mot est un exemple de double sens cr par le sens m taphorique et par le sens r el plut t qu un jeu de mots au sens strict du terme Mais qui importerait il d difier des cloisons aussi tanches Un autre jeu de mots bien venu est racont par les auteurs Heymans Lipps sous une forme peut tre un peu obscure Saphir rendant visite un riche cr ancier qui l accueille avec cette question Sie kommen wohl um die 300 Gulden Vous venez litt ralement probablement pour les 300 florins lui r pond Nein Sie kommen um die 300 Gulden Non c est vous qui venez litt ralement pour les 300 florins l autre sens de cette phrase allemande est Non c est vous qui allez en tre de 300 florins Ici dit Heymans la pens e est exprim e d une fa on parfaitement correcte et nullement insolite De fait il en est ainsi la r ponse de Saphir consid r e en elle m me est absolument correcte Aussi comprenons nous ce qu il veut dire qu il n a point l intention de payer sa dette Mais Saphir se sert des termes m mes que son cr ancier vient d employer Aussi ne pouvons nous pas nous emp cher de les comprendre dans le sens dans lequel ce dernier les a employ s Mais alors la r ponse de Saphir perd tout son sens Car ce n est pas le cr ancier qui kommt vient Il serait du reste impassible qu il kommt wn die SOO Gulden P qu il vienne pour les 300 florins c d il ne
89. surgisse ou avorte et qu il n existe de comique absolu que dans des cas exceptionnels La marge de contingence ou de relativit est par l bien plus tendue pour le comique que pour l esprit que l on ne rencontre jamais sur sa route mais qu il faut toujours faire et dont la production permet d j de tenir compte des conditions susceptibles de le faire accepter Mais le d veloppement de l affect est l obstacle le plus s rieux que puisse rencontrer le comique c est l un point universellement admis Du hast leicht lachen dick geht es nicht weiter an Tu peux rire ton aise cela ne te touche pas Locution proverbiale allemande C est pourquoi l on dit que le sentiment comique appara t au mieux dans les cas o l tat d me est peu pr s indiff rent sans participation notable du sentiment ni de l int r t Cependant dans certains cas o pr cis ment se d clenche un affect puissant une diff rence de d pense particuli rement importante peut provoquer l automatisme de la d charge Lorsque le colonel Butler r pond avec un rire amer aux exhortations d Octavio par cette exclamation Remerciements de la Maison d Autriche son amertume ne l a pas emp ch de rire au souvenir du traitement d cevant dont il croit avoir t victime d autre part l normit de cette d ception ne peut trouver de la part du po te une expression plus saisissante que cette effraction du rire dans le tourbillon m me de la
90. surmonter la r sistance int rieure lever l inhibition Par l l instar de ce qui se passe en cas d obstacle extrins que la satisfaction de la tendance est rendue possible la r pression ainsi que la stagnation psychique cons cutive est vit e jusque l le m canisme du d veloppement du plaisir serait dans les deux cas identique Nous serons cependant tent s d approfondir ici les conditions qui diff rencient respectivement la situation psychologique dans les cas d obstacle externe ou d obstacle interne car il nous para t possible que la lev e de l obstacle interne engendre un plaisir incomparablement sup rieur Mais je proposerais de nous contenter ici de peu et de nous en tenir provisoirement cette seule constatation qui se borne ce qu il y a pour nous d essentiel Les cas d obstacle externe et les cas d obstacle interne ne diff rent que sur un point dans le dernier cas une inhibition d j existante est lev e dans le premier le d veloppement d une inhibition nou velle est entrav Nous ne nous aventurerons pas trop loin dans la voie de la sp culation en disant que l tablissement comme le maintien d une inhibition psychique n cessite un effort psychique S il est d montr pr sent que 134 l esprit tendancieux dans les deux cas procure du plaisir on sera tout pr s d admettre que le plaisir ainsi acquis correspond une pargne de l effort psychique Nous voil enc
91. tandis que nous avons assez bien p n tr la nature de ce processus chez le tiers il nous appara t que le processus correspondant qui a pour th tre le premier sujet nous demeure encore obscur De ces deux questions pourquoi ne pouvons nous pas rire de l esprit que nous faisons nous m mes et pourquoi sommes nous pouss s faire part autrui de nos propres mots d esprit la premi re s est soustraite encore toute r ponse Nous pouvons seulement pr sumer qu il existe entre ces deux faits lucider une connexion intime pourquoi sommes nous oblig s de communiquer notre mot d esprit autrui parce que nous n en pouvons pas rire nous m mes De ce que nous avons appris des conditions n cessaires l acquisition du plaisir et la d charge chez le tiers nous pouvons induire que chez la premi re personne les conditions n cessaires la d charge manquent et que celles que n cessite l acquisition du plaisir ne sont remplies qu assez imparfaitement On ne peut nier alors que nous compl tions notre propre plaisir par la facult de rire qui nous tait auparavant interdite et ceci par la voie d tourn e de l impression produite sur nous par la personne que nous avons r ussi faire rire Nous rions pour ainsi dire par ricochet suivant l expression de Dugas Le rire appartient aux manifestations les plus contagieuses des tats d me si j arrive par la communication de mon mot d esprit provoquer le rire c
92. terminer si sensoriellement parlant la r alit est sup rieure ou inf rieure mon attente mais encore si elle est digne du grand int r t que je lui avais r serv dans mon attente Je suis ainsi amen faire entrer en ligne de compte outre la d pense n cessaire la repr sentation du grand et du petit mimique repr sentative la d pense que n cessite la tension de l attention d pense d attente et par surcro t dans certains cas la d pense 223 d abstraction Mais ces autres types de d pense peuvent se ramener ais ment celle du grand et du petit car ce qui est plus int ressant ce qui est plus relev et m me ce qui est plus abstrait ne constitue que des cas d esp ce particuli rement qualifi s de ce qui est plus grand Ajoutons que suivant Lipps et d autres c est le contraste quantitatif et non qualitatif qui est consid r en premi re ligne comme source du plaisir comique nous voil donc en somme satisfaits d avoir adopt comme point de d part de nos recherches le comique du mouvement Conform ment la th se de Kant le comique est une attente qui se r duit rien Lipps dans un ouvrage souvent cit ici a tent de faire d river sans exception tout plaisir comique de l attente Bien que sa tentative ait donn maints r sultats fort instructifs et fort pr cieux je voudrais m associer aux auteurs qui dans leur critique ont pr tendu que Lipps avait r tr ci outre
93. tout ce qui est n cessaire un effet comique Or l humour nous permet d atteindre au plaisir en d pit des affects p nibles qui devraient le troubler il supplante l volution de ces affects il se met leur place Voici ses conditions une situation o par la force de nos habitudes nous sommes tent s de d clencher un affect p nible tandis que d autre part certains mobiles nous d terminent r primer cet affect in statu nascendi Dans ces cas la personne l s e la personne qui souffre etc pourrait ainsi prouver du plaisir humoristique tandis que le tiers d sint ress rirait par la vertu du plaisir comique Le plaisir de l humour na t alors nous ne saurions dire autrement aux d pens de ce d clenchement d affect qui ne s est pas produit il r sulte de l pargne d une d pense affective 260 De toutes les vari t s du comique l humour est la plus modeste il parcourt tout son cycle chez le m me individu la participation d autrui n y ajoute rien Je puis garder pour moi seul la jouissance du plaisir qui jaillit de mon humour sans me sentir pouss en rien communiquer Il n est pas facile de dire ce qui se passe chez la personne qui engendre le plaisir de l humeur nous pouvons cependant nous en former quelque id e si nous envisageons les cas o l humour nous a t communiqu ou bien ceux o nous l prouvons par sympathie et arrivons ainsi par la compr hension de la personne humoris
94. tre des plus r elles a practical joke si par exemple on lui lance un croc en jambe afin de le faire tomber gauchement si on le fait para tre sot si on exploite sa cr dulit pour lui faire accroire des absurdit s etc ou bien cette transposition peut tre simplement fictive r alis e alors par la parole ou le geste L agression qui use souvent de cette arme du comique profite largement de la pr rogative du plaisir comique d tre ind pendant de la r alit m me de la situation comique de sorte qu au fond tout homme est susceptible d tre rendu comique Mais il y a encore d autres moyens de tourner au comique quelqu un ou quelque chose ces moyens qui m ritent une attention particuli re nous d couvrent en partie de nouvelles sources du plaisir comique Signalons parmi ces moyens l imitation qui procure l auditeur un plaisir extr me et qui rend son objet comique en dehors de toute exag ration caricaturale Il est plus facile de scruter l effet comique de la caricature que celui de l imitation pure et simple La caricature la parodie et le travestissement comme son contraire pragmatique le d masquage s attaquent aux personnes et aux objets qui l on doit le respect qui d tiennent quelque autorit qui s l vent dans un sens ou dans l autre au dessus du commun Ce sont des proc d s de d gradation proc d s pour lesquels la langue allemande poss de l heureuse expression de Herabsetzung Herabse
95. un type comme moi soit pendu le monde n en continuera pas moins tourner il nous faudrait avouer que ce propos e t manifest la m me domination grandiose de la situation r elle qu il e t t sage et pertinent mais nous n y saurions trouver la moindre trace d humour bien plus il repose sur une appr ciation de la r alit qui est en contradiction absolue avec celle qu en aurait l humour L humour ne se r signe pas il d fi il implique non seulement le triomphe du moi mais encore du principe du plaisir qui trouve ainsi moyen de s affirmer en d pit de r alit s ext rieures d favorables Ces deux derniers traits d menti la r alit affirmation du principe du plaisir rapprochent l humour des processus r gressifs ou r actionnaires qui nous ont tellement occup s en psychopathologie En tant que moyen de d fense contre la douleur il prend place dans la grande s rie des m thodes que la vie psychique de l homme a difi es en vue de se soustraire la contrainte de la douleur s rie qui s ouvre par la n vrose et la folie et embrasse galement l ivresse le repliement sur soi m me l extase L humour doit cette relation une 272 dignit qui manque totalement par exemple l esprit car ce dernier n a pour but qu un b n fice de plaisir ou bien il met ce b n fice de plaisir au service de l agression En quoi consiste donc l attitude humoristique par laquelle on se refuse la douleur on pr
96. une famille De deux fr res tous deux lyc ens l un est un tr s bon l ve l autre un l ve fort m diocre L l ve mod le pr sente un jour une d faillance la m re fait part de 23 ses appr hensions elle craint que cette d faillance ne marque le d but d une d ch ance d finitive L autre enfant jusque l clips par son fr re saisit la balle au bond Oui dit il Charles recule des quatre pattes La modification consiste en une petite addition qui montre que lui aussi est persuad de la d ch ance de son fr re Mais cette modification remplace et figure un plaidoyer senti en sa propre faveur N allez pas croire surtout qu il soit beaucoup plus intelligent que moi du fait qu il est mieux plac en classe Il n est qu un animal stupide encore plus stupide que moi Un bel exemple de condensation avec l g re modification est fourni par un autre mot d esprit fort connu de M N D un personnage bien en place dans la vie publique il disait qu il avait un grand avenir derri re lui Le jeune homme en question semblait par sa naissance son ducation ses dons particuliers appel prendre un jour la t te d un parti puissant et assumer de ce fait un r le de premier plan dans le gouvernement Mais il y eut une volte face le parti perdit toute chance d arriver au pouvoir et tout indiquait que leader d sign n aboutirait rien R duite sa plus simple expression la teneur de c
97. 89 indirecte et je viens de m apercevoir que les diff rents modes d allusions ainsi que la repr sentation par le contraire ou par d autres techniques encore l tude peuvent rentrer dans un seul grand groupe pour lequel le nom de repr sentation indirecte me para trait le plus compr hensif Fautes de raisonnement Unification Repr sentation indirecte seraient donc les rubriques essentielles auxquelles se ram neraient les techniques de nous connues de l esprit de la pens e Or l investigation plus approfondie de nos mat riaux nous autorise croyons nous isoler dans la repr sentation indirecte un nouveau sous groupe dont les caract res sont bien tranch s mais dont les applications sont rares C est la repr sentation par le d tail ou par le menu qui arrive sugg rer avec une clart absolue la faveur d un d tail insignifiant une caract ristique frappante L int gration de ce groupe l allusion peut se d fendre en raison de l troite solidarit qui existe entre ce d tail minuscule et le sujet repr senter solidarit qui permet de conclure de celui l celui ci P ex Un Juif de Galicie voyageait en chemin de fer et prenait ses aises ouvrant son v tement et posant ses pieds sur la banquette Un monsieur bien mis entre dans le m me compartiment Le Juif se reprend et se tient correctement L tranger feuillette un livre calcule m dite puis demande subitement au Juif Quand est
98. 92 Il est presque impossible de promener dans une foule le flambeau de la V rit sans br ler la barbe quelqu un Voil qui semble spirituel et pourtant y regarder de plus pr s l effet spirituel ne r sulte pas de la comparaison elle m me mais d une qualit accessoire En r alit le flambeau de la V rit n est pas une comparaison neuve elle est au contraire une expression toute faite fort usuelle devenue lieu commun suivant le sort habituel des comparaisons heureuses elles tombent dans le domaine publie Mais cette comparaison le flambeau de la V rit qui dans les circonstances ordinaires passerait inaper ue retrouve sa vigueur originelle du fait que Lichtenberg en fait jaillir une conclusion nouvelle Cette r dition d expressions p lies avec restauration de leur plein sens nous est d j connue comme tant une des techniques de l esprit elle se range dans le groupe de l emploi multiple du m me mat riel v p 48 Il serait fort possible que l impression spiri tuelle produite par le mot de Lichtenberg ne f t due qu la participation de ce mot cette technique de l esprit Ces remarques s appliquent sans doute une autre comparaison spirituelle du m me auteur Cet homme n tait pas proprement parler une vive lumi re mais un grand chandelier il tait professeur de philosophie Appeler un grand savant une vive lumi re ou lumen mundi n est plus depuis longt
99. Cette derni re r sulte de l tude de la technique et de sa comparaison avec l laboration du r ve et elle ne r sulte que de l je trouve ensuite qu elle s accorde en somme parfaitement avec les particularit s de l esprit Or ma conception r sulte d une induction si une telle conclusion nous m ne non point en pays connu mais bien plut t sur un terrain inexplor et nouveau pour la pens e on l appelle hypoth se et l on n accepte pas et juste titre comme preuve le rapport qui relie l hypoth se au mat riel dont elle a t d duite Nous ne la 200 consid rons comme d montr e que lorsque nous l avons galement atteinte par d autres voles lorsqu elle se r v le comme le carrefour de connexions nouvelles Mais nous ne disposons pas encore de telles preuves nous qui commen ons a peine conna tre les processus inconscients Nous sachant sur un terrain vierge nous nous bornerons donc de notre poste d observation jeter vers l inexplor une simple et ch tive passerelle Nous n difierons sur ces fondations que de modestes superstructures Rapprochant les diff rents stades de l esprit des dispositions psychiques qui leur sont les plus favorables nous pourrions dire La plaisanterie jaillit d une humeur joyeuse qui semble avoir des affinit s particuli res en rapport avec une tendance la r duction des investissements psychiques Elle met d j en oeuvre toutes les techniques caract
100. Franzosen gelegen ist a une Fran aise Cela veut peut tre dire qu elle a une fois couch aupr s d un Fran ais Ce serait la rigueur un mot d esprit tol rable double sens avec quivoque ou avec allusion quivoque si l enfant avait pu soup onner le double sens En r alit elle n avait fait que transposer la peu sympathique trang re une plaisanterie qu elle avait souvent entendu appliquer des objets faux Das soll echtes Gold sein Das ist vielleicht einmal bei Gold gelegen a de l or v ritable on l a peut tre un jour pos couch c t de l or L ignorance de l enfant modifie radicalement le processus psychique des auditeurs au moment o ils s en rendent compte c est cette ignorance qui conf re la na vet aux paroles de l enfant Mais cette condition fait qu il y a place encore pour un pseudo na f on peut en effet supposer chez l enfant une ignorance qui n existe plus et les enfants feignent souvent la na vet pour s octroyer des libert s qui autrement ne leur seraient point conc d es Ces exemples montrent quelle situation le na f occupe entre l esprit et le comique Le na f du discours co ncide avec l esprit par sa forme et par son fond il peut donner naissance une impropri t de terme un non sens ou une grivoiserie Mais dans le na f les processus psychiques qui ont pour th tre la premi re personne la personne productrice et qui
101. Que l on compare ces modifications les mots d esprit suivants Il a un grand avenir derri re lui Il a un id al devant la t te puis les mots par modification lanc s par Lichtenberg Nouveaux bains gu rissent bien et autres semblables Les propos de Wippchen qui usent de ces m mes techniques peuvent ils tre consid r s comme des mots d esprit ou si non comment peut on les distinguer Il n est certes pas difficile de r pondre Rappelons que le mot d esprit pr sente l auditeur un double visage et lui impose deux conceptions diff rentes Dans les mots d esprit par non sens comme ceux que nous venons justement de citer l une des conceptions celle qui s en tient uniquement au texte affirme le non sens l autre celle qui au 243 fil des allusions suit sa voie travers l inconscient de l auditeur atteint le sens profond Dans les propos de Wippchen qui se rapprochent de l esprit l un des masques du mot d esprit est vide comme tiol c est une t te de Janus dont un seul visage serait model Si l on se laisse entra ner dans l inconscient par la technique on ne trouve que le n ant Ces fusions par la synth se de leurs deux l ments ne donnent jamais un sens vraiment nouveau le moindre essai d analyse les dissocie aussit t Les modifications et les substitutions tout comme dans le mot d esprit ram nent une formule courante et famili re mais la modification ou
102. a encore raison d admettre que la d charge sera d autant plus forte que la stagnation pr alable aura t plus marqu e L expos de Lipps ne se rapporte pas il est vrai express ment l esprit mais au comique en g n ral quoi qu il en soit il nous parait tr s vraisemblable que dans le cas de l esprit la d charge qui lib re un investissement d inhibition se trouve par la stagnation exalt e de m me sorte La technique de l esprit nous semble d termin e somme toute par deux sortes de tendances l une qui permet la formation du mot d esprit chez la premi re personne l autre qui assure au mot d esprit chez le tiers un rendement de plaisir maximum Semblable au visage de Janus le double visage de l esprit qui prot ge le b n fice primitif de plaisir contre l assaut de la raison critique ainsi que le m canisme du plaisir pr liminaire r pondent la premi re tendance la complication ult rieure de la technique dont les conditions viennent 175 d tre d velopp es dans ce chapitre d rive de la pr sence du tiers Ainsi l esprit est un de ces coquins double face qui servent la fois deux ma tres Tout ce qui tend donner le plaisir est calcul par l esprit en fonction du tiers comme si des obstacles internes insurmontables emp chaient le cr ateur du mot de r colter lui m me ce plaisir On a ainsi l impression nette que le processus spirituel serait impossible en dehors de ce tiers Mais
103. a bonne Non c est un hareng Mais pour l amour de Dieu objecte l interlocuteur interloqu un hareng n est pas suspendu au mur Tu peux l y accrocher Mais qui aurait l id e de s essuyer les mains un hareng Mais r pond l autre de fa on conciliante personne ne t y oblige Cette explication donn e par deux d placements typiques montre tout ce qui manque cette question pour tre une nigme v ritable et en raison m me de cette insuffisance absolue elle appara t non point comme absurdement sotte mais comme irr sistiblement comique Ainsi du fait de ne pas r pondre des conditions essentielles mots d esprit nigmes et autres propos incapables en toute autre circonstance de d clencher le plaisir comique sont susceptibles de devenir des sources de ce dit plaisir Encore moins difficile p n trer est le comique involontaire du dis cours que nous trouvons en particulier dans les po mes de Friederike Kempner 6e dition Berlin 1891 l tat de v ritables cascades GEGEN DIE VIVISEKTION Ein unbekanntes Rand der Seelen kettet Den Menschen an das arme Tier Das Tier hat einen Willen ergo Seele Wenn auch ne kleinere als wir CONTRE LA VIVISECTION Un lien inconnu des mes Lie l homme l animal infortun L animal sait vouloir ergo il a une me Bien qu elle soit plus petite que la n tre Voici encore un exemple de dialogue entre deux tendres
104. acle et tire ainsi du plaisir de cette source de plaisir source que l obstacle lui avait rendue inaccessible L obstacle qui s interpose n est au fond rien d autre que l inaptitude de la femme en raison de sa position sociale et de son degr d ducation supporter le sexuel autrement que voil Dans la situation primitive la femme tait pr sente et l on continue la penser pr sente ou bien elle continue malgr son absence exercer une influence intimidatrice sur les hommes Il est d autre part d observation courante que m me parmi les hommes des classes lev es la pr sence d une fille de basse condition ravale la grivoiserie spirituelle au rang de la grivoiserie la plus vulgaire La force qui rend difficile ou impossible la femme et un moindre degr l homme la jouissance de l obsc nit crue nous l appelons le refoulement nous reconnaissons en elle ce m me 114 processus psychi que qui dans les cas morbide les plus graves soustrait la conscience des complexes motifs complets ainsi que leurs d riv s et qui appara t comme le facteur essentiel de la causation des psychon vroses Nous attribuons la culture et la bonne ducation une grande influence sur le d veloppement du refoulement et nous admettons que dans ces conditions l organisation psychique subit une transformation qui se transmet d ailleurs parfois l gu e sous la forme d une disposition h r ditaire transfor
105. action se prolonge jusqu l arriv e dans la r gion des perceptions mais en g n ral on se contentera de supposer qu elle r sulte d une action simultan e de toutes les forces qui interviennent dans la formation du r ve Tout en tenant compte de la circonspection qui s impose videmment d s qu il s agit de traiter de tels probl mes et des objections de principe qui s l vent lorsqu on aborde de telles questions objections que nous ne saurions discuter ici je me risquerai dire que le processus pr paratoire du r ve qui fait partie int grante de son laboration doit avoir pour th tre la r gion de l inconscient Il faudrait donc grosso modo reconna tre la formation du r ve trois stades successifs en premier lieu la translation des restes diurnes pr conscients dans l inconscient translation laquelle doivent contribuer les conditions de l tat de sommeil en second lieu l laboration proprement dite du r ve dans l inconscient en troisi me lieu la r gression des mat riaux oniriques ainsi trait s vers la perception sous les esp ces e laquelle le r ve se pr sente la conscience 186 Parmi les forces qui concourent la formation du r ve on peut discerner le d sir de dormir l investissement r siduel de l nergie que les restes diurnes malgr leur tiolement par l tat de sommeil ont conserv e l nergie psychique du d sir inconscient qui forme le r ve la force antagoniste d
106. acune avec des d penses diff rentes La premi re de ces deux conceptions orient e par les indications contenues dans le mot 267 d esprit suit le chemin de la pens e travers l inconscient l autre demeure en surface et pr sente le mot d esprit comme une proposition quelconque issue du pr conscient et devenue consciente Ce ne serait peut tre pas errer que de faire d river le plaisir qu prouve l auditeur du mot d esprit de la diff rence de ces deux mots repr sentatifs On peut sans h siter s en tenir cette formule qui ne contredit en rien nos explications ant rieures La diff rence entre les deux d penses doit en r alit se r duire l pargne de la d pense n cessit e par l inhibition L absence de cette pargne d inhibition dans le comique et dans le cas de l esprit la disparition du contraste quantitatif conditionneraient malgr toutes les concordances dans le caract re des deux mani res d laborer la repr sentation d une m me conception la diff rence qui s pare le sentiment du comique de l impression que fait l esprit Ce que nous venons d noncer touchant l esprit West rien d autre que ce que nous avons appel sa double face sa t te de Janus alors que la relation de l esprit au comique ne nous semblait pas encore lucid e La particularit de la double face n a pas bien entendu chapp aux auteurs M linand chez lequel j ai pris l expression Pourquoi rit on Revue des de
107. aign lui m me cette conomie lorsqu son bapt me il changea son pr nom de Harry contre celui de Henri Heinrich De plus tous ceux qui connaissent la vie de Heine peuvent se rappeler qu il avait Hambourg th tre de l activit de Hirsch Hyacinthe un oncle du m me nom qui en tant que richard de la famille joua dans la vie du po te un r le des plus importants L oncle s appelait Salomon tout comme le vieux Rothschild qui avait accueilli Hirsch Hyacinthe de fa on si famillionnaire Ce qui dans la bouche de Hirsch Hyacinthe semblait tout simplement plaisant se double d une r elle amertume si nous l appliquons au 159 neveu Harry Henri Heine appartenait en effet la famille nous savons m me que son d sir le plus cher e t t d pouser une des filles de cet oncle mais il ne fut point agr par la cousine et l oncle le traita toujours de fa on un peu famillionnaire en parent pauvre Jamais les riches cousins de Hambourg ne le consid r rent vraiment comme un des leurs je me souviens du r cit d une de mes vieilles tantes qui tait alli e la famille Heine lorsqu elle tait encore une jeune et jolie femme elle eut un jour pour voisin la table familiale un jeune homme peu app tissant que les autres convives traitaient par dessous la jambe Elle ne se sentit pas dispos e plus de condescendance son gard elle ne sut que bien des ann es apr s que ce cousin n
108. aire un m me effet progr s dont t moigne notre machinisme actuel Qui n a pas de t te dit le proverbe doit avoir des jambes C est donc d apr s ce m me principe qu une personne nous para t comique lorsqu elle d ploie par rapport nous trop d effort dans ses actes physiques et trop peu dans ses actes psychiques il est incontestable que dans ces deux cas notre rire est la manifestation du plaisir caus par la sup riorit que nous nous attribuons sur autrui L ordre dans ces deux cas est il interverti la d pense somatique de l autre personne est elle trouv e inf rieure sa d pense psychique sup rieure la n tre loin de rire nous nous en tonnons et nous nous en merveillons Ces contradictions que nous trouvons constamment dans les conditions du comique savoir que tant t le 220 trop tant t le trop peu appara t comme la source du plaisir comique n ont pas peu contribu embrouiller le probl me Cf Lipps 1 c p 47 Cette origine du plaisir comique le fait que ce plaisir tient comme nous venons de le montrer la comparaison de l autre personne avec notre moi propre de la diff rence entre la d pense par sympathie et la d pense propre du moi constitue sans doute son l ment g n tique le plus important Mais assur ment cet l ment n est pas seul en cause Nous avons appris quelque part faire abstraction de cette comparaison entre l autre personne et le
109. aissance de son plus jeune enfant Oui r pondit il faisant allusion son ge tr s avanc c est tonnant ce que peut faire la main de l homme Cette r ponse semble particuli rement absurde hors de propos N appelle t on pas les enfants la b n diction l uvre de Dieu par opposition aux oeuvres humaines Mais bient t nous nous apercevons que cette r plique a n anmoins un sens Voire m me un sens obsc ne Il n est pas question pour le p re heureux de faire le sot afin de stigmatiser la sottise d autrui Cette r ponse absurde en apparence nous tonne nous sid re comme diraient les auteurs Les auteurs nous l avons vu rapportent tout l effet de pareils mots d esprit la succession sid ration et lumi re Nous chercherons plus tard nous former une opinion sur la question il doit nous suffire pour l instant de faire observer que la technique de ce mot d esprit consiste dans l emploi d un effet d concertant absurde Un exemple remarquable de cet esprit par sottise est fourni par un mot de Lichtenberg Il s tonnait de ce que les chats aient juste la place des yeux deux trous taill s m me la peau S tonner de l vident formuler cet incontestable truisme est en effet une sottise Cela rappelle une exclama tion de Michelet d intention s rieuse La femme que je cite de m moire Que la nature est donc pr voyante d avoir fait que l enfant aussit t sa naissance trouve un
110. ait au service de tendances nettement caract ris es mais certains mots d esprit inoffensifs usent du jeu de mots et de l assonance et d autres tout aussi inoffensifs font appel toutes les ressources de l esprit de la pens e Il n est pas plus difficile de montrer que dans sa tech nique l esprit tendancieux peut n tre rien autre que de l esprit des mots Souvent par exemple les mots d esprit qui jouent sur les noms propres ont une tendance fort offensante et fort injurieuse il va de soi qu ils sont ranger dans l esprit des mots Cependant les mots d esprit les plus inoffensifs rel vent eux aussi de l esprit des mots telles sont p ex les rimes en cascade si en vogue dans ces derniers temps leur technique consiste dans l emploi du m me mat riel avec une modification tout fait particuli re Und weil er Geld in Menge hatte Lag stets er in der H ngematte Et comme il avait de l or en amas Il se pr lassait dans son hamac Personne ne niera esp rons le que le plaisir que nous procure ce genre de rimes par ailleurs sans pr tention ne soit pareil celui qui nous signale le mot d esprit De bons exemples de mots d esprit abstraits ou inoffensifs tributaires de l esprit de la pens e fourmillent dans les comparaisons de 102 Lichten berg Plusieurs ont d j t cit s en voici d autres Sie hatten ein Oktavb ndchen nach G ttingen geschickt und an Leib und Seele einen Quartante
111. an de Jules Verne Die Reise um die Wilt in 80 Tagen Le tour de Wilt Welt monde en allemand en 80 jours De m me Jeder Klafter eine K nigin A chaque brasse une reine repr sente une modification de la c l bre formule de Shakespeare Jeder Zoll ein K nig A chaque coud e un roi et de plus une allusion la taille d mesur e d une dame du monde Il n y aurait pas grand chose objecter qui rangerait ce mot d esprit parmi les mots par condensation avec modification plut t que parmi les mots formation substitutive cf t te b te p 34 Un ami disait d un personnage dou des plus nobles aspirations mais qui tait t tu comme un mulet Er hat ein Ideal vor dem Kopf Il a un id al devant la t te Ein Brett vor dent Kopt haben avoir une plan che devant la t te ne rien voir est une expression allemande courante laquelle cette modification fait allusion et dont elle accapare le sens L encore il s agit de condensation avec modification On distingue peine de la condensation avec substitution l allusion avec modification lorsque la modification se borne quelques lettres p ex Dichteritis Cette allusion compare le danger des pid mies de dipht rie celui des efflorescences de po tes sans inspiration Diphteritis dipht rie et le mot Dichter qui signifie po te N d T Les particules n gatives r alisent peu de frais de fort belles allusio
112. ans des circonstances vari es qui nous paraissent comiques sans que nous puissions dire pourquoi tandis que chez lui les motifs sont nets et transparents Par exemple lorsque nous voyons dans la rue quelqu un glisser et tomber nous rions car sans qu on sache pourquoi cette im pression est comique L enfant rit dans les m mes conditions par sentiment de sup riorit ou par joie maligne Tu es tomb et moi pas Il semble que si certains mobiles du plaisir de l enfant se perdent pour nous autres adultes nous prouvons en revanche dans ces m mes circonstances le sentiment du comique qui suppl e ces plaisirs perdus S il nous tait permis de g n raliser nous serions fort tent s de rapporter le caract re sp cifique du comique que nous recherchons au r veil de l infantile et de concevoir le comique comme la r cup ration du rire infantile perdu 255 On pourrait dire alors que je ris de la diff rence de d pense faite par l autre ou par moi m me chaque fois que je retrouve en l autre l enfant Ou plus exactement le parall le complet qui aboutit au comique s exprimerait ainsi dans son int gralit Ainsi fait il Moi je fais autrement Il le fait comme je le faisais enfant Ainsi le rire serait chaque fois d la comparaison de mon moi adulte avec mon moi infantile M me la variabilit du sens de la diff rence comique savoir que c est tant t le plus tant t le moins de la d
113. ans lesquelles des mots dont le sens primitif a p li r cup rent leur plein sens Comment allez vous dit l aveugle au paralytique Comme vous le voyez r pond ce dernier l aveugle L allemand poss de de ces mots qui peuvent se prendre au sens plein ou vide dans leur plein sens ou vid s de leur sens et cela dans plus d une acception Une m me racine a pu donner naissance deux termes dont l un a gard sa pl nitude de sens et dont l autre s est d color en une d sinence ou en une enclitique tous deux en homonymie parfaite L homonymie entre le mot qui a conserv son plein sens et la syllabe d color e peut aussi tre accidentelle Dans les deux cas la technique de l esprit peut en tirer profit A Schleiermacher p ex on attribue le mot d esprit suivant qui s impose nous comme un exemple dans lequel cette technique joue l tat pur Eifersucht ist eine Leidenschaft die mit Eifer sucht was Leiden schafft La jalousie est une passion qui cherche avec z le ce qui procure la peine Voil qui est incontestablement spirituel sans pourtant tre un mot d esprit risible Il manque ici bien des facteurs susceptibles de nous garer dans l analyse d autres mots d esprit tant que nous consid rons chacun d eux isol ment La pens e exprim e dans cette phrase est sans valeur elle donne d ailleurs une d finition fort incompl te de la jalousie Aucune trace de sens dans le non sens
114. ar modification est la c l bre exclamation Traduttore Traditore La similitude des deux mots qui frise l identit exprime de fa on saisissante la fatalit qui fait du traducteur un tra tre son auteur Drill cite un met d esprit par modification tout fait analogue Amantes amentes Amants d ments La vari t des modifications l g res dont dispose cette cat gorie de mots d esprit est telle qu aucun d eux ne ressemble tout fait l autre Voici un mot d esprit qui aurait t forg l occasion d un examen de droit Le candidat doit traduire un passage du code Labeo ait Je tombe dit il Vous tombez dis je reprend l examinateur et l examen prend fin Celui qui prend le nom du grand juriste pour un verbe en estropiant ce verbe ne m rite certainement pas mieux Mais la technique du mot d esprit r side dans l emploi approximatif des m mes mots d montrer d une part l ignorance du candidat et noncer de plus le verdict de l examen Ce mot offre en outre un exemple d une r ponse du tac au tac dont la technique comme on le verra ne diff re pas sensiblement de celle que nous venons de d finir Les mots repr sentent une substance plastique et mall able merci 33 Il est des mots qui dans certaines combinaisons ont perdu enti rement leur plein sens primitif qu ils ont en revanche gard dans d autres Un mot d esprit de Lichtenberg r alise justement les conditions d
115. aract re d une personne telle qu elle nous est connue et ses actes et ses paroles ils remplacent ou les personnages haut plac s ou bien leurs faits et gestes par des personnages ou par des gestes d un ordre inf rieur C est par l qu ils se distinguent de la caricature mais ils produisent le plaisir comique par le m me m canisme C est encore le m me m canisme qui est mis en oeuvre par le d masquage mais celui ci ne vise que la dignit et l autorit usurp es par l imposture et de ce fait dignes d tre arrach es leur d tenteur Nous avons appris reconna tre l effet comique du d masquage dans quelques mots d esprit par exemple dans celui qui vise cette femme distingu e criant aux premi res douleurs de l enfantement Ah mon Dieu et qui le m decin ne veut porter secours que lorsqu elle s crie Ai waih Apr s ce que nous venons d apprendre des caract res du comique il est incontestable que cette histoire constitue un type parfait de d masquage comique et n a aucun droit au titre de mot d esprit Elle ne rappelle le mot d esprit que par sa mise en sc ne par le proc d technique de la repr sentation par un d tail dans le cas particulier par le cri qui fournit l indication suffisante Avouons cependant que si nous faisons appel au sentiment de notre langue pour trancher cette question rien ne nous emp chera de qualifier cette histoire de mot d esprit Nous comprendrons cette particular
116. araisons spirituelles ne sont que rarement capables de d clencher un clat de rire cri t rium d un bon mot m emp che de bannir ce doute m me en m en tenant comme je l ai fait ailleurs aux exemples les meilleurs et les plus risibles du groupe Il est facile de d montrer que nombre d exemples excellents et tr s suggestifs de ce groupe ne nous donnent point l impression d tre des mots d esprit La belle comparaison du Journal d Ottilie celle de la tendresse avec le fil rouge de la marine anglaise en est un exemple v p 33 Il en est de m me d une autre comparaison qui a gard pour moi son admirable fra cheur et son puissant attrait et que je ne puis m emp cher de citer dans ce contexte C est la m taphore qui sert de p roraison l une des plus belles d fenses de F Lassalle La science et les Travailleurs Celui qui a subordonn comme je vous l ai dit sa vie cette devise La Science et les Travailleurs ne sera pas plus impressionn par une condamnation qu il pourrait encourir qu un chimiste plong dans ses exp riences par l explosion d une cornue La r sistance de la mati re lui fait un instant froncer les sourcils puis l incident est clos et il poursuit ses recherches et ses travaux Les crits de Lichtenberg renferment un grand nombre d exemples de m taphores justes et spirituelles t II de l dition de G ttingen 1853 c est d eux que je vais tirer les mat riaux de notre tude
117. are que ces interpr tations ressemblent des pointes cependant il ne les consid re videmment pas comme des bons mots bien venus mais comme des mots forc s et pourrait on dire contraires aux lois du mot d esprit Or cette impression s explique ais ment elle provient de ce que l laboration du r ve recourt aux m mes moyens que l esprit mais d passe dans leur emploi les limites que l esprit respecte Aussi allons nous bient t apprendre que la pr sence du tiers impose l esprit une certaine condition qui n int resse pas le r ve Parmi les techniques communes l esprit et au r ve deux offrent un certain int r t la repr sentation par le contraire et l emploi du contre sens La premi re est un des moyens puissants dont dispose l esprit comme nous l avons pu remarquer entre autres dans les exemples d esprit par surench re p 104 La repr sentation par le contraire ne pouvait pas du reste se d rober comme la plupart des autres techniques analogues l attention consciente celui qui s efforce d actionner volontairement en lui le m canisme de l laboration de l esprit le faiseur de mots ne tarde pas s apercevoir qu une r ponse spirituelle se fait peu de frais en s attachant l antith se d une assertion et en se fiant la saillie qui par une modification carte la r plique r serv e cette antith se Peut tre la repr sentation par le contraire doit elle ce succ s ce
118. aris 1925 Partout dans le domaine de la psychologie des n vroses le sexuel implique encore l excr mentiel et reste compris au sens archa que infantile La grivoiserie d shabille pour ainsi dire la personne de l autre sexe qui elle s adresse Les propos obsc nes forcent la personne attaqu e s imaginer les parties respectives ou les actes correspondants et donnent penser que le conteur les a lui m me devant les yeux Incontestablement le plaisir de voir nu les parties sexuelles est le th me primordial de la grivoiserie Il convient pour lucider cette question de remonter aux origines La tendance regarder nu les caract res distinctifs du sexe est une des composantes primitives de notre libido Elle serait d j le substitut d un plaisir que l on peut consid rer comme primaire savoir celui de toucher les parties sexuelles Comme c est si souvent le cas la vue a ici remplac le toucher Molls Kontrektationstrieb Untersuchungen ber die Libido sexualis 1898 Ins tinct de contrectation Recherches sur la libido sexuelle La libido de la vue ou du toucher existe chez chacun de nous sous une double forme active et passive masculine et f minine elle se d veloppe suivant la pr dominance du caract re sexuel d une fa on dominante dans l un ou dans l autre sens Chez le jeune enfant on peut ais ment observer la tendance se mettre nu L ou le germe de cette tendance contrairement son
119. arouch e que lorsqu ils sont entre eux Ce n est plus la femme mais au spectateur l auditeur que la grivoiserie a fini par s adresser et par cette volution elle se rapproche d j du caract re du mot d esprit D s pr sent notre attention peut se fixer sur deux facteurs le r le du tiers c est dire de l auditeur et les conditions intrins ques de la grivoiserie elle m me L esprit tendancieux n cessite en g n ral l intervention de trois personnages celui qui fait le mot celui qui d fraie la verve hostile ou sexuelle enfin celui chez lequel se r alise l intention de l esprit qui est de produire du plaisir Nous rechercherons plus loin la raison profonde de ces rapports ce n est pas celui qui fait le mot d esprit qui en rit qui jouit du plaisir qu il procure c est l auditeur passif Les trois personnages de la grivoiserie ont entre eux les m mes rapports Voici comment on peut d crire les choses l impulsion libidinale du premier ne pouvant se satisfaire par la femme se transforme en une tendance hostile l adresse de cette derni re et fait appel au tiers qui tait primitivement son trouble f te comme un alli Les paroles grivoises du premier livrent la femme sans voiles aux regards du tiers qui en tant qu auditeur puisqu il peut satisfaire ainsi peu de frais sa propre libido se laisse volontiers s duire Il est curieux de voir comme le bas peuple se compla t ces
120. ation permet de r tablir le mot b te tout d abord supprim On peut d finir la technique de ce groupe de mots d esprit condensation avec l g re modification et comme l on peut s y attendre plus cette modification est l g re plus le mot est spirituel M me technique plus compliqu e peut tre dans un autre mot d esprit M N disait au cours d une conversation qui visait un homme digne de bien des bl mes et aussi de quelque louange Oui la vanit est un de ses quatre talons d Achille Ce m me mot d esprit aurait dit on d j t fait par H Heine sur Alfred de Musset La l g re modification consiste en ce qu au lieu de l unique talon d Achille de la tradition l gendaire on en assigne quatre au h ros du mot Quatre talons impliquent quatre pieds c est dire l animalit Aussi les deux pens es condens es dans ce mot d esprit pourraient s exprimer ainsi Y est un homme minent en dehors de sa vanit mais il me d pla t car il est plut t une b te qu un homme Une des complications de la technique de cet exemple consiste en ce fait que la modification qui remplace l injure omise doit tre qualifi e d allusion cette derni re tant donn qu elle n y aboutit que par l interm diaire d un syllogisme Pour un autre facteur de complication de cette technique voir plus bas Voici dans sa simplicit un mot du m me genre qu il m a t donn de saisir statu nascendi dans
121. ations pr c dentes tir es des trait s relatifs l esprit ne peuvent donner une id e juste de la valeur de ces oeuvres Vu la difficult d exprimer sans pr ter l quivoque des pens es aussi complexes et aussi finement nuanc es je ne puis dispenser les lecteurs plus curieux de se reporter aux sources Y trouveront ils pleine satisfaction je l ignore Les crit res et caract res de l esprit indiqu s par les auteurs et r sum s ci dessus activit relation avec le contenu de notre penser caract re de jugement ludique accouplement du dissemblable contraste de repr sentations sens dans le non sens succession sid ration et lumi re d couverte du cach concision particuli re du mot d esprit tout cela nous para t de prime abord si juste si facile d montrer que nous ne risquons pas de sous estimer ces conceptions Mais ce sont des disjecta membra que nous serions d sireux d agr ger un tout organis Leur contribution en ce qui concerne la connaissance de l esprit quivaudrait une s rie d anecdotes relatives un personnage dont nous voudrions tracer la biographie Nous ignorons tous des rapports respectifs de ses diverses d terminantes entre elles par exemple la concision du mot d esprit et son caract re de jugement ludique nous ignorons galement si pour tre vraiment spirituel un mot doit satisfaire toutes ces conditions ou seulement certaines d entre elles lesquelles
122. atiser ceux qui parent leurs r cits g n alogiques de couleurs clatantes Car ce m canisme est tout aussi ind pendant de la condition de r alit qu il l tait dans le cas du rendre comique Voici encore une autre histoire de Mark Twain Son fr re s tait am nag une demeure souterraine dans laquelle il avait plac un lit une table et une lampe et dont le toit tait fait d une toile voile trou e peine sa chambre tait elle en tat qu une vache qu on ramenait le soir du p turage tomba par le trou de la toile sur la table et teignit la lampe Le fr re d ploya la plus grande patience faire sortir la vache et r parer le d sordre il fit de m me lorsque les m mes tribulations se renouvel rent la nuit suivante et ainsi de suite toutes les nuits Cette histoire devient comique par sa r p tition Mark Twain la termine ainsi lorsque la 46e nuit la vache revint tomber le fr re se dit La chose commence devenir monotone C est alors que nous ne pouvons retenir notre joie humoristique car il y avait longtemps que nous nous attendions voir le fr re s irriter de l acharnement de cet accident L humour au petit pied que nous faisons le cas ch ant dans notre existence se produit en g n ral aux d pens de notre m contentement il remplace notre col re L effet puissamment humoristique d une figure telle que celle du corpulent Sir John Falstaff r sulte d une 263 conomie d
123. au mot point de d pe age en syllabes point de modification point de n cessit de transposer le mot de la sph re laquelle il appartient p ex en tant que nom propre une autre Le mot tel qu il est et tel qu il est plac dans la phrase peut la faveur de certaines circonstances se pr ter diff rents sens Les exemples ne manquent pas D apr s K Fischer Un des premiers actes du r gne de Napol on III fut on le sait de confisquer les biens de la famille d Orl ans On en fit un joli jeu de mots C est le premier vol de l aigle Louis XV voulait mettre l preuve l esprit d un de ses courtisans Le mar chal marquis de Bi vre N d T dont on lui avait vant le talent il lui ordonna de faire la premi re occasion un mot d esprit sur lui le roi lui m me disait il voulait lui servir de sujet le courtisan r pondit par Ce bon mot Le roi n est pas un sujet Un m decin quitte le chevet d une malade et dit au mari qui l accompagne Voil qui ne me pla t pas Voil d j longtemps qu elle me d pla t r pond le mari approbateur Naturellement le m decin parlait de l tat de la sant il a cependant traduit son inqui tude en des termes tels qu ils ont fourni au mari 37 l occasion d exprimer son aversion l gard de sa femme A propos d une com die satirique Heine s exprime ainsi L auteur e t t moins mordant s il avait eu plus
124. auditeur la d pense psychique et par l la somme d nergie susceptible d tre d charg e par le rire En outre n oublions pas que dans l esprit le non sens est un but en soi car l intention de r cup rer l ancien plaisir du non sens est l un des mobiles de l laboration de l esprit D autres proc d s nous permettent encore de r cup rer le non sens et d en tirer du plaisir la caricature l hyperbole la parodie le travestissement en usent et r alisent alors le non sens comique Soumettons ces 198 modes expressifs l analyse comme nous l avons fait pour les mots d esprit et nous verrons qu on peut tous les expliquer sans faire intervenir les processus inconscients tels que nous les concevons Nous comprenons pr sent aussi pourquoi le caract re du spirituel peut s ajouter par surcro t la caricature l hyperbole la parodie c est la diversit de la sc ne psychique qui le rend possible Psychischer Sckauplatz Un terme d G Th Fechner et qui a pris une grande importance dans mes conceptions Je crois que la localisation de l laboration de l esprit dans le syst me de l inconscient nous est devenue plus pr cieuse depuis qu elle nous a fait comprendre que les techniques dont d pend cependant l esprit ne sont pas par ailleurs son apanage exclusif Par l m me s claircissent ais ment certains points douteux qu au d but de notre tude de ces techniques nous avions d provisoirement
125. bien que sa nature r alise toutes les conditions qui par comparaison avec la n tre d terminent une diff rence comique citons parmi elles l exc s des d penses en mouvement le trop peu de d pense intellectuelle la domination des op rations psychiques par les fonctions somatiques et ainsi de suite L enfant nous para t comique non pas quand il reste enfant mais seulement quand il se pose en grande personne s rieuse et ceci alors la fa on de tout tre qui se d guiserait Mais tant qu il conserve sa nature d enfant nous prouvons l observer un plaisir pur rappelant peut tre de fort loin le plaisir comique Nous qualifions l enfant de na f en tant qu il nous montre son absence d inhibition et nous qualifions de na f comique tout ce que dans ses propos nous aurions consid r comme obsc ne ou spirituel de la part d un adulte D autre part l enfant n a pas le sentiment du comique Cette proposition semble se borner dire que le sentiment du comique surgit un jour au cours du d veloppement psychique comme nombre d autres facult s ce qui ne serait nullement remarquable attendu que ce sentiment il faut l avouer appara t d j nettement un ge qui appartient encore l enfance On peut toutefois d montrer que cette assertion l enfant manque le sentiment du comique est mieux qu un simple truisme Tout d abord on concevra ais ment qu il ne peut en tre autrement si tant est que soit juste
126. biller anziehen se plaint 106 l annonce d une visite Quel dommage qu on ne puisse se montrer au mo ment o l on est le plus attrayant Gerade wenn man am anziehendsten ist P Kleinpaul Die R tsel der Sprache 1890 Anziehend en train de s habiller attrayant N d T Mais comme je commence douter de mon droit consid rer ce mot comme non tendancieux je vais le remplacer par un autre tout fait simpliste et de ce fait au dessus de pareilles objections Dans une maison o j tais invit on sert la fin du repas cet entremets nomm roulard dont la confection exige un certain talent de la part de la cuisini re C est fait chez vous demande un des invit s Et le ma tre de maison de r pondre Certainement c est un home roulard home rule Cette fois nous ne voulons pas analyser la technique de ce mot d esprit mais concentrer notre attention sur un autre facteur qui est sans doute le plus important Ce mot d esprit impromptu je m en souviens fort bien plut fort aux convives et nous fit rire de bon c ur Dans ce cas comme dans tant d autres la sensation prouv e par l auditeur ne peut provenir ni de la tendance ni du fond de la pens e il ne reste donc qu l attribuer la technique du mot d esprit Les proc d s techniques d crits plus haut condensation d placement repr sentation indirecte etc ont ainsi le pouvoir de susciter chez l auditeur un sent
127. bstraction Ce qui est inconnu abstrait r ellement lev du point de vue intellectuel est difficile saisir or en affirmant sa concordance avec le vulgaire qui nous est familier et dont la repr sentation ne n cessite aucune d pense d abstraction nous le d masquons comme tant tout aussi vulgaire Le comique de la comparaison se r duit donc n tre qu un cas particulier de la d gradation La comparaison peut comme nous l avons vu pr c demment tre spirituelle sans aucun m lange de comique pr cis ment lorsqu elle vite le rabaissement Ainsi la comparaison de la V rit un flambeau qui ne peut tre promen travers une foule sans br ler la barbe quelqu un est purement spirituelle parce qu elle prend au sens litt ral une locution qui est tomb e en d su tude le flambeau de la V rit cette comparaison n est pas du tout comique car malgr son caract re concret le flambeau n est pas exempt d une certaine noblesse Toutefois une com paraison peut ais ment tre tout aussi spirituelle que comique elle peut tre l un ind pendamment de l autre quand elle se fait l auxiliaire de certaines techniques de l esprit par exemple de l unification ou de l allusion Ainsi la comparaison de Nestroy qui assimile la m moire un magasin p 125 est la fois comique et spirituelle comique parce que la comparaison d une notion psychologique un magasin repr sente un rabaissement e
128. ceinte Il adresse naturellement des reproches son ami Celui ci pr tend ne pouvoir s expliquer l accident Mais o donc couchait elle dit le p re Elle a partag la chambre de mon fils Mais comment l as tu fait coucher dans la chambre de ton fils quand je t ai suppli de veiller sur elle Il y avait pourtant un paravent d un c t le lit de ta fille de l autre celui de mon fils et entre les deux un paravent Bien et si ton fils a fait le tour du paravent Toute r flexion faite reprend l autre gravement il est vrai que dans ce cas la chose aurait pu se produire Ce mot dont les autres qualit s sont d ailleurs fort douteuses est bien facile r duire sa r duction serait videmment la suivante Tu 62 n as aucun droit de me faire des reproches Comment as tu t assez sot pour confier ta fille une famille o elle devait vivre constamment en contact avec un jeune homme Comment dans ces conditions un tranger pouvait il veiller la vertu d une jeune fille La sottise apparente de l ami ne fait ici que refl ter celle du p re La r duction a fait dispara tre la sottise du mot d esprit et par l m me tout son esprit Toutefois nous n avons pas limin compl tement l l ment sottise dans le contexte de la phrase que nous venons de r duire son sens propre cet l ment trouve une autre place Nous voici maintenant en mesure de r du
129. changes de grivoiseries qui ne manquent jamais leur effet hilarant Il convient galement de remarquer que malgr ces processus compliqu s qui pr sentent avec l esprit tendancieux tant de points de 113 contact la grivoiserie est affranchie de toutes les exigences formelles particuli res l esprit L vocation sans voiles de la nudit remplit d aise le premier et d cha ne l hilarit du tiers La n cessit d une forme spirituelle n appara t que lorsque l on s adresse des gens raffin s et duqu s La grivoiserie devient spirituelle et n est plus tol r e qu cette condition Son proc d technique le plus courant consiste dans l allusion c est dire dans le remplacement par un d tail qui n offre que des rapports lointains avec l obsc nit que l auditeur r tablit en imagination franche et enti re Plus l cart est grand entre ce que la grivoiserie exprime directement et ce qu elle sugg re imp rieusement l auditeur plus le mot est fin et plus il a droit de cit dans la bonne soci t En dehors de l allusion grossi re ou fine la grivoiserie spirituelle comme le prouvent bien des exemples peut s approprier toutes les autres ressources de l esprit des mots et de l esprit de la pens e On comprend enfin les services que l esprit peut rendre aux tendances qu il sert Il permet la satisfaction d un instinct le lubrique et l hostile en d pit d un obstacle qui lui barre la route il tourne cet obst
130. che plus du comique que de l esprit Comme le comique il a sa localisation psychique dans le pr conscient tandis que l esprit d apr s nos recherches repr senterait un compromis entre l inconscient et le pr conscient D autre part il ne participe point d un caract re particulier commun l esprit et au comique et que peut tre nous n avons pas jusqu ici suffisamment mis en valeur Le comique ne peut na tre qu une condition nous devons avoir l occasion d employer simultan ment ou br ve ch ance pour la m me op ration re pr sentative deux modes diff rents de repr sentation entre lesquels s tablira la comparaison et se r alisera la diff rence comique De telles diff rences surgissent entre ce qui nous est tranger et ce qui nous est propre entre l habituel et le modifi l attendu et le fortuit Si l on se risque donner une entorse la conception de l attente on peut l exemple de Lipps attribuer au comique de l attente une tr s grande partie du domaine total du comique toutefois justement les cas o le comique r sulte de la comparaison entre la d pense d autrui et la n tre propre cas qui sont probablement les plus primitifs du comique s accommoderaient fort mal d une pareille synth se Ce qui dans le cas du spirituel importe au processus qui se d roule chez l auditeur c est la diff rence existant entre deux conceptions simultan es d une m me chose conceptions qui travaillent ch
131. chez l adulte illettr que nous pouvons consid rer en raison de son d veloppement intellectuel comme un infantile Il va de soi que les discours na fs se pr tent mieux la comparaison avec l esprit que les actions na ves tant donn que ce sont les discours et non les actes qui sont les modes d expression habituels de l esprit Il est significatif que les discours na fs tels que ceux des enfants peuvent sans contrainte tre qualifi s galement de mots d esprit na fs La concordance entre l es prit et la na vet et la raison de leur divergence se d gageront ais ment des quelques exemples suivants Une fillette de trois ans et demi sermonne son fr re en ces termes Ne mange donc pas tant de ce plat sans quoi tu seras malade et il fau dra que tu prennes de la Bubizin Qu est ce que c est que a que de la Bubizin demande la m re Lorsque j ai t malade dit la petite en mani re de justification on m a bien donn de la m decine La pe tite Allemande pense que le rem de ordonn par le m decin s appelle Maedizin Maedi fillette Medizin m decine quand il est destin aux filles et que par cons quent il doit s appeler Bubizin lorsqu il est prescrit un petit gar on Bubi gar onnet Voil qui est construit la fa on d un mot d esprit des mots fond sur la technique de l assonance et qui aurait pu en effet tre cont comme un vrai mot d esprit mais n aurait al
132. comique celle que nous trouvons dans la variation de nos propres investissements int resse particuli rement nos relations avec l avenir que nous avons coutume d anticiper dans nos repr sentations d attente Je suppose qu une d pense quantitativement bien d termin e est le fond de chacune de nos repr sentations d attente d pense qui dans le cas de la d sillusion est ainsi rabaiss e d une diff rence d termin e et je rappelle ici nouveau les remarques que j ai faites plus haut au sujet de la a mimique de repr sentation Mais il me semble plus facile de mettre en vidence la d pense d investissement effective ment mobilis e par l attente Il est toute une s rie de cas o de toute vidence l attente se manifeste sous forme de pr parations motrices surtout lorsque l v nement attendu fait appel la motilit on peut m me appr cier quantitativement ces pr parations Je m appr te reprendre une balle qu on me lance tout mon corps se tend pour 222 r sister au choc de la balle et les mouvements excessifs que j ex cute si la l g ret de la balle trompe mon attente ne font que me rendre comique aux yeux des spectateurs Cette attente m a pouss faire une d pense de mouvement exces sive De m me si je sors d un panier un fruit que j estimais lourd et que le fruit soit creux model dans la cire ma main trahit par l lan que j avais pr par cet effet un exc s de potentiel nerveux et pa
133. comme h te dans une m me maison arrive un jour en compagnie d un jeune homme inconnu qui fait mine de s attabler Qui est ce demande le ma tre de maison et il re oit la r ponse suivante Il est mon gendre depuis une semaine et j ai promis de lui donner la table durant la premi re ann e La tendance de ces histoires reste toujours la m me elle se d gagera mieux encore de la suivante le tapeur sollicite du baron l argent n cessaire une cure baln aire Ostende le m decin lui aurait recommand la mer pour gu rir ses malaises Le baron lui fait observer qu Ostende est une station fort co teuse qu une autre plus modique pourrait peut tre fort bien faire l affaire Mais le tapeur repousse cette proposition en ces termes Monsieur le baron rien ne me semble trop cher pour ma sant Voil un superbe mot d esprit par d placement que nous aurions pu donner comme mod le du genre videmment le baron veut r aliser une conomie mais le tapeur r pond comme si l argent du baron tait le sien et il est vrai que s il en tait r ellement ainsi il serait en droit de donner sa sant le pas sur sa fortune Ce mot d esprit tend tout d abord nous faire rire de l insolence de la r plique mais par 127 exception les mots d esprit de cet ordre ne sont pas conditionn s par des fa ades trompeuses qui garent la compr hension La v rit qui se cache ici est que le tapeur qui dans son ima
134. cours desquels le marieur se donne fort justement des airs de sup riorit est encore plus nette dans quelques autres histoires Plus elles sont transparentes moins elles participent la technique de l esprit elles demeurent pour ainsi dire aux confins de l esprit tout ce qu elles ont en commun avec la technique de l esprit c est l dification d une fa ade Cependant leurs tendances identiques et la dissimulation de celle ci derri re une fa ade leur conf rent dans leurs effets le m me pouvoir qu l esprit En outre l indigence des moyens techniques explique que bien des mots d esprit de ce genre ne peuvent sans nuire leur effet se passer de l l ment comique du jargon qui fait en l esp ce office de technique spirituelle 122 Voici une histoire du m me genre qui tout en poss dant toute la force de l esprit tendancieux ne laisse cependant rien para tre de sa technique Le marieur demande Que r clamez vous de votre fianc e R ponse Je la veux belle je la veux riche je la veux instruite Fort bien dit le marieur mais cela fait trois partis C est l une r primande en r gle sans aucun rev tement spirituel Dans tous les exemples pr c dents l agression dissimul e visait encore des personnes dans les mots d esprit de marieurs toutes celles qui participent au trafic des mariages fianc e pr tendant et parents Mais l esprit peut aussi bien s attaquer des institutions
135. d influx nerveux exc s qui r sulte de la comparaison avec mon propre mouvement et qui est devenu inutilisable Nous voyons pr sent qu il nous faut poursuivre nos discussions dans deux directions diff rentes premi rement d terminer les conditions n cessaires la d charge de l exc s deuxi mement voir si les autres cas du comique peuvent tre con us sur le mod le du comique du mouvement Nous aborderons tout d abord ce dernier probl me et apr s le comique des mouvements et des actes nous envisagerons le comique qui r side dans les productions intellectuelles et dans les traits de caract re d une autre personne Nous pouvons prendre comme type du genre le non sens comique r alis l examen par le candidat ignorant il est certes plus difficile de citer un exemple simple concernant les traits du caract re Ne nous laissons pas induire en erreur par ce fait que le non sens et la sottise qui sont si souvent comiques ne le sont pourtant pas dans tous les cas de m me que les m mes caract res qui nous font rire une fois par leur c t comique peuvent nous para tre d autres fois abjects ou ha ssables Ce fait dont nous ne devons Pas oublier de tenir compte indique simplement qu il y a en dehors de la comparaison qui nous est d j bien connue d autres conditions dont d pend l effet comique nous pourrons chercher d m ler ces conditions dans un autre contexte Le comique que je trouve dans les caract
136. dans l esprit nous ont pr sent tant de traits int ressants et nigmatiques font totalement d faut L individu na f se figure avoir pens et s tre exprim d une fa on simple et normale sans soup onner aucune arri re pens e aussi ne r alise t il aucun b n fice de plaisir par la production du na f Les caract res du na f sont d termin s exclusivement par la conception de la personne r ceptrice qui correspond au troisi me personnage du mot d esprit En outre la personne productrice commet le na f sans aucun effort la technique compliqu e qui dans l esprit est destin e paralyser l inhibition de la critique rationnelle fait d faut en elle parce qu elle 208 ne poss de pas encore cette inhibition et ainsi elle peut ext rioriser le non sens et la grivoiserie de plain pied et sans compromis Envisag sous cet angle le na f est le cas limite de l esprit il se r alise lorsque l on r duit z ro le coefficient de cette censure dans l quation de la formation de l esprit Or tandis que l effet du mot d esprit est subordonn cette condition que les deux sujets poss dent peu pr s les m mes inhibitions ou les m mes r sistances internes nous voyons que la condition du na f r side en ce fait qu un des sujets poss de des inhibitions dont l autre est d pourvu C est la personne en puissance d inhibitions qui saisit le na f elle seule r alise le b n fice de plaisir d au na f et nous som
137. days Ce mot repr sente de fa on analogue la fusion de alco hol et holidays jours de f te Lorsque Flaubert publia son c l bre roman Salammb qui avait pour th tre Carthage Sainte Beuve traita ironiquement ce roman de Carthaginoiserie en raison de sa recherche m ticuleuse du d tail Cartha ginois chinoiserie Le meilleur jeu d esprit de cet ordre nous est fourni par un des hommes les plus minents de l Autriche qui apr s une remarquable carri re scientifique et publique occupe actuellement une des plus hautes fonctions de l tat J ai pris la libert de me servir dans ces investigations des mots d esprit qui lui sont attribu s et qui sont tous marqu s au coin de sa verve Je crois y avoir droit puisque ces mots d esprit ne m ont pas t r v l s par indiscr tion Ils sont de notori t publique en cette ville Vienne et circulent dans toutes les bouches Un certain nombre d entre eux a t publi par Ed Hanslick dans la Neue Freie Presse et dans sa propre autobiographie Si les autres ont subi par tradition orale une d formation peu pr s in vitable j en fais mes excuses au lecteur 19 N d A Il s agit du docteur Josef Unger juriste ministre mort depuis N d T je m y risque avant tout parce qu il serait difficile de s en procurer de meilleurs On attirait un jour l attention de M N sur un auteur connu par une s rie d articles vraiment fastidieux parus da
138. de l esprit Voici la tendance de tous ces mots Il n est gu re avantageux d tre un riche parmi les Juifs La mis re d autrui emp che de jouir de sa propre fortune Les histoires pr c dentes ne diff rent de cette derni re plainte d nu e d esprit que par l optique particuli re une situation donn e D autres histoires telle que la suivante et qui par leur technique se 128 pr sentent comme des cas limites de l esprit t moignent d un cynisme profond ment pessimiste Un homme dur d oreille consulte un m decin qui conclut avec justesse que la surdit est due une trop abondante consommation d eau de vie Il conseille donc son malade d y renoncer le patient promet de suivre ce conseil Quelque temps apr s le m decin rencontre son malade dans la rue et lui demande tr s haute voix comment il va Merci r pond l autre inutile de crier si fort docteur j ai cess de boire et entends bien Plus tard nouvelle rencontre Le docteur de sa voix naturelle lui demande de ses nouvelles mais il s aper oit qu il n est pas compris Qu est ce Comment Vous voil revenu l eau de vie crie le docteur l oreille de son patient voil pourquoi vous n entendez pas Vous pouvez avoir raison r plique l homme dur d oreille je me suis remis l eau de vie mais je vais vous dire pourquoi Tant que je n ai pas bu j ai entendu mais tout ce que j ai entendu ne valait pas l eau de v
139. de la cour il lui disait en parlant de ses compatriotes Tutti gli Italiani ballano cosi male Tous les Italiens dansent si mal Elle r pondit du tac au tac Non tutti ma buona parte Non pas tous mais une bonne partie Brill L c D apr s Th Vischer et K Fischer A la premi re repr sentation d Antigone Berlin les critiques trouv rent que la repr sentation man quait du caract re d antiquit classique L esprit berlinois se saisit de cette critique en ces termes Antik Oh nee Antique oh non Un mot d esprit fond galement sur la d composition court les cercles m dicaux allemands Si l on demandait l un de ses jeunes clients si jamais il se masturbe il r pondrait coup s r 0 na nie Oh non ja mais Ces trois exemples qui nous suffiront caract riser l esp ce r pondent la m me technique de l esprit Un nom y est employ deux fois la premi re fois dans son entier la seconde dissoci en ses syllabes cette d composition lui donne un certain sens tout diff rent La qualit de ces mots d esprit r sulte de ce fait qu en m me temps un autre proc d technique d un ordre fort sup rieur a t mis en oeuvre v plus bas D ailleurs je puis signaler ici une relation entre le mot d esprit et l nigme Le philosophe Fr Brentano a compos une sorte d nigmes en vers dans lesquelles il faut deviner un petit nombre de syllabes qui r unies en un seul mot
140. de la formation du r ve Certains traits du r ve sont si trangers l esprit que nous n oserions pas transposer la gen se de l esprit les d marches correspondantes de l laboration onirique La r gression du cours de la pens e vers la perception ne s applique videmment pas l esprit mais si nous supposons applicables par analogie la formation du mot d esprit les deux autres stades de la formation du r ve savoir la chute d une pens e pr consciente dans l inconscient et son traitement sur le mode 187 inconscient le r sultat serait conforme ce que nous observons dans l esprit Adoptons alors cette hypoth se que telle est chez la premi re personne la formation du mot d esprit Une pens e pr consciente est confi e momentan ment au traitement inconscient ce qui r sulte de ce traitement est aussit t r cup r par la perception consciente Avant de nous attacher l examen minutieux de cette proposition il nous faudra penser une objection susceptible de mettre en chec notre hypoth se Nous partons de ce fait que les techniques de l esprit nous ram nent ces m mes processus que nous avons d j reconnus comme particuliers l laboration du r ve On pourrait ais ment nous objecter que nous n aurions pas fait figurer parmi les techniques de l esprit la condensation le d placement etc et que nous n aurions pas trouv de concordances si parfaites entre les proc d s repr sentatifs de
141. de s en d fendre le cas ch ant Sous cette forme le mot perd compl tement son esprit mais il garde une port e psychologique incontestable laquelle on n a pas suffisamment rendu hommage Il se rapproche de la phrase bien connue de Lessing 103 Es sind nicht alle frei die ihrer Ketten spotten Ils ne sont pas tous libres ceux qui rient de leurs cha nes Je mettrai en garde cette occasion contre un malentendu toujours possible Esprit inoffensif ou abstrait ne signifie pas esprit d nu de fond mais implique seulement le contraire de l esprit tendancieux dont il sera question plus loin Comme le d montre l exemple pr c dent l esprit inoffensif c est dire non tendancieux peut tre fort suggestif et fort pertinent Cependant le fond d un mot d esprit est ind pendant de l esprit consid r en soi c est la pens e fonci re qui en vertu d un artifice sp cial d expression parvient s exprimer avec esprit Mais de m me que les horloges ont coutume de renfermer un m canisme de pr cision dans un bo tier pr cieux de m me il peut arriver que les productions les plus spirituelles rec lent justement les pens es les plus profondes tablissons propos de l esprit de la pens e une distinction nette entre le fond de la pens e et son rev tement spirituel sous cet angle nous verrons s clairer dans notre appr ciation des mots d esprit bien des points obscurs A notre g
142. de tendances hostiles et agressives On peut rendre 213 comique quelqu un pour le rendre m prisable pour attenter sa dignit ou son autorit Mais m me si l acte de rendre comique r pondait r guli rement cette intention celle ci ne constituerait pas n cessairement le sens du comique spontan Dans son caract re d sordonn cette vue d ensemble des domaines o se rencontre le comique montre que son lieu d origine est fort tendu et que le comique ne comporte pas de conditions aussi sp cialis es que par exemple le na f Pour d couvrir la condition favorable au comique il importe avant tout de choisir un point de d part idoine nous choisissons le comique des mouvements parce que nos souvenirs nous apprennent que la figuration sc nique la plus primitive la pantomime se sert du mouvement pour nous faire rire Pourquoi rions nous des gesticulations des clowns Parce que ces mouvements sont d mesur s et qu ils ne r pondent pas leur objectif Nous rions d un effort exag r Recherchons maintenant cette condition en dehors du comique artificiel c est dire l o le comique est involontaire Les mouvements de l enfant ne nous semblent pas comiques malgr ses bats et ses sautillements Par contre l enfant est comique lorsque en apprenant crire il tire la langue et suit avec elle les mouvements du porte plume nous voyons dans cette synergie de la langue une d pense inutile de mouvement
143. des cas de brutales pochades dans lesquelles le fait que le Juif semble aux trangers un personnage comique tient lieu d esprit r el Les mots d esprit juifs invent s par des Juifs accordent galement ce point mais les Juifs sont conscients des d fauts v ritables de leur race ainsi que des qualit s qui en sont fonction et la participation de 126 leur propre personne aux travers que le mot d esprit raille r alise la condition subjective qui dans d autres cas est difficile tablir de l laboration de l esprit J ignore du reste si aucun autre peuple s est diverti de lui m me avec une gale complaisance Comme exemple l appui nous pouvons citer l histoire rapport e la page 117 du Juif qui dans le train perd toute civilit et toute d cence aussit t qu il s aper oit que le nouveau venu dans le compartiment est un coreligionnaire Cette anecdote nous a servi d exemple de suggestion par le d tail de repr sentation par le petit c t il est repr sentatif de la mentalit d mocratique juive qui n tablit aucune diff rence entre le ma tre et le valet mais qui trouble malheureusement de ce fait la discipline et la collaboration sociales Une autre s rie de mots d esprit particuli rement int ressante d crit les rapports r ciproques du Juif riche et du Juif pauvre leurs h ros sont le tapeur juif Schnorrer et le patron ou le baron d bonnaires Le tapeur qui est tous les dimanches accept
144. donc annonc Appelez vous cela une vie Le double sens r side dam le mot vie et le d placement consiste en ce fait que le marieur d rive le mot de son sens habituel qui est le contraire de mort pour lui donner celui qu il affecte dans la locution ce n est pas une vie De la sorte il explique ses paroles ant rieures en leur attribuant apr s coup un double sens bien que dans le cas particulier ce sens multiple soit nettement tir de longueur En ceci la technique rappellerait celle du veau d or et celle du mot du bain Mais il convient encore de tenir compte ici d un facteur nouveau qui en raison de sa pr pond rance vient bousculer toute notre compr hension de la technique On pourrait dire que ce mot est caract risant qu il vise illustrer par un exemple ce m lange de duplicit hardie et d esprit d propos qui caract rise les marieurs Ce n est l nous le verrons que la surface la fa ade du mot son sens c est dire ses intentions sont tout autres 59 Nous en tenterons plus loin la r duction Voir chap IIT Apr s cette s rie d exemples complexes et difficiles analyser nous aurons encore une fois la satisfaction de retrouver un cas particuli rement clair et limpide du type d placement Un tapeur juif adresse une requ te un riche baron afin d obtenir un secours p cuniaire lui permettant d aller Ostende les m decins lui auraient recommand
145. du comique appel sa s cheresse se fonde sur la discordance entre l nonciation et les gestes pris dans le sens le plus large qui l accompagnent Dans l laboration du r ve le r le de la repr sentation par le contraire est beaucoup plus important encore que dans l laboration de l esprit Le r ve ne se pla t pas seulement associer deux contraires en une image composite il va souvent jusqu transformer un l ment de la pens e onirique en son contraire ce qui complique singuli rement le travail de l interpr tation De prime abord on ne peut savoir si un l ment susceptible d antith se figure dans la pens e onirique au sens positif ou n gatif Science des R ves 7e d p 217 Ges Schriften Bd II Trad Mayerson p 285 Je dois faire ressortir que ce fait n a point encore t du tout compris Il semble cependant impliquer un caract re important du penser inconscient d pourvu suivant toute vraisemblance d un processus comparable au jugement A la place du rejet par le jugement on trouve dans l inconscient le refoulement Le refoulement peut 197 tre consid r comme interm diaire entre le r flexe de d fense et la condamnation Cette relation des contraires si particuli re l inconscient et encore si mal connue n est pas sans importance dans la compr hension du n gativisme des n vros s et psychopathes Comparer les deux derniers travaux parus sur
146. du comique On peut s en convaincre par les exemples cit s pr c demment et par quelques autres que je rapporte ici Congratulation un joueur l occasion de ses 70 ans Trente et quarante Morcellement avec allusion 234 Hevesi d crivant la fabrication du tabac Die hellgelben Bl tter wurden da in eine Beize getunkt und in dieser Tunke gebeizt Les feuilles jaune clair re urent un bain de mordant et se mordanc rent dans ce bain Emploi multiple du m me mat riel Madame de Maintenon fut appel e Madame de Maintenant Modification de nom Le professeur K stner dit un prince qui au cours d une observation astronomique s tait plac devant le t lescope Mein Prinz ich weiss wohl dass Sie durchl uchtig sind aber Sie sind nicht durchsichtig Mon Prince je sais bien que vous tes transcendant s r nissime mais non pas transparent On qualifia le comte Andrassy de Minister des sch nen Aeusseren Ministre du bel ext rieur il tait ministre des Affaires trang res Mi nister des Aeusseren de l ext rieur On pourrait croire du moins que tous les mots d esprit fa ade absurde doivent avoir l apparence et l effet du comique Je rappelle cependant que bien souvent les mots d esprit de ce genre ont sur l auditeur un autre effet celui de la sid ration et de la tendance les rejeter C est videmment selon que le non sens du mot d esprit appara t comme un non se
147. du comique les directives qui ont d j fait leurs preuves dans le domaine de l esprit Le comique se pr sente tout d abord comme une trouvaille involontaire au cours des rapports sociaux de l humanit On le trouve chez les personnes particuli rement dans leurs gestes leurs formes leurs actions et les traits de leur caract re probablement l origine dans leurs seules qualit s physiques plus tard aussi dans leurs qualit s psychiques ou plus pr cis ment dans les manifestations ext rieures de ces derni res Par un processus tr s courant de personnification les animaux et m me les objets inertes deviennent comiques Le comique peut aussi se d tacher de la personne elle m me dans la mesure o l on reconna t la condition qui rend une personne comique C est l l origine du comique de situation et cette connaissance nous permet de rendre volont une personne comique en la pla ant dans une situation qui conf re ses actes ces conditions du comique La d couverte du pouvoir que nous avons de rendre notre prochain comique nous procure un b n fice inopin de plaisir comique et engendre une technique fort raffin e On peut se rendre comique soi m me tout aussi bien que les autres Les moyens mis en uvre sont la transposition dans une situation comique l imitation le d guisement le d masquage la caricature la parodie le travestissement etc Il est vident que ces techniques peuvent se mettre au service
148. e Ici Hambourg ce n est pas le sc l rat Macbeth qui r gne mais c est Banco Banque Lorsqu on ne peut pas user du mot je dirais en m suser on peut n anmoins au prix d une l g re modification l adapter au double sens Pourquoi les Fran ais ont ils rejet Lohengrin demandait on une poque o leurs id es taient diff rentes de ce qu elles sont aujourd hui La r ponse tait Elsa s Elsass wegen calembour sur Elsa s Elsa l h ro ne de Lohengrin et Elsass Alsace b Le double sens cr par le sens r el et le sens m taphorique d un mot est une source f conde de la technique de l esprit Je n en cite qu un exemple Un m decin connu pour ses fac ties dit un jour au po te Arthur Schnitzler Rien d tonnant ce que tu sois devenu un grand po te vu que ton p re a pr sent le miroir bon nombre de 36 ses contemporains Le miroir que le p re du po te le c l bre m decin le docteur Schnitzler avait pr sent tait le laryngoscope C est le mot c l bre d Hamlet selon lequel le but de la pi ce et par cons quent l intention du po te qui l crit serait de mirer la nature comme dans un miroir il donne la vertu ses traits la honte son image au si cle et au temps son expression et sa silhouette Acte II sc ne 2 c Le double sens proprement dit ou le jeu de mots qui repr sente le cas id al du sens multiple ici point d entorse
149. e Groos Il accouple les mots sans souci de leur sens pour jouir du plaisir du rythme et de la rime Ce plaisir est progressivement interdit l enfant jusqu au jour o finalement seules sont tol r es les associations de mots suivant leur sens Mais avec les progr s de l ge il cherche encore s affranchir de ces restrictions acquises l usage des mots il les d figure par certaines fioritures les alt re par certains artifices redoublement tremblement il se forge m me avec ses camarades de jeu une langue conventionnelle Ces d marches se retrouvent dans certaines cat gories de psychopathies Je suis d avis que quel qu ait t le mobile qui ait dict l enfant l initiative de tels jeux il s y pr te au cours de son d veloppement ult rieur en pleine conscience de leur absurdit et pour le seul attrait du fruit d fendu par la raison Il emploie le jeu secouer le joug de la raison critique Plus tyranniques encore sont les contraintes que nous impose l apprentissage du jugement droit et de la discrimination dans la r alit du vrai et du faux aussi la tendance r agir contre la rigueur de la pens e et de la r alit demeure t elle chez l homme profonde et tenace Ce point de vue domine aussi les processus de 142 l activit imaginative Dans la derni re partie de l enfance et durant la p riode scolaire qui d passe l ge de la pubert la critique a pris une telle puissance que le sujet ne se
150. e pris d abord dans le sens hi rarchique qui se r f re l ordo ordre puis dans le sens du m rite L analogie de ce mot d esprit avec d autres que nous avons vus nous rappelle que dans ce cas particulier l emploi multiple est beaucoup plus apparent que le double sens Le mot ordentlich ordinaire revient sans cesse au cours de la phrase soit tel quel soit modifi par une particule n gative cf p 45 De plus ici encore une notion est tr s adroitement d finie par sa propre expression verbale cf Eifersucht ist eine Leidenschaft etc ou plus pr cis ment deux notions corr latives sont d finies l une par l autre quoique n gativement il en r sulte une subtile intrication Enfin on peut all guer ici le point de vue de l unification savoir l tablissement entre les l ments expressifs d un rapport plus intime que n e t pu le faire pr sager leur caract re Heine dans son Voyage dans le Harz dit L huissier me saluait en coll gue car il est crivain comme moi et m a cit souvent dans ses publications semestrielles comme il m a d ailleurs encore souvent cit et lorsqu il ne me trouvait pas chez moi il poussait la complaisance jusqu inscrire la citation la craie sur ma porte Le Wiener Spazierg nger Promeneur viennois Daniel Spitzer trouva un type social assez r pandu l poque des grandes entreprises sp cu latives profiteur une caract ristique laconique et c
151. e qui l attend devant la chaumi re les p rip ties de son activit prosp re La femme l interrompt avec orgueil Et moi aussi pendant ce temps l je n ai gu re ch m elle ouvre la chaumi re et montre sur le sol douze grosses poup es dormant qu elle pr sente comme ses enfants A ce moment les artistes furent interrompus par les clats de rire bruyants de l auditoire ils ne comprenaient point ils regardaient avec tonnement leur ch re famille qui jusqu ici s tait bien tenue et les avait cout s avec une attention soutenue Ce rire s explique ainsi l auditoire pose comme pr misses que les jeunes auteurs ignorent tout des conditions de la g n ration des enfants et partant se figurent qu une femme peut se flatter d une nombreuse post rit n e pendant une longue absence de son mari et que ce dernier a tout lieu de s en r jouir Cepen dant ce que les jeunes auteurs ont produit en raison de leur ignorance peut s appeler un non sens une absurdit Un troisi me exemple montrera encore la mise en oeuvre au service du na f d une autre technique laquelle l esprit nous a d j initi s On engage pour une fillette une gouvernante soi disant fran aise qui ne lui agr e point A peine la nouvelle engag e s est elle 207 loign e que la petite ne peut s emp cher de dire sur un ton de critique Das soll eine Franz sin sein Vielleicht heisst sie sich so weil sie einmal bei einem
152. e actuelle du sujet Le travail repr sentatif et cogitatif orient vers un objectif s rieux entrave la possibilit de la d charge des investissements ces investissements tant n cessaires aux d placements exig s par ce travail de telle sorte que seules les 249 diff rences de d pense d une importance inattendue parviennent se frayer une voie jusqu au plaisir comique Sont particuli rement d favorables au comique toute esp ce de processus cogitatifs suffisamment loign s du plastique pour mettre fin toute mimique repr sentative la m ditation abstraite ne laisse aucune place au comique sauf dans le cas o cette op ration cogitative est subitement interrompue d L occasion de d clenchement du plaisir comique s vanouit encore lorsque l attention est justement accapar e par la comparaison dont le comique pourrait r sulter Dans ces circonstances tout ce qui autrement e t infailliblement engendr le comique perd tout son pouvoir comique Un mouvement une production intellectuelle ne peuvent devenir comiques pour celui dont l int r t se porte ce moment sur la comparaison de ce mouvement de cette production avec un talon qu il se repr sente clairement Ainsi l examinateur ne trouve point comique le non sens d l ignorance du candidat il s en irrite tandis que les camarades du candidat plus soucieux du r sultat de l examen que du savoir de leur concurrent rient de bon c ur de ce m me non sens
153. e de mesure propre l enfant son ignorance de toutes les relations quantitatives dont la notion est chez lui post rieure celle des relations qualitatives Observer la mesure mod rer m me les impulsions permises voil qui repr sente une acquisition tardive de l ducation et r sulte d une inhibition r ciproque des diff rentes activit s psychiques agr g es en un ensemble L o cette coh rence faiblit dans l inconscient du r ve dans le mono id isme des psychon vroses le d r glement propre l enfant repara t Le comique de l imitation nous avait sembl relativement difficile comprendre tant que nous y avions n glig le facteur infantile L imitation est cependant l art supr me de l enfant et le promoteur de la plupart de ses jeux L ambition de l enfant vise bien moins se distinguer parmi ses pareils qu imiter les grands Des rapports de l enfant l adulte d pend aussi le comique de la d gradation laquelle correspond dans la vie infantile la condescendance de l adulte Rien ne fait plus de plaisir l enfant que de voir l adulte condescendre oublier sa sup riorit crasante pour partager ses jeux de pair compagnon Cet all gement qui procure l enfant un plaisir 258 pur devient chez l adulte sous les esp ces de la d gradation la fois un moyen de rendre comique et une source de plaisir comique Quant au d masquage nous savons qu il se ram ne la d gradation
154. e la censure qui agit durant l tat de veille mais ne d sarme pas compl tement durant le sommeil La t che de la formation du r ve consiste avant tout surmonter l inhibition de la censure et c est pr cis ment cette t che qui s accomplit la faveur des d placements de l nergie psychique au sein du mat riel des pens es oniriques Rappelons nous maintenant la raison qui dans notre tude de l esprit nous a orient s vers le r ve Nous avons trouv que le caract re et les effets de l esprit taient li s certains modes d expression certains proc d s techniques dont la condensation le d placement et la repr sentation indirecte sont les types les plus frappants Nous avons retrouv comme caract ristiques de l laboration du r ve des processus qui aboutissent aux m mes r sultats condensation d placement repr sentation indirecte Cette conformit ne nous am nerait elle pas conclure que l laboration de l esprit et celle du r ve sont pour le moins identiques sur un point essentiel L laboration du r ve d apr s moi s est d voil e dans ses caract res principaux parmi les processus psychiques de l esprit c est justement la partie que nous serions en droit de comparer l laboration du r ve le processus de la formation du mot d esprit chez la premi re personne du mot qui nous demeure cach e Ne devrions nous pas c der la tentation de reconstituer ce processus sur le mod le
155. e le plus difficile Chacune de ces comparaisons en particulier celle de l abstrait au concret est li e un certain abaissement et une certaine pargne de d pense d abstraction dans le sens de la mimique de repr sentation toutefois cette conomie ne suffit naturellement pas faire surgir nettement le caract re du comique Ce caract re ne surgit pas d embl e mais peu peu du plaisir d all gement produit par la comparaison il y a bien des cas qui ne font que c toyer le comique et propos desquels on peut se demander s ils poss dent vraiment le caract re du comique La comparaison devient indubitablement comique lorsque la diff rence de niveau de la d pense en abstraction s accro t entre les deux termes de la comparaison lorsque le s rieux et l inconnu surtout dans l ordre intellectuel et moral entrent en parall le avec le vulgaire et le banal Le plaisir de l all gement dont il vient d tre question et la contribution fournie par les conditions qui commandent la mimique de repr sentation peuvent peut tre nous expliquer comment dans la comparaison on passe d une sorte d agr ment g n ral au comique par des transitions graduelles d termin es par des relations quantitatives J viterai probablement un malentendu en faisant ressortir que dans la comparaison je ne 238 fais pas d river le plaisir comique du contraste des deux objets compar s mais de la diff rence des deux d penses en a
156. e m pris et d indignation Tout en reconnaissant en lui l indigne ripailleur et le flibustier notre jugement est d sarm par toute une s rie de facteurs Nous comprenons que Falstaff se conna t tel que nous le jugeons il nous en impose par son esprit et de plus sa difformit physique exerce par contact un effet favorable en nous faisant prendre le personnage au comique et non point au s rieux comme si sur ce gros ventre devaient s mousser toutes les exigences de la morale et de l honneur Ses actes sont en somme inoffensifs et la bassesse comique de ses victimes lui fournit presque une excuse Nous conc dons ce malheureux le droit de jouir de sa vie tout comme un autre Nous le plaignons presque dans les sc nes principales d tre un jouet aux mains d un plus puissant que lui Nous ne saurions le prendre en aversion et tout ce que nous conomisons d indignation nous le revenons sur le plaisir comique que ce personnage nous dispense d ailleurs largement Au fond l humour de Sir John doit son origine la sup riorit d un moi qui garde lion enjouement et son aplomb en d pit de ses tares physiques et morales Le spirituel chevalier Don Quichotte de la Manche est au contraire une figure qui ne poss de pas d humour par elle m me mais qui dans son s rieux nous dispense un plaisir que l on pourrait qualifier d humoristique malgr une diff rence importante que nous remarquons entre son m canisme et celui de l humour
157. e m re pr te l accueillir La phrase de Michelet est une vraie sottise celle de Lichtenberg par contre est un mot d esprit qui utilise la sottise de propos d lib r et cache quelque chose 64 Quoi c est ce que nous ne pouvons dire encore KK Ces deux groupes d exemples nous ont appris que pour produire l expression spirituelle l laboration de l esprit use dans sa technique des d viations de la pens e normale c est dire du d placement et du contresens Il y a tout lieu de croire que d autres fautes de raisonnement peuvent tre utilis es de m me Et en effet nous pouvons citer quelques exemples de ce genre Un monsieur entre dans une confiserie et demande un g teau il l change ensuite contre un petit verre de liqueur Il le boit et veut sortir sans payer Le patron le retient Que voulez vous Payez votre liqueur Mais je vous ai donn un g teau en change Vous ne l avez pas pay non plus Mais je ne l ai pas mang Cette histoire joue encore la logique fa ade qui nous est d j famili re et qui est particuli rement apte travestir une faute de raisonnement videmment l erreur tient ce que le client roublard tablit entre la restitution du g teau et l change avec le petit verre un rapport inexistant L incident comporte en r alit deux actes qui pour le vendeur sont ind pendants l un de l autre et ce n est que dans l esprit de
158. e mot d esprit serait la suivante cet homme a eu un grand avenir devant lui mais c en est fait pr sent L eu et la proposition qui suit sont remplac s dans le membre de phrase principal par une l g re modification derri re s tant substitu son contraire devant Un autre facteur encore que je me r serve de citer plus loin coop re la technique de ce mot d esprit Il se rapporte au caract re intrins que de la modification repr sentation par le contraire contresens Rien n emp che la technique de l esprit d user la fois de plusieurs proc d s que cependant nous ne parviendrons conna tre que l un apr s l autre Une modification du m me genre conditionne un autre mot d esprit de M N visant un gentilhomme parvenu au minist re de 24 l agriculture sans autre titre que ses exploitations rurales L opinion publique avait eu l occasion de le reconna tre comme le moins capable des ministres auxquels ce d partement e t jamais t confi Lorsqu il r signa ses fonctions pour se retirer dans ses terres M N dit de lui Comme Cincinnatus il a repris sa place devant sa charrue Le Romain que l on arracha sa charrue pour lui confier la magistrature reprit ensuite place derri re sa charrue Aujourd hui comme nagu re c est toujours le b uf que l on met devant la charrue Une amusante condensation avec l g re modification se retrouve en core dans un mot de Karl K
159. e parler des mobiles de l esprit puisque la recherche du plaisir doit tre reconnue comme tant la raison suffisante de son laboration Mais il n est pas impossible d une part que d autres mobiles concourent la production de l esprit et que d autre part certaines observations connues nous obligent poser le th me de la conditionnalit subjective de l esprit Deux raisons surtout nous y engagent Quoique l laboration de l esprit excelle tirer du plaisir des processus psychiques tous les hommes on le sait ne sont pas galement aptes l esprit L laboration de l esprit n est pas la port e de tout le monde et notamment un degr lev elle devient l apanage d une faible minorit dont on dit pour les distinguer des autres qu ils ont de l esprit L esprit appara t ici comme une facult sp ciale comme une facult de l me pour employer l ancienne terminologie qui garde une certaine ind pendance par rapport aux autres facult s intelligence imagination m moire etc On peut donc supposer aux gens d esprit des dispositions particuli res ou des aptitudes psychiques qui permettent ou favorisent l laboration de l esprit Je crains de ne pouvoir aller bien loin dans l investigation de ce th me Il est bien rare que l analyse d un mot d esprit isol nous permette de p n trer les conditions subjectives du psychisme de son auteur Le hasard veut justement que le premier exemple qui nous ai
160. e partie est identique au terme familier de la premi re phrase ses syllabes finales au millionnaire de la seconde ce n ologisme repr sente pour ainsi dire l l ment millionnaire qui se trouve dans la seconde phrase par cons quent la seconde phrase tout enti re il nous permet ainsi de deviner la seconde phrase qui a t omise dans le texte de ce mot d esprit On peut le d crire comme un m lange des deux l ments familier et millionnaire et l on serait tent de figurer cette synth se par cette image graphique Les syllabes communes aux deux mots sont imprim es en caract res pench s pour faire ressortir le contraste avec les caract res diff rents des l ments sp ciaux des deux mots Nous nous sommes permis d omettre le deuxi me 1 peine discernable dans la prononciation Il est facile de concevoir que l identit de plusieurs syllabes dans les deux mots fournit la technique du spirituel l occasion de former un mot composite FAMI LI ERE MI LIONNAIRE FAMI LIONNAIRE Le processus qui a fait de la pens e un mot d esprit peut se repr senter de la mani re suivante qui tout en paraissant au premier abord bien fantastique aboutit n anmoins un r sultat exactement conforme la r alit R m a trait tout famili rement c est dire autant qu il est possible un millionnaire 15 Imaginons une force de compression qui s exercerait sur ces deux phrases
161. e profil e sur les objets je n avais pas me soucier de produire sur une partie de mes lecteurs pareille impression susceptible de contrarier nos recherches L homme le plus d vot resterait capable de se former une opinion sur le probl me qui nous occupe On peut ais ment deviner quel trait caract ristique du mot d esprit il faut attribuer la diversit des r actions de l auditeur du dit mot Tant t l esprit se suffit lui m me en dehors de toute arri re pens e tant t il rel ve d une intention et de ce fait devient tendancieux Seul le mot d esprit tendancieux risque de choquer certaines personnes qui se refusent alors l entendre Th Vischer qualifie d abstrait l esprit non tendancieux je pr f re le terme d inoffensif 101 Selon les mat riaux utilis s par la technique du mot d esprit nous avons distingu plus haut l esprit des mots et l esprit de la pens e aussi devons nous examiner les rapports qui existent entre cette distinction et celle que nous venons d tablir Esprit des mots et esprit de la pens e d une part esprit abstrait et esprit tendancieux de l autre ne sont pas en relation d influence r ciproque ce sont deux subdivisions de la production spirituelle enti rement ind pendantes l une de l autre On a peut tre eu l impression que les mots d esprit inoffensifs proc dent plut t de l esprit des mots tandis que la technique plus compliqu e de l esprit de la pens e se mettr
162. e sa d claration qu il va Cracovie ce qui est pourtant la v rit Ce puissant proc d technique le contresens se combine cependant un autre la repr sentation par le contraire en effet d apr s l affirmation incontest e du premier le second ment quand il dit la v rit et dit la v rit au moyen d un mensonge Or le s rieux de cette histoire consiste dans la recherche du crit rium de la v rit nouveau l esprit conduit un probl me et exploite l incertitude d une de nos conceptions les plus courantes Est ce dire la v rit que de pr senter les choses telles qu elles sont sans se pr occuper de la fa on dont l auditeur entendra ce qu on dit N est ce peut tre l qu une v rit j suitique et la r elle sinc rit ne consiste t elle pas plut t tenir compte de la personne de l auditeur et lui fournir un tirage fid le de son propre savoir Je consid re ces mots d esprit comme suffisamment diff rents des autres pour leur assigner une rubrique sp ciale Ils s attaquent non pas une personne ou une institution mais la certitude de notre connaissance elle m me qui fait partie de notre patrimoine sp culatif Le nom le plus appropri ce type d esprit serait celui d esprit sceptique KK Au cours de nos tudes sur les tendances de l esprit nous avons peut tre clairci quelques points et nous nous sommes certes sentis enhardis poursuivre nos investigations mais les conclusio
163. ec une qualit du repr sent bien que d ordinaire la psychologie nous mette en garde contre une telle confusion 215 J ai acquis la repr sentation d un mouvement d une certaine amplitude en ex cutant ou en imitant moi m me ce mouvement et l occasion de cet acte j ai appris conna tre dans mes sensations d innervation une mesure de ce mouvement Le souvenir de cette d pense d innervation demeurera la partie essentielle de la repr sentation de ce mouvement et y aura toujours dam ma vie psychique certaines mani res de penser dans lesquelles la repr sentation ne sera d termin e que par cette d pense Dans d autres conjonctures cet l ment peut la rigueur tre remplac par d autres p ex par les repr sentations visuelles du but du mouvement nu par la repr sentation du met pertinent dam certaines formes du penser abstrait un signe suffira suppl er tout le contenu de la repr sentation Or lorsque je per ois chez un autre un mouvement similaire de plus ou moins grande amplitude la voie qui me m nera le plus s rement sa compr hension son aperception co ncidera avec celle que je suivrais moi m me pour reproduire par imitation ce m me mouvement je puis alors d cider lequel de ces deux mouvements n cessite chez moi une d pense sup rieure Cette impulsion l imitation se produit sans aucun doute lors de la perception du mouvement Mais je n imite pas en r alit ce mou
164. el du mot d esprit Plus tard nous avons trouv par analogie avec l laboration du r ve ce caract re dans un compromis m nag par l laboration de l esprit entre les exigences de la critique rationnelle et la pulsion ne pas renoncer ce plaisir d antan li au non sens et au jeu avec les mots Le compromis ainsi r alis lorsque la pointe pr consciente de la pens e tait confi e pour un moment l laboration inconsciente 229 satisfait dans tous les cas l un et l autre d sideratum mais offrait prise la critique diff rents gards et se trouvait ainsi expos subir de sa part des jugements divers L esprit avait une fois r ussi usurper par ruse la forme d une phrase insignifiante mais admissible une autre fois se faufiler dans l expression d une pens e int ressante dans le cas extr me du compromis il avait renonc satisfaire aux exigences de la critique et se fiant ses propres sources de plaisir il se pr sentait la critique dans le simple appareil du non sens Il ne craignait alors pas d encourir sa d sapprobation car il pouvait escompter que l auditeur redresserait par le traitement inconscient la d formation de l expression du mot d esprit et par l eu r tablirait le sens r el En quel cas l esprit appara tra t il la critique comme un non sens Tout sp cialement lorsqu il adoptera les fa ons de penser que l inconscient accepte mais que le conscient r prouve
165. emps une comparaison ing nieuse qu elle ait connu ou non l origine la fortune d un mot spirituel peu importe Mais on rafra chit la comparaison on lui rend sa pleine vigueur en lui faisant subir une modification et de la sorte on en tire une seconde une nouvelle comparaison La fa on dont cette seconde comparaison d rive de la premi re semble la condition du mot d esprit mais non point par elle m me chacune des deux comparaisons Elle rel verait 93 de la m me technique spirituelle que l exemple du flambeau Pour une raison diff rente que l on peut pourtant appr cier peu pr s de m me la comparaison suivante nous semble spirituelle Les comptes rendus m apparaissent comme une sorte de maladie d enfants qui s vit plus ou moins sur les livres nouveau n s L exp rience nous montre que les plus viables parfois succombent et que bien des fai blards en r chappent Quelques uns ne la contractent m me pas On a cherch bien souvent les pr server par les amulettes de l avant propos et de la d dicace ou m me les maculer par l autocritique mais cela ne r ussit pas toujours La comparaison des comptes rendus aux maladies d enfants ne s appuie d abord que sur la contamination qui suit imm diatement la naissance Est elle spirituelle je n oserais l affirmer Mais la comparaison est pouss e plus loin il se trouve que les destins ult rieurs des livres nouveaux peuvent tre repr sent s dans le cadre de
166. er et de baisser isol ment le nez Une bonne partie de l effet comique que nous produit l animal tient ce que nous lui voyons ex cuter des mouvements que nous ne pouvons reproduire Mais qu est ce qui d clenche en nous le rire au moment o nous nous apercevons que les mouvements d autrui sont d mesur s et contraires leur objectif C est je pense la comparaison des mouvements de cette personne ceux que j eusse faits sa place Il va sans dire qu il faut appliquer aux deux grandeurs compar es une commune mesure et cette mesure est ma d pense d innervation li e dans un cas comme dans l autre la repr sentation du mouvement Cette assertion demande tre illustr e et comment e Ce que nous mettons ici en parall le c est d une part la d pense psychique n cessaire une certaine repr sentation d autre part le contenu de cette repr sentation Notre assertion tend dire que la premi re n est pas en g n ral et en principe ind pendante du second c est dire du repr sent et en particulier que la repr sentation du grand n cessite plus de d pense psychique que la repr sentation du petit Tant qu il ne s agit que de la repr sentation de certains mouvements d amplitudes diverses le bien fond th orique de notre proposition et sa d monstration par l observation courante semblent faciles tablir Nous verrons en effet qu en pareil cas une qualit de la repr sentation co ncide r ellement av
167. era encore de la sympathie Dans l encyclop die la lettre S Les questions plaisantes ne sont pas des mots d esprit dans toute l acception du terme parce que les r ponses spirituelles qu elles r clament ne peuvent pas tre devin es comme les allusions ellipses etc des mots d esprit Nous le pressentons d j et nous pourrons le comprendre mieux en core par la suite cette condition le d tournement de l attention que nous venons de d couvrir n est nullement un trait indiff rent du processus psychique qui se d roule chez l auditeur du mot d esprit Ce trait nous en explique d autres Tout d abord comment il se fait que nous ne sachions peu pr s jamais en entendant un mot d esprit de quoi nous rions bien que nous puissions secondairement l tablir par l analyse C est que le rire r sulte d un processus automatique impossible r aliser si notre atten tion consciente n est point accapar e par ailleurs En second lieu nous comprenons cette particularit du mot d esprit qui consiste en ce qu il ne r alise son plein effet sur l auditeur que lorsqu il a pour lui le charme de la nouveaut lorsqu il le surprend Cette propri t responsable de la vie ph m re des mots d esprit et de la n cessit d en cr er sans cesse de nouveaux tient apparemment ce qu il est dans la nature m me de la surprise ou du traquenard de ne pouvoir r ussir une seconde fois Quand on r p te un mot d esprit l attention e
168. ermettent d employer dans une phrase le m me mot ou le m me mat riel verbal en jouant sur la multiplicit de leurs sens Se pourrait il que toutes ces possibilit s se pr sentassent nous comme des proc d s techniques du mot d esprit Il semble en tre effectivement ainsi l exemple des mots suivants va le d montrer On peut d abord adopter le m me mat riel verbal et en modifier l g rement l agencement Plus la modification est l g re plus on a l impression qu un sens diff rent est exprim par les m mes mots plus le mot est r ussi du point de vue de la technique D Spitzer Wiener Spaziergange Promenades viennoises v IL p 42 31 Das Ehepaar X lebt auf ziemlich grossem Fusse Nach der Ansicht der einen soll der Mann viel verdient und sich dabei etwas zur ckgelegt haben nach anderen wieder soll sich die Frau etwas zur ckgelegt und dabei viel ver dient haben Le couple X vit sur un assez grand pied Au dire de certains le mari aurait beaucoup gagn pour se mettre sur le velours au dire des autres la femme se serait mise sur le velours pour beaucoup gagner Zur cklegen mettre de c t se pencher en arri re Intraduisible litt ralement en fran ais Tandis que viel verdient se traduit litt ralement par beaucoup gagn N d T Voil un mot vraiment diabolique et peu de frais Beaucoup gagn s tre mis sur le velours s tre mise sur le velours beaucoup gagner
169. es plus fr quentes du plaisir humoristique C est le m canisme habituel de l humour de Mark Twain Dans les r cits qui ont trait la vie de son fr re il nous raconte que celui ci attach une vaste entreprise de travaux publics fut surpris par l explosion pr coce d une mine et s en fut par les airs retomber fort loin de son chantier nous sommes irr sistiblement saisis de compassion pour ce malheureux sinistr nous voudrions savoir si son accident n a pas eu de cons quences graves mais la suite de l histoire nous apprend qu on lui retint une 262 demi journ e de salaire pour s tre loigne de son chantier notre piti s vanouit et notre c ur se cuirasse l gal de celui des entrepreneurs nous devenons aussi indiff rents qu eux l ventualit du pr judice caus sa sant Une autre fois Mark Twain nous expose son arbre g n alogique qu il fait remonter un compagnon de Christophe Colomb Cependant lorsqu il en vient nous d crire le caract re de cet anc tre dont les bagages se bornaient quelques pi ces de linge portant des chiffres diff rents nous ne pouvons que rire aux d pens du respect que nous nous pargnons et auquel nous tions tout dispos s aux premi res phrases de cette histoire de famille Le m canisme du plaisir humoristique n est point troubl de ce fait que nous le sachions cette g n alogie est fictive cette fiction sert la tendance satirique visant stigm
170. es qu elles soient les populaires clefs des songes en ont tenu compte Repr sentation indirecte remplacement de la pens e onirique par une allusion par un d tail proc d symbolique quivalent la m taphore voil justement ce qui distingue le langage onirique de la pens e de l homme veill Cf ma Science des R ves chap VI laboration du r ve Un parall lisme aussi complet entre les processus de l laboration de l esprit et ceux de l laboration du r ve ne peut gu re tre fortuit Nous nous attacherons plus loin tudier ces concordances et en d m ler les causes 100 Chapitre II Les tendances de l esprit En rapportant la fin du dernier chapitre la comparaison tablie par Heine entre le pr tre catholique consid r comme le commis d une maison de gros et le pasteur protestant consid r comme le patron d une maison de d tail j avais senti une inhbition qui m inclinait ne pas utiliser ce parall le Je me disais qu il se trouverait probablement parmi mes lecteurs quelques personnes aussi respectueuses de la discipline et du sa cerdoce que de la religion elle m me je pensais qu elles tomberaient dans un tat affectif tel que peu leur importerait alors de d cider si le parall le tait spirituel par lui m me ou seulement par l addition de quel ques l ments trangers Pour tout autre parall le comme p ex pour celui qui compare certaine philosophie une douce clart lunair
171. es termes Lipps l a d j fait c est ainsi qu il a comment la formule du po te p 87 Nous le comprenons Heine veut dire que l accueil tout en tant familier poss dait cette familiarit connue qui n a rien gagner d un arri re go t de millions Nous n alt rons nullement ce sens en adoptant une autre formule peut tre mieux adapt e au discours de Hirs ch Hyacinthe Rothschild me traitait tout fait d gal gal de fa on toute famili re c est dire autant qu il est possible un millionnaire La condescendance d un riche ajouterions nous a toujours quelque chose de p nible pour celui auquel elle s adresse Du reste nous nous occuperons encore de ce mot d esprit et nous aurons l occasion de rectifier la transposition de Lipps laquelle la n tre se relie mais cette rectification ne troublera pas les discussions qui vont suivre Que nous adoptions l une ou l autre de ces deux formules quivalentes de la pens e nous voyons que la question que nous nous sommes pos e se trouve parfaitement r solue Dans cet exemple le caract re spirituel ne r side pas dans la pens e C est une remarque juste et judicieuse que Heine pr te son personnage Hirsch Hyacinthe remarque d une incontestable amertume d ailleurs bien naturelle de la part d un homme pauvre l adresse d un homme aussi fortun mais nous n oserions pas la qualifier de spirituelle Si toutefois en d pit de notre transposition
172. esprit les jeux de mots consistait orienter notre psychisme suivant la consonance des mots plut t que suivant leur sens laisser la repr sentation auditive des mots se substituer leur signification d termin e par leurs relations la repr sentation des choses Il nous est permis en effet de supposer que le travail psychique est de ce fait grandement facilit et que l emploi s rieux des mots exige un certain effort pour renoncer ce 135 proc d si commode Nous pouvons observer dans des tats morbides de la fonction mentale au cours desquels la facult de concentrer l effort psychique sur un seul point est probablement restreinte que la repr sentation par assonance verbale prend de fait le pas sur le sens des mots de tels malades suivent dans leurs discours la progression des associations extrins ques au lieu de suivre celle des as sociations intrins ques pour nous servir de la formule consacr e De m me chez l enfant accoutum consid rer encore les mots comme des objets nous remarquons la tendance assigner une consonance identi que ou analogue un sens identique ce qui occasionne bien des erreurs dont sourient les grandes personnes Si nous sommes charm s incontestablement lorsqu un m me mot ou un mot phon tiquement voisin nous transporte d un ordre d id es un autre ordre d id es fort loign p ex le home roulard qui transportait de la cuisine la politique on pe
173. esprit qui circulent ont leurs jours compt s et poss dent m me un curriculum vitae qui conna t la jeunesse le d clin pour sombrer enfin dans le plus complet oubli Le besoin qu prouvent les hommes de tirer du plaisir de leurs processus cogitatifs fait constamment surgir des mots d esprit nouveaux en rapport avec les v nements du jour La vitalit des mots d esprit actuels ne d pend pas de leurs qualit s propres elle est par l interm diaire de l allusion emprunt e d autres int r ts dont le d clin entra ne celui du mot d esprit Or cette actualit source d une joie ph m re mais source particuli rement riche source qui vient grossir les sources propres l esprit ne peut pas tre purement et simplement homologu e au fait de retrouver le connu Il s agit plut t d une certaine qualit du connu qui poss de en propre d tre fra che d tre nouvelle de n avoir pas encore subi les injures de l oubli La formation des r ves offre aussi cette pr dilection particuli re pour les faits r cents et donne in vitablement penser que cette alliance au r cent conf re une prime de plaisir particuli re et se trouve de ce fait facilit e L unification qui n est que la r p tition s appliquant aux rapports entre les id es au lieu de s appliquer au mat riel verbal est 140 consid r e par G Th Fechner comme une des sources du plaisir de l esprit Fechner dit Vorschule der Aesthetik I XVII A mon a
174. est de plus sourde Un pr tendant fait en compagnie du marieur la premi re visite sa fianc e ventuelle en attendant la famille au salon ce dernier fait 70 admirer au jeune homme une vitrine qui renferme une fort belle argenterie Voyez lui dit il quelle fort une d note cette argenterie Mais dit le jeune homme sceptique ces objets de prix n auraient ils pas t emprunt s pour la circonstance afin de nous jeter de la poudre aux yeux Quelle id e reprend le marieur avec d dain qui pr terait ces gens quoi que ce soit Ces trois cas sont calqu s l un sur l autre Une personne a r agi plusieurs fois de suite suivant le m me mode une derni re fois cette m me r action se montre inad quate la situation et en opposition avec les intentions m mes du sujet Elle n glige de s adapter la situation elle se laisse aller l automatisme de l habitude Ainsi l acolyte de la premi re histoire oublie qu il a t emmen pour disposer le pr tendant en faveur de la pr tendue et s il s est montr tout d abord fid le sa consigne en soulignant les avantages de la fianc e par ses r it rations il appuie avec insistance sur le chapitre de la bosse timidement avou e qu il e t fallu escamoter en douce Le marieur de la seconde histoire est fascin par la liste des d fauts de la pr tendue au point qu il en compl te l inventaire au m pris de sa fonction et de ses intentions
175. est le seul jugement Le jugement qui fait surgir le contraste comique est l esprit il participait d j en sourdine la caricature mais ce n est que dans le jugement qu il appara t sous sa forme particuli re et qu il prend son libre essor p 49 On le voit Lipps transf re le caract re qui signale l esprit au sein m me du comique l activit l attitude agissante du sujet K Fischer au contraire caract rise l esprit en fonction de son objet qui d apr s lui serait la laideur latente du monde des pens es Il est impossible d appr cier la valeur de ces d finitions de l esprit peine possible m me de les comprendre si on ne les replace dans le contexte dont elles figurent ici d tach es l on se trouverait donc astreint parcourir les trait s que les divers auteurs ont consacr s au comique pour y glaner quelques clart s sur l esprit On peut reconna tre par ailleurs que ces m mes auteurs s entendent aussi assigner avec justesse l esprit quelques uns de ses caract res g n raux et essentiels sans tenir compte n anmoins de ses rapports avec le comique Voici selon K Fischer le crit rium de l esprit qui semble le mieux satisfaire l auteur lui m me L esprit est un jugement ludique p 51 Pour expliquer ce terme l auteur nous ram ne l analogie avec la libert esth tique qui consiste dans l observation ludique des choses p 50 Ailleurs p 20 l attitude esth tique en pr
176. et supposons que la deuxi me phrase soit pour une raison quelconque la moins r sistante Cette derni re dispara tra son armature le mot millionnaire qui est capable de r sister la suppression s accolera pour ainsi dire la premi re et Se soudera au mot familier qui pr sente avec lui tant d affinit cette occasion de sauver l essentiel de la deuxi me phrase favorisera la chute des l ments accessoires moins importants C est ainsi que se forme le mot d esprit R m a trait de fa on toute famillionnaire mi li aire Abstraction faite de cette force de compression qui d ailleurs nous est inconnue nous pouvons consid rer la gen se du mot d esprit c est dire la technique spirituelle de cet exemple comme le r sultat d une condensation avec formation substitutive la substitution en l esp ce consiste dans la formation d un mot composite Le mot composite famillionnaire incompr hensible en lui m me s explique imm diatement par le contexte et appara t ainsi comme plein de sens ce mot est le vecteur de l effet risible dont le m canisme ne nous devient d ailleurs pas plus compr hensible apr s la d couverte de la technique de l esprit Jusqu quel point une condensation verbale avec substitution par un mot composite peut elle nous procurer du plaisir et forcer notre rire C est l remarquons le un tout autre probl me que nous aborderons plus loin lorsqu il nous se
177. exp rience touchant la conservation presque ind finie des traces laiss es par les processus psychiques m ont en effet incit tenter de figurer l inconnu sous cette forme imag e Pour viter tout malentendu je dois ajouter que je ne pr tends nullement proclamer que ces voies psychiques soient constitu es par les cellules ou les 167 fibres nerveuses pas plus que par le syst me des neurones qui de nos jours a pris leur place bien qu il doive tre possible de repr senter ces voies d une mani re encore impr visible par des l ments organiques du syst me nerveux Ainsi d apr s notre hypoth se dans le rire les conditions sont telles qu une somme d nergie psychique employ e jusque l un investissement peut se d charger librement or si tout rire n est pas un signe de plaisir celui que provoque un mot d esprit en est un coup s r nous inclinerons donc rapporter ce plaisir la lev e d un investissement ant rieur Si l auditeur d un mot d esprit rit tandis que son auteur ne le peut pas c est que chez l auditeur un certain effort d investissement devient superflu et se d charge tandis que la formation du mot d esprit comporte des inhibitions qui entravent ou la lev e de l inhibition ou la possibilit de la d charge On ne peut mieux caract riser le processus psychique de l auditeur c est dire du tiers du mot d esprit qu en faisant ressortir qu il r colte tr s peu de frais le plaisir q
178. facteurs puisse tre per ue Voir p 51 2e d Leipzig 1897 Les italiques sont de Fechner A mon avis le th me de l esprit nous fournit peu d occasions de v rifier ce principe qui s applique tant d autres productions artistiques L esprit nous a appris autre chose encore qui s carte du moins fort peu de ce principe c est que dans la collaboration de plusieurs facteurs g n rateurs du plaisir il est impossible de d m ler dans quelle mesure chacun d eux contribua l effet g n ral On peut cependant faire varier la situation envisag e dans le principe du concours et soulever propos de ces conditions nouvelles une Qu arrive t il en g n ral dans les cas o des conditions de plaisir se heurtent des conditions de d plaisir De quoi d pend alors la r sultante et son signe alg brique L esprit tendancieux constitue un cas particulier parmi toutes ces dites possibilit s Il existe d une part une impulsion une aspiration qui voudrait puiser du plaisir une certaine source et qui m me y parviendrait d elle m me s il ne surgissait aucun obstacle Il existe d autre part une aspiration antagoniste qui s oppose au d veloppement du plaisir et par cons quent l inhibe ou le r prime Comme le d montre le r sultat la force r pressive doit tre dans une certaine mesure sup rieure la force r prim e qui de ce fait n est pourtant pas supprim e Survienne une seconde aspiration qui bien qu
179. faut L esprit ne r side pas dans la question mais bien dans la r plique ou plut t dans la question pos e en mani re de r ponse Comment En manquerait il donc un Et aucune amplification ni aucune modification pourvu qu elle ne touche point son sens ne peut d pouiller cette r ponse de son esprit Nous avons aussi l impression que dans la r ponse du deuxi me juif le fait de ne pas comprendre l id e de bain importe plus que le malentendu sur le mot prendre Mais nous ne voyons pas encore bien clair et nous chercherons un troisi me exemple Encore une histoire juive qui pourtant n est juive que par son d cor son fond tant tout bonnement humain Certes ce cas pr sente aussi ses complications ind sirables mais qui heureusement ne nous emp chent pas comme les pr c dentes d y voir clair Un malheureux en pleurant sa mis re emprunte 25 florins un ami riche Le jour m me le bienfaiteur le trouve attabl au restaurant devant une portion de saumon la mayonnaise Il lui en fait reproche Comment vous me tapez et vous vous offrez du saumon mayonnaise Voil l emploi de mon argent Je ne comprends pas dit l autre sans ar gent impossible de manger du saumon mayonnaise j ai de l argent je ne dois pas manger du saumon mayonnaise quand donc mangerai je du saumon mayonnaise Ici enfin plus trace de double sens La r p tition de saumon mayonnaise ne peut pas non plu
180. festations d ordre affectif Ce dont nous nous souvenons ainsi en tant que r ve je l ai appel contenu manifeste du r ve Il est souvent compl tement absurde et confus parfois l un ou l autre mais m me lorsqu il est tout fait coh rent comme dans beaucoup de r ves d angoisse il appara t par rapport notre vie psychique comme quelque chose d tranger dont on ne parvient pas discerner l origine L explication de ces caract res du r ve a t jusqu pr sent recherch e en lui m me on les consid rait en effet comme les signes d une activit d sordonn e dissoci e pour ainsi dire endormie des l ments nerveux J ai montr par contre que ce contenu manifeste si singulier du r ve peut toujours tre rendu compr hensible en tant que transcription mutil e et alt r e de certaines formations psychiques tout fait correctes qui m ritent le nom de pens es latentes du r ve Pour les p n trer il faut r duire en ses l ments constitutifs le contenu manifeste du r ve sans avoir gard son sens apparent ventuel puis suivre les fils des associations qui partent de chacun des l ments ainsi isol s Ces fils d associations s entrelacent et aboutissent finalement une trame de pens es qui non seulement sont parfaitement correctes mais se rangent ais ment dans la connexit de nos processus psychiques nous connus Cette analyse a d pouill le contenu du r ve de t
181. ffet rien d autre qu la localisation dans l inconscient et il nous faut admettre que dans le processus inconscient de la pens e se trouvent r alis es les conditions qui dans le pr conscient font d faut de telles condensations En dehors de l laboration onirique et de la technique de l esprit j ai indiqu la condensation comme tant un l ment r gulier et significatif d un autre processus psychique encore savoir du m canisme de l oubli normal non tendancieux Les impressions singuli res rendent l oubli difficile d autres impressions qui pr sentent entre eues quelque rapport s oublient tant condens e partir de leurs points de contact La confusion d impressions analogues est un des pr ludes de l oubli Tout porte croire que le processus de la condensation laisse tomber certains des l ments qui lui sont soumis d autres se chargent alors de leur nergie d investissement se renforcent par la condensation ou acqui rent par elle une force exag r e La concision du mot d esprit serait donc comme celle du r ve un ph nom ne concomitant n cessaire de la condensation qui se produit et dans le r ve et dans l esprit elle serait dans les deux cas le r sultat d un processus condensateur C est cette origine que la concision du mot d esprit devrait son caract re particulier impossible pr ciser mais frappant pour le sentiment Nous avons pr c demment p 223 consid r comme par
182. gination consid re l argent du coreligionnaire riche comme le sien propre est vraiment presque fond commettre cette confusion en raison des prescriptions de la loi sacr e d Isra l Assur ment le sentiment de r volte qui a engendr ce mot d esprit vise cette loi si on reuse m me pour les d vots Voici une autre histoire Un tapeur rencontre un confr re dans l escalier d un richard celui ci lui d conseille d aller plus loin Ne monte pas le baron est mal lun aujourd hui et ne donne pas plus d un florin Je monte tout de m me dit le premier pourquoi lui ferais je cadeau d un florin Me donne t il jamais quelque chose moi Ce mot emprunte la technique du contresens puisque le tapeur affirme simultan ment que le baron ne lui donne rien et se met en devoir de solliciter une aum ne Mais le contresens n est qu apparent il est presque exact que le riche ne lui donne rien puisque aux termes de la loi d Isra l le riche est tenu de lui faire l aum ne et que m me il devrait lui tre reconnaissant de l occasion qu il lui offre de faire une bonne action Il y a donc antinomie entre la conception religieuse et la conception banale et bourgeoise de l aum ne la seconde se r volte contre la premi re dans l histoire du baron qui mu par le r cit des malheurs du tapeur sonne son valet Fichez le dehors il me brise le c ur Cette mise nu de la tendance constitue de nouveau un cas limite
183. gne de d tail d un des effets de la condensation savoir l emploi multiple du m me mat riel le jeu de mots l assonance et nous avons fait d river le plaisir procur par l esprit inoffensif de cette pargne plus tard nous avons trouv que la tendance primitive de l esprit consistait r aliser ce b n fice de plaisir le jeu avec les mots auquel l esprit pouvait se livrer sans contrainte durant le stade ludique mais qui fut frapp d interdit par la critique rationnelle au cours de l volution intellectuelle ult rieure A pr sent nous avons opt pour l hypoth se que ces condensations dont use la technique de l esprit closent automatiquement dans l inconscient en dehors de toute intention au cours du processus cogitatif Ne s agit il pas ici de deux conceptions 191 diff rentes et en apparence incompatibles d un m me fait Je ne le sais pas ce sont bien deux conceptions diff rentes qui demandent tre concili es mais il n y a entre elles aucune contradiction Elles ne sont qu trang res l une l autre et quand nous aurons pu tablir quelque rapport entre elles nous aurons suivant toute probabilit quelque peu progress dans notre savoir Le fait que les condensations de ce genre sont des sources de plaisir s accorde fort bien avec cette hypoth se que l inconscient r alise ais ment les conditions n cessaires leur gen se nous estimons m me que l immersion dans l inconscient se trouve d
184. hez autrui je me sers en r alit de ce tiers pour veiller mon propre rire et l on peut en effet observer que si tout d abord le narrateur en faisant son mot a gard son s rieux il m le bient t un rire discret aux clats de rire du tiers La communication de mon mot d esprit autrui r pondrait ainsi plusieurs intentions premi rement elle me donnerait la certitude objective de ce que l laboration de l esprit a 176 vraiment r ussi deuxi mement elle compl terait mon propre plaisir par choc en retour d autrui sur moi m me troisi mement si je ne fais que rapporter l esprit des autres elle r cup rerait la somme de plaisir que le manque de nouveaut lui a fait perdre Au terme de cette discussion des processus psychiques de l esprit en tant qu ils ont pour th tre deux individus il convient de jeter un coup d il r trospectif sur le facteur de l pargne qui nous parut si important dans la conception psychologique de l esprit et cela d s notre premi re lucidation de la technique Voil longtemps que nous nous sommes loign s de la conception la plus imm diate mais aussi la plus simpliste de cette pargne c est dire du fait pur et simple d viter une d pense psychique en r duisant au minimum le nombre des mots et la formation des associations d id es Nous nous disions alors d j qu tre concis laconique n tait pas encore tre spirituel La concision de l esprit est une concision sp
185. i n aurait pu trouver son emploi si la r ponse du teinturier avait t Non Monseigneur je crains que le cheval ne supporte pas l bullition L unification fait encore usage d un autre proc d technique fort curieux la juxtaposition par la conjonction et Celle ci implique le rapport nous ne pouvons l entendre autrement Lorsque dans son Voyage dans le Harz Heine nous d peint la ville de Goettingen dans ces termes En g n ral les habitants de Goettingen se divisent en tudiants professeurs philistins et b tail nous comprenons cette juxtaposition dans le sens pr cis que Heine souligne en ajoutant cette phrase Ces quatre types ne sont rien moins que nettement diff renci s De m me propos de l cole o disait il il avait subi galement le latin les corrections et la g ographie la place d honneur des corrections Parmi les mati res d enseignement montre 76 videmment que l colier a gard le m me souvenir des corrections que du latin et de la g ographie Lipps parmi les exemples d num rations spirituelles coordination proches parentes de tudiants professeurs philistins et b tail de Heine cite le vers suivant Mit einer Gabel und mit M h zog ihn die Mutter aus der Br h 3 Avec la fourchette et mille maux sa m re le retira du pot Comme si la peine tait un ustensile pareil la fourchette ajoute Lipps Nous avons toutefois l imp
186. ie Techniquement parlant ce mot n est gu re que l expos d une id e le jargon les artifices de la narration sont ici indispensables provoquer le rire mais derri re se dresse cette triste question Cet homme n a t il pas eu raison dans son choix Ce sont les mille aspects de la mis re sans espoir des Juifs que figurent ces anecdotes pessimistes c est ce caract re commun qui me permet de les grouper sous la rubrique de l esprit tendancieux D autres histoires qui participent du m me esprit cynique et qui n appartiennent pas toutes au cycle juif prennent partie les dogmes religieux et la croyance en Dieu elle m me L histoire du Zyeuter du rab bin est difi e techniquement sur la faute de raisonnement qui r sulte de la juxtaposition sur le m me plan de l imagination et de la r alit on pourrait du reste consid rer avec tout autant de raison sa technique comme un d placement Son esprit cynique ou critique s attaque aux thaumaturges et m me la foi aux miracles A son lit de mort Heine aurait fait un mot nettement blasph matoire Il aurait r pondu au pr tre qui amicalement le recommandait la gr ce 129 de Dieu et lui faisait esp rer le pardon de ses p ch s Bien s r qu il me pardonnera C EST SON M TIER C est l une comparaison qui rabaisse et techniquement parlant elle ne repr sente qu une allusion car un m tier Un commerce une profession c est l le
187. ieur ait toutes les 121 apparences d une rigoureuse logique apparences dont un examen attentif d montre le n ant recouvre cette v rit que l esprit donne raison au marieur la pens e ne se risque pas lui donner raison sur le mode s rieux et remplace ce mode s rieux par un camouflage spirituel mais comme en bien d autres circonstances la plaisanterie trahit ici l intention s rieuse Nous ne craignons pas de nous tromper en supposant que toutes ces histoires fa ade logique veulent vraiment dire ce qu elles pr tendent dire avec des arguments volontairement erron s C est pr cis ment cet emploi du sophisme comme truchement de la v rit qui lui conf re le caract re de l esprit caract re qui d pend ainsi avant tout de la tendance Le fond m me de ces deux histoires est en effet le suivant le pr tendant se couvre r ellement de ridicule en cherchant de tous c t s avec un soin jaloux des avantages la fianc e avantages qui en r alit S croulent l un apr s l autre et il oublie ce faisant qu il doit s attendre prendre pour femme une personne qui comme tous les tres humains a forc ment des d fauts tandis que la seule qualit capable de rendre supportable le mariage avec une cr ature plus ou moins imparfaite savoir l inclination mutuelle le d sir d une entente amicale n entrent m me pas en ligne de compte dans tout ce march La satire du pr tendant qu impliquent ces r cits au
188. igner par sa r action la plaisanterie que la plaisanterie a su sauvegarder le plaisir de jouer avec les mots Il doit tre d humeur enjou e ou tout au moins indiff rente pour pouvoir vis vis de la plaisanterie jouer le r le de tiers Ce m me obstacle intervient galement dans l esprit inoffensif et dans l esprit 163 tendancieux mais dans ce dernier cas un autre obstacle surgit encore c est l opposition la tendance que l esprit cherche servir Le tiers auditeur d un mot d esprit obsc ne m me excellent ne sera pas d humeur en rire si ce mot vise une de ses proches parentes qu il r v re Dans une r union de cur s et de pasteurs personne ne se risquerait comparer comme l a fait Heine les ministres catholiques ou protestants de petite commer ants ou des repr sentants de maisons de gros devant un parterre de sujets d vou s mon adversaire les invectives les plus spirituelles que je pourrais lui d cocher ne feraient pas l effet de mots d esprit mais d invectives pures et simples et soul veraient non point le rire mais l indignation de l auditoire Une certaine disposition favorable ou tout au moins une certaine indiff rence l absence de tout l ment capable de susciter des sentiments vifs oppos s la tendance sont indispensables pour permettre au tiers de contribuer l accomplissement du processus spirituel Lorsque aucun de ces obstacles ne s oppose l effet du mot d esp
189. iment de plaisir sans que nous puissions d terminer la modalit de ce pouvoir De cette mani re nous arrivons la deuxi me proposition capable d lucider le probl me de l esprit la premi re p 22 non ait que le caract re du mot d esprit tait li la forme expressive Remarquons cependant que la seconde proposition ne nous a en d finitive rien appris de nouveau Elle ne fait qu isoler ce qu une exp rience ant rieure nous avait d j enseign Nous nous rappelons en effet que lorsqu il tait possible de r duire le mot d esprit c est dire de remplacer son expression verbale par une autre tout en conservant soigneusement 107 l int gralit de son sens non seulement le caract re spirituel s vanouissait mais encore l effet risible bref tout ce qui en faisait le charme Nous n osons poursuivre ici sans nous tre pr alablement expliqu s avec nos autorit s philosophiques Les philosophes qui rangent l esprit dans le comique et traitent du comique m me dans l esth tique assignent comme caract re fondamental la repr sentation esth tique d tre compl tement ind pendante et d gag e de toute consid ration utilitaire des choses de toute intention d en faire usage pour satisfaire un des grands besoins vitaux leur contemplation la jouissance de leur repr sentation nous doivent suffire Cette jouissance ce mode de repr sentation d une chose est purement esth tique elle est autonome el
190. impossibilit pour l auteur du mot d esprit d en rire nous fait supposer comme nous venons de le dire que le processus psychique de l auteur diff re de celui du tiers et que cette diff rence porte soit sur la lev e de l investissement d inhibition soit sur la possibilit de sa d charge Mais cette premi re ventualit ne peut correspondre la r alit comme nous devons aussit t en convenir L investissement d inhibition doit avoir t lev galement chez la premi re personne sans quoi le mot d esprit n e t pas surgi puisque pour le former il fallait triompher de ladite r sistance Dans ces conditions il serait de plus impossible que le premier go t t au plaisir de l esprit puisque nous avons fait d river ce plaisir de la lev e de l inhibition Reste donc cette seconde ventualit que le premier ne peut rire malgr le plaisir qu il prouve parce que la possibilit de la d charge est entrav e Ce trouble qui s oppose la d charge n cessaire au rire peut tenir ce que l nergie d investissement lib r e est imm diatement remploy e d autres d marches endopsychiques Nous avons bien fait d envisager cette ventualit nous y reviendrons tout l heure Mais chez le premier personnage du mot d esprit une autre condition qui aboutit au m me r sultat peut tre r alis e Malgr la lev e de l investissement d inhibition peut tre aucune somme d nergie susceptible de s ext rioriser n
191. in et en particulier de sa chevelure rousse L homme bien lev s est d shabitu de railler les tares physiques en outre la chevelure rousse ne compte pas parmi les d fauts physiques risibles Elle semble n anmoins telle l colier au vulgaire et en raison du niveau de leur ducation certains repr sentants communaux et parlementaires Or ce mot d esprit de M N nous a permis et ceci suivant le mode le plus ing nieux nous gens adultes et d licats de rire de la chevelure rousse de l historien X tout comme si nous tions des coliers Certes M N n y avait point song mais il est fort douteux que quelqu un qui laisse courir son esprit doive en conna tre les intentions pr cises L obstacle l agression que l esprit aidait tourner tait dans ces cas d ordre int rieur savoir la r volte esth tique contre l invective d autres fois il peut tre d ordre purement ext rieur Il en est ainsi lorsque Se enissimus frapp de la ressemblance qu un tranger offrait avec lui m me demande Ta m re a t elle habit la r sidence et re oit du tac au tac la r ponse Non pas ma m re mais mon p re L interlocuteur voudrait s rement assommer le malotru qui par cette allusion ose salir la m moire de sa m re ch rie Mais ce malotru est Serenissimus que l on ne peut frapper ni m me offenser sans expier cette Vengeance durant toute sa vie Il e t donc fallu sans mot dire
192. ion du r ve est la substitution des associations dites extrins ques simultan it contiguit dans l espace assonance aux associations intrins ques similitude causalit etc Tous ces proc d s de d placement appartiennent galement la 194 technique du mot d esprit mais le cas ch ant leur usage ne d passe pas en g n ral les limites qui leur sont assign es dans le penser conscient ils peuvent m me manquer bien que normalement le mot d esprit ait aussi pour t che de vaincre une inhibition L emploi r duit des d placements dans l laboration de l esprit tient ce que l esprit dispose en g n ral nous nous en souvenons d une autre technique pour parer l inhibition nous n avons m me justement rien rencontr de plus caract ristique du mot d esprit que cette technique Contrairement au r ve l esprit ne se pr te pas des compromis il n lude pas l inhibition il s attache conserver intact le jeu avec les mots ou avec le non sens toutefois il se borne choisir les cas o ce jeu o ce non sens se pr sentent sous des dehors la fois admissibles plaisanterie ou ing nieux esprit gr ce au sens multiple des mots et la vari t infinie des relations cogitatives Rien ne distingue mieux l esprit des autres formations psychiques que sa double face et son double langage et c est par l du moins que les auteurs ont le mieux p n tr sa nature intime en faisant ressortir le fac
193. ique serait utile comme elle nous le fut ici la compr hension du comique Pour en revenir au comique du mouvement je rappelle que la perception d un mouvement donn s accompagne de l impulsion le repr senter par une certaine d pense un certain effort Donc lorsque j prouve la volont de comprendre ce mouvement lorsque j en r alise l aperception j engage une certaine d pense et ce stade du processus psychique je me comporte exactement comme si je me mettais la place de la personne observ e Je saisis probablement en m me temps le but de ce mouvement et je peux estimer en vertu de l exp rience acquise quelle d pense serait n cessaire l atteindre Je fais alors abstraction de la personne observ e et je m y prends comme si pour mon propre compte je cherchais atteindre le but du mouvement Ces deux virtualit s repr sentatives reviennent une 218 comparaison entre le mouvement observ et le mien propre Si le mouvement de l autre personne est d mesur et contraire son objectif l exc s de ma d pense n cessit e par la com pr hension est inhib in statu nascendi pour ainsi dire pendant la mobilisation cet exc s est d clar superflu et il est ainsi libre d tre utilis par ailleurs ventuellement d tre d charg par le rire De cette fa on quand d autres circonstances favorables surviennent le plaisir d au mouvement comique serait engendr par un exc s de d pense
194. ir soutenir la concurrence des autres propri taires de canons Interrompons l analyse de cet exemple pour faire voir que le m me sens dans le non sens existe dans un autre mot du m me genre plus bref et plus simple bien que moins tranch 61 Ne jamais tre n s voil l id al pour les mortels fils de l homme Mais ajoutent les sages des Fliegende Bl tter c est peine si cela arrive un sur cent mille Cette addition moderne ce pr cepte de la sagesse traditionnelle est un non sens absolu rendu plus absurde encore par la restriction peine qui veut tre prudente Mais elle cadre fort bien titre de restriction vidente avec la premi re phrase Elle d montre que ce pr cepte universellement respect ne vaut gu re mieux qu un non sens Qui n est pas n n est pas un fils de l homme il n y a donc pour lui ni bien ni meilleur Le non sens contenu dans le mot d esprit r v le et souligne un autre non sens tout comme dans l exemple de l artilleur Itzig Voici un troisi me exemple qui par sa donn e ne m riterait gu re les longues explications qu il exige mais qui met particuli rement bien en relief l emploi dans le mot d esprit d un non sens destin faire ressortir un autre non sens Un homme sur le point de partir en voyage confie sa fille un ami en le priant de bien veiller sur sa vertu pendant son absence Quelques mois apr s il retrouve sa fille en
195. ire le mot du canon L officier devrait dire Itzig je te sais un commer ant avis Mais je te le dis c est de ta part une grande b tise de ne pas comprendre qu il est impossible de se conduire au service militaire comme dans le commerce o chacun agit pour soi et contre les autres Le service militaire exige la subordination et la solidarit Or la technique des mots d esprit par non sens que nous avons envisag s jusqu ici consiste dans l emploi d une sottise d une absurdit pour mettre en vidence en vedette une autre sottise une autre absurdit L application du contresens la technique de l esprit a t elle dans tous les cas cette signification En voici un autre exemple qui tend l affirmer Phocion voyant le peuple applaudir un de ses discours demanda un ami Quelle sottise ai je donc dite Cette question appara t comme un contresens Mais nous en saisissons rapidement le sel Ou ai je donc dit qui ait pu plaire autant ce peuple stupide Au fond je devrais rougir de ce succ s si cela a plu aux imb ciles cela n a pas d tre bien fort 63 D autres exemples prouvent cependant que le contresens est souvent employ dans la technique de l esprit sans viser mettre en valeur un autre non sens Un ma tre connu de l Universit qui savait assaisonner de mots d esprit des cours qui traitaient de sujets peu captivants recevait des f licita tions l occasion de la n
196. irmation nouvelle Ce fait que la satire et la critique ne s adressent pas la personnalit du marieur qui dans les exemples pr c dents tait une v ritable t te de Turc est d montr par toute une s rie de mots d esprit dans lesquels le marieur est tout au contraire figur comme un personnage d intelligence sup rieure comme un dialecticien capable d aplanir toutes les difficult s Ce sont des histoires dont la fa ade est logique au lieu d tre comique des mots d esprit de la pens e d ordre sophistique Dans une de ces histoires p 87 le marieur parvient faire passer le pr tendant sur la boiterie de la fianc e C est l du moins chose faite tandis qu une femme aux jambes droites risquerait chaque instant de tomber de se briser la jambe d o maladie souffrance frais m dicaux tout cela vous est vit avec une boiteuse Ou bien dans une autre histoire il r torque fort judicieusement et un un les griefs du pr tendant l gard de sa fianc e et il oppose la derni re objection celle ci irr futable l argument suivant Que voulez vous il vous faut donc une femme sans d fauts comme si rien ne subsistait des insinuations pr c dentes Il est ais dans ces deux cas de signaler les points faibles de l argumentation c est ce que nous avons fait propos de l examen de leur technique Cette fois c est un nouveau point qui nous int resse Le fait que le discours du mar
197. is e C est pourquoi dans notre vie repr sentative les cas qui comportent de telles diff rences de d pense psychique sont tr s nombreux au regard de ceux comparativement fort rares qui engendrent le comique Deux observations s imposent d embl e qui embrasse f t ce d un coup d il rapide les conditions qui pr sident l closion du comique par la diff rence de d pense premi rement il est des cas o le comique se pr sente infailliblement et pour ainsi dire n cessairement et par contre il en est d autres o le comique semble absolument d pendre de certaines conditions et du point de vue du spectateur deuxi mement des diff rences particuli rement importantes triomphent tr s fr quemment de conditions d favorables et le comique jaillit malgr elles On pourrait conform ment au premier point diviser le comique en deux classes le comique in luctable et le comique circonstanciel dans la premi re classe on devrait n anmoins s attendre a priori ce que l in luctabilit du comique souffr t des exceptions Il serait fort s duisant de rechercher les conditions requises par l une et l autre classe Ce sont les conditions group es en partie sous la rubrique d isolation du cas comique qui r gissent essentiellement la deuxi me classe 248 Une analyse plus serr e permet de reconna tre peu pr s les conditions suivantes a La condition la plus favorable l closion du plaisir comi
198. is commis par Heine Apr s s tre pr sent pendant assez longtemps comme un prince hindou Le Grand chap V il jeta un jour le masque et avoua sa dame Ma dame je vous ai tromp e J ai t aussi peu Calcutta que le dindon Kalkutte que j ai mang hier Le d faut de ce mot d esprit vient apparemment de ce que ces deux mots Kalkutta Kalkutte se ressemblent ce point qu on peut dire qu ils sont proprement parler identiques Le volatile dont il a mang doit dit on son nom allemand sa ville d origine K Fischer s est vivement int ress ce genre de mots d esprit qu il entend s parer nettement du jeu de mots p 78 Le calembour est un mauvais jeu de mots car il joue avec le mot non point en tant que mot mais en tant que son Le jeu de mots au contraire p n tre du son l me m me du mot D autre part il range famillionnaire Antigone antik o nee etc parmi les calembours Je ne me crois point oblig de le suivre dans cette voie Dans le jeu de mots il s agit gale ment d une assonance laquelle s associe un sens ou l autre Le langage courant n tablit gu re de diff rence tranch e entre les deux et s il traite avec m pris le calembour et avec un certain respect le jeu de mots c est que cette appr ciation ne para t pas 49 d pendre de la technique mais d autres consid rations Remarquez quel genre appartiennent les m
199. is de se livrer ces jeux d autrefois auxquels il trouvait du plaisir mais l homme ne veut pas tre r duit cette seule chance et renoncer un plaisir qu il a jadis connu Il s applique alors trouver des moyens aptes le rendre ind pendant de cette bouff e de gaiet Aussi le d veloppement ult rieur du processus qui aboutit l esprit est il domin par cette double tendance tromper la critique et suppl er l humeur Nous voici donc parvenus la seconde tape pr paratoire de l esprit c est dire la plaisanterie Elle sert r aliser le b n fice de plaisir li au jeu tout en imposant silence l opposition de la critique qui toufferait dans l uf le sentiment du plaisir Une seule voie nous est offerte il faut que l assemblage absurde des mots ou l agencement incoh rent des pens es ait tout de m me un sens Tout l art de l laboration de l esprit tend trouver des mots et des constellations de pens es aptes cet office Toutes les ressources techniques de l esprit ont d j leur place marqu e dans la plaisanterie aussi le langage parvient il difficilement d limiter leurs domaines respectifs Ce qui diff rencie la plaisanterie du mot d esprit c est que le sens de la phrase soustraite la critique n a pas besoin d tre profond nouveau au seulement correct il lui suffit de pouvoir trouver son expression peu importe que celle ci soit insolite oiseuse ou insipide L essentiel de la
200. isation d un objectif semblable Par l ce cas se rapproche du comique na f mais il est plus simple Tout d shabillage auquel un tiers nous fait assister en spectateur ou dans le cas de la grivoiserie en auditeur quivaut placer la personne d shabill e dans une situation comique Nous avons appris que l objectif de l esprit consiste supplanter la grivoiserie grossi re et nous rendre ainsi une source perdue du 252 plaisir comique Par contre surprendre volontairement un de ces d shabillages n est pas comique pour le guetteur car l effort supprime alors pour lui la condition du plaisir comique il ne subsiste ici que le plaisir sexuel du spectacle Mais si apr s coup le guetteur raconte un autre sa d couverte la personne guett e redevient comique car elle est consid r e par le tiers comme ayant omis l effort qu e t n cessit le myst re de son intimit Ce cas mis part le sexuel et l obsc ne nous fournissent amplement l occasion d atteindre en dehors de l excitation sexuelle agr able le plaisir comique en tant que l homme y peut tre repr sent comme riv ses besoins corporels d gradation ou que derri re l amour th r se d voilent les exigences somatiques d masquage KK Nous serons surpris de nous trouver galement par l ouvrage charmant et vivant de Bergson Le Rire invit s chercher comprendre le comique par sa psychogen se Nous connaissons d j les formules q
201. isir pr liminaire et nous appellerons ce principe principe du plaisir pr liminaire Nous pouvons maintenant formuler ainsi le mode d action de l esprit tendancieux il se met au service des tendances et la faveur du plaisir qu engendre l esprit agissant en tant que plaisir pr liminaire il engendre par la lev e des r pressions et des refoulements un plaisir nouveau Si nous jetons pr sent un coup d il sur son volution nous pouvons dire que du d but la fin de cette volution l esprit est rest fid le sa propre nature Il d bute la fa on d un jeu qui cherche son plaisir dans le libre emploi des mots et des pens es D s que les progr s de la raison lui font consid rer le jeu des mots comme insipide le jeu avec les pens es comme absurde l esprit se fait plaisanterie afin de ne point renoncer ces m mes sources de plaisir et de retrouver dans le non sens lib r un regain de plaisir Puis en tant que mot d esprit proprement dit encore d pourvu de tendance il pr te son concours certaines pens es qu il met en tat de d fier l assaut du jugement critique cet gard le principe de la confusion des sources du plaisir lui est utile Enfin il fait cause commune avec des tendances primordiales de l me qui sont en lutte avec la r pression pour lever les inhibitions intrins ques conform ment au principe du plaisir pr liminaire Raison jugement critique r pression voil les
202. ison plus ou moins spirituelle de Souli mais de la r ponse incontestablement plus fine de Heine Alors nous n avons aucun droit de toucher la phrase du veau d or qui ne sert que de pr misse la r plique de Heine ainsi la r duction ne doit s appliquer qu cette derni re Voulons nous pr ciser la phrase Oh celui l doit en avoir pass l ge nous ne pouvons l ex primer autrement qu en disant Oh ce n est plus un veau c est d j un b uf adulte Il en r sulterait que Heine dans son mot d esprit n aurait pas pris le veau d or dans un sens m taphorique mais dans un sens personnel en l appliquant l homme de finances lui m me Ce double sens ne pr existait il pas d j dans la pens e de Souli Mais comment donc Nous croyons remarquer que cette r duction n annihile pas enti rement le mot d esprit de Heine en effet elle ne tou che point son essence Ainsi Souli dirait Voyez comme le 51 XIXe si cle adore le veau d or Et Heine de r pondre Oh ce n est plus un veau c est d j un b uf Et sous cette forme r duite le mot demeure toujours spirituel Or toute autre r duction des paroles de Heine est impossible Il est bien regrettable que les conditions techniques de cet excellent exemple soient si compliqu es Comme il ne peut nous clairer sur la technique abandonnons le pour en chercher un autre qui nous semble avoir une certaine accointance avec le
203. issement qu on laisse se produire dans l inconscient En entendant et en comparant la pens e con ue sur le mode inconscient la pens e correcte nous r alisons la diff rence de d pense d o r sulte le plaisir comique Or un mot d esprit qui use dans sa techni que de telles fautes de raisonnement et qui de ce fait para t absurde peut en m me temps avoir un effet comique Si nous ne parvenons pas d pister le mot d esprit il ne subsiste encore dans ce cas que l histoire comique la farce Un excellent exemple d un effet de comique pur par tol rance du mode de penser propre l inconscient est fourni par l histoire du chaudron emprunt qui au rendu avait un trou L emprunteur pr tendait premi rement qu il n avait point emprunt de chaudron deuxi mement que le chaudron avait d j un trou lorsqu il l avait emprunt et troisi mement qu il l avait rendu intact sans trou p 89 C est justement l incompatibilit de plusieurs pens es contradictoires dont chacune a prise isol ment sa raison d tre qui n existe plus dans l inconscient Le r ve qui nous le savons est une manifestation des modes de penser de l inconscient ne conna t pas conform ment cette loi l alternative Ou Ou Bien Cette alternative est tout au plus ajout e par le narrateur titre d interpr tation mais seulement la juxtaposition simultan e Dans le songe que malgr sa complication j avais choisi pour se
204. issue d une autre source soit capable de d clencher le plaisir par un processus 153 identique et qui agit par cons quent dans le m me sens que l aspiration r prim e Quel pourra tre le r sultat en pareil cas Un exemple sera plus explicite que ce sch ma Supposons que l aspiration consiste invectiver une personne d termin e le sens des convenances la culture esth tique s opposent cette aspiration de fa on rendre l invective impossible si l invective pouvait clater par exemple sous l influence d une modification de l tat affectif ou de l humeur l clat de la tendance injurieuse causerait ult rieurement une sensation de d plaisir Il n y a donc pas d invective de prof r e Mais supposons que surgisse la possibilit d utiliser le mat riel de mots et de pens es destin s l invective la confection d un bon mot d esprit c est dire de puiser le plaisir d autres sources sur lesquelles ne p serait pas le m me interdit Cependant ce deuxi me plaisir ne saurait clore sans l appoint de l invective mais d s que celle ci peut se faire jour le plaisir nouvellement lib r lui reste attach L exp rience de l esprit tendancieux montre qu en pareille occurrence la tendance r prim e peut recevoir du plaisir inh rent l esprit la force n cessaire vaincre l inhibition qui autrement e t t la plus forte L invective sera prof r e pour rendre le mot d esprit possible Mais l agr men
205. it si nous observons que l usage de la langue ne s est pas moul sur nos conceptions scientifiques touchant la nature de l esprit conceptions que nous avons acquises grand peine au cours de nos recherches tant donn qu il est dans les attributions de l esprit de rendre nouveau accessibles d anciennes sources du plaisir comique p 151 on peut si l on se contente d une lointaine analogie qualifier de mot d esprit 227 tout artifice qui d voile un comique non flagrant Mais ce dernier trait s applique par excellence au d masquage ainsi qu d autres m thodes de ridiculisation On appelle en somme esprit toute vocation consciente et habile du comique que ce soit du comique d la mani re de voir ou la situation Naturellement cette conception de l esprit ne peut nous tre utile ici Lipps l c p 78 On peut encore faire rentrer dans le d masquage certains proc d s de ridiculisation qui nous sont d j connus proc d s qui ravalent la dignit d un homme en montrant qu il participe l infirmit humaine et particuli rement que son activit psychique est domin e par ses besoins corporels Le d masquage revient alors dire Tel ou tel que l on admire l gal d un demi dieu n est qu un homme comme toi et moi Se rangent encore dans cette cat gorie tous les efforts destin s mettre en vidence derri re la richesse la libert apparente de la production psychique l automatisme p
206. it nous sugg re t il ce doute c est qu il poss de une face dans notre cas une fa ade comique qui blouit l un tandis qu un autre peut essayer de regarder derri re On peut aussi soup onner que cette fa ade soit destin e blouir le regard qui scrute et que par cons quent ces histoires cachent quelque chose En tout cas si nos histoires de marieurs sont des mots d esprit elles sont des mots d esprit d autant meilleurs que non seulement elles sont capables gr ce leur fa ade de dissimuler ce qu elles ont dire mais encore de dire quelque chose de d fendu L interpr tation qui en se poursuivant d voile ce qui est cach et r v le comme tendancieuses ces histoires fa ade comique pourrait tre celle ci celui qui laisse chapper ainsi inopin ment la v rit est en r alit heureux de jeter le masque C est l une conception juste et profond ment psychologique Sans ce consentement int rieur personne ne succomberait l automatisme qui r v le ici la v rit Il s agit du m me m canisme qui r git le lapsus linguae et d autres ph nom nes de la trahison de soi m me Voir Zur Psychopathologie des Alltagslebens La Psychopathologie de la vie quotidienne De la sorte le marieur qui nous semblait tout d abord ridicule nous devient sympathique et digne de piti Quelle joie ce doit tre pour cet homme d tre enfin lib r du fardeau de la dissimulation quand il saisit la premi re occa
207. it tr s facilit si nous pouvions consid rer comme connu des lecteurs l un des termes de la comparaison l laboration du r ve Mieux vaut cependant n y point compter J ai l impression en effet que ma Science des R ves parue en 1900 a apport mes coll gues plus de sid ration que de lumi re et je sais que le profane s est content de r duire le livre ce mot lapidaire r alisation de d sirs mot dont il est aussi facile de se souvenir que de m suser Dans l tude constante des probl mes trait s dans mon ouvrage probl mes en pr sence desquels mon activit de m decin et de psychoth rapeute me place journellement je n ai trouv aucun fait susceptible de modifier ou de corriger mes id es il m est donc loisible d attendre patiemment que la compr hension de mes lecteurs m ait rejoint ou qu une critique p n trante m ait signal les erreurs 180 fonci res de ma conception D sireux d tablir une comparaison avec l esprit je rappellerai le plus succinctement possible les notions essentielles concernant le r ve et son laboration Nous connaissons le r ve par le souvenir le plus souvent fragmentaire qui nous en reste au r veil Le r ve est alors un tissu d impressions sensorielles le plus souvent visuelles parfois diff rentes qui nous ont donn l illusion d un v nement et auxquelles peuvent se m ler des processus cogitatifs le savoir dans les r ves et des mani
208. it vaut il de tels efforts mon avis on n en saurait douter Sans parler des consid rations d ordre personnel que r v lera la suite de ces tudes et qui m ont pouss scruter les probl mes de l esprit je puis en appeler l troite solidarit des diverses manifestations psychiques Cette solidarit est telle que toute acquisition psychologique aussi lointaine qu elle puisse para tre marque une avance de prime abord inestimable dans d autres domaines de la psychologie D autre part on pourrait faire valoir le charme particulier la fascination exerc s par l esprit dans notre soci t Un mot d esprit nouveau fait presque l effet d un v nement d ordre g n ral on le colporte de bouche en bouche comme le message de la plus r cente victoire Des hommes en vue eux m mes qui consid rent leur pass comme digne d tre r v l et nous transmettent les noms des villes et des pays qu ils ont visit s des personnages importants qu ils ont fr quent s ne d daignent pas d incorporer au r cit de leur vie certains bons mots qu ils ont pu glaner au passage J v Falke Lebenserinnerungen Souvenirs 1897 10 Partie analytique 11 Chapitre I technique du mot d esprit Prenons au hasard le premier mot d esprit qui s est pr sent au cours du chapitre pr c dent Dans une pi ce des Reisebilder Tableaux de Voyage intitul e Les Bains de Lucques H Heine profile les traits du buraliste de
209. ives n est gu re fait pour la clarifier Je ne puis donc en crivant ces lignes avoir d autre intention que de renvoyer le lecteur l tude d taill e que j ai consacr e l inconscient dans ma Science des R ves et aux travaux de Lipps que je consid re cet gard comme de premi re importance Je sais que celui qui vit sous le joug d une bonne formation philosophique scolaire ou qui adh re m me de loin ce qu on appelle un syst me philosophique s insurge contre l hypoth se du psychique inconscient tel que nous l entendons Lipps et moi et qu il pr f rerait en d montrer l impossibilit par la d finition du psychique Mais les d finitions sont conventionnelles et sujettes r vision Mon exp rience m a bien des fois montr que ceux qui combattent l inconscient comme tant chose absurde ou impossible n ont pas puis leurs impressions aux sources qui m ont oblig moi du moins de reconna tre son existence Ces adversaires de l inconscient n avaient jamais observ l effet d une suggestion post hypnotique et les preuves que je tirais de mes analyses de n vropathes non hypnotis s les plongeaient dans le plus grand tonnement Il ne leur tait jamais venu l id e que l inconscient f t une chose que l on ignore absolument mais laquelle cependant des arguments p remptoires nous obligent conclure ces gens avaient par contre entendu par inconscient une chose susceptible de conscience laquelle
210. jet qui fait l humour Dans l Hernani de Victor Hugo le bandit impliqu dans une 261 conspiration contre son roi Charles Ier d Espagne Charles Quint empereur d Allemagne est tomb aux mains de son puissant rival il conna t le sort r serv au coupable de haute trahison Sa t te va tomber Mais cette perspective ne l emp che pas de revendiquer sa qualit de grand d Espagne et de proclamer qu il ne renoncera aucune des pr rogatives attach es son rang Un grand d Espagne avait le droit de rester couvert devant son souverain Oui nos t tes roi Ont le droit de tomber couvertes devant toi Voil de l humour de grand style et si l auditoire n en rit pas c est parce que l admiration touffe en nous le plaisir humoristique Dans le cas du fripon qui ne veut pas attraper froid sur le chemin du gibet nous rions gorge d ploy e Cette situation qui devrait r duire le d linquant au d sespoir pourrait veiller chez nous une profonde piti mais notre piti est inhib e car nous comprenons que lui le principal int ress est indiff rent son propre sort Par suite de cette compr hension la d pense de piti que nous tenions toute pr te ne trouve plus son emploi et nous la soldons par le rire L indiff rence du fripon nous gagne Pour ainsi dire bien que nous soyons conscients de la grande d pense de travail psychique qu elle a d lui co ter La piti pargn e voil une des sources l
211. l le processus qui se d roule chez l humoriste doit tre identique celui qui se d roule chez l auditeur ou plus justement le processus de l auditeur doit tre la copie du processus de l humoriste Mais comment l humoriste parvient il prendre cette attitude psychique qui lui rend superflue la d charge affective quel est le dynamisme de l attitude humoristique Il faut videmment rechercher la solution du probl me chez l humoriste on ne peut 271 supposer chez l auditeur qu un cho une copie de ce processus inconnu Il serait temps de nous familiariser avec quelques caract ristiques de l humour L humour a non seulement quelque chose de lib rateur analogue en cela l esprit et au comique mais encore quelque chose de sublime et d lev traits qui ne se retrouvent pas dans ces deux autres modes d acquisition du plaisir par une activit intellectuelle Le sublime tient videmment au triomphe du narcissisme l invuln rabilit du moi qui s affirme victorieusement Le moi se refuse se laisser entamer se laisser imposer la souffrance par les r alit s ext rieures il se refuse admettre que les traumatismes du monde ext rieur puissent le toucher bien plus il fait voir qu ils peuvent m me lui devenir occasions de plaisir Ce dernier trait est la caract ristique essentielle de l humour Supposons que le criminel men un lundi la potence ait dit Cela m est gal qu est ce que a peut faire qu
212. l laboration de l esprit a triomph chez le premier Celui qui se compla t la grivoiserie crue ne pourra prendre aucun plaisir un bon mot spirituel qui d shabille les agressions de M D resteront incomprises des gens sans culture habitu s donner libre cours leur grossi ret Ainsi chaque mot d esprit exige son publie et rire des m mes mots d esprit t moigne d une grande affinit psychique Nous touchons du reste ici un point qui nous permettra de deviner avec plus de pr cision le processus qui a pour th tre le tiers Il faut que ce dernier par la force de l habitude soit capable de r tablir en lui m me les inhibitions m mes dont le mot d esprit a triomph chez le premier de sorte que d s que le tiers entend le mot d esprit la disposition cette inhibition s veille en lui de fa on imp rieuse et automatique Cette disposition l inhibition que je consid re comme un v ritable effort compa rable la mobilisation d une arm e est reconnue simultan ment comme tant superflue ou tardive et par suite elle se d charge in statu nascendi par le rire Heymans a mis en valeur le point de vue du statu nascendi sous un jour quelque peu diff rent Zeitschrift f r Psychologie XI La seconde condition requise pour la libre d charge la n cessit d viter le remploi de l nergie ainsi lib r e un autre usage appara t comme de beaucoup la plus importante Elle nous fournit l explicati
213. l tement similaire L o il y a cette r p tition nous soup onnons toujours un m canisme fonctionnant derri re le vivant Si l on voit deux visages qui se ressemblent trop fid lement on pense deux moulages issus d un m me moule ou dus un proc d m canique analogue Bref la cause du rire dans ces cas r siderait dans la transposition du vivant l inanim nous pourrions dire la d gradation du vivant l inanim I c p 35 Si nous adoptons la th se si s duisante de Bergson nous n aurons pas de peine faire rentrer son point de vue dans notre propre formule Instruits par notre exp rience qui nous apprend que chaque tre vivant est divers et sollicite de notre compr hension une sorte de d pense nous nous trouvons d sillusionn s si en vertu de la conformit compl te ou de l imitation fid le nous n avons plus besoin d engager une nouvelle d pense Mais nous sommes d sillusionn s dans le sens de l all gement aussi la d pense d attente devenue inutile se solde par le rire Cette m me formule s appliquerait aussi tous les cas de raideur En fran ais dans le texte N d T comique signal s par Bergson habitudes professionnelles id es fixes et expressions r p t es tout propos On pourrait ramener tous ces cas la comparaison entre notre propre d pense d attente et celle qu implique la compr hension de ce qui est simplement demeur pareil comparaison o la d pense d attente
214. l a besoin d un tiers auquel il puisse faire part de sa r ussite Dans le cas du mot d esprit cette seconde personne ne correspond pas la personne objet mais au tiers l acolyte du comique Il semble que dans la plaisanterie l acolyte ait qualit pour d cider si l laboration de l esprit a atteint son but comme si le moi n tait pas s r de son propre jugement De m me l esprit inoffensif celui qui renforce une pens e a besoin de l approbation d autrui pour se convaincre de ce qu il a bien rempli sa mission Quand le mot d esprit se met au service des tendances qui d shabillent ou des tendances hostiles on peut le figurer comme un processus psychique trois personnages qui sont les m mes que ceux du comique mais le r le du tiers est ici diff rent le processus psychique volue entre le premier le moi et le tiers l acolyte non point comme dans le comique entre le moi et la personne objet Chez le tiers du mot d esprit l esprit peut aussi se heurter des conditions subjectives capables de faire avorter ce r sultat l veil du plaisir Comme le dit Shakespeare Love s Labour s lost V 2 A jest s prosperity lies in the ear of him that hears it never in the tongue of him that makes it La fortune d une plaisanterie d pend de l oreille de celui qui l coute et jamais de la langue de celui qui le fait N d T Celui qui est absorb dans des pens es s rieuses est hors d tat de t mo
215. l acheteur qu un des deux peut suppl er l autre D abord il a pris puis rendu le g teau il ne doit donc rien il prend ensuite un verre de liqueur dont il est redevable et qu il lui faut payer On peut dire que le client donne un double sens en change de au plut t que par l artifice d un double sens il cr e une relation inexistante dans la r alit Une semblable technique de non sens appara t dans les cas o 65 le mot d esprit tient conserver un sens qui par les conditions sp ciales du th me se trouve supprim De ce genre est le mot de Lichtenberg du a couteau sans lame qui manque de manche De m me celui de J Falke Lc Est ce l endroit o le Due de Wellington a prononc ces paroles Oui c est bien l endroit mais les paroles il ne les a jamais prononc es Voici le moment venu de faire un aveu qui n est pas d nu d int r t Nous tudions la technique de l esprit par des exemples il nous faudrait donc tre s rs de ce que les exemples choisis par nous soient r ellement des mots d esprit Or en r alit dans une s rie de cas nous restons ind cis l exemple en question peut il vraiment tre consid r ou non comme un mot d esprit Mais nous ne poss dons aucun crit rium tant que nos recherches ne nous l auront pas fourni nous ne pouvons nous fier au langage courant qui lui aussi a besoin de se justifier nous ne pouvons pour trancher la question que nous appuyer
216. l esprit et ceux du r ve si la connaissance pr alable de l laboration du r ve n avait pas influenc notre conception de la technique de l esprit de sorte qu en fin de compte l tude de l esprit n aurait fait que confirmer des id es pr con ues issues de notre conception du r ve id es avec lesquelles nous aurions abord cette tude Une telle concordance vu sa gen se ne saurait donc pr tendre une existence effective en dehors de nos pr jug s de fait aucun autre auteur n a dit que la condensation le d placement la repr sentation indirecte fussent des modes d expression de l esprit Cette objection se soutient mais en l esp ce ne porte pas Il peut tout aussi bien se faire que notre perspicacit ait eu besoin d tre aiguis e par la connaissance de l laboration du r ve pour pouvoir reconna tre cette concordance r elle Or pour trancher la question il suffit de d cider si une critique judicieuse s attachant chaque exemple en particulier peut prouver qu une telle conception de la technique de l esprit donne une entorse la v rit et fait de la sorte violence toute autre conception plus simple et plus profonde ou si au contraire la critique doit admettre que les propositions sugg r es par l tude des r ves sont vraiment confirm es par l tude de l esprit Je suis d avis que nous n avons rien craindre d une telle critique 188 et que la m thode de la r duction p 33 employ e par no
217. l indication de son lieu de naissance anticipant ainsi sur la question qui aurait suivi elle donne entendre Je voudrais que l on pass t sur cette premi re question Et pourtant nous sentons que le caract re de l esprit ne se manifeste pas ici l tat de puret L lusion de la question est trop claire le d placement trop vident Notre attention comprend d embl e qu il s agit d un d placement intentionnel Dans les autres mots d esprit par d placement le d placement est dissimul et notre attention reste captiv e par l effort de le d couvrir Dans un des mots par d placement p 78 cette repartie apr s la recommandation du cheval de selle Que ferai je Presbourg six heures et demie est galement un d placement qui saute aux yeux mais en compensation le d placement produit un effet absurde qui d concerte l attention tandis que dans l interrogatoire de l actrice nous saisissons 173 imm diatement le sens du d placement C est par cet autre trait que se distinguent du mot d esprit les soi disant questions plaisantes qui par ailleurs sont susceptibles de mettre en uvre les techniques les plus subtiles Voici un exemple d une question plaisante dont la technique est le d placement Qu est un cannibale qui a mang son p re et sa m re R ponse Orphelin Et si de plus il a d vor tous ses autres parents L gataire universel Et o est ce qu un tel monstre trouv
218. l on n avait pas pens ce moment quelque chose qui n occupait pas le champ visuel de l attention Ils n avaient jamais non plus essay de se convaincre par l analyse d un de leurs propres r ves de l existence de telles pens es inconscientes dans leur propre 183 vie psychique et lorsque avec eux j bauchais une tentative de ce genre ils ne pouvaient saisir leurs propres associations qu avec tonnement et confusion J ai acquis en outre l impression de ce que la th orie de l inconscient se heurtait principalement des r sistances d ordre affectif qui s expliquent par ce fait que personne ne veut conna tre son inconscient et pourtant trouve plus exp dient d en nier tout simplement la possibilit L laboration du r ve laquelle je reviens apr s cette digression soumet les mat riaux cogitatifs qui lui arrivent sur le mode optatif un traitement tout fait singulier Elle transpose d abord l optatif en pr sent rempla ant le puisse t il tre par cela est Ce cela est est desti n la repr sentation hallucinatoire ce que j ai d sign comme la r gression de l laboration du r ve c est la voie qui conduit des pens es aux images de la perception ou bien de la r gion des formations cogitatives celle des perceptions sensorielles pour user des termes de la topique encore inconnue de l appareil psychique topique qu il ne faut pas entendre au sens anatomi
219. l psychique On dirait une hypoth se fabriqu e ad hoc mais rappelons que nous avons a maintes reprises sans doute pas assez souvent tenu compte d un tel facteur lorsque nous avons tent de nous repr senter m tapsychologiquement les processus psychiques Nous avons par exemple admis que ce qui diff rencie un investissement rotique ordinaire de l objet d un tat amoureux c est que dans ce dernier cas infiniment plus d investissement passe l objet le moi pour ainsi dire se vide vers l objet L tude de quelques cas de parano a m a permis d tablir que les id es de pers cution se constituent de bonne heure et subsistent longtemps sans manifester d effet sensible jusqu au jour o une certaine occasion leur fournit les grandeurs d investissement qui les rendent enfin dominantes De m me la gu rison de semblables acc s parano aques doit consister moins en la r solution et en la correction des id es d lirantes que dans le retrait de l investissement qui leur a t pr t L alternance de la m lancolie et de la manie alternance d oppression cruelle inflig e au moi par le surmoi et de lib ration du 274 moi succ dant cette oppression nous a sembl tre due un changement d investissement de cet ordre changement que l on devrait d ailleurs galement consid rer comme susceptible d expliquer toute une s rie de ph nom nes de la vie psychique normale Si de telles explications ont
220. la question Bleuler Ueber die negative Suggestibilit t De la suggestibilit n gative Psych Neurot Wochenschrift 1904 et Otto Gross Zur Differentialdiagnostik negativistischer Ph nomene Diagnostic diff rentiel des ph nom nes n gativistes ibid et mon rapport Ueber den Gegensinn der Urworte Des sens oppos e dans les mots primitifs Ges Schriften Bd X Pourtant le non sens l absurdit dont le r ve est si coutumier et qui lui ont valu tant de m pris injustifi ne sont jamais dus une mosa que d l ments repr sentatifs assembl s au hasard mais ils sont r guli rement admis intentionnellement par l laboration du r ve afin d exprimer une critique am re une contradiction m prisante impliqu e dans les pens es latentes du r ve L absurdit du contenu du r ve manifeste remplace donc ce jugement des pens es latentes du r ve C est un non sens Dans ma Science des r ves je me suis particuli rement attach cette argumentation car elle m a permis de combattre outrance cette erreur que le r ve n est en rien un ph nom ne psychique erreur qui barre la route toute reconnaissance de l inconscient Nous avons encore appris lors de l explication de certains mots d esprit tendancieux p 82 que dans l esprit le non sens est employ aux m mes fins de repr sentation Nous savons aussi que le non sens qui sert de fa ade l esprit est particuli rement apte augmenter chez l
221. le a en elle sa propre fin et n a point d autre objectif vital K Fischer p 87 Or nous ne contredisons gu re ces paroles de K Fischer nous nous bornons peut tre traduire sa pens e dans notre langage quand nous faisons ressortir que l activit spirituelle ne doit pas tre qualifi e d activit sans but et sans dessein puisqu elle a videmment un but celui d veiller le plaisir chez l auditeur Je doute que nous ne puissions jamais rien entreprendre sans intention Quand nous ne nous servons pas de notre appareil psychique pour obtenir la satisfaction d un besoin vital nous lui laissons prendre son plaisir en lui m me nous cherchons nous procurer du plaisir par sa propre activit Je suppose que telle est la condition sine qua non de toute repr sentation esth tique mais je me sens trop incomp tent en mati re d esth tique pour soutenir cette proposition de l esprit par contre je puis la lumi re des deux consid rations pr c dentes affirmer qu il est un mode d activit qui tend demander le plaisir des processus psychiques intellectuels ou autres Il est certainement encore d autres modes d activit qui tendent au m me but Ils diff rent peut tre par la sph re de l activit psychique 108 laquelle ils demandent le plaisir peut tre par la m thode qu ils emploient cette intention Nous ne sommes pas actuellement en tat de trancher la question mais nous retiendrons que la
222. les bains de mer pour le r tablissement de sa sant Bien dit le baron je vais vous donner quelque chose mais vous faut il absolument Ostende qui est la station la plus co teuse Monsieur le Baron r pond l autre d une fa on p remptoire pour ma sant rien ne me para t trop cher Assur ment c est un point de vue juste mais qui ne convient pas un solliciteur La r ponse adopte le point de vue d un homme riche Le tapeur parle comme s il s agissait de d penser son propre argent pour sa sant comme si l argent et la sant appartenaient au m me individu KK Reprenons cet exemple si instructif du saumon mayonnaise Il nous pr sente lui aussi une fa ade qui blouit par un talage d laboration logique or l analyse nous a montr que cette logique cache un so phisme en particulier un d placement du cours de la pens e Ce mot peut tre par simple contraste nous aiguille sur d autres mots d esprit qui tout au contraire talent ouvertement le contresens le non sens et la sottise Nous serions curieux d en p n trer la technique Je commence par l exemple le plus net et le plus pur du groupe entier C est encore un mot juif 60 Itzig a t enr l dans l artillerie C est apparemment un gar on intelligent mais indisciplin et sans go t pour le service militaire Un de ses sup rieurs bien dispos en sa faveur le prend part et lui dit Itzig ta place n est pas parmi
223. lit ration etc Une brass e de mots d esprit de ce genre pas tr s heureusement d nomm s en allemand Klangwitze mots d esprit par assonance maille le sermon du capucin du Camp de Wallenstein K mmert sich mehr uni den Krug als den Krieg Wetzt licher den Schnabel als der Sabel Frisst den Ochsen lieber als den Oxenstirn Der Rheinstrom ist geworden zu einem Peinstrom Die Kl ster sind ausgenommene Nester Die Bist mer sind verwandelt in W sttumer Und alle die gesegneten deutschen L nder Sind verkehrt worden in Elender Plus pr occup de la bi re que de la guerre De la cro te que de la joute Bouffent plut t le b uf Ochsen qu Oxenstirn Oxenstirn nom du g n ral ennemi Ochenstirn front de b uf N d T Les flots du Rhin ne sont faits chagrins Les retraitres clo tres sont des repaires Les v ch s sont des d serts 48 Et l Allemagne alors tout ce pays prosp re Est transform en pays de mis re Le mot d esprit se plait souvent changer une voyelle dans un mot p ex Hevesi Almanaccando Voyages en Italie p 87 applique un po te italien qui malgr ses opinions anti imp rialistes se vit contraint de c l brer en hexam tres un empereur allemand les mots suivants Ne pouvant chasser les C sars il fit tout au moins sauter les c sures Parmi les innombrables calembours dont nous disposons il est peut tre piquant d en citer un fort mauva
224. lles leur technique est souvent m diocre leur effet risible est pourtant irr sistible 115 KK Recherchons pr sent si l esprit rend les m mes services aux tendances hostiles D embl e nous nous heurtons aux m mes difficult s Nos impulsions hostiles l gard de notre prochain ont t soumises depuis notre enfance comme depuis celle de la culture humaine aux m mes restrictions au m me refoulement progressif que nos aspirations sexuelles Nous n en sommes pas encore arriv s aimer nos ennemis ni tendre la joue gau che lorsque l on nous soufflette sur la droite de m me toutes les prescriptions morales destin es inhiber la haine agissante en portent nettement la marque elles ne valaient l origine que pour une communaut restreinte de parents En tant que nous nous consid rons comme citoyens d une m me nation nous nous affranchissons de la majorit de ces restrictions l gard des gens d une autre nation Mais au sein de notre pro pre cercle nous avons n anmoins r alis des progr s dans la domination de nos impulsions hostiles suivant la forte expression de Lichtenberg l o l on dit Pardon on aurait autrefois donn une gifle Les voies de fait prohib es par la loi ont t remplac es par des invectives verbales et la connaissance plus approfondie de l encha nement des impulsions humaines impliquant le tout comprendre c est tout pardonner nous emp che de plus en pl
225. loi multiple du m me mat riel verbal qui lui m me se rapproche du double sens nous appara t ainsi avec une grande nettet Pour d crire l unification mieux que les exemples suscit s ne le permettent je veux me servir de la relation n gative tr s caract ristique qui existe entre le mot d esprit et l nigme relation que j ai mentionn e plus haut et qui consiste en ce que l une cache ce que l autre r v le Nombre d nigmes que le philosophe G Th Fechner apr s avoir perdu la vue a compos es pour passer le temps se distinguent par un haut degr d unification qui leur donne un charme tout particulier Prenons p ex la belle nigme N 203 R tselb chlein von Dr Mises 4e d augment e sans indication de l ann e Die beiden ersten finden ihre Ruhest tte Im Paar des andern und das Ganze macht ihr Bette Mes deux premiers trouvent leur lieu de repos Dans le couple du tiers et le tout fait leur lit Des deux paires de syllabes qui sont deviner rien n est indiqu sauf une relation entre elles et du mot entier rien qu une relation avec la premi re paire Le mot de l nigme est Totengr ber fossoyeur Toten morts Gr ber tombes Ou les deux exemples suivants de d finition par relation avec le troisi me identique ou peu modifi N 170 Die erste Silb hat Z ihn und Haare Die zweite Z hne in den Haaren Wer auf den Z hnen nicht hat Haare Vom Ganzen kaufe keine Waare Mon
226. loterie et chirurgien p dicure Hirsch Hyacinthe de Hambourg Cet homme en pr sence du po te se targue de ses relations avec le riche baron de Rothschild et termine par ces mots Docteur aussi vrai que Dieu m accorde ses faveurs j tais assis c t de Salomon Rothschild et il me traitait tout fait d gal gal de fa on toute famillionnaire S appuyant sur cet exemple reconnu comme excellent et comme particuli rement risible Heymans et Lipps ont expliqu son effet comique par sid ration et lumi re voir plus haut Mais laissons de c t cette question et soulevons en une autre qu est ce donc qui conf re aux paroles de Hirsch Hyacinthe le caract re de mot d esprit De deux choses l une ou bien la pens e sugg r e par la phrase poss de par elle m me un caract re spirituel ou bien l esprit r side dans l expression choisie pour la communiquer Ce caract re de l esprit de quelque c t qu il se manifeste nous le pourchasserons afin de nous en saisir Une pens e peut g n ralement s exprimer sous des formes diff rentes c est dire par des mots galement susceptibles de la rendre de fa on idoine 12 L expression d une pens e telle qu elle se pr sente nous dans le discours de Hirsch Hyacinthe prend nous nous en doutons une forme toute particuli re qui n est pas des plus faciles comprendre Essayons d exprimer aussi fid lement que possible cette m me pens e en d autr
227. ltan s du mot d esprit Inutile galement de nous demander comment la succession du sentiment de non sens apparent et de reconnaissance du sens r el r alis par l esprit peut produire le plaisir La psychogen se de l esprit nous a appris que son plaisir d rive du jeu avec les mots ou du d cha nement du non sens et que le sens du mot d esprit ne vise qu prot ger ce plaisir contre la critique 148 Ainsi la plaisanterie aurait d j permis de d terminer le caract re essentiel de l esprit Il nous est loisible de suivre pr sent l volution ult rieure de la plaisanterie jusqu son panouissement dans l esprit tendancieux L objectif principal de la plaisanterie est la recherche de notre amusement et cet effet il lui suffit de n tre ni totalement insens e ni totalement oiseuse dans ses propos Si ces propos ont quelque fond et quelque prix la plaisanterie devient mot d esprit Une pens e qui m me sous sa forme la plus simple e t t digne de notre int r t est alors par e d une formule par elle m me s duisante Voici un exemple qui fait saisir la diff rence entre la plaisanterie et le mot d esprit proprement dit C est l excellente r ponse d un membre du minist re bourgeois en Autriche une question relative la solidarit du conseil des ministres Wie sollen wir f r einander einstehen k nnen wenn wir einander nicht ausstehen k nnen Comment prendre fait et cause l un pour l aut
228. lut t comme le commis d une maison de gros l glise la grande maison dont le pape est le chef lui assigne des occupations d termin es pour lesquelles on lui fixe un salaire donn il travaille la douce comme quelqu un qui ne travaille pas son compte il a de nombreux coll gues et passe ais ment inaper u dans le grand mouvement des affaires seul le cr dit de la maison et surtout sa sauvegarde lui importent car la faillite ventuelle le laisserait sans res sources Le pasteur protestant au contraire est en tout et pour tout le chef et g re son compte les int r ts de la religion Il n est pas grossiste comme son coll gue catholique mais d taillant et comme il doit veiller tout aucune n gligence ne lui est permise il lui faut exalter aux gens ses articles de foi d pr cier ceux des concurrents comme un v ritable d taillant il demeure dans sa boutique tr s envieux des grandes maisons et principalement de la grande maison de Rome qui occupe 98 des milliers de comptables et d emballeurs et poss de des succursales dans les quatre parties du monde Sur la foi de ces exemples et d autres encore assez nombreux nous ne pouvons plus nier qu une comparaison puisse tre spirituelle par elle m me sans que cet effet soit attribuable son affiliation l une des techniques de l esprit d j connues Mais alors nous ignorons absolument ce qui d termine le caract re spirituel d une comparaison ce
229. mand le pr fixe ein de einschl fern signifie la fois en et un N d T Sous ces deux comparaisons se retrouve celle d un lit dans les deux outre la sid ration joue le facteur technique de l allusion la premi re fois la vertu endormante des sermons la seconde fois au th me in puisable des rapports sexuels Si nous avons pu constater jusqu ici que l effet spirituel d une comparaison tait d l intervention d une des techniques de l esprit bien connues de nous quelques autres exemples semblent prouver 97 en dernier ressort que la comparaison peut tre spirituelle par elle m me Voici comment Lichtenberg caract rise certaines odes Elles sont en po sie l quivalent de ce que sont en prose les oeuvres immortelles de Jakob Boehme une sorte de pique nique dans lequel l auteur fournit les mots et le lecteur le sens Quand il se met philosopher il r pand d habitude sur les objets un agr able clair de lune qui plait dans l ensemble mais n claire nettement aucun objet Ou ce mot de Heine Le visage de cette femme rappelait un palimpseste sous l criture monacale noire et r cente d un texte des p res de l glise apparaissaient demi effac s les vers d un po te rotique de la Gr ce antique Ou bien encore la comparaison fort d velopp e tendance fort d ni grante qui figure dans Les Bains de Lucques Le ministre catholique se conduit p
230. mation qui nous rend inacceptable ce que nous ressentions comme agr able et que nous repoussons d sormais de toutes les forces de notre psychisme Le travail de refoulement de la culture annihile en nous des facult s primitives de jouissance r pudi es pr sent par la censure Le renoncement est cependant terriblement dur l me humaine Or l esprit tendancieux permet de neutraliser ce renoncement et de retrouver le bien perdu L obsc nit spirituelle qui nous fait rire quivaut la grivoiserie grossi re dont s baudit le paysan dans les deux cas la source du plaisir est identique nous ne saurions rire de la grivoiserie grossi re nous en aurions honte ou bien elle nous r pugnerait nous ne pouvons rire que lorsque l esprit est venu la rescousse Ainsi se trouve d montr ce que nous avions pr sum plus haut que l esprit tendancieux s alimente des sources de plaisir autres que celles de l esprit inoffensif o tout le plaisir d une mani re ou de l autre est li l technique Rappelons que dans l impression produite en nous par l esprit tendancieux nous ne saurions distinguer quelle part du plaisir revient la technique quelle autre la tendance Nous ne savons donc proprement parler de quoi nous rions Tous les mots d esprit obsc nes nous exposent aux erreurs de jugement les plus flagrantes sur leur qualit de bons mots et cela dans la mesure o cette qualit d pend de leurs conditions forme
231. me il est ici question d une autre forme la comparaison nous remettrons plus tard l tude plus approfondie de ce mot d esprit C est un v ritable gu pier d allusions piquantes que Les Bains de Lucques de Heine qui utilise au mieux cette forme de mot d esprit dans sa pol mique contre le comte Platen Bien avant que le lecteur ait pu se douter de qui il s agit Heine pr lude par des allusions emprunt es aux domaines les plus divers un certain th me qui se pr te particuli rement mal tre abord de front Voici p ex la s rie des cocasseries de Hirsch Hyacinthe Vous tes trop corpulent et moi trop maigre vous avez beaucoup d imagination et moi j ai d autant plus le sens des affaires je suis un homme pratique et vous 88 un diarrh tique Diarrhetikus Theoreti ker en un mot vous tes en tout mon Antipodex antipodicul Venus Urinia La grosse maritorne du Dreckwall rempart de crotte Hambourg etc tous les v nements que le po te raconte semblent tout d abord des jeux espi gles mais leur relation symbolique avec une intention pol mique se r v le bient t et ils se comportent pour ainsi dire la fa on d allusions Enfin l attaque contre Platen se pr cise c est une cascade c est un feu roulant d allusions au th me d j connu des amours masculines du comte qui clate dans chaque phrase et prend partie le talent et le caract re de l adversaire p ex Bien que
232. mes par l pr s de deviner que ce plaisir provient de la lev e d une inhibition tant donn que l origine du plaisir de l esprit est la m me un noyau de plaisir par les mots et par le non sens entour d une coque de plaisir par lev e ou par all gement d inhibition il s ensuit que ces rapports analogues l inhibition tablissent la parent interne du na f et du mot d esprit Dans les deux cas le plaisir r sulte de la lev e d une inhibition interne Mais le processus psychique qui se d roule chez la personne r ceptrice laquelle dans le na f correspond r guli rement notre moi tandis que nous pouvons dans le mot d esprit nous mettre galement la place de la personne productrice est dans le cas du na f d autant plus compliqu que celui qui se d roule chez la personne productrice est plus simplifi en comparaison de ce qui se passe dans le cas de l esprit Sur la personne r ceptrice l audition du na f doit agir d une part comme un mot d esprit ce dont t moignent justement nos exemples car chez elle comme pour l esprit le seul effort d entendre suffit lever la censure Mais cette explication ne s applique qu une partie seulement du plaisir engendr par le na f et m me cette fraction serait dans d autres formes du na f assez menac e par exemple dans le cas de grivoiseries na ves Une grivoiserie na ve serait m me susceptible de nous faire aussit t r agir par une indignation identique
233. mesure le champ des origines du comique et forc les ph nom nes du comique pour les faire entrer dans le cadre de sa formule KK Les hommes ne se sont pas content s de savourer le comique au ha sard des rencontres ils se sont efforc s de le produire intentionnellement et l on en apprend davantage sur la nature du comique par l tude des diff rents moyens dont on dispose pour le produire On peut avant tout le produire en se rendant soi m me comique pour mettre les autres en gaiet par exemple en jouant la maladresse ou la sottise On produit alors le comique tout comme si l on tait r ellement comique du fait qu on remplit la condition de la comparaison dont r sulte la diff rence de d pense mais on ne se rend pas de ce fait ridicule ou m prisable on peut m me le cas 224 ch ant inspirer de l admiration Le partenaire en effet n prouve pas de sentiment de sup riorit s il comprend que l on s est born simuler ce qui d montre clairement une fois de plus qu en principe le comique est ind pendant du sentiment de sup riorit Pour rendre autrui comique nous avons tout d abord la ressource de le placer dans une situation o la suj tion de l homme aux contingences ext rieures en particulier aux contingences sociales le rend comique quelles que soient ses qualit s propres c est l l exploitation du comique de situation Cette transposition du prochain dans une situation comique peut
234. minisme l antith se sens et non sens prend toute son importance Ce que pour un moment nous avons admis comme sens nous para t ensuite insens Tel est en pareil cas le processus comique p 85 et suiv Un propos nous semble spirituel lorsque nous lui attribuons en raison d une n cessit psychologique un certain sens pour ce faisant le lui retirer aussit t Plusieurs interpr tations de ce sens sont alors possibles Nous pr tons un sens un propos tout en sachant que la logique s y oppose Nous y trouvons une v rit mais les lois de notre exp rience et les modes habituels de notre penser nous forcent ensuite la r cuser Nous tirons de cette v rit des cons quences logiques et pratiques qui d bordent son th me r el et nous les rejetons d s que ce propos nous appara t sous son v ritable jour Dans tous les cas la d marche psychologique que d clenche en nous le mot d esprit d marche qui pr side au sentiment du comique est la suivante aussit t apr s avoir souscrit adh r sans r serve au mot d esprit nous le trouvons plus ou moins vide de sens Quelque suggestive que soit cette explication une question se pose l antith se du sens et de l insens sur laquelle repose le sentiment du comique contribue t elle d finir l esprit en fonction de sa diff rencia tion d avec le comique De m me le facteur sid ration et lumi re nous transporte au sein m me du probl me
235. mps envers cet enfant le r le sup rieur de l adulte Je pense que nous donnons cette id e peu plausible un solide appui en tenant compte de ce que nos observations cliniques nous ont appris de la structure de notre moi Ce moi n est nullement simple il rec le une instance particuli re qui en est pour ainsi dire le noyau le surmoi avec lequel il se confond parfois au point de ne pas nous 273 permettre de les distinguer l un de l autre tandis que dans d autres circonstances ils se diff rencient nettement Le surmoi est g n tiquement l h ritier de l instance parentale il tient souvent le moi sous une s v re tutelle continuant le traiter vraiment comme autrefois les parents ou le p re traitaient l enfant Nous arrivons ainsi une lucidation dynamique de l attitude humoristique elle consisterait en ce que l humoriste a retir son moi l accent psychique et l a report son surmoi Au surmoi ainsi exalt le moi peut appara tre minuscule et tous ses int r ts futiles et il devient d s lors facile au surmoi gr ce une telle r partition de l nergie d touffer les r actions ventuelles du moi Fid les notre formulaire habituel nous devrons dire au lieu de report de l accent psychique d placement de grandes quantit s d investissement On peut alors se demander si nous sommes en droit de nous repr senter d aussi excessifs d placements d une instance une autre de l apparei
236. n bekommen Ils avaient envoy G ttingen Un jeune tudiant l Universit de G ettingen N d T un octavaire ils ont re u en retour un in quarto corps et me Um dieses Geb ude geh rig aufzuf hren muss vor allen Dingen ein guter Grund gelegt werden und da weiss ich keinen festeren als wenn man ber jede Schicht pro gleich eine Schicht kontra auftr gt Un tel difice ne peut se passer d une base ou raison solide or rien ne r siste mieux qu un nombre gal de couches ou arguments pour et contre Einer zeugt den Gedanken der andere hebt ihn aus der Taufe der dritte zeugt Kinder mit ihm der vierte besucht ihn auf dem Sterbebette und der f nfte begr bt ihn Le premier cr e la pens e le second la tient sur les fonts baptismaux le troisi me lui fait des enfants le quatri me la visite son lit de mort et le cinqui me l enterre M taphore avec unification Er glaubte nicht allein keine Gespenster sondern er f rchtete sich nicht einmal davor Il ne se contentait pas de ne pas croire aux revenants il allait jusqu ne pas les redouter Ici l esprit r side exclusivement dans la repr sentation par le contresens qui met au comparatif ce qui d habitude semble le plus insignifiant et au positif ce qui appara t comme le plus important D pouill de son attirail spirituel ceci signifie il est plus facile de se mettre par la raison au dessus de la crainte des revenants que
237. n des techniques multiples de l esprit de la pens e Dans quelques unes d entre elles p ex Elle est de plus sourde et Qui pr terait ces gens on se moque du marieur comme d un imprudent et d un tourdi comique par la candeur en quelque sorte automatique avec laquelle il laisse chapper la v rit Mais comment accorder d une part les notions que nous avons acquises plus haut sur la nature de l esprit tendancieux d autre part l intensit du plaisir que nous procurent ces histoires avec la mesquinerie des personnages vis s par ce mot d esprit Sont ce l des adversaires dignes de notre esprit Ne semble t il pas plut t que l esprit ne mette en avant les marieurs que pour atteindre derri re eux quelque chose de plus important tel le h ros du proverbe qui frappe le sac pour s en prendre l ne Cette conception n est r ellement pas d daigner L interpr tation des histoires de marieurs demande tre pouss e plus loin Je pourrais certes ne pas m engager dans cette Voie me contenter de n y voir que gal jades et refuser ces histoires le caract re spirituel L esprit comporte en effet une telle conditionnalit subjective notre attention vient d tre attir e sur ce point que nous 119 devrons tudier plus tard Cette condition le proclame n est esprit que ce que j accepte comme tel Ce qui pour moi est un mot d esprit peut n tre pour un autre qu une histoire comique Un mot d espr
238. n journal sont spirituelles parce qu elles comportent nombre de mots d esprit fort divers dont certains sont vraiment r ussis fastueusement d shabill s propos d une parade chez les sauvages mais ce qui donne ces productions leur caract re propre ce n est pas chacun de ces mots d esprit pris en soi mais le v ritable feu roulant comique du discours Wippchen est coup s r l origine un personnage intention satirique une variante du Schmock de G Freytag un de ces ignorants qui usent et m susent des tr sors de la culture nationale Mais il appara t que l agr ment que Stettenheim trouvait aux effets comiques obtenus par la pr sentation de son personnage a progressivement rel gu l arri re plan ses tendances satiriques Ce que dit et fait Wippchen est en majeure partie du non sens comique l auteur raison apr s tout profite de la disposition joyeuse cr e chez son lecteur par le fatras de pareilles productions pour sortir c t de propos tout fait admissibles toutes sortes de niaiseries qui prises isol ment eussent paru intol rables Or le non sens de Wippchen garde sa personnalit sp cifique gr ce une technique toute sp ciale En examinant de plus pr s ces mots d esprit on en remarque tout sp cialement certains qui impriment leur cachet l uvre tout enti re Wippchen use principalement d assemblages fusions de modifications de l
239. nberg constitue donc une allusion au proverbe Cette allusion insinue une id e qui n est pas exprim e explicitement savoir que l effet des bains r sulte encore d un facteur autre que de leurs propri t s thermales constantes On pourrait analyser de fa on analogue la technique d une autre plaisanterie ou mot d esprit de Lichtenberg Ein M dchen kaum zw lf Moden alt Une jeune fille peine g e de douze modes En allemand ce mot sonne comme douze Monde douze lunes c est dire douze mois Moden modes et Monden lunes en allemand ont presque m me consonance N d T C tait peut tre l origine une alt ration graphique de la derni re expression qui appartient au langage po tique Mais c est une trouvaille de compter l ge d une femme par changements de modes au lieu de le compter par changements de lune Les rapports peuvent aboutir l identit sous la r serve d une modification l g re Cette technique on le voit une fois de plus est parall le celle de l esprit des mots Ces deux formes d esprit produisent presque les m mes effets mais au cours de l laboration de l esprit elles se distinguent plus nettement dans leurs processus 85 Voil un exemple d un mot d esprit ou calembour de ce genre La grande cantatrice Marie Wilt dont la personne tait aussi toff e que la voix connut l affront de voir appliquer sa difformit le titre d une pi ce c l bre tir e d un rom
240. nce nouvelle des choses KK Les mots d esprit suivants qui nous serviront de th me nous seront d une tude plus facile En premier lieu leur technique nous ram ne des l ments d j connus Voici un mot de Lichtenberg Le mois de janvier est celui au cours duquel on formule des v ux pour ses bons amis et les autres mois sont ceux au cours desquels aucun de ces v ux ne se r alise Comme ces mots sont plus fins que forts et que leur technique ne s impose pas d embl e nous renforcerons notre impression en multipliant les exemples La vie humaine se compose de deux parties la premi re se passe 72 d sirer la seconde la seconde d sirer le retour de la premi re Die Erfahrung besteht darin dass man erf hrt was man nicht zu erfahren w nscht L exp rience consiste acqu rir l exp rience de ce dont l on ne d sirerait pas faire l exp rience Ces deux derniers de K Fischer In vitablement ces exemples nous orientent vers le groupe envisag plus haut et caract ris par l emploi multiple du m me mat riel Nous pourrions surtout l occasion du dernier exemple nous demander pourquoi nous ne l avons pas class dans le groupe susnomm au lieu de le ranger ici sous une rubrique nouvelle L exp rience Erfahrung y est d crite par ses propres syllabes comme plus haut la Eifersucht jalousie v p 49 Je ne m insurgerai donc gu re contre une telle ini
241. nflit 123 int rieur Ces deux histoires sont simplement picuriennes elles reviennent dire Cet homme a raison il n y a rien au dessus de la jouissance peu importe la fa on de se la procurer Voil qui para t terriblement immoral et en effet n est gu re autre chose au fond cette formule revient au Carpe diem du po te qui proclame l incertitude de la vie et la vanit du renoncement au nom de la vertu Si l id e que l homme au saumon mayonnaise puisse tre dans le vrai nous choque si vivement c est simplement parce que cette v rit est proclam e l occasion d une jouissance des plus inf rieures et qui nous semble fort superflue En r alit chacun de nous a eu des heures et des jours o il a adh r cette philosophie et reproch la morale d exiger toujours sans jamais indemniser Depuis que nous doutons de l au del o chacun de nos renoncements devait tre r compens par une satisfaction la foi semble en effet bien rare si le renoncement en est le crit rium le Carpe diem devient un pr cepte s rieusement nonc Je veux bien retarder ma satisfaction mais sais je si demain je serai encore de ce monde Di doman non c certezza Lorenzo dei Medici Il n y a pas de s curit du lendemain Je veux bien renoncer m engager dans toutes les voies de satisfaction que la soci t r prouve mais suis je certain de ce qu elle me d dommagera de mon renoncement f t ce apr s
242. notre conception qui fait d river le sentiment du comique d une diff rence de d pense r sultant du fait de vouloir comprendre l autre personne Prenons 254 nouveau l exemple du comique du mouvement La comparaison qui fournit la diff rence se formulerait dans le langage du conscient comme suit Il fait ainsi et moi je ferais j ai fait autrement Mais l enfant manque de cet talon qui figure dans la seconde proposition il ne comprend que par la voie de l imitation et il agit ainsi qu il voit agir L ducation lui apporte cet talon Voici comme tu dois faire et lorsque l enfant arrive employer cet talon ses comparaisons il est bien pr s d aboutir cette conclusion voil qui est mal fait j aurais fait mieux Il rit dans ce cas de l autre personne il se rit d elle avec le sentiment de sa propre sup riorit Rien n emp che de faire d river aussi ce rire de la diff rence de d pense mais l analogie avec les cas o nous m mes nous rions d un autre nous permet de conclure que l enfant n prouve nullement le sentiment du comique lorsqu il rit par sup riorit Ce rire est le rire du plaisir pur L o le jugement de notre propre sup riorit se manifeste nettement nous ne rions pas nous sourions seulement ou si nous rions nous pouvons nettement distinguer le sentiment conscient de notre sup riorit du comique qui nous fait rire Il est probablement exact de dire que l enfant rit par pur plaisir d
243. nous Je te donne un conseil ach te toi un canon et tablis toi ton propre compte Ce conseil fort comique est videmment un non sens Il n y a pas de canons sur le march et un particulier ne peut pas se rendre ind pendant et s tablir comme force militaire Cependant aucun moment nous ne pouvons penser que ce conseil se borne un non sens pur et simple c est un non sens spirituel et un mot d esprit excellent Comment le non sens devient il un mot d esprit Il n est pas besoin de chercher bien loin Les explications des auteurs auxquelles nous avons fait allusion dans notre introduction nous permettent de deviner qu un pareil non sens spirituel n est pas d pourvu de sens et que ce sens dans le non sens fait du non sens un mot d esprit Le sens dans notre exemple est facile saisir L officier qui conseille cette sottise Itzig joue le sot pour montrer Itzig la sottise de sa conduite Il copie Itzig Je veux te donner pr sent un conseil qui soit la mesure de ta sottise Il se conforme la sottise d Itzig la lui fait toucher du doigt il en fait un conseil qu il juge conforme aux d sirs d Itzig car si celui ci poss dait un canon en toute propri t et s adonnait au m tier des armes son propre compte comme son intelligence et son ambition lui profiteraient Avec quel soin jaloux il entretiendrait son canon et il s attacherait tudier les d tails de son m canisme afin de pouvo
244. ns Mein Unglaubensgenosse Spinoza Mon coreligionnaire en 86 incroyance Spinoza Glaubensgenosse coreligionnaire un particule n gative N d T dit Heine Nous par la disgr ce de Dieu journaliers serfs n gres corv ables etc Ainsi commence sous la plume de Lichtenberg le fragment d un manifeste de ces malheureux qui certainement parlent plus juste titre de la disgr ce divine que les rois et les princes de sa gr ce En fin de compte l omission repr sente encore une allusion comparable la condensation sans substitution Au fond toute allusion comporte une omission savoir celle de la suite des pens es qui aboutit l allusion Il ne s agit que de savoir ce qui saute d embl e aux yeux la lacune elle m me ou les mat riaux de substitution qui la comblent partiellement et constituent les termes de l allusion Toute une s rie d exemples nous ram neraient ainsi de l omission la plus frappante l allusion proprement dite L omission sans substitution se retrouve dans l exemple suivant Il existe Vienne un Monsieur X auteur l esprit caustique et combatif que ses brocards mordants expos rent plusieurs reprises aux s vices de ses victimes A la suite d une nouvelle incartade de la part d un de ses adversaires habituels une tierce personne s cria Si X l entend il recevra encore une gifle En premier lieu c est de la sid ration provoqu e par ce non sens apparent
245. ns comique ou comme un non sens pur et simple ce dont nous n avons pas encore d m l la condition Nous nous en tenons donc cette conclusion que de par sa nature l esprit doit tre distingu du comique et que leur rencontre n a lieu d une part que dans certains cas sp ciaux d autre part dans la tendance puiser le plaisir des sources intellectuelles En cherchant tablir les rapports respectifs de l esprit et du comique nous d couvrons pr sent cette diff rence que nous devons faire ressortir comme la plus importante et qui de plus signale un des caract res psychologiques primordiaux du comique 235 Nous tions amen s placer la source du plaisir spirituel dans l inconscient nous ne saurions trouver aucune raison d y localiser le comique Bien plus toutes nos analyses concourent d montrer que la source du plaisir comique r side dans la comparaison de deux d penses elles m mes attribuables au pr conscient L esprit et le comique se distinguent donc avant tout par leur locali sation psychique l esprit est pour ainsi dire au comique la contribution qui lui vient du domaine de l inconscient KK Nous n encourrons pas le reproche de nous tre laiss s aller une digression car ce sont les rapports de l esprit et du comique qui nous ont amen s J tude du comique Mais il est grand temps de revenir notre th me d alors c est dire aux moyens qui servent rendre comique Nous avon
246. ns de ce chapitre et celles du chapitre pr c dent posent par leur rapprochement un probl me difficile r soudre S il est vrai que le plaisir caus par un mot d esprit r sulte d une part de la technique d autre part de la tendance comment embrasser d un seul coup d il ces deux sources si diff rentes du plaisir conf r par le mot d esprit 131 B Partie synth tique 132 Chapitre III Le m canisme du plaisir et la psychogen se de l esprit Quelles sont les sources du plaisir que nous procure l esprit Nous poserons en principe que nous le savons pr sent Certes nous sommes sujets l erreur qui consiste confondre l agr ment que nous donne le fond de la pens e exprim e par la phrase avec le plaisir proprement dit de l esprit mais ce dernier plaisir a essentiellement deux sources la technique et la tendance de l esprit Ce que nous voudrions rechercher pr sent c est la mani re dont le plaisir jaillit de ces sources le m canisme de cet effet de plaisir Nous atteindrons semble t il plus ais ment notre but par l esprit tendancieux que par l esprit inoffensif Nous commencerons donc par le premier Le plaisir procur par l esprit tendancieux tient ce qu il donne satisfaction une tendance qui sans lui demeurerait insatisfaite Qu une telle satisfaction constitue une source du plaisir voil qui se passe de plus ample commentaire Mais la fa on dont l esprit nous donne cette
247. ns le cas de M N voir p 153 par 151 exemple nous devons admettre que ses mots d esprit ne se bornent pas rendre accessible l auditeur le plaisir de l offensive injurieuse mais avant tout lui permettent lui m me de lancer ces injures Parmi les formes de l inhibition ou de la r pression internes il en est une qui nous int resse plus particuli rement parce que c est elle qui va le plus loin dans cette voie elle est d sign e du nom de refoulement on la reconna t ce qu elle ferme le retour la conscience aux motions et impulsions qu elle a frapp es d interdit ainsi qu leurs d riv s Nous allons voir que l esprit tendancieux sait tirer du plaisir m me de ces sources interdites par le refoulement Si comme nous venons de le laisser entendre la lev e des obstacles externes est r ductible celle des inhibitions et des refoulements internes on est en droit de dire que mieux que toutes les autres tapes de l volution de l esprit l esprit tendancieux fait ressortir le caract re primordial de l laboration spirituelle qui consiste dans la lib ration du plaisir par la lev e des inhibitions Il fortifie les tendances qu il sert en mettant dans leur jeu les impulsions r prim es ou bien en se mettant tout simplement lui m me au service des tendances r prim es On admettra volontiers que ce sont bien l les d marches de l esprit tendancieux mais on se rendra compte de ce qu on ne comp
248. ns un mus e de figures de cire disons de Mme Tussaud Un guide conduit vieux et jeunes et leur fait les honneurs de chaque groupe en d bitant un boniment This is the Duke of Wellington and his horse Voici le duc de Wellington et son cheval sur quoi une jeune fille pose la question Which is the Duke of Wellington and which is his horse O est le Due et o est le cheval Just as you like my pretty child you pay the money and you have the choice Comme vous voudrez ma belle vous payez donc vous avez le choix Lebenserinnerungen Souvenirs p 271 On peut ainsi r duire ce mot d esprit irlandais C est outrageant ce que ces gens osent offrir au publie Pas moyen de distinguer le cheval du cavalier Hyperbole plaisante Et c est cela que l on paie argent comptant L indignation est figur e par un petit incident le publie tout entier est repr sent par une seule dame le cavalier est individuellement d termin ce doit tre de toute vidence le Due de Wellington si populaire en Irlande Mais l impudence du propri taire ou du guide qui tire aux gens l argent de la poche sans rien leur donner en change cette impudence est repr sent par le contraire par le discours du guide qui se pose en homme d affaires consciencieux uniquement pr occup des droits que le publie a acquis en payant Nous observons maintenant que cette technique est loin d tre simple Le fait qu on a trouv
249. ns un journal viennois Ces articles traitent tous d pisodes relatifs aux rapports de Napol on ler avec l Autriche Cet auteur est roux D s qu il eut entendu ce nom M N s cria N est ce pas ce rouge Fadian filandreux poil de carotte qui s tire travers toute l histoire des Napol onides Rote rouge Fadian fil et fade Fadian mot intraduisible dont le sens s clairera dans la discussion ult rieure N d T Pour d couvrir la technique de ce mot d esprit il convient de lui faire subir une r duction qui en changeant les termes le vide de son esprit et r tablisse dans son int gralit le sens primitif tel qu il se d gage coup s r d un mot vraiment spirituel Le mot d esprit de M N sur le Rote Fadian filandreux rouquin comporte deux l ments d une part un jugement p joratif sur l auteur d autre part la r miniscence de la m taphore c l bre qui sert d introduction aux extraits du Journal d Ottilie dans les Affinit s lectives de Goethe Nous avons entendu parler d une disposition particuli re la marine anglaise Tous les cordages de la flotte royale des plus forts aux plus faibles sont faits de telle sorte qu un fil rouge leur est incorpor de fa on ne pouvoir tre enlev sans tout d sorganiser par l les petits bouts de cordage sont reconnaissables comme tant la propri t de la Couronne De m me tout le journal d Ottilie est parcouru d
250. nt dans leur essence que dans leurs rapports respectifs K Fis cher fait alors ressortir que nombre de jugements spirituels s appuient non sur des ressemblances mais sur des diff rences Lipps fait remarquer que ces d finitions s appliquent l esprit que l homme spirituel poss de et non pas celui qu il fait Voici encore d autres formules apparent es dans une certaine mesure qui visent d finir et caract riser l esprit Contraste des repr sentations sens dans le non sens sid ration et lumi re C est sur le contraste des repr sentations que s appuient les d finitions du type de celle de Kraepelin suivant laquelle l esprit serait la combinaison la liaison arbitraires de deux repr sentations contradictoires d une mani re ou de l autre cette liaison utilise principalement l association discursive Un critique tel que Lipps ne fut pas long saisir l insuffisance de cette formule mais loin de supprimer le facteur contraste il ne fait que le d placer Le contraste subsiste toutefois il ne r side pas Sous une forme ou sous une autre dans les repr sentations li es aux mots le contraste ou la contradiction tient au caract re sens ou absurde des mots eux m mes p 87 Des exemples pr cisent cette conception Le contraste ne surgit que lorsque nous attribuons tout d abord aux mots un sens auquel il nous faut ult rieurement renoncer p 90 Dans l volution ult rieure de ce d ter
251. ntations oui mais dans la mesure o ce contraste fait un effet comique et non point un effet diff rent Le sentiment du comique r sulterait de la suppression d une attente oui s il se trouve que cette d sillusion n est pas p nible Ces objections sont sans doute fond es mais c est aller trop loin que d en conclure que le crit re essentiel du comique nous ait jusqu ici chapp Ce qui emp che ces d finitions d avoir une port e g n rale c est qu il existe des conditions indispensables l closion du plaisir comique qui toutefois ne rec lent pas l essence du comique La 247 r futation des objections l explication des contradictions soulev es par ces d finitions du comique seront cependant assez ais es si nous faisons maner le plaisir comique de la diff rence qui s tablit quand on compare entre elles deux d penses psychiques Le plaisir comique et son crit rium le rire ne peuvent se produire qu la condition que cette diff rence devienne inutilisable et susceptible d tre d charg e Nous ne pouvons prouver cet effet de plaisir mais tout au plus un plaisir fugitif qui n a en rien le caract re du comique lorsque cette diff rence aussit t per ue trouve un autre emploi De m me que l esprit a besoin d organismes sp ciaux destin s emp cher le remploi de la d pense psychique reconnue superflue de m me le plaisir comique ne peut se produire que lorsque cette derni re condition se trouve r al
252. o part la condensation sont les facteurs communs que rec lent les pens es oniriques soit par l effet du hasard soit en raison de leur propre fond Puisque ces facteurs communs ne suffisent pas en g n ral produire une condensation suffisante l laboration du r ve cr e des analogies nouvelles artificielles et fugitives et cet effet se pla t m me employer des mots dont le son admette diff rentes interpr tations Ces nouvelles analogies destin es la condensation entrent comme l ments repr sentatifs des pens es oniriques dans le contenu manifeste du r ve de sorte qu un l ment du r ve repr sente pour les pens es oniriques un point d intersection un carrefour et doit en g n ral tre consid r comme surd termin par rapport ces pens es La condensation est la partie de l laboration du r ve la plus facile saisir il suffit de comparer le texte crit d un r ve la notation des pens es oniriques obtenues par l analyse pour se faire une id e exacte du degr de condensation que subit le r ve Il est moins ais de prendre conscience de l autre grande transformation que l laboration du r ve fait subir la pens e onirique c est dire de ce processus que j ai nomm d placement du r ve Ce d placement se manifeste par ce fait que tout ce qui dans les pens es oniriques se trouvait p riph rique et tait accessoire se trouve dans le r ve manifeste transpos au cent
253. oclame l invincibilit du moi par le monde r el et l on affirme victorieusement le principe du plaisir le tout sans quitter le terrain de la sant psychique contrairement ce qui a lieu dans les autres processus qui poss dent un m me objectif Ces deux attitudes semblent en effet inconciliables Si nous envisageons la situation de quelqu un qui adopte l gard d autres personnes l attitude humoristique nous serons tout pr ts nous rallier la conception que j avais d j formul e avec quelque h sitation dans mon livre sur l esprit Nous penserons qu il se conduit leur gard comme l adulte l gard de l enfant quand l adulte reconna t la vanit des int r ts et des souffrances qui semblent importants l enfant et en rit C est ainsi que l humoriste acquiert sa sup riorit il adopte le r le de l adulte il s identifie jusqu un certain point au p re et il rabaisse les autres n tre que des enfants Cette hypoth se rend certes compte de l tat des choses mais elle ne semble pas s imposer On se demande comment l humoriste en vient assumer ce r le On se rappelle alors l autre situation qui peut engendrer l humour situation sans doute la plus primitive et la plus significative celle dans laquelle un sujet adopte une attitude humoristique envers lui m me afin de se d fendre contre une souffrance Est il sens de dire que l on se traite alors soi m me en enfant et que l on joue en m me te
254. ocutions et de citations connues et il remplace volontiers dans leur texte les banalit s par des expressions plus pr tentieuses et plus choisies Il est vrai que tout cela se rapproche beaucoup des techniques de 241 l esprit Voici des fusions extraites de la pr face et des premi res pages de la s rie enti re La Turquie a autant d argent qu il y a de foin dans la mer ce qui r sulte de la fusion de ces deux dictons de l argent comme du foin de l argent comme les sables de la mer rajust s l un l autre Ou bien Je ne suis plus qu une colonne effeuill e qui t moigne de sa splendeur pass e condensation de arbre effeuill et de une colonne qui t moigne etc Ou bien O est le fil d Ariane qui nous tirera du Scylla de ces curies d Augias propos auquel trois l gendes grecques ont fourni chacune leur apport Les modifications et substitutions peuvent tre ais ment envisag es dans leur ensemble Leur caract re appara t dans les exemples suivants qui appartiennent en propre Wippchen et dans lesquels merge r guli rement une autre locution courante le plus souvent banale devenue un lieu commun Me poser le papier et l encre plus haut On dit dans un style imag poser la corbeille pain plus haut En fran ais Tenir la drag e haute N d T pour dire placer quelqu un dans une situation p nible Pourquoi ne pas tend
255. oitent bien des mots d esprit et qui permet d expliquer certaines particularit s de leur histoire Certains mots d esprit n y ont aucun recours et ce sont ces exemples que nous utiliserons presque exclusivement dans une tude sur l esprit N oublions pas cependant que ces mots d esprit effet durable nous ont peut tre moins fait rire que d autres dont l emploi nous para t pr sent difficile car ils n cessiteraient des commentaires tendus qui ne leur rendraient pourtant pas leur effet d antan Ces mots ci faisaient allusion des personnages des v nements qui l poque taient d actualit d frayaient et tenaient en haleine la curiosit publique Apr s qu ils eurent perdu leur int r t que l affaire en question eut t d finitivement class e ces mots d esprit perdirent une partie et m me la majeure partie de leur sel Par exemple le mot sympathique de mon h te qui avait qualifi de home roulard son entremets familial a perdu pour moi la saveur qu il poss dait au moment o le home rule avait sa rubrique quotidienne dans les nouvelles politiques de nos journaux Si j essayais aujourd hui de justifier les m rites de ce mot d esprit par le commentaire que ce seul mot en nous pargnant un grand d tour de la pens e nous transporte du domaine de la cuisine au domaine fort loign de la politique il me faudrait alors modifier ainsi mon commentaire ce mot nous transporte du domaine de la cuisine
256. omiser les mat riaux expressifs mais la r ciproque n est pas vraie Aussi toute ellipse toute abr viation n est elle pas forc ment spirituelle Nous nous sommes d j trouv s dans cette m me impasse lorsque nous esp rions rencontrer la condensation la 46 base de tous les mots d esprit nous nous sommes fait alors cette objection fort l gitim que le laconisme n tait pas fatalement de l esprit Le caract re spirituel n appartiendrait donc qu un genre particulier d ellipse et d pargne et tant que nous ne conna trons pas cette particularit la d couverte du facteur commun toutes les techniques de l esprit ne nous rapprochera pas de notre but De plus avouons le les conomies r alis es par la technique de l esprit ne sont pas capables de nous en imposer Certaines nous rappellent peut tre celles des m nag res qui perdent leur temps et font des frais de v hicule dans l espoir de payer sur un march loign leurs l gumes quelques sous de moins Quelles conomies l esprit r alise t il donc par sa technique Il s pargne l assemblage de quelques mots nouveaux que la plupart du temps on aurait facilement trouv s en change l esprit doit se donner la peine de rechercher le mot capable d habiller les deux pens es souvent m me il lui faut chercher d abord l une de ces pens es une expression peu usuelle mais susceptible de r aliser sa fusion avec la se conde Ne serait il pas plus simple plu
257. omme nous l avons d j dit Le double sens et le jeu de mots repr sentent le cas id al de l emploi du m me mat riel videmment ce dernier est le concept le plus compr hensif Les exemples de division d inversion des m mes mat riaux de leur emploi multiple avec l g re modification c d e n entreraient pas sans contrainte dans la rubrique du double sens Mais quel facteur commun trouver entre la technique de la premi re cat gorie condensation avec substitution et la technique des deux autres emploi multiple du m me mat riel A mon avis elles comportent un facteur commun tr s net et tr s 43 simple L emploi du m me mat riel n est qu un cas particulier de la condensation le jeu de mots ne repr sente qu une condensation sans substitution la condensation demeure donc la cat gorie laquelle sont subordonn es toutes les autres Une tendance la compression ou mieux l pargne domine toutes ces techniques Tout para t tre comme le dit Hamlet affaire d conomie Thrift Horatio thrift 44 Chapitre I technique du mot d esprit suite Faisons dans les diff rents exemples la preuve de cette pargne C est le premier vol de l aigle Mais ce vol est un rapt il s agit donc ici du double sens du mot vol Pour justifier ce mot vol signifie la fois action de voler avec des ailes et larcin N y a t il pas la fois condensation et pargne Certes elles portent sur toute la seconde
258. ommes pas plus avanc s dans la compr hension du processus qui effectue chez la personne humoristique elle m me le 265 d placement inhibant l volution de l affect Nous voyons que l endosseur de l humour imite le cr ateur de l humour dans ses propres processus psychiques mais nous n apprenons pas par l quelles forces permettent chez ce dernier la r alisation de ce processus On ne peut dire qu une chose c est que dans le cas o un homme triomphe de son affect douloureux en comparant l immensit des int r ts mondiaux sa propre petitesse ce triomphe n est pas le fait de l humour mais de la pens e philosophique aussi n prouvons nous aucun plaisir nous transporter au sein de ses pens es Le d placement humoristique est donc aussi impossible au plein jour de l attention consciente que la comparaison comique comme cette derni re il est li la condition de demeurer pr conscient ou automatique On peut acqu rir quelque lumi re sur le d placement humoristique en le consid rant sous l angle d un processus de d fense Les processus de d fense sont les quivalents psychiques des r flexes de fuite et sont destin s emp cher l closion du d plaisir qui d rive de sources internes cet effet ils agissent comme r gulateurs automatiques des op rations psychiques il est vrai qu en fin de compte cette r gulation se manifeste comme nocive et c est pourquoi il lui faut tre subordonn e au contr le
259. on d une seule lettre renouvelait sans cesse l allusion malicieuse Les noms propres se pr tent d ailleurs facilement cette adaptation de la technique de l esprit Il y avait Vienne deux fr res du nom de Salinger dont l un tait courtier en bourse Ce fut l occasion de d nommer l un Bursisalinger tandis que l autre se voyait gratifi du nom peu flatteur de Ursisalinger qui le distingua it de son fr re Freud parle de deux fr res Salinger dont un tait B rsensensal courtier en bourse les deux sobriquets sont Sensalinger et Scheusalinger Scheusal monstre Nous avons quelque peu modifi les sobriquets pour rendre le jeu de mots en fran ais N d T C tait commode et incontestablement spirituel justifi je n oserais l affirmer Sous ce rapport l esprit se montre peu exigeant On nous raconta un jour ce mot d esprit par condensation Un jeune homme qui avait jusque l men joyeuse vie l tranger rend apr s une longue absence visite un ami Celui ci tonn de lui voir une 17 alliance au doigt s crie Quoi vous mari Oui r pond l autre Trauring aber wahr Sacr ment vrai En allemand Traurig aber wahr Triste mais vrai est une locution tr s usit e Traurig triste Trauring alliance N d T C est du meilleur esprit deux composantes s associent dans le mot Trauring d abord la transformation de Trauring en Ehering alliance et en second lieu
260. on de la premi re proposition en raison de cette co ncidence fortuite l crivain incrimin est roux c est dire a la chevelure rousse Voici le sens probable du premier terme C est donc ce rouquin qui crit ces fastidieux feuilletons sur Napol on Et alors commence le processus qui tend condenser les deux l ments Sous cette pression le facteur commun rouge formant charni re l ennuyeux s associe au fil en allemand Faden ce dernier se transforme en fad fade ces deux composantes peuvent ainsi se souder dans le terme m me du mot d esprit o la citation de Goethe finit presque par dominer le jugement p joratif d abord pr pond rant Ainsi c est cet homme rouge qui crit des fadaises sur Napol on Le rouge fil Faden qui s tire travers tout 21 N est ce pas ce rote Fadian qui s tire travers toute l histoire des Napol onides Je fournirai une justification ainsi qu une correction de cet expos au cours d un chapitre suivant dans lequel je pourrai analyser ce mot d esprit d un point de vue autre que de celui de la forme Cependant quelque doute qui plane encore sur tout ceci le r le de la condensation me semble du moins pr sent absolument indubitable La condensation aboutit d une part une abr viation notable d autre part non pas l dification d un mot composite frappant mais plut t l interp n tration des l ments des deux
261. on th orique de la port e incertaine du mot d esprit quand les pens es qu il exprime voquent chez l auditeur des repr sentations particuli rement mouvantes Suivant la conformit ou l antinomie entre les tendances du mot d esprit et la s rie de pens es qui dominent l auditeur l attention de ce dernier reste fix e sur le processus spirituel ou s en retire Mais il convient d accorder un int r t th orique plus grand encore une s rie de techniques auxiliaires de l esprit qui visent videmment distraire l attention de l auditeur du processus spirituel lui m me lequel de la sorte se 171 d roulera automatiquement Je dis avec intention automatiquement et non inconsciemment car ce dernier terme nous induirait en erreur Il ne s agit ici que de tenir l cart du processus psychique l exc s d nergie d investissement de l attention au moment o s entend le mot d esprit L efficacit de ces techniques auxiliaires nous autorise supposer que c est pr cis ment l investissement de l attention qui prend une grande part au contr le et au remploi de l nergie d investissement lib r e Il ne semble pas facile en effet d emp cher l emploi endopsychique des forces d investissement devenues disponibles car au cours de nos processus cogitatifs nous sommes constamment en train de d placer de tels investissements d une voie sur une autre sans rien laisser perdre de leur nergie par d charge Voici en pa
262. onc la repr sentation du plus grand mouvement serait ici v ritablement la repr sentation la plus grande c est dire s accompagnant d une plus grande d pense Or l observation courante d montre de fa on imm diate que les hommes ont coutume d exprimer au moyen de d penses vari es par une sorte de mimique repr sentative le grand et le petit impliqu s dans leurs repr sentations Il est facile de voir qu un enfant un homme du peuple un sujet de certaines races ne se contente pas dans ses r cits et dans ses prescriptions de mots clairs et explicites pour communiquer sa repr sentation l auditeur il en traduit le contenu par une mimique expressive il associe le langage mimique au message verbal il appuie surtout sur la quantit et l intensit Il l ve la main par dessus la t te pour parler d une haute montagne il la rapproche du sol pour parler d un petit nain S il s est d shabitu de d peindre avec les mains il se laisse aller d peindre avec la voix et si sur ce point il arrive se ma triser il y a gros parier qu il carquille les yeux pour parler de ce qui est grand et qu il cligne des yeux pour parler de ce qui est petit Ce ne sont pas ses propres affects qu il ext riorise ainsi mais vraiment le contenu de ce qu il repr sente Faut il donc admettre que cette impulsion la mimique ne soit veill e que par le besoin de se communiquer quand on voit qu une 217 bonne pa
263. ont li es ici par une association d ordre extrins que existe en outre une liaison fond e sur le sens et exprimant une parent fonci re L association extrins que ne fait que suppl er la connexion intrins que elle sert signaler cette derni re ou la pr ciser Le traduttore et le traditore ne se ressemblent pas seulement de nom le traducteur est en m me temps une sorte de tra tre il est pour ainsi dire bon droit qualifi de tel La diff rence que nous signalons ici ne superpose la distinction tablir entre la plaisanterie et le mot d esprit distinction dont il sera question plus loin Nous aurions pourtant tort d exclure des exemples tels que celui du home roulard de l tude sur la nature de l esprit Envisag s sous l angle du plaisir propre l esprit nous trouvons que les mots d esprit mauvais ne sont nullement mauvais comme bons mots c est dire ne sont point inaptes engendrer le plaisir Dans un second groupe de proc d s techniques de l esprit unification assonance emploi multiple modification de locutions courantes allusion des citations le caract re commun r side dans ce fait qu on retrouve dans tous les cas quelque chose de connu l o l on aurait pu escompter du nouveau Retrouver le connu est un plaisir et il nous sera encore ais de retrouver en ce plaisir celui de l pargne de le rapporter l pargne d effort psychique Il est uni
264. ore ramen s au principe de l pargne que nous avons d j rencontr l occasion de la technique de l esprit des mots Nous croyions alors ne la retrouver que dans l emploi de mots aussi peu nombreux ou aussi peu diff rents que possible les uns des autres pr sent nous voil aux prises avec la notion bien plus vaste de l pargne de l effort psychique et nous envisageons la possibilit de p n trer plus avant encore dans la nature de l esprit en scrutant plus profond ment la notion encore fort obscure de l effort psychique Une certaine obscurit que nous n avons pu dissiper dans notre tude sur le m canisme du plaisir propre l esprit tendancieux nous appara t comme le juste ch timent de notre tentative d expliquer le compliqu avant le simple l esprit tendancieux avant l esprit inoffensif Retenons que l pargne d un effort n cessit par l inhibition ou la r pression nous apparut comme le secret du plaisir procur par l esprit tendancieux et abordons pr sent le m canisme du plaisir engendr par le mot d esprit inoffensif Des exemples appropri s de mots d esprit inoffensifs qui ne pouvaient impressionner notre jugement ni par leur fond ni par leur tendance nous ont amen s conclure que les techniques de l esprit sont par elles m mes des sources de plaisir cherchons si ce plaisir ne peut se ramener lui m me une conomie d effort psychique La technique d un de ces groupes de mots d
265. oristique qu on leur offre Et finalement quand le surmoi s efforce par l humour consoler le moi et le pr server de la souffrance il ne d ment point par l son origine sa d rivation de l instance parentale Fin du livre 276 FIN Merci pour votre lecture Vous pouvez maintenant e Donner votre avis propos de cette uvre e D couvrir d autres uvres du m me auteur e D couvrir d autres oeuvres dans notre catalogue Sciences humaines Ou tout simplement nous rendre visite www atramenta net Suivez nous sur Facebook https www facebook com atramenta net
266. ors provoqu de notre part qu un sourire demi contraint Comme exemple de na vet ce mot nous para t par contre excellent et nous fait rire aux clats Mais qu est ce qui tablit ici la diff rence entre l esprit et le na f videmment ni le texte ni la technique identiques dans l un et l autre cas mais un facteur qui premi re vue semble tre tr s loign des deux Il s agit tout simplement de ce que dans un cas nous supposons que l interlocuteur fait un mot d esprit intentionnel tandis 206 que dans le second l enfant veut de bonne foi tirer une conclusion s rieuse bas e sur son ignorance encore int grale Seul le second cas est celui de la na vet C est ici que nous remarquons pour la premi re fois l immixtion d une autre personne dans le processus psychique qui a pour th tre la personne productrice L analyse d un deuxi me exemple confirmera cette conception Un fr re et une s ur g s respectivement de dix et douze ans repr sentent devant un parterre d oncles et de tantes une pi ce de leur composition La sc ne figure une hutte au bord de la mer Au premier acte les deux auteurs acteurs braves p cheurs d plorent la duret des temps la modicit du gain Le mari se d cide courir les mers pour chercher fortune apr s des adieux touchants le rideau tombe Le second acte se passe quelques ann es plus tard Le p cheur a fait fortune et revient la bourse pleine il raconte sa femm
267. otre Majest m ordonne t elle de couper aussi l autre jambe Ce que le professeur pensait de l approbation royale il n aurait pu coup s r l exprimer tel quel Il semble que ce soit par ordre du roi et pour son bon plaisir que j ampute la mauvaise jambe de ce pauvre diable J ai assur ment bien d autres raisons de pratiquer cette op ration Mais malgr cela s approchant du roi il lui dit Je n ai pas d autres motifs d op rer que l agr ment de Votre Majest J ai t tellement charm de Son approbation que j attends Ses ordres pour amputer galement la jambe saine Il arrive ainsi se faire comprendre en exprimant le contraire de sa pens e qu il est oblig de garder pour lui Ce contraire est une surench re indigne de cr ance La repr sentation par le contraire est comme le d montrent ces exemples un bon proc d fr quemment employ par la technique de 81 l esprit Mais il ne faut pas oublier que cette technique n appartient pas en propre l esprit Marc Antoine apr s avoir par son long discours au forum transform les sentiments du peuple assembl autour du corps de C sar lance nouveau Car Brutus est un homme d honneur Il sait cependant fort bien que le peuple prenant ses paroles dans leur sens v ritable s criera Ils taient des tra tres hommes d honneur De m me lorsque Simplicissimus met dans la bouche de ses hommes sentiment de
268. ots d esprit qualifi s de calembours Certains hommes ont le don dans leurs jours de bonne humeur de r pondre tout pour un temps par un calembour Un de mes amis coutumier d une modestie exemplaire tant que ses travaux scientifiques sont sur le tapis se vante d avoir ce don Comme la soci t qu il avait un jour ainsi tenue sous le charme de sa parole s tonnait de son endurance il dit Ja ich liege hier auf der Ka Lauer Oui je suis ici l aff t Lauer aff t Kalauer calem bour On pourrait peut tre rendre ce calembour par Je cours la calembredaine N d T et lorsqu on le pria de se taire il mit comme condition d tre sacr poeta kalaureatus po te callaur at Mais l un et l autre sont de bons mots d esprit par condensation avec formation de mot composite Je suis l aff t Lauer de faire un calembour Kalauer Retenons toutefois l occasion de ces discussions destin es distinguer le calembour du mot d esprit que le premier ne peut nous offrir aucune acquisition vraiment nouvelle dans le domaine de la technique de l esprit Bien que dans le calembour on renonce l emploi du m me mat riel expressif dans des acceptions diff rentes l accent porte cependant sur un l ment connu retrouver sur la concordance des deux mots dont se sert le calembour celui ci n est par cons quent qu une sous vari t du groupe dont le jeu de mots proprement dit demeure le t
269. oue un r le analogue dans le mot du veau d or de Heine Il permet la r ponse la d viation de la suite des id es sugg r e d viation qui dans le mot du saumon mayonnaise se passe d un tel artifice verbal La r duction de la parole de Souli et de la r plique de Heine donneraient Cela me rappelle assez bien le culte du veau d or de voir cet homme ainsi f t pour sa seule richesse Et Heine de r pondre Le culte rendu sa richesse n est pas ce qui est le pire Mais mon avis vous ne soulignez pas assez que sa fortune lui fait pardonner sa sottise De la sorte malgr la conservation du double sens on aurait fait dispara tre l esprit par d placement On pourra nous objecter que des diff renciations si subtiles tendent dissocier des l ments qui sont pourtant parfaitement coh rents Le double sens ne nous permet il donc pas dans tous les cas de d placer de d vier la suite des id es de son cours primitif Et il nous faudrait convenir que double sens et d placement repr sentent deux types diff rents de la technique de l esprit Certes ce rapport subsiste entre le double sens et le d placement mais il 57 n a rien voir dans notre distinction des techniques de l esprit Quant au double sens le mot d esprit ne roule que sur un mot qui pr te plusieurs interpr tations et fait pour l auditeur l office d un trait d union permettant le passage d une pens e l
270. oup s r fort spiri tuelle Front de fer caisse de fer couronne de fer Ce dernier est un ordre qui conf re la noblesse 40 Unification excellente tout est pour ainsi dire en fer Les sens diff rents mais assez voisins de l pith te de fer favorisent cet emploi multiple Un autre jeu de mots nous orientera vers une nouvelle vari t de la technique du double sens Le spirituel coll gue dont il a t question la page 52 risqua ce mot d esprit l poque de l affaire Dreyfus Cette jeune fille me rappelle Dreyfus L arm e ne croit pas son innocence Le mot innocence dont le double sens forme le pivot de ce mot d esprit a dans un contexte son sens usuel qui s oppose culpabilit crime dans l autre un sens sexuel qui s oppose exp rience des cho ses sexuelles Or il y a beaucoup d exemples du double sens et leur sel tous d pend tout particuli rement du sens sexuel On pourrait r server ce groupe la d nomination d quivoque Un excellent exemple de mot d esprit quivoque est le mot de D Spitzer cit la page 46 Au dire de certains le mari aurait beaucoup gagn pour se mettre sur le velours au dire des autres la femme se serait mise sur le velours pour beaucoup gagner Met on en parall le cet exemple de double sens plus quivoque avec d autres exemples une diff rence s impose qui n est pas sans importance au point de vue de
271. outes les tranget s qui nous tonnaient mais si nous voulons y r ussir il nous faut chemin faisant r futer constamment les objections 181 critiques qui s opposent sans arr t la reproduction des associations interm diaires successives La comparaison entre le contenu manifeste du r ve dont on se souvient et les pens es latentes du r ve ainsi d couvertes nous fournit la notion de l laboration du r ve Il convient d appeler laboration du r ve tout l ensemble des processus de transformation qui ont introduit les pens es latentes du r ve dans le r ve manifeste La surprise que le r ve avait d abord provoqu e en nous est nous le voyons inh rente l laboration du r ve L uvre accomplie par l laboration du r ve peut tre retrac e de la mani re suivante une trame le plus souvent fort compliqu e de pens es assembl es durant le jour et non parvenues r alisation un reste diurne garde m me pendant la nuit la somme d nergie requise l int r t et menace de troubler le sommeil Ce reste diurne est transform par l laboration du r ve en un r ve et devient ainsi inoffensif pour le sommeil Afin de donner prise l laboration du r ve ce reste diurne doit tre apte susciter des d sirs condition assez facile remplir Le d sir qui merge de la pens e onirique constitue le premier chelon puis le noyau du r ve L exp rience qui d coule de l analyse
272. ouvons assigner ici sa place tandis que dans l esprit nous ne savions qu en faire Dans l explication du plaisir comique nous nous cartons toutefois de bien des auteurs qui le consid rent comme li des oscillations de l attention entre les repr sentations qui se font r ciproquement contraste Nous ne saurions comprendre un tel m canisme du plaisir nous observons que la comparaison qui pr side au contraste d termine une diff rence de d pense psychique qui en l absence de toute autre occasion de remploi est susceptible d tre d charg e et de devenir ainsi une source de plaisir Bergson Le Rire 1904 p 99 r fute galement et avec de bons arguments cette d duction relative au plaisir comique videmment cette d duction a t influenc e par le d sir d tablir une analogie avec le rire d clench par le chatouillement 212 un niveau tout diff rent se trouve l explication donn e par Lipps du plaisir comique que suivant sa conception g n rale du comique on pourrait d fi nir Petitesse inattendue Ce n est pas sans appr hension que nous osons aborder le probl me du comique proprement dit Ce serait trop pr sumer de nous m mes que d esp rer voir nos efforts contribuer d une fa on d cisive sa solution apr s que les travaux de tant de penseurs remarquables n ont rien apport qui nous satisfasse compl tement En effet toute notre ambition se bornera suivre dans le domaine
273. p mon attention L esprit poss de encore un autre trait caract ristique qui cadre bien avec notre conception de l laboration de l esprit elle m me issue de nos tudes sur le r ve On dit il est vrai que l on fait un mot d esprit mais l on sent bien qu on s y prend autrement que pour mettre un jugement ou formuler une objection Le mot d esprit comporte au plus haut degr le caract re d une id e subite involontaire On ignore l instant d avant le trait d esprit que l on d cochera et qu on se sera born rev tir de mots On prouve plut t quelque chose d ind finissable qui ressemblerait une absence une d faillance subite de la tension 189 intellectuelle puis tout d un coup le mot d esprit surgit presque toujours tout par des mots qui le rev tent Certains modes appartenant l esprit comme par exemple la comparaison l allusion servent en dehors de lui exprimer nos pens es Je puis de propos d lib r faire une allusion En ce cas tout d abord dans mon audition interne j envisage l expression directe de ma pens e j en inhibe l ext riorisation par un scrupule conforme la si tuation je me propose presque de remplacer l expression directe par une sorte d expression indirecte et j en arrive alors mon allusion mais une allusion faite ainsi sous mon contr le permanent peut bien tre viable elle n est jamais spirituelle l allusion spirituelle au contraire surgit
274. pargnons la peine de faire une critique de formuler un jugement tout est contenu dans le nom propre lui m me Dans l exemple passion jalousie nous vitons la synth se laborieuse d une d finition Eifer sucht Leidenschaft et Eifer sucht Leiden schafft ajoutez quelques mots expl tifs et voil la d finition Cette r gle s applique de m me tous les autres exemples que nous avons analys s Dans le moins conomique de ces jeux de mots celui de Saphir Vous venez pour vos cent ducats l pargne consiste du moins n avoir pas trouver d autres termes pour la r ponse ceux de la demande y suffisent C est peu de chose mais c est l tout le secret de l esprit L emploi multiple des m mes mots dans la demande et dans la r ponse constitue certes une pargne De m me Hamlet traduit la succession imm diate de la mort du p re et des noces de la m re par ces mots Le r ti du repas mortuaire fournit la viande froide du banquet nuptial Avant d admettre cependant que la tendance l pargne soit le caract re le plus g n ral de la technique de l esprit avant de nous enqu rir de l origine m me de cette tendance de sa signification de la fa on dont elle procure le b n fice de plaisir offert par l esprit il convient de formuler un doute qui m rite d tre pris en consid ration Il est possible que toute technique de l esprit comporte une tendance con
275. particuli re se transformera en un all gement g n ral de la d pense psychique Ainsi gr ce une compr hension plus juste des processus psychiques de l esprit le facteur all gement vient remplacer pour nous le facteur pargne Le premier des deux nous procure videmment un sentiment de plaisir bien plus vif Le processus qui se d roule chez la premi re personne du mot d esprit engendre le plaisir par la lev e d inhibitions par la r duction de la d pense locale mais ce processus ne semble pouvoir s arr ter et clore son cycle que lorsqu il a gr ce l intervention d un tiers r alis par la d charge l all gement g n ral 178 C Partie th orique 179 Chapitre V Les rapports de l esprit avec le r ve et l inconscient la fin du chapitre au cours duquel nous nous sommes attach s d couvrir la technique de l esprit nous avons dit p 129 que les processus de la condensation avec ou sans substitution du d placement de la repr sentation par le contresens par le contraire de la repr sentation indi recte etc qui comme nous l avons trouv jouent un r le dans l laboration de l esprit pr sentent une tr s grande analogie avec les processus de l laboration du r ve nous nous sommes r serv d une part d tudier de plus pr s ces ressemblances d autre part d explorer les points qui semblent d apr s ces indices communs l esprit et au r ve Ce travail de comparaison nous sera
276. passion d cha n e Cette explication s appliquerait mon avis tous les cas o le rire se d clenche dans des circonstances qui n ont rien de plaisant et en m me temps que des affects particuli rement 251 p nibles et poignants f Si nous ajoutons encore que le d veloppement du plaisir comique peut tre favoris par l adjonction d un l ment plaisant quelconque qui agit pour ainsi dire par contact l instar du principe du plaisir pr liminaire dans le cas de l esprit tendancieux nous aurons envisag les conditions du plaisir comique d une mani re sinon compl te du moins suffisante pour le programme que nous nous sommes trac Nous voyous de la sorte qu aucune autre hypoth se ne rend aussi ais ment compte de ces conditions ainsi que de l inconstance et de la contingence de l effet comique que celle qui fait d river le plaisir comique de la d charge d une diff rence susceptible en raison de la variabilit des circonstances de trouver un emploi autre que la d charge KK Il conviendrait aussi de r server une place plus importante l tude du comique du sexuel et de l obsc ne sur ce point nous nous bornerons cependant ici quelques remarques Notre point de d part serait l encore le d shabillage Un d shabillage fortuit nous para t comique parce que nous comparons la facilit avec laquelle nous le savourons au grand effort qu exigerait de nous dans les circonstances habituelles la r al
277. pens e qui tombe compl tement sans laisser de substitut Le double sens du mot vol rend ce substitut inutile ou en d autres termes le mot vol implique le substitut de la pens e r prim e sans qu il soit besoin de rien ajouter ni modifier la premi re phrase Voil un des avantages du double sens Un autre exemple Front de fer caisse de fer couronne de fer Quelle extraordinaire pargne de mots en comparaison de la longueur des phrases qui traduiraient cette pens e en l absence du terme de fer Avec de l audace et un manque de conscience suffisant il n est pas difficile d acqu rir une grosse fortune et la r compense de tels m rites ne va pas sans l anoblissement On ne peut dans ces exemples m conna tre la condensation par cons quent l conomie Mais il faut qu on la puisse d montrer dans tous les cas O trouver l conomie dans des mots d esprit tels que Rousseau roux et sot et Antigone antik o nee Nous avons pu y reconna tre pour la premi re fois l absence de la condensation ce sont ces exemples qui nous ont d termin s tablir la technique de l emploi multiple du m me mat riel 45 En effet nous n arrivions rien ici par la condensation mais si nous la rempla ons par le concept plus g n ral de l pargne il n y a plus de difficult s Il est facile de saisir l conomie r alis e dans les exemples de Rousseau d Antigone et dans les autres similaires Nous
278. pense pargn e par la comparaison des faits et gestes d autrui avec 211 les n tres propres Mais comme nous abordons ici des consid rations d un ordre fort g n ral il convient tout d abord d en finir avec l appr ciation du na f Le na f serait donc une forme du comique en tant que le plaisir qu il d clenche r sulte de la diff rence de d pense psy chique r alis e par notre volont de comprendre autrui et il se rapprocherait de l esprit par cette condition que la d pense pargn e par la comparaison doit tre un effort d inhibition J ai ici partout identifi le na f au comique na f ce qui n est certainement pas admissible en g n ral Mais il suffit notre programme d tudier les caract res du na f dans l esprit na f et dans la grivoiserie na ve P n trer plus avant serait supposer l intention d approfondir l essence du comique Signalons encore bri vement quelques concordances et quelques divergences entre les conceptions auxquelles nous venons d aboutir et celles qui depuis longtemps ont cours dans la psychologie du comique Cette immixtion dans les processus d autrui cette volont de comprendre n est videmment que le pr t comique qui depuis Jean Paul joue son r le dans l analyse du comique la comparaison du processus psychique qui se d roule chez autrui avec celui qui se d roule en soi m me correspond au contraste psychologique auquel enfin nous p
279. phras ologie mis rable Un probl me dont nous avions remis l examen plus tard vient ici solliciter notre attention La diff rence de d pense psychique est coup s r la condition fondamentale du plaisir comique mais l observation montre qu une telle diff rence ne produit pas constamment le plaisir Quelles conditions doivent 246 s adjoindre quelles perturbations doivent tre vit es pour que le plaisir comique puisse effectivement r sulter de la diff rence de d pense Avant de r pondre cette question nous clorons les discussions qui pr c dent par cette conclusion le comique du discours ne se confond pas avec l esprit l esprit doit donc tre autre chose que le comique du discours KK Sur le point d aborder cette derni re question celle des conditions dans lesquelles le plaisir comique peut r sulter de la diff rence de d pense nous nous permettrons un all gement qui ne peut tourner qu notre propre plaisir La r ponse pr cise cette question quivaudrait un expos complet de la nature du comique ce dont nous nous sentons incapables et qui d passe notre comp tence Nous nous bornerons encore n envisager le probl me du comique que jusqu au point o ce probl me se s pare nettement de celui de l esprit Les critiques ont reproch toutes les th ories du comique de laisser dans leurs d finitions chapper l essentiel du comique lui m me Le comique r sulte d un contraste de repr se
280. plaisanterie c est la satisfaction d avoir permis ce que la critique d fend Une simple plaisanterie est p ex le mot de Schleiermacher qui d finit la jalousie passion qui cherche avec z le ce qui procure la peine Die Eifersucht ist eine Leidenschaft die mit Eifer sucht was Leiden schafft En voici une autre Le professeur K stner qui 146 enseignait la physique G ttingen au XVIIIe si cle et tait coutumier du mot d esprit demandait son ge l tudiant Kriegk Krieg guerre qui prenait ses inscriptions celui ci r pond trente ans le ma tre r plique Eh j ai l honneur de voir la guerre de Trente Ans Kleinpaul Die R tsel der Sprache Les nigmes du langage 1890 C est de m me par une plaisanterie que le ma tre Rokitansky C l bre m decin N d T r pondit un interlocuteur qui l interrogeait sur la profession de ses quatre fils Zwei heilen und zwei heulen Deux gu rissent et deux barrissent deux m decins et deux chanteurs Cette r ponse tait exacte et par suite inattaquable mais ne sugg rait rien qui ne f t exprim par les mots mis entre parenth ses Incontestablement la r ponse ne s est cart e des formes banales que pour le plaisir de l unification et de l assonance li ces deux mots Enfin je pense nous y voyons clair Nous avons toujours t g n s dans notre appr ciation des techniques de l esprit par ce fait que ces techniques
281. plaisir qu il a go t prendre sans plus notre parti de m me qu il nous arrive d autres fois s duits par l esprit inoffensif de surestimer le fond m me d une phrase formul e de fa on spirituelle Notre langue ne dit elle pas avec une justesse absolue qu il faut mettre les rieurs de son c t Consid rons les mots d esprit de M N que nous avons cit s dans le chapitre pr c dent Ce sont tous des d nigrements C est tout comme si M N voulait s crier Ce ministre de l agriculture est un v ritable b uf Laissez moi en paix avec ce qui cr ve de vanit Je ne connais rien de plus fastidieux que les articles de cet historien sur Napol on et l Autriche Mais le niveau moral lev de M N l emp chait de s exprimer de la sorte Aussi ces d nigrements font ils appel l esprit pour trouver cr dit aupr s de l auditeur qui malgr leur justesse ventuelle se serait refus entendre de telles opinions sous une forme non spirituelle Un de ces mots est particuli rement instructif c est celui du rote Fadian qui peut tre est le plus irr sistible de tous Qu est ce qui nous force rire sans nous soucier le moins du monde de savoir s il est fait injustement tort ce pauvre crivain Assur ment la forme 117 spirituelle c est dire l esprit Mais de quoi rions nous l Sans aucun doute nous rions de sa personne m me figur e sous les traits du filandreux rouqu
282. poussante et gratifi e au surplus d une grave difformit Ce ne sont pas l des conditions attrayantes pour un pouseur chaque d faut le marieur trouve des arguments qui permettent de s en accommoder il ne conc de comme seul d faut que la bosse d faut dont tout le monde doit convenir Voil encore l apparence de logique caract ristique du sophisme et destin e couvrir la faute de raisonnement La demoiselle n a videmment que des d fauts les uns sur lesquels on pourrait passer et un dernier qui cr ve les yeux Il est donc impossible de l pouser Le marieur feint d avoir limin chacun des d fauts par l excuse qu il leur trouve bien que malgr ses efforts il reste que chacun d eux quivaille une d valorisation qui s ajoute la suivante Il s attache chaque facteur isol ment et refuse d envisager leur somme Cette m me omission est le n ud d un autre sophisme dont on a beaucoup ri bien que l on puisse douter de son caract re de mot d esprit A a emprunt B un chaudron de cuivre lorsqu il le rend B se plaint de ce que le chaudron a un grand trou qui le met hors d usage Voici la d fense de A Primo je n ai jamais emprunt de chaudron B secundo le chaudron avait un trou lorsque je l ai emprunt B tertio j ai rendu le chaudron intact Chacune de ces objections en soi est valable mais rassembl es en faisceau elles s excluent l une l autre A isole ce qui doit faire bloc
283. poux DER KONTRAST 245 Wie gl cklich bin ich ruft sic leise Auch ich sagt lauter ihr Gemahl Es macht mich deine Art und Weise Sehr stolz auf meine gute Wahl CONTRASTE Comme je suis heureuse dit l pouse voix basse Et moi r pond l poux plus haut Ta mani re d tre et de te comporter Me rendent fier de mon bon choix Ici rien ne rappelle l esprit Sans aucun doute c est l insuffisance de ces po mes qui les rend comiques l extraordinaire lourdeur de l expression tir e des lieux communs les plus rebattus ou de locutions feuilletonesques la niaiserie le caract re born des pens es l absence de toute trace d id e ou de langage vraiment po tiques Tout cela ne nous explique pourtant pas pourquoi nous trouvons comiques les po mes de Mme Kempner bien d autres productions du m me genre nous paraissent franchement mauvaises et loin de nous faire rire nous irritent C est justement parce que les productions de Mme Kempner sont si nettement inf rieures ce que nous exigeons d un po me qu elles nous paraissent comiques une marge notablement plus r duite nous disposerait plut t critiquer qu rire D autres facteurs accessoires ajoutent encore l effet comique des po mes de Mme Kempner l incontestable bonne intention de l auteur une certaine sentimentalit qui d sarme notre ironie et notre irritation et qui se laisse deviner derri re cette
284. pr c dent C est une des histoires de baignade qui illustrent l hydrophobie du Juif galicien Nous ne demandons d ailleurs pour les exemples cit s par nous ni titre de noblesse ni certificat d origine Ils ne valent que parce qu ils s entendent nous faire rire et offrent un int r t th orique Or ces deux conditions se trouvent r alis es au plus haut point par les mots d esprit juifs Deux juifs se rencontrent au voisinage d un tablissement de bains As tu pris un bain demande l un d eux Comment dit l autre en manquerait il donc un Le franc rire n est pas l attitude id ale pour d m ler la technique d un bon mot C est pourquoi cette analyse offre quelque difficult C est donc un quiproquo comique penserons nous d abord Tout beau mais quelle est la technique de ce mot d esprit Apparemment c est l emploi du dou ble sens du mot prendre Dans l un le mot prendre est un passe partout d color dans l autre c est le verbe dans son plein sens C est donc un cas o le m me mot est pris au sens plein ou est vid de son sens groupe II f Pour supprimer l esprit il suffit de remplacer prendre un bain par l expression quivalente mais plus simple se baigner La r ponse ne porte plus L esprit r side donc dans l expression prendre un bain 52 C est juste mais il semble que dans ce cas aussi la r duction ne s applique pas l o il
285. pr c dent Nous dirons pour nous r sumer que l humour peut tre ou contre soi m me ou contre autrui il faut admettre qu il procure qui s en sert un b n fice de plaisir et qu un b n fice de plaisir analogue choit l auditeur d sint ress de l humour Nous saisirons au mieux la gen se du b n fice de plaisir humoristique en consid rant le processus qui se d roule chez l auditeur au moment o un autre fait devant lui de l humour L auteur voit celui ci dans une situation qui lui permettait de s attendre de sa part la manifestation d un cer tain affect cet homme va se mettre en col re se plaindre souffrir visiblement il va avoir peur fr mir d horreur peut tre m me se d sesp rer et le spectateur auditeur est pr t le suivre dans cette voie laisser na tre en lui les m mes mois affectifs Mais l attente de cet affect est d ue l autre ne manifeste pas le moindre affect fait la place une plaisanterie l pargne de d pense affective engendre chez l auditeur le plaisir humoristique Jusque l point de difficult mais on se dit bient t que des deux c est le processus qui se d roule chez l autre chez l humoriste qui m rite la plus grande attention Aucun doute ne subsiste l essence de l humour r side en ce fait qu on s pargne les affects auxquels la situation devrait donner lieu et qu on se met au dessus de telles manifestations affectives gr ce une plaisanterie Jusque
286. premier a dents et cheveux Ross cheval Mon second des cheveux dans les dents Kamm peigne Qui n a pas de cheveux sur les dents De mon tout ach te n ant Rosskamm maquignon N 168 Die erste Silbe frisst Die andere Silbe isst Die dritte wird gefressen Des Ganze wird gegessen 74 Mon premier d vore Sau truie Mon second mange Er lui Mon troisi me est d vor Kraut herbe Mon tout est mang Sauerkraut choucroute L unification la plus parfaite se retrouve dans une nigme de Schleiermacher qu on ne peut qualifier que de spirituelle Von der letzten umschlung Schwebt dao vollendete Ganze Zu den zwei ersten empor Galgenstrick corde de gibet gibier de potence Entour par mon dernier Strick corde mon tout balance Galgenstrick pendu accroch par mes deux premiers Galgen potence La plupart des charades manquent d unification c d que le trait caract ristique qui doit faire deviner la premi re syllabe est compl tement ind pendant de celui qui doit faire deviner la deuxi me et la troisi me syllabe et en galement ind pendant de ce qui doit faire deviner le tout Voici un bel exemple de mot d esprit par unification qui se passe de tout commentaire Le po te lyrique fran ais J B Rousseau avait crit une ode la post rit Voltaire jugeant que cette ode ne m ritait pas de passer la post rit d clara spirituellement Ce po
287. psychopathologie sous un angle philosophique d j dans ma Science des R ves 1900 j ai tent dans le m me esprit que Lipps de poser non pas le contenu de la conscience mais les processus psychiques en eux m mes inconscients comme les facteurs r ellement efficients du psychisme Cf le chapitre VIII du livre cit de Lipps Ueber die psychische Kraft De l nergie psychique etc aussi La Science des R ves VIIT Est ainsi valable ce principe g n ral les facteurs de la vie psychique sont non pas les l ments contenus dans la conscience mais les processus psychiques inconscients en eux m mes La t che de la psychologie moins que celle ci ne se borne d crire simplement les l ments contenus dans la conscience doit consister alors conclure d apr s les l ments contenus dans la conscience et leurs rapports temporels la nature de ces processus inconscients La psychologie doit tre une th orie de ces processus Mais une telle psychologie ne tardera pas d couvrir que ces processus psychiques poss dent un grand nombre de qualit s qui ne sont pas repr sent es dans les contenus respectifs de la conscience Lipps 1 c p 123 Ce n est que lorsque je parle de l investissement des voies psychiques que je semble m loigner des m taphores employ es par Lipps Mon exp rience relative la mobilit de l nergie psychique suivant certaines voies d associations ainsi que mon
288. puissances qu il combat tour tour il ne renonce jamais son plaisir primitif de jouer avec les mots et d s le stade de la plaisanterie il fait jaillir de nouvelles sources de plaisir en levant les inhibitions Le plaisir qu il engendre soit plaisir du jeu soit plaisir par la lev e des inhibitions peut se ramener dans tout les 155 cas l pargne de l effort psychique condition qu une telle conception ne soit pas incompatible avec l essence m me du plaisir et qu elle se montre encore par ailleurs f conde Les mots d esprit par non sens qui dans nos tudes n ont pas encore t appr ci s comme ils le m ritent ont droit une br ve tude suppl mentaire Vu l importance que nous reconnaissons la formule sens dans le non sens l on serait tent d exiger que chaque mot d esprit f t un mot d esprit par non sens Cela n est pourtant pas n cessaire parce que seul le jeu avec les pens es aboutit in vitablement au non sens tandis que l autre source du plaisir spirituel le jeu avec les mots ne produit cette impression qu occasionnellement et ne fait pas r guli rement appel la critique qui est li e au non sens La double racine du plaisir spirituel jeu avec les mots jeu avec les pens es et par cons quent la distinction principale entre l esprit des mots et l esprit de la pens e rend difficile la mise en formules courtes et pr cises des propositions g n rales relatives l esprit Gr ce
289. qu la place de l enfant nous eussions vit e De m me chez l adulte nous nous amusons de ses gestes inutiles ou m me de sa mimique expressive exag r e Citons comme exemples purs du comique de ce genre le geste du joueur de quilles qui se poursuit apr s le lancement de la boule comme si celle ci pouvait encore en tre influenc e de m me sont comiques toutes les grimaces qui exag rent la mimique expressive normale des motions m me si elles sont involontaires comme celles des personnes atteintes de la danse de Saint Guy chor e de m me encore un homme qui n entend rien la musique trouvera comiques les gesticulations passionn es d un chef d orchestre moderne dont il ne saisit pas la n cessit C est bien de ce comique du mouvement que d rive encore le comique des formes du corps et le comique des traits du visage en 214 tant que ces formes ces traits sont con us comme le r sultat d un mouvement exag r et inutile Des yeux carquill s un nez crochu qui tombe dans la bouche des oreilles d coll es une bosse ne produisent l effet du comique qu en tant que nous nous figurons les mouvements n cessaires la production de ces difformit s en cette occurrence on attribue au nez aux oreilles aux autres parties du corps une mobilit qu ils ne poss dent pas dans la r alit Il est incontestablement comique que quelqu un puisse remuer les oreilles il le serait plus encore s il tait en tat de lev
290. qu elle rec le en elle m me le germe d un autre mode d expression de la pens e susceptible de d clencher le plaisir et n exigeant pas pour tre compris de faire appel l inconscient Je veux parler de l ironie qui se rapproche beaucoup de l esprit et repr sente une vari t du comique Elle consiste essentiellement dire le contraire de ce que l on veut sugg rer tout en vitant aux autres l occasion de la 196 contradiction les inflexions de la voix les gestes significatifs quelques artifices de style dans la narration crite indiquent clairement que l on pense juste le contraire de ce que l on dit L ironie n est de mise que lorsque l interlocuteur est pr t entendre le contraire de telle sorte qu il ne peut lui m me chapper ainsi l envie de contredire Cette condition fait que l ironie risque tr s facilement de demeurer incomprise La personne qui en use y trouve l avantage de pouvoir tourner ais ment les difficult s d une expression directe s il s agit d invectives par exemple l ironie offre celui qui l entend le plaisir comique probablement parce qu elle lui inspire un effort de contradiction dont l inutilit appara t aussit t Cette comparaison de l esprit une cat gorie fort voisine du comique nous confirmera peut tre dans cette opinion que le rapport avec l inconscient est le trait caract ristique de l esprit trait qui sans doute le distingue galement du comique De m me le caract re
291. qu il s agisse de guerriers ou de phrases En quoi consiste la technique de ce mot d esprit Quelles modifications la pens e a t elle donc subies dans notre version pour devenir le mot d esprit qui nous a fait rire de si bon c ur Il y en a deux ainsi que le d montre la comparaison entre notre version et le texte m me du po te Tout d abord une ellipse importante Aux paroles R me traitait tout fait d gal gal de fa on toute famillionnaire il nous a fallu ajouter pour exprimer int gralement la pens e incluse dans ce mot d esprit une phrase suppl mentaire une restriction expressive c est dire autant qu il est possible un millionnaire et encore une explication compl mentaire semblait elle s imposer Des consid rations analogues s appliquent la transposition de Lipps La formule du po te est beaucoup plus concise R me traitait tout lait d gal gal de fa on toute famillionnaire Toute la restriction apport e par la seconde phrase la premi re qui 14 constate l accueil familier a disparu dans le mot d esprit Elle a cependant laiss une trace qui permet de la r tablir Une seconde modification s est produite Le mot familier de la version non spirituelle de la pens e a t dans le mot d esprit transform en famillionnaire C est sans aucun doute de ce n ologisme que d pend le ca ract re spirituel et l effet risible Sa premi r
292. que Sur cette voie qui est contraire la direction que suit le d veloppement des complications psychiques les pens es du r ve acqui rent un caract re visuel il en r sulte une situation plastique qui sert de noyau l image onirique manifeste Pour devenir susceptibles d une telle repr sentation sensorielle les pens es du r ve ont d subir dans leur expression des transformations profondes Mais au cours de cette transmutation r gressive en images sensorielles les pens es subissent encore d autres alt rations dont les unes sont n cessaires donc concevables les autres surprenantes On comprend ais ment qu une cons quence accessoire in vitable de la r gression soit la perte dans le r ve manifeste de presque toutes les relations cogitatives qui les reliaient entre elles L laboration du r ve ne se charge d exposer pour ainsi dire que la mati re brute des repr sentations elle rejette leurs relations cogitatives ou se r serve du moins la libert de les n gliger Par contre il est une autre partie de l laboration du r ve que nous ne pouvons faire d river de la 184 r gression de la transmutation r gressive en ima ges sensorielles et c est justement cette part qui importe l analogie de la formation du r ve et de celle de l esprit Le mat riel des pens es oniriques subit au cours de l laboration du r ve une compression extraordinairement forte une condensation Les points d
293. que d rive d un sentiment g n ral de bonne humeur qui dispose rire Dans la gaiet d origine toxique presque tout para t comique probablement par comparaison entre la d pense actuelle et celle qu exigerait la disposition normale L esprit le comique et toutes les m thodes analogues destin es nous procurer du plaisir au moyen d une activit psychique ne sont en effet rien autre que des moyens destin s retrouver de ce seul fait cette humeur enjou e cette euphorie quand elle n existe pas en tant que disposition g n rale du psychisme b On peut galement citer parmi les conditions favorables l attente du comique la pr paration au plaisir comique Ainsi lorsqu on a l intention de provoquer le comique et que cette intention est partag e par le partenaire des diff rences infimes uffisent des diff rences qui passeraient inaper ues en l absence de cette intention Tel qui se met une lecture comique ou va au th tre voir une farce doit cette seule intention de rire de choses qui dans la vie de tous les jours ne lui eussent presque jamais sembl comiques Il finit par rire du souvenir d avoir ri de l attente du rire d s l entr e en sc ne de l acteur comique avant m me que celui ci ait pu tenter de le faire rire C est pourquoiapr s coup on est parfois honteux de ce dont on a pu rire au th tre c Des conditions d favorables au comique sont li es la nature de l activit psychiqu
294. qui agit encore dans la psychose Pour le r ve d j nous avons en son temps et lieu fait entrer en ligne de compte le retour de la vie psychique au stade embryonnaire Science des R ves Nous avons si amplement expos propos de l tude des processus de la condensation l importance de l analogie de l esprit et du r ve qu il nous sera permis d tre plus bref dans ce qui va suivre Nous savons que dans l laboration du r ve les d placements marquent l influence exerc e par la censure de la pens e consciente par suite chaque fois que nous rencontrons parmi les techniques de l esprit le d placement nous serons dispos s admettre dans la formation de l esprit l intervention d une force inhibitrice Nous savons galement d j qu il en est tr s g n ralement ainsi l esprit qui aspire revivre le plaisir d antan d au non sens ou au jeu avec les mots se trouve dans l tat psychique normal inhib par 193 l opposition de la raison critique et se voit chaque fois dans l obligation de triompher de cette inhibition Mais la fa on dont l laboration de l esprit r sout ce probl me r v le une diff rence consid rable entre l esprit et le r ve Dans l laboration du r ve ce probl me est r guli rement r solu par les d placements par le choix de repr sentations suffisamment loign es de celles qui sont repouss es pour pouvoir franchir la censure elles sont cependant les d riv s de ce
295. qui ont fait fortune on pourra tre surpris de d couvrir 160 que ce loustic poss de une personnalit double pr dispos e aux maladies nerveuses Mais vu l insuffisance de notre documentation nous nous abstiendrons certainement de consid rer la constitution psychon vrotique comme une condition subjective constante et n cessaire de la production de l esprit Un exemple d monstratif nous est nouveau fourni par les mots juifs qui comme nous l avons d j fait observer sont exclusivement l uvre des Juifs tandis que les histoires juives d autre origine ne d passent gu re la pochade comique ou l injure la plus grossi re p 167 Cette condition la participation de la propre personne se d gage nettement ici tout comme dans le mot famillionnaire de Heine et sa signification consiste en ce que la critique ou l agression directes sont rendues plus difficiles et ne peuvent jouer qu la faveur d un d tour D autres conditions subjectives ou conjonctures favorables l laboration de l esprit sont moins imp n trables Le mobile de la production de mots inoffensifs est fr quemment le besoin ambitieux de montrer son esprit de se manifester ainsi une pulsion quivalente ce qu est l exhibitionnisme dans le domaine du sexuel L existence de nombreuses pulsions inhib es dont la r pression a conserv un certain degr de labilit fournira la disposition la plus favorable la production de l espri
296. r chez l enfant ce penser infantile avec toutes ses particularit s conserv es dans l inconscient de l adulte car il est le plus souvent pour ainsi dire corrig in statu 192 nascendi Dans certains cas on y parvient pourtant et toujours alors nous rions de la sottise enfantine Toute r v lation d un tel inconscient nous donne g n ralement l impression du comique Nombre de mes n vropathes en cours de traitement psychanalytique t moignent r guli rement par leur rire qu on est parvenu r v ler leur conscience avec exactitude l inconscient jusque l voil ils rient m me lorsque les donn es de l inconscient ainsi r v l ne s y pr tent point Il est vrai que cela n arrive qu condition qu ils aient pu approcher cet inconscient suffisamment pour le comprendre au moment o le m decin le devine et le leur pr sente Il est plus ais de saisir les caract res de ces processus cogitatifs inconscients dans les manifestations des sujets atteints de certains troubles psychiques Il est fort probable que comme le supposait le vieux Griesinger nous serions en tat de comprendre les divagations des psychopathes et d en tirer des renseignements si nous ne leur imposions pas les exigences de la pens e consciente et leur appliquions au contraire notre art d interpr tation comme nous le faisons pour les r ves Il ne faut pas oublier de faire entrer en ligne de compte la d formation due la censure
297. r oit alors l usage que le mariage ne satisfait pourtant pas des besoins quelque peu imp rieux de m me on prend un parapluie pour se prot ger contre la pluie et malgr tout on se fait mouiller Dans les deux cas il faut un second moyen de protection plus efficace dans le premier cas c est le fiacre dans le second la femme v nale Voil donc l esprit presque enti rement remplac par le cynisme On ne se risque pas proclamer et publier que le mariage n est pas l institution qui permet l homme de satisfaire sa sexualit moins d tre un ami de la v rit ou un r formateur fervent du genre de Christian v Ehrenfels Voir ses essais dans la Politisch Anthropotogische Revue Il 1903 La force de ce mot r side en ce que malgr les p riphrases la chose n en est pas moins dite Une circonstance particuli rement favorable l esprit tendancieux est la satire de sa propre personne ou pour s exprimer d une fa on plus circonspecte la satire d une personnalit collective dont on fait soi m me partie p ex sa propre nation Cette condition de l autocritique explique l closion sur le terrain de la vie populaire juive d une abondante moisson de mots d esprit excellents dont nous avons donn plus haut bon nombre d exemples Ce sont des histoires imagin es par des Juifs et dirig es contre des particularit s de la race juive Les mots d esprit que les trangers leur ont d coch s sont dans la plupart
298. r l je pr te rire Dans un cas tout au moins l exp rience physiologique peut d montrer chez l animal la d pense d attente et cela d une fa on directement mesurable Dans ses recherches sur la s cr tion salivaire Pavlov montre des chiens porteurs de fistules salivaires des aliments divers la quantit de salive s cr t e varie suivant qu au cours de l exp rience l attente de l animal qui se pr parait consommer la p ture pr sent e est renforc e ou tromp e L encore o l attente int resse simplement mes organes des sens et non ma motilit il me semble qu elle se manifeste par une certaine d pense motrice qui met les sens en tension et les neutralise l gard des autres impressions non attendues je me crois en droit de concevoir en g n ral la fixation de l attention comme un acte moteur qui quivaudrait une certaine d pense Il convient de supposer aussi que l activit pr paratoire de l attente ne sera pas sans relation avec l intensit de l impression attendue mais que je repr senterai la grandeur ou la petitesse de cette intensit par ma mimique l aide d une d pense de pr paration plus grande ou plus petite tout comme dans le cas de la communication verbale ou dans celui du penser qui n est pas expectatif Il est vrai que la d pense d attente comportera plusieurs composantes et que ma d sillusion elle aussi sera influenc e par divers facteurs il ne s agira pas seulement de d
299. ra devenu plus accessible Pour le moment nous nous en tenons la technique m me de l esprit Dans l espoir de p n trer par l tude de la technique l essence m me de l esprit nous chercherons d abord s il existe d autres exemples de mots d esprit r pondant au type du famillionnaire de Heine 16 Leur nombre quoique fort restreint est cependant suffisant pour constituer un petit groupe caract ris par la formation d un mot composite Heine se copiant pour ainsi dire lui m me a tir du met millionnaire un second trait d esprit Il parle d un Millionarr Ideen chap XIV par une contraction transparente des mots allemands Million r et Narr fou comme dans le premier exemple il exprime une pens e accessoire qui est r prim e Voici d autres exemples que j ai pu r unir les Berlinois nomment Forckenbecken une fontaine dont l dification avait fait fort mal noter la cour le maire Forckenbeek Cette d nomination ne manque pas d esprit malgr la transformation de Brunnen fontaine en Becken bassin mot peu usit dans ce sens transformation favorable la fusion avec le nom propre L Europe avait malicieusement transpos le nom d un souverain pr nomm L opold en Cl opold en raison d une dame qui r pondait au pr nom de Cl o et dont les attaches avec le monarque taient alors de notori t publique C est sans doute une condensation qui par l additi
300. rande surprise nous constaterons alors que le plaisir que nous prenons un mot d esprit d pend de l impression d ensemble qui r sulte et de son fond et de sa forme spirituelle et que nous nous laissons duper par un de ces facteurs sur la valeur de l autre La r duction seule du mot d esprit nous fait saisir l erreur de notre jugement C est ce qui d ailleurs se passe aussi pour l esprit des mots Cette phrase Die Erfahrung besteht darin dass man erl hrt was man nicht w nscht erfahren zu haben L exp rience consiste acqu rir l exp rience de ce dont l on ne d sirerait pas faire l exp rience nous sid re nous croyons y d couvrir une v rit nouvelle et ce n est 104 qu au bout d un certain temps que nous reconnaissons dans cette assertion une variante du truisme Nous nous instruisons nos d pens K Fischer L excellente formule spirituelle qui met en jeu l association du mot Erfahrung exp rience et du verbe erfahren apprendre charg de d finir la Erfahrung nous abuse tel point que nous surestimons le fond m me de la phrase Il en est de m me du mot d esprit par unification de Lich tenberg relatif au mois de janvier p 95 il ne dit que ce que nous savons depuis toujours savoir que les souhaits de nouvel an se r alisent aussi rarement que beaucoup d autres et nous pourrions citer encore bien d autres exemples du m me genre Il en est tout autrement d autres
301. raus A propos d un soi disant journaliste coutumier du chantage il rapporte qu il est parti en pays balkanique par l Orient erpresszug videmment ce mot r sulte de la synth se de Orient expresszug Orient Express et de Erpressung chantage Vu l analogie de ces deux mots l l ment Erpressung ne semble qu une modification du mot Orientexpresszug exig par la phrase Ce me d esprit nous offre encore un autre int r t c est qu il joue la faute d impression Nous pourrions ais ment multiplier les exemples nous croyons cependant que les pr c dents suffisent mettre en lumi re les caract res de la technique du second groupe condensation avec modification Si nous comparons le second groupe au premier dont la technique consistait en la condensation avec formation de mots composites nous comprenons ais ment que les deux cat gories ne comportent pas de diff rences essentielles et que les transitions de l une l autre sont insensibles La formation du mot composite comme la modification est subordonn e la notion de la substitution et il nous est loisible de consid rer notre gr la formation du mot composite elle aussi comme une modification du terme fondamental par le second l ment 25 KK Il convient de marquer ici un temps d arr t et de nous demander quel proc d litt raire notre premier r sultat se superpose partiellement ou to talement videmment la concision q
302. re cette image d autres sujets Schlachten in denen die Russen einmal den K rzeren einmal den L ngeren ziehen Des batailles au cours desquelles les Russes tirent tant t la courte paille tant t la paille longue La premi re 242 expression seule est d usage courant d apr s sa d rivation il ne serait pas absurde d admettre aussi la seconde De tr s bonne heure d j P gase s agitait en moi P En r tablissant le po te la place de P gase nous obtenons une formule autobiographique galvaud e et p rim e P gase ne se pr te certes pas tre substitu au met po te mais il y a entre les deux termes association d id es et de plus c est un mot grandiloquent C est ainsi que je vivais dans des chaussures d enfant pleines d pines Encore une m taphore au lieu d un simple mot Quitter ses chaussures d enfant est une des m taphores qui ont trait l enfance Dans la foule des autres productions de Wippchen nous pouvons encore relever des exemples de comique pur p ex de d sillusion comique Pendant des heures la lutte oscilla et finit par rester ind cise Ou bien le d masquage comique de l ignorance Clio la m duse de l histoire des citations Habent sua fata morgana Mais nous nous int ressons plut t aux fusions et aux modifications parce qu elles rappellent les techniques de l esprit qui nous sont d j connues
303. re et s impose vivement aux sens et vice versa Le r ve semble ainsi d plac aux pens es oniriques et c est pr cis ment en raison de ce d placement que le r ve para t au psychisme veill trange et incompr hensible Pour r aliser un tel d placement il fallait que l nergie d investissement et glisser sans encombre des repr sentations importantes aux repr sentations 185 insignifiantes ce qui la pens e normale susceptible de conscience ne peut que faire l impression d une faute de raisonnement Transformation favorisant la repr sentation condensation et d placement telles sont les trois d marches principales qu il convient d attribuer l laboration du r ve Une quatri me qui n a peut tre pas t suffisamment tudi e dans la Science des R ves d passe l objet de notre pr sent travail Pour d velopper m thodiquement les id es de topique de l appareil psychique et de r gression d veloppement qui seul serait apte mettre en valeur ces hypoth ses de travail il faudrait s efforcer de d terminer quels stades de la r gression ont lieu les diverses transformations des pens es oniriques Cette tentative n a pas encore t s rieusement faite mais l on peut au moins pour le d placement admettre avec certitude qu il doit se produire au moment o les mat riaux cogitatifs qui concerne la condensation on doit probablement la consid rer comme un processus dont l
304. re si aucun ne peut souffrir l autre Technique emploi du m me mat riel avec l g re modification remplacement d un l ment par son contraire la pens e correcte et juste est qu il n y a pas de solidarit sans bonne entente entre les personnes L antith se cr e par la modification einstehenausstehen correspond l incompatibilit qu affirme la pens e et de ce fait repr sente l incompatibilit elle m me Il nous faut pr sumer qu une telle association rel ve d une intention et nous nous efforcerons de deviner l intention qui pr side la formation du mot d esprit Une remarque que nous avons formul e plus haut sans y insister nous mettra sur la voie Nous avons remarqu qu un bon mot d esprit nous donne comme une impression g n rale de plaisir sans que nous soyons m me de distinguer imm diatement dans notre plaisir la part qui revient la forme spirituelle de celle qui revient la qualit m me du fond de la pens e p 133 Nous nous trompons constamment sur ce point tant t nous surestimons la qualit du mot d esprit en raison de notre admiration pour le fond de la pens e tant t au contraire nous surestimons la pens e en raison du plaisir que nous procure son rev tement spirituel Nous ne savons ce qui nous charme et ce qui nous fait rire Cette incertitude r elle de notre 149 jugement pourrait avoir motiv la formation de l esprit proprement dit La pens e recourt au rev tement spirit
305. reil cas les moyens employ s par l esprit Premi rement il tend vers une formule br ve qui donne peu de prise l attention En second lieu il satisfait la condition de l intelligibilit ais e ci plus haut d s qu il ferait appel au travail cogitatif qu il exigerait un choix entre plusieurs orientations cogitatives il compromettrait l effet du mot non seulement par l effort psychique in vitable niais encore par l veil de l attention Le mot d esprit use en outre de l artifice de d tourner l attention en lui offrant dans sa forme un tour qui la captive pendant ce temps la lib ration ainsi que la d charge de l investissement d inhibition peuvent s ex cuter sans que l attention y mette obstacle Les ellipses verbales remplissent d j cet office elles incitent l auditeur les r tablir et parviennent ainsi soustraire l attention le processus spirituel La technique de l nigme qui attire l attention est pour ainsi dire mise ici au service de l laboration de l esprit Plus exp dient encore est l artifice qui consiste difier ces fa ades que nous avons d j rencontr es dans plusieurs groupes de mots d esprit tendan cieux p 157 Les fa ades syllogistiques excellent capter l attention par le travail qu elles lui imposent Tandis que nous nous mettons en devoir de d m ler sur quel point cette r ponse peut tre en d faut nous rions d j notre attention a t surprise la d charge de l
306. rend pas par quel moyen il peut y r ussir Le secret de sa puissance r side dans le b n fice de plaisir qu il tire du jeu avec les mots et de la lib ration du non sens et si l on doit le juger sur l impression que produisent les plaisanteries non tendancieuses On ne peut surestimer ce plaisir au point de lui attribuer la force de lever des inhibitions et des refoulements profond ment enracin s Il ne s agit pas ici en r alit d un simple effet dynamique mais d un m canisme de d clenchement plus compliqu Au lieu de suivre les nombreux d tours qui m ont amen la compr hension de ce m canisme je vais tenter de couper au court par une synth se G Th Fechner dans sa Prop deutique l esth tique Vorschule der Aesthetik 1er vol V d finit en ces termes le principe du 152 concours ou de l exaltation esth tiques La rencontre non contradictoire de plusieurs conditions de plaisir assez faibles par elles m mes produit une r sultante de plaisir souvent bien sup rieure celle qui correspondrait au coefficient de plaisir li chacune d elles prise isol ment sup rieure celle que pourrait repr senter la somme de ces effets isol s bien plus il peut r sulter de cette rencontre un l ment de plaisir positif qui permette de franchir le seuil du plaisir ce dont les facteurs isol s auraient t incapables la condition toutefois que la sup riorit en plaisir relativement d autres
307. rendant sa femme infirme comme bien plus grave que la question de savoir si la femme est ou non r ellement infirme 69 Chapitre I technique du mot d esprit suite et fin A c t de ce groupe de fautes de raisonnement sophistiques il y a place pour un autre groupe bien int ressant o le raisonnement erron peut tre qualifi d automatique C est peut tre par un caprice du hasard que les exemples que je citerai dans ce nouveau groupe sont tous encore des histoires de marieur Un marieur a emmen un comp re charg de faire chorus avec lui lorsqu il s agira de la pr tendue et de confirmer ses all gations Elle a pouss comme un sapin dit le marieur Comme un sapin reprend l cho Elle a des yeux qu il faut avoir vus Pour des yeux ce sont des yeux ajoute l cho Et cultiv e comme personne Quelle culture Mais il est vrai avoue le marieur elle a une petite bosse Et encore quelle bosse d affirmer l cho Les autres histoires quoique d un sens plus riche sont taill es sur le m me mod le Un pr tendant fort d sagr ablement surpris de la fianc e qu on lui pr sente prend le marieur part et se plaint son oreille Pourquoi m avoir amen ici lui dit il sur un ton de reproche elle est laide vieille elle louche a de vilaines dents et les yeux chassieux Vous pouvez parler haute voix interrompt le marieur elle
308. res tous ses besoins personnels et il n y a pas ce conflit de solution g n rale et d finitive Nous sommes enfin en tat de donner ces mots d esprit le nom qui leur convient ce sont des mots d esprit cyniques ce qu ils recouvrent c est du cynisme Parmi les institutions que vise le mot d esprit cynique aucune West plus importante aucune n est plus sp cialement prot g e par la loi morale mais aucune en m me temps ne se pr te mieux l attaque que celle du mariage aucune ne d fraie donc plus g n reusement l esprit cynique Or aucune exigence ne nous touche plus personnellement que celle de la libert sexuelle et nulle part la civilisation n a tent d exercer une pression aussi nergique que dans le domaine de la sexualit Un seul exemple suffira exprimer ce que nous voulons dire la note du carnet du Prince Carnaval p 114 Une pouse est comme un parapluie on prend malgr tout un fiacre Nous avons d j discut la technique compliqu e de cet exemple c est une comparaison qui tout d abord sid re et semble absurde et 125 qui comme nous le voyons maintenant n a par elle m me rien de spirituel c est de plus une allusion fiacre v hicule public et proc d technique le plus puissant une omission qui ajoute l incompr hensibilit Voici quelle serait la marche r guli re de la comparaison on se marie pour s assurer contre les tentations sexuelles on s ape
309. ression que ce vers est tr s comique mais nullement spirituel tandis que l num ration de Heine l est de toute vidence Nous reviendrons peut tre plus tard sur ces exemples lorsque nous serons m me de ne plus luder le probl me des relations entre le comique et l esprit KK L exemple du duc et du teinturier nous a montr que la r ponse serait demeur e un mot d esprit par unification si elle e t t formul e ainsi Non je crains que le cheval blanc ne supporte pas l bullition Mais la r ponse a t Oui Monseigneur condition qu il supporte l bullition La transposition du non qui s imposait en oui repr sente une nouvelle ressource technique de l esprit dont nous allons tudier l emploi dans d autres mots d esprit Un mot d esprit tr s voisin de celui de K Fischer que nous venons de 77 citer mais plus simple est le suivant Fr d ric le Grand entend parler d un pr dicateur de Sil sie qui a la r putation d tre en rapport avec les esprits Il le fait mander et lui adresse cette question Savez vous conjurer les esprits vos ordres Majest mais ils ne viennent pas Il appara t clairement que la technique de ce mot d esprit se borne remplacer le non seul idoine par son contraire Pour aller jusqu au bout de cette substitution il fallait associer ce oui un mais dont l addition ce oui oui mais quivaut
310. rit voici ce qui se produit et ce qui nous reste tudier le plaisir r sultat du mot d esprit se manifeste d une fa on plus nette chez l auditeur que chez l auteur Nous nous contentons de dire d une fa on plus nette tout en tant tent s de poser la question de savoir si le plaisir de l auditeur n est pas m me sup rieur celui de l auteur parce que comme il est facile de le comprendre les proc d s de mesure et d talonnage nous font d faut Nous voyons cependant que l auditeur manifeste son plaisir par un clat de rire tandis que la premi re personne a lanc son mot d esprit le plus souvent d un air s rieux et impassible Si je rapporte mon tour un mot d esprit que j ai entendu je dois pour ne pas en compromettre l effet adopter dans mon r cit l attitude du premier narrateur La question se pose pr sent de savoir si cette conditionnalit du rire d clench par le mot d esprit nous autorise formuler des conclusions applicables au processus psychique de la formation du mot d esprit 164 Nous ne pouvons relever ici tout ce qui a t dit et crit sur la nature du rire Nous pourrions d ailleurs en tre d courag s par cette phrase que Dugas l ve de Ribot place en t te de son livre Psychologie du rire 1902 Il n est pas de fait plus banal et plus tudi que le rire il n en est pas qui ait eu le don d exciter davantage la curiosit du vulgaire et celle des philosophes il
311. rmettant en sa pr sence id ale de prendre mes aises de me mettre au repos comme on dit dans le militaire je m pargne la d pense suppl mentaire de la contrainte solennelle et la comparaison de ce mode de repr sentation sugg r par sympathie au mode de repr sentation usit en pareille occurrence et qui cherche se r aliser simultan ment cette comparaison dis je cr e nouveau la diff rence de d pense susceptible d tre d charg e par le rire La caricature r alise comme on sait la d gradation en extrayant de l expression g n rale du sujet haut plac un seul trait comique par lui m me qui devait dans l ensemble passer inaper u Par l isolement de ce trait on peut alors produire un effet comique qui dans notre souvenir irradie au sujet tout entier N anmoins une condition s impose c est que la pr sence m me du sujet haut plac ne nous contraigne pas pers v rer dans notre tendance au respect Lorsque l original n offre pas par lui m me un trait qui pr te au comique la 226 caricature n h site pas cr er un trait comique en outrant un trait nullement comique par lui m me C est l encore une caract ristique de l origine du plaisir comique que de telles entorses la v rit ne nuisent gu re l effet de la caricature La parodie et le travestissement parviennent par une autre voie rabaisser ce qui est haut plac ils d truisent la conformit qui existe entre le c
312. rocessus cogitatifs Nous avons appris par ailleurs que l esprit sait l occasion retrouver les sources du comique devenues inaccessibles et que le comique sert souvent de fa ade l esprit p 232 pour suppl er au plaisir pr liminaire dans d autres cas conditionn par la technique qui nous est d j si bien connue Tout cela indique que les rapports respectifs de l esprit et du comique ne sont pas des plus simples D autre part les probl mes du comique lui m me se montrent si complexes ils ont si 204 victorieusement d fi les efforts des philosophes que nous ne pouvons pas nous flatter d tre en mesure de nous en rendre ma tres comme par un coup de main si nous les abordons en partant de l esprit Pour l exploration de l esprit nous tions munis en outre d un instrument qui manquait nos devanciers la connaissance de l laboration du r ve pour l tude du comique nous ne disposons pas d un tel avantage et il faut nous r signer n atteindre de son essence que ce que l esprit nous en a d j livr et encore dans la mesure o l esprit fait partie du comique et comporte dans sa propre nature des traits communs identiques ou modifi s La forme du comique la plus voisine de l esprit est le na f A l instar du comique le na f en g n ral se trouve il ne se fait pas comme l esprit le na f ne peut m me se faire en aucun cas tandis qu en mati re de comique pur il peut tre question d un comiq
313. rtie de ce mode expressif chappe enti rement l attention de l auditeur Je crois plut t que cette mimique bien que moins active existe abstraction faite de toute communication qu elle se r alise encore si le sujet repr sente pour lui seul s il pense quelque chose d une fa on figurative il exprime alors physiquement comme dans le discours le grand et le petit en modifiant tout au moins l innervation des traits de son visage ou de ses organes des sens Je puis m me me figurer que l influx nerveux somatique qui correspond au contenu du repr sent a marqu le d but et l origine de la mimique destin e communiquer une re pr sentation il suffirait d accro tre cet influx de le rendre perceptible autrui pour lui faire remplir cette mission En avan ant qu l expression des motions reconnue comme effet somatique accessoire de certains processus psychiques il faudrait joindre cette expression du contenu des repr sentations je con ois certes bien que mes observations relatives la cat gorie du grand et du petit n puisent pas le th me Il y a m me bien des consid rations que je pourrais ajouter avant d en arriver aux ph nom nes de tension par lesquels une personne indique physiquement la concentration de son attention et le degr d abstraction actuel de sa pens e Je consid re ce sujet comme important et je crois que dans d autres domaines encore de l esth tique l tude de cette mim
314. rtitude Dans le cas pr c dent en effet le comique r sidait dans la r v lation de l automatisme psychique Or celui ci n est nullement l apanage de l inconscient et dans les techniques de l esprit il ne joue pas non plus un r le de premier plan Les rapports entre le d masquage et l esprit ne sont que fortuits ils se pr sentent lorsque le d masquage pr te ses services une autre technique spirituelle par exemple la repr sentation par le contraire Par contre dans le cas de tol rance des modes de penser propres l inconscient la rencontre de l esprit et du comique est une n cessit car le proc d m me qui chez la premi re personne du mot d esprit est mis au service de la technique de d clenchement du plaisir produit de par sa nature chez la troisi me personne le plaisir comique On serait tent de g n raliser ce dernier cas et de chercher les rapports de l esprit avec le comique dans ce fait que l esprit agit sur la troisi me personne suivant le m canisme du plaisir comique Mais il ne saurait en tre question car le contact avec le comique ne s tablit pas dans tous les mots d esprit pas m me dans la majorit d entre eux Le plus souvent on peut discerner nettement l esprit du comique D s que l esprit parvient viter l apparence de l absurde donc dans la majorit des mots d esprit par double sens ou par allusion il ne d termine en aucune fa on chez l auditeur un effet comparable celui
315. rvir le type au travail d interpr tation dans ma Science des R ves Die Traumdeutung 7e dit p 74 et suiv et La Science des R ves trad Meyerson Alcan Paris 1926 p 98 et suiv je cherche me blanchir du reproche de n avoir pas gu ri les troubles d une malade par le traitement psychoth rapique Voici mes arguments 1 la malade serait le propre auteur de ses maux parce qu elle ne voulait pas admettre ma solution 2 ses douleurs seraient d origine organique donc ne me regarderaient pas 3 ses souffrances tiendraient son veuvage dont je n tais videmment pas 231 responsable 4 ses douleurs proviendraient d une injection faite avec une seringue malpropre par un autre que moi Tous ces arguments sont ainsi juxtapos s comme s ils ne s liminaient pas l un l autre Il me faudrait pour ne pas tre tax d absurdit remplacer le et du songe par le ou ou bien 232 Chapitre VI L esprit et les vari t s du comique suite Voici une autre histoire comique du m me genre Dans un village de Hongrie un forgeron commet un crime m ritant la mort le maire toutefois d cide de faire pendre non point le forgeron mais un tailleur sous pr texte que le village a deux tailleurs mais seul forgeron et que d autre part justice doit tre faite Cette sorte de d placement de la personne du coupable celle d un autre est en contradiction avec toutes les lois de la logique consciente mais non
316. s ais plus r ellement conomique d exprimer les deux pens es telles qu elles se pr sentent au risque de ne pas leur trouver d expression commune L pargne de paroles n est elle pas plus que compens e par un suppl ment de d pense intellectuelle Et qui r alise cette pargne Qui en tire avantage Nous pouvons pour le moment nous d rober ce doute en d pla ant ce doute lui m me Connaissons nous vraiment d j toutes les techniques de l esprit Il est s rement plus prudent de rassembler de nouveaux exemples et de les soumettre l analyse KK En effet si nous n avons point encore envisag un groupe important dans lequel se rangent probablement la plupart des mots d esprit c est que nous tions peut tre influenc s par le d dain qui p se en g n ral 47 sur ce genre de bons mots Ce sont ceux qui sont habituellement connus sous le nom de calembour et tenus pour un genre inf rieur parce que nous les faisons sans grande peine et peu de frais En v rit la technique de leur expression est des plus simples tandis que le jeu de mots proprement dit fait appel aux plus lev es d entre elles Tandis que ce dernier r unit deux sens en un mot identique de sorte que dans la plupart des cas il les pr sente en un seul mot au contraire il suffit au calembour que les deux mots vecteurs se sugg rent l un l autre par une ressemblance quelconque ressemblance g n rale dans leur structure assonance ou al
317. s commenc par la discussion de la caricature et du d masquage en raison des points de rep re qu ils sont susceptibles de nous fournir dans l analyse du comique de l imitation que nous allons tenter L imitation dans la plupart des cas s allie certes un soup on de caricature d exag ration de certains traits qui sans elle passeraient inaper us elle comporte aussi le caract re du rabaissement Pourtant ces traits n puisent pas son essence incontestablement l imitation en elle m me repr sente une source de plaisir comique particuli rement riche puisque c est justement l imitation fid le qui nous fait le plus rire Il est fort malais d en donner une explication satisfaisante si l on ne veut pas se rallier l opinion de Bergson Bergson Le Rire essai sur la signification du comique 3e dit Paris 1904 qui rapproche le comique de l imitation de celui de la r v lation de l automatisme psychique Bergson estime que tout ce qui chez une personne vivante rappelle le m canisme inanim fait un effet comique Telle est sa formule M canisation de la vie En fran ais dans le texte N d T Bergson explique le comique de l imitation en partant d un probl me 236 soulev par Pascal dans ses Pens es Deux visages semblables dont aucun ne fait rire en particulier font rire ensemble par leur ressemblance Il dit que le vivant selon notre attente ne devrait jamais se r p ter d une fa on comp
318. s constituer la technique de l esprit comme ce n est pas un emploi multiple du m me mat riel mais une r p tition effective de mots identiques r p tition exig e par le sens m me de la phrase Nous pouvons rester tout d abord interdits devant cette analyse puis nous tenterons peut tre de contester l anecdote qui nous a fait rire le caract re de mot d esprit 53 Quelle autre particularit la r ponse de ce malheureux d cav pr sente t elle encore C est de rev tir d une fa on frappante le caract re de la logique A tort pourtant puisque la r ponse est certainement illogique Le pauvre se d fend d avoir employ l argent pr t une gourmandise et demande avec un semblant de raison quand il lui sera permis enfin de manger du saumon Mais ce n est pas l la r ponse exacte la question le bienfaiteur ne lui reproche pas de s tre offert du saumon le jour m me de son emprunt mais lui fait sentir que dans la situation o il se trouve il n a pas du tout le droit de penser aux friandises Notre gourmet d cav ne tient aucun compte du seul sens possible de cette r primande il r pond c t comme s il avait mal compris N est ce pas pr cis ment cette d viation du sens du reproche dans la r ponse qui repr sente la technique de ce mot d esprit Il serait alors peut tre possible de surprendre encore un semblable changement de point de vue un tel d placement de l accent psychique dans les deu
319. s derni res dont elles ont par un transfert int gral endoss l investissement psychique Aussi les d placements ne manquent dans aucun r ve et y affectent une tout autre amplitude Il faut compter parmi les d placements non seulement la d viation du cours des id es mais encore toutes les sortes de repr sentation indirecte en particulier la substitution un l ment significatif mais offensant d un autre l ment indiff rent mais inoffensif en apparence la censure l ment qui figure une allusion des plus lointaines au premier un quivalent symbolique une m taphore un d tail On ne peut nier que des rudiments de cette repr sentation indirecte apparaissent d j dans les pens es pr conscientes du r ve par exemple la repr sentation par le symbole ou par la m taphore autrement la pens e n aurait pu atteindre le stade de l expression pr consciente Les repr sentations indirectes de ce genre comme les allusions dont le rapport l id e elle m me est fort transparent sont d ailleurs des moyens d expression admissibles et fr quemment usit s m me par notre penser conscient Mais l laboration du r ve utilise jusqu l exc s ces moyens de la repr sentation indirecte Toute esp ce de connexion sous la pression de la censure suffit cr er un substitut par allusion le d placement d un l ment vers n importe quel autre semble permis Particuli rement frappante et caract ristique de l laborat
320. s mots d une brutalit et d un cynisme inou s il r alise aussi une repr sentation par le contraire Mais cela s appelle ironie non plus esprit L ironie ne comporte aucune autre technique que la repr sentation par le contraire On crit du reste et on dit esprit ironique Il n y a donc plus douter de ce que la technique ne suffit pas elle seule caract riser l esprit Il intervient encore un autre facteur que nous n avons pas encore r ussi d couvrir D autre part il reste toujours av r qu en supprimant la technique l esprit dispara t Pour le moment il nous semble fort difficile de voir le lien qui unit les deux points fixes que nous avons acquis en cherchant lucider l essence de l esprit KK Si la repr sentation par le contraire figure parmi les proc d s techniques de l esprit on peut pr sumer que son contraire c est dire 82 la repr sentation par le semblable ou par l apparent y figure galement Effectivement en poursuivant nos recherches nous nous apercevons que ce proc d caract rise la technique d un nouveau groupe fort tendu de l esprit de la pens e Le caract re sp cifique de cette technique se d gage d autant mieux que nous rempla ons l expression apparent par la locution qui touche ou qui appartient Aussi nous attacherons nous tout d abord ce dernier caract re en l clairant par un exemple Il s agit d une anecdo
321. s rapports nouveaux entre les divers caract res de l esprit Ant rieurement tout esprit il y eut quelque chose que l on peut appeler jeu ou plaisanterie Le jeu gardons ce terme appara t chez l enfant l poque o il apprend employer des mots et coordonner des pens es En jouant l enfant ob it sans doute un des instincts qui l obligent exercer ses facult s Groos Le jeu d clenche un plaisir qui r sulte de la r p tition du semblable de la red couverte du connu de l assonance etc et qui correspond une pargne insoup onn e de la d pense psychique Il n est pas tonnant que ce plaisir pousse l enfant cultiver le jeu s y adonner de tout son c ur sans souci du sens des mots ni de la coh rence des phrases Jeu avec des mots et des pens es motiv par un certain plaisir lui m me li l pargne voil semble t il la premi re tape pr paratoire de l esprit A ce jeu les progr s d une facult que nous appellerons juste titre critique ou raison imposent un terme Ce jeu est d sormais condamn comme d nu de sens ou tout simplement comme 145 absurde la critique le rend impossible L adolescent ne peut plus chercher le plaisir aux sources de la red couverte du connu etc si ce n est dans des occasions exceptionnelles par exemple lorsqu une veine de gaiet subite semblable celle de l enfant vient lever l inhibition de la critique Alors seulement il lui est perm
322. s savons par ailleurs que le surmoi est un dur ma tre On dira que la condescendance du surmoi permettre au moi un petit b n fice de plaisir s accorde mal avec ce caract re Il est exact de dire que le plaisir humoristique n atteint jamais au degr o parvient le plaisir du comique ou de l esprit qu il ne se manifeste jamais par des clats de 275 rire il est galement exact que le surmoi lorsqu il provoque l attitude humoristique carte au fond la r alit et sert une illusion Cependant nous attribuons cet assez faible plaisir sans trop savoir pourquoi un caract re de haute valeur nous le ressentons comme particuli rement apte nous lib rer et nous exalter La plaisanterie que fait l humour n en est d ailleurs pas l l ment essentiel elle n a que la valeur d une preuve le principal est l intention que sert l humour qu il s exerce aux d pens de soi m me ou d autrui L humour semble dire Regarde voil le monde qui te semble si dangereux Un jeu d enfant le mieux est donc de plaisanter Si vraiment c est le surmoi qui par l humour s adresse plein de bont et de consolation au moi intimid ou pouvant cela nous rappellera qu il nous reste encore beaucoup apprendre de l essence du surmoi Tous les hommes d ailleurs ne sont pas galement capables d adopter l attitude humoristique c est l un don rare et pr cieux et beaucoup manque jusqu la facult de jouir du plaisir hum
323. sans que j en puisse suivre en moi m me les stades pr paratoires Je ne veux point exag rer l importance de ce processus ce n est pas un argument d cisif mais il est bien conforme notre hypoth se que dans la formation du mot d esprit une suite de pens es disparaisse momentan ment pour merger tout coup de l inconscient sous la forme d un mot d esprit Les mots d esprit pr sentent galement une mani re particuli re de se comporter dans nos associations Souvent les mots d esprit chappent notre m moire quand nous les cherchons d autres fois par contre ils s offrent sans tre appel s par notre volont et notamment l occasion de pens es qui ne semblent pas de nature les voquer Il ne s agit l encore que de petite traits repr sentatifs n anmoins de l origine inconsciente des mots d esprit R unissons pr sent les caract res du mot d esprit susceptibles de cadrer avec sa formation dans l inconscient Signalons en premier lieu sa concision particuli re trait nullement essentiel mais fort caract ristique Au premier abord nous tions tent s d y voir l expression d une tendance l pargne mais cette conception perdit pour nous sa valeur du fait d objections videntes Cette concision nous appara t maintenant plut t comme un signe de l laboration inconsciente qu a subie l id e du mot d esprit La condensation qui 190 lui correspond dans le domaine du r ve ne peut r pondre en e
324. satisfaction d pend de circonstances sp ciales qui nous ouvriront peut tre des horizons nouveaux Il faut distinguer deux cas Dans le cas le plus simple la satisfaction de la tendance se heurte un obstacle extrins que que l esprit permet de tourner C est ce que nous a montr la r ponse Serenissimus qui demandait si la m re de son interlocuteur avait t la r sidence ou bien la question du critique d art auquel les deux riches fripons montrent leur portrait And where is the Saviour O est le Sauveur 133 La tendance dans l un des cas revient r pondre l injure par l injure dans l autre remplacer par une insulte la critique sollicit e Ce qui dans les deux cas entrave la tendance ce ne sont que des facteurs extrins ques la haute situation et le pouvoir des personnes en cause Remarquons toutefois que bien que ces mots d esprit ou d autres du m me ordre caract re tendancieux nous charment ils ne sont pourtant pas capables de produire un grand effet risible Il en est tout autrement lorsque l obstacle n est plus d ordre extrins que lorsqu un obstacle intrins que un sentiment int rieur s oppose la satisfaction directe de la tendance Cette condition serait r alis e d apr s nous dans les mots d esprit agressifs de M N dont le penchant tr s marqu l invective est tenu en chec par une haute culture esth tique Dans le cas particulier de M N l esprit aide
325. se de par ses rapports avec les autres termes de la phrase p ex c est le premier vol de l aigle Je propose de d nommer ce groupe double sens avec allusion Nous avons appris conna tre tant de techniques de l esprit que pour ne point perdre notre vision d ensemble nous en dressons ci dessous le tableau synoptique I Condensation a avec mots composites b avec modifications 42 IL Emploi du m me mat riel c mots entiers et leurs composantes d interversion e modification l g re f les m mes mots dans leur plein sens ou vid s de leur sens IT Double sens g nom propre et nom d objet h sens m taphorique et sens concret i double sens proprement dit jeu de mots k quivoque 1 double sens avec allusion Cette diversit est embrouillante Elle pourrait nous faire regretter de nous tre attach s aux proc d s techniques de l esprit et nous attirer le reproche d avoir exag r leur importance au d triment de l intelligence m me de ce qui est essentiel dans l esprit Mais cette conjecture qui nous all gerait le travail s oppose ce fait incontestable que l esprit s vanouit chaque fois que l on fait abstraction de ces proc d s techniques de l expression Cela nous am ne pourtant rechercher une unit dans cette diversit Peut tre pouvons nous les r unir tous sous un m me bonnet Point de difficult s en ce qui concerne la fusion des deuxi me et troisi me cat gories c
326. se non point par le discours mais par l acte Ce dernier cas pourrait en effet nous induire en erreur en nous faisant supposer que le plaisir r sulterait de l indignation pargn e et transform e Mais c est le premier cas qui tranche la question Les paroles na ves comme par exemple la Bubizin peuvent en elles m mes faire l effet d un mot d esprit m diocre et n offrir aucune prise notre indignation C est certainement le cas le plus rare mais le plus clair et de beaucoup le plus instructif D s que nous avons dans l id e que c est s rieusement et sans arri re pens e que l enfant a identifi la 210 syllabe Madi du mot Medizin celle de son propre nom Maedi le plaisir caus par ce mot s accro t dans une proportion qui n a plus rien de commun avec le plaisir du mot d esprit Nous consid rons pr sent cette parole successivement deux points de vue la premi re fois celui de l enfant la seconde notre point de vue nous et cette comparaison nous fait voir que l enfant a d couvert une identit et surmont un obstacle qui nous arr tait Et alors c est peu pr s comme si nous nous disions si tu veux comprendre ce que tu viens d entendre tu peux t pargner l effort n cessit par le maintien de cet obstacle L effort lib r la faveur de cette comparaison est la source du plaisir que nous offre le na f et il se d charge par le rire il est vrai qu il s agit ici de cette m
327. sez inf rieure et ne peut nous en expli quer l effet ce n est qu une transposition des m mes mat riaux ou plut t l interversion du moyen et du but repr sent s respectivement par la boisson et par le fait de donner des le ons et de trouver des l ves La r duction de ce mot en chasse tout l esprit d s que je ne fais plus ressortir ces conditions dans la mani re de m exprimer comme par exemple en disant Quelle suggestion absurde la boisson est tout pour moi et non pas les le ons Les le ons ne sont pour moi qu un moyen de pouvoir continuer boire Ainsi l esprit tait tout entier dans l expression 56 Dans le mot du bain l esprit d pend incontestablement des termes m mes de la phrase as tu pris un bain et la moindre modification en chasse tout l esprit Ici la technique est assez compliqu e c est une combinaison du double sens du groupe f avec le d placement Les termes de la question admettent un double sens et le mot d esprit r sulte de ce fait que la r ponse ne correspond plus au sens de l interrogation mais son sens d tourn Aussi pouvons nous trouver une r duction qui tout en laissant subsister le double sens dans sa formule verbale enl ve l esprit rien qu en supprimant le d placement As tu pris un bain Que suis je cens avoir pris Un bain Qu est ce donc Ce n est pas un mot d esprit mais une exag ration malveillante ou railleuse Le double sens j
328. sion de crier la v rit tout enti re Lorsqu il voit que le jeu est perdu que la fianc e d pla t au jeune homme il r v le volontiers un nouveau d faut qui avait pass inaper u ou bien il s empresse l occasion d un d tail d apporter un argument d cisif lui permettant de cracher son m pris la face de ceux qui recourent ses services Je vous demande qui pr terait ces gens Tout le ridicule tombe en l esp ce sur les parents ainsi mis en cause qui eux ne reculent pas devant une pareille escroquerie pour procurer un mari leur fille sur la condition mis rable des filles qui se pr tent de tels trafics sur l indignit des 120 unions scell es sous de tels auspices Le marieur est sp cialement qualifi pour les traumatiser car il conna t de pr s tous ces abus mais il ne peut les publier haute voix puisque sa pauvret le condamne en vivre Or un conflit tout semblable affecte galement l me populaire qui a cr de telles histoires car elle sait que la saintet des unions matrimoniales souffre gravement de la r v lation de tous ces pr liminaires Rappelons une remarque que nous avons formul e propos de la technique de l esprit le contresens remplace souvent dans le mot d esprit lui m me la moquerie et la critique incluses dans la pens e qui se cache derri re le mot par l du reste l laboration de l esprit ressemble l laboration du r ve en voici une conf
329. sont interchangeables lesquelles indispensables Nous d sirerions encore grouper et classer les mots d esprit suivant ceux de leurs caract res qui nous sembleraient essentiels Le classement que nous trouvons chez les auteurs s appuie d une part sur les moyens techniques d autre part sur le mode d emploi du mot d esprit dans le discours assonance jeu de mots mot d esprit caricaturant caract risant r plique caustique Nous ne serions donc pas embarrass s pour orienter des recherches plus approfondies sur l esprit Pour nous assurer le succ s il faudrait nous placer a des points de vue nouveaux ou nous efforcer de travailler de plus en plus en profondeur en redoublant d attention et de concentration Nous pouvons nous proposer de ne rien n gliger du moins sur ce dernier point On est frapp en effet du nombre restreint d exemples de mots d esprit notoires qui suffisent aux auteurs dans leurs recherches chacun s en tient peu pr s aux exemples transmis par ses devanciers Nous ne devons pas nous soustraire l obligation d analyser les exemples qui ont d j servi aux auteurs classiques dans leurs trait s de l Esprit nous y joindrons cependant un mat riel neuf afin d asseoir nos conclusions sur de plus larges bases Rien alors de plus naturel que de prendre pour objet de nos recherches les mots d esprit qui nous ont au cours de notre vie le plus vivement impressionn le plus franchement diverti Le th me de l espr
330. spara tre nous essayerons vainement de remplacer les 55 mots par d autres tant que leur sens subsistera La r duction n est possible qu condition de modifier le cours de la pens e et de faire r pondre notre gourmet sur le mode direct au reproche qu il tude dans le mot d esprit tel qu il est La version r duite serait alors la suivante Je ne puis me passer de manger ce que j aime et peu m importe d o vient l argent Voil pourquoi c est aujourd hui que je mange du saumon mayonnaise apr s que vous m avez pr t de l argent Mais ce ne serait plus de l esprit ce serait du cynisme Il est fort instructif de comparer ce mot un autre mot du m me ordre Un ivrogne gagne sa vie dans une petite ville donner des le ons Avec le temps on apprend son vice et de ce fait il perd une grande partie de ses l ves On charge un ami de l engager la sobri t a Voyez vous pourriez avoir les meilleures le ons de la ville si vous renonciez la boisson Faites le donc Comment r pond l autre indign je donne des le ons pour boire et il me faudrait ne plus boire pour avoir des le ons Ce mot joue galement la logique comme le mot a saumon mayonnaise mais on ne peut pas le ranger parmi les mots d esprit par d placement La r ponse est directe Le cynisme qui se cachait dans le premier clate ici tous les yeux La boisson est mon unique objectif La technique de ce mot est au fond as
331. sprit acqu rir le plaisir or c est autour de ces deux centres que gravitent toutes nos activit s psychiques 203 Chapitre VI L esprit et les vari t s du comique Nous avons abord les probl mes du comique d une fa on insolite Il nous semblait que l esprit consid r habituellement comme une vari t du comique pr sentait assez de particularit s pour tre tudi en lui m me nous avions ainsi n glig dans la mesure du possible ses rapports avec la cat gorie plus compr hensive du comique non sans avoir chemin faisant saisi au vol quelques indications utiles l tude de ce dernier Il ne nous a point t difficile de comprendre que socialement parlant le comique se comporte autrement que l esprit Le comique peut se contenter de deux personnages celui qui le d couvre et celui chez qui on le d couvre Le tiers qui le comique est communiqu intensifie le processus comique sans y ajouter aucun l ment nouveau Dans le cas de l esprit ce tiers est indispensable pour clore le cycle qui r alise le plaisir par contre la deuxi me personne peut tre omise sauf dans le cas de l esprit tendancieux ou agressif L esprit se fait le comique se trouve et cela tout d abord chez les personnes et par extension seulement dans les objets et dans les situations etc Nous savons qu en mati re d esprit les sources auxquelles le plaisir s alimente n ont pas leur origine en autrui mais dans nos propres p
332. sprit Il est loisible de joindre au mot d esprit par non sens une s rie de mots analogues aux mots d esprit auxquels il manque un nom idoine mais qui semblent avoir droit la d nomination de sottise d apparence spirituelle Leur nombre est incalculable je n en veux citer que deux exemples Un convive qui l on servait du poisson plonge deux reprises les mains dans la mayonnaise et se les passe dans les cheveux L tonnement de son voisin de table semble lui faire reconna tre son impair et il s excuse en disant Pardon je croyais que c taient des pinards Ou bien La vie est un pont suspendu dit l un Comment demande l autre Qu en sais je r pond le premier Ces exemples extr mes produisent leur effet en tenant l auditeur dans l expectative d un mot d esprit de telle sorte qu il s efforce de d couvrir le sens cach par le non sens sans pourtant le trouver puisque c est un non sens pur et simple La promesse fond e sur ces fausses apparences a permis de lib rer pour un moment le plaisir du non sens Les mots de ce genre ne sont pas enti rement d pourvus de tendance ce sont des traquenards qui font un certain plaisir au narrateur en d routant et en irritant l auditeur Ce dernier temp re son d pit par la perspective d en devenir lui m me son tour le narrateur 157 Chapitre IV Les mobiles de l esprit L esprit en tant que processus social Il pourrait sembler superflu d
333. st mise sur le velours et le mot par contresens de la r ponse aux f licitations l occasion de la naissance du tradition c est tonnant ce que peut faire la main de l homme p 85 L anecdote am ricaine nous livre l allusion vierge de tout double sens nous trouvons que son trait caract ristique r side dans le remplacement par un l ment li l association des id es Il est facile de deviner que les connexions utilisables sont vari es Pour ne pas nous perdre dans l abondance des exemples nous n en prendrons qu un nombre restreint repr sentatifs des variantes les plus tranch es Le rapport utilis par la substitution peut se borner l assonance de 84 sorte que cette sous vari t correspond dans le groupe de l esprit des mots au genre calembour Toutefois cette assonance ne porte plus seu lement sur des mots mais sur des phrases enti res des alliances de mots caract ristiques etc Par exemple Lichtenberg a cr cet aphorisme Neue B der heilen gut Les nouveaux bains gu rissent bien qui nous rappelle aussit t le proverbe Neue Besen kehren gut Les nouveaux balais balaient bien Dans le texte allemand les trois premi res syllabes sont consonantes Neue B der dans l un Neue Besen dans l autre le dernier mot et toute la structure de la phrase sont identiques L intention du spirituel penseur a certainement t de parodier le proverbe populaire L aphorisme de Lichte
334. st orient e par le souvenir du pre mier r cit On comprend ainsi le besoin de raconter le mot que l on a d j entendu d autres qui ne le connaissent pas encore Probablement on 174 r cup re une partie des possibilit s de plaisir perdues par le manque de nouveaut en savourant l impression produite par le mot d esprit sur le n ophyte C est un mobile de ce genre qui peut somme toute avoir pouss le cr ateur du mot d esprit en faire part autrui En troisi me lieu je consid re comme favorables sinon indispensables au processus spirituel les techniques auxiliaires de l laboration de l esprit qui visent accro tre pr alablement la somme d nergie destin e la d charge et exaltent de la sorte l effet du mot d esprit Il est vrai que ces moyens auxiliaires renforcent aussi dans la plupart des cas l attention port e au mot d esprit mais ils le mettent hors d tat de nuire la fois en fixant cette attention et en l inhibant dans sa mobilit Tout ce qui int resse ou sid re agit dans les deux sens avant tout l absurde de m me l opposition le contraste des repr sentations dont certains auteurs ont voulu faire la caract ristique essentielle de l esprit mais dans lequel je ne puis voir autre chose qu un moyen de renforcer l effet du mot d esprit Tout ce qui sid re r alise chez l auditeur cet tat de dispersion de l ner gie que Lipps a qualifi de stagnation psychique et je crois qu il
335. sur une certaine intuition intuition qu il est permis d interpr ter ainsi notre jugement pour arriver la d cision fait appel des crit res d termin s mais inaccessibles encore notre compr hension Nous ne devons pas faire appel cette intuition comme un argument p remptoire Aussi nous demanderons nous si le dernier exemple peut tre consid r comme un mot d esprit comme un trait d esprit sophistique ou tout simplement comme un sophisme C est que nous ne savons pas encore en quoi consiste le caract re distinctif de l esprit Par contre l exemple suivant qui offre une faute de raisonnement compl mentaire est coup s r un mot d esprit C est encore une histoire de marieur juif Un marieur d fend contre les critiques du jeune homme la jeune fille qu il lui propose La belle m re dit celui ci ne me pla t pas c est une personne m chante et b te Vous n pousez pas la belle m re mais la fille Mais elle n est plus jeune ni belle non plus 66 Peu importe moins elle sera jeune et belle plus elle vous sera fid le Il y a bien peu d argent Qui parle d argent Est ce l argent que vous pou sez C est bien une femme que vous voulez Mais elle est bossue Que voulez vous Il vous faut donc une femme sans d fauts Il s agit en r alit d une demoiselle plus tr s jeune sans argent ni beaut nantie d une m re re
336. sychique dans toute sa monotonie Les exemples que nous avons donn s des mots d esprit de marieurs se pr sentent ainsi comme des d masquages il est vrai que lorsque nous les citions nous nous demandions si nous tions bien en droit de ranger ces histoires parmi les mots d esprit Nous voil maintenant en tat d affirmer avec plus de certitude que l anecdote de l cho qui fait chorus toutes les assertions du dit marieur et m me finalement corrobore l aveu de la bosse par l exclamation Et encore quelle bosse que cette anecdote disons nous est essentiellement une histoire comique un exemple de d masquage de l automatisme psychique Mais l histoire comique ne fait ici office que de fa ade pour qui veut bien saisir le sens cach des anecdotes de marieurs elle demeure dans son ensemble un mot d esprit parfaitement camp Celui qui n approfondit pas s en tient l histoire comique Ces consid rations s appliquent encore un autre mot d esprit celui du marieur qui pour r torquer une objection finit par dire la v rit en s criant Qui pr terait donc de telles gens d masquage comique servant de fa ace Tel quel dans le livre JMT un mot d esprit Mais le caract re de l esprit est ici beaucoup moins m connaissable puisque 228 le discours du marieur est en m me temps une repr sentation par le contraire En voulant d montrer que ces gens sont riches il d montre par l m me
337. t s par les conventions les n cessit s sociales et m me par les propres besoins corporels du sujet Un cas typique de ce dernier genre est celui d un homme qui 221 au cours d une activit n cessitant le plein d ploiement de ses forces psychiques est saisi tout coup d une violente douleur ou du besoin de d f quer Le contraste qui par la voie de la sympathie nous fournit la diff rence comique est celui qui s tablit entre le grand int r t que l autre personne prenait avant la perturbation son activit psychique et l int r t minime dont elle dispose encore apr s cette perturbation La personne qui nous fournit cette diff rence nous appara t nouveau comique parce qu inf rieure elle n est toutefois inf rieure que par rapport son moi pr c dent et non par rapport nous Car nous savons qu en pareille occurrence notre attitude e t t la m me Mais il est remarquable que ce ne soit que dans les cas par sympathie dans le cas o c est un autre qui se trouve dans une pareille situation que nous trouvions comique cette inf riorit cette d faite de l homme tandis que si nous nous trouvions nous m mes dans un pareil embarras nous n prouverions que des motions p nibles Il est probable qu il nous faut nous sentir nous m mes l abri d un pareil embarras pour pouvoir trouver plaisante la diff rence qui r sulte de la comparaison des investissements successifs L autre source du
338. t servi explorer la technique de l esprit nous permette aussi de saisir 158 sa conditionnalit subjective Je veux parler du mots de Heine qui a d j attir l attention de Heymans et de Lipps J tais assis c t de Salomon Rothschild et il me traitait tout fait d gal gal de fa on toute famillionnaire Les Bains de Lucques Ce mot Heine l a mis dans la bouche d un personnage comique Hirsch Hyacinthe buraliste op rateur et taxateur Hambourg valet de chambre du noble baron Cristoforo Gumpelino anciennement Gumpel Le po te est fort attach ce personnage de sa cr ation il donne en effet sans cesse la parole Hirsch Hyacinthe et lui attribue les saillies les plus amusantes et les plus franches il lui pr te jusqu la sagesse pratique d un Sancho Pan a Il est fort regrettable que Heine peu port semble t il la forme dramatique ait laiss tomber aussi vite cette savoureuse silhouette Bien des passages nous donnent penser que c est le po te lui m me qui parle derri re le masque fragile de Hirsch Hyacinthe et bient t nous acqu rons la certitude que dans ce personnage le po te s est parodi lui m me Hirsch nous apprend les raisons qui lui ont fait abandonner son nom primitif pour celui de Hyacinthe J y vois encore un avantage poursuit il c est que mon cachet porte un H et que je n aurai pas besoin de m en faire graver un autre Or Heine n avait pas d d
339. t la technique ne nous avait que m diocrement satisfaits Il s tonnait de ce que les chats aient juste la place des yeux deux trous taill s m me la peau La sottise malgr son vidence n est qu apparente en r alit sous cette remarque simpliste se cache le grand probl me du r le de la t l ologie dans la formation des animaux Il ne s impose pas en effet que la fente palp brale s ouvre justement au contact de la surface libre de la corn e et seule la th orie de l volution explique cette co ncidence Retenons le bien une phrase spirituelle nous donne une impression d ensemble dans laquelle nous ne pouvons pas dissocier la part respective du fond de la pens e et celle de l laboration de l esprit peut tre se trouvera t il plus tard sur ce point un parall le encore plus topique KK Pour lucider du point de vue th orique l essence de l esprit les mots inoffensifs ont plus de prix que les mots d esprit tendancieux les mots superficiels que les mots profonds Les jeux de mots inoffensifs et superficiels pr sentent le probl me de l esprit sous sa forme la plus pure parce qu ils nous vitent de nous laisser garer par la tendance et nous font chapper l erreur de jugement qui tient la valeur du sens Gr ce ce mat riel notre compr hension pourra r aliser de nouveaux progr s Je choisis un exemple d esprit des mots aussi inoffensif que possible Une jeune fille en train de s ha
340. t le th me de la comparaison comique qui me fait sentir mon incomp tence Nous serons donc heureux qu on nous le rappelle beaucoup d auteurs n admettent pas de distinction tranch e entre l esprit et le comique ni du point de vue th orique ni du point de vue pratique Ces auteurs consid rent l esprit tout simplement comme le comique du discours ou des mots tandis que nous m mes nous avons t amen s les distinguer l un de l autre Pour prouver l opinion de ces auteurs nous choisirons un exemple de comique intentionnel et un autre de comique involontaire du discours afin de les comparer l esprit Nous nous tions d j flatt s ant rieurement de distinguer le discours comique du discours spirituel Avec la fourchette et mille maux Sa m re le retira du pot n est que comique par contre la phrase de Heine sur les quatre castes de la population de G ttingen Professeurs tudiants philistins et b tail 240 est au plus haut point spirituelle Je prends pour type du comique intentionnel du discours de Wippchen de Stettenheim On qualifie cet auteur de spirituel parce qu il poss de un tr s haut degr le talent d voquer le comique En effet cette facult caract rise pr cis ment l esprit que l on a par opposition celui que l on fait Il est ind niable que les lettres crites par Wippchen de la ville de Bernau en sa qualit de correspondant d u
341. t qui en r sulte n est pas seulement celui que donne l esprit il est incomparablement sup rieur il d passe de si loin le plaisir de l esprit que force nous est d admettre que la tendance primitivement r prim e a r ussi s ext rioriser presque int gralement C est ainsi que l esprit tendancieux d clenche l hilarit la plus franche La recherche des conditions du rire nous am nera peut tre nous former une id e plus claire du concours que l esprit apporte la lutte contre la r pression Mais nous voyons ici encore que l esprit tendancieux repr sente un cas particulier du principe du concours Une possibilit de d veloppement de plaisir se greffe sur une situation dans laquelle une autre possibilit de plaisir est contrecarr e donc incapable de produire par elle m me aucun plaisir il en r sulte un plaisir notablement sup rieur celui qu e t 154 produit elle seule la possibilit surajout e Cette derni re a donc pour ainsi dire servi de Prime de s duction un petit appoint de plaisir a permis de lib rer une somme consid rable de plaisir qui sans lui f t demeur e fort difficilement accessible J ai de bonnes raisons de supposer que ce principe rel ve d un m canisme qui s applique encore bien d autres domaines de la vie psychique domaines m me assez trangers les uns aux autres je crois que le nom idoine de ce plaisir qui sert lib rer un plaisir plus grand est celui de pla
342. t tendancieux En particulier certaines composantes de la constitution sexuelle d un sujet sont capables de figurer titre de mobiles de la formation de l esprit Nombre d histoires obsc nes peuvent faire soup onner chez leurs auteurs un secret penchant l exhibitionnisme Les mots d esprit tendancieux type agressif sont particuli rement ais s ceux dont la sexualit comporte une forte composante sadique que la vie a plus ou moins inhib e La seconde raison qui nous incite l investigation des conditions subjectives de l esprit r side dans ce fait d exp rience que nul ne se r signe rait faire pour lui seul un mot d esprit L laboration de 161 l esprit est indissolublement li e au besoin de le communiquer aux autres ce besoin est m me si imp rieux qu il triomphe assez souvent de scrupules l gitimes La communication du comique autrui est galement un plaisir mais elle ne constitue pas un d sir imp rieux lorsqu on rencontre le comique sur sa route on peut le go ter seul Dans le cas du mot d esprit au contraire la communication s impose le cycle psychique de la formation de l esprit ne semble pas se clore sur l inspiration du mot d esprit il subsiste encore un quelque chose qui dans la communication du mot d esprit cherche parfaire le cycle de ce processus inconnu Nous ne pouvons de prime abord deviner la cause de cette impulsion communiquer le mot d esprit Toutefois l esprit offre une
343. tait pas mort au moment o le rabbin de Cracovie en recevait la nouvelle t l pathique puisqu il est encore en vie Un tranger profitant de l occasion raille un fid le du rabbin de Cracovie Ce fut une magistrale gaffe de la part de votre rabbin que de voir mourir le rabbin L Lemberg puisque celui ci est toujours en vie Peu importe dit le fid le zyeuter de Cracovie Lemberg voil qui fut sublime Ici on voit que la faute de raisonnement qui se retrouve dans les deux derniers exemples est franchement avou e La valeur de la repr sentation imaginative est tort lev e au dessus de la r alit le 68 possible est mis presque sur le plan du r el Voir de Cracovie Lemberg serait une imposante manifestation t l pathique si seulement elle e t comport une part de v rit mais le disciple ne s embarrasse pas pour si peu Il e t t possible que le grand rabbin de Lemberg succomb t au moment m me o son coll gue en annon ait la nouvelle Cracovie mais le disciple sans avoir gard la condition sous laquelle la prouesse du rabbin e t t admirable admire son ma tre sans conditions Le proverbe In magnis rebus voluisge sat est se place au m me point de vue Tout comme dans cet exemple abstraction est faite de la r alit en faveur de la possibilit de m me dans l exemple pr c dent le marieur t che de pr senter au pr tendant l ventualit d un accident
344. te am ricaine Deux n gociants peu scrupuleux avaient r ussi gr ce des entreprises fort risqu es r aliser une fortune consid rable tous leurs efforts tendirent alors s imposer la bonne soci t Il leur parut entre autres fort exp dient de commander leur portraits au peintre le plus cher et le plus c t de la ville dont chaque toile tait attendue comme un v nement L inauguration de ces portraits fut l occasion d une grande soir e les deux h tes firent eux m mes au plus grand ma tre du go t et de la critique les honneurs de la muraille sur la quelle leurs portraits s talaient c te c te ils esp raient bien tirer de lui un verdict admiratif Celui ci regarda longuement les tableaux puis secoua la t te comme s il n avait pas trouv ce qu il cherchait et montrant l espace vide entre les deux portraits And where is the Saviour Et o est le Sauveur ou Il manque l l image du Sauveur Le sens de ce discours est clair Il s agit toujours de sugg rer quelque chose que l on ne peut exprimer directement Par quelle voie s op re cette repr sentation indirecte Une s rie d associations simples et de conclusions nous permettra de suivre rebours l volution de ce mot d esprit La question o est le Sauveur l image du Sauveur nous fait deviner que pour le critique la vue des deux portraits voque une vision analogue qui lui est tout aussi famili re qu nous
345. technique de l esprit et la tendance l pargne p 62 qui la domine prennent part la gen se de notre plaisir Mais avant de nous attaquer cette nigme comment les processus techniques de l laboration de l esprit peuvent ils procurer du plaisir l auditeur nous rappellerons que pour tre plus simple et plus clair nous avons fait abstraction des mots d esprits tendancieux Il nous faut pourtant chercher lucider quelles sont les tendances de l esprit et de quelle mani re l esprit les sert Tout d abord l observation suivante nous invite ne pas laisser de c t le mot d esprit tendancieux dans notre recherche de l origine du plaisir que nous procure l esprit Le plaisir que nous donne l esprit inoffensif est presque toujours m diocre c est tout au plus une sensation nette d agr ment ou un p le sourire qu il r ussit provoquer chez l auditeur et encore une partie de cet effet revient elle au fond m me de la pens e comme nous l avons pu voir par des exemples appropri s p 133 Pres que jamais l esprit sans caract re tendancieux ne d cha ne ces brusques clats de rire qui rendent si irr sistible l esprit tendancieux Leurs techniques pouvant tre identiques nous sommes amen s penser que c est justement en raison m me de sa tendance que l esprit tendancieux dispose de sources de plaisir inaccessibles l esprit inoffensif Il devient facile d embrasser d un coup d il les tendances de l
346. teur sens dans le non sens tant donn la pr pond rance absolue de cette technique particuli re au mot d esprit technique destin e triompher de ses inhibitions il semblerait superf tatoire que l esprit se servit encore dans certains cas de la technique du d placement cependant d une part certaines vari t s de cette technique telles que le d placement proprement dit d viation des pens es qui participe en effet du non sens gardent pour l esprit leur valeur en tant qu objets et sources de plaisir d autre part il ne faut pas oublier que le stade le plus lev de l esprit celui de l esprit tendancieux doit fr quemment surmonter deux sortes d inhibitions ses inhibitions propres et celles de ses tendances p 148 or les allusions et les d placements sont bien m me de lui faciliter cette derni re t che L emploi fr quent et effr n dans l laboration du r ve de la repr sentation indirecte du d placement et sp cialement de l allusion a une cons quence que je ne mentionne pas en raison de 195 son importance particuli re mais de l occasion qu elle m a fournie d tudier le probl me de l esprit Si nous communiquons un profane un non initi l analyse d un r ve analyse qui d couvre ces voies singuli res et choquantes l tat de veille allusions d placements dont s est servie l laboration du r ve le lecteur prouve une impression d sagr able il d cl
347. tiative En revanche les deux autres exemples dont les caract ristiques se ressemblent comportent d apr s moi un facteur plus frappant et plus important que l emploi multiple des m mes mots emploi qui manque totalement ici de tout ce qui peut sugg rer le double sens Je dirais m me qu ici se constituent des unit s nouvelles et inattendues des rapports r ciproques entre des repr sentations et des d finitions l une par l autre ou par leur relation avec un troisi me facteur commun Je proposerais pour ce processus le nom d unification il est videmment analogue la condensation par compression des m mes termes Ainsi les deux moiti s de la vie se d finissent en fonction d une relation de r ciprocit d couverte entre elles dans la premi re on d sire l av nement de l autre dans la seconde le retour de la premi re Pour mieux dire on a choisi pour la repr sentation deux propositions qui se ressemblent beaucoup A l identit des rapports correspond alors l identit de l expression qui pouvait nous orienter vers l id e de J emploi multiple du m me mat riel d sirer la seconde d sirer le retour de la premi re Dans le mot de Lichtenberg janvier et les autres mois qu il lui oppose sont d finis par une relation 73 inverse en fonction d un troisi me facteur en l esp ce les v ux que l on formule en janvier et qui ne se r alisent point au cours des autres mois La diff rence entre ce processus et l emp
348. tion s op re en faveur de l esprit Car la tendance et l uvre de d esprit qui consistent prot ger contre la critique les alliances de mots et les associations d id es g n ratrices de plaisir constitueraient d j les caract ristiques essentielles de la plaisanterie D s l origine elle a pour mission de lever les inhibitions intrins ques et de rouvrir les sources de plaisir que ces inhibitions avaient interdites Nous verrons que dans toute son volution l esprit reste fid le ce caract re Nous voil galement en tat d assigner sa place exacte au facteur sens dans le non sens v Introduction p 11 auquel les auteurs attribuent une telle importance dans le diagnostic de l esprit et dans l intelligence du plaisir qu il produit Les deux constantes de la conditionnalit de l esprit sa tendance assurer le jeu qui divertit et ses efforts pour le prot ger contre la critique de la raison expliquent elles seules pourquoi l tat isol le mot d esprit quand il nous para t absurde d un point de vue nous semble d un autre sens ou tout au moins tol rable Comment il s y prend c est l affaire de l laboration de l esprit l o il choue il est rejet comme non sens Point n est besoin pour nous de faire d river le plaisir engendr par l esprit de l action antagoniste des sentiments qui r sultent soit par voie directe soit par sid ration et lumi re du sens et du non sens simu
349. tique go ter le m me plaisir qu elle Le cas le plus grossier ce que l on appelle l humour de gibet est particuli rement instructif Le fripon que l on m ne la potence un lundi s crie Voil une semaine qui commence bien C est la v rit un mot d esprit car la remarque est par elle m me bien topique d autre part elle est d plac e de fa on tout fait absurde puisque la semaine ne comportera plus pour lui d autres v nements Il faut cependant de l humour pour lancer un tel mot d esprit c est dire pour ne pas tenir compte de ce qui distingue ce d but de semaine des autres pour d mentir la diff rence qui serait capable de susciter des r actions motives d un ordre tout particulier Voici un autre cas du m me genre Sur le chemin du supplice le fripon dans la crainte de prendre froid demande un foulard pour prot ger son cou nu cette pr caution fort louable en toute autre circonstance est plus que superf tatoire et oiseuse en raison de la destin e imminente de ce cou On doit convenir qu il y a quelque grandeur d me dans cette blague En fran ais dans le texte N d T dans cette pleine possession de soi m me et dans cette fa on de se d tourner de tout ce qui devrait jeter bas et r duire au d sespoir Cette sorte de magnanimit de l humour appara t de toute vidence dans les cas o notre admiration n est plus inhib e par les circonstances o se trouve le su
350. tzen litt ralement mettre plus bas Anglais Degradation A Bain The emotions and the will p 248 2nd edition 1865 dit 225 The occasion of the Ludi crous is the degradation of some person or interest possessing dignity in circumstances that excite no other strong emotion Ce qui est lev est grand au sens figur au sens psychique et je suis port supposer ou plut t renouveler ce propos cette supposition que comme le grand au sens somatique le grand au sens psychique est repr sent par une d pense suppl mentaire Il n est pas n cessaire d aller chercher bien loin pour observer que si je parle de ce qui est lev l innervation de ma voix se modifie ma mimique change tout mon maintien cherche se mettre au diapason de la dignit de ce que je repr sente Je m impose une contrainte solennelle peu pr s comme si je devais affronter la pr sence d un haut personnage d un monarque ou d Un prince de la science Ce ne serait gu re me tromper que de supposer que cette nouvelle innervation de la mimique de repr sentation t moigne d une d pense suppl mentaire Un troisi me cas de d pense suppl mentaire se pr sente lorsque je m engage dans un ordre d id es abstraites au lieu de m en tenir aux repr sentations famili res du concret et du plastique Or si les proc d s signal s plus haut destin s la d gradation du relev me font repr senter ce relev comme ce qui m est familier me pe
351. ue ce que la condensation cr atrice du plaisir condensation indispensable au mot d esprit s y produit avec grande facilit Deux autres facteurs qui semblent au premier abord trangers l un l autre et qui se rencontrent comme par un hasard malencontreux appara tront plus ample inform comme troitement solidaires voire m me consubstantiels Il s agit de ces deux propositions d une part au cours de son d veloppement au stade du jeu c est dire dans l enfance de la raison l esprit tait susceptible de produire de ces condensations g n ratrices de plaisir d autre part aux stades sup rieurs de son d veloppement l esprit accomplit le m me travail en plongeant la pens e dans l inconscient L infantile est on le sait la source de l inconscient les processus cogitatifs inconscients sont ceux l m mes qui dans la premi re enfance se manifestent l exclusion de tout autre La pens e qui pour cr er l esprit plonge dans l inconscient ne le fait que pour retrouver la retraite de ses jeux d antan avec les mots Le penser revient pour un moment au stade infantile afin de go ter nouveau la source infantile de son plaisir Si l tude de la psychologie des n vroses ne nous l avait pas d j enseign l tude de l esprit nous aurait fait soup onner que dans son tranget l laboration inconsciente n est autre chose que le type infantile du travail cogitatif Il n est toutefois pas ais de saisi
352. ue intentionnel d une provocation du comique Le na f doit spontan ment se manifester dans les discours et dans les actions d autres personnes qui tiennent la place du deuxi me personnage du comique ou de l esprit Le na f jaillit lorsque quelqu un ne tient aucun compte d une inhibition parce que cette inhibition n existe pas en lui et que par cons quent il semble la surmonter sans aucun effort Pour que l homme na f fasse un effet sur nous il est indispensable que nous sachions qu il ne poss de pas cette inhibition sans quoi nous ne l appelons plus na f mais effront nous ne rions pas de lui mais nous sommes indign s L effet du na f est irr sistible et para t simple comprendre Un effort d inhibition qui nous est habituel devient l audition des paroles na ves subitement inutile et se d charge par le rire il n est pas n cessaire en l esp ce de d tourner l attention probablement parce que la lev e de l inhibition s effectue directement et se passe de l interm diaire d une op ration induite Nous nous comportons en ce cas d une fa on analogue au troisi me personnage du mot d esprit lequel r alise sans frais et sans effort personnel l pargne de l inhibition 205 Vu l intelligence de la gen se des inhibitions que nous avons acquise au cours de l tude de l volution du jeu vers le mot d esprit nous ne serons pas tonn s de retrouver le na f le plus souvent chez l enfant et par extension
353. ue Bergson a appliqu es au caract re comique M canisation de la Vie Substitution quelconque de l artificiel au naturel En fran ais dans le texte N d T Bergson par une association d id es du reste facile concevoir va de l automatisme l automate et cherche ramener toute une s rie d effets comiques au souve nir p li des jouets de notre enfance Dans cet ordre d id es il s l ve en une page un point de vue qu il abandonne d ailleurs bient t il tente de faire d river le comique du contrecoup de nos joies d enfant Peut tre devrions nous pousser la simplification plus loin encore remonter nos souvenirs les plus anciens chercher dans les jeux qui amus rent l enfant la premi re bauche des combinaisons qui font rire l homme Trop souvent surtout nous m connaissons ce qu il y a d encore enfantin pour ainsi dire dans la plupart de nos motions joyeuses En fran ais 253 dans le texte N d T p 68 et suivantes Pour nous qui avons remont dans l tude de l esprit jusqu l assimilation au jeu de l enfant jeu avec les mots et les pens es proscrit par la critique raisonnante il serait fort s duisant de d pister galement les racines infantiles du comique soup onn es par Bergson En effet en tudiant les rapports du comique l enfant nous trouvons toute une s rie de relations qui s annoncent pleines de promesses L enfant par lui m me ne semble nullement comique
354. ue lui procure le mot d esprit Il re oit pour ainsi dire un don gratuit Les termes du mot d esprit qu il per oit font in luctablement surgir en lui cette repr sentation cette association d id es qui rencontraient chez lui de puissants obstacles int rieurs Pour l voquer spontan ment en jouant le r le de la premi re personne il lui e t fallu faire un effort personnel et d penser une somme d nergie psychique au moins gale la force de l inhibition de la r pression ou du refoulement Cet effort psychique lui a t pargn conform ment aux explications ci dessus p 179 nous dirions que son plaisir correspondrait cette pargne Cependant d apr s notre conception du m canisme du rire nous dirions bien plut t que l nergie d investissement employ e l inhibition est devenue tout coup superflue gr ce la production par la voie des impressions auditives de la repr sentation prohib e et qu elle s est lib r e et de la sorte est devenue toute pr te se d charger par le rire Dans leur essence les deux interpr tations sont quivalentes car l conomie de la d pense correspond exactement l inhibition devenue superflue 168 La seconde formule est pourtant plus suggestive parce qu elle nous permet de dire que l auditeur du mot l esprit rit avec l appoint d nergie psychique lib r par la lev e de l investissement d inhibition il rit pour ainsi dire cet appoint L
355. uel afin de s imposer notre attention et d acqu rir nos yeux plus de poids et plus de prix et surtout afin d garer et de s duire notre critique Nous avons tendance cr diter la pens e du charme de la forme spirituelle et nous ne sommes d s lors plus dispos s rejeter ce qui nous a procur de l agr ment afin de ne pas tarir ainsi une source de plaisir Le mot d esprit nous a t il fait rire nous voil de ce fait dans les dispositions les plus d favorables la critique car nous nous trouvons tout coup mis malgr nous en cette humeur qui nous permettait jadis de nous contenter du jeu et laquelle l esprit s ing niait suppl er Bien que nous ayons pos pr c demment en principe qu un tel genre d esprit m rite le nom d inoffensif et point encore de tendancieux nous ne pourrons m conna tre que rigoureusement parlant la plaisanterie seule est sans tendance c est dire qu elle seule n aspire qu cr er le plaisir L esprit m me quand son fond n est pas tendancieux mais int ressant du seul point de vue de la pens e th orique n est en somme jamais totalement d pourvu de tendance il poss de un second objectif qui est de favoriser la pens e en la grossissant et de la pr server de la critique Il manifeste ici nouveau sa nature primitive en s opposant cette force inhibitrice et restrictive qu est le jugement critique Cette premi re utilisation de l esprit qui d borde la production du
356. ui pour Jean Paul est l me m me de l esprit v plus haut p 14 Toutefois la concision n est pas par elle m me spirituelle autrement tout laconisme serait un mot d esprit La concision doit donc pr senter un caract re sp cial Nous nous rappelons que Lipps a tent de pr ciser les particularit s de l abr viation dans les mots d esprit v plus haut p 15 C est de l que sont parties nos investigations qui viennent de d montrer que la concision du mot spirituel est souvent le r sultat d un processus sp cial ayant laiss dans l expression du mot d esprit une seconde empreinte savoir la substitution En employant la r duction qui tend annuler le processus Sp cial de la condensation nous voyons aussi que l esprit ne r side que dans l expression verbale qui r sulte de la condensation Notre int r t se porte alors naturellement sur ce processus si particulier dont l importance a presque compl tement chapp jusqu ici Nous ne pouvons non plus comprendre encore comment il arrive engendrer tout ce qui fait le prix de l esprit le b n fice de plaisir que l esprit nous conf re Connaissons nous en d autres domaines de la vie psychique des processus analogues ceux que nous venons de repr senter comme constituant la technique de l esprit Effectivement et dans un seul domaine qui en semble fort loign En 1900 j ai publi un ouvrage qui conform ment son titre Die Traumdeutung La Science
357. un fil qui symbolise le penchant et l attachement et qui relie le tout et caract rise l ensemble 20e volume de la Sophien Ausgabe p 112 La teneur de la critique malveillante tait peut tre la suivante Voil donc l homme capable d crire encore et toujours de fastidieux feuilletons sur Napol on et l Autriche Ceci n est pas du tout spirituel La belle comparaison de Goethe n est pas non plus 20 spirituelle et ne pr te certainement pas rire Ce n est que du rapprochement de ces deux l ments de leur condensation et de leur fusion toutes particuli res que na t un mot d esprit et m me du meilleur Il suffira de faire remarquer combien cette observation que l on sera r guli rement amen faire est peu d accord avec l assertion que le mot d esprit serait un jugement ludique Le rapport entre le jugement injurieux sur l ennuyeux historien et la belle m taphore des Affinit s lectives a d pour des raisons que je ne peux pas encore faire comprendre s tablir d une fa on moins simple que dans une s rie de cas similaires Je m efforcerai de substituer au m canisme probable la construction suivante D abord cet l ment la r p tition du m me th me a d sugg rer M N la r miniscence du passage connu des Affinit s lectives qui est souvent cit tort dans les termes suivants Cela s tire comme un fil rouge Le fil rouge de la m taphore modifie l expressi
358. un certain laps de temps en m ouvrant la voie d une satisfaction licite Ce que les mots d esprit chuchotent voix basse on peut l noncer haute voix savoir que les d sirs et les aspirations des hommes ont le droit de s affirmer en face de la morale exigeante et sans gards et de nos jours on l a dit en termes nergiques et saisissants cette morale ne serait que le d cret go ste des quelques sujets riches et puissants qui peuvent eux toujours sans d lai satisfaire tous leurs d sirs Tant que l art m dical n aura pas progress davantage dans l art d assurer notre vie et tant que les institutions sociales ne l auront pas rendue plus 124 agr able il sera impossible d touffer en nous la voix qui s insurge contre les prescriptions de la morale Tout homme de bonne foi finira in petto tout au moins par en faire l aveu La r solution de ce conflit n est possible que par voie indirecte en consid rant la vie sous un angle nouveau Il faut solidariser sa vie avec celle des autres s identifier soi m me dans la mesure du possible avec eux afin de pouvoir supporter le raccourcissement de la dur e de sa propre vie et il ne faut pas satisfaire d une fa on ill gitime ses propres besoins il faut au contraire ne faire le sacrifice parce que seul le maintien de tant d exigences irr alis es peut engendrer la force capable de modifier l ordre social Mais on ne peut pas d placer de la sorte transf rer d aut
359. un moyen de faire protester le roublard de sa conscience range ce mot d esprit parmi ceux qui s appuient sur la repr sentation par le contraire d autre part le fait que cette protestation soit une r plique une question d un tout autre ordre que notre homme se drape dans sa dignit de commer ant tandis 79 qu on s attend la ressemblance de ses figures de cire ce fait disons le rel ve du d placement La technique de ce mot repr sente donc une combinaison de ces deux proc d s Cet exemple se rapproche d un petit groupe de mots d esprit dits par surench re Le oui qu exigerait la r duction est remplac dans ces mots d esprit par un non qui quivaut lui m me en vertu de son contenu un oui renforc et r ciproquement La contradiction remplace une affirmation avec surench re p ex cette pigramme de Lessing D apr s un exemple de l Anthologie grecque Die gute Galathee Man sagt sie schw rz ihr Haar Da doch ihr Haar schon schwarz als sie es kaufte war La bonne Galath e on l accuse de teindre ses cheveux en noir Mais ses cheveux taient d j noirs quand elle les acheta De m me la maligne et fallacieuse d fense de la sagesse universitaire par Lichtenberg Il y a plus de choses sur la terre et au ciel que ne le soup onne toute votre scolastique disait avec m pris le Prince Hamlet Lichtenberg sait bien que cette critique est loin d tre asse
360. uquel nous nous comportons en sujet sup rieur mais jamais en objet f t ce m me volontairement p 80 L auteur fait ce propos une remarque explicative est par essence esprit toute vocation consciente et habile du comique que ce comique rel ve de notre optique ou de la situation p 78 K Fischer pour expliquer les rapports de l esprit et du comique fait appel la caricature qui dans son trait leur sert d interm diaire Ueber den Witz De l Esprit 1889 Le comique a pour objet la laideur dans ses diverses manifestations se cache t elle il faut la d couvrir la lumi re de l observation comique appara t elle peu ou prou il faut la saisir et la r v ler afin qu elle clate au plein jour Telle est l origine de la caricature p 45 Notre univers spirituel le monde intellectuel de nos pens es et de nos repr sentations ne se livre pas l observation ext rieure ne se pr te pas directement la repr sentation visible et figurative il comporte aussi pourtant ses inhibitions ses infirmit s ses difformit s sa large part de ridicule et de contrastes comiques Pour les faire ressortir les rendre accessibles l observation esth tique il faut faire appel une force sp ciale capable non seulement de repr senter directement les objets mais de se r fl chir sur ces repr sentations elles m mes et de les lu ider en un mot une force qui claire la pens e Cette force
361. urde repr sentent une source vive de plaisir Que ce plaisir ressortisse l par gne d une d pense psychique l all gement du joug de la critique nous ne ferons que le rappeler Un coup d il d ensemble sur les trois groupes de techniques de l esprit que nous venons de distinguer montre que le premier et le troisi me le remplacement des associations pragmatiques par les associations verbales et l emploi du contresens peuvent tre envisag es solidairement comme le r tablissement de libert s primitives et l all gement du joug de l ducation intellectuelle ce sont des all gements psychiques que l on peut dans une certaine mesure opposer l pargne qui constitue la technique du second groupe Ainsi toute technique de l esprit donc tout plaisir issu de ces techniques se ram ne ces deux principes all gement de la d pense psychique en cours pargne de la d pense psychique 144 venir Ces deux ordres de technique et de b n fices de plaisir correspondent du moins en gros la distinction entre l esprit des mots et l esprit de la pens e K Les discussions qui pr c dent nous ont inopin ment ouvert une perspective sur l histoire du d veloppement autrement dit sur la psychogen se de l esprit sujet que nous allons pr sent attaquer Nous avons appris conna tre des stades pr paratoires de l esprit leur volution jusqu au stade tendancieux nous fera probablement d couvrir de
362. us nous a appris reconna tre d une mani re positive dans quels modes d expression il fallait rechercher de l esprit Si nous avons donn ces techniques des noms qui anticipaient sur la d couverte de la concordance entre la technique de l esprit et celle de l laboration du r ve c tait notre droit strict et en fin de compte une pure simplification facile justifier Une autre objection serait notre avis moins grave mais ne saurait en revanche se r futer aussi int gralement Tout en admettant que les techniques de l esprit par elles m mes si conformes nos desseins m ritent d tre retenues on pourrait dire qu elles ne constituent pourtant pas la totalit des techniques spirituelles possibles ou usuelles Sous l influence de notre mod le l laboration du r ve nous aurions choisi les seules techniques de l esprit qui lui seraient conformes tandis que d autres techniques que nous aurions n glig es prouveraient qu une telle concordance n est pas une loi g n rale Je n oserais assur ment pas affirmer qu il m ait t donn d lucider la technique de tous les mots d esprit qui circulent et j admets que mon inventaire des techniques de l esprit pr sente plus d une lacune mais je n ai de propos d lib r limin aucun type de technique que j aie pu d couvrir je peux m me affirmer que les techniques les plus courantes les plus importantes les plus caract ristiques de l esprit n ont point chap
363. us de nous insurger contre notre prochain lorsqu il se trouve sur notre chemin Dou s tant que nous sommes enfants de puissantes dispositions l hostilit une plus haute culture individuelle nous apprend par la suite qu il est mals ant de prof rer des injures et m me dans les cas o la lutte est l gitime la liste des armes prohib es dans le combat s est consid rablement allong e Depuis que nous avons d renoncer manifester notre hostilit par des voies de fait emp ch s que nous l tions par la pr sence d un tiers 116 indiff rent qui a int r t au maintien de sa s curit personnelle nous avons d velopp une nouvelle technique de l invective analogue celle de l agression sexuelle technique qui vise mettre ce tiers dans notre jeu contre notre adversaire Nous d peignons cet ennemi sous des traits mesquins vils m prisables comiques et gr ce ce d tour nous savourons sa d faite que nous confirme le rire du tiers dont le plaisir est tout gratuit Nous soup onnons donc le r le de l esprit dans l agression hostile L esprit nous permettra d utiliser ce qu il y a de ridicule en notre ennemi et qu il ne nous tait pas permis d exprimer haute voix ou consciemment en raison des obstacles qui s y opposaient Et l esprit ludera ainsi nouveau des restrictions et nous rendra des sources de plaisir devenues inaccessibles Il poussera par surcro t l auditeur gagn notre cause par le
364. ut bon droit ramener notre plaisir l conomie d un effort psychique Plus les deux ordres d id es que le m me mot rapproche sont loign s l un de l autre plus ils sont trangers l un l autre plus grande est l pargne de trajet que la pens e r alise gr ce la technique de l esprit Il convient du reste de noter que dans ce cas l esprit use d un moyen de liaison que re jette et vite avec soin le raisonnement s rieux Qu il me soit permis d anticiper sur le texte et de projeter ici quelque lumi re sur la condition qui selon l usage de la langue para t d cisive pour qualifier un mot d esprit de bon ou de mauvais Lorsque j ai abouti gr ce un mot double sens ou peu modifi par la route la plus courte d un ordre d id es un autre sans qu il existe en m me temps entre ces deux ordres d id es une liaison fond e sur le sens alors le mot d esprit que l ai fait est mauvais Dans le mot d esprit mauvais le mot qui est la cheville ouvri re la pointe constitue la seule liaison entre les deux repr sentations disparates L exemple que nous avons cit plus haut celui du home roulard est tel Par contre un mot d esprit est bon lorsque le r sultat r pond ce qu en attendrait un enfant lorsque l analogie existant entre les mots implique une autre analogie fonci re du sens comme dans 136 l exemple Traduttore Traditore Entre les deux repr sentations disparates qui s
365. ux institutions et aux v rit s auxquelles l auditeur croyait jusqu alors en renfor ant d une part l argument et d autre part en recourant une offensive d un genre nouveau Tandis que l argumentation cherche mettre de son c t le jugement critique de l auditeur l esprit s attache se d barrasser de cette critique Incontestablement l esprit suit la voie du meilleur rendement psychologique Cette revue d ensemble des uvres de l esprit tendancieux a mis au premier plan ce qui est le plus facile voir l effet du mot d esprit sur celui qui l coute Plus significatif au point de vue de la compr hension des choses est l effet du mot d esprit dans la vie psychique de celui qui le fait on pour adopter la seule formule exacte qui il vient l id e Nous nous sommes d j propos et nous r it rons ici ce dessein d tudier les processus psychiques du mot d esprit en fonction des deux int ress s Nous supposerons que le processus psychique suscit chez l auditeur par le mot d esprit soit dans la plupart des cas la r plique de celui qui se d roule chez l auteur du mot L obstacle externe qui doit tre surmont chez l auditeur correspond chez l auteur du mot d esprit une inhibition interne Chez ce dernier l attente de l obstacle ext rieur est pour le moins pr sente titre de repr sentation inhibitrice Dans certains cas l obstacle interne dont l esprit tendancieux doit triompher est vident da
366. ux mondes f vrier 1895 formule ainsi la condition du rire Ce qui fait rire c est ce qui est la fois d un c t absurde et de l autre familier Cette formule s adapte mieux l esprit qu au comique sans cependant s appliquer int gralement au premier Bergson l c p 98 d finit la situation comique par l a interf rence des s ries Une situation est toujours comique quand elle appartient en m me temps deux s ries d v nements absolument ind pendantes et qu elle peut s interpr ter la lois dans deux sens tout diff rents pour Lipps le comique est la grandeur et la petitesse du m me Dans le cas de l humour ce trait caract ristique que nous avons mis ici en valeur s efface Nous prouvons il est vrai le plaisir humoristique l o nous vitons un moi affectif auquel nous nous attendions en raison de sa corr lation habituelle avec la situation 268 pr sente dans ce sens l humour peut aussi trouver sa place dans le concept largi du comique d attente Mais dans l humour il ne s agit plus de deux modes repr sentatifs de m me contenu ici l motion d sagr able qui doit tre vit e domine la situation et ainsi se trouve supprim tout l ment de comparaison entre les caract res respectifs de l humour d une part du comique et de l esprit de l autre Au fond le d placement humoristique repr sente un cas particulier de cette utilisation diff rente d une d pense de
367. vement pas plus que je n pelle quoique ayant appris lire en pelant Au lieu d imiter ce mouvement en contractant mes muscles je repr sente ce mouvement l aide des traces de souvenir laiss es en moi par les d penses que des mouvements analogues ont exig es de moi Le repr senter ou le penser se distingue de l agir ou de 1 ex cuter surtout en ce qu il d place des nergies d investissement beaucoup moindres et qu il emp che la liquidation de la d pense principale Mais de quelle mani re la notion quantitative du plus grand ou du plus petit du mouvement per u est elle figur e dans notre repr senta tion Et si une figuration du quantitatif ne trouve plus sa place dans la repr sentation qui se compose de qualit s comment puis je alors distinguer les repr sentations de mouvements d amplitudes diff rentes comment puis je tablir entre elles la 216 comparaison qui importe ici C est l que la physiologie nous montre la voie en nous apprenant que m me au cours de la repr sentation des influx nerveux s coulent vers les muscles influx qui il est vrai ne correspondent qu une d pense modique On est alors tout pr s d admettre que cette d pense d innervation li e la repr sentation est employ e figurer le facteur quantitatif de la repr sentation que cette d pense est plus grande pour la repr sentation d un grand mouvement plus petite pour celle d un petit mouvement D
368. venue disponible utilisation qui comme nous l avons vu fait si ais ment chec l effet comique K Nous voil donc arriv s au terme de notre t che apr s avoir ramen le m canisme du plaisir humoristique une formule analogue celles du plaisir comique et de l esprit Le plaisir de l esprit nous semblait conditionn par l pargne de la d pense n cessit e par l inhibition celle du comique par l pargne de la d pense n cessit e par la repr sentation ou par l investissement celle de l humour par l pargne de la d pense n cessit e par le sentiment Dans les trois modes de fonctionnement de notre appareil psychique le plaisir d coule d une pargne tous trois s accordent sur ce point ils repr sentent des m thodes permettant de regagner par le jeu de notre activit psychique un plaisir qu en r alit le d veloppement seul de cette m me activit nous avait fait perdre Car cette euphorie laquelle nous nous effor ons par l d atteindre n est rien autre que l humeur d un ge o notre activit psychique s exer ait peu de frais l humeur de notre enfance temps auquel nous ignorions le comique tions incapables d esprit et n avions que faire de l humour pour go ter la joie de vivre 269 Appendice L humour Paru dans Imago 1929 vol XIV fasc 1 Dans mon livre Le mot d esprit et ses rapports avec l inconscient paru en 1905 je n ai en r alit trait l humour que du point de
369. versellement admis que l on a plaisir retrouver ce qu on conna t en un mot reconna tre Groos Die Spiele des Menschen Les jeux de l homme 1899 dit p 153 La reconnaissance s accompagne toujours d un sentiment de plaisir condition toutefois de n tre pas devenue trop m canique p ex quand on s habille etc Le connu lui seul s accompagne ais ment de cette sensation de bien tre que Faust prouve en retrouvant son cabinet de travail apr s 137 une rencontre p nible Si donc le fait m me de reconna tre procure du plaisir on peut bien s attendre ce que l homme use de cette aptitude pour elle m me c est dire s en serve la fa on d un jeu De fait Aristote a vu dans la joie de la reconnaissance le fondement de la jouissance artistique et l on ne saurait nier que ce principe m rite d tre pris en consid ration bien qu il n ait ni toute l importance ni toute la port e que lui attribue Aristote Groos traite ensuite des jeux dont le caract re consiste exalter la joie de la reconnaissance par l interposition d un obstacle c est dire par provocation d une stagnation psychique que supprime ensuite l acte de la reconnaissance Mais sa tentative d explication abandonne alors l hypoth se de la reconnaissance cause par elle m me de plaisir quand en ap pelant ces jeux il ram ne le plaisir de la reconnaissance la joie de la force de la difficult vaincue
370. vis dans notre champ d tude actuel le principe de l union intime du divers joue un r le primordial mais l appoint de conditions accessoires est encore n cessaire afin de permettre au plaisir que les cas en question peuvent procurer de franchir le seuil avec son caract re propre Le chapitre XVII est intitul Von sinnreichen und witzigen Vergleichen Wortspielen u a F llen welche den Charakter der Erg tzlichkeit Lustigkeit L cherlichkeit tragen Des comparaisons riches de sens et d esprit des jeux de mots et des autres cas qui offrent le caract re du divertissant de l amusant et du ridicule Dans tous ces cas de r p tition des m mes rap ports ou du m me mat riel verbal de red couverte du connu et du r cent nous serons sans doute en droit d attribuer le plaisir prouv l pargne de la d pense psychique si tant est que notre point de vue parvienne clairer les faits isol s et r aliser de nouvelles acquisitions d ordre g n ral Il nous faut encore nous le savons lucider la gen se de l pargne et pr ciser le sens de l expression d pense psychique Le troisi me groupe de techniques de l esprit qui englobe la plupart des mots d esprit de la pens e et embrasse l ensemble des fautes de raisonnement d placements contresens repr sentations par le contraire etc semble avoir au premier abord son cachet particulier et n tre en rien apparent aux techniques de la red
371. vue conomique Je cherchais d couvrir la source du plaisir que nous procure l humour et je pense avoir montr que le b n fice de plaisir d l humour d rive de l pargne d une d pense affective Le processus humoristique peut se r aliser de deux mani res soit chez une seule personne qui elle m me adopte l attitude humoristique soit entre deux personnes dont l une ne prend aucune part au processus de l humour mais dont la seconde consid re la premi re sous l angle humoristique Quand pour nous en tenir l exemple le plus grossier le d linquant men la potence un lundi s crie La semaine commence bien c est lui m me qui fait l humour le processus humoristique tout entier a pour th tre sa propre personne et lui procure videmment une certaine satisfaction Moi l auditeur d sint ress je suis touch pour ainsi dire distance par l attitude humoristique du criminel je per ois peut tre d une fa on analogue la sienne le b n fice de plaisir humoristique Nous sommes en pr sence du second cas lorsque par exemple un crivain ou un narrateur d crit sur le mode humoristique la mani re d tre de personnages r els ou fictifs 270 Ces personnages n ont par eux m mes aucun besoin de manifester de l humour l attitude humoristique n appartient qu celui qui les prend pour objet et le lecteur ou auditeur participe au plaisir de l humour de la m me mani re que dans le cas
372. x exemples pr c dents qui nous semblaient tr s voisins de ce dernier La preuve en est facile et r v le en effet la technique de ces mots d esprit Souli fait observer Heine que la soci t du XIXe si cle adore le veau d or exactement comme les Juifs du d sert l ont fait jadis La r ponse idoine de Heine e t t Oui c est la nature humaine les si cles ne l ont point chang e ou bien quelque autre r ponse approbative Mais Heine s carte de la pens e sugg r e il ne r pond pas du tout la question il se sert du double sens cr par le veau d or pour prendre la tangente il part sur un des l ments de la phrase le veau et r pond Souli comme si ce mot e t t le centre m me de sa phrase Oh ce n est plus un veau etc La r ponse de Heine est une combinaison de deux proc d s de la technique de l esprit d viation avec allusion Il ne dit en effet pas vraiment c est un b uf 54 Cette d viation est encore plus nette dans le mot du bain Cet exemple exige une repr sentation graphique Le premier demande As tu pris un bain L accent porte sur l l ment bain Le second r pond comme si la question avait t accentu e ainsi As tu pris un bain La seule intention de ces mots pris un bain est de permettre ce d placement de l accent Avec la formule t es tu baign tout d pla cement e t t impossible La
373. xtraordinaire elle est par ailleurs spirituelle parce que celui qui en use est un commis qui tablit ainsi par cette comparaison une unification des plus inattendues entre la psychologie et sa propre activit professionnelle Ces lignes de Heine Jusqu ce que tous les boutons me soient saut s du pantalon de la patience n apparaissent tout d abord que comme un excellent exemple de comparaison comique et ravalante un examen plus approfondi il faut cependant leur reconna tre aussi le caract re spirituel car la comparaison repr sente un proc d d allusion l obsc ne et permet ainsi la lib ration du plaisir que nous 239 procure l obsc ne Le m me mat riel d termine par une rencontre il est vrai pas tout fait fortuite un double b n fice de plaisir comique et spirituel bien que les conditions de l un favorisent l closion de l autre une telle unification ne peut qu agir de fa on troublante sur le sentiment qui doit nous indiquer si dans ce cas il s agit d esprit ou de comique Seule une analyse minutieuse et lib r e de la disposition joyeuse qui accueillit le mot saura trancher la question Quelque tentant qu il soit de d pister ces conditionnalit s plus profondes de l acquisition du plaisir comique je dois me rappeler que ni mes tudes ant rieures ni ma profession journali re ne me qualifient pour pousser mes recherches au del du domaine de l esprit et j avoue que c est justemen
374. ype le plus lev x kK Mais il est vraiment des mots d esprit dont la technique semble avoir fort peu d accointances avec celle des groupes pr c dents Heine dit on rencontra un jour dans un salon parisien le po te Souli pendant qu ils causaient entre un de ces rois de l or parisiens que l on ne compare pas au roi Midas sous le seul rapport 50 de l argent une cour aussi nombreuse qu obs quieuse l entoure aussit t Voyez dit Souli Heine le dix neuvi me si cle adore le veau d or Jetant un regard sur l objet de ce culte Heine r pondit comme pour rectifier Oh celui l doit en avoir pass l ge K Fischer p 82 O r side donc la technique de ce mot excellent Dans le jeu de mots selon l avis de K Fischer Veau d or par exemple peut s appliquer dit il galement Mammon et l idol trie l or dans le premier cas l image de l animal dans le second occupant le premier plan on peut aussi se servir de ce terme pour d signer de fa on peu flatteuse quelqu un qui poss de beaucoup d argent mais fort peu d esprit p 82 Faisons la preuve en supprimant le mot veau d or il n y a plus d esprit Souli e t il dit par exemple Voyez donc comme les gens f tent ce ben t en raison de sa seule richesse voil qui n est plus spirituel du tout et la r ponse de Heine devient impossible Il faut retenir pourtant qu il ne s agit point l de la compara
375. z s v re puisqu elle n puise pas les reproches que l on peut faire la scolastique Aussi ajoute t il ce qui manque Mais il y a bien des choses dans la scolastique qui ne se trou vent ni au ciel ni sur terre Bien que sa repr sentation fasse ressortir de quelle mani re la scolastique nous d dommage de la carence signal e par Hamlet ce d dommagement implique un autre grief beaucoup plus s rieux Le proc d appara t plus nettement encore du fait de l absence de toute trace de d placement dans deux anecdotes juives du reste assez lourdes 80 Deux juifs parlent de bains Je prends dit l un un ba n tous les ans que ce soit utile ou non Il est clair que ce Juif par son affirmation hyperbolique de propret proclame justement sa malpropret Un Juif remarque dans la barbe d un de ses pairs des d bris alimentaires Je puis te dire ce que tu as mang hier Dis toujours Des lentilles Erreur j en ai mang avant hier Voici un superbe mot d esprit surench re facile r duire la repr sentation par le contraire Le roi dans sa condescendance visite la clinique chirurgicale et trouve le prfesseur en train d amputer une jambe le roi suit tous les temps de l op ration qu il applaudit en toute bienveillance royale Bravo bravo cher Conseiller Son op ration termin e le professeur s avance et demande au roi avec une profonde r v rence V

Le mot d`esprit et ses rapports avec l`inconscient

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents